COURS :
Méthodo en Sociologie
Qui sommes nous ?
Nous avons créé l’application pdf Méthodo en
Sociologie pour aider des étudiants à entamer
des recherches sociologiques. Nous relions des
universitaires à ce cours considéré comme
complexe et fondamental, que vous soyez un
débutant ou que vous ayez toutes les
connaissances sur la méthodologie en
sociologie, notre application propose des outils et
des astuces pour une bonne recherche
sociologique approfondie. En un mot notre pdf aide
des étudiants et tous les curieux qui souhaitent se
lancer à l’étude des faits sociaux.
Fabien Bekale
Joyce Abessolo
Objectif du cours
Ce cours s’adressant à des étudiants qui terminent
ou sont sur le point de commencer un cursus de
premier cycle, le but est de confirmer et de
développer les acquis méthodologiques et sachant
commenter la recherche sociologique, qu’elle soit
quantitative ou qualitative, ce qui n’est pas une
simple addition de méthodes et de techniques
isolées de la réflexion théorique mais bien d’une
démarche intellectuelle global.
Il s’agira dans un premier temps de permettre aux
étudiants de se familiariser avec les étapes du
processus de conception et de mise en œuvre d’un
projet de recherche, et de connaitre les ressources
et instruments offerts à la recherche sociologique
tout au long de cette démarche. Le cours mettra
les étudiants en face des problèmes concrets que
rencontre un chercheur en sociologie de même
que les exigences doivent être soumises, en
s’appuyant sur de nombreux exemples réels. Dans
un deuxième temps, et sur la base des acquis
développés aux cours des premières séances, les
étudiants seront invités à développer un devis de
recherche à partir d’un sujet choisi par eux, qui
sera le résultat d’une réflexion débutant très tôt
dans la session.
Objectifs particuliers
. Présenter les différentes étapes méthodologiques
d’un processus de recherche en sciences sociales
et leur articulation;
. Il s’agit d’une matière en apprentissage et en
évaluation (selon les conventions et les normes de
travail intellectuel académique);
. Comprendre l’impact des méthodes de recherche
sur les stratégies de connaissance des rapports
sociaux;
. Choisir le bon instrument méthodologique adapté
à une problématique construite.
Les sept étapes de la démarche
scientifique
Introduction
Dans les sciences sociales, en général et en
sociologie en particulier, le chercheur doit être
capable de concevoir un dispositif d’élucidation du
réel. Ce dispositif constitue la démarche
sociologique.
Un dispositif = un ensemble de moyens mis en
œuvre dans un, mais déterminé.
Elucider = expliquer ce qui est complexe, obscur,
confus.
Une démarche est une manière de progresser
vers un but. Exposer la démarche consiste à
décrire les principes fondamentaux à mettre en
œuvre dans tout le travail de recherche.
Les méthodes qui sont un ensemble organisé
d’opérations intellectuelles en vue d’atteindre un
objectif. Elles ne sont pas mises en forme, elles
sont différentes de la démarche, elles sont
différentes. Mais, cette adaptation n’est pas le
chercheur de rester fidèle aux principes
fondamentaux de la démarche scientifique.
Le philosophe français Gaston Bachelard résume
la démarche scientifique en quelques mots: » le
fait scientifique est conquis, construit et
constaté ».
.Il est conquis sur (contre) les préjugés. Conquête
porte sur les préjugés dont il faut se débarrasser. Il
faut mener une lutte contre les préjugés et les
évidences du sens commun;
.Il est construit par la raison ou le raisonnement
logique. Elaboration d’un cadre d’analyse;
.Il est vu dans les faits. Mise en œuvre de
procédures expérimentales.
Tableau: Concordance de la dénomination des
actes de la démarche méthodologique entre
Bachelard, Bourdieu et al
Dans le déroulement concret d’une recherche, les
trois actes de la démarche scientifique sont
réalisés au cours d’une succession d’opérations
qui sont regroupés en sept étapes.
N ° de l’acte
Bachelard
Bourdieu et al
1
Conquête
Rupture
2
Construction
Construction
3
Constatation
Constatation
Les sept étapes :
.1-La question de départ.
.2-L’exploration.
.3-La problématique.
.4-La construction du modèle d’analyse.
.5-L’observation.
.6-L’analyse des informations.
.7-Les conclusions
Etape 1:
Question de départ
Une recherche est un cheminement vers une
meilleure connaissance et elle doit être acceptée
comme tel, avec tout ce que cela implique
d’errements, d’hésitations et d’incertitudes.
Dès lors, le chercheur doit s’obliger à choisir
rapidement un premier fil conducteur aussi clair
que possible de sorte que son travail puisse
débuter sans retard et se structurer avec
cohérence.
Autrement dit, la meilleure manière d’entamer un
travail de recherche sociale consiste à s’efforcer
d’énoncer le projet sous la forme d’une question
de départ. En recherche, le secret de la réussite
réside fréquemment dans la sélection d’une bonne
question.
Par cette question, le chercheur tente d’exprimer le
plus exactement possible ce qu’il cherche à savoir,
à élucider, à mieux comprendre.
Selon Gaston Bachelard, « toute connaissance est
une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de
question préalable, il ne peut y avoir connaissance
scientifique. Rien ne va de soi, rien n’est donné,
tout est construit »[1]
La question de départ sert donc de guide à la
recherche. C’est le premier moyen de mise en
œuvre d’une des dimensions essentielles de la
démarche scientifique et de la construction de
l’objet, c’est-à-dire la rupture avec les préjugés et
les prénotions, donc avec le sens commun.
La question de départ permet de cerner le
problème particulier de recherche avec précision et
d’en dessiner les contours.
Le thème devient problème de recherche quand
on formule une ou des questions sur ce thème.
Une fois la question de recherche posée, on peut
entreprendre son opérationnalisation, c’est-à-dire
la concrétiser pour la rendre observable dans la
réalité.
‘’Il n’y a pas de recherche sans
questionnement’’[2], dira Michel BEAUD
Exemple :
Thème général : L’avortement en France
Objet de recherche : La légalisation de
l’avortement en 1974
Question de départ : Quels facteurs ont présidé au
vote de la loi sur l’IGV (interruption volontaire de la
grossesse) de 1974 ?
On peut commencer son travail de recherche sans
avoir la bonne question de départ. Certains
étudiants sont dans l’illusion qu’il existe quelque
part une bonne question de départ et faute de la
découvrir tout à coup, perdent beaucoup de temps
avant de travailler réellement.
Afin d’éviter ce piège, il est préférable de parler de
questionnement de départ composé de toutes les
questions qui viennent à l’esprit et parmi lesquelles
il faudra faire un tri.
Une méthode de travailler le questionnement de
départ consiste à lister toutes les questions qui se
posent. Ensuite, il faut séparer les questions
simples (réponses sur le terrain ou dans des
ouvrages) des questions complexes auxquelles
personne n’a de réponse satisfaisante a priori. La
question de départ se trouve dans ces questions
complexes.
Aussi, bien souvent, à l’énoncé d’un sujet, de
nombreuses questions viennent à l’esprit : évaluez
l’intérêt sociologique de chacune d’elle et
hiérarchisez-les de manière à clarifier le sens de
votre recherche.
Lorsque la question de départ aura émergé du
questionnement (souvent après de nombreuses
reformulations) il conviendra de tester ses qualités
de clarté, de faisabilité, de pertinence (cf. l’ouvrage
de J.P FRAGNIERE. Comment réussir un
mémoire ?).
Les critères d’une bonne question de
départ
Traduire un projet de recherche sous forme d’une
question de départ n’est utile que si cette question
est correctement formulée… Cela n’est pas
forcément facile car une bonne question de départ
doit remplir plusieurs conditions.
En d’autres termes, pour remplir correctement sa
fonction, la question de départ doit remplir au
moins trois qualités : les qualités de clarté, de
faisabilité et de pertinence.
– Les qualités de clarté : Les qualités de clarté
concernent essentiellement
la précision (caractère de ce qui est précis : ni
vague, ni confuse), la concision (qualité de ce qui
concis c’est-à-dire qui s’exprime en peu de mots :
pas trop longue), et l’univocité de dit d’un terme,
un concept qui garde le même sens dans des
emplois différents) dans la question de départ.
Pour savoir que la question de départ ne prête pas
à confusion, formulez-là ou posez-là à un petit
groupe et évitez de faire des commentaires.
Demandez à chacun de vous dire la manière qu’il
a compris la question afin de savoir si le sens que
chacun donne à la question converge. S’il y a trop
de divergences, alors il faut reformuler la question.
– Les qualités de faisabilité : (caractère de ce qui
est faisable, réalisable, possible). Les qualités de
faisabilité portent essentiellement sur le caractère
réaliste et non du travail que la question de départ
laisse entrevoir.
Il s’agit de savoir si nous disposons des moyens
humains et matériels pour mener l’étude. Pour
réaliser un travail de recherche, nous avons besoin
d’un certain nombre de choses parmi lesquelles
nos connaissances, nos ressources : le temps et
l’argent.
– les qualités de pertinence : (vraie question,
aborder l’étude de ce qui existe ou a existé et non
celle de ce qui n’existe pas encore, avoir une
intention compréhensive ou explicative et non
moralisatrice ou philosophique).
Il s’agit du registre explicatif et descriptif du sujet.
Une question de départ est dite bonne quand elle
est ouverte. Autrement dit, c’est une question qui
donne lieu à une pluralité de réponses différentes
et dont on n’est pas sûr d’une réponse toute faite.
Une bonne question de départ devra éviter toute
connotation morale. Elle cherchera non à juger
mais bien à comprendre.
Autres caractéristiques de la question
de départ
La question de départ oriente l’étape de
l’exploration, notamment les lectures et les
entretiens exploratoires. Elle permet au chercheur
de ne pas s’égarer dans le choix des lectures car
elle en est le fil conducteur.
Aussi, c’est l’objectif de la recherche qui est
énoncé sous la forme de question (de départ).
Généralement, la question de départ se rapproche
du titre et comporte trois éléments :
–
les variables investiguées : L’énoncé d’une
question de départ doit exprimer une relation entre
deux variables au moins.
–
le type de relation fonctionnelle avancée ;
–
et la population cible visée.
La question de départ comporte le germe d’une
hypothèse. En effet, très souvent, la formulation
d’une question de départ ressemble à celle d’une
hypothèse avec cette différence que l’hypothèse
prend une forme affirmative alors que la question
de départ prend une forme affirmative.
Exemple :
–
Est-ce que la curiosité a un effet sur le
changement d’attitude des élèves envers les
sciences au niveau secondaire ?
–
L’égalité des chances devant
l’enseignement a-t-elle tendance à décroitre
dans les sociétés industrielles ?
Souvent les étudiants ont de la difficulté à formuler
une question de départ parce qu’ils n’ont pas
identifié les variables et établir le type de relation
fonctionnelle entre ces variables.
NB : La question de départ commençant par
‘’comment’’ renvoie à la description du
phénomène. A cette question on ne formule pas
d’hypothèse. La description du phénomène permet
tout simplement d’aider à expliquer celui-ci.
La question de départ commençant par ‘’pourquoi’’
renvoie à l’explication du phénomène. C’est la
question fondamentale et la plus importante car le
rôle de la sociologie n’est pas de décrire, mais
d’expliquer. A cette question, nous devons
formuler une ou plusieurs hypothèses
(compréhensive ou explicative).
L’objectif est de comprendre, d’expliquer ou
d’analyser et parfois d’établir un lien de causalité.
Autrement dit, nous initions une recherche c’est-àdire une action en vue de découvrir quelque
chose.
Exemples de questions de départ célèbres tirées
de l’ouvrage de Raymond BOUDON. L’inégalité
des chances : la mobilité sociale dans les sociétés
industrielles. Paris, A. Colin, 1973, Collection U :
–
L’égalité des chances devant l’enseignement
a-t-elle tendance à décroitre dans les sociétés
industrielles ?
–
Quelle est l’incidence de l’inégalité des
chances devant l’enseignement sur la mobilité
sociale ?
La formulation de la question de départ
La formulation de la question de recherche est un
exercice qui peut se faire individuellement mais le
plus souvent en groupe avec l’aide critique des
collègues, d’amis, d’enseignants ou de
chercheurs. C’est une question à retravailler
jusqu’à l’obtention d’une formulation satisfaisante,
correcte et moins critiquable. Pour ce faire, il faut
d’abord :
1- formuler un projet de recherche[3] ;
2- tester cette question auprès de votre
entourage (pour savoir si elle est bien formulée et
comprise par tous) ;
3- vérifier si la question répond à toutes les
conditions que l’on a précédemment énoncées :
clarté, faisabilité, pertinence ;
4- reformuler la question le cas échéant.
Pour formuler la question de départ, une
connaissance minimale des théories propres à la
discipline (Sociologie) est utile, car les théories, en
fournissant certaines perspectives d’explication et
de compréhension, assurent une première
classification et une mise en ordre du problème.
Les préalables à la pose ou la formulation de la
question de départ dans le processus de la
recherche
Thème :
Exemple : L’alcoolisme
Sujet :
Exemple : le travail d’accompagnement d’un
bénéficiaire du RMI alccolodépendant
Problème :
Exemple : Dépendance et contrat
Question :
Exemple : Un alcoolodépendant est-il accessible à
la notion de contrat ?
L’identification d’un problème de recherche
Selon F. S. C. Northrop (1959), « la science ne
commence pas avec les faits et des hypothèses,
mais avec un problème spécifique »[4]. Aussi, la
construction d’un objet d’étude passe
impérativement par l’identification préalable d’un
problème de recherche.
Par conséquent, avant de poser une question de
départ, il faut d’abord identifier un problème de
recherche. Autrement dit, il faut rencontrer et
repérer une situation problématique. Le problème
naît, dans la société, d’une tension, (d’un
dysfonctionnement) entre l’événement et le cours
jugé normal des choses. Cette tension est perçue
par le sociologue lui-même ou portée à sa
connaissance par un organe de ‘’commande’’ de
recherche sociologique (puissance publique,
entreprises privées, associations, groupes
d’individus concernés par le problème, institution
académique elle-même, etc.).
Autrement dit, le point de départ d’une recherche
réside souvent dans l’étonnement des chercheurs :
les choses ne se passent pas comme elles
devraient se passer. Par exemple, il y a chômage
alors qu’« il devrait » y avoir plein emploi. Ou
encore : les jeunes se droguent alors qu’ « ils
devraient » s’occuper seulement de leurs études.
Exemple : En 1989, il y avait plus de 3000
étudiants à l’UOB dont 97% étaient célibataires et
3% mariés. Ces étudiants avaient 27 ans en
moyenne.
Le véritable problème dans ce sujet est le célibat
et non le mariage. C’est le célibat qui pose
problème et non le mariage car la situation de
marié est normale. Nous savons que dans la
société africaine, le célibat est considéré comme
une infirmité.
Qu’est-ce qu’un problème de
recherche ?
Selon Pierre Bourdieu, la pertinence d’un
problème s’opère à partir de ‘’l’écart entre une
situation actuelle insatisfaisante et une situation
souhaitable satisfaisante’’[5]
De façon formelle, un problème se définit comme
un écart ressenti (un manque, un vide) que l’on
doit éliminer entre une situation actuelle
insatisfaisante et une situation désirée ou
souhaitable satisfaisante. Dans ce contexte, un
problème de recherche est considéré comme étant
un écart ou un manque à combler dans le domaine
de nos connaissances entre ce que nous savons
et que ce nous devrions ou désirons savoir sur le
réel. Le problème s’exprime par un sentiment
d’ignorance et par le désir de connaître, par la
volonté d’en savoir plus en ce qui concerne le réel
observable, par un questionnement. Autrement dit,
il y a problème de recherche lorsqu’on prend
conscience de la nécessité de combler certaines
lacunes dans nos connaissances de la réalité.
Ainsi, on peut se poser des questions sur les
causes de la délinquance. Dans ce sujet, nous ne
possédons qu’une certaine part de connaissances.
La situation finale désirée est une connaissance
de la réalité qui soit la plus complète et la plus
vraie possible.
NB : Un problème de recherche est une question
posée à la réalité.
Passer du ‘’problème social’’ au ‘’problème
sociologique’’
Le sociologue travaille sur des faits sociologiques
et non pas sur des faits de société. Il cherche à
construire un fait social dans le but de l’étudier.
Il faut dissocier problème social et problème
sociologique. Tout problème social n’est pas un
problème sociologique. Tout problème social ne
fait pas l’objet d’une étude sociologique. Mais tout
problème sociologique est au départ un problème
social.
Aussi, « lorsque la situation problématique a été
repérée avec assez de précision, la première tâche
du sociologue consiste à passer du ‘’problème
social’’ au ‘’problème sociologique’’. Nombre de
recherches sont boiteuses dès le départ parce que
confusion a été faite entre ces deux niveaux de
problématisation »[6].
« Le ‘’social’’ renvoie aux modes habituels
d’attribution de sens par les acteurs vivant leurs
existences normales. Le ‘’sociologique’’ résulte de
la mise en perspective scientifique opérée par le
chercheur agissant en tant que chercheur »[7]
Le passage du problème social au problème
sociologique s’opère par l’évaluation de ce
problème. Cette évaluation peut être quantitative
ou qualitative. Tout dépend de la nature du
problème.
a- Evaluation quantitative
L’évaluation quantitative consiste à mesurer
l’ampleur du problème. C’est la quantification qui
permet au sociologue de savoir qu’un problème
social est un problème est un problème
sociologique.
Exemple : En 1989, il y avait plus de 3000
étudiants à l’UOB dont 97% étaient célibataires et
3% mariés. Ces étudiants avaient 27 ans en
moyenne.
Le véritable problème dans ce sujet est le célibat
et non le mariage. C’est le célibat qui pose
problème et non le mariage car la situation de
marié est normale. Nous savons que dans la
société africaine, le célibat est considéré comme
une infirmité.
L’usage des statistiques, selon Durkheim, permet
d’aller contre les intuitions premières.
La statistique permet de mettre en évidence un fait
social car elle dégage une possible régularité du
domaine.
La statistique permet de mettre en évidence la
contrainte extérieure (l’influence qu’exerce la
société sur l’individu qui finalement suit des règles
à son insu).
Les statistiques révèlent les faits qu’on ne voit pas.
Pour connaître les faits sociaux, la statistique
s’impose comme la méthode par excellence car
elle seule peut les saisir dans leur globalité
indépendamment des cas particuliers. De ce point
de vue, un fait est social dès qu’il présente une
régularité statistique. Nous montrons par là même
que les faits sociaux ne sont pas réductibles à
l’ensemble des actions individuelles.
« Le fait social est par nature un fait statistique. Il
est caractérisé par sa répétition. Pour connaître
l’intensité d’une mode ou d’une coutume, par
exemple, il faut autant que possible en mesurer la
distribution ou la fréquence »[8]
b- Evaluation qualitative
Tous les problèmes sociaux ne peuvent être
quantifiés (cf la quantophrénie de Sorokin). Mais
on peut qualitativement évaluer l’ampleur d’un
phénomène.
En somme, dans la première étape, figurent les
différentes opérations suivantes :
–
faire un constat (qu’est-ce que vous avez
remarqué d’anormal ? Qu’est-ce qui a attiré
votre attention ?) ;
–
Relever et poser le problème que la
thématique retenue pose ;
–
Faire une description de la manifestation
du phénomène ;
–
Montrer que le problème se pose avec
acuité ;
–
Montrer que le phénomène est d’actualité ;
–
Poser la question de départ ;
–
Donner les objectifs de l’étude.
NB : La question fixée au départ est malléable, elle
n’est pas définitivement posée. Elle évoluera avec
les lectures et les premiers entretiens. Elle
évoluera aussi avec la problématique pour
finalement être définitive.
Etape 2:
Exploration
Introduction
Dans la première étape, nous avons appris à
formuler un projet de recherche sous la forme
d’une question de départ appropriée, le premier fil
conducteur d’une recherche.
Maintenant, nous allons voir comment explorer le
terrain pour concevoir une problématique de
recherche. Comment s’y prendre pour atteindre
une certaine qualité de l’information sur l’objet
étudié et de trouver les meilleures manières de
l’aborder. C’est l’objet de cette étape.
Rôle et intérêt de la deuxième phase c’est-à-dire
l’exploration
L’exploration est l’étape qui prépare la conception
d’une problématique. Elle est la transition entre la
question de départ et la problématique.
L’exploration joue un rôle primordial : la rupture
d’avec la spéculation gratuite, les préjugés, les
prénotions et les illusions de la transparence.
Le travail exploratoire a pour fonction d’élargir les
perspectives d’analyse, de prendre connaissance
avec la pensée d’auteurs dont les recherches et
les réflexions peuvent inspirer celles du chercheur,
de mettre à jour les facettes du problème
auxquelles il n’aurait sans doute pas pensé par lui-
même et au bout du compte, d’opter pour une
problématique appropriée.
En gros, l’exploration permet de recueillir des
informations.
L’exploration est composée de deux parties :
– les lectures ;
– les entretiens exploratoires ou d’autres méthodes
complémentaires appropriées.
I- Les lectures.
A- Rôle et intérêt des lectures
‘’Tout apprentissage scientifique commence par la
lecture des autres’’[1]. En effet, lorsqu’un
chercheur entame un travail de recherche, il peu
probable que le sujet traité n’ait jamais été abordé
par quelqu’un d’autre auparavant, au moins en
partie ou indirectement. On a souvent l’impression
qu’il n’y a rien sur le sujet, mais cette opinion
résulte généralement d’une mauvaise information.
Tout travail de recherche s’inscrit dans un
continuum (ensemble d’objets ou éléments
homogènes) et peut être situé dans ou par rapport
à des courants de pensées qui le précèdent ou
l’influencent. Il est donc normal que le chercheur
prenne connaissance des travaux antérieurs qui
portent sur des sujets comparables et qu’il soit
explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui
distingue son propre thème de ces courant de
pensées.
Les lectures servent donc à s’informer des
recherches déjà menées sur le thème de travail et
à situer la nouvelle contribution envisagée par
rapport à elles. Grâce aux lectures, le chercheur
pourra en outre mettre en évidence la perspective
qui lui paraît la plus pertinente pour aborder son
objet de recherche.
Les lectures visent à assurer la qualité du
questionnement.
Elles aident à faire le point sur les connaissances
qui concernent la question de départ.
Les lectures permettent de mettre en évidence les
contenus des différents textes et de les comparer.
Elles permettent de situer clairement son travail
par rapport à des cadres conceptuels reconnus. Il
est indispensable de prendre connaissance d’un
minimum de travaux de référence sur le même
thème ou, plus largement, sur des problématiques
qui y sont liées.
B- Le choix et l’organisation des lectures
Généralement, l’étudiant qui entame un mémoire
ne dispose pas du temps nécessaire pour aborder
la lecture de dizaines d’ouvrages différents. De
plus, la boulimie livresque est une très mauvaise
manière d’entamer une recherche. Alors comment
s’y prendre dans ces conditions ? Comment
procéder ? Quels critères retenir ?
Concrètement, il s’agira de sélectionner très
soigneusement un petit nombre de lectures et de
s’organiser pour en tirer le bénéfice maximum.
1- Les critères de choix des lectures
Cinq (5) principes ou critères généraux soustendent le choix des lectures :
Premier principe : Partir de la question de départ.
Les lectures doivent avoir un lien avec la question
de départ. Le meilleur moyen de ne pas s’égarer
dans le choix des lectures consiste à avoir une
bonne question de départ.
Deuxième principe : Dimension raisonnable du
programme de lecture. Il n’est pas nécessaire ou
possible de tout lire sur un sujet car, dans une
certaine mesure, les ouvrages ou articles de
référence se répètent mutuellement et un lecteur
assidu se rend vite compte de ces répétitions.
Par conséquent, on s’orientera davantage vers les
ouvrages qui présentent une réflexion de synthèse
ou vers des articles de quelques dizaines de
pages. Il est, en effet, préférable de lire de manière
approfondie et critique quelques textes bien
choisis que de lire superficiellement des milliers de
pages.
Troisième principe : Eléments d’analyse et
d’interprétation. Rechercher dans la mesure du
possible des documents dont les auteurs ne se
contentent pas de présenter des données
(données statistiques sans analyse) ou de fades
descriptions prétendument objectives du
phénomène étudié, mais qui comportent des
éléments d’analyse et d’interprétation. Autrement
dit, il est préférable de rechercher des textes
d’analyse plutôt que des listes de chiffres qui ne
veulent rien dire eux-mêmes. C’est ce type de
texte qui stimule la réflexion critique et
l’imagination du chercheur.
Quatrième principe : Approches diversifiées
(disciplinaire, par supports : ouvrages, revue,
internet…) Veiller à recueillir des textes qui
présentent des approches diversifiées du
phénomène étudié afin de confronter les
perspectives différentes. Ce souci doit inclure la
prise en compte des textes plus théoriques qui
présentent des modèles d’analyse susceptibles
d’inspirer des hypothèses particulièrement
intéressantes.
Cinquième principe : Temps disponible pour la
réflexion personnelle, les échanges de vue,
l’écriture. La lecture doit être entrecoupée de
périodes de réflexion personnelle, de débats et de
discussion. Cette réflexion et ces échanges
permettent de décider du contenu des prochaines
lectures, quitte à corriger les orientations générales
que l’on s’est fixées.
2- Où trouver les textes
Avant de se ruer dans les bibliothèques, il est
important de savoir ce que l’on cherche. Les
bibliothèques de sciences sociales dignes de ce
nom possèdent des milliers d’ouvrages. Il est vain
d’espérer y découvrir, au hasard d’une promenade
à travers les rayons ou d’un coup d’œil dans les
fichiers, le livre idéal qui répond à vos attentes. Ici
aussi, il faut une méthode de travail dont la
première étape consiste à préciser le genre de
texte recherché.
Quatre idées peuvent aider à trouver facilement
les textes qui conviennent sans y consacrer trop
de temps.
1- Demander conseils à des spécialistes qui
connaissent bien votre domaine de recherche :
chercheurs, enseignants, responsables
d’organisations, etc. Avant de vous adresser à eux,
préparer avec précision votre demande
d’information de sorte qu’ils vous comprennent
immédiatement et puissent recommander ce qui,
selon eux, vous convient le mieux.
2- Ne négligez pas les articles de revues, les
dossiers de synthèses et les interviews des
spécialistes publiés dans la presse, les
publications d’organismes spécialisés et bien
d’autres documents qui peuvent être précieux.
3- Les revues spécialisées de votre champ de
recherche sont particulièrement intéressantes pour
deux raisons. D’abord parce que leur contenu
apporte soit des connaissances les plus récentes
en la matière, soit un regard critique sur les
connaissances antérieurement acquises. Dans l’un
ou l’autre cas, les articles font souvent le point sur
la question qu’ils traitent et citent alors des
publications qui sont à prendre en considération.
La seconde raison est que les revues publient des
commentaires bibliographiques sur des ouvrages
les plus récents grâce auxquels vous pourrez faire
un choix de lecture judicieux.
4- Ne soyez pas vite effrayés par l’épaisseur de
certains livres. Il n’est pas toujours indispensable
de les lire entièrement. Consultez les tables de
matières et les sommaires lorsqu’ils existent. Lisez
les premières et les dernières lignes de chaque
chapitre pour voir de quoi ils traitent.
c- Comment lire ?
L’objectif de la lecture est d’en tirer des idées pour
son travail. Cela implique que le chercheur soit
capable de faire apparaître ces idées, de les
comprendre en profondeur et de les articuler entre
elles de manière cohérente. Cet exercice peut
présenter des difficultés majeures à certains
étudiants.
Pour progresser dans l’apprentissage de la lecture
et pour en tirer profit, nous proposons d’adopter
une méthode de lecture très stricte et précise au
départ. Cette méthode comporte deux étapes
indissociables : la mise en œuvre d’une grille de
lecture et la rédaction d’un résumé.
En somme, la revue de la littérature fait partie de
toute recherche scientifique. On évite ainsi les
termes inexacts, les thèmes imprécis, l’ignorance à
propos de ce qui s’est fait précédemment et on ne
gaspille pas son énergie en s’aventurant dans un
thème sans savoir si le matériel nécessaire existe.
La documentation disponible permet ainsi de
s’alimenter à des définitions, à des façons de faire,
à des façons de se conduire qui serviront tout au
long de la démarche scientifique. Les lectures
préalables donnent par conséquent plus
d’assurance et permettent d’amorcer sa recherche
sur un bon pied.
II- Les entretiens exploratoires
a- Rôle et importance des entretiens
exploratoires
Les entretiens exploratoires aident le chercheur à
avoir un contact avec la réalité vécue par les
acteurs sociaux.
Ils complètent les lectures en permettant au
chercheur de prendre conscience des aspects du
problème auxquels il n’était pas forcément sensible
au départ.
Les entretiens exploratoires aident à constituer la
problématique de recherche.
Ils contribuent à découvrir les aspects à prendre en
considération et élargissent ou rectifient le champ
d’investigation des lectures.
Ils visent à économiser les dépenses inutiles
d’énergie et de temps en matière de lecture et de
construction d’hypothèse et d’observation.
Les entretiens exploratoires n’ont pas pour
fonction de vérifier des hypothèses, ni de recueillir
ou d’analyser des données précises, mais ils
permettent de ne pas se lancer dans de faux
problèmes, produits inconscients de nos préjugés
et prénotions. Les divergences de points de vue
entre interlocuteurs sont faciles à repérer.
Pour remplir leur fonction de rupture avec les
préjugés, les entretiens exploratoires doivent
remplir certaines conditions qui sont présentées
sous forme de réponses aux questions suivantes :
– Avec qui est-il utile d’avoir un entretien ?
– Comment y procéder ?
b- Avec qui est-il possible d’avoir des
entretiens ?
Trois catégories de personnes peuvent être des
interlocuteurs valables :
1- Les spécialistes scientifiques
(enseignants, chercheurs spécialisés et
experts) dans les domaines de recherche
concernés par la question de départ (ou l’objet
étudié). Ils peuvent nous aider à améliorer
notre connaissance du terrain en nous
exposant non seulement les résultats de leurs
travaux mais aussi la démarche entreprise,
les problèmes rencontrés et les écueils à
éviter.
2- Les témoins privilégiés (professionnels). Il
s’agit de personnes qui, par leur position, leur
action ou leurs responsabilités, ont une bonne
connaissance du problème.
Exemple : Dans une étude sur les valeurs des
jeunes, on peut rencontrer les jeunes
responsables d’organisations de jeunesse aussi
bien que des adultes (éducateurs, enseignants,
prêtres, travailleurs sociaux) dont l’activité
professionnelle les met en prise directe avec les
problèmes de la jeunesse.
3- Le public (les personnes) directement
concerné par l’étude. (Exemple précédent : les
jeunes eux-mêmes).
NB : Les entretiens avec les interlocuteurs de la
2e et 3e catégorie comportent les plus grands
risques de déviation par illusion de la
transparence. Engagés dans l’action, les uns et les
autres sont généralement portés à expliquer leurs
actions en les justifiant. Subjectivité, vision partielle
et partiale sont inhérentes à ce genre d’entretien.
Une bonne dose d’esprit critique est indispensable
pour éviter les pièges qu’ils recèlent.
c- Déroulement de l’entretien
D’une manière générale, les méthodes très
formelles et structurées telles que les enquêtes par
questionnaire ou certaines techniques
sophistiquées d’analyse de contenu conviennent
moins bien pour le travail exploratoire que celles
qui présentent une grande souplesse d’application
comme les entretiens peu directifs ou les
méthodes d’observation où un degré de liberté
important est laissé à l’observateur.
Le motif est simple : les entretiens exploratoires
servent à ouvrir l’esprit, d’écouter et non de poser
des questions précises, de découvrir des nouvelles
manières de poser le problème et non de tester la
validité de nos propres schémas. Le succès d’un
entretien dépend de la manière dont fonctionne
l’interaction entre les deux partenaires.
Aussi, l’interviewer doit-il adopter un certain
nombre d’attitudes :
1- L’interviewer (l’enquêteur, le chercheur) doit
s’efforcer de poser le moins de questions
possibles. L’excès de questions conduit toujours
au même résultat : l’interviewé acquiert vite le
sentiment qu’il lui tout simplement demandé de
répondre à une série de questions précises et il se
dispensera de communiquer le fond de sa pensée
et de son expérience. Le chercheur fixe
simplement à l’avance les thèmes à propos
desquels il souhaite que son interlocuteur exprime
le plus librement possible la richesse de son
expérience ou le fond de sa pensée et de ses
sentiments.
2- Même si l’interviewer doit faire un minimum
d’intervention possible afin de recentrer le débat
ou pour inciter l’interviewé à approfondir certains
aspects particulièrement importants du thème
abordé, l’interviewer doit s’efforcer de formuler ses
interventions d’une manière aussi ouverte que
possible. Au cours des entretiens exploratoires, il
importe que l’interviewé puisse exprimer sa propre
‘’réalité’’ dans son langage, avec ses propres
catégories conceptuelles et ses propres cadres de
références.
3- L’interviewer doit s’abstenir de s’impliquer luimême dans le contenu de l’entretien, notamment
en s’engageant dans le débat ou en prenant
position à l’égard des positions du répondant.
Même l’acquiescement doit être évité car, si
l’interlocuteur s’y habitue et y prend goût, il
interprétera par la suite toute attitude de réserve
comme le signe d’une désapprobation.
4- Il faudrait veiller à ce que l’entretien se déroule
dans un environnement et un contexte adéquats. Il
est vain d’espérer un entretien approfondi et
authentique s’il se déroule en présence d’autres
personnes, dans un cadre bruyant et inconfortable
où le téléphone sonne toutes les trente secondes
ou encore lorsque le répondant ne cesse de
consulter sa montre afin de ne pas manquer un
rendez-vous.
5- Sur le plan technique, il est indispensable
d’enregistrer les entretiens.
III- Méthodes complémentaires
Les entretiens exploratoires sont souvent
accompagnés d’un travail d’observation ou
d’analyse de documents.
Ces méthodes d’exploration complémentaires
aident le chercheur à avoir un contact avec la
réalité vécue par les acteurs sociaux.
Pendant l’observation, par exemple, le chercheur
se sert d’une grille d’observation. La meilleure
manière de s’y prendre consiste à noter
systématiquement et aussi vite que possible dans
un carnet de bord tous les phénomènes et les
évènements observés ainsi que toutes les
informations recueillies qui sont liées au thème de
travail. Il est important de ne pas négliger
d’observer et de noter les phénomènes, les
événements et les informations apparemment
anodins mais qui, mis en relation avec d’autres,
peuvent se révéler de toute première importance.
Conclusion
Les lectures et entretiens exploratoires sont
complémentaires et s’enrichissent mutuellement.
Les lectures donnent un cadre aux entretiens
exploratoires et ces derniers nous éclairent sur la
pertinence de ce cadre.
Les lectures et les entretiens exploratoires sont
menés parallèlement.
Entretiens, lectures et observations vont souvent
de pair au cours d’un travail exploratoire. Dans les
trois cas, les principes méthodologiques sont
fondamentalement les mêmes : laisser courir son
regard sans s’obstiner sur une piste unique,
écouter autour de soi sans se contenter d’un seul
message, chercher à discerner les dimensions
essentielles du problème étudié, ses facettes les
plus révélatrices et, par suite, les modes
d’approche les plus éclairants.
Au terme de l’étape exploratoire, le chercheur doit
être amené à reformuler sa question de départ
d’une manière qui tienne compte des
enseignements de son travail exploratoire.
Etape 3:
Problématique
Introduction
La rupture continue et s’achève dans la
construction. C’est la problématique qui constitue
la charnière des deux premiers actes
scientifiques : rupture et construction.
Définition et rôle de la problématique
La problématique est une composante essentielle
dans le processus de la recherche. Elle est aussi
importante que le cerveau ou le système nerveux
pour un être humain ou que le poste de pilotage
pour un avion de ligne.
La problématique s’avère être une étape
importante parce qu’elle donne à la recherche ses
assises, son sens et, par conséquent, sa portée.
La problématique est l’approche ou la perspective
théorique que l’on décide d’adopter pour traiter le
problème posé par la question de départ. Elle doit
donc être en relation avec la question de départ.
En effet, c’est à la lumière de la problématique que
la question de départ prendra le sens particulier et
précis de sa forme définitive, ainsi que l’orientation
spécifique dans laquelle on lui cherchera une
réponse. Lorsque la question de départ n’a pas été
précisée au préalable, le choix d’une
problématique devient l’ultime occasion de la
formuler correctement. Il y a donc interaction entre
la question de départ, les lectures et la
problématique.
Autrement dit, selon Pierre Bourdieu, ‘’un objet de
recherche, si parcellaire soit-il ne peut être défini et
construit qu’en fonction d’une problématique
théorique permettant de soustraire à une
interrogation systématique des aspects de la
réalité mis en relation par la question qui est
posée’’ [1]
L’élaboration d’une problématique
Le chercheur doit passer par un certain nombre
d’étapes pour spécifier une problématique.
L’élaboration d’une problématique est une
opération qui se fait en trois temps.
1er temps : Faire le point (Etat de la question,
revue de la littérature, recension des écrits)
Il faut d’abord faire le point sur le problème tel qu’il
est posé par la question de départ et tel qu’il
apparaît à travers les lectures et les entretiens
exploratoires. Concrètement, cela consiste, d’une
part, à repérer et à décrire les différents aspects ou
dimensions du problème (sociologiques,
psychologiques, économiques, politiques,
institutionnelles, juridiques… etc.) et, d’autre part,
à prendre en compte le vécu du problème par les
principaux protagonistes : population,
professionnels, hiérarchies, institutions, etc. Il faut
faire le point sur les informations tirées de
l’exploration : les problématiques existantes en
élucidant leur caractéristique et en les comparant,
les diverses approches et points de vue adoptés
du problème, les liens ou les oppositions qui
existent entre eux, le cadre ou l’orientation
théorique auquel chacun se réfère implicitement
ou explicitement.
Cela revient à dire qu’il faut exploiter les lectures et
les entretiens et montrer en quoi sa problématique
est originale.
En effet, selon Jean Ferdinand MBAH : ‘’faire la
recherche à l’heure actuelle c’est chercher à
nouveau, à examiner une seconde fois, plus
attentivement, les thèmes et questions abordées
antérieurement pour découvrir plus. Voilà donc
posé le problème du bilan’’ [2]
Henri Mendras ajoute : ‘’Le sociologue n’a pas la
prétention de repenser la totalité d’un problème. Il
veut garder les faits et en tirer des schémas
d’analyse et interprétation. Pour ce faire, il
commence par examiner les conclusions de ses
devanciers qui ont étudié les mêmes faits ou des
faits analogues. Et à partir de leurs conclusions, il
cherche à aller plus loin avec des instruments
d’analyse plus perfectionnés’’[3]
Ainsi donc, point de départ de toute étude
scientifique, les sources documentaires
comportent des données préétablies ou existantes,
très utiles à l’élaboration de la problématique. C’est
une base incontournable dans la mesure où tout
travail de recherche se rattache toujours par de
multiples liens aux recherches antérieures sur le
thème ou les thèmes voisins.
En somme, l’état de la question est le compte
rendu des informations connus sur un thème de
recherche.
2e temps : Se donner une problématique
Le choix d’une problématique se fait en fonction de
l’orientation dessinée par la question de départ et
des informations retirées des lectures et entretiens
exploratoires.
Choisir une problématique c’est opter pour un
cadre théorique approprié [4] au problème et qu’on
est susceptible de maîtriser suffisamment. Il s’agit
d’inscrire son travail dans un des cadres
théoriques existants, soit de concevoir une
nouvelle problématique. Le deuxième point
consiste tout simplement à ‘’construire sa
problématique’’[5].
Choisir une problématique c’est à la fois définir
exactement l’objet de la recherche et opter pour un
mode d’approche de cet objet (l’analyse des
causes, l’analyse des fonctions).
Il est important de souligner que la problématique
peut reposer sur une théorie, sur une méthode ou
sur un objet de recherche.
Se donner une problématique veut dire :
1- Soit de choisir l’orientation qui semble la plus
pertinente. Ce qui revient à orienter son travail
dans un des cadres théoriques découverts dans
les lectures précédentes c’est-à-dire un cadre
théorique préétabli. Dans ce cas, le travail à
accomplir se réduira à exploiter intelligemment les
outils théoriques existants. Le problème alors est
de savoir dans quel cadre théorique il convient
d’inscrire son travail. L’attitude la plus logique
consiste à choisir celui qui semble le plus en
rapport avec la question de départ et avec les
informations retirées des entretiens exploratoires
et des statistiques existantes.
2- Soit élaborer ou concevoir une orientation
nouvelle qui transcende les précédentes. Cette
phase de choix d’un cadre théorique est
importante car ce dernier a deux fonctions :
–
Permettre de reformuler ou préciser sa
question de départ. Reformuler la question de
départ dans les termes propres à l’approche
choisie et lui ouvrir les perspectives de réponse
valables ne sont pas des opérations banales et
négligeables. Même s’il s’agit d’une théorie
connue, une reformulation explicite et cohérente
de la problématique est indispensable.
–
Servir de fondement aux hypothèses sur
lesquelles le chercheur constituera une réponse
cohérente à cette question de départ.
3e temps : Expliciter sa problématique
Expliciter sa problématique revient à reformuler la
question de départ afin d’en faire la question
centrale de la recherche.
Expliciter sa problématique c’est décrire le cadre
théorique dans lequel s’inscrit la démarche
personnelle. C’est aussi expliciter le cadre
conceptuel qui caractérise cette problématique. Il
s’agit donc de préciser les concepts
fondamentaux, les liens qu’ils ont entre eux et
dessiner ainsi la structure conceptuelle qui va
fonder les propositions qu’on s’élaborera en
réponse à la question de départ. C’est ici que se
fabrique le canevas sur lequel va s’édifier la
construction du modèle d’analyse (Etape suivante).
Lorsqu’on explicite sa problématique, on ne
dispose pas souvent de tous les outils théoriques
nécessaires et il faudra probablement procéder à
quelques lectures complémentaires et que se
dessinent les grandes lignes de cette construction
qu’on appelle hypothèse générale ou directrice.
NB : « Une problématique peut être conçue
comme un ensemble de questions reliant des
concepts se rapportant à une ou plusieurs théories
sociologiques, que l’on confronte à une série de
données empiriques produites par vous en
mobilisant telle ou telle méthode »[6]
Conclusion
La problématique est conditionnée par les lectures
et l’exploration qui, à son tour, dépendent de la
question de départ. L’interaction entre question de
départ, exploration et problématique est donc
manifeste. Si ces étapes qui précèdent la
construction ont été décomposées en étapes
distinctes, c’est pour la clarté et non parce qu’elles
sont réellement autonomes.
Cadre théorique
Elaborer une production de connaissance n’est
pas chose facile. En effet, de nombreuses
résistances s’y opposent et constituent alors ce
que Gaston Bachelard appelle ‘’obstacles
épistémologiques’’. C’est précisément contre les
prénotions ou préjugés que le sociologue doit
engager une lutte incessante s’il veut produire une
connaissance scientifique c’est-à-dire une
connaissance dont le statut épistémologique est
avéré. L’une des recommandations à ce titre est
pour le chercheur d’insérer sa réflexion dans un
cadre théorique (théorie[7] ou paradigme[8]) afin
de se servir des matériaux conceptuels et
méthodologiques qui sont capables de lui
permettre de réaliser sa rupture épistémologique.
La description d’un phénomène étudié ne peut se
passer d’un cadre théorique qui ordonne les
données recueillies et leur donne une signification.
« Toute théorie de recherche scientifique a le
caractère d’un instrument de connaissance. Elle ne
nous fait pas connaître une réalité concrète mais
nous fournit les moyens et les instruments de
travail intellectuel qui doivent nous permettre de
connaître de manière scientifique » [9]
Une théorie émet et énonce un ensemble de
connaissances à base desquelles le scientifique
fixe sa démarche empirique.
La théorie sert de guide dans l’élaboration
d’une recherche puisqu’elle propose une
interprétation de la réalité.
La théorie fournit un vocabulaire et des
perspectives d’explication et de compréhension du
problème de recherche.
La théorie joue un rôle majeur dans la recherche.
Elle sert de guide aux chercheurs dans
l’élaboration de leur recherche car elle fournit une
interprétation de la réalité.
La théorie est à la recherche ce que la boussole
est à l’explorateur.
Toute discipline scientifique dispose de théories
pour examiner son objet d’étude.
Selon Ouellet (1982), une théorie prête à deux
types d’utilisation :
–
La théorie assure une première clarification et
une première mise en ordre du problème, en
regard des réflexions déjà faites par les
théoriciens. Elle peut donc aider à la précision du
problème ;
–
La théorie suggère, par les déductions que
ces propositions abstraites entraînent, un domaine
à explorer ou un type de relations entre des
phénomènes à étudier. Exemple : la théorie des
classes sociales met l’accent sur l’analyse des
rapports conflictuels entre certains groupes dans le
société.
Bref, se référer à une théorie en rapport avec son
problème de recherche permet de le clarifier et de
l’orienter.
Etape 4:
Modèle d’analyse
Le modèle d’analyse constitue le prolongement
naturel de la problématique en articulant sous une
forme opérationnelle les repères et les pistes qui
seront finalement retenus pour présider au travail
d’observation et d’analyse.
La construction du modèle d’analyse est
conditionnée par la qualité du travail exploratoire.
En effet, si les différents textes étudiés ont fait
l’objet de lectures approfondies et des synthèses
soignées, si elles ont été confrontées avec
attention, si les entretiens exploratoires ont été
exploités comme il se doit, alors le chercheur
dispose normalement de nombreuses notes de
travail qui l’aideront considérablement dans
l’élaboration du modèle d’analyse. Au fur et à
mesure de l’avancement du travail exploratoire,
des concepts clés et des hypothèses majeures
sortiront progressivement du lot, ainsi que les liens
qu’il convient ou qu’il serait intéressant d’établir
entre eux. Le modèle d’analyse se prépare en fait
tout au long de la phase exploratoire.Toutefois,
qu’est-ce qu’un modèle d’analyse ?
Essai de définition du modèle d’analyse
Le modèle d’analyse est un ensemble structuré et
cohérent composé de concepts et d’hypothèses
logiquement articulés les uns aux autres.
Ce qui revient à dire que construire un modèle
d’analyse consiste à élaborer un système cohérent
de concepts et d’hypothèses opérationnels.
La construction du modèle d’analyse comporte
deux opérations :
a- L’énonciation des hypothèses (construction
des hypothèses) ;
b- La conceptualisation ou la construction des
concepts.
L’hypothèse
Exemples d’hypothèse
1- La déviance est fonction d’une mauvaise
intériorisation des normes sociales.
2- La bonne gouvernance conditionne
l’épanouissement intellectuel des individus.
3- La consommation des ménages croît avec le
revenu.
La notion d’hypothèse est liée à la méthode
expérimentale. ‘’Il n’est d’observation ou
d’expérimentation qui ne repose sur des
hypothèses’’[1]. Autrement dit, un travail ne peut
être considéré comme véritable recherche s’il ne
se structure autour d’une ou plusieurs hypothèses.
Quand elles ne sont pas explicites, elles sont
implicites ou inconscientes. Ainsi donc, l’hypothèse
se trouve au centre de la stratégie de la recherche.
Toutefois, qu’est-ce qu’une hypothèse ?
Essai de définition de l’hypothèse
‘’Une hypothèse, comme l’usage courant du terme
l’indique, n’est pas une certitude : c’est une
supposition, une simple vérité possible’’[2].
L’hypothèse est une proposition de réponse aux
questions que le chercheur se pose.
L’hypothèse est une réponse provisoire et
relativement sommaire aux questions que le
chercheur se pose.
L’hypothèse est une réponse anticipée à la
question de départ.
L’hypothèse est une proposition provisoire, une
présomption (supposition, prétention) qui
demande à être vérifiée.
L’hypothèse est une idée ou un ensemble
d’idées qui sont une interprétation anticipée et
rationnelle des résultats possibles de la
recherche[3]
‘’L’hypothèse est une conception formulée, fondée
sur des probabilités plus ou moins grandes, mais
qui ne pourrait être considérée comme un savoir
qu’à condition d’être vérifiée[4]. Autrement dit,
l’hypothèse est un diagnostic posé par le
chercheur selon son entendement qui doit être
vérifié sur le terrain.
‘’L’hypothèse traduit par définition cet esprit de
découverte qui caractérise tout travail scientifique.
Le chercheur qui la formule dit en fait : je pense
que c’est dans cette direction là qu’il faut chercher,
que cette piste sera la plus féconde’’[5]
Rôle et fonction de l’hypothèse (les
caractéristiques de l’hypothèse)
La fonction première de l’hypothèse est
de préciser ou de créer les relations qui
existent entre les variables étudiées, entre deux
termes (qui, selon les cas, peuvent être des
concepts ou des phénomènes) et de prévoir à
l’aide de ces relations le genre de conclusions qui
peuvent être déduites, d’expliquer et prédire le
comportement des variables.
L’hypothèse permet au chercheur d’envisager par
anticipation les liens qui existent entre deux ou
plusieurs phénomènes. C’est elle permet d’établir
les implications, de créer des relations causales ou
fonctionnelles en recherche.
L’hypothèse sert de cadre de travail pour les
conclusions. Pas d’hypothèse, pas de
conclusions possibles.
L’hypothèse permet des gains de temps pour
l’explication du problème et donne la direction de
la recherche.
L’hypothèse procure à la recherche un fil
conducteur particulièrement efficace qui, à
partir du moment où elle est formulée, remplace la
question de départ de cette fonction même si elle
n’est pas entièrement oubliée. La suite du travail
consistera, en effet, à tester les hypothèses en les
confrontant à des données
d’observation. L’hypothèse n’est pas une
évidence mais elle guide le travail de recueil de
données (l’investigation) et l’analyse de cellesci. Elle constitue le point d’origine d’un processus
visant à confirmer ou à infirmer une assertion
générale.
Les hypothèses sont des critères de sélection des
données. En effet, parmi l’infinité des données
qu’un chercheur peut recueillir sur un sujet,
l’hypothèse fournit le critère de sélection des
données dites pertinentes, à savoir leur utilité pour
tester l’hypothèse.
Elle ‘’constitue le meilleur moyen de mener une
recherche avec ordre et rigueur sans sacrifier
l’esprit de découverte et de curiosité propre de tout
effort intellectuel digne de ce nom’’[6].
L’hypothèse est à l’origine de la théorie. Elle
devient donc un instrument de la théorie. En effet,
l’hypothèse n’est pas le résumé ou la somme des
données touchant à un évènement quelconque
mais une affirmation permettant d’aller à la
recherche d’explications. Quand elle est
confirmée, elle devient un élément de la
théorie.
Construction des hypothèses
La formulation ou la construction d’une hypothèse
doit répondre à certaines exigences formelles.
En effet, construire une hypothèse consiste non
seulement à imaginer une relation entre deux
termes ou deux variables isolées mais également
à expliquer la logique des relations qui unissent les
concepts évoqués dans la problématique.
Aussi, la construction des hypothèses repose
soit sur une procédure inductive (la
construction par induction), soit sur un
raisonnement de type déductif (la construction
par déduction). C’est pourquoi on dit qu’une
hypothèse peut être une invention de l’esprit
ou une conception perceptuelle d’une réalité.
a- La méthode hypothético-inductive
Cette méthode produit des hypothèses
empiriques ou induites car la construction part
de l’observation. Ainsi, à partir des indicateurs, on
construit des hypothèses. Autrement dit, on part du
travail exploratoire pour construire un système de
relations éclairant.
Certaines hypothèses ne sont que des relations
fondées sur des préjugés ou stéréotypes de la
culture ambiante.
Ces hypothèses correspondent au niveau zéro de
la construction et, de ce fait, elles conduisent à
une compréhension médiocre et déformée de la
réalité sociale. De plus sont inutiles et
dangereuses. Inutiles parce qu’elles sont
généralement démenties dès lors que l’on mène
des analyses systématiques et correctement
construites. Produits inconscients des préjugés,
elles n’apportent pas de nouveaux éléments de
compréhension et de connaissance. Dangereuses
parce qu’elles peuvent trouver confirmation au
niveau des apparences et donner à l’erreur des
allures de vérité scientifique. Elles consolident
alors des idées simplistes et renforcent
artificiellement certains clivages sociaux sur la
base d’erreur d’analyse.
b- La méthode hypothético-déductive
Cette méthode produit des hypothèses déduites
ou théoriques car on part d’un postulat ou d’un
concept totalisant postulé comme modèle
d’interprétation du phénomène étudié. Autrement
dit, ces hypothèses sont le produit d’un
raisonnement fondé sur un postulat (principe
incontestable qui paraît légitime). C’est à partir de
la problématique qu’on formule les hypothèses et
le modèle d’analyse.
Les critères d’évaluation d’une hypothèse
Comment savoir qu’on a formulé une bonne
hypothèse ?
Les critères qui servent d’évaluer une hypothèse
sont de deux ordres : les critères externes (la
forme) et les critères internes (le fond).
1- L’hypothèse doit exprimer une relation entre
deux ou plusieurs variables ;
2- L’hypothèse doit être vérifiable empiriquement
c’est-à-dire soumise à l’épreuve de la réalité ;
3- L’hypothèse doit être rédigée en de termes
simples et sans ambiguïté ;
4- Les concepts utilisés par l’hypothèse doivent
être précis. L’hypothèse doit s’exprimer avec
clarté, à l’aide de concepts qui peuvent faire l’objet
d’une définition opératoire par l’intermédiaire de
dimensions et d’indicateurs communément admis
par tous ;
5- Les hypothèses doivent porter sur des
phénomènes empiriquement observables ;
6- Chaque hypothèse doit être spécifique c’est-àdire distincte des autres ;
7- Les hypothèses doivent être écrites sous forme
affirmative ;
8- L’hypothèse doit être écrite dans un langage
scientifique. Tout chercheur doit être à mesure de
comprendre l’hypothèse. Si elle est bien rédigée,
un autre chercheur devrait être à mesure de la
comprendre et être à même de reconstituer
l’expérience.
9- On ne peut écrire l’hypothèse qu’une fois
terminée la revue de la documentation, sinon on
risque de perdre du temps si l’on ne peut vérifier
empiriquement l’hypothèse.
La conceptualisation ou la construction des
concepts
La conceptualisation constitue l’une des
dimensions principales (ou encore l’une des
opérations principales) de la construction du
modèle d’analyse.
Définition de la conceptualisation
La conceptualisation est le fait de construire les
concepts.
Rôle de la conceptualisation
Selon Quivy et Campenhoudt, la conceptualisation
est plus qu’une simple définition ou convention
terminologique. Elle constitue une construction
abstraite qui vise à rendre compte du réel. A cet
effet, elle ne tient pas compte de tous les aspects
de la réalité concernée, mais seulement ce qui en
exprime l’essentiel du point de vue du chercheur. Il
s’agit donc d’une constructionsélection. Toutefois, qu’est-ce qu’un concept ?
Les concepts
Il y a plus d’un siècle, le positivisme logique avait
fortement souligné les difficultés résultant
de l’ambiguïté des concepts utilisés dans les
sciences sociales. Actuellement encore, le
vocabulaire de la psychologie, de l’anthropologie,
de la sociologie et de leurs domaines connexes est
loin d’avoir atteint l’univocité désirable. C’est dire
qu’un même concept peut changer de sens
suivant la façon dont il est considéré.
Définition du concept
Le concept est un mot ou groupe de mots
exprimant une idée générale sur une chose.
Il peut être défini comme une représentation
intellectuelle d’un certain aspect de la réalité
provenant de l’observation d’un phénomène ; c’est
à la fois une généralisation et une abstraction
d’une réalité empirique.
Le concept est une représentation intellectuelle
que l’on se fait de la réalité.
Le concept est une construction mentale. C’est un
résumé abstrait d’un ou plusieurs phénomènes
observables.
Rôle du concept
Les concepts sont les principaux termes d’une
hypothèse. Le concept réunit un certain nombre
d’éléments sous un même vocable. Il conduit la
réalité observable et trace la route qui mène à
l’observation. Le concept rend compte du fait qu’un
certain nombre de personnes ou de choses ont
suffisamment de traits communs et de différences
que d’autres catégories de personnes ou de
choses pour qu’il soit possible de les regrouper
sous la même appellation.
Selon Madeleine Grawitz, ‘’Le concept n’est pas
seulement une aide pour percevoir mais une façon
de concevoir. Il organise la réalité en retenant les
caractères distinctifs, significatifs des
phénomènes. Il exerce un premier tri au milieu
d’un flot d’impressions qui assaillent le chercheur’’.
Madeleine Grawitz ajoute que le concept est un
outil qui non seulement est un point de départ,
mais également un moyen de désigner par
abstraction, d’imaginer ce qui n’est pas perceptible
au chercheur[7]
La recherche sociale impose au chercheur, avant
tout contact avec le terrain, de prendre soin de
construire ses concepts en rapport avec le
phénomène social à étudier.
Pourquoi faut-il construire un concept ?
Si un concept est une idée abstraite, un
symbole qui n’est pas directement observable
ou mesurable car complexe (ce qui veut dire que
le concept complexe est moins accessible à
l’observation directe), alors le chercheur doit
inventer ou créer des moyens qui lui
permettent d’adapter le concept à des fins
d’investigation scientifique. Pour ce faire, il
ajoute des dimensions et des indicateurs afin que
le concept devienne opératoire. C’est cela
construire un concept.
En d’autres termes, construire un concept consiste
d’abord à déterminer les dimensions qui le
constituent et par lesquelles il rend compte de la
réalité. Construire un concept, c’est ensuite en
préciser les indicateurs grâce auxquels les
dimensions pourront être mesurées.
Ainsi donc, donc la conceptualisation ou la
construction des concepts se fait en plusieurs
opérations :
a- Déterminer les dimensions ;
b- Déterminer les composantes ;
c- Préciser les indicateurs.
Nature des concepts
Il y a deux types de concepts :
1- les concepts simples
Exemple :
Concept : Vieillesse
Dimension : Chronologique
Indicateurs : âge (la date de naissance), les
cheveux blancs et rares, le mauvais état de la
denture, la peau ridée.
2- Les concepts complexes
Ils nous obligent à décomposer les concepts en
dimensions et chaque dimension en indicateurs.
Les dimensions
Définition d’une dimension
Les dimensions sont les paliers intermédiaires
entre le concept et les indicateurs. Ce sont les
différentes manifestations d’un concept. Les
dimensions sont les aspects de la réalité que
couvre un concept. Elles font référence à différents
niveaux de la réalité. Tout ce qui n’est pas
observable, ni directement mesurable est de
l’ordre des dimensions.
Rôle et fonction des dimensions
Les dimensions concrétisent le concept ou le
précisent à partir de sa définition. Elles précisent
les aspects ou les composantes du concept. Les
dimensions assurent le passage du versant
abstrait au versant concret de l’analyse
conceptuelle.
Les indicateurs
Définition de l’indicateur
Les indicateurs sont les traits, les signes tangibles
et observables du concept ou de la dimension. Ce
sont les éléments observables de la réalité. Ils sont
les manifestations objectivement repérables et
mesurables des dimensions du concept. Les
indicateurs représentent l’aspect visible ou
manifeste du concept ou de la dimension. En fait,
ce sont des observations empiriques ou des
données.
Rôle et fonction de l’indicateur
Bien souvent, en sciences sociales, les concepts
et leurs dimensions ne sont pas exprimés en des
termes directement observables. Or, dans le travail
de recherche, la construction n’est pas une pure
spéculation. Son objectif est de nous conduire au
réel et de nous y confronter : c’est cela le rôle des
indicateurs.
Ils rendent le concept opérationnel. Ils permettent
d’observer indirectement un concept sous ses
manifestations concrètes. Les indicateurs
permettent d’atteindre l’aspect concret de ce que
l’on cherche.
Les indicateurs permettent de vérifier une
hypothèse. Associés à leurs indicateurs éventuels,
les deux concepts d’une hypothèse sont présentés
de telle sorte que l’on perçoit facilement le type
d’information qu’il faudra récolter pour la tester.
Remarques générales
Un seul indicateur peut être trompeur, mais
plusieurs indicateurs assurent la validation de la
dimension. Autrement dit, c’est la pluralité des
indicateurs qui assure une évaluation judicieuse de
la dimension ou du concept auxquels ils se
rapportent.
Pour trouver les indicateurs de chaque dimension
envisagée, il faut se poser à chaque fois la
question suivante : Par quels signes observables
dans la réalité vais-je retracer cette
dimension ?
Pour trouver les indicateurs, on fait appel à ses
connaissances, à son expérience et à son intuition.
Concept : Vieillesse
Indicateurs : âge (la date de naissance), les
cheveux blancs et rares, le mauvais état de la
denture, la peau ridée.
Les niveaux de conceptualisation (les
méthodes ou les différentes façons de
construire un concept)
Il y a deux façons de construire les concepts ou
deux niveaux de conceptualisation :
1- L’un est dit inductif et produit des concepts
opératoires isolés ;
2- L’autre est dit déductif et produit des concepts
systémiques.
Ces deux types de concept se distinguent non
seulement par la méthode de construction mais
aussi par la qualité de rupture avec les préjugés.
Le concept opératoire isolé
a- La construction
Un concept opératoire isolé est un concept
construit empiriquement à partir d’observations
directes et d’informations rassemblées par
d’autres. C’est à travers les lectures et les
entretiens exploratoires que l’on peut recueillir les
éléments nécessaires à cette construction.
Autrement dit, pour construire un concept
opératoire isolé, on part des indicateurs que le réel
nous présente, on sélectionne, on regroupe et on
combine.
b- Rupture
Le concept opératoire isolé est doublement
vulnérable par le fait qu’il est construit
empiriquement.
D’abord parce que dans l’induction, on part de ce
que l’on perçoit avec l’œil et l’oreille de Monsieurtout-monde. On construit à partir des observations
partielles et d’informations biaisées qui se
présentent à nous.
De plus, même lorsqu’elle est fondée sur la
comparaison, la confrontation ou l’analyse critique,
la construction est sujette aux influences de
préjugés et schémas mentaux préconçus.
Le concept systémique
Pour construire un concept systémique, on
commence à raisonner à partir d’un paradigme
développé par les grands auteurs et dont
l’efficacité a pu être testé empiriquement ; On situe
le concept par rapport à d’autres concepts,
ensuite, par déduction en chaîne, on dégage les
dimensions, les composantes et les indicateurs.
Le concept systémique n’est pas induit par
l’expérience ; il est construit par raisonnement
abstrait : déduction, analogie, opposition,
implication… même s’il s’inspire forcément des
objets réels et des connaissances acquises
antérieurement sur ces objets. Dans la plupart des
cas, ce travail abstrait s’articule à l’un ou l’autre
cadre de pensée plus général que l’on appelle
paradigme.
Exemple : La construction du concept ‘’acteur
social’’ peut s’inscrire dans le cadre du paradigme
de la sociologie de l’action.
Dans le cas des concepts systémiques, l’indicateur
est une construction de l’esprit, une conséquence
logique d’un raisonnement antérieur. Il ne
représente plus un état des choses mais désigne
une catégorie mentale à la quelle pourrait
correspondre un fait, un signe qui est à découvrir
et dont l’absence ou la présence prendra une
signification.
Conclusion
Que l’on procède par méthode inductive ou
déductive, la construction des concepts conduit
toujours à opérer une sélection sur le réel. Le
problème crucial de toute construction
conceptuelle est celui de la qualité de la sélection.
Ainsi, pour le concept systémique, la sélection est
le produit d’une logique déductive et abstraite, ce
qui est considéré comme la manière la plus apte à
rompre avec les préjugés.
Pour le concept opératoire isolé, la sélection
repose aussi sur une construction, mais
l’empirisme du procédé inductif le rend vulnérable
aux préjugés.
Le concept opératoire isolé se situe donc à michemin entre le concept systémique et les
prénotions qui, loin de constituer des
représentations mentales construites, ne sont que
le produit inconscient des préjugés.
La position intermédiaire des concepts opératoires
isolés ne doit cependant pas nous conduire à les
mépriser. Dans la recherche scientifique, on
n’atteint pas d’emblée le niveau supérieur. C’est
même plutôt rare. Le fait de passer du niveau des
prénotions à celui des concepts opératoires isolés
constitue déjà un progrès.
Au lieu de présenter les concepts opératoires
isolés et les concepts systémiques selon un
schéma linéaire d’un rapport hiérarchique, il serait
sans doute plus pertinent de les situer dans un
rapport dialectique par lequel ils s’éclairent et se
défient mutuellement pour faire progresser la
connaissance scientifique. Car finalement ce qui
fait la valeur d’un concept c’est sa capacité
heuristique c’est-à-dire ce qu’il nous aide à
comprendre et à découvrir, c’est le progrès de la
science.
Etape 5: Observation
L’observation comprend l’ensemble des opérations
par lesquelles le modèle d’analyse (constitué
d’hypothèses et de concepts) est soumis à
l’épreuve des faits, confronté à des données
observables.
L’observation est donc une étape intermédiaire
entre la construction des concepts et des
hypothèses d’une part et l’examen des données
utilisées pour les tester.
1- Rôle de l’observation
Au cours de cette phase, de nombreuses
informations sont donc rassemblées en vue de leur
analyse dans une phase ultérieure.
Pour mener à bien l’observation, il faut pouvoir
répondre aux trois questions suivantes :
–
Observer quoi ?
–
Observer sur qui ?
–
Comment ?
2- Observer quoi ? Les données pertinentes
De quelles données un chercheur a-t-il besoin
pour tester ses hypothèses ? Le chercheur a
besoin des données qui sont définies par les
indicateurs. Autrement dit, en sciences sociales,
on ne rassemble que les données utiles à la
vérification des hypothèses. Ces données
nécessaires sont appelées les données
pertinentes.
En fait, dans la phase de l’observation, les
hypothèses sont les guides et les indicateurs
constituent les points de repère.
Le meilleur et le seul moyen de définir aussi
justement que possible les données pertinentes
utiles au travail empirique consiste donc à élaborer
un modèle d’analyse aussi clair, précis et explicite
que possible.
3- Observer sur qui ? Le champ d’analyse et la
sélection des unités d’observation
3.1- Le champ d’analyse
Il ne suffit pas de savoir quels types de données
devront être rassemblés. Il faut encore circonscrire
le champ des analyses empiriques dans l’espace
géographique et social et dans le
temps. Autrement dit, pour éviter des malentendus
et travailler sans se disperser, il est nécessaire de
préciser explicitement les limites du champ
d’analyse : période de temps prise en compte,
zone géographique considérée, organisations et
acteurs sur lesquels l’accent sera mis, etc.
3.2- L’échantillon
Lorsqu’on a circonscrit son champ d’analyse, trois
possibilités s’offrent au chercheur : il peut soit
recueillir des données et faire finalement porter ses
analyses sur la totalité de la population couverte
par ce champ, soit se limiter à un échantillon
représentatif de cette population, soit n’étudier que
certaines composantes très typiques, bien que non
strictement représentatives, de cette population. Le
choix est en fait assez théorique car, le plus
souvent, l’une des solutions s’impose naturelle,
compte tenu des objectifs de la recherche.
Première possibilité : Etudier la totalité de la
population.
Le mot ‘’population’’ doit être compris ici dans son
sens le plus large, celui d’un ensemble d’éléments
constituant un tout. Exemple : les élèves d’une
école. Souvent cette formule est utilisée dans deux
cas : soit lorsque la population considérée est très
réduite et peut être étudiée entièrement en ellemême ; soit lorsqu’on besoin uniquement des
données globales disponibles dans les statistiques
(taux de suicide par exemple).
Deuxième possibilité : Etudier un échantillon
représentatif de la population.
Cette formule s’impose lorsque deux conditions
sont rassemblées :
–
Lorsque la population est très importante et
qu’il faut récolter beaucoup de données pour
chaque individu ou unité ;
–
Lorsque, sur les points qui intéressent le
chercheur, il est important de recueillir une image
globalement conforme à celle qui serait obtenue
en interrogeant l’ensemble de la population, bref
lorsque se pose un problème de représentativité.
Troisième possibilité : Etudier des composantes
non strictement représentatives mais
caractéristiques de la population
Cette formule est sans doute la plus courante.
Lorsqu’un chercheur souhaite par exemple étudier
la manière différenciée dont plusieurs journaux
rendent compte de l’actualité économique, la
meilleure solution consiste à analyser dans les
détails quelques articles de ces différents journaux
qui portent sur les mêmes évènements, de
manière à procéder à des comparaisons
significatives. Vouloir étudier tous les articles
publiés est impossible et vouloir constituer un
échantillon représentatif de l’ensemble des articles
de chaque journal n’a guère de sens car les
critères de représentativité seraient forcément très
partiels et arbitraires.
4- Observer comment ? Les instruments
d’observation et la collecte de données.
Photo by cottonbro on Pexels.com
Dans ce point, nous exposerons d’abord les
principes d’élaboration des instruments
d’observation. On traitera ensuite des différentes
opérations qui font partie du travail de phase
d’observation.
4.1- L’élaboration des instruments
d’observation
Cette phase du travail d’observation consiste à
construire l’instrument capable de recueillir ou de
produire l’information prescrite par les indicateurs.
Cette opération ne se présente pas de la même
façon selon qu’il s’agit d’une observation directe ou
indirecte.
4.2- Les trois opérations de l’observation
a- Concevoir l’instrument d’observation
La première opération de la phase de l’observation
consiste à concevoir un instrument capable de
produire toutes les informations adéquates et
nécessaires afin de tester les hypothèses. Cet
instrument sera souvent mais pas obligatoirement,
un questionnaire ou un guide d’entretien. Dans ces
deux cas, leur mise au point requiert parfois une
préenquête en complément de la phase
exploratoire. Autrement dit, avant d’élaborer
l’instrument d’observation, il faut passer par une
opération préalable : la préenquête. Elle a pour
fonction de nous révéler des indicateurs et de nous
orienter dans le choix de l’instrument
d’observation.
Pour que cet instrument soit capable de produire
l’information adéquate, il devra contenir des
questions portant sur chacun des indicateurs
retenus préalablement et atteindre le meilleur
degré de précision dans la formulation de ces
questions. Autrement dit, il faut rédiger des
questions pour tous les indicateurs. Mais cette
précision ne s’obtient pas du premier coup. La
deuxième opération consiste dès lors à tester
l’instrument d’observation.
b- Tester l’instrument d’observation
L’exigence de précision varie selon qu’il s’agit d’un
questionnaire ou d’un guide d’entretien. En effet,
même si le guide d’entretien est structuré, il reste
dans les mains de l’enquêteur. Par contre, le
questionnaire est souvent destiné à la personne
interrogée ; il est lu et rempli par elle. Il est donc
important que les questions soient claires et
précises, c’est-à-dire formulées de telle sorte que
tous les sujets interrogés les interprètent de la
même manière.
Outre l’exigence de précision, il faut encore que le
sujet interrogé soit en état de donner la réponse,
qu’il la connaisse et ne soit pas contraint ou enclin
à la cacher.
Pour s’assurer que les questions seront bien
comprises et que les réponses correspondront
bien aux informations recherchées, il est impératif
de tester les questions.
Cette opération consiste à les soumettre à un petit
nombre de sujets appartenant aux différentes
catégories d’individus composant l’échantillon.
En ce qui concerne le guide d’entretien, les
exigences sont différentes. C’est la façon de
mener l’entretien qui doit être expérimentée autant,
sinon davantage que les questions elles-mêmes
qui sont contenues dans le guide.
Le succès d’un entretien dépend bien sûr de la
composition des questions mais aussi et surtout de
la capacité de concentration et de l’habileté de
l’enquêteur. Il est donc important de se tester. Cela
peut se faire en enregistrant quelques entretiens et
en écoutant comment ils sont menés.
c- La collecte des données
La troisième opération de la phase d’observation
est la collecte des données. Celle-ci constitue la
mise en œuvre de l’instrument d’observation. Cette
opération consiste à recueillir ou à rassembler
concrètement les informations prescrites auprès
des personnes ou unités d’observation retenues
dans l’échantillon. On procédera par observation
directe ou par observation indirecte.
L’observation directe
On procédera par observation directe lorsque
l’information recherchée est directement
disponible. Le guide d’observation est alors
destiné à l’observateur lui-même, non à un
éventuel répondant. Dès lors, sa rédaction ne
répond pas à des contraintes aussi précises que
celles du questionnaire par exemple.
L’observation directe est celle où le chercheur
procède directement lui-même au recueil des
informations, sans s’adresser aux sujets
concernés. Elle fait directement appel à son sens
de l’observation.
Dans ce cas, l’observation porte sur tous les
indicateurs pertinents prévus. Elle a comme
support un guide d’observation qui est construit à
partir de ces indicateurs et qui désigne les
comportements à observer ; mais le chercheur
enregistre directement les informations. Les sujets
observés n’interviennent pas dans la production de
l’information recherchée. Celle-ci est manifeste et
prélevée directement sur eux par l’observateur.
L’observation indirecte
Dans l’observation indirecte, l’instrument
d’observation est soit un questionnaire soit un
guide d’entretien. L’un et l’autre ont comme
fonction de produire ou d’enregistrer les
informations requises par les hypothèses et
prescrites par les indicateurs.
Dans le cas de l’observation indirecte, le chercheur
s’adresse au sujet pour obtenir l’information
recherchée. En répondant aux questions, le sujet
intervient dans la production de l’information.
Celle-ci n’est pas prélevée directement et est donc
moins objective. En fait il y a ici deux
intermédiaires entre l’information recherchée et
l’information obtenue : le sujet à qui le chercheur
demande de répondre et instrument constitué des
questions à poser. Ce sont là deux sources de
déformations et d’erreurs qu’il faudra contrôler
pour que l’information apportée ne soit pas
faussée, volontairement ou non.
L’observation directe, par questionnaire ou par
guide d’entretien, doit vaincre la résistance
naturelle ou l’inertie des individus. Il ne suffit pas
de concevoir un bon instrument, il faut encore le
mettre en œuvre de manière à obtenir un taux de
réponses satisfaisant pour que l’analyse soit
valable. Les gens sont pas forcément disposés à
répondre, sauf s’ils y trouvent un avantage (parler
un moment par exemple) ou s’ils pensent que leur
avis peut aider à faire avancer les choses dans un
domaine auquel ils attachent de l’importance. Le
chercheur doit donc convaincre son interlocuteur.
C’est pourquoi on évitera généralement d’envoyer
un questionnaire par la poste et on le confiera
volontiers à des enquêteurs, si le coût n’en est pas
trop élevé. Le rôle de l’enquêteur est alors de créer
chez les personnes interrogées une attitude
favorable, le souci de répondre franchement aux
questions et enfin de ramener un questionnaire
correctement rempli. S’il s’agit d’un questionnaire
envoyé par voie postale, il est important que la
présentation du document ne soit pas dissuasive
et qu’il soit accompagné d’une lettre d’introduction
claire, concise et motivante.
5- Panorama des principales méthodes de
recueil des informations
Les principales techniques de recueil des
informations :
–
Le questionnaire ;
–
L’entretien (l’interview) ;
–
L’observation (directe ou participante) ;
–
Le focus group ;
–
Le récit de vie ;
–
L’analyse de contenu ;
–
La recherche documentaire.
Remarque générale : Aucune technique n’est
meilleure, ni moins bonne qu’une autre. Tout
dépend des objectifs de la recherche, du modèle
d’analyse et des caractéristiques du champ
d’analyse.
Analyses des
informations
Etape 6:
Le premier objectif de cette phase est la
vérification empirique.
Le deuxième objectif de cette deuxième phase est
d’interpréter les faits inattendus, revoir ou affiner
les hypothèses afin que, dans les conclusions, le
chercheur soit en mesure de suggérer des
améliorations de son modèle d’analyse ou de
proposer des pistes de réflexion et de recherche
pour l’avenir
Après la phase d’observation, nous disposons des
réponses aux questions relatives aux indicateurs et
dimensions des concepts. Comment faut-il traiter
ces réponses-informations pour pouvoir répondre à
la question de départ ?
L’analyse des informations est l’étape qui traite
l’information obtenue par l’observation pour la
présenter de manière à pouvoir comparer les
résultats observés aux résultats attendus par
l’hypothèse.
Dans le scénario d’une analyse de données
quantitatives, cette étape comprend trois
opérations. Toutefois, les principes de la
démarche peuvent en grande partie, être
transposés à d’autres types de méthodes.
1- trois opérations de l’analyse des
informations
L’analyse des informations comprend trois
opérations :
–
La description et la préparation des données
nécessaires pour tester les hypothèses ;
–
L’analyse des relations entre les variables ;
–
La comparaison des résultats observés avec
les résultats attendus par hypothèses.
1.1- La description et la préparation des
données
La description et la préparation des données visent
à exprimer chacun des deux termes d’une
hypothèse par une mesure précise afin de pouvoir
examiner leur relation.
Décrire les données d’une variable revient à en
présenter la distribution à l’aide de tableau ou de
graphiques, mais aussi à exprimer cette
distribution à l’aide par une mesure synthétique.
La première opération consiste à décrire les
données. Cela revient, d’une part, à les
présenter sous la forme requise par les
variables impliquées dans les hypothèses et,
d’autre part, à les présenter de manière à ce
que les caractéristiques de ces variables soient
bien mises en évidence par la description.
1.2- L’analyse des relations entre variables
Les variables à mettre en relations sont celles qui
correspondent aux termes de l’hypothèse.
Il s’agit de mettre en évidence l’interdépendance,
la corrélation ou le lien logique pouvant exister
entre des variables.
La deuxième opération consiste à mesurer les
relations entre les variables, conformément à la
manière dont les relations ont été prévues par
des hypothèses.
1.3- La comparaison des résultats observés
avec les résultats attendus et l’interprétation
des écarts
Chaque hypothèse élaborée lors de la phase de
construction exprime les relations que l’on pense
correctes et que devraient donc
confirmer l’observation et l’analyse.
Les résultats observés sont ceux qui résultent des
opérations précédentes. C’est en comparant les
résultats observés aux résultats attendus par
l’hypothèse que l’on pourra tirer les conclusions.
S’il divergence entre les résultats observés et les
résultats attendus, ce qui n’est pas rare, il faudra
soit examiner d’où viennent les écarts et chercher
en quoi la réalité est différentes de ce qui était
présumé au départ, soit élaborer de nouvelles
hypothèses et, à partir d’une nouvelle analyse des
données disponibles, examiner dans quelle
mesure elles sont confirmées. Dans certains cas, il
sera même nécessaire de compléter l’observation.
La troisième opération consiste à comparer les
relations observées aux relations
théoriquement attendues par hypothèse et à
mesurer l’écart entre les deux. Si l’écart est nul
ou très faible, on pourra conclure que
l’hypothèse est confirmée ; sinon il faudra
examiner d’où vient l’écart et tirer des
conclusions appropriées.
2- Panorama des principales
techniques d’analyse des informations
La plus grande partie des techniques d’analyse
des informations relève de deux grandes
catégories :
–
l’analyse statistique ;
–
l’analyse de contenu.
Techniques de traitement de
données
Il y a interdépendance entre l’observation et
l’analyse de données.
NB : les méthodes de collecte de données et
d’analyse de données sont le plus souvent
complémentaires et doivent donc être choisies
ensemble en fonction des objectifs et des
hypothèses de travail.
Si les enquêtes par questionnaires
s’accompagnent de méthodes d’analyse
quantitative, les méthodes d’entretien appellent
habituellement des méthodes d’analyse de
contenu qui sont souvent, mais pas
obligatoirement, qualitatives.
Les données à l’aide du questionnaire n’ont de
sens que dans leur traitement strictement
quantitatif qui consiste à comparer les catégories
de réponses et à étudier leurs corrélations.
Etape 7:
Conclusion
La conclusion d’un travail est une des parties que
les lecteurs lisent généralement en premier. Grâce
à cette lecture des quelques pages de conclusion,
le lecteur pourra en effet se faire une idée de
l’intérêt que la recherche présente pour lui, sans
devoir lire l’ensemble du rapport. A partir de ce
diagnostic rapide, il décidera de lire ou non le
rapport tout entier ou, éventuellement, certaines de
ces parties. Il convient donc de rédiger la
conclusion avec beaucoup de soin et d’y faire
apparaître les informations utiles aux lecteurs
potentiels.
La conclusion d’une recherche
sociale comprendra souvent trois parties :
–
un rappel des grandes lignes de la démarche
qui a été poursuivie ;
–
une présentation détaillée des apports de
connaissances dont le travail est à l’origine ;
–
les perspectives d’ordre pratique.
1- Rappel des grandes lignes de la démarche
Pour remplir correctement sa fonction, ce rappel
comprendra les points suivants :
–
la présentation de la question de recherche,
soit la question de départ, dans sa dernière
formulation ;
–
une présentation des caractéristiques
principales du modèle d’analyse, en particulier des
hypothèses de recherche ;
–
une présentation du champ d’observation,
des méthodes mises en œuvre et des observations
effectuées ;
–
une comparaison des résultats attendus par
hypothèse et des résultats observés, ainsi qu’un
rappel des principales interprétations des écarts.
2- Nouveaux apports de connaissances
Un travail de recherche sociale est susceptible
d’apporter deux types de connaissances : de
nouvelles connaissances relatives à l’objet et de
nouvelles connaissances théoriques.
2.1- Nouvelles connaissances relatives à l’objet
Ces nouvelles connaissances portent sur le
phénomène en tant que tel. Il s’agit ici de mettre
en évidence en quoi la recherche a permis de
mieux connaître cet objet. Ces apports nouveaux
ont une double nature.
–
D’une part, ils s’ajoutent aux connaissances
antérieures relatives à l’objet d’analyse ;
–
D’autre part, ils nuancent, corrigent et, parfois
même, remettent en question les connaissances
antérieures.
Les nouvelles connaissances relatives à l’objet
sont donc celles que l’on peut mettre en évidence
en répondant aux deux questions suivantes :
–
Qu’est-ce que je sais de plus sur l’objet
d’analyse ?
–
Qu’est-ce que je sais d’autre sur cet objet ?
Plus le chercheur prend de la distance avec les
préjugés et de préoccupe de la problématique,
plus il y a de chance pour que son apport de
nouvelles connaissances relative à l’objet soit
d’ordre correctif.
2.2- Nouvelles connaissances théoriques
Pour approfondir sa connaissance d’un domaine
concret de la vie sociale, le chercheur a défini une
problématique et élaboré un modèle d’analyse
composé de concepts et d’hypothèses. Au fil de
son travail, non seulement ce domaine concret
s’est progressivement dévoilé mais, en même
temps, la pertinence de la problématique et du
modèle d’analyse a été mise à l’épreuve. Dès lors,
un travail de recherche doit normalement
permettre d’évaluer la problématique et le modèle
d’analyse qui l’ont sous-tendu.
3- Perspectives pratiques
Tout chercheur souhaite que son travail serve à
quelque chose mais en règle générale les liens
entre recherche et action ne sont pas immédiats.
Étapes et contenus
Message de remerciement
Nous tenons à vous remercier d’avoir lu notre rédaction
sur ‘’ la Méthodologie en Sociologie ‘’
Merci !