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Témoignages du culte domestique en Suisse romaine

2016, Federica Fontana, Emanuela Murgia (a cura di), Sacrum Facere. Atti del III Seminario di Archeologia del Sacro. Lo spazio del “sacro” : ambienti e gesti del rito, Trieste, 3-4 ottobre 2014. Trieste, p. 99-131

A survey of domestic shrines in Switzerland in the Roman period reveals ritual practices conducted for deities and ancestors honored in the family circle. In a town or in a vicus, lararia in a known context appear near the entrance of the house, located either by the remains of a cabinet or a wooden container, or found dispersed in a shop or specific room behind the shop or an entrance hallway. The bronze statuettes are part of shrines and are often accompanied by other objects in connection with the cult. The choice of the deities suggests that the officiant is either Gallic, Helvetian or Roman and that the worship of the gods is in the Gallic and Roman versions. Celtic tradition of domestic worship is attested and also the persistence of Gallic and Roman ancestor worship.

Michel E. FUCHS Témoignages du culte domestique en Suisse romaine Abstract A survey of domestic shrines in Switzerland in the Roman period reveals ritual practices conducted for deities and ancestors honored in the family circle. In a town or in a vicus, lararia in a known context appear near the entrance of the house, located either by the remains of a cabinet or a wooden container, or found dispersed in a shop or specific room behind the shop or an entrance hallway. The bronze statuettes are part of shrines and are often accompanied by other objects in connection with the cult such as the serpent pots found in Augst/Augusta Raurica. The choice of the deities that are represented suggests that the officiant is either Gallic, Helvetian or Roman and that the worship of the gods is in the Gallic and Roman versions. In the first century AD in Avenches, ram heads carved in stone served as andirons for hearths in the center of the household, continuing a Celtic tradition of domestic worship. Two inscriptions from Aventicum are dedicated to deified women by their freed husbands, one with Gallic names, another with Roman names. A bust of an elderly helvetian lady attests to the persistence of Gallic and Roman ancestor worship during Tiberius period. In the Roman settlement of Vallon near Avenches, statuettes and various objects of a lararium have been preserved in situ or scattered in a central hall opening towards a portico and decorated with a mosaic, book-cabinets and an absidial bench. A bronze chalice offered by a local Paterna to protective goddesses, the Suleviae, was probably linked to a happy birth, a mark of women's participation to the memorial place that constitutes the domestic chapel. Keywords Domestic shrines, Cult of the ancestor, in situ lararium, Indigenous deities, Augst/Augusta Raurica, Avenches/Aventicum, Vallon 99 MICHEL E. FUCHS S’interroger sur le geste du culte dans le domaine privé en Suisse romaine nécessite la prise en compte non seulement du matériel qui en fait foi, mais aussi du contexte auquel il est associé dans la maison. L’entreprise passe par un long travail d’inventaire, qui est heureusement fourni par l’excellent ouvrage d’Annemarie Kaufmann-Heinimann autour des statuettes et autres vestiges en bronze du culte domestique à Augst/Augusta Raurica, comprenant un catalogue des découvertes sur sol suisse et une somme de réflexions sur le sujet qu’il serait trop long de reprendre ici1. Il nous servira plutôt de base pour répondre à deux questions suscitées par deux objets, l’un trouvé à Avenches/Aventicum, dans un quartier proche du forum de la ville antique, et l’autre à Vallon (Fribourg), dans un établissement situé au sud-ouest de l’ancienne capitale des Helvètes2. A Avenches, le buste d’une femme âgée en calcaire local a été découvert dans l’insula 10 Est (fig. 1) bordant le cardo maximus et divisée en trois maisons; la statue provient de la maison sud qui a livré les vestiges d’un atelier de tailleurs de pierre3. Celui-ci est installé sous l’empereur Tibère, date attribuée au buste: les traits creusés sont caractéristiques de ceux que l’on donne aux femmes âgées à la fin de la République et sous les Julio-Claudiens4. Elle porte les cheveux fortement tirés vers l’arrière, de la même manière que les Néréides du monument funéraire d’En Chaplix découvert à la sortie nord-est de la ville, daté d’époque tibérienne5. Elle est surtout parée d’un torque, signe de son ascendance gauloise. Mais que fait cette statuette d’une femme âgée dans cette maison? Est-ce un raté de lapicide qui aurait été abandonné, car trouvée à l’endroit même où l’on restitue l’atelier des sculpteurs? La deuxième question est liée à l’étrange apparition, dans le matériel d’un laraire de l’établissement romain de Vallon, à 9,5 chilomètres d’Avenches, bien connu aujourd’hui pour les deux mosaïques qu’il a révélées, d’un calice inscrit, offert par une certaine Paterna à des divinités locales, phénomène qu’Annemarie Kaufmann-Heinimann relève comme rare sinon unique, sans lui trouver une explication (fig. 2)6. Mon premier questionnement a été ravivé par une découverte de 2013 dans une insula des quartiers au nord du decumanus maximus d’Aventicum. L’insula 15 a livré les vestiges d’habitats précoces en bois dégagés une première fois en 1979 dans son secteur nord-est puis à nouveau au sud-ouest de la parcelle lors des fouilles récentes (fig. 3)7. Dans cette dernière zone, un troisième état de construction en terre et bois révèle des structures artisaKaufmann-Heinimann 1998. Avenches: Bögli 1989, Hochuli-Gysel et alii 2001, Aventicum 2015; Vallon: Fuchs 2000; Agustoni, Monnier 2010. 3 Fuchs 2003, pp. 103-105. 4 Bossert 1983, pp. 28-29, pl. 23. 5 Bossert 2002, pp. 28-29, 57-59, pl. 10-13; Mausolée nouveau 2013, pp. 70-77. 6 Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 285-286, fig. 248; Fuchs 2005, p. 184. 7 Tuor 1981; Schenk 2013. 1 2 100 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE nales et domestiques entre 30/40 et 70/100 d.C. Une grande cour intérieure (L 2) donne sur la rue au sud; elle voit l’installation d’une succession de foyers dans sa partie nord, dont la lecture des phases, au moins sept reconnues, est rendue difficile en raison de l’arasement des couches et des aménagements postérieurs (fig. 4). L’utilisation de ces foyers a engendré une forte accumulation de couches charbonneuses dont l’analyse exclut pour l’instant des activités métallurgiques. Le radier de l’un des foyers (St 56) est constitué de matériaux de remploi, petits moellons de calcaire jaune et fragments de molasse parmi lesquels on note la moitié d’un fût de colonne et un bloc sculpté. Celui-ci retient l’attention8: la corne caractéristique d’un bélier se déroule au-dessus d’une incision marquant son museau. Une tête du même type et dans un meilleur état de conservation a été mise au jour dans l’insula 3 d’Aventicum, quartier au nord de l’insula 15 (fig. 5). Le traitement différent des deux blocs, à l’endroit de la corne et de l’incision du museau, empêche de les rattacher à un même monument tout comme leur découverte dans deux quartiers séparés par un troisième, l’insula 9. Leurs dimensions varient aussi légèrement, environ 25 x 33 centimètres pour le premier, 25,5 x 28,8 centimètres pour le second. Martin Bossert, qui a publié le bloc de l’insula 3, pense qu’il ne peut s’agir d’ornements de chapiteaux, mais plutôt de décors d’angles d’autels à l’exemple des têtes de béliers des autels funéraires aux guirlandes d’époque claudienne9. Le contexte de trouvaille de la tête de l’insula 3 fournit une datation du deuxième tiers du Ier siècle d.C. au sein d’un habitat aux murs de terre et de bois, en un temps et dans un contexte équivalents à ceux de la tête de bélier de l’insula 15. Si l’usage de la molasse verte est caractéristique de la première moitié du Ier siècle d.C. à Avenches, pour les seuils, les colonnes et le soubassement de la place du forum10, les deux têtes de béliers sont les seules sculptures dans cette matière connues sur le site. Leur facture laisse supposer qu’elles sont œuvre d’un artisan local et leur sobriété qu’elles étaient probablement peintes. Autre point commun des deux blocs, ils sont réemployés dans des structures installées postérieurement aux années 30 d.C., ce qui sous-entend que le monument auquel ils se rattachaient participe d’une phase antérieure de construction. La fouille de l’insula 3 n’a pas été publiée et ne permet donc pas de préciser l’organisation de l’habitat11. Par contre, l’insula 15 montre un état 2 daté du début du Ier siècle d.C., dont des seuils issus d’un seul chêne abattu en 12/13 d.C.; la cour L 2 existe déjà, plus courte, et voit un foyer quadrangulaire aménagé en son centre, constitué d’une sole de quatre tegulae posées sur des galets et entourées d’une chape d’argile rubéfiée12. Une première version du foyer a laissé une trace d’argile non rubéfiée, rectangulaire et perpendiculaire à la seconde. N’est-ce pas à une telle structure que 8 9 10 11 12 Schenk 2013, pp. 284-285, fig. 47a (n. inv. SMRA 13/16290-01). Bossert 1998, pp. 156, 159-160, pl. 49, Rs 77 (n. inv. SMRA 79/14559). Bossert 1998, pp. 20-21, nt. 8. Les peintures ont été une première fois publiées chez Fuchs 1983, pp. 31-34. Schenk 2013, pp. 278-281, figg. 36 et 40. 101 MICHEL E. FUCHS se rattacherait la tête de bélier? Nous reviendrons plus bas sur son interprétation. Un autre élément à mettre au dossier de l’attribution précoce du bloc sculpté à l’endroit même où il a été trouvé est une dédicace trouvée au début du XXe siècle entre les insulae 14 et 15, directement à l’ouest de la fouille de 2013. Sur un bloc calcaire de 31 centimètres de largeur se lit Anechtlomarae / et Aug(usto) / Public(ius) Aunus, «A Anechtlomara et à l’Empereur, Publicius Aunus (a élevé ce monument)» (fig. 6)13. Anechtlomara et Aunus sont des noms d’origine celtique. Anechtlomarus, «grand protecteur» est une épithète d’Apollon comme dieu guérisseur; Anechtlomara, féminin uniquement attesté à Avenches, désignerait alors sa parèdre, une Apolline celtique. Auguste se réfère à l’empereur régnant au moment de la dédicace et non spécifiquement à Octave Auguste. Le dédicant a pour gentilice le nom de Publicius qui indique qu’il était servus publicus avant d’être affranchi, esclave public dans la cité d’Avenches, fonctionnaire lié à un magistrat ou à un prêtre voire au service des eaux ou des incendies14. Le X d’Anechtlomara, lettre plus grande que les autres et qui correspond à la lettre grecque chi, est une survivance de l’époque où les Helvètes comme les Gaulois utilisaient l’alphabet grec; il est un indice de la date précoce de la dédicace. Au vu de son lieu de découverte, celle-ci était destinée à être exposée dans un espace domestique; qu’elle soit portée sur un bloc non équarri d’environ 10 centimètres d’épaisseur indique par ailleurs qu’elle était encastrée dans un mur ou dans un autre monument. Ce que l’on retiendra pour l’instant, c’est son caractère local et la mise en évidence de noms celto-romains, deux éléments qui prennent sens mis en relation avec la tête de bélier en molasse. L’étude des laraires domestiques d’Augst/Augusta Raurica pourrait être reprise ici sur bien des points tant elle touche d’éléments essentiels sur la question. L’un d’entre eux est la prise en compte de toutes les trouvailles de statuettes et autres objets en bronze qui leur sont rattachés dans une seule ville, contextualisés, avec bien sûr la restriction due à l’avancement des fouilles au moment de la rédaction et de la publication de l’ouvrage d’Annemarie Kaufmann-Heinimann (1998). C’est ainsi, via ce matériel, plus d’une cinquantaine de lieux de culte privés qui sont répertoriés. Parmi ceux-ci, nous nous limiterons à trois exemples pour lesquels le nombre de témoins et la situation du laraire dans l’habitat sont parlants. L’insula 24 a été entièrement fouillée (fig. 7)15; elle se caractérise par un premier aménagement en terre et bois remplacé par des murs en pierre à l’époque flavienne pour une maison cernée de boutiques, consacrée à diverses activités artisanales dont celles de bouchers, de foulons et de tisserands. Les quelques objets conservés de l’activité cultuelle sur les lieux ont été trouvés dans l’angle sud-est du bâtiment, à proximité d’une boutique ouvrant sur un cardo 13 Nelis-Clément 2008, p. 91, nt. 1, p. 95, nt. 2-4, propose la lecture Anichtlomara pour la graphie Anichilomara. 14 Frei-Stolba, Bielman 1996, pp. 87-89. 15 Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 95-97; Berger 2012, pp. 189-190, fig. 186. 102 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE à l’arrière de laquelle prend place une plus petite pièce rectangulaire (L 2); dans cette dernière a été mis au jour un fragment d’aedicula, d’un laraire en calcaire sculpté en forme de petit temple (fig. 8). C’est là sans doute que devait se trouver le lieu de culte de la maisonnée. Un autel miniature dans le même calcaire a été trouvé dans la boutique à l’est (A du plan de la fig. 7) et une autre partie de l’aedicula dans un corridor adjacent (L1). Les statuettes de culte ne sont pas nombreuses: un Apollon et sa cithare (10 et 146 de la fig. 7), un taureau (92), qui ne donnent certainement pas l’état complet des divinités du laraire. Retenons ici l’emplacement vraisemblable du laraire à l’intérieur de l’habitat, dans une pièce à l’arrière d’une boutique, la confection d’une petite chapelle pour recevoir les statuettes de divinités au jour de leur culte, jusqu’à intégrer un autel miniature, sous une forme qui n’est pas sans rappeler les chapelles des sanctuaires indigènes. A cela s’ajoute la présence d’un taureau, à mettre en relation avec les taureaux tricornes de la Gaule du Centre et de l’Est et du Plateau suisse, sans oublier l’exemplaire grandeur nature de Martigny16, et plus largement avec la présence régulière d’animaux parmi les statuettes de laraires au nord des Alpes. Leur fréquence fait penser à un héritage celtique, quand bien même un taureau est intégré par exemple au laraire de Scafati près de Pompéi; dans ce cas toutefois, précisons que la statuette provient d’une villa rustica, à la Contrada Spinelli, alors que les laraires des villes campaniennes ne présentent guère ce type d’animal17. L’insula 31 d’Augst a fourni un grand nombre de statuettes en bronze liées à un ou plusieurs laraires, dont un second taureau, l’essentiel étant rassemblé dans l’angle sud-ouest du bâtiment – la partie orientale du quartier n’a été que partiellement fouillée (fig. 9)18. Comme dans l’insula 24, nous avons affaire à un quartier où se répartissent des maisons d’artisans et de commerçants, avec habitat à l’intérieur ou à l’étage. Dans l’angle sud-ouest, une maison abrite une manufacture de cornes et deux autres révèlent des travaux de forge. Les statuettes proviennent donc d’une zone où se trouvait réuni du matériel prêt à la fusion. Cependant, certaines d’entre elles laissent envisager l’existence d’un laraire d’artisan local, en particulier un taureau sur son socle, de 6,5 centimètres de hauteur (91 de la fig. 9), et un Vulcain qui a particulièrement bien sa place dans le laraire d’un artisan, même s’il est rare que le dieu figure dans un lieu de culte domestique (43 de la fig. 9; fig. 10). A ce laraire devait faire partie une statuette de Mercure gaulois, dont seul l’un des animaux qui l’accompagnent habituellement a été conservé, une tortue de 2,6 centimètres. Notons que le lot d’éléments en bronze reporté sur le plan de l’insula 31 par Annemarie Kaufmann-Heinimann, même s’il marque plus partiVoir Kaufmann-Heinimann 1998, p. 166, nt. 564-566. Une statuette de taureau tricorne a été trouvée à Augst, dans le palais des insulae 41 et 47, donnant son nom à la demeure: Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 110-111. Autour du taureau tricorne, voir en particulier Closuit 1978 et Wiblé 2008, pp. 96-97, 246-247. 17 Kaufmann-Heinimann 1998, p. 226, fig. 174. 18 Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 103-106; Berger 2012, pp. 195-198, figg. 187, 208, 211. 16 103 MICHEL E. FUCHS culièrement une zone de provenance comme dans le cas de l’insula 24, est bien plus important que les statuettes et autres objets que l’on peut mettre réellement en relation avec un laraire: sur vingt-quatre objets, seuls trois sont assurément rattachés au culte domestique dans le quartier. Ce genre de répartitions s’observe sur une grande partie du matériel des insulae traité par Annemarie Kaufmann-Heinimann. Par ailleurs, l’étude de cette dernière est d’abord centrée sur les objets en bronze, limitant ainsi la prise en compte d’autres éléments susceptibles d’attester la présence d’un laraire. Plusieurs exemples d’Augst montrent toutefois à quel point la consultation du reste du matériel est signifiante pour souligner l’aspect cultuel d’un espace ou d’un complexe de trouvailles. La découverte en place dans l’insula 5/9 de fragments de deux pots à serpents et d’un calice à bord modelé assure l’appartenance à un lieu de culte domestique des statuettes trouvées au même endroit, deux de Mercure, une de Minerve et une d’un nain tenant coq et cruche19. Le cas est exceptionnel. Néanmoins, sans atteindre la concordance des trouvailles de l’insula 5/9, les pots à serpents et les calices à pied étroit se retrouvent dans plusieurs quartiers de découverte de statuettes et en particulier dans les trois insulae que nous avons sélectionnées, dans une association généralement datable entre le Ier et le début du IIe siècle d.C. Ils sont marqueurs du culte domestique20. Le troisième quartier envisagé se trouve au sud de la ville basse, à l’endroit d’un carrefour en bordure du grand axe routier est-ouest qui traverse Augusta Raurica. Sur le site de Kaiseraugst-Schmidmatt, un complexe commercial se divise en deux maisons qui ont chacune livré les témoins d’un laraire (fig. 11)21. Dans la maison 1, une rampe en L permet de descendre de la grand’route au rez-de-chaussée où l’on accède à une boucherie avec son fumoir au nord (1), puis à une grande cuisine avec son armoire d’angle (2); un corridor peint dans lequel s’ouvre un puits (5) permet d’accéder à une chambre chauffée (6) et à une grande salle planchéiée munie d’un foyer d’appoint (9). Les nombreux témoins de vaisselle laissent penser que nous sommes ici face à une salle à manger. Dans le coin sud-est de la pièce, une caisse en chêne de 0,90 x 1 mètre a été découverte, aménagée sous le niveau du plancher (fig. 12); elle recelait les différentes statuettes d’un laraire (fig. 13): un Lar portant rhyton et grappe de raisin (?), un Mercure (dont seuls les pieds ont été conservés) accompagné d’un bélier et peut-être d’un coq, un second Mercure entouré d’un bouc, d’un coq et d’une tortue, Hercule portant massue et pommes des Hespérides, Somnus, le dieu du sommeil, et un support (lit?) surmonté d’une souris grignotant; un fragment de pot à serpents complète l’inventaire. Les statuettes étaient rassemblées dans ce contenant qui a dû faire office de boîtier précieux plutôt que de cachette, à moins qu’il ne faille le consiKaufmann-Heinimann 1998, pp. 84-87. Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 159-162, figg. 160-161. 21 Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 130-134, 283 (n. GF78), figg. 91-95; Berger 2012, pp. 305310, figg. 332, 334. 19 20 104 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE dérer comme le bas d’une armoire. Dans la maison 2, une longue pièce qui correspond vraisemblablement à une fullonica (10) recelait un Amour chevauchant un bélier et trois statuettes en argent, l’une représentant Hercule tenant massue (disparue) en main droite et les pommes des Hespérides en main gauche, la léontée posée sur l’avant-bras gauche, une autre un sanglier et une troisième une Minerve. L’Amour devait faire partie d’un groupe de statuettes et rien n’empêche que les exemplaires en argent aient fait partie du même laraire, qui se serait trouvé de préférence à l’étage. Comme le souligne Annemarie Kaufmann-Heinimann, les statuettes de la maison 1 reflètent le travail d’un artisan local alors que les statuettes en argent sont plutôt des œuvres importées ou une commande particulière. La récurrence d’Hercule et des béliers est à relever entre les deux maisons, de même que celle de Minerve, dont une statuette en bronze a été trouvée dans la pièce adjacente à l’ouest (8) de la salle à manger (9). C’est aussi par deux fois Minerve qui apparaît parmi les statuettes d’un laraire d’Avenches provenant d’un contexte clos selon la définition d’Annemarie Kaufmann-Heinimann22. L’une, datée d’époque claudio-néronienne, est plus grande que l’autre, d’époque trajane, et domine l’ensemble du groupe. Elles sont accompagnées d’un Mercure (posé sur une base polygonale qui n’est pas la sienne à l’origine), d’un Lare qui, lui, dispose d’un socle finement décoré d’une guirlande de laurier, lui offrant ainsi une place à part; une Junon trajane tenant patère en main droite et sceptre en main gauche, et une Victoire flavienne exhibant une lourde corne d’abondance complètent le lot (fig. 14). La fouille de ce secteur est ancienne, en 1916, et ne permet pas de nuancer l’analyse des vestiges et la succession des événements subis par le quartier 27, certainement occupé au moins jusqu’au IVe siècle d.C. Il est bon de souligner cependant que les statuettes ont été trouvées en bon état, réunies dans l’angle sud-est d’une grande salle interprétée par le fouilleur comme un atrium en raison de la présence des statuettes désignant un laraire; celles-ci étaient réunies en une masse compacte sur une épaisse couche de fragments de peintures murales, de charbon et de cendres. La présence d’une pelle à feu, d’une crémaillère et d’un bougeoir en terre cuite a fait dire qu’un foyer se trouvait à proximité, mais il pourrait tout aussi bien s’agir d’une couche de démolition ou de destruction dans laquelle auraient été rassemblées les statuettes avant une reconstruction23. Plutôt qu’une cachette de fondeur, ce serait de préférence l’enfouissement volontaire des objets d’un laraire auquel on aurait affaire, perpétuant ainsi la protection de la maison au moment du changement de son aménagement intérieur. Les statuettes choisies dénotent l’origine bien plus romaine que gauloise ou helvète de son propriétaire, sans qu’il faille nécessairement parler d’un haut personnage. 22 Kaufmann-Heinimann 1998, pp. 227 et 279, fig. 240, n. GF72. Voir aussi Leibundgut 1976, pp. 22-23, 30-32, 40-43, 45-48, nn. 9, 15, 22, 23, 28, 30, pl. 5, 14-16, 24-28, 30-34. Le groupe est mentionné avec illustration chez Bögli 1989, pp. 74-75, fig. 93, Aventicum 2015, pp. 34-35, fig. 41. 23 Cart 1917, p. 78. 105 MICHEL E. FUCHS La caisse ou l’armoire qui renfermait les statuettes de la maison I de KaiseraugstSchmidmatt n’est pas la seule à témoigner sur sol suisse de ce type de meuble de rangement pour un laraire. Un deuxième exemple en a été restitué dans une maison du vicus d’Oberwinterthur/Vitudurum (fig. 15)24. Des statuettes en bronze ont été découvertes dans un espace quadrangulaire avec divers récipients entiers. Selon l’analyse du contexte, le tout était réuni dans une armoire semblable à celles que l’on connaît dans les villes campaniennes; un incendie l’a détruite en même temps que le bâtiment dans la seconde moitié du IIIe siècle d.C. Le laraire qu’elle renfermait contenait un Mercure accompagné d’un coq et d’une chèvre, un second Mercure d’un type particulier d’Italie du nord ou de Germanie, une Minerve sans doute de même provenance que le précédent, un Amour sur griffe de lion présenté sur socle alors que l’objet était à l’origine un pied de meuble, de facture gauloise du IIe siècle d.C.; une coupelle et un socle isolés laissent entendre que d’autres statuettes garnissaient le laraire. Les récipients forment quant à eux une vaisselle de qualité, louche et seau cerclé de fer, gobelets en pierre ollaire et en verre, assiette et coupe en sigillée. La figure centrale du laraire est celle du Mercure de tradition gauloise, accompagné de ses animaux emblématiques, dénotant ainsi un culte à la romaine rendu par un indigène dans le deuxième tiers du IIIe siècle d.C. La situation de la trouvaille est intéressante à souligner en relation avec celle de l’insula 27 d’Avenches qui lui correspond (fig. 16): contre un mur à côté d’une venelle, dans une pièce en bordure de rue principale, donnant vraisemblablement sur un portique. Le laraire était donc conservé à l’entrée de la maison, au fond de la boutique à droite. Les exemples présentés jusqu’ici se rattachent à des maisons que l’on attribuera à des artisans et à des commerçants. A Martigny, une maison faisant face au forum d’Octodurus/Forum Claudii Vallensium livre un laraire de notable. Dans l’insula 8 du réseau de la ville antique, une domus est réaménagée avec un péristyle vers 200 d.C. (fig. 17)25. Des thermes occupent sa partie nord-ouest (pièces 11-13, 18-19). Un escalier de service (14) voisine le vestibule (16), lui-même prolongé par un bref couloir débouchant sur un espace ouvert sur le péristyle (17). Au centre de ce dispositif, une pièce de petites dimensions (15), atteignable par le couloir, a livré plusieurs objets reflétant un contexte similaire à celui du laraire d’Oberwinterthur, trouvés dans une couche cendreuse et dans une zone circulaire légèrement en creux, à proximité d’un foyer. Placé dans un angle, celui-ci est comparable à ceux qui agrémentent les chambres à coucher. Le matériel de bronze conservé se compose d’une statuette de Génie domestique, qui a donné son nom à la maison, d’un dieu Lare, d’un premier Mercure de 10 centimètres de hauteur, d’une Victoire, de deux cornes d’abondance ayant appartenu à deux statuettes disparues et d’un second Mercure en tôle de 30 centimètres (fig. 18). Le groupe s’accompagne des fragments d’une palmette et d’un 24 25 Ebnöther, Kaufmann-Heinimann 1996. Wiblé 2008, pp. 114-117; Morisod 2009. 106 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE rinceau, d’une colonnette et d’un chapiteau miniature – à rattacher à un petit temple domestique –, d’une plaquette détériorée à l’inscription illisible, de nombreux fragments de bronze et de fer et autres objets déformés par la chaleur dont des coupes en verre, de cinq monnaies enfin, quatre as d’Auguste à Antonin le Pieux et un petit bronze de Gordien III. Le dieu gaulois et du commerce est ainsi à nouveau au centre de ce qu’il faut interpréter comme les vestiges d’un laraire et non comme un dépôt de fondeur tant l’ensemble se rapproche des exemples d’Oberwinterthur et de Vallon26. Que la pièce ait été cubiculum ou chapelle domestique dans son entier, sa position au rez-de-chaussée de la maison est significative: au centre de la première partie accessible de l’habitat, le laraire remplit son office protecteur, équivalant ainsi le laraire placé dans l’atrium d’une maison campanienne, mais dans une traduction de domus cossue au nord des Alpes. A l’extérieur des villes et des vici du Plateau suisse, dans les villae, le lieu précis de la chapelle domestique n’est guère connu. Dans la grande villa d’Orbe-Boscéaz, rendue célèbre par ses mosaïques, deux statuettes en bronze ont été découvertes au XIXe siècle, sans que l’on en connaisse la localisation (fig. 19): l’une est un Mercure déhanché, nu, tenant bourse et caducée (disparu), l’autre une divinité féminine de facture gauloise, dont il manque la partie basse et les avant-bras et que l’on a interprétée comme une personnification de Spes27. Son traitement invite à en faire plutôt la représentation d’une déesse locale au même titre que la Naria découverte à Muri dans le canton de Berne et dont le nom est invoqué sur son socle28. Un relief incomplet en marbre de Luni, où l’on reconnaît une Fortuna, a été trouvé dans la salle pavée d’une mosaïque représentant la scène d’Achille découvert par Ulysse à Scyros (fig. 20); ce relief de petites dimensions (6,6 centimètres de hauteur) a été interprété comme un élément de fronton de laraire, faisant alors de la pièce d’où il provient un tablinum, suivant en cela l’interprétation donnée à la salle du laraire de l’établissement de Vallon (fig. 21)29. Quand bien même l’hypothèse est intéressante, rien ne permet d’assurer la place d’un laraire dans une telle pièce en bordure de portique, même si celle-ci est centrée dans le corps de bâtiment dont elle fait partie. Le matériel rattaché au culte domestique dans la villa d’Orbe est trop peu abondant et disparate pour tirer des conclusions solides sur la position d’un laraire dans une demeure de cette dimension. N’oublions pas non plus que plusieurs niches ou meubles liés au culte privé ont pu exister sur l’ensemble du domaine. 26 Kaufmann-Heinimann 1998, p. 283, laisse la question ouverte, tout comme Morisod 2009, p. 112. Wiblé 2008, p. 115, parle de «l’inventaire incomplet d’un autel privé ou laraire». 27 Deonna 1924; Luginbühl, Monnier, Dubois 2001, pp. 88-89, fig. 82. 28 Kaufmann-Heinimann 1998, p. 283, fig. 245. 29 Flutsch, May Castella, Paratte 1997, pp. 30-31, fig. 38 (à propos du relief de Fortuna), pp. 4851, figg. 60-63 (mosaïque d’Achille à Scyros). Luginbühl, Monnier, Dubois 2001, pp. 66-68, figg. 60-61; Neukom 2002, pp. 73-74, n. 45, pl. 43. Claudia Neukom souligne le fait qu’aucun laraire n’atteste ce type de figure en fronton de petit temple domestique. 107 MICHEL E. FUCHS L’établissement romain de Vallon dans le canton de Fribourg, à proximité d’Avenches, est le seul édifice de type villa sur le Plateau suisse à fournir aujourd’hui la localisation précise d’un laraire30. Le site, bordé par un ruisseau, occupe un carrefour et passe d’un premier bâtiment central à trois corps de bâtiments reliés par un portique en L à partir du troisième quart du IIe siècle d.C. A ce moment-là, le bâtiment central est complètement reconstruit à l’aide de moellons en calcaire alors que les bâtiments nord et sud en restent à une construction mêlant maçonnerie et élévations légères (fig. 22). Une pièce à abside occupe le cœur du nouvel aménagement, ouvrant sur portique et jardin, pavée d’une mosaïque dite de Bacchus et d’Ariane. Un fort incendie intervenu autour de 300 d.C. va détruire le mobilier de la pièce tout en permettant sa piètre conservation in situ. De nombreux objets sont retrouvés, fragmentés et fondus, dont cent dix-huit en bronze dans la salle elle-même et soixante-dix-sept dans le portique adjacent. Appliques, charnières et clefs viennent compléter ce que les bois calcinés indiquaient sur les côtés de la salle, révélant la présence d’armoires-bibliothèques dans la partie rectangulaire et d’une banquette dans l’abside (fig. 23). Une quinzaine de statuettes en bronze étaient réparties sur le sol de la salle et dans le portique. Elles représentent les divinités honorées dans le laraire de l’établissement. La majorité d’entre elles étaient rassemblées dans l’angle nord-est de la pièce juste devant l’abside, tombées au bas d’une armoire. Apollon et sa cithare côtoient deux Diane, un Mars, un Mercure romain déhanché, un Mercure gaulois entouré d’un bouc, d’un coq et d’une tortue, trois bases, une lampe miniature, un ours. D’autres objets en bronze ont été recueillis dans le reste de la pièce, dont deux coupelles, deux réflecteurs de lampes, un support torsadé, les statuettes d’Isis (la plus grande de la série) et d’Harpocrate à côté des plaques d’un petit sanctuaire portatif, Hercule tenant les pommes des Hespérides, l’aile et la torche d’un Amour, un taureau tricorne, les fragments d’un cerf. Cinq monnaies gisaient sous les armoires et trois au centre de la salle et près de l’entrée, un as d’Antonin le Pieux et des sesterces d’Hadrien, d’Antonin le Pieux, de Marc Aurèle et de Sévère Alexandre, un denier de Commode. Devant la porte, dans le portique, étaient abandonnés des appliques à tête de lion, des poignées aux dauphins affrontés, le socle surmonté du globe d’une Victoire disparue et une lampe anthropomorphe. Tout confirme la présence d’un laraire dans cette salle que l’on est en droit d’interpréter comme une salle de réception autant que cabinet de travail, l’équivalent d’un tablinum où sont conservés les biens précieux de la maison, réserves de monnaies, vaisselle en verre, en argent et en bronze, tissus, archives, rouleaux et tablettes. L’intérêt de la restitution d’un espace avec chapelle domestique est augmenté de celui d’une représentation de trois univers religieux, le gréco-romain le mieux doté, l’égyptien avec Isis et Harpocrate et le gaulois avec l’ours, le cerf, le taureau tricorne, le Mercure et ses animaux emblématiques (fig. 24). A ces derniers, il faut ajouter le calice consacré par 30 Fuchs 2000, pp. 28-31, 60-63; Fuchs 2005; Agustoni 2010; Agustoni, Fuchs 2015. 108 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE Paterna aux Suleviae (fig. 2), trouvé à proximité d’Isis, devant l’abside et à côté de la marque circulaire laissée par un plateau de table rond qui a protégé le sol de l’incendie. Le nom de la dédicataire renvoie à une famille de hauts personnages de la région, connue à Avenches et à l’origine de la proche ville de Payerne installée sur un fundus paterniacum, le domaine d’un Paternus; les Suleviae sont des déesses indigènes, protectrices du monde féminin honorées du lac Léman au Rhin en passant par Avenches31. L’interprétation proposée par Annemarie Kaufmann-Heinimann serait de voir dans cette offrande inscrite le signe que nous avons affaire à un laraire de caractère presque officiel, non pas exclusivement réservé à une famille, mais à un plus large public, ce que montrent aussi la profusion et la diversité des divinités auxquelles on a rendu culte. Cet aspect semble renforcé par la présence de mèches de cheveux et vraisemblablement d’une oreille à attribuer à une tête grandeur nature qui trouvait place dans la salle, restituée hypothétiquement dans une niche (fig. 23). Ne s’agit-il pas là des vestiges d’un buste d’empereur, suivant plusieurs exemples recensés dans des chapelles domestiques? A moins qu’il ne faille privilégier un buste d’ancêtre, pendant statuaire des bustes féminins représentés sur la mosaïque. Cela ne suffit cependant pas à expliquer la présence d’un calice dédicacé par une femme aux Suleviae. Le geste s’inscrit bien dans la série des vœux de femmes en l’honneur de divinités féminines, qui plus est proches des matronae et représentées sans doute par trois32. Le calice en bronze est un vase que l’on mettra en relation avec Bacchus, lui qui est présent dans la salle sans être représenté, à travers le couple du satyre et de la ménade Ariane au centre de la mosaïque, à travers les masques de la jeune fille tragique, du vieux Silène et de Pan qui les entourent33. Destiné à recevoir du vin, le récipient est malgré tout dédié à des déesses protectrices régionales par une femme. Se pose alors la question s’il n’a pas été offert à la suite d’un événement où intervient le vin dans un cadre féminin. Du XVIe au XIXe siècle, le matériel pour l’accouchement comprenait un contenant pour de l’eau de vie, du vin ou du vinaigre pour ranimer l’enfant en cas de faiblesse ou pour contrer les défaillances ou une perte de la mère. Différentes potions étaient administrées dans ces moments-là comme du vinaigre chaud à titre de vomitif, du vin chaud miellé pour le nouveau-né. Eau chaude et vin étaient régulièrement utilisés pour le bien-être du bébé comme pour obtenir un bon placenta. Celui-ci était même réemployé avec du vin34. En fonction de cette tradition, sans doute très ancienne, nous proposons de voir l’offrande du calice par Paterna aux Suleviae comme faisant suite à une heureuse naissance. C’est peut-être elle qui a fait oublier la mort du nourrisson enterré dans la seconde moitié du IIe siècle contre le mur de la cour directement au sud du bâtiment central. Le don d’un tel calice a toute sa valeur dans la salle du laraire où les dieux étaient invoqués régu31 32 33 34 Fuchs 2002; Aventicum 2015, p. 116; Nelis-Clément 2008, p. 87, fig. 6. Spickermann 1996. Fuchs 2001. Naissances et enfances 1978, en particulier pp. 75, 79, 82; Gélis 1984, pp. 219-220, 235, 248-252. 109 MICHEL E. FUCHS lièrement, où les ancêtres étaient honorés. Diane et Isis y avaient une place prédominante, la gardienne de la chasse, la protectrice des jeunes filles et des jeunes gens et la patronne du monde du commerce comme du monde domestique réunies dans un lieu de mémoire (fig. 25). Le passage en revue de quelques laraires sur sol helvète permet de mieux appréhender la question posée au début de cette étude à propos du buste de vieille dame trouvé dans la maison sud de l’insula10 Est d’Avenches (fig. 1). Pour y répondre, un détour par l’insula 15 de la même ville s’avère nécessaire. Nous nous demandions à propos de la tête de bélier en molasse qui y a été trouvée si elle devait être intégrée à une structure rectangulaire située au centre de l’espace occupant l’entrée de la maison. Martin Bossert a proposé d’interpréter une même tête de bélier avenchoise comme étant peut-être un décor d’angle d’autel. Claudia Neukom a publié de son côté trois têtes de bélier en molasse, l’une provenant d’une domus de Baden/Aquae Helveticae et deux autres issues d’habitats de Lausanne-Vidy/Lousonna35. Un nouveau fragment de tête de bélier en molasse a été découvert dans les fouilles menées par l’Institut d’Archéologie et des Sciences de l’Antiquité (IASA) de l’Université de Lausanne dans le faubourg ouest du vicus de Lousonna; il se trouvait en démolition d’un local incendié, à proximité d’un foyer à l’intérieur d’une maison, dans une situation proche de celle de l’insula 15 d’Avenches36. Claudia Neukom réfute l’interprétation des têtes comme éléments d’autels et encore moins de chapiteaux, laissant la question ouverte. L’ensemble de ces têtes se caractérise par la sobriété de leur exécution et leur légère inclinaison à gauche ou à droite. L’une des têtes de Lausanne-Vidy comporte des traces de brûlure et les deux têtes plus récemment mises au jour sont liées à une zone de foyer. L’inclinaison des têtes, la facture des blocs et le motif de bélier en font clairement des chenets, plus généralement connus en terre cuite, apparaissant plus rarement en pierre à Annecy, Bavay, Ehl, Vannes et Vendoeuvres en France ou à Kempten en Allemagne37. De tradition celtique, les chenets se répandent entre la fin du Ier siècle a.C. et le Ier siècle d.C. dans des dimensions équivalentes aux têtes recensées sur le Plateau suisse pour s’agrandir et s’affiner aux IIe et IIIe siècles. D’abord réservés à une élite celtique, ils se généralisent à l’époque romaine, gardant au début de l’Empire «l’expression d’un art populaire authentiquement gaulois»38. Ils sont liés au foyer central de la maisonnée et étaient disposés par paire. Dans l’insula 15 d’Avenches, la zone rectangulaire argileuse mentionnée, de 1,20 mètres sur près de 2 Neukom 2002, pp. 63-64, nn. 30-32, pl. 31-32. Le contexte des trois têtes de bélier n’est pas précisé. Cependant, la tête de bélier n. 31 provient d’un puits fouillé en 1983-1985 par l’IASA et non d’une fouille antérieure comme le suppose Claudia Neukom. 36 Mes remerciements à Fanny Lanthemann, responsable de la fouille, pour ces précisions. 37 Milan 1981, en particulier pp. 60-63; Weber 1990, p. 44. 38 Milan 1981, p. 53. 35 110 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE mètres, a pu recevoir un aménagement de molasse surmonté d’un foyer et orné de chenets. Dans un dispositif qui n’est pas sans faire penser aux laraires plus tardifs installés à proximité de l’entrée des maisons romaines et helvètes, les chenets d’Avenches et de LausanneVidy témoignent d’un culte domestique de tradition indigène romanisée. Le choix d’une tête d’ovidé pour un chenet n’est pas indifférent si l’on pense au texte de Cicéron (leg. 2.55) nous apprenant que les Lares domestiques étaient honorés par un sacrifice de béliers39. A Avenches, la dédicace à Anechtlomara donne peut-être même le nom de l’un des officiants du culte domestique, Publicius Aunus. Dans un tel cadre, Anechtlomara serait-elle toujours à considérer comme le nom d’une divinité parèdre d’Apollon? L’analyse d’une base inscrite trouvée anciennement à Avenches incite à nuancer le propos40. Sur le socle en calcaire jaune d’une petite statue est reportée une dédicace sur 9 centimètres de hauteur: Livillae deae sacr(um) / Genialis, Flavi Erotis l(ibertus), «voué à la déesse Livilla, Genialis, affranchi de Flavius Eros». Au vu du support de l’inscription et de la personne qui l’offre, ce n’est certainement pas de Livilla sœur de Caligula dont il est question. Le mot dea pourrait faire penser à une déesse indigène, inconnue par ailleurs, au sens de «la Brillante» comme Anechtlomara est «la Protectrice». Cependant, Livilla n’est pas seulement un nom porté par des représentantes de la famille impériale: il est attesté à Rome et en Italie pour des personnes communes, y compris des affranchies. Par ailleurs, la divinisation n’est pas uniquement réservée aux empereurs et à leur mère ou à leur épouse, mais touche aussi des privés, principalement durant le Ier et le début du IIe siècle d.C. Le phénomène s’observe avant tout chez les esclaves, les affranchis et parmi eux, davantage chez les femmes et les enfants, aussi bien épigraphiquement qu’iconographiquement41. La Livilla de l’inscription d’Avenches est sans doute la femme de Genialis, une affranchie comme lui. En considérant le type de pierre sur lequel figure la dédicace à Anechtlomara, l’endroit où elle a été trouvée et le nom du dédicant, un affranchi, il est très vraisemblable que nous nous trouvons à nouveau face à un nom de personne, plus encore, devant l’évocation de la femme de Publicius Aunus. Ils formeraient ainsi le deuxième couple d’affranchis connus à Avenches. Si le socle inscrit à Livilla supportait le portrait de l’aimée, la plaque grossièrement élaborée pour Anechtlomara devait, elle, figurer sous une niche réservée à l’image de l’épouse. Le voisinage du foyer garni de chenets conduirait-il à interpréter la dédicace comme l’évocation d’une femme trop tôt disparue? A l’endroit du culte domestique, son portrait aurait pleinement sa place. C’est finalement dans ce sens qu’il faut comprendre à notre avis la petite statue de dame âgée de l’insula 10 Est d’Avenches avec ses 32 centimètres de hauteur (fig. 1): trouvée contre le mur d’une pièce au nord-est de la maison sud du quartier donnant sur la rue, elle 39 40 41 De ClercQ 2007, en particulier p. 199. Frei-Stolba 1990. Wrede 1981, pp. 117-118, 158-160, 188-190; Frei-Stolba 1990, pp. 128-129, 131. 111 MICHEL E. FUCHS figurait probablement dans une niche comme le laisse entendre la facture grossière de son revers, plutôt que d’y voir le signe d’un travail inachevé d’atelier. Elle est l’ancêtre helvète du lieu, au même titre que la vieille dame figurant au sol et à l’entrée de la salle du laraire de Vallon. La statuette de Spes ou de la divinité locale d’Orbe, à la lumière de son traitement, de sa proximité d’attitude par rapport à une déesse indigène comme la Naria de Muri, serait alors aussi le portrait divinisé d’une ancêtre éminente des propriétaires de la villa. Le buste en bronze d’un personnage à longs cheveux ondulés, au visage gaulois et à la poitrine modeste a été découvert au milieu du XIXe siècle à Avenches (fig. 26)42. Interprétée tour à tour comme une Aphrodite celtique, un Apollon, voire un Bacchus ou plus généralement comme une divinité féminine (?), la statue, qui serait cultuelle, prend une tournure particulière dans le contexte que nous avons présenté: avec sa hauteur de 21 centimètres, le buste occuperait volontiers une niche comme celle évoquée pour Anechtlomara ou un socle semblable à celui qui était destiné à Livilla. Au cercle familial serait rappelée la jeune Helvète divinisée. Son portrait rejoindrait ceux des ancêtres et les statuettes des divinités protectrices de la maison, pour un honneur rendu nuit et jour, sur un mode gaulois et romain. 42 Leibundgut 1976, pp. 51-52, n. 33, pl. 38-39; Bögli 1989, fig. 86. 112 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE BIBLIOGRAFIA Agustoni 2010 C. Agustoni, Grands dieux! Les divinités de Vallon et leurs histoires, Fribourg. Agustoni, Fuchs 2015 C. Agustoni, M. E. Fuchs, Des bronzes dans l’incendie de la salle du laraire de Vallon, in E. 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(d'après Fuchs 2005, fig. 4). Fig. 3 Avenches/Aventicum, détail du plan général de la ville antique, état 2002. Les insulae 3, 10 et 15 se situent au nord-ouest du forum (d'après SPM V, fig. 72.1). Fig. 4 Avenches/Aventicum, insula 15, secteur sud-ouest. Plan de l’état 3 de construction, entre 30/40 et 100 d.C. (d'après Schenk 2013, fig. 43). Fig. 5 Avenches/Aventicum, têtes de bélier en molasse, a) en remploi dans un foyer de l’insula 15 et b) trouvée en 1979 dans l’insula 3 (d'après Schenk 2013, fig. 47). Fig. 6 Avenches/Aventicum, entre les insulae 14 et 15. Dédicace à Anechtlomara et à l’Empereur par Publicius Aunus (d'après SPM V, fig. 330). Fig. 7 Augst/Augusta Raurica, plan de l’insula 24. Répartition des statuettes et des objets en bronze et situation des fragments du temple de laraire en pierre (d'après KaufmannHeinimann 1998, fig. 55). Fig. 8 Augst/Augusta Raurica, insula 24. Petit temple de laraire en pierre reconstitué (d'après Kaufmann-Heinimann 1998, fig. 57). Fig. 9 Augst/Augusta Raurica, plan de l’insula 31. Répartition des statuettes et des objets en bronze (d'après Kaufmann-Heinimann 1998, fig. 63). Fig. 10 Augst/Augusta Raurica, insula 31. Statuette en bronze de Vulcain, H 6,6 centimètres (d'après Berger 2012, fig. 208). Fig. 11 Kaiseraugst, région 17, E, basse ville d’Augusta Raurica, Schmidmatt. Maisons 1 et 2 d’un complexe commercial (d'après Berger 2012, fig. 332). Fig. 12 Kaiseraugst, région 17, E, basse ville d’Augusta Raurica, Schmidmatt. Caisse ou fond d’armoire avec statuettes de laraire in situ (d'après Kaufmann-Heinimann 1998, fig. 93). Fig. 13 Kaiseraugst, région 17, E, basse ville d’Augusta Raurica, Schmidmatt, Maison 1. Statuettes du laraire de la pièce 9 (d'après Berger 2012, fig. 334). 116 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE Fig. 14 Avenches/Aventicum, insula 27. Statuettes en bronze de laraire (d'après Hochuli-Gysel et alii 2001, fig. 96). Fig. 15 Oberwinterthur/Vitudurum, Unteres Bühl. Reconstitution de chapelle domestique posée sur vaisselier en bois, première moitié du IIIe siècle d.C. (d'après Ebnöther, KaufmannHeinimann 1996, fig. 243). Fig. 16 Oberwinterthur/ Vitudurum, Unteres Bühl. Statuettes et bases du laraire posé sur armoire (d'après Ebnöther, Kaufmann-Heinimann 1996, fig. 228). Fig. 17 Martigny/Octodurus/Forum Claudii Vallensium. Plan de la domus du Génie domestique, IIIe-IVe siècle d.C. (d'après Morisod 2009, fig. 6). Fig. 18 Martigny/Octodurus/Forum Claudii Vallensium, domus du Génie domestique, pièce 15. Statuettes et objets en bronze du laraire (d'après Kaufmann-Heinimann 1998, fig. 244). Fig. 19 Orbe-Boscéaz, villa, anciennes découvertes. Statuettes d’une déesse (Spes?) et de Mercure en bronze (d'après Luginbühl, Monnier, Dubois 1998, fig. 82). Fig. 20 Orbe-Boscéaz, villa, pièce de la mosaïque d’Achille à Scyros, «tablinum». Fortuna sur un relief en marbre de Luni (d'après Flutsch, May Castella, Paratte 1997, fig. 38). Fig. 21 Orbe-Boscéaz, villa. Proposition de restitution de la salle de la mosaïque d’Achille à Scyros d’Orbe en tablinum avec laraire (d'après Luginbühl, Monnier, Dubois 1998, fig. 61). Fig. 22 Vallon, établissement romain. Plan schématique des trois corps de bâtiments au début du IIIe siècle d.C. La salle du laraire est au centre du dispositif, avec une abside (SAEF – Service Archéologique de l’Etat de Fribourg, J. Monnier). Fig. 23 Vallon, salle du laraire. Proposition de restitution (SAEF – Service Archéologique de l’Etat de Fribourg, W. Trillen). Fig. 24 Vallon, salle du laraire. Statuettes en bronze des divinités de la chapelle domestique (SAEF – Service Archéologique de l’Etat de Fribourg, C. Zaugg). Fig. 25 Vallon, salle du laraire. Culte nocturne (SAEF – Service archéologique de l’Etat de Fribourg, W. Trillen). Fig. 26 Avenches/Aventicum, ancienne découverte. Divinité celtique ou buste de jeune Helvète en bronze (SMRA – Site et Musée Romains d’Avenches, R. Bersier). 117 MICHEL E. FUCHS 3 1 2 118 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 4 119 MICHEL E. FUCHS 5 6 7 120 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 8 9 121 MICHEL E. FUCHS 10 11 122 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 12 123 MICHEL E. FUCHS 13 14 124 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 15 16 125 MICHEL E. FUCHS 17 126 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 18 127 MICHEL E. FUCHS 19 20 21 128 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 22 23 129 MICHEL E. FUCHS 24 25 130 TÉMOIGNAGES DU CULTE DOMESTIQUE EN SUISSE ROMAINE 26 131