Actuelles de l’Ifri
Les Palestiniens
et le « printemps arabe »
Sébastien Boussois
Le 1er octobre 2012
A
lors que traditionnellement la question israélo-palestinienne fait la une des
médias et se trouve régulièrement à l’agenda des institutions de la
communauté internationale, la transformation globale de la région et le razde-marée révolutionnaire qui ont ébranlé le Maghreb et le Machrek ont curieusement
relégué celle-ci en marge des débats politiques.
L’effondrement de ce que les néoconservateurs avaient envisagé pour le grand
Moyen-Orient1 a créé de nouveaux problèmes locaux et généré de nouvelles
incertitudes politiques au point d’hypothéquer l’avenir des négociations israélopalestiniennes. L’Autorité palestinienne et le Hamas se révèlent très discrets face à
la grave crise sociale et économique que traverse la Palestine. Pour l’heure, la
priorité pour Mahmoud Abbas est d’intégrer les institutions internationales et
d’obtenir l’admission de la Palestine à l’Organisation des Nations unies (ONU), la
demande d’admission ayant été renouvelée ce mois-ci un an après sa première
tentative en septembre 2011. Côté israélien, l’inquiétude est faible face à la montée
de la protestation palestinienne et l’urgence semble ailleurs : en Iran, en Égypte et
face à la situation syrienne.
Avec ce qu’il est convenu d’appeler le « printemps arabe », il semble que les
transformations régionales liées à la chute de Hosni Moubarak en Égypte, tout
comme la chute à terme du régime alaouite en Syrie, posent plus que jamais la
question de la sécurité future de l’État d’Israël. Les remous, voire les secousses
sismiques, qui frappent les voisins d’Israël sont scrutés de près par le
gouvernement, l’armée et les services de renseignements et Israël oscille entre
observation (en Égypte et en Syrie) et volonté d’intervention (en Iran). Observation
prudente selon Yigal Palmor, porte-parole du ministère israélien des Affaires
étrangères : « Dans les déclarations publiques, nous nous efforçons de maintenir un
1
L’expression, venant de l’ancien président George W. Bush, désignait la reconstitution d’un MoyenOrient depuis le Maghreb jusqu’à l’Afghanistan selon les intérêts américains.
Sébastien Boussois est
docteur en science politique, chercheur associé à
l’Université libre de Bruxelles
(ULB) et au Centre Jacques
Berque (CNRS-Rabat), et
auteur de Sauver la mer
Morte, un enjeu pour la
paix
au
Proche-Orient
(Armand Colin, Paris, 2012).
Il est par ailleurs président
du Cercle des chercheurs
sur
le
Moyen-Orient
(CCMO).
Les opinions exprimées dans
ce texte n’engagent que leur
auteur.
ISBN : 978-2-36567-084-5
© Tous trois réservés, Paris,
Ifri
ton réservé, pour ne pas laisser dire que nous cherchons l'ingérence. Car s'il y a une
chose que nous voulons surtout éviter, c'est bien l'interventionnisme, direct ou
indirect. Cela n'empêche pas certains de voir la main israélienne derrière les régimes
ou derrière les rebelles, derrière l'armée ou derrière les manifestants, en somme de
dénoncer le complot israélien un peu partout. Mais nous entendons bien, je le répète,
laisser aux citoyens des pays concernés le soin de prendre en charge leur destin,
comme il se doit. […O]n a cru que la réserve israélienne signifiait silence, soutien ou
indifférence, selon le cas. Elle ne signifie, pourtant, que prudence et non-ingérence
absolue2. »
Prudence qui n’empêche pas Israël de développer depuis des décennies son arsenal
défensif, se barricadant et s'isolant de ses voisins chaque jour un peu plus3. Le
gouvernement, par la voix de Benjamin Netanyahou, a annoncé en août 2012
qu'Israël avait débuté l'érection d'une clôture de 250 kilomètres de long le séparant
encore plus de l’Égypte, et ce afin d'endiguer les arrivées massives d’immigrants
illégaux (estimés à 60 000 par an) en provenance des zones déshéritées d’Afrique
subsaharienne. À sa frontière avec le Liban, un mur d’un kilomètre a commencé à
être construit il y a quelques semaines. Ces deux cloisons viennent s'ajouter au mur
qui encercle déjà la Bande de Gaza, et à celui, contraire au droit international selon
l’avis de la Cour internationale de justice4, qui sinue entre les villages de Cisjordanie
et s'étendra, à terme, sur une longueur de 760 kilomètres. Pour justifier ses choix,
Israël invoque deux raisons : sa sécurité d'une part et la préservation du caractère
juif de l’État de l'autre.
Au-delà de son utilité, perçue comme vitale par les Israéliens, le concept de « mur »
concentre toutes les problématiques israéliennes liées à la perception que le pays a
de son environnement. « Cette confrontation [entre Juifs et Arabes] a été marquée
par l’idée, lancée par Zeev Jabotinsky et partagée par presque tous les leaders
israéliens, qu’il fallait dresser un « mur de fer » devant les Arabes pour éteindre en
eux tout espoir d’empêcher l’État d’Israël de s’établir en Palestine5. »
La sécurité est également évoquée dans le traitement du dossier nucléaire iranien et
de la menace que représente la République islamique. Cependant, les derniers
sondages d’opinion menés en Israël par la chaîne Channel 10 témoignent encore de
l’incertitude des Israéliens6 : en effet, 46 % s’opposent à une guerre unilatérale
tandis que 32 % s’y montrent favorables et 22 % restent indécis. Toutefois, 19 % des
Israéliens considèrent qu’Israël peut mener tout seul une attaque contre l’Iran, alors
que 42 % ne peuvent envisager une attaque sans l’appui logistique et politique de
Washington.
L’ancien chef du renseignement Uri Saguy a dénoncé cet affolement instrumentalisé
par le gouvernement : « Il y a une hystérie orchestrée et dont le timing a été planifié
2
Entretien réalisé en août 2012.
Denis Bauchard évoque un État d’Israël « en cours de bunkerisation » dans Le Nouveau Monde
arabe : enjeux et instabilités, Bruxelles, André Versailles, 2012.
4
Avis consultatif du 9 juillet 2004.
5
Voir Avi Shlaïm, Le Mur de fer, Paris, Buchet-Chastel, 2008.
6
Selon Serge Dumont, journaliste israélien pour Le Temps et Le Soir. Voir Leon Hadar, « Calling
Netanyahu's Bluff », The National Interest, 21 août 2012, disponible sur : http://national
interest.org/commentary/calling-netanyahus-bluff-7371?page=show.
3
pour placer le pays dans un état d’anxiété artificiel ou non7. » Pourtant, le pays est
loin d’être prêt. À l’heure actuelle, on estime que seulement 50 à 54 % de la
population sont équipés en masques à gaz pour faire face à une contre-attaque
arabe : « De l’aveu même de […] Tsahal, à peine 54 % des civils israéliens disposent
du masque à gaz qui leur est livré à domicile par la poste. Au rythme où la
distribution se poursuit, elle ne sera pas achevée avant 2016, année où les filtres de
certains de ces masques auront dépassé la date de péremption8. »
Pour autant, même si elle est inquiète, la population n’a quasiment pas manifesté
contre cette guerre. Les dernières contestations publiques à Tel-Aviv n’ont pas réuni
plus de 200 personnes le 22 août dernier, comme si la population s’y était déjà
fatalement préparée malgré elle.
Les relations entre Israéliens et Palestiniens se sont largement dégradées depuis
l’échec des négociations de Camp David en 2000, l’esquisse de la reprise des
pourparlers à Annapolis en 2007 et l’impuissance américaine face à l’intransigeance
de B. Netanyahou sur l’arrêt de la colonisation. L’une des causes majeures de cette
impasse est la poursuite inlassable et accélérée de la colonisation dans les territoires
palestiniens par Israël, officiellement pour des raisons de sécurité, et l’incapacité
pour Salam Fayyad, malgré la construction d’un véritable État dans les faits, de
concrétiser cela par la proclamation de l’État et son accession à l’indépendance. En
plus de l’intransigeance israélienne, les échéances électorales en Israël, celles en
Palestine et aux États-Unis, ainsi que les négociations compliquées entre le Hamas
et le Fatah constituent autant d’embûches sur le chemin de la paix.
La coalition gouvernementale de B. Netanyahou, qui ne supporte aucune concession
à l’égard des Palestiniens, de l’Iran, ou de ses proches voisins, tient bon.
B. Netanyahou a évité l’erreur commise en 1996, où, Premier ministre pour la
première fois, il avait, en tentant le dialogue avec les Palestiniens et les Syriens,
provoqué la chute de sa propre majorité. Aujourd’hui, sa stratégie politique est basée
sur le statu quo et l’intransigeance. Statu quo à l’égard des Palestiniens, avec
lesquels les négociations n’ont pas véritablement repris, que ce soit sur la création
de l’État palestinien, sur la colonisation des territoires ou la judaïsation accélérée de
Jérusalem-Est.
Les Palestiniens pâtissent aujourd’hui des nouvelles menaces régionales que subit
Israël, celui-ci maintenant le blocage des négociations, contrecarrant toute initiative
diplomatique palestinienne et poursuivant le blocus à Gaza. Cependant, malgré les
rumeurs de ces derniers mois concernant une troisième intifada, la situation
palestinienne ne semble plus constituer une menace. Les Palestiniens des territoires,
sortis épuisés de la seconde intifada, se sont bien rendu compte que la violence ne
leur avait rien apporté et que leur gouvernement impuissant n’était pas plus efficace
en période de résistance non violente.
Il y a cependant un risque : celui de voir le statu quo dégénérer et la situation
exploser, ce par dépit plutôt que par stratégie. Car s’il n’y a pour ainsi dire pas de
« menace palestinienne », il y a toujours un conflit en attente de solution. La montée
7
Voir Mariam Pirzadeh, « Israël : ruée sur les masques à gaz », BFMTV, 28 août 2012, disponible sur :
http://www.bfmtv.com/israel-ruee-sur-les-masques-a-gaz-actu32159.html.
8
Voir Serge Dumont, « Le prix d’une guerre avec l’Iran », Le Temps.ch, 21 août 2012, disponible sur :
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/68dd6468-eac9-11e1-a54b-3420e70b137c|0#.UI5aq2dIVrM.
en puissance des Frères musulmans dans la région ne facilite pas la résolution de ce
conflit et la détermination du Hamas risque d’aggraver la division entre Gaza et la
Cisjordanie. En effet, selon Yigal Palmor : « Ce déchirement est mauvais pour les
Palestiniens et il rend chimérique toute tentative d'accord de paix qui porterait sur
deux États, Israël et la Palestine, puisqu'il est en train de créer une réalité de trois
États. »
La rencontre qui eut lieu le 2 septembre 2011 à New York entre Barack Obama,
Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou, en marge des tensions onusiennes, la
première après vingt mois d’interruption totale et la dernière significative jusqu’ici, n’a
guère débouché sur un quelconque accord, encore moins sur la reprise des
négociations directes entre Israéliens et Palestiniens.
L’un des problèmes politiques majeurs est qu’à la moindre concession significative
en faveur des Palestiniens, et donc au détriment des colons et des partis extrémistes
indéfectibles à leur cause, le gouvernement de coalition de B. Netanyahou risquerait
de s’effondrer. Alors que les Palestiniens exigent au préalable le gel de la
colonisation, celle-ci demeure la principale pierre d’achoppement du « processus »
de paix, d’autant plus que le moratoire sur le gel de la colonisation dans les territoires
est arrivé à son terme le 26 septembre 2011. Dans un gouvernement qui est l’un des
plus à droite que le pays ait connu, le Likoud majoritaire fait figure de « modéré »
comparé aux franges religieuses et nationalistes qui permettent à B. Netanyahou
d’avoir sa majorité à la Knesset. Céder sur Jérusalem-Est, céder sur le droit au
retour et céder sur la colonisation des territoires s’apparenterait à un suicide
politique.
L’action politique des Palestiniens via les institutions internationales est le
prolongement du non-choix de la résistance pacifique pratiquée depuis près de dix
ans. Pourtant, des signes manifestes depuis plusieurs semaines montrent
l’impatience et l’exaspération croissantes des Palestiniens plongés dans une grave
crise économique et qui ne voient plus aucune issue favorable à leur situation.
En plein « printemps arabe », l’action unilatérale du président Mahmoud Abbas
demandant l’adhésion de la Palestine à la tribune des Nations unies le 23 septembre
2011 et l’impressionnante opération de communication médiatique lancée plusieurs
semaines auparavant ont été diversement appréciées au sein même du camp
palestinien. La décision de l’Autorité palestinienne de privilégier le recours au droit
international au détriment de discussions formelles (avec le préalable exigé par les
Palestiniens qu’est l’arrêt de la colonisation israélienne dans les territoires) n’a pas
suscité le soutien de la Communauté internationale et encore moins celui des ÉtatsUnis. Or, malgré l’échec de leur initiative en septembre 2011 à l’ONU, il semblerait
aujourd’hui que le choix par les Palestiniens de recourir aux instances internationales
soit la seule voie qui leur permette de s’affirmer face à Israël. C’est ainsi que
l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en octobre 2011 a pu être ressentie comme
un échec pour Israël, que les craintes de troubles redoutés au début de ce processus
se sont avérées infondées et qu’une troisième intifada n’a pas eu lieu9.
9
Selon des sources politiques proches du gouvernement : « Netanyahou aurait fait part, lors de
conversations privées, de sa crainte d'une troisième intifada à l'approche de la reconnaissance d'un État
palestinien à l'ONU. » Voir : « Netanyahou redouterait une troisième intifada à l'approche de
La crise qui frappe les Palestiniens est probablement l’une des plus graves qu’ils
aient connues, ce pour de multiples raisons. De 9 % en 2008-2010, le taux de
croissance a chuté à 5 %. Les chiffres du chômage, 32 % en Cisjordanie et 45 % à
Gaza, sont révélateurs de la crise profonde. En 2011, le salaire mensuel moyen était
de 227 euros dans la bande de Gaza et de 462 euros en Cisjordanie. De plus, la
colonisation et le contrôle des douanes par les Israéliens empêchent les Palestiniens
de parachever l’entreprise économique « étatique » (sans État) et souveraine
puisque, dans les accords de Paris signés en 1994 à la suite des accords d’Oslo, il
est stipulé que la TVA palestinienne est indexée sur la TVA israélienne, donc que
l’économie palestinienne dépend de la bonne ou mauvaise santé de celle de son
voisin. Accords certes contestés aujourd’hui mais dont l’existence maintient les
Palestiniens dans une précarité qui accentue détresse et ressentiment.
L’arrangement prévu dans l’accord précise qu’Israël s’engage à rétrocéder les droits
de douanes des produits palestiniens contraints de passer par Israël avant de
parvenir en Cisjordanie (dont le montant avoisine les 50 millions de dollars par mois).
Tel-Aviv se réservant le droit de faire pression sur Ramallah pour des raisons
politiques en bloquant ce retour, il est arrivé en 2012 qu’un tel blocage provoque
l’arrêt temporaire du paiement des fonctionnaires et de la police de l’Autorité
palestinienne. C’est aujourd’hui de nouveau le cas avec le retard de paiement des
donateurs américains et arabes, situation qui, sécurité oblige, a amené Tel-Aviv à
consentir une avance de 50 millions d’euros au Premier ministre palestinien sur les
taxes à venir en attendant la régularisation des États donateurs. En 2008-2009, les
subsides des pays arabes atteignaient 500 millions de dollars par an alors que
depuis 2011, ils atteignent difficilement 200 millions de dollars. Ainsi, près de vingt
ans après les accords d’Oslo, la dépendance économique reste totale à l’égard des
pays arabes mais également d’Israël, puisque aujourd’hui près de 95 % des
importations palestiniennes proviennent de ce pays.
Pourtant, l’organisation fiscale et économique menée par l’Autorité palestinienne
avait été favorablement accueillie par le Fonds monétaire international (FMI) l’année
dernière : le Fonds soulignait en effet que l’Autorité palestinienne avait mis en place
les institutions nécessaires et la politique fiscale permettant la bonne conduite de
l’économie d’un futur État. Or, le développement économique se trouve aujourd’hui
bloqué10 et l’Autorité palestinienne, confrontée à « la grogne sociale face aux
mesures d’austérité et à l’augmentation des prix, provoquées largement de
l’extérieur11 », a besoin de 400 millions de dollars d’urgence pour combler le déficit
budgétaire en 2012.
Au début de l’automne 2012, les manifestations se sont multipliées à Ramallah
contre la vie chère, la hausse des impôts, le faible niveau et parfois le non-paiement
des salaires et la grogne a vite gagné d’autres villes comme Bethlehem, Hébron et
Naplouse. Début septembre, un Palestinien a tenté de s’immoler par le feu et les
principales routes de Cisjordanie ont été bloquées par les taxis et les camions en
septembre », Juif.org, 16 juin 2011, disponible sur : http://www.juif.org/diplomatie-moyenorient/153759,netanyahou-redouterait-une-troisieme-intifada-a-l-approche-de.php.
10
En juin et juillet, l’Autorité n’avait pas versé les salaires.
11
Voir Isabelle Kershner, « Financial Strains Said to Threaten Stability of Palestinian Authority », New
York Times, 17 septembre 2012, disponible sur : http://www.nytimes.com/2012/09/18/world/middle
east/palestinian-authoritys-stability-threatened-by-financial-strains.html?pagewanted=all.
grève contre la hausse du prix des carburants. Autant de drames et incidents qui
révèlent que la situation, selon les termes de Ahmad al-Barghouti12, est « devenue
insupportable […]. Il y a le chômage, l’inflation, la pauvreté, le clientélisme et les
traitements préférentiels, sans parler de l’occupation et des violences quotidiennes
des colons juifs. Ensuite, il y a un gouvernement extrémiste de droite [en Israël] et un
mur qui étouffe le peuple. »
Les Palestiniens reprochent au Premier ministre Salaam Fayyad d’avoir privilégié
l’édification d’une économie néolibérale avec la multiplication des privatisations et
l’aggravation des inégalités sociales. Malgré le boom de l’immobilier et la
construction de nouveaux bâtiments, dont certains très beaux et très luxueux, il
semblerait que les investissements dans ce secteur ne s’étendent ni aux
« entreprises, ni aux usines et donc aucunement dans l’emploi » ainsi que le note Uri
Avnery13, qui ajoute : « La construction nous prouve juste que certains s’enrichissent
et profitent de l’occupation pendant que la population se paupérise14. » Pour la
première fois, les manifestants réclamaient la démission de l’Autorité palestinienne et
du Premier ministre Salaam Fayyad, accusés de compromission avec Israël et
d’impuissance face à lui. Les contestataires réclament par ailleurs l’abrogation des
accords de Paris, qui inféodent l’économie palestinienne à la locomotive israélienne
et veulent solder une politique hypocrite de part et d’autre du mur : d’un côté, Israël,
qui ne renonce en rien à son contrôle sur l’économie palestinienne ; de l’autre,
l’Autorité palestinienne, qui n’a pas les moyens de conduire une politique souveraine.
Au-delà de la colonisation, de la multiplication des violences avec les colons et de
l’impasse quant à la reprise des négociations, l’économie, éternel nerf de la guerre,
pèse chaque jour un peu plus sur les deux pays. L’aggravation de la situation
pourrait-elle mener à l’effondrement de l’Autorité palestinienne ? Une perspective
qui, dans le contexte régional favorable aux islamistes et étant donné sa politique de
résistance à Gaza, ne pourrait que favoriser le Hamas, qui, après un exil forcé
depuis 2007 et malgré l’échec de la coalition gouvernementale menée par Ismaïl
Haniyeh, pourrait être le bénéficiaire d’une telle situation.
12
Entretien accordé à Al Akhbar.com, Fadi Abu Saada, « Palestine Protests: Occupation Economy
Falters », 7 septembre 2012, disponible sur : http://english.al-akhbar.com/content/palestine-protestsoccupation-economy-falters.
13
Uri Avnery, militant israélien pour la paix. Voir « Protest In Ramallah », OutlookIndia.com,
14 septembre 2012, disponible sur : http://www.outlookindia.com/article.aspx?282285.
14
Ibid.
Des Printemps arabes à l’Automne palestinien, Israël et Palestine à l’arrêt total
je n’ai me le titre (Israël et palestine à l’arrêt total ca ne veut rien dire. des négociations à l’arrêt…..)
Par Sébastien Boussois, docteur es sciences politiques, chercheur associé à l’ULB (Université Libre de Bruxelles) et au Centre Jacques Berque (CNRS-Rabat), auteur de Sauver la mer Morte, un enjeu pour la paix au Proche-Orient ?, Armand Colin, Paris, 2012. Il est par ailleurs président du CCMO (Cercle des Chercheurs sur le Moyen-Orient).
IFRI 15 octobre 2012
Alors que traditionnellement la question israélo-palestinienne fait la une des médias et se trouve régulièrement à l’agenda des institutions de la communauté internationale, la transformation globale de la région et le raz-de-marée révolutionnaire qui ont ébranlé (le) du Maghreb au (et le ) Machrek a curieusement relégué la « situation palestinienne » en marge des débats politiques. Les priorités ont concerné bien entendu la Tunisie, puis l’Egypte, puis la Libye, le Yémen et enfin la Syrie. Amalek (je mettrai une note de bas de page) est de retour : l’ennemi féroce auxquels seraient confronté selon la Bible chaque nouvelle génération de Juifs. L’effondrement de ce que les néoconservateurs avaient envisagé avec leur (MD) grand Moyen-Orient a créé de nouveaux problèmes locaux et généré de nouvelles incertitudes politiques au point d’hypothéquer l’avenir des négociations israélo-palestiniennes. L’autorité palestinienne et le Hamas se révèlent très discrets y compris face à la grave crise sociale et économique que traverse la Palestine. Pour l’heure, la priorité pour Mahmoud Abbas est d’intégrer les institutions internationales de droit et faire adhérer la Palestine aux Nations unies, demande traînante renouvelée ce mois-ci un an après sa première tentative en septembre 2011. Côté israélien, l’inquiétude est faible face à la montée de la protestation palestinienne et l’urgence semble ailleurs: Iran en tête, Egypte et Syrie ensuite (MD). La Palestine est devenue en moins d’un an le parent pauvre des Printemps arabes et Israël tente de maintenir le statu quo autant du point de vue des négociations de paix effondrées (MD) que des revendications palestiniennes d’autonomisation de son économie, aliénée par les Accords de Paris de 1994 aux rouages de l’économie israélienne.
La Palestine parent pauvre des Printemps arabes
D’autres priorités régionales pour Israël : l’axe Iran-Syrie-Egypte (ce n’est pas un axe)
Priorité 1 et 2 (je ne le mettrai pas) : Egypte et Syrie
Comme l’affirme Pierre Berthelot, chercheur à l’IFAS et membre du CCMO, « Israël est une puissance du statu-quo » qui favorise ainsi « la conservation de la supériorité acquise et de la prospérité qui en procède »
Cité par Olivier Danino dans « Les conséquences des soulèvements dans le monde arabe pour l’Etat d’Israël » dans le Cahier du CCMO Le monde face aux révolutions arabes, éditions du Cygne, Paris, 2012 : « Israël face aux révoltes arabes, raidissement ou ouvertures ? », Confluences méditerranée, hiver 2011. Il n’y a plus uniquement le Liban et l’Iran qui posent problème désormais aux gouvernements israéliens. Avec le dit « Printemps arabe », il semble que les transformations régionales liées à la chute d’Hosni Moubarak en Egypte, tout comme la chute à terme du régime alaouite en Syrie posent plus que jamais la question de la sécurité future de l’État hébreu. Tout change très rapidement mais Israël ne change(répétiotion) pas. Les remous voire les secousses sismiques qui frappent les voisins d’Israël sont scrutés de près par le gouvernement, l’armée et les services de renseignement. L’Etat hébreu oscille entre observation (Egypte-Syrie) et volonté d’intervention (Iran).
Yigal Palmor, porte-parole du Ministère des Affaires étrangères israélien nous assure d’une chose, à prendre toutefois avec recul: « Nous n’intervenons pas. Dans les déclarations publiques, nous nous efforçons de maintenir un ton réservé, pour ne pas laisser dire que nous cherchons l'ingérence. Car s'il y a une chose que nous voulons surtout éviter, c'est bien l'interventionnisme, direct ou indirect. Cela n'empêche pas certains de voir la main israélienne derrière les régimes ou derrière les rebelles, derrière l'armée ou derrière les manifestants, bref: de dénoncer le complot israélien un peu partout. Mais nous entendons bien, je le répète, laisser aux citoyens des pays concernes prendre en charge leur destin, comme il se doit. Nous n'avons pas a jouer a ce jeu la. Cela a donné lieu à plusieurs malentendus: on a cru que la réserve israélienne signifiait silence, soutien ou indifférence, selon le cas. Elle ne signifie, pourtant, que prudence et non-ingérence absolue. »
Interview réalisée en août 2012.
Pourtant, du nord au sud, d'est en ouest ( a l ouest y a pas grand chose à part des poissons dans l’eau), Israël, outre le fait de mener des guerres préventives, développe depuis des décennies son arsenal défensif. Il se barricade et s'isole de ses voisins chaque jour un peu plus. Denis Bauchard, maître de conférences à Sciences Po, parle dans Le Nouveau monde arabe, d’Israël comme d’un Etat « en cours de bunkerisation »
Le Nouveau monde arabe, enjeux et instabilités, André Versaille éditeur, Bruxelles, 2012.. A la mi-août, on apprenait par la voix de Benjamin Netanyahu qu'Israël avait débuté l'érection d'une clôture de 250 km de long la séparant encore plus de l’Égypte, et ce afin d'endiguer les arrivées massives d’immigrants illégaux (estimés à 60 000 par an) en provenance des zones déshéritées d’Afrique subsaharienne. A sa frontière avec le Liban, un mur a commencé à être construit il y a quelques semaines sur 1km. Ces deux cloisons viennent s'ajouter au mur qui encercle déjà la Bande de Gaza, et l'autre, illégale aux yeux du droit international (au yeux de la cour international de justice dont tu devrais citer la décision en question ), sinue entre les villages de Cisjordanie et s'étendra, à terme, sur une longueur de 760 km. D’ailleurs selon Netanyahu « tout le pays doit être entouré d’une barrière »
Op cit.. Pour justifier de ses choix, Israël invoque deux raisons : sa sécurité d'une part et la préservation du caractère juif de l’État d'autre part.
Au-delà de son utilité, perçue comme vitale par les Israéliens, le concept de « mur » concentre toutes les problématiques israéliennes liées à la perception que le pays a de son environnement. Le nouvel historien Avi Shlaïm a publié en français en 2008 un livre intitulé Le mur de Fer
Buchet-Chastel, Paris, 2008., dans lequel il revient largement sur l’histoire de ce dernier. « Cette confrontation [entre Juifs et Arabes] a été marquée par l’idée, lancée par Zeev Jabotinsky et partagée par presque tous les leaders israéliens, qu’il fallait dresser un « mur de fer » devant les Arabes pour éteindre en eux tout espoir d’empêcher l’Etat d’Israël de s’établir en Palestine ». Cette idée, datant de 1923, et lancée par le théoricien de la droite israélienne, père du futur Likoud que dirige aujourd’hui le premier ministre Benjamin Netanyahu. Ainsi, Jabotinsky écrivait il dans La Muraille de Fer : « Tant que subsiste, dans l’esprit des Arabes, la moindre étincelle d’espoir qu’ils pourront un jour se défaire de nous, nulle belle parole, nulle promesse attirante n’amènera les Arabes à renoncer à cet espoir ». Et il poursuivait : « Or une nation bien vivante [comme les Arabes] n’est disposée à faire des concessions sur des questions aussi vitales que lorsqu’elle à perdu tout espoir de ‘’se défaire de nous’’ et que toute brèche de la ‘’muraille de fer’’ est définitivement colmatée
Première publication en russe en 1923.».
Priorité 3 : l’Iran (en fait je commencerais par l’Iran puisque c est la prinicpale menace)
L’autre menace est bien sur l’Iran qui obsède gouvernement et société israélienne par voie de fait (pk par voie de fait et puis c est pas ca une voie de fait). Il ne faut pas confondre dans les sondages les Israéliens qui sont résolument contre toute nouvelle guerre et ceux contre l’Iran, et ceux qui sont majoritairement contre une guerre menée seule sans l’aval ni l’appui(e)s des USA qui s’apparentent à une opération suicide. Les derniers sondages d’opinion en Israël menés par la chaine Channel 10
http://nationalinterest.org/commentary/calling-netanyahus-bluff-7371 témoignent encore de l’incertitude des Israéliens: en effet, 46% s’opposent à une guerre unilatérale pendant que 32% se montrent favorables et 22% restent à l’heure indécis. Mais pire encore: 19% des Israéliens seulement pensent qu’Israël peut attaquer seul l’Iran, contre 42% requérant l’appui logistique et politique des USA.
Même l’ancien chef des renseignements Uri Saguy condamnait cet affolement instrumentalisé par le gouvernement: « Il y a une hystérie orchestrée et dont le timing a été planifié pour placer le pays dans un état d’anxiété artificiel ou non »
http://www.bfmtv.com/israel-ruee-sur-les-masques-a-gaz-actu32159.html Pourtant, le pays est loin d’être prêt. A l’heure actuelle, on estime entre 50 et 54% seulement de la population équipée en masques à gaz en cas de contre-attaque arabe. Serge Dumont, journaliste israélien pour Le Temps et Le Soir explique dans un de ses articles : « De l’aveu même de (…) Tsahal, à peine 54% des civils israéliens disposent du masque à gaz qui leur est livré à domicile par la poste. Au rythme où la distribution se poursuit, elle ne sera pas achevée avant 2016 lorsque les filtres de certains de ces masques auront dépassé la date de péremption. »
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/68dd6468-eac9-11e1-a54b-3420e70b137c/Le_prix_dune_guerre_avec_lIran Pour autant, même si inquiète, la population n’a quasi pas manifesté contre cette guerre. Les dernières contestations publiques à Tel Aviv n’ont même pas attiré 200 personnes le 22 août dernier. Comme si la population s’y était déjà fatalement préparée malgré elle. La menace palestinienne est donc bien loin. Et pourtant la guerre annoncée a peu de risques de survenir dans l’immédiat. L’opération de communication qui sévit depuis plusieurs semaines autour de ce conflit possible entre Israël et l’Iran semble depuis plusieurs jour basculer dans une autre dimension. C’est la première fois de l’histoire qu’un gouvernement se retrouve aussi isolé sur un tel choix stratégique, politique et militaire, au point que Benjamin Netanyahou ait traversé une longue crise personnelle d’insomnie, reflet d’une déstabilisation évidente du premier ministre. L’impossibilité de la victoire israélienne sans l’appui des Etats-Unis, la capacité de détourner l’attention intérieure des véritables problèmes internes, la relégation de la résolution de la question palestinienne renvoyée aux calendes grecques, ne doivent pas faire oublier une dernière hypothèse expliquant un tel emballement de Tel Aviv: le soutien israélien direct au candidat républicain Mitt Romney pour les élections américaines de novembre. En effet, la certitude de Netanyahou que Barack Obama, avec qui il entretient de mauvaises relations depuis 4 ans, ne le soutiendra pas dans cette guerre, ressemble à un désaveu des démocrates au profit du candidat mormon. Netanyahou sait aussi, qu’une fois réélu, Obama fera tout pour le contraindre cette fois ci à reprendre le chemin des négociations avec les Palestiniens, libéré de l’enjeu de sa réélection. Tous ces motifs peuvent faire véritablement douter aujourd’hui qu’Israël se lance dans une telle opération suicidaire contre Téhéran. En attendant, l’argument est tout trouvé pour le gouvernement israélien pour ne plus accorder aucune importance à la relance des négociations avec les Palestiniens sans préalables : bien trop de zones d’instabilité ont émergé ou réémergé en moins d’un an pour ne pas en ajouter une nouvelle qui reste contrôlable.
je trouve que ce passage sur l’Iran est déconnecté du sujet
b. L’intérêt vital du statu quo israélien face à la question palestinienne : un blocage historique des négociations
Le statu-quo, arme de déstructuration massive ?????
Il faut bien reconnaître que leurs (lesquelles ??) relations se sont largement dégradées depuis l’échec des négociations de Camp David dans un premier temps en 2000, et dont la reprise des pourparlers qui avaient été esquissés à Annapolis en 2007, puis avec l’incapacité américaine d’Obama face à l’intransigeance de Netanyahou sur l’arrêt de la colonisation d’autre part. L’une des causes majeures de cette impasse est donc la poursuite inlassable et accélérée de la colonisation dans les Territoires palestiniens par Israël officiellement pour des raisons de sécurité, et l’incapacité pour Salam Fayyad malgré la construction d’un véritable Etat dans les faits de l’appliquer dans la réalité afin d’envisager sa proclamation et son indépendance. Il y a de nombreuses raisons plus profondes au blocage total des négociations qui dépassent largement même Israéliens et Palestiniens : échéances électorales en Israël, en Palestine et aux Etats-Unis, négociations compliquées entre Hamas et Fatah, intransigeance israélienne... Les embûches sur le chemin de la paix sont une fois de plus nombreux(ses). En réalité Netanyahou a un intérêt à cette situation(MD), de ne pas ajouter davantage de confusion et d’inquiétude pour son pays.
La coalition gouvernementale de Netanyahou, qui ne supporte aucune concession à l’égard des Palestiniens, à l’égard de l’Iran, et à l’égard de ses voisins proches en pleine transformation politique, tient bon. En réalité, Bibi a évité l’erreur commise en 1996, où premier Ministre ( c’est pas linverse pour les majuscules ?) pour la première fois, en tentant le dialogue avec les Palestiniens et les Syriens, il avait provoqué la chute de sa majorité. Aujourd’hui, il est bien installé et la raison principale qui en devient une stratégie politique porteuse est simple: le statu-quo et l’intransigeance.
Statu quo à l’égard des Palestiniens, où les négociations n’ont pas clairement repris sur la création de l’Etat palestinien, sur la résolution du conflit qui anime les belligérants depuis 64 ans, sur la colonisation des Territoires et la judaïsation accélérée de Jérusalem-est. Statu quo à l’égard des manifestants des plus grandes protestations sociales que le pays ait connu à l’été dernier : quelques mesurettes ont été prises depuis un an en matière de logement, d’indexation des prix, mais rien de plus. La priorité du pays est ailleurs : son environnement immédiat et sa sécurité.
- Les Palestiniens ne sont plus une menace
Voilà probablement l’acteur politique régional le plus perdant de cette reconfiguration régionale. Les Palestiniens pâtissent aujourd’hui des nouvelles menaces régionales que subit Israël, maintenant le blocage des négociations, contrecarrant toute initiative diplomatique palestinienne et poursuivant le blocus à Gaza. La menace palestinienne ne semble plus vraiment en être une, y compris les rumeurs circulant depuis des mois d’une troisième Intifada. Les Palestiniens des Territoires sont sortis épuisés de la seconde Intifada, et se sont bien rendus compte que la violence ne leur avait rien apporté, et que leur gouvernement impuissant n’était pas plus efficace en période de résistance non-violente. En cela, le statu quo peut dégénérer et la situation exploser, par dépit plus que par stratégie.
Palmor le dit lui même : « Il n'y a pas de "danger" palestinien, il y a un conflit en attente de solution, en attente de réconciliation. Le risque, c'est que l'on perde du temps précieux. Cela rendra un accord à venir encore plus difficile à obtenir. Car la montée en puissance des Frères Musulmans dans la région n'est pas de nature à encourager les Palestiniens à négocier, ni le Hamas a déposer les armes, ne serait que face au Fatah et l'Autorité Palestinienne. Le risque, c'est de voir s'approfondir la division entre Gaza, sous le Hamas, et la Cisjordanie, sous l'Autorité palestinienne. Ce déchirement est mauvais pour les Palestiniens, et il rend chimérique toute tentative d'accord de paix qui porterait sur deux Etats, Israël et la Palestine, (seule solution faisable), puisqu'il est en train de créer une réalité de trois Etats. » La responsabilité est bien plus partagée que cela. Depuis deux ans, Netanyahu a tout bloqué et poursuivi la colonisation des Territoires et de Jérusalem-Est. En effet, jamais Barack Obama n’est parvenu à faire plier le premier ministre israélien depuis son arrivée à la maison blanche, et l’enjeu de sa réélection en 2012 passé, devrait s’il est réélu lui permettre de tenter le tout pour le tout (MD) en faisant plus ample pression avec sa secrétaire d’Etat Hillary Clinton pour une relance des négociations sans préalable, un arrêt de la colonisation, une reconnaissance de la nécessité d’un Etat palestinien et la signature d’une paix juste et durable tant attendue et espérée depuis 60 ans ( tu rêves).
2011-2012 : la transformation de la nature des actions politiques palestiniennes et de la contestation populaire
Le choix palestinien des institutions internationales et des actions unilatérales au détriment des négociations
Le blocage inédit des négociations entre Israéliens et Palestiniens depuis 2009
Il y avait eu de vagues réunions entre 2009 et 2011 pour tenter de réanimer un « processus » de paix, que l’on ose même plus qualifier de la sorte depuis quatre ans. La situation est ancienne et n’a guère évolué en effet ces (pb de syntaxe) trois dernières années à chaque nouvelle réunion entre Israéliens, Palestiniens et Américains. Si la rencontre qui eut lieu à New-York entre Barack Obama, Mahmoud Abbas et Benjamin Netanyahou le 2 septembre 2011 par exemple fut, en marge des tensions onusiennes, la première après vingt mois d’interruption totale et la dernière significative depuis, il était illusoire pour autant de croire que le grand barnum effectué autour de la reprise des négociations directes entre Israéliens et Palestiniens, soutenue par ailleurs par la Jordanie, l’Égypte et le Quartet eut pu permettre de parvenir à un nouvel accord (syntaxe) celui là aussi historique. L’un des problèmes politiques majeurs en Israël est simple : à la moindre concession significative en faveur des Palestiniens et donc au détriment des colons et des partis extrémistes indéfectibles à leur cause, le gouvernement de coalition de Netanyahou risquerait de sauter (MD). En venant à New-York, il savait très bien qu’il ne prolongerait pas le moratoire sur le gel de la colonisation dans les territoires achevé le 26 septembre 2011. Haaretz, le grand quotidien de gauche titrait le 27 septembre 2011: « Le moratoire levé, les colonies de Cisjordanie sont prêtes à se lancer dans la construction ». Or, les Palestiniens exigent avant toute chose le gel de la colonisation, non plus rampante mais grimpante ; celle qui demeure la principale pierre d’achoppement du « processus » de paix, transformé depuis 2000 en « processus de guerre » et de l’échec des négociations de Camp David 2. Le gouvernement de Netanyahou a aujourd’hui très peu d’opposants, si ce n’est de nouveau Kadima, après quelques retournements en un an. Le gouvernement israélien est l’un des plus à droite que le pays ait connu, et le Likoud majoritaire est un « modéré » comparé aux franges religieuses et nationalistes qui permettent à Bibi d’avoir sa majorité à la Knesset. Céder sur Jérusalem-est, céder sur le droit au retour, et céder sur la colonisation des Territoires serait un suicide politique. Voilà pourquoi nous pouvions douter de la sincérité de Netanyahou à Washington. À cela ajoutons les déclarations du ministre des affaires étrangères Lieberman dimanche 19 septembre 2011 aux journalistes avant la réunion hebdomadaire de son cabinet où il assurait rejeter le traditionnel échange « terre contre paix » pour un non moins dangereux « «échange de terres…et de personnes » !
La secrétaire américaine Hillary Clinton semblait vouloir à nouveau tirer les leçons de l’échec d’Oslo en fixant un terme aux discussions. Les protagonistes de l’affaire avaient un an pour aboutir. A quoi ? Une paix juste et durable ? Deux États ? Un retour des réfugiés ? Une indemnisation ? Le statut de Jérusalem-est ? Rien n’a abouti un an après bien entendu. Cela faisait beaucoup de dossiers pour le premier ministre israélien en dehors de toutes les menaces qui semblent peser sur le pays à l’heure actuelle. A l’approche du dépôt de la demande de Mahmoud Abbas à la tribune des Nations unies de l’adhésion palestinienne, une autre rencontre eut lieu le 19 septembre, dans le but principal pour les Israéliens d’empêcher une telle action. Rien n’aboutit et Abbas déposé tout de même sa requête, provoquant l’ire de Netanyahou (pour une telle fiche je ne mettrai pas que les noms de famille, ca fait familier je trouve).
L’action politique via le droit international des Palestiniens est le prolongement du non-choix de la résistance pacifique pratiquée depuis près de dix ans (comprends pas). La violence n’a jamais mené nulle part pour les Palestiniens, et ce particulièrement depuis la seconde Intifada où le mouvement fut durement réprimé par l’armée israélienne. Le président palestinien comme sont peuple en ont fait les frais et en sont sortis épuisés. La simple idée d’une reprise de la violence contre les Israéliens, mais également au sein même des Territoires entre les différentes factions palestiniennes paraît exclue depuis des années. Pourtant des signes manifestes depuis plusieurs semaines montrent l’impatience et l’exaspération croissantes des Palestiniens, qui sont gravement plongés dans la crise économique et qui ne voient plus aucune issue favorable à leur situation, encore moins un Etat reconnu.
Le choix des Nations unies et du droit international
En plein printemps arabe, l’action unilatérale du président Abbas demandant l’adhésion de la Palestine à la tribune des Nations unies le 23 septembre 2011, et l’impressionnante opération de communication médiatique lancée plusieurs semaines auparavant a été diversement appréciée au sein même du camp palestinien mais également au sein de la communauté internationale. Côté israélien, inutile de dire que l’initiative rejetée par le gouvernement, Netanyahou en tête, a surtout été perçue comme un rejet définitif de la relance des négociations entre les deux parties et un coup de forcing pour passer outre. Pourtant le choix même de l’Autorité palestinienne du droit international au détriment de discussions formelles (avec le préalable requis par les Palestiniens de l’arrêt de la colonisation israélienne dans les Territoires ) n’a pas non plus été apprécié par la Communauté internationale et les USA. L’agitation dans les territoires d’alors a inquiété les Israéliens alors pris dans la crise sociale et les menaces extérieures. En réalité, il semble qu’aujourd’hui, Les Palestiniens constituent un danger pour Israël quand ils rentrent dans le champ (MD) du droit international et jouent le jeu des institutions. Ils en fut de même en novembre lorsque Mahmoud Abbas, renforcé par son action à New York pourtant inaboutie à ce jour, obtint l’adhésion de la Palestine à l’UNESCO en octobre 2011, en faisant quasi de fait (MD) un Etat sur le papier. Malgré l’inaboutissement historique des négociations, la construction économique de l’Etat par le président Salaam Fayaad cumulée aux actions internationales conduites par le président Abbas auprès des institutions internationales, n’a pas suffi à masquer le caractère inédit du blocage politique total mais également aujourd’hui économique. A chaque coup diplomatique palestinien, la crainte d’une troisième intifada surgit. Elle était bien réelle dès juin 2011. Netanyahou ne s’en cachait pas : « Le Premier ministre Benjamin Netanyahou aurait fait part, lors de conversations privées, de sa crainte d'une troisième intifada à l'approche de la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'Onu, selon des sources politiques proches du gouvernement. Netanyahou estimait également qu'on "ne peut plus arrêter le mois de septembre", selon ces mêmes sources. »
http://www.juif.org/diplomatie-moyen-orient/153759,netanyahou-redouterait-une-troisieme-intifada-a-l-approche-de.php En fait, tout le pays s’était retrouvé une nouvelle fois en état d’alerte : « Dans une déclaration du Comité des Affaires Étrangères et de la Défense de la Knesset, publié hier (c est quand hier ?), on apprend que Tsahal et l’État-major Israélien ont averti les députés du danger immédiat qui guette les Israéliens qui vivent dans les grandes villes du pays. Que ce soit à Jérusalem ou à Tel-Aviv, tout le monde peut être visé par une roquette. Le Major Général Yair Golan a déclaré que la durée de toute future confrontation armée sera plus longue que les guerres précédentes et que le nombre et la portée des roquettes va augmenter… La précision de ces engins de terreur sera également améliorée. »
http://jssnews.com/2011/06/16/nouvelles-previsions-de-violences-palestiniennes-dans-les-prochains-mois-2/ Finalement rien. A l’image de la menace iranienne. Et si le gouvernement créait proprement la menace ?
La contestation populaire palestinienne désormais tournée vers l’Autorité palestinienne (ca c ets bien vrai !!)
La fin génétiquement programmée du miracle économique palestinien
La crise qui frappe les Palestiniens est probablement l’une des plus graves qu’ils aient connu et ce pour de multiples raisons. Tout d’abord, le « miracle palestinien « n’est plus ce qu’il était, puisque d’une croissance de 9% en 2008-2010, le taux a chuté à 5%. Ensuite, les chiffres du chômage sont effrayants tous comme les écarts de revenus entre Cisjordanie et bande de Gaza, sous embargo : le taux de chômage à Gaza avoisinne les 45% contre « seulement » 32% en Cisjordanie et le salaire moyen dans la bande de Gaza en 2011 atteint les 227 euros par mois contre 462 euros par mois pour les Palestiniens de Cisjordanie. Ensuite ce qui pose bien des problèmes au delà de ces chiffres emblématiques, c’est que la colonisation et le contrôle des douanes par les Israéliens empêchent les Palestiniens de parachever l’entreprise économique « étatique » (sans Etat) et souveraine puisque : dans les accords de Paris largement contestés aujourd’hui, signés en 1994, à la suite des accord d’Oslo, il est stipulé que la TVA palestinienne est indexée sur la TVA israélienne, que l’économie palestinienne est donc soumise à la bonne ou mauvaise santé de celle de son voisin. Ainsi les prix de l’essence ont explosé en territoire palestinien ces deux derniers mois. Les Israéliens traversent une crise économique grave, qui a provoqué les plus grandes manifestations sociales que le pays ait connu de son existence en 2011, avec plus de 400 000 Israéliens dans les rues en août 2011
Voir pour plus de détails « Société en guerre, sociétés en crise », Cahier du CCMO, éditions du Cygne, Paris, 2011.. L’éternel arrangement prévu dans l’accord qui précise qu’Israël s’engage à rétrocéder les droits de douanes des produits palestiniens contraints de passer par Israël avant de parvenir en Cisjordanie : bien entendu, Tel Aviv se réserve le droit de faire pression sur Ramallah pour des raisons politiques en bloquant ce retour. Le montant avoisine les 50 millions de dollars par mois. C’est arrivé en 2012, provoquant l’arrêt temporaire du paiement des fonctionnaires de l’Autorité palestinienne dont la police. C’est aujourd’hui de nouveau le cas avec le retard de paiement des contributeurs américain et arabes. Comble du comble, mais sécurité oblige, c’est Tel Aviv qui a consenti à avancer 50 millions d’euros au Premier ministre palestinien sur les taxes à venir en attendant la régularisation des Etats donateurs. En 2008-2009, les subsides des pays arabes atteignaient les 500 millions de dollars par an alors qu’aujourd’hui, ils atteignent difficilement les 200 millions de dollars depuis 2011. La dépendance économique 19 ans après les Accords d’Oslo reste donc totale à l’égard des pays arabes mais également d’Israël puisque aujourd’hui près de 95% des importations palestiniennes proviennent de l’Etat hébreu.
Pourtant le miracle économique palestinien avait été salué par la communauté internationale. Et notamment l’organisation fiscale et économique avait été favorablement accueillie par le FMI l’année dernière : le Fonds monétaire international soulignait reconnaissait en effet que l’Autorité palestinienne avait construit les institutions nécessaires et la politique fiscale permettant la bonne conduite de l’économie d’un futur Etat
Voir http://www.americantaskforce.org/daily_news_article/2012/09/17/financial_strains_said_threaten_stability_palestinian_authority : « Et aucun Etat en vue, (vingt ans après) la signature des Accords d’Oslo censés être provisoires et n’ayant conduit qu’à une gouvernance autonome palestinienne tout à fait limitée. Leur développement économique se trouve donc aujourd’hui bloqué et l’Autorité palestinienne a besoin de 400 millions de dollars d’urgence pour couvrir le budget 2012, confronté à la grogne sociale face aux mesures d’austérité et à l’augmentation des prix provoquées largement de l’extérieur » précise Isabelle Kershner, journaliste au New York Times. Le risque que les finances de l’Autorité palestinienne se dégradent est sévère 180 000 fonctionnaires sont payés mensuellement par celle ci, dont les forces de sécurité. En juin et juillet, l’Autorité avait été en défaut de paiement des salaires.
Une montée de la colère inédite contre une Autorité palestinienne impuissante face au monde (tres mal dit)
meme chose que le titre précédent, je crois.
Devant les manifestations à Ramallah qui ont été déclenchées il y a près de 15 jours, Mahmoud Abbas a reconnu que l’Automne palestinien était arrivé. Et les incidents se sont multipliés tout comme les symboles pour protester contre la vie chère, la hausse des impôts, les bas salaires et le non-paiement de certains. Un palestinien a tenté de s’immoler début septembre par le feu. Le 6 septembre dernier, on a assisté à un blocage des principales routes de Cisjordanie par les taxis et les camions faisant grève contre la hausse des carburants et conduit par le syndicat des travailleurs des transports en Cisjordanie. Dans une interview à Al Akhbar, Ahmad-al Barghouti résumait très bien la situation des Palestiniens exaspérés : « La situation est devenue insupportable (…). Il y a le chômage, l’inflation, la pauvreté, le clientélisme et les traitements préférentiels, sans parler de l’occupation et des violences quotidiennes des colons juifs. Ensuite, il y a un gouvernement extrémiste de droite (en Israël) et un mur qui étouffe le peuple.“ La grogne a gagné » d’autres villes comme Bethlehem, Hébron, Naplouse.
Plus en profondeur les Palestiniens ne reprochent pas seulement l’indexation de l’économie palestinienne sur celle d’Israël. Ils reprochent également à Fayyad de construire une économie néo-libérale en Palestine avec la multiplication des privatisations, l’accaparemen par I
La crise ne touche bien évidemment pas de manière égale tous les Palestiniens, comme dans n’importe quel pays. Uri Avnery, militant israélien de la paix depuis des décennies, en se rendant récemment à Ramallah, témoignait : « Visiting Ramallah after an absence of several months, I was again amazed by the ongoing building activity. Everywhere new high-rise buildings are going up, and many of them are beautiful. (Arabs seem to have an innate talent for architecture, as any world anthology of architecture affirms.) The building boom seems to be a good sign, confirming Israeli assertions that the economy in the occupied West Bank is flourishing. But on second thought, my enthusiasm faded. After all, the money invested in residential buildings does not go to factories or other enterprises that provide jobs and promote real growth. It only shows that some people are getting rich even under the occupation. »
http://www.outlookindia.com/article.aspx?282285 C’est bien que certains s’enrichissent et profitent de l’occupation pendant que la population se paupérise sévèrement. Et les critiques se tournent aujourd’hui ouvertement vers l’Autorité palestinienne bien impuissante : pour la première fois, les manifestants réclamaient la démission de l’Autorité palestinienne et du premier ministre Salaam Fayaad, jugés responsables de leurs malheurs et accusés de compromission avec Israël et d’impuissance face à lui. Le fossé qui se creuse entre les gouvernants et le peuple (et la société) semble inéluctable et irréversible à ce jour.
Cela est peut être un faux problème car au delà de la critique de l’Autorité, l’argument principal qui revient chez les contestataires dans les Territoires, c’est définitivement l’abrogation des Accords de Paris qui inféodent les wagons de l’économie palestinienne à la locomotive( moche métaphore) israélienne et la mettent en difficulté. Ils étaient 400 le 9 septembre dernier à manifester sur la place Al Manara à Ramallah dans ce sens à vouloir parachever l’enterrement des Accords d’oslo qui le sont déjà sur le terrain. On voit bien que les Palestiniens veulent solder une politique hypocrite de part et d’autre du Mur : Israël qui ne renonce en rien à son contrôle sur l’économie palestinienne, et l’Autorité palestinienne incapable (incapable car on lui permet pas) d’être souveraine en son pays. Cela sans même discuter de la colonisation, de la multiplication des violences avec les colons et de l’impasse sur la reprise des négociations, dont chaque partie se rejette la responsabilité. Mais l’économie, éternel nerf de la guerre, pèse chaque jour un peu plus sur les deux pays. L’Autorité palestinienne peut elle s’effondrer ? Personne n’y a intérêt, pas plus que les contributeurs internationaux. Ce serait ouvrir un boulevard au Hamas, qui fort de sa résistance à Gaza mais de son impuissance sociale et économique, pourrait regagner les routes de Cisjordanie, après un exil forcé depuis 2007 et l’échec de la coalition gouvernementale menée par son chef, Ismaïl Haniyeh dans un contexte régional islamisant favorable. A chacune des parties de savoir ce qu’elles désirent vraiment pour parvenir à la résolution de leurs crises respectives : modération ou radicalisme ?
quand tu parles des territoires tu parles que de la cisjordanie et pas de la bande
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