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vendredi 28 août 2015

Tonino Guerra, poète et sculpteur

Nous sommes heureux de voir paraître, selon ce que Michelaise avait programmé, les derniers articles rédigés avant son décès. Le dernier paraîtra le 15 septembre.


Bien connu en Italie (quand nous avons parlé de lui à notre "amie italienne" elle savait bien sûr qui il était), nettement moins célèbre en France, Antonio Guerra est né en 1920 à Santarcangelo di Romagna  dans la province de Rimini, en Émilie-Romagne.
Écrivain, dramaturge et scénariste italien, il a à son actif nombre de livres et une centaine de fictions, portées à l'écran par les plus grands réalisateurs italiens et internationaux, faisant de lui un scénariste de renommée mondiale. Mais c'est avant tout un poète, car s'il a "donné" dans le néoréalisme italien, « Tonino » l'exprime toujours sur un ton poétique. Il a ainsi collaboré avec les frères Taviani en coécrivant avec eux 4 films successifs, dont La Nuit de San Lorenzo. 
Il avait commencé à écrire dès le camp de concentration allemand où il fut interné comme opposant anti-fasciste durant la seconde guerre mondiale. Des poèmes en Romagnol, le dialecte de sa région natale à laquelle il restera fidèle jusqu'à dans sa mort, malgré trois décennies passées à Rome. Car sa carrière des plus fécondes en tant que scénariste de Michelangelo Antonioni, Francesco Rosi, Federico Fellini, Alberto Lattuada, Mauro Bolognini, Vittorio de Sica, Mario Monicelli, les frères Taviani, Marco Bellocchio... mais la renommée est injuste, on n'a retenu que le nom des réalisateurs !


Nous, c'est en tant que sculpteur que nous l'avons découvert à Santarcangelo di Romagna, sa ville natale. Il a réalisé, pour plusieurs villes de Romagne, des fontaines aux couleurs chatoyantes, et son village natal conserve sur une petite place la copie de celle, plus importante, qui lui fut commandée par la ville de Forli. Sur le thème, bien sûr, du papillon !


La farfalla 
Contento, proprio contento 
sono stato molte volte nella vita 
ma più di tutte quando 
mi hanno liberato in Germania 
che mi sono messo a guardare una farfalla 
senza la voglia di mangiarla. (1)


Plus qu'un sculpteur à proprement parler, il réalisait ou inventait des installations artistiques, sortes d'expositions permanentes auxquelles il donnait des noms poétiques : Le Jardin des fruits oubliés, Le Refuge des Madones abandonnées, La route des cadrans solaires, Le sanctuaire de la pensée, l'ange avec une moustache ou Le Jardin pétrifié. Dans les jardins Orselli de Forli, il a construit L'Arbre de la mémoire et la fontaine au papillon. Et dans toute sa région bien d'autres lieux de l’Âme, qu'on peut même parcourir comme un chemin de lumière (2). Un circuit que nous ferons un jour !


Amarcord 
Lo so, lo so, lo so 
che un uomo, a 50 anni, 
ha sempre le mani pulite 
e io me le lavo due o tre volte al giorno 
ma è quando mi vedo le mani sporche 
che io mi ricordo di quando ero ragazzo. (3)


Il est mort en 2012, à 92 ans, à Santarcangelo, le jour de la Journée mondiale de la poésie. Ses cendres ont été dispersées dans les rochers, au-dessus de sa maison de ses amandiers du quartier de Pennabilli.


La petite ville de Santarcangelo di Romagna recèle une autre source d'étonnement : le musée du bouton, qui raconte l’histoire de la société, des coutumes, de la politique, de la culture, etc. au travers des boutons (10 500 exemplaires).


Né de la passion de Giorgio Gallavotti, il fut créé à partir du fond d'une mercerie qui comptait, dès le début, de très beaux et rares ornements de vêtements, dont certains fort anciens, puisque les plus vieux datent du début du XVIIIe siècle. Puis, peu à peu, le musée s'est enrichi, en particulier par le don de boutons envoyé dès leur retour chez eux par de nombreux visiteurs, séduits par le musée et désireux de l'agrandir. Quoi de plus facile, en effet, que d'envoyer un bouton !! Je me promets d'ailleurs, dès que j'en aurai le temps, de fouiller dans mes archives et d'apporter ma petite pierre à l'édifice !


------------------
Notes :

(1) Le papillon
Heureux, j'ai été si souvent
tellement heureux dans la vie
mais plus heureux encore que tout
quand ils m'ont libéré d'Allemagne
et que je me suis mis à regarder un papillon
sans avoir envie de le manger.

(2) Selon l'office du tourisme de Rimini :
Partant de la haute vallée du Marecchia, Torre di Bascio, petit hameau de Pennnabilli, est un lieu qui ne peut ne pas être visité. Il y a créé Le Jardin Pétrifié, “pour ne pas oublier les grands personnages”. A Casteldelci, il a installé La Grande Rose, un hommage pour les morts, à Petrella Guidi, les paroles qui évoquent Federico Fellini et Giulietta Masina, et, à Sant’Agata Feltria, la Fontaine de l’Escargot, en hommage à la lenteur. Tout le centre historique de Pennabilli se présente comme une mosaïque pleine de fantaisie. Les tesselles qui la composent sont: Le jardin des fruits oubliés, “un musée de saveurs” qui réunit les plantes disparues et de nombreuses installations artistiques; La route des cadrans solaires, “pour ne pas oublier que le temps se mesurait avec la lumière”; L'ange aux moustaches, un “musée d’un seul cadre”; Le sanctuaire des pensées, un jardin pour la méditation et pour la dialogue intérieur; Le refuge des vierges abandonnées, dédié aux statuettes qui décoraient les petites chapelles sur le bord des routes; Le Monde de Tonino Guerra, le musée qui offre une présentation de son œuvre à 360 degrés et où l’on peut souvent rencontrer l’artiste. Sur la rive du fleuve, son “cri pour une belle chose” a permis de sauver le Sanctuaire de Saiano. La moyenne vallée est par contre égayée par le jaillissement d’autres fontaines telles que L’Arbre de l’Eau, à Torriana, et La Fontaine de la Mémoire, à Poggio Berni. Quant à Santarcangelo, elle accueille le triomphe de ses créations. La Fontaine du Pré submergé, La Fontaine de la Grande Place, La Petite Fontaine de Francesca da Rimini, auprès de l’Hôtel Il Villino, La Sangiovesa, moderne revisitation de l’ancienne auberge, écrin d’innombrables œuvres conçues par l’artiste, car “on mange même avec les yeux”. L’Hôtel della Porta conserve une collection des rares mosaïques réalisées par l’artiste. Enfin, à Riccione, face à la mer, la fontaine grandiose intitulée Le Bois de la Pluie se dresse à l’extrémité de l’artère du Viale Ceccarini, en hommage à la fraîcheur qu’elle sait offrir lors des chaudes journées d’été.

(3) Je me souviens ...
Je le sais, je le sais, je le sais
qu'un homme, à cinquante ans,
a toujours les mains propres
et je me les lave deux ou trous par jour
mais c'est quand j'ai les mains sales
que je me rapelle du temps où j'étais un gamin.

mardi 28 avril 2015

Séance de rattrapage !!


Nous parlions cinéma, l'autre soir, avec Mandarine (elle venait de découvrir avec extase l’Institut Louis Lumière de Lyon) et les souvenirs et évocations allaient bon train. Elle a, en la matière, une mémoire tellement phénoménale qu'elle se souvient de tous les films qu'elle a vus, certes, mais aussi de ceux que nous, nous avons vus !! Et en parle avec une étonnante précision, comme si elle les avait vus elle-même. Je me suis alors rendue compte que je n'avais pas fait de chronique cinéma dans ce blog depuis des lustres, au motif tout à fait indigne que "personne ne les lit" : mensonge, Mandarine les connait toutes. Et, en prime, cela constitue notre mémoire des salles obscures. Alors voici une très longue séance de rattrapage : plusieurs mois de toiles (17 films) !
Taxi Téhéran ****
Timbuktu *****
A most violent year ****
Imitation Game **
Phoenix ***
Mr Turner Ø
3 Coeurs ***
Magic in the Moonlight **
Mommy *
Maestro **
Her *
States of Grace ****
Bird People **
Tristesse club **
Le Best Offer ***
Dancing in Jaffa ****
Pas son genre *

Taxi Téhéran ****


Date de sortie 15 avril 2015 (1h 22min)
Réalisé par Jafar Panahi (réalisateur de Le ballon blanc et de Sang et Or, deux films que nous avions beaucoup aimés)
Avec Jafar Panahi
Genre Drame , Comédie

Selon Allociné
Installé au volant de son taxi, Jafar Panahi sillonne les rues animées de Téhéran. Au gré des passagers qui se succèdent et se confient à lui, le réalisateur dresse le portrait de la société iranienne entre rires et émotion...

Secrets de tournage
Malgré sa condamnation en 2010, qui lui interdit de réaliser des films durant vingt ans (et de quitter le pays), Jafar Panahi réalise avec Taxi Téhéran, son troisième film après son procès. Et le film a décroché l'Ours d'Or à Berlin !! Le réalisateur iranien est particulièrement connu pour ses démêlés avec le ministère de la Culture iranien et la censure, mais aussi pour son astuce quand il s’agit de réaliser et d’exporter des films qu’il n’a officiellement pas le droit de tourner.
Alors qu’il rentrait un soir en taxi, Jafar Panahi remarqua que les gens parlaient plus librement dans le véhicule. Après plusieurs trajets, le réalisateur décida de tourner son prochain film entièrement dans un taxi. Afin de tourner sans se faire remarquer, il a décidé de placer trois caméras dissimulées dans le taxi. Ne pouvait pas aménager d’éclairage, l’équipe technique du film a construit un grand toit ouvrant pour apporter plus ou moins de lumière à la scène. Comme il n'y avait pas de place pour d’autres membres de l’équipe technique, Jafar Panahi a dû, tout seul, gérer le cadre, le son, le jeu des acteurs et son propre jeu, tout en conduisant son véhicule. Un film qui, au total, n'a coûté que 32 000 euros, grâce à l’équipe technique et aux acteurs qui ont accepté de travailler pour une rémunération faible, certains même gratuitement. Le réalisateur explique : "Les acteurs sont tous des non-professionnels, des connaissances ou les connaissances de connaissances. La petite Hana, l’avocate Nasrin Sotoudeh et le vendeur de DVD Omid jouent leur propre rôle dans la vie. L’étudiant cinéphile est mon neveu. L’institutrice, la femme d’un ami. Le voleur, l’ami d’un ami. Le blessé vient lui de province". Afin de protéger leur identité, Jafar Panahi n'a pas mis de générique de fin à son film. Comme il était interdit de tournage dans le pays, Jafar Panahi devait être très prudent tant à l'intérieur qu'hors de son taxi. Il précise : "Je montais les images chaque soir à la maison. Ainsi, à la fin du tournage j’avais déjà un premier montage. Je faisais un back up à la fin de chaque jour de tournage et je le mettais en sécurité dans des endroits différents".

Mon avis
Ce film réalisé avec peu de moyens mais une très grande de maîtrise, est vraiment une sacrée réussite. Les rencontres du chauffeur de taxi sont l’occasion pour le réalisateur d’évoquer habilement la situation du cinéma iranien : partant de conversations assez générales avec ses premiers clients, il cerne lentement mais sûrement son véritable sujet, les difficultés que rencontre aujourd’hui le 7ème art en Iran. Du vendeur de DVD de films interdits par le pouvoir à sa petite nièce qui doit faire un film « diffusable » pour le festival de son école, le réalisateur avec le courage qui le caractérise, souligne habilement l’absurdité des règles de la censure. Et, sans pessimisme mais avec un réalisme un peu triste, les dangers que courent ceux qui bravent l'autorité.
Les thématiques sont graves mais on sourit sans cesse : c'est drôle, délicat, sensible, et surtout très humain. "Dit", comme en confidence. L'humour, comique de caractère, de répétition ou de situation, est toujours sous-jacent et le film est comme son auteur : il a vraiment une "bonne tête". Quant à la fin, une vraie trouvaille, elle est tout simplement parfaite : une parfaite métaphore de ce qui arrive au réalisateur dans son pays. Un film à voir absolument.

Timbuktu *****

Date de sortie 10 décembre 2014 (1h 37min)
Réalisé par Abderrahmane Sissako
Avec Ibrahim Ahmed dit Pino, Toulou Kiki, Abel Jafri
Genre Drame

Selon Allociné 
Non loin de Tombouctou tombée sous le joug des extrémistes religieux, Kidane mène une vie simple et paisible dans les dunes, entouré de sa femme Satima, sa fille Toya et de Issan, son petit berger âgé de 12 ans. En ville, les habitants subissent, impuissants, le régime de terreur des djihadistes qui ont pris en otage leur foi. Fini la musique et les rires, les cigarettes et même le football… Les femmes sont devenues des ombres qui tentent de résister avec dignité. Des tribunaux improvisés rendent chaque jour leurs sentences absurdes et tragiques. Kidane et les siens semblent un temps épargnés par le chaos de Tombouctou. Mais leur destin bascule le jour où Kidane tue accidentellement Amadou le pêcheur qui s'en est pris à GPS, sa vache préférée. Il doit alors faire face aux nouvelles lois de ces occupants venus d’ailleurs… 

Mon avis
Il est sorti depuis plus de 4 mois, il a été dûment récompensé (ce qui peut rendre méfiant !!) mais je n'ai pu le voir que maintenant : le temps que cela atteigne ma France profonde, faut être patient !! Enraciné dans l’actualité, Timbuktu est une fiction bouleversante d’une beauté formelle irréprochable. Chaque image est d'une beauté fascinante et les cadrages, tant ceux des superbes paysages mauritaniens que ceux des visages, serrés au plus près pour intensifier l'émotion, sont parfaits. C'est à la fois poétique, douloureux et grave. 
Certains ont reproché à Sissako cet esthétisme affiché mais il marque un refus de faire dans le spectaculaire et surtout de juger, en tranchant de façon abrupte. C'est un parti-pris qui, personnellement, m'a vraiment convaincue. Il permet de garder ses distances par rapport à l'immédiateté de la violence. 
Car c'est un film courageux, engagé contre le fanatisme religieux, et pour la résistance face à la bêtise, voire au ridicule des extrémismes. Mais c'est un film qui ne tombe pas dans la dénonciation tonitruante : tout est subtil et pudique. Les silences sont aussi éloquents que les discours. Les acteurs sont très justes et on bénéficie en prime de quelques scènes destinées à devenir "culte" comme cette fabuleuse partie de football sans ballon dont vous avez forcément déjà entendu parler. Je l'avais entendue vanter par les critiques, mais j'avoue que de la voir m'a très fortement émue, j'en avais la gorge serrée. Un film, pardonnez le truisme, très "visuel", dont toutes les séquences vous resteront longtemps gravées en mémoire tant elles sont belles.

A most violent year ****


Date de sortie  31 décembre 2014 (2h 05min)
Réalisé par J. C. Chandor
Avec Oscar Isaac, Jessica Chastain, David Oyelowo 
Genre Drame , Thriller , Policier Américain

Selon Allociné :
New York - 1981. L'année la plus violente qu'ait connu la ville. Le destin d'un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, la violence galopante et à la dépravation de l'époque qui menacent de détruire tout ce que lui et sa famille ont construit.

Mon avis
Le film est brillamment et élégamment mis en scène, dans une ambiance aussi feutrée que violente. Autopsie assez effrayante de l'entrepreneuriat à l'américaine où il faut flirter avec les lobbies de tous genres, pègre incluse, pour réussir, le film est situé dans le New York pré Giulliani, ce New York où la corruption était telle, que ce maire en fit son unique combat. Le son (la radio qui égrène les crimes quotidiens comme autant de banalités), le paysage (New-York enfouie sous une épaisse couche de neige), une musique qui frappe au creux de l'estomac, un rythme calme et parfois presque lent, tout cela crée un film stylisé de grande classe, parfaitement maîtrisé sur tous les plans, et qui nous tient en haleine d'un bout à l'autre.
Les teintes brunes et beiges de la ville, les camaïeu de gris construisent un film visuellement très réussi. L’objectif de J. C. Chandor et du chef décorateur John Goldsmith était de montrer une ville de New York sur le déclin. Goldsmith s’est inspiré de clichés d’artistes comme Carl Burton et Dinanda H.Nooney qui avaient beaucoup photographié la ville à cette époque. Il a également puisé son inspiration dans des magazines d’architecture et des catalogues de grands magasins de l’époque.
La réalisation est sobre, et le scénario est "écrit", dialogué - pour l’écriture des dialogues, J. C. Chandor dit s’être inspiré des dialogues âpres et réalistes des polars de Sidney Lumet -, ce qui ne gâche rien au plaisir. Le héros, homme intègre et droit pris dans la tourmente d'un milieu et d'une époque qui n'ont de cesse de vouloir faire de lui un voyou, incarne idéalement le rêve américain mis à mal. Le casting est (presque) parfait, et en tout cas les acteurs sont parfaitement dirigés (une mention spéciale à mon sens pour Julian (Elyes Gabel) le jeune chauffeur qui fait le fil "humain" du film).
j'ai particulièrement apprécié le côté "désincarné" du film : on n'y mange pas, on n'y boit pas, on ne s'y livre à aucun de détails banals du quotidien (sauf le jogging, intense) : le héros, à l'instar du rêve américain, est toujours tiré à 4 épingles, impeccable jusqu'au bout des cheveux, sanglé dans un manteau beige du meilleur aloi. La seule fois où on le voit dans une activité triviale, torse nu en train de se raser, est le moment où "il lâche" : il accepte la compromission et se soumet à la loi de la jungle qu'est NY dans les années 80.
En résumé, un thriller d'une noirceur et d'une élégance rares, avec une vraie puissance et un vrai souffle, fluide et terriblement efficace... un très beau moment de cinéma : j'ai même aimé la fin, quoique certains critiques l'aient trouvée un peu trop plate.

Imitation Game **


Date de sortie 28 janvier 2015 (1h 55mnn)
Réalisé par Morten Tyldum
Avec Benedict Cumberbatch, Keira Knightley, Matthew Goode
Genre Biopic , Drame
Nationalité Américain , britannique

Selon Allociné
1940 : Alan Turing, mathématicien, cryptologue, est chargé par le gouvernement Britannique de percer le secret de la célèbre machine de cryptage allemande Enigma, réputée inviolable.

Mon avis
Alter, qui avait adoré l'histoire d'Enigma contée par le menu dans Histoire des codes secrets de l'Egypte des Pharaons à l'ordinateur quantique de Simon Singh, tenait absolument à aller le voir. 
Pas de doute ... la reconstitution historique est fidèle - un maximum de vêtements d'époque fabriqués pendant la guerre, de façon à être le plus proche possible de la réalité -  le metteur en scène s'est appliqué à reproduire au plus près tous les éléments de l'histoire. Les décors sont fidèles - l'équipe du film a eu la chance de pouvoir tourner sur le lieu même où ces évènements mystérieux se sont déroulés pendant la Seconde Guerre mondiale. La machine est bien reproduite - la chef décoratrice s'est rendue à Bletchley Park, afin de voir la vraie machine inventée par le mathématicien et repérer dans quels matériaux celle-ci a été conçue. Elle a choisi de la laisser visible dans le film, pour que les spectateurs puissent admirer son fonctionnement - et même l'acteur a un tout petit air de ressemblance avec Alan Turing - initialement, c’est Leonardo Di Caprio qui devait jouer le rôle d’Alan Turing. Mais peu de temps avant le début du tournage, il déclina l’offre. Une aubaine pour Benedict Cumberbatch, qui a hérité du premier rôle . Le suspense est bien mené, on sait comment cela va finir mais on est intrigué, et on a envie de savoir la suite. De plus, peu de personnes sont au courant des exploits de Turing pendant la guerre, et ce film lui rend justice. Il est en quelque sorte l'inventeur de l'ordinateur. Les "machines de Turing", comme elles étaient appelées, n'ont jamais pu être perfectionnées, mais elles ont été la source pour la création de nouvelles technologies. 
Mais ... 
Par contre la fin, totalement soap et le "sur-jeu" de plus en plus marqué de l'acteur, m'ont gâché le plaisir !! La musique devient sirupeuse et le propos complètement larmoyant. Dommage j'ai juste regretté cet enlisement.
Et enfin le classicisme extrême d'une mise en scène très "démodée" ne ménage aucune tension dramatique : on reste spectateur lointain d'une histoire, passionnante d'un point de vue historique, mais nullement prenante d'un point de vue humain.

Phoenix ***


Date de sortie 28 janvier 2015 (1h 38min)
Réalisé par Christian Petzold
Avec Nina Hoss, Ronald Zehrfeld, Nina Kunzendorf
Genre Drame

Selon Allociné
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Nelly, une survivante de l'Holocauste revient chez elle sous une nouvelle identité. Elle découvre que son mari l'a trahie...

Mon avis :
Il faut, pour "rentrer" dans le film et l'aimer, admettre les invraisemblances qui émaillent le scénario. Et accepter le postulat du départ, à savoir qu'un mari pourrait ne pas reconnaître sa femme après une opération esthétique. Alors que ceux de son entourage la reconnaissent dans aucun problème. Il ne reconnait pas non plus sa voix, alors qu'elle était chanteuse et lui est pianiste, donc est censé avoir de l'oreille. Il ne prête pas, non plus, la moindre attention à des détails révélateurs, dont un baiser échangé ou le comportement de la jeune femme qui a choisie pour l'aider à s'emparer d'un héritage. Donc, acceptons ces invraisemblances, et rentrons dans le film. Le début est lent, voire laborieux. Les reconstitutions historiques, présentes, restent sommaires, presque simplificatrices car ici, on est dans un suspense psychologique intimiste. Pourtant, malgré cette difficulté à démarrer, le film finit par captiver ! C'est un beau film, sensible, mystérieux et même parfois envoûtant. Et la fin est parfaite. Elle mérite qu'on patiente, devant ce démarrage un peu maladroit. Et l'on admet alors que si l'époux ne reconnait pas sa femme, c'est parce qu'il ne le veut ni ne le peut. C'est sans doute son remords et sa conscience qui l'en empêchent. Et, alors qu'elle tente de reprendre vie à ses yeux, il la nie, la refuse et s'accroche aux faux semblants qui crée de toutes pièces. C'est finalement assez fin quoiqu'un peu tortueux.

Mr Turner Ø

Date de sortie 3 décembre 2014 (2h 30min)
Réalisé par Mike Leigh
Avec Timothy Spall, Paul Jesson, Dorothy Atkinson
Genre Biopic , Drame

Selon Allociné
Les dernières années de l’existence du peintre britannique, J.M.W Turner (1775-1851). Artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, il vit entouré de son père qui est aussi son assistant, et de sa dévouée gouvernante. Il fréquente l’aristocratie, visite les bordels et nourrit son inspiration par ses nombreux voyages. La renommée dont il jouit ne lui épargne pas toutefois les éventuelles railleries du public ou les sarcasmes de l’establishment. A la mort de son père, profondément affecté, Turner s’isole. Sa vie change cependant quand il rencontre Mrs Booth, propriétaire d’une pension de famille en bord de mer.

Mon avis (qui n'engage absolument que moi)
Disons le tout net : j'ai détesté ce film !! C'est mal filmé, totalement académique (ce qui est quand même un comble pour parler de Turner!) et très maladroit (les reconstitutions "historiques" m'ont fait soupirer à grand bruit tant elles étaient lourdes et manquant de naturel). C'est mal joué, mais bon la direction d'acteur y est sans doute pour quelque chose : ils boitent tous, se traînent, donnent mal leurs répliques, un pensum... surtout les agitations de peintre devant sa toile ! Quand à ses agitations amoureuses, elles sont tout simplement navrantes.
Ensuite les maquillages sont outrés, les personnages caricaturaux (ce pauvre Turner qui fait le cochon sans arrêt... cela m'a fait penser au sinistre Amadeus de Forman où Mozart ricanait sans cesse, plus débile que nature, j'étais enceinte quand j'avais vu le film, donc plus sensible sans doute, et j'étais sortie en chialant !!!). Je n'ai pas compris pourquoi on a donné le prix d'interprétation masculine à Cannes à Timothy Spall.
Quant à prétendre que les paysages filmés font penser aux toiles de Turner, c'est comme de dire que Dysneyland ferait penser à Versailles, cela n'a aucun rapport. Même si, parfois, on a droit de à beaux couchers de soleil, cela n'a rien à voir avec la peinture de Turner. Et en plus, c'est long comme un jour sans pain... 2h30 ! Et pourtant, j'ai toujours aimé jusque là les films de Mike Leigh. Je me demande quelle mouche l'a piqué ? Pourtant son grand-père était un peintre miniaturiste et coloriste de photographie, sous le nom de Mayer Liebermann. Bon, j'arrête, j'étais d'une humeur massacrante en sortant, espérant vite oublier tout cela qui risque fort de me gâcher ma prochaine expo Turner ! PS c'est juste mon avis, et vous pouvez l'avoir adoré, le film ne déplaît pas semble-t-il, aux critiques !!

3 Coeurs ***

Date de sortie 17 septembre 2014 (1h 46min)
Réalisé par Benoît Jacquot
Avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni
Genre Drame , Romance

Selon Allociné
Dans une ville de province, une nuit, Marc rencontre Sylvie alors qu’il a raté le train pour retourner à Paris. Ils errent dans les rues jusqu’au matin, parlant de tout sauf d’eux-mêmes, dans un accord rare. Quand Marc prend le premier train, il donne à Sylvie un rendez-vous, à Paris, quelques jours après. Ils ne savent rien l’un de l’autre. Sylvie ira à ce rendez-vous, et Marc, par malheur, non. Il la cherchera et trouvera une autre, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie…

Mon avis
Pourtant je ne suis pas portée sur les films dits "sentimentaux" : or voilà qu'on m'annonce un thriller sentimental et que je l'ai adoré. L'évaluation sur Allociné n'est pas très attirante, une note de 3.6 pour la critique professionnelle (note sur 5) et de 2.6 pour la critique des spectateurs. Et bien, moi je l'ai trouvé excellent ce film : oui c'est un mélodrame, mais juste assez noir pour ne pas sombrer dans la guimauve. Oui c'est mélancolique en diable et romantique à point : mais c'est traité avec une telle finesse, les personnages étant parfaitement cernés psychologiquement, que cela ne m'a jamais semble ridicule. Il faut dire que c'est admirablement joué, porté par un quatuor de tête idéal, Benoît Poelvoorde, totalement improbable et cependant fort convaincant dans le rôle de "l'homme à femmes", ainsi qu'il se décrit lui-même, Charlotte Gainsbourg, mouvante, secrète et jouant particulièrement juste, Chiara Mastroianni, sensible, écorchée, vibrante ... et l'incontournable Catherine, qui sait ce qu'elle a à faire et le fait bien.
Filmée avec une précision au cordeau, qui met en valeur chaque sentiment grâce aux gros plans, l'histoire est prenante, bien menée et presque crédible. L'ambiance est délicieusement inquiétant, ou plutôt éprouvante, à l'instar des sentiments du héros, un malheureux tombeur qui se trouve pris à son propre piège et qui stresse à mort. Les détails "quotidiens" sont bien amenés et pimentent judicieusement le scénario par exemple le redressement fiscal du maire qui arrive à point pour nous mener un peu en bateau.
La seule petite critique serait quelques longueurs sur la fin, mais rien qui porte tort au plaisir de voir ce film.

Magic in the Moonlight **

Date de sortie 22 octobre 2014 (1h 38min)
Réalisé par Woody Allen
Avec Colin Firth, Emma Stone, Eileen Atkins
Genre Comédie , Romance

Selon Allociné
Le prestidigitateur chinois Wei Ling Soo est le plus célèbre magicien de son époque, mais rares sont ceux à savoir qu’il s’agit en réalité du nom de scène de Stanley Crawford : cet Anglais arrogant et grognon ne supporte pas les soi-disant médiums qui prétendent prédire l’avenir. Se laissant convaincre par son fidèle ami Howard Burkan, Stanley se rend chez les Catledge qui possèdent une somptueuse propriété sur la Côte d’Azur et se fait passer pour un homme d’affaires, du nom de Stanley Taplinger, dans le but de démasquer la jeune et ravissante Sophie Baker, une prétendue médium, qui y séjourne avec sa mère.

Mon avis
Un vrai Woody Allen (comme s'il y en avait des faux ... mais il y en de moins réussis, ce qui n'est pas le cas de celui-là). Pas mal donc, très bavard, comme il se doit, traitant avec légèreté des sujets graves, l'amour, la mort, les mystères de l'au-delà, le sur dimensionnement de l’ego, la manipulation d'autrui ... C'est parfois un peu "facile" mais tellement tourné au cordeau qu'on passe volontiers sur ces errances. Je n'ai pas terriblement aimé l'acteur principal qui m'a semblé trop linéaire, manquant de subtilité. Mais globalement c'est un cru très acceptable du trublion américain. La fin, dont j'aurais cru pouvoir me passer (j'ai râlé en mon for intérieur à l'ouverture de la dernière scène), est finalement assez finement réussie et termine avec netteté ce film divertissant et drôle.


Mommy *


Date de sortie 8 octobre 2014 (2h 18min)
Réalisé par Xavier Dolan
Avec Viviane Pascal, Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval
Genre Drame

Selon Allociné
Une veuve mono-parentale hérite de la garde de son fils, un adolescent TDAH impulsif et violent. Au coeur de leurs emportements et difficultés, ils tentent de joindre les deux bouts, notamment grâce à l’aide inattendue de l’énigmatique voisine d’en face, Kyla. Tous les trois, ils retrouvent une forme d’équilibre et, bientôt, d’espoir.

Mon avis
Une salle pleine, une critique dithyrambique ... pas facile de dire que je n'ai pas été enthousiasmée. Oui, le film est bien fait, oui pour une oeuvre d'un jeune homme de 25 ans c'est abouti, oui les acteurs sont remarquables, preuve que Xavier Dolan est un très bon directeur d'acteurs.
Mais j'ai trouvé cela beaucoup trop long, une grosse demie-heure de trop, des scènes de ralenti interminables durant lesquelles je me suis ennuyée.
On assiste, sans se sentir ému (en tout cas, ce fut mon cas) à un torrent de sentiments, sans grande subtilité. Beaucoup d'esthétisme, certes c'est agréable mais il faudrait que le scénario suive. Or celui de Dolan pêche à mon sens car nombre de pistes restent sans explication... le sort du gamin blessé par l'incendie provoqué par le jeune héros, la raison exacte des problèmes de la voisine d'en face, suggéré mais on se demande si on a trouvé la vraie raison, la famille de cette dernière, laissée pour compte, l'issue du procès en cours, les moyens qui font vivre cette famille sans le moindre revenu ... et surtout il se concentre trop autour des trois personnages principaux comme s'ils n'avaient aucun entourage.
D'aucuns disent que le film a des passages comiques, j'avoue ne pas les avoir repérés.
Ce qui m'a finalement semblé intéressant est le portrait de cette mère complètement pathogène, qui est en fait la seule vraie grande malade du film.

Maestro **


Date de sortie 23 juillet 2014 (1h 25min)
Réalisé par Léa Fazer
Avec Pio Marmai, Michael Lonsdale, Déborah François
Genre Comédie dramatique

Selon AlloCiné
Henri, un jeune acteur qui rêve de jouer dans FAST & FURIOUS, se retrouve engagé dans le film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Les conditions du tournage ne sont pas tout à fait celles auxquelles il s’attendait… Mais le charme de sa partenaire et la bienveillance du maître vont faire naître en lui des sentiments jusqu’alors inconnus. Et Rovère, conquis par la jeunesse et la fantaisie d’Henri, vivra ce tournage comme un cadeau inattendu.

Mon avis
On passe vraiment un délicieux moment, drôle, hors du temps, dans ce film complètement décalé qui rend hommage au grand cinéaste que fut Rohmer. Certes l'argument est léger et certains pourront déplorer le côté un peu inconsistant de l'intrigue, l'intellectualisme d'un certain cinéma d'art et essai qui est ici à la fois raillé et porté au pinacle. Mais globalement c'est un agréable divertissement qui vaut tant pour la beauté des paysages que pour le côté initiatique qui, à mon sens, est l'intérêt principal du film. Et même si le rythme est un peu "empesé" et la réalisation parfois naïve, Maestro est une jolie comédie, pleine de poésie et de fraîcheur.
Anecdotes :
Ce film est un "vrai" hommage au jeune acteur Jocelyn Quivrin, qui rencontra Rohmer en 2007. Prêt à tout à l'époque pour jouer sous la direction du cinéaste de la Nouvelle Vague, il l'avait contacté pour jouer dans un de ses longs-métrages et s'était vu offrir en 2007 le rôle de Lycidas dans Les Amours d'Astrée et de Céladon. Troublé par l'ambiance étrange de ce tournage, il en parla avec Lea Fazer et eut envie de faire un film racontant cette expérience. Or Jocelyn se tua sur l'autoroute en 2009, le jour même où Léa Fazer lui laissait un message sur son répondeur pour lui annoncer qu'il ne va pas tarder à recevoir la version dialoguée de son projet de film, dont ils avaient écrit ensemble un synopsis. Quivrin n'entendit jamais ce message et la réalisatrice décida de continuer le film, en hommage aux deux disparus.
Les paysages de l'Indre, vers Argenton sur Creuse, au sud de Chateauroux, sont superbes : c'est une région vallonnée, assez sauvage.
Le paysage et le village de Gargilesse sont, presque, des "personnages" du film : le château de Gargilesse, les bords de Creuse, la plage de « Montcocu », des champs à « Châtillon » ou encore le belvédère de « Gaboulet », à Saint-Plantaire, et même la crypte de l'église (pas prévue au départ, mais tellement suggestive que l'équipe décide d'y tourner une scène)

Her *


Date de sortie 19 mars 2014 (2h 06min)
Réalisé par Spike Jonze
Avec Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams
Genre Drame , Romance , Science fiction

Selon Allociné
Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly, un homme sensible au caractère complexe, est inconsolable suite à une rupture difficile. Il fait alors l'acquisition d'un programme informatique ultramoderne, capable de s'adapter à la personnalité de chaque utilisateur. En lançant le système, il fait la connaissance de 'Samantha', une voix féminine intelligente, intuitive et étonnamment drôle. Les besoins et les désirs de Samantha grandissent et évoluent, tout comme ceux de Theodore, et peu à peu, ils tombent amoureux…

Mon avis
Ça commence plutôt bien... l'idée du film est excellente... jusqu'où peut - on aller dans la relation virtuelle avec un logiciel, mais aussi comment craindre l'évolution vers un monde où l'intelligence artificielle deviendrait de plus en plus intelligente. .. et encore, je dirais même et surtout, quel regard porter sur un futur assez proche et pourtant tellement inquiétant tant il se profile comme dominé par une évolution technologique qui n'a pas fini de nous surprendre ?
Il y a de bonnes idées, en particulier l'absence de référence temporelle, mais c'est juste trop long, trop romantique, trop bourré de clichés et finalement la fin m'a semblé absolument ratée. Je ne sais comment le réalisateur aurait pu se sortir de cette histoire mais là c'était raté.

States of Grace ****


Date de sortie 23 avril 2014 (1h 36min)
Réalisé par Destin Cretton
Avec Brie Larson, John Gallagher Jr., Kaitlyn Dever
Genre Drame (Cinéma américain indépendant)

Selon Allociné
Sensible et déterminée, Grace est à la tête d'un foyer pour adolescents en difficulté. Parmi les jeunes membres de son équipe, diversement expérimentés, la solidarité et le bon esprit sont de mise. Jusqu’à l’arrivée soudaine d’une fille tourmentée qui ignore les règles du centre et renvoie Grace à sa propre adolescence… pas si lointaine.
Destin Cretton est en terrain familier avec States of Grace. Avant d'être réalisateur, il était éducateur en centre spécialisé. Il confie que n'ayant pas trouvé de travail en sortant de l'université, c'était la seule option qui s'était offerte à lui. Il ajoute cependant que ce "fut une expérience unique et magnifique". Donc, non seulement le film est inspiré de sa vie en tant qu'éducateur dans un centre de jeunes à problèmes, mais il avait déjà écrit et réalisé le court-métrage du même nom en 2008 avant de l'adapter en long-métrage.

Mon avis
Un coup de coeur pour ce film sensible, fort mais jamais outrancier. Tout m'a semblé parfait dans cette fresque humaine pleine de tendresse, sans la moindre mièvrerie : les acteurs d'abord, d'une justesse rare, les images, idéalement cadrées et parfaitement dosées, l'histoire qui se dévoile à nous par petites touches... et surtout le timing : idéal ! Moi qui râle toujours que les films soient trop longs, je me suis dit en sortant qu'avec une demie-heure de plus, cela aurait pu être une guimauve infâme. Là, c'est nickel, au cordeau : tout est suggéré, sans lourdeur, avec adresse et au bon moment. Je me disais que le film était cousu au petit point !! J'ai aimé la façon dont le réalisateur sait, autour du personnage principal de Grace, ébaucher le portrait de ceux qui l'entourent, avec assez de précision pour nous en faire une communauté dont nous nous sentons vite proches.
C'est vraiment un film à voir si vous en avez l'occasion : on est pris à la gorge, on pleure, pour de vrai, on rit, pas la franche gaudriole non, juste ce qu'il faut de sourire pour se détendre et se reprendre après un moment d'intense émotion. C'est une belle analyse des blessures que les adultes infligent à leurs enfants, c'est aussi une superbe histoire d'amour !

Bird People **

Date de sortie 4 juin 2014 (2h 07min)
Réalisé par Pascale Ferran
Avec Josh Charles, Anaïs Demoustier, Roschdy Zem
Genre Drame , Fantastique , Romance

Selon Allociné
En transit dans un hôtel international près de Roissy, un ingénieur en informatique américain, soumis à de très lourdes pressions professionnelles et affectives, décide de changer radicalement le cours de sa vie. Quelques heures plus tard, une jeune femme de chambre de l’hôtel, qui vit dans un entre-deux provisoire, voit son existence basculer à la suite d’un événement surnaturel. Ce film est présenté dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes 2014.

Mon avis
Au début, j'ai beaucoup aimé : un rythme, une ambiance qui dit la solitude et l'absurde de nos vies (le voyage dans le RER B), une mise en scène d'une impressionnante simplicité qui se révèle vraiment efficace, pas de chichis ni de fioritures inutiles, on se dit que cela va être original, et, de fait, il y a de jolies idées : la scène de rupture par skype (ou assimilé), la transformation de la femme de chambre en oiseau ...
Mais, car il y a un mais, c'est trop long, démesurément long (2h08) pour un film dans lequel il ne se passe rien ... en particulier les scènes de vol du moineau qui n'en finissent plus, poétiques au début, elles finissent par se révéler ennuyeuses. Et ce qui était poétique devient exploitation d'une ficelle, trop longtemps...
Et surtout il y a deux films dans un : après 1 heure 20 minutes de cinéma très réaliste (réussi, mais déjà c'était long !), axé surtout sur Gary, le film change complètement de ton : c'est Audrey qui devient le personnage principal, et le film devient totalement onirique, contemplatif, mélancolique... et le tout sans solution de continuité, sans lien évident. Et le final, qui essaie de recoller les morceaux, n'est pas convaincant. Même s'il y a un certain panache dans la façon dont Pascal Ferran se sort de cette histoire double.
Alors non aux longues longueurs, non aux sponsors trop nombreux (Marlboro, le Hilton, l'aéroport de Paris, et j'en passe), non au côté un peu "documentaire sur la vie des oiseaux" parfois, non au côté un peu artificiel de la construction du scénario, au manque de cohérence de l'ensemble, qui fait que la sauce ne prend pas.
Mais oui pour l'intelligente peinture de l'époque actuelle, les "boulots de merde", le burn out des profession à responsabilité, les transports qui bouffent la vie, la solitude épaisse qui est celle des grandes métropoles, chacun avec son téléphone, écouteurs dans les oreilles. Oui aussi pour le jeu des acteurs, très fins, très crédibles dans des rôles où, finalement, ils n'ont qu'à traduire un mal-être diffus, pas de drame, pas d'histoire, pas d'action : et ils s'en sortent très bien.
Donc un film à voir ?? Pourquoi pas si les formats supérieurs à deux heures ne vous font pas peur, c'est quand même un joli moment de cinéma.

Tristesse club **

Date de sortie 4 juin 2014 (1h 30min)
Réalisé par Vincent Mariette
Avec Ludivine Sagnier, Laurent Lafitte, Vincent Macaigne
Genre Comédie dramatique

Selon Allociné
Si vous aimez les jeux de pistes, les vieilles Porsche, les soeurs qui n'en sont pas, les pères pas vraiment morts, les lacs et leurs secrets: bienvenue au club. Le tournage de Tristesse Club a pris pour cadre le département de la Savoie à l'été 2013 pour une durée de cinq semaines. Parmi les éléments de décors, on retrouve une vieille maison abandonnée bordée par le lac d’Aiguebelette et une Porsche 944 de couleur rouge datant de 1986.

Mon avis
Une trame originale, un très bon sens du suspense, quelques jolis moments d'émotion, l'ensemble permet de passer une très agréable soirée. Malgré le titre, choisi comme toutes les situtations, de façon décalée, le film est vraiment drôle, les situations sont insolites sans être lourdingues et le tout est servi par des acteurs formidables : les trois pricipaux protagonistes bien sûr (Ludivine Sagnier, impeccable, Vincent Macaigne absolument formidable et Laurent Lafitte qui en fait peut-être un peu trop mais bon lui aussi), mais aussi tous les petits rôles, bien dirigés et qui ne "cassent" pas le rythme, comme souvent. C'est un premier long métrage et, sûr, nous irons voir le suivant !

Le Best Offer ***

Date de sortie 16 avril 2014 (2h 11min)
Réalisé par Giuseppe Tornatore
Avec Geoffrey Rush, Jim Sturgess, Sylvia Hoeks
Genre Thriller , Romance , Drame

Selon Allociné
Virgil Oldman est un commissaire priseur de renom. Véritable institution dans le milieu de l’art et misogyne assumé, il n’a de relation intime qu’avec la collection de tableaux qu’il a su constituer secrètement au cours des années. Personne ne le connaît vraiment, même pas son vieil ami marchand d’art Billy. Lorsqu’une cliente lui demande une expertise mais n’accepte de lui parler qu’au téléphone, Virgil est piqué de curiosité et ne peut se résoudre à laisser tomber l’affaire. Quand il la voit pour la première fois il tombe violemment sous son charme.

Mon avis
La critique n'a pas vraiment aimé, par contre les spectateurs saluent ce film avec plaisir...
Alors ? J'ai bien aimé : certes, le film est un peu trop long et la fin s'englue dans des sentimentalismes inutiles. Mais, hormis cette réserve, j'ai été vraiment "accrochée" par :
l'intrigue
l'esthétique de la mise en scène
la description
le rythme du film, qui vous tient en haleine, en vous laissant deviner assez peu de choses (à part quelques intuitions qui vous font douter, par moments et entrevoir, fugitivement, l'issue de l'histoire)
la réflexion sur l'art, l'amour, le mensonge (il est beaucoup question des faussaires)
la musique d'Ennio Morricone
Le jeu impeccable de Geoffrey Rush
Le flegme britannique vu par un italien
...
Au total, un bon polar, filmé avec élégance et esprit.
S'il n'y avait l'enlisement final, je vous aurais parlé du nouveau chef d'oeuvre de Tornatore !
Il me semble que, pour terminer le film, la révélation du rôle de chacun suffisait : la description outrée de la "déchéance" de Odlman, le coup de nostalgie qui termine le film à Prague sont, à mon sens, en trop ... d'autant que cela amène la durée totale du film à 2h15

Dancing in Jaffa ****


Date de sortie 2 avril 2014 (1h 30min)
Réalisé par Hilla Medalia
Avec Pierre Dulaine, Yvonne Marceau, Noor Gabai
Genre Documentaire

Selon Allociné
Né à Jaffa en 1944, Pierre Dulaine quitte son pays avec sa famille en 1948 pour s’installer à l'étranger. Après une carrière internationale accomplie de danse en couple, Pierre retourne à Jaffa pour réaliser son rêve : faire danser ensemble des enfants juifs et palestiniens pour rapprocher les communautés. C'est là, selon lui, que réside toute la beauté de la danse de salon : forcer deux personnes à se déplacer en faisant qu'un.

Mon avis
Un film, non plutôt un documentaire, qu'on regarde avec un sourire béat collé aux lèvres d'un bout à l'autre ... enfin presque : car la c...rie des adultes est sans borne, et de cette c...rie naît l'absurde, l’inadmissible, le révoltant : des enfants qui refusent de se côtoyer simplement parce que leurs parents s’entre-tuent... des enfants qui refusent de se toucher parce la religion de leurs parents les contraint à cette pudeur extrême.
Et, comme un coup de pied dans une fourmilière, un danseur, excusez du peu, et un danseur "mondain" même, vient et décide qu'il va les faire danser ensemble. En se respectant. En osant braver les interdits.
Le film, quoique plein de bons sentiments, évite l'écueil de l'angélisme et aborde objectivement le phénomène du communautarisme, tout en évoquant discrètement le conflit israelo-palestinien. La danse est revendiquée comme un langage universel permettant de faire tomber les barrières érigées par la haine et les préjugés.
Ce que veut faire Pierre Dulaine, c'est à la fois dérisoire (un petit concours de danse de rien du tout, sans prétention) et immense : et il y arrive, grâce à sa foi dans l'enfant, et à sa pugnacité. Les enfants finissent par se décontracter, par vouloir gagner, par vouloir danser (il faut entendre la colère de ceux qui ne sont pas sélectionnés pour le concours, eux qui refusaient quelques semaines avant de faire le moindre geste vers "l'autre") ... ensemble. Et dans les tribunes les parents juifs montrent leurs photos aux parents palestiniens et tous rient et applaudissent ensemble.
Un film, documentaire un peu romancé, à voir, absolument. On en sort inquiet, certes, mais requinqué : tant qu'il y aura des hurluberlus capable de mener de telles batailles, l'homme aura de l'avenir !

Pas son genre *


Date de sortie 30 avril 2014 (1h 51min)
Réalisé par Lucas Belvaux
Avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery, Sandra Nkake
Genre Comédie , Romance

Selon Allociné
Clément, jeune professeur de philosophie parisien est affecté à Arras pour un an. Loin de Paris et ses lumières, Clément ne sait pas à quoi occuper son temps libre. C'est alors qu'il rencontre Jennifer, jolie coiffeuse, qui devient sa maîtresse. Si la vie de Clément est régie par Kant ou Proust, celle de Jennifer est rythmée par la lecture de romans populaires, de magazines « people » et de soirées karaoké avec ses copines. Cœurs et corps sont libres pour vivre le plus beau des amours mais cela suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ?

Mon avis
Quand j'ai vu, un peu par hasard, le teaser du film, je me suis dit "bof, un film à ne pas aller voir, drôle, sans doute, mais banal, complaisant et cousu de fil blanc, forcément" !!
Mais quand j'ai découvert qu'il était fait par Lucas Belvaux (ben oui, je fais les choses à l'envers) j'ai révisé mon jugement... et après avoir entendu la crituque de Philippe Meyer sur Culture l'autre matin, j'ai carrément eu envie d'y aller.
Drôle ? Pas vraiment, les trais d'humour sont rares et pas franchement hilarants.
Banal : pas tant que ça, l'affaire est assez agréablement menée et l'histoire se tient.
Complaisant ? Oui, mais pas comme je l'entendais : ce n'est pas l'approche sociologique qui est menée avec complaisance, au contraire : l'approche de Belvaux est assez fine et le personnnage fort, sympathique et lumineux du film c'est la petite coiffeuse. Le prof de philo est falot, terne et cache un profond égoïsme sous des arguments intellectuels qui ne sont que des paravents. Par contre l'approche de la province vue par un parisien m'a parue tellement caricaturale que c'en était gênant. Une succession de lieux communs d'une platitude affligeante.
Alors ? Et bien ce n'est pas un nanar, mais d'abord c'est trop long, une grosse demie heure de moins, quelques sabrages dans des scènes qui durent, durent, et s'éternisent, améliorerait bien le film. Ensuite, les seconds rôles sont agaçants à déclamer leur texte sans conviction. Par contre la petite Emilie Dequenne est parfaite, elle sauve le film. J'avoue n'avoir pas accroché au jeu un peu plat le Loïc Corbery qui, pour se la jouer intello, prend un air de chien battu. Il fait carrément bêta, mais comme il l'est, forcément ça colle au rôle !
Au total une comédie sentimentale vaguement ennuyeuse, avec de bons moments, particulièrement la fin qui est rondement menée. Mais pas le meilleur Belvaux, loin de là !!

Dédié à Mandarine

dimanche 3 août 2014

BIENVENUE MANDARINE !! ou LE PROCÈS DE VIVIANE AMSALEM


Ma petite Mandarine est de retour !! Après trois ans de sables chauds, de déserts brûlants et de climat subtropical aride, de paranoïa architecturale et de côtoiement d'une richesse "extrême"... la voici de retour en France... elle a atterri vendredi et se réhabitue tranquillement aux journées tempérées et inégales de notre doux pays, et à une certaine forme de "normalité" sociale et urbanistique. Je ne pourrai plus savoir si elle a lu mon dernier billet, mais je puis vous assurer qu'elle a été durant ses trois ans, en toute discrétion, ma plus fidèle lectrice. Allons, allons, ne soyez pas jaloux, c'est normal que Mandarine soit ma "chouchoute". Je sais que nombre d'entre vous sont, aussi, toujours assidus au poste, mais avouez que les billets de cinéma, ce n'est pas votre tasse de thé ! Et si je continue vaillamment à en faire, malgré leur évidente impopularité (1), c'est, justement, pour Mandarine. Car je sais qu'elle aime avoir des avis sur les films, cela déclenche pour elle l'envie de les voir. Mais à Abu Dhabi, elle devait attendre leur sortie en DVD. Tandis que maintenant, elle peut aller les voir en salle. C'est pour cela que cette critique lui est dédiée, cela pourrait être sa première toile toulonnaise !!


Le procès de Viviane Amsalem n'est pas celui d'un criminel, même si l'on y cite témoins et accusateurs, c'est tout simplement un divorce... qui dure 5 ans !

Viviane Amsalem demande le divorce depuis trois ans, et son mari, Elisha, le lui refuse.
Or en Israël, seuls les Rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n'est elle-même possible qu’avec le plein consentement du mari.
Sa froide obstination, la détermination de Viviane de lutter pour sa liberté, et le rôle ambigu des juges dessinent les contours d’une procédure où le tragique le dispute à l'absurde, où l'on juge de tout, sauf de la requête initiale.


Un exploit que ce film : suivre, pendant deux heures et sans voir le temps passer, des acteurs cadrés serré, enfermés dans une salle d'audience minable, c'est une vraie gageure. Et le pari est gagné, tant au niveau de la mise en scène que du point de vue du jeu des acteurs. Tout se joue dans les regards, puisqu'il n'y a ni action, ni la moindre histoire à découvrir. Il s'agit simplement de montrer, par des échanges de coups d’œil silencieux, la confrontation, le désir de dominer l'autre, la peur, la supplication ....

Ce qui est remarquable est que les deux metteurs en scène ne prennent pas position, ni pour la femme dont ils ne font pas une victime (pas de découverte scabreuse durant le "procès", pas la moindre révélation croustillante), ni pour le mari qui, tout rigide qu'il soit est tout de même fragile, ni même pour les juges qui, quoiqu'imparfaits, sont humains et honnêtes, enfin surtout bien embêtés !! Et nous sommes, de "trois mois plus tard" en "six mois plus tard", pris, nerveux, accrochés... parfois un éclat de rire nous échappe, tant le film est bouleversant et demande un peu de respiration.


Dans ce huis-clos sans concession, les deux réalisateurs ne souhaitaient pas se positionner comme des observateurs qui assistent à un fait de justice mais plutôt retranscrire à l'écran le point de vue de leurs personnages : "La caméra est toujours positionnée du point de vue d’un des personnages, qui regarde un autre personnage. Celui qui n’est pas regardé n’est pas visible. Nous, les réalisateurs, nous ne racontons pas notre histoire en imposant un point de vue unique sur l’histoire, mais par le prisme varié des personnes présentes dans l’espace devant nous. Un point de vue subjectif dans un lieu supposé objectif."
Spoiler:
{Quant au final, il est, absolument, parfait ! Le juge nous le décrit dans un premier temps, et quand il a lieu, la caméra ne nous montre que les pieds de Viviane... un coup de génie pour nous qui venons de scruter, deux heures durant, des visages torturés.}
Ce n'est pas un film "pièce de théâtre", c'est vraiment du cinéma, avec des comédiens exceptionnels et une caméra intelligente. Tout autant que l'histoire d'un divorce, c'est une impressionnante histoire d'amour et de possession dans le couple, qui décrit de façon impitoyable comment l'amour peut se transformer en haine. C'est enfin une lecture sans concession de la législation israélienne et de la condition des femmes dans la religion juive : l'absurde est tellement inconcevable qu'on ne sait finalement plus s'il faut en rire ou en pleurer. Vraiment un film à ne pas rater cet été.

-------------------------
(1) Mes malheureux billets libellés "cinéma" plafonnent, dans le meilleur des cas, à 2 ou 300 visiteurs, la norme étant plus près d'une toute petite centaine... alors que mon article phare, ce brave Lucian Freud à la "carrière" tonitruante (je n'ai toujours pas compris pourquoi celui-là plutôt qu'un autre, mais avec Google, cela fait boule de neige) a dépassé les 12 000 clics. Autant vous dire qu'écrire sur le cinéma n'est pas encourageant, sauf à savoir qu'on sera lu, au moins une fois !

mercredi 9 avril 2014

TROIS FILMS TENDRES

The Lunchbox 
un film de Ritesh Batra


J'en avais beaucoup entendu parler, et je me désolais qu'il n'ait pas atteint ma contrée reculée mais néanmoins riante !! C'est chose faite, il est passé hier soir pour une unique séance et je n'ai pas été déçue : The Lunchbox est vraiment un petit joyau à voir si on aime le cinéma d'auteur, ou le cinéma "humain" tout simplement. 

Le synopsis selon Allociné : Ila, une jeune femme délaissée par son mari, se met en quatre pour tenter de le reconquérir en lui préparant un savoureux déjeuner. Elle confie ensuite sa lunchbox au gigantesque service de livraison qui dessert toutes les entreprises de Bombay. Le soir, Ila attend de son mari des compliments qui ne viennent pas. En réalité, la Lunchbox a été remise accidentellement à Saajan, un homme solitaire, proche de la retraite. Comprenant qu'une erreur de livraison s'est produite, Ila glisse alors dans la lunchbox un petit mot, dans l'espoir de percer le mystère.

Le propos peut sembler mince, mais ne vous y trompez pas, c'est un film plein de leçons de vie, touchant, dépaysant et délicat. Tout en finesse. Les acteurs sont impeccables de justesse, le rythme, soutenu : un vrai challenge, il ne se passe rien, cela dure presque 2h et on ne s'ennuie pas. Simplement parce que les personnages sont terriblement attachants et proches. S'y ajoute un portrait passionnant de la ville (Bombay) et une métaphore simple mais efficace sur les gares, les trains et le rêve d'une autre vie. Il y est aussi question de la vie au bureau, de la vie de couple, de la famille, de la solitude, des regrets stériles, et de tout ce qui fait notre quotidien, en Inde ou ailleurs ! Le coup de génie du film, à mon sens, est le dialogue qu'entretient l'héroïne avec sa voisine du dessus, coincée chez elle par un mari grabataire, voisine qu'on ne voit jamais mais qu'on entend ! Comme une conscience, comme un révélateur de rêves. Pour finir, et ce n'est pas le moins intéressant, le film a réellement été tourné en s'appuyant sur une très sérieuse étude de l'Université de Harvard, sur le système indien des Dabbawallahs, c'est à dire sur la livraison quotidienne des déjeuners sur le lieu de travail des employés, repas préparé le plus souvent à domicile par leur épouse, voire par un restaurant. 

Les Dabbawalas, littéralement porteurs de gamelles en Hindi, sont regroupés au sein d’une association - Mumbai Tiffin Box Supplier Association – dont la mission est de collecter et livrer tous les jours plus de 200 000 repas au cœur de la ville de Bombay. L’histoire a commencé dans les années 1890, lorsqu’un banquier indien a demandé un jour à un jeune garçon des rues de récupérer son déjeuner à son domicile dans une banlieue de Bombay et de le livrer à son bureau au centre ville. Ce jeune garçon originaire de la région de Pune, qui était venu à Bombay pour gagner sa vie et faire vivre sa famille, a rapidement compris qu’il existait une demande pour ce type de service et a fait venir d’autres personnes de sa région pour démultiplier son offre auprès de nouveaux clients. Aujourd’hui, ce sont près de 5 000 Dabbawalas qui tous les matins, pour 350 roupies par mois (environ 6 euros) récupèrent au domicile de leurs clients dans les banlieues plus ou moins éloignée de Bombay les boîtes en métal contenant le déjeuner « fait maison ». A pied, à vélo et surtout grâce au réseau performant des chemins de fer, ils livrent avant 13 heures ces repas dans les bureaux ou sur les chantiers du cœur économique de la ville. Dans l’après midi, ils ramènent les boîtes vides dans les foyers d’origine.

 Alors si vous avez la chance que le film passe près de chez vous, n'hésitez pas, c'est vraiment un film à voir, et vous rirez souvent (discrètement, avec nostalgie parfois) !!

Je profite de ce billet pour présenter un autre film que j'ai vraiment adoré :

Le Vent se lève, il faut tenter de vivre 
de Miyazaki


Un film, dont il nous dit qu'il sera le dernier, de MAÎTRE Miyazaki... Pas moyen de rater cela !! Même si la salle de cinéma, comble, était pleine de vieux (dont moi, bien sûr !!) c'est un incontournable !!! 

Le vent se lève! . . . il faut tenter de vivre! 
L'air immense ouvre et referme mon livre, 
La vague en poudre ose jaillir des rocs! 
Envolez-vous, pages tout éblouies! 
Rompez, vagues! Rompez d'eaux réjouies 
Ce toit tranquille où picoraient des focs!

 "Le Vent Se Lève" dont le titre est inspiré du premier vers de la dernière strophe du poème « Le Cimetière Marin » de Paul Valéry, nous invite à suivre la vie de Jiro Horikoshi, un ingénieur aéronautique japonais qui s’illustrera dans son pays en créant le fameux chasseur Zéro, tristement célèbre pour avoir été un facteur déterminant dans la victoire japonaise lors de la terrible bataille de Pearl Harbor... Le film débute par le rêve d’un petit garçon qui rencontre un créateur d’avions italien ( Giovanni Battista Caproni) l’invitant à grimper dans l’un d’entre eux pour aller voguer au-delà des nuages, puis au réveil de ce garçon qui affirme que plus tard il inventera des avions... 

Puis, toujours entrecoupé de passages oniriques, le film raconte l'histoire de ce jeune homme, qui ne faillira jamais à sa promesse et tentera tout pour créer un avion révolutionnaire : on partage ses ambitions, on est confronté aux aléas de la vie qu’il rencontre, on rit avec lui aux de moments de bonheur simples et on souffre lorsque des malheurs le frappent de plein fouet. Ancré dans l’Histoire avec un grand « H », le film aborde des sujets graves et sensibles tels que le tremblement de terre du Kanto de 1923, la Grande Dépression, la terrible épidémie de tuberculose, l’entrée en guerre du Japon ou encore les ravages même de cette guerre... 

La réalisation est irréprochable et la qualité de l’animation presque parfaite. Et l'ensemble est sublimé par la musique merveilleuse et langoureuse de son éternel ami Joe Hisaishi (d’ailleurs, le thème principal du film restera dans les mémoires ne serait-ce que par sa puissance émotionnelle, au même titre que ceux de "Mononoke Hime" ou "Mon Voisin Totoro"). Voilà, "Le Vent Se Lève" est un formidable chant du cygne, moins merveilleux et plus "adulte" qu’à l’accoutumé. 



Ce n'est pas LE chef-d’œuvre de Miyazaki ( difficile de surpasser Le Château dans le ciel, Mon voisin Totoro, Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro ou Le Château ambulant) mais cela a des allures de testament : tour à tour ample, confondant de beauté, puissant, doux, lumineux, bouleversant, sombre, triste... Cela vous tirerait presque des larmes, malgré le côté un peu convenu de l'histoire d'amour qui sous-tend l'histoire !! Car il y a aussi une histoire d'amitié, et une histoire d'amour dans ce long-métrage. Un très beau moment de cinéma, de poésie pure et de beauté formelle ...


Tel Père, tel fils 
un film de Hirozaku Koreeda

Danielle en parlait ici, et je me suis aperçue que j'avais oublié d'en parler, et pourtant c'est un film que j'ai adoré.

Le synopsis selon Allociné : Ryoata, un architecte obsédé par la réussite professionnelle, forme avec sa jeune épouse et leur fils de 6 ans une famille idéale. Tous ses repères volent en éclats quand la maternité de l'hôpital où est né leur enfant leur apprend que deux nourrissons ont été échangés à la naissance : le garçon qu’il a élevé n’est pas le sien et leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste

Ce film est une très belle plongée dans la société japonaise, ses modernismes, ses traditions et leurs contradictions, qui traite avec finesse du thème de l'inné et de l'acquis. Aucun effet inutile et pourtant le film est d'une étonnante efficacité pour évoquer la difficile relation père-fils, mais aussi l'inéluctable problème transgénérationnel, celui des histoires et blessures familiales qu'on ne veut surtout pas reproduire et qu'on traîne comme des boulets derrière soi.
L'affaire de l'échange des enfants n'est qu'un prétexte pour analyser les tenants et aboutissants de l'amour paternel : sur quels malentendus il se construit, sur quelles faiblesses il tente de se développer, quelles erreurs doit-il surmonter pour parvenir à s'épanouir ?
Les comédiens sont absolument parfaits : d'une justesse incroyable dans des rôles difficiles et très émouvants. Tous ! La comparaison des milieux dans lesquels évoluent les deux familles est tissée de détails passionnants et fort révélateurs des mœurs japonaises (Madeleine, qui en connait un morceau, m'a confirmé combien ces anecdotes sont justes). L'histoire surtout, est admirablement menée, d'une façon très subtile et tout doucement, d'une façon feutrée, ciselée. Ce film, qui suggère, avec virtuosité, tant de non-dits et d'incompréhensions qui blessent, est un travail d'orfèvre. A voir aussi, absolument !



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