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La «littera antiqua» á Milan, 1417–1439

Renaissance- und Humanistenhandschriften

La construction du Dôme de Milan commence en 1387 et on y trouve des architectes flamands. Consacrée en 1418 par le pape Martin V, la Cathédrale est l'un des exemples les plus importants du style gothique «flamboyant» au sud des Alpes. Cela indique qu'à Milan, au début du XVe siècle, les préférences artistiques et culturelles s'orientent vers l'Europe du Nord. Dans les manuscrits des vingt premières années du XVe siècle on emploie exclusivement l'écriture gothique qui continue, sans brusques changements, le style dominant à la fin du XlVe siècle. Chez les enlumineurs des modèles français et d'outremonts sont souvent imités. Le mouvement de l'humanisme, parti de Florence et déjà répandu dans la République de Venise, est encore étranger à Milan. Les livres de la bibliothèque du Pétrarque, conservés au Château de Pavie après la mort du poète, fournissaient des exemplaires pour les érudits et les bibliophiles, et ceux qu'on choisit comme modèles d'écriture sont en gothique livresque italienne claire et espacée. Nous pouvons voir quelques exemplaires parmi les livres que possédaient certains conseillers et secrétaires du duc de Milan. Zanino Ricci, de famille lombarde, était fils de Stefano Ricci (f 1426), secrétaire ducal 1. Il fût lui aussi un important personnage à la cour et conseiller du Duc de 1416 à 1428 2. Un manuscrit bien décoré lui appartenait (Ambr. S 41 sup.), où, à la fin (f. 33r), en écriture livresque différente de celle du copiste, on lit: Moralisphilosophie dialogus. Λία/eus de Modouetia et Zaninus (en haut, repété: Ζαηι'ηή, et quelques sentences 3. Les armes de famille (un aigle, et trois hérissons) sont peintes au bas du f.lr (Abb. 1).

Mirella Ferrari La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 (Abb. 1-7) La construction du Dôme de Milan commence en 1387 et on y trouve des architectes flamands. Consacrée en 1418 par le pape Martin V, la Cathédrale est l'un des exemples les plus importants du style gothique «flamboyant» au sud des Alpes. Cela indique qu'à Milan, au début du XVe siècle, les préférences artistiques et culturelles s'orientent vers l'Europe du Nord. Dans les manuscrits des vingt premières années du XVe siècle on emploie exclusivement l'écriture gothique qui continue, sans brusques changements, le style dominant à la fin du XlVe siècle. Chez les enlumineurs des modèles français et d'outremonts sont souvent imités. Le mouvement de l'humanisme, parti de Florence et déjà répandu dans la République de Venise, est encore étranger à Milan. Les livres de la bibliothèque du Pétrarque, conservés au Château de Pavie après la mort du poète, fournissaient des exemplaires pour les érudits et les bibliophiles, et ceux qu'on choisit comme modèles d'écriture sont en gothique livresque italienne claire et espacée. Nous pouvons voir quelques exemplaires parmi les livres que possédaient certains conseillers et secrétaires du duc de Milan. Zanino Ricci, de famille lombarde, était fils de Stefano Ricci (f 1426), secrétaire ducal1. Il fût lui aussi un important personnage à la cour et conseiller du Duc de 1416 à 14282. Un manuscrit bien décoré lui appartenait (Ambr. S 41 sup.), où, à la fin (f. 33r), en écriture livresque différente de celle du copiste, on lit: Moralisphilosophie dialogus. Λία/eus de Modouetia et Zaninus (en haut, repété: Ζαηι'ηή, et quelques sentences3. Les armes de famille (un aigle, et trois hérissons) sont peintes au bas du f.lr (Abb. 1). 1 RIS2, XX/1 (1952), 383. RIS2, XX/1, 352, 383-388; V. Zaccaria, L'epistolario di Pier Candido Decembrio, Rinascimento 3 (1952) 102; P. O. Kristeller, Iter Italicum, I, London-Leiden 1963, 251; M. F. Baroni, I cancellieri di Giovanni Maria e di Filippo Maria Visconti, Nuova Rivista Storica 50 (1966) 395-397, 422, 427; R. Fubini, Tra umanesimo e concilii, Studi Med. s. III, 7 (1966) 341; T. Foffano, Tra Padova, Parma e Pavia, Quad, per la storia dell'Unii·, di Padova 2 (1969) 35; D. Mazzuconi, Per una sistemazione dell'epistolario di Gasparino Barzizza, Italia Med. e Um. 20 (1977) 194, 218, 232-233, 240. 3 Parch., ff. I + 33, mm. 252 χ 182 (147 χ 95), 29 lignes longues. Reliure du XVe siècle, avec ais de bois nus. Parvenu à l'Ambrosiana en 1603, avec le fonds Ciceri. Kristeller, Iter, I, 312; R. Cipriani, Codici miniati dell'Ambrosiana, Vicenza 1968 (Fontes Ambrosiani, 40), 120. 2 14 Mirella Ferrari L'écriture du copiste est une belle gothique espacée, mais avec des abréviations, souvent des liaisons de boucles, et tironien, d avec haste oblique, r rond et droit, s en fin de mot rond (livresque et cursif). Le manuscrit contient le Moralis philosophie dyalogus d'Uberto Decembrio, personnage engagé dans la vie politique et culturelle de Milan dès 1390 environ, un des pionniers pour l'étude du grec, secrétaire ducal, tombé en disgrâce et emprisonné en 1415, père du célèbre Pier Candido 4 . Ce Dyalogus fut corrigé et limé par son auteur. La rédaction présentée par ce manuscrit n'est pas la rédaction finale, dont je ne connais qu'un exemplaire, préparé par ses fils, pour une édition globale de l'oeuvre paternelle (Ambr. Β 123 sup.)5. Nous sommes ici quelques années avant la mort d'Uberto, survenue en 1427 6 . Ce manuscrit est une copie au propre qui ne montre ni corrections ni remaniements. Il est donc opportun de le comparer à des autographes connus d'Uberto: en écriture courante, à savoir, un exemplaire de son œuvre la plus célèbre, la traduction latine du De república de Platon, exécutée avec l'aide de Manuel Chrysoloras avant 1403 (Ambr. Β 123 sup., ff. 132v-215v) 7 . Mais Uberto travailla aussi comme copiste d'auteurs classiques: Térence en 1400 (Oxford, Bodl. Rawlinson G 135)8; Virgile en 1417 (Madrid, Bibl. Nac., 18037), ce dernier écrit - dirait-on - dans le but de le vendre 9 : c'étaient, pour Uberto, les années de la disgrâce politique. Les affinités de style dans la facture, la mise en page, les signes de paragraphe, le décor, entre le Térence d'Oxford et l'Ambr. S 41 sup. sont telles qu'elles semblent dictées par une seule personne: Uberto doit avoir surveillé la bonne copie de son Dyalogus. Lié à l'écriture gothique et au goût nord-européen de l'enluminure on trouve un autre collectionneur de manuscrits fort chanceux et envié. C'est Giovanni Corvini d'Arezzo, qui s'établit à Milan, où il devint citoyen en 1408, secrétaire du Comte de Pavie, ensuite secrétaire ducal de 1412 à 1432; n o m m é comes palatinus par l'empereur 4 E. Garin, dans Storia di Milano, VI, Milano, Fondazione Treccani degli Alfieri, 1955, 566: Baroni, I cancellieri, 389-390. 5 D. Bottoni, I Decembrio e la traduzione della Repubblica di Platone, dans Vestigia. Studi in onore di Giuseppe Billanovicb, I, Roma 1984, 75-80. 6 Ambr. Β 123 sup., f. 79r; V. Zaccaria, Sulle opere di Pier Candido Decembrio, Rinascimento 7 (1956) 32. 7 Bottoni, I Decembrio, 75-80; et v. F. Adorno, liberti Decembris Prologus in Platone De República ..., dans Studi in onore di Antonio Corsane, Manduria 1970, 7 - 1 7 ; M. C. Ganguzza Billanovich, L'umanista Feltrino Antonio da Romagno, Firenze 1980, 29; L. Gualdo Rosa, Le traduzioni dal greco nella prima metà del '400, dans Hommage à Henry Bardon, Bruxelles 1985, 185. D'autres mss. avec oeuvres d'Uberto: L. Bertalot, Pier Candido Decembrio, der Verfasser von Pseudo-Boccaccios Compendium historiae Romanae, Zentralblatt für Bibliothekswesen 28 (1911) 75; Kristeller, Iter, I, 13, 25, 279, 312, 321, 328, 346, 359, 391, 428; II, 407, 435; III, 288; Ambr. G 7 suss. 8 O. Pacht - J . J . G. Alexander, Illuminated manuscripts in the Bodleian Library, Oxford, II, Oxford 1970, 72 nr. 685; Bottoni, I Decembrio, tav. I, 1. 9 A. Hobson, Manuscripts captured at Vitoria, dans Cultural aspects of the Renaissance. Essays in honour of P. 0. Kristeller, Manchester 1976, 489-491, 495-496. La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 15 Sigismond en 1418, il mourut en 143810. C'est à Milan qu'il commença à acheter des livres d'abord sans intérêts particuliers. Pendant les années 1409-1412, quand il était secrétaire du Comte de Pavie il acquit un exemplaire de s. Jérôme, EpistoLu (Rome, Casanatense 1888 [A.II.3]), s. XIV2, nord-italien, en gothique ronde, avec quelques modestes initiales ornées, qu'il obtint d'un propriétaire, dont le nom a été gratté. Au f.354v, de la main du copiste, mais presque effacé et repassé: Explicit corpus epistolarum beatissimi Ieronimi precipui doctoris ecclesie catholice et sic explicit totum volumen epistolarum suarum (add. d'autre main:) que sunt mei ... (deux mots grattés; add. d'autre main sur grattage et sur la ligne suivante:) Iohannis de Corvinis de Aretio secretarli illustrissimi domini Comitis Papié et Verone etc. domini". Peut-être possédait-il aussi un petit volume, livre scolaire lombard, du XlIIe siècle, Horace, Epistulae (Ambr. Ν 199 sup.), si les versus editi per Iohannem Corvinum (de Aretio, gratté) de eitis amore ad (suum Lelium ..., sur grattage), ajoutés au f.lv, sont autographes12. Pour la bibliothèque des Visconti il procura des textes: dans l'inventaire de 1426 Liber unus astrologie fut enregistré avec la note fuit positus in libraria per dominum Iohannem de Aretio die XVIIII decembris MCCCCXV..,13. On entre dans le plein de la culture des humanistes avec la première Décade de Tite-Live (Londres, BL, Sloane 2512), modeste manuscrit en papier du XlVe siècle, italien, avec note autographe du propriétaire en hexamètre: Posidet buru cretus Corvorum stirpe Iohannes. Il acheta ensuite un Boccace, De montibus, presque neuf, en élégante écriture gothique avec des enluminures francisantes (Crémone, Civ. 4, f.76v, Iohannis Corvinii emptus Mediolani)1*. Ce volume lui plut autant pour son texte que pour sa facture codicologique; et cela l'incita probablement à constituer une collection de textes semblables quant au format, à l'écriture et à l'enluminure. C'est peut-être alors qu'il commissionna la copie du recueil des géographes latins de Pétrarque, à laquelle il fit ajouter, par le même copiste, la comédie du Ve siècle Querulus sive Aulularia Plauti (Ambr. H 14 inf.)13. Corvini avait acheté son Boccace à Milan: donc après son arrivée 10 F. Argelati, Bibliotheca scriptorum Mediolanensium, II/2, Mediolani 1745, 1759-1761; E. Motta, Libri di casa Trivulzio, Como 1890, 24; C. Santoro, I Registri dell'Ufficio di Provvisione, Milano 1929, 532 nr. 53, 564 nr. 73; RIS2, XX/1, 351, 376-380; L. A. Panizza, Textual interpretation in Italy, 1350-1450, Journal of the Warburg and Courtauld Institutes 46 (1983) 52; R. Ricciardi, Corvini Giovanni, dans Diz. biogr. d. Italiani, 29, Roma 1983, 828-832; M. Ferrari, Fra i latini scriptores di Pier Candido Decembrio e biblioteche umanistiche milanesi, dans Vestigia. Studi... Billanovich, I, 282-288, 291-292. Une souscription autographe de Corvini dans Archivio di Stato di Milano ( = ASM), Visconteo, Atti extra dominium, cart. 9, doc. 1421 apr. 8. Documents qui le concernent: ASM, Notarile, cart. 285, doc. 1425 mars 2 et août 28; 1433 sept. 24; 1434 divers. Généalogie de la famille Corvini dans Ambr. S 144 inf., f. 241. " Parch., ff. 354, mm. 338 χ 240 (228 χ 160), 2 col. de 44 lignes; œuvre probablement de deux copistes. Je remercie M. François Dolbeau de m'avoir signalé ce manuscrit. 12 Ferrari, Fra i latini, 286-287. 13 E. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti et des Sforza ducs de Milan, Paris 1955, 23, 279 nr. 930. u Ferrari, Fra i latini, 285-286, tav. IV. " G. Billanovich, Dall'antica Ravenna alle biblioteche umanistiche, Aevum 30 (1956) 338-51. 16 Mirella Ferrari dans cette ville au début du XVe siècle. La copie du texte pseudo-plautin pourrait aussi avoir été executée à cette époque, et sans doute avant 1413-1414, comme nous l'apprend la correspondance de Niccolò Niccoli. Car, dans une lettre datable à ces années, la comédie est décrite comme une précieuse rareté, que Giovanni possédait avec d'autres manuscrits, anciens et ambitionnés16. Parmi ceux-ci, un second survit. Il s'agit de l'Ambr. C 212 inf., nord-italien, probablement s-XIV1, qui contient le texte complet de Palladius et le Carmen de insitione: le nom d'un membre de la famille Corvini du XVe-XVIe siècle est lisible au f.57r, en gothique affectée: Spectabiiis dominus Rizardus Villanus de Corviniis*1. Selon la suggestion de Michael Reeve, le manuscrit de Corvini avec Caton, De agri cultura, et Varron, Res rusticae, pourrait être identifié avec l'exemplaire qui se trouvait, en 1426, dans la bibliothèque des Visconti (Paris, B.N., lat.6482 A)18. On trouve mention dans les épistolaires d'humanistes encore de beaucoup d'autres manuscrits importants ayant appartenu à Corvini: Macrobe et AuluGelle, avec les citations grecques, recherchés par Guarino, et Cicéron, Ad Atticum, 'liber veterrimus·19. Corvini, peut-être à cause de son origine toscane, essayait d'entretenir des rapports avec les humanistes florentins. Il connut Poggio en 1414, lorsque ce dernier passait par Milan pour se rendre au concile de Constance. En 1417 Poggio lui envoya de Constance YInstitutio de Quintilien, texte integer, qu'il venait de découvrir20; cet exemplaire n'est pas identifiable. Soulignons que le concile de Constance est l'occasion de leur connaissance et de l'arrivée à Milan d'un manuscrit provenant de l'entourage des humanistes florentins. Corvini a également un rôle important dans la diffusion des oeuvres rhétoriques de Cicéron retrouvées à Lodi en 1421. Il envoya le De oratore à Guarino à Ferrare en 1422; en 1423 il apporta à Niccoli Orator et Brutus, au cours d'une ambassade milanaise à Florence21. La découverte de l'antique Codex Laudensis et l'abondance d'apographes, qui en furent tirés, semblent marquer l'avènement de l'écriture humanistique à Milan. Flavio Biondo, qui se trouvait à Milan en 1422, copia le Brutus (Vat.Ottob.lat. 1592)22. L'intérêt suscité par ce texte, et l'attention dont les milanais devaient se sentir l'objet de la part des milieux humanistes d'avant-garde, poussaient ceux-ci à s'aligner en adoptant l'écriture nouvelle - et certainement étrangère à la culture lombarde - qui 16 R. Sabbadini, Storia e critica di testi latini, Padova 19712, 313-316. " Parch., ff. II (papier) + 57 + 1, mm. 355 x 245 (260 Χ 170), 2 col. de 47 lignes, gothique ronde, avec initiale ornée; appartenu à Francesco Ciceri, entré à l'Ambrosiana en 1603. R. Sabbadini, Spogli ambrosiani latini, Studi ital. di filol. class. 11 (1903) 236-239; Cipriani, Codici miniati, 198; P. K.. Marshall, dans Texts and Transmission, ed. by L. D. Reynolds, Oxford 1983. 287. 18 Texts and Transmission, 40, 42. 19 Sabbadini, Storia e critica, 69, 73, 102, 186, 285-288, 313-329. 20 Sabbadini, Storia e critica, 284-288. 21 Sabbadini, Storia e critica, 97, 102, 320; P. Scarcia Piacentini, La tradizione laúdense di Cicerone, Rev. d'hist. des textes 11 (1981) 132; M. Winterbottom - R. H. Rouse - M. D. Reeve, dans Textsand Transmission, 107-108. 22 E. Pellegrin, Les manuscrits classiques latins de la Bibliothèque Vaticane. I, Paris 1975,625-626. La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 17 c o m m e n c e à paraître dans certains apographes milanais du Codex Laudensir23. Il semble que cet épisode a été déterminant pour faire adopter à Milan la littera antiqua dans les textes classiques. Dans le manuscrit où Flavio Biondo copia le Brutus, il copia également un autre texte, un tout nouveau petit traité d'un humaniste: Leonardo Bruni, De militia. Cet (Ouvrage connut lui aussi une rapide fortune à Milan, où on le recopia plusieurs fois en •écriture humanistique dans la première moitié du siècle 24 : datable entre 1426 et 1434, c'est le ms. de Vienne, Öst.Nat.-Bibl., 291, en littera antiqua à l'orthographe réformée, décoré dans le style du Maître des Vitae imperatomi. La bordure au f.lr porte en haut le monogramme IHS surmonté d'une croix, qui fut répandu à Milan par la prédication de s. Bernardin de Sienne en 1419, et qui fut employé couramment dans les livres d'origine milanaise 26 . Les armes au bas de la page sont celles d'Antonio Ricci, frère du dit Zanino. Il fut en 1425 lector extraordinaria iuris civilis à l'Université de Pavie, où il entra dans le Collège des juristes c o m m e iuris utriusque doctoren 1 4 3 2 " . C'est lui qui prononça Γ oratio nuptialis à l'occasion du mariage de Filippo Maria Visconti avec Marie de Savoie en 14282®. Lié aux milieux humanistes, il essaya de dénouer la querelle entre le Panormita et Antonio da Rho en 1430 29 . Le blason aux hérissons est celui de la famille, semblable à celui de son frère, mais avec les initiales AN et les insignes d'abbé (mytre et crosse): il devint en effet abbé de Saint-Ambroise de Milan en 1425 et garda le titre jusqu'à sa mort en 1434 30 . En 1431 l'empereur Sigis- 23 Les mss. Ambr. C 75 sup. et Par., B.N., lat. 7704 en sont deux exemples. Cf. G. Cencetti, Lineamenti di storia della scrittura latina, Bologna 1954-56, 276, 283; Scarda Piacentini, La tradizione, 126-129, 146. " H. M. Goldbrunner, Leonardo Brunis De militia, Quellen und Forschungen 46 (1966) 478-487. " H. J. Hermann, Die Handschriften und Inkunabeln der Italienischen Renaissance, 1, Leipzig 1930 (Beschreibendes Verzeichnis der Illuminierten Handschriften in Österreich, N. F. Vi), 29-31, tab. XVIII, 1. Dans la seconde moitié du XVe siècle le ms. passa à la bibliothèque des Augustins de S. Maria Incoronata de Milan: M. Ferrari, Un bibliotecario milanese del Quattrocento: Francesco della Croce, Ricerche storiche sulla Chiesa Ambrosiana 10 (1981) ( = Arch. Ambr., 42) 229, 242-243; L. Stefani, I codici miniati quattrocenteschi di S. Maria Incoronata, Arte Lombarda N. S. 61 (1982/1) 66. Aux 146 manuscrits et quelques incunables de S. Maria Incoronata décrits dans Un bibliotecario, 229-259, on ajoutera les mss. Ambr. A 117 inf., Β 14 inf., C 124 inf., L 56 sup., (L 65 sup.?), O 6 sup., et l'imprimé Ambr. S. R. 214. 26 E. Pellegrin, Manuscrits d'auteurs latins ... de Suède, Bull, d'information de l'IRHT4 (1955) 28. 27 R. Maiocchi, Codice diplomatico dell'Università di Pavia, II, Pavia 1913-15, 223 nr. 340, 224 nr. 343, 556. 28 E. Pellegrin, La bibliothèque des Visconti et des Sforza ducs de Milan, Supplément, Florence-Paris 1969, 36. 29 Pour ses relations culturelles, ses lettres et ses discours v. RIS2, XX/1, 388-389; V. Resta, L'epistolario del Panormita, Messina 1954, 156, 233; G. Balbi, L'epistolario di Iacopo Bracelli, Genova 1969, 55, 130-132; Foffano, Tra Padova, 34—35; Mazzuconi, Per una sistemazione, 188, 194-195, 240; Kristeller, Iter, I, 40 (Casale, Bibl. del Seminario, I b 20, ff. 63v-65v, oraison funèbre pour Bartolomeo Capra, n'est pas d'Antonio Ricci, mais de Girolamo Stella: M. Speroni, Il testamento di Bartolomeo Capra, Italia Med. e Um. 19, 1976, 211), 201, 348. 30 RIS2, XX/1, 388. La mort en 1434 résulte de J. Haller, Concilium Basiiiense, III, Basel 1900, 154-155; V, 97, comme Agostino Sottili me le signale gentiment. 18 Mirella Ferrari mond, couronné cette même année à Milan, le nomma comes palatinas*'. C'est peutêtre alors qu'Antonio ajouta à ses armes la devise omnes ignoscunt nemo succurrit et deux nouvelles insignes, anneaux et couronne comtale, témoignées dans un manuscrit de sa bibliothèque, qui serait ainsi postérieur à 1431: Cicéron, Orationes, avec accessus d'Antonio Loschi (Ambr. C 121 inf.)32. La devise et AN avec anneaux et couronne se retrouvent dans de nombreuses initiales décorées au cours du texte; la bordure du frontispice est peuplée de petits hérissons; au bas du feuillet le blason n'est plus discernable, car on l'a gratté, ainsi que la note de propriétaire du Ricci, au f. 344v, qui est toutefois encore lisible. Un signe de vente pourrait résulter d'une note hébraïque, en cursive ashkenazite du XVe siècle, sur le revers du plat postérieur, qu'on déchiffre en partie seulement: De Gandin Andrea /Be-'Alwayyôrvab (?)/ 'ed( = Vallée ... Urbach?, témoin)33. Le manuscrit appartint ensuite à Francesco Ciceri, qui parsema de notes les premiers feuillets, et arriva enfin à l'Ambrosiana en 1603. A côté des oeuvres rhétoriques contenues dans le Codex Laudensis, un autre texte de Cicéron semble avoir influencé de façon particulière l'emploi de l'écriture humanistique à Milan: les Ad familiares, découvertes à Verceil par le chancelier des Visconti Pasquino Capelli, qui furent copiées à Milan en 1392 pour Coluccio Salutati. Un exemplaire milanais datable aux environs de 1420-1440 est l'Ambr. A 233 inf., en papier, avec décoration lombarde traditionnelle. Le blason au bas du f. lr est gratté et refait, les initiales LO. sur le côté sont ajoutées; je ne saurais indiquer le propriétaire originaire3'*. L'écriture est milanaise à base gothique, mais avec des éléments humanistiques: et est écrit en deux lettres; s final est presque toujours long. Un exemplaire des Ad familiares (Oxford, Magdalen College, lat. 83) est, à ma connaissance, le premier manuscrit daté (1428) produit à Milan en humanistique ronde; il est attribuable à un atelier milanais qui exécute en série des volumes, en parchemin, d'auteurs latins classiques. Voici une parfaite séparation des lettres; a oncial; d, s droit; g en formes oscillantes (boucle inférieure fermée ou ouverte); ligature et; et en ligature; r droit qui descend parfois beaucoup sous la ligne; emploi de plusieurs abréviations: rum, quid, H = enim. Le manuscrit est daté, enfin, de 14 2 8 35 . Sa localisation à Milan est déductible du fait que le même copiste écrit deux autres manuscrits, non datés, mais milanais de par leur texte. Il s'agit de deux exemplaires de Quintilien, texte integer, qui sont apographes de l'exemplaire que Poggio avait envoyé à Giovanni Corvini et qui contiennent la lettre de Poggio à Corvini, racontant la découverte de 31 RIS2, XX/1, 388. " Cipriani, Codici miniati, 186; S. Rizzo, Catalogo dei codici della Pro Cluentio ciceroniana, Genova 1983, 73-74; M. D. Reeve, Before and after Poggio: some Mss. of Cicero's speeches, Ri ν. di filol. e d'istruz. class. 112 (1984) 279; M. Ferrari, dans Aevum 51 (1977) 400-401 (où j'ai identifié le AN possesseur des Vat. Ottob. lat. 1966 et Chigi H. V. 140 avec Antonio Ricci: erronément, puisque le blason y est tout autre). Au contraire, un des Ricci (Antonio, Zanino ?) possédait le ms. Oxford, Bodl. Canon. Class, lat. 231 (Pacht - Alexander, Illuminated MSS., II, 75 nr. 714). 33 Je remercie Möns. Pier Francesco Fumagalli d'avoir lu cette note. 34 E. Pellegrin, Notes sur divers manuscrits latins des bibliothèques de Milan, Bull, d'information de ¡'IRHT 7 (1958) 20; Cipriani, Codici miniati, 159. 35 A. G. Watson, Catalogue of dated and datable Manuscripts c. 435-1600 in Oxford Libraries, Oxford 1984, I, 137; II, PI. 334. La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 19 Quintilien36 L'un des deux (Londres, BL, Burney 243) se retrouve bientôt à Rome où il servira pour l'editto princeps en 1470. L'autre, Ambr. Β 153 sup., rubrique et décoré à Milan - les titres y sont en minuscule - , appartint à la famille milanaise des Barbavara37. De la bibliothèque des Barbava» provient également un autre manuscrit, de ce même copiste, selon l'identification de Mlle A.C. de la Mare, qui a eu l'obligeance de me le signaler; le texte est écrit, à plusieurs reprises, dans un style oscillant et contient un recueil d'oeuvres philosophiques de Cicéron: Académica posteriora, De finibus (Ambr. C 55 inf., ff. l-99) i e . Un autre sujet, que je ne traiterai pas ici, mais que je voudrais mentionner, est l'introduction de rhumanistique cursive à Milan, qui paraît remonter aux autographes de Modesto Decembrio, fils aîné d'Uberto. Il nous reste un texte, copié et signé par lui, en gothique cursive expérimentée, Cicéron, Orationes, de 1417 (Florence, Bibl.Naz. II.II.65, ff.41-125); au f.l24r le colophon: He vero novem (corr. ex decern) suprascripte orationes Tullii per M od es tum Decembrem properanter transcripte sunt Mediolani de mense augusti 1417". En 1426, entre juin et juillet, il copia Cicéron, Tusculanae, De natura deorum, De divinatione, De fato (Ambr. D 113 sup.); ff.60v et 109v, Mediolani M CCCC XXVI de mense iunii. Per M. Decembrem (propere, gratté); f.l57r, MCCCC ° XXVI de mense iullii in Medtolano per M. Decembrem propere*0. L'écriture employée ici est une humanistique cursive posée et régulière, avec titres et incipits en petite capitale, qui se détache fondamentalement de celle du Cicéron copié neuf ans auparavant C'est justement que Modesto a appris à écrire l'humanistique. De la biographie de Modesto on sait fort 3 6 Editée en demier lieu dans: Poggio Bracciolini, Lettere, II, a c. di H. Harth, Firenze 1984, 444-447 (où il faut corriger les cotes des mss. Ambr. et Burney). Dans l'Ambr. H 49 inf., f. 123r, recueil milanais préparé peu avant la moitié du XVe siècle, on lit la première partie de la lettre, avec le titre: Pogius Florentinas pj.d. Johann* Aretino viro claro, inc. «Licet inter varias occupationes tuas ...», expl., inachevé, »... permagna igitur habenda est gratia». Pour l'Ambr. H 49 inf.: Laurentii Valle Epistole, ed. O. Besomi - M. Regoliosi, Padova 1984, 46-47, 100, 131, 267. 37 Ferrari, Fra i latini, 278, 288-296. 3 8 Parch., ff. I + 121 + II; ff. 1-99, mm. 250 x 166 (150 x 90), 34 lignes longues; ff. 100-121, mm. 240 χ 165 (143 χ 95), 25 lignes longues, d'autre copiste, peut-être plus tardif, Cie. De Amicitia. F. lr, Est Rev. d.d. episcopi Terdonensis et Marcolini fratrum de Barbavariis; f. 121v, Liber d. Octaviani Barbavarfae) (m.s. XV-XVI); f. 2r, armes peintes des Barbavara, encadrées par FR (anciscus) (Barbavara, évêque de Tortona 1437-52). Initiales ornées. Appartenant à Francesco Ciceri avant d'être enregistré à l'Ambrosiana en 1604. Reliure, s. XV 2 , avec ais de bois couverts de cuir estampé. R. Sabbadini, Le scoperte dei codici latini e greci, I, Firenze 1967, 105; Cipriani, Codici miniati, 180. De la région milanaise vient peut-être encore un autre manuscrit, en humanistique ronde un peu courante, sans indication de lieu, mais daté de 1428 et souscrit par le copiste Antonius Belliardus, l'Ambr. R 1 sup., qui contient Cie. amie., senec., Parad., Somnium; Benvenuto da Imola, Liber Augustalis; Festus, Breviarium etc.; intéressante tentative d'imitation graphique d'une inscription romaine dans la titulatio de l'empereur Valentinien au f. 95r; Kristeller, Iter, I, 309. 3 9 Rizzo, Catalogo, 56-57; Reeve, Before and after Poggio, 276, 278-279. < 0 Sabbadini, Storia e critica, 132. 20 Mirella FerTari peu: il mourut en 1430, podestat de Castell'Arquato 41 . Il semble qu'il n'ait jamais quitté les domaines des Visconti, et il est difficile de comprendre où il a puisé les modèles pour élaborer son écriture: une hypothèse serait une rencontre avec Flavio Biondo, qu'il pourrait avoir vu au travail à Milan en 1422. J e laisse ouvert ce problème, et il suffit de l'avoir mentionné, car le personnage de Modesto est encore à étudier. J'essayerai de donner ici une liste de ses autographes, dans les deux styles, gothique et humanistique, mais toujours en cursive. On peut faire un rapprochement entre l'écriture du ms. Florence, Bibl. Naz., II.II.65, daté et signé, et celle de l'Ambr. Β 123 sup., ff.Ir—72r: on y reconnaît la même main, la main gothique de Modesto, et il y a probablement moins de dix ans entre les deux. Dans le ms. de l'Ambrosiana, qui contient Pétrarque, Seniles, les titres et les corrections au texte sont de la main d'Uberto Decembrio, qui donc corrigea le travail de son fils (Abb. 2). Sans date ni souscription, mais dans la même humanistique cursive que l'Ambr. D 113 sup., on a deux cahiers, contenant des traductions du grec de Leonardo Bruni (Ambr. R 88 sup., ff. 86r-97r) 4 2 . Mais surtout il nous reste une édition de quelques unes des œuvres de son père Uberto, préparée probablement entre 1427 et 1430, c'est à dire entre la mort de son père et la sienne: car on n'y décèle aucune trace de la main d'Uberto. Il s'agit de l'Ambr. Β 123 sup., ff. 80r-103r, Uberti Decembri De república libri quattuor;íi. 104r-117v, Moralisphilosophie dyalogi libri duo; ff. 120r-125v, Ad Alodestum filium de modestia liber. Chaque œuvre a été exécutée séparément, comme le montre l'organisation des cahiers. Ensuite elles ont été rassemblées, avec les Seniles de Pétrarque, par Pier Candido Decembrio. Pier Candido avait l'intention de composer un grand manuscrit témoignant de l'activité de son père: il rassembla en effet même la traduction de Platon, De re publica, autographe d'Uberto, et le dossier de sa correspondance. Pier Candido copia ce dernier à plusieurs reprises à la fin du manuscrit, et on voit que sa recherche des documents dura longtemps; il compléta le recueil avec épitaphes, index, et les notes obituaires de la famille (f. 131r) 43 . On a déjà cité le Moralis philosophie dyalogus, dont l'Ambr. S 41 sup. est une bonne copie exécutée plusieurs années auparavant et passée à la bibliothèque de Zanino Ricci. La dernière rédaction nous est présentée par l'Ambr. Β 123 sup. Mais c'est un texte stratifié: on le voit in fieri, plein de grattages et de corrections, qui entraînent des changements stylistiques. Ici le texte, écrit de première main, est déjà élaboré, du point de vue stylistique, par rapport à l'exemplaire précédent. L'orthographe y est rigoureusement réformée {nihil, mihi, emploi de y rectifié: cf. Ambr. S 41 sup.); bref, la langue aussi a évolué en humanistique, comme l'écriture, qui semble se rapprocher des modèles florentins, avec ligature et, titres en petite capitale, initiales décorées à l'encre ocre recouvertes en jaune (Abb. 3). Ambr. Β 123 sup., f. 131 r; E. Garin, dans Storia di Milano, VI, 563; Sabbadini, Storia e critica. 131-132. 41 42 Kristeller, Iter, I, 340. Kristeller, Iter, I, 328; M. Ferrari, Dalle antiche biblioteche domenicane a Milano, Ricerche storiche sulla Chiesa Ambrosiana 8 (1978-1979) ( = Arch. Ambr., 35), 183-186; Bottoni, I Decembrio, 7 3 - 8 0 . 43 La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 21 Il existe donc à Milan un emploi de l'humanistique, ronde et cursive, entre 1422 et 1430 environ. Mais il s'agit d'un emploi absolument limité à des textes d'auteurs classiques ou humanistes, et non généralisé, non obligatoire, pas même dans ce domaine. Un changement radical est introduit par le concile de Bâle où est présent un groupe de prélats lombards. C'est là que naît un très vif intérêt pour les œuvres des pères de l'Eglise, que l'on considère comme une source de droit ecclésiastique: une sorte de repêchage intégral comparable à celui des auteurs classiques dans les milieux des humanistes. On y trouve Antonio Ricci, abbé de Saint-Ambroise déjà mentionné et bras droit de l'archevêque Bartolomeo Capra; dans l'ombre du vieux cardinal Branda Castiglioni, son commerualis Francesco della Croce, primicerias de l'Eglise de Milan depuis 1429"; Bartolomeo Visconti, évêque de Novare (1429-57); Francesco Pizolpasso, évêque de Pavie (1427-35), puis archevêque de Milan (1435-43)4'. Ce sont là des personnages qui s'intéressent à la culture littéraire classique. Bartolomeo Visconti, né à Pavie, évêque de Novare, se procura pendant les années antérieures à son épiscopat Cicéron, De officiis (Ambr. E 67 sup.), tirant le texte de l'exemplaire que possédait Guiniforte Barzizza, pour qui il avait une grande admiration46. Mlle Pellegrin a reconstruit la bibliothèque qui lui a appartenu: elle comprend deux copies de Suétone, datées respectivement 1434 et 1444 (Madrid, Bibl. Nac., Vitr. 16-2; Milan, Triv. 696), des oeuvres d'historiens latins, Cicéron, Papias, Lactance47; et un Grégoire le Grand, Dialogi, daté 1444". L'Ambr. H 74 sup. a une histoire plus compliquée (Abb. 4). Au bas du f. lv figurent les armes de Bartolomeo: écu à la guivre des Visconti surmonté de la mitre, avec les initiales b a. Le blason n'est pas peint par l'enlumineur qui a exécuté l'initiale en haut de la page, pas même que les autres ini- 44 G. De Sandre Gasparini, Uno studio sull'episcopato padovano di Pietro Barozzi (1487-1507), Ri ν. di storia d. Chiesa in Italia 34 (1980) 92-93; A. Ganda, La prima edizione del messale ambrosiano (1475), La Bibliofilia 83 (1981) 101-102; Ferrari, Un bibliotetecario, 175-270; C. Piana, Un processo svolto a Milano nel 1441, dans Atti del Simposio internazionale cateriniano-bernardiniano, Siena 17-20 apr. 1980, a c. di D. Maffei, Siena 1982, 757, 764, 776; F. Petmcci Nardelli, L'incoronazione di Sigismondo a Milano nel 1431, Ricerche storiche sulla Chiesa Ambrosiana 12 (1983) ( = Arch. Ambr., 51), 227-236; L. Besozzi, La .Matricula» delle famiglie nobili di Milano e Carlo Borromeo, Arch. stor. lomb. s. XI, vol. 1, 110 (1984) 283, 311-312, 321, 322, 324, 325, 327. Une copie de son traite De fest is, exécutée par P. Mazzucchelli en 1813: Ambr. S 5 inf., ff. 451-467. 45 A. Paredi, La biblioteca del Pizolpasso, Milano 1961. 46 Pellegrin, La bibliothèque des Visconti, 371-372; P. Bondioli, Un miniatore lombardo ignorato: Pietro Carcano, La Bibliofilia 59 (1957) 20; T. De Marinis, La legatura artistica in Italia, III, Firenze 1960, 18 nr. 2548 bis; Sabbadini, Storia e critica, 113. Pour la biographie de Bartolomeo v. aussi: C. Baglione, La singolare figura di un vescovo intraprendente a Novara: Bartolomeo Visconti (1402-1457), Boll. stor. per la prov. di Novara 63 nr. 2 (1972) 3-27; G. Mazzatinti, Inventario dei manoscritti italiani delle biblioteche di Francia, II, Roma 1887, 295; Ambr. M 26 sup., f. 45r; Ambr. 0 159 sup., f. 34r. 47 E. Pellegrin, Bibliothèques d'humanistes lombards de la cour des Visconti Sforza, Bibl. d'hum. et Renaissance 17 (1955) 222-229, 242; A. Derolez, Codicologie des manuscrits en écriture humanistique sur parchemin, II, Tumhout 1984 (Bibliologia, 6), 75 nr. 432, 81 nr. 491, 147 nr. 1061. 48 R. O'Gorman - R. Vermette, Un manuscrit inconnu de la bibliothèque de Bartolomeo Visconti, Scriptorium 31 (1977) 259-262, Pl. 17. Mirella Ferrari 22 tiales du manuscrit; il semble donc être ajouté 4 9 . En effet, le livre ne doit être parvenu à Visconti que quelques années après avoir été écrit. L'origine de ce manuscrit est décelable ailleurs. Il est écrit en parfaite humanistique par deux copistes (ff. l v - 2 0 5 r et ff. 206r-238r). Dans la partie exécutée par le premier copiste on relève que le deuxième des doubles /s'allonge au dessous de la ligne et le rdroit ou rond y est indifféremment employé; les s sont toujours longs; et en ligature; et en ligature ou en deux lettres; l'orthographe des diphtongues est particulièrement soignée; correctement nihil et mihi. Les titres sont en majuscules, et le M y figure en trois formes qui sont typiquement employées dans la capitale humanistique à Milan 9 0 . Le manuscrit est en parchemin traité suivant une technique non italienne: très peu de différence entre côté chair et côté poil et surface non polie. On pourrait donc penser à un copiste milanais travaillant à Baie. Le manuscrit contient Hilaire, De trinitate. De synodis, Ps.-Athanase, œuvres de s. Augustin, dont la dernière est Contra haereses. A la fin de ce texte ont été ajoutés quelques chapitres rédigés par un chartreux de Prague qui parle des Hussites et de la mort de Jean Hus en 1415. Surtout le De synodis d'Hilaire et les textes attribués à s. Athanase étaient très actuels pour les discussions qui se déroulaient au concile de Bàie: de nombreuses gloses marginales en témoignent. Des différentes mains qui écrivent ces marginalia, deux sont immédiatement re- connaissables : Francesco Pizolpasso et Francesco della Croce. Pizolpasso écrit également les titres courants et numérote, selon son habitude, les feuillets du manuscrit. D'autres annotations sont de mains que je n'ai pas identifiées. L'écriture de Pizolpasso est une bonne humanistique: il était natif de Bologne, où il reçut une formation juridique, et il devait avoir appris ce type d'écriture avant d'arriver en Lombardie. La façon dont Pizolpasso se procura Hilaire nous est connue par une lettre qu'il adressa à Nicolas de Cuse le 17 décembre 1432. Dans cette lettre il le remercie de lui avoir prêté Hilarium tuum, qu'il lui rend en s'excusant qu'une page ait été remplacée, parce que, à cause d'une distraction du copiste, elle avait été tachée d'encre. Mais elle a été si bien refaite, dit-il, qu'on ne la distingue quasiment pas de l'original. Il lui recommande enPellegrin, Notes, 21. Selon A. Petrucci, La descrizione del manoscritto, Roma 1984, 57, l'emploi de cet M et de E <à la grecque· se trouve exclusivement dans la région du Po, ca. 1420-1450. Je crois que, surtout en ce qui concerne le M, sa diffusion fut courante en Lombardie pendant tout le XVe siècle, et sans parallèles consistents ailleurs. Dans d'autres régions on relève un emploi tout à fait sporadique, mais persistant jusqu'à la fin du siècle. J e n cite quelques exemples: Sicconis Polentonis Scriptorum illustri um latinae linguae libri XVIIi, ed. by Β. L. Ullman, Rome 1928, Pl. II (Padoue, 1413); Ch. Samaran - R. Marichal, Catalogue des manuscrits en écriture latine portant des indications de date, de lieu ou de copiste, III, Paris 1974, Pl. CLXXVII (1466); IV, Paris 1981, Pl. LXXXI (1468), Pl. XCI (Espagne, 1477); Bibliotheca Palatina, Katalog zur Ausstellung..., hrg. ν. E. Mittler, Heidelberg 1986, taf. 146 (Heidelberg 1473/74). Un épisode spécial chez les humanistes de Nuremberg: M et E 'à la grecque· figurent dans les légendes, en capitale, à xylographies et tableaux de Michael Wolgemut: Hartmann Schedel, Cbronicon, Nurembergae 1493 (IGI 8828; BMC 11.437), p. ex. ff. XVv, XCIXv-Cr, CLXXIVv-CLXXVr; portrait de Hans Perckmeister (daté de 1496; Germanisches National-Museum Nürnberg); Annonciation (datable ca. 1490-1495; nr. 38 de: Sürnberg. 1300-1550: Kunst der Gotik und Renaissance, 25.Juli bis 28. September 1986, Ausstellung du Germanisches National-Museum Nürnberg). Dans les autographes de Hartmann Schedel: Clm 526. aux feuillets datables s. XV ex.; Clm 716, daté de 1504. 49 50 La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 23 suite de ne pas relâcher dans sa tentative d'obtenir les Declamationes de Quintilien, et des textes de Suétone et de Frontin 51 . En janvier 1433, Pizolpasso écrit de nouveau à Nicolas de Cuse en lui demandant s'il peut lui procurer un livre de Victorin, dont il a trouvé les éloges dans s.Jérôme: son intérêt pour les textes des pères est donc très vif". La copie de l'Hilaire de Nicolas de Cuse, exécutée en 1432, dont il est question, est justement l'Ambr. H 74 sup.: que Pizolpasso lit aussitôt, en y apportant des notes, et fait lire à son ami Croce. Nicolas de Cuse satisfait également la requête touchant le texte de Frontín, en prêtant à Pizolpasso son gigantesque et précieux manuscrit (actuellement Bruxelles, Bibl. Royale, 10615-729). Le célèbre manuscrit de Bruxelles contient une grande collection de textes préparée probablement à St-Eucharius de Trêves à la fin du Xlle siècle: Appendix Vergiliana, Agrimensores, Frontin, Salvien de Marseille, Manilius et autres. Nicolas de Cuse le porte à Baie et le met à la disposition de ses amis qui en copient même quelques sections. De Manilius il nous est parvenu une copie exécutée alors par un italien (Venise, Marc, lat XII. 69)"· Pizolpasso peut consulter le manuscrit à son aise; mais il n'y a aucune trace de sa lecture de Frontin, qui ne survit pas dans les manuscrits de Pizolpasso et ne figure pas dans l'inventaire de sa bibliothèque, dressé quelques temps après sa mort 54 . Son attention, par contre, fut 51 R. Sabbadini, Niccolò da Cusa e i conciliari di Basilea alla scoperta dei codici, Rend. Ace. Lincei, Cl. di scienze mor., stor. e filoL s. V, 20 (1911) 36-37; Paredi, La biblioteca, 198-202. Paredi, La biblioteca, 207-208. 51 Sabbadini, Niccolò da Cusa, 33-34; E. Van De Vyver, Marginalia van Nicolaus von Cusa in Bate-codex 271 en andere codices van de Koninklijke Bibliotheek te Brüssel, Tijdschrift voor Philosophie 18 (1956) 445; C. Bianca, La biblioteca romana di Niccolò Cusano, dans Scrittura, biblioteche e stampa a Roma nel Quattrocento..., a c. di M. Miglio, Città del Vaticano 1983 (Littera antiqua, 3), 679, 689 n. 69; Reeve, dans Texts and Transmission, 2, 6, 235-236, 438-439. " Edition de l'inventaire dans Paredi, La biblioteca, 69-83. Les manuscrits de Pizolpasso ont été reconnus par Sabbadini, Spogli, 377-383; Pellegrin, Bibliothèques d'humanistes, 220-222. Description dans Paredi, La biblioteca, 89-168. Essai de datation dans Ferrari, Un bibliotecario, 202-221 (p. 204, un nouveau ms., Ambr. D 26 inf.). Il faudra ajouter à la liste encore deux mss. de l'Ambrosiana: C 304 inf., parch., ff. I + 98 + I, mm. 327 χ 230 (205 x 125), 33 lignes longues; humanistique ronde, ca. 1435-1443, par deux copistes: 1er copiste, ff. 2v-81v, peut-être un peu influencé par Cyriaque d'Ancóne, qui fut à Milan entre 1434 et 1435; 2e copiste, ff. 82r-97v. Initiales ornées. Annotations de Francesco della Croce aux marges. Reliure, commandée par Croce, avec ais de bois, couverts de cuir estampé: parmi les fers l'Agnus Dei et, au centre, une grande croix, dessinée par de petits losanges. Ni blason, ni notes de Pizolpasso. Appartenu à Francesco Ciceri, entré à l'Ambrosiana en 1603. Caesaris De bello Gallico libri VIII(inventaire de Pizolpasso nr. 82). Cipriani, Codici miniati, 208-209; V. Brown, Latin manuscripts of Caesar's Gallic War, dans Palaeographica Diplomatica et Archivistica. Studi in onore di Giulio Battelli, I, Roma 1979, 139. F 137 sup., parch., ff. V + 203 + VII, mm. 325 χ 225 (190 χ 120), 36-37 lignes longues; humanistique ronde, ca. 1425-1443, par plusieurs copistes; série de gloses de la main du copiste aux ff. 1-8, 90-150. Initiales ornées. F. lv, blason de Pizolpasso, encadré des initiales FR, gratté, de même que les sentences de sa main au f. Iv. Reliure restaurée. Collée sur le revers du plat antérieur, une partie de l'ancienne couvrure, commandée par Croce, de cuir estampé: parmi les fers Agnus Dei et, au centre, une grande croix dessinée par de petits losanges. Appartenu à Francesco Ciceri, avec les livres duquel il arriva à l'Ambrosiana; enregistré par A. Olgiati en 1604. Ciceronis Timaeus, De legibus, De finibus, De divinatione, De natura deorum, De fato (inventaire de Pizolpasso nr. 24). Cipriani, Codici miniati, 50. 52 24 Mirella Ferrari attirée par Salvien de Marseille, De gubernatione Dei, compris lui aussi dans le grand recueil: il laissa un signe de nota en marge de l'exemplaire de Nicolas de Cuse (Bruxell. 10613-729, f.22r). Puis il en voulut une copie (Ambr. D 35 sup.), qu'il fit exécuter par le même copiste que nous avons déjà rencontré dans l'Hilaire. Ici aussi, le traitement du parchemin n'est pas italien. Il y avait des armes, qui ont été découpées. Le manuscrit figurera ensuite dans l'inventaire de la bibliothèque de Pizolpasso (nr. 78), qui luimême en écrivit les titres courants et numérota les feuillets. Lui et Croce lisaient ensemble le texte de ce nouveau manuscrit et leurs annotations s'entrecroisent. La forte teneur politique et polémique de ce traité de Salvien, ses prises de position sur le pouvoir de l'Etat et de l'Eglise en sollicitaient une lecture actualisante: Utinam talia non osent hoc nostro tempore, écrit Croce (f.69r; Abb. 5). En effet, ce manuscrit destinait la fortune du De gubernatione Dei, qui, au cours de la génération suivante, se retrouve dans de nombreuses bibliothèques monastiques du diocèse de Milan. L'exemplaire de Pizolpasso fut ensuite prêté aux Augustins de S. Maria Incoronata, qui le rendirent au Palais épiscopal en 1457". Déjà aux environs de 1445, on fait d'ailleurs mention de Salvien dans l'inventaire de la bibliothèque, du reste plutôt pauvre, des Augustines de S. Maria56. D'autre copies survivent: Ambr. t 84 sup., Ambr. Y 133 sup.57. A l'origine de cette diffusion de Salvien on reconnaît l'activité de Croce, qui s'occupa pendant quarante ans de la réforme et de la culture de l'Eglise dans le duché de Milan. Le copiste de Salvien et d'Hilaire travailla pour Pizolpasso non seulement à Bâle, mais aussi en Italie, du moins si l'on en juge par le type de parchemin de trois autres manuscrits: deux contenant des œuvres de Leonardo Bruni (Ambr. H 37 sup., ff. l r 61v; Ambr. I 115 sup., ff. 25v-142v) 58 ; et l'autre contenant la Vita Gregorii Saziatizeni, traduite en latin par Ambrogio Traversali, et un bref écrit de Pizolpasso, composé en 1432, à savoir la description de l'église et du baptistère de Castiglione Olona, bâtis par le cardinal Branda (Ambr. F 18 sup.)59. L'exécution de ce petit volume doit être de la même année parce que Pizolpasso en parle à Nicolas de Cuse dans la dite lettre du 17 décembre 143260. La traduction de Traversari est une des nouveautés libraires italiennes qu'il montre à Nicolas de Cuse pour le remercier des livres, que ce dernier met à sa disposition. En 1435, Pizolpasso, évêque de Pavie, devint archevêque de Milan, mais il resta à Bâle. Par contre, Francesco della Croce retourna à Milan en qualité de vicaire, et ramena peut-être avec lui une partie des manuscrits, dont il devint le gardien diligent, 55 Ferrari, Fra i latini, 262-263. M. Ferrari, Per una storia delle biblioteche francescane a Milano, Arch. Franc. Hist. 72 (1979) 458-459. 57 Cipriani, Codici miniati, 135. 58 Ici, au bas du f. 41r, renversée, une petite note en cursive du cartarius:pro ... subtilis episcopo Papié XXVI cito (Pizolpasso était évêque de Pavie entre 1427 et 1435). Cipriani, Codici miniati, 78-79. 59 T. Foffano, La costruzione di Castiglione Olona in un opuscolo inedito di Francesco Pizolpasso, Italia Med. e Um. 3 (1960) 153-187. 60 Paredi, La biblioteca, 200; A. Sottili, Ambrogio Traversari, Francesco Pizolpasso, Giovanni Aurispa, Romanische Forschungen 78 (1966) 50-53, 62. 56 La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 25 lecteur et annotateur. Il posséda aussi un certain nombre de livres, qui témoignent de son intérêt pour les classiques, mais surtout pour les Pères, le droit canonique, l'histoire de l'Eglise et la liturgie. On connaît de sa bibliothèque des exemplaires de Nonius (Naples, Bibl. Naz., IVA.30) 6 1 , de Juvénal (Ambr. R 54 sup.), de Barthélémy de Brescia (Ambr. E 13 inf.), de s. Augustin, Soliloquia avec les Septem Psalmi Peniten- tiales de Pétrarque (Milan, Braid. AD-X. 36), un Bréviaire ambrosien (Milan, Cap. Metrop. II.D.2.36) 62 . On est tenté de penser que c'est aussi de Bâle qu'il a rapporté son Végèce (Ambr. D 2 sup.), écrit au X l l e siècle dans une région Alpine ou au nord des Alpes (Haut-Rhin, Bodensee?): parch., ff. II + 53 + II, mm. 203 χ 135 (160 χ 85), 33 lignes. Les ff. 50-53 sont un supplément en gothique ronde italienne, s. X V . Notes marginales du Xlle et du XVe siècle, plusieurs de la main de Croce. F.Iv (grané), Est mei Francisci Je ¡a Cruce Mediolanensis; f. II post, r, In medio sensatorum serva verbum tempori (m. de Croce), duc (alus) 1 (msXV). Reliure milanaise, s. XV med., ais de bois couverts de cuir estampé. Possédé au XVIe siècle par Cesare Rovida, entré à l'Ambrosiana en 1606. ff. lr-52r, Vegetius, Epitoma rei militaris; f. 52v, Gramatica ... (Walther, Initia carminum, 15973; add.m.s. XV1), Ovidius in Fastis (VI. 771-772; add. a.m. s. XV 2 ); f. 53r, inc. «Temporibus Otaviani.... (E. von Dobschiitz, Christusbilder, II, Leipzig 1909 [TU, XVIII/3-4], 319; add. m.s. XV1); f. 53r, Versus Virgilii iocose de quadam vetulia compositi (Walther, Initia carminum, 17787; add. m. de Croce); f. 53v, Admunitio famulorum, inc. «Servitii ne colla iugo det quisque repugnet...» (20 w.; add. m.s. XV 1 ); f. 53v, inc. «Sceptrifer assirius regit... Gretia Platone .... (Walther, Initia carminum, 17321 + ?; add. m. de Croce). On peut attribuer à Francesco della Croce aussi la propriété de deux manuscrits avec des oeuvres de Cicéron, l'un daté de 1424, en très belle humanistique ronde de l'école de Mantoue, l'autre daté de 1434, en gothique courante avec des éléments de bâtarde; ils ne portent nulle part le nom de Croce, mais des notes marginales ou des additions de sa main: Ambr. G 22 sup., parch., ff. double paste down (le premier en papier), I—II (papier, s. XVII) + III + 91 + I—II (papier, s. XVII) + double paste down (le second en papier), mm. 192 χ 142 (110 χ 75), 20 lignes longues. Œuvre d'un seul copiste, qui emploie dans les titres E e t M ·ί la grecque·; f. 90r, M. Tulli Ci. Somnium Scipionis excerptum ex libro sexto de república feliciter explicit (les mots qui suivent sont granés:) Franciscus Calcagninus bunc librum explevit Pia..nf (=Piadena ?), ¡IIIo idus maii 1424. Amen. F.C.; revers du plat postérieur: Nota quod die 4 Martii 14il ego Ffranciscus) Cfalcagninus) appuli Mantfuam) ut pro scriba ill. principis Manlue inservirem. Item die iovis 28 Martii appulli Brixiam6'. Bordures ornées aux ff. Ir, 32r, 58r, 71r6<. Au bas du f. lr, blason gratté; dans la bordure à droite, cigogne avec la devise: Il et bien secret. Au revers du plat antérieur: Dominus presbiter Johannes Antonius (msXV2). Gloses de Croce aux ff. 7r-22r; gloses d'une autre main s. XV 2 aux ff. 32r-70v. Reliure milanaise, s. XV med. ou XV 2 , avec ais de bois recouverts de cuir estampé: parmi les fers, Agnus Dei. Entré à l'Ambrosiana en 1603. 61 Le Ms., daté de 1410, n'est pas autographe (à corriger Un bibliotecario, 191): j'ai vu un microfilm du manuscrit, d'où on relève que l'écriture du texte - une belle gothique ronde - n'est pas de Croce, et que son nom, dans les deux souscriptions, est sur grattage. 62 Ferrari, Un bibliotecario, 189-192, 196-197, 226-227. 61 Sur Francesco Calcagnini, élève de Vittorino da Feltre: E. Faccioli, Mantova. Le lettere, II, Mantova 1962, 28-29, 49; G. P. Marchi, Un nuovo documento su Vittorino da Feltre, Italia Med e Um. 8 (1965) 344, 346-348. 64 Cipriani, Codici miniati, 52. 26 Mirella Ferrari Revere du plat antérieur, Epitaphia Suolai Nicoli V.C cuis Florentini, inc. «Unica musarum et nostra spes unica doctis ...» (4 w.); «Hoc parvo tegeris Nicoli Nicolae sepulchro .... (2 w.); .Vivus eras doctis columen requiesque favorque ...· (6 w.); «Quo non doctrina maior non sanctior alter ...· (4 w., Bertalot, Initia humanística, 5179; add. m.sJCV); f. HIr, inc. «Nomina septenum sapientum Graecia can tat ...· (9 w , Bertalot, Initia humanística, 3628; add. m.sXV); ff. lr-31v, Cicero, De amicitia; ff. 32r-57v, De senectute; ff. 58r-70v, Paradoxa stoicorum; ff. 71r-83v, Ad Quintum fratrem L, 1 (lacune de 11.34 à 13.37 entre f. 80v et 81r); ff. 84r-90r, Somnium Scipionis; f. 90v, inc. «Temporibus Octaviani ...» (Dobschiitz, Christusbilder, 319; add. m.sJCV, humanistique semi-cursive: c'est peut-être la main de Calcagnini); f. 91r, Alia de Iesu Christo epistola. inc. «Pontius Pilatus ...» (Evangelia apocrypha, ed. Κ. Tischendorf, Leipzig 1876, 433—434). Ambr. L 11 sup, parch., ff. I I + 23 + 1, mm. 205 x 135 (130x80), 30 lignes longues. Œuvre d'un copiste, ff. lr-21r; f. 2 Ir, Christoforus de Rodello in Christi nomine sai psi (add. marg. Croce: et maUquidem) M CCCCXXXIIIIdieXXIIaugusti. Initiale ornée au f. I r " Gloses et corrections textuelles de la main de Croce". F. 23v, Iste liber est Bartholomei Sorniani notarti publict Mediolanensis ( n u . XV-XVI); f. I post, r, date d'acquisition de Francesco Ciceri, 29. Marfil i). (15)79. Reliure avec ais de bois couverts de cuir, s. XV. Parvenu à l'Ambrosiana avec le fonds Ciceri. ff. lr-21r, Cicero, De amicitia; tí. 22r-23r, Versus sepulcrales M. T. Ciceronis secundum diversos (AnthoL laL 603-614, 784; add. m. de Croce). Je ne saurais dire, si l'Ambr. G 22 sup. est parvenu dans les mains de Croce par des relations personnelles avec Francesco Calcagnini, le milieu de Mantoue, ou la Ca' Zoiosa de Vittorino da Feltre. Au milieu milanais on peut attribuer un autre manuscrit, en partie autographe de Croce: Ambr. X 41 sup. (Codice Arcimboldi), papier, ff. 407 (num. 1-406 + 25 bis), mm. 200 χ 150, recueil de deux éléments. Reliure s. XV2, ais de carton souple recouverts de cuir, avec une croix à l'encre sur le plat antérieur. Revers du plat postérieur, Io(hannis) ArcfimboldiJ Noiariensis episcopi (m.s. XV) et CARDIN ALIS (add. de la main du copiste des ff. 17-361)". Don du duc Tommaso Gallarati Scotti à Giovanni Battista Montini, archevêque de Milan, en 1957, et donné par ce dernier à l'Ambrosiana. 1) ff. 1-16, notes autobiographiques de différents membres de la famille Arcimboldi, ca. 14751550". 2) ff. 17-406. Ff. 17r-361r, oeuvre d'un copiste nord-italien, en humanistique ronde et semicursive, s. XV2; ff. 362v-369r, autographe de Croce (Abb. 6); ff 369v-380v, deux copistes nord-italiens s. XV ex.; ff. 381-406, blancs. ff. 17r-179r, extraits de Plutarque en latin; ff. 180r-26lr, Excerpta ex Laertii Diogenis libris quos inscripsit vitae atque sententiae eorum qui in phitosophia claruerunt per fratrem Ambrosium Camaldulensem latinis factis; ff. 261r-380v, extraits divers69. Les textes aux ff. 17r-361r pourraient être rattachés à Pier Candido Decembrio et à son activité comme traducteur du grec, en particulier l'épitomé de Plutarque; les ex- 65 Cipriani, Codici miniati, 79-80. II n'y a aucune relation textuelle avec le De amicitia porté par l'Ambr. G 22 sup. Giovanni Arcimboldi, évêque de Novare 1468-84, archevêque de Milan 1484-88, cardinal depuis 1473: C. Eubel, Hierarchia catholica, II, Monasterii 1914, 188, 205. 68 C. Marcora, Note autobiografiche dell'arcivescovo Giovanni Angelo Arcimboldi, dans Memorie stor. d. Dioc. di Milano, I, Milano 1954, 153-161. 69 G. Resta, Le epitomi di Plutarco nel Quattrocento, Padova 1962, 18-22. 66 67 La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 27 traits qui suivent seraient à étudier à côté des zibaldoni du même Pier Candido. Croce ajouta à cette copie des extraits de son choix. Entre 1468 et 1484 le volume devint la propriété de Giovanni Arcimboldi, alors évêque de Novare. Du manuscrit de Leonardo Bruni, De bello italico advenus Gothos, de 1446 (Uppsala, Univ. Bibl., C. 696), je n'ai vu que la page reproduite dans le catalogue des manuscrits datés de Suède 70 : les notes marginales y sont de la main de Croce. Gloses de sa main se trouvent dans les marges du Lactance, Laur. 21.6, annoté par P. C. Decembrio aussi. Dans sa vieillesse, Francesco s'adonna à l'étude des textes liturgiques. Un témoin de ce travail est l'exemplaire de Conrad de Nebbio, Liber Ordinarius episcoporum (Ambr. R 56 sup.), qu'il collationna et compléta avec le Pontificale de Guillaume Durand, serrant le texte dans une glose presque continue (Abb. 7)71 : parch., ff. IV + 107, numérotation en chiffres arabes s. XIV, mm. 250 χ 190 (160 χ 120), 2 col. de 25 lignes; gothique ronde de forma, italienne (région de Gênes?), s. XIV. Initiales décorées". Reliure, s. XV, avec ais de bois recouverts de cuir estampé. F. Ilv, Tabula ordinata per magistrvm Dominicum de Dominieis die 12 iunii anno domini 138:· ( = 1380?; table des sujets, écrite sur 3 col. en gothique cursive, s. XIV, de la main qui numérote les feuillets). Au revers du plat antérieur et au f. 107v, brefs textes de la main de Croce, de même qu'une note au f. Ilr, Pontificale hoc venale traditum mihi fuit a domino David de Lanteriis73 videndum; quod postea, correptum et cum extractis de pontificali magno in marginibus additum, ernia domino Cristoforo de Caforiis, parochie Sancii Prosperi, ducatis III, 1460 de mense ianuarii, prout imposuit in suo recessu supradictus dominus David Le pontificale magnum de Durand, dont il fait mention, était sans doute une copie dans la bibliothèque de la Cathédrale; et c'est probablement pour cette bibliothèque que Croce acheta le Nebiensis. Pendant qu'il était vicaire de Pizolpasso, Croce commença et ensuite il continua une activité systématique de surintendance et de révision des principales bibliothèques des églises et des couvents de Milan: la basilique de St-Ambroise, la Cathédrale, les Augustine, etc. Dans les manuscrits qu'il commanda, il exigea l'écriture gothique (littera formata) pour les livres d'emploi liturgique; pour les textes d'étude et de lecture personnelle - pères de l'Eglise et œuvres modernes - très souvent lliumanistique, dans des formes plus ou moins pures. On rencontre maintenant le phénomène des ateliers laïcs écrivant en humanistique, où l'on commande des livres de caractère religieux. Je citerai l'exemple du copiste professionnel Bartolomeo Sachella, artisan du livre par tradition familiale. Son nom se trouve dans les registres de la Cathédrale (1417-1420)T< où est mentionné également un des ses parents, Angelino Sachella, cartarius, c'est à dire fournisseur de parchemin 70 M. Hedlund, Katalog der datierten Handschriften in lateinischer Schrift vor 1600 in Schweden, I, Stockholm 1977, 38, Abb. 104. 71 M. Dykmans, Le Pontifical romain, révisé au XVe siècle, Citta del Vaticano 1985 (St. e T., 311), 16-26. 72 Cipriani, Codici miniati, 112-113. Vicaire de l'archevêque, 1453-57 et 1462 : Annali della Fabbrica del Duomo di Milano, II, Milano 1877, 148, 151, 155, 161, 171, 213. 74 G. Susto, Bartolomeo Sachella «frotulisu· milanese, Arch. stor. lomb. 87 (1960) 253-259. 75 28 Mirella Ferrari de 1406 à 14 1 0 75 . Vers 1450 Bartolomeo Sachella travaille aussi comme relieur de livres pour les Augustins milanais de Santa Maria Incoronata. Ceux-ci, voulant organiser systématiquement leur bibliothèque dans la seconde moitié du XVe siècle, firent relier un groupe de manuscrits avec ais de bois couverts de cuir; le travail fut commandé à des atéliers de la ville. Dans un manuscrit de ce groupe (Ambr. R 85 sup., f.Ir), on lit la note de p a y e m e n t 7 4 : Bartollameus Sachella, lifbre) 7, soL4, den. 4. E n 1428 Bartolomeo paraît comme copiste: il signe un Cicerón, De offkiis le 23 décembre 1428 (Bruxelles, Bibl. Royale, 14873)77. D'autres manuscrits portant sa souscription sont à ma connaissance: Justin de 1432 (Sienne, Bibl. Com., K.V. 16)78; Plutarque dans la traduction latine de Lapo da Castiglionchio, non daté mais datable de 1438 ou un peu plus tard (Paris, B.N., lat. 5836) 7 '; un zibaldone personnel, composé à différentes années entre 1439 et 1447, avec des dates apposées, ça et là au cours de l'ouvrage, qui contient des extraits de classiques, de pères de l'Eglise et d'humanistes, sentences et textes vernaculares milanais dont les /rotule (poésies) composées par Sachella lui-même (Milan, Braid. AD-XVI.20)80. Poète en langue vulgaire, il ne manque pas de mérites qui lui font pardonner ses démêlés avec l'orthographe lorsqu'il écrit en latin. D'autres manuscrits de sa main, mais non datés, sont: un Térence (Ambr. F 92 sup.)81; Rhetorica ad Herennium (Ambr. H 123 inf.); Tragoediae de Sénèque (Florence, Ricc. 526)82; des oeuvres de Leonardo Bruni et des œuvres rhétoriques de Cicéron (Naples, Bibl. Naz., rV.B.14)83; deux orationes de Filelfo composées en 1437 et 1438 (Ambr. V 10 sup.)84. Dès 1428 Sachella se présente avec une bonne écriture humanistique, mais avec un emploi encore hésitant du r droit et rond, de la note tironienne et (alternée à et écrit en deux lettres), alors que dans les manuscrits postérieurs il tend à employer presque exclusivement r droit; il abandonne et tironien et apprend à tracer la ligature; pour les titres il emploie la capitale avec E et M <à la grecque». Un autre manuscrit, plus intéres75 C. Santoro, Per una storia dei cartari milanesi, dans Studi offerti a R. Ridulfi, Firenze 1973 (BBI, 71), 423. 76 Ferrari, Un bibliotecario, 229-231, 238. 77 F. Masai - M. Wittek, Manuscrits datés conservés en Belgique, II, Bruxelles-Gand 1972, 40 nr. 165 et Pl. 317-318. 78 N. Terzaghi, Index codicum latinorum classicorum ... Senis, Studi ital. di filol. class. 11 (1903) 407. 79 Samaran - Marichal, Catalogue des manuscrits..., II, Paris 1962, 293, Pl. XCVIII. 80 A. Marinoni, Vocaboli volgari da un glossario latino di Bartolomeo Sacchella, dans Saggi e ricerche in memoria di Ettore Li Gatti, II, Palermo 1961, 5-38; G. Polezzo Susto, Contributo alla storia dell'Ave Maria, Ambrosius 43 (1967) 18-28; Id., Frottola inedita di Matteo d'Orgiano, Studi e problemi di critica testuale 20 (1980) 9-24; Id., Una «frottola, milanese del secolo XV, Rit. milanese di economia 18 (apr.-giu. 1986) 129-140; A. Tissoni Benvenuti, La poesia lirica, dans Letteratura italiana. Storia e testi, I1I/2, Bari, Laterza, 1972, 368, 413. 81 C. Villa, La Lectura Terentii, I; Da Ildemaro a Francesco Petrarca, Padova 1984, 364. 82 Villa, La Lectura, 364. 83 C. Iannelli, Catalogus Bibliotbecae Latinae ... in Regio S'eapoìitano Aluseo Borbonico, Neapoli 1827, 56-58. 84 F. 62r, Scripta per Sachelam. Sans identification de Sachella le ms. est cité par: Kxisteller, Iter, I, 315; G. Polezzo Susto, Una frottola milanese contro Francesco Filelfo, Studi di filol. ital. 24 (1966) 432; Derolez, Codicologie, II, 79 nr. 478. La «littera antiqua» à Milan, 1417-1439 29 sant pour son contenu, est l'Ambr. Trotti 167, pp. 1-105, non daté, mais qui dans la série des autographes de Sachella semble plus près de 1438 que de 1428: à la page 105, Explicit liber interne consolationis per Bartoiomeum Sacbelam alias meditationum Anselmi. Dans ce manuscrit suivent des œuvres brèves de s. Anselme, d'un copiste différent, mais dans un style très proche de celui de Sachella (pp. 107-272). Nous avons l'application de l'humanistique à des textes qui n'appartiennent ni à des auteurs classiques, ni à des humanistes, ni à des pères de l'Eglise, mais qui sont modernes et de sujet dévotionnel. Le Liber interne consolationis, attribué à s. Anselme, est en effet le De imitatione Christi (livres I-III). Rappelons que Γ Imitation de Jésus Christ circulait à Bâle entre 1433 et 1435, et que le plus ancien manuscrit italien daté remonte à 1436 (Ambr. & 36 sup.)85. A Bâle encore en 1439, Pizolpasso continue à se procurer des manuscrits de pères de l'Eglise qu'il ramènera ensuite à Milan: s. Augustin, De civitate Dei, daté Bâle 16 janvier 1439 (Ambr. Β 16 inf.); s.Jérôme, Epistolae(Ambr. C 250 inf.); et un recueil de textes de pères propédeutiques à l'exégèse biblique (Ambr. D 88 sup.). Ce sont trois gros volumes, œuvre d'un copiste flamand, Nicasius Boesinghe'6. C'est à Bâle que flamands et italiens ont appris leur leçon. Ce sont toujours les Conciles - le passage et les relations de Poggio qui se rendait à Constance, la venue à Bâle de Pizolpasso et de Croce - qui jouent le rôle principal dans l'introduction et la diffusion d'une écriture étrangère à Milan: l'écriture des humanistes. 8> R. Pitigliani, Il vert. Ludovico Barbo e la diffusione dell'Imitazione di Cristo, Padova 1943, 172; G. Cantoni Alzati, La biblioteca di. S. Giustina di Padova, Padova 1982, 58. 86 Ferrari, Un bibliotecario, 211; Derolez, Codicologie, II, 75 nr. 437, 77 nr. 453.