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Jean Vincent de Crozals

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Jean Vincent de Crozals
Jean Vincent de Crozals .
Naissance
Décès
(à 87 ans)
Antibes (France)
Nom de naissance
Jean Charles Vincent de Crozals
Nationalité
Activité
Maître
Mouvement
Œuvres principales
La Chimie, La Physique, Le Cheval mécanique, Le Haut lieu de la jeunesse, Centaure Ixion, L'Aile brisée, Madone
signature de Jean Vincent de Crozals
Signature

Jean Vincent de Crozals, né le à Toulouse et mort le à Antibes, est un sculpteur et peintre français.

Ses sculptures et peintures font l'objet de nombreuses commandes d'État, de l'Église et de collections privées en France et à l'étranger.

Jean Vincent de Crozals est né le à Toulouse. Après une jeunesse dans le Sud de la France et en Tunisie où il a aussi passé son service militaire dans le cadre de la campagne de Tunisie (1942-1943), l’autodidacte se fixe à Vence fin 1945[1] pour y travailler comme artiste.

Il y fait la connaissance de sa première épouse Annelies Nelck (1925-2014), elle-même artiste peintre sous le pseudonyme d’« Anatole ».

Henri Matisse, Jean Vincent de Crozals et Annelies Nelck dans les jardins de la villa La Jonque à Vence en 1953.

En 1949, Henri Matisse demande à Jean Vincent de Crozals de lui servir de modèle pour les peintures du Christ de la chapelle du rosaire de Vence[2]. Avec son physique mince, musclé, la peau mate et le visage passionné aux traits fins, Crozals est prédestiné à cette tâche. Étant très croyant et ayant une intuition exceptionnelle, il peut s’identifier à tout ce qui le touche fortement et Matisse s’en aperçoit vite[3].

Jean Vincent de Crozals et Henri Laurens (à gauche) vers 1950.

Henri Matisse et Henri Laurens, que celui-ci rencontre par le biais de Matisse, ont fortement impressionné l'artiste et considérablement influencé son travail. Après une période de sculptures en terre cuite et en bois, Crozals crée des sculptures en aluminium ainsi qu'en fer forgé galvanisé qui suscitent un grand intérêt.

Jean Vincent de Crozals, Anatole Nelck et Marc Chagall (de droite à gauche) en 1951.

Marc Chagall engage Jean Vincent de Crozals de 1950 à 1951 à Vence pour la réalisation de divers travaux de céramiques[4].

Jean Vincent de Crozals, Jean Dubuffet (à droite) et épouse Dubuffet à la villa Gaudissart en 1964.

De 1958 à 1971, Jean Vincent de Crozals réalise régulièrement des travaux de sculptures et de peintures pour Jean Dubuffet à Paris. Ils nouent une étroite amitié accompagnée par de nombreux échanges d'analyses sur leurs arts respectifs[5]. En 1964, Jean Dubuffet invite Crozals à devenir membre de la Compagnie de l’art brut dont il est le président[6].

En 1974, Jean Vincent de Crozals s'installe dans la commune de Nörvenich en Allemagne avec sa deuxième épouse Hannelore Micknass et leurs deux fils Cyrille et Jean Marie de Crozals[7]. Après avoir travaillé à Vence surtout avec la terre cuite, le bois, la pierre, le fer et l'aluminium commence alors une nouvelle phase pour l'artiste avec une importance pour le bronze et le papier mâché.

Villa Gaudissart, l'atelier de l'artiste en 1960.

Son lien avec le Sud de la France étant très étroit, Jean Vincent de Crozals voyage régulièrement dans sa résidence à Vence pour y travailler dans son atelier et organiser des expositions de ses œuvres en France. Vers la fin de ses jours, Crozals retourne de façon définitive à Vence. Il meurt le à Antibes.

Comme il l’a demandé, les cendres de Jean Vincent de Crozals ont été dispersées au pied d’un pin maritime dans le jardin du souvenir du crématorium de Nice[8].

Les matériaux que Jean Vincent de Crozals utilise pour ses sculptures sont la terre cuite[9], le bois[10], la pierre, le béton armé[11], le fer[12], le cuivre[13], l’aluminium[14], le bronze[15] et le papier mâché[16]. Pour ses dessins l'artiste utilise la gouache et l’encre de Chine[17].

Dans son œuvre hiératique et silencieuse, c’est toujours la nature et le temps qui s’assurent la maîtrise. Elle conserve du minéral ou du végétal ce qui fut autrefois entièrement défini, et ne concerne plus que les rythmes et tensions essentiels que l’érosion et les vents ont épargnés. Sa recherche tend à conserver dans un dépouillement médité ces signes et forces de résistance qui permettent au spectateur de retrouver, dans cette œuvre érodée, sa lointaine origine[18].

Jean Vincent de Crozals décrit le fondement de son travail ainsi :

« Cette usure silencieuse du temps qui travaille les matériaux, ces fascinantes erosions, ont toujours attiré mon attention – ne laissant d’eux qu’un essentiel qui si profondément les caractérise. Se fait alors ce silence où l’esprit recrée ce qui fut effacé et uni tout ensemble sur ce reste et le temps et la forme. Sols érodés sous le soleil de Méditerranée, calcaires usés jadis par les eaux des glaciers, troncs d’arbres desséchés ou brûlés de foudres, ont été pour moi visions familières et révélatrices. Et me venait le besoin de faire des œuvres elles-mêmes comme érodées. Sculptures issues des temps révolus. Espaces et silences traversés de pluies et de vents de sable. Derrière cette usure mes personnages sont thaumaturges, sois hiératiques ou cavaliers. Graves et immobiles. Témoins de hautes époques révolues. Tôles de fer ou plaques de cuivre, embouties, martelées, cannelées profondément, soudées entre elles, m’ont permis plus que tout autre matériau à recréer ce type de volume et de surface. La lenteur et la force de travail de forge me permettaient bien cette transposition. Je voulais sur la sculpture qu’usure et rythme rappellent ceux de la terre sous l’empire de ses éléments. C’est dans cette aventure de l’imaginaire que je me lançais en entrant dans ces terres fabuleuses… »

— catalogue Castel des Arts, 17 avril au 30 juin 1989, exposition collective organisée par l’association Le groupe Quartz (Alain Pruvost), Arts et Vie (Mathieu Mattei), Vallauris, 1989, np.

Les œuvres de Jean Vincent de Crozals font souvent l'objet de commandes de l'État et de l'Église et sont conservées, entre autres, à Paris au musée national d'Art moderne, à Moscou au musée Pouchkine et dans la cathédrale de la Nativité-de-Marie de Vence, ainsi que dans de nombreuses collections privées en France, Allemagne, Suède, Grande-Bretagne et aux États-Unis[19].

Liste des œuvres

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Madone (1953), bois d'eucalyptus, 122 × 33 cm.
  • Madone, 1953, bois d’eucalyptus122 × 33 cm, commande de l’Église, cathédrale de la Nativité-de-Marie de Vence[20].
  • Taureau, 1955, fer forgé, commande d’État, Paris, musée national d'Art moderne[21].
  • Illustration du livre On a crevé le paravent d’Henri Pevel aux Éditions Pierre Seghers, Paris, 1957[22].
  • Illustration du livre Le balayeur promu d’Henri Pevel aux Éditions Pierre Seghers, Paris, 1960[23].
  • Bas-relief en fer forgé galvanisé, 1961, 240 × 180 cm), commande d’État,ministère de l'Éducation nationale, pour le collège technique de Marseille (Centre d’apprentissage Roger Salengro)[24].
Le Cheval mécanique (1962), fer forgé galvanisé, 210 × 275 cm.
  • Le Cheval mécanique (1962), fer forgé galvanisé, 210 × 275 cm, commande d’État, ministère de l'Éducation nationale, pour le Collège technique de Nice (collège Les Eucalyptus)[25].
La Chimie (1963), fer forgé galvanisé, 3,50 m.
  • La Chimie, 1963, statue de fer forgé galvanisé, 3,50 m, commande d’État, ministère des Arts et Lettres, pour la faculté des sciences de Nice[26].
La Physique (1964), cuivre et bronze, 3,50 m.
  • La Physique (1964), cuivre et bronze, 3,50 m, commande d’État, ministère des Arts et Lettres, pour la faculté des sciences de Nice[27].
  • Le Haut lieu de la jeunesse, 1973, statue de fer forgé galvanisé, 2,10 m, commande d’État, C.E.S. de Cagnes-sur-mer (collège Jules Verne)[28].
Le Sanglier (1960), gouache, Collection de l'art brut, Lausanne (Suisse).
  • Le Sanglier, 1960, gouache et encre de Chine, une de 15 œuvres achetées par Jean Dubuffet et données au musée suisse Collection de l'art brut à Lausanne en 1976[29].
Fontaine de Nörvenich (1981), bronze et pierre.
  • Fontaine, 1981, commande d’État, commune de Nörvenich (Allemagne)[30].
Christ (1987), Nörvenich, fer forgé galvanisé, 3,25 m.
  • Christ (1987), fer forgé galvanisé, 3,25 m, commande d’État, commune de Nörvenich (Allemagne)[31].
Le Roi et la reine (1994), gouache, Moscou, musée Pouchkine.
Visage du Christ (vers 1954), bois d’olivier, 66 × 46 cm, église St. Maternus de Trèves (Allemagne).
  • Visage du Christ, vers 1954, bois d’olivier, 66 × 46 cm, commande de l’Église, église St. Maternus de Trèves (Allemagne). 
  • Icare, 1970, fer forgé galvanisée, 109 × 90 cm), prêt permanent, base aérienne de Nörvenich, escadre tactique des forces aériennes 31 Boelcke.

Expositions

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Notes et références

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  1. Catalogue de l’exposition Creatura du Museum am Ostwall, Dortmund (Allemagne) de 1963, page 95.
  2. Sœur Jacques-Marie, Henri Matisse : La chapelle de Vence, Nice, Grégoire Gardette Editions, , 184 p. (ISBN 2-909767-00-0), p. 82.
  3. Annelies Nelck et Henri Matisse, L'olivier du rêve : Matisse à Vence : témoignage, Nice, A. Nelck, , 183 p. (ISBN 978-2-9512982-0-0, OCLC 270993467), p. 154. « Henri Matisse – Nice et Vence 1917-1954 », Alex Benvenuto, 2016, (ISBN 9782864106265), p. 65-66.
  4. Crozals 2010, p. 127.
  5. Jean Dubuffet, Biographie au pas de course, Paris, Gallimard, , 125 p. (ISBN 978-2-07-076277-4), p. 76-77.
  6. Crozals 2010, p. 128.
  7. a et b (de) Kunst und Künstler im Dürener Raum, Tolbiac, , 80 p. (ISBN 3-923399-09-X), p. 23-24.
  8. Crématorium de Nice, Vallon du Roguez, RD 6202, F-06670 Colomars.
  9. Crozals 2010, p. 121
  10. Crozals 2010, p. 113-119.
  11. Crozals 2010, p. 123-125.
  12. Crozals 2010, p. 14-90.
  13. Crozals 2010, p. 24-25, 83, 87.
  14. Crozals 2010, p. 4-13.
  15. Crozals 2010, p. 106-112.
  16. Crozals 2010, p. 91-94.
  17. Crozals 2010, p. 95-105.
  18. Description des œuvres de l’artiste pour l’exposition Des sculptures et des gares du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’azur en 1983 (Crozals 2010, p. 3).
  19. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj ak al am an ao ap aq ar as at au av aw et ax Crozals 2010, p. 127-129.
  20. Crozals 2010, p. 119, 127-129 ; « Matisse à Vence - L'olivier du rêve », témoignage d’Annelies Nelck (1998, (ISBN 978-2-95-129820-0)), page 144.
  21. « https://www.centrepompidou.fr/cpv/ressource.action?param.id=FR_R-f8a13e8caf18202cb8010b81252d460&param.idSource=FR_O-f91621e2cff69f33ec196249ac89a6b ».Crozals 2010, p. 127-129.
  22. BNF 32524040
  23. BNF 33134533
  24. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/visionneuseUD.action?udId=d_37&formCaller=GENERALISTE&irId=FRAN_IR_015069 » ; Crozals 2010, p. 127-129.
  25. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/visionneuseUD.action?udId=d_38&formCaller=GENERALISTE&irId=FRAN_IR_015069 » ; Article de journal, Nice Matin 27.06.1965 ; Crozals 2010, p. 28, 127-129.
  26. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/visionneuseUD.action?udId=d_38&formCaller=GENERALISTE&irId=FRAN_IR_015069 » ; Crozals 2010, p. 30-31, 127-129.
  27. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/visionneuseUD.action?udId=d_38&formCaller=GENERALISTE&irId=FRAN_IR_015069 » ; Crozals 2010, p. 24-25, 127-129 ; Dominique Laredo, « D’une villégiature aristocratique à un campus scientifique : Valrose, siège de l’Université Nice Sophia Antipolis et de la Faculté des Sciences », In Situ. Revue des patrimoines,‎ (ISSN 1630-7305, DOI 10.4000/insitu.9949, lire en ligne, consulté le )
  28. Article de journal, Nice Matin, 20.01.1974 ; Crozals 2010, p. 40-41, 127-129.
  29. « Bases de données patrimoniales de Suisse romande » (consulté le ).
  30. Crozals 2010, p. 108, 127-129. ; Article de journal, Neues Rheinland, no. 1 - janvier 1982, p. 23; Article de journal, Dürener Zeitung 07.11.1981 ; Article de journal, Dürener Nachrichten 07.11.1981.
  31. Crozals 2010, p. 88-89, 127-129 ; Article de journal, Dürener Zeitung 19.06.1987.
  32. Catalogue de l’exposition Creatura du Museum am Ostwall, Dortmund (Allemagne) de 1963, page 15 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  33. Catalogue de l’exposition La musique et la danse, Palais de la Méditerranée à Nice, 29.11.1963-28.02.1964, p. 12 et 14 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  34. Crozals 2010, p. 127-129 ; Catalogue du Musée de Saint-Paul-de-Vence, première exposition des peintres et sculpteurs de l'école de Saint-Paul-de-Vence, 16.05.-05.06.1964, p. 31.
  35. a b c et d Crozals 2010, p. 127-129
  36. Articles du journal Nice Matin, 4 août 1971 et 12 août 1971 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  37. Article de journal, Nice Matin 08.06.1972; Crozals 2010, p. 127-129.
  38. Crozals 2010, p. 127-129 ; Catalogue du 23e festival, salon international d'arts plastiques, de la Ville de Toulon, 26.06.-31.08.1973, p. 22
  39. Article de journal, Nice Matin, 31.08.1973 Crozals 2010, p. 127-129.
  40. Article de journal, Nice Matin, 27.06.1975 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  41. Article de journal, Nice Matin, 06.08.1982 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  42. Crozals 2010, p. 127-129 ; catalogue exposition Schwerpunktthema Frankreich, Meckenheim (Allemagne), 20.09.-22.12.1982, p. 30-31
  43. Article de journal, Nice Matin, 26.05.1983 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  44. Affiche de l'exposition Des sculptures et des gares, 28.05.-05.06.1983
  45. Article de journal, Welt am Sonntag, 34/1985 ; Crozals 2010, p. 127-129.
  46. Crozals 2010, p. 127-129 ; Catalogue 4e rencontre des artistes contemporains à Cannes, 02.-30.09.1986, p. 7
  47. Article de journal, Nice Matin, 23.08.1988 ; Crozals 2010, p. 127-129 ; catalogue 6e rencontre des artistes contemporains à Cannes, 19.08.-21.09.1988, p. 18 et 29
  48. Podcast Journal, « VENCE - Dixième édition de « l’Art en place/s » » (consulté le ) ; « L' ART EN PLACE/S », sur www.lartenplaces.fr (consulté le )
  49. Article de journal, Nice Matin, 09.08.2013 ; « Jean-Vincent de Crozals », sur www.nicematin.com (consulté le )
  50. « http://www.nicematin.com/sortir/agenda/1373824/photos »
  51. « Exposition "Matisse et Vence - l'émotion pure" » (consulté le )

Bibliographie

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Liens externes

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