Victor Michiels (résistant)
Nom de naissance | Victor Oscar Jean Marie Michiels |
---|---|
Alias |
Louis pour la résistance |
Naissance |
Schaerbeek |
Décès |
(à 26 ans) Schaerbeek (Belgique occupée) |
Nationalité | Belge |
Pays de résidence | Belgique |
Profession |
Avocat |
Autres activités |
Résistant Membre du Réseau Comète |
Formation |
Licence en droit |
Ascendants |
Constant Victor Michiels Joséphine Reusens |
Victor Michiels, né à Schaerbeek, Bruxelles, le et mort également à Schaerbeek, le est un avocat et un résistant belge de la Seconde Guerre mondiale. Agent de la filière d'évasion Comète, il est abattu en rue par la Geheime Feldpolizei, le .
Éléments biographiques
[modifier | modifier le code]Victor Michiels nait dans la commune bruxelloise de Schaerbeek durant la Première Guerre mondiale, le . Il est le cadet d'une famille qui comporte alors 5 enfants, une sixième naitra en 1920[Notes 1]. Il fait des études de droit et travaille ensuite en tant qu'avocat. Il est recruté par le Réseau Comète pour devenir guide international pour permettre à des pilotes alliés et à des résistants « brûlés » de quitter le territoire belge alors sous le joug nazi et de pouvoir rallier l'Angleterre via la France et l'Espagne. Le , en compagnie d'une autre recrue, son ami Jean-François Nothomb, il rencontre pour la première fois Jean Greindl (Némo) qui coordonne le réseau pour la Belgique[1]. Avec son bras droit, Peggy Van Lier, Jean Greindl a restructuré complètement le réseau. Il le dirige depuis la Cantine suédoise de la Croix-Rouge suédoise qui vient en aide aux enfants démunis en leur fournissant des vêtements et de la nourriture et dont il est le directeur. Elle est située rue Ducale au no 6, non loin d'où habite Victor Michiels. Nemo et Peggy Van Lier fabriquent de faux papiers, pourvoient au ravitaillement, organisent les safe houses et supervisent les exfiltrations[2],[3].
L'Affaire Maréchal
[modifier | modifier le code]La maison familiale des Maréchal sert de safe house depuis près d'une année et demi. Toute la famille est dans la résistance, Georges Maréchal, le père fait du renseignement pour le réseau Luc et est également agent du Réseau Comète de même que son épouse britannique, Elsie Maréchal-Bell, leur fille qui se prénomme également Elsie (18 ans) et le jeune frère, Robert (15 ans) qui sert à l'occasion de courrier.
Le vers midi, les deux Elsie découvrent avec étonnement une grande enveloppe verte dans leur boîte aux lettres leur signalant l'arrivage imminent de « deux enfants pour jeudi » (signifiant deux pilotes alliés à évacuer). Ceci est contraire à toutes leurs procédures jamais de messages de ce type n'étaient déposés directement chez eux et jamais aucun pilote ne s'est présenté directement chez les Maréchal. Les messages sont transmis via le commerce de madame Deceuninck et les pilotes sont pris en charge par young Elsie sur le parvis d'une église toute proche et, seulement après avoir vérifié qu'ils étaient bien de la RAF via un questionnaire mis au point avec les alliés, de les emmener au domicile de la famille Maréchal avenue Voltaire[4],[5],[6],[7].
Nous étions précisément jeudi, les deux Elsie sont perplexes et mal à l'aise face à la situation. Mais déjà, on sonne à la porte. Un passeur du réseau se présente[Notes 2] avec deux pilotes alliés, leurs réponses aux questions ne sont pas satisfaisantes. Young Elsie doit justement se rendre à la Cantine suédoise, elle demandera conseil à Jean Greindl. Ce dernier et Peggy Van Lier sont immédiatement alarmés par la nouvelle. Jean Greindl demande à young Elsie de rentrer prestement chez elle et de dire à sa mère que tous doivent abandonner l'habitation sur le champ. Il demande à young Elsie de revenir ensuite leur donner des nouvelles.
Les heures passent interminables, Elsie ne revient pas. Jean Greindl et Peggy Van Lier restent désormais silencieux. Seul Victor Michiels, qui a son jeune âge pour lui, souhaite se rendre chez les Maréchal pour tirer tout cela au clair. Jean Greindl refuse, c'est beaucoup trop dangereux. Finalement, la nuit est déjà bien avancée lorsqu'il consent à ce que Victor se rende au 162 de l'avenue Voltaire, chez les Maréchal, en lui disant : « N'essayez surtout pas d'entrer dans la maison, Louis, si vous n'êtes pas absolument certain qu'il n'y a pas de danger »[8]. Victor est en planque, derrière un arbre qui borde l'avenue face au no 162, rien ne se passe, rien ne bouge, il attend encore, il scrute. Un quart d'heure passe, une demi-heure. Toujours rien. Victor Michiels décide d'aller sonner pour en avoir le cœur net. Ce sont plusieurs agents de la Geheime Feldpolizei qui lui ouvrent la porte voulant le forcer à y entrer mais Victor Michiels tente le tout pour le tout et se met à courir le long de l'avenue, il a bientôt atteint l'angle de l'Avenue Ernest Renan mais l'un de ses poursuivants monté sur le marchepied d'un camion qui passait par là le rattrape juste au coin, plusieurs coups de feu retentissent. Victor Michiels est mortellement blessé cette nuit du 18 au 19 novembre 1942[6],[7],[9],[10],[11].
Bien sûr, Victor ne reviendra pas à la Cantine suédoise. Jean Greindl et Peggy Van Lier sont anéantis : qu'est-il en train de se passer ? Le matin, Peggy Van Lier décide de se rendre chez les Michiels pour obtenir des informations. Elle prétextera souhaiter rencontrer Josée[12], la sœur de Victor, pour lui parler études. Lorsqu'elle sonne à la porte des Michiels, c'est la Geheime Feldpolizei qui l'accueille. Elle est interrogée toute la journée mais son alibi et son excellent allemand la feront libérer, le soir, vers 20 heures[9],[13],[14],[15].
Les Maréchal ont eu bien moins de chance. Les deux faux pilotes qui étaient en fait des agents infiltrés ont arrêté Elsie Maréchal-Bell. Lorsque young Elsie est rentrée, elle a trouvé la porte entrouverte et 8 agents de la Geheime Feldpolizei l'ont accueillie. Il en fut de même pour Robert rentrant de l'école et pour Georges Maréchal rentrant de son travail dans les Flandres. Tous ont été interrogés et incarcérés. Robert fut libéré après deux mois mais Georges Maréchal fut fusillé au Tir national et Elsie et sa fille furent déportées, en tant que « Nacht und Nebel », dans de nombreux camps auxquels elles survivront cependant et seront libérées en [4],[5],[6],[7],[9].
Jean Greindl, arrêté trois mois plus tard, est mis au secret et emprisonné à la caserne d'Etterbeek. Sa cellule est détruite lors d'un bombardement allié sur Bruxelles en . Quant à Peggy Van Lier, « brûlée » sur le sol belge, elle est contrainte d'emprunter à son tour la filière d'évasion. Elle parvient à rallier l'Angleterre, en . Jean Greindl sera remplacé par Antoine d'Ursel.
Durant la Seconde Guerre mondiale, 155 membres du Réseau Comète perdirent la vie (dont 56 femmes). Environ un tiers fut tué par balle (pour la plupart des hommes), les autres moururent dans des camps de concentration [16].
Reconnaissances
[modifier | modifier le code]- Une plaque commémorative, inaugurée en 1948, figure à l'angle des avenues Voltaire et Renan à l'endroit même où il fut abattu le .
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- En 1915, Lambert Michiels, le grand-père de Victor Michiels, est le président de la chocolaterie Côte d'Or. Son père, industriel également, lui succède en 1929 et restera en poste jusqu'à son décès en 1961.
- Il s'agit d'Albert Marchal qui sera fusillé au tir national en même temps que Georges, le .
Références
[modifier | modifier le code]- Comète Kinship Belgium, Kinship N°4, novembre 2007, p.3
- Jackson 2000.
- Fry 2020, p. 94.
- Etherington 2002, p. 55-60.
- Neave 2016, p. 62-69.
- Neave 2004, p. 140-149.
- Ottis 2001, p. 130.
- Neave 2016, p. 72.
- Fry 2020, p. 97-101.
- Etherington 2002, p. 55-62.
- Neave 2016, p. 71-73.
- Neave 2016, p. 76.
- Neave 2016, p. 74-79.
- Ottis 2001, p. 132-133.
- Etherington 2002, p. 61-62.
- Neave 2016, p. 185-190.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]La principale source primaire concernant « l'Affaire Maréchal » est une monographie dactylographiée par Elsie Mary Maréchal-Bell après guerre. En 2002, William Etherington la reprend augmentée des commentaires et souvenirs de sa fille Elsie Maréchal (cf. infra pour le livre et la note 1 pour des précisions sur l'auteur). Airey Neave, ex-agent du MI9, a également beaucoup écrit sur le Réseau Comète. Dans Little Cyclone, le chapitre 8 « Rue Voltaire » est consacré aux Maréchal et dans Saturday at M.I.9, le chapitre 12 de la Part III « Marechal's affair » leur est également consacré.
Les entrées bibliographiques marquées de ont servi à la rédaction de cet article.
- (en) Victoria Draper, « Surviving the Holocaust: One Norfolk Woman’s Account », Norfolk Record Office, (lire en ligne, consulté le )
- Andrée Dumon, Je ne vous ai pas oubliés : Liberté. 1945, Éditions Mols, coll. « Collection Histoire », , 235 p. (ISBN 978-2-87402-239-5).
- (en) William Etherington, A quiet woman’s war : the story of Elsie Bell, Norwich, Mousehold Publishing, (ISBN 978-1-874739-24-1, lire en ligne).
- (en) Helen Fry, MI9: A History of the Secret Service for Escape and Evasion in World War Two, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-23320-9, lire en ligne).
- (en) « Peggy Langley », The Telegraph, (lire en ligne, consulté le ).
- Rémi Kauffer, Les femmes de l'ombre, Perrin, (ISBN 978-2-262-10076-6, DOI 10.3917/perri.kauff.2021.01, lire en ligne), p. 261-286
- (en-GB) Julian Jackson, « Peggy Langley », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le ).
- Philippe Le Blanc, Comète, le réseau derrière la ligne DD : De la création en 1940 à février 1943, Belgique, Memogrames, (ISBN 978-2-930698-10-6)
- (en) Airey Neave, Saturday at M.I.9: A History of Underground Escape Lines in North-West Europe in 1940-45, vol. 24, L. Cooper, (1re éd. 1969) (ISBN 978-1-84415-038-0, ISSN 0992-5945, DOI 10.1016/s0992-5945(13)71471-5, lire en ligne), p. 147-150.
- (en) Airey Neave, Little Cyclone: The Girl Who Started The Comet Line, Biteback Publishing, (1re éd. 1954) (ISBN 978-1-84954-960-8, lire en ligne).
- Sherri Greene Ottis, Silent Heroes: Downed Airmen and the French Underground, University Press of Kentucky, (ISBN 978-0-8131-2186-4, lire en ligne).
- (en) Joe Shute, « The secrets of the Comet Line », The Daily Telegraph, , p. 31.