Introduction à la Bible_22-02-2019 CH VI

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Chapitre sixième : Canons de la Bible

Introduction

Quand on parle de la Bible, une des premières questions qu’on doit se poser est de se
demander: Pourquoi ces livres? Pourquoi pas d’autres livres? Est-ce qu’il y a un raison pour
laquelle nous retrouvons, dans le Nouveau Testament, seulement quatre évangiles quand on
nous dit qu’il y avait plusieurs évangiles et épitres en circulation? Qui a déterminé que ces
livres, et seulement ces livres, seraient « inspirés, infaillibles, et autoritaires »?

À travers les siècles, les croyants ont été confrontés avec cette question. C’est la question
du canon, c’est-à-dire, quels livres peut-on considérer comme inspirés, comme digne d’être
appelés « la parole de Dieu ? » Nous allons définir le canon, puis expliquer les critères de
canonicité et enfin parler de la formation de ce canon.

1. Définition
Le mot canon provient du mot grec, kanon, qui signifie ‘une canne, une règle, ou canne
à mesurer. κανον (kanon) vient de ‘cane’ : un roseau droit, une verge, une tige, ou une pièce de
bois droite à laquelle on fixe une chose qui doit rester droite ; utilisé dans de nombreuses
occasions: canne à mesurer, règle ; ligne de charpentier, fil à mesurer ; la mesure d’un saut,
comme aux jeux Olympiques. Métaphoriquement, le canon c’est toute règle ou tout standard,
principe ou loi concernant les jugements, la vie, les actions. En sus, le mot canon signifie la
règle qui sert à mesurer, puis, par extension : ce qui est mesuré. Le "canon de la Bible" en vint
à désigner le catalogue des livres divinement inspirés dignes de servir de règle en matière de
foi, de doctrine et de conduite. Pour comprendre la façon dont la Bible a été formée, nous
étudierons quatre termes fondamentaux: L’authenticité, la crédibilité, la canonicité et l’autorité
de la Parole de Dieu.

2. L’authenticité, la crédibilité et la canonicité

Quand nous acceptons le fait que nous avons dans la Bible l’expression d’un caractère
divin, nous sommes aussitôt intéressés par le caractère des documents qui transmettent cette
révélation. Nous désirons savoir si les divers livres de la Bible sont authentiques, dignes de foi
et canoniques.
2.1. L’authenticité des livres de la Bible
Par authenticité, nous voulons dire qu’un livre a été écrit par la ou les personnes dont il
porte le nom ou s’il est anonyme, par la ou les personnes auxquelles la tradition ancienne l’a
attribué ; ou s’il n’est pas attribué à un ou des auteurs, dans la période que lui a attribuée la
tradition. On dit qu’un livre est faux ou apocryphe s’il n’a pas été écrit dans la période qu’on

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lui a attribuée, ou par l’auteur prétendu par celui-ci. On considère un livre comme digne de foi
quand il rapporte les faits tels qu’ils se sont réellement produits. Il est altéré quand le texte a été
changé d’une manière quelconque. Nous pouvons montrer de la façon suivante que les livres
de l’Ancien et du Nouveau Testaments sont dignes de foi et authentiques.

a. L’authenticité des livres de l’Ancien Testament

Nous abordons les Écritures de l’Ancien Testament dans leur triple division : la loi, les
prophètes et les écrits.

1) L’authenticité des livres de la loi (Torah)

Une grande partie de la critique moderne nie la paternité mosaïque du Pentateuque.


D’abord il est généralement reconnu qu’une portion considérable du peuple savait lire et écrire
et que les tablettes et listes généalogiques étaient connues en Babylonie des siècles avant
Abraham ; qu’il est possible qu’Abraham ait apporté avec lui des tablettes cunéiformes
renfermant de tels documents lorsqu’il passa de Charan à Canaan ; et que, de cette manière,
Moïse aurait pu entrer en possession de ces tablettes.

En outre, dans le reste du Pentateuque, Moïse est à plusieurs reprises présenté comme
l’auteur de ce qui est écrit. Il devait l’écrire. Et l’Éternel dit à Moïse: Ecris ceci pour mémorial
dans le livre, et fais-le entendre à Josué, que j’effacerai entièrement la mémoire d’Amalek de
dessous les cieux (Ex 17.14) et il est dit c’est ce qu’il fit. Et Moïse écrivit toutes les paroles de
l’Éternel (Ex 24.4). Et quand Moïse eut achevé d’écrire dans un livre les paroles de cette loi
jusqu’à ce qu’elles fussent complètes, il arriva que Moïse commanda aux Lévites qui portaient
l’arche de l’alliance de l’Éternel, disant: Prenez ce livre de la loi, et placez-le à côté de l’arche
de l’alliance de l’Éternel, votre Dieu; et il sera là en témoignage contre toi (Dt 24.24-26). De
plus, dans l’Ancien Testament mais en dehors du Pentateuque, Moïse est présenté à plusieurs
reprises comme l’auteur d’un livre écrit. Ce livre est appelé « le livre de la loi de Moïse » (Jos
8.31 ; 2Ro 14.6), « la loi de Moïse » (1R 2,3 ; 2 Chr 23,18 ; Dn 9.11) et « le livre de Moïse »
(Nh 13,1).

2) L’authenticité des livres des prophètes (Nebiim)

L’hébreu parle des prophètes antérieurs et postérieurs. Josué, Juges, 1 et 2 Samuel, 1 et


2 Rois appartiennent aux prophètes antérieurs tandis qu’Esaïe, Jérémie, Ézéchiel et les
prophètes soi-disant mineurs font partie des prophètes postérieurs. D’abord, si l’on regarde les
prophètes antérieurs il n’y a pas de raison de rejeter le point de vue traditionnel selon lequel
Josué écrivit le livre qui porte son nom, et Samuel le livre des Juges. Le livre des Juges a été

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écrit après le début de la monarchie (19.1 ; 21.25) mais avant l’accession de David au trône
(1,21 voir aussi 2 Sa 5,6-8). Dans 1Ch 29.29, il est question des choses « écrits dans le livre de
Samuel, le voyant, dans le livre de Nathan, le prophète, et dans le livre de Gad, le prophète ».
La tradition s’est, par conséquent, sentie justifiée d’attribuer 1 S 1-14 à Samuel et 1S 25 – 2S
24 à Nathan et à Gad. Jérémie a été communément considéré comme l’auteur des livres des
Rois ; l’auteur était du moins un de ses contemporains.

Deuxièmement, les prophètes postérieurs sont également authentiques. Il est dit que
les actions et les œuvres de piété d’Ézéchias ont été écrites « dans la vision du prophète Ésaïe
(2Ch 32.32) ; il est également dit qu’Ésaïe a écrit « les actions d’Ozias » (2 Ch 26,22). La
prophétie d’Ésaïe lui est attribuée (1,1). Jésus et les apôtres ont parlé des écrits d’Ésaïe, lui
attribuant même les parties contestées (Mt 8,17 voir aussi Es 53,4 ; Lc 4,17 voir aussi Es 61,1 ;
Jn 12,38-41 voir aussi Es 53,1). Jérémie reçut l’ordre suivant : Écris pour toi dans un livre toutes
les paroles que je t’ai dites. (Jr 30,2). Et Jérémie écrivit dans un livre tout le mal qui viendrait
sur Babylone, toutes ces paroles qui sont écrites contre Babylone (Jr 51,60). Baruch a sans
doute été son secrétaire pour une grande partie de son œuvre (Jr 36,4 et 45,1). Ézéchiel reçut
l’ordre d’écrire (43,11) de même qu’Habacuc : fils d’homme, écris pour toi le nom de ce jour,
de ce propre jour: le roi de Babylone s’approche contre Jérusalem, en ce jour même (Ez 24,2).
Et l’Éternel me répondit et dit: Écris la vision et grave-la sur des tablettes, afin que celui qui la
lit puisse courir (Hab 2,2). Il est communément admis par les savants conservateurs que les
noms qui apparaissent dans les premiers versets d’un livre prophétique nous rapportent
fidèlement le nom de l’auteur de ce livre.

3) L’authenticité des écrits (Kethubim)

Le reste des livres a été divisé en trois groupes : a) les livres poétiques, qui comprennent
Psaumes, Proverbes et Job ; b) les megilloth, qui comprennent le Cantique des cantiques, Ruth,
Lamentations, Ecclésiaste et Esther ; et c) les livres historiques non prophétiques qui
comprennent Esdras, Néhémie, les Chroniques et Daniel (probablement parce qu’il était un
homme d’état).

Pour les Psaumes et les œuvres de Salomon, il est question de ce que David et
Salomon, son fils « ont réglé par écrit » (2 Ch 35,4). Bien que les titres des Psaumes ne fassent
pas partie du texte original, ils sont généralement acceptés comme justes. Des 150 Psaumes,
100 sont attribués à des auteurs : 73 à David, 11 aux fils de Koré, 12 à Asaph, 2 à Salomon, un
à Ethan et un à Moïse. Les autres sont anonymes.

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Selon les titres des Proverbes, Salomon est l’auteur des chapitres 1 à 24. Il est
également l’auteur des chapitres 25 à 29, bien que ces chapitres furent copiés à partir de ses
écrits par les gens d’Ézéchias. Le chapitre 30 est attribué à Agur, fils de Jaké, et le chapitre 31
au roi Lemuel. Le livre de Job ne nous donne pas le nom de l’auteur, mais il n’est pas
improbable que Job lui-même l’ait écrit. Nous considérons ce livre comme rapportant
fidèlement les expériences d’un homme appelé Job et ayant vécu à l’époque des patriarches, et
non comme une simple fiction poétique.

Le Cantique des cantiques est également attribué à Salomon (1,1) et il n’y a pas de
raison de remettre en doute la véracité du titre. Le livre de Ruth a souvent été associé au livre
des Juges et il a probablement été écrit par la même personne qui a écrit le livre des Juges,
probablement Samuel. Que le nom de David soit mentionné (Rt 4,22) mais pas celui de
Salomon constitue un argument en faveur d’une date qui ne serait pas postérieure à David. Les
Lamentations sont attribuées à Jérémie par le titre dans nos Bibles et la tradition a toujours
reconnu qu’il en était l’auteur. Dans la forme d’expression et l’argument général, elles ont
beaucoup en commun avec le livre de Jérémie et c’est avec confiance que nous pouvons lui
attribuer ce livre.

L’Ecclésiaste se présente comme « fils de David, roi de Jérusalem » (1,1) et cette


expression a habituellement été considérée par les conservateurs comme désignant nul autre
que Salomon. Le livre d’Esther aurait pu avoir été écrit par le Juif Mardochée, qui connaissait
mieux les faits relatés dans ce livre, mais 10,2s semble contredire cette opinion. L’auteur doit
avoir été un Juif qui vivait en Perse à l’époque des événements racontés et qui a eu l’accès aux
chroniques officielles des rois des Mèdes et des Perses (2,23 ; 9,20). Il faut convenir que le
langage est récent ; il est comparable à celui d’Esdras, de Néhémie et des Chroniques. Et tous
les actes de sa puissance et de sa force, et la déclaration de la grandeur de Mardochée, comment
le roi l’éleva, ne sont-ils pas écrits dans le livre des chroniques des rois de Médie et de Perse?
(Est 10,2).

Le livre de Daniel a sans aucun doute été écrit par le diplomate qui porta ce nom.
L’auteur s’identifie comme étant Daniel et il écrit à la première personne (7,2 ; 8,1.15 ; 9,2 ;
10,2). De plus, Daniel reçut l’ordre de préserver ce livre (12,4). Il y a dans le livre une unité
remarquable et le nom de Daniel revient tout au long. Jésus l’a attribué à Daniel (Mt 24,15).
Les savants conservateurs datent le livre au 6ème siècle av. J.-C., bien que les critiques
modernes, à cause de leur rejet des prophéties, le placent généralement dans la période
maccabéenne et lui attribuent une date entre 168 et 165 av. J.-C.

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Le livre d’Esdras a sans aucun doute été écrit par le scribe Esdras. Étant donné qu’une
partie du livre a été écrite à la première personne du singulier par un homme identifié comme
Esdras (7,28 ; voir aussi 7,1) et que le livre porte des marques d’unité il semblerait que le reste
est également de sa main. Le livre de Néhémie a sans aucun doute été écrit par Néhémie,
l’échanson du roi de Perse. Il a été écrit du temps de Malachie, quelque part entre 424 et 395
av. J.-C. Les critiques placent les livres des chroniques sur un plan beaucoup moins élevé que
les livres des Rois. La raison semble en être que, tandis que les livres des Rois traitent des
aspects prophétiques de l’histoire, les livres des Chroniques traitent plutôt des aspects
sacerdotaux. La tradition a attribué ce livre à Esdras. Ils doivent avoir été écrits vers 450-425
av. J.-C., avant le livre d’Esdras.

b. L’authenticité des livres du Nouveau Testament

Il y a raison de croire que les Évangiles synoptiques ont été écrits dans l’ordre suivant :
Matthieu, Marc et Luc. Le médecin bien-aimé a probablement écrit son Évangile vers l’an 58
apr. J.-C. Jean a été écrit plus tard, probablement à la fin du 1er siècle. Le livre des Actes est
aujourd’hui attribué, de façon générale, à Luc. Dix des soi-disant Épîtres de Paul sont
aujourd’hui attribuées pour la plupart à Paul. L’Épitre aux Hébreux est anonyme et personne
ne sait qui l’a écrite. Elle a sans aucun doute été écrite par un érudit chrétien quelque part entre
67 et 69 apr. J.-C. Les Épîtres de Jacques et de Jude ont sans aucun doute été écrites par deux
frères de Jésus. Les Épîtres de Pierre ont été écrites par l’apôtre Pierre. Certains émettent un
doute sur la deuxième Épître de Pierre pour des raisons de style. Mais Pierre a peut-être eu
Sylvain comme secrétaire pour sa première lettre (5,12) et avoir eu ainsi un peu d’aide pour son
langage ; et il a peut-être écrit la deuxième sans aide. Les trois Épîtres de Jean et Apocalypse
ont été écrites par l’apôtre Jean.

2.2. La crédibilité des livres de la Bible

a) La crédibilité des livres de L’Ancien Testament


Ce point est établi par deux grands faits :
1) La preuve tirée de la reconnaissance de l’AT par Jésus-Christ.
Jésus-Christ reçut l’Ancien Testament comme rapportant véridiquement les événements
et les doctrines traités (Mt 5,17s ; Lu 24,27.44 ; Jn 10,34-36). Il reconnut comme vrai, et cela
de façon bien précise, un certain nombre des principaux enseignements de l’Ancien Testament,
par exemple la création de l’univers par Dieu (Mc 13.19), la création directe de l’homme (Mt
19,14), la personnalité de Satan et son caractère malfaisant (Jn 8,44), la destruction du monde

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par un déluge de Noé (Lc 17,26), la destruction de Sodome et Gomorrhe, et la délivrance de
Lot (Lc 17,28-30) et ainsi de suite.

2) La preuve tirée de l’histoire et de l’archéologie

L’histoire fournit plusieurs preuves de l’exactitude des représentations bibliques de la


vie en Égypte, en Assyrie, en Babylonie, en Médie et en Perse et ainsi de suite. Les noms de
certains chefs d’état de ces pays sont mentionnés dans la Bible et aucune de ces personnes n’est
présentée d’une façon qui contredise ce que l’on sait d’elle dans l’histoire. L’archéologie vient
aussi confirmer à plusieurs reprises les récits bibliques. Plus la science de l’archéologie
progressera, plus de nouvelles informations seront découvertes qui viendront confirmer
l’exactitude du récit biblique.

b) La crédibilité des livres du Nouveau Testament

On peut l’établir par quatre grands faits.


1) Les auteurs du NT étaient compétents
Ils étaient qualifiés pour rendre témoignage de la vérité divine et pour l’enseigner.
Matthieu, Jean et Pierre étaient des témoins oculaires de ses œuvres et ses enseignements. Et
nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne (2 P 1,18).
Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos
yeux, ce que nous avons contemplé et que nos mains ont touché, concernant la parole de la vie
(1 Jn 1,1)

2) Les auteurs du NT étaient honnêtes

Le ton moral de leurs écrits, leur respect évident de la vérité et la particularité de leurs
récits indiquent qu’ils n’étaient pas des imposteurs mais d’honnêtes hommes. La même chose
est également évidente du fait que leur témoignage mettait en danger tous leurs intérêts en ce
monde, aussi bien leur position sociale et leur prospérité matérielle que leur vie. Quel aurait pu
être leur motif en inventant une histoire qui condamne toute hypocrisie et qui est contraire à
toutes les croyances qu’ils avaient héritées, s’ils devaient payer un tel prix à cause d’elle ?

3) Leurs écrits s’harmonisaient les uns avec les autres

Les Synoptiques ne se contredisent pas mais se complètent l’un l’autre. Sur le plan
doctrinal, les écrits du NT s’harmonisent également. Jésus-Christ est Dieu aussi bien dans les
Synoptiques que dans l’Évangile de Jean. Paul et Jacques ne se contredisent nullement mais

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présentent la foi et les œuvres dans des perspectives différentes. Les 27 livres du NT présentent
un tableau harmonieux de Jésus-Christ et de son œuvre.

4) Leurs récits s’accordent avec l’histoire et l’expérience

Il y a dans le NT de nombreuses références à l’histoire contemporaine, telles le


recensement à l’époque où Quirinius était gouverneur de Syrie (Lc 2,2), les actes de Hérode le
Grand (Mt 2,16-18), d’Hérode Antipas (Mt 14,1-12), Hérode Agrippa (Ac 12,1)etc., mais
jusqu’à maintenant personne n’a pu montrer que le récit biblique était en contradiction avec un
seul fait provenant d’autres sources dignes de confiance.

2.3. Canonicité de la Bible

Dans le sens ecclésiastique, le canon signifie la liste des livres de l’Ancien et du Nouveau
Testament que l’Église catholique considère comme inspirés. Comme l’inspiration est un fait
surnaturel, qui ne peut être constaté expérimentalement, mais doit être établi par le témoignage
divin, seule l’Église catholique, interprète les intentions divines et s’appuyant sur la tradition
apostolique, est compétente pour prononcer avec certitude absolue un jugement en cette
matière. Par contre, pour de très nombreux théologiens non catholiques, la formation et la
fixation du canon est un phénomène purement historique. Au Concile de Trente, l’Église
catholique a solennellement défini la liste complète des écrits de l’Ancien Testament et du
Nouveau Testament.

a. Le canon de l’Ancien Testament et le rôle d’Esdras

D’après l’historien juif Josèphe et la tradition juive, Ezra a commencé à compiler et à


cataloguer le canon des Écritures hébraïques, et Néhémie a achevé le travail. Ezra était l’un des
rédacteurs inspirés de la Bible, il était aussi prêtre, érudit et copiste officiel des écrits sacrés
(Ezra 7,1-11). Josèphe, historien juif du 1er siècle, montre que seuls les quelques livres (du
canon hébraïque) tenus pour sacrés étaient reconnus. C’est ainsi qu’il dit : « Il n’existe pas chez
nous une infinité de livres en désaccord et en contradiction, mais vingt-deux seulement [certains
ont été regroupés comme déjà expliqué] qui contiennent les annales de tous les temps et
obtiennent une juste créance » (Contre Apion, I, 38, 41). Plus tard le concile juif de Jamnia
(vers 90 av. J.C) exclut nettement tous les écrits apocryphes du canon hébraïque, ce qui dénote
que le canon existait déjà.

En germe depuis fort longtemps, c’est au synode de Yabnéh (aujourd’hui Yebnah près
de Jaffa) entre 90 et 100 que fut clos le Canon Hébraïque. Le caractère commun à ces ouvrages

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était d’être rédigé en Hébreu, devenu langue de sainteté. Les textes rédigés en grec ou seulement
connus en Grec n’accédèrent pas au Canon de la communauté Juive. Il en fut ainsi de 7 des
ouvrages de la traduction en grec dite des Septante: ce sont les fameux Livres
Deutérocanoniques. Dans les faits, c’est la Grande Synagogue de Jérusalem qui fixa ce canon.

Pour déclarer qu’un livre était canonique, on s’est servi des critères suivants :
- Son contenu doit attester qu’il a été inspiré par l’Esprit saint de Dieu (2 P 1,21) :
- Son message doit tourner les hommes vers le culte du Créateur tout puissant, et faire naître
en eux un profond respect pour son nom, ses œuvres, et pour ses desseins à l’égard de la
terre (Ap 4,11; Ps 29,1,2 ; Ps 37,28-29), ce qui les incite à l’aimer et le servir (Mc 12,30;
Dt 6,4-5; Jn 6,44).
- Son message met en évidence qu’il n’y a pas de salut en dehors de Yahweh (héb:
YaHWeH) ou des dispositions qu’il prend (Is 43,3.11; Ps 7,10; 22; 83; Lc 2,11).
- Il met le lecteur en garde contre la superstition, le démonisme et le culte de la créature (Ps
135,15-18; Ga 5,19-21 Is 44,14-20).
- Il doit être en complète harmonie avec le reste de la Bible, notamment avec les principes
fondamentaux du culte pur établi dans le Pentateuque. Les écrits postérieurs confirment,
clarifient et développent ce qui est précédemment écrit (Dt 4,2; Pr 30,6; Ap 22,18-19).
- Il doit être en conformité avec le « modèle divin des paroles salutaires » et avec les
enseignements de Jésus Christ (2 Tm 1,13).
- On attend également de tels écrits qu’ils soient totalement dépourvus de mythes ou de
fables. Le récit est historiquement vrai et ses documents sont dignes de confiance
(1Timothée 4,7; 2 Timothée 4,4; Tite 1,14 ; 2 Pierre 1,16).
- Son contenu se révèle prophétique et prononcé au nom de Yahweh (Is 55,11).
- Critère de l’authenticité immédiatement reconnu (Ac 17,11).

Ainsi, la canonicité ne fut pas le fait d’hommes décrétant tel ou tel livre canonique mais
plutôt de croyants reconnaissants la valeur de ces livres qui s’imposaient d’eux-mêmes par leur
valeur spirituelle. Par ailleurs, la triple division des livres de l’Ancien Testament dans la Bible
hébraïque (la loi, les prophètes et les écrits) n’implique pas trois périodes d’entrée dans le
canon. Nous connaissons aujourd’hui que la collection finale du canon de l’Ancien Testament
a été complétée par Esdras et les membres de la Grande Synagogue au cinquième siècle avant
Jésus Christ. Josèphe, qui écrivit vers la fin du premier siècle apr. J.-C., donna la même triple
division que le canon des Massorètes. Il indiqua de plus que le canon fut complété pendant le
règne d’Artaxerxés, ce qui correspond à l’époque d’Esdras. Il semble probable qu’Esdras fut

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celui qui organisa finalement les livres sacrés de l’Ancien Testament, puisqu’il est appelé « le
scribe » (Nh 8,1 ; 12,36), « un scribe versé dans la loi de Moïse » (Esd 7.6). En outre, aucun
autre écrit canonique ne fut composé depuis l’époque d’Artaxerxès, jusqu’au temps de Nouveau
Testament. Les livres apocryphes, bien qu’inclus dans les Septante, ne furent jamais acceptés
dans le canon hébreu. Et afin que les plus petits livres ne s’égarent, les 43 livres ont été
regroupés par les juifs selon le modèle suivant:

La Loi (Pentateuque)
1. Genèse 2. Exode 3. Lévitique 4. Nombres 5. Deutéronome
Les Prophètes
8. Samuel (Un et 9. Rois (Un et
6. Josué 7. Juges deux en un seul Deux en un seul 10. Isaïe
livre) livre)
13. Les douze
prophètes (Osée,
Joël, Amos,
Abdias, Jonas,
Michée, Nahum,
11. Jérémie 12.Ézékiel
Habaquq,
Sophonie, Aggée,
Zacharie et
Malachie, en un
livre)
Les Écrits (Hagiographes)
14. Psaumes 17. Chant de
15. Proverbes 16. Job 18. Ruth
(livres 1 à 5) Salomon
23. Ezra
19. Lamentations 20. Ecclésiaste 21. Esther 22. Daniel (Néhémie était
inclus dans Ezra)
24. Chroniques
(Un et Deux en
un seul livre)

b. Le canon du Nouveau Testament

La formation du canon du Nouveau Testament n’eut pas lieu à la suite d’un effort organisé pour
le produire, mais il semble plutôt avoir pris forme comme résultat du caractère manifestement
authentique des livres. Quelques grands principes contribuèrent à la détermination des livres
qui devaient être acceptés comme canoniques. L’Église primitive a utilisé cinq principes pour
déterminer les livres du Canon du Nouveau Testament :

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a. Autoritaire, Apostolique : le livre, a-t-il été écrit par un apôtre, ou, si non, est-ce que
l’auteur avait eu une telle relation avec un apôtre au point où son livre a atteint un niveau comme
les livres apostoliques ? A-t-il été écrit dans le premier siècle ?
b. Prophétique : a-t-il été écrit par un homme de Dieu ?
c. Authentique, Orthodoxe : est-ce qu’il dit la vérité, est-ce qu’il est conforme à la révélation
qui était déjà donné ?
d. Dynamique, Contenu : est-ce que le livre a eu un caractère spirituel au point où il était
élève au niveau des livres canoniques ?
e. Réceptivité, Universalité : le livre, était-il reçu universellement par l’église

De ces principes, sont nées les catégories des œuvres littéraires suivantes :
a. Homologoumena : les livres acclamés universellement comme canoniques ou livres
reconnus à l’unanimité (dont 20 de 27 livres).
b. Antilegomena : les livres qui ne sont pas acclamés universellement comme canoniques
pendant le temps de l’église primitive (7 de 27 dont Hébreux, Jacques, 2 Pierre, 2 et 3 Jean,
Jude, Apocalypse). Ils n’étaient pas appelés « non-canonique » mais leur rang était à peu près
comme « semi-canonique. »
Hébreux : Inspiration contestée du fait de l’anonymat de l’auteur.
Beaucoup considèrent Paul comme son auteur.
Jacques : L’auteur fut contesté comme étant le chef de la première église ; son message
fut jugé en contradiction avec celui de Paul (par Luther également). L’identité de Jacques fut
démontrée. Son message, faussement interprété comme le « salut par les œuvres » fut compris
comme le « salut avec les œuvres ».
2 Pierre : Très contesté du fait de la différence de style avec la première épître, faisant
douter d’un même auteur. Les réfutations sont multiples : Certaines citations de 2 Pierre par
Clément de Rome, au 1er siècle. Concordance littéraire avec manuscrits de la mer Morte,
permettant de dater l’épître avant l’an 80. Épître déjà tenue en haute estime par les chrétiens
coptes du III° siècle. Différence de styles explicables du fait que Silvain semble avoir participé
à la rédaction de la première épître (5. 12).
2 Jean & 3 Jean : Au début, pas unanimement inclues dans le canon sacré. Style et
message en harmonie parfaite avec la 1ère épître. « L’Ancien », au 1er siècle, ne peut être que le
grand apôtre Jean.

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Jude : Référence à des livres apocryphes et à des Pseudépigraphes. Les premiers Pères
de l’Église reconnurent les faits cités comme authentiques, comme ceux cités par Paul en 2
Tim. 3. 8, par ex.
Apocalypse : Écrit apostolique le plus controversé. Pourtant son autorité divine fut
reconnue dès le II° siècle. Réfutation de nombreuses hérésies par diverses sectes au IV° siècle…
et l’Apocalypse retrouva sa place dans le canon sacré.

c. Pseudépigraphes : « les livres attribués aux faux auteurs » ou livres rejetés par tous (car
considérés contrefaçons). Livres écrits entre 200 avant Christ à 200 après Christ. Ils ne sont
jamais acclamés comme canoniques par les chrétiens orthodoxes. Ils sont bizarres, hérétiques,
pas authentiques. Ils ont une valeur historique seulement en indiquant les doctrines hérétiques
des gnostiques, docétiques, et les groupes ascétiques, et aussi l’intérêt exagéré de l’église
primitive des histoires religieuses. Il y en a environ 300 différents livres dans cette catégorie.
Entre ceux qui sont plus importants sont : l’Évangile de Thomas, l’Évangile de Pierre,
l’Évangile de Nicodème, l’Évangile de Joseph le charpentier, l’Évangile de la Naissance de
Marie, les Actes de Pierre, les Actes de Jean, les Actes d’André, les Actes de Thomas. On
trouve aussi des épitres dont l’Épître perdue de Corinthe, l’Épître de Paul aux Laodicéens,
l’Apocalypse de Pierre, l’Apocalypse de Paul, l’Apocalypse de Thomas, etc.

d. Apocryphes çàd « cachés, secrets » : sont les livres juifs et chrétiens à caractère
mystérieux, insondable (d’où en partie leur nom, cf. Sir 14,12 ; 39,3.7) qui donnent l’apparence
de faire partie de l’Écriture du fait qu’ils présentent certaines ressemblances avec les livres
canoniques de l’AT et du NT ou sont attribués à des auteurs inspirés ayant reçu des
communications secrètes (Is 8,16 ; Dn 12,4.9). Les apocryphes avaient pour but de compléter
l’Écriture (ainsi Dn 9 veut compléter Jr 25,11 et 29,10), de consoler les lecteurs et parfois de
promouvoir certaines doctrines. Par contre, les protestants entendent par apocryphes les livres
que l’exégèse catholique appelle deutérocanoniques. Aux apocryphes (ainsi considérés par les
catholiques), ils réservent le nom de pseudépigraphes. On distingue, d’après que leur contenu
se rapporte davantage de l’AT ou du NT, deux catégories d’apocryphes :

- Les apocryphes de l’Ancien Testament : nés entre le 2ème siècle av. J.C et le 1er ap. JC et
divisés en trois types : 1) Les apocryphes du genre narratif qui contiennent pour une grande part
des données légendaires. Sans valeur pour la connaissance des événements et des personnages
historiques, ils sont souvent des témoins importants des conceptions religieuses de leur temps.
Dans ce groupe, on retrouve : Livre de des Jubilés (Jubil.) ; 3 Esdras (Esdr.) ; 3 Maccabée
(Mac) ; Testament d’Adam ; Écrits araméens sur Adam et Ève ; Vie d’Adam et Ève ;

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Apocalypse de Moïse (Apoc. de Moïse) ; Ascension d’Isaïe (Asc. D’Is.) ; Histoire des
Réchabites ; Paroles de Jérémie ou de Baruch ; Prière d’Asénath ; Testament de Job ; Testament
de Salomon ; Lettre d’Aristée ; Prologue de Sirac. 2) Les apocryphes du genre didactique : ils
sont en partie influencés par les idées morales de l’AT, mais ils marquent cependant un certain
et n’atteignent pas l’élévation de la doctrine de Jésus. Dans cette catégorie, se placent le
Testament des Douze Patriarches (Testam. XII Patr.) ; Ps 151 ; Psaumes de Salomon (Ps. Sal) ;
Prière de Manassé ; 4 Maccabée ; et Appendice de Job. 3) Les apocryphes apocalyptiques, qui
témoignent des doctrines apocalyptiques et eschatologiques, sont une source précieuse pour la
connaissance des idées religieuses, nationales et politiques des Juifs vers les débuts de l’ère
chrétienne. On y retrouve : Hénoch (Hén.) ; Assomption de Moïse (Ass. De Moïse) ; 4 Esdras ;
Apocalypses d’Abraham, d’Elie, de Baruch, de Sophonie, d’Ezéchiel ; Testament d’Abraham ;
livres sibyllins (Sib.) ; et Préface aux Lamentations.

- Les apocryphes du Nouveau Testament sont nés à partir du 2ème siècle apr. J.C et ils se
subdivisent en évangiles, actes, épitres et apocalypses. A) Les évangiles apocryphes ont voulu
combler les lacunes des évangiles canoniques. Ils présentent des détails fantaisistes sur la vie
de Jésus, de Marie et de Joseph. Leur doctrine trahit souvent une origine gnostique. Voici
certains titres : Évangile selon les Hébreux ou des Égyptiens, des Ébionites ou de Douze
Apôtres, de Pierre, de Matthias, de Philippe, de Barthélemy, de Barnabé, de Nicodème, du
Pseudo-Matthieu, Protévangile de Jacques (Protév. De Jacques), Évangile de l’Enfance de
Jésus, Histoire de Joseph le Charpentier, Translation de Marie.
B) Les actes continuent le récit des Actes des Apôtres canoniques. Ils cherchent à édifier, mais
ils trahissent souvent des tendances hérétiques. On trouve des livres tels que : Actes de Pierre,
de Paul, de Pierre et Paul, de Jean, d’André, de Thomas, de Philippe, de Matthieu, de Barnabé,
Prédication de Pierre.
C) Les épîtres ont souvent pour but d’appuyer les prétendus privilèges de certaines églises ;
parfois elles développent un point doctrinal des épîtres de Saint Paul ou prétendent être une de
ses épîtres perdues. Les principaux titres sont : Correspondance de Jésus avec Abgar, roi
d’Édesse ; Épître des Apôtres ; Épîtres de saint Paul aux Laodicéens, aux Alexandrins, Épîtres
des et aux Corinthiens ; Correspondance de saint Paul avec Sénèque.
D) Les apocalypses traitent surtout des temps d’épreuves et ouvrent des perspectives sur un
avenir meilleur. Les prétendues révélations sont présentées sous la forme de vision, de songes,
d’extases et d’apparitions d’anges ; elles s’appuient sur l’AT ; mais sont en partie aussi

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d’invention chrétienne. En voici les principaux titres : Apocalypse de Pierre, de Paul, de
Thomas et d’Etienne, de Jean, de Marie.

Les livres chrétiens non-canoniques

On sait, généralement par des citations, car le texte complet a souvent été perdu, que
d’autres évangiles ont été écrits, outre ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean. L’un d’entre eux,
« l’Évangile selon Saint-Thomas », nous est maintenant mieux connu, car on en a trouvé une
copie, dans une traduction copte, en 1946 en Égypte. Il s’agit d’un recueil de paroles de Jésus,
dont une partie reproduit des passages de nos Évangiles, alors qu’ailleurs ce sont des Évangiles
apocryphes qui sont cités (Évangile selon les Hébreux, par exemple) ; cependant certaines
paroles de Jésus sont inédites. On pense que ce livre a été écrit en Syrie au IIème siècle. Parmi
les autres ouvrages qui ont été lus et respectés par de nombreux chrétiens au IIème siècle, on
peut citer :
- L’épître de Clément de Rome à l’Église de Corinthe (vers 96). Clément s’inspire de
l’enseignement de Paul, de Jacques et de l’épître aux Hébreux. Sa lettre était lue lors des cultes
de l’Église de Corinthe vers 170. - La Didaché (ou Enseignement des Douze Apôtres) est un
recueil de préceptes de morale chrétienne et d’instructions sur le baptême, la cène et les
pasteurs, datant du début du IIème siècle. – L’épître de Barnabas, qui a quelques points
communs avec l’épître aux Hébreux, a sans doute été écrite à Alexandrie vers 130. - Le Pasteur
d’Hermas, ouvrage du IIème siècle, par Hermas, frère de l’évêque Pie de Rome. C’est une sorte
d’Apocalypse. – L’Apocalypse de Pierre, qui contient deux visions, l’une du ciel, l’autre de
l’enfer. Elle a été écrite vers 150.

Ces livres jouissaient d’une haute estime dans certaines Églises au moins, puisque des
auteurs chrétiens du IIème ou du IIIème siècle les classent dans l’Écriture Sainte. Parmi les
autres ouvrages du IIème siècle qui ont exercé une grande influence dans l’Église, on peut citer
les épîtres d’Ignace d’Antioche, celle de Polycarpe, évêque de Smyrne, les apologies de Justin,
etc...

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