poly_L1S1_suites
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L1S1, module A ou B
Chapitre 4
Suites réelles
Emmanuel Royer
Ô Remarque importante.
1 Généralités 4
3 Comparaisons de suites 26
3.1 Inégalités et limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
3.2 Croissance polynômiale et croissance exponentielle . . . . . . . . . . . . 28
3.3 Approximation décimale des nombres réels . . . . . . . . . . . . . . . . 29
5 Suites extraites 34
7 Exercices 49
1
Généralités
Une suite réelle est une application d’un sous-ensemble Z≥n0 = {n ∈ Z : n ≥ n0 } dans
R. Si u : Z≥n0 → R est une suite réelle, on note souvent un plutôt que u(n) sa valeur en
n. Ce réel s’appelle le terme d’indice n de la suite. Le réel un0 s’appelle le premier terme
de la suite. On note aussi (un )n≥n0 (ou parfois juste (un )) la suite u.
Dans la suite, nous omettrons le terme réelle et parlerons de suite quand nous
devrions parler de suite réelle.
Une suite peut être définie à l’aide d’une
formule
permettant le calcul direct de
1
chaque terme de la suite, par exemple 1 − n−6 . Cette formule s’appelle le terme
n≥7
général de la suite u. Une suite peut aussi être dfinie par récurrence, c’est-à-dire par la
donnée des k premiers termes et d’une relation entre un+k et un+k−1 , . . . , un pour tout
n ≥ n0 .
u1 = 1 u2 = 2 u3 = 3
un+3 = un+2 + un+1 + un pour tout n ≥ 1.
Exemple 2– Soit a ≥ 1 un entier quelconque. On définit une suite en (un )n≥0 en posant
u0 = a
1
2 un
si un est pair
un+1 =
3un + 1 si un est impair
pour tout n ≥ 0.
Soit n0 un entier. On note Un0 l’ensemble des suites (un )n≥n0 . On munit cet ensemble
d’une structure d’espace vectoriel sur R.
Définition 3– Soit u = (un )n≥n0 et v = (vn )n≥n0 deux éléments de Un0 . Leur somme u + v
est l’élément de Un0 dont le terme d’indice n est un +vn pour tout entier n ≥ n0 . Autrement
dit :
(u + v)n = un + vn
pour tout entier n ≥ n0 .
Proposition 6– Quelque soit l’entier n0 , l’ensemble Un0 est un espace vectoriel sur R.
Démonstration. L’ensemble Un0 est muni d’une opération interne, l’addition, et d’une
opération externe, le produit externe. Vérifions que ces deux opérations vérifient les
axiomes de définition d’un espace vectoriel. Pour cela, on utilise le fait que deux suites
sont égales si et seulement si leurs valeurs en tout entier sont égales et le fait que R est
un espace vectoriel. On commence par l’addition.
a) L’addition est associative. Soit en effet u, v et w trois suites de Un0 . Pour tout
n ≥ n0 on a
((u + v) + w)n = (u + v)n + wn
= (un + vn ) + wn
= un + (vn + wn )
= un + (v + w)n
= (u + (v + w))n .
Ainsi, (u + v) + w = u + (v + w).
b) L’addition est commutative. Soit en effet u et v deux suites de Un0 . Alors pour
tout n ≥ n0 on a
(u + v)n = un + vn = vn + un = (v + u)n .
Ainsi, u + v = v + u.
c) La loi admet un élément neutre. Notons en effet 0 la suite qui prend la valeur 0
en tout entier n ≥ n0 . Pour tous ces entiers, on a
(u + 0)n = un + 0n = un + 0 = un
et donc u + 0 = u.
d) Tout élément de Un0 admet un opposé. Considérons en effet une suite u ∈ Un0 .
Définissons la suite −u de Un0 par
(−u)n = −un
pour tout n ≥ n0 . Alors, pour ces entiers on a
(u + (−u))n = un + (−u)n = un − un = 0 = 0n
L’ensemble Un0 est donc un groupe commutatif. Vérifions les propriétés du produit
externe.
i) Le produit externe est distributif par rapport à l’addition. Soit en effet u et v
deux suites de Un0 et λ un réel. Pour tout n ≥ n0 , on a
((λµ)u)n = (λµ)un
= λ(µun )
= λ(µu)n
= (λ(µu))n
(1 · u)n = 1 · un = un .
Ainsi 1 · u = u.
Remarque 7– On montrera en annexe A que l’espace vectoriel Un0 n’est pas de dimen-
sion finie.
Il existe sur l’espace vectoriel des suites Un0 une troisième opération, le produit.
1 Généralités p. 7
Définition 8– Soit u = (un )n≥n0 et v = (vn )n≥n0 deux éléments de Un0 . Leur produit uv est
l’élément de Un0 dont le terme d’indice n est un vn pour tout entier n ≥ n0 . Autrement dit :
(uv)n = un vn
Parmi les exemples de suites qu’il faut bien connaître, il y a les suites arithmétiques.
Définition 10– Soit r un réel. Une suite (un )n≥n0 est dite arithmétique de raison r si
un+1 = un + r pour tout n ≥ n0 .
Exemple 11– La suite (3+5n)n≥−2 est arithmétique de raison 5 car 3+5(n+1)−(3 + 5n) = 5
pour tout n ≥ −2.
Toutes les suites arithmétiques sont semblables à celle de l’exemple précédent, ainsi
que le montre la proposition suivante.
un = un0 + (n − n0 )r
pour tout n ≥ n0 .
p. 8 1 Généralités
Démonstration. On appelle E(n) l’égalité un = un0 + (n − n0 )r. L’égalité E(n0 ) est vraie :
un0 = un0 + 0r. Soit n ≥ n0 , supposons vraie l’égalité E(n). Alors,
et donc E(n + 1) est vraie. Par récurrence, on en déduit que E(n) est vraie pour tout
n ≥ n0 .
On peut alors calculer la somme des premiers termes de toute suite arithmétique.
Proposition 13– Si (un )n≥n0 est arithmétique de raison r alors la somme des k+1 premiers
termes de cette suite est
k
X k(k + 1)
un0 +j = un0 + un0 +1 + · · · + un0 +k = (k + 1)un0 + r.
2
j=0
pour tout k ≥ 0.
Démonstration. On a
k k k
X X X k(k + 1)
un0 +j = un0 + jr = (k + 1)un0 + r j = (k + 1)un0 + r.
2
j=0 j=0 j=0
k(k + 1)
Pour retenir la proposition 13, on peut remarque que r est le produit de la
2
somme des k premiers entiers naturels avec la raison et que (k + 1)un0 est le premier
terme multiplié par le nombre de termes de la somme.
Il faut aussi connaître les suites géométriques.
Définition 14– Soit q un réel. Une suite (un )n≥n0 est dite géométrique de raison q si
un+1 = qun pour tout n ≥ n0 .
Exemple 15– La suite (3 · 5n )n≥−2 est géométrique de raison 5 car 3 · 5n+1 = 5 · 3 · 5n pour
tout n ≥ −2.
Toutes les suites géométriques sont semblables à celle de l’exemple précédent, ainsi
que le montre la proposition suivante.
un = un0 qn−n0
pour tout n ≥ n0 .
1 Généralités p. 9
et donc E(n + 1) est vraie. Par récurrence, on en déduit que E(n) est vraie pour tout
n ≥ n0 .
On peut alors calculer la somme des premiers termes de toute suite géométrique.
Proposition 17– Si (un )n≥n0 est géométrique de raison q alors la somme des k +1 premiers
termes de cette suite est
Xk
(k + 1)un0 si q = 1
un0 +j = k+1
q −1
un0 q − 1 si q , 1
j=0
pour tout k ≥ 0.
n
X qn+1 − 1
qj = .
q−1
j=0
n+1 n
X X qn+1 − 1 qn+1 − 1 + qn+2 − qn+1 qn+2 − 1
qj = qj + qn+1 = + qn+1 = = .
q−1 q−1 q−1
j=0 j=0
L’égalité E(n + 1) est donc conséquence de l’égalité E(n). Par récurrence, l’égalité E(n)
est vraie pour tout n ≥ 0 et on termine la preuve en prenant n = k.
Les suites croissantes et décroissantes jouent un rôle important dans l’étude des
suites.
p. 10 1 Généralités
Exemple 21– i) Si la suite (un )n≥n0 est croissante, alors la suite (−un )n≥n0 est décrois-
sante.
ii) Si la suite (un )n≥n0 est décroissante, alors la suite (−un )n≥n0 est croissante.
Exemple 22– Soit f : R → R une application croissante (b) . On définit une suite (un )n≥n0
en fixant la valeur de un0 et en posant un+1 = f (un ) pour tout n ≥ n0 . La suite (un )n≥n0
est monotone. On a en effet l’alternative suivante.
i) Soit un0 +1 ≥ un0 . On note C(n) l’égalité un+1 ≥ un . L’égalité C(n0 ) est vraie.
Puisque f croît, pour tout n ≥ n0 , l’égalité C(n) implique f (un+1 ) ≥ f (un ), c’est-
à-dire un+2 ≥ un+1 et donc C(n + 1). Par récurrence, on en déduit que la suite
(un )n≥n0 est croissante.
ii) Soit un0 +1 ≤ un0 . On note D(n) l’égalité un+1 ≤ un . L’égalité D(n0 ) est vraie.
Puisque f croît, pour tout n ≥ n0 , l’égalité D(n) implique f (un+1 ) ≤ f (un ), c’est-
à-dire un+2 ≤ un+1 et donc D(n + 1). Par récurrence, on en déduit que la suite
(un )n≥n0 est décroissante.
Remarque 23– On dit que la suite (un )n≥n0 est croissante à partir d’un certain rang s’il
existe un entier n1 ≥ n0 tel que la suite (un )n≥n1 est croissante.
Remarque 24– De façon générale, une suite (un )n≥n0 est dite satisfaire une propriété à
partir d’un certain rang s’il existe un entier n1 telle que la suite (un )n≥n1 satisfait cette
propriété.
La suite (cos(n))n>0 ne prend ses valeurs que dans [−1, 1]. En revanche, la suite
(n)n≥0 peut prendre des valeurs arbitrairement grandes et la suite (− ln(n))n≥1 peut
prendre des valeurs arbitrairement petite. On formalise ces notions.
Remarque 26– Il faut remarquer qu’une suite (un )n≥n0 est bornée si et seulement s’il
existe un réel M tel que −M ≤ un ≤ M pour tout n ≥ n0 , c’est-à-dire si et seulement s’il
existe un réel M tel que |un | ≤ M pour tout n ≥ n0 .
a) En effet, considérons une suite u bornée. Il existe m0 et m1 tels que, pour tout
entier n ≥ n0 , on a m0 ≤ un ≤ m1 . Puisque m0 ≥ −|m0 | et m1 ≤ |m1 |, on a donc
−|m0 | ≤ un ≤ |m1 | puis − max{|m0 |, |m1 |} ≤ un ≤ max{|m0 |, |m1 |} pour tout n ≥ n0 .
En posant M = max{|m0 |, |m1 |}, on obtient |un | ≤ M pour tout n ≥ n0 .
b) Réciproquement, supposons |un | ≤ M pour tout n ≥ n0 . Alors −M ≤ un ≤ M pour
tout n ≥ n0 . La suite u est donc minorée par −M et majorée par M. Elle est donc
bornée.
b. Vous avez vu en Mathématiques pour tous que cela signifie que f (x) ≥ f (y) pour tous x et y tels que
x≥y
p. 12 2 Limite d’une suite
1
Exemple 27– La suite u = n+1 est majorée par 1 (en effet elle est décroissante donc
n≥0
un ≤ u0 pour tout n, et u0 = 1) et minorée par 0. Elle est donc bornée. Notons que 1
n’est pas le seul réel qui majore u, tout réel M ≥ 1 majore u. De même, 0 n’est pas le
seul réel qui minore u puisque tout réel m ≤ 0 minore u
2
Limite d’une suite
2.1) Convergence vers une limite finie
L’objectif de cette partie est de rendre compte des situations où les valeurs d’une
suite peuvent être rendues aussi proches que voulu d’un réel donné sans ne plus s’en
éloigner.
Définition 28– Soit (un )n≥n0 une suite et ` un réel. On dit que (un )n≥n0 converge vers `,
ce qu’on note
lim un = ` ou un → `
n→+∞
si, pour tout réel ε > 0, il existe un entier N ≥ n0 tel que, pour tout entier n ≥ N, on a
|un − `| ≤ ε.
Imaginez que l’on trace dans un plan muni d’un repère orthonormal (Oxy) les
couples (n, un ) pour tout n ≥ n0 . La définition de la convergence vers ` signifie que,
quelque soit la bande horizontale choisie autour de la droite y = `, dès que n est assez
grand, toutes les valeurs un sont confinées dans cette bande. On peut se reporter à la
figure 1 pour une illustration de la définition.
Remarque 29– Pour dire qu’une suite converge vers `, on dit aussi qu’elle tend vers `
ou qu’elle a pour limite `. Une suite est dite convergente si elle converge vers un réel. Si
une suite n’admet pas de limite réelle, on dit qu’elle diverge.
Exemple 30–
1) Soit (un )n≥n0 une suite stationnaire. Il existe un réel c et un entier n1 ≥ n0 tel que,
pour tout n ≥ n1 on a un = c. Montrons que la suite converge vers c. Ayant fixé
ε > 0, on choisit N = n1 + 1 et pour tout n ≥ N, on a |un − c| = 0 ≤ ε.
Toute suite stationnaire est donc convergente. Les exemples suivants montrent
qu’il existe des suites convergentes qui ne sont pas stationnaires.
2) Montrons que la suite n1 tend vers 0. Soit ε > 0, on choisit pour N le premier
n>0 j k
entier strictement supérieur à 1ε , c’est-à-dire N = 1ε +1. Si n ≥ N on a alors n ≥ 1ε
et donc n1 − 0 ≤ ε.
3) On généralise l’exempleprécédent.
Soit α un réel positif strictement positif.
(c) 1
Montrons que la suite nα tend vers 0.
n>0
c. On rappelle la définition vue en cours de Mathématiques pour tous. Pour tout a > 0 et tout réel x, on
pose ax = ex ln(a) .
2 Limite d’une suite p. 13
0.4
0.2
0.02
0.015
20 40 60 80 100 0.01
-0.2 0.005
0 60 80 100 120 140 160 180 200
-0.005
-0.4 -0.01
-0.015
-0.6 -0.02
(a) ε = 0, 1, N = 10
(−1)n
Figure 1 – Pour tout ε > 0, il existe N tel que pour tout n ≥ N on a ≤ ε.
n
1/α
Soit ε > 0, on choisit pour N le premier entier strictement supérieur à 1ε ,
1/α 1/α
c’est-à-dire N = 1ε + 1. Si n ≥ N on a alors n ≥ 1ε puis nα ≥ 1ε et donc
1
nα − 0 ≤ ε.
Cet exemple montre en particulier que les suites √1 et 1
tendent vers
n n>0 n2 n>0
0.
4) Soit q un réel tel que |q| < 1. Montrons que la suite (qn )n>0 tend vers 0.
Si q = 0, on a qn = 0 pour tout n > 0 ; ayant fixé ε > 0, on choisit N = 1 et pour
tout n ≥ N, on a |qn − 0| = 0 ≤ ε.
Supposons donc q , 0. Soit ε > 0. Pour N, on choisit un entier qui j soitk à la fois
ln ε ln ε
strictement positif et supérieur à ln|q| , par exemple N = max ln|q| + 1, 0 . Si
ln ε
n ≥ N, on a alors n ≥ ln|q| . Puisque |q| < 1, on en déduit n ln|q| ≤ ln ε puis, en
prenant l’exponentielle de cette égalité |q|n ≤ ε. Ainsi |qn − 0| ≤ ε.
5) Considérons la suite 2n+1
n+1 . On a
n≥0
2n + 1 2(n + 1) − 1 1
= = 2−
n+1 n+1 n+1
d’où
2n + 1 1
−2 = .
n+1 n+1
j k
1
Soit ε > 0 et N un entier positif supérieur à ε − 1, par exemple N = 1ε − 1 + 1.
2n+1 1
Pour tout n ≥ N on a alors n+1 −2 = n+1 ≤ ε. Ainsi, la suite 2n+1
n+1 converge
n≥0
vers 2.
Proposition 31– Si une suite converge vers un réel, ce réel est unique.
p. 14 2 Limite d’une suite
Démonstration. Soit ` et ` 0 deux nombres réels et u = (un )n≥n0 une suite dont on suppose
qu’elle converge vers ` et ` 0 . Montrons qu’alors ` = ` 0 . Supposons, par l’absurde, que
0
` , ` 0 . On pose alors ε = |`−` |
3 qui est un réel strictement positif. Puisque u converge
vers `, il existe un entier N ≥ n0 tel que si n ≥ N alors |un − `| ≤ ε. Puisque u converge
aussi vers ` 0 , il existe un entier N 0 ≥ n0 tel que si n ≥ N 0 alors |un − ` 0 | ≤ ε. Pour tout
n ≥ max(N, N 0 ) on a donc
2
|` − ` 0 | = (un − ` 0 ) − (un − `) ≤ |un − ` 0 | + |un − `| ≤ 2ε = |` − ` 0 |.
3
Exercice 32– On considère deux suites u = (un )n≥n0 et v = (vn )n≥n0 . On suppose qu’il
existe n1 ≥ n0 tel que un = vn pout tout entier n ≥ n1 . Montrer que si la suite u tend
vers un réel `, alors la suite v tend aussi vers `.
Remarque 34– On considère une suite u = (un )n≥n0 . Si u converge vers un réel `.
Montrons qu’alors, la suite (|un |)n≥n0 converge vers |`|. Soit ε > 0. Il existe N ≥ n0 tel
que, pour tout n ≥ N, on a |un − `| ≤ ε. Or, pour tout entier n ≥ n0 , on a
1 1
2 ≤ |1 − `| + |1 + `| ≤ + = 1.
2 2
La suite u ne peut donc pas avoir de limite finie.
Cette unicité de la limite permet de définir des nombres comme limite de suites
(voir l’exemple 84).
Démonstration. Soit (un )n≥n0 une suite de limite ` ∈ R. Par définition de la convergence,
avec le choix ε = 1, il existe un entier N ≥ n0 tel que si n ≥ N alors |un − `| ≤ 1. Lorsque
n parcourt l’ensemble fini {n0 , . . . , N − 1}, l’ensemble des valeurs prises par |un − `| est
fini. On peut donc définir
puis M = max(1, α). Ainsi, |un − `| ≤ M pour tout entier n ≥ n0 . On en déduit que
` − M ≤ un ≤ ` + M pour tout entier n ≥ n0 . La suite (un )n≥n0 est donc bornée.
"Il existe des suites bornées qui ne sont pas convergentes. On a montré à la re-
marque 34 que la suite ((−1)n )n≥0 ne converge pas. Elle est cependant bornée puisqu’elle
ne prend que les valeurs −1 et 1.
Il est souvent un peu pénible de calculer la limite d’une suite en utilisant direc-
tement la définition. Une autre façon de procéder est de disposer d’un ensemble de
suites de références (dont on connaît la limite) et de connaître le comportement des
suites lorsqu’on applique des opérations à cet ensemble de suites de références.
Théorème 36– Soit (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 deux suites. On suppose que un → ` et vn → ` 0
avec ` et ` 0 réels. Alors
1) un + vn → ` + ` 0 ;
2) si λ est un réel, λun → λ` ;
3) un vn → `` 0 ;
!
1
4) si ` , 0, il existe un entier n1 ≥ n0 tel que la suite est définie et
un n≥n1
1 1
→ .
un `
Démonstration.
p. 16 2 Limite d’une suite
1) Soit ε > 0. Puisque (un )n≥n0 converge vers `, il existe un entier N1 ≥ n0 tel que,
pour tout entier n ≥ N1 on a |un − `| ≤ 2ε . Puisque (vn )n≥n0 converge vers ` 0 , il
existe un entier N2 ≥ n0 tel que, pour tout entier n ≥ N2 on a |vn − ` 0 | ≤ 2ε . Posons
N = max(N1 , N2 ). Si n ≥ N alors
ε ε
(un + vn ) − (` + ` 0 ) ≤ |un − `| + |vn − ` 0 | ≤ + = ε.
2 2
On en déduit que (un + vn )n≥n0 converge vers ` + ` 0 .
2) Si λ = 0, la suite (λun )n≥n0 est la suite constante nulle, elle admet donc 0 = 0 · `
pour limite.
ε
Supposons maintenant λ , 0. Soit ε > 0, on a alors |λ| > 0. Puisque (un )n≥n0
converge vers `, il existe un entier N ≥ n0 tel que, pour tout entier n ≥ N on
ε
a |un − `| ≤ |λ| . Pour tout entier n ≥ N on a donc |λun − λ`| = |λ||un − `| ≤ ε. Ceci
montre que λun → λ`.
3) Pour tout n ≥ n0 , on remarque que
4) Nous commençons par montrer qu’il existe un entier n1 ≥ n0 tel que un , 0 pour
tout n ≥ n1 . Puisque ` , 0, on peut choisir ε = |`|
2 dans la définition de un → `. On
obtient alors un entier n1 ≥ n0 tel que, pour tout entier n ≥ n1 on a |un − `| ≤ |`|
2,
c’est-à-dire
|`| |`|
`− ≤ un ≤ ` + . (1)
2 2
Si ` < 0, alors ` + |`| `
2 = 2 < 0 et donc un < 0 pour tout n ≥ n1 . Si ` > 0, alors
` − |`| `
2 = 2 > 0 et donc u > 0 pour tout n ≥ n1 . Dans les deux cas un , 0 pour tout
n
1
n ≥ n1 . La suite u est donc définie.
n n≥n1
1 1
Montrons maintenant la deuxième partie de l’énoncé : → . Pour tout n ≥ n1
un `
on a
1 1 |u − `|
− = n .
un ` |`| · |un |
Si ` < 0, l’inégalité de droite de l’encadrement (1) conduit à un ≤ 2` = − |`| 2 <0
|`|
donc |un | = −un ≥ 2 . Si ` > 0, l’inégalité de gauche de l’encadrement (1) conduit
à un ≥ 2` = |`| |`| |`|
2 > 0 donc |un | = un ≥ 2 . Dans les deux cas, on a |un | ≥ 2 > 0 puis
1 1 2
− ≤ 2 |un − `|
un ` |`|
pour tout n ≥ n1 .
Soit ε > 0. Puisque un → `, il existe n2 ≥ n0 tel que pour tout n ≥ n2 on a
2
|un − `| ≤ |`|2 ε. Posons N = max(n1 , n2 ). Pour tout n ≥ N on a
1 1 2 |`|2
− ≤ 2· ε = ε.
un ` |`| 2
1 1
On en déduit que → .
un `
2n+3
Exemple 37– Considérons la suite u = 7n+1 n≥0 . Pour tout entier n > 0, on a
2n + 3 2 + 3/n
= .
7n + 1 7 + 1/n
1
On a vu que → 0 et que la suite constante de terme général 3 tend vers 3. Le point 2)
n
3
du théorème 36 implique donc que → 0. La suite constante de terme général 2 tend
n
3 1
vers 2. Grâce au point 1) on a alors 2 + → 2. De même, 7 + → 7. Puisque 7 , 0 on
n n
1 1
déduit du point 4) que → . Enfin, utilisant le point 3) on obtient
7 + 1/n 7
2 + 3/n 2
→ .
7 + 1/n 7
p. 18 2 Limite d’une suite
Exemple 38– Soit a et b deux réels. On considère une suite (un )n≥n0 convergeant vers
une limite réelle ` , −b. Grâce au point 4) du théorème 36, il existe un entier n1 tel que
la suite !
un + a
un + b n≥n
1
un + a `+a
→ .
un + b `+b
Corollaire 39– Toute suite géométrique de raison q telle que |q| < 1 converge vers 0.
Démonstration. Considérons une suite géométrique u = un0 qn−n0 .
n≥n0
Si q = 0, on a un = 0 dès que n ≥ n0 + 1 et donc u tend vers 0.
Supposons alors q , 0. On a
un
un = n0 qn
q 0
pour tout n ≥ n0 . D’après l’exemple 30, qn → 0 donc un → 0.
n’est un sous-espace vectoriel de Un0 que si ` = 0. Les sous-espaces vectoriels Un∗0 et Un00
ne sont pas de dimension finie (voir l’annexe A).
Définition 41– Soit (un )n≥n0 une suite. On dit que (un )n≥n0 tend vers +∞, ce qu’on note
lim un = +∞ ou un → +∞
n→+∞
si, pour tout réel M, il existe un entier N ≥ n0 tel que, pour tout entier n ≥ N, on a
un ≥ M.
2 Limite d’une suite p. 19
10
20 40 60 80 100
√
(−1)n
Figure 2 – Une suite non croissante de limite +∞, la suite n+ √
n n≥1
.
Imaginez que l’on trace dans un plan muni d’un repère orthonormal (Oxy) les
couples (n, un ) pour tout n ≥ n0 . La définition de la convergence vers +∞ signifie que,
quelque soit la droite horizontale choisie, dès que n est assez grand, toutes les valeurs
un sont au dessus cette droite. On peut se reporter à la figure 2 pour une illustration de
la définition.
Remarque 42– Pour dire qu’une suite tend vers +∞, on dit aussi qu’elle admet +∞
comme limite.
On a une notion identique pour les suites devenant de plus en plus négatives.
Définition 43– Soit (un )n≥n0 une suite. On dit que (un )n≥n0 tend vers −∞, ce qu’on note
lim un = −∞ ou un → −∞
n→+∞
si, pour tout réel m, il existe un entier N ≥ n0 tel que, pour tout entier n ≥ N, on a un ≤ m.
Imaginez que l’on trace dans un plan muni d’un repère orthonormal (Oxy) les
couples (n, un ) pour tout n ≥ n0 . La définition de la convergence vers −∞ signifie que,
quelque soit la droite horizontale choisie, dès que n est assez grand, toutes les valeurs
un sont au dessous cette droite.
Remarque 44– Pour dire qu’une suite tend vers −∞, on dit aussi qu’elle admet −∞
comme limite.
Remarque 45– Il faut prendre garde que l’expression « la suite u diverge » signifie que
la suite u n’a pas de limite réelle. Cela peut donc signifier trois choses : soit que le suite
p. 20 2 Limite d’une suite
u tend vers +∞, soit qu’elle tend vers −∞ , soit qu’elle n’a pas de limite ni réelle ou
infinie.
Remarque 46– Une suite (un )n≥n0 tend vers +∞ si et seulement si la suite (−un )n≥n0
tend vers −∞.
Exemple 47–
1) Si q > 1, montrons que la suite (qn )n≥n0 tend vers +∞. Soit M ∈ R. Si M ≤ 0, alors
pour tout n ≥ n0 on a qn$> 0 ≥%M. Si M > 0, on choisit pour N un entier supérieur à
ln M ln M
, par exemple N = + 1. Pour n ≥ N, et puisque q > 1, on a alors qn ≥ M.
ln q ln q
2) Si α > 0, montrons que la suite (nα )n≥n0 tend vers +∞. Soit M ∈ R. Si M ≤ 0, alors
pour tout n ≥ n0 on a nαj > 0 ≥k M. Si M > 0, on choisit pour N un entier supérieur à
M1/α , par exemple N = M1/α + 1. Pour n ≥ N on a alors nα ≥ M.
Proposition 48– Si une suite admet pour limite un réel, −∞ ou +∞, cette limite est
unique.
Démonstration. On considère une suite (un )n≥n0 puis ` et ` 0 deux limites de cette suite.
On distingue différents cas.
1) Si ` et ` 0 sont réels, la proposition 31 implique que ` = ` 0 .
2) Supposons ` ∈ {−∞, +∞}. Grâce aux définitions de un → +∞ et un → −∞, pour
tout M, il existe N tel que si n ≥ N alors |un | ≥ M. La suite (un )n≥n0 n’est donc
pas bornée. Elle ne peut donc pas converger vers un réel. Ainsi, ` 0 ∈ {−∞, +∞}.
a) Supposons ` = +∞. Il existe N tel que pour tout n ≥ N on a un ≥ 1. Supposons
par l’absurde que ` 0 = −∞. Il existe alors N 0 tel que pour tout n ≥ N 0 on a
un ≤ −1. On obtient une contradiction dès que n ≥ max(N, N 0 ) de sorte que
nécessairement ` 0 = +∞.
b) Si ` = −∞. Il existe N tel que pour tout n ≥ N on a un ≤ −1. Supposons
par l’absurde que ` 0 = +∞. Il existe alors N 0 tel que pour tout n ≥ N 0 on a
un ≥ 1. On obtient une contradiction dès que n ≥ max(N, N 0 ) de sorte que
nécessairement ` 0 = −∞.
Exercice 49–
1) Montrer que si une suite tend vers +∞, elle n’est pas majorée.
2) Montrer que si une suite tend vers −∞, elle n’est pas minorée.
2 Limite d’une suite p. 21
Démonstration.
i) C’est le point 2) du théorème 36.
ii) On suppose un → +∞.
a) Supposons λ < 0. Soit m ∈ R. Comme un → +∞, il existe N tel que, pour tout
n ≥ N, on a un ≥ m
λ . Puisque λ < 0, on en déduit que si n ≥ N alors λun ≤ m.
b) Supposons λ = 0. La suite (λun )n≥n0 est la suite constante nulle. Elle admet
donc 0 comme limite.
c) Supposons λ > 0. Soit M ∈ R. On a un → +∞ donc il existe N tel que, pour
tout n ≥ N, on a un ≥ M
λ . Puisque λ > 0, on en déduit que si n ≥ N alors
λun ≥ M.
iii) On suppose un → −∞. En utilisant la remarque 46, on voit que −un → +∞. En
appliquant le point ii) à la suite (−un )n≥n0 , on trouve que −λun → −∞ si λ < 0,
que −λun → 0 si λ = 0 et −λun → +∞ si λ > 0. Il reste alors à appliquer de
nouveau la remarque 46 pour obtenir la limite de λ(un )n≥n0 .
Lorsque nous marquerons ind (pour indéterminé), cela signifie qu’il n’y a pas de
résultat général applicable à toutes les suites. Il faut alors utiliser une méthode adaptée
à chaque cas particulier.
p. 22 2 Limite d’une suite
Proposition 51 (Somme et limites)– Soit (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 deux suites. On suppose
que un → ` et vn → ` 0 avec ` ∈ R ∪ {−∞, +∞} et ` 0 ∈ R ∪ {−∞, +∞}. Le tableau ci-dessous
résume les limites éventuelles de (un )n≥n0 + (vn )n≥n0 en fonction des valeurs de ` et ` 0 .
H
HH `0
−∞ ∈R +∞
` H
HH
−∞ −∞ −∞ ind
∈R −∞ ` + `0 +∞
+∞ ind +∞ +∞
Remarque 52– Si un → +∞ et vn → −∞, on ne peut pas prévoir la limite de (un +vn )n≥n0
sans étude spécifique, ainsi qu’on le voit en considérant les exemples suivants.
æ Si un = n et vn = −n/2 pour tous n alors un + vn → +∞ ;
æ si un = n et vn = −2n pour tous n alors un + vn → −∞ ;
æ soit α un réel quelconque, si un = n + α/2 et vn = −n + α/2 pour tous n alors
un + vn → α ;
æ si un = n et vn = −n+(−1)n , alors (un +vn )n≥n0 n’a pas de limite (voir l’exemple 86).
Exercice 53– Prouver les points v) à vii) de la proposition 51 en utilisant les points i) à
iii) et la remarque 46.
2 Limite d’une suite p. 23
Exemple 54– Les suites arithmétiques de raison strictement positive tendent vers +∞.
Les suites arithmétiques de raison strictement négative tendent vers −∞. Les suites
arithmétiques sont en effet de la forme un = un0 + (n − n0 )r pour tout n ≥ n0 .
Proposition 55 (Produit et limites)– Soit (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 deux suites. On suppose
que un → ` et vn → ` 0 avec ` ∈ R ∪ {−∞, +∞} et ` 0 ∈ R ∪ {−∞, +∞}. Le tableau ci-dessous
résume les limites éventuelles de la suite produit (un vn )n≥n0 en fonction des valeurs de `
et ` 0 .
HH `0
H
HH −∞ <0 0 >0 +∞
` H
−∞ +∞ +∞ ind −∞ −∞
<0 +∞ `` 0 0 `` 0 −∞
0 ind 0 0 0 ind
>0 −∞ `` 0 0 `` 0 +∞
+∞ −∞ −∞ ind +∞ +∞
Remarque 56– Si une suite tend vers 0 et une autre vers −∞ ou +∞, on ne peut pas
prévoir la limite de leur produit sans étude spécifique. On le voit en considérant les
exemples suivants.
æ Soit α un réel non nul quelconque, si un = 1/(αn) et vn = α2 n pour tous n alors
un vn → α ;
æ si un = 1/n2 et vn = n pour tous n alors un vn → 0 ;
æ si un = 1/n et vn = n2 pour tous n alors un vn → +∞ ;
æ si un = −1/n et vn = n2 pour tous n alors un vn → −∞ ;
æ si un = (−1)n /n et vn = n, alors (un vn )n≥n0 n’a pas de limite (voir l’exemple 86).
Démonstration de la proposition 55. On ne traite que les cas non déjà traités et on s’au-
torise à permuter les suites pour se ramener à un cas déjà démontré.
i) Si ` = −∞ 0
√ et ` = −∞. Soit M un réel. Il existe N1 tel que, pour tout
√ N ≥ N1 on
a un ≤ − |M|. Il existe N2 tel que, pour tout N ≥ N2 on a vn ≤ − |M|. Posons
N = max(N1 , N2 ). Pour tout n ≥ N, on a un vn ≥ |M| et donc un vn ≥ M.
ii) Si ` = −∞ et ` 0 ∈ R−∗ . En utilisant la définition de la convergence vn → ` 0 avec
ε = −` 0 /2 > 0, on trouve N1 tel que pour tout n ≥ N1 on a
`0 `0
≤ vn − ` 0 ≤ −
2 2
et donc
vn ≤ ` 0 /2. (2)
Puisque un → −∞, si M est un réel, il existe N2 tel que pour tout n ≥ N2 on a
un ≤ 2|M|/` 0 . (3)
Posons N = max(N1 , N2 ). Pour tout n ≥ N, les inégalités (2) et (3) sont valides
et concernent des nombres négatifs. Pour tout n ≥ N, on a donc un vn ≥ |M| et
donc un vn ≥ M.
p. 24 2 Limite d’une suite
Proposition 57 (Inverse et limites)– Soit (un )n≥n0 une suite. On suppose que un → `
avec ` ∈ R ∪ {−∞, +∞}.
!
1
i) si ` est réel et non nul alors il existe un entier n1 ≥ n0 tel que la suite
un n≥n
1
1 1
est définie et → ;
un `
1
ii) si ` = 0 et s’il existe n1 tel que, pour tout n ≥ n1 , on a un > 0 alors → +∞ ;
un
1
iii) si ` = 0 et s’il existe n1 tel que, pour tout n ≥ n1 , on a un < 0 alors → −∞ ;
un
!
1
iv) si ` = −∞ ou ` = +∞ alors il existe un entier n1 ≥ n0 tel que la suite
un n≥n
1
1
est définie et → 0.
un
Exemple 59– On considère deux entiers d et d 0 strictement positifs puis des réels
a0 , . . . , ad avec ad , 0 et des réels b0 , . . . , bd 0 avec bd 0 , 0. Pour tout n > 0, on écrit
!
b0
d0 b1 0
b0 + b1 n + . . . + bd 0 n = d 0 + d 0 −1 + . . . + bd 0 nd .
n n
Cette quantité tend vers +∞ si bd 0 > 0 et vers −∞ si bd 0 < 0. Dans le cas où bd 0 > 0, il
0
existe donc n0 tel que, pour tout n ≥ n0 on a b0 + b1 n + . . . + bd 0 nd > 1. De même, dans le
0
cas où bd 0 < 0, il existe n0 tel que, pour tout n ≥ n0 on a b0 + b1 n + . . . + bd 0 nd < −1. Dans
0
les deux cas, il existe n0 > 0 tel que b0 + b1 n + . . . + bd 0 nd , 0 pour tout n ≥ n0 . Ainsi
peut-on définir la suite
a0 + a1 n + . . . + ad nd
!
0 .
b0 + b1 n + . . . + bd 0 nd n≥n0
Puisque
a0
nd
+ nad−1
1
+ . . . + ad ad
b0 b1
→
+ nd 0 −1 + . . . + bd 0 bd 0
nd 0
p. 26 3 Comparaisons de suites
on obtient
0 si d < d 0
ad
si d = d 0
a0 + a1 n + . . . + ad nd
b 0
0 → d
b0 + b1 n + . . . + bd 0 n d
+∞ si d > d 0 et si ad et bd 0 ont même signe
si d > d 0 et si ad et bd 0 sont de signes opposés.
−∞
3
Comparaisons de suites
3.1) Inégalités et limites
Proposition 60– Soit (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 deux suites. On suppose qu’il existe N tel que,
pour tout n ≥ N, on a un ≤ vn . Si un → ` et vn → ` 0 où ` et ` 0 sont tous deux réels, alors
` ≤ `0 .
" Le théorème ne concerne que des inégalités larges. Définissons deux suites u et v en
posant un = 1/n et vn = 2/n pour tout entier n > 0. On a un < vn pour tout n > 0 mais
lim un = lim vn .
0
Démonstration. On raisonne par l’absurde en supposant ` 0 < `. On pose alors ε = `−` 3 >
0. Il existe N1 tel que, pour tout n ≥ N1 on a |un − `| ≤ ε, c’est-à-dire ` − ε ≤ un ≤ ` + ε,
soit encore
2` + ` 0 4` − ` 0
≤ un ≤ . (4)
3 3
De même, il existe N2 tel que, pour tout n ≥ N2 on a |vn − ` 0 | ≤ ε, c’est-à-dire
4` 0 − ` 2` 0 + `
≤ vn ≤ . (5)
3 3
Des inégalités (4) et (5), on déduit que si n ≥ max(N1 , N2 ) alors
2` + ` 0 ` + ` + ` 0 ` + 2` 0
un ≥ = > ≥ vn .
3 3 3
Pour n ≥ max(N, N1 , N2 ), on obtient l’encadrement contradictoire vn < un ≤ vn .
La proposition précédente ne permet pas de dire si une suite admet une limite
mais seulement de comparer des limites. Le théorème d’encadrement sert lui à prouver
l’existence d’une limite de suite.
Théorème 61 (Théorème d’encadrement)– Soit (un )n≥n0 , (vn )n≥n0 et (wn )n≥n0 trois
suites. On suppose qu’il existe N0 tel que, pour tout n ≥ N0 , on a
un ≤ vn ≤ wn .
−ε ≤ un − ` ≤ ε
−ε ≤ wn − ` ≤ ε.
Soit N = max(N0 , N1 , N2 ). Si n ≥ N, on a
−ε ≤ un − ` ≤ vn − ` ≤ wn − ` ≤ ε
et donc |vn − `| ≤ ε.
cos n
Exemple 62– On considère la suite u = n n≥1 . Pour tout n on a
1 cos n 1
− ≤ ≤ .
n n n
Or on sait que −1/n → 0 et 1/n → 0 donc un → 0.
Exercice 63– Soit (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 deux suites. On suppose qu’il existe n1 ≥ n0 tel
que |un | ≤ vn pour tout n ≥ n1 . Enfin, on suppose que vn → 0. Montrer que un → 0.
Exemple 64– Nous allons montrer que si α est un réel strictement positif alors
α
1
1+ → 1.
n
1 α
Pour cela, grâce au théorème d’encadrement, il suffit d’encadrer 1 + par les termes
n
généraux deux suites de limite 1. Puisque α > 0, on a
α
1
1+ ≥1
n
pour tout n ≥ 1. De α ≤ bαc + 1, on déduit
α k
1 1
1+ ≤ 1+
n n
k !
1
où k = bαc + 1 est un entier strictement positif. La suite 1+
est le produit de k
n n>0
1 k
!
suites qui tendent vers 1, elle tend donc vers 1. On a donc encadré 1 + par
n n>0
deux suites de limite 1 d’où le résultat.
Proposition 65– Soit (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 deux suites. On suppose qu’il existe N0 tel que,
pour tout n ≥ N0 , on a un ≤ vn .
1) Si un → +∞ alors vn → +∞.
2) Si vn → −∞ alors un → −∞.
Démonstration.
1) Soit M un réel. Il existe N1 tel que si n ≥ N1 alors un ≥ M. Soit N = max(N0 , N1 ).
On a vn ≥ un ≥ M pour tout n ≥ N.
2) Soit m un réel. Il existe N1 tel que si n ≥ N1 alors vn ≤ m. Soit N = max(N0 , N1 ).
On a vn ≤ un ≤ M pour tout n ≥ N.
Théorème 67– Si α est un réel strictement positif et si r est un réel strictement supérieur
à 1 alors
nα
−−−−−−→ 0.
r n n→+∞
Démonstration. On définit une suite (un )n∈N en posant un = nα /r n pour tout entier
naturel n. Pour tout n ≥ 1 on a alors un > 0 et
un+1 1 1 α
= 1+ .
un r n
1 α
Puisque r > 1 on peut choisir ε = r−1 2 > 0 dans la définition de 1 + n → 1 (voir
l’exemple 64). On obtient alors l’existence d’un entier n0 ≥ 1 tel que
α
1 r +1
1+ ≤ 1+ε =
n 2
pour tout n ≥ n0 . On a alors
un+1 1 1 α r +1
= 1+ ≤ <1
un r n 2r
Comme (un )n∈N est à termes positifs, on déduit du théorème d’encadrement qu’elle
tend vers 0.
Exemple 68– On a
n
2n + n7 2 n7
= + .
3n 3 3n
n
2 2 n7
Puisque 3 < 1, on a 3 → 0. Par ailleurs, 3n → 0 donc
2n + n7
→ 0.
3n
les termes de la suite A( a) étant tous des nombres décimaux, on dit que cette est une
approximation décimale du nombre réel a. De plus, l’encadrement (6) implique
1
An (a) < a ≤ An (a) +
10n
pour tout n ≥ 0. On dit que chaque terme An (a) est une valeur approchée par défaut de
a à 10−n près.
p. 30 4 Convergence des suites monotones
On montre ensuite que les valeurs approchées de a données par les termes successifs
de A(a) sont de plus en plus précises ou, ce qui revient au même, que la suite A(a) est
croissante. Pour tout nombre réel x, on a bxc ≤ x et donc 10bxc ≤ 10x. Le nombre 10bxc
est un entier inférieur à 10x et, le nombre b10xc le plus grand entier inférieur à 10x.
On a donc 10bxc ≤ b10xc. Choisissant x = 10n a, on trouve
b10n+1 ac
b10n ac ≤
10
puis, après division par 10n , on obtient An (a) ≤ An+1 (a) pour tout n ≥ 0. La suite A(a)
est donc croissante.
Remarque 72– Soit a un nombre réel. La suite A(a) tend vers a. Pour tout ε > 0, il
existe donc un entier N tel que, pour tout n ≥ N, on a a − ε ≤ An (a) ≤ a + ε. Soit x < y
x+y y−x
deux nombres réels. On choisit a = 2 et ε = 2 > 0. On trouve qu’il existe N tel que
x ≤ An (a) ≤ y, et donc il existe un nombre décimal compris entre x et y. Entre deux
nombres réels distincts, on peut donc toujours trouver un nombre décimal. On dit que
l’ensemble des nombres décimal est dense dans l’ensemble des nombres réels. Cette
notion sera approfondie en cours de Topologie.
4
Convergence des suites monotones
Proposition 73– Si une suite croissante n’est pas majorée alors elle tend vers +∞.
Démonstration. Considérons une suite (un )n≥n0 croissante et non majorée. Il existe N tel
que uN ≥ M sinon (un )n≥n0 serait majorée par M. Enfin, la suite (un )n≥n0 étant croissante,
on trouve un ≥ uN ≥ M pour tout n ≥ N.
"Dans la proposition 73, l’hypothèse que la suite est croissante est nécessaire. Consi-
dérons en effet la suite (un )n≥0 définie par
n si n est pair
un =
0 sinon.
Cette suite n’est pas majorée, pourtant elle ne tend pas vers +∞.
Corollaire 74– Si une suite décroissante n’est pas minorée alors elle tend vers −∞.
4 Convergence des suites monotones p. 31
Démonstration. Si (un )n≥n0 est décroissante et n’est pas minorée alors la suite (−un )n≥n0
est croissante et n’est pas majorée (si (−un )n≥n0 est majorée par M alors (un )n≥n0 est
minorée par −M). On en déduit que −un → +∞ puis que un → −∞.
Théorème 75– Si une suite croissante est majorée alors elle admet une limite finie.
Corollaire 76– Si une suite décroissante est minorée alors elle admet une limite finie.
Démonstration. Si (un )n≥n0 est décroissante et minorée alors la suite (−un )n≥n0 est crois-
sante et majorée. On en déduit l’existence d’un réel ` tel que que −un → ` puis que
un → −`.
Exemple 77– Soit f : R → R une application croissante. On définit une suite (un )n≥n0
en posant un+1 = f (un ) pour tout n ≥ n0 et en donnant une valeur à un0 . On suppose
qu’il existe un réel L tel que L = f (L).
i) On suppose que un0 +1 ≤ un0 et un0 ≥ L. Grâce à l’exemple 22, on sait que la
suite (un )n≥n0 est décroissante. La croissance de f implique que si un ≥ L alors
f (un ) ≥ f (L), c’est-à-dire un+1 ≥ L. Par récurrence, la suite (un )n≥n0 est minorée.
Elle admet donc une limite.
ii) On suppose que un0 +1 ≥ un0 et un0 ≤ L. Grâce à l’exemple 22, on sait que la
suite (un )n≥n0 est croissante. La croissance de f implique que si un ≤ L alors
f (un ) ≤ f (L), c’est-à-dire un+1 ≤ L. Par récurrence, la suite (un )n≥n0 est majorée.
Elle admet donc une limite.
Exemple 78– On considère une suite (xk )k≥1 à valeurs dans les entiers de 0 à 9. Pour
tout n ≥ 1, soit
Xn
un = xk · 10−k .
k=1
ce qui est une preuve de la non unicité du développement décimal des réels :
0, 999 . . . = 1.
Enfin, même si les résultats précédents ne permettent pas de calculer la limite, ils
permettent de la minorer ou de la majorer (d) .
Proposition 79–
1) Si une suite est croissante, chacun de ses termes est inférieur à sa limite.
2) Si une suite est décroissante, chacun de ses termes est supérieur à sa limite.
Démonstration. 1) Par convention le résultat est vrai si la suite est croissante et non
majorée puisqu’elle tend alors vers +∞. Soit donc (un )n≥n0 une suite croissante
et majorée et ` ∈ R sa limite. S’il existe N tel que uN > `, alors un ≥ uN > ` pour
tout n ≥ N. On pose alors ε = (uN − `)/2 > 0. Il existe N1 tel que |un − `| ≤ ε pour
tout n ≥ N1 . On en déduit
u ≥ uN
n
u +`
un ≤ ` + ε = N
< uN
2
pour tout n ≥ max(N, N1 ). On obtient une contradiction d’où l’inexistence de N.
On a donc un ≤ ` pour tout n ≥ n0 .
2) Soit (un )n≥n0 une suite décroissante et ` ∈ R ∪ {−∞} sa limite. Alors, (−un )n≥n0 est
croissante et tend vers −`. D’après ce qui précède, on a donc −un ≤ −` pour tout
n ≥ n0 ce qui implique un ≥ ` pour tout n ≥ n0 .
Ces résultats permettent même de donner des méthodes de calcul de nombres réels
« enserrés » par des suites dites adjacentes.
Définition 80– Deux suites sont adjacentes si l’une est croissante, l’autre décroissante et
si leur différence tend vers 0.
Exemple 81– Les suites de terme général 1 − n1 et 1 + n1 sont adjacentes : la première est
croissante, la seconde est décroissante et leur différence, − n2 tend vers 0.
Le résultat principal concernant les suites adjacentes est leur convergence vers une
limite commune.
Théorème 82– Si deux suites sont adjacentes, alors elles convergent et admettent la même
limite.
d. Par convention, tout réel est strictement inférieur à +∞ et strictement supérieur à −∞.
4 Convergence des suites monotones p. 33
Démonstration. On suppose que (un )n≥n0 est croissante, que (vn )n≥n0 est décroissante et
que un − vn → 0. La suite (un − vn )n≥n0 est bornée, il existe donc M tel que |un − vn | ≤ M
pour tout n ≥ n0 . En particulier, et en utilisant la décroissance de (vn )n≥n0 , on a
un ≤ M + vn ≤ M + v0
pour tout n ≥ n0 . La suite (un )n≥n0 est donc croissante et majorée, on en déduit qu’elle
admet une limite réelle `. De façon similaire, on a
vn ≥ un − M ≥ u0 − M
pour tout n ≥ n0 . La suite (vn )n≥n0 est donc décroissante et minorée, on en déduit
qu’elle admet une limite réelle ` 0 . On a alors un − vn → ` − ` 0 . Puisque un − vn → 0, on a
` = `0 .
Proposition 83– Si (un )n≥n0 et (vn )n≥n0 sont deux suites adjacentes, (un )n≥n0 étant crois-
sante, leur limite commune ` satisfait l’encadrement
un ≤ ` ≤ vn
Démonstration. Cela résulte du fait, déjà démontré, que les termes d’une suite crois-
sante sont toujours inférieurs à la limite de cette suite et que les termes d’une suite
décroissante sont toujours supérieurs à la limite de cette suite.
Exemple 84– On considère les suites (un )n≥1 et (vn )n≥1 définies par
1 1 1 1 1
un = + + + ··· + et vn = un + .
0! 1! 2! n! n!
La différence entre les deux suites tend vers 0, en effet n! ≥ n donc n! → +∞ puis
1
vn − un = → 0.
n!
La suite (un )n≥1 est croissante puisque
1
un+1 − un = ≥ 0.
(n + 1)!
1 1 2 n+1 1−n
vn+1 − vn = un+1 − un + − = − = ≤ 0.
(n + 1)! n! (n + 1)! (n + 1)! (n + 1)!
p. 34 5 Suites extraites
Les suites (un )n≥1 et (vn )n≥1 sont donc adjacentes. Les suites (un )n≥1 et (vn )n≥1
admettent donc une limite réelle commune. On appelle e cette limite (e) . On a donc
1 1 1 1 1 1 1 1 1
+ + + ··· + ≤ e ≤ + + + ··· + +
0! 1! 2! n! 0! 1! 2! n! n!
pour tout entier n. En prenant n = 15 on trouve l’approximation suivante de e :
e = 2, 718281828458 + R
avec
1
0≤R≤ ≤ 7, 7 · 10−13 .
15!
5
Suites extraites
Proposition 85– Soit u = (un )n≥n0 une suite et ` ∈ R ∪ {−∞, +∞}. La suite u converge
vers ` si et seulement si u2n → ` et u2n+1 → `.
|u2n − `| ≤ ε. (7)
|u2n+1 − `| ≤ ε. (8)
u2n+1 ≥ M. (10)
Exemple 86– Considérons la suite u = ((−1)n )n≥0 puis les deux suites v = (u2n )n≥0 et
w = (u2n+1 )n≥0 . La suite v est la suite constante égale à 1, elle converge donc vers 1. La
suite w est la suite constante égale à −1, elle converge donc vers −1. Puisque 1 , −1, il
en ressort que u n’a pas de limite.
p. 36 5 Suites extraites
Définition 87– Soit u = (un )n≥n0 une suite. On appelle suite extraite de u toute suite
(uϕ(n) )n≥n0 avec ϕ : Z → Z strictement croissante vérifiant ϕ(n0 ) ≥ n0 .
Proposition 90– Si une suite u tend vers ` ∈ R ∪ {−∞, +∞}, alors toute suite extraite de
u tend vers `.
Lemme 91– Soit ϕ : Z → Z une application strictement croissante telle que ϕ(n0 ) ≥ n0 .
Pour tout entier n ≥ n0 , on a ϕ(n) ≥ n.
Démonstration de la proposition 90. On considère une suite (un )n≥n0 admettant une li-
mite et (uϕ(n) )n≥n0 une de ses suites extraites.
1) Supposons que u converge vers ` avec ` ∈ R. Soit ε > 0. Il existe N tel que si
n ≥ N alors |un − `| ≤ ε. Si n ≥ N, on a ϕ(n) ≥ n ≥ N et donc |uϕ(n) − `| ≤ ε. Ainsi
uϕ(n) → `.
2) Supposons que u tende vers +∞. Soit M ∈ R. Il existe N tel que si n ≥ N alors
un ≥ M. Si n ≥ N, on a ϕ(n) ≥ n ≥ N et donc uϕ(n) ≥ M. Ainsi uϕ(n) → +∞.
3) Supposons que u tende vers −∞. Soit m ∈ R. Il existe N tel que si n ≥ N alors
un ≤ m. Si n ≥ N, on a ϕ(n) ≥ n ≥ N et donc uϕ(n) ≤ m. Ainsi uϕ(n) → −∞.
pour tout n ≥ n0 . La suite (un+1 )n≥n0 est une suite extraite de (un )n≥n0 . On en tire que si
la suite (un )n≥n0 a une limite réelle ou infinie, alors la suite (un+1 )n≥n0 a même limite.
i) Si (un )n≥n0 converge vers le réel `, alors puisque un+1 → `. Mais
un+1 = aun + b → a` + b
b
donc ` = a` + b. On en déduit ` = 1−a .
ii) Si (un )n≥n0 tend vers +∞, alors aun + b → +∞ si a > 0 et aun + b → −∞ si a < 0.
Puisque un+1 → +∞, on déduit que le cas un → +∞ ne peut pas se produire
dans le cas a < 0.
iii) De même, le cas un → −∞ ne peut pas se produire que dans le cas a > 0.
Exemple 93– Soit a, b, c, d des réels. On définit une suite u par récurrence en posant
aun + b
un+1 =
cun + d
pour tout n ≥ n0 . On suppose ad − bc , 0 (g) et c , 0 (h) . On suppose enfin que la suite est
bien définie, c’est-à-dire qu’on peut montrer que la quantité cun + d ne s’annule pour
aucune valeur de n.
1) On suppose que u tend vers −∞ ou +∞, alors un , 0 pour n suffisamment grand.
On peut donc écrire
aun + b a + b/un
= .
cun + d c + d/un
Cette quantité tend vers a/c mais, étant égale à un+1 elle doit tendre vers −∞ ou
+∞. La suite u ne peut donc pas avoir de limite infinie.
2) On suppose que u converge vers le réel ` , −d/c, alors un+1 → ` et
aun + b a` + b
→ .
cun + d c` + d
a` + b
On a donc ` = puis c` 2 + (d − a)` − b = 0. Il n’y a de solution réelle que si
c` + d
(d − a)2 + 4bc ≥ 0.
3) On suppose que u converge vers le réel ` = −d/c. Alors aun + b → b − ad/c , 0.
aun + b
Ainsi, → +∞. Ceci contredit |un+1 | → |d/c|. On ne peut donc pas avoir
cun + d
` = −d/c.
En conclusion, si u admet une limite, cette limite est nécessairement finie et est solution
réelle de c` 2 + (d − a)` − b = 0.
au +b
g. Si ad − bc = 0 alors cu n+d = ac pour tout n ≥ n0 + 1 donc la suite est stationnaire.
n
h. Le cas c = 0 se ramène à l’exemple 92.
p. 38 6 Quelques suites particulières
6
Quelques suites particulières
Définition 94– On dit qu’une suite (un )n≥n0 est arithmético-géométrique s’il existe deux
nombres réels a et b tels que
un+1 = aun + b
pour tout n ≥ n0 .
Exemple 95– La suite (un )n≥n0 définie par u0 = 0 et un+1 = 7un + 1 est arithmético-
géométrique.
On peut enfin aisément retrouver la somme des premiers termes de (un )n≥n0 . En
6 Quelques suites particulières p. 39
effet,
+n−1
n0X +n−1
n0X +n−1
n0X
an − 1
uk = (vk − r) = vk − nr = vn0 − nr
a−1
k=n0 k=n0 k=n0
an − 1
= (un0 + r) − nr
a −!1
b an − 1 b
= un0 + −n .
a−1 a−1 a−1
C × UnC0 → UnC0
λ, (un )n≥n0 7→ (λun )n≥n0 .
De même qu’on a démontré la proposition 6, vous montrerez que UnC0 est un espace
vectoriel sur C. Plus d’informations sur les suites complexes sont données en annexe B.
Si a est un complexe non nul, on note RC a l’ensemble des suites complexes (un )n≥0
vérifiant un+1 = aun pour tout n ≥ 0. Cet ensemble contient la suite nulle, il est stable
par addition (si un+1 = aun et vn+1 = avn pour tout n ≥ 0 alors (un+1 + vn+1 ) = a(un + vn )
pour tout n ≥ 0) et il est stable par produit externe (soit λ ∈ C, si un+1 = aun pour tout
n ≥ 0 alors λun+1 = a(λun ) pour tout n ≥ 0). L’ensemble RC a est donc un sous-espace
vectoriel de U0C . Les éléments de RC a sont les suites géométriques de raison a. Si (un )n≥0
est géométrique de raison a, alors un = a u0 pour tout n ≥ 0 et donc (un )n≥0 = u0 (an )n≥0 .
n
L’espace vectoriel RC n
a est donc de dimension 1 engendré par la suite (a )n≥0 .
Les suites de Ra s’appelent des suites linéaires d’ordre 1. Nous allons ensuite étudier
C
les suites linéaires d’ordre 2, c’est-à-dire vérifiant une relation un+2 = aun+1 + bun pour
tout n.
Soit a et b deux nombres complexes avec b , 0. On note RC a,b l’ensemble des suites
complexes (un )n≥0 vérifiant un+2 = aun+1 + bun pour tout n ≥ 0. Cet ensemble contient
p. 40 6 Quelques suites particulières
la suite nulle, il est stable par addition (si un+2 = aun+1 + bun et vn+2 = avn+1 + bvn
pour tout n ≥ 0, alors (un+2 + vn+2 ) = a(un+1 + vn+1 ) + b(un + vn ) pour tout n ≥ 0) et il
est stable par produit externe (soit λ ∈ C, si un+2 = aun+1 + bun pour tout n ≥ 0, alors
λun+2 = a(λun+1 ) + b(λun ) pour tout n ≥ 0). L’ensemble RC a,b est donc un sous-espace
C
vectoriel de U0 . On va déterminer ce sous-espace vectoriel.
Théorème 96– Soit a un nombre complexe et b un nombre complexe non nul. L’ensemble
RCa,b des suites (un )n≥0 vérifiant un+2 = aun+1 + bun pour tout entier n ≥ 0 est un sous-
espace vectoriel de U0C de dimension 2 . Notons r1 et r2 les racines de l’équation x2 −ax−b =
0:
a) si r1 , r2 , le sous-espace vectoriel RC
a,b admet pour bases la famille formée de deux
suites (r1n )n≥0 et (r2n )n≥0 ;
b) si r1 = r2 , le sous-espace vectoriel RC
a,b admet pour bases la famille formée de deux
suites (r1n )n≥0 et (nr1n )n≥0 .
Autrement dit, pour toute suite (un )n≥0 vérifiant un+2 = aun+1 + bun pour tout n ≥ 0, il
existe un unique couple de nombres complexes (α, β) tel que
a) si r1 , r2 , un = αr1n + βr2n pour tout n ≥ 0 ;
b) si r1 = r2 , un = (α + βn)r1n pour tout n ≥ 0.
p. 42 6 Quelques suites particulières
Remarque 97– Si a, b, u0 et u1 sont réels, par récurrence toutes les valeurs de la suite u ∈
RCa,b sont réelles. L’ensemble Ra,b des suites réelles (un )n≥0 vérifiant un+2 = aun+1 + bun
pour tout n ≥ 0 est un sous-espace vectoriel du R-espace vectoriel U0 . Montrons que,
comme précédemment, il est de dimension 2.
Nous traitons le cas où l’une des racines n’est pas réelle. Si r1 est racine alors son
conjugué r1 l’est aussi. En effet, en prenant le conjugué de l’égalité r12 − ar1 − b = 0 et
en utilisant le fait que a et b sont réels, on obtient r1 2 − ar1 − b = 0. Ainsi, r2 = r1 et les
racines sont de la forme r1 = ρeiθ et r2 = ρe−iθ où ρ > 0 est le module commun à r1 et r2
et θ ∈ R est un module de r1 . On définit alors les suites v et w en posant
pour tout n ≥ 0.
Montrons que la famille {v, w} est une famille libre de Ra,b . Les suites (r1n )n≥0 et
(r2n )n≥0 vérifient un+2 = aun+1 + bun pour tout n ≥ 0 d’après l’étude du cas complexe,
leur somme et différence aussi et donc v et w sont des éléments de Ra,b . Soit λ et µ
deux réels tels que λv + µw = 0. Alors, pour tout n ≥ 0 on a λρn cos(nθ) + µρn sin(nθ) = 0.
Le choix de n = 0 conduit à λ = 0. Le choix de n = 1 conduit ensuite à µ = 0. En effet
sin θ , 0 puisque r2 n’est pas réelle.
On poursuit ensuite comme dans le cas complexe pour montrer que la famille {v, w}
engendre Ra,b .
Exercice 98– Écrire en détail la démonstration du fait que la famille {v, w} engendre
Ra,b .
Théorème 99– Soit a un nombre réel et b un nombre réel non nul. L’ensemble Ra,b des
suites réelles (un )n≥0 vérifiant un+2 = aun+1 +bun pour tout entier n ≥ 0 est un sous-espace
vectoriel de U0 de dimension 2. Notons r1 et r2 les racines (éventuellement complexes) de
l’équation x2 − ax − b = 0.
a) si les deux racines sont réelles et distinctes, ce sous-espace vectoriel Ra,b admet
pour base la famille constituée des deux suites (r1n )n≥0 et (r2n )n≥0 ;
b) si les deux racines sont réelles et égales, ce sous-espace vectoriel Ra,b admet pour
base la famille constituée des deux suites (r1n )n≥0 et (nr1n )n≥0 ;
c) si les deux racines sont complexes non réelles (et donc conjuguées et distinctes), on
note r1 = ρeiθ , avec ρ > 0 et θ ∈ R, alors ce sous-espace vectoriel Ra,b admet pour
base la famille constituée des deux suites (ρn cos(nθ))n≥0 et (ρn sin(nθ))n≥0 .
Autrement dit, si (un )n≥0 vérifie un+2 = aun+1 + bun pour tout entier n ≥ 0, alors il existe
un unique couple de nombres réels (α, β) tel que
a) si les deux racines sont réelles et distinctes, un = αr1n + βr2n pour tout n ≥ 0 ;
b) si les deux racines sont réelles et égales, un = (α + βn)r1n pour tout n ≥ 0 ;
c) si les deux racines sont complexes non réelles (et donc conjuguées et distinctes), on
note r1 = ρeiθ , avec ρ > 0 et θ ∈ R, alors un = (α cos(nθ) + β sin(nθ)) ρn pour tout
n ≥ 0.
Dans le cas c) du théorème 99, on peut donner un autre expression pour toute suite
non nulle (un )n≥0 de Ra,b . Soit α et β non tous deux nuls. On a alors
α β
q
α cos(nθ) + β sin(nθ) = α2 + β2 p cos(nθ) + p sin(nθ) .
α2 + β2 α2 + β2
Or, 2 2
p α
+ p β
= 1.
α2 + β2 α2 + β2
pour tout entier n ≥ 0 appartient à Ra,b . En déduire que Ra,b est l’ensemble des suites
(un )n≥0 pour lesquelles existent deux réels R ≥ 0 et ϕ ∈ R tels que
un = Rρn cos(nθ + ϕ)
! !
un+1 un
=A
un+2 un+1
! !
un n u0
=A (12)
un+1 u1
pour tout n ≥ 0.
Le reste de cette partie est donc consacré au calcul de An . Comme précédemment,
on note r1 et r2 les nombres complexes racines de l’équation x2 − ax − b = 0. Puisque
A − λI a pour déterminant λ2 − aλ − b, les complexes r1 et r2 sont les seules valeurs de λ
pour lesquelles A − λI n’est pas inversible. Ce sont donc les seules valeurs de λ pour
lesquelles le système (A − λI)X = 0 a une infinité de solution. On utilisera les relations
suivantes entre coefficients et racines : r1 + r2 = a et r1 r2 = −b.
i) On suppose r1 , r2 . On a
! ! ! !
1 −r1 1 1 0
(A − r1 I) = = = 0.
r1 b a − r1 r1 b + (a − r1 )r1
De la même façon, (A − r2 I) r12 = 0. On note e1 = (1, r1 ) et e2 = (1, r2 ). Si αe1 +
βe2 = 0, la première coordonnée livre α = −β et la seconde conduit alors à
α(r1 − r2 ) = 0. Puisque r1 , r2 , on en déduit α = 0 puis β = 0. La famille {e1 , e2 }
est donc libre. Puisque le C-espace vectoriel C2 est de dimension 2, on en déduit
que la famille {e1 , e2 } est une base de C2 . On note P la matrice de passage de la
6 Quelques suites particulières p. 45
Ainsi obtient-on !
−1 r1 0
P AP = .
0 r2
r2 r1n − r1 r2n rn − rn r u − u1 n u1 − r1 u0 n
un = u0 + 2 1 u1 = 2 0 r + r
r2 − r1 r2 − r1 r2 − r1 1 r2 − r1 2
pour tout n ≥ 0.
0 1
ii) On suppose r1 = r2 . On a alors A = −r 2 2r1 . Par récurrence, on montre alors
1
que
−(n − 1)r1n nr1n−1
!
n
A =
−nr1n+1 (n + 1)r1n
pour tout n ≥ 1 (on vérifie facilement que cette formule est vraie aussi pour
n = 0).
Remarque 101– Tous ces calculs relèvent de la théorie de la diagonalisation qui sera
vue plus tard (j) . Cette théorie explique pourquoi les calculs menés ici conduisent à des
résultats simples.
i. Noter que b , 0 implique r1 , 0.
j. Du moins si vous continuez l’étude des mathématiques, ce que souhaite l’auteur de ces lignes...
p. 46 6 Quelques suites particulières
6.3.4– Exemples
æ Cherchons le terme général de la suite réelle définie par
un+2 = un+1 + un pour tout n ≥ 0
u0 = 1
u = 2.
1
un = (α + βn) · 2n
6 Quelques suites particulières p. 47
un = (n + 1) · 2n
pour tout n ≥ 0.
æ Cherchons le terme général de la suite réelle définie par
u = −8un pour tout n ≥ 0
n+2
u0 = 1
u = 2.
1
√ √
2 + 8 = 0 dont les racines sont r = 2 2i = 2 2eiπ/2 et
L’équation
√ associée
√ est x 1
r2 = −2 2i = 2 2e−iπ/2 . Il existe donc des réels α et β tels que
√
π π
un = α cos n + β sin n (2 2)n
2 2
pour tout n ≥ 0. Les choix de n = 0 et n = 1 conduisent à
u0 = 1 = α
√
u1 = 2 = 2 2β.
On a donc ! √
π 1 π
un = cos n + √ sin n (2 2)n
2 2 2
pour tout n ≥ 0.
æ Cherchons le terme général de la suite complexe définie par
un+2 = 3iun+1 + (i + 3)un pour tout n ≥ 0
u0 = 1
u = 2.
1
et donc
un = i(i − 1)n + (1 − i)(2i + 1)n
pour tout n ≥ 0.
7 Exercices p. 49
7
Exercices
1) On définit trois suites (un )n≥0 , (vn )n≥0 et (wn )n≥0 en posant
n(n + 1) n(n + 1)(2n + 1)
un = , vn = et wn = un2
2 6
pour tout n ≥ 0.
1) Calculer un , vn et wn pour n ∈ {0, 1, 2, 3, 4, 5}.
2) Donner le terme général de la suite (u2n )n≥0 .
3) Donner le terme général de la suite (vn2 )n≥0 .
4) Donner le terme général de la suite (w2n−2 )n≥1 .
2) On définit une suite (un )n≥0 en posant u0 = 1 et un+1 = un2 + 1 pour n ≥ 0. Calculer un
pour n ∈ {0, 1, 2, 3, 4, 5}.
p
3) Justifier que l’on définit une suite (un )n≥0 en posant u0 = 1/4 et un+1 = 1 − un3 pour
n≥0
4) Soitpa un réel tel que |a| ≤ 1. On définit une suite (un )n≥0 en posant u0 = a et
un+1 = 1 − un2 pour tout n ≥ 0. Que valent u2173201 et u1548 ?
5) Parmi les suites (un )n≥0 suivantes, dire lesquelles sont arithmétiques. Preciser, le cas
échéant la raison et le premier terme.
1) un = −7n + 3
2) un = −4
√
3) un = n
4) un = (n + 5)3 − n3 − 15(n − 1)2 .
6) Déterminer les trois premiers termes d’une suite arithmétique (un )n≥0 sachant que
(
u0 + u1 − u2 = 7
2u0 + 3u1 − 4u2 = 13.
7) Pour tout entier N ≥ 1, déterminer la somme des N premiers termes de la suite
(3n − 7n + 6)n≥0 .
8) On définit deux suites (un )n≥0 et (vn )n≥0 en posant u0 = v0 = 1 et
(
un+1 = 8un + 7vn
vn+1 = 7un + 8vn .
Déterminer les suites (un + vn )n≥0 et (un − vn )n≥0 pour tout n ≥ 0 puis calculer le terme
général des suites (un )n≥0 et (vn )n≥0 .
9) Le philosophe grec Zénon d’Élée (autour de -450) prétendait démontrer l’impossibi-
lité d’un mouvement par le raisonnement suivant : une flèche ne peut pas atteindre sa
cible puisqu’avant d’atteindre cette cible, il lui faut parcourir la moitié de la distance,
puis la moitié du chemin restant puis ainsi de suite, une infinité de moitiés. Pourquoi
la conclusion de ce raisonnement est-elle fausse ?
p. 50 7 Exercices
9un − 4
un+1 = pour tout entier n ≥ 0.
12un − 5
9 1 1
un+1 = − · .
12 4 12un − 5
2
2) En déduire que, pour tout n ≥ 1, on peut définir un et que un ≥ .
3
3) Pour tout entier n ≥ 0, on pose
−2un + 1
vn+1 = .
3un − 2
−2un − 2
un+1 = pour tout entier n ≥ 0.
6un + 5
1 1 1
un+1 = − − · .
3 3 6un + 5
1
b) En déduire que, pour tout n ≥ 1, on peut définir un et que un ≥ − .
2
!
−2 −2
2) On pose M = .
6 5
a) Pour quelles valeurs λ0 et λ1 du paramètre réel λ la matrice M − λI n’est-elle
pas inversible ?
7 Exercices p. 51
b) On note
( ! !) ( ! !)
2 x x 2 x x
V0 = (x, y) ∈ R : M = λ0 et V1 = (x, y) ∈ R : M = λ1 .
y y y y
2
b) En déduire que, pour tout n ≥ 0, on peut définir un et que un ≤ .
! 3
−5 4
2) On pose M = .
−9 7
p. 52 7 Exercices
est vraie.
4) On définit deux suites a = (u2n )n≥0 et b = (u2n+1 )n≥0 . Étudier variations de a et b.
5) Déduire de la question précédente et de la première question que a et b sont
convergentes.
6) On note A la limite de a et B la limite de b. Montrer que B2 = 2 − A puis que
(B − 1)(B3 + B2 + B − 2) = 0.
7) Montrer par récurrence que, pour tout entier n ≥ 0 la propriété
(
u2n < 1
P (n) :
u2n+1 > 1
√
b) Montrer que, pour tout n ≥ 0 on a un ≥ 2.
c) Étudier les variations de u.
d) Montrer que, pour tout n ≥ 0, on a
√ 1 √ n
0 ≤ un − 2 ≤ n (u0 − 2)2 .
2
e) Montrer que u converge et déterminer sa limite.
17) On définit deux suites u = (un )n≥0 et v = (vn )n≥0 par
3un + 2vn 3vn + 2un
un+1 = , vn+1 =
5 5
pour tout n ≥ 0. Montrer que les suites u et v sont adjacentes.
18) Le but de cet exercice est de déterminer le terme général de la suite u = (un )n≥0
définie par u0 = u1 = u2 = 1 et
a) Montrer qu’il existe une matrice M telle que, pour tout n ≥ 0 on a Un+1 = MUn .
b) Exprimer Un en fonction de U0 pour tout n ≥ 0.
c) Pour quelles valeurs λ0 , λ1 et λ2 du paramètre réel λ la matrice M − λI n’est-elle
pas inversible ?
d) On note
x x x x
3
3
V0 = (x, y, z) : M y = y , V1 = (x, y, z) : M y = y
∈ λ ∈ λ
R
0
R
1
z z z z
et
x x
3
V2 = (x, y, z) : M y = y .
∈ λ
R
2
z z
A
Structure linéaire de l’espace vectoriels des suites
On a vu proposition 6 que l’ensemble Un0 des suites réelles (un )n≥n0 est un espace
vectoriel sur R. Montrons que cet espace est de dimension infinie. On raisonne par
l’absurde en le supposant de dimension finie d. Considérons alors les d + 1 suites
u (1) , . . . , u (d+1) définies par
(1) (1)
un0 = 1 et un = 0 si n , n0
(2) (2)
un0 +1 =1 et un =0 si n , n0 + 1
..
.
(d) (d)
un =1 et un = 0 si n , n0 + d − 1.
0 +d−1
(d+1) (d+1)
un +d = 1 et un =0 si n , n0 + d.
0
La famille {u (1) , u (2) , . . . , u (d+1) } est libre : soit en effet λ1 , . . . , λd+1 des réels tels que
Remarque 102– Chacune des suites u (1) , . . . , u (d+1) tend vers 0. Le raisonnement précé-
dent justifie donc aussi la remarque 40.
B
Convergence des suites complexes (par Thierry Buffard)
Définition 103– Une suite numérique complexe notée (zn )n∈N (ou plus simplement (zn ))
est une application de N à valeurs dans C.
Définition 104– On dit qu’une suite complexe (zn ) est convergente (dans C) s’il existe
un nombre complexe ` tel que :
On dit alors que la suite (zn ) tend vers `, ou encore que la suite (zn ) converge vers ` ou
encore que la suite (zn ) a pour limite `.
p. 56 B Convergence des suites complexes (par Thierry Buffard)
Proposition 105 (comme dans R)– Si (zn ) est une suite convergente, alors sa limite est
unique et est notée limn→+∞ zn ou lim (zn ).
in
Exemple 106– Soit zn = n+i pour tout n ∈ N. Montrons que lim(zn ) = i.
1
On a zn − i = in
−i =
n+i donc |zn − i| = √ 12 .
n+i , n +1
q
1
Soit ε > 0. Pour N0 = ε2
− 1 + 1 si ε ≤ 1 et N0 = 0 si ε > 1, on a |zn − i| < ε pour tout
n ≥ N0 .
On a ainsi montré que lim(zn ) = i.
Remarque 107– On a l’équivalence :
lim (zn ) = ` ∈ C si et seulement si la suite réelle (|zn − `|) converge vers 0.
Théorème 108 (comme dans R)– a) Si (zn ) est une suite complexe convergente vers
` ∈ C, alors la suite réelle (|zn |) converge vers |`|.
b) Toute suite complexe convergente est bornée c’est-à-dire vérifie qu’il existe M ∈ R
tel que |zn | ≤ M.
c) Si lim (zn ) = ` ∈ C et lim (zn0 ) = ` 0 ∈ C, alors lim (zn + zn0 ) = ` + ` 0 ,
d) Si lim (zn ) = ` ∈ C et lim (zn0 ) = ` 0 ∈ C, alors lim (zn zn0 ) = ` ` 0 ,
e) Si lim (zn ) = ` ∈ C et λ ∈ C, alors lim (λ zn ) = λ `,
f) Si lim (zn ) = ` ∈ C et ` , 0, alors la suite ( z1 ) est définie à partir d’un certain rang
n
Théorème 109– Soit (zn ) une suite complexe et soit ` = a + ib ∈ C (a, b ∈ R). Alors,
la suite (zn ) converge vers ` = a + ib si et seulement si la suite réelle (<(zn )) converge vers
a et la suite réelle (=(zn )) converge vers b.
in
Exemple 110– Soit zn = n+i pour tout n ∈ N.
2
n
Pour tout n ∈ N, zn = n2 +1
+ i n2n+1 .
n n2
Puisque <(zn ) = n2 +1
→ 0 et =(zn ) = n2 +1
→ 1, on obtient lim (zn ) = 0 + 1.i = i.