Narration
Narration
Narration
Le récit
Histoire/récit : une distinction
nécessaire
Une histoire est la succession dans le
temps d’événements ou de faits relatifs
à un sujet particulier.
le récit (ou intrigue) est la mise dans
un ordre arbitraire ou non et spécifique
des faits d’une histoire.
La même histoire peut donc
connaître plusieurs récits différents.
• Les spécialistes s’accordent pour donner
deux définitions complémentaires du récit.
• l’une formelle : le récit est considéré
comme une représentation organisant
deux niveaux de séquentialité. Ce qui
correspond suivant les terminologies, aux
termes histoire-récit (Genette 1972), ou
raconté-racontant (Brémond 1973), ou
fabula-sujet (Tomachevski1965).
• l’autre pragmatique : elle repose
sur l’acceptabilité de la
représentation dans un contexte
interactif. Elle implique aussi les
notions de racontabilité et celle
d’intérêt.
1° Récit et histoire
• On oppose le récit à l’histoire.
Le récit est l’acte de raconter. C’est
en quelque sorte le contenant, les mots
dans un texte, les images dans un film.
L’histoire est le contenu, c’est ce que
raconte le récit.
• Le récit et l’histoire sont liés comme le
sont le recto et le verso d’une page ou
encore le côté pile et le côté face d’une
pièce. Mais, on va le voir, il peut être
pratique de les différencier.
• 2° Le temps du récit et le temps
de l’histoire
Dans un texte ou dans tout autre
genre de support, le temps est
double : il y a le temps du récit et le
temps de l’histoire. Leur
agencement détermine généralement
la chronologie du récit.
LA SYNTAXE NARRATIVE
• On peut étudier la syntaxe d'un récit comme
celle d'une phrase. Tout récit enchaîne les uns
aux autres des actes humains, des événements
et des situations. Certains de ces éléments ont
une importance singulière dans la logique du
récit et forment des phases essentielles de son
développement. On peut distinguer ainsi les
séquences cardinales des séquences
secondaires, ornementales, qu'on peut
supprimer sans modifier le sens du récit de base
• SCHEMA NARRATIF : (appliqué sur la Belle au bois dormant)
1 2 3 4 5
équilibre perturbation déséquilibre action rétablisseme
initial réparatrice nt de
l'équilibre
bonheur jalousie maléfice arrivée du levée du
d'une d'une fée sommeil de prince sortilège etc.
princesse et 100 ans charmant
de sa famille
• Ce type d'analyse, souvent appelé schéma
narratif ou quinaire, a été utilisé d'abord pour
décrire la structure élémentaire des contes ;
c'est un type de schéma narratif, c'est-à-dire
de construction du récit.
• Commentaires :
• situation initiale : au début, on met en place
l’histoire (cadre, moment, lieu, personnages) et un état
stable pour les personnages est souvent posé ;
quelquefois le récit peut correspondre à une prise de
conscience avec le constat liminaire d'un manque,
d'une carence à combler.
• perturbation : un élément nouveau introduit une
instabilité ; il déclenche le début d’un processus de
transformation. Il y a une complication.
• déséquilibre : dynamique en rupture avec l’équilibre
initial.
• • tentative de réparation (ou résolution du
problème, actions réparatrices) : moyens
utilisés par les personnages pour essayer de
résoudre le déséquilibre. Plusieurs tentatives
s'avèrent parfois nécessaires.
• • situation finale : le texte se clôt avec la
construction d’un nouvel équilibre ou un retour
à l’équilibre initial…A la fin, on peut aussi
obtenir un autre équilibre mais l'issue d'un récit
n’est pas toujours heureuse et optimisme ;
parfois le récit se clôt sur un échec du héros et
non sur l'habituel "happy end", cher au lecteur
naïf. On peut évoquer ainsi L'éducation
sentimentale et Madame Bovary de Flaubert,
les Illusions perdues de Balzac, voire le petit «
Chaperon Rouge » de Perrault.
Le récit : histoire et
discours
L'histoire est un énoncé.
Emile Benveniste fait ces constats pour ce
mode d'énonciation : « Les événements sont
posés comme ils se sont produits à mesure
qu'ils apparaissent à l'horizon de l'histoire.
Personne ne parle ici ; les événements
semblent se raconter eux-mêmes. Le temps
fondamental est l'aoriste, qui est le temps de
l'événement hors de la personne du
narrateur. » (Problèmes de linguistique
générale p.241
• Les indices formels de l'histoire ou récit
sont multiples :
- 3ème personne,
- système temporel : passé simple
(aoriste), parfois imparfait, plus-que-parfait
et passé antérieur,
- adverbe : là, c.c.t. comme ce jour-là, la
veille, le lendemain...
• Le discours (= énonciation discours) : Le discours est
tout énoncé, faisant apparaitre l'énonciation, supposant
un émetteur et un récepteur.
• Les indices formels du discours :
MOI - ICI - MAINTENANT en constituent le cadre
essentiel.
- 1ère et 2ème personne,
- tous les temps (sauf aoriste), mais surtout le
présent, le futur, le passé composé ;
- adverbes et c.c.t. "relatifs" comme aujourd'hui,
hier, demain... ou ici
- mots avec sèmes évaluatifs, émotifs ou
modalisants (peut-être
Dans un récit littéraire, on
trouve donc aussi du discours :
1. celui des personnages : la
ponctuation : deux points et
guillemets, tirets. On rencontre
la forme de présentation du
dialogue.
• 2. celui de l'auteur / narrateur : il
commente le récit
• LE DISCOURS RAPPORTE
• Le français possède trois manières d'intégrer et
reproduire un discours ou un fragment de
discours dans un premier énoncé ; on peut
aussi associer le discours narrativisé.
• - le discours direct :
Les élèves dans la cour, rangés pour nous
laisser passer, chuchotaient: "Oh ! un
nouveau ! un nouveau !" A. Gide, Si le grain
ne meurt
- le discours indirect :
Le professeur, M. Vedel, enseignait aux élèves qu'il y a
parfois dans les langues plusieurs mots qui,
indifféremment, peuvent désigner un même objet, et
qu'on les nomme alors des synonymes.
André Gide, Si le grain ne meurt
- le discours indirect libre :
Coupeau, lui aussi, ne comprenait pas qu'on pût avaler
de pleins verres d'eau-de-vie. Une prune par-ci, par-là,
ça n'était pas mauvais. Quant au vitriol, à l'absinthe et
aux autres cochonneries, bonsoir ! il n'en fallait pas.
Emile Zola, L'Assommoir
- le discours narrativisé :
Et elle se leva. Coupeau, qui approuvait vivement
ses souhaits, était déjà debout, s'inquiétant de
l'heure. Mais ils ne sortirent pas tout de suite ; elle
eut la curiosité d'aller regarder, au fond, derrière
la barrière de chêne, le grand alambic de cuivre
rouge, qui fonctionnait sous le vitrage clair de la
petite cour ; et le zingueur, qui l'avait suivie, lui
expliqua comment ça marchait, indiquant du doigt
les différentes pièces de l'appareil, montrant
l'énorme cornue d'où tombait un filet limpide
d'alcool. Emile Zola, L'Assommoir
• LE DISCOURS DIRECT
Les paroles sont rapportées intégralement, sans
subir de modification. Par exemple :
« Ah bien ! murmura-t-elle, en voilà trois qui
ont un fameux poil dans la main !
– Tiens, dit Coupeau, je le connais, le grand ;
c'est Mes-Bottes, un camarade.»
Emile Zola, L'Assommoir
• L’introduction du discours direct dans un récit
amène une rupture qui se marque en général par
divers indices.
- Présence de signes typographiques
spécifiques : deux points, guillemets, tirets pour
les répliques, les changements de locuteur..
- Des changements de temps et de personnes :
passage de l’énoncé historique ou récit au
discours.
• - La citation est attribuée à son propre
énonciateur par l’intermédiaire d’un verbe
introducteur. Ce verbe peut être passe-partout,
neutre comme dire, ou ajouter des
informations diverses comme hurler, beugler,
bredouiller, murmurer, prétendre. Le discours
direct tente de restituer fidèlement la vivacité,
l’expressivité du propos rapporté.
• LE DISCOURS INDIRECT
Un énoncé est reproduit dans un
premier énoncé, le texte d'accueil ;
le locuteur ou énonciateur du
discours rapporté n'est pas le même,
il s'agit d'un tiers ou alors il y a un
décalage du genre : « Je vous disais
que je…»
• Les paroles rapportées sont contenues
dans des propositions subordonnées
introduites par un système du type : «
dire + que ».
Le message reproduit est quelque peu
modifié :
les coordonnées de la situation de
communication sont, en effet, changées
pour les personnes, les temps verbaux, le
mode, les déictiques de temps et lieu.
• LE DISCOURS INDIRECT LIBRE
C'est un style intermédiaire entre le discours
direct et le discours indirect qui supprime
l'élément introducteur mais le décalage des
coordonnées est conservé.
La ponctuation n'est plus celle du discours
indirect : les modalités interrogatives,
exclamatives en particulier sont maintenues.
Pour arriver le discours indirect libre a besoin
d'un contexte introducteur qui prépare sa
venue.
• - Il se demandait s'il viendrait. - Il méditait en
lui-même : viendrait-il ?
- Emile songea qu'il fallait faire le déplacement.
Mais il n'avait pas encore choisi le moment. La
semaine prochaine ? Pourquoi pas ? Pourvu
qu'il n' y ait pas trop de monde sur les routes !
Il verrait bien ! Il téléphona : « J'arriverai mardi
midi. »
VALEURS & EFFETS
• Le discours direct authentifie la citation : il se
veut plus objectif. Mais, en fait, il faut songer
quil y a bien une modification du propos due à
la sélection, au contexte d’insertion...
• Le discours indirect permet souvent une mise
à distance, un décalage, plus ou moins
important, entre le locuteur et le sujet du
discours rapporté
Le discours indirect libre
• permet de varier l'écriture, d'alléger le texte. Il
amène une certaine fusion entre le point de vue du
narrateur et celui d'un personnage dans un roman ;
il est alors difficile de délimiter la source de
l'énonciation comme on l’observe chez Zola ou
Flaubert.
• L'usage du discours narrativisé permet de ne
garder que l'essentiel des propos échangés, sans
ralentir le rythme de la narration. Le lecteur peut
imaginer la conversation résumée et suggérée
comme il l'entend. Le contexte aide souvent à
comprendre le contenu évoqué.
Discours Histoire
Première personne
Personnes
Deuxième personne
Troisième personne Troisième personne
• Distinction : auteur/narrateur/personnages
lecteur/narrataire
• Positions : On peut constater ainsi divers cas de figures dans les textes
concernant la position du narrateur :