Book Reviews by Camille Byron
Clémence Ramnoux Œuvres, Tomes I et II, 2020
Nietzsche : Écrits philologiques VIII. Platon | 1, 2019
Clémence Ramnoux Œuvres. Tomes I et II, 2020
Conference Presentations by Camille Byron
Théologie et Science Fiction chez H.P Lovecraft : Grands Anciens Versus Grande Race (titre provisoire), 2022
Présentation dans le cadre de la journée d'étude « Science-Fiction, religion, théologie » de l’Un... more Présentation dans le cadre de la journée d'étude « Science-Fiction, religion, théologie » de l’Université catholique de Lille, organisée par le laboratoire Ethics (EA 7446) - Chaire Ethique, technologie et transhumanismes les 21 et 27 avril 2021.
Si la narration de l’auteur américain Howard Philip Lovecraft déploie tout un univers, ce n’est qu’au travers de l’éminence de sa destruction et toujours dans la démonstration de son insignifiance. En effet, les humains y font face, entre autres horreurs, à des entités infinies et monstrueuses qui ont connu une exégèse telle, depuis la mort de l’auteur, que l’on peut parler à leur sujet de « panthéon ». Ces « Grands Anciens » (et autres « Anciens Dieux ») ne sont pas institués en gardiens ou géniteurs de cet univers, mais en agents extérieurs directement responsables de sa dévastation, et en ennemis de l’espèce humaine comme de toute forme de vie dans l’univers autre que la leur propre.
Cette perspective cristallise notamment la violence et l’angoisse du sujet fini au contact de la conscience infinie, et ainsi l’auteur inverse-t-il la fonction canonique de la Révélation : l’infini se faisant entité n’est plus divine mais cosmique et sa puissance, son immortalité comme son incommensurabilité sont essentiellement malignes. Dans une telle narration, le discours du divin consacre à la fois la révélation de l’échec de la raison — et plus précisément l’échec de toute tentative de représentabilité de l’infini par le fini — et à la fois la prescription de la seule Loi qui s’impose au contact de cette nouvelle forme de divin, et qui détruit toute autre loi universelle, scientifique ou humaine, résultant en une théologie privant l’homme de toute forme de télos et d’espérance. L’énoncé cosmogonique de cette apocalypse ne se révèle qu’à l’issue d’une quête initiatique, le plus souvent menée au travers d’un discours supposé incorruptible : la pensée scientifique. Les découvertes des sciences positives sont détournées de leurs objectifs premiers, dévoyées, pour être placées au service de la transmission du message cosmique transcendant ; on se trouverait alors ici en présence d’un type de discours pseudo-gnostique. Dès lors, le développement de la science ne conduit pas à une introspection théologique de l’homme sur lui-même, mais à son anéantissement métaphysique par la brutalité de l’altérité (ξένος) la plus absolue. Comment Lovecraft opère-t-il ce triple retournement : apocalyptique, sotériologique et téléologique ? Peut-être par la symbolique de la Grande Race : la présence de cette race extraterrestre érudite interroge les perspectives de la science moderne portée à une apogée fantasmagorique.
Intervention orale présentée à l’Université Laval dans le cadre du colloque étudiant « Utopie et dystopie dans les traditions philosophiques et littéraires », organisé par Olivier Contensou, Jérôme Peer-Brie et Simon Trempe les 13 et 14 mai 2021., 2021
Dans le cadre du colloque étudiant de l’Université Laval « Utopie et dystopie dans les traditions... more Dans le cadre du colloque étudiant de l’Université Laval « Utopie et dystopie dans les traditions philosophiques et littéraires », cette présentation orale a pour objectif de mettre en valeur, dans l'oeuvre de l'écrivain américain H.P. Lovecraft et plus particulièrement la nouvelle The Whisperer in Darnkess, les liens équivoques entretenus par les représentations du topos de la volonté avec les champs de l'utopie et de la dystopie.
La spécificité des conditions de l'agir moral du personnage lovecraftien conduisent à interroger la valeur de la manifestation de sa volonté : serait-elle, en tant qu'affirmation irréductible d'une identité de l'humain contre l'effroi du xénos, le support d'un discours utopique ? Ou bien au contraire ne serait-elle que l'ultime tromperie de la conscience humaine, incapable d'envisager la réalité fondamentalement dystopique de son impuissance, de son insignifiance et de sa vacuité ?
Papers by Camille Byron
Le travail colossal dont nous proposons aujourd’hui l’exposition — il ne saurait y avoir une rece... more Le travail colossal dont nous proposons aujourd’hui l’exposition — il ne saurait y avoir une recension qui fût exhaustive pour un tel ouvrage — côtoie simultanément plusieurs catégories. De même que le Nouveau Testament réunit en un seul ouvrage vingt-sept livres, tous à peu près autonomes mais bénéficiant d’une tradition commune, présentant un témoignage commun et homogénéisés par une longue et patiente exégèse s’étalant aujourd’hui sur plus de dix-sept siècles, l’ouvrage que nous présentons aujourd’hui est à la fois unique et pluriel.
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Book Reviews by Camille Byron
Conference Presentations by Camille Byron
Si la narration de l’auteur américain Howard Philip Lovecraft déploie tout un univers, ce n’est qu’au travers de l’éminence de sa destruction et toujours dans la démonstration de son insignifiance. En effet, les humains y font face, entre autres horreurs, à des entités infinies et monstrueuses qui ont connu une exégèse telle, depuis la mort de l’auteur, que l’on peut parler à leur sujet de « panthéon ». Ces « Grands Anciens » (et autres « Anciens Dieux ») ne sont pas institués en gardiens ou géniteurs de cet univers, mais en agents extérieurs directement responsables de sa dévastation, et en ennemis de l’espèce humaine comme de toute forme de vie dans l’univers autre que la leur propre.
Cette perspective cristallise notamment la violence et l’angoisse du sujet fini au contact de la conscience infinie, et ainsi l’auteur inverse-t-il la fonction canonique de la Révélation : l’infini se faisant entité n’est plus divine mais cosmique et sa puissance, son immortalité comme son incommensurabilité sont essentiellement malignes. Dans une telle narration, le discours du divin consacre à la fois la révélation de l’échec de la raison — et plus précisément l’échec de toute tentative de représentabilité de l’infini par le fini — et à la fois la prescription de la seule Loi qui s’impose au contact de cette nouvelle forme de divin, et qui détruit toute autre loi universelle, scientifique ou humaine, résultant en une théologie privant l’homme de toute forme de télos et d’espérance. L’énoncé cosmogonique de cette apocalypse ne se révèle qu’à l’issue d’une quête initiatique, le plus souvent menée au travers d’un discours supposé incorruptible : la pensée scientifique. Les découvertes des sciences positives sont détournées de leurs objectifs premiers, dévoyées, pour être placées au service de la transmission du message cosmique transcendant ; on se trouverait alors ici en présence d’un type de discours pseudo-gnostique. Dès lors, le développement de la science ne conduit pas à une introspection théologique de l’homme sur lui-même, mais à son anéantissement métaphysique par la brutalité de l’altérité (ξένος) la plus absolue. Comment Lovecraft opère-t-il ce triple retournement : apocalyptique, sotériologique et téléologique ? Peut-être par la symbolique de la Grande Race : la présence de cette race extraterrestre érudite interroge les perspectives de la science moderne portée à une apogée fantasmagorique.
La spécificité des conditions de l'agir moral du personnage lovecraftien conduisent à interroger la valeur de la manifestation de sa volonté : serait-elle, en tant qu'affirmation irréductible d'une identité de l'humain contre l'effroi du xénos, le support d'un discours utopique ? Ou bien au contraire ne serait-elle que l'ultime tromperie de la conscience humaine, incapable d'envisager la réalité fondamentalement dystopique de son impuissance, de son insignifiance et de sa vacuité ?
Papers by Camille Byron
Si la narration de l’auteur américain Howard Philip Lovecraft déploie tout un univers, ce n’est qu’au travers de l’éminence de sa destruction et toujours dans la démonstration de son insignifiance. En effet, les humains y font face, entre autres horreurs, à des entités infinies et monstrueuses qui ont connu une exégèse telle, depuis la mort de l’auteur, que l’on peut parler à leur sujet de « panthéon ». Ces « Grands Anciens » (et autres « Anciens Dieux ») ne sont pas institués en gardiens ou géniteurs de cet univers, mais en agents extérieurs directement responsables de sa dévastation, et en ennemis de l’espèce humaine comme de toute forme de vie dans l’univers autre que la leur propre.
Cette perspective cristallise notamment la violence et l’angoisse du sujet fini au contact de la conscience infinie, et ainsi l’auteur inverse-t-il la fonction canonique de la Révélation : l’infini se faisant entité n’est plus divine mais cosmique et sa puissance, son immortalité comme son incommensurabilité sont essentiellement malignes. Dans une telle narration, le discours du divin consacre à la fois la révélation de l’échec de la raison — et plus précisément l’échec de toute tentative de représentabilité de l’infini par le fini — et à la fois la prescription de la seule Loi qui s’impose au contact de cette nouvelle forme de divin, et qui détruit toute autre loi universelle, scientifique ou humaine, résultant en une théologie privant l’homme de toute forme de télos et d’espérance. L’énoncé cosmogonique de cette apocalypse ne se révèle qu’à l’issue d’une quête initiatique, le plus souvent menée au travers d’un discours supposé incorruptible : la pensée scientifique. Les découvertes des sciences positives sont détournées de leurs objectifs premiers, dévoyées, pour être placées au service de la transmission du message cosmique transcendant ; on se trouverait alors ici en présence d’un type de discours pseudo-gnostique. Dès lors, le développement de la science ne conduit pas à une introspection théologique de l’homme sur lui-même, mais à son anéantissement métaphysique par la brutalité de l’altérité (ξένος) la plus absolue. Comment Lovecraft opère-t-il ce triple retournement : apocalyptique, sotériologique et téléologique ? Peut-être par la symbolique de la Grande Race : la présence de cette race extraterrestre érudite interroge les perspectives de la science moderne portée à une apogée fantasmagorique.
La spécificité des conditions de l'agir moral du personnage lovecraftien conduisent à interroger la valeur de la manifestation de sa volonté : serait-elle, en tant qu'affirmation irréductible d'une identité de l'humain contre l'effroi du xénos, le support d'un discours utopique ? Ou bien au contraire ne serait-elle que l'ultime tromperie de la conscience humaine, incapable d'envisager la réalité fondamentalement dystopique de son impuissance, de son insignifiance et de sa vacuité ?