REVUE ARCHÉOLOGIQUE D’ÎLE-DE-FRANCE
7e SUPPLÉMENT
ARCHÉOLOGIE DES NÉCROPOLES MÉROVINGIENNES
EN ÎLE-DE-FRANCE
sous la direction de
Cyrille LE FORESTIER
Éditeur
Association des amis de la Revue archéologique d’Île-de-France
C. RAYNAUD, UMR 5140 - ASM
M.-C. TRUC, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
O. VRIELYNCK, Service public de Wallonie
Présidente
M.-F. GLEIZES
Vice-président
F. GIROT, prospecteur bénévole Île-de-France
Secrétaire
O. PUAUX, UMR 8096 – ArchAm
Trésorier
J. PRIN
Siège social
Secrétariat de rédaction (pour ce numéro)
C. BESSON, Drac / SRA Île-de-France / UMR 7041 - ArscAn
B. BOUET, Drac / SRA Île-de-France
D. CHAOUI-DERIEUX, Drac / SRA Île-de-France / UMR 7041 - ArScAn
N. GIRAULT, Drac / SRA Île-de-France / UMR 6273 - CRAHAM
F. GIROT
A. LEFÈVRE, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
S. MORAWSKI-BEUGNON, Musée Bernadotte, Pau
O. PUAUX, UMR 8096 – ArchAm
X. ROCHART, Inrap
P. TIGREAT, Drac / SRA Île-de-France
c/o M.-F. GLEIZES, 3 rue des Deux Gares, 75 010 Paris
Traduction des résumés (anglais et allemand)
Directeur de la publication
D. COXALL
J. WIETHOLD, Inrap / UMR 6298 - ARTeHIS
D. MORDANT, conservateur en chef honoraire du patrimoine
Comité de rédaction (membres permanents)
S. BAUVAIS, CEA / CNRS, UMR 7065 - Iramat / LMC / UMR 3685 NIMBE
C. BESSON, Drac / SRA Île-de-France / UMR 7041 - ArScAn
D. CHAOUI-DERIEUX, Drac / SRA Île-de-France / UMR 7041 - ArScAn
B. CLAVEL, CNRS / UMR 7209 - Archéozoologie et archéobotanique
C. GONÇALVES-BUISSART, Département de la Seine-Saint-Denis,
BPA / UMR 7041 - ArScAn
L. HACHEM, Inrap / UMR 8215 - Trajectoires
A. LEFÈVRE, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
A. LEFEUVRE, Sdavo / UMR 7041 - ArScAn
M. OLIVE, UMR 7041 - ArScAn
R. PEAKE, Inrap / UMR 6298 - ARTeHIS
B. SOUFFI, Inrap / UMR 7041 - ArScAn
P. TIGREAT, Drac / SRA Île-de-France / UMR 7041 - ArScAn
Comité de lecture (pour ce numéro)
Y.-M. ADRIAN, Inrap / UMR 7041 - ArScAn
D. BOUGAULT, UMR 6273 - CRAHAM
F. BOURSIER, UMR 7206 - ABBA
L. BUCHET, Université Côte d’Azur / UMR 7264 - CEPAM
C. BUQUET-MARCON, Inrap / UMR 7206 - ABBA
C. CHAPELAIN de SEREVILLE-NIEL, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
S. DESBROSSE-DEGOBERTIÈRE, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
E.-S. DESPLANQUES, Centre André-Chastel
A. FLAMMIN, CNRS / UMR 5138 - ArAr
N. GIRAULT, Drac / SRA Île-de-France / UMR 6273 - CRAHAM
Y. GLEIZE, Inrap / UMR 5199 - PACEA
V. HINCKER, SRA Calvados / UMR 6273 - CRAHAM
P. LAWRENCE-DUBOVACQ, Inrap
A. LEFÈVRE, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
J.-G. PARIAT, Sdavo / UMR 7206 - ABBA
C. PARTIOT, CNRS, MNHN, Université de Paris, Musée de l’Homme /
UMR 7206 - Eco-anthropologie
P. PÉRIN, Musée d’Archéologie nationale
D. PERRIER, Institut national du Patrimoine
E. PEYTREMANN, Inrap / UMR 6273 - CRAHAM
Mise en page, maquette et infographie
F. TESSIER
Logo
N. SAULIÈRE, Inrap
Imprimerie
Dupliprint
733 rue Saint-Léonard, CS 30011, 53101 Mayenne Cedex
La RAIF publie des travaux en langue française, sur le champ
chronologique allant de la Préhistoire à la période contemporaine
et portant sur la région Île-de-France.
Les manuscrits sont soumis au comité de rédaction puis, s’ils sont
acceptés, transmis à un ou plusieurs lecteurs. Des corrections
peuvent être demandées aux auteurs.
Toute correspondance est à adresser à :
[email protected]
Illustrations en 1re de couverture
- Salle des sarcophages au Musée Carnavalet. [p. 47]
- Ceinture d’Arégonde. [p. 170]
- Sépulture double, I.731. [p. 146]
- Noisy-le-Grand, « Les Mastraits » (Seine-Saint-Denis). [p. 154]
- Arcy-Sainte-Restitue, « Fensterurne » (Aisne). [p. 28]
- Bague sigillaire d’Arégonde. [p. 170]
Publié avec le concours financier :
- Association “Archéologie des nécropoles”
- Drac Île-de-France
- Fondation Roc Eclerc
- Inrap
- SAI 78-92
Ce numéro a été édité à 400 exemplaires
Numéro ISSN : 2101 - 3608
Numéro ISBN : 978-2-9552594-4-3
Patrick PÉRIN
au nom du Saint-Denis’team
LES TOMBES MÉROVINGIENNES
DE LA BASILIQUE DE SAINT-DENIS :
nouvelles recherches interdisciplinaires
Résumé
L’affectation au Musée d’Archéologie nationale des mobiliers funéraires mérovingiens
de la basilique de Saint-Denis, et puis de celui de la reine Arégonde en 1994 et 1996
a été l’occasion de reprendre au Centre de Recherche et de Restauration des Musées
de France l’étude des objets métalliques et des gemmes qui pouvaient les orner.
Ces recherches ont été complétées par l’étude de très nombreux restes organiques
retrouvés en 1993. Elles ont été relancées par la redécouverte en 2017 des archives de
fouille de Michel Fleury. Ces nouvelles recherches, dont un résumé est ici présenté,
seront publiées dans un ouvrage collectif, pluridisciplinaire et international, dont
la parution est fixée en 2023.
Mots-clés
Période mérovingienne, basilique de Saint-Denis, tombe d’Arégonde,
anthropologie, archéologie funéraire, orfèvrerie, textile, cuir.
Abstract
Acquisition by the National Museum of Archaeology of the Merovingian grave-goods
from excavations in the Saint Denis basilica, including those of Queen Arégonde in 1994
and 1996, has enabled the French Museums Centre for Research and Restauration to
further studies of the metal finds and associated decorative gemstones. Supplementary
research, which concerned the numerous organic finds rediscovered in 1993, was
extended following the rediscovery of Michel Fleury’s excavation records in 2017.
This recent research, summarised here, will appear as a collective, multidisciplinary
and international volume, planned for publication in 2023.
Keywords
Merovingian period, Saint Denis basilica, Arégonde’s grave, anthropology, burial archaeology, cloth, goldsmithing, leather.
Zusammenfassung
Die Entscheidung, die merowingerzeitlichen Grabfunde aus der Basilika von Saint-Denis
sowie jene der Königin Aregunde in den Jahren 1994 und 1996 dem Archäologischen
Nationalmuseum zu übergeben, bot die willkommene Gelegenheit, die Untersuchung
der metallischen Fundobjekte und der dort ursprünglich wohl applizierten Gemmen
im Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France wiederaufzunehmen.
Diese Untersuchungen wurden durch die Analyse der 1993 wiederaufgefundenen,
außerordentlich zahlreichen organischen Reste ergänzt. Sie rückten erneut ins
Blickfeld als 2017 die Grabungsdokumentation von Michel Fleury wiederentdeckt
wurde. Die neuen Untersuchungen, deren Ergebnisse hier zusammenfassend präsentiert werden, sollen 2023 im Rahmen einer interdisziplinären und internationalen
Publikation veröffentlicht werden.
Stichwörter Merowingerzeit, Basilika von Saint-Denis, Anthropologie, Goldschmiedearbeiten, Grab der Aregunde, Gräberarchäologie, Leder,
Textilien.
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
157
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
CONTEXTE
Les mobiliers funéraires issus des fouilles d’Édouard Salin (1953/1954 et 1957), puis de
Michel Fleury (1957 à 1976) (FLEURY, FRANCE-LANORD 1998 ; figures 1-2), longtemps
dispersés et inaccessibles, ont été affectés par l’État au musée des Antiquités nationales de
Saint-Germain-en-Laye en 1994, devenu en 2005 musée d’Archéologie nationale (MAN),
à l’exception des bijoux d’Arégonde. Tout en demeurant exposés en tant que dépôt
au musée du Louvre (Département des Objets d’Art), ceux-ci ont néanmoins été affectés
au MAN en 1996. Ce dépôt, parvenu à expiration en décembre 2008, n’a pas été renouvelé
si bien que le mobilier funéraire d’Arégonde a pu être exposé au MAN avec le restant
du matériel archéologique mérovingien des fouilles de la basilique de Saint-Denis.
158
Figure 1 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Plan des fouilles de la basilique de Saint-Denis.
[© J. Prim ; M. Wyss, Unité d’archéologie de la ville de Saint-Denis (UASD)]
Figure 2 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Crypte archéologique réaménagée en 2015.
[© UASD]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
Lors de l’inventaire des mobiliers funéraires affectés au MAN en 1994, il est apparu à
Françoise Vallet, alors conservateur en chef chargé des collections mérovingiennes, qu’un
certain nombre d’objets déjà publiés (dont le flacon de verre de la tombe d’Arégonde)
manquaient. Il en était de même pour les restes osseux (dont ceux d’Arégonde) et pour
la plupart des restes organiques correspondant aux vêtements des inhumés, en partie
signalés dans diverses publications (par exemple pour Arégonde). En revanche, toutes
les broderies en fils d’or prélevées in situ par Albert France-Lanord et transférées sur
des supports faisaient partie des séries affectées au MAN en 1994.
Considérés comme disparus, ces objets et restes organiques ont en fait été retrouvés
en 2003 dans deux locaux administratifs distincts où ils avaient été soigneusement rangés
dans les années 1970, avant que leur souvenir ne se perde. Depuis, ils ont fait l’objet d’un
programme de recherche interdisciplinaire dont les principaux acquis sont présentés ici
(voir in fine la composition du « Saint-Denis’team »). Quant aux archives de M. Fleury,
elles ont seulement été retrouvées en 2017 et déposées par sa famille aux Archives nationales de Paris (D69J) avec une communication réservée. Nous avons eu la possibilité de
les dépouiller en totalité en 2017 et 2018 et d’en réaliser l’inventaire sommaire. Outre les
cahiers de fouille qui manquaient cruellement pour documenter les collections affectées
au MAN, le Fonds Michel Fleury renfermait une centaine de restes organiques inédits
ainsi que quelques objets qui viennent d’être étudiés en laboratoire.
Quelques remarques préliminaires s’imposent. Les fouilles d’É. Salin et de M. Fleury
ont porté sur 107 tombes. 35 tombes, en cercueil ou en sarcophages massifs de pierre,
appartenaient à l’Antiquité tardive et étaient en relation avec la memoria primitive, édifiée
sans doute au cours du ive siècle ou au début du ve siècle sur la tombe de saint Denis. Au
nombre de 72, les tombes mérovingiennes étaient pratiquement toutes en sarcophages
trapézoïdaux de pierre, à l’exception de quelques sarcophages de plâtre moulé.
Au total, 29 tombes étaient intactes, les 43 autres ayant été toutes ou en partie violées,
soit anciennement, soit lors des travaux des Monuments Historiques des xixe et xxe siècles,
pour la construction, puis la destruction du tombeau des Bonaparte, demeuré inutilisé, et
l’établissement de l’actuelle crypte archéologique. Parmi les 29 tombes intactes, 23 possédaient des restes de tissus (dont 12 avec également des restes de soie), 28 des broderies
de fils et de rubans d’or, et enfin 17 des restes de cuir (figure 3).
29 tombes intactes
TEXTILES
SOLE
BRODERIE OR
CUIRS
MOBILIERS
18
11
17
12
15
48 tombes tout ou partie violées
5
1
11
5
14
72 tombes fouillées
23
12
28
17
29
Figure 3 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Contenu des sarcophages mérovingiens de la basilique de Saint-Denis
selon qu’ils étaient intacts ou tout ou partie perturbés. [© P. Périn, MAN]
ANTHROPOLOGIE
L’étude anthropologique et biologique des restes osseux a été confiée au Centre
d’Études Préhistoire, Antiquité, Moyen Âge (CEPAM) de Sophia Antipolis, à Valbonne
(Alpes-Maritimes). Elle a été coordonnée par Luc Buchet et la regrettée Véronique Gallien,
avec le précieux concours des Dr Yves Darton (paléopathologie) et Claude Rücker (†)
(ondotologie), les analyses ADN ayant été faites par le Prof. Jean-Jacques Cassiman (†),
puis par le Prof. Ronny Decorte à l’Université de Louvain (Center Human Genetics).
Des 71 tombes fouillées par M. Fleury dans le sous-sol de la basilique de Saint-Denis,
14 sujets extraits de 13 sarcophages se sont avérés étudiables, les restes osseux provenant des fouilles d’É. Salin n’ayant pas été retrouvés (GALLIEN, PÉRIN 2009, p. 206-211 ;
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
159
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
RAST-EICHER, PÉRIN 2011 ; figure 4). Leur analyse anthropologique se heurte cependant
à deux problèmes majeurs : d’une part l’état de conservation des ossements, médiocre à
très mauvais, a considérablement restreint les observations ; d’autre part, la faiblesse de
l’effectif par rapport au nombre de tombes fouillées ne permettant pas de proposer une
conclusion générale représentative de l’occupation de l’espace funéraire.
N° SÉPULTURE
ADULTE /
IMMATURE
29A
29B
37A
38
41
44
49
50
51
60
61
A1
A3
A9
immature
immature
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte ?
adulte ?
immature
Bioanthropo.
non déterminé
non déterminé
H
F
F?
H
F
F
H?
H?
non déterminé
DÉTERMINATION SEXE
mode d’examen
ADN
non déterminé
coxal
coxal
coxal
coxal
coxal
coxal
crâne
robustesse
non déterminé
non déterminé
non déterminé
F
mobilier
H?
F
F
F
non déterminé
non déterminé
non déterminé
Figure 4 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Répartition par sexe et par âge des 14 sujets qui ont pu bénéficier
d’une étude anthropologique. [© V. Gallien, Inrap]
160
Le groupe étudié est composé de 12 adultes et de 2 enfants (figures 1-4). Parmi les
adultes, 2 hommes (S. 37A, 44) et 4 femmes (S. 38, 49, 50), et une probable (S. 41) – ont été
identifiés grâce à la morphologie des coxaux. Il est envisageable de reconnaître également deux hommes (S. 51, 60) et une femme (S. 37B) en tenant compte de la forme de la
mandibule et de la robustesse du squelette post-crânien. Nous obtenons ainsi une répartition possible de 4 hommes et 5 femmes, parmi lesquelles se trouve Arégonde.
L’âge des enfants a été estimé à partir des dents (UBELAKER 1978). Un très jeune
enfant de 0-2 mois est inhumé dans le même sarcophage (S. 29) qu’un enfant de 9 ans
(+ 24 mois). Le troisième sujet immature est âgé de 6 ans + 24 mois (S. A9). Ces enfants ont
été enterrés dans des sarcophages destinés à des adultes, sans qu’on puisse déterminer
s’ils avaient ou non été réutilisés. En tout cas, ils ne contenaient pas de restes osseux,
même résiduels, d’adultes.
Parmi les adultes, on observe un jeune sujet de 17-25 ans (S. 61) et un homme âgé (S. 44)
présentant des sutures crâniennes en cours de fermeture (degré 2,8, stade VII de Masset :
MASSET 1982) et des signes de pathologie dégénérative (arthrose, hyperostose frontale
interne et maladie de Forestier, celle-ci se traduisant notamment par l’épaississement de
certains os chez des personnes âgées souffrant de diabète (HERSHKOVITZ et alii 1999).
L’état de conservation des os et des dents a rendu impossible l’analyse de l’état sanitaire – en particulier les troubles de la croissance et les troubles dégénératifs – du groupe.
Deux cas de traumatisme du membre inférieur (fibula) ont été observés chez deux hommes
(S. 37, 44). L’un des deux sujets est la personne âgée (S. 44) signalée ci-dessus, qui présente
par ailleurs des séquelles probables d’une pratique cavalière. Ces séquelles sont observées
sur le fémur gauche – le côté droit étant dégradé – sous la forme d’enthésopathies (sur
les muscles fessiers, petit fessier et fessier moyen, grand adducteur, court adducteur,
le muscle vaste latéral, le muscle iliaque et le ligament ilio-fémoral) et de spicules (sur
le muscle obturateur externe). Elles apparaissent sur le coxal avec des enthésopathies sur
le ligament sacro-iliaque et ilio-lombaire. Elles sont associées à une arthrose de l’épaule
et des vertèbres thoraciques et lombaires, ainsi que des hernies intra-spongieuses sur les
thoraciques (T10-12) et lombaires (L3,4) (figures 5-6).
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
1 cm
(1/2)
Figures 5-6 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Vertèbres lombaires présentant une calcification du ligament antérieur qui tend vers
l’ankylose du rachis et sacrum soudé par un pont osseux au coxal droit. [© V. Gallien, Inrap]
161
La détermination de l’ADN d’Arégonde, réalisée par le Prof. J.-J. Cassiman, s’est révélée
possible, malgré les manipulations subies par les ossements depuis leur découverte
(CALLIGARO, PÉRIN 2007a ; figure 7), avec une séquence mitochondriale ayant son origine
en Europe (haplo groupe U5a1).
HVS-I
(16008-16366)
HVS-II
(48-155)
HAPLOGROUPE
2
CRS
CRS
H/HV/R
2
16304C
CRS
H5
INDIVIDU
EXTRACTION
T51
A1
S37A
3
16126C-16163G-16186T-16189C-16192T-16294T
Z3G-152C
T1a
S38
2
16126C-16163G-16186T-16189C-16192T-16294T
Z3G-152C
T1a
S41
5
16126C-16163G-16186T-16189C-16192T-16294T
Z3G-152C
T1a
S44
2
16126C-16163G-16186T-16189C-16192T-16294T
Z3G-152C
T1a
S29 (1)
4
16126C-16292T-16294T-16296T
73G-146C-150T
T2
S11
4
16169T-16193T-16224C-16246T-16311C
73G
K
S12
2
16169T-16193T-16224C-16246T-16311C
73G
K
Aregonde
5
16192-16256-16270-16274-16311
73G-146C
U5a1
S13
2
16231C-16256T-16270T
73G-152C
U5a1
A3
2
16189C-16192T-16270T
73G-150T
U5b
S29 (2)
2
16189C-16192T-16270T
73G-150T
U5b
Figure 7 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Déterminations ADN effectuées par le Laboratoire de génétique et
d’archéologie moléculaire de Louvain. [© R. Decorte, Center Human Genetics, Louvain]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
Les analyses poursuivies par le Prof. R. Decorte ont également pu porter sur 13 sujets
dont les haplogroupes se sont révélés classiques pour une population d’Europe occidentale.
Dans trois cas seulement le sexe a pu être déterminé. En revanche, des liens de parenté
ont pu être mis en évidence pour 10 sujets, avec quatre groupes d’apparentements familiaux, les sépultures concernées étant voisines ou proches, ce qui confirme la probabilité
du recrutement familial de cette nécropole privilégiée (figure 8).
5
Rangée
4
3
2
A12
A13
A5
13
44
51
11
A15
Arégonde
A4bis
0
1
2m
12
46/51
50
N
A16
14
A4
A14
A17
1
Haplogroupes
47
48
A18
U5a
42
A3
A1
A10
162
A8
8
38
T1a
K
17
37
62
A11
A19
60
U5b
63
A9
A7
9
41
61
A2
apparentée maternelle
10
29
36
16bis
31
28
Figure 8 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Apparentements révélés par l’ADN.
[M. Kérien, d’après F. Lagarde, Commission du Vieux Paris]
En définitive, l’apport de l’anthropologie biologique classique à la compréhension du
groupe de population inhumé dans la basilique de Saint-Denis à la période mérovingienne
reste modeste. Les quelques observations effectuées ne révèlent aucune sélection à l’inhumation puisque hommes, femmes et enfants sont représentés, à la différence pourtant de
ce que révèle le mobilier archéologique, avec une prédominance de femmes qui suggérerait
des inhumations sectorisées par sexe (figure 9). D’après leur mobilier funéraire, quatre
hommes ont été identifiés : ceux des tombes 9, 13 et 18 des fouilles d’É. Salin (si l’on admet
que le port d’un éperon était nécessairement masculin), ainsi que le jeune homme de
la tombe 11 (fouilles de M. Fleury) qui portait un scramasaxe. Si la présence de broderies
de fils d’or sur les vêtements n’était pas l’exclusive des femmes, celles-ci semblent néanmoins majoritaires (17 sépultures féminines, 2 sépultures masculines et 12 sépultures
dont ni l’anthropologie ni le mobilier n’ont permis la détermination du sexe).
On note que les traumatismes ne concernent que les hommes et que la localisation des
séquelles est limitée aux membres inférieurs. Enfin, la présence possible d’un cavalier
âgé conforte le statut aristocratique du groupe, déjà révélé par la présence de tombes
richement dotées, dont celle de la reine Arégonde, et confirmé par leur situation dans
un édifice religieux prestigieux.
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
FOUILLES
E. SALIN
1953/1954
E. SALIN
1957
M. FLEURY
1957-1981
N° SÉPULTURE
6
7
8
9
13
16
18
23
32
9
11
12
13
28B
29A
29B
31
36
37A
38
41
42
44
47
48
49
50
51
60
61
62
63
A1
A3
A9
ADULTE /
IMMATURE
Bioanthropo.
DÉTERMINATION SEXE
mode
ADN
H
F
non déterminé
immature
immature
immature
immature
immature
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
adulte
non déterminé
non déterminé
mobilier
F
F
F
H
H
F
H
F
F
H
H
F
F
non déterminé
non déterminé
H
H
H
F
F?
coxal
coxal
coxal
non déterminé
non déterminé
non déterminé
H
coxal
non déterminé
F
F
H?
H?
non déterminé
coxal
coxal
crâne
robustesse
F
F
F
F
F
F
non déterminé
163
F
F
Adulte ?
adulte ?
immature
non déterminé
non déterminé
non déterminé
Figure 9 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Détermination des sexes par l’anthropologie, l’ADN et le mobilier
funéraire. [© V. Gallien, Inrap ; P. Périn, MAN]
TEXTILES ET CUIRS
L’étude des très nombreux restes organiques animaux et végétaux, les uns déjà pris
en compte par A. France-Lanord, les autres non manipulés depuis leur prélèvement, a été
menée par Antoinette Rast-Eicher (Archéotex, Ernen, Suisse), avec le précieux concours
de Sophie Dérosiers (EHESS) pour la soie, de Witold Nowik (Laboratoire de recherche des
monuments historiques) pour les colorants et de Marquita Volken (Gentle Craft, Lausanne)
pour les cuirs. Des résultats très significatifs ont été obtenus, avec l’identification d’étoffes
variées et colorées (plus d’une centaine d’échantillons), dont des samits de soie qui n’avaient
pas été reconnus auparavant et qui proviennent du monde byzantin, de la perse sassanide et de Chine (l’Égypte n’étant pas représentée (RAST-EICHER, PÉRIN 2011). Le fait que
l’emplacement de la plupart des prélèvements ne puisse être situé, malgré la redécouverte
récente des carnets de fouille de M. Fleury et d’un certain nombre de protocoles d’étude
et de restauration d’A. France-Lanord, ne facilite pas l’interprétation des restes de tissus
et de cuirs pour la reconstitution des vêtements, à l’exception de celui d’Arégonde (voir
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
ci-dessous). Les cuirs, pour leur part, on fait l’objet de nouvelles déterminations zoologiques et d’études tracéologiques,un certain nombre de restes ayant pu faire l’objet de
remarquables reconstitutions par M. Volken (figure 10).
Figure 10 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Reconstitution
des chaussures d’origine byzantine de la sépulture 42 (fouilles
M. Fleury). [© M. Volken, Gentle Craft. Centre de Calcéologie
et Cuirs anciens]
ANALYSE CHIMIQUE DES MÉTAUX ET DES GEMMES
Parallèlement à l’étude des restes organiques provenant des tombes mérovingiennes
de la basilique de Saint-Denis, un programme d’analyse des objets métalliques est poursuivi depuis 1999 au Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF,
Louvre) par Thomas Calligaro, ingénieur d’étude, à l’aide de l’accélérateur de particules
AGLAÉ (méthode PIXE) et d’une sonde RAMAN, procédés non destructifs (figure 11).
Centré sur la caractérisation géochimique des grenats et autres gemmes, ce programme
prend également en compte la nature des alliages des métaux supports en or et en argent.
164
Figure 11 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Analyse des grenats d’une des fibules d’Arégonde avec l’accélérateur
de particules Aglaé. [© C2RMF]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
Plus de 5 000 grenats provenant de Saint-Denis, mais également d’autres sites français et
étrangers, ont été étudiés, ce qui constitue à l’heure actuelle la plus vaste base de données
en la matière (CALLIGARO, PÉRIN 2007b ; 2022 ; CALLIGARO et alii 2008).
Ces analyses ont confirmé et précisé les travaux antérieurs en ce domaine, et notamment l’utilisation quasi-exclusive aux ve et vie siècles de grenats almandins provenant
d’Inde (nos types I et II) et pyraldins du Skri Lanka (type III), où nous avons effectué des
prospections géologiques pour avoir des grenats de référence de provenance géographique assurée (figures 12-13). La rupture d’approvisionnement en grenats orientaux de
l’Occident vers 600 a été confirmée (figure 14), avec le recours consécutif à des grenats
pyropes européens (type V) et du Portugal, mines de Monte Suimo mentionnées par Pline
l’Ancien (type IV), les grenats des types IV et V étant souvent associés sur les mêmes
objets. Aucune interprétation historico-économique satisfaisante ne peut être aujourd’hui
proposée pour expliquer cette substitution des grenats européens aux grenats indiens.
Il n’est pas certain, comme l’a proposé Uta von Freeden, que la prise de contrôle de
la mer Rouge par les Perses, au détriment des Byzantins, en 570, ait interrompu par cette
7
type IV
pyrope pauvre en chrome
Monte Suimo, Portugal
type IIIa
pyraldine riche en calcium
Sri Lanka central
6
5
CaO %
4
type V
pyrope riche en chrome
Bohême, République tchèque
3
type IIIb
pyraldine pauvre en clacium
Sri Lanka sud
type II
almandine riche en clacium
Inde
2
1
type I
almandine
Rajasthan, Inde
0
0
5
10
15
20
MgO %
Figure 12 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Mise en évidence des six groupes de grenats.
[© T. Calligaro, C2RMF]
TYPE
PAYS
LOCALISATION
CONFIANCE
I
Inde
Rajasthan, district de Tonk
****
II
Inde
indéterminé
**
IIIa
Sri Lanka
centre de l’île, près de Elahera
**
IIIb
Sri Lanka
sud de l’île, près de Ratnapura
**
IV
Portugal
Monte Suimo, près de Lisbonne
***
V
République Tchèque massif de Bohême, près de Vestrev
PÉRIODE
REMARQUES
ive-vie
Employés sur les bijoux
gréco-romains
vie-viie
mine exploitée
dès la période romaine
****
Figure 13 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Provenance des six groupes de grenats.
[© T. Calligaro, C2RMF]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
165
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
100 %
90 %
type III
Sri Lanka
type V
Bohême, République tchèque
80 %
70 %
type II
Inde ?
60 %
type IV
Monte Suimo,
Portugal
50 %
40 %
30 %
type I
Rajasthan, Inde
20 %
10 %
0%
400 AD
500 AD
600 AD
700 AD
Figure 14 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Diagramme montrant la rupture d’approvisionnement des grenats
des Groupes I, II et III vers 600. [© T. Calligaro, C2RMF]
166
voie les relations commerciales entre l’océan Indien et la Méditerranée. En effet, des
matières premières et denrées précieuses, des étoffes de luxe, etc., parviennent toujours
en Occident au viie siècle. Il faut de toute manière également compter avec les routes
terrestres (FREEDEN 2000, p. 97-12 ; a contrario CALLIGARO et alii 2008, p. 128).
Il est encore significatif de noter que l’utilisation du verre rouge, comme substitut des
grenats, s’est révélée totalement exceptionnelle, ce matériau ne se popularisant dans
l’orfèvrerie qu’au seuil de la période carolingienne.
En tout cas, il est indiscutable que la rupture d’approvisionnement de l’Occident en
grenats indiens y a provoqué la disparition rapide du cloisonné couvrant, les grenats
européens, du fait de leur petite taille, ne se prêtant pas à ce style couvrant. On s’explique
ainsi la diffusion au viie siècle de l’orfèvrerie à pierres en bâtes, où les grenats sont de plus
en plus rares et la couleur rouge des incrustations largement absente.
Les gemmes figurant sur les six bagues découvertes dans les tombes mérovingiennes
de la basilique de Saint-Denis ont fait également l’objet de nouvelles déterminations par
la méthode PIXE, avec plusieurs correctifs (figures 15-16).
Figure 15 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Bagues en or serties
de gemmes. En haut les trois bagues du S. 16 (fouilles É. Salin
1957). En bas, de gauche à droite, S. 62, S. 63 et S. 42 (fouilles
M. Fleury). À noter que la bague de la S. 42 n’est pas sertie d’une
gemme mais d’une plaquette de verre [© MAN / RMN ]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
No D’INVENTAIRE
No DE TOMBE
87.190
16
87.191
16
87.192
16
87.152
50
87.165
62
87.166
63
DÉTERMINATION
E. SALIN / M. FLEURY
NOUVELLE
DÉTERMINATION
saphir
saphir
viie siècle - Byzance
chrysoprase ou émeraude
émeraude
améthyste ou saphir
saphir
début vie siècle
intaille sur chrysoprase
intaille sur chrysoprase
améthyste ou saphir
améthyste
chrysoprase
émeraude
DATATION
ca 500
Figure 16 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Nouvelle détermination des gemmes
avec l’accélérateur de particules Aglaé. [© T. Calligaro, C2RMF]
ARCHÉOZOOLOGIE
Deux sarcophages ont livré des restes d’animaux, qui ont été étudiés par Olivier Putelat
et Aurélia Borvon, archéozoologues. Le sarcophage 9, fouillé par É. Salin en 1957, conservait
encore son couvercle, mais avait été pillé lors de l’implantation du sarcophage 8. Parmi
les gravats qui le remplissaient, outre des restes de tissus, des fils d’or, deux boucles en
alliage blanc (l’une de ceinture, l’autre d’aumônière), deux fragments d’éperons en fer
et des tessons de céramique romaine, figuraient une écaille de poisson et une vertèbre de
Cyprinidé ayant appartenu à une tanche, un barbeau ou une brème. Il est évidemment
impossible ici de déterminer si ces restes de poissons étaient en relation avec le défunt ou
découlaient au contraire d’un apport, de même que les tessons de poterie et les restes de
coquilles, lié à la violation du sarcophage.
Le sarcophage 37, fouillé par M. Fleury, était pour sa part intact, son couvercle étant
demeuré scellé au plâtre. Le squelette était en place, avec la présence de restes de tissus
et de fils d’or, ainsi que de deux boucles, l’une de ceinture en argent, l’autre d’aumônière
en or, et de deux couteaux. Trois squelettes de très petits amphibiens, non observés lors
de la fouille mais prélevés avec d’autres restes organiques, ont été retrouvés parmi ceux-ci.
Ils offrent, du fait de leur mode de prélèvement, des lacunes anatomiques et leur emplacement dans la tombe n’est pas localisé. S’il est indubitable que ces trois batraciens ont bien
été piégés dans le sarcophage avant sa fermeture, on ne peut évidemment conclure sur
la manière dont ils y sont parvenus : lors du transport de la cuve au lieu de sépulture,
avec le cadavre lui-même après son exposition ou geste volontaire ?
OBJETS MOBILIERS
Les mobiliers funéraires ont été publiés par M. Fleury et A. France-Lanord dans les Trésors
mérovingiens de la basilique de Saint-Denis (1998), mais sans réelle étude typo-chronologique,
ce que nous avons mené. Outre quelques objets usuels en fer, il s’agit essentiellement
d’accessoires vestimentaires et d’objets de parure : boucles et plaques-boucles, fibules,
bagues, boucles d’oreille, bracelets, scramasaxe avec son fourreau décoré. S’y ajoute
le flacon de verre de la tombe d’Arégonde, seul vase de la nécropole. Exception faite de
la garniture de ceinture et de la grande épingle de vêtement d’Arégonde, de la garniture
de ceinture du S. 11 (fouilles M. Fleury) en argent doré, et de la plaque-boucle ajourée en
argent du S. 9 (fouilles M. Fleury), à décor zoomorphe et d’une qualité exceptionnelle, il
s’agit d’objets de type classique, mais réalisés en argent et non en alliage cuivreux, comme
des boucles massives à ardillon scutiforme. Ces objets ont tous été réexaminés au C2RMF,
qu’il s’agisse de leur composition chimique ou de leur technique de décoration. Il en a été
de même pour le flacon de verre d’Arégonde. Il s’agit d’un verre au natron, ce qui est
classique pour l’Occident durant la période romaine et la période mérovingienne, où on
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
167
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
importait des lingots de verre d’origine syro-palestinienne et égyptienne. Une des particularités des tombes féminines de Saint-Denis est également la présence de pyxides de
bois et de cuir dont plusieurs sont des boîtes à ouvrage.
Un certain nombre des objets recueillis dans les tombes de la basilique de Saint-Denis
témoignent d’échanges à plus ou moins longue distance avec les duchés francs d’Alamanie,
le royaume lombard d’Italie, mais aussi le monde méditerranéen et Byzance, ainsi que
l’Inde et le Sri Lanka, preuves de la survivance du grand commerce antique à la période
mérovingienne, au moins jusque vers 600 (PÉRIN, CALLIGARO 2019).
LA TOMBE D’ARÉGONDE
En 2003, la redécouverte des restes osseux de la tombe 49, que l’on croyait irrémédiablement perdus sinon même détruits (figure 17), a permis, de réouvrir le dossier d’Arégonde,
dont la tombe est à la fois mieux conservée et plus documentée que toutes les autres
(PÉRIN et alii 2007 ; RAST-EICHER, PÉRIN 2011).
Au plan anthropologique, l’étude de ces restes, coordonnée par V. Gallien (CEPAM,
Sophia Antipolis) a pu confirmer la gracilité et la petite taille de la défunte (entre 1,50
et 1,60 m) et mettre en évidence une hypoplasie du pied droit pouvant avoir résulté d’une
poliomyélite contractée vers 4 ans (figure 18), comme le révèle un stress détecté par
l’hypoplasie de l’émail dentaire (figure 19). Il a été également possible de constater que
la défunte présentait un terrain hyperostosique marqué par des sites d’enthèses très développés sur tous les os disponibles et par des ostéophytes rachidiens évoquant la « maladie
de Forestier ». Une arthrose cervicale et lombaire a par ailleurs été relevée.
168
Figure 18 – Saint-Denis (Seine-St-Denis). Os des pieds d’Arégonde.
Ceux du pied gauche sont déformés. [© V. Gallien, Inrap]
Figure 17 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Remontage du squelette
d’Arégonde au MAN par V. Gallien en 2005. [© P. Périn, MAN]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
Figure 19 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Mandibule inférieure d’Arégonde.
[© V. Gallien, Inrap]
Grâce à la méthode des céments dentaires, l’âge de la défunte a été corrigé et estimé
à + 61 ans (et non plus vers 45 ans) par le Dr C. Rücker (CEPAM). De nouveaux travaux
historiques fixant désormais en 534 la date de naissance de Chilpéric (en non plus en 537
ou 539), il est ainsi désormais possible de placer la mort d’Arégonde entre 572 et 583 (du
fait des variables de son âge à la naissance de son fils et de celles de son propre décès),
avec une forte probabilité entre 573 et 579 (figures 20-21).
Cette datation historico-biologique soulève toujours le problème de la précocité apparente de la garniture de ceinture, nécessairement antérieure aux années 580 et dont
pourtant le type ne se diffuse qu’au Mérovingien récent 1 (MR1). La classification chronologique que nous utilisons, MA (Mérovingien ancien) 1-3 et MR (Mérovingien récent) 1-3
est l’adaptation de la typo-chronologie consacrée d’H. Ament, avec les niveaux AM (Ältere
Merowingerzeit) 1-3 et JM (Jüngere Merowingerzeit) 1-3 ; et alii 2016 ; figure 22).
Âges possibles d’Arégonde
à la naissance de Chilpéric
Années de naissance
correspondantes d’Arégonde
15 ans
18 ans
20 ans
519
516
514
Figure 20 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Années possibles de naissance d’Arégonde en fonction de son âge
au moment de l’année de naissance de Chilpéric. [© P. Périn, MAN]
DATES POSSIBLES DE NAISSANCE D’ARÉGONDE
Nouvelle estimation biologique
de l’âge de décès d’Arégonde
514
516
519
61 ans
575
577
580
64 ans / + 3 ans
578
580
583
58 ans / - 3 ans
572
574
577
Années possibles de décès d’Arégonde : meilleure possibilité : 575-580 ; fourchette large : 572-583
Figure 21 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Date de décès d’Arégonde en fonction de ses dates possibles de
naissance et des estimations de son âge biologique. [© P. Périn, MAN]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
169
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
170
Figure 22 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Mobilier funéraire d’Arégonde.
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
La composition des plaques à partir de motifs inspirés des tenons scutiformes de ceinture
plaide cependant en faveur d’une fabrication de cet ensemble au Mérovingien ancien III
(MA3), de même que les motifs zoomorphes de la boucle et de l’extrémité des plaques en
« Style II », représentés dès la fin du vie siècle. Une explication complémentaire possible
est que cette garniture de ceinture ait résulté d’une commande royale, l’orfèvre ayant
réalisé une création originale, sorte de « prototype », à partir des éléments dont il disposait alors : la notion de plaque-boucle et de contre-plaque, les tenons scutiformes, le style
des pierres montées en bâte sur une feuille d’or (déjà présent sur des fibules discoïdes de
la fin du MA3). Quant aux petites plaques-boucles en argent de la partie inférieure des
jarretières, avec leur contour mouvementé épousant la forme de leur décor d’entrelacs
zoomorphes, elles ont parfois servi d’arguments pour contester l’attribution à la reine
Arégonde du contenu du sarcophage 49, ces objets étant datés du MR1, voire du MR2. En
fait, comme plusieurs découvertes récentes le montrent, notamment en Picardie, ce type
de petites plaques-boucles ainsi que leur décor en « style animalier II classique », s’il se
diffuse à partir du MR1 (premier tiers du viie siècle), est déjà épisodiquement présent dès
la fin du MA3 (dernier tiers du vie siècle ; figure 23), comme René Legoux l’a établi.
Fin MA 3 / début MR 1
Saint-Sauveur 39
Fin MA 3 - Goudelancourt 63
Fin MA 3 - Goudelancourt 248B
Figure 23 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Exemples de plaques-boucles de jarretières à décor zoomorphe en
Style II, datables du MA3. [© R. Legoux]
De même que ceux des autres tombes mérovingiennes privilégiées de la basilique de
Saint-Denis, les bijoux d’Arégonde ont fait l’objet d’études et d’analyses systématiques au
C2RMF (voir ci-dessus). On a ainsi pu confirmer la présence de « fausses » paires d’objets
en ce qui concerne les boucles d’oreille et les pendants de jarretière (un exemplaire étant
remplacé après sa détérioration ou sa perte), ainsi que les fibules cloisonnées (l’exemplaire de moins bonne exécution semble être une copie locale de l’exemplaire original,
sans doute importé du sud-ouest de l’Allemagne, pour constituer une paire, selon la mode
en vigueur dans la future Neustrie). L’origine des grenats a été déterminée, ceux de la paire
de fibules et de la garniture de ceinture provenant d’Inde, à la différence des exemplaires
de la grande épingle, majoritairement issus des gisements de Bohême (voir ci-dessus).
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
171
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
Nous avons d’autre part proposé que le nodule médian de cette épingle, dont on trouve
des parallèles dans l’est de la mer Noire et le Caucase aux iie et iiie siècles, était un objet
antique réutilisé. De tels remplois sont connus dans l’Occident mérovingien, comme
le pendentif perse de la tombe de Wolfsheim en Allemagne (PÉRIN et alii 2007, p. 189-191).
Du fait de ces objets de parure dépareillés, dont plusieurs témoignaient de traces d’usures
et de réparation, on peut supposer que la vieille reine Arégonde, dont le fils Chilpéric, mort
en 584, ordonna probablement les funérailles, avait choisi d’être enterrée avec des bijoux
longtemps portés et qui lui étaient sans doute familiers et chers.
Quant au réexamen des restes textiles subsistants, il a permis de remettre largement
en question la reconstitution consacrée du costume d’Arégonde (figure 24a). C’est ainsi
que les fragments d’ottoman de soie violette n’ont pu correspondre à une robe, comme
l’avaient proposé M. Fleury et A. France-Lanord, mais servaient de doublure aux bordures
de soie à motifs géométriques tissés aux planchettes (au nombre exceptionnel d’une centaine) qui soulignaient l’ouverture du manteau de soie teint de pourpre (cas unique pour
les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis, qui accrédite, si besoin était,
le rang royal d’Arégonde ; figure 24b). C’est en fait sur ce manteau, et non sur la « pseudorobe de soie violette », qu’était portée la garniture de ceinture, comme en témoignent les
restes de tissus et de cuir retrouvés sous les plaques de la ceinture. On a pu également
172
A
B
Figure 24 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Reconstitution du costume d’Arégonde. A : par Michel Fleury
et Albert France-Lanord ; B : par Antoinette Rast, Marquita Volken et Patrick Périn, dessin de Florent Vincent
[© A : FLEURY, FRANCE-LANORD 1998, p. II-133 ; B : Archäologisches Museum de Francfort-sur-le-Main]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
préciser que la défunte portait un long voile en samit de soie de couleur jaune et rouge
qui descendait au moins jusqu’à la taille. D’autres types de tissus, précieux ou non, qui
n’avaient pas tous été reconnus auparavant, ont été identifiés, sans qu’on puisse le plus
souvent en donner une interprétation vestimentaire satisfaisante dans la mesure où ils
ne sont pas localisables sur le corps de la défunte.
En définitive, et à la différence de ce que M. Fleury et A. France-Lanord avaient
proposé dans leur publication de 1998, la reconstitution du costume d’Arégonde se limite
aujourd’hui à son manteau et à son voile, ainsi qu’à sa ceinture, ses jarretières et ses
chaussures, à l’exclusion des autres vêtements qui étaient portés sous le manteau. La robe
qu’elle portait n’est évoquée que par ses manchettes de cuir.
Le réexamen tracéologiques des restes de cuirs de chèvre des chaussures, effectué
par M. Volken, a rendu obsolète leur reconstitution publiée par M. Fleury et A. FranceLanord en 1979. Il ne s’agit pas en fait de bottines, mais d’escarpins à bout effilé, du type
« babouches », découpés chacun dans une seule pièce de cuir, avec un décor brodé de soie
sur le dessus et un triangle gaufré rapporté à l’arrière (figure 25).
En revanche, la reconstitution des jarretières a été confirmée, et notamment le fait que
les extrémités inférieures de leurs courroies étaient croisées sous et sur les chaussures,
sans y être cousues, et maintenues par de petites plaques-boucles en argent.
173
Figure 25 – Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Reconstitution par Martina Volken des cuirs de la ceinture et des
jarretières d’Arégonde, ainsi que celle des chaussures et des manchette de la robe. [© Archäologisches Museum
de Francfort-sur-le-Main]
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
Patrick PÉRIN, au nom du Saint-Denis’team
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
BRUZEK J. (2002) – A Method for Visual Determination of Sex, Using the Human Hip Bone, American Journal of
Physical Anthropology, 117, 1-2, p. 157-168.
CALLIGARO T., PÉRIN P. mit Beiträgen von BUCHET L., CASSIMAN J.-J., DARTON Y., GALLIEN V., POIROT J.-P.,
RAST A., RUCKER C., VALLET F. (2007a) – Neue Erkenntnisse zum Arnegundgrab. Ergebnisse der Metallanalysen
und der Untersuchungen organischer Überreste aus Sakophag 49 aus Basilika von Saint-Denis, Acta Praehistorica
et Archaeologica, 39, p. 146-179 (Festschrift Wilfried Menghin zur 65. Geburtstag).
CALLIGARO T., PÉRIN P., VALLET F., POIROT J.-P., BAGAULT D. (2007b) – Provenancing Merovingian Garnets
by PIXE and μ-Raman Spectrometry, dans : HENNING J. (dir.), Post-Roman Towns, Trade and Settlement in Europe
and Byzantium, Vol. 1, The Heirs of the Roman West, Actes du colloque international organisé par la Johann Wolfgang
Goethe-Universität de Francfort-sur-le-Main, Bad Homburg, 30 septembre-3 octobre 2004, Berlin / New York,
W. de Gruyter, p. 69-75.
CALLIGARO T., PÉRIN P., VALLET F., POIROT J.-P. (2008) – Contribution à l’étude des grenats mérovingiens
(Basilique de Saint-Denis et autres collections du musée d’Archéologie nationale, diverses collections publiques
et objets de fouilles récentes. Nouvelles analyses gemmologiques et géophysiques effectuées au Centre de
Recherche et de restauration des musées de France, Antiquités nationales, 38 (2006-2007), p. 111-144.
CALLIGARO T., PÉRIN P. (2022) – Analyse géochimique et provenance des grenats ornant les chefs d’œuvres
de l’orfèvrerie mérovingienne conservés au Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale de France et
au Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Troyes, Antiquités nationales, 52, p. 43-71.
FLEURY M., FRANCE-LANORD A. (1998) – Les Trésors mérovingiens de la Basilique de Saint-Denis, Woippy, 569 p.
174
FLEURY M., FRANCE-LANORD A. (à paraître) – Les tombes gallo-romaines et mérovingiennes de la basilique
de Saint-Denis. Nouvelles recherches (1999-2020), dans PÉRIN P. (dir), La nécropole mérovingienne de Saint-Denis,
(Mémoires de l’Association française d’archéologie mérovingienne, 26).
FREEDEN U. von (2000) – Das Ende engzelligen Cloisonnés und die Eroberung Südarabiens durch die Sasaniden,
Germania, 78, p. 97-124.
GALLIEN V., PÉRIN P. (2009) – La tombe d’Arégonde à Saint-Denis. Bilan des recherches menées sur les restes
organiques humains, animaux et végétaux retrouvés en 2003, dans : ALDUC-LE BAGOUSSE A. (dir.), Inhumations
de prestige ou prestige de l’inhumation. Expressions du pouvoir dans l’au-delà (ive-xve siècles), Tables rondes du Centre
de Recherche historique et archéologique médiévale de l’Université de Caen, 23-24 mars 2007, Caen, p. 203-226
(Collection Tables rondes du CRAHM, 4).
HERSHKOVITZ I., GREENWALD C., ROTHSCHILD B. M., LATIMER B., DUTOUR O., JELLEMA L. M., WISH-BARATZ S.
(1999) – Hyperostose Frontalis Interna: an Anthropological Perspective, American Journal of Physical Anthropology,
109, p. 303-325.
R., PÉRIN P., VALLET F. (2016) – Chronologie normalisée du mobilier funéraire mérovingien entre Manche et Lorraine,
Saint-Germain-en-Laye, Association française d’archéologie mérovingienne, 4e édition revue et corrigée, 71 p.
(Bulletin de liaison de l’AFAM, no hors-série).
MASSET C. (1982) – Estimation de l’âge au décès par les sutures crâniennes, Thèse de Doctorat, Université Paris VII, 298 p.
PÉRIN P., CALLIGARO T., BUCHET L., CASSIMAN J.-J. (2007) – La tombe d’Arégonde. Nouvelles analyses en
laboratoire du mobilier métallique et des restes organiques de la défunte du sarcophage 49 de la basilique de
Saint-Denis, Antiquités nationales, 37, 2006, p. 181-206.
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
II.8 - Les tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis : nouvelles recherches interdisciplinaires
PÉRIN P., CALLIGARO T. (2019) – Le commerce des grenats à l’époque mérovingienne, dans : Les archéologues
face à l’économie, Archéopages, Archéologie et société, p. 109-120 (Collection Hors-série, 5).
RAST-EICHER A., PÉRIN P. (2011) – Die merowingerzeitlichen Frauenbestattungen aus der Basilika von SaintDenis. Neue interdisziplinäre Untersuchungen, dans : QUAST D. (Publ.), Weibliche Eliten in der Frühgesschichte,
Internationale Tagung vom 13. bis zum 14. Juni 2008, Forschungsschwerpunktes « Eliten », Römisch-Germanisches
Zentralmuseum, Mainz, p. 67-76.
UBELAKER D. H. (1978) – Human Skeletal Remains. Excavations, Analysis, Interpretation, Taraxacum, Chicago,
Washington DC, 116 p. (2e édition révisée en 1984).
Composition de l’équipe pluridisciplinaire ayant repris l’étude en laboratoire
des tombes mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis
- Archeotex (Ennenda, Suisse) : Antoinette RAST-EICHER (textiles) ;
- Argonne National Laboratory (Illinois, USA) : Dr Antonio LANZIROTTI (embaumement possible
d’Arégonde par voie buccale) ;
- Center Human Genetics (Louvain, Belgique) : Prof. Jean-Jacques CASSIMAN, Prof. Ronny DECORTE (ADN) ;
- Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (Paris, France) : Thomas CALLIGARO
(analyses AGLAE et RAMAN), Jean-Paul POIROT † (gemmologie), Pascale RICHARDIN (C14) ;
- Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques, Champs-sur-Marne, Witold NOWIK (colorants) ;
- École des Hautes Études en Sciences Sociales (Paris, France) : Sophie DESROSIERS (soie) ;
- Gentle Craft. Centre de Calcéologie et Cuirs anciens (Lausanne, Suisse) : Marquita VOLKEN ;
- Musée d’Archéologie nationale (Saint-Germain-en-Laye, France) : Patrick PÉRIN (coordinateur du
programme de recherche), Françoise VALLET (conservatrice en chef honoraire), Fanny HAMONIC, conservatrice du Département du premier Moyen Âge, Clotilde PROUST, ancienne
cheffe du laboratoire de restauration) ;
- Seoul National University College of Medecine de Séoul, Dept. of Anatomy (Séoul, Corée du Sud) :
Dr Dong HOON SHIN (histologie des cheveux et toxicologie des restes de poumon présumés
d’Arégonde) ;
- Unité d’Archéologie de Saint-Denis (Saint-Denis, France) : Michael WYSS (topographie et sarcophages), GDF Suez : Jean-Pierre GELY (pétrographie) ;
- Universita degli Studi di Torino, Dept. Of Public Health and Pediatric Sciences (Turin, Italie) :
Dr Raffaella BIANUCCI (recherches épidémiologie sur un reste présumé du poumon d’Arégonde) ;
- Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR 7041 - ArScAn, Équipe Archéologie environnementale :
Olivier PUTELAT, Aurélia BORVON (archéozoologie) ;
- Université de Nice-Sophia Antipolis, CNRS / UMR 7264 - CEPAM : Luc BUCHET, Véronique GALLIEN †,
Dr Yves DARTON (paléopathologie), Dr Claude RUCKER † (céments dentaires).
Patrick PÉRIN
MAN / Saint-Denis’team
[email protected]
Pour citer cet article
PÉRIN P. au nom du Saint-Denis’team (2023) – Les tombes mérovingiennes de la basilique de SaintDenis : nouvelles recherches interdisciplinaires, dans : LE FORESTIER C. (dir.), Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, Paris, Les Amis de la Revue archéologique d’Île-de-France,
p. 157-175 (RAIF, supplément 7).
Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France, RAIF, supplément 7, p. 157-175
175
Le haut Moyen Âge, et plus particulièrement la période mérovingienne, est marqué par un changement de
société qui débute à la fin de l’Antiquité. Que ce soit par les institutions politiques, le système économique
ou la religion, les pratiques funéraires vont alors évoluer entre le ive et le viiie siècle. Au sein des sépultures,
la structure funéraire, le mobilier accompagnant le défunt, la façon d’envisager la mort et les restes osseux
sont des marqueurs pertinents pour la compréhension de cette transformation sociétale.
Le PCR Archéologie des nécropoles mérovingiennes en Île-de-France a débuté en 2014 pour s’achever en
2020 et a réuni de nombreux archéologues franciliens. L’objectif de ce programme de recherche était d’abord
de collecter, au sein d’un Système d’Information Géographique, les données spatiales et attributaires issues
des fouilles qui se sont déroulées entre le première moitié du xixe siècle et le début du xxie siècle d’abord par
des amateurs locaux et dernièrement par des opérateurs d’archéologie préventive. Cet inventaire détaillé a
été réalisé pour 452 sites, publié en 2016 dans le rapport d’activité du PCR : il sert de base à de nombreuses
recherches franciliennes en archéologie funéraire.
Le second objectif était de réunir des contributions de spécialistes de l’archéologie funéraire du haut Moyen Âge
abordant des thématiques variées comme l’historiographie de la discipline, les collections du Musée de
Saint-Germain-en-Laye, la typologie des pratiques funéraires, les épitaphes et les stèles, les manipulations
osseuses, les pillages, le mobilier en alliage cuivreux et en céramique, la paléopathologie et la paléodémographie. Cette publication est accompagnée de 7 articles abordant des ensembles funéraires originaux et dont
la plupart ont été fouillés récemment : Bonneuil-en-France, Frépillon, Saint-Pathus, Lagny, Noisy-le-Grand,
Saint-Denis et Vicq.
The Early Middle Ages, and more specifically the Merovingian period, are marked by changes in society which
begin at the end of the Roman period. Whether influenced by political institutions, the economic system or
religion, funerary practices evolve between the 4th and the 8th century. Within graves, the funerary structure,
grave goods, the way death is envisaged and bone remains are relevant markers for understanding this
transformation in society.
Designed as a collective research project and launched in 2014, “Archaeology of Merovingian cemeteries in
the Ile-de-France” brought together numerous regional archaeologists until 2020. The research programme’s
purpose was firstly to compile, within a Geographic Information System, spatial and attribute data from
excavations carried out between the first half of the 19th century and the beginning of the 21st century,
initially by local amateurs and latterly by archaeological contractors. A detailed inventory of 452 sites,
published as a project report in 2016, has provided the basis for numerous regional funerary archaeology
research projects.
The second purpose was to bring together contributions from specialists in early medieval funerary
archaeology covering subjects as varied as the history of this field of research, the National Museum of
Archaeology collections, the typology of funerary practices, epitaphs and gravestones, bone treatment,
looting, copper alloy and pottery artefacts, paleopathology and paleo-demography. The publication includes
7 articles which look at particular funerary assemblages from Bonneuil-en-France, Frépillon, Saint-Pathus,
Lagny, Noisy-le-Grand, Saint-Denis and Vicq, the majority recently excavated.
ISSN : 2101-3608
ISBN : 978-2-9552594-4-3
PRIX : 30 €
9 7 8 295 5
2 594 43