Communications by Pauline Franchini
Colloque international « Domestiques et domesticité dans les pays de langues romanes hier et aujo... more Colloque international « Domestiques et domesticité dans les pays de langues romanes hier et aujourd’hui : employé(e)s ou esclaves ? », Université Paris Nanterre, 23, 24, 25 mai 2019.
Le "Sítio do Picapau Amarelo" de Monteiro Lobato (1882-1948) est le grand classique de la littérature d'enfance au Brésil : dans une ferme du début du vingtième siècle peuplée de créatures magiques, Dona Benta raconte des histoires à ses petits-enfants tandis que la fidèle Tia Nastácia s'active en cuisine. Nourrice, domestique, Tia Nastácia est une "agregada", une ancienne esclave ou fille d'esclave qui, après l'abolition (1888), reste attachée à la famille, logée et nourrie en échange de ses loyaux services. Aujourd'hui, dans les rééditions et adaptations modernisées de l’œuvre, Nastácia passe sans mal pour l'"empregada", un statut social ambigu hérité de l'esclavage, et encore répandu comme en atteste le film "Que horas ela volta" (Anna Mulayert, 2015). Cette communication étudie la représentation de l'"empregada doméstica" à l'intersection des problématiques de race et de genre dans l'oeuvre de Lobato, et son actualité dans un Brésil nostalgique du temps où les Tia Nastácia savaient rester à leur place.
Journée d'études « Qu'est-ce qu'un objet comparatiste ? Nouvelles perspectives de la recherche en... more Journée d'études « Qu'est-ce qu'un objet comparatiste ? Nouvelles perspectives de la recherche en littérature comparée », École Normale Supérieure de Lyon, 19 octobre 2018.
Colloque international « Literatura, História e Pós-colonialidade », Université Fédérale Fluminen... more Colloque international « Literatura, História e Pós-colonialidade », Université Fédérale Fluminense, Niterói, Brésil, 26 et 27 septembre 2018. Actes à paraître.
Communication en portugais.
Co-organisation et participation au colloque international « Tramas da alteridade caribenha: repr... more Co-organisation et participation au colloque international « Tramas da alteridade caribenha: representações, perspectivas e devires », dans le cadre du sixième Congresso Internacional do Núcleo de Estudos das Américas sur le thème « América Latina e o mundo globalizado : crises, perspectivas, alternativas », Université d’État de Rio de Janeiro, Brésil, 29 août 2018. Actes à paraître.
Communication en portugais.
Résumé :
La littérature de jeunesse de Maryse Condé aborde les mêmes sujets graves et réalistes que sa littérature pour les adultes, avec le souci de la nuance et le rejet du manichéisme qui la caractérisent. Les personnages, jeunes adolescents d’Haïti, de Guadeloupe, des États-Unis ou du Mali, sont confrontés à l’expérience du racisme, de l’exclusion sociale, de la misère, de la guerre, de l’exil, des injustices et des profondes inégalités du monde contemporain. Ces œuvres présentent une critique acerbe des aspects négatifs de la mondialisation économique et culturelle : les dégâts du tourisme de masse dans les anciennes colonies, l’impact de l’uniformisation culturelle et de l’américanisation sur les cultures et les traditions locales, ou encore la nécessité d’émigrer en ville ou à l’étranger pour survivre. À partir de la lecture de quatre récits, cette étude vise à analyser comment Maryse Condé aborde ces thèmes sérieux et
souvent tristes de façon adaptée à l’âge du lectorat, et à montrer qu’elle invente une littérature enfantine postcoloniale.
Journée d'études « Écrire pour les adultes, écrire pour les enfants : continuités, ruptures, spéc... more Journée d'études « Écrire pour les adultes, écrire pour les enfants : continuités, ruptures, spécificités », ESPE de l'Académie de Lyon et Université Lyon 1, 20 juin 2018. Actes à paraître chez Classiques Garnier, collection « Rencontres ».
Cette communication propose une analyse comparée inédite d'un cas précis d'auto-réécriture en version enfantine. Chiens fous dans la brousse, d'abord paru dans le magazine Je Bouquine (2006) puis en poche chez Bayard Jeunesse (2008), est un roman historique sur la capture d'esclaves dans le Mali du XVIIIe siècle, écrit par Maryse Condé en sa qualité de présidente du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage. On y retrouve des personnages, des situations, des scènes et parfois des phrases identiques à une petite partie de son grand succès de 1984 Ségou, Les murailles de terre, premier tome de sa saga historique africaine. Si l'autrice affirme s'efforcer de « trouver un ton poétique plus simple et direct » pour les enfants en « évitant le piège du didactisme » (revue Takam Tikou n°11, 2004), une telle entreprise d'auto-réécriture « à la Tournier » mérite une étude comparée détaillée, qui pose en creux la question de la possibilité d'une littérature de jeunesse postcoloniale.
Journée d'études « Altérité et marginalité : la représentation des indigènes, Africains et afro-d... more Journée d'études « Altérité et marginalité : la représentation des indigènes, Africains et afro-descendants en Amérique Latine, dans les Caraïbes et dans l’Atlantique Noir », Université d'Aix-en-Provence, 22 mai 2018. Actes à paraître dans la revue Cahiers d’Études romanes. Publication prévue pour 2021.
Moacyr Scliar (1937-2011) est l'un des écrivains contemporains brésiliens les plus importants de sa génération. Fils d'immigrés juifs russes, né dans le Rio Grande do Sul, il place la question de l'hybridité, de l'altérité, de l'entre-deux identitaire et de la marginalité au centre de sa poétique. Une stratégie pour interroger sa « brésilianité » et sa judéité consiste pour Moacyr Scliar à mettre en parallèle la condition juive avec d'autres minorités, en particulier avec la figure de l'indigène représenté comme « instance d'altérité » (Rita Olivieri-Godet). Si dans ses romans pour adultes il reproduit ironiquement les préjugés racistes à l'encontre des Amérindiens pour mieux les mettre à distance, comment Scliar représente-t-il l'altérité indigène dans ses récits pour la jeunesse ? Quelle place accorde-t-il à l'ironie, à la parodie, au second degré, dans une production littéraire souvent destinée à l'usage scolaire ? Peu connus, les romans pour la jeunesse de Moacyr Scliar mettent à l'honneur des épisodes de l'Histoire nationale trop méconnus des enfants, font découvrir des grands classiques de la littérature brésilienne, mettent en scène des familles issues comme lui de l'immigration et leur difficile intégration, et abordent des sujets propres aux réalités socio-culturelles et économiques du pays, comme les inégalités, la vie politique et citoyenne, la question des minorités et du métissage. Tandis que les lois de 2003 et 2008 rendent obligatoire l'enseignement de l'histoire et des cultures afro-brésiliennes et amérindiennes à l'école, Moacyr Scliar invite depuis longtemps ses lecteurs à interroger leur identité brésilienne, hybride et métissée. Qu'il s'adresse aux adultes ou aux jeunes adolescents, il confronte les images, les stéréotypes, les représentations et les idéalisations littéraires de « l'Indien » à la réalité économique et sociale actuelle des Amérindiens du Brésil.
Journée d'études « Représentations et traductions du corps « parlant » dans la littérature, les f... more Journée d'études « Représentations et traductions du corps « parlant » dans la littérature, les films et les séries pour la jeunesse », Université de Bourgogne-Franche-Comté, Besançon, 22 mars 2018. Actes à paraître.
Jamais traduit en français à ce jour, Monteiro Lobato est le maître de la littérature enfantine du Brésil. Les aventures du Sítio do Picapau Amarelo (la Ferme du Pivert Jaune), publiées entre 1921 et 1947, n'ont jamais cessé d'être rééditées et adaptées en séries télévisées et dessins animés. Une étude des représentations et traductions des « corps parlants » dans cette œuvre présente plusieurs points d'intérêt, tant au niveau du texte que de l'imagerie.
Dans cet univers souvent comparé à un Wonderland brésilien, où le merveilleux et le non-sense bousculent le paisible monde rural, les corps subissent une série de métamorphoses grâce aux baguettes magiques et autres poudres de perlimpinpin. Grâce aux contes de la grand-mère Dona Benta et de la cuisinière Tia Nastácia, les personnages de la culture livresque européenne (Poucet, Peter Pan, Blanche-Neige, Don Quichotte...) rencontrent ceux du folklore populaire brésilien, comme le Saci, trickster amateur de mauvais tours, enfant noir unijambiste à pipe et bonnet rouge vivant au cœur de la forêt.
Mais le véritable corps (trop) parlant est sans conteste l'impertinente Emília, une poupée de chiffon qui a acquis le don de parole après avoir ingéré une pilule magique, et qui depuis ne cesse de parler à tort et à travers, confondre les mots, réformer la grammaire, lancer des méchancetés et tirer la langue, dans tous les sens du terme. Très souvent, Emília fait figure d’alter-ego de Lobato. À travers elle, il fait passer ses propres idées sur l’absurdité et les incohérences de sa société. Or, l’attachement des enfants pour la poupée à la langue bien pendue et l’identification de l’auteur à son personnage préféré posent problème dans la mesure où Emília fait également preuve d’une grande cruauté envers Tia Nastácia, qu’elle ne cesse de rabaisser et d’humilier à cause de sa couleur de peau, de son ignorance et de son statut de subalterne. Depuis les années 2010, une polémique oppose les défenseurs de Lobato et ceux qui lui reprochent de présenter une image stéréotypée et dégradante des personnages noirs.
La relation entre Tia Nastácia et sa créature de chiffon ainsi que les descriptions et les illustrations du personnage de la domestique noire sont donc relus à la lumière de cette controverse. Comment la modernisation du dessin et du décor dans les adaptations récentes tend-elle à arrondir les angles de la question sociale et raciale au Brésil ? Que nous dit le corps de Tia Nastácia sur les rapports de classe, de race et de genre dans la société post-esclavagiste brésilienne ?
Séminaire de recherche du laboratoire CPTC « Batailles autour du canon », Université de Bourgogne... more Séminaire de recherche du laboratoire CPTC « Batailles autour du canon », Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon, 8 mars 2018. Actes à paraître aux Éditions Universitaires de Dijon (2020).
Colloque international « Langues et cultures de l'exil », Université Charles de Gaulle Lille 3 et... more Colloque international « Langues et cultures de l'exil », Université Charles de Gaulle Lille 3 et Paris 3 Sorbonne Nouvelle, 14, 15, 16 novembre 2017.
41ème Congrès de la SFLGC (Société Française de Littérature Générale et Comparée) : « Migrations ... more 41ème Congrès de la SFLGC (Société Française de Littérature Générale et Comparée) : « Migrations des genres et des formes littéraires et artistiques », Université Toulouse II Jean Jaurès, 11, 12, 13 octobre 2017. Actes à paraître.
La littérature de jeunesse d’Edwidge Danticat et de Gisèle Pineau fait l’objet de peu d’études critiques, comme si elle était indigne de figurer dans leur bibliographie officielle sans y faire mauvais genre. Pourquoi des plumes internationalement reconnues migrent d’un genre majeur, le roman, vers un genre mineur ou considéré comme tel : la littérature de jeunesse ? Mais parler ici de migration des genres suppose de concevoir la littérature de jeunesse comme un genre à part entière, ce qui ne va pas sans difficultés. L’âge du destinataire suffit-il à définir un genre ? Les similitudes entre les romans pour la jeunesse et les romans pour les adultes des autrices interrogent le statut générique des textes destinés aux enfants : doit-on les considérer comme une version simplifiée ou miniature de la littérature caribéenne féminine ?
Université d'été "Caribbean Literature and Globalisation", Université de Constance, Allemagne, 2-... more Université d'été "Caribbean Literature and Globalisation", Université de Constance, Allemagne, 2-5 août 2017
Journée d'études « Plaisir de Lire », École Normale Supérieure de Lyon, 5 mai 2017.
Si l'éveil e... more Journée d'études « Plaisir de Lire », École Normale Supérieure de Lyon, 5 mai 2017.
Si l'éveil enchanté au plaisir de la lecture est un lieu commun du récit d'enfance autobiographique, en situation (post)coloniale il est contrarié par le manque de diversité et les stéréotypes racistes de la littérature pour « têtes blondes » proposée aux enfants de la culture dominée, qui doivent s'identifier à des héros qui ne leur ressemblent pas, à des réalités lointaines. Pour les auteurs et autrices antillais.e.s, l'entrée dans l'univers livresque occidental constitue à la fois un ravissement et une perte, dans la mesure où elle les éloigne de la tradition orale, populaire.
Manman Dlo, Ti-Jean, Kompè Lapin, chouval-twa-pat et soukougnans sont relégués à la parole mourante des derniers conteurs créoles, associés par les maîtres d'école à une sous-culture rurale et illettrée. Patrick Chamoiseau redonne aux enfants d'aujourd'hui le plaisir de la « merveille » créole à travers ses publications pour la jeunesse : recueils de contes illustrés, théâtre, et récemment une bande-dessinée qui reprend les codes graphiques de la fantasy contemporaine. Celui qui se nomme « Marqueur de Paroles » ne cesse d'interroger le geste paradoxal de vouloir sauver un folklore oral en le figeant à l'écrit, hors du rituel et du message de résistance et de survie du conteur de la plantation esclavagiste. De l'oral à l'écrit et de la veillée à la veilleuse, transporté dans le domaine intime du livre lu à l'école ou au coucher, l'auteur postcolonial contemporain propose-t-il encore des stratégies pour « résister-exister » (Lettres Créoles, 1999) ?
Colloque international « Malveillance/maltraitance de l’enfant dans les récits pour jeune public ... more Colloque international « Malveillance/maltraitance de l’enfant dans les récits pour jeune public », Université de Hradec Králové, République Tchèque, 30 et 31 mars 2017.
Communication publiée dans:
« Drame collectif : l'enfance maltraitée en contexte (post)colonial dans les romans de jeunesse de Maryse Condé et Gisèle Pineau », in Květuše Kunešová, Bochra Charnay, Thierry Charnay (dir.), Malveillance/Maltraitance de l'enfant dans les récits pour jeune public, Hradec Králové, Gaudeamus, 2017, p. 83-96.
Article dans une revue à comité de lecture by Pauline Franchini
SFLGC, 2019
La littérature de jeunesse d'Edwidge Danticat et de Gisèle Pineau fait l'objet de peu d'études cr... more La littérature de jeunesse d'Edwidge Danticat et de Gisèle Pineau fait l'objet de peu d'études critiques, comme si elle était indigne de figurer dans leur bibliographie officielle sans y faire mauvais genre. Qu'est-ce qui motive des plumes internationalement reconnues à migrer d'un genre majeur, le roman, vers un genre mineur ou considéré comme tel : la littérature de jeunesse ? Mais parler ici de migration des genres suppose de concevoir la littérature de jeunesse comme un genre à part entière, ce qui ne va pas sans difficultés. Écrire (verbe intransitif) et écrire pour : le destinataire suffit-il à définir un genre ? Peut-on considérer leurs romans pour la jeunesse comme une version édulcorée et simplifiée de la littérature caribéenne féminine, ou bien doit-on voir une spécificité générique de la catégorie « littérature de jeunesse migrante », avec ses caractéristiques et son propre système de valeurs ?
"Écrire l'Histoire pour la jeunesse", Amnis - Revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques, 2017
Amnis - Revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques, n°6, juillet 2017 "Écrire l'Histoi... more Amnis - Revue de civilisation contemporaine Europes/Amériques, n°6, juillet 2017 "Écrire l'Histoire pour la jeunesse". Revue française à comité de lecture international.
https://amnis.revues.org/3159
Dans le roman historique pour la jeunesse, l'Histoire est souvent le prétexte, la toile de fond dépaysante devant laquelle se déroule un récit d'aventures. Il ne pourrait en être ainsi dans les romans historiques qui traitent des périodes coloniales et pré-coloniales, a fortiori écrits par des auteurs amérindiens ou afro-descendants concernés par les problématiques postcoloniales : dans ces romans, l'interprétation des événements historiques en fonction du point de vue depuis lesquels ils sont racontés – celui des vaincus de l'Histoire – y est l'enjeu central. En particulier, les fictions qui mettent en scène la « rencontre », imminente ou récente, entre l'Européen et les peuples premiers américains, à travers l'expérience de ces derniers, décentrent le regard de l'enfant vers le hors-champ de l'Histoire et proposent des alternatives à la version officielle. Le pouvoir d'identification aux héros, qui caractérise le roman pour la jeunesse, prend ici une dimension politique, dans la mesure où, rendu étranger à lui-même, le jeune lecteur fait l'expérience de l'altérité, de la relativité des valeurs et des injustices de l'Histoire. La fiction est alors, paradoxalement, le moyen d'accéder à une vérité occultée par l'Histoire officielle, et de dénoncer cette Histoire – et ses silences – comme une fiction, que l'on songe au mythe de la « découverte », à la glorification des pionniers et aux stéréotypes véhiculés sur les amérindiens. Edwidge Danticat et Louise Erdrich aux États-Unis, Daniel Munduruku et Joel Rufino dos Santos au Brésil, font partie de ces auteurs qui mettent leur plume au service de ce devoir de mémoire, qui est en même temps un devoir d'imagination.
Contribution à un ouvrage collectif by Pauline Franchini
Květuše Kunešová, Bochra Charnay, Thierry Charnay (dir.), Malveillance/Maltraitance de l'enfant dans les récits pour jeune public, Hradec Králové, Gaudeamus, p. 83-96., 2017
Organisation d'événements scientifiques by Pauline Franchini
L'Université d'Etat de Rio de Janeiro (UERJ) a accueilli du 27 au 31 août 2018 le sixième Congrès... more L'Université d'Etat de Rio de Janeiro (UERJ) a accueilli du 27 au 31 août 2018 le sixième Congrès International du NUCLEAS, centre d'études américaines (Núcleo de Estudos Americanos), sur le thème "L'Amérique latine et le monde globalisé". Cet événement international et pluridisciplinaire a réuni divers colloques et tables rondes sur des thèmes variés, dont un symposium spécifiquement consacré à la Caraïbe : "Tramas da alteridade caribenha : representações, perspectivas e devires" (Trames de l'altérité caribéenne : représentations, perspectives et devenirs).
Ce symposium, organisé par Vanessa Massoni da Rocha (Universidade Federal Fluminense, Rio de Janeiro) et Pauline Franchini (Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon), a accueilli des communications transdisciplinaires (histoire, littérature, littérature d'enfance et de jeunesse, cinéma, arts, monde de l'édition caribéenne...) traitant de l'espace caribéen et de son rapport à l'identité, l'altérité et la "mondialité" (Edouard Glissant), dans le (tout-)monde contemporain globalisé.
Résumé:
Christiane Taubira explica que “a grande e inestimável lição que nos delega a sombria e longa travessia do tráfico negreiro e da escravidão é mostrar o mundo em sua pluralidade, nos convidar a perceber que o que não muda, o que não se desfaz, é a alteridade” (2015, p.19). Tendo como ponto de partida a alteridade reiterada por Taubirae o pressuposto de que o espaço caribenho se constitui no mosaico cultural de diásporas, da crioulidade e da tessitura de encontros plurais, esse simpósio acolhe comunicações que versem sobre o espaço caribenho em sua interlocução com o outro. Trata-se de analisar, em leituras transdisciplinares, a realidade caribenha desde o período colonial até a contemporaneidade, na qual escritores como Patrick Chamoiseau (2016) defendem a importância da mondialité (globalidade) como reinvenção criativa e fraternal da globalização e de seus possíveis revezes. Nesse contexto, trabalhos que contemplem a diáspora, a escravidão e seus desdobramentos, as tramas da (pós)colonização, as línguas em contato, o Caribe e a imigração, a Neo-América e a perspectiva da Antilhanidade, a Globalização e a “mondialité” e a Globalização e a identidade caribenha aprofundarãoas análises empreendidas. Trabalhos acerca da literatura caribenha e das questões de representação, edição e publicação de livros, da literatura infanto-juvenil caribenha e a noção de literatura menor bem como reflexões sobre a Identidade caribenha, o
sincretismo religioso e as artes de fazer e dizer em diálogo serão importantes para o
estudo das tramas da alteridade caribenha.
Plots of Caribbean alterity : representations, perspectives and becomings
Christiane Taubira explains that "the great and inestimable lesson that delegates us to the dark and long crossing of the slave trade and slavery is to show the world in its plurality, to invite us to realize that what does not change, what does not undo, is the otherness "(2015, p.19). Taking as its starting point the alterity reiterated by Taubira and the assumption that the Caribbean space is the cultural mosaic of diasporas, the creole and the plurality of plural encounters, this symposium welcomes communications that deal with the Caribbean space in its interlocution with the other. It is a question of analyzing, in transdisciplinary readings, the Caribbean reality from the colonial period to the present day, in which writers such as Patrick Chamoiseau (2016) defend the importance of mondialité as a creative and fraternal reinvention of globalization and its possible setbacks. In this context, works that contemplate diaspora, slavery and its unfolding, the plots of (post) colonization, languages in contact, the Caribbean and immigration, Neo-America and the perspective of anti-globalization, globalization and "mondialité" and Globalization and the Caribbean identity will deepen the analysis undertaken. Works on Caribbean literature and issues of representation, edition and publication of books, Caribbean children's literature and the notion of minor literature as well as reflections on the Caribbean identity and religious syncretism and Caribbean identity and the arts of making and saying in dialogue will be important for the study of the plots of Caribbean alterity.
Comité scientifique :
Vanessa Massoni da Rocha (Universidade Federal Fluminense, Rio de Janeiro)
Pauline Franchini (Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon)
Co-organisation de la journée doctorale du laboratoire CPTC (Centre Pluridisciplinaire Textes et ... more Co-organisation de la journée doctorale du laboratoire CPTC (Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures) de l'Université de Bourgogne. 25 avril 2018, Dijon.
Co-organisation de la journée doctorale du laboratoire CPTC (Centre Pluridisciplinaire Textes et ... more Co-organisation de la journée doctorale du laboratoire CPTC (Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures) de l'Université de Bourgogne. 29 mars 2017, Dijon.
Papers by Pauline Franchini
Écrire l’esclavage dans la littérature pour la jeunesse, 2021
Chapitre d'ouvrage coécrit avec Pauline Franchini (Université de Bourgogne), publié dans le volum... more Chapitre d'ouvrage coécrit avec Pauline Franchini (Université de Bourgogne), publié dans le volume "Ecrire l'esclavage dans la littérature pour la jeunesse" de Christianne Connan-Pintado, Sylvie Lalague-Dulac et Gersende Plisonneau (textes réunis et présentés par), PUB, 2020, pp.61-73.
Réflexion autour de l'écriture de l'esclavage dans la littérature adulte et jeunesse de Maryse Condé : "Pour les enfants comme pour les adultes, les fictions de Maryse Condé parlent d'esclavage de façon non conventionnelle. Se trouvant toujours là où on ne l'attend pas, elle n'écrit pas sur l'expérience de la cale du bateau négrier et des plantations -expérience fondatrice des peuples caribéens selon Edouard Glissant : elle écrit autour." (extrait de l'article, p.72)
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Communications by Pauline Franchini
Le "Sítio do Picapau Amarelo" de Monteiro Lobato (1882-1948) est le grand classique de la littérature d'enfance au Brésil : dans une ferme du début du vingtième siècle peuplée de créatures magiques, Dona Benta raconte des histoires à ses petits-enfants tandis que la fidèle Tia Nastácia s'active en cuisine. Nourrice, domestique, Tia Nastácia est une "agregada", une ancienne esclave ou fille d'esclave qui, après l'abolition (1888), reste attachée à la famille, logée et nourrie en échange de ses loyaux services. Aujourd'hui, dans les rééditions et adaptations modernisées de l’œuvre, Nastácia passe sans mal pour l'"empregada", un statut social ambigu hérité de l'esclavage, et encore répandu comme en atteste le film "Que horas ela volta" (Anna Mulayert, 2015). Cette communication étudie la représentation de l'"empregada doméstica" à l'intersection des problématiques de race et de genre dans l'oeuvre de Lobato, et son actualité dans un Brésil nostalgique du temps où les Tia Nastácia savaient rester à leur place.
Communication en portugais.
Communication en portugais.
Résumé :
La littérature de jeunesse de Maryse Condé aborde les mêmes sujets graves et réalistes que sa littérature pour les adultes, avec le souci de la nuance et le rejet du manichéisme qui la caractérisent. Les personnages, jeunes adolescents d’Haïti, de Guadeloupe, des États-Unis ou du Mali, sont confrontés à l’expérience du racisme, de l’exclusion sociale, de la misère, de la guerre, de l’exil, des injustices et des profondes inégalités du monde contemporain. Ces œuvres présentent une critique acerbe des aspects négatifs de la mondialisation économique et culturelle : les dégâts du tourisme de masse dans les anciennes colonies, l’impact de l’uniformisation culturelle et de l’américanisation sur les cultures et les traditions locales, ou encore la nécessité d’émigrer en ville ou à l’étranger pour survivre. À partir de la lecture de quatre récits, cette étude vise à analyser comment Maryse Condé aborde ces thèmes sérieux et
souvent tristes de façon adaptée à l’âge du lectorat, et à montrer qu’elle invente une littérature enfantine postcoloniale.
Cette communication propose une analyse comparée inédite d'un cas précis d'auto-réécriture en version enfantine. Chiens fous dans la brousse, d'abord paru dans le magazine Je Bouquine (2006) puis en poche chez Bayard Jeunesse (2008), est un roman historique sur la capture d'esclaves dans le Mali du XVIIIe siècle, écrit par Maryse Condé en sa qualité de présidente du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage. On y retrouve des personnages, des situations, des scènes et parfois des phrases identiques à une petite partie de son grand succès de 1984 Ségou, Les murailles de terre, premier tome de sa saga historique africaine. Si l'autrice affirme s'efforcer de « trouver un ton poétique plus simple et direct » pour les enfants en « évitant le piège du didactisme » (revue Takam Tikou n°11, 2004), une telle entreprise d'auto-réécriture « à la Tournier » mérite une étude comparée détaillée, qui pose en creux la question de la possibilité d'une littérature de jeunesse postcoloniale.
Moacyr Scliar (1937-2011) est l'un des écrivains contemporains brésiliens les plus importants de sa génération. Fils d'immigrés juifs russes, né dans le Rio Grande do Sul, il place la question de l'hybridité, de l'altérité, de l'entre-deux identitaire et de la marginalité au centre de sa poétique. Une stratégie pour interroger sa « brésilianité » et sa judéité consiste pour Moacyr Scliar à mettre en parallèle la condition juive avec d'autres minorités, en particulier avec la figure de l'indigène représenté comme « instance d'altérité » (Rita Olivieri-Godet). Si dans ses romans pour adultes il reproduit ironiquement les préjugés racistes à l'encontre des Amérindiens pour mieux les mettre à distance, comment Scliar représente-t-il l'altérité indigène dans ses récits pour la jeunesse ? Quelle place accorde-t-il à l'ironie, à la parodie, au second degré, dans une production littéraire souvent destinée à l'usage scolaire ? Peu connus, les romans pour la jeunesse de Moacyr Scliar mettent à l'honneur des épisodes de l'Histoire nationale trop méconnus des enfants, font découvrir des grands classiques de la littérature brésilienne, mettent en scène des familles issues comme lui de l'immigration et leur difficile intégration, et abordent des sujets propres aux réalités socio-culturelles et économiques du pays, comme les inégalités, la vie politique et citoyenne, la question des minorités et du métissage. Tandis que les lois de 2003 et 2008 rendent obligatoire l'enseignement de l'histoire et des cultures afro-brésiliennes et amérindiennes à l'école, Moacyr Scliar invite depuis longtemps ses lecteurs à interroger leur identité brésilienne, hybride et métissée. Qu'il s'adresse aux adultes ou aux jeunes adolescents, il confronte les images, les stéréotypes, les représentations et les idéalisations littéraires de « l'Indien » à la réalité économique et sociale actuelle des Amérindiens du Brésil.
Jamais traduit en français à ce jour, Monteiro Lobato est le maître de la littérature enfantine du Brésil. Les aventures du Sítio do Picapau Amarelo (la Ferme du Pivert Jaune), publiées entre 1921 et 1947, n'ont jamais cessé d'être rééditées et adaptées en séries télévisées et dessins animés. Une étude des représentations et traductions des « corps parlants » dans cette œuvre présente plusieurs points d'intérêt, tant au niveau du texte que de l'imagerie.
Dans cet univers souvent comparé à un Wonderland brésilien, où le merveilleux et le non-sense bousculent le paisible monde rural, les corps subissent une série de métamorphoses grâce aux baguettes magiques et autres poudres de perlimpinpin. Grâce aux contes de la grand-mère Dona Benta et de la cuisinière Tia Nastácia, les personnages de la culture livresque européenne (Poucet, Peter Pan, Blanche-Neige, Don Quichotte...) rencontrent ceux du folklore populaire brésilien, comme le Saci, trickster amateur de mauvais tours, enfant noir unijambiste à pipe et bonnet rouge vivant au cœur de la forêt.
Mais le véritable corps (trop) parlant est sans conteste l'impertinente Emília, une poupée de chiffon qui a acquis le don de parole après avoir ingéré une pilule magique, et qui depuis ne cesse de parler à tort et à travers, confondre les mots, réformer la grammaire, lancer des méchancetés et tirer la langue, dans tous les sens du terme. Très souvent, Emília fait figure d’alter-ego de Lobato. À travers elle, il fait passer ses propres idées sur l’absurdité et les incohérences de sa société. Or, l’attachement des enfants pour la poupée à la langue bien pendue et l’identification de l’auteur à son personnage préféré posent problème dans la mesure où Emília fait également preuve d’une grande cruauté envers Tia Nastácia, qu’elle ne cesse de rabaisser et d’humilier à cause de sa couleur de peau, de son ignorance et de son statut de subalterne. Depuis les années 2010, une polémique oppose les défenseurs de Lobato et ceux qui lui reprochent de présenter une image stéréotypée et dégradante des personnages noirs.
La relation entre Tia Nastácia et sa créature de chiffon ainsi que les descriptions et les illustrations du personnage de la domestique noire sont donc relus à la lumière de cette controverse. Comment la modernisation du dessin et du décor dans les adaptations récentes tend-elle à arrondir les angles de la question sociale et raciale au Brésil ? Que nous dit le corps de Tia Nastácia sur les rapports de classe, de race et de genre dans la société post-esclavagiste brésilienne ?
La littérature de jeunesse d’Edwidge Danticat et de Gisèle Pineau fait l’objet de peu d’études critiques, comme si elle était indigne de figurer dans leur bibliographie officielle sans y faire mauvais genre. Pourquoi des plumes internationalement reconnues migrent d’un genre majeur, le roman, vers un genre mineur ou considéré comme tel : la littérature de jeunesse ? Mais parler ici de migration des genres suppose de concevoir la littérature de jeunesse comme un genre à part entière, ce qui ne va pas sans difficultés. L’âge du destinataire suffit-il à définir un genre ? Les similitudes entre les romans pour la jeunesse et les romans pour les adultes des autrices interrogent le statut générique des textes destinés aux enfants : doit-on les considérer comme une version simplifiée ou miniature de la littérature caribéenne féminine ?
Si l'éveil enchanté au plaisir de la lecture est un lieu commun du récit d'enfance autobiographique, en situation (post)coloniale il est contrarié par le manque de diversité et les stéréotypes racistes de la littérature pour « têtes blondes » proposée aux enfants de la culture dominée, qui doivent s'identifier à des héros qui ne leur ressemblent pas, à des réalités lointaines. Pour les auteurs et autrices antillais.e.s, l'entrée dans l'univers livresque occidental constitue à la fois un ravissement et une perte, dans la mesure où elle les éloigne de la tradition orale, populaire.
Manman Dlo, Ti-Jean, Kompè Lapin, chouval-twa-pat et soukougnans sont relégués à la parole mourante des derniers conteurs créoles, associés par les maîtres d'école à une sous-culture rurale et illettrée. Patrick Chamoiseau redonne aux enfants d'aujourd'hui le plaisir de la « merveille » créole à travers ses publications pour la jeunesse : recueils de contes illustrés, théâtre, et récemment une bande-dessinée qui reprend les codes graphiques de la fantasy contemporaine. Celui qui se nomme « Marqueur de Paroles » ne cesse d'interroger le geste paradoxal de vouloir sauver un folklore oral en le figeant à l'écrit, hors du rituel et du message de résistance et de survie du conteur de la plantation esclavagiste. De l'oral à l'écrit et de la veillée à la veilleuse, transporté dans le domaine intime du livre lu à l'école ou au coucher, l'auteur postcolonial contemporain propose-t-il encore des stratégies pour « résister-exister » (Lettres Créoles, 1999) ?
Communication publiée dans:
« Drame collectif : l'enfance maltraitée en contexte (post)colonial dans les romans de jeunesse de Maryse Condé et Gisèle Pineau », in Květuše Kunešová, Bochra Charnay, Thierry Charnay (dir.), Malveillance/Maltraitance de l'enfant dans les récits pour jeune public, Hradec Králové, Gaudeamus, 2017, p. 83-96.
Article dans une revue à comité de lecture by Pauline Franchini
https://amnis.revues.org/3159
Dans le roman historique pour la jeunesse, l'Histoire est souvent le prétexte, la toile de fond dépaysante devant laquelle se déroule un récit d'aventures. Il ne pourrait en être ainsi dans les romans historiques qui traitent des périodes coloniales et pré-coloniales, a fortiori écrits par des auteurs amérindiens ou afro-descendants concernés par les problématiques postcoloniales : dans ces romans, l'interprétation des événements historiques en fonction du point de vue depuis lesquels ils sont racontés – celui des vaincus de l'Histoire – y est l'enjeu central. En particulier, les fictions qui mettent en scène la « rencontre », imminente ou récente, entre l'Européen et les peuples premiers américains, à travers l'expérience de ces derniers, décentrent le regard de l'enfant vers le hors-champ de l'Histoire et proposent des alternatives à la version officielle. Le pouvoir d'identification aux héros, qui caractérise le roman pour la jeunesse, prend ici une dimension politique, dans la mesure où, rendu étranger à lui-même, le jeune lecteur fait l'expérience de l'altérité, de la relativité des valeurs et des injustices de l'Histoire. La fiction est alors, paradoxalement, le moyen d'accéder à une vérité occultée par l'Histoire officielle, et de dénoncer cette Histoire – et ses silences – comme une fiction, que l'on songe au mythe de la « découverte », à la glorification des pionniers et aux stéréotypes véhiculés sur les amérindiens. Edwidge Danticat et Louise Erdrich aux États-Unis, Daniel Munduruku et Joel Rufino dos Santos au Brésil, font partie de ces auteurs qui mettent leur plume au service de ce devoir de mémoire, qui est en même temps un devoir d'imagination.
Contribution à un ouvrage collectif by Pauline Franchini
Organisation d'événements scientifiques by Pauline Franchini
Ce symposium, organisé par Vanessa Massoni da Rocha (Universidade Federal Fluminense, Rio de Janeiro) et Pauline Franchini (Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon), a accueilli des communications transdisciplinaires (histoire, littérature, littérature d'enfance et de jeunesse, cinéma, arts, monde de l'édition caribéenne...) traitant de l'espace caribéen et de son rapport à l'identité, l'altérité et la "mondialité" (Edouard Glissant), dans le (tout-)monde contemporain globalisé.
Résumé:
Christiane Taubira explica que “a grande e inestimável lição que nos delega a sombria e longa travessia do tráfico negreiro e da escravidão é mostrar o mundo em sua pluralidade, nos convidar a perceber que o que não muda, o que não se desfaz, é a alteridade” (2015, p.19). Tendo como ponto de partida a alteridade reiterada por Taubirae o pressuposto de que o espaço caribenho se constitui no mosaico cultural de diásporas, da crioulidade e da tessitura de encontros plurais, esse simpósio acolhe comunicações que versem sobre o espaço caribenho em sua interlocução com o outro. Trata-se de analisar, em leituras transdisciplinares, a realidade caribenha desde o período colonial até a contemporaneidade, na qual escritores como Patrick Chamoiseau (2016) defendem a importância da mondialité (globalidade) como reinvenção criativa e fraternal da globalização e de seus possíveis revezes. Nesse contexto, trabalhos que contemplem a diáspora, a escravidão e seus desdobramentos, as tramas da (pós)colonização, as línguas em contato, o Caribe e a imigração, a Neo-América e a perspectiva da Antilhanidade, a Globalização e a “mondialité” e a Globalização e a identidade caribenha aprofundarãoas análises empreendidas. Trabalhos acerca da literatura caribenha e das questões de representação, edição e publicação de livros, da literatura infanto-juvenil caribenha e a noção de literatura menor bem como reflexões sobre a Identidade caribenha, o
sincretismo religioso e as artes de fazer e dizer em diálogo serão importantes para o
estudo das tramas da alteridade caribenha.
Plots of Caribbean alterity : representations, perspectives and becomings
Christiane Taubira explains that "the great and inestimable lesson that delegates us to the dark and long crossing of the slave trade and slavery is to show the world in its plurality, to invite us to realize that what does not change, what does not undo, is the otherness "(2015, p.19). Taking as its starting point the alterity reiterated by Taubira and the assumption that the Caribbean space is the cultural mosaic of diasporas, the creole and the plurality of plural encounters, this symposium welcomes communications that deal with the Caribbean space in its interlocution with the other. It is a question of analyzing, in transdisciplinary readings, the Caribbean reality from the colonial period to the present day, in which writers such as Patrick Chamoiseau (2016) defend the importance of mondialité as a creative and fraternal reinvention of globalization and its possible setbacks. In this context, works that contemplate diaspora, slavery and its unfolding, the plots of (post) colonization, languages in contact, the Caribbean and immigration, Neo-America and the perspective of anti-globalization, globalization and "mondialité" and Globalization and the Caribbean identity will deepen the analysis undertaken. Works on Caribbean literature and issues of representation, edition and publication of books, Caribbean children's literature and the notion of minor literature as well as reflections on the Caribbean identity and religious syncretism and Caribbean identity and the arts of making and saying in dialogue will be important for the study of the plots of Caribbean alterity.
Comité scientifique :
Vanessa Massoni da Rocha (Universidade Federal Fluminense, Rio de Janeiro)
Pauline Franchini (Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon)
Papers by Pauline Franchini
Réflexion autour de l'écriture de l'esclavage dans la littérature adulte et jeunesse de Maryse Condé : "Pour les enfants comme pour les adultes, les fictions de Maryse Condé parlent d'esclavage de façon non conventionnelle. Se trouvant toujours là où on ne l'attend pas, elle n'écrit pas sur l'expérience de la cale du bateau négrier et des plantations -expérience fondatrice des peuples caribéens selon Edouard Glissant : elle écrit autour." (extrait de l'article, p.72)
Le "Sítio do Picapau Amarelo" de Monteiro Lobato (1882-1948) est le grand classique de la littérature d'enfance au Brésil : dans une ferme du début du vingtième siècle peuplée de créatures magiques, Dona Benta raconte des histoires à ses petits-enfants tandis que la fidèle Tia Nastácia s'active en cuisine. Nourrice, domestique, Tia Nastácia est une "agregada", une ancienne esclave ou fille d'esclave qui, après l'abolition (1888), reste attachée à la famille, logée et nourrie en échange de ses loyaux services. Aujourd'hui, dans les rééditions et adaptations modernisées de l’œuvre, Nastácia passe sans mal pour l'"empregada", un statut social ambigu hérité de l'esclavage, et encore répandu comme en atteste le film "Que horas ela volta" (Anna Mulayert, 2015). Cette communication étudie la représentation de l'"empregada doméstica" à l'intersection des problématiques de race et de genre dans l'oeuvre de Lobato, et son actualité dans un Brésil nostalgique du temps où les Tia Nastácia savaient rester à leur place.
Communication en portugais.
Communication en portugais.
Résumé :
La littérature de jeunesse de Maryse Condé aborde les mêmes sujets graves et réalistes que sa littérature pour les adultes, avec le souci de la nuance et le rejet du manichéisme qui la caractérisent. Les personnages, jeunes adolescents d’Haïti, de Guadeloupe, des États-Unis ou du Mali, sont confrontés à l’expérience du racisme, de l’exclusion sociale, de la misère, de la guerre, de l’exil, des injustices et des profondes inégalités du monde contemporain. Ces œuvres présentent une critique acerbe des aspects négatifs de la mondialisation économique et culturelle : les dégâts du tourisme de masse dans les anciennes colonies, l’impact de l’uniformisation culturelle et de l’américanisation sur les cultures et les traditions locales, ou encore la nécessité d’émigrer en ville ou à l’étranger pour survivre. À partir de la lecture de quatre récits, cette étude vise à analyser comment Maryse Condé aborde ces thèmes sérieux et
souvent tristes de façon adaptée à l’âge du lectorat, et à montrer qu’elle invente une littérature enfantine postcoloniale.
Cette communication propose une analyse comparée inédite d'un cas précis d'auto-réécriture en version enfantine. Chiens fous dans la brousse, d'abord paru dans le magazine Je Bouquine (2006) puis en poche chez Bayard Jeunesse (2008), est un roman historique sur la capture d'esclaves dans le Mali du XVIIIe siècle, écrit par Maryse Condé en sa qualité de présidente du Comité pour la Mémoire de l'Esclavage. On y retrouve des personnages, des situations, des scènes et parfois des phrases identiques à une petite partie de son grand succès de 1984 Ségou, Les murailles de terre, premier tome de sa saga historique africaine. Si l'autrice affirme s'efforcer de « trouver un ton poétique plus simple et direct » pour les enfants en « évitant le piège du didactisme » (revue Takam Tikou n°11, 2004), une telle entreprise d'auto-réécriture « à la Tournier » mérite une étude comparée détaillée, qui pose en creux la question de la possibilité d'une littérature de jeunesse postcoloniale.
Moacyr Scliar (1937-2011) est l'un des écrivains contemporains brésiliens les plus importants de sa génération. Fils d'immigrés juifs russes, né dans le Rio Grande do Sul, il place la question de l'hybridité, de l'altérité, de l'entre-deux identitaire et de la marginalité au centre de sa poétique. Une stratégie pour interroger sa « brésilianité » et sa judéité consiste pour Moacyr Scliar à mettre en parallèle la condition juive avec d'autres minorités, en particulier avec la figure de l'indigène représenté comme « instance d'altérité » (Rita Olivieri-Godet). Si dans ses romans pour adultes il reproduit ironiquement les préjugés racistes à l'encontre des Amérindiens pour mieux les mettre à distance, comment Scliar représente-t-il l'altérité indigène dans ses récits pour la jeunesse ? Quelle place accorde-t-il à l'ironie, à la parodie, au second degré, dans une production littéraire souvent destinée à l'usage scolaire ? Peu connus, les romans pour la jeunesse de Moacyr Scliar mettent à l'honneur des épisodes de l'Histoire nationale trop méconnus des enfants, font découvrir des grands classiques de la littérature brésilienne, mettent en scène des familles issues comme lui de l'immigration et leur difficile intégration, et abordent des sujets propres aux réalités socio-culturelles et économiques du pays, comme les inégalités, la vie politique et citoyenne, la question des minorités et du métissage. Tandis que les lois de 2003 et 2008 rendent obligatoire l'enseignement de l'histoire et des cultures afro-brésiliennes et amérindiennes à l'école, Moacyr Scliar invite depuis longtemps ses lecteurs à interroger leur identité brésilienne, hybride et métissée. Qu'il s'adresse aux adultes ou aux jeunes adolescents, il confronte les images, les stéréotypes, les représentations et les idéalisations littéraires de « l'Indien » à la réalité économique et sociale actuelle des Amérindiens du Brésil.
Jamais traduit en français à ce jour, Monteiro Lobato est le maître de la littérature enfantine du Brésil. Les aventures du Sítio do Picapau Amarelo (la Ferme du Pivert Jaune), publiées entre 1921 et 1947, n'ont jamais cessé d'être rééditées et adaptées en séries télévisées et dessins animés. Une étude des représentations et traductions des « corps parlants » dans cette œuvre présente plusieurs points d'intérêt, tant au niveau du texte que de l'imagerie.
Dans cet univers souvent comparé à un Wonderland brésilien, où le merveilleux et le non-sense bousculent le paisible monde rural, les corps subissent une série de métamorphoses grâce aux baguettes magiques et autres poudres de perlimpinpin. Grâce aux contes de la grand-mère Dona Benta et de la cuisinière Tia Nastácia, les personnages de la culture livresque européenne (Poucet, Peter Pan, Blanche-Neige, Don Quichotte...) rencontrent ceux du folklore populaire brésilien, comme le Saci, trickster amateur de mauvais tours, enfant noir unijambiste à pipe et bonnet rouge vivant au cœur de la forêt.
Mais le véritable corps (trop) parlant est sans conteste l'impertinente Emília, une poupée de chiffon qui a acquis le don de parole après avoir ingéré une pilule magique, et qui depuis ne cesse de parler à tort et à travers, confondre les mots, réformer la grammaire, lancer des méchancetés et tirer la langue, dans tous les sens du terme. Très souvent, Emília fait figure d’alter-ego de Lobato. À travers elle, il fait passer ses propres idées sur l’absurdité et les incohérences de sa société. Or, l’attachement des enfants pour la poupée à la langue bien pendue et l’identification de l’auteur à son personnage préféré posent problème dans la mesure où Emília fait également preuve d’une grande cruauté envers Tia Nastácia, qu’elle ne cesse de rabaisser et d’humilier à cause de sa couleur de peau, de son ignorance et de son statut de subalterne. Depuis les années 2010, une polémique oppose les défenseurs de Lobato et ceux qui lui reprochent de présenter une image stéréotypée et dégradante des personnages noirs.
La relation entre Tia Nastácia et sa créature de chiffon ainsi que les descriptions et les illustrations du personnage de la domestique noire sont donc relus à la lumière de cette controverse. Comment la modernisation du dessin et du décor dans les adaptations récentes tend-elle à arrondir les angles de la question sociale et raciale au Brésil ? Que nous dit le corps de Tia Nastácia sur les rapports de classe, de race et de genre dans la société post-esclavagiste brésilienne ?
La littérature de jeunesse d’Edwidge Danticat et de Gisèle Pineau fait l’objet de peu d’études critiques, comme si elle était indigne de figurer dans leur bibliographie officielle sans y faire mauvais genre. Pourquoi des plumes internationalement reconnues migrent d’un genre majeur, le roman, vers un genre mineur ou considéré comme tel : la littérature de jeunesse ? Mais parler ici de migration des genres suppose de concevoir la littérature de jeunesse comme un genre à part entière, ce qui ne va pas sans difficultés. L’âge du destinataire suffit-il à définir un genre ? Les similitudes entre les romans pour la jeunesse et les romans pour les adultes des autrices interrogent le statut générique des textes destinés aux enfants : doit-on les considérer comme une version simplifiée ou miniature de la littérature caribéenne féminine ?
Si l'éveil enchanté au plaisir de la lecture est un lieu commun du récit d'enfance autobiographique, en situation (post)coloniale il est contrarié par le manque de diversité et les stéréotypes racistes de la littérature pour « têtes blondes » proposée aux enfants de la culture dominée, qui doivent s'identifier à des héros qui ne leur ressemblent pas, à des réalités lointaines. Pour les auteurs et autrices antillais.e.s, l'entrée dans l'univers livresque occidental constitue à la fois un ravissement et une perte, dans la mesure où elle les éloigne de la tradition orale, populaire.
Manman Dlo, Ti-Jean, Kompè Lapin, chouval-twa-pat et soukougnans sont relégués à la parole mourante des derniers conteurs créoles, associés par les maîtres d'école à une sous-culture rurale et illettrée. Patrick Chamoiseau redonne aux enfants d'aujourd'hui le plaisir de la « merveille » créole à travers ses publications pour la jeunesse : recueils de contes illustrés, théâtre, et récemment une bande-dessinée qui reprend les codes graphiques de la fantasy contemporaine. Celui qui se nomme « Marqueur de Paroles » ne cesse d'interroger le geste paradoxal de vouloir sauver un folklore oral en le figeant à l'écrit, hors du rituel et du message de résistance et de survie du conteur de la plantation esclavagiste. De l'oral à l'écrit et de la veillée à la veilleuse, transporté dans le domaine intime du livre lu à l'école ou au coucher, l'auteur postcolonial contemporain propose-t-il encore des stratégies pour « résister-exister » (Lettres Créoles, 1999) ?
Communication publiée dans:
« Drame collectif : l'enfance maltraitée en contexte (post)colonial dans les romans de jeunesse de Maryse Condé et Gisèle Pineau », in Květuše Kunešová, Bochra Charnay, Thierry Charnay (dir.), Malveillance/Maltraitance de l'enfant dans les récits pour jeune public, Hradec Králové, Gaudeamus, 2017, p. 83-96.
https://amnis.revues.org/3159
Dans le roman historique pour la jeunesse, l'Histoire est souvent le prétexte, la toile de fond dépaysante devant laquelle se déroule un récit d'aventures. Il ne pourrait en être ainsi dans les romans historiques qui traitent des périodes coloniales et pré-coloniales, a fortiori écrits par des auteurs amérindiens ou afro-descendants concernés par les problématiques postcoloniales : dans ces romans, l'interprétation des événements historiques en fonction du point de vue depuis lesquels ils sont racontés – celui des vaincus de l'Histoire – y est l'enjeu central. En particulier, les fictions qui mettent en scène la « rencontre », imminente ou récente, entre l'Européen et les peuples premiers américains, à travers l'expérience de ces derniers, décentrent le regard de l'enfant vers le hors-champ de l'Histoire et proposent des alternatives à la version officielle. Le pouvoir d'identification aux héros, qui caractérise le roman pour la jeunesse, prend ici une dimension politique, dans la mesure où, rendu étranger à lui-même, le jeune lecteur fait l'expérience de l'altérité, de la relativité des valeurs et des injustices de l'Histoire. La fiction est alors, paradoxalement, le moyen d'accéder à une vérité occultée par l'Histoire officielle, et de dénoncer cette Histoire – et ses silences – comme une fiction, que l'on songe au mythe de la « découverte », à la glorification des pionniers et aux stéréotypes véhiculés sur les amérindiens. Edwidge Danticat et Louise Erdrich aux États-Unis, Daniel Munduruku et Joel Rufino dos Santos au Brésil, font partie de ces auteurs qui mettent leur plume au service de ce devoir de mémoire, qui est en même temps un devoir d'imagination.
Ce symposium, organisé par Vanessa Massoni da Rocha (Universidade Federal Fluminense, Rio de Janeiro) et Pauline Franchini (Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon), a accueilli des communications transdisciplinaires (histoire, littérature, littérature d'enfance et de jeunesse, cinéma, arts, monde de l'édition caribéenne...) traitant de l'espace caribéen et de son rapport à l'identité, l'altérité et la "mondialité" (Edouard Glissant), dans le (tout-)monde contemporain globalisé.
Résumé:
Christiane Taubira explica que “a grande e inestimável lição que nos delega a sombria e longa travessia do tráfico negreiro e da escravidão é mostrar o mundo em sua pluralidade, nos convidar a perceber que o que não muda, o que não se desfaz, é a alteridade” (2015, p.19). Tendo como ponto de partida a alteridade reiterada por Taubirae o pressuposto de que o espaço caribenho se constitui no mosaico cultural de diásporas, da crioulidade e da tessitura de encontros plurais, esse simpósio acolhe comunicações que versem sobre o espaço caribenho em sua interlocução com o outro. Trata-se de analisar, em leituras transdisciplinares, a realidade caribenha desde o período colonial até a contemporaneidade, na qual escritores como Patrick Chamoiseau (2016) defendem a importância da mondialité (globalidade) como reinvenção criativa e fraternal da globalização e de seus possíveis revezes. Nesse contexto, trabalhos que contemplem a diáspora, a escravidão e seus desdobramentos, as tramas da (pós)colonização, as línguas em contato, o Caribe e a imigração, a Neo-América e a perspectiva da Antilhanidade, a Globalização e a “mondialité” e a Globalização e a identidade caribenha aprofundarãoas análises empreendidas. Trabalhos acerca da literatura caribenha e das questões de representação, edição e publicação de livros, da literatura infanto-juvenil caribenha e a noção de literatura menor bem como reflexões sobre a Identidade caribenha, o
sincretismo religioso e as artes de fazer e dizer em diálogo serão importantes para o
estudo das tramas da alteridade caribenha.
Plots of Caribbean alterity : representations, perspectives and becomings
Christiane Taubira explains that "the great and inestimable lesson that delegates us to the dark and long crossing of the slave trade and slavery is to show the world in its plurality, to invite us to realize that what does not change, what does not undo, is the otherness "(2015, p.19). Taking as its starting point the alterity reiterated by Taubira and the assumption that the Caribbean space is the cultural mosaic of diasporas, the creole and the plurality of plural encounters, this symposium welcomes communications that deal with the Caribbean space in its interlocution with the other. It is a question of analyzing, in transdisciplinary readings, the Caribbean reality from the colonial period to the present day, in which writers such as Patrick Chamoiseau (2016) defend the importance of mondialité as a creative and fraternal reinvention of globalization and its possible setbacks. In this context, works that contemplate diaspora, slavery and its unfolding, the plots of (post) colonization, languages in contact, the Caribbean and immigration, Neo-America and the perspective of anti-globalization, globalization and "mondialité" and Globalization and the Caribbean identity will deepen the analysis undertaken. Works on Caribbean literature and issues of representation, edition and publication of books, Caribbean children's literature and the notion of minor literature as well as reflections on the Caribbean identity and religious syncretism and Caribbean identity and the arts of making and saying in dialogue will be important for the study of the plots of Caribbean alterity.
Comité scientifique :
Vanessa Massoni da Rocha (Universidade Federal Fluminense, Rio de Janeiro)
Pauline Franchini (Université de Bourgogne-Franche-Comté, Dijon)
Réflexion autour de l'écriture de l'esclavage dans la littérature adulte et jeunesse de Maryse Condé : "Pour les enfants comme pour les adultes, les fictions de Maryse Condé parlent d'esclavage de façon non conventionnelle. Se trouvant toujours là où on ne l'attend pas, elle n'écrit pas sur l'expérience de la cale du bateau négrier et des plantations -expérience fondatrice des peuples caribéens selon Edouard Glissant : elle écrit autour." (extrait de l'article, p.72)