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Polynômes (1)
1 Définitions
et où par définition on a
n
� m
�
ak X k = bk X k ⇐⇒ ∀ k = 0, . . . , max(n, m), ak = bk ,
k=0 k=0
Remarques.
1. On a bien�nsûr K ⊂ K[X], puisque si�a ∈ K, on a a = aX 0 .
2. Si P = k=0 ak X k , on a aussi P = m k=0 ak X si m ⩾ n, et ak = 0 pour k > n.
k
3. Attention : on ne peut pas donner de valeur à X. C’est une notation formelle pour repérer la
position du coefficient ak . Toute écriture du type X = 2 est à bannir.
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H. Thys, MP2I du lycée Victor Hugo de Besançon
ak �= 0 et ∀ j = k + 1, . . . , n, aj = 0,
Proposition 1.4 n
�
Soit P = ak X k ∈ K[X]. Alors :
k=0
1. deg(P ) ⩽ n.
2. deg(P ) = n si et seulement si an �= 0.
Proposition 1.5
Les polynômes de degré 0 sont les polynômes constants non nuls.
Remarques.
1. On voit par la définition que si d est le degré d’un polynôme P , on a
d
� n
�
k
P = ak X = ak X k
k=0 k=0
1 + 3X 2 − 7X 5 = 1 + 3X 2 − 7X 5 + 0.X 6 + 0.X 7 .
On note parfois
+∞
� �
P = ak X k = ak X k .
k=0 k
avec ak = 0 pour k > d. Cette notation est très utile lorsqu’on ne veut pas introduire le degré d’un
polynôme.
2. On peut bien entendu utiliser Y , T , .. comme notation pour l’indéterminée.
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H. Thys, MP2I du lycée Victor Hugo de Besançon
3. Un polynôme et une fonction polynomiale, ce n’est pas tout à fait la même chose. On verra qu’en
sup (i.e. si K = R ou K = C), on pourra confondre les deux, mais ce n’est pas le cas si le corps K
contient un nombre fini d’éléments.
4. On peut construire l’ensemble des polynômes comme l’ensemble des suites nulles à partir d’un
certain rang, avec X = (0, 1, 0, 0, . . . ).
Remarques.
1. Il n’y a aucune raison pour que n soit le degré de P , ou m le degré de Q. Cela n’a aucune
importance.
2. Pour obtenir un X k dans un produit, on multiplie un X i par un X j tels que i + j = k.
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H. Thys, MP2I du lycée Victor Hugo de Besançon
Proposition 1.9
Soient P, Q ∈ K[X]. Alors
1. deg(P Q) = deg(P ) + deg(Q) (somme dans R).
Corollaire 1.10
Soit P ∈ K[X], P �= 0, et n ∈ N. Alors deg(P n ) = n deg(P ).
Corollaire 1.11
Soit n ∈ N∗ et P1 , . . . , Pn ∈ K[X]. Alors deg(P1 + · · · + Pn ) ⩽ max(deg(P1 ), . . . , deg(Pn )).
Proposition 1.12
1. L’anneau K[X] est intègre, i.e. si P, Q sont deux polynômes, on a
P Q = 0 =⇒ P = 0 ou Q = 0,
ou encore le produit de deux polynômes non nul est non nul.
2. Les éléments inversibles de K[X] sont les polynômes constants non nuls.
Définition 1.13
Soient P, Q ∈ K[X]. On définit le polynôme composé P ◦ Q par
� �
P ◦ Q = P (Q(X)) = ak Qk si P = ak X k .
k k
Proposition 1.14
Soient A, B, R ∈ K[X]. Alors (A ◦ R) × (B ◦ R) = (AB) ◦ R et (A + B) ◦ R = A ◦ R + B ◦ R.
Proposition 1.15
Soient A, B ∈ K[X] avec B non constant. Alors deg(A ◦ B) = deg(A) deg(B).
2 Division euclidienne
Définition 2.1 (Diviseurs, multiples)
Le polynôme A divise B s’il existe un polynôme D tel que
B = AD, noté A|B.
Le polynôme B est alors un multiple de A et A un diviseur de B.
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Définition 2.2
Les polynômes A et B sont associés s’il existe λ ∈ K ∗ tel que A = λB, et on note A ∼ B.
Proposition 2.3
Soient A et B deux polynômes. Si A|B et si B �= 0, alors deg(A) ⩽ deg(B).
Proposition 2.4
Deux polynômes A et B sont associés si et seulement si A divise B et B divise A.
Proposition 2.6
Un polynôme A �= 0 divise un polynôme B si et seulement le reste de la division euclidienne de B
par A est nul.
Méthode 2.7
Si a ∈ K, on a pour tout polynôme P
P = (X − a)Q + b,
où b ∈ K puisque le reste dans la division par X − a doit être de degré nul ou −∞. En évaluant
l’égalité en a, on obtient b = P (a) .
3 Polynôme dérivé
Dans ce §, K ⊂ C, donc Q ⊂ K.
où P (0) = P .
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Proposition 3.2
Soient P, Q ∈ K[X] et λ, µ ∈ K.
1. (λP + µQ)′ = λP ′ + µQ′ .
2. (P Q)′ = P ′ Q + P Q′ .
Proposition 3.3
Pour p, n ∈ N, on a �
n (p)
n!
(n−p)!
X n−p si n ⩾ p
(X ) =
0 sinon.
Proposition 3.4
Soient P, Q ∈ K[X] et λ, µ ∈ K.
1. P ′ = 0 si et seulement si P est constant.
En particulier, on a (P Q)′ = P ′ Q + P Q′ .
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Si α ∈ K, on note
n
�
P (α) = P�(α) = ak α k .
k=0
Proposition 4.2
Si P, Q sont des polynômes et λ, µ ∈ K, on a
�
P � et λP�
Q = P�Q + µQ = λP� + µQ.
�
+∞ deg(P )
� P (k) (a) � P (k) (a)
P (X) = (X − a)k = (X − a)k ,
k=0
k! k=0
k!
ou encore
+∞
� P (k) (a)
P (X + a) = X k.
k=0
k!
Proposition 4.4 m
� P (k) (a)
Soit P ∈ K[X] et a ∈ K. Alors, pour tout m ⩾ deg(P ), on a P (X) = (X − a)k .
k=0
k!
Proposition 4.5 n
�
Soient n ∈ N, a ∈ K et (a0 , . . . , an ) ∈ K n+1 tels que ak (X − a)k = 0. Alors (a0 , . . . , an ) =
k=0
(0, . . . , 0).
+∞
� +∞
� n−1
�
P (k) (a) k n P (k) (a) k−n P (k) (a)
P (X) = (X − a) = (X − a) (X − a) + (X − a)k .
k=0
k! k=n
k! k=0
k!
Proposition 4.8
Soient A et B deux polynômes et a ∈ K une racine de A. Si A|B, alors a est une racine de B.
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Proposition 4.9
Soit P ∈ K[X] et α ∈ K. Alors α est une racine de P si et seulement si
X − α|P.
Proposition 4.10
Soit P ∈ K[X] et α1 , . . . , αn ∈ K des scalaires deux à deux distincts. Alors les αi sont des racines
de P si et seulement si n
�
(X − αi )|P.
i=1
X − α|P.
Corollaire 4.11
Un polynôme de degré n ∈ N admet au plus n racines distinctes.
Méthode 4.12
On utilise souvent cette proposition par contraposée, pour montrer qu’un polynôme est nul.
1. Si un polynôme P vérifie deg(P ) ⩽ n, n ∈ N, et a au moins n + 1 racines distinctes, alors P = 0.
2. On peut mélanger avec une démonstration par l’absurde : soit P un polynôme, et on suppose
qu’il est non nul, et on note n ∈ N son degré. Si on montre qu’alors P a au moins n + 1 racines
distinctes, on aboutit à une contradiction.
Corollaire 4.13
Soit P un polynôme de degré n ∈ N admettant n racines deux à deux distinctes α1 , . . . , αn . Alors il
existe λ ∈ K ∗ tel que
�n
P = λ (X − αi ).
i=1
Proposition 4.14
Soient P ∈ K[X], a ∈ K et n ∈ N∗ . Les affirmations suivantes sont équivalentes :
1. (X − a)n divise P .
Proposition 4.15
Soient P ∈ K[X], a ∈ K et n ∈ N. Les affirmations suivantes sont équivalentes :
1. (X − a)n divise P et (X − a)n+1 ne divise pas P .
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H. Thys, MP2I du lycée Victor Hugo de Besançon
2. Un polynôme P admet a ∈ K comme racine d’ordre au moins n ∈ N∗ s’il admet a comme racine
d’ordre p ⩾ n, i.e. si les conditions de la proposition 4.14 sont vérifiées.
Remarque.
On peut prolonger cette définition à n = 0 : une racine d’ordre 0 n’est pas une racine.
Remarques.
1. Il y a donc deux manières de compter les racines : on compte les racines distinctes, où on les
compte avec leur ordre de multiplicité. L’exemple (X − 2)2 (X + 3)4 (X − 1) a 3 racines distinctes et
7 racines comptées avec leur ordre de multiplicité.
2. Une racine d’ordre n n’est pa une racine d’ordre p si p < n ou p > n.
3. Si a est une racine d’ordre exactement r de P , alors (X − a)s |P si et seulement si s ⩽ r. En effet,
(X − a)r+1 � |P .
2. Pour montrer que a est racine simple de P , on montre que P (a) = 0 et P ′ (a) �= 0, ou que X − a
divise P et (X − a)2 ne divise pas P .
Proposition 4.19
Soient P ∈ K[X], a ∈ K et n ∈ N∗ . Si a est racine d’ordre (exactement) n de P , alors a est racine
d’ordre (exactement) n − 1 de P ′ .
Remarque.
Attention, la réciproque est fausse. Par exemple si P = X 2 + 1, alors P ′ = 2X admet 0 comme racine
simple, mais 0 n’est pas racine double de P .
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Proposition 4.20
Soient a1 , . . . , an ∈ K des scalaires distincts deux à deux, et r1 , . . . , rn ∈ N∗ . Un polynôme P admet
ai comme racine d’ordre au moins ri (i = 1, . . . , n) si et seulement si
n
�
(X − ai )ri |P.
i=1
Corollaire 4.21
Un polynôme de degré n admet au plus n racines comptées avec leur ordre de multiplicité.
2. On peut mélanger avec une démonstration par l’absurde : soit P un polynôme, et on suppose
qu’il est non nul, et on note n ∈ N son degré. Si on montre qu’alors P a au moins n + 1 racines
comptées avec multiplicités, on aboutit à une contradiction.
3. Un polynôme qui admet une infinité de racines comptées avec multiplicités est nul.
Corollaire 4.23
Soient a1 , . . . , an ∈ K des scalaires distincts deux à deux, et r1 , . . . , rn ∈ N∗ . Un polynôme P de
degré r1 + · · · + rn admet les ai comme racine d’ordre ri (i = 1, . . . , n) si et seulement si
n
�
P =λ (X − ai )ri , λ ∈ K ∗.
i=1
ou encore s’il est est non constant et son nombre de racines avec multiplicité est égal à son degré.
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H. Thys, MP2I du lycée Victor Hugo de Besançon
Méthode 4.26
1. Soient A, B deux polynomes non nuls, tel que A soit scindé. Pour montrer que A|B, on peut
déterminer les racines de A ainsi que leur ordre de multiplicité. On vérifie qu’elles sont racines de B
avec un ordre supérieur ou égal.
2. Cas particulier des polynômes à coefficients complexes : ils sont tous scindés, donc on peut
appliquer le 1.
3. Cas particulier des polynômes à coefficients réels : si A, B ∈ R[X], on les considère comme des
polynômes à coefficients complexes. On appliques alors le 1 avec les racines (réelles et) complexes de
A.
Corollaire 5.2
Tout polynôme complexe non constant est scindé sur C.
Remarque.
FAUX pour les polynômes réels dans R : X 2 + 1 n’est pas scindé sur R.
Méthode 5.3
On peut appliquer la méthode 4.26 pour montrer que A|B, puisque si A ∈ C[X] est non constant, il
est scindé.
Méthode 5.4
Si A, B ∈ R[X], pour montrer que A|B, on peut appliquer la méthode 4.26 en considérant les racines
complexes de A.
Proposition 5.6
Soit P ∈ C[X] et z ∈ C. Alors P (z) = P (z).
Proposition 5.7
Soit P ∈ C[X] et k ∈ N. Alors P (k) = P .
(k)
Proposition 5.8
Soient P, Q ∈ C[X]. Alors P + Q = P + Q et P Q = P Q.
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Proposition 5.9
Si P ∈ C[X], on a P ∈ R[X] ⇐⇒ P = P .
Proposition 5.10
Soit P ∈ C[X] et a ∈ C. Alors a est une racine d’ordre r de P si et seulement si a est une racine
d’ordre r de P .
Corollaire 5.11
Soit P ∈ R[X] et a ∈ C. Alors a est une racine d’ordre r de P si et seulement si a est une racine
d’ordre r de P .
Proposition 5.12
Soit z ∈ C. Alors (X − z)(X − z) = X 2 − 2Re(z)X + |z|2 .
Proposition 6.2
Soit
n
�
P = ak X k
k=0
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un polynôme de degré n scindé sur K, et x1 , . . . , xn ses racines (non nécessairement distinctes). Alors
pour tout i = 1, . . . , n, on a �
σi = x k1 · · · x ki .
1⩽k1 <···<ki ⩽n
Proposition 7.1
Soient n ∈ N∗ , (x1 , . . . , xn ) ∈ K n deux à deux distincts, et (y1 , . . . , yn ) ∈ K n . Il existe un unique
polynôme P de degré ⩽ n − 1 tel que
∀ k = 1, . . . , n, P (xk ) = yk .
C’est le polynôme d’interpolation de Lagrange associé aux familles (xk )1⩽k⩽n et (yk )1⩽k⩽n .
Définition 7.2
Soit f est une fonction définie sur une partie de K, (xk )1⩽k⩽n une famille de scalaires deux à deux
distincts dans le domaine de définition de f , et yk = f (xk ) pour k = 1, . . . , n. Le polynôme de la
proposition 7.1 est le polynôme d’interpolation de Lagrange de f associé à la famille (xk )1⩽k⩽n .
Proposition 7.3
Soient n ∈ N∗ , (x1 , . . . , xn ) ∈ K n deux à deux distincts, et (y1 , . . . , yn ) ∈ K n . Soit P0 le polynôme
d’interpolation de Lagrange associé aux familles (xk )1⩽k⩽n et (yk )1⩽k⩽n . Les polynômes A ∈ K[X]
tels que
∀ k = 1, . . . , n, A(xk ) = yk
� n �
�
sont les polynômes P0 + (X − xk ) Q, où Q ∈ K[X].
k=1
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