Paysage culturel historique de la région viticole de Tokaj
Facteurs affectant le bien en 2009*
- Exploitation hydraulique
- Infrastructures liées aux énergies non renouvelables
- Système de gestion/plan de gestion
Assistance internationale : demandes reçues pour le bien jusqu'en 2009
Montant total approuvé : 0 dollars E.U.
Missions sur le bien jusqu'en 2009**
2001 : atelier international sur les paysages viticoles
Problèmes de conservation présentés au Comité du patrimoine mondial en 2009
À sa 32e session (Québec, 2008), en réponse aux informations fournies sur des projets de développement au sein et dans les environs du bien, y compris en Slovaquie voisine, le Comité du patrimoine mondial a prié l’État partie de fournir dès que possible les détails complets d’un projet de centrale électrique dans la zone tampon, ainsi que l’étude d’impact envisagée sur le patrimoine, afin d’évaluer l’impact potentiel de la centrale, et a également encouragé l’État partie à collaborer avec la Slovaquie en vue d’une éventuelle extension transfrontalière, comme requis lors de sa 26e session (Budapest, 2002). Il a également été fait part d’inquiétudes concernant une centrale de stockage électrique par pompage dans la zone tampon du bien du patrimoine mondial, dans les collines de Zemplen, une centrale thermique au charbon en Slovaquie à une vingtaine de kilomètres du bien et une centrale électrique à Szerencs.
Dans son rapport de 2008, l’État partie avait déjà évoqué la question des deux premières centrales. Le 1er février 2009, un rapport sur l’état de conservation des biens du patrimoine mondial a été soumis par l’État partie, apportant une réponse à la plupart des questions en suspens.
a) Détails du projet de centrale électrique dans la zone tampon
La centrale électrique envisagée devrait être construite sur un terrain de 6,5 ha situé dans le parc industriel Est de Szerencs, un secteur réservé aux industries sur le plan. Le rapport ne précise toutefois pas son emplacement exact. Elle génèrerait de l’électricité à partir de produits et sous-produits de l’agriculture tels que paille, paille de riz, pieds de maïs et tournesol. Sa consommation annuelle serait de 250 000 tonnes par an (la production de 70 000 ha environ de terre agricole). L’alimentation de la centrale génèrerait une augmentation importante de la circulation à travers le bien. Il est noté que la centrale est exceptionnellement importante même par rapport à des critères internationaux. Le projet est soutenu par de nombreuses personnes pensant qu’il apportera un développement économique mais décrié par d’autres pour l’impact qu’il aura sur le bien et ses environs. Il a divisé l’opinion parmi les collectivités officiellement fidèles aux aspirations du bien. Une forte pression se fait sentir pour démontrer de manière explicite de quelle manière ‘la responsabilité de la région pour préserver ses valeurs et ses opportunités de développement peuvent être harmonisées’.
Les promoteurs ont des autorisations de construction valides. Toutefois, en réponse à l’opinion publique et dans l’attente des résultats de l’évaluation d’impact, les promoteurs ont suspendu la construction ;
b) Détails de l’évaluation d’impact envisagée de la centrale électrique sur le patrimoine
Une évaluation d’impact globale, sous la supervision constante d’experts indépendants, a été achevée en décembre 2008. Le rapport de l’État partie fournit un résumé des principales constatations en matière d’émissions, circulation et impact visuel, ainsi qu’en ce qui concerne deux autres aspects mis en lumière grâce à l’évaluation d’impact – la santé publique et les changements dans la couverture végétale.
Émissions : l’évaluation d’impact a indiqué que l’impact éventuel de la centrale – indirect dans certains cas – n’était pas pleinement mesuré et pris en compte par les procédures officielles d’autorisation, bien que les études techniques requises aient été entreprises. D’autres études sur les impacts directs et indirects auraient dû être entreprises et un champ d’impact plus étendu envisagé, incluant les effets sur la circulation, la région et le paysage culturel.
Circulation : les approvisionnements prévus en paille indiqués dans les documents d’autorisation proviendraient de 8 unités régionales de collecte situées entre 8 et 98 km de distance de la centrale par route. À l’entrée de Tokaj sur la route 38, cela pourrait signifier une augmentation quotidienne de la circulation de 107 poids lourds. Ce qui doit également être remis dans le contexte d’une augmentation significative de la circulation au sein du bien ces dernières années et qui a, en plusieurs endroits, atteint un point critique (notamment la traversée de la ville de Tokaj). L’évaluation d’impact a considéré que l’impact général ne pouvait pas être déterminé avec les informations disponibles et a demandé un plan logistique plus détaillé.
Impact visuel : la réduction de l’impact visuel de la centrale sur le paysage du bien par la création de “microreliefs” et d’une forêt-écran, ainsi que l’abaissement des unités en dessous de la surface – en gardant pour base les plans de construction actuels – ont été considérés comme les meilleurs résultats pouvant être atteints. Toutefois, même en plantant des arbres adultes, l’effet écran ne pourrait être totalement obtenu qu’après une vingtaine d’années.
Couverture végétale : l’évaluation d’impact a renforcé l’idée que le paysage culturel avait conservé sa nature caractéristique même si des changements étaient survenus vis-à-vis de paramètres particuliers et dans certaines limites ; ces changements peuvent être suivis et encadrés pour permettre des interventions opportunes et appropriées en faveur de la préservation de la valeur universelle exceptionnelle et de ses attributs. L’évaluation d’impact a souligné que pour maintenir l’équilibre dans le paysage résultant de l’interaction des hommes et de la nature au fil du temps, il est absolument nécessaire de surveiller ces changements dans le détail dans la mesure où le pourcentage de zones dans et autour du bien transformées en villes/villages a déjà atteint un niveau critique, et que toute augmentation de ce pourcentage représenterait un danger pour la durabilité de la valeur universelle exceptionnelle du bien. Par conséquent, un aménagement majeur de ce type devrait être évité et une attention accordée à la réhabilitation des zones récemment négligées, telles que les terrasses sur les parties élevées afin de conserver la stabilité hydrologique. L’actuelle évaluation d’impact – même s’il conviendrait de la compléter par d’autres analyses, évaluations et conclusions plus poussées dans certains domaines – a fourni une grande quantité d’informations méthodologiques utiles pouvant également être utilisées pour les autres biens hongrois du patrimoine mondial.
Le rapport indique également que les cultures énergétiques sont des plantes commerciales nouvellement cultivées à des fins énergétiques qui poussent dans des secteurs non propices à la production de céréales. Cela signifie que la centrale électrique pourrait encourager la culture dans des zones précédemment en friche, changeant de manière considérable la couverture végétale. L’évaluation d’impact attire l’attention sur de nombreux problèmes écologiques, de conservation environnementale et de santé publique potentiels associés à l’utilisation des cultures énergétiques. Sur la base du principe de précaution, il est suggéré que la production de cultures énergétiques soit suspendue, ou empêchée au sein du bien, en raison de risques écologiques inconnus.
L’évaluation d’impact formule dans ses conclusions les conditions de faisabilité etles recommandations concernant la centrale à paille de Szerencs et de manière plus générale l’utilisation durable du bien. Ces recommandations formeront la base des discussions avec les parties concernées. L’État partie tiendra le Centre du patrimoine mondial informé des développements ultérieurs.
c) Collaboration avec la Slovaquie sur une éventuelle extension transfrontalière
Rien n’a été signalé dans le rapport à ce sujet.
d) Examiner et réformer la loi nationale sur l’aménagement des campagnes en 2008
Des amendements à la loi nationale sur l’aménagement des campagnes (2003) adoptés le 19 juillet 2008 ont introduit de nouvelles réglementations pour les biens du patrimoine mondial, leurs zones tampons et les sites de la Liste indicative nationale. La loi amendée contient les limites de chaque bien hongrois du patrimoine mondial et des sites inscrits sur la Liste indicative, et stipule que la manière et le degré d’utilisation du sol doivent être en harmonie avec les objectifs définis dans leurs plans de gestion. Parallèlement, la “loi classe également tous les biens hongrois du patrimoine mondial et sites inscrits sur la Liste indicative comme zones de patrimoine culturel.”
e) Loi hongroise sur le patrimoine mondial
Un projet de loi hongroise sur le patrimoine mondial visant à renforcer la protection et la gestion des biens du patrimoine mondial en Hongrie est en cours, le Parlement hongrois devant en débattre mi-2009. Sa date de promulgation est prévue au 1er janvier 2010.
Le Centre du patrimoine mondial et les organisations consultatives notent avec satisfaction la minutieuse évaluation d’impact effectuée pour le projet de centrale à paille. L’analyse de l’impact dans le cadre d’un paysage élargi autour du bien, et la manière dont ce paysage a évolué au fil du temps, a produit la base d’un dialogue sur la manière dont le bien pourrait être développé de manière durable. L’État partie a bon espoir que, si certaines conditions sont satisfaites, elle puisse également montrer de quelle manière les inquiétudes et les exigences en matière de préservation des valeurs de patrimoine et de développement peuvent être conciliées et puisse servir de base à une révision du plan de gestion. Un projet de “loi sur le patrimoine mondial” devrait également considérablement renforcer l’environnement juridique pour la préservation des biens du patrimoine mondial en Hongrie.
Le Centre du patrimoine mondial et organisations consultatives prient instamment l’État partie de tenir le Centre du patrimoine mondial informé de tous les développements afférents à la centrale électrique étant donné l’impact négatif considérable potentiel que son développement pourrait avoir sur les aspects visuels, environnementaux et écologiques du bien si sa conception et son concept ne sont pas considérablement modifiés.
Résumé des interventions
Décisions adoptées par le Comité en 2009
33 COM 7B.106
Paysage culturel historique de la région viticole de Tokaj (Hongrie) (C 1063)
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-09/33.COM/7B,
2.Rappelant la décision 32 COM 7B.95, adoptée à sa 32e session (Québec, 2008),
3. Note avec satisfaction la minutieuse évaluation d'impact effectuée pour le projet de centrale à paille ;
4. Note également que cette évaluation a produit la base d'un dialogue sur la manière dont le bien pourrait être développé de manière durable et sur la manière dont valeur universelle exceptionnelle et développement peuvent être conciliés ;
5. Prie instamment l'État partie, au vu du considérable impact visuel, environnemental et écologique potentiel du projet de centrale à paille sur le bien, de reconsidérer et de modifier de manière conséquente le concept du projet et d'éliminer tous les impacts de circulation sur les valeurs de paysage culturel et l'intégrité du bien ;
6. Note par ailleurs que le projet d'une loi sur le patrimoine mondial pourrait considérablement renforcer l'environnement juridique pour la préservation des biens du patrimoine mondial en Hongrie ;
7. Rappelle sa décision adoptée à sa 26e session (Budapest, 2002) pour encourager la collaboration avec la Slovaquie concernant une extension transfrontalière ;
8. Demande à l'État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d'ici le 1er février 2011, un rapport d'avancement sur les négociations relatives au développement éventuel de la centrale électrique, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session en 2011.
Projet de décision : 33 COM 7B.106
Le Comité du patrimoine mondial,
1. Ayant examiné le document WHC-09/33.COM/7B,
2. Rappelant la décision 32 COM 7B.95, adoptée à sa 32e session (Québec, 2008),
3. Note avec satisfaction la minutieuse évaluation d’impact effectuée pour le projet de centrale à paille ;
4. Note également que cette évaluation a produit la base d’un dialogue sur la manière dont le bien pourrait être développé de manière durable et sur la manière dont valeur universelle exceptionnelle et développement peuvent être conciliés ;
5. Prie instamment l’État partie, au vu du considérable impact visuel, environnemental et écologique potentiel du projet de centrale à paille sur le bien, de reconsidérer et de modifier de manière conséquente le concept du projet et d’éliminer tous les impacts de circulation sur les valeurs de paysage culturel et l’intégrité du bien ;
6. Note par ailleurs que le projet d’une loi sur le patrimoine mondial pourrait considérablement renforcer l’environnement juridique pour la préservation des biens du patrimoine mondial en Hongrie ;
7. Rappelle sa décision adoptée à sa 26e session (Budapest, 2002) pour encourager la collaboration avec la Slovaquie concernant une extension transfrontalière ;
8. Demande à l’État partie de soumettre au Centre du patrimoine mondial, d’ici le 1er février 2011, un rapport d’avancement sur les négociations relatives au développement éventuel de la centrale électrique, pour examen par le Comité du patrimoine mondial à sa 35e session en 2011.
Exports
* : Les menaces mentionnées sont présentées par ordre alphabétique ; cet ordre ne constitue nullement un classement selon l’importance de leur impact sur le bien. De plus, elles sont présentées de manière indifférenciée, que le bien soit menacé par un danger prouvé, précis et imminent (« péril prouvé ») ou confronté à des menaces qui pourraient avoir des effets nuisibles sur sa valeur universelle exceptionnelle (« mise en péril »).
** : Tous les rapports de mission ne sont pas toujours disponibles électroniquement.