02
2014
(NOUVELLE SÉRIE- VERSION ÉLECTRONIQUE)
LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE
L’OUEST
YAHAYA NAMASSA ZAKARIA1
I. LA MARCHE VERS LA RECONNAISSANCE DU DROIT DES
COMMUNAUTÉS PASTORALES PAR LES INSTANCES RÉGIONALES – II.
UNE RECONNAISSANCE MOTIVÉE DU DROIT DES COMMUNAUTÉS
PASTORALES PAR LES ÉTATS SAHELIENS – III.- QUELLES RÉFLEXIONS
EN CONCLUSION?
RÉSUMÉ : De nos jours, il est incontestable que la thématique liée à la transhumance
transfrontalière en zone sahélo saharienne se trouve au centre de toutes les analyses axées sur la
coopération transfrontalière et le développement local en Afrique. Cela explique sans nul doute
toute la complexité qui enveloppe le décorticage d’un tel sujet compte tenu de l’immensité de son
champ d’application. En effet, traiter de la transhumance transfrontalière n’est pas chose aisée,
bien au contraire il s’agit là d’une tâche délicate qui nécessite une approche très méthodique, et une
connaissance considérable des thématiques spéciiques au cortex juridique pastoral en Afrique. Dès
lors il serait judicieux de se poser la question de savoir quels sont les instruments juridiques existant
en matière de transhumance transfrontalière en Afrique de l’ouest? L’union Africaine garantie t-elle
des droits aux communautés pastorales ? Quels sont les dispositifs à la fois Etatique mais aussi
associatif mis en place par les pays ouest africains ain de mieux réglementer la transhumance
transfrontalière ? Mon analyse s’articulera2 ainsi donc sur les contours de la reconnaissance croissante
du droit des communautés pastorales par les instances régionales Africaine (I). Je m’intéresserai
également à l’analyse des différents instruments juridiques garantissant l’épanouissement des
éleveurs transhumants au niveau local (II).
MOTS CLÉS: Transhumance, Afrique de l’Ouest, Coopération transfrontalière.
THE CROSS-BORDER TRANSHUMANCE IN WESTERN AFRICA
ABSTRACT: In our days, it is indisputable that the transhumance in cross-border Sahel countries
is in the core of all the analyzes focused on the cross-border cooperation and local development
in Africa. This explains without doubt all the complexity which envelope the hulling of such a
topic in view of the vastness of its scope of application. In fact, dealing with the cross-border
transhumance is not an easy thing, on the contrary, it is a delicate task which requires an approach
very methodical, and considerable knowledge of speciic thematic to cortex pastoral legal in Africa.
Therefore it would be wise to ask the question of what are the existing legal instruments on the
1
Assistant projet à l’université des sciences administratives appliquées (Hochschule) de Kehl
(Allemagne). Titulaire d’un Master 2 professionnel en coopération Transfrontalière et Interrégionale.
2
Cette rélexion est également le fruit d’une collaboration avec l’Université de Séville (Coopération
International au Développement et Droit International Public) sous la supervision du professeur
Miguel Angel Martin.
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
cross-border transhumance in West Africa? The African Union is protecting the rights to pastoral
communities? What are the devices at the same time State but also associative put in place by the
countries of West Africa in order to better regulate the cross-border transhumance?
My analysis will focus therefore on the contours of the growing recognition of the right of pastoral
communities by regional forums African (I). I am also interested in the analysis of different legal
instruments guaranteeing the vitality of transhumants at local level (II).
KEYWORDS: Transhumance, West Africa, cross-border Cooperation.
LA TRASHUMANCIA TRANSFRONTERIZA EN ÁFRICA OCCIDENTAL
RESUMEN: En nuestros días, es indiscutible que la temática vinculada a la transhumancia
transfronteriza en la región del Sahel se encuentra en el centro de todos los análisis sobre
cooperación transfronteriza y el desarrollo local en África. Esto explica sin duda la complejidad
de esta cuestión habida cuenta de la amplitud de su ámbito de aplicación. En efecto, tratar de la
trashumancia transfronteriza no es fácil, por el contrario, se trata de una tarea difícil que requiere
un enfoque muy metódico y un conocimiento considerable de las temáticas especíicas al jurídico
pastoral en África.
Por consiguiente, es lógico plantearse la cuestión de saber cuáles son los instrumentos jurídicos
existentes en materia de transhumancia transfronteriza en el África occidental. ¿Las organizaciones
internacionales africanas garantizan los derechos a las comunidades pastorales? ¿Cuáles son los
instrumentos, estatales y también asociativos, puestos en marcha por los países de África Occidental
a in de mejorar la regulación la transhumancia transfronteriza?
Mi análisis se articulará así pues en los contornos de la creciente reconocimiento del derecho de las
comunidades pastorales por las instancias regionales africana (I), así como también en el análisis
de los diferentes instrumentos jurídicos que garantizaran el reconocimiento de los movimientos
transhumantes a nivel local (II).
PALABRAS CLAVE: trashumancia, África occidental, cooperación transfronteriza.
I. LA MARCHE VERS LA RECONNAISSANCE DU DROIT DES COMMUNAUTÉS
PASTORALES PAR LES INSTANCES RÉGIONALES
1. ÉTAT DES LIEUX DE LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE
EN AFRIQUE DE L’OUEST
Le terme transhumance dérive du latin trans qui signiie « au delà », et de humus
qui veut dire « terre ». Donc d’un point de vue général, la transhumance signiie
étymologiquement « aller au delà de la terre ». Mais il a fallu attendre les écrits d’un
certain nombre d’auteurs pour comprendre réellement ce qu’est la transhumance.
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Jean Lhoste3 par exemple, déinit la transhumance comme « un système de production
animale caractérisé par des mouvements saisonniers de caractère cyclique et d’amplitude variable qui
s’effectuent entre des zones écologiques complémentaires, sous la garde de quelques personnes, la plus
grande partie du groupe restant sédentaire ». Toutefois, c’est en 1998 que la transhumance
transfrontalière sera juridiquement déinie notamment à travers l’article 2 de
la décision A/DEC.5/10/98 de la CEDEAO4, relative à la réglementation de la
transhumance entre les Etats membres de la dite communauté. Cet article stipule
claire que la transhumance transfrontalière ou transhumance inter-Etats désigne « les
déplacements saisonniers entre Etats, du bétail ayant quitté les limites de ses parcours
habituels, en vue de l’exploitation des points d’eau et de pâturage ». Aussi, ain de
faciliter l’exercice de la transhumance transfrontalière au sein de ses Etats membres,
la CEDEAO a conçu un programme d’investissement agricole (PRIA) dont l’un
des pôles est entièrement consacré à la modulation et au suivi du pastoralisme dans
l’ensemble de l’espace sahélo soudanien5 qui constitue le champ d’application même
de la transhumance transfrontalière en Afrique de l’ouest.
Il découle de toute cette délimitation étymologique et juridique, que la
transhumance transfrontalière est une thématique qui intéresse fortement les Etats
ouest Africains6. Cela s’explique d’une part à travers l’ensemble des dispositifs
législatifs et réglementaires existant tant au niveau national que sous régional, mais
aussi et surtout par le fait que la transhumance transfrontalière présente beaucoup
d’avantages : à l’utilisation rationnelle des pâturages sahéliens au moyen d’un transfert
de charge saisonnière vers les régions méridionales à fortes potentialités pastorales
s’ajoute une augmentation de la productivité des troupeaux et le maintien en vie
du cheptel. Notons également que la transhumance transfrontalière favorise une
3
Jean Lhoste est un entomologiste français né le 19 septembre 1913 à Charenton l-Pont et décédé
le premier décembre 2010 à l’âge de 97 ans.
4
CEDEAO : Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest.
5
L’espace sahélo soudanien comprend l’ensemble de la région du liptako Gourma. Cette région
regroupe à la fois le Nord est Benin, le Sud Niger, Le nord Nigéria, Le Nord ouest Mali, Le sud Burkina
Faso…et constitue un véritable terraine de transhumance transfrontalière.
6
La bibliographie juridique sur la transhumance au Sahel est réduite. On peut citer : OROU
KPEROU GADO, Impacts socio-économiques de la transhumance transfrontalière dans la zone riveraine du parc
W du Bénin, 2006 ; ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L’AGRICULTURE ET
L’ALIMENTATION, La transhumance transfrontalière en Afrique de l’Ouest : Proposition de plan d’action, Juin
2012 ; OUMAR SY, « La transhumance transfrontalière, source de conlits au Ferlo (Sénégal) », Revue
trimestrielle sur l’Image Geograique et les formes des territoires, nº 98, 2010 ; HUBERT M. OUÉDRAOGO G.,
Rapport de synthèse des dispositifs législatifs et réglementaires en matière de pastoralisme: Bénin; Burkina Faso; Mali;
Niger; Sénégal et Tchad, Ouagadougou, Ministère de l’agriculture et des ressources animales, 1997.
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
faiblesse des couts de production. Elle est synonyme de développement durable dans
la mesure où la mobilité du bétail, basée sur une exploitation itinérante et modérée
des ressources, permet de préserver les moyens d’existence locaux tout en favorisant
le commerce et les échanges. Cependant, la transhumance transfrontalière en Afrique
fait aussi face à des conlits majeurs, notamment entre Agriculteurs et éleveurs d’où
la nécessité pour les Etats concernés de mieux réglementer ce phénomène.
A. STRUCTURE ET OSSATURE DE LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE
Il convient à ce niveau de distinguer dans un premier temps les différentes formes
de transhumance transfrontalière. En effet, dans la mesure où la transhumance
transfrontalière apparait comme une stratégie de gestion opportuniste des ressources
pastorales permettant aux éleveurs de survivre aux grandes crises éco-climatiques
qui secouent les pays sahéliens ; il serait tout à fait judicieux de distinguer7 la grande
transhumance de la petite transhumance. La grande transhumance se présente
sous forme d’un aller-retour incessant entre les pâturages de saison des pluies et
ceux de la saison sèche. Elle est engendrée par des conditions climatiques dificiles
notamment des déicits pluviométrique, spéciique à l’ensemble de la région sahélosaharienne : Il s’agit en l’occurrence de la sécheresse, du manque de points d’eau
à l’intérieur de vastes supericies de pâturages. Notons par ailleurs que l’amplitude
de la grande transhumance dépasse généralement les 400 km. En ce qui concerne
la petite transhumance ou micro transhumance, elle intervient pendant l’hivernage
et consiste à éloigner les animaux des espaces agricoles. L’amplitude de la petite
transhumance dépasse rarement 5 à 7km.
Aussi, ain de mieux cerner la structure de la transhumance transfrontalière,
d’autres précisions s’imposent : en effet la transhumance n’est pas synonyme de
nomadisation dans la mesure ou les nomades sont sans point d’attache ixe et suivent
des itinéraires variant chaque année alors que les transhumants se déplacent toujours
vers des régions bien déterminées et suivent des parcours toujours identiques et
à des dates ixes. En outre, il faut impérativement distinguer la transhumance de
la migration car cette dernière (contrairement à la transhumance) est relative à un
départ déinitif d’un groupement ethnique le plus souvent à cause d’un certain
nombre de dificultés à la fois économiques et sociales.
Toutefois, parler de la transhumance, c’est aussi évoquer la question de ses
7
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Cette distinction se fait de façon scientiique en tenant compte de l’amplitude des mouvements.
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acteurs, des animaux concernés8…En effet la transhumance mobilise une diversité
d’acteurs. Il y’a entre autre : les propriétaires d’animaux9, les bergers, les agriculteurs,
les institutions de développement comme les services techniques déconcentrés
(STD) et les projets. On peut aussi noter la présence des autorités administratives
et coutumières, les organisations d’éleveurs. Notons par ailleurs que les agriculteurs
constituent une catégorie d’acteurs assez particuliers qui affecte les mouvements de
la transhumance transfrontalière dans la mesure ou ils bloquent souvent les couloirs
de passage et mettent en exploitation des espaces utilisés par les animaux comme
aire de pâture ou de repos. Quant aux associations d’éleveurs, elles ont pour but
de rendre meilleur, l’exercice du pastoralisme transhumant. Elles assurent ainsi
donc la protection des intérêts de leurs membres, l’amélioration des productions
animales et des conditions de vie des éleveurs et pasteurs, et enin, la participation
effective à l’élaboration des orientations de développement du secteur de l’élevage10.
En ce qui concerne les projets de développement dont la mission première est
la promotion des actions de développement dans l’ensemble de la zone sahélo
saharienne, ils agissent dans le but d’une recherche de solutions aux tensions nées
de la cohabitation entre agriculteurs et éleveurs. Ces conlits entre agriculteurs et
éleveurs transhumants sont malheureusement très fréquent. Et c’est précisément
pour cette raison que la présence des autorités coutumières en tant qu’acteurs de la
transhumance transfrontalière est très importante.
B. GEOGRAPHIE ET ITINERAIRE DE LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE
La géographie de la transhumance nous permet inéluctablement de délimiter
et de décrire l’espace dans lequel se déroulent les différents mouvements de la
transhumance transfrontalière en Afrique de l’ouest. Cet espace est structuré en
zones de départ, zones de transit et zones d’accueil.
8
Les espaces animales concernées par la transhumance transfrontalière sont les bovins et les ovins.
Certaine catégorie d’animaux tels que les vaches gestantes et les vaches en lactation restent dans le
terroir d’attache.
9
En Afrique de l’ouest, les propriétaires des troupeaux sont également les acteurs traditionnels
de la transhumance transfrontalière. Il faut à cet effet distinguer : Le « rouga » qui est le gestionnaire
de la transhumance. Il rassemble les éleveurs et il joue un rôle intermédiaire entre les éleveurs et les
autorités administratives et coutumières. Ensuite il y’a le « garço ». Il conduit le troupeau transhumant
et il décide des axes de transhumance à emprunter. Enin, il y’a la « lamé » qui est responsable des
femmes dans l’organisation du « hotingo » qui est une fête de retour des transhumants et une occasion
de compétition entre éleveurs sur la qualité des animaux.
10
C’est le cas par exemple de l’association pour la redynamisation de l’élevage au Niger (AREN).
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
a. Les zones de départ de la transhumance transfrontalière en Afrique de l’Ouest
(région du Liptako Gourma)
Les zones de départ des troupeaux transhumants sont très nombreuses et sont
généralement des zones ou des villages à fort peuplement d’éleveurs d’origine peulh.
On peut donc les regrouper par pays :
– Au Burkina Faso : Les zones de départ sont : la province de la Tapoa
(Botou, Tapoa Djerma, Kabougou, kantchari, Partiaga, Nadiabondi), la
Province du gourma (Nassougou, Matiakoali, Tanwarbougou, Kikidéni et
pama), la province de la komandjari et enin les provinces du yagha et du
séno.
– Au Niger : les zones de départ sont : la région de Tillabéri (Tamou, Say,
Torodi, Téra, Tillabéri) et la Région de Dosso (Dosso, Gaya, Falmey)
– Au Mali : Les zones de départ sont : Ansongo, Bourem et Gao
b. Les zones de transit de la transhumance transfrontalière en Afrique de l’Ouest
(Région du Liptako Gourma)
La zone périphérique du parc régional W est la plus grande voir même l’unique
zone de transit des transhumants. C’est en quelque sorte le lieu ou se retrouve
l’ensemble des animaux et éleveurs transhumants avant leur départ pour leurs zones
d’accueil respectives.
c. Les Zones d’accueil de la transhumance transfrontalière en Afrique de l’Ouest
(Région du Liptako Gourma)
Le parc Régional du W est par excellence, la zone d’accueil des transhumants
transfrontalier. Ce parc naturel régional constitue une aire protégée, dont la gestion
est coniée à trois pays en l’occurrence, le Niger, le Burkina Faso, et le Benin. Il
constitue la première réserve de biosphère transfrontalière au monde. En effet,
le parc régional du W regorge d’importantes ressources environnementales et
d’innombrables potentiels en matière de pâturage11. Tout cela est justiié par son
étendue. C’est pour toutes ces raisons que chaque année des transhumants guident
leurs animaux vers sa périphérie.
Cet aflux de troupeaux transhumants vers le parc met bien évidement en danger
son intégrité et sa stabilité. Raison pour laquelle en 2002, une stratégie commune
11
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Il a cet effet été inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, en 1996.
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de gestion de ce complexe écologique et de sa périphérie a été adoptée par les
trois pays, en partenariat avec l’Union européenne12. Par contre certains troupeaux
transhumants traversent le parc w et les zones de chasse de l’Atakora et de la pendjari
pour se diriger au Benin vers les vallées de l’Alibori et de la Mékrou.
De façon très résumée, voici très exactement les différentes zones d’accueil des
troupeaux transhumants au sein du parc W :
– Les troupeaux transhumants nigériens en provenance de la zone de départ
de Tamou-Say-Tillabéri aboutissent dans le parc régional du W du coté
nord-ouest (partie nigérienne du parc W), tandis que ceux qui transhument
à partir de la région de Gaya-Dosso traversent le leuve Niger du coté de
Karimama (Benin) pour aboutir dans la partie nord est du parc du W (partie
béninoise du parc W).
– Pour ce qui est des troupeaux transhumants en provenance du Burkina
Faso, ils aboutissent généralement dans la région du Goumori, dans la
région de Parakou, où dans le Nikki (sud borgou), Mondori, Koulou (Togo).
Notons enin que le point de convergence des troupeaux transhumants en
provenance du Burkina, du Niger et du Mali est d’après l’ONG Tassaght, la
zone Béli-In-Tillit, dans le Nord Niger.
Toutefois, il serait judicieux à présent de mettre en Exergue, l’ensemble des
instruments juridiques qui ont encadré la marche vers la reconnaissance du droit des
communautés pastorales.
2. LES INSTRUMENTS JURIDIQUES COMMUNAUTAIRES (SOUS RÉGIONAUX)
REGISSANT LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE ET LE DROIT PASTORAL
Après avoir présenté de façon très détaillée, l’architecture de la transhumance
transfrontalière dans la région ouest Africaine du Liptako Gourma, il convient à
présent de voir comment ce phénomène a été consolidé juridiquement. L’ensemble
des juristes spécialiste de la coopération transfrontalière s’accorderont pour dire que
le premier instrument ayant tenté de circonscrire ce phénomène de transhumance
transfrontalière par le droit, est sans nul doute, la Décision A/DEC.5.10.98 du
31 Octobre 1998, relative à la réglementation de la Transhumance entre les Etats
membres de la CEDEAO. Cette décision se distingue de part l’habilité dont a fait
preuve ses rédacteurs car les chapitres contenus dans le dit document s’articulent
12
Ce partenariat s’est concrétisé avec à la mise en place du programme européen ECOPAS.
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
logiquement et de façon très pertinente. C’est ainsi qu’après avoir déinit très
clairement dans un chapitre premier les différentes notions en rapport avec la
transhumance transfrontalière, les rédacteurs ont pris soin de consacrer des chapitres
entiers et distincts, spéciiques entre autres aux conditions de déplacement du bétail13,
à la garde des animaux transhumants14, où encore à l’accueil du bétail transhumant15.
Ce premier instrument juridique de la CEDEO a donc marqué le début d’une
reconnaissance du droit des communautés pastorales en Afrique de l’ouest. Notons
aussi que le 28 janvier 2003 à Dakar, les Etats de la CEDEO ont adopté le règlement
C/REG.3/01/03 relatif à la mise en œuvre de la réglementation de la transhumance
entre les Etats membres de la CEDEAO. Ce règlement composé de quatre articles
est essentiellement le relet de la réunion tenue le 10 octobre 2002 à Ouagadougou
entre les ministres de l’élevage des Etats de la CEDEAO. Les principales thématiques
abordées par ce règlement sont entre autres, la place d’un développement durable
de l’élevage au sein d’une politique de sécurité alimentaire et de réduction de la
pauvreté, le contrôle des systèmes traditionnels d’exploitation pastorale et l’impact
des mouvements incontrôlés du bétail en matière de transhumance.
Toujours dans le cadre communautaire, il existe trois instruments juridiques
bilatéraux qui ont participé à la reconnaissance du droit des communautés pastorales
et par voie de conséquence, à la transhumance transfrontalière entre les Etats membres
de la CEDEAO. Il y’a tout d’abord l’accord intergouvernemental sur la transhumance
entre le Mali et le Burkina Faso. Cet accord a été signé le 30 Avril 1988 et a précédé
la décision de 1998 de la CEDEAO. Par le biais de ses 16 Articles, cet accord pose à
sa manière des garanties juridiques pour les éleveurs et troupeaux transhumants en
provenance du Mali et à destination du Burkina Faso et vice versa. Nous pouvons
donc d’une certaine façon afirmer que cet accord intergouvernemental de 1988 est
de loin, le véritable premier instrument régissant la transhumance transfrontalière en
Afrique de l’ouest, même si ce n’est que façon partielle et moins structurée. Ensuite,
nous avons le protocole d’accord du 24 Mai 2006 conclu entre le Burkina Faso et
la République du Mali sur la transhumance transfrontalière. La particularité de cet
instrument juridique bilatéral réside dans deux principaux points : premièrement,
il met à jour l’accord intergouvernemental passé entre les deux Etats en 1988 ; Et
deuxièmement il apporte un élément nouveau dans la reconnaissance du droit des
Chapitre III de la décision A/DEC.5.10.98.
Chapitre IV de la décision A/DEC.5.10.98.
15
Chapitre V de la décision A/DEC.5.10.98.
13
14
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transhumants transfrontaliers. En effet, ce protocole d’accord porte sur la création
d’un cadre de concertation axé sur la gestion de la transhumance transfrontalière
entre le Mali et le Burkina Faso. Ce cadre de concertation est composé de deux
organes majeurs à savoir : le comité technique paritaire et la réunion des ministres
de l’élevage des deux pays. Dès lors on constate clairement que la reconnaissance
des communautés pastorales et des transhumants transfrontaliers a atteint un niveau
très encourageant car au-delà d’une simple acceptation juridique, les Etats ont cette
volonté de construire un cadre concret approprié à la gestion de la transhumance
transfrontalière.
Enin, pour ce qui est du troisième instrument juridique bilatéral, il s’agit du
protocole d’accord du 26 janvier 2003 entre le Burkina Faso et la République du Niger,
sur la transhumance transfrontalière. Ce protocole d’accord a eu aussi pour effet, la
mise en place d’un cadre de concertation16 entre les deux pays, ain d’accroitre la
reconnaissance juridique et institutionnelle des communautés pastorales en matière
de transhumance transfrontalière.
Mais au-delà des instruments juridiques communautaires et bilatéraux, il faut
noter que la reconnaissance des communautés pastorales, acteurs de la transhumance
transfrontalière en Afrique de l’ouest, s’est aussi faite par le biais de structures
non gouvernementales. C’est le cas en l’occurrence du Réseau des organisations
d’éleveurs et pasteurs de l’Afrique « Billital Maroobe » qui signiie étymologiquement :
« promotion des éleveurs ». Ce réseau est en fait une association qui a été créée à
l’issue d’une assemblée générale constitutive tenue en Décembre 2003 à Diori au
Burkina Faso. Cette association regroupe des organisations d’éleveurs et de pasteurs
des pays d’Afrique de l’ouest que nous nous proposons de regrouper dans le tableau
suivant :17
Pays
Associations d’éleveurs transhumants
NIGER
AREN, GADJEL, GAINA
BURKINA FASO
CRUS, RECOPA, FEB
16
Ce cadre de concertation comprend le comité technique paritaire et la réunion des ministres en
charge de l’élevage des deux pays.
17
CRUS : comité régional des unités de production du sahel au Burkina Faso.
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
MALI
TASSAGHT, FEBEVIM, AOPP, AMADINE
NIGERIA
MIYETTI ALLAH
BENIN
ANOPE
MAURITANIE
FNEM
SENEGAL
ADENA, ADD, FBAJ
La particularité du Réseau Billital Maroobe est qu’il couvre plus de 7 pays ouest
africains et constitue un cadre régional de référence des éleveurs et pasteurs qui œuvrent
pour la défense des intérêts de ses membres au plan économique, politique, social et
culturel. Son siège social se trouve à Diori au Burkina Faso et le secrétariat technique
permanent, à Niamey (NIGER).
Notons également le rôle joué dans la reconnaissance des communautés pastorales
par l’APESS : l’association pour la promotion de l’élevage au sahel et en savane. Elle fut
fondée en 1989 au Burkina Faso et son champ d’application s’étend à toute la bande
sahélo sahélienne, de la Mauritanie au Tchad en passant par plusieurs pays côtiers. Ainsi
donc, compte tenu de sa présence dans près de 14 pays, l’APESS possède plus de 14000
membres et son action touche directement près de 70000 familles dans le milieu des
communautés pastorales. L’APESS œuvre pour la rénovation de l’activité de l’élevage
tradition, pour la promotion de la transhumance transfrontalière et pour une meilleure
implication des éleveurs dans le développement économique, social, et politique des
pays africains.
Enin, il existe Une autre organisation non gouvernementale qui œuvre pour une
reconnaissance juridique effective des communautés pastorales, et pour une meilleure
promotion de la transhumance transfrontalière. Il s’agit en l’occurrence de la plate forme
paysanne du sahel. Cette plate forme constitue un cadre de concertation qui permet aux
producteurs agricoles et éleveurs transhumants de discuter de certaines thématiques
telles que la sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles, le droit foncier
coutumier, etc. Elle fût créée en avril 1994 à Praia, au lendemain de la conférence
régionale sur le foncier et la Décentralisation organisée par le CILSS18 et le club du sahel.
En somme le cadre législatif et réglementaire dédié au niveau sous régional, à
la réglementation de la transhumance transfrontalière et à la reconnaissance du droit
des communautés pastorales, permet de comprendre très clairement que l’Union
Africaine en général, ses institutions, ainsi que ses partenaires, se donnent largement
18
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CILSS : Comité Inter Etat de lutte contre la Sécheresse au Sahel.
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les moyens de mener le dit combat.
Toutefois, il serait judicieux de s’interroger sur le processus de reconnaissance
du droit des communautés pastorales au niveau des pays concernés. Ce qui revient à
analyser de façon plus approfondie, la sphère juridique que chaque Etat consacre à
la transhumance transfrontalière.
II. UNE RECONNAISSANCE MOTIVÉE DU DROIT DES COMMUNAUTÉS
PASTORALES PAR LES ÉTATS SAHELIENS
1. LES DISPOSITIFS JURIDIQUES NATIONAUX EN MATIÈRE DE TRANSHUMANCE
TRANSFRONTALIÈRE : CAS DU NIGER, DU BURKINA FASO, DU MALI, DU BENIN, DU
NIGERIA ET DU TOGO
A. LE DISPOSITIF LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE DE LA TRANSHUMANCE
TRANSFRONTALIÈRE DANS LES PAYS DE DEPART : CAS DU NIGER, MALI ET
BURKINA FASO
a. Le cadre juridique au NIGER
Textes législatifs et réglementaires régissant la
transhumance transfrontalière au Niger
Dates de prise d’effet
Loi 61-05 portant limite nord de culture
24 Mai 1961
Décret
n°87-77/PCMS/MI,
réglementant
la
circulation et le droit de pâturage du bétail dans les
zones de cultures
18 Juin 1987
Le code rural (ordonnance n°93-015)
2 Mars 1993
Décret n°97-006/PRN/MAG/EL, relatif à la mise en
valeur des ressources naturelles
10 Janvier 1997
Décret n°97-007/PRN/MAG/EL, ixant le statut des
terroirs d’attache des pasteurs
10 Janvier 1997
Décret n°2006-230/PRN/MI/D, réglementant la
mise en fourrière des animaux errants
21 Juillet
Décret n°2007-148/PRN/MRA, instituant un
certiicat national de Transhumance des camelins en
provenance de territoires hors CEDEAO
11 Mai 2007
Paix et Securité Internationales
ISSN 2341-0868, Num. 2, janvier-décembre 2014, pp. 31-46
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
Ordonnance n°2010-029, relative au Pastoralisme
20 Mai 2012
b. Le cadre juridique au MALI
Au Mali, le Pastoralisme a fait l’objet d’une législation nationale spéciique.
Ainsi, la loi n°004 du 27 Février 2001 portant charte pastorale déinit les principes
fondamentaux et les règles générales qui régissent l’exercice des activités pastorales
en République du Mali. Cette Loi consacre les droits essentiels des Pasteurs
en matière de mobilité du bétail et d’accès aux ressources pastorales tout en
déinissant les obligations qui leur incombent en ce qui concerne la préservation de
l’environnement et le respect des biens d’autrui. Mais il a fallu attendre 5ans, pour
qu’une disposition réglementaire vienne compléter cette loi de 2001 en précisant ses
modalités d’application. Il s’agit en l’occurrence du Décret n°06-439/P-RM du 18
Octobre 2006.
c. Le cadre juridique au BURKINA FASO
Textes législatifs et réglementaires régissant
transhumance transfrontalière au Burkina Faso
la
Dates de prise d’effet
Loi n°014/96/ADP portant réorganisation agraire et foncière
23 Mai 1996
Décret n°97-054/PRES/PM/MEF portant conditions et
modalités d’application de la loi du 23 Mai 1996
6 Février 1997
Le Raabo conjoint n°An-VI 0012/FP/AGRI-EL/MET/
ME/MAT/MF portant détermination des pistes de bétail
5 Septembre 1989
L’arrêté Conjoint n°2000-30/MRA/MEE/AGRI/MEF/
MATS/MEM/MIHU portant réglementation du pâturage et
de la transhumance du bétail au Burkina Faso
21 juillet 2000
L’arrêté conjoint n°2000-31/MRA/MEE/AGRI/MEF/
MATS/MEM/MIHU portant règlement des différends entre
agriculteurs et éleveurs
21 Juillet 2000
Décret n°2007-408/PRES/PM/MRA, portant conditions
d’exploitation des ressources en eau à des Fins pastorales
3 juillet 2007
Décret n°207-415 portant conditions d’exercice des droits
d’usage pastoraux
10 Juillet 2000
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YAHAYA NAMASSA ZAKARIA
Décret n°2007-410 portant conditions générales d’attribution,
d’occupation, et d’exploitation des zones pastorales
aménagées.
2007
Décret n°2007-416 portant modalités d’identiication et
de sécurisation des espaces pastoraux d’aménagement
spécial et des espaces de terroir réservés à la pâture du
bétail
2007
La loi d’orientation n°034-2002/AN relative au
pastoralisme
14 novembre 2002
B. LE DISPOSITIF LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE DE LA TRANSHUMANCE
TRANSFRONTALIÈRE DANS LES PAYS D’ACCUEIL : CAS DU BENIN, DU
NIGERIA, DU TOGO
a. Le cadre juridique au BENIN
Textes législatifs et réglementaires régissant la
transhumance transfrontalière au Niger
Dates de prise d’effet
La Loi n°87-013 portant réglementation de la vaine
pâture, de la garde des animaux domestiques et de la
transhumance
21 Septembre 1987
L’Arrêté n°165/MDRAC/DGM/DAFA/SAA portant
ixation d’une taxe nationale de pacage sur le cheptel
bovin sur l’étendue du territoire de la République du
Benin
12 Juin 1989
L’Arrêté interministériel n°010/MISAT/SAT/MDR/
D-CAB portant création, organisation, attribution et
fonctionnement des comités de Transhumance
20 Janvier 1992
L’Arrêté Interministériel n°0039/MSAT/MDR/DCAB
portant organisation sur la transhumance
31 Mars 1994
b. Le cadre juridique au NIGERIA
Le Nigéria constitue également une plaque tournante de la transhumance
transfrontalière en Afrique de l’Ouest. Raison pour laquelle le gouvernement de
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
cet Etat fédéral a mis en place, une panoplie d’instruments à la fois législatifs et
réglementaires ain de gérer le dit phénomène. Toutefois, en dépit de l’existence
de cet arsenal juridique, on constate que les dificultés ainsi que les conlits liés à
la transhumance transfrontalière s’accentuent de jour en jour. D’où l’adoption
par l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest Africaine) d’une série de
dispositifs juridiques. Il s’agit en l’occurrence de quelques règlements que nous nous
proposons de regrouper dans le tableau suivant.
Textes
Objets
Règlement N°01/2006/CM/UEMOA
Création et fonctionnement
vétérinaire de l’UEMOA
du
comité
Règlement N°02/2006/CM/UEMOA
Etablissement des procédures communautaires
pour l’autorisation de mise sur le marché et la
surveillance des médicaments vétérinaires et
instituant un comité régional du médicament
vétérinaire.
Règlement N°03/2006/CM/UEMOA
Institution des redevances sur les médicaments
vétérinaires au sein de l’UEMOA
Directive N°07/2006/CM/UEMOA
Création de la pharmacie vétérinaire
Règlement N°04/2006/CM/UEMOA
Mise ne place d’un réseau de laboratoires chargés
du contrôle de la qualité des médicaments
vétérinaires dans la zone UEMOA
Règlement n°07/2007 UEMOA
Gestion de la sécurité sanitaire des animaux et
aliments : description des mesures prises par
les professionnels et acteurs
Il apparait donc urgent de mettre en place un système favorable à la création
d’une interaction entre les agriculteurs et les éleveurs en vue d’un apaisement général.
c. Le cadre juridique au TOGO
Conscient de l’immensité du champ d’action de la transhumance transfrontalière
et des problèmes liés à ce phénomène, le gouvernement Togolais a décidé de créer en
2008, un comité national dont la mission première est la gestion de la transhumance
transfrontalière à travers l’adaptation des dispositions réglementaires togolaises à
celles de la CEDEAO.
Le TOGO est certes un pays d’accueil en matière de transhumance dans la sous
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région, mais il faut aussi noter que chaque année, beaucoup de transhumants locaux
réalisent des vas et vient.
2. VERS UNE MEILLEURE HARMONISATION DU DROIT PASTORAL EN AFRIQUE DE
L’OUEST
Il est indéniable que depuis plusieurs décennies, le phénomène de la transhumance
a constitué et constitue encore un sujet de préoccupation au niveau national et au
niveau de la sous région ouest africaine. En effet, la pratique de la transhumance
soulève des controverses et des incompréhensions. Si pour les éleveurs sahéliens, la
transhumance est une opportunité pour sauver les animaux d’une mort certaine, et
de ce fait, est perçue comme une « nécessité » vitale, il n’en est pas de même pour les
populations des pays d’accueil qui la perçoivent comme une source de dégradation
de leur environnement, de conlits et de tensions entre éleveurs, agriculteurs et autres
utilisateurs des ressources naturelles, malgré les avantages que ce mode d’élevage
leur procure en termes d’approvisionnement de proximité en protéines animales et
d’amélioration de la production végétale par l’apport en fumure organique. Pour faire
face aux différents déis de la transhumance transfrontalière, de nombreux efforts
ont été fournis depuis plus de deux décennies par les différents acteurs aussi bien au
niveau des pays qu’au niveau des institutions sous régionales d’intégration, notamment
la CEDEAO. Malgré ces efforts, force est de constater que la problématique de la
transhumance demeure entière. De nombreuses contraintes d’ordre sociopolitiques
et environnementales subsistent. Certains Etats Membres de la CEDEAO ont même
pris des mesures très restrictives, voire radicales d’interdiction de la transhumance
sur leurs territoires. De ce fait, toutes les tentatives nationales et régionales de gestion
apaisée de la transhumance n’ont pas donné les résultats escomptés.
Aussi, le déi des institutions nationales et régionales qui s’intéressent à cette
thématique est de procéder à un réexamen en profondeur de la question de la
transhumance.
III. QUELLES RÉFLEXIONS EN CONCLUSION ?
La présente étude sans être exhaustive vient en effet à point nommé. Elle a permis
de faire une analyse objective et pertinente de la problématique de la transhumance
dans une zone sahélo-soudanienne de l’Afrique de l’ouest. Les contraintes majeures
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LA TRANSHUMANCE TRANSFRONTALIÈRE EN AFRIQUE DE L’OUEST
ont été identiiées et les actions à mettre en œuvre pour améliorer les conditions de
la transhumance ont été déinies. Ces actions portent sur les aspects suivants :
– La sécurisation de la mobilité et la réalisation des aménagements pastoraux
à travers l’actualisation, la matérialisation et l’oficialisation des espaces
pastoraux, la viabilisation des axes de transhumance, l’amélioration des
ressources fourragères et hydriques ;
– Le renforcement des capacités des acteurs de la transhumance,
– La promotion du dialogue et de la concertation entre acteurs
– L’amélioration de l’environnement institutionnel et juridique
– Enin, nous pensons que la mise en place d’un observatoire sur la
transhumance transfrontalière serait tout à fait opportune compte tenu des
dificultés existantes.
La mise en œuvre de ces différentes actions va contribuer de manière signiicative
à atténuer les contraintes de la transhumance liées entre autres à la démographie
galopante, à la pression foncière, aux changements climatiques, à l’insécurité le long
des parcours du bétail et à l’incertitude des conditions propres au lieu de destination.
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2014
NOUVELLE SÉRIE - VERSION ÉLECTRONIQUE
SOMMAIRE / Janvier -Décembre 2014 / Nº 2
Luis Norberto GONZÁLEZ ALONSO
Le Service Européen pour l’Actión Extérieure a l’heure de son épreuve:
Une contribution renforcée de l’UE au maintien de la paix ?
Yahaya NAMASSA ZAKARIA
La Transhumance transfrontalière en Afrique de l’Ouest
Antonio BLANC ALTEMIR – Eymis ORTIZ HERNÁNDEZ
The Union for Mediterranean (UfM): a critical approach
Anass GOUYEZ BEN ALLAL
La política nuclear de la OTAN: la amenaza de las armas nucleares tácticas para la seguridad internacional
y el régimen de no proliferación nuclear
Gonzalo ESCRIBANO FRANCÉS - Enrique SAN MARTÍN GONZÁLEZ
Managing Energy Interdependency in the Western Mediterranean
Jorge DEZCALLAR
Una reflexión sobre las relaciones hipano-marroquíes
Rachid EL HOUDAIGUI – Samar KHAMLICHI
Le réglementation française en matière de contrôle des exportations d’armes conventionelles
Sara IGLESIAS SÁNCHEZ
Limits of EU immigration policy and citizenship based on the experience of Spanish and Moroccan workers in Gibraltar
Abdelhak BASSOU
La Mer du Golfe de Guinée : Richesses, conflits et insécurité
Mercedes MOYA ESCUDERO
Recommandations issues des rencontres internationales sur les relations familiales et sucessorales hispano-marocaines
BIBLIOGRAPHIE CRITIQUE