Grassland (Cameroun)
Le Grassland est la vaste région de savane des hauts plateaux volcaniques située dans l’ouest du Cameroun, étalé sur les régions du Nord-Ouest et de l'Ouest. Elle est appelée, selon les circonstances, Grassland, hauts plateaux de l'ouest[1], « savane camerounaise » ou même parfois « Grassfields ».
Cette zone est très peuplée : un tiers de la population camerounaise y vit[2], soit plus de 5 millions de personnes. Plusieurs chefferies de la région ont produit des œuvres d'art remarquables et souvent imposantes.
Selon les vues actuelles, le Grassland est la terre d'origine des peuples agricoles de langues bantoues qui au cours des 3 millénaires av. J.-C. coloniseront l'Afrique Australe lors de l'expansion bantoue, aux dépens de populations pastorales ou de chasseurs-cueilleurs comme les Khoïsan.
Géographie
[modifier | modifier le code]L’altitude de ces plateaux se situe entre 1 000 et 1 800 mètres, dans le prolongement du mont Cameroun. Ils sont dominés par des sommets tels que le Bamboutos, le mont Manengouba et le mont Oku, d’une altitude supérieure à 2 000 mètres.
La terre y est fertile et a favorisé la production à grande échelle de café, de cacao ou de thé, parfois aux dépens des cultures vivrières nécessaire à une population de plus en plus nombreuse. La faune sauvage et le couvert forestier ont également fait les frais de cette expansion.
C’est dans cette région que se produisit en 1986 l’éruption limnique du lac Nyos — une explosion naturelle de gaz — qui fit près de 1 700 victimes dans les villages environnants.
Histoire
[modifier | modifier le code]Les fouilles archéologiques ont démontré que cette région a été habitée de manière ininterrompue par des populations de chasseurs depuis le Néolithique, au Ve millénaire av. J.-C. Selon les travaux de J. P. Warnier et N. R. Asombang, certains groupes y auraient déjà vécu il y a plus de 10 000 ans av. J.-C.[3]. Ce serait le foyer d'origine des Bantous, depuis lequel ils commencèrent à se répandre vers le sud du continent il y a 5 000 ans[4],[5].
Culture
[modifier | modifier le code]Les expressions artistiques de cette région — architecture palatiale, objets perlés — sont largement reconnues, surtout celles des Bamilékés, mais les contributions d’autres groupes ethniques tels que les Bamouns ou les Tikar, sont également significatives.
Faune
[modifier | modifier le code]On compte plusieurs oiseaux chanteurs notamment répartis à travers le Grassland : le bulbul concolore, le bulbul à ventre jaune, le bulbul à gorge grise, le bulbul olivâtre le cossyphe d'Isabel, le poliolaïs à queue blanche, la prinia verte, le souimanga à tête bleue ou le zostérops du Cameroun.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Hauts plateaux de l'ouest », Irad
- « Les arts du Grassland camerounais », sur detoursdesmondes.typepad.com, Détours des Mondes, (consulté le )
- Louis Perrois et Jean-Paul Notué, Rois et sculpteurs de l'Ouest Cameroun : la panthère et la mygale, Karthala, (ISBN 9782865377442), p. 18-19
- Jan Vansina, « Le phénomène bantou et les savants », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 65, no 241, , p. 543-551 (DOI 10.3406/outre.1978.2151, lire en ligne, consulté le )
- Philippe Lavacher, « Le peuplement des grassfields : recherche archéologique dans l'ouest du Cameroun », Afrika Focus, vol. 14, no 1, , p. 17-36 (p. 32-33) (lire en ligne [PDF])
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (de) « Kunsthandel im Traditionellen Afrika : das Grasland von Kamerun », in Kunst? Handwerk in Afrika im Wandel, Museum für Völkerkunde, Francfort-sur-le-Main, 1975, p. 62-71
- Franck Beuvier, « La figure du « cadet » Grassfields », Cahiers d'études africaines, no 237, , p. 31–61 (ISSN 0008-0055, DOI 10.4000/etudesafricaines.28900, lire en ligne).
- (en) J. N. Dah, A Century of Christianity in the Grassland of Cameroon, 1903-2003, Église presbytérienne camerounaise, 2003
- (en) Miriam Goheen, Men Own The Fields, Women Own The Crops: Gender And Power In The Cameroon Grassfields, University of Wisconsin Press, 1996, 280 p. (ISBN 978-0299146702)
- Pierre Harter, « L'art des tribus du grassland camerounais », Cameroun : arts et cultures des peuples de l'ouest, Musée d'Ethnographie, Genève, 1980, p. 37-39
- (de) Wolfgang Lauber, Paläste und Gehöfte im Grasland von Kamerun : traditionelle Holzarchitektur eines westafrikanischen Landes, Karl Krämer & Co. Verlag, Zurich, 1990, 84 p. (ISBN 3-7828-1494-0)
- Bernard Nantet, « Grassland » in Dictionnaire de l’Afrique. Histoire, civilisation, actualité, Larousse, éd. 2006, p. 146 (ISBN 2-03-582658-6)
- (en) Agnès Ngoh Nzuh, Tales from the grassland and the forest, Éditions CLE, Yaounde, 1997, 131 p.
- Louis Perrois (et al.), Les rois sculpteurs : art et pouvoir dans le grassland camerounais. Legs Pierre Harter, Musée national des arts africains et océaniens, Réunion des musées nationaux, 1993, 223 p. (ISBN 9782711827923)
- (de) A. Rein-Wuhrmann, Vier Jahre im Grasland von Kamerun, Bâle (Suisse), 1917
- (en) Meredith Terretta, Nation of Outlaws, State of Violence: Nationalism, Grassfields Tradition, and State Building in Cameroon, Athens, Ohio University Press, , 368 p. (ISBN 978-0-8214-2069-0, lire en ligne).
- Samuel Yonkeu, Végétation des pâturages de l'Adamaoua (Cameroun) : écologie et potentialités, Université de Rennes 1, 1993, 235 p. (thèse)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Cameroon Grasslands Information (Art & Life in Africa, Université de l'Iowa)
- Les arts du Grassland camerounais (Détours des Mondes)