Archéopages
Archéologie et société
44 | 2016
Terrains vagues
Vague terrain, terrain vague ?
Un espace ouvert au cœur du vicus de Diodurum
Abstract land, vacant land ? An open space in the heart of the Vicus of
Diodurum
¿Terreno vacío o terreno baldío? Un espacio abierto en pleno centro del vicus de
Diodurum
Olivier Blin
Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/archeopages/1434
DOI : 10.4000/archeopages.1434
ISSN : 2269-9872
Éditeur
INRAP - Institut national de recherches archéologiques préventives
Édition imprimée
Date de publication : 1 janvier 2016
Pagination : 20-25
ISSN : 1622-8545
Référence électronique
Olivier Blin, « Vague terrain, terrain vague ? », Archéopages [En ligne], 44 | 2016, mis en ligne le 01 juillet
2019, consulté le 06 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/archeopages/1434 ; DOI :
10.4000/archeopages.1434
© Inrap
Vague terrain, terrain vague ?
Un espace ouvert au cœur du vicus
de Jouars-Pontchartrain-Diodurum
Olivier Blin Inrap, Umr 7041, « ArScAn »
5
1
capitale de cité
Paris (Lutetia)
6
EBUROVICES
agglomération
secondaire
1
20
1. Jouars-PontchartrainDiodurum
PARISII
2. Vienne-en-Val
12
3. Pithiviers-le-Vieil
Chartres (Autricum)
4. Montbouy
5. Les Mureaux
6. Dreux
7. Alluyes
7
8. Sampuy
9
CARNUTES
9. La Môme
8
SENONS
14
10. Neung-sur-Beuvron
11. Thésée-Pouillé
3
12. Sénantes
13. Fréteval
Orléans (Cenabum)
CENOMANS
13
15
14. Allaines
4
15. Verdes
2
EDUENS
10
Tours
(Caesarodunum)
11
TURONS
BITURIGES
Bourges (Avaricum)
1. Limites admises de la cité
carnute avec les principales
agglomérations antiques
dont Jouars-PontchartrainDiodurum.
. Sur la question
des statuts des
agglomérations
de la Gaule romaine,
et spécifiquement
du vicus, voir
Dondin-Payre, 1999.
. Fouille réalisée dans
le cadre de la déviation
de la RN 12 sous la
direction d’Olivier Blin.
DOSSIER
21
Espace cultuel à géométrie variable :
espace sacré, espace déclassé
Lors des fouilles préventives menées en 1996,
un sanctuaire avec temple à cella centrale et galerie
périphérique au sein d’un péribole a été découvert.
La fouille a permis d’en décrypter les différents
états, depuis le début du ier siècle jusqu’au ive siècle
[ill. 3]. Ce secteur cultuel est situé en bordure de la
voie antique nord-sud et limite, contre celle-ci, un
quartier d’habitation dégagé à l’est du cours actuel
de la Mauldre. La limite sud de l’aire sacrée se
trouve hors emprise fouillée. Les niveaux les plus
anciens datent du règne d’Auguste, sans que l’on
puisse sans conteste rattacher les quelques fosses
et trous de poteaux découverts à une occupation
de nature cultuelle. Les restes du premier temple,
installés à leur emplacement, datent au plus tôt
du milieu du ier siècle [ill. 3a]. Il se trouve au centre
d’un vaste péribole comportant, au nord-est,
un bâtiment à deux nefs ou salles d’inégales
largeurs. Il est entièrement détruit et remplacé
in situ par un édifice plus grand dans le courant du
iiie siècle. Cette reconstruction coïncide avec
l’établissement d’un nouveau plan d’urbanisme
pour l’agglomération et en respecte les techniques
de construction, en particulier l’utilisation
exclusive de la meulière (Blin, 2000a).
La fonction religieuse de l’espace cultuel
disparaît dès le milieu du ive siècle ; mur de
péribole, temple et annexes sont mis en carrière
au plus tôt à la fin du ive siècle ou au début
du ve siècle. Réutilisant certains vestiges, des
habitats s’y installent alors, ce dont témoignent
plusieurs niveaux de sols, des constructions
sur poteaux de bois, les mobiliers céramiques
et nombre d’espèces monétaires, essentiellement
théodosiennes.
Lors du réaménagement du quartier au
iiie siècle, l’aire sacrée, qui se développait
initialement de manière plus importante vers le
nord, voit sa surface réduite. Un mur en meulière
vient en constituer la nouvelle clôture de ce côté.
Le bâtiment annexe est conservé bien que ne se
trouvant plus inscrit dans l’aire sacrée, impliquant
sans doute un changement d’usage dans la nouvelle
configuration du lieu. Le mur septentrional
de l’aire sacrée primitive qui vient s’y accrocher
est même reconstruit, indiquant ainsi la
permanence de cette limite. À son contact avec
la voie principale, un puits est alors creusé et
maçonné. Sa faible profondeur, qui n’offre pas
la possibilité d’atteindre la nappe phréatique,
permet de l’interpréter comme un puits de
récupération des eaux de pluie destiné au drainage
de la voie. Une petite rue en impasse est créée,
bordée par une série de petites boutiques appuyées
contre le nouveau mur de péribole [ill. 3c]. Cette rue
s’inscrit parfaitement dans le plan d’urbanisme
2017
Le vicus gallo-romain de Diodurum (JouarsPontchartrain, Yvelines) est situé dans la vallée
de la Mauldre, au carrefour de plusieurs voies
antiques bien reconnues (Blin, 2007)¹ [ill. 1].
Étape située d’après l’un des Itinéraires d’Antonin
à 15 lieues de Paris (Lutetia) et à 22 de Dreux
(Durocasses), sur l’une des routes menant à Rouen
(Rotomagus), son statut est attesté par un fragment
d’inscription découvert en 1997, dont un mot
complet, vicani, nous est parvenu (Bacon, 2000 ;
Blin, 2007). Les données archéologiques et photointerprétatives montrent que l’occupation du site
s’étend sur une surface d’environ 30 à 40 ha [ill. 2].
Une fouille de sauvetage réalisée de 1994 à 1998²
a permis d’en explorer 4 ha, soit près de 10 %
de sa surface. La durée d’occupation, du début
du ier siècle avant notre ère jusqu’aux ve-vie siècles,
la très bonne conservation des niveaux
archéologiques et un contexte humide en font
un site d’exception. L’agglomération gallo-romaine
est à placer au cœur du réseau des échanges
à moyenne et grande distance, dans la
problématique générale des agglomérations
dites « secondaires » (Favory, 2012).
Dans le cadre du colloque « Franges urbaines,
confins territoriaux ; la Gaule dans l’Empire »
(Besson et al., 2016), une première approche des
modalités d’occupation diachroniques du quartier
ouest du site, zone située en proche périphérie
de l’agglomération, avait été présentée (Blin, 2016).
Cet espace voit, au cours des siècles, des
transformations et des dynamiques qui illustrent,
sur la longue durée, la « fluidité » de ces secteurs
de transition, entre le cœur urbain et ses marges.
Nous proposions à cette occasion une redéfinition
morphologique de cette géographie d’adaptations,
de mutations, de changements de fonction ou
d’usage, qui renvoient, au moins pour une part,
au statut spécifique de ces zones. Nous suggérions
de substituer à la notion de « tissu urbain » celle
de « feutre urbain » pour définir ces secteurs
intermédiaires complexes qui se « dé-tissent »
et dont la réalité est floue, presque vague…
Nous voudrions ici revenir, toujours dans ce
secteur occidental du vicus, sur un espace
particulier, sommairement évoqué dans un travail
déjà ancien sur le sanctuaire occidental du site
(Blin, 2000b), mais sur lequel nous ne nous étions
pas précisément attardé. Un terrain « vide », qui,
lors de la fouille, avait attiré l’attention, mais pour
lequel les éléments recueillis n’avaient pas permis
de proposer d’interprétation fonctionnelle ou
de destination urbaine au sens propre. Cet exemple
n’a de valeur que monographique. Nous en
proposons une lecture qui se veut avant tout un
questionnement, dont la finalité est d’alimenter
la réflexion sur la lecture archéologique de ces
espaces « vides » que l’on retrouve assez
régulièrement dans les agglomérations antiques.
ARCHÉOPAGES 44
« Il y a un état vague, un manque qui
cherche à se combler, une absence vague,
qui toujours, statistiquement, rencontre
et invente une présence ».
Claude Roy (La Dérobée, Paris, Gallimard, 1968).
567.200
567.000
566.800
2
75
121.700
121.700
75
80
121.500
121.300
121.300
22
121.500
75
121.100
80
80
La M
auldr
e
121.100
1
2
3
567.000
566.800
120.900
La Mauldre :
1. lits antiques et médiévaux
2. canalisation cistercienne
3. lit actuel
1
friches et masses boisées
1
ferme d’Ythe (ferme cistercienne)
2 3
2 3
voirie Antiquité :
1. fouille
2. photo aérienne
3. restitution
voirie Antiquité tardive
et Moyen Âge :
1. fouille
2. photo aérienne
3. restitution
bâtiments et structures antiques
emprise des fouilles 1994-1998
emprise des sondages de
diagnostics 1989, 1990, 1995
0
m
200
2. Plan général du site d’après
les fouilles et les données
de l’archéologie aérienne.
Le rectangle rouge
correspond au secteur étudié.
3. Les différents états
du sanctuaire entre le Ier
et le IIIe siècle.
4. Restitution du sanctuaire
au IIIe siècle (par rapport au
plan, vue de l’est vers l’ouest)
avec, sur la droite, l’espace
correspondant à la partie
déclassée de l’aire sacrée
des Ier/IIe siècles (ici illustrée
comme « terrain vague »).
Deuxième moitié du iie siècle
3. b
fanum
DOSSIER
Début ier siècle - Début iie siècle
3. a
péribole
et bâtiments
iiie siècle
sanctuaire seconde moitié du ier siècle - début du iie sicèle
3. c
tracé de fossé début ier siècle
monument fin du ier siècle
constructions seconde moitié du iie siècle
« terrain vague »
premier état du second fanum
transformation du second fanum et du sanctuaire
nouvelle voirie
boutiques
0
m
30
23
mausolée ve siècle - début vie siècle
ARCHÉOPAGES 44
2017
4
24
du iiie siècle et se greffe directement sur la voie
principale. Il s’agit donc bien d’un espace public.
La partie « déclassée » de l’aire sacrée semble
donc être devenue un espace « ouvert », sorte
de « terrain vague » [ill. 4] selon la définition qui
en est souvent donnée, celle d’un espace dépourvu
de construction, sans destination définie, le plus
souvent à l’abandon³, celle aussi d’un espace
intermédiaire, souvent interstitiel (Nitsch, 2015).
Les analyses micromorphologiques et
carpologiques effectuées lors de la fouille
(Blin et al., 1999) ont en effet mis en évidence
un sol assez homogène de terre limoneuse
anthropisée cendreuse, peu végétalisée où l’on note
toutefois la présence ponctuelle de plantes
adventices. Aucune trace de clôture (poteaux,
palissade, mur…) n’était présente au contact
des rues et aucun autre aménagement de quelque
nature que ce soit n’a été reconnu sur l’ensemble
de sa surface ; ce n’est qu’à la fin du ve/début
du vie siècle qu’un mausolée mérovingien y sera
construit, mais dans une autre configuration
urbaine du quartier (Blin et al., 1998).
Changement d’espace, changement d’usage
Comment analyser cet espace « vide »
en bordure de la voie principale, partiellement
aménagé au contact du sanctuaire (impasse
et boutiques) et toujours clos, au nord et à l’est ?
Que devient, de ce côté, le bâtiment à deux nefs
dont on sait qu’il est toujours en fonction et, sans
doute, désormais desservi par l’impasse ? Daté
du iie siècle, construit en petit appareil calcaire de
très bonne facture, il se compose de deux vastes
salles rectangulaires, et s’apparente aux galeries
ou espaces d’accueil ou de réception comme il en
existe de nombreux exemples dans les sanctuaires
en Gaule romaine. Si une telle fonction peut
lui être reconnue au sein du péribole primitif,
que devient-il associé à un espace ouvert devenu
peut-être public ? Quel est alors son statut ?
Il est difficile de répondre à ces questions.
Les données archéologiques ne permettent
malheureusement pas de disposer d’éléments
probants. La présence de restes fauniques,
de fragments de céramique, de quelques objets
en fer et alliage cuivreux (fibules, anneaux et autres
petits objets), ne différencie pas le sol de cet espace
des couches d’occupation retrouvées par ailleurs
sur le site. Sans être une cour ni une place,
il semble bien s’agir d’une zone « vide », qui, peutêtre, conserve une dimension symbolique mais à
la fonction imprécise voire changeante. Il faudrait
aussi pouvoir apprécier (archéologiquement)
la mainmise administrative et politique, publique/
privée, sur ce type d’espace.
Espace « dégagé », « non construit » (est-il
cependant réellement non aménagé ? Si l’on se fie
aux données archéologiques, la réponse positive
s’impose), il peut s’agir à ce titre d’une aire
« réservée », qui n’exclut pas pour autant la
multifonctionnalité. Peut-être faut-il envisager
à cet égard une occupation variable, saisonnière
ou calendaire, en particulier lors des fêtes et des
cérémonies religieuses et cultuelles. Était-il destiné
à accueillir, pour de telles occasions, une
population particulière – et laquelle ? –,
éventuellement dans des abris non pérennes et
suffisamment légers pour ne pas avoir laissé de
traces évidentes ? Les boutiques installées le long
du nouveau péribole n’auraient-elles alors qu’une
fonction périodique, tout comme le bâtiment à
double nef déjà mentionné ?
Quelle que soit l’interprétation que l’on
retienne, il semble que son aménagement,
ou plutôt son « absence » d’aménagement, ait été
planifié lors des transformations urbaines qui
affectent l’agglomération au iiie siècle. Il ne nous
semble pas, en l’état des données disponibles, qu’il
s’agisse d’un espace « délaissé ». L’installation de la
ruelle en témoigne, comme la construction du mur
de limite nord et l’installation du puits en bord de
voie principale. Cet espace est donc un espace
« urbain », un espace « urbanisé » au sens du projet
qui a présidé à sa conception, un « terrain vague »,
structuré comme tel et structurant du point de vue
de la ville et de ses usages.
Ville par le « vide », « vide » par la ville
L’archéologie montre que la ville antique,
comme celle d’aujourd’hui d’ailleurs, est en
constante évolution. Changements d’usages,
mutations des espaces, transformations
des bâtiments, permanences, reconstructions,
composent un tissu urbain très peu figé,
à la malléabilité affirmée. Dans le cadre du site
qui nous occupe, non seulement, durant les trois
siècles du Haut-Empire, trois plans d’urbanisme
viennent restructurer l’ensemble du vicus, mais,
à l’échelle des quartiers, des îlots, des maisons,
ce sont, lorsque l’on réduit l’échelle d’observation,
de multiples transformations, quasi
générationnelles, qui apparaissent. Destruction,
abandon, reconstruction, naissance, renaissance
sont les mots clés des cycles de l’aménagement
urbain qui relève, sur le temps long et pour une
grande part, de l’éphémère.
Si l’on a tendance à « penser » la ville sous
l’angle du fait bâti, le « plein », il est plus difficile
de la concevoir sous celui du « vide », de
l’interstice, de l’absence, qui, si l’on s’y attarde,
représente pourtant une part non négligeable de
son emprise et de sa morphologie (Lévy, 2005 ;
Bruneau, 1995) : les places, les rues, les cours, les
allées, les jardins, les ambitus (passages ou ruelles
séparant les maisons), les « terrains vagues »
et autres espaces non bâtis, constituent – presque
paradoxalement – la véritable arête structurante
de l’espace bâti (au sens strict).
Les vides de la ville ouvrent le champ des
possibles puisque, par principe, ce sont des espaces
à investir dès lors qu’ils ne relèvent pas d’interdits,
de fonctions ou de statuts qui en limitent l’usage.
L’exemple présenté ci-dessus soulève cette
. Vague venant du latin
vacuus signifiant
l’absence : vide, vacant,
inoccupé…
Blin O., Moret-Auger F., Morin J.-M., Pissot V., 2001,
« Étude numismatique et stratigraphique
d’un secteur d’habitat de l’agglomération secondaire
antique de Jouars-Pontchartrain (Yvelines) ;
les phases tardives du iiie au milieu du ive siècle »,
in Ouzoulias P., Van Ossel P. (dir.), L’époque
romaine tardive en Île-de-France, 5, Paris,
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Burgio G., Blin O., 2005, « Les sépultures du haut
Moyen Âge du vicus antique de Diodurum
à Jouars-Pontchartrain (Yvelines). Données
anthropologiques, prétexte à un essai critique
sur la reconnaissance et la classification de
l’ostéoarthrose et du Diffuse Idiopathic Skeletal
Hyperostosis (DISH) en paléopathologie »,
Les Nouvelles de l’archéologie, 101, p. 15-23.
Dondin-Payre M., 1999, « Magistratures et
administration municipale dans les Trois Gaules »,
in Dondin-Payre M., Rapsaet-Charlier M.-T.
(dir.), Cités, Municipes, Colonies, Paris, Publications
de la Sorbonne, p. 127-230.
Favory F., 2012, « La dure condition des agglomérations
secondaires », Les Nouvelles de l’archéologie, 127,
p. 40-44.
Lévy A., 2005, « Formes urbaines et significations :
revisiter la morphologie urbaine »,
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Nitsch W., « Terrain vague : poétique des espaces
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contemporaine », Viatica [En ligne], n° 2,
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URL : http://viatica.univ-bpclermont.fr/ l-artdes-autres/varia/terrain-vague-poetique-desespaces-urbains-intermediaires-dans-la-litteraturefrancaise-contemporaine.
ARCHÉOPAGES 44
Références bibliographiques
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urbaines, confins territoriaux : la Gaule dans
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construction dans l’agglomération antique
de “La Ferme d’Ithe” (Diodurum) à JouarsPontchartrain (Yvelines), du ier au iiie siècle »,
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et de la Communication, p. 72-84.
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(dir.), Archéologie des sanctuaires en Gaule romaine,
Actes du colloque du 27 mai 1999, Saint-Étienne,
Université Jean-Monnet, p. 91-117.
Blin O., 2007, « L’agglomération antique de JouarsPontchartrain (Yvelines), Diodurum. Évolution
d’un vicus de la cité carnute », Revue du Nord,
Actes du colloque « Les villes du nord de la Gaule :
vingt ans de recherches nouvelles » (Maison de
la recherche, Centre HALMA, Université Charles
de Gaulle-Lille 3, 21-23 novembre 2002), p. 187-203.
Blin O., 2016, « Dynamique d’occupation et d’évolution
d’un secteur péri-urbain du vicus antique de
Diodurum (Jouars-Pontchartrain, Yvelines) »,
in Besson, Blin, Triboulot, 2016, p. 173-190.
Blin O. et al. (dir.), 1999, « Impact anthropique et
gestion du milieu durant l’Antiquité. L’approche
paléo-environnementale pluridisciplinaire du
site de “La Ferme d’Ithe” à Jouars-Pontchartrain
(Yvelines) », Les Nouvelles de l’archéologie, 78, p. 45-56.
Blin O., Guinchard P., Pissot V., 1998, « JouarsPontchartrain (Yvelines). Édifice funéraire de
“La Ferme d’Ithe”, Diodurum », in Duval N. (dir.),
Les premiers monuments chrétiens de la France. 3,
Ouest, Nord et Est, Paris, Picard, p. 219-226.
2017
25
Cet espace, vide de construction mais
probablement non vide d’occupation et non
vide de sens du point de vue urbain, va demeurer
sous cette forme bien après la fin de l’Antiquité.
L’occupation du vicus perdure en effet au moins
jusqu’au milieu du vie siècle et au-delà (Blin et al.,
2001). Le quartier occidental s’est transformé
dès la fin du ive siècle : fermeture puis destruction
et récupération du sanctuaire, abandon de
certaines rues, réduction, voire destruction,
d’une partie des habitations qui bordent la voie
principale nord-sud. Un habitat sur poteaux
se développe, respectant pour une part l’ancienne
trame urbaine. Les grands monuments sont mis
en carrière et des fours à chaux exploitent leurs
éléments d’architecture en calcaire.
À la fin du ve siècle, une église est construite
(Blin, Vanpeene, 2006). Quelques sépultures
mérovingiennes du début du vie siècle témoignent
d’une population occupant encore les lieux
(Burgio, Blin, 2005). C’est à ce moment qu’un
mausolée, recelant deux sarcophages, est construit,
en bord de voie, dans cet espace demeuré en l’état
(en tout cas vierge de toute construction)
jusque-là.
La ville et ses espaces se fabriquent aussi par
la résistance, ici résistance du vide, signe d’un état
qui par sa nature spécifique a eu la capacité de
traverser le temps.
DOSSIER
question et pose celle du changement d’état :
un espace clos, symbolique, fermé sur la ville,
devient espace ouvert sur celle-ci. C’est un « trou »
dans le tissu urbain et, s’il peut être taxé de
« vague », c’est, comme on l’a observé, surtout
par incapacité à définir précisément son statut
et sa fonction. Ce n’est ni une place ni un jardin,
ni une friche ou un espace abandonné, il ne semble
pas clos et l’on ne peut dire s’il est privé ou public.
Ce n’est pas non plus un espace de transition.
Toutefois, l’aménagement d’une ruelle,
de boutiques, montre qu’il s’inscrit bien dans
l’urbanisme du iiie siècle et qu’il relève de
la structure économique de la ville dont il est
alors un élément structurant.