samedi 14 décembre 2024

les journées passent


J'ouvre un oeil, jette un regard dehors, il a neigé, cette nuit pendant que je dormais. C'est pas ça qui va me donner envie de sortir, il fait froid, gris, mon énergie est ramollie. Je finirai ma petite Sophie scarf ce matin, pour pouvoir sortir le cou au chaud. Oui, j'ai lu le ELLE chez ma coiffeuse, en attendant que le soin offert par mes collègues lors du pot de mon départ à la retraite, fasse effet. Maintenant j'ai les cheveux lisses, collés à mon crâne, bien brillant et tout plat. Curieux, cela me donne l'impression qu'ils sont toujours sales, moi qui d'habitude ai une chevelure assez débridée bien que manquant singulièrement de boucles. Là, pour quelques mois m'a promis la coiffeuse, j'aurai ces cheveux raides et pas sûr que cela me plaise. Mais j'aurai ma petite écharpe faite avec des restes de laine, toujours dans l'optique de trier, utiliser, jeter ce que je ne veux pas déménager. 

Utiliser justement. L'autre jour j'ai assemblé tous les échantillons de produits de beauté, certains trainant dans mon armoire depuis des années. Je prends un petit flacon de l'Occitane, crème au karité, et je m'en tartine les jambes, puis les bras, dieu que ça colle me dis-je. Cette crème s'étale mal, elle sèche vite et colle vraiment, je prends mes lunettes, et lis, juste à côté de crème... douche. Voilà, plus qu'à me relaver pour rincer le tout et trouver, en lisant avant, un autre échantillon plus adapté. 

Les examens pour mon père se succèdent à grande vitesse, lundi il devrait être hospitalisé, impossible pour l'instant de savoir où a débuté ce foutu cancer, et tous le monde est stupéfait, médecin, famille, amis. Rien ne pouvait indiquer qu'il était malade, lui même cherche si, rétrospectivement, des signes d'alerte ont été émis, mis à part sa grande fatigue que nous pensions être simplement la marque d'un grand âge. Il accuse le coup, garde son calme, ne se résigne pas. Et une fois de plus il nous fait croire à son immortalité comme à chaque fois qu'il lui arrive un pépin qu'il surmonte en apparence, tranquillement. 

Noël est un peu flou, nous irons en Alsace, croisant les doigts pour que mes parents puissent nous rejoindre. Sinon, évidemment, les fêtes seront moins folles.

dimanche 8 décembre 2024

...


T. nous avait donné un résumé succinct de l'examen fait à papa expliquant pourquoi d'autres examens étaient demandés "Il y a une petite lésion osseuse constatée sur l'irm cervicale, il faut vérifier qu'elle n'est pas cancéreuse... "

Alors a été fait un premier scanner "malheureusement les résultats ne sont pas bons..."

Lundi il passe un Tepscan pour voir d'où a démarré le cancer qui a essaimé dans tout son corps, silencieusement, sournoisement, sans autres alertes que ce bras qui brusquement n'a plus voulu fonctionner et une grande fatigue. Mais à 95 ans, n'est ce pas normal d'être fatigué ?

Sur ma commode s'amassent les cadeaux de Noël, dérisoires...

mercredi 4 décembre 2024

Chutes

Je marche vite, très vite, j'ai rendez-vous chez le dentiste. Les rues de la ville sont défoncées par les travaux, des cailloux, de la terre, du bruit, des barrières, je file... je décolle... je heurte de ma pommette le sol qui brutalement m'accueille... quelques secondes... je suis debout et je repars en frottant ma joue, sonnée par cette chute violente. Une demie-seconde je me demande si tout va bien, si je peux continuer mon chemin vers le dentiste, si les ouvriers entrain d'ouvrir la rue que je longe ont perçu que je venais de m'écraser au sol. Saleté de godasses avec lesquelles déjà je me suis fracassée en tombant des escaliers un mois avant ma retraite et qui m'a value un nez cassé, des côtes enfoncées et un traumatisme crânien. Ces foutues converses bleu ciel si jolies, agrippent le sol bloquant mon élan, m'envoient valdinguer sans grâce. 

Le dentiste me rassure, vous n'avez pas l'air d'avoir la joue qui virera au bleu sombre. Mes dents sont bien brossées, en un an presque pas de tartre et aucune carie. Je reviens tranquillement, il y a du soleil, et partout, partout des travaux, méfiance.

Repas avec une amie à Genève, une heure de retrouvailles toujours aussi agréable, au retour il fait froid.

Nuit courte, des nouvelles familiales un peu triste et des courbatures dans tout le corps agrémentées d'un mal de tête lancinant. Au réveil mon menton à droite est bleu, c'est lui qui a subit en premier le choc, la pommette elle, bien qu'ayant aussi tapé fort, reste rose. Bah ! Dans trois jours tout ira mieux.

C'est un point commun avec mon papa, chuter, se relever, oublier.

lundi 2 décembre 2024

lecture


Bien sûr que je m'étais fait un programme de début de retraite et dans celui là, la lecture serait majoritaire. Tous les jours, vautrée dans un fauteuil, ou dans un bain, au soleil ou sous une lumière douce, je lirais, minimum deux à trois livres par semaine. Je viderais ma pile à lire, je m'évaderais des heures dans des histoires variées.

Au début, dans une dynamique de vacances plus que de retraite, j'ai, comme chaque année à cette période, lu chaque jour sans aucune culpabilité. Une petite vingtaine de livres divers et variés, plus ou moins aimés, mais j'ai lu. Et puis, lentement, est arrivé cette impression qu'il fallait un peu s'activer, que c'était bien beau les vacances, mais qu'on était pas là pour flemmarder. Lire au milieu de la journée, alors que mon rituel depuis des années était : lecture le dimanche sans lever la tête, mais la semaine on travaille ! me rendait impossible de me poser dans l'après-midi, ouvrir un livre et oublier le monde autour. 

Je lis le matin en prenant mon café, des quotidiens, des hebdomadaires, des mensuels, mais dans la journée, impossible de me plonger dans un livre. Celui commencé à Oléron en octobre et pourtant vraiment chouette, est resté sur mon bureau, attendant qu'arrive la permission du week-end. Mais le week-end arrivé, une sourde culpabilité me paralyse "tu n'as rien foutu de la semaine, tu ne vas pas maintenant glandouiller en te plongeant dans ton livre" me dit une petite voix insistante.

Hier j'ai fait taire un temps cette petite voix fielleuse, j'ai fait couler un bain et j'ai lu jusqu'au bout cette Vendetta de Ellory (si vous aimez les polars, américains, univers Mafia, allez-y ! Un peu long au début, mais il faut persister, ensuite on ne le lâche plus (sauf si on est une retraitée honteuse...)).

Maintenant que j'ai refermé ce livre, je vais pouvoir enfin attaquer le dernier Mona Chollet qui m'aidera peut être à surmonter ce petit problème de retraitée.

mercredi 27 novembre 2024

Fragile


Vers minuit je suis allée me coucher, après avoir regardé Bienvenue en terre inconnue, histoire de me laver le crâne de toutes les mauvaises nouvelles égrenées durant la journée sur les ondes. Depuis vingt deux heures mon téléphone est sur silencieux, automatiquement, comme je l'ai programmé bien avant ma retraite. En le posant à côté de moi je vois brièvement que mon petit frère a posté un message. C'est bientôt Noël, il est habituel que l'un ou l'autre de mes frères et soeur me questionnent pour des idées de cadeaux, j'ouvre WhatsApp et là, brutalement, le sol se dérobe.  Une longue conversation c'est déroulée, silencieusement,  alors que je me baladais au Népal. Mon père allait être hospitalisé, à minuit donc, le pire moment pour un homme de cet âge, les hôpitaux débordés, le personnel exténué. Il avait nous expliquait ma soeur, le bras paralysé depuis deux jours, et en bon médecin qu'il reste avec peut être va savoir, des gênes paysans, il avait attendu que l'un de nous les appelle au téléphone pour évoquer ce problème. Ne pas se plaindre, ne pas déranger...

Grâce à ma soeur qui navigue dans le milieu médical parisien comme un poisson dans l'eau, il a été pris en charge très rapidement, et il semblerait que cela soit dû à un nerf coincé. Je suis tellement soulagée qu'il n'ait pas eu à traîner dans les couloirs durant des heures, que ce ne soit pas un AVC, un infarctus, quelque chose qui le diminuerait un peu plus.

On le sait tous que le fil qui retient l'épée de Damoclès est de plus en plus fragile, mais est-on jamais préparé à dire au revoir à ses parents ?

jeudi 21 novembre 2024

légère


Je traverse la ville tous les jours, je marche d'un bon pas, changeant de rue, ne m'arrêtant pas vraiment devant les vitrines, je marche c'est tout. 
Je lève la tête lorsque je passe devant un immeuble où j'ai géré durant seize ans des appartements. 
J'avance d'ailleurs de plus en plus la tête haute, je ne crains plus de tomber sur un locataire qui m'apostropherait pour râler, demander, se plaindre, je suis libre, totalement libre et c'est si bon. 
Il arrive évidemment que l'on m'arrête, me parle d'un problème, mais je souris, je suis à la retraite, vous ne le saviez pas ? 
Oui tout cela est fini FINI !
Chaque jour j'ai ce plaisir reposant de me dire que je ne recevrai plus de préavis, que je n'aurai plus d'état des lieux à faire. 
Petit à petit je reprends mes droits à la sérénité. 
Je dors mieux, ce n'est pas encore parfait, mais lorsque je me réveille la nuit, je n'ai pas brusquement une angoisse d'avoir à faire un état des lieux le lendemain et ça c'est presque le paradis.

dimanche 17 novembre 2024

Paupières magiques

S'il y a bien quelque chose que je n'ai quasiment jamais fait, c'est de me mettre du fard à paupière. Par crainte que cela me donne l'air d'un clown.
"Mais !! " m'étais-je dit, lorsque je serai à la retraite, je ferai l'essai. Pas grave si cela ne me plait pas, si je me sens mal à l'aise, puisque je pourrai à tout moment l'enlever.
J'avais vu quelques femmes de mon âge, les paupières tombantes, les rides autour des yeux, et l'oeil charbonneux. J'avais trouvé qu'elles avaient de l'allure.
Alors, j'ai commencé à faire des essais. Légèrement, avec un vieux fard que j'avais dû m'acheter à l'occasion d'un évènement quelconque, mais sans doute sans avoir confirmé l'essai, puisque la petite pastille semblait comme neuve. Pas mal m'a dit JP.


La poudre étant un peu compliqué à appliquer, j'ai eu envie de tester un crayon, et passant devant un magasin de maquillage pas cher, j'ai acheter un "eyeshadow stick" marron glacé. Le lendemain, juste avant d'aller faire le marché, je me suis maquillée, et hop je suis partie.

Au retour, JP ma dit, c'est marrant, tu t'es maquillée en rouge ? Bah non ?!?


Ben si, mes deux paupières sont lumineusement rouge. Le fard vire de marron au rouge. Ce n'est pas moche, c'est original pour quelqu'un qui ne s'était jamais maquillé hormis un peu de mascara et du fond de teint ou de la terre de soleil au plus fort de l'hiver. Nul trace sur internet de clientes s'offusquant de cette diablerie. Je vais simplement noter dans ma tête que ce fard marron glacé est en réalité couleur brique.

Et hier soir, partant chez des amis manger notre première raclette, je me suis sagement rabattue sur mon fard en poudre, fidèle toute la soirée à sa couleur d'origine.