Academia.eduAcademia.edu

PEKING DEALING WITH SEPARATISMS

2014

"Occupy Central - With Love and Peace" (OCPL) is a civil disobedience movement that began in Hong Kong on September 28th. The movement called for thousands of protesters to block the roads and paralyze the financial district of Hong Kong if the governments of Beijing and Hong Kong did not grant the implementation of universal suffrage in the elections of the chief executive in 2017, and those of the Legislative Council in 2020 according to what they called "international standards." The Standing Committee of the People's Assembly wants to put in place an electoral reform in which a Nominating Committee would pre-select the candidates before presenting them by universal ballot. The elected officials would also be appointed by Beijing before taking office. Regarding the Chief Executive, the CPAP would insist that the new elected needs to "loves the country and Hong Kong", in other words, that "anyone who opposes the central government could not occupy this function".

PEKIN FACE AUX SEPARATISMES 1) Le contexte général «Occupy Central – With Love and Peace» (OCPL) est un mouvement de désobéissance civile qui a débuté à Hong Kong le 28 septembre. Il appelait des milliers de manifestants à bloquer les routes et paralyser le quartier financier de Hong Kong si les gouvernements de Pékin et de Hong Kong n'accordaient pas la mise en place du suffrage universel lors des élections du chef de l'exécutif en 2017, et celles du Conseil législatif en 2020 selon ce qu'ils appelaient des "normes internationales." Le Comité permanent de l’Assemblée populaire veut en effet mettre en place une réforme électorale dans laquelle un Comité de nomination présélectionnerait les candidats avant de les présenter au scrutin universel. Les élus seraient d'ailleurs appointés par le Pékin avant la prise de leurs fonctions. Concernant le Chef de l'exécutif, le CPAP insisterait pour que le nouvel élu "aime le pays et Hong Kong", en d'autres termes, que "quiconque s'opposerait au gouvernement central ne pourrait occuper ce poste". Il faut d'abord rappeler qu'il y a des marches du 1er juillet chaque année depuis la rétrocession de 1997. En 2003, 500 000 personnes avaient pris la rue en signe de défiance. Le Civil Human Rights Front, fondé en septembre 2002, coordonne ces manifestations annuelles. A l'origine, elles visaient surtout à lutter contre l'article 23 qui renforçait le contrôle policier et la censure (officiellement contre les actes de trahison, subversion, et sécession à Hong Kong), un véritable "Patriot Act" à la Chinoise, déjà implanté à Macao depuis 2009. Le Conseil Législatif actuel de Hong Kong, composé de 70 membres, est à majorité pro Pékin, avec 43 sièges, face aux pro démocrates (27 sièges) et les 3 indépendants. Twitter, Facebook, Instagram ont été bloqués en Chine dès les premiers jours des manifestations. Weibo et WeChat fonctionnent toujours mais sous intense surveillance et la censure veille activement. Une application bluethooth mobile, FireChat, lancée en mars par Open Garden de Micha Benoliel et utilisée auparavant en Irak ou en Iran, sert à contourner localement la censure (100.000 inscriptions en 24h le 28 septembre!) et à échanger sans connexion internet. Il est à noter que l'application n'est pas sécurisée et qu'elle ne crypte nullement les communications. La république populaire de Chine reconnaît 55 minorités ethniques et la majorité Han. Les Hans représentent 92% de la population. Les régions autonomes sont le cadre de troubles réguliers, surtout au Tibet et au Xinjiang, dont la population est à majorité musulmane. 2) La situation actuelle – les responsables des manifestants Les leaders du mouvement "Occupy Central" (inspiré par le mouvement "Occupy Wall Street") et qui est surnommé par certains la "Révolution des parapluies": -Joseph (Jianmin) Cheng, Professeur de sociologie à l'Université de Hong Kong et Benny Tai Yiu-ting (Dai Yaoting), Professeur de Droit. Ils semblent être la caution "intellectuelle" du mouvement. Ils prônent la "désobéissance civile", inspirés bien entendu par Thoreau, Gandhi et certainement Gene Sharp. Ils dénoncent la détérioration du principe "un pays, deux systèmes" en cours depuis 1997 mais qu'ils jugent menacé par les interférences de Pékin. -Emily Lau, membre du Conseil législatif et Présidente du Parti Démocratique. Elle représente l'aile politique du mouvement qui appuie les manifestations "Occupy Central". -A noter que Jimmy Lai (Lai Chee-Ying), l'un des instigateurs des rassemblements place Tian'anmen en 1989, soutien du rassemblement de Hong Kong en 2003, et fondateur du tabloïd pro démocrate Apple Daily, appuie une fois de plus les manifestations actuelles. Certains l'accusent d'être un agent de la CIA comme le South China Morning Post qui mentionne dans son équipe la présence de Mark Simon, un ancien analyste de l'US Navy. Le père de Simon a servi dans la CIA pendant 35 ans. -Alex Chow et Lester Shum, secrétaire et vice secrétaire de l'association des étudiants. Ce sont les porteparoles, ceux qui dialoguaient avec le chef de l'exécutif. Depuis les interventions musclées de la police avec des gaz lacrymogènes près du Parc Tamar, ils refusent tout échange tant que ce dernier reste en poste. Leurs revendications: -La démission du chef de l'exécutif Leung Chun-ying, en place depuis juillet 2012. Leung, un ancien grand patron de l'immobilier hongkongais dans les années 90 avant la rétrocession, a ensuite été nommé conseiller en développement économique dans plusieurs provinces. Il est ouvertement pro Pékin depuis le milieu des années 90, par opportunisme plus que par conviction. -Des nominations ouvertes pour les élections de 2017. La mise en place du suffrage universel sans mainmise de Pékin. -Les manifestants annoncent qu'ils ont l'intention d'occuper les bâtiments officiels s'ils ne sont pas entendus. Vendredi, des affrontements sporadiques ont eu lieu à Mong Kok entre manifestants "pro-démocratie" et des militants pro-Pékin, ainsi que des hommes de main des triades semble-t-il (c'est la version des prodémocrates). Les bagarres ont fait 18 blessés dont 6 policiers. Il est certain que de nombreux habitants se lassent de la perte de chiffre d'affaire occasionnée par l'interruption des activités commerciales ainsi que la paralysie des services gouvernementaux. 3) Les manœuvres diplomatiques Le gouvernement chinois exige que la "Communauté internationale" respecte bien entendu sa souveraineté. Rappelons que des dirigeants du parti démocratique de Hong Kong (dont Martin Lee, fondateur du mouvement) se sont rendus à Washington en avril et qu'ils ont rencontré le vice président Joe Biden à la Maison blanche. Après cette réunion, la Maison blanche a fait le communiqué suivant: "le vice président a souligné notre soutien de longue date pour la démocratie à Hong Kong et pour que la ville bénéficie d'un haut degré d'autonomie dans le cadre du principe "un pays, deux systèmes". Les deux politiciens démocrates avaient aussi rencontré Nancy Pelosi et des membres de la Chambre des représentants qui leur avait apporté tout leur soutien. Le ministère des Affaires étrangères chinois avait alors répondu qu'il s'opposait à l'ingérence de quelque pays que ce soit dans les affaires internes de Hong Kong. Concrètement, les États Unis financent et coordonnent toutes les actions visant à promouvoir une révolution interne en Chine, ce qu'appelait de ses vœux Aaron Friedberg, ancien conseiller de la Maison blanche en matière de sécurité, un membre de l'école "réaliste", qui affirmait que la stratégie américaine devrait être "de hâter une révolution, même pacifique, qui balaierai le parti unique autoritaire pour le remplacer par une démocratie libérale." Les deux envoyés du parti démocrate hongkongais s'étaient ensuite rendus en Grande Bretagne d'où ils n'avaient pu tirer que des déclarations d'intentions. Chris Patten, le dernier gouverneur de Hong Kong, questionnait le "sens de l'honneur" de son pays qui s'abstenait de condamner les réformes de Pékin, ajoutant que la Grande Bretagne avait "l'obligation morale et politique" de défendre la démocratie complète à Hong Kong. Il n'a pas été suivi, en apparence, par le gouvernement actuel de David Cameron. Rappelons que les États Unis se sont rapprochés du Vietnam et se font les garants des intérêts japonais et philippins dans la région. Les heurts en Mer de Chine méridionale sont fréquents. En cause, les revendications territoriales conflictuelles. Les experts pensent que les îles Paracels, contrôlées par la Chine mais revendiquées aussi en partie par le Vietnam et Taïwan, abritent d'importantes réserves de gaz et de pétrole. 4) Les risques d'extensions des manifestations dans le reste de la Chine Des dissidents ont été arrêtés en Chine continentale car ils soutenaient les manifestations de Hong Kong. A Taipei, des manifestants soutiennent également les rassemblements hongkongais. Dans les provinces de l'Ouest, les Ouïgours séparatistes se mobilisent également. Rappelons que l'immense Région autonome ouïghour du Xinjiang, peuplée à 50% de Ouïgours (10 millions de personnes) et dont la majeure partie de la population est musulmane, est régulièrement agitée par des troubles violents (attentats, attaques et massacres se multiplient depuis 2007) qui ont fait des centaines de victimes. Il s'agit presque d'un état d'insurrection quasi permanent. En juin, 13 personnes accusées d'activités terroristes avaient été fusillées. Le Xinjiang, plus grande des régions autonomes, regorge de ressources naturelles qui suscitent toutes les convoitises. Les industries pétrochimiques produisent 60% de la richesse du Xinjiang. ExxonMobil, Royal Dutch et Gazprom qui devaient faire partie de la coentreprise du pipeline Ouest-Est en ont été exclus en 2004. La Chine en a repris le contrôle total. La Chine avait armé et équipé les moudjahidins afghans pendant la guerre d'Afghanistan contre les Soviétiques dans la région du Xinjiang. Des conseillers militaires chinois étaient même présents sur le sol afghan au sein des combattants rebelles. Aujourd'hui, la présence de djihadistes chinois de cette région est attestée au sein de l'EIIL. Le "calife" auto-proclamé Abu Bakr al-Baghdadi mentionnait la présence de tels combattants chinois au sein de ses troupes dans la vidéo publiée le 1er juillet. Formés indirectement par les forces spéciales américaines et israéliennes (mais aussi françaises et britanniques) pour combattre l'armée syrienne, ils seraient en passe de devenir des cadres et de développer les activités terroristes et séparatistes (fenliefenzi) de retour en Chine. D'après des sources officielles chinoises, il y aurait des centaines de djihadistes chinois sur place. Aujourd'hui, dimanche 5 octobre, CNN mentionnait justement la capture de l'un de ces combattants par l'armée irakienne. Le captif serait bien Ouïgour. Le journal Global Times, sous contrôle du parti, déclarait samedi 4 octobre que "la démocratie et la loi sont interdépendants", et que "sans la loi, la démocratie se transforme en chaos". Certains commentaires dénoncent l'instrumentalisation des étudiants hongkongais par la CIA et le MI6. Un détail intrigant à présent: des dignitaires du parti communiste ont reçu par WeChat un message émanant d'un certain Jia LiAn (http://www.caogen.com/blog/index.aspx?ID=422), "diplômé de la Haute École de l'Armée", présenté comme l'un des penseurs du parti. Il y dénonce pêle-mêle les manœuvres américaines de déstabilisations, la passivité des autorités chinoises face à cette menace multiforme, des groupes de «traîtres» au service de l'impérialisme, le soutien apporté aux Philippines, Vietnam et Japon contre la Chine, la volonté de mainmise américaine sur les ressources mondiales... De nombreux Chinois échangent des messages sur le web en se demandant comment Jia LiAn ose ainsi aborder de tels sujets tabous sans être censuré. Serait-ce le signe d'une évolution idéologique au sein de la Direction du parti, d'un durcissement contre les menées américaines? 4) Hypothèses de développements du mouvement Localement, à Hong Kong, la population est divisée sur le bien fondé des occupations de rue qui nuisent à l'économie de la ville. Il y a un consensus assez large sur le fait que la Chine peut survivre sans Hong Kong, mais que Hong Kong ne survivrait plus sans la Chine. Le gouvernement central dénonce les manifestations "illégales", les troubles à l'ordre public, voire la manipulation des leaders de ces mouvements par des intérêts étrangers. L'exécutif de Hong Kong demande la levée des barricades pour la reprise normale des activités dès lundi matin. Les manifestants eux-mêmes sont divisés sur la suite à donner à leur mouvement qui semble déjà s'étioler. A cours terme, les séparatistes des régions autonomes observent et attendent de voir la suite des événements à Hong Kong. A plus longue échéance, l'extrémisme islamiste va continuer à se développer dans le Xinjiang et pose un sérieux danger pour la cohésion nationale. Toutefois, tant que le parti unique n'est pas remis en question de manière massive par la majorité Han, il y a peu de chances que les rebellions locales puissent parvenir à atteindre l'autonomie recherchée et la fin de la mainmise de Pékin sur leurs régions. Le Xinjiang est une région à l'importance stratégique considérable indispensable à la république populaire de Chine. A se titre, elle bénéficie de toute l'attention de la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED – financée par le Département d’État américain, 139 millions de dollars en 2009, et qui fait au grand jour ce que la CIA faisait auparavant) qui y finance plusieurs projets locaux visant à l'émancipation des Ouïgours face au pouvoir central. En Chine, la NED soutient des projets à Hong Kong, au Tibet (pas moins de 14 projets!), et dans le Xinjiang justement (http://www.ned.org/where-we-work/asia), toutes les régions les plus sensibles et les plus instables du pays qui seraient susceptibles d'entrer en rébellion ouverte et d’enclencher la chute du régime communiste par contagion. Les régions de l'Ouest sont le "ventre mou" de la Chine tout comme les anciennes républiques soviétiques du Caucase et d'Asie centrale sont celles de la Russie. 5) Les positions à adopter par la France Jusqu'à présent, le Quai d'Orsay a affirmé qu'il suivait avec attention les manifestations en défendant le droit aux rassemblements pacifiques. On pourrait ironiquement faire remarquer que le gouvernement actuel semble soutenir avec bienveillance les manifestants hongkongais quand il a tant de mal à accepter la « Manif pour tous » sur notre propre sol. Autant il est légitime et même souhaitable d'encourager l'ouverture démocratique à Hong Kong et de continuer à protéger le particularisme local, autant faut-il se garder de toute ingérence dans les affaires internes chinoises. Personne ne peut dire aujourd'hui si le Parti communiste chinois s'effondrera brutalement ou s'il évoluera lentement vers des formes plus ouvertes et si le multipartisme sera mis en place. Les hauts responsables du parti n'ont pas une vision monolithique de l'avenir du pays. En réalité, bon nombre d'entre eux se préparent depuis longtemps à ce qui semble inévitable à long terme : la chute du système politique actuel. L'implication indirecte mais active des États Unis est probable dans cette « Révolution des Parapluies » comme dans d'autres crises actuelles. Dans cette affaire, la France devrait agir avec circonspection. Il faut éviter de nous aligner sur la position américaine par « réalisme » comme certains le proposent. Prenons la mesure exacte de la puissance chinoise, de son influence régionale, et développons nos échanges économiques et culturels. C'est vers les BRICS que la France doit se tourner plus que jamais et pour cela elle doit s'émanciper de la tutelle américaine et atlantiste, recouvrer sa voix dans le concert international. La Chine est un énorme marché potentiel que la France ferait bien de ménager. Le rapprochement « avec la Chine de toujours » comme le disait si bien le général de Gaulle, est plus que jamais une nécessité.