Papers by Jean-Christophe Gascon
Le theme des transformations historiques du droit criminel en Angleterre pour la periode situee e... more Le theme des transformations historiques du droit criminel en Angleterre pour la periode situee entre la Glorious Revolution de 1688 et l'Âge des reformes au seuil du 19e siecle a ete un domaine de recherche important au sein de l'histoire sociale anglaise depuis la publication simultanee en 1975 de· l'ouvrage collectif Albion's Fatal Tree dirige par Douglas Hay et de Whigs and Hunters de E.P. Thompson. S'inspirant d'un paradigme marxiste relationnel et non-orthodoxe ou l'experience empirique des acteurs sociaux est l'objet d'analyse principal, ces travaux considerent le droit criminel de l'epoque comme une relation sociale contradictoire qui joue le role de principale ideologie de legitimation de la diffusion des rapports sociaux capitalistes en meme temps qu'elle est un terrain de lutte sociale ou les classes non-possedantes luttent pour le maintien de droits coutumiers menaces par le developpement des enclosures capitalistes. Ces travau...
Nouvelles pratiques sociales, 2015
Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y ... more Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne.
Book Reviews by Jean-Christophe Gascon
Nouvelles Pratiques Sociales
(à paraître...)
Drafts by Jean-Christophe Gascon
Le concept de régulation sociale ratisse large au sein des corpus en sciences sociales. Objet d'é... more Le concept de régulation sociale ratisse large au sein des corpus en sciences sociales. Objet d'étude de chercheurs aux intérêts les plus divers, ce thème a connu une véritable inflation théorique à partir de la fin des années 1960 pour devenir au cours des années 1970 et 1980, un outil d'analyse revendiqué par plusieurs courants, aux objets et aux intérêts de recherches les plus divers. Certaines approches micro-sociologiques utilisent ce concept en vue d'études empiriques menées sur des contextes sociaux restreints ou sur des organisations précises, dans l'objectif d'identifier les processus par lesquelles les règles se forment et s'institutionnalisent entre les acteurs sociaux tandis que d'autres y font référence en vue d'études macro-sociologiques qui visent davantage l'étude de processus socio-historiques plus larges. D'autres travaux, sans s'approprier directement le terme de « régulation sociale », décrivent néanmoins des phénomènes sociologiques semblables aux objets des chercheur-e-s qui ont revendiqué explicitement le concept. Ce large éventail de travaux sociologiques est sans doute partiellement attribuable aux définitions proposées du concept de régulation sociale qui sont davantage larges et inclusives que restreintes et discriminantes. Dans le Dictionnaire encyclopédique de théorie et de sociologie du droit, Jacques Commaille définit les régulations sociales de manière très englobante, soit comme un ensemble « d'équilibres maintenus ou retrouvés mais également de tensions, de ruptures, de contradictions, provoquées par la multiplicité des instances et des acteurs sociaux impliqués et par la pluralité des stratégies sociales à l'oeuvre. » (Commaille 1988). Ce type de définition rends l'objet suffisamment malléable pour pouvoir être repris par un vaste champ de chercheurs qui le préciseront ensuite en fonction de leurs problématiques particulières. Néanmoins, dans l'ensemble, il nous est possible d'aborder les régulations sociales comme un ensemble de problématiques
Conference Presentations by Jean-Christophe Gascon
Si l'on retrace les origines de la sociologie historique et des études féministes en milieu unive... more Si l'on retrace les origines de la sociologie historique et des études féministes en milieu universitaire, il est possible d'y voir certaines affinités. D'abord, les deux champs de recherche se sont institutionnalisés dans le monde anglo-saxon à partir des années 1960; dans le contexte d'une effervescence des mouvements sociaux ayant laissé une marque profonde sur les campus universitaires. L'influence de ce militantisme progressiste s'est fait ressentir sur les premières générations de chercheur-e-s dans les deux domaines. Un sociologue comme Craig Calhoun voit le développement formel de la sociologie historique comme un moment pleinement intégré aux luttes sociales de l'époque, celles des droits civiques notamment. La sociologie historique aurait permis de « renforcer les bases théoriques des mouvements sociaux tout en y intégrant une perspective historique forte dont l'optique est de favoriser le développement de tels mouvements » (Calhoun 1996, 307 traduction libre). Les études féministes sont également motivées par une préoccupation militante : penser les femmes comme sujets historiques dans le contexte d'une prise de conscience du caractère androcentrique d'une large part des savoirs institutionnels produits par les sciences sociales modernes. Plus tard, l'accent porté sur la subjectivité des groupes minorisés a ouvert le champ des études intersectionnelles et consubstantielles qui cherchent à théoriser les interactions entre les rapports sociaux de sexe, de classes, et les rapports racisés. On peut voir un certain rapport du féminisme à la sociologie historique par l'accent porté d'abord vers un projet normatif émancipateur. Après tout, amener à l'avant-plan la subjectivité des subalternes n'implique t'il pas de creuser les angles morts de l'historiographie dominante par des outils semblables à ceux utilisés par la sociologie historique?
Malgré ces affinités, les rapprochements entre la sociologie historique et les études féministes sont longtemps demeurés timides. En 1997, cette problématique a fait l'objet d'une discussion dans une publication de l'American Sociological Association entre certaines chercheures qui voyaient un intérêt dans les deux courants (Adams et Baron 1997; Morawska 1998). Cette autonomie relative entre les deux champs a été expliquée par Ewa Morawska comme la conséquence d'une différence quant aux niveaux d'analyse priorisés. Tandis que la sociologie historique s'est tourné vers des débats qui mettent l'accent sur des enjeux davantage « méthodologiques », les études féministes auraient priorisé un axe davantage « épistémologique ». Alors que la sociologie historique cherche à retracer les origines historiques de la modernité à partir de reconstructions davantage macro-historiques, l'histoire sociale féministe cherche davantage à problématiser la notion même de sujet moderne, à partir d'un axe plus proche de la micro-sociologie ou de l'histoire sociale. Morawska estime que c'est deux voies de recherche, loin d'être opposées, devraient plutôt favoriser un dialogue plus soutenu entre les deux champs de recherche (Morawska 1998).
Dans les dernières décennies, certaines tendances inspirées d'un renouveau marxiste (marxisme politique) ainsi que des études foucauldiennes (études sur la régulation morale) ont investi le champ de la sociologie historique en rappelant l'importance d'intégrer l'histoire sociale aux analyses causales. Ces courants ont-il pleinement réussi à intégrer les préoccupations épistémologiques du féminisme au sein de la sociologie historique? Si tel est le cas, comment ces préoccupations permettent-elles de repenser les manières par lesquelles nous réfléchissons la notion de « contexte »? L'historienne féministe Joan W. Scott recense deux moments au niveau de l'intégration des préoccupations féministes : d'abord, l'expérience des femmes est intégrée au sein des catégories d'analyses déjà en vogue tandis que dans un second temps, ce sont les catégories elles-mêmes qui sont repensées à la lumière de ces expériences. Les courants critiques de la sociologie historique, dont certains ont intégré des préoccupations féministes ont-elles atteint ce second niveau? Si oui, comment est-ce que cela nous a-t-il permis de repenser nos manières d'approcher le « contexte »? Cette communication tentera de développer une réflexion autour de ces questions.
L'abîme de la liberté est le dernier livre du sociologue Michel Freitag, décédé en 2009. Dans cet... more L'abîme de la liberté est le dernier livre du sociologue Michel Freitag, décédé en 2009. Dans cet ouvrage, deux conceptions de la liberté sont mises en contrastes. La première, associée aux lumières modernes et républicaines, postule une liberté qui prend forme par l'inscription du sujet dans l'espace des institutions modernes, qui doivent garantir l'exercice de la souveraineté populaire. La seconde voit plutôt la liberté possible dans des conditions inverses; où le sujet peut s'extirper du cadre normatif des institutions modernes et revendique ses propres droits dits « particularistes ». Freitag critique sévèrement cette seconde option; associée au néolibéralisme contemporain et à un rejet de la participation citoyenne au processus législatif au profit d'une « défense des droits patrimoniaux des individus à l'égard du pouvoir d'État » (Freitag 2011, 282). Chez Freitag, cette critique caractérise tant les droits réclamés sur le marché par les des corporations que ceux revendiqués par plusieurs « nouveaux mouvements sociaux » axés sur la reconnaissance des groupes subalternes. Ce recoupement entre une institution hégémonique du néolibéralisme et des mouvements sociaux contre-hégémoniques sera problématisée. Nous analyserons ce rapprochement comme conséquence d'un trait persistant de la pensée de Freitag : une construction des idéaux-types modernes et post-modernes qui court-circuite les aspects relationnels de l'expérience subjective des sujets historiques.
À partir de 1975, les travaux historiques de E.P. Thompson, Douglas Hay et autres sur le droit cr... more À partir de 1975, les travaux historiques de E.P. Thompson, Douglas Hay et autres sur le droit criminel anglais est souvent citée comme point d'émergence d'une École de Warwick. En axant leurs études sur le 18e siècle anglais, les chercheurs affiliés à ce courant analysent alors les transformations du droit criminel comme le microcosme de changements structurels qui participent à la diffusion hégémonique du droit de propriété privée. Dans certaines études, Douglas Hay met l'accent sur la diffusion accélérée d'un droit de basse-intensité [Low Law] qui fonctionnerait de manière relativement autonome par rapport aux tribunaux classiques [High Law]. Ce concept de Hay réfère à la multitude d'instances judiciaires peu formalisées qui, au cours du 18e siècle participe à la diffusion d'une grammaire morale en phase avec l'institutionnalisation des rapports sociaux capitalistes.
Cette communication tente d'évaluer la pertinence heuristique du concept de Low Law en rapport aux travaux sur le développement étatique qui s'inscrivent dans le champ des études sur la régulation morale. Ce concept permet t'il d'amener un complément aux études d'auteurs comme Abrams, Corrigan et Sayer notamment? Nous réfléchirons à cette question à partir d'exemples tirés essentiellement des études socio-historiques, sur le développement de l'État au Canada.
L'étude des métropoles urbaines a été le thème phare de plusieurs théoriciens sociaux du début du... more L'étude des métropoles urbaines a été le thème phare de plusieurs théoriciens sociaux du début du vingtième siècle. Pour Georg Simmel, les villes en processus de métropolisation représentent l'idéal-type d'une modernité caractérisée par une « liberté de mouvement »1 permettant au sujet moderne de naviguer à travers plusieurs espaces sociaux hétérogènes tandis que Baudelaire et Walter Benjamin y voyaient le lieu d'expression de la figure du flâneur, un type urbain propulsé par cette même liberté et qui a le loisir de s'imprégner des stimulations culturelles les plus diverses. Si ce modèle de l'avènement de la modernité urbaine apparaît empreint d'un idéal émancipateur pour un certain sujet moderne, la prolifération récente d'études historiques et sociologiques sur les minorisés de cette période a, depuis une cinquantaine d'années, fortement nuancé ce portrait. Une recherche sur les processus historiques de développement des métropoles urbaines à partir d'une étude parallèle sur les transformations des dispositifs juridiques de droit criminel peut nous fournir des outils appropriés afin de poursuivre ce type de travaux. En effet, le développement des métropoles modernes s'accompagne le plus souvent d'un processus de centralisation étatique qui participe à la formation de nouveaux dispositifs juridiques, dont le développement d'un droit criminel de « basse-intensité »2, soit le développement de plusieurs infractions criminelles qui visent spécifiquement certaines formes de comportements moraux et certains types d'occupation de l'espace urbain jugés illégitimes par les élites mais qui sont néanmoins inscrites dans l'habitus de certaines catégories sociales qui habitent l'espace urbain. Plusieurs travaux démontrent que ces nouveaux dispositifs juridiques visent plus spécifiquement les catégories sociales minorisées. Au contraire du portrait de la modernité urbaine ci-haut mentionnées, l'occupation de l'espace urbain par certaines catégories minorisées est davantage limitée et restreinte par ces dispositifs juridiques de « basse-intensité ».
La présente communication tentera de dresser un portrait du développement de ce droit criminel de « basse-intensité » au sein de l'espace urbain montréalais pour la période située entre la Conquête anglaise et les rébellions des années 1830. Une attention particulière sera portée à l'institution des juges de paix, un organe qui concentrait une large part des pouvoirs législatifs et juridiques durant cette période et notamment l'application de ces règlements criminels de « basse-intensité ». Nous chercherons à donner un aperçu des processus qui, à partir de ce droit criminel de « basse-intensité » participent à la création de nouvelles formes d'exclusion qui visent certaines catégories minorisées. Notre cadre d'analyse sera inspiré par les débats sur le concept de régulation morale qui s'oriente autour des travaux de Philip Abrams, Derek Sayer, Philip Corrigan et Mariana Valverde auquel nous tenterons de joindre certaines idées issues de la théorie des relations sociales de propriété afin de créer un concept de relations sociales d'appropriation morales. Celles-ci donnent forme, en s'inspirant des travaux de Brubaker, à des clotûres sociales juridico-spatiales qui visent de manière inégales certaines catégories minorisées. La présentation se terminera également sur quelques réflexions qui portent sur des analyses comparatives diachroniques entre le cas de Montréal et celui de quelques autres cas afin d'évaluer s'il est possible d'identifier une spécificité au cas montréalais.
Talks by Jean-Christophe Gascon
Présentation sur les théories socio-juridique de Duncan Kennedy et de ses thèses sur la reproduct... more Présentation sur les théories socio-juridique de Duncan Kennedy et de ses thèses sur la reproduction des hiérarchies sociales à travers la formation juridique; présentation d'ouverture pour une séance de cercle de lecture sur l'ouvrage de Duncan Kennedy «L'enseignement du droit et la reproduction des hiérarchies»; suivi d'une présentation de Georges Lebel sur l'histoire du département de sciences juridiques de l'UQAM
*Notes de la communication disponibles sur demande
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Conference Presentations by Jean-Christophe Gascon
Malgré ces affinités, les rapprochements entre la sociologie historique et les études féministes sont longtemps demeurés timides. En 1997, cette problématique a fait l'objet d'une discussion dans une publication de l'American Sociological Association entre certaines chercheures qui voyaient un intérêt dans les deux courants (Adams et Baron 1997; Morawska 1998). Cette autonomie relative entre les deux champs a été expliquée par Ewa Morawska comme la conséquence d'une différence quant aux niveaux d'analyse priorisés. Tandis que la sociologie historique s'est tourné vers des débats qui mettent l'accent sur des enjeux davantage « méthodologiques », les études féministes auraient priorisé un axe davantage « épistémologique ». Alors que la sociologie historique cherche à retracer les origines historiques de la modernité à partir de reconstructions davantage macro-historiques, l'histoire sociale féministe cherche davantage à problématiser la notion même de sujet moderne, à partir d'un axe plus proche de la micro-sociologie ou de l'histoire sociale. Morawska estime que c'est deux voies de recherche, loin d'être opposées, devraient plutôt favoriser un dialogue plus soutenu entre les deux champs de recherche (Morawska 1998).
Dans les dernières décennies, certaines tendances inspirées d'un renouveau marxiste (marxisme politique) ainsi que des études foucauldiennes (études sur la régulation morale) ont investi le champ de la sociologie historique en rappelant l'importance d'intégrer l'histoire sociale aux analyses causales. Ces courants ont-il pleinement réussi à intégrer les préoccupations épistémologiques du féminisme au sein de la sociologie historique? Si tel est le cas, comment ces préoccupations permettent-elles de repenser les manières par lesquelles nous réfléchissons la notion de « contexte »? L'historienne féministe Joan W. Scott recense deux moments au niveau de l'intégration des préoccupations féministes : d'abord, l'expérience des femmes est intégrée au sein des catégories d'analyses déjà en vogue tandis que dans un second temps, ce sont les catégories elles-mêmes qui sont repensées à la lumière de ces expériences. Les courants critiques de la sociologie historique, dont certains ont intégré des préoccupations féministes ont-elles atteint ce second niveau? Si oui, comment est-ce que cela nous a-t-il permis de repenser nos manières d'approcher le « contexte »? Cette communication tentera de développer une réflexion autour de ces questions.
Cette communication tente d'évaluer la pertinence heuristique du concept de Low Law en rapport aux travaux sur le développement étatique qui s'inscrivent dans le champ des études sur la régulation morale. Ce concept permet t'il d'amener un complément aux études d'auteurs comme Abrams, Corrigan et Sayer notamment? Nous réfléchirons à cette question à partir d'exemples tirés essentiellement des études socio-historiques, sur le développement de l'État au Canada.
La présente communication tentera de dresser un portrait du développement de ce droit criminel de « basse-intensité » au sein de l'espace urbain montréalais pour la période située entre la Conquête anglaise et les rébellions des années 1830. Une attention particulière sera portée à l'institution des juges de paix, un organe qui concentrait une large part des pouvoirs législatifs et juridiques durant cette période et notamment l'application de ces règlements criminels de « basse-intensité ». Nous chercherons à donner un aperçu des processus qui, à partir de ce droit criminel de « basse-intensité » participent à la création de nouvelles formes d'exclusion qui visent certaines catégories minorisées. Notre cadre d'analyse sera inspiré par les débats sur le concept de régulation morale qui s'oriente autour des travaux de Philip Abrams, Derek Sayer, Philip Corrigan et Mariana Valverde auquel nous tenterons de joindre certaines idées issues de la théorie des relations sociales de propriété afin de créer un concept de relations sociales d'appropriation morales. Celles-ci donnent forme, en s'inspirant des travaux de Brubaker, à des clotûres sociales juridico-spatiales qui visent de manière inégales certaines catégories minorisées. La présentation se terminera également sur quelques réflexions qui portent sur des analyses comparatives diachroniques entre le cas de Montréal et celui de quelques autres cas afin d'évaluer s'il est possible d'identifier une spécificité au cas montréalais.
Talks by Jean-Christophe Gascon
*Notes de la communication disponibles sur demande
Malgré ces affinités, les rapprochements entre la sociologie historique et les études féministes sont longtemps demeurés timides. En 1997, cette problématique a fait l'objet d'une discussion dans une publication de l'American Sociological Association entre certaines chercheures qui voyaient un intérêt dans les deux courants (Adams et Baron 1997; Morawska 1998). Cette autonomie relative entre les deux champs a été expliquée par Ewa Morawska comme la conséquence d'une différence quant aux niveaux d'analyse priorisés. Tandis que la sociologie historique s'est tourné vers des débats qui mettent l'accent sur des enjeux davantage « méthodologiques », les études féministes auraient priorisé un axe davantage « épistémologique ». Alors que la sociologie historique cherche à retracer les origines historiques de la modernité à partir de reconstructions davantage macro-historiques, l'histoire sociale féministe cherche davantage à problématiser la notion même de sujet moderne, à partir d'un axe plus proche de la micro-sociologie ou de l'histoire sociale. Morawska estime que c'est deux voies de recherche, loin d'être opposées, devraient plutôt favoriser un dialogue plus soutenu entre les deux champs de recherche (Morawska 1998).
Dans les dernières décennies, certaines tendances inspirées d'un renouveau marxiste (marxisme politique) ainsi que des études foucauldiennes (études sur la régulation morale) ont investi le champ de la sociologie historique en rappelant l'importance d'intégrer l'histoire sociale aux analyses causales. Ces courants ont-il pleinement réussi à intégrer les préoccupations épistémologiques du féminisme au sein de la sociologie historique? Si tel est le cas, comment ces préoccupations permettent-elles de repenser les manières par lesquelles nous réfléchissons la notion de « contexte »? L'historienne féministe Joan W. Scott recense deux moments au niveau de l'intégration des préoccupations féministes : d'abord, l'expérience des femmes est intégrée au sein des catégories d'analyses déjà en vogue tandis que dans un second temps, ce sont les catégories elles-mêmes qui sont repensées à la lumière de ces expériences. Les courants critiques de la sociologie historique, dont certains ont intégré des préoccupations féministes ont-elles atteint ce second niveau? Si oui, comment est-ce que cela nous a-t-il permis de repenser nos manières d'approcher le « contexte »? Cette communication tentera de développer une réflexion autour de ces questions.
Cette communication tente d'évaluer la pertinence heuristique du concept de Low Law en rapport aux travaux sur le développement étatique qui s'inscrivent dans le champ des études sur la régulation morale. Ce concept permet t'il d'amener un complément aux études d'auteurs comme Abrams, Corrigan et Sayer notamment? Nous réfléchirons à cette question à partir d'exemples tirés essentiellement des études socio-historiques, sur le développement de l'État au Canada.
La présente communication tentera de dresser un portrait du développement de ce droit criminel de « basse-intensité » au sein de l'espace urbain montréalais pour la période située entre la Conquête anglaise et les rébellions des années 1830. Une attention particulière sera portée à l'institution des juges de paix, un organe qui concentrait une large part des pouvoirs législatifs et juridiques durant cette période et notamment l'application de ces règlements criminels de « basse-intensité ». Nous chercherons à donner un aperçu des processus qui, à partir de ce droit criminel de « basse-intensité » participent à la création de nouvelles formes d'exclusion qui visent certaines catégories minorisées. Notre cadre d'analyse sera inspiré par les débats sur le concept de régulation morale qui s'oriente autour des travaux de Philip Abrams, Derek Sayer, Philip Corrigan et Mariana Valverde auquel nous tenterons de joindre certaines idées issues de la théorie des relations sociales de propriété afin de créer un concept de relations sociales d'appropriation morales. Celles-ci donnent forme, en s'inspirant des travaux de Brubaker, à des clotûres sociales juridico-spatiales qui visent de manière inégales certaines catégories minorisées. La présentation se terminera également sur quelques réflexions qui portent sur des analyses comparatives diachroniques entre le cas de Montréal et celui de quelques autres cas afin d'évaluer s'il est possible d'identifier une spécificité au cas montréalais.
*Notes de la communication disponibles sur demande