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Les épreuves corporelles des bouchères et des bouchers

2019, Nouvelles Questions Féministes

This article investigates the bodily experiences of professional butchers in Switzerland from a gender perspective. It also analyzes the places assigned to women and men in this line of work. Though the author took special care not to impose a gendered interpretation of her field data, her own experience as a female ethnographer in this male milieu brought the centrality of gender as an explanatory variable to the fore, particularly in the definition of what makes a “good butcher”. Using ethnographic vignettes from her field notes, the author shows how her interlocutors establish direct links between sex categories and professional activities, which are judged as either “male” (slaughtering and cutting up carcasses) or “female” (preparing and selling meat). Thus, the conditions for the production of butchers’ bodies differs between men and women. This differentiation can, in turn, be linked to recent reforms (the creation of new job titles, particularly in sales), which both attract new apprentices (mainly women) and lead to the reconfiguration of sex-based segregation within the profession.

Zinn, Isabelle (2019) « Les épreuves corporelles des bouchères et des bouchers », Nouvelles Questions féministes, 38 (2), 51-67. https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2019-2-page-51.html. Cet article aborde les épreuves corporelles des professionnel·le·s de la branche carnée en Suisse d’un point de vue du genre et analyse les places assignées aux femmes et aux hommes dans ce secteur. La posture de l’auteure est de ne pas imposer de lecture genre a priori à son terrain, mais sa propre expérience d’ethnographe-femme dans ce milieu masculin a mis en évidence la mobilisation récurrente de la catégorie de sexe comme variable explicative, en particulier de la définition du « bon boucher ». Grâce à des vignettes ethnographiques tirées de notes de terrain, l’auteure montre ainsi comment un lien direct est établi entre une catégorie de sexe et une activité de travail, jugée soit « masculine » (l’abattage et le dépeçage de la viande), soit « féminine » (activités liées à la commercialisation de la viande). Les conditions de la production des corps au travail ne sont donc pas les mêmes pour les bouchers et les bouchères. Cette différenciation s’inscrit dans les réformes récentes de la branche (ouverture de nouvelles filières, en particulier de commercialisation) qui à la fois attirent un nouveau public, notamment féminin, et créent une reconfiguration de la ségrégation au sein de la profession.