L'Homme-arbre
Artiste | |
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Date |
Avant |
Matériau | |
Dimensions (H × L) |
27,7 × 21,1 cm |
Mouvement | |
No d’inventaire |
7876 |
Localisation |
L'Homme-arbre est un dessin de Jérôme Bosch conservé dans la collection graphique de l'Albertina de Vienne.
Description
[modifier | modifier le code]Exécuté sur une feuille de papier haute de 27,7 cm et large de 21,1 cm, le dessin a été tracé à la plume et à l'encre brune (encre métallo-gallique), avec quelques contours accentués à l'encre grise. En bas à gauche, l'inscription « BRVEGEL », ajoutée par l'un des anciens propriétaires du dessin, indique que ce dernier a autrefois été attribué à Pieter Brueghel l'Ancien.
Sur une étendue d'eau, au second plan d'un paisible paysage peuplé de nombreux oiseaux - dont des chouettes, que Bosch a représentées dans la plupart de ses œuvres - et d'autres animaux, apparaît la silhouette gigantesque d'un homme-arbre. Juchée sur deux troncs et soutenue de manière précaire par des barques lui servant de pieds, la créature a un corps en forme de coquille d’œuf brisée où l'on aperçoit des personnages attablés. La tête du géant est coiffée d'un plateau circulaire dentelé sur lequel est posée une cruche.
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Détail du volet droit du triptyque du Jardin des délices.
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Atelier de Bosch, Scène infernale avec homme-arbre, Kupferstich-Kabinett, Dresde.
Ce personnage fantastique est directement repris du volet droit du triptyque du Jardin des délices, où il était intégré à une scène infernale représentant des damnés livrés à la cruauté des démons parmi des objets surdimensionnés. Sa présence paraît donc incongrue dans ce paysage idyllique. Une autre version occupe le centre d'un dessin conservé au Kupferstich-Kabinett de Dresde et attribué à l'atelier de Bosch.
Le détail du festin dans la coquille brisée rejoint une iconographie commune à La Nef des fous et au Concert dans l’œuf, en tant que métaphore des « vices de la vie terrestre, dont la vanité est suggérée par l'absence de racines et l'équilibre précaire des embarcations »[1].
Malgré la réinterprétation d'un personnage présent dans un tableau, le dessin se présente comme une œuvre d'art à part entière et n'est pas un croquis préparatoire pour une peinture. À ce titre, il est considéré par les spécialistes comme le plus ancien dessin « autonome » de l'histoire de l'art des Pays-Bas[2],[1].
Historique
[modifier | modifier le code]Si le BRCP a renoncé à proposer une datation des dessins de Bosch, L'Homme-arbre est généralement reconnu comme une œuvre assez tardive par la plupart des historiens de l'art. Frédéric Elsig en situe la réalisation vers 1510-1516, donc dans les dernières années de la vie du peintre. Fritz Koreny, qui note des similarités techniques avec le dessin sous-jacent du Jugement dernier de Vienne, propose quant à lui de dater L'Homme-arbre vers 1500-1510.
Comme beaucoup d'autres productions de Bosch, le dessin a inspiré les disciples et les suiveurs du maître de Bois-le-Duc. Une gravure de la seconde moitié du XVIe siècle reprend ainsi la composition en y ajoutant quelques personnages[3].
Attribué à Brueghel, comme en témoigne l'inscription en bas à gauche, puis à Henri Bles, le dessin est aujourd'hui reconnu comme une œuvre originale de Bosch. Issu des collections du duc Albert de Saxe-Teschen, il est conservé depuis le XIXe siècle au musée viennois de l'Albertina.
Références
[modifier | modifier le code]- Elsig, p. 112.
- Ilsink, p. 492, note 4.
- Theodor von Frimmel, « Ein Stich nach Brueghel oder Bles », Chronik für vervielfältigende Kunst. Beilage der Graphische Künste, no 14, 1891, p. 36.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Walter Bosing, Jérôme Bosch (environ 1450-1516). Entre le ciel et l'enfer (Tout l’œuvre peint de Bosch), Cologne, Benedikt Taschen, 1994, p. 6.
- Frédéric Elsig, Jheronimus Bosch : la question de la chronologie, Genève, Droz, 2004, p. 111-112.
- Matthijs Ilsink et collab. (BRCP), Jérôme Bosch, peintre et dessinateur. Catalogue raisonné, Arles, Actes Sud, 2016, cat. 3, p. 490-493.
- Fritz Koreny, « Tree-man » (cat. 47), in Pilar Silva Maroto, Bosch : The 5th Centenary Exhibition, Madrid, 2016, p. 348-350.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Notice de la base de données de l'Albertina (consultée le ).
- Fiche dans la base de données du Rijksbureau voor Kunsthistorische Documentatie (consultée le ).