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Cours de méthodo en sociologie

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Cours intégral sur la méthodologie en sociologie

COURS : Méthodo en Sociologie Qui sommes nous ? Nous avons créé l’application pdf Méthodo en Sociologie pour aider des étudiants à entamer des recherches sociologiques. Nous relions des universitaires à ce cours considéré comme complexe et fondamental, que vous soyez un débutant ou que vous ayez toutes les connaissances sur la méthodologie en sociologie, notre application propose des outils et des astuces pour une bonne recherche sociologique approfondie. En un mot notre pdf aide des étudiants et tous les curieux qui souhaitent se lancer à l’étude des faits sociaux. Fabien Bekale Joyce Abessolo Objectif du cours Ce cours s’adressant à des étudiants qui terminent ou sont sur le point de commencer un cursus de premier cycle, le but est de confirmer et de développer les acquis méthodologiques et sachant commenter la recherche sociologique, qu’elle soit quantitative ou qualitative, ce qui n’est pas une simple addition de méthodes et de techniques isolées de la réflexion théorique mais bien d’une démarche intellectuelle global. Il s’agira dans un premier temps de permettre aux étudiants de se familiariser avec les étapes du processus de conception et de mise en œuvre d’un projet de recherche, et de connaitre les ressources et instruments offerts à la recherche sociologique tout au long de cette démarche. Le cours mettra les étudiants en face des problèmes concrets que rencontre un chercheur en sociologie de même que les exigences doivent être soumises, en s’appuyant sur de nombreux exemples réels. Dans un deuxième temps, et sur la base des acquis développés aux cours des premières séances, les étudiants seront invités à développer un devis de recherche à partir d’un sujet choisi par eux, qui sera le résultat d’une réflexion débutant très tôt dans la session. Objectifs particuliers . Présenter les différentes étapes méthodologiques d’un processus de recherche en sciences sociales et leur articulation; . Il s’agit d’une matière en apprentissage et en évaluation (selon les conventions et les normes de travail intellectuel académique); . Comprendre l’impact des méthodes de recherche sur les stratégies de connaissance des rapports sociaux; . Choisir le bon instrument méthodologique adapté à une problématique construite. Les sept étapes de la démarche scientifique Introduction Dans les sciences sociales, en général et en sociologie en particulier, le chercheur doit être capable de concevoir un dispositif d’élucidation du réel. Ce dispositif constitue la démarche sociologique. Un dispositif = un ensemble de moyens mis en œuvre dans un, mais déterminé. Elucider = expliquer ce qui est complexe, obscur, confus. Une démarche est une manière de progresser vers un but. Exposer la démarche consiste à décrire les principes fondamentaux à mettre en œuvre dans tout le travail de recherche. Les méthodes qui sont un ensemble organisé d’opérations intellectuelles en vue d’atteindre un objectif. Elles ne sont pas mises en forme, elles sont différentes de la démarche, elles sont différentes. Mais, cette adaptation n’est pas le chercheur de rester fidèle aux principes fondamentaux de la démarche scientifique. Le philosophe français Gaston Bachelard résume la démarche scientifique en quelques mots: » le fait scientifique est conquis, construit et constaté ». .Il est conquis sur (contre) les préjugés. Conquête porte sur les préjugés dont il faut se débarrasser. Il faut mener une lutte contre les préjugés et les évidences du sens commun; .Il est construit par la raison ou le raisonnement logique. Elaboration d’un cadre d’analyse; .Il est vu dans les faits. Mise en œuvre de procédures expérimentales. Tableau: Concordance de la dénomination des actes de la démarche méthodologique entre Bachelard, Bourdieu et al Dans le déroulement concret d’une recherche, les trois actes de la démarche scientifique sont réalisés au cours d’une succession d’opérations qui sont regroupés en sept étapes. N ° de l’acte Bachelard Bourdieu et al 1 Conquête Rupture 2 Construction Construction 3 Constatation Constatation Les sept étapes : .1-La question de départ. .2-L’exploration. .3-La problématique. .4-La construction du modèle d’analyse. .5-L’observation. .6-L’analyse des informations. .7-Les conclusions Etape 1: Question de départ Une recherche est un cheminement vers une meilleure connaissance et elle doit être acceptée comme tel, avec tout ce que cela implique d’errements, d’hésitations et d’incertitudes. Dès lors, le chercheur doit s’obliger à choisir rapidement un premier fil conducteur aussi clair que possible de sorte que son travail puisse débuter sans retard et se structurer avec cohérence. Autrement dit, la meilleure manière d’entamer un travail de recherche sociale consiste à s’efforcer d’énoncer le projet sous la forme d’une question de départ. En recherche, le secret de la réussite réside fréquemment dans la sélection d’une bonne question. Par cette question, le chercheur tente d’exprimer le plus exactement possible ce qu’il cherche à savoir, à élucider, à mieux comprendre. Selon Gaston Bachelard, « toute connaissance est une réponse à une question. S’il n’y a pas eu de question préalable, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi, rien n’est donné, tout est construit »[1] La question de départ sert donc de guide à la recherche. C’est le premier moyen de mise en œuvre d’une des dimensions essentielles de la démarche scientifique et de la construction de l’objet, c’est-à-dire la rupture avec les préjugés et les prénotions, donc avec le sens commun. La question de départ permet de cerner le problème particulier de recherche avec précision et d’en dessiner les contours. Le thème devient problème de recherche quand on formule une ou des questions sur ce thème. Une fois la question de recherche posée, on peut entreprendre son opérationnalisation, c’est-à-dire la concrétiser pour la rendre observable dans la réalité. ‘’Il n’y a pas de recherche sans questionnement’’[2], dira Michel BEAUD Exemple : Thème général : L’avortement en France Objet de recherche : La légalisation de l’avortement en 1974 Question de départ : Quels facteurs ont présidé au vote de la loi sur l’IGV (interruption volontaire de la grossesse) de 1974 ? On peut commencer son travail de recherche sans avoir la bonne question de départ. Certains étudiants sont dans l’illusion qu’il existe quelque part une bonne question de départ et faute de la découvrir tout à coup, perdent beaucoup de temps avant de travailler réellement. Afin d’éviter ce piège, il est préférable de parler de questionnement de départ composé de toutes les questions qui viennent à l’esprit et parmi lesquelles il faudra faire un tri. Une méthode de travailler le questionnement de départ consiste à lister toutes les questions qui se posent. Ensuite, il faut séparer les questions simples (réponses sur le terrain ou dans des ouvrages) des questions complexes auxquelles personne n’a de réponse satisfaisante a priori. La question de départ se trouve dans ces questions complexes. Aussi, bien souvent, à l’énoncé d’un sujet, de nombreuses questions viennent à l’esprit : évaluez l’intérêt sociologique de chacune d’elle et hiérarchisez-les de manière à clarifier le sens de votre recherche. Lorsque la question de départ aura émergé du questionnement (souvent après de nombreuses reformulations) il conviendra de tester ses qualités de clarté, de faisabilité, de pertinence (cf. l’ouvrage de J.P FRAGNIERE. Comment réussir un mémoire ?). Les critères d’une bonne question de départ Traduire un projet de recherche sous forme d’une question de départ n’est utile que si cette question est correctement formulée… Cela n’est pas forcément facile car une bonne question de départ doit remplir plusieurs conditions. En d’autres termes, pour remplir correctement sa fonction, la question de départ doit remplir au moins trois qualités : les qualités de clarté, de faisabilité et de pertinence. – Les qualités de clarté : Les qualités de clarté concernent essentiellement la précision (caractère de ce qui est précis : ni vague, ni confuse), la concision (qualité de ce qui concis c’est-à-dire qui s’exprime en peu de mots : pas trop longue), et l’univocité de dit d’un terme, un concept qui garde le même sens dans des emplois différents) dans la question de départ. Pour savoir que la question de départ ne prête pas à confusion, formulez-là ou posez-là à un petit groupe et évitez de faire des commentaires. Demandez à chacun de vous dire la manière qu’il a compris la question afin de savoir si le sens que chacun donne à la question converge. S’il y a trop de divergences, alors il faut reformuler la question. – Les qualités de faisabilité : (caractère de ce qui est faisable, réalisable, possible). Les qualités de faisabilité portent essentiellement sur le caractère réaliste et non du travail que la question de départ laisse entrevoir. Il s’agit de savoir si nous disposons des moyens humains et matériels pour mener l’étude. Pour réaliser un travail de recherche, nous avons besoin d’un certain nombre de choses parmi lesquelles nos connaissances, nos ressources : le temps et l’argent. – les qualités de pertinence : (vraie question, aborder l’étude de ce qui existe ou a existé et non celle de ce qui n’existe pas encore, avoir une intention compréhensive ou explicative et non moralisatrice ou philosophique). Il s’agit du registre explicatif et descriptif du sujet. Une question de départ est dite bonne quand elle est ouverte. Autrement dit, c’est une question qui donne lieu à une pluralité de réponses différentes et dont on n’est pas sûr d’une réponse toute faite. Une bonne question de départ devra éviter toute connotation morale. Elle cherchera non à juger mais bien à comprendre. Autres caractéristiques de la question de départ La question de départ oriente l’étape de l’exploration, notamment les lectures et les entretiens exploratoires. Elle permet au chercheur de ne pas s’égarer dans le choix des lectures car elle en est le fil conducteur. Aussi, c’est l’objectif de la recherche qui est énoncé sous la forme de question (de départ). Généralement, la question de départ se rapproche du titre et comporte trois éléments : – les variables investiguées : L’énoncé d’une question de départ doit exprimer une relation entre deux variables au moins. – le type de relation fonctionnelle avancée ; – et la population cible visée. La question de départ comporte le germe d’une hypothèse. En effet, très souvent, la formulation d’une question de départ ressemble à celle d’une hypothèse avec cette différence que l’hypothèse prend une forme affirmative alors que la question de départ prend une forme affirmative. Exemple : – Est-ce que la curiosité a un effet sur le changement d’attitude des élèves envers les sciences au niveau secondaire ? – L’égalité des chances devant l’enseignement a-t-elle tendance à décroitre dans les sociétés industrielles ? Souvent les étudiants ont de la difficulté à formuler une question de départ parce qu’ils n’ont pas identifié les variables et établir le type de relation fonctionnelle entre ces variables. NB : La question de départ commençant par ‘’comment’’ renvoie à la description du phénomène. A cette question on ne formule pas d’hypothèse. La description du phénomène permet tout simplement d’aider à expliquer celui-ci. La question de départ commençant par ‘’pourquoi’’ renvoie à l’explication du phénomène. C’est la question fondamentale et la plus importante car le rôle de la sociologie n’est pas de décrire, mais d’expliquer. A cette question, nous devons formuler une ou plusieurs hypothèses (compréhensive ou explicative). L’objectif est de comprendre, d’expliquer ou d’analyser et parfois d’établir un lien de causalité. Autrement dit, nous initions une recherche c’est-àdire une action en vue de découvrir quelque chose. Exemples de questions de départ célèbres tirées de l’ouvrage de Raymond BOUDON. L’inégalité des chances : la mobilité sociale dans les sociétés industrielles. Paris, A. Colin, 1973, Collection U : – L’égalité des chances devant l’enseignement a-t-elle tendance à décroitre dans les sociétés industrielles ? – Quelle est l’incidence de l’inégalité des chances devant l’enseignement sur la mobilité sociale ? La formulation de la question de départ La formulation de la question de recherche est un exercice qui peut se faire individuellement mais le plus souvent en groupe avec l’aide critique des collègues, d’amis, d’enseignants ou de chercheurs. C’est une question à retravailler jusqu’à l’obtention d’une formulation satisfaisante, correcte et moins critiquable. Pour ce faire, il faut d’abord : 1- formuler un projet de recherche[3] ; 2- tester cette question auprès de votre entourage (pour savoir si elle est bien formulée et comprise par tous) ; 3- vérifier si la question répond à toutes les conditions que l’on a précédemment énoncées : clarté, faisabilité, pertinence ; 4- reformuler la question le cas échéant. Pour formuler la question de départ, une connaissance minimale des théories propres à la discipline (Sociologie) est utile, car les théories, en fournissant certaines perspectives d’explication et de compréhension, assurent une première classification et une mise en ordre du problème. Les préalables à la pose ou la formulation de la question de départ dans le processus de la recherche Thème : Exemple : L’alcoolisme Sujet : Exemple : le travail d’accompagnement d’un bénéficiaire du RMI alccolodépendant Problème : Exemple : Dépendance et contrat Question : Exemple : Un alcoolodépendant est-il accessible à la notion de contrat ? L’identification d’un problème de recherche Selon F. S. C. Northrop (1959), « la science ne commence pas avec les faits et des hypothèses, mais avec un problème spécifique »[4]. Aussi, la construction d’un objet d’étude passe impérativement par l’identification préalable d’un problème de recherche. Par conséquent, avant de poser une question de départ, il faut d’abord identifier un problème de recherche. Autrement dit, il faut rencontrer et repérer une situation problématique. Le problème naît, dans la société, d’une tension, (d’un dysfonctionnement) entre l’événement et le cours jugé normal des choses. Cette tension est perçue par le sociologue lui-même ou portée à sa connaissance par un organe de ‘’commande’’ de recherche sociologique (puissance publique, entreprises privées, associations, groupes d’individus concernés par le problème, institution académique elle-même, etc.). Autrement dit, le point de départ d’une recherche réside souvent dans l’étonnement des chercheurs : les choses ne se passent pas comme elles devraient se passer. Par exemple, il y a chômage alors qu’« il devrait » y avoir plein emploi. Ou encore : les jeunes se droguent alors qu’ « ils devraient » s’occuper seulement de leurs études. Exemple : En 1989, il y avait plus de 3000 étudiants à l’UOB dont 97% étaient célibataires et 3% mariés. Ces étudiants avaient 27 ans en moyenne. Le véritable problème dans ce sujet est le célibat et non le mariage. C’est le célibat qui pose problème et non le mariage car la situation de marié est normale. Nous savons que dans la société africaine, le célibat est considéré comme une infirmité. Qu’est-ce qu’un problème de recherche ? Selon Pierre Bourdieu, la pertinence d’un problème s’opère à partir de ‘’l’écart entre une situation actuelle insatisfaisante et une situation souhaitable satisfaisante’’[5] De façon formelle, un problème se définit comme un écart ressenti (un manque, un vide) que l’on doit éliminer entre une situation actuelle insatisfaisante et une situation désirée ou souhaitable satisfaisante. Dans ce contexte, un problème de recherche est considéré comme étant un écart ou un manque à combler dans le domaine de nos connaissances entre ce que nous savons et que ce nous devrions ou désirons savoir sur le réel. Le problème s’exprime par un sentiment d’ignorance et par le désir de connaître, par la volonté d’en savoir plus en ce qui concerne le réel observable, par un questionnement. Autrement dit, il y a problème de recherche lorsqu’on prend conscience de la nécessité de combler certaines lacunes dans nos connaissances de la réalité. Ainsi, on peut se poser des questions sur les causes de la délinquance. Dans ce sujet, nous ne possédons qu’une certaine part de connaissances. La situation finale désirée est une connaissance de la réalité qui soit la plus complète et la plus vraie possible. NB : Un problème de recherche est une question posée à la réalité. Passer du ‘’problème social’’ au ‘’problème sociologique’’ Le sociologue travaille sur des faits sociologiques et non pas sur des faits de société. Il cherche à construire un fait social dans le but de l’étudier. Il faut dissocier problème social et problème sociologique. Tout problème social n’est pas un problème sociologique. Tout problème social ne fait pas l’objet d’une étude sociologique. Mais tout problème sociologique est au départ un problème social. Aussi, « lorsque la situation problématique a été repérée avec assez de précision, la première tâche du sociologue consiste à passer du ‘’problème social’’ au ‘’problème sociologique’’. Nombre de recherches sont boiteuses dès le départ parce que confusion a été faite entre ces deux niveaux de problématisation »[6]. « Le ‘’social’’ renvoie aux modes habituels d’attribution de sens par les acteurs vivant leurs existences normales. Le ‘’sociologique’’ résulte de la mise en perspective scientifique opérée par le chercheur agissant en tant que chercheur »[7] Le passage du problème social au problème sociologique s’opère par l’évaluation de ce problème. Cette évaluation peut être quantitative ou qualitative. Tout dépend de la nature du problème. a- Evaluation quantitative L’évaluation quantitative consiste à mesurer l’ampleur du problème. C’est la quantification qui permet au sociologue de savoir qu’un problème social est un problème est un problème sociologique. Exemple : En 1989, il y avait plus de 3000 étudiants à l’UOB dont 97% étaient célibataires et 3% mariés. Ces étudiants avaient 27 ans en moyenne. Le véritable problème dans ce sujet est le célibat et non le mariage. C’est le célibat qui pose problème et non le mariage car la situation de marié est normale. Nous savons que dans la société africaine, le célibat est considéré comme une infirmité. L’usage des statistiques, selon Durkheim, permet d’aller contre les intuitions premières. La statistique permet de mettre en évidence un fait social car elle dégage une possible régularité du domaine. La statistique permet de mettre en évidence la contrainte extérieure (l’influence qu’exerce la société sur l’individu qui finalement suit des règles à son insu). Les statistiques révèlent les faits qu’on ne voit pas. Pour connaître les faits sociaux, la statistique s’impose comme la méthode par excellence car elle seule peut les saisir dans leur globalité indépendamment des cas particuliers. De ce point de vue, un fait est social dès qu’il présente une régularité statistique. Nous montrons par là même que les faits sociaux ne sont pas réductibles à l’ensemble des actions individuelles. « Le fait social est par nature un fait statistique. Il est caractérisé par sa répétition. Pour connaître l’intensité d’une mode ou d’une coutume, par exemple, il faut autant que possible en mesurer la distribution ou la fréquence »[8] b- Evaluation qualitative Tous les problèmes sociaux ne peuvent être quantifiés (cf la quantophrénie de Sorokin). Mais on peut qualitativement évaluer l’ampleur d’un phénomène. En somme, dans la première étape, figurent les différentes opérations suivantes : – faire un constat (qu’est-ce que vous avez remarqué d’anormal ? Qu’est-ce qui a attiré votre attention ?) ; – Relever et poser le problème que la thématique retenue pose ; – Faire une description de la manifestation du phénomène ; – Montrer que le problème se pose avec acuité ; – Montrer que le phénomène est d’actualité ; – Poser la question de départ ; – Donner les objectifs de l’étude. NB : La question fixée au départ est malléable, elle n’est pas définitivement posée. Elle évoluera avec les lectures et les premiers entretiens. Elle évoluera aussi avec la problématique pour finalement être définitive. Etape 2: Exploration Introduction Dans la première étape, nous avons appris à formuler un projet de recherche sous la forme d’une question de départ appropriée, le premier fil conducteur d’une recherche. Maintenant, nous allons voir comment explorer le terrain pour concevoir une problématique de recherche. Comment s’y prendre pour atteindre une certaine qualité de l’information sur l’objet étudié et de trouver les meilleures manières de l’aborder. C’est l’objet de cette étape. Rôle et intérêt de la deuxième phase c’est-à-dire l’exploration L’exploration est l’étape qui prépare la conception d’une problématique. Elle est la transition entre la question de départ et la problématique. L’exploration joue un rôle primordial : la rupture d’avec la spéculation gratuite, les préjugés, les prénotions et les illusions de la transparence. Le travail exploratoire a pour fonction d’élargir les perspectives d’analyse, de prendre connaissance avec la pensée d’auteurs dont les recherches et les réflexions peuvent inspirer celles du chercheur, de mettre à jour les facettes du problème auxquelles il n’aurait sans doute pas pensé par lui- même et au bout du compte, d’opter pour une problématique appropriée. En gros, l’exploration permet de recueillir des informations. L’exploration est composée de deux parties : – les lectures ; – les entretiens exploratoires ou d’autres méthodes complémentaires appropriées. I- Les lectures. A- Rôle et intérêt des lectures ‘’Tout apprentissage scientifique commence par la lecture des autres’’[1]. En effet, lorsqu’un chercheur entame un travail de recherche, il peu probable que le sujet traité n’ait jamais été abordé par quelqu’un d’autre auparavant, au moins en partie ou indirectement. On a souvent l’impression qu’il n’y a rien sur le sujet, mais cette opinion résulte généralement d’une mauvaise information. Tout travail de recherche s’inscrit dans un continuum (ensemble d’objets ou éléments homogènes) et peut être situé dans ou par rapport à des courants de pensées qui le précèdent ou l’influencent. Il est donc normal que le chercheur prenne connaissance des travaux antérieurs qui portent sur des sujets comparables et qu’il soit explicite sur ce qui rapproche et sur ce qui distingue son propre thème de ces courant de pensées. Les lectures servent donc à s’informer des recherches déjà menées sur le thème de travail et à situer la nouvelle contribution envisagée par rapport à elles. Grâce aux lectures, le chercheur pourra en outre mettre en évidence la perspective qui lui paraît la plus pertinente pour aborder son objet de recherche. Les lectures visent à assurer la qualité du questionnement. Elles aident à faire le point sur les connaissances qui concernent la question de départ. Les lectures permettent de mettre en évidence les contenus des différents textes et de les comparer. Elles permettent de situer clairement son travail par rapport à des cadres conceptuels reconnus. Il est indispensable de prendre connaissance d’un minimum de travaux de référence sur le même thème ou, plus largement, sur des problématiques qui y sont liées. B- Le choix et l’organisation des lectures Généralement, l’étudiant qui entame un mémoire ne dispose pas du temps nécessaire pour aborder la lecture de dizaines d’ouvrages différents. De plus, la boulimie livresque est une très mauvaise manière d’entamer une recherche. Alors comment s’y prendre dans ces conditions ? Comment procéder ? Quels critères retenir ? Concrètement, il s’agira de sélectionner très soigneusement un petit nombre de lectures et de s’organiser pour en tirer le bénéfice maximum. 1- Les critères de choix des lectures Cinq (5) principes ou critères généraux soustendent le choix des lectures : Premier principe : Partir de la question de départ. Les lectures doivent avoir un lien avec la question de départ. Le meilleur moyen de ne pas s’égarer dans le choix des lectures consiste à avoir une bonne question de départ. Deuxième principe : Dimension raisonnable du programme de lecture. Il n’est pas nécessaire ou possible de tout lire sur un sujet car, dans une certaine mesure, les ouvrages ou articles de référence se répètent mutuellement et un lecteur assidu se rend vite compte de ces répétitions. Par conséquent, on s’orientera davantage vers les ouvrages qui présentent une réflexion de synthèse ou vers des articles de quelques dizaines de pages. Il est, en effet, préférable de lire de manière approfondie et critique quelques textes bien choisis que de lire superficiellement des milliers de pages. Troisième principe : Eléments d’analyse et d’interprétation. Rechercher dans la mesure du possible des documents dont les auteurs ne se contentent pas de présenter des données (données statistiques sans analyse) ou de fades descriptions prétendument objectives du phénomène étudié, mais qui comportent des éléments d’analyse et d’interprétation. Autrement dit, il est préférable de rechercher des textes d’analyse plutôt que des listes de chiffres qui ne veulent rien dire eux-mêmes. C’est ce type de texte qui stimule la réflexion critique et l’imagination du chercheur. Quatrième principe : Approches diversifiées (disciplinaire, par supports : ouvrages, revue, internet…) Veiller à recueillir des textes qui présentent des approches diversifiées du phénomène étudié afin de confronter les perspectives différentes. Ce souci doit inclure la prise en compte des textes plus théoriques qui présentent des modèles d’analyse susceptibles d’inspirer des hypothèses particulièrement intéressantes. Cinquième principe : Temps disponible pour la réflexion personnelle, les échanges de vue, l’écriture. La lecture doit être entrecoupée de périodes de réflexion personnelle, de débats et de discussion. Cette réflexion et ces échanges permettent de décider du contenu des prochaines lectures, quitte à corriger les orientations générales que l’on s’est fixées. 2- Où trouver les textes Avant de se ruer dans les bibliothèques, il est important de savoir ce que l’on cherche. Les bibliothèques de sciences sociales dignes de ce nom possèdent des milliers d’ouvrages. Il est vain d’espérer y découvrir, au hasard d’une promenade à travers les rayons ou d’un coup d’œil dans les fichiers, le livre idéal qui répond à vos attentes. Ici aussi, il faut une méthode de travail dont la première étape consiste à préciser le genre de texte recherché. Quatre idées peuvent aider à trouver facilement les textes qui conviennent sans y consacrer trop de temps. 1- Demander conseils à des spécialistes qui connaissent bien votre domaine de recherche : chercheurs, enseignants, responsables d’organisations, etc. Avant de vous adresser à eux, préparer avec précision votre demande d’information de sorte qu’ils vous comprennent immédiatement et puissent recommander ce qui, selon eux, vous convient le mieux. 2- Ne négligez pas les articles de revues, les dossiers de synthèses et les interviews des spécialistes publiés dans la presse, les publications d’organismes spécialisés et bien d’autres documents qui peuvent être précieux. 3- Les revues spécialisées de votre champ de recherche sont particulièrement intéressantes pour deux raisons. D’abord parce que leur contenu apporte soit des connaissances les plus récentes en la matière, soit un regard critique sur les connaissances antérieurement acquises. Dans l’un ou l’autre cas, les articles font souvent le point sur la question qu’ils traitent et citent alors des publications qui sont à prendre en considération. La seconde raison est que les revues publient des commentaires bibliographiques sur des ouvrages les plus récents grâce auxquels vous pourrez faire un choix de lecture judicieux. 4- Ne soyez pas vite effrayés par l’épaisseur de certains livres. Il n’est pas toujours indispensable de les lire entièrement. Consultez les tables de matières et les sommaires lorsqu’ils existent. Lisez les premières et les dernières lignes de chaque chapitre pour voir de quoi ils traitent. c- Comment lire ? L’objectif de la lecture est d’en tirer des idées pour son travail. Cela implique que le chercheur soit capable de faire apparaître ces idées, de les comprendre en profondeur et de les articuler entre elles de manière cohérente. Cet exercice peut présenter des difficultés majeures à certains étudiants. Pour progresser dans l’apprentissage de la lecture et pour en tirer profit, nous proposons d’adopter une méthode de lecture très stricte et précise au départ. Cette méthode comporte deux étapes indissociables : la mise en œuvre d’une grille de lecture et la rédaction d’un résumé. En somme, la revue de la littérature fait partie de toute recherche scientifique. On évite ainsi les termes inexacts, les thèmes imprécis, l’ignorance à propos de ce qui s’est fait précédemment et on ne gaspille pas son énergie en s’aventurant dans un thème sans savoir si le matériel nécessaire existe. La documentation disponible permet ainsi de s’alimenter à des définitions, à des façons de faire, à des façons de se conduire qui serviront tout au long de la démarche scientifique. Les lectures préalables donnent par conséquent plus d’assurance et permettent d’amorcer sa recherche sur un bon pied. II- Les entretiens exploratoires a- Rôle et importance des entretiens exploratoires Les entretiens exploratoires aident le chercheur à avoir un contact avec la réalité vécue par les acteurs sociaux. Ils complètent les lectures en permettant au chercheur de prendre conscience des aspects du problème auxquels il n’était pas forcément sensible au départ. Les entretiens exploratoires aident à constituer la problématique de recherche. Ils contribuent à découvrir les aspects à prendre en considération et élargissent ou rectifient le champ d’investigation des lectures. Ils visent à économiser les dépenses inutiles d’énergie et de temps en matière de lecture et de construction d’hypothèse et d’observation. Les entretiens exploratoires n’ont pas pour fonction de vérifier des hypothèses, ni de recueillir ou d’analyser des données précises, mais ils permettent de ne pas se lancer dans de faux problèmes, produits inconscients de nos préjugés et prénotions. Les divergences de points de vue entre interlocuteurs sont faciles à repérer. Pour remplir leur fonction de rupture avec les préjugés, les entretiens exploratoires doivent remplir certaines conditions qui sont présentées sous forme de réponses aux questions suivantes : – Avec qui est-il utile d’avoir un entretien ? – Comment y procéder ? b- Avec qui est-il possible d’avoir des entretiens ? Trois catégories de personnes peuvent être des interlocuteurs valables : 1- Les spécialistes scientifiques (enseignants, chercheurs spécialisés et experts) dans les domaines de recherche concernés par la question de départ (ou l’objet étudié). Ils peuvent nous aider à améliorer notre connaissance du terrain en nous exposant non seulement les résultats de leurs travaux mais aussi la démarche entreprise, les problèmes rencontrés et les écueils à éviter. 2- Les témoins privilégiés (professionnels). Il s’agit de personnes qui, par leur position, leur action ou leurs responsabilités, ont une bonne connaissance du problème. Exemple : Dans une étude sur les valeurs des jeunes, on peut rencontrer les jeunes responsables d’organisations de jeunesse aussi bien que des adultes (éducateurs, enseignants, prêtres, travailleurs sociaux) dont l’activité professionnelle les met en prise directe avec les problèmes de la jeunesse. 3- Le public (les personnes) directement concerné par l’étude. (Exemple précédent : les jeunes eux-mêmes). NB : Les entretiens avec les interlocuteurs de la 2e et 3e catégorie comportent les plus grands risques de déviation par illusion de la transparence. Engagés dans l’action, les uns et les autres sont généralement portés à expliquer leurs actions en les justifiant. Subjectivité, vision partielle et partiale sont inhérentes à ce genre d’entretien. Une bonne dose d’esprit critique est indispensable pour éviter les pièges qu’ils recèlent. c- Déroulement de l’entretien D’une manière générale, les méthodes très formelles et structurées telles que les enquêtes par questionnaire ou certaines techniques sophistiquées d’analyse de contenu conviennent moins bien pour le travail exploratoire que celles qui présentent une grande souplesse d’application comme les entretiens peu directifs ou les méthodes d’observation où un degré de liberté important est laissé à l’observateur. Le motif est simple : les entretiens exploratoires servent à ouvrir l’esprit, d’écouter et non de poser des questions précises, de découvrir des nouvelles manières de poser le problème et non de tester la validité de nos propres schémas. Le succès d’un entretien dépend de la manière dont fonctionne l’interaction entre les deux partenaires. Aussi, l’interviewer doit-il adopter un certain nombre d’attitudes : 1- L’interviewer (l’enquêteur, le chercheur) doit s’efforcer de poser le moins de questions possibles. L’excès de questions conduit toujours au même résultat : l’interviewé acquiert vite le sentiment qu’il lui tout simplement demandé de répondre à une série de questions précises et il se dispensera de communiquer le fond de sa pensée et de son expérience. Le chercheur fixe simplement à l’avance les thèmes à propos desquels il souhaite que son interlocuteur exprime le plus librement possible la richesse de son expérience ou le fond de sa pensée et de ses sentiments. 2- Même si l’interviewer doit faire un minimum d’intervention possible afin de recentrer le débat ou pour inciter l’interviewé à approfondir certains aspects particulièrement importants du thème abordé, l’interviewer doit s’efforcer de formuler ses interventions d’une manière aussi ouverte que possible. Au cours des entretiens exploratoires, il importe que l’interviewé puisse exprimer sa propre ‘’réalité’’ dans son langage, avec ses propres catégories conceptuelles et ses propres cadres de références. 3- L’interviewer doit s’abstenir de s’impliquer luimême dans le contenu de l’entretien, notamment en s’engageant dans le débat ou en prenant position à l’égard des positions du répondant. Même l’acquiescement doit être évité car, si l’interlocuteur s’y habitue et y prend goût, il interprétera par la suite toute attitude de réserve comme le signe d’une désapprobation. 4- Il faudrait veiller à ce que l’entretien se déroule dans un environnement et un contexte adéquats. Il est vain d’espérer un entretien approfondi et authentique s’il se déroule en présence d’autres personnes, dans un cadre bruyant et inconfortable où le téléphone sonne toutes les trente secondes ou encore lorsque le répondant ne cesse de consulter sa montre afin de ne pas manquer un rendez-vous. 5- Sur le plan technique, il est indispensable d’enregistrer les entretiens. III- Méthodes complémentaires Les entretiens exploratoires sont souvent accompagnés d’un travail d’observation ou d’analyse de documents. Ces méthodes d’exploration complémentaires aident le chercheur à avoir un contact avec la réalité vécue par les acteurs sociaux. Pendant l’observation, par exemple, le chercheur se sert d’une grille d’observation. La meilleure manière de s’y prendre consiste à noter systématiquement et aussi vite que possible dans un carnet de bord tous les phénomènes et les évènements observés ainsi que toutes les informations recueillies qui sont liées au thème de travail. Il est important de ne pas négliger d’observer et de noter les phénomènes, les événements et les informations apparemment anodins mais qui, mis en relation avec d’autres, peuvent se révéler de toute première importance. Conclusion Les lectures et entretiens exploratoires sont complémentaires et s’enrichissent mutuellement. Les lectures donnent un cadre aux entretiens exploratoires et ces derniers nous éclairent sur la pertinence de ce cadre. Les lectures et les entretiens exploratoires sont menés parallèlement. Entretiens, lectures et observations vont souvent de pair au cours d’un travail exploratoire. Dans les trois cas, les principes méthodologiques sont fondamentalement les mêmes : laisser courir son regard sans s’obstiner sur une piste unique, écouter autour de soi sans se contenter d’un seul message, chercher à discerner les dimensions essentielles du problème étudié, ses facettes les plus révélatrices et, par suite, les modes d’approche les plus éclairants. Au terme de l’étape exploratoire, le chercheur doit être amené à reformuler sa question de départ d’une manière qui tienne compte des enseignements de son travail exploratoire. Etape 3: Problématique Introduction La rupture continue et s’achève dans la construction. C’est la problématique qui constitue la charnière des deux premiers actes scientifiques : rupture et construction. Définition et rôle de la problématique La problématique est une composante essentielle dans le processus de la recherche. Elle est aussi importante que le cerveau ou le système nerveux pour un être humain ou que le poste de pilotage pour un avion de ligne. La problématique s’avère être une étape importante parce qu’elle donne à la recherche ses assises, son sens et, par conséquent, sa portée. La problématique est l’approche ou la perspective théorique que l’on décide d’adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. Elle doit donc être en relation avec la question de départ. En effet, c’est à la lumière de la problématique que la question de départ prendra le sens particulier et précis de sa forme définitive, ainsi que l’orientation spécifique dans laquelle on lui cherchera une réponse. Lorsque la question de départ n’a pas été précisée au préalable, le choix d’une problématique devient l’ultime occasion de la formuler correctement. Il y a donc interaction entre la question de départ, les lectures et la problématique. Autrement dit, selon Pierre Bourdieu, ‘’un objet de recherche, si parcellaire soit-il ne peut être défini et construit qu’en fonction d’une problématique théorique permettant de soustraire à une interrogation systématique des aspects de la réalité mis en relation par la question qui est posée’’ [1] L’élaboration d’une problématique Le chercheur doit passer par un certain nombre d’étapes pour spécifier une problématique. L’élaboration d’une problématique est une opération qui se fait en trois temps. 1er temps : Faire le point (Etat de la question, revue de la littérature, recension des écrits) Il faut d’abord faire le point sur le problème tel qu’il est posé par la question de départ et tel qu’il apparaît à travers les lectures et les entretiens exploratoires. Concrètement, cela consiste, d’une part, à repérer et à décrire les différents aspects ou dimensions du problème (sociologiques, psychologiques, économiques, politiques, institutionnelles, juridiques… etc.) et, d’autre part, à prendre en compte le vécu du problème par les principaux protagonistes : population, professionnels, hiérarchies, institutions, etc. Il faut faire le point sur les informations tirées de l’exploration : les problématiques existantes en élucidant leur caractéristique et en les comparant, les diverses approches et points de vue adoptés du problème, les liens ou les oppositions qui existent entre eux, le cadre ou l’orientation théorique auquel chacun se réfère implicitement ou explicitement. Cela revient à dire qu’il faut exploiter les lectures et les entretiens et montrer en quoi sa problématique est originale. En effet, selon Jean Ferdinand MBAH : ‘’faire la recherche à l’heure actuelle c’est chercher à nouveau, à examiner une seconde fois, plus attentivement, les thèmes et questions abordées antérieurement pour découvrir plus. Voilà donc posé le problème du bilan’’ [2] Henri Mendras ajoute : ‘’Le sociologue n’a pas la prétention de repenser la totalité d’un problème. Il veut garder les faits et en tirer des schémas d’analyse et interprétation. Pour ce faire, il commence par examiner les conclusions de ses devanciers qui ont étudié les mêmes faits ou des faits analogues. Et à partir de leurs conclusions, il cherche à aller plus loin avec des instruments d’analyse plus perfectionnés’’[3] Ainsi donc, point de départ de toute étude scientifique, les sources documentaires comportent des données préétablies ou existantes, très utiles à l’élaboration de la problématique. C’est une base incontournable dans la mesure où tout travail de recherche se rattache toujours par de multiples liens aux recherches antérieures sur le thème ou les thèmes voisins. En somme, l’état de la question est le compte rendu des informations connus sur un thème de recherche. 2e temps : Se donner une problématique Le choix d’une problématique se fait en fonction de l’orientation dessinée par la question de départ et des informations retirées des lectures et entretiens exploratoires. Choisir une problématique c’est opter pour un cadre théorique approprié [4] au problème et qu’on est susceptible de maîtriser suffisamment. Il s’agit d’inscrire son travail dans un des cadres théoriques existants, soit de concevoir une nouvelle problématique. Le deuxième point consiste tout simplement à ‘’construire sa problématique’’[5]. Choisir une problématique c’est à la fois définir exactement l’objet de la recherche et opter pour un mode d’approche de cet objet (l’analyse des causes, l’analyse des fonctions). Il est important de souligner que la problématique peut reposer sur une théorie, sur une méthode ou sur un objet de recherche. Se donner une problématique veut dire : 1- Soit de choisir l’orientation qui semble la plus pertinente. Ce qui revient à orienter son travail dans un des cadres théoriques découverts dans les lectures précédentes c’est-à-dire un cadre théorique préétabli. Dans ce cas, le travail à accomplir se réduira à exploiter intelligemment les outils théoriques existants. Le problème alors est de savoir dans quel cadre théorique il convient d’inscrire son travail. L’attitude la plus logique consiste à choisir celui qui semble le plus en rapport avec la question de départ et avec les informations retirées des entretiens exploratoires et des statistiques existantes. 2- Soit élaborer ou concevoir une orientation nouvelle qui transcende les précédentes. Cette phase de choix d’un cadre théorique est importante car ce dernier a deux fonctions : – Permettre de reformuler ou préciser sa question de départ. Reformuler la question de départ dans les termes propres à l’approche choisie et lui ouvrir les perspectives de réponse valables ne sont pas des opérations banales et négligeables. Même s’il s’agit d’une théorie connue, une reformulation explicite et cohérente de la problématique est indispensable. – Servir de fondement aux hypothèses sur lesquelles le chercheur constituera une réponse cohérente à cette question de départ. 3e temps : Expliciter sa problématique Expliciter sa problématique revient à reformuler la question de départ afin d’en faire la question centrale de la recherche. Expliciter sa problématique c’est décrire le cadre théorique dans lequel s’inscrit la démarche personnelle. C’est aussi expliciter le cadre conceptuel qui caractérise cette problématique. Il s’agit donc de préciser les concepts fondamentaux, les liens qu’ils ont entre eux et dessiner ainsi la structure conceptuelle qui va fonder les propositions qu’on s’élaborera en réponse à la question de départ. C’est ici que se fabrique le canevas sur lequel va s’édifier la construction du modèle d’analyse (Etape suivante). Lorsqu’on explicite sa problématique, on ne dispose pas souvent de tous les outils théoriques nécessaires et il faudra probablement procéder à quelques lectures complémentaires et que se dessinent les grandes lignes de cette construction qu’on appelle hypothèse générale ou directrice. NB : « Une problématique peut être conçue comme un ensemble de questions reliant des concepts se rapportant à une ou plusieurs théories sociologiques, que l’on confronte à une série de données empiriques produites par vous en mobilisant telle ou telle méthode »[6] Conclusion La problématique est conditionnée par les lectures et l’exploration qui, à son tour, dépendent de la question de départ. L’interaction entre question de départ, exploration et problématique est donc manifeste. Si ces étapes qui précèdent la construction ont été décomposées en étapes distinctes, c’est pour la clarté et non parce qu’elles sont réellement autonomes. Cadre théorique Elaborer une production de connaissance n’est pas chose facile. En effet, de nombreuses résistances s’y opposent et constituent alors ce que Gaston Bachelard appelle ‘’obstacles épistémologiques’’. C’est précisément contre les prénotions ou préjugés que le sociologue doit engager une lutte incessante s’il veut produire une connaissance scientifique c’est-à-dire une connaissance dont le statut épistémologique est avéré. L’une des recommandations à ce titre est pour le chercheur d’insérer sa réflexion dans un cadre théorique (théorie[7] ou paradigme[8]) afin de se servir des matériaux conceptuels et méthodologiques qui sont capables de lui permettre de réaliser sa rupture épistémologique. La description d’un phénomène étudié ne peut se passer d’un cadre théorique qui ordonne les données recueillies et leur donne une signification. « Toute théorie de recherche scientifique a le caractère d’un instrument de connaissance. Elle ne nous fait pas connaître une réalité concrète mais nous fournit les moyens et les instruments de travail intellectuel qui doivent nous permettre de connaître de manière scientifique » [9] Une théorie émet et énonce un ensemble de connaissances à base desquelles le scientifique fixe sa démarche empirique. La théorie sert de guide dans l’élaboration d’une recherche puisqu’elle propose une interprétation de la réalité. La théorie fournit un vocabulaire et des perspectives d’explication et de compréhension du problème de recherche. La théorie joue un rôle majeur dans la recherche. Elle sert de guide aux chercheurs dans l’élaboration de leur recherche car elle fournit une interprétation de la réalité. La théorie est à la recherche ce que la boussole est à l’explorateur. Toute discipline scientifique dispose de théories pour examiner son objet d’étude. Selon Ouellet (1982), une théorie prête à deux types d’utilisation : – La théorie assure une première clarification et une première mise en ordre du problème, en regard des réflexions déjà faites par les théoriciens. Elle peut donc aider à la précision du problème ; – La théorie suggère, par les déductions que ces propositions abstraites entraînent, un domaine à explorer ou un type de relations entre des phénomènes à étudier. Exemple : la théorie des classes sociales met l’accent sur l’analyse des rapports conflictuels entre certains groupes dans le société. Bref, se référer à une théorie en rapport avec son problème de recherche permet de le clarifier et de l’orienter. Etape 4: Modèle d’analyse Le modèle d’analyse constitue le prolongement naturel de la problématique en articulant sous une forme opérationnelle les repères et les pistes qui seront finalement retenus pour présider au travail d’observation et d’analyse. La construction du modèle d’analyse est conditionnée par la qualité du travail exploratoire. En effet, si les différents textes étudiés ont fait l’objet de lectures approfondies et des synthèses soignées, si elles ont été confrontées avec attention, si les entretiens exploratoires ont été exploités comme il se doit, alors le chercheur dispose normalement de nombreuses notes de travail qui l’aideront considérablement dans l’élaboration du modèle d’analyse. Au fur et à mesure de l’avancement du travail exploratoire, des concepts clés et des hypothèses majeures sortiront progressivement du lot, ainsi que les liens qu’il convient ou qu’il serait intéressant d’établir entre eux. Le modèle d’analyse se prépare en fait tout au long de la phase exploratoire.Toutefois, qu’est-ce qu’un modèle d’analyse ? Essai de définition du modèle d’analyse Le modèle d’analyse est un ensemble structuré et cohérent composé de concepts et d’hypothèses logiquement articulés les uns aux autres. Ce qui revient à dire que construire un modèle d’analyse consiste à élaborer un système cohérent de concepts et d’hypothèses opérationnels. La construction du modèle d’analyse comporte deux opérations : a- L’énonciation des hypothèses (construction des hypothèses) ; b- La conceptualisation ou la construction des concepts. L’hypothèse Exemples d’hypothèse 1- La déviance est fonction d’une mauvaise intériorisation des normes sociales. 2- La bonne gouvernance conditionne l’épanouissement intellectuel des individus. 3- La consommation des ménages croît avec le revenu. La notion d’hypothèse est liée à la méthode expérimentale. ‘’Il n’est d’observation ou d’expérimentation qui ne repose sur des hypothèses’’[1]. Autrement dit, un travail ne peut être considéré comme véritable recherche s’il ne se structure autour d’une ou plusieurs hypothèses. Quand elles ne sont pas explicites, elles sont implicites ou inconscientes. Ainsi donc, l’hypothèse se trouve au centre de la stratégie de la recherche. Toutefois, qu’est-ce qu’une hypothèse ? Essai de définition de l’hypothèse ‘’Une hypothèse, comme l’usage courant du terme l’indique, n’est pas une certitude : c’est une supposition, une simple vérité possible’’[2]. L’hypothèse est une proposition de réponse aux questions que le chercheur se pose. L’hypothèse est une réponse provisoire et relativement sommaire aux questions que le chercheur se pose. L’hypothèse est une réponse anticipée à la question de départ. L’hypothèse est une proposition provisoire, une présomption (supposition, prétention) qui demande à être vérifiée. L’hypothèse est une idée ou un ensemble d’idées qui sont une interprétation anticipée et rationnelle des résultats possibles de la recherche[3] ‘’L’hypothèse est une conception formulée, fondée sur des probabilités plus ou moins grandes, mais qui ne pourrait être considérée comme un savoir qu’à condition d’être vérifiée[4]. Autrement dit, l’hypothèse est un diagnostic posé par le chercheur selon son entendement qui doit être vérifié sur le terrain. ‘’L’hypothèse traduit par définition cet esprit de découverte qui caractérise tout travail scientifique. Le chercheur qui la formule dit en fait : je pense que c’est dans cette direction là qu’il faut chercher, que cette piste sera la plus féconde’’[5] Rôle et fonction de l’hypothèse (les caractéristiques de l’hypothèse) La fonction première de l’hypothèse est de préciser ou de créer les relations qui existent entre les variables étudiées, entre deux termes (qui, selon les cas, peuvent être des concepts ou des phénomènes) et de prévoir à l’aide de ces relations le genre de conclusions qui peuvent être déduites, d’expliquer et prédire le comportement des variables. L’hypothèse permet au chercheur d’envisager par anticipation les liens qui existent entre deux ou plusieurs phénomènes. C’est elle permet d’établir les implications, de créer des relations causales ou fonctionnelles en recherche. L’hypothèse sert de cadre de travail pour les conclusions. Pas d’hypothèse, pas de conclusions possibles. L’hypothèse permet des gains de temps pour l’explication du problème et donne la direction de la recherche. L’hypothèse procure à la recherche un fil conducteur particulièrement efficace qui, à partir du moment où elle est formulée, remplace la question de départ de cette fonction même si elle n’est pas entièrement oubliée. La suite du travail consistera, en effet, à tester les hypothèses en les confrontant à des données d’observation. L’hypothèse n’est pas une évidence mais elle guide le travail de recueil de données (l’investigation) et l’analyse de cellesci. Elle constitue le point d’origine d’un processus visant à confirmer ou à infirmer une assertion générale. Les hypothèses sont des critères de sélection des données. En effet, parmi l’infinité des données qu’un chercheur peut recueillir sur un sujet, l’hypothèse fournit le critère de sélection des données dites pertinentes, à savoir leur utilité pour tester l’hypothèse. Elle ‘’constitue le meilleur moyen de mener une recherche avec ordre et rigueur sans sacrifier l’esprit de découverte et de curiosité propre de tout effort intellectuel digne de ce nom’’[6]. L’hypothèse est à l’origine de la théorie. Elle devient donc un instrument de la théorie. En effet, l’hypothèse n’est pas le résumé ou la somme des données touchant à un évènement quelconque mais une affirmation permettant d’aller à la recherche d’explications. Quand elle est confirmée, elle devient un élément de la théorie. Construction des hypothèses La formulation ou la construction d’une hypothèse doit répondre à certaines exigences formelles. En effet, construire une hypothèse consiste non seulement à imaginer une relation entre deux termes ou deux variables isolées mais également à expliquer la logique des relations qui unissent les concepts évoqués dans la problématique. Aussi, la construction des hypothèses repose soit sur une procédure inductive (la construction par induction), soit sur un raisonnement de type déductif (la construction par déduction). C’est pourquoi on dit qu’une hypothèse peut être une invention de l’esprit ou une conception perceptuelle d’une réalité. a- La méthode hypothético-inductive Cette méthode produit des hypothèses empiriques ou induites car la construction part de l’observation. Ainsi, à partir des indicateurs, on construit des hypothèses. Autrement dit, on part du travail exploratoire pour construire un système de relations éclairant. Certaines hypothèses ne sont que des relations fondées sur des préjugés ou stéréotypes de la culture ambiante. Ces hypothèses correspondent au niveau zéro de la construction et, de ce fait, elles conduisent à une compréhension médiocre et déformée de la réalité sociale. De plus sont inutiles et dangereuses. Inutiles parce qu’elles sont généralement démenties dès lors que l’on mène des analyses systématiques et correctement construites. Produits inconscients des préjugés, elles n’apportent pas de nouveaux éléments de compréhension et de connaissance. Dangereuses parce qu’elles peuvent trouver confirmation au niveau des apparences et donner à l’erreur des allures de vérité scientifique. Elles consolident alors des idées simplistes et renforcent artificiellement certains clivages sociaux sur la base d’erreur d’analyse. b- La méthode hypothético-déductive Cette méthode produit des hypothèses déduites ou théoriques car on part d’un postulat ou d’un concept totalisant postulé comme modèle d’interprétation du phénomène étudié. Autrement dit, ces hypothèses sont le produit d’un raisonnement fondé sur un postulat (principe incontestable qui paraît légitime). C’est à partir de la problématique qu’on formule les hypothèses et le modèle d’analyse. Les critères d’évaluation d’une hypothèse Comment savoir qu’on a formulé une bonne hypothèse ? Les critères qui servent d’évaluer une hypothèse sont de deux ordres : les critères externes (la forme) et les critères internes (le fond). 1- L’hypothèse doit exprimer une relation entre deux ou plusieurs variables ; 2- L’hypothèse doit être vérifiable empiriquement c’est-à-dire soumise à l’épreuve de la réalité ; 3- L’hypothèse doit être rédigée en de termes simples et sans ambiguïté ; 4- Les concepts utilisés par l’hypothèse doivent être précis. L’hypothèse doit s’exprimer avec clarté, à l’aide de concepts qui peuvent faire l’objet d’une définition opératoire par l’intermédiaire de dimensions et d’indicateurs communément admis par tous ; 5- Les hypothèses doivent porter sur des phénomènes empiriquement observables ; 6- Chaque hypothèse doit être spécifique c’est-àdire distincte des autres ; 7- Les hypothèses doivent être écrites sous forme affirmative ; 8- L’hypothèse doit être écrite dans un langage scientifique. Tout chercheur doit être à mesure de comprendre l’hypothèse. Si elle est bien rédigée, un autre chercheur devrait être à mesure de la comprendre et être à même de reconstituer l’expérience. 9- On ne peut écrire l’hypothèse qu’une fois terminée la revue de la documentation, sinon on risque de perdre du temps si l’on ne peut vérifier empiriquement l’hypothèse. La conceptualisation ou la construction des concepts La conceptualisation constitue l’une des dimensions principales (ou encore l’une des opérations principales) de la construction du modèle d’analyse. Définition de la conceptualisation La conceptualisation est le fait de construire les concepts. Rôle de la conceptualisation Selon Quivy et Campenhoudt, la conceptualisation est plus qu’une simple définition ou convention terminologique. Elle constitue une construction abstraite qui vise à rendre compte du réel. A cet effet, elle ne tient pas compte de tous les aspects de la réalité concernée, mais seulement ce qui en exprime l’essentiel du point de vue du chercheur. Il s’agit donc d’une constructionsélection. Toutefois, qu’est-ce qu’un concept ? Les concepts Il y a plus d’un siècle, le positivisme logique avait fortement souligné les difficultés résultant de l’ambiguïté des concepts utilisés dans les sciences sociales. Actuellement encore, le vocabulaire de la psychologie, de l’anthropologie, de la sociologie et de leurs domaines connexes est loin d’avoir atteint l’univocité désirable. C’est dire qu’un même concept peut changer de sens suivant la façon dont il est considéré. Définition du concept Le concept est un mot ou groupe de mots exprimant une idée générale sur une chose. Il peut être défini comme une représentation intellectuelle d’un certain aspect de la réalité provenant de l’observation d’un phénomène ; c’est à la fois une généralisation et une abstraction d’une réalité empirique. Le concept est une représentation intellectuelle que l’on se fait de la réalité. Le concept est une construction mentale. C’est un résumé abstrait d’un ou plusieurs phénomènes observables. Rôle du concept Les concepts sont les principaux termes d’une hypothèse. Le concept réunit un certain nombre d’éléments sous un même vocable. Il conduit la réalité observable et trace la route qui mène à l’observation. Le concept rend compte du fait qu’un certain nombre de personnes ou de choses ont suffisamment de traits communs et de différences que d’autres catégories de personnes ou de choses pour qu’il soit possible de les regrouper sous la même appellation. Selon Madeleine Grawitz, ‘’Le concept n’est pas seulement une aide pour percevoir mais une façon de concevoir. Il organise la réalité en retenant les caractères distinctifs, significatifs des phénomènes. Il exerce un premier tri au milieu d’un flot d’impressions qui assaillent le chercheur’’. Madeleine Grawitz ajoute que le concept est un outil qui non seulement est un point de départ, mais également un moyen de désigner par abstraction, d’imaginer ce qui n’est pas perceptible au chercheur[7] La recherche sociale impose au chercheur, avant tout contact avec le terrain, de prendre soin de construire ses concepts en rapport avec le phénomène social à étudier. Pourquoi faut-il construire un concept ? Si un concept est une idée abstraite, un symbole qui n’est pas directement observable ou mesurable car complexe (ce qui veut dire que le concept complexe est moins accessible à l’observation directe), alors le chercheur doit inventer ou créer des moyens qui lui permettent d’adapter le concept à des fins d’investigation scientifique. Pour ce faire, il ajoute des dimensions et des indicateurs afin que le concept devienne opératoire. C’est cela construire un concept. En d’autres termes, construire un concept consiste d’abord à déterminer les dimensions qui le constituent et par lesquelles il rend compte de la réalité. Construire un concept, c’est ensuite en préciser les indicateurs grâce auxquels les dimensions pourront être mesurées. Ainsi donc, donc la conceptualisation ou la construction des concepts se fait en plusieurs opérations : a- Déterminer les dimensions ; b- Déterminer les composantes ; c- Préciser les indicateurs. Nature des concepts Il y a deux types de concepts : 1- les concepts simples Exemple : Concept : Vieillesse Dimension : Chronologique Indicateurs : âge (la date de naissance), les cheveux blancs et rares, le mauvais état de la denture, la peau ridée. 2- Les concepts complexes Ils nous obligent à décomposer les concepts en dimensions et chaque dimension en indicateurs. Les dimensions Définition d’une dimension Les dimensions sont les paliers intermédiaires entre le concept et les indicateurs. Ce sont les différentes manifestations d’un concept. Les dimensions sont les aspects de la réalité que couvre un concept. Elles font référence à différents niveaux de la réalité. Tout ce qui n’est pas observable, ni directement mesurable est de l’ordre des dimensions. Rôle et fonction des dimensions Les dimensions concrétisent le concept ou le précisent à partir de sa définition. Elles précisent les aspects ou les composantes du concept. Les dimensions assurent le passage du versant abstrait au versant concret de l’analyse conceptuelle. Les indicateurs Définition de l’indicateur Les indicateurs sont les traits, les signes tangibles et observables du concept ou de la dimension. Ce sont les éléments observables de la réalité. Ils sont les manifestations objectivement repérables et mesurables des dimensions du concept. Les indicateurs représentent l’aspect visible ou manifeste du concept ou de la dimension. En fait, ce sont des observations empiriques ou des données. Rôle et fonction de l’indicateur Bien souvent, en sciences sociales, les concepts et leurs dimensions ne sont pas exprimés en des termes directement observables. Or, dans le travail de recherche, la construction n’est pas une pure spéculation. Son objectif est de nous conduire au réel et de nous y confronter : c’est cela le rôle des indicateurs. Ils rendent le concept opérationnel. Ils permettent d’observer indirectement un concept sous ses manifestations concrètes. Les indicateurs permettent d’atteindre l’aspect concret de ce que l’on cherche. Les indicateurs permettent de vérifier une hypothèse. Associés à leurs indicateurs éventuels, les deux concepts d’une hypothèse sont présentés de telle sorte que l’on perçoit facilement le type d’information qu’il faudra récolter pour la tester. Remarques générales Un seul indicateur peut être trompeur, mais plusieurs indicateurs assurent la validation de la dimension. Autrement dit, c’est la pluralité des indicateurs qui assure une évaluation judicieuse de la dimension ou du concept auxquels ils se rapportent. Pour trouver les indicateurs de chaque dimension envisagée, il faut se poser à chaque fois la question suivante : Par quels signes observables dans la réalité vais-je retracer cette dimension ? Pour trouver les indicateurs, on fait appel à ses connaissances, à son expérience et à son intuition. Concept : Vieillesse Indicateurs : âge (la date de naissance), les cheveux blancs et rares, le mauvais état de la denture, la peau ridée. Les niveaux de conceptualisation (les méthodes ou les différentes façons de construire un concept) Il y a deux façons de construire les concepts ou deux niveaux de conceptualisation : 1- L’un est dit inductif et produit des concepts opératoires isolés ; 2- L’autre est dit déductif et produit des concepts systémiques. Ces deux types de concept se distinguent non seulement par la méthode de construction mais aussi par la qualité de rupture avec les préjugés. Le concept opératoire isolé a- La construction Un concept opératoire isolé est un concept construit empiriquement à partir d’observations directes et d’informations rassemblées par d’autres. C’est à travers les lectures et les entretiens exploratoires que l’on peut recueillir les éléments nécessaires à cette construction. Autrement dit, pour construire un concept opératoire isolé, on part des indicateurs que le réel nous présente, on sélectionne, on regroupe et on combine. b- Rupture Le concept opératoire isolé est doublement vulnérable par le fait qu’il est construit empiriquement. D’abord parce que dans l’induction, on part de ce que l’on perçoit avec l’œil et l’oreille de Monsieurtout-monde. On construit à partir des observations partielles et d’informations biaisées qui se présentent à nous. De plus, même lorsqu’elle est fondée sur la comparaison, la confrontation ou l’analyse critique, la construction est sujette aux influences de préjugés et schémas mentaux préconçus. Le concept systémique Pour construire un concept systémique, on commence à raisonner à partir d’un paradigme développé par les grands auteurs et dont l’efficacité a pu être testé empiriquement ; On situe le concept par rapport à d’autres concepts, ensuite, par déduction en chaîne, on dégage les dimensions, les composantes et les indicateurs. Le concept systémique n’est pas induit par l’expérience ; il est construit par raisonnement abstrait : déduction, analogie, opposition, implication… même s’il s’inspire forcément des objets réels et des connaissances acquises antérieurement sur ces objets. Dans la plupart des cas, ce travail abstrait s’articule à l’un ou l’autre cadre de pensée plus général que l’on appelle paradigme. Exemple : La construction du concept ‘’acteur social’’ peut s’inscrire dans le cadre du paradigme de la sociologie de l’action. Dans le cas des concepts systémiques, l’indicateur est une construction de l’esprit, une conséquence logique d’un raisonnement antérieur. Il ne représente plus un état des choses mais désigne une catégorie mentale à la quelle pourrait correspondre un fait, un signe qui est à découvrir et dont l’absence ou la présence prendra une signification. Conclusion Que l’on procède par méthode inductive ou déductive, la construction des concepts conduit toujours à opérer une sélection sur le réel. Le problème crucial de toute construction conceptuelle est celui de la qualité de la sélection. Ainsi, pour le concept systémique, la sélection est le produit d’une logique déductive et abstraite, ce qui est considéré comme la manière la plus apte à rompre avec les préjugés. Pour le concept opératoire isolé, la sélection repose aussi sur une construction, mais l’empirisme du procédé inductif le rend vulnérable aux préjugés. Le concept opératoire isolé se situe donc à michemin entre le concept systémique et les prénotions qui, loin de constituer des représentations mentales construites, ne sont que le produit inconscient des préjugés. La position intermédiaire des concepts opératoires isolés ne doit cependant pas nous conduire à les mépriser. Dans la recherche scientifique, on n’atteint pas d’emblée le niveau supérieur. C’est même plutôt rare. Le fait de passer du niveau des prénotions à celui des concepts opératoires isolés constitue déjà un progrès. Au lieu de présenter les concepts opératoires isolés et les concepts systémiques selon un schéma linéaire d’un rapport hiérarchique, il serait sans doute plus pertinent de les situer dans un rapport dialectique par lequel ils s’éclairent et se défient mutuellement pour faire progresser la connaissance scientifique. Car finalement ce qui fait la valeur d’un concept c’est sa capacité heuristique c’est-à-dire ce qu’il nous aide à comprendre et à découvrir, c’est le progrès de la science. Etape 5: Observation L’observation comprend l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse (constitué d’hypothèses et de concepts) est soumis à l’épreuve des faits, confronté à des données observables. L’observation est donc une étape intermédiaire entre la construction des concepts et des hypothèses d’une part et l’examen des données utilisées pour les tester. 1- Rôle de l’observation Au cours de cette phase, de nombreuses informations sont donc rassemblées en vue de leur analyse dans une phase ultérieure. Pour mener à bien l’observation, il faut pouvoir répondre aux trois questions suivantes : – Observer quoi ? – Observer sur qui ? – Comment ? 2- Observer quoi ? Les données pertinentes De quelles données un chercheur a-t-il besoin pour tester ses hypothèses ? Le chercheur a besoin des données qui sont définies par les indicateurs. Autrement dit, en sciences sociales, on ne rassemble que les données utiles à la vérification des hypothèses. Ces données nécessaires sont appelées les données pertinentes. En fait, dans la phase de l’observation, les hypothèses sont les guides et les indicateurs constituent les points de repère. Le meilleur et le seul moyen de définir aussi justement que possible les données pertinentes utiles au travail empirique consiste donc à élaborer un modèle d’analyse aussi clair, précis et explicite que possible. 3- Observer sur qui ? Le champ d’analyse et la sélection des unités d’observation 3.1- Le champ d’analyse Il ne suffit pas de savoir quels types de données devront être rassemblés. Il faut encore circonscrire le champ des analyses empiriques dans l’espace géographique et social et dans le temps. Autrement dit, pour éviter des malentendus et travailler sans se disperser, il est nécessaire de préciser explicitement les limites du champ d’analyse : période de temps prise en compte, zone géographique considérée, organisations et acteurs sur lesquels l’accent sera mis, etc. 3.2- L’échantillon Lorsqu’on a circonscrit son champ d’analyse, trois possibilités s’offrent au chercheur : il peut soit recueillir des données et faire finalement porter ses analyses sur la totalité de la population couverte par ce champ, soit se limiter à un échantillon représentatif de cette population, soit n’étudier que certaines composantes très typiques, bien que non strictement représentatives, de cette population. Le choix est en fait assez théorique car, le plus souvent, l’une des solutions s’impose naturelle, compte tenu des objectifs de la recherche. Première possibilité : Etudier la totalité de la population. Le mot ‘’population’’ doit être compris ici dans son sens le plus large, celui d’un ensemble d’éléments constituant un tout. Exemple : les élèves d’une école. Souvent cette formule est utilisée dans deux cas : soit lorsque la population considérée est très réduite et peut être étudiée entièrement en ellemême ; soit lorsqu’on besoin uniquement des données globales disponibles dans les statistiques (taux de suicide par exemple). Deuxième possibilité : Etudier un échantillon représentatif de la population. Cette formule s’impose lorsque deux conditions sont rassemblées : – Lorsque la population est très importante et qu’il faut récolter beaucoup de données pour chaque individu ou unité ; – Lorsque, sur les points qui intéressent le chercheur, il est important de recueillir une image globalement conforme à celle qui serait obtenue en interrogeant l’ensemble de la population, bref lorsque se pose un problème de représentativité. Troisième possibilité : Etudier des composantes non strictement représentatives mais caractéristiques de la population Cette formule est sans doute la plus courante. Lorsqu’un chercheur souhaite par exemple étudier la manière différenciée dont plusieurs journaux rendent compte de l’actualité économique, la meilleure solution consiste à analyser dans les détails quelques articles de ces différents journaux qui portent sur les mêmes évènements, de manière à procéder à des comparaisons significatives. Vouloir étudier tous les articles publiés est impossible et vouloir constituer un échantillon représentatif de l’ensemble des articles de chaque journal n’a guère de sens car les critères de représentativité seraient forcément très partiels et arbitraires. 4- Observer comment ? Les instruments d’observation et la collecte de données. Photo by cottonbro on Pexels.com Dans ce point, nous exposerons d’abord les principes d’élaboration des instruments d’observation. On traitera ensuite des différentes opérations qui font partie du travail de phase d’observation. 4.1- L’élaboration des instruments d’observation Cette phase du travail d’observation consiste à construire l’instrument capable de recueillir ou de produire l’information prescrite par les indicateurs. Cette opération ne se présente pas de la même façon selon qu’il s’agit d’une observation directe ou indirecte. 4.2- Les trois opérations de l’observation a- Concevoir l’instrument d’observation La première opération de la phase de l’observation consiste à concevoir un instrument capable de produire toutes les informations adéquates et nécessaires afin de tester les hypothèses. Cet instrument sera souvent mais pas obligatoirement, un questionnaire ou un guide d’entretien. Dans ces deux cas, leur mise au point requiert parfois une préenquête en complément de la phase exploratoire. Autrement dit, avant d’élaborer l’instrument d’observation, il faut passer par une opération préalable : la préenquête. Elle a pour fonction de nous révéler des indicateurs et de nous orienter dans le choix de l’instrument d’observation. Pour que cet instrument soit capable de produire l’information adéquate, il devra contenir des questions portant sur chacun des indicateurs retenus préalablement et atteindre le meilleur degré de précision dans la formulation de ces questions. Autrement dit, il faut rédiger des questions pour tous les indicateurs. Mais cette précision ne s’obtient pas du premier coup. La deuxième opération consiste dès lors à tester l’instrument d’observation. b- Tester l’instrument d’observation L’exigence de précision varie selon qu’il s’agit d’un questionnaire ou d’un guide d’entretien. En effet, même si le guide d’entretien est structuré, il reste dans les mains de l’enquêteur. Par contre, le questionnaire est souvent destiné à la personne interrogée ; il est lu et rempli par elle. Il est donc important que les questions soient claires et précises, c’est-à-dire formulées de telle sorte que tous les sujets interrogés les interprètent de la même manière. Outre l’exigence de précision, il faut encore que le sujet interrogé soit en état de donner la réponse, qu’il la connaisse et ne soit pas contraint ou enclin à la cacher. Pour s’assurer que les questions seront bien comprises et que les réponses correspondront bien aux informations recherchées, il est impératif de tester les questions. Cette opération consiste à les soumettre à un petit nombre de sujets appartenant aux différentes catégories d’individus composant l’échantillon. En ce qui concerne le guide d’entretien, les exigences sont différentes. C’est la façon de mener l’entretien qui doit être expérimentée autant, sinon davantage que les questions elles-mêmes qui sont contenues dans le guide. Le succès d’un entretien dépend bien sûr de la composition des questions mais aussi et surtout de la capacité de concentration et de l’habileté de l’enquêteur. Il est donc important de se tester. Cela peut se faire en enregistrant quelques entretiens et en écoutant comment ils sont menés. c- La collecte des données La troisième opération de la phase d’observation est la collecte des données. Celle-ci constitue la mise en œuvre de l’instrument d’observation. Cette opération consiste à recueillir ou à rassembler concrètement les informations prescrites auprès des personnes ou unités d’observation retenues dans l’échantillon. On procédera par observation directe ou par observation indirecte. L’observation directe On procédera par observation directe lorsque l’information recherchée est directement disponible. Le guide d’observation est alors destiné à l’observateur lui-même, non à un éventuel répondant. Dès lors, sa rédaction ne répond pas à des contraintes aussi précises que celles du questionnaire par exemple. L’observation directe est celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations, sans s’adresser aux sujets concernés. Elle fait directement appel à son sens de l’observation. Dans ce cas, l’observation porte sur tous les indicateurs pertinents prévus. Elle a comme support un guide d’observation qui est construit à partir de ces indicateurs et qui désigne les comportements à observer ; mais le chercheur enregistre directement les informations. Les sujets observés n’interviennent pas dans la production de l’information recherchée. Celle-ci est manifeste et prélevée directement sur eux par l’observateur. L’observation indirecte Dans l’observation indirecte, l’instrument d’observation est soit un questionnaire soit un guide d’entretien. L’un et l’autre ont comme fonction de produire ou d’enregistrer les informations requises par les hypothèses et prescrites par les indicateurs. Dans le cas de l’observation indirecte, le chercheur s’adresse au sujet pour obtenir l’information recherchée. En répondant aux questions, le sujet intervient dans la production de l’information. Celle-ci n’est pas prélevée directement et est donc moins objective. En fait il y a ici deux intermédiaires entre l’information recherchée et l’information obtenue : le sujet à qui le chercheur demande de répondre et instrument constitué des questions à poser. Ce sont là deux sources de déformations et d’erreurs qu’il faudra contrôler pour que l’information apportée ne soit pas faussée, volontairement ou non. L’observation directe, par questionnaire ou par guide d’entretien, doit vaincre la résistance naturelle ou l’inertie des individus. Il ne suffit pas de concevoir un bon instrument, il faut encore le mettre en œuvre de manière à obtenir un taux de réponses satisfaisant pour que l’analyse soit valable. Les gens sont pas forcément disposés à répondre, sauf s’ils y trouvent un avantage (parler un moment par exemple) ou s’ils pensent que leur avis peut aider à faire avancer les choses dans un domaine auquel ils attachent de l’importance. Le chercheur doit donc convaincre son interlocuteur. C’est pourquoi on évitera généralement d’envoyer un questionnaire par la poste et on le confiera volontiers à des enquêteurs, si le coût n’en est pas trop élevé. Le rôle de l’enquêteur est alors de créer chez les personnes interrogées une attitude favorable, le souci de répondre franchement aux questions et enfin de ramener un questionnaire correctement rempli. S’il s’agit d’un questionnaire envoyé par voie postale, il est important que la présentation du document ne soit pas dissuasive et qu’il soit accompagné d’une lettre d’introduction claire, concise et motivante. 5- Panorama des principales méthodes de recueil des informations Les principales techniques de recueil des informations : – Le questionnaire ; – L’entretien (l’interview) ; – L’observation (directe ou participante) ; – Le focus group ; – Le récit de vie ; – L’analyse de contenu ; – La recherche documentaire. Remarque générale : Aucune technique n’est meilleure, ni moins bonne qu’une autre. Tout dépend des objectifs de la recherche, du modèle d’analyse et des caractéristiques du champ d’analyse. Analyses des informations Etape 6: Le premier objectif de cette phase est la vérification empirique. Le deuxième objectif de cette deuxième phase est d’interpréter les faits inattendus, revoir ou affiner les hypothèses afin que, dans les conclusions, le chercheur soit en mesure de suggérer des améliorations de son modèle d’analyse ou de proposer des pistes de réflexion et de recherche pour l’avenir Après la phase d’observation, nous disposons des réponses aux questions relatives aux indicateurs et dimensions des concepts. Comment faut-il traiter ces réponses-informations pour pouvoir répondre à la question de départ ? L’analyse des informations est l’étape qui traite l’information obtenue par l’observation pour la présenter de manière à pouvoir comparer les résultats observés aux résultats attendus par l’hypothèse. Dans le scénario d’une analyse de données quantitatives, cette étape comprend trois opérations. Toutefois, les principes de la démarche peuvent en grande partie, être transposés à d’autres types de méthodes. 1- trois opérations de l’analyse des informations L’analyse des informations comprend trois opérations : – La description et la préparation des données nécessaires pour tester les hypothèses ; – L’analyse des relations entre les variables ; – La comparaison des résultats observés avec les résultats attendus par hypothèses. 1.1- La description et la préparation des données La description et la préparation des données visent à exprimer chacun des deux termes d’une hypothèse par une mesure précise afin de pouvoir examiner leur relation. Décrire les données d’une variable revient à en présenter la distribution à l’aide de tableau ou de graphiques, mais aussi à exprimer cette distribution à l’aide par une mesure synthétique. La première opération consiste à décrire les données. Cela revient, d’une part, à les présenter sous la forme requise par les variables impliquées dans les hypothèses et, d’autre part, à les présenter de manière à ce que les caractéristiques de ces variables soient bien mises en évidence par la description. 1.2- L’analyse des relations entre variables Les variables à mettre en relations sont celles qui correspondent aux termes de l’hypothèse. Il s’agit de mettre en évidence l’interdépendance, la corrélation ou le lien logique pouvant exister entre des variables. La deuxième opération consiste à mesurer les relations entre les variables, conformément à la manière dont les relations ont été prévues par des hypothèses. 1.3- La comparaison des résultats observés avec les résultats attendus et l’interprétation des écarts Chaque hypothèse élaborée lors de la phase de construction exprime les relations que l’on pense correctes et que devraient donc confirmer l’observation et l’analyse. Les résultats observés sont ceux qui résultent des opérations précédentes. C’est en comparant les résultats observés aux résultats attendus par l’hypothèse que l’on pourra tirer les conclusions. S’il divergence entre les résultats observés et les résultats attendus, ce qui n’est pas rare, il faudra soit examiner d’où viennent les écarts et chercher en quoi la réalité est différentes de ce qui était présumé au départ, soit élaborer de nouvelles hypothèses et, à partir d’une nouvelle analyse des données disponibles, examiner dans quelle mesure elles sont confirmées. Dans certains cas, il sera même nécessaire de compléter l’observation. La troisième opération consiste à comparer les relations observées aux relations théoriquement attendues par hypothèse et à mesurer l’écart entre les deux. Si l’écart est nul ou très faible, on pourra conclure que l’hypothèse est confirmée ; sinon il faudra examiner d’où vient l’écart et tirer des conclusions appropriées. 2- Panorama des principales techniques d’analyse des informations La plus grande partie des techniques d’analyse des informations relève de deux grandes catégories : – l’analyse statistique ; – l’analyse de contenu. Techniques de traitement de données Il y a interdépendance entre l’observation et l’analyse de données. NB : les méthodes de collecte de données et d’analyse de données sont le plus souvent complémentaires et doivent donc être choisies ensemble en fonction des objectifs et des hypothèses de travail. Si les enquêtes par questionnaires s’accompagnent de méthodes d’analyse quantitative, les méthodes d’entretien appellent habituellement des méthodes d’analyse de contenu qui sont souvent, mais pas obligatoirement, qualitatives. Les données à l’aide du questionnaire n’ont de sens que dans leur traitement strictement quantitatif qui consiste à comparer les catégories de réponses et à étudier leurs corrélations. Etape 7: Conclusion La conclusion d’un travail est une des parties que les lecteurs lisent généralement en premier. Grâce à cette lecture des quelques pages de conclusion, le lecteur pourra en effet se faire une idée de l’intérêt que la recherche présente pour lui, sans devoir lire l’ensemble du rapport. A partir de ce diagnostic rapide, il décidera de lire ou non le rapport tout entier ou, éventuellement, certaines de ces parties. Il convient donc de rédiger la conclusion avec beaucoup de soin et d’y faire apparaître les informations utiles aux lecteurs potentiels. La conclusion d’une recherche sociale comprendra souvent trois parties : – un rappel des grandes lignes de la démarche qui a été poursuivie ; – une présentation détaillée des apports de connaissances dont le travail est à l’origine ; – les perspectives d’ordre pratique. 1- Rappel des grandes lignes de la démarche Pour remplir correctement sa fonction, ce rappel comprendra les points suivants : – la présentation de la question de recherche, soit la question de départ, dans sa dernière formulation ; – une présentation des caractéristiques principales du modèle d’analyse, en particulier des hypothèses de recherche ; – une présentation du champ d’observation, des méthodes mises en œuvre et des observations effectuées ; – une comparaison des résultats attendus par hypothèse et des résultats observés, ainsi qu’un rappel des principales interprétations des écarts. 2- Nouveaux apports de connaissances Un travail de recherche sociale est susceptible d’apporter deux types de connaissances : de nouvelles connaissances relatives à l’objet et de nouvelles connaissances théoriques. 2.1- Nouvelles connaissances relatives à l’objet Ces nouvelles connaissances portent sur le phénomène en tant que tel. Il s’agit ici de mettre en évidence en quoi la recherche a permis de mieux connaître cet objet. Ces apports nouveaux ont une double nature. – D’une part, ils s’ajoutent aux connaissances antérieures relatives à l’objet d’analyse ; – D’autre part, ils nuancent, corrigent et, parfois même, remettent en question les connaissances antérieures. Les nouvelles connaissances relatives à l’objet sont donc celles que l’on peut mettre en évidence en répondant aux deux questions suivantes : – Qu’est-ce que je sais de plus sur l’objet d’analyse ? – Qu’est-ce que je sais d’autre sur cet objet ? Plus le chercheur prend de la distance avec les préjugés et de préoccupe de la problématique, plus il y a de chance pour que son apport de nouvelles connaissances relative à l’objet soit d’ordre correctif. 2.2- Nouvelles connaissances théoriques Pour approfondir sa connaissance d’un domaine concret de la vie sociale, le chercheur a défini une problématique et élaboré un modèle d’analyse composé de concepts et d’hypothèses. Au fil de son travail, non seulement ce domaine concret s’est progressivement dévoilé mais, en même temps, la pertinence de la problématique et du modèle d’analyse a été mise à l’épreuve. Dès lors, un travail de recherche doit normalement permettre d’évaluer la problématique et le modèle d’analyse qui l’ont sous-tendu. 3- Perspectives pratiques Tout chercheur souhaite que son travail serve à quelque chose mais en règle générale les liens entre recherche et action ne sont pas immédiats. Étapes et contenus Message de remerciement Nous tenons à vous remercier d’avoir lu notre rédaction sur ‘’ la Méthodologie en Sociologie ‘’ Merci !