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ANCIENS COMBATTANTAS (statut)

2022, Dictionnaire de la guerre d'Algérie

« quatre petits agriculteurs » du Tarn ont décidé d'utiliser l'argent de leur retraite d'anciens combattants pour des projets coopératifs en Algérie. Ainsi est née l'Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre (4ACG) qui en 2010 a été rebaptisée-de manière plus inclusive-Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (aujourd'hui composée d'environ 180 anciens appelés et 200 amies et amis). Petite mais pugnace, l'association est très active, tant à travers son site internet qu'à travers des publications, des documentaires. Elle organise aussi des voyages en Algérie. L'identité du groupe, dans ce cas, n'est pas tant soudée par l'expérience partagée dans le passé que par la contribution commune à la construction d'un monde plus juste, au présent et pour l'avenir. Andrea BRAZZODURO

56 / ANCIENS COMBATTANTS (STATUT) « quatre petits agriculteurs » du Tarn ont décidé d’utiliser l’argent de leur retraite d’anciens combattants pour des projets coopératifs en Algérie. Ainsi est née l’Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre (4ACG) qui en 2010 a été rebaptisée – de manière plus inclusive – Anciens appelés en Algérie et leurs amis contre la guerre (aujourd’hui composée d’environ 180 anciens appelés et 200 amies et amis). Petite mais pugnace, l’association est très active, tant à travers son site internet qu’à travers des publications, des documentaires. Elle organise aussi des voyages en Algérie. L’identité du groupe, dans ce cas, n’est pas tant soudée par l’expérience partagée dans le passé que par la contribution commune à la construction d’un monde plus juste, au présent et pour l’avenir. Andrea BRAZZODURO Bibl. : Andrea Brazzoduro, Soldati senza causa. Memorie della guerra d’Algeria, Rome-Bari, Laterza, 2012. A!CIE!S COMBATTA!TS (statut) Depuis la guerre elle-même, la revendication du statut d’ancien combattant fédère toutes les associations. L’évidence ressentie par les militaires sur le terrain – ils sont bien là pour faire la guerre – devient un non-sens à Paris. Officiellement, bien que le mot « guerre » soit employé même à l’Assemblée nationale, la France ne mène pas une guerre en Algérie mais seulement des « opérations de maintien de l’ordre ». Après 1962, la reconnaissance du statut d’ancien combattant contredirait ce discours officiel. Ainsi se développe l’action des soldats rentrés d’Algérie et de leurs associations, quels que soient leur couleur politique et leur jugement sur le sens de la guerre. Les premières revendications peuvent être repérées dans la presse de l’Union nationale des combattants (UNC) à l’occasion des rappels massifs de 1956 : en novembre 1956, le président de l’UNC entame une longue série de lettres adressées au ministre des Anciens combattants et des Victimes de guerre (« Les rappelés d’Algérie sont des combattants »). La Fédération nationale des anciens d’Algérie (FNAA), fondée en 1958, fait de la qualification d’anciens combattants sa revendication fondamentale après l’indépendance. 323692OTW_ALGERIE_CC2021_pc.indd 56 05/12/2022 08:03:38 ANCIENS MOUDJAHIDINES (ANCIENS COMBATTANTS) / 57 En 1963, son changement de nom l’exprime : elle devient la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie (Fnaca). L’État résiste tout en concédant quelques mesures. En 1955, les dispositions relatives aux pensions des blessés de guerre sont étendues aux soldats du « maintien de l’ordre » hors de la métropole. En 1956 est créée une « médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l’ordre en Afrique du Nord ». En 1967, le « titre de reconnaissance de la nation » est attribué aux militaires ayant participé pendant au moins quatre-vingt-dix jours aux « opérations en Afrique du Nord ». En 1974 seulement, la loi Bord octroie la carte du combattant, établie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1926, « à ceux qui ont participé aux opérations menées en Afrique du Nord entre 1952 et 1962 ». La législation a ensuite été maintes fois modifiée, en particulier en 1999, avec la reconnaissance de la « guerre d’Algérie ». Depuis 2019, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) délivre la carte du combattant à ceux qui ont servi au moins cent vingt jours en Afrique du Nord entre 1952 et 1964. En 2020, 1 million de personnes en sont titulaires et touchent une pension annuelle d’environ 700 euros. Andrea BRAZZODURO Bibl. : Raphaëlle Branche, « Papa, qu’as-tu fait en Algérie ? » Enquête sur un silence familial, La Découverte, 2020 • Andrea Brazzoduro, Soldati senza causa. Memorie della guerra d’Algeria, Rome-Bari, Laterza, 2012. A!CIE!S MOUDJAHIDI!ES (anciens combattants) Une première institution non gouvernementale, l’Organisation nationale des anciens moudjahidines (Onam), naît en 1963, en regard du ministère des Anciens Moudjahidines et Victimes de la guerre, créé dans le premier gouvernement algérien, fin 1962. L’État travaille à combiner à son profit, non sans dissensions internes, la ressource symbolique héritée de la participation à la lutte pour l’indépendance et l’opportunité matérielle qu’elle représente à travers les pensions octroyées. L’Onam acquiert une plus grande importance sous Boumediene, en quête de légitimité à l’issue du coup d’État du 19 juin 1965. Il joue d’abord de l’image résistancielle quoique discutée de l’émir Abdelkader, qu’il désigne comme le moudjahid 323692OTW_ALGERIE_CC2021_pc.indd 57 05/12/2022 08:03:38