Syllabus de Néphrologie-1

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Cours de Néphrologie Page |i

AVANT-PROPOS
Cet ouvrage a été élaboré à l’intention des étudiants en
Médecine.

Les ouvrages ayant permis d’élaborer ce syllabus :

- Syllabus Nephro UCL


- Livre Rein et Santé
- Rein à VIH
- Précis de Néphrologie
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CHAPITRE I. EVALUATION DE LA FONCTION


RENALE
I. Principales fonctions des reins

Les reins constituent un filtre pour le sang : élimination et


ajout de substances ;
Fonctions essentielles :
Régulations de la balance en eau et ions ;
Régulation d u volume circulant efficace ;
Excrétion des déchets métaboliques (urée, créatinine,
acides, …) ;
Excrétion de substances étrangères (médicaments,
toxiques, …) ;
Gluconéogenèse (20%) ;
Glande endocrine : vitamine D-PTH, érythropoïétine,
rénine, NO, etc.

II. Le rein, organe cible

Vulnérabilité
(1). Circulation :
Débit rénal très élevé (1.1 L/min soit 25% du débit
cardiaque, pour 2x 150 grammes de parenchyme) ;
Grande surface endothéliale de filtration (0,8 m2) : cible
privilégiée pour les atteintes toxiques ou
immunologiques de l’endothélium.
(2). Tubules :
Consommation élevée d’ATP pour les systèmes de
transport ;
Fragilité segmentaire : débit sanguin, accumulation
médullaire de toxiques ;
Compétition pour le transport : pénétration tubulaire de
substances pathogènes (métabolites, toxiques, …) ;
Concentration intratubulaire dans partie distale du
néphron constitution de cylindre néphrotoxiques
(dysprotéinémies, cristaux) ;
Précipitations de cristaux de calcium (lithiases,
néphrocalcinose).
(3). Glomérules : immuno sensibilité particulière (anticorps,
immun-complexes) ;
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(4). Interstitium : sensible aux infections, intoxications,


inflammations.

Les agressions
(1). Circulatoires : mauvais débit ischémie rénale
Perturbation des mécanismes
d’autorégulation : hyperfiltration hypertension
artérielle
(2). Atteintes toxiques : aiguës ou chroniques ;
(3). Anomalies génétiques : glomérule, tubule, voies urinaires ;
(4). Infection (voies ascendante ou hématogène) ;
(5). Troubles de l’hémostase (lésion de l’endothélium) ;
(6). Conflits immunologiques (auto-immunisation contre des
structures du glomérule ou du tubule).

III. Les éléments du diagnostic en néphrologie

A. Préciser le problème
B. Antécédents
1) Personnels
2) Familiaux
C. Examen clinique
D. Examen des urines
1) Conditions de prélèvement
2) Bandelettes réactives
3) Protéinurie
4) Sédiment
5) Uroculture
E. Evaluation de la fonction rénale
1) Rappels physiologiques
2) Evaluation de la filtration glomérulaire
3) Pouvoir de concentration
4) Autres tests fonctionnels
F. Imagerie rénale
G. Biopsie rénale

A. Préciser le problème
Depuis quand ? Circonstances d’apparition ?
Localisation ? Caractères ? Durée ?
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1. Signes urinaires

1) Les troubles mictionnels : dysurie, mictalgie, impériosité,


nycturie, pollakiurie
2) Hématurie macroscopique :
Fausses hématuries (betteraves rouges, certains colorants
alimentaires, laxatifs contenant phénolphtaléine,
hémoglobinurie et myogloinurie) et pertes de sang
d’origine gynécologique ;
Origine rénale si totale, indolore et sans caillot ;
Origine urologique si initiale / terminale, douloureuse et
avec caillot (urétorragie).

2. Douleurs

1) Lombalgie chronique :
Le plus souvent d’origine vertébrale (effet des
mouvements de la colonne ? effet du repos ?) ;
Parfois due à une distension de la capsule rénale (kystes,
tumeur …)
2) Lombalgie aiguë :
Colique néphrétique : hyperpression (cfr cours
d’Urologie) ;
Œdème rénal (NIA, infarctus) ou collection sous
capsulaire (hématome, abcès).
3) Bas-appareil : cfr cours d’Urologie

3. Anomalies

Anomalies découvertes par un examen systématique


(médecine scolaire, contexte médecine du travail, assurances, …)

1) Hypertension artérielle ;
2) Protéinurie ;
3) Hématurie microscopique
4) Glycosurie (cétonurie)

4. Découverte fortuite

1) Elévation du taux sérique d’urée ou de créatinine ;


2) Anomalie de l’ionogramme ;
3) Anémie d’origine inconnue ;
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4) Lors d’un examen d’imagerie (échographie abdominale par


exemple), d’une anomalie rénale.

La plupart des néphropathies chroniques s’installent


insidieusement.

5. Signes subjectifs

1) Soif, troubles de conscience, céphalées ;


2) Crampes musculaires ;
3) Inappétence, mauvais goût, prurit ;
4) Dyspnée, fatigue.

6. Œdème

1) Chevilles, visages, doigts, orthostatique (attention : alités).

B. Antécédents
a) Personnels :
Troubles mictionnels anciens ?
(Enurésie tardive, nycturie, boissons nocturnes, miction
en 2 temps …)
Résultats d’examens de santé
(Ecole, service militaire, médecine du travail,
assurance-vie …)
Date du dernier examen normal
Antécédents gravidiques
(Nombre et évolution des grossesses, nombre de fausses
couches, évolution de la pression artérielle, résultats de
la recherche de protéine)
Environnement : profession, voyages, habitudes
médicamenteuses
(Analgésiques, diurétiques, hypotenseurs, oestro-
progestatifs, sympathicomimétiques …)
b) Familiaux :
Arbre généalogique systématique ;
Age et cause de décès ;
Antécédents néphrologiques, vasculaires, généraux ;
Hypertension familiale ;
Malformations rein Ŕ œil Ŕ surdité Ŕ urologie.
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C. Examen clinique
a) Etat d’hydratation :
Hyper : œdèmes, hypervolémie (HTA, PVC, surcharge)
Hypo : pli cutané persistant
Hypotension orthostatique, tachycardie.
b) Pression artérielle (couché/debout ; effet blouse blanche)
c) Auscultation cardio-pulmonaire : souffle, surcharge,
tachycardie
d) Examen peau :
Couleur, lésions grattage
Purpura
Livedo reticularis
e) Examen vasculaire
Souffle vasculaire (aires rénales, fémorales, carotides)
Palpation pouls périphériques
Température des pieds
f) Examen de l’abdomen et des fosses lombaires :
Contact lombaire au palper bi-manuel (main antérieure
sur la paroi abdominale percevant une masse refoulée
par la main postérieure sur la fosse lombaire)
peut révéler un rein tumoral ou polykystique, une
lithiase
rein ptosé (qu’on peut refouler) ou pôle inférieur du
rein droit (en inspirant profondément) peuvent être
normalement perçus chez le sujet maigre.
g) Si symptömes/signes d’appel, rechercher :
Globe vésical
Pathologie prostatique au toucher rectal

D. Examen des urines


a) Conditions de prélèvement et d’examen : SPOT
Echantillon concentré
Urines de la 1ère miction suivant celle du matin, à
jeûn
Vérifier par : densité (≥ 1015)
Osmolalité (> 500 mOsm/kg eau)
Milieu du jet (éviter contamination urétro-vaginale)
Examen à effectuer dans les 2 heures suivant e
prélèvement (sinon, garder à 4° 24 h : OK pour
protéines et bactéries, mais délétère pour le sédiment).
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b) Collecte urinaire de 24 h (validée par mesure de créatininurie)


Calcul de clearance (créatinine)
Fraction d’excrétion urinaire
Détermination de la protéinurie
Excrétion urinaire d’ions
c) Large utilisation, en médecine générale, des bandelettes (ou
« tigelles ») réactives testant : pH, albumine, glucose, sang,
infection, leucocytes, etc.
Précautions :
Conservation adéquate (< 30°, pas au
réfrigérateur)
Respecter temps de lecture
Validité :
Bon examen de dépistage
Sang réagit en présence d’hémoglobine ou de
myoglobine
Infection ne détecte que les entérobactéries (de
loin les plus fréquentes voir plus loin)
Bactéries Gram (-)

Principe : nitrates
Toute Nitrites (virage tigelle)
anomalie par les bandelettes impose confirmation
et précisions au laboratoire (sauf pour cystite aiguë non
compliquée et symptomatique).

d) Protéinurie
1) Protéinurie physiologique : < 150 mg/24h
50% filtrées (dont 20-30 mg albumine) : endocytose
tubulaire proximale ;
50% sécrétées (surtout uromoduline au niveau du
TAL)
2)
Méthodes de dosage Tigelle Méthodes
turbidimétrique
Principe Indicateur Précipitation des
changeant de protéines
couleur en - mesure du trouble
présence de prot. (quantit)
(semi-quantit.
Seuil 10 mg/dl 5 Ŕ 10 mg/dl
Protéine détectée Albumine Toutes
Faux (+)
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Echantillon très + +
concentré
Hématurie macro + +
Urines alcalines (pH + -
> 8)
Produit de contraste - +
Rx
Antiseptique + -
Pénicilline, - +
céphalospor.
Faux (-)
Echantillon très - -
dilué
Bence-Jones - +
Prot. Tubulaires - +
! Confirmation et quantification : protéinurie de 24 h
! Etude qualitative : (immuno) électrophorèse

3) Protéinurie pathologique
a) Permanente
> 3,5 g/24h : glomérulonéphrite (GN)
0,5 Ŕ 3,5 g/24h : GN, néphrite interstitielle chronique
(NIC), néphrosclérose, …
< 0,5 g/24h : idem, polykystose, …
! protéinurie normale absence de néphropathie
! protéinurie monoclonale (dysglobulinémie)
! protéinurie tubulaire ou sélective

b) Intermittente
Effort physique
Fièvre
Protéinurie orthostatique du sujet jeune (>25 ans)
Définition : absence en décubitus Ŕ apparaît
en orthostatisme < 1,5 g/24h
isolée
Incidence : 2 Ŕ 5% des adolescents
Evolution : disparition avec l’âge dans 80%
des cas
Mise en évidence : ne plus boire après 20
heures, vider la vessie 2 heures après couches,
recueillir les urines du lendemain matin
(NI : < 50 mg/8h).
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4) Attitude devant une albuminurie découverte à la tigelle


chez un jeune
Nouvelle détermination (Ŕ) Stop

(+)

Protéinurie de 24 h et
examen du sédiment Prot. < 1,5 g/24h et isolée

Prot. Isolée > 1,5 g/24h Epreuve d’orthostatisme


ou
Anomalie du sédiment

Protéinurie Protéinurie
permanente orthostatique

Mise au point de la
néphropathie Echographie rénale

Anormale Normale

Rassurer
Suivi
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e) Sédiment urinaire
1) Méthode conventionnelle (lecture au microscope)

Echantillon de 10 ml urines fraîches centrifugé à 1.500 tours/min pendant 5’

décantation du surnageant

Culot remis en suspension dans une goutte d’urine

Examen au microscope (x 100)

Comptage des éléments figurés/champ microscopique (HPF)


2) Résultats :
GR : NI < 3/HPF
Si > 3/HPF : morphologie ?

GR non déformés GR dysmorphiques


(acanthocytes)

Origine plutôt urologique Origine plutôt glomérulaire

GB : Nl < 5
Cylindre (= moule d’une lumière tubulaire)
Hyalin : sans intérêt
Hématique : lésion glomérulaire
Leucocytaire : inflammation/infection rénale
Graisseux : syndrome néphrotique
Cristaux : sans intérêt, sauf si abondant
Cristaux d’acide urique, d’oxalate de calcium, de
phosphate, de CaH
Cristaux de cystine = diagnostic de cystinurie (voir
lithiase)
Dans un nombre croissant de laboratoires, l’examen est
automatisé, combinant tigelle et cytométrie de flux : seuls
les échantillons donnant un résultat anormal sont ensuite
examinés au microscope : importance qualitative.
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f) Uroloculture

! Urine vésicale normale est stérile, mais le dernier tiers de


l’urètre est fréquemment contaminé

1) Méthode
a) Prélèvement : après nettoyage (sans antiseptique) du
méat urinaire recueil du milieu du jet.
b) Transport et ensemencement immédiat ou réfrigération
temporaire à 4°C (stagnation à température ambiante =
prolifération de germes saprophytes)
2) Interprétation des résultats
a) Nombre de germes :
> 105 germes/ml et germe unique : infection certaine
103 Ŕ 105germes/ml :
Méthodologie inadéquate Infection débutante
Germes multiples Germe unique
Pas de symptôme Symptôme
Pas de leucocyturie leucocyturie

< 103 germes/ml : infection très peu probable


b) Infection : en principe bactériurie + leucocyturie

NB : Leucocyturie sans bactériurie : TBC urinaire, mycose urinaire,


néphropathie interstitielle chronique, urétrite.

E. Evaluation de la fonction rénale

1. Rappels physiologiques

1) Débit sanguin rénal (RBF, DSR) : 1100 ml/min


Dabit plasmatique rénal (RPF, DPR) : 600 ml/min
Taux de filtration glomérulaire (GFR, TFG) : 125 ml/min
(180 L/j)
Fraction filtrée :
2) Concept de clairance :
Clairance d’une substance x par le rein = volume
(théorique) de plasma épuré de cette substance ppar le rein
par unité de temps.
Formule :
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3) Mesure du PRF :
Clairance de l’acide para-amino-hippurique (PAH), acide
organique exogène complètement épuré du plasma lors de
son premier passage rénal (filtration + sécrétion par le tube
proximal)
Outil de recherche
4) Mesure du GFR :
a) Méthodes
Clairance de l’inuline, polysaccharide (PM : 5500)
complètement filtré par le glomérule et qui n’est ensuite
ni réabsorbé, ni sécrété, ni synthétisé, ni métabolisé par le
rein …
! nécessité d’une perfusion et de prélèvements multiples
Alternatives : marqueurs isotopiques
* I-thalamate, * Cr-EDTA, * Tc-DTPA
b) Valeur normale et variation du GFR
Varie selon l’âge, le sexe, la taille
Stabilité atteinte à l’âge de 2 ans
Déclin à partir de l’âge de 40 ans ( 1 ml/min/an)
130 ml/min chez l’homme 120 ml/min chez la
femme
Normalisation/1,73 m2 surface corporelle
Augmentation discrète après apport protéique
Augmentation de 50% durant le 1er trimestre de grossesse

2. Evaluation du GFR/TFG en pratique

1) Clairance de la créatinine
a) Avantages :
Substance endogène produite par les cellules musculaires
Production constante en état stable (dépendant de la
masse musculaire) et élimination par filtration
glomérulaire.
b) Inconvénients :
Il existe une sécrétion tubulaire de créatinine d’autant
plus élevée que le GFR augmente et qui peut être inhibée
par certains médicaments : triméthoprime, cimétidine.
Il faut obtenir une récolte exacte des urines de 24 heures
S’attendre à une excrétion urinaire de
20 Ŕ 25 g/kg/j chez l’homme
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15 Ŕ 20 mg/kg/j chez la femme

Pour une masse musculaire normale :


si nettement > : collecte de plus de 24 heures
si nettement < : collecte de moins de 24 heures
Détermination de la créatinine par la méthode de Jaffé,
influencée par d’autres chromogènes :
Elévation par glucose, corps cétoniques,
céphalosporines
Elévation par bilirubine
2) Créatinine sérique :
a) Bon reflet de la FG en état stable chez un individu donné
b) Tenir compte de la masse musculaire
(plus faible chez la femme, avec l’âge et en cas de
dénutrition)
Ni : 0,8 Ŕ 1,4 mg/dL chez l’homme
0,7 Ŕ 1,2 mg/dL chez la femme
c) Augmente dans changement du GFR
Suivant l’absorption de créatine (ex : gloulash)
Si médicaments inhibant sécrétion tubulaire créatinine
3) Urée sérique : le taux du GFR mais aussi :
des apports alimentaires
de la production endogène (catabolisme, hémorragie
digestive)
du taux de réabsorption tubulaire
de la fonction tubulaire ( si hypoperfusion rénale)
4) estimation de la clairance, sans collecte urinaire :
formule de Cockcroft (prédiction de la clairance de la
créatinine en fonction de l’âge, du sexe et du poids).

H:

Si femme : le résultat trouvé est multiplié par 0,85

! Surestime la FG en cas d’obésité et d’œdèmes

Formule de Cockcroft = estimation du GFR en pratique courante


Montre qu’un taux de créatinine sérique à peine augmenté peut déjà
refléter une réduction sévère de la FG chez un sujet âgé à masse
musculaire réduite.
Exemple : GFR par la formule de Cockcroft
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H, 40 ans, 72 kg F, 70 ans, 55
kg
Créatinine Sérique 1,0 : 100 ml/min 45
ml/min
(mg/dL) 2,0 : 50 ml/min 23 ml/min

! Autre formule : MDRD (utile pour la population en IRC mais


discutable pour population saine).

3. Le pouvoir de concentration du rein

1) Valeurs biologiques :
Osmolalité : nombre de particules osmotiquement actives
présentes dans 1 kg d’eau (mOsm/kg H2O)
Osmolalité du plasma et des urines : dosage à demander
(technique)
Densité de l’urine : poids de soluté/unité de volume
d’eau
2) Test de concentration maximale des urines :
Test simple : mesure de Osmo urine et densité le matin à
jeun
Osmo urine doit être > 800 mOsm/kg H2O
Densité urine doit être > 1024
Test à la soif : en clinique, protocole précis et suivi
médical
Test à la desmopressine (MinirimR, analogue ADH)

4. Autres tests fonctionnels

1) Test d’acidification des urines ‘acidose tubulaire)


2) Test de charge bicabornate IV (calcul du Tm ! acidose
tubulaire, Fanconi)
3) Test au furosémide (intégrité du TAL, acidification distale)
4) Test au thiazide (intégrité du TAL, acidification distale)
5) Test de surcharge en glucose ou phosphate IV (calcul du Tm :
Fanconi)
6) Test de charge hydrique : capacité de dilution des urines
(SIADH frustre)
7) Test de restriction sodée : recherche d’insuffisance
surrénalienne frustre
8) Futur : analyses moléculaires des urines :
Extraction d’ADN ou ARN
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Exosomes
Futur : protéomique et métabolomique

F. L’imagerie rénale

1. Echographie (reins et vessie)

Examen de base pour de nombreuses pathologies uro-


néphrologiques :
Lésions parenchymateuses (kystes, tumeurs, …)
Lésions obstructives (lithiases, prostate, …)
Lésions chroniques : taille des reins, différentiation cortico-
médulaire.

2. Tomographies rénales

Sans préparation : AUS (de moins en mois utilisé).


Mesurer les volumes rénaux (taille des reins, VN : 11-14 cm).
Diagnostic et suivi des calculs rénaux, néphrocalcinose.

3. UIV

Surtout utile pour détecter les anomalies du système excréteur.

4. Tomodensitométrie

De plus en plus utilisée.


Morphologie rénale, voies urinaires, aorte, vaisseaux et petit bassin
(à banc).
Diagnostic et suivi des calculs et néphrocalcinose (à banc)
Imagerie de précision des processus expansifs rénaux (conraste)
Processus péri-rein et rétropéritoine (contraste)

5. Exploration des artères rénales

Surtout sténose
Echo-Doppler (sténose artères rénales, malformations, index
résistance)
Angiographie (aussi à visée interventionnelle)
Résonance magnétique.
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! Produits contraste chez l’insuffisant rénal


Risque de dégradation de la fonction rénale…
… surtout en cas de myélome, diabète, hypovolémie,
néphroangiosclérose
Pour le minimiser : rétablir euvolémie avant injection de
contraste (stop diurétiques 2 jours avant ; éventuellement
perfusion de NaCl 0,45% ou 0,9% 12 heures avant Ŕ 12 heures
après.

6. examens radio-isotopiques

Essentiellement utilisés en transplantation et en urologie


! Gadolinium : contraste utilisé en IRM (risque de fibrose
systématique néphrogénique si GFR < 30 ml/min)

G. La biopsie rénale
1) Objectif : obtenir un prélèvement cortical permettant l’étude,
en microscopie optique et en immunofluorescence
(éventuellement en microscopie électronique) d’un
échantillon significatif de la population néphrotique (≥ 5
glomérules).
! Avenir : utilisation moléculaire (micro-puces ARN :
pronostic, diagnostic)
2) Indications principales :
Formelles : IR subaiguë d’étiologie imprécise
Syndrome néphrotique chez l’adulte
Possible : IRA ou IRC inexpliquées
Protéinurie Ŕ hématurie inexpliquées
3) Complications :
Hémorragie :
Hématurie macroscopique (5 à 10%)
Hématome péri rénal (10 à 20%)
Néphrectomie en urgence (< 1%)
Fistule a-v (10%), en général muette et régressive
Rarement, absence de résolution spontanée
( embolisation)
4) Contre-indications :
Rein unique
Petits reins
Trouble de la coagulation (prise d’anticoagulants à
considérer)
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Hypertension sévère
5) Information indispensable : formulaire de consentement,
discipline post-biopsie et dans la semaine qui suit,
consultation pour résultat.
6) Interprétation : principe d’échantillonnage à garder en
mémoire
Exemple : lésions focales, granulomes.

En bref

Les 5 outils pour une néphrologie de première ligne :

1) Anamnèse précise et fouillée, avec un recueil des antécédents


personnels et familiaux ;
2) Mesure fiable de tension artérielle ;
3) Bandelettes urinaires ;
4) Dosage de la créatininémie formule de Cockcroft de
MDRD (interprétation : sexe et poids) ;
5) Echographie rénale.

CLASSIFICATION DES NEPHROPATHIES

Selon la structure initialement lésée, le mode évolutif


(aigu/subaigu ou chronique), on distingue les néphropathies
principales suivantes :

Aiguës / subaiguës Chroniques

Glomérulaires GN aiguës (GNA) GN chronique (GNC)


(GN) GN Subaiguës (GNSA)

Interstitielles Pyélonéphrite aiguë (PNA) Néphrites interstitielles


Néphrites interstitielles aiguës chroniques (NIC
(NIA) Urologiques
Non urologiques
Tubulaires Nécrose tubulaire aiguë (NTA) Tubulopathies chroniques
Ischémique Congénitales
Toxique Acquise

Vasculaires
Veine Thrombose aiguë Thrombose chronique

Artère Embolie, thrombose Sténose


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Polyartérite macroscopique

Artériole Néphroangiosclérose maligne Néphroangiosclérose


« bénigne »
Emboles de cholestérol
Microangiopathies
thrombotiques
Polyartérite microscopique
Remarques :
Classification imparfaite, essentiellement pragmatique ;
Lésions tubulaires et interstitielles sont fréquemment associées
(« néphrites tubulo-interstitielles ») ;
Importance composante interstitielle dans la plupart des GN
sévères, surtout les subaiguës ;
Le capillaire glomérulaire étant interposé entre deux artérioles,
ne pas s’étonner que certaines maladies artériolaires aiguës soient
associées à une atteinte glomérulaire et soient alors classées dans
les glomérulopathies (ex : GN subaiguês à ANCA = polyartérite
microscopique).
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CHAPITRE II. NEPHROPATHIES


GLOMERULAIRES
I. Introduction

A. Rappel de la structure du glomérule


B. Physiopathologie des glomérulopathies
C. Présentation histologique
D. Modes de présentation clinique
E. Principales étiologies

II. Glomérulonéphrite aiguë (GNA)

III. Glomérulonéphrites subaiguës (GNSA)

IV. Glomérulonéphrites chroniques (GNC) primitives

A. Syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes


(SNLGM)
B. Hyalinose segmentaire et focale (HSF)
C. Glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM)
D. Glomérulonéphrite membrano-proliférative (GNMP)
E. Glomérulonéphrite à dépôts mésangiaux d’IgA (GN IgA)
F. Traitement symptomatique des GNC primitives

V. Glomérulonéphrites chroniques (GNC) secondaires

A. Diabète sucré
B. Amyloses
C. Néphrites du lupus érythémateux disséminé (LED)
D. Autres maladies générales à expression glomérulaire
VI. Le syndrome néphrotique (SN)
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I. Introduction

De nombreuses maladies sont susceptibles d’atteindre le


glomérule ; elles sont dites :
primitives quand elles restent confinées au glomérule (GNA ;
une minorité de GNSA ; GNC primitives) ;
secondaires quand elles font partie d’une maladie systémique (la
plupart des GNSA, GNC secondaires).

Les glomérulopathies sont définies et classées :


tantôt par leur mode évolutif (aiguës, subaiguës, chroniques) ;
tantôt par leur étiologie (ex : GN à anticorps anti-GBM ;
glomérulopathie diabétique, GN du lupus, s° d’Alport) ;
tantôt par leur aspect histologique (ex : les différentes GNC
primitives).

Pour ajouter à la difficulté, soulignons que :


l’étiologie reste très mal connue pour de nombreuses GNC
primitives ;
une étiologie peut s’exprimer par plusieurs tableaux
histologiques (ex : le LED) ;
un tableau histologique peut correspondre à plusieurs étiologies
(ex : la HFS) ;
un même syndrome clinique peut correspondre à différents
tableaux histologiques (ex : le syndrôme néphrotique).
A. Rappel de la structure du glomérule
1. Le capillaire glomérulaire :
a) La membrane basale glomérulaire (MBG ou GBM) : elle
est un élément essentiel de la barrière de filtration, réalisant
une sélection de taille (empêchant passage molécules >
70.000 daltons) et de charge (empêchant passage molécules
chargées négativement entre 60.000 et 70.000 daltons).
b) Le podocyte : cellule épithéliale pourvue d’expansions, les
pédicelles qui s‘interdigitent et sont séparés par des espaces
reposant sur un « diaphragme de fente » ; l’intégrité de son
cytosquelette est essentielle pour maintenir
l’imperméabilité aux protéines de la barrière de filtration.
c) Endothélium fenêtré : cible de lésions variées (vasculites
systémiques, microangiopathie thrombotique ou MAT)
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2. Le mésangium : la tige mésangiale, squelette du glomérule,


est composée :
a) de cellules :
- en contact direct avec la lumière capillaire
- ayant des fonctions de soutien, de contractilité,
d’élimination de macromolécules.
b) d’une matrice composée de collagène
3. l’espace urinaire : situé entre les podocytes (ou épithélium
viscéral) et la capsule de Bowman (recouverte de l’épithélium
pariétal).
4. Les artérioles afférente et efférente : elles :
- participent à l’appareil juxta-glomérulaire ;
- peuvent synthétiser de la rénine (cellules granulaires de
l’artériole afférente) et ont des récepteurs pour
l’angiotensine II (davantage dans l’efférent que dans
l’afférente) ;
- sont un acteur essentiel, par leur réponse différentielle
aux médiateurs du tonus vasculaire, de la régulation de
la FG.

B. Physiopathologie
Les grands mécanismes physiopathologiques en cause
dans les néphropathies glomérulaires sont :

1. A la phase initiale :
a) Soit inflammatoires (« glomérulonéphrites » stricto sensu) :
 Conflit immunologique :
Immunité humorale :
Anticorps circulant anti-GBM
Complexes antigène Ŕ anticorps circulants
Immunité cellulaire : lymphocytes T
 … suivi de l’activation de la cascade du complément et
de l’afflux de cellules circulantes infiltrant le glomérule.
b) Soit non inflammatoires :
 Altération de la GBM
Héréditaire (s° d’Alport)
Acquis (p.ex. diabète)
 Dépôt de substances anormales
Substance amyloïde (fibrilles protéiques diverses)
Chaînes légères d’Ig.
Cours de Néphrologie P a g e | 21

2. A la phase d‘entretien :
a) Le développement de lésions interstitielles consécutives à
la réabsorption tubulaire des protéines ayant traversé le
glomérule ;
b) L’auto-aggravation des lésions glomérulaires sous l’effet de
l’hyperfiltration induite par la réduction néphrotique.

C. Présentation histologique
1. Distribution des lésions
a) Focale vs Diffuse
Certains glomérules > 75% des
glomérules

b) Segmentaire vs Globale
Une partie du glomérule tout le glomérule

2. Lésions élémentaire
a) Altérations cellulaires
Turgescence :
Des cellules endothéliales (p.ex. MAT)
Des podocytes (p.ex. au stade initiale de la HSF)
Effacement des pédicelles (uniquement microscopie
électronique), seule lésion glomérulaire du SNLGM.
b) Prolifération cellulaire
Endocapillaire :
Cellules sanguines : polynucléaires (GN
« exsudative ») ;
Cellules mésangiales (ex. GN à dépôts d’IgA)
Extracapillaire : en réponse à une rupture de la paroi
capillaire glomérulaire, irruption de cellules
inflammatoires sanguines et prolifération des cellules
épithéliales.
c) Vasculite : processus inflammatoire entreprenant les
artérioles et les capillaires glomérulaires (GNSA).
d) Dépôts (définis par l’examen en immunohistochimie) :
d’Ig et de fractions du complément, en position endo ou
extra-membraneuse, de façon granuleuse (complexes
Ag-Ac) ou linéaire (Ac anti-GBM)
de chaînes légères d’Ig (dans le myélome)
de protéines anormales dans les amyloses
Cours de Néphrologie P a g e | 22

e) Modifications de la GBM :
Epaissie et régulière (diabète), épaissie et irrégulière
(Alport), uniformément mince (hématurie familiale
bénigne).
Projections néoformées dans l’espace urinaire (GEM)
f) Sclérose : remplacement du glomérule par du collagène
(sclérose globale = « pain à cacheter).

D. Présentation clinique
Les conséquences cliniques de lésions glomérulaires sont
relativement similaires, quel que soit le type de GN en cause :

Protéinurie, due à la perte de l’intégrité de la barrière de


filtration ;
Hématurie signant, soit un défaut constitutif d’Ig GBM
(essentiellement Alport et hématurie bénigne) soit l’existence
de lésions prolifératives (acquises) ;
Hypertension artérielle due à une rétention hydro-sodée et/ou
une activation du SRA (système rénine-angiotensine) ;
Altération variable du taux de FG.
Les modes de présentation les plus fréquents sont les suivants :

1. La découverte d’anomalies urinaires en l’absence de toute


anomalie clinique ou au cours d’un bilan d’HTA :
Microhématurie isolée
Protéinurie isolée
Microhématurie + protéinurie
Portent la signature d’une glomérulopathie :
- GR dysmorphiques et/ou cylindres hématiques
- Protéinurie > 3g/24h

2. Un symptôme spectaculaire :
Une oligurie avec oedèmes, HTA et hématurie (voir
GNA)
Un tableau de GN « rapidement progressive » (voir
GNSA)
Hématurie macroscopique (totale et en principe
indolore)
Oedèmes du s° néphrotique.
3. Un tableau de GNC, associant :
Protéinurie abondante, éventuellement néphrotique
Cours de Néphrologie P a g e | 23

hématurie microscopique (selon type)


Très souvent, HTA
Eventuellement altération fonction rénale
Petits reins de contours lisses au stade évolué

E. Principales étiologies des glomérulopathies


1. Maladies générales :
Diabète, lupus, purpura rhumatoïde, amylose
Vasculites (polyartérite microscopique, Wegener)
S° de Goodpasture
2. Infections :
a) Bactériennes : streptocoques, staphylocoques,
pneumocoques …
b) Parasitaires : malaria …
c) Virales : HBV, HCV, HIV
3. Maladies héréditaires : Alport, Fabry, certains s° néphrotiques
4. Néoplasmes : GN « paranéoplasiques »
5. Aucune formellement identifiée : la grande majorité des
GNC(1)

II. Glomérulonéphrite aiguë (GNA)

A. Définition / fréquence / causes


La GNA correspond à un tableau clinico-pathologique
assez uniforme, associant un syndrome néphritique aigu et une GN
proliférative endocapillaire diffuse.
C’est une maladie rare.

Dans sa forme classique, due au streptocoque (décrite en


pédiatrie, car atteignant surtout l’enfant entre 2 et 10 ans), sa
fréquence a en outre beaucoup diminué avec l’utilisation des
antibiotiques. On a, en revanche, appris à reconnaître, chez l’adulte,
surtout dans les états d’immunodépression (alcoolisme, cirrhose,
diabète) d’authentiques GNA dues à d’autres bactéries
(staphylocoques, pneumocoques, entérobactéries, salmonelles,
légionelles …).

B. Anatomo-pathologie
Ce qui frappe est la prolifération diffuse des cellules
endothéliales et mésangiales ainsi que l’infiltration des glomérules
par des neutrophiles et des monocytes.

(1) Les plus fréquents et donc les plus importantes à connaître sont soulignées
Cours de Néphrologie P a g e | 24

Il y a des dépôts granuleux de C3 et d’IgC dans le


mésangium ainsi que le long des capillaires glomérulaires ; les
dépôts en bosse (ou « humps ») sur le versant externe de la GBM
sont typiques (et bien visibles aussi en microscopie électroniques).

Dans les formes les plus sévères, il peut y avoir quelques


croissants glomérulaires (voir GNSA).

C. Présentation clinique
Débutant assez brutalement 7 à 21 (moyenne 10 jours)
après l’infection (impetigo ou pharyngite dans la forme classique
due au streptocoque), correspondant à la formation des immuns-
complexes qui causent la néphropathie, le syndrome néphritique
aigu associe :

Rétention hydro-sodée marquée (oedèmes, dyspnée et HTA


parfois sévère)
Hématurie microscopique, souvent macroscopique
Dans les plus sévères, oligurie.

D. Anomalies biologiques
Hématurie glomérulaire (cylindres hématiques chez 70% des
cas)
Protéinurie (< 2g/24h dans 70% des cas)
FG le plus souvent conservée, transitoirement réduite dans
20% des cas
Abaissement du taux de complément C3 (activation de la voie
classique et de la voie alterne), avec retour à la normale dans
les 6 semaines.

E. Diagnostic
Il est habituellement aisé chez l’enfant dans la forme
classique. Il est parfois plus difficile chez l’adulte : s’enquérir de
l’épisode infectieux qui a précédé la GNA e st essentiel. Dans bien
des cas, la biopsie rénale permettra de poser le diagnostic : elle
permettra, notamment, de faire la différence avec une GNSA (les
mêmes germes pouvant en être la cause) dont la prise en charge
thérapeutique n’est pas la même. Attention aussi à ne pas confondre
ce tableau clinique avec celui de la GNIgA (voir plus loin) : le
timing de l’hématurie par rapport à l’infection est très différent.
Cours de Néphrologie P a g e | 25

F. Evolution
Elle est le plus souvent spontanément favorable chez
l’enfant. Le pronostic est plus réservé chez l’adulte, les séquelles
(microhématurie, HTA …) se rencontrant plus fréquemment :
l’éradication du foyer infectieux est recommandée. L’évolution vers
l’insuffisance rénale terminale est exceptionnelle. Durant la phase
aiguë, hypotenseurs et/ou diurétiques sont prescrits au besoin.

III. Glomérulonéphrites subaiguës (GNSA)

A. Définition / prévalence
La GNSA est un ensemble d’entités clinico-pathologiques
définies, d’une part par leur évolution dite « rapidement
progressive » (c.à.d évolution vers l’insuffisance rénale terminale en
quelques semaines à quelques mois si elle n’est pas traitée) et d’autre
part par un commun dénominateur anatomo-pathologique :
l’existence de croissants glomérulaires dans plus de 50% des
glomérules.
C’est une maladie rare (6 cas/106 habitant/an). Sa
prévalence augmente nettement avec l’âge (2 cas/106 habitant/an
avant l’âge de 40 ans, 17 après l’âge de 60 ans). Malgré sa rareté, la
GNSA est importante à reconnaître car c’est une des seules GN
curables … à condition de ne pas traîner. C’est une indication
formelle de biopsie rénale.
B. Présentation
La présentation habituelle associe :

des signes de glomérulites (hématurie glomérulaire,


protéinurie, HTA)
la découverte d’une insuffisance rénale avec des reins de taille
normale
un contexte extra-rénal évocateur d’une maladie
inflammatoire, immunitaire ou infectieuse avec un syndrome
inflammatoire.

C. Anatomo-pathologie
Le croissant glomérulaire, aisément reconnaissable, est
une accumulation de cellules, à la fois résidentes (cellules
épithéliales) et infiltrantes (mononucléaires-phagocytes) dans la
capsule de Bowman, occupant l’espace urinaire.
Cours de Néphrologie P a g e | 26

Son évolution se fait vers la fibrose si le traitement n’est


pas instauré à temps.

D. Mécanisme
Les GNSA ont en commun d’aboutir à l’activation des
leucocytes intra-capillaires, conduisant à la rupture de la paroi
capillaire, laquelle est le point de départ de la formation du
croissant. On distingue 3 variétés de GNSA se différenciant par le
mécanisme déclenchant, par leurs marqueurs sérologiques et
immuno-histochimiques (cfr tableau)

Les variétés de GNSA

Type
IF glomér. Entités cliniques Sérologie
(fréquence)

Type I IgC S° Goodpasture Anti-GBM


(15%) linéaire GN à anti-GBM

Type II Ig/C3 Mal. Systémique :


(25%) granul. - Lupus FAN,
- Henoch-Schönlein C3
- Cryoglobulinémie IgA nl ou
mixte
GNC primitive en poussée Cryo, C3
Infection à pyogène
C3
Type III - Wegener c-ANCA
(60%) Polyartérite microscopique p-ANCA
GNSA « idiopathique » p-NACA

IF : Immunofluorescence
ANCA : AntiNeutrophil Cttoplasmic Antibodies
c-ANCA : Localisation diffuse dans le cytoplasme des
neutrophiles (souvent dirigés contre la protéinas 3 ou
PR3)
p-ANCA : Localisation périnucléaire dans les neutrophiles
(souvent dirigés contre la myéloperoxydase, ou MPO)
Cours de Néphrologie P a g e | 27

E. GNSA de type I (anti-GBM)

1. Definition

C’est le prototype de la néphropathie auto-immunitaire à


médiation humorale : elle est caractérisée par le développement et le
dépôt d’auto-Ac dirigé contre un antigène du collagène de la GBM
(également exprimé dans la membrane basale alvéolaire).

2. Présentation

Elle peut être associée ou non à une atteinte pulmonaire,


médiée par les mêmes anticorps :
avec atteinte pulmonaire (le syndrome pneumo-rénal ou
syndrome de Goodpasture) : l’hémorragie intra-alvéolaire
rend alors compte d’hémoptysies, d’anémie, de dyspnée, voire
de détresse respiratoire ;
sans atteinte pulmonaire (la « GNSA à anti-GBM », sans
autre qualification, ou « isolée »).

L’atteinte glomérulaire entraîne très souvent une


insuffisance rénale très rapidement évolutive (c’est la plus
redoutable parmi les GNSA), la fonction pouvant être perdue en
une dizaine de jours, avec, lorsque le taux de créatinine sérique est
> 6 mg/dl un espoir assez ténu de réversibilité malgré le traitement.

3. Diagnostic d’urgence

Recherche des anticorps anti-GBM circulants (par Elisa)

4. Traitement (urgentissime)

Il assoie :

plasmaphérèses
méthylprednisolone en emboles puis per os
cyclophosphamide.
Cours de Néphrologie P a g e | 28

F. GNSA de type II (à immuns-complexes)

1. Définition

Elle est caractérisée, comme beaucoup d’autres GN (GNA


et plusieurs GNC) par le dépôt glomérulaire de compexes Ag Ŕ Ac
avec ici, sa conséquence la plus agressive : la rupture de la paroi
capillaire.

2. Variétés / Présentation

La GNSA de type II est, en réalité un sous-ensemble regroupant :


un mode évolutif agressif de certaines GNC primitives (ex.
GN IgA) ou secondaires (ex. LED)
la forme la plus agressive de certaines infections bactériennes
(abcès profonds, endocardites), parfois jusque là méconnues
une complication de certaines hémopathies malignes (p.ex.
Lymphomes).

3. Traitement

Il dépend bien entendu de la cause. Il arrive que dans des


GNSA à croissants dues à une infection telle qu’une endocardite, un
traitement immunosuppresseur (corticoïdes cyclophosphamide)
soit donné en même temps que le traitement de fond pour éteindre
l’incendie glomérulaire.

G. GNSA de type III (à ANCA)

1. Définition / prévalence

La GNSA à ANCA est caractérisée par l’absence de


dépôts d’Ig dans le glomérule (GNSA pauci-immune) et la
détection, dans 85% des cas, d’anticorps circulants dirigés contre le
cytoplasme des neutrophiles (anti-Neutrophil Cytoplasmic
Antibodies), ces anticorps étant capables d’activer ces neutrophiles
et de déclencher une vasculite qui souvent, est présente dans
d’autres organes que le rein. C’est la plus fréquente des GNSA. Sa
fréquence s’élève en outre avec l’âge.

La cible de cette vasculite est les petits vaisseaux (artérioles et


capillaires glomérulaires).
Cours de Néphrologie P a g e | 29

2. Présentation

La GN à ANCA peut être associée ou non à une atteinte


systémique :
signes généraux : altération de l’état général, fébricules,
arthralgies, myalgies (=polyartérite microscopique par
opposition à la « polyartérite macroscopique » de la
périartérite noueuse, qui atteint les artères de moyen calibre,
voir plus loin.
Atteinte de l’appareil respiratoire, avec souvent des
granulomes à la biopsie (= maladie ou granulomatose de
Wegener) : otite, sinusite, ulcérations nasales, infiltrats
pulmonaires nodulaires, toux, hémoptysies.

3. Diagnostic sérologique

c-ANCA (anti-protéinase 3) : surtout Wegener


p-ANCA (anti-myéloperoxidase) : surtout polyartérite
microscopique

4. Traitement

Traitement d’attaque ( 6 mois) : méthylprednisolone I-V,


puis per os + cyclophosphamide I-V ou per os
Traitement d’entretien ( 18 mois) : prednisolone à faible dose
+ azathioprime ou mycophénolate
Contrairement au Type I, le traitement reste possiblement efficace
en cas d’IR sévère (# type I).

Contrairement au type I également, les rechutes surviennent dans


50% des cas : un suivi clinique et biologique est donc indispensable.

IV. Glomérulonéphrites chroniques primitives

A. Syndrome néphrotique à lésions glomérulaires minimes (SNLGM)

1. Définition / prévalence

Comme on le verra plus loin, le syndrome néphrotique


(SN) est défini par une protéinurie > 3 j/24h, une hypoalbuminémie
< 3g/dl et des oedèmes. Il survient ici en l’absence de toute lésion
glomérulaire visible en microscopie optique et de tout dépôt en
Cours de Néphrologie P a g e | 30

immunofluorescence, la seule anomalie Ŕ réversible Ŕ étant, en


microscopie électronique, l’effacement des pédicelles des podocytes.

Il ne s’agit pas à proprement parler d’une maladie


« chronique » et elle n’évolue pas, comme les suivantes vers l’IRC :
elle n’est classée dans les GNC qu’à cause de sa forte propension à
la récidive. C’est la cause de 90% des SN chez l’enfant (voir cours
de Pédiatrie) et de seulement 20% des syndromes néphrotiques de
l’adulte.

2. Présentation

SN d’installation brusque avec constitution rapide d’oedèmes


Protéinurie parfois très élevée 20g/24h sélective (> 80% alb)
Hématurie microscopique absente
TA habituellement normale
Fonction rénale normale.

3. Mécanisme

Il est encore obscur. La cause en est probablement la


sécrétion, par les lymphocytes T, d’un facteur (non identifié)
neutralisant, sans le détruire, un des mécanismes déterminant
l’imperméabilité à l’albumine de la barrière de filtration.

Il survient parfois (rarement) en même temps qu’un


lymphome, avec une évolution parallèle des deux affections.

4. Traitement

La réponse aux corticoïdes conforte le diagnostic de


SNLGM (par opposition à la HSF). On prescrit :

En première ligne : prednisone 1mg/kg


rémission dans 75% des cas de l’adulte
ensuite diminution lente de la posologie (sur 6 mois)
Les rechutes sont fréquentes (> 50% des patients) et surviennent
parfois en cours de dégression de la corticothérapie (cortico-
dépendance)…

En seconde ligne : cyclophosphamide


Cyclosporine / Tacrolimus
Rituximab (anti-CD 20): en cours d’évaluation
Cours de Néphrologie P a g e | 31

B. Hyalinose segmentaire et focale (HSF)

1. Définition /Prévalence

La maladie dont il est question ici porte bien mal son


nom, car la lésion glomérulaire qui la caractérise :
n’est pas toujours mise en évidence à la biopsie rénale (car,
comme son nom l’indique, elle est focale) ;
est tout à fait aspécifique : elle se rencontre en effet dans les
néphropathies d’hyperfusion compliquant la réduction
néphronique, ainsi qu’au cours de l’évolution de diverses
néphropathies chroniques, glomérulaires (p.ex. syndrome
d’Alport) et non glomérulaire (p.ex. néphropathie de reflux).

Le nom de la maladie étant consacré, nous avons pris


l’habitude de distinguer la « maladie-HSF » de la « lésion de HSF ».
La maladie-HSF rend compte de 10% des SN de l’adulte. Elle
recouvre deux entités distinctes :
dans une majorité de cas, elle est due, comme le SNLGM, à
un facteur circulant qui altère la barrière de filtration ;
dans une minorité de cas, elle est due à un défaut structurel du
podocyte : il s’agit de (rares) maladies héréditaires
autosomiques, récessives et dominantes que nous ne
détaillerons pas.

Dans les deux cas, l’évolution se fait vers l’IRC, sur une
durée plus longue (parfois sur plusieurs décennies) dans les formes
héréditaires.
a) Présentation de la « maladie-HSF » non héréditaire

Tableau ressemblant à celui du SNLGM …


Si ce n’est :
une microhématurie possible, mais incostante ;
une résistance fréquente aux corticoïdes (certains
proposant d’ailleurs l’appellation « SN cortico-sensible »,
pour le SNLGM et « SN cortico-résistant » pour la
maladie-HSF) ;
une évolution vers l’IRC (survie rénale : 60% à 10 ans) ;
une récidive fréquente après transplantation rénale (ce qui
n’est pas le cas de la variété héréditaire).
Cours de Néphrologie P a g e | 32

b) Traitement de la maladie-HSF non héréditaire


Les mêmes que pour le SNLGM … avec beaucoup moins
de succès.

C. Glomérulonéphrite extra-membraneuse (GEM)

1. Définition / Prévalence

Cette glomérulopathie, non proliférative, est définie par


l’existence de dépôts d’IgC sur le versant externe de la GBM,
finissant par altérer la barrière de filtration. C’est la cause la plus
fréquente de SN chez l’adulte.

2. Présentation

Inconnue dans 80% des cas


Associée, dans 20% des cas, à :
Médicament (p.ex. pénicillamine …)
Agent infectieux (hépatite B …)
Cancer (bronche, sein, colon …)
LED

3. Etiologie

Protéinurie souvent sévère SN dans 80% des cas


Hématurie microscopique dans 30% des cas, pas d’hématurie
macroscopique
HTA dans 50% des cas

4. Evolution spontanée

30% : rémission
40% : SN persistant, avec maintien de la fonction rénale
30% : SN persistant, avec détérioration de la fonction rénale
Survie rénale : 70% à 10 ans.

5. Traitemet

Le traitement par stéroïdes et cytotoxiques préconisé par


certains est aujourd’hui largement controversé.
Cours de Néphrologie P a g e | 33

Le traitement anti-protéinurique (voir plus loin) fait l’objet


d’un consensus.

D. Glomérulonéphrite membrano-proliférative (GNMP)

1. Définition / Prévalence

La maladie est caractérisée, histologiquement, par des lésions :


prolifératives (en position endomembraneuse)
et de la paroi capillaire (aspect en double contour).

C’est une maladie due à des complexes immuns dépôts


d’Ig et de C3 en position endomembraneuse). C’est la GNC
primitive la moins fréquente.

2. Présentation clinique et biologique

protéinurie parfois sévère SN


hématurie constante, parfois macroscopique
HTA fréquente
C3 dans 75% des cas (la seule des GNC primitives)

3. Etiologie

Inconnue dans la majorité des cas


Héréditaires dans quelques cas (déficit d’und es facteurs
régulant la voie alterne du complément)
Associée à :
une infection chronique (hépatite C, endocardite lente,
shunt atéro-ventriculaire infecté)
un LED
une cryoglobulinémie mixte (voir plus loin).

4. Evolution

10% : rémission
40% : fluctuante
50% : progression IR
Survie rénale : 50% à 10 ans
Cours de Néphrologie P a g e | 34

5. Traitement spécifique

Aucun traitement spécifique (en dehors de l’éradication de


l’éventuel agent infectieux).

E. Glomérulonéphrite à dépôts mésangiaux d’IgA (GNIgA), ou Maladie de


Berge

1. Définition / Prévalence

Le GNIgA est caractérisée par une prolifération


mésangiale segmentaire et focale, avec dépôts mésangiaux diffus
d’IgA. C’est la plus fréquente des GNC primitives.

2. Présentation

L’hématurie microscopique, constante, est la première


manifestation de la maladie ; elle peut demeurer isolée
pendant de nombreuses années, voire toute la vie ;
La symptomatologie caractéristique se produisant au moins
une fois dans 50% des cas est l’hématurie macroscopique
(totale, indolore et sans caillot), survenant :
soit spontanément
soit en même temps (ou dans les 72 h) d’une infection
(état grippal, pharyngite …)
La protéinurie est souvent modérée ; elle peut aller jusqu’au
SN dans 5% des cas ;
HTA est très fréquente, elle est parfois sévère ;
Une évolution subaiguë (croissant à la biopsie) se rencontre
dans une minorité de cas.

3. Etiologie

Inconnue dans la majorité des cas (synthèse d’IgA anormale


en réaction à un agent infectieux ?)
Parfois associée à la cirrhose alcoolique
Formes frontières avec le purpura rhumatoïde (voir plus loin)
Rares cas familiaux.
Cours de Néphrologie P a g e | 35

4. Evolution

Survie rénale : 90% (10 ans), 75% (20 ans)


Facteurs de mauvais pronostic :
Protéinurie ++
HTA ++

5. Traitement

Traitement anti-protéinurique (voir plus loin) impératif


Traitement corticoïde réservé :
aux protéinuries ne répondant pas au traitement
antiprotéinurique maximum
aux formes subaiguës

F. Traitement non spécifique des GNC primitives


Dans toutes les GNC, le traitement non spécifique vise à
prévenir l’évolution vers l’IRC, ou s’il y a déjà une réduction de la
FG (30 Ŕ 60 ml/min) à retarder sa progression.
L’objectif, double, est de viser :
protéinurie < 500 mg/24h
TA < 130/80 (< 125/75 si on ne parvient pas à abaisser la
protéinurie < 3g/24h)

Ces deux objectifs sont rencontrés par l’inhibition du SRA. En


pratique :
Commencer par un IEC + restriction sodée (6g/24h)
En cas de cible non atteinte :
Cible de protéinurie non atteinte : ajouter un sartan
Cible de TA et de protéinurie non atteintes : ajouter à
IEC + sartan + diurétique, une autre classe
d’hypotenseurs
Toujours commencer par une posologie faible, puis
augmenter progressivement par paliers de 4 semaines
Suivre taux de créatinine et de potassium à chacun des paliers
Tant que le taux de créatinine n’augmente pas à plus de 25%
de sa valeur de base, ne pas rebrousser chemin !
Cours de Néphrologie P a g e | 36

V. Glomérulopathies chronique des maladies générales

A. Diabète sucré

1. Définition / Prévalence

Environ 30% des patients diabétiques (type 1 et 2)


développent une atteinte rénale spécifique. Dans la plupart des pays,
le diabète sucré est devenu la cause la plus fréquente d’IRC.

Le généraliste a un rôle essentiel dans le dépistage, la


prévention et traitement de la néphropathie diabétique.

2. Anatomo-pathologie

La progression des lésions est la suivante :

Epaississement de la GBM
Expansion mésangiale due à l’accumulation excessive de
plusieurs de ses composants (collagènes notamment)
Hyalinose des artérioles afférentes et efférentes
Finalement nodules mésangiaux (dits de Kimmelstiel Ŕ
Wilson) étoufffant le glomérule, aboutissant à la
glomérulosclérose).

3. Mécanisme

L’hyperfiltration glomérulaire accompagnant


l’hyperglycémie chronique, joue probablement un rôle initiateur. La
glycation des protéines (notamment des composants de la GBM et
du mésangium) est le deuxième mécanisme mis en cause.

Comme l’indique la concentration familiale de


néphropathie diabétique, des gènes de prédisposition (non encore
identifiés) doivent contribuer à son développement.

4. Présentation clinique

Les stades de la néphropathie diabétique sont parfaitement


connus et s’étendent sur 10 à 20 ans :

a) Stade d’hyperfiltration glomérulaire


b) Après quelques années, apparition d‘une microalbuminurie
(pour rappel : albuminurie en-dessous du seuil de détection de
Cours de Néphrologie P a g e | 37

la bandelette, correspondant à un taux d’albumine entre 30 et


300 mg/24h ; disposer de 2 ou 3 valeurs positives à 1 mois
d’intervalle pour déclarer présente la microalbuminurie).
c) Après quelques années de microalbuminurie, apparition d’une
protéinurie à la bandelette.
d) Aggravation de la protéinurie, pouvant aller jusqu’au
syndrome néphrotique.
e) Aparition d‘une insuffisance rénale chronique progressant
jusqu’au stade terminal en 5 à 10 ans.

La microhématurie est, en principe, absente. Une HTA est


toujours associée, généralement dès le stade de microalbuminurie.
D’autres manifestations de la microangiopathie diabétique sont
généralement associées : rétinopathie, polynévrite.

5. Prévention et traitement

Chez tous diabétique, un dépistage annuel de la


protéinurie (et si elle est absente, celui de la microalbuminurie) est
impératif.

Au stade de la microalbuminurie, un contrôle étroit de la


glycémie est susceptible de la faire régresser, en pratique, on
recommande néanmoins d’y associer d’emblée un bloqueur du
SRA. Les objectifs et la conduite du traitement sont les mêmes que
dans les autres GNC protéinuriques.

Quelques points d’attention particuliers sont à mentionner :

Au stade d’IRC, on préférera les hypoglycémiants à courte


durée d’action métabolisés par le foie (voir cours
d’Endocrinologie) et on bannira la metformine (son
accumulation peut entraîner une acidose lactique).
Chez le diabétique de type 2 au stade d’IRC avancée, il ne
faut pas s’étonner d’une réduction des besoins en
hypoglycémiants (allant parfois même jusqu’à leur arrêt) en
raison de la réduction du métabolisme rénal de l’insuline
endogène.
Le diabétique au stade d’IRC a très souvent une
macroangiopathie associée, incluant une ischémie
coronarienne, souvent initialement silencieuse.

Au stade d’IRT, la transplantation rénale doit être


envisagée. Chez le diabétique de type 1 au stade d’IRC pré-terminal,
Cours de Néphrologie P a g e | 38

c’est la transplantation combinée rein-pancréas qui est le traitement


de choix.

Ajoutons enfin que le diabétique est sujet à trois autres


complications de l’appareil urinaire :

une nécrose papillaire (l’élimination urinaire d’une papille


nécrosée peut provoquer une crise de colique néphrétique)
une infection urinaire, y compris une pyélonéphrite aiguë
une vessie neurologique (favorisant elle-même l’infection
urinaire) résultant d’une neuropathie autonome.

B. Amyloses

1. Définition

Les protéines « amyloïdogènes » sont des protéines ou des


fragments de protéines qui combinés à un composant circulant, le
composant P, ont la propriété de se déposer dans différents organes,
dont le rein : ce dépôt, extra-cellulaire, quand il est chronique, finit
par léser ces organes.
Les amyloses sont des maladies rares, dont il existe 3 grands types :

l’amylose AA (pour Amyloid A), la protéine A circulante (SA


pour Serum Amyloid) étant une des protéines synthétisées par
le foie dans les états inflammatoires. Les pourvoyeurs
d’amylose A sont :
les infections suppuratives (ostéomyélite,
bronchectasies)
les rhumatismes inflammatoires (PCE, SPA)
la maladie de Crohn
la fièvre méditerranéenne familiale
l’amylose AL (pour Amyloid Light chain), la protéine L étant
une chaîne légère d’Ig (kappa ou plus souvent lambda),
produite en excès par certains myélomes ou dans d’autres
maladies voisines caractérisées par une gammapathie
monoclonale
les amyloses héréditaires, dont il existe plusieurs types
génétiques.
Cours de Néphrologie P a g e | 39

2. Anatomo-pathologie

Le regroupement de ces maladies bien différentes tient en


fait à leur dénominateur commun histologique, à savoir leur mise
en évidence par le même réactif c'est-à-dire le Rouge Congo,
correspondant à une disposition similaire des fibrilles dans l’espace.
L’accumulation des protéines amyloïdogènes dans le
mésangium entraîne progressivement des lésions irréversibles
(comme dans la néphropathie diabétique).

3. Présentation clinique et biologique

Protéinurie progressant jusqu’au SN


Hématurie et HTA rares
Atteinte viscérale (hépato/splénomégalie, cardiomégalie,
neuropathie …) selon le type d’amylose
Gammapathie monoclonale (immunoélectrophorèse sang et
urine, biopsie médullaire) en cas d’amylose AL.

4. Traitement

Colchicine dans la fièvre méditerranéenne


De la cause dans les maladies inflammatoires chroniques
Cytotoxiques ou greffe de moelle dans la forme AL.

! Penser à l’amylose Al chez le sujet > 50 ans ayant un SN et une


altération de l’état générale.

C. Néphrite du LED

1. Définition

Cette maladie est étudiée en détail en rhumatologie.


Environ 50% des patients souffrant de LED auront une atteinte
rénale.

2. Anatomo-pathologie

Les lésions rénales du LED sont extrêmement diverses et


peuvent adopter tous les modes évolutifs. Cinq stades histologiques
sont reconnus :
Cours de Néphrologie P a g e | 40

Classe I : lésions minimes


Classes II : prolifération mésangiale
Classe III : GN proliférative focale + IgG gran. Et C3
Classe IV : GN proliférative diffuse + IgG gran. Et C3
Classe V : GEM + IgG gran. Et C3

3. Présentation clinique et biologique

Il faut penser à une néphropathie lupique chez une femme


jeune ayant une altération de l’état général (avec, notamment,
fébricules et arthralgies) et une protéinurie et/ou une
microhématurie glomérulaire.

Le LED, outre les atteintes viscérales détaillées dans le


cours de rhumatologie, est caractérisé par l’existence d’anticorps
anti-DNA natifs et d’une hypocomplémentémie (C3 + C4).

3. Traitement

Le traitement de la néphropathie lupique, détaillé en


rhumatologie, associe corticoïdes et immunosuppresseurs (le plus
utilisé est la cyclophosphamide i-v). moyennant l’instauration de ces
traitements, le pronostic de néphropathie du LED a été transformé,
avec, actuellement, une survie rénale à 10 ans de 80%. La biopsie
rénale, éventuellement répétée, est un guide souvent précieux pour
conduire le traitement.

D. Autres maladies générales à expression glomérulaire


1. Cryoglobulinémies mixtes (voir cours d’Hématologie)
Les cryoglobulinémies sont des Ig qui précipitent au froid.
Elles peuvent compliquer le cours de certaines infections
chroniques au premier rang desquelles vient l’hépatite C ainsi
que des hémopathies malignes (myélomes, lymphomes). Elle
provoquent, classiquement, une hypocomplémentémie.
Elles peuvent antraîner, au niveau du rein :
une GNSA à immuns-complexes
un GNMP
2. le purpura rhumatoïde (ou maladie de Henoch-Schönlain).
Version systémique de la GN à IgA et souvent classée dans
les vasculites, elle est caractérisée par le dépôt d’immuns-
complexes à IgA, non s eulement dans l’intestin (douleurs
abdominales, diarrhées sanglantes) et des grosses articulations
(arthrite).
Cours de Néphrologie P a g e | 41

Ces atteintes ne surviennent pas nécessairement ensemble.


L’aspect histologique rénal est le même que celui de la GN IgA. Il
n’y a aucun traitement spécifique.

VI. Le syndrome néphrotique (SN)

A. Définition
Le syndrome néphrotique (autrefois appelé néphrose) est
défini par la triade protéinurie > 3g/24h + hypoalbuminémie <
3g/dl+oedèmes. S’y associent habituellement une modification du
profil électrophorétique de protéines sériques ( des -globulines, de
petite taille, perdues dans les urines et des 2-globulines, de
grande taille, synthétisées en excès par le foie) ainsi qu’une
hypercholestérolémie (voir physiopathologie).

B. Etiologie
Il s’agit toujours d’une maladie glomérulaire. Les différentes
étiologies sont :
1. Soit une GNC primitive, la répartition des types lésionnels
différant chez l’enfant et chez l’adulte
Enfant Adulte (%)
SNLGM 76 20
HSF 8 10
GEM 7 40
GNMP 4 7
Autres 5 23
(notamment Alport)
2. Soit une GNC secondaire, l’ordre de fréquence étant le
suivant :
a) Diabète
b) Amylose (surtout Al)
c) Lupus
d) Cryoglobulinémie
e) Purpura rhumatoïde

Le SN chez l’adulte est, en principe une indication de


biopsie rénale (sauf si le diagnostic est clair : ex. néphropathie
diabétique).
Cours de Néphrologie P a g e | 42

C. Physiopathologie
(IgG) sér. Protéinurie Lipoprotéines Hyperlipémie

Propension aux Synthèse


(Albumine) sér. Propension à
infections hépatique
l’athéromatose

Pression oncotique
Facteurs procoagulants

ADH Vol. plasma. Hémoconcentration Propension aux


thromboses
vasculaires (vein.
>> art.)
Réabsorption Na+

Rétention H2O Oedèmes

Remarques :

1. Séquence physiopathologique ne s’appliquant strictement


qu’à certaines formes de SN, notamment le SNLMGM. Dans
d’autres formes, notamment chez l’adulte, on trouve, au
contraire, une expansion volémique, l’explication proposée
est alors une rétention de Na+ par le tubule distal sous l’effet
Réabsorption Na et H2O
de la protéinurie.
Tubule distal

Expansion volémique

Pression hydrostatique capillaire

Oedèmes
2. Propension aux thromboses : également due à la perte
urinaire de facteurs anticoagulants (comme l’antithrombine
III).

D. Traitement

1. Spécifique de la GNC

Comme on l’a vu précédemment, il n’existe que dans une


minorité de cas.
Cours de Néphrologie P a g e | 43

2. Non spécifique

Il a pour objectif de réduire la protéinurie autant que faire se


peut, en inhibant au maximum le SRA : on titrera son effet
sur la protéinurie.
L’escalade habituelle est :
IEC + sartan + diurétique thiazidique ou de l’anse +
éventuellement spionolactone (max 100 mg/j)

3. Réduction symptomatique de la protéinurie

a) IEC/sartans
Effet pas seulement hémodynamique retardé par
rapport à l’effet hypotenseur potentialisé par la
déplétion sodée (RSS, diurétiques) possibilité de
la protéinurie de 50%.
b) AINS … mais effets secondaires …
c) Pas de régime riche en protéines (car protéinurie et de
ses effets néfastes)
viser apport 0,8 Ŕ 1,0 g/kg/j
Traitement pratique du SN par IEC/sartans/diurétique
Commencer à faible dose (p.ex. enalapril 2,5mg/j) chez un sujet qui
n’est pas en contraction volémique sévère (au besoin, avoir arrêté
momentanément diurétiques, et dose par paliers (de 2 à 4 sem) en
surveillant TA, créat, K+.

Cible : protéinurie < 1,5g/24h


Escalade : arrivé à dose maximale,
ajouter un diurétique si TA > 130/80
ajouter un sartan si TA > 130/80
Bénéfices de la réduction de la protéinurie
risque complications du SN
… et aussi progression IR
Suivi partagé généraliste Ŕ néphrologue

4. Traitement des oedèmes

a) RSS : essayer de réduire à 3g NaCl


b) Diurétiques
De l’anse, type furosemide (LASIX)
2 à 3 fois par jours
Cours de Néphrologie P a g e | 44

Haute dose souvent requise


Escalade lente
Eventuellement combinés à un diurétique du tube
distal, type thiazide (HYGROTON)

! Ne pas viser l’assèchement.


Eviter d’aggraver l’hypovolémie et l’hémoconcentration
Fixer des objectifs : balance, tensiomètre

5. Prévention et traitement de complications thrombo-embolique

a) Le risque est corrélé à la sévérité de la l’hypoalbuminémie


b) Un traitement anticoagulant prophylactique est recommandé
lorsque l’albuminémie est < 2g/dl.
Cours de Néphrologie P a g e | 45

CHAPITRE III. L’INFECTION URINAIRE


I. Introduction

II. Physiopathologie

III. Infection urinaire symptomatique chez la jeune femme

A. Cystite aiguë non compliquée


B. Cystite aiguë récidivante
C. Pyélonéphrite aiguë (PNA)

IV. Chez la femme enceinte

V. Chez l’enfant

VI. Chez l’homme jeune

VII. Chez le sujet âgé

VIII. Chez le patient ayant une uropathie sous-jacente


IX. Tuberculose urinaire

I. Introduction

A. Très fréquente en médecine générale (F>>H)


50% des femmes auront au moins 1 cystite
B. Définition
Infection urinaire = bactériurie du méat urétral vessie,
s’étendant pfs à la prostate ou au rein
C. Manifestations
1. Bactériurie asymptomatique
2. Signe d’infection urinaire basse (cystite) :
Mictalagie, pollakiurie, impériosité, douleur bas-
ventre, t° (< 28°)
Dans 1/3 des cas, hématurie macro (terminale)
Parfois urines troubles, malodorantes.
3. Signes d’infection urinaire haute (PNA) :
Lombalgies, t° > 38°, parfois frissons
Douleur rénale à la palpation / perfusion
Association ou non :
Aux signes d’infection urinaire basse
A des symptômes généraux (nausées,
vomissements, céphalées …)
Cours de Néphrologie P a g e | 46

4. Signes de prostatite : cfr cours d’Urologie.

II. Physiopathologie

A. Virulence du germe :
Certaines souches d’E. Coli ont des adhésines à leur surface,
econnaissant des récepteurs de l’urothelium.
B. Facteurs de risque dépendant de l’hôte :
1. Sexe :
Fréquence beaucoup moindre chez l’homme, en raison
de la longueur de l’urètre et des propriétés
antibactériennes du liquide prostatique.
2. Chez la femme :
Rapport sexuel
Utilisation de spermicides
3. Toute cause de stase (vessie neurogène, obstacle
prostatique, calculs, sténoses, kystes, …)
4. Diabète et états d’immunodépression

III. Infection urinaire chez la jeune femme

A. Cystite aiguë non compliquée

1. Diagnostic

E. Coli : 85%
Staphylo saprophyt : 10%
Proteus
Klebsiella

2. Diagnostic différentiel

Vaginite : leucorrhée ? Dyspareunie ?


Urétrite aiguë (ou « s° urétral », ou « abactériurie
symptomatique »)
Mictalgie sans les autres symptômes de cystite +
leucocyturie
=
Sans bactériurie « significative »
soit cystite bactérienne habituelle
Débutante
Déjà traitée
soit utilisation d’un antiseptique lors du prélèvement
Cours de Néphrologie P a g e | 47

soit infection par :


MST (Chamydia, Neisseria, Herpès)
BK, Schistosomia

3. Diagnostic en médecine générale

En présence de symptômes typiques, recours aux bandelettes :

(+) traitement
Nitrite

(Ŕ) leucocyte esterase

(+) (Ŕ)

Traitement Réévaluer diagnostic uroculture

4. Bilan

Aucun bilan

5. Traitement (à commencer sans délai, avant résultat éventuel


uroculture)

Schémas utilisés :
1 jour : fosfomycine (MONURIL) 3g en 1 prise
Ok, mais rechute fréquente
3 jours : fluoroquinolone, per exemple
Norfloxacine (ZOROXIN) 400mg 2x/j
Ofloxacine (TARIVID) 200mg 2x/j
Ciprofloxacine (CIPROXINE) 250mg 2x/j
7 jours : nitrofurantoïne (FURADANTINE ou
URFADYN) 100mg 2x/j
Récidive précoce ou tardive dans 20% des cas. Fdf
Cours de Néphrologie P a g e | 48

B. Cystite récidivante
Mesures prophylactiques

Mictions fréquentes
Mictions post-coïtale
Hygiène locale
Boissons abondantes

≥ 3 cystites / 6 mois ≥ 2 cystites / 6 mois

Cf. Cystite aiguë non


Pas de rapport En rapport avec compliquée
avec le coït le coït

Prophylaxie journalière Prophylaxie post-coïtale


[Nitrofurantoïne (FURADANTINE MC) 50-
(FURADANTINE MC) 100 mg)
100mg le soir] durant 3-12
mois
NB : Nitrofurantoïne inefficace et dangereuse en cas d’insuffisance rénale (créat. Sér.
> 2).
Alternatives :
Co-trimoxazole ( ! résistance)
fluoroquinolone

C. Pyélonéphrite aiguë (PNA)


Cause : mêmes germes que la cystite aiguë
Sévérité variable
Formes graves :
Septicémie
[Hémoculture (+) dans 20% des cas de PNA]
Abcès rénal ou périnéphrétique
Diagnostic différentiel :
Infarctus rénal (rare !), (colique néphrétique), (NIA)
Maladies inflammatoires du petit bassin
Appendicite
Bilan : si récidive/T° persistant > 3j : écho/AUS (exclure
calcul/obstruction)
Traitement de 14 jours :
Cours de Néphrologie P a g e | 49

Hospitalisation non requise


Traitement empirique immédiat per os par
fluoroquinolone, p.ex. CIPROFLOXICIDE 500mg
2x/j pdt 14 jours
Uroculture et suivi
Défervescence dans les 72h
Si ce n’est pas le cas : hospitalier et faire CT (abcès ?
Obstacle ?)
Formes sévères (vomissements, état septique), diabète,
grossesse
Hospitaliser
Vérifier négativement uoculture
Compléter bilan après la guérison si récidive, (recherche de
reflux, de calcul …)
Deuxième choix antibiotique :
Amoxycilline + ac. Clavulanique
Céphalosp. 2° génération, p.ex. cefuroxime.

IV. Chez la femme enceinte

 Particularités :
PNA favorisée par
l’atonie de voie urinaire
sa compression éventuelle
Certains médicaments ne peuvent pas être utilisés
(quinolones, sulfamides)
 Attitude :
Traiter la bactériurie, même asymptomatique
(rechercher systématique recommandée)
Utiliser :
Nitrofurantoïne (FURADANTINE MC)
Amixicilline + ac. Clavulanique (AUGMENTIN)
Cefuroxime (ZINNAT)
Durée :
Cystite simple : 7 jours
PNA : 14 Ŕ 21 jours.

V. Chez l’enfant

 Particularités :
Symptômes souvent peu spécifiques (t°, atteinte de l’état
général, problème d’alimentation, douleurs abdominales)
Cours de Néphrologie P a g e | 50

Rarement banale.
 Attitude : rechercher une anomalie du système urinaire
(reflux, urétérocèle …)
Voir cours d’Urologie et de Pédiatrie

VI. Chez l’homme jeune

 Particularités :
Beaucoup moins souvent banale que chez la femme
Soigner à la prostatite
Voir cours d’Urologie
 Attitude :
Traitement d’au moins 7 jours plus prolongé si prostatite
Préférer d’emblée un médicament ayant une concentration
suffisante dans la prostate (p.ex. fluoroquinolone)
Mise au point requise (imagerie)

VII. Chez le sujet âgé

 Particularités :
Fréquence de la bactériurie asymptomatique, surtout chez
la femme (> 65 ans : 20-50% F, 2-20% H)
Présentation parfois trompeuse (dégradation de l’état
général, anorexie, confusion)
 Attitude :
Une bactériurie asymptomatique ne doit pas être traitée
pour autant qu’on ait exclu une pathologie urologique
(notamment obstructive)
Traiter les épisodes symptomatiques (adaptation des
posologies !)
Eviter le cathétérisme à demeure

VIII. Chez le patient ayant une uropathie sous jacente

(Calcul, sténoses, diverticules vésicaux, vessie neurogène, reflux


vésico-urétéral)
 Particularités :
Bactéries de types plus rares
Résistances plus fréquentes
… donc traitement moins aisé
Antibiogramme indispensable
 Attitude :
Cours de Néphrologie P a g e | 51

Lever l’obstacle chaque fois que c’est possible


Traitement plus long
Se résoudre parfois à renoncer au traitement d’une
bactériurie asymptomatique à germe multirésistant,
gardant la (les) dernières(s) arme(s) en réserve.

IX. Tuberculose urinaire

A. Physiopathologie
Agent causal : M. tuberculosis
(M. atypique chez l’immunodéprimé)
Atteinte rénale par voie hématogène à partir d’un complexe
primaire
Granulome cortical

Granulome médullaire

Rupture dans les calices

Urétérite, cystite

Epididymite / Salpyngite

Ultérieurement :
Calcifications rénales
Fibrose cicatricielle tiges calicielles / Uretère
Sténose, obstruction

B. Manifestations cliniques
Leucocyturie isolée, asymptomatique
Cystite
Hématurie macroscopique
Colique néphrétique
Néphropathie obstructive

C. Diagnostic
Uroculture Löwenstein
Imagerie :
Calcification rénales
Erosions calicielles
Sténoses tiges calicielles, uretères
Cours de Néphrologie P a g e | 52

Urétérohydronéphrose
cystoscopie

NEPHROPATHIES INTERSTITIELLES

Tissu interstitiel normal = espace intertubulaires (virtuels


dans la corticale, minces dans la médullaire, au total 10% du
volume rénal).

Une néphrite n’est dite « interstitielle » que quand


l’atteinte du tissu interstitiel est la composante dominante de la
néphropathie. L’atteinte interstitielle est une composante satellite de
la nécrose tubulaire (voir IRA) et de la plupart des GN (voir GLO).

L’atteinte interstitielle peut être :

Aiguë (œdème, infiltration cellulaire)


d’origine ascendante (en principe unilat.)
= infection bactér. = PNA (voir Chapitre Infection
Urinaire)
d’origine systémique (toujours bilat.)
Virale
Immuno allergique
Toxique / médicamenteuse
= Néphrite interstitielle aiguë ou NIA, étudiée dans le Ch.
IRA (car expression clinique de la NIA = IRA).
Chronique (, l’interstitium peut alors représenter 40% du
volume rénal)
de cause urologique
ch. NIC
de cause non urologique
Les lésions interstitielles entraînent une altération des
autres éléments du tissu rénal : atteinte tubulaire et ensuite, si elles
persistent, atteinte vasculaire et glomérulaire.
Cours de Néphrologie P a g e | 53

CHAPITRE IV. LES NEPHRITES


INTERSTITIELLES CHRONIQUES

I. Le syndrome de néphrite interstitielle chronique (NIC)

II. Les NIC urologiques


A. Reflux vésico-urétéral
B. Obstacles
C. Troubles fonctionnels de la dynamique urologique

III. Les NIC non urologique

A. Médicamenteuses / Toxiques
B. Métaboliques
C. Immunologiques

I. Le syndrome de NIC

A. Altération (variable) des fonctions tubulaires


1. Perte du pouvoir de concentration (pouvant précéder de
longue date toute autre anomalie)
a) si très précoce : énurésie, nycturie
b) polyurie, boissons nocturnes
2. Parfois, natriurèse excessive
Risque de déshydratation si RSS / diurétiques
3. Au stade d’IRC, acidose métabolique (souvent plus
précoce et plus marquée que dans les GNC)
B. Examen des urines : « pauvre » (contrastant avec GN !)
1. Protéinurie :
Modérée (< 1,5g/24h) voire absente
Constitué d’albumine et de protéines de bas-poids
moléculaires, filtrées et non réabsorbées par l’épithélium
tubulaire lésé, ainsi que de protéines tubulaires
2. Sédiment :
a) Leucocyturie : fréquente, mais non obligatoire
b) Microhématurie : en principe absente.
C. HTA : assez souvent absente ou peu sévère avant le stade
d’IRC (contrastant avec GNC)
D. Diagnostic étiologique le plus souvent révélé par :
l’imagerie dans les formes urologiques
l’anamnèse dans les formes non urologiques.
Cours de Néphrologie P a g e | 54

Importance d’un diagnostic précoce pour prévenir


l’évolution vers l’IRC.

II. Les NIC urologiques

Encore souvent aussi appelées « pyélonéphrites


chronique » ou PNC.

A. reflux vésico-urétéral
1. Fréquence : 10% des IRT chez l’enfant
2. Mécanisme : incompétence congénitale du mécanisme anti-
reflux opérant durant la miction
Régurgitation urine vésicale uretère rein
avec pour conséquence :
Infection ascendante (PNA), cependant inconstante
Coups de boutoir fibrose interstitielle
! Formes familiales (en cours d‘investigation)
Dépistage conseillé dans la fratrie (ex. urine, écho)
3. Manifestations initiales :
a) Le plus souvent : infection urinaire récidivante
y songer chez l’enfant qui a des poussées fébriles
récidivantes
b) parfois : miction en 2 temps
Rarement : lombalgie permictionnelle
c) parfois aucun symptôme avant l’IRC
4. Diagnostic : l’imagerie
a) Signes indirects :
à l’écho :
Atrophie rénale asymétrique
Contours externes bosselés
à l’UIV/CT Scan :
éversion des cupules calicielles avec, en regard,
rétraction du cortex (surtout au pôle supérieur)
uretère trop large
b) démonstration : cystographie rétrograde (3 stades)
5. Complications :
a) HTA : une des causes les plus fréquentes d’HTA chez
l’enfant
b) IRC (si atteinte bilatérale, résultant :
de l’amputation progressive du cortex
du développement de lésions d’HSF, secondaire à la
réduction néphronique (cf IRC)
Cours de Néphrologie P a g e | 55

signe : protéinurie > 2g/24h SN


6. Traitement :
a) Consensus sur :
L’utilité :
d’assurer une bonne vidange vésicale (miction
prolongée, fréquente)
de traiter l’infection urinaire
de traiter l’HTA
l’inutilité de corriger le reflux :
quand les lésions rénales sont avancées
au stade de l’IR
b) cas de consenus sur les indications de correction du reflux
chez l’enfant (cf Cours d’Urologie).

B. Obstacles sur les voies urinaires


1. Particularités
Antécédents de lombalgie / hématurie / colique
néphrétique./dysurie … (selon étiologie)
Evolution lente vers l’IRC si atteinte bilatérale

2. Cause : identifiée par l’imagerie


Syndrome de la jonction pyélo-urétérale (souvent congénital)
Calcul (opaque/transparent), papille, tumeur
Sténose urétérale (TBC, schistosomiase)
Maladie du col vésical
Hypertrophie prostatique
Uropathies malformatives complexes de l’enfant
Fibrose rétropéritonéale, de cause diverse :
Idiopathique ( 50% des cas)
Maligne (envahissement du rétropéritoire)
Mal. Inflammatoire de voisinage
Anévrisme aortique (péri-aortite)
Médicament (dérivés ergot, …)
Maladie pelvienne (endométriose, cancer, …)

3. Traitement : lever l’obstacle


En urgence : montée de sonde ou néphrostomie

C. Troubles fonctionnels de la dynamique urologique


Paraplégies, vessies neurologiques ( hyperpression + épisodes
infectieux)
Cours de Néphrologie P a g e | 56

III. Les NIC non urologiques (anamnèse !)

A. Médicamenteuses / Toxiques
1. NIC du lithium (cause croissante)
Médicament très utilisé dans la maniaco-dépression : 30% des
patients traités par Li depuis > 5 ans ont des anomalies rénales
fonctionnelles et/ou lésionnelles.
Présentation :
Signe initial : déficit de concentration de l’urine (Li
expression aquaporine 2) poyurie ayant les
caractéristiques du diabète insipide néphrogénique.
Ensuite, fibrose interstitielle IRC progressive.
Prévention :
Surveillance traitement par Li (taux de lithémie)
Envisager alternatives thérapeutiques à temps

2. NIC des anticalcineurines (cyclosporine, tacrolimus)


devient une cause fréquente d’IRC chez les greffés (rein, foie,
cœur …)
prévention : éviter épisodes de néphrotoxicité aiguë,
surveillance taux cyclospororinémie

3. NIC des antinéoplasiques


Nibrosurées (lomustine, carbustine …) latence d’installation
Cisplatine

4. NIC des analgésiques (en voie de disparition)


Cause : consommation excessive d’analgésiques contenant de
la phénacétine (3 à 30kgs …)
Particularités cliniques et biologiques :
Femmes, > 40 ans
Céphalées / lombalgies … ayant motivé l’assuétude
Anémie assez souvent marquée (spoliation dig., hémolyse)
Leucocyturie aseptique
NB : Recherche possible de paracétamol et salicylés dans
l’urine
Imagerie :
Reins asymétriques, petite taille
Nécrose papillaire
détachement migration obstruction
Cours de Néphrologie P a g e | 57

Evolution :
Réversibilité si arrêt quand créat. < 2mg/dl
Risque de tumeur urothéliale x 10

5. NIC des herbes chinoises amaigrissantes


Cause : ingestion d’herbes contenant des dérivées de l’acide
aristolochique (« épidémie » bruxelloise au cours des années
90) = puissant néphrotoxique
Particularité :
Fibrose interstitielle majeure, acellulaire, s’installant en
quelques mois/années
Dysplasie/néoplasie ultérieure de l’urothélium (40% des
cas)

6. NIC du saturnisme (en nette régression)


Causes : exposition professionnelle au Plomb
Particularité :
HTA précoce (mécanisme inconnu)
Crises de goutte (Pb réabsorption tubulure des urates)
Diagnostic : dosage Pb sg et urines

B. NIC métabolique
1. Hypokaliémie chronique :
Déplétion K + franche et durant > 3 ans (le + souvent abus
laxatifs/diurétiques) fibrose interstitielle (mécanisme
inconnu).

2. Hypercalcémie chronique :
Causes :
Hyperparathroïdie primitive
Intoxication vit D
Sacroïdose (granulomes synthétisant vit D)
Particularités : phase initiale de polyurie hypotonique (
pouvoir concentration urine car calcium expression
aquaporine Ŕ 2). Natriurèse inappropriée et DGF. Ensuite,
fibrose interstitielle ; pfs néphrocalcinose radiologique.

C. NIC immunologiques
Infiltration cellulaire majeure du tissu interstitielle,
évoluant parfois vers la fibrose (lupus, s° de Sjögren, cirrhose biliaire
primitive, sarcoïdise …)
Cours de Néphrologie P a g e | 58

CHAPITRE V. NEPHROPATHIES VASCULAIRE


I. Introduction

II. Sténose de l’artère rénale


A. Définition
B. Causes
C. Présentation
D. Diagnostic
E. Traitement

III. Occlusion aiguë de l’artère rénale

IV. Néphroangiosclérose (dite) bénigne


A. Définition / Prévalence
B. Anatomo-pathologie
C. Présentation / Diagnostic / Evolution
D. Traitement

V. Hypertension maligne
A. Définition / Prévalence
B. Anatomo-pathologie
C. Etiologie
D. Présentation
E. Pronostic et traitement

VI. Emboles rénaux de cholestérol


A. Définition / Prévalence
B. Etiologie
C. Tableau clinique
D. Eléments diagnostiques
E. Diagnostic différentiel
F. Pronostic / attitude thérapeutique

VII. Microangiopathies thrombotiques


A. Défintion
B. Purpura thrombotique thrombocyctopénique (PTT)
C. Syndrome hémolytique et urémique (HU)
D. Autres formes de MAT

VIII. Polyartérite macroscopique


IX. Thrombose veineuse
Cours de Néphrologie P a g e | 59

I. Introduction

Les néphropathies vasculaires regroupent des maladies qui


ont en commun l’atteinte prédominante ou exclusive des vaisseaux
du rein, depuis l’artère rénale principale jusqu’au capillaire
glomérulaire (dans ce dernier cas, le chevauchement avec des
maladies dites « glomérulaires » est évident). Ce regroupement
topographique recouvre en réalité des entités cliniques différant
profondément quant à leur étiologie, leur présentation et leur
importance. Avec le vieillissement de la population, les
néphropathies vasculaires sont devenues une cause croissante
d’insuffisance rénale chronique (IRC), représentant aujourd’hui
20% des cas d’insuffisance rénale terminale (IRT).

Sur le plan topographique, elles peuvent intéresser l’artère


rénale (sténose et occlusion), les artères de moyen calibre (polyartérite
macroscopique) les petites artères et les artérioles, voire le capillaire
glomérulaire (néphroangiosclérose bénigne, HTA maligne, emboles de
cholestérol, microangiopathies thrombotiques ou MAT) ou la veine
rénale (thrombose veineuse).

Sur le plan étiologique, certaines sont l’expression d’une


malformation (sténose artérielle dysplasique) ou d’une mutation
(certaines MAT), certaines sont dues à l’arthéromatose (la majorité
des sténoses artérielles ; les emboles de cholestérol), certaines sont
l’expression d’une maladie systémique (polyartérite macroscopique,
certaines MAT, certaines thromboses veineuses) et certaines, enfin,
sont la conséquence de l’HTA (HTA maligne et une fraction des
néphroangioscléroses bénignes).

La fréquence de ces différentes entités cliniques est très variable :

Sont très fréquentes : la néphroangiosclérose bénigne et la


sténose athéromateuse
Sont fréquents : les emboles rénaux de cholestérol
Sont assez rares : les sténoses dysplasiques
Sont rares : toutes les autres.
Dans les études consacrées à l’IRC et dans les registres
tenant à jours les causes d’IRT, on reprend généralement sous le
vocable « néphropathies vasculaire » les 3 premières causes
confondues (néphroangiosclérose, sténose athéromateuse et
emboles de cholestérol).
Cours de Néphrologie P a g e | 60

II. Sténose de l’artère rénale

A. Définition
La sténose de l’artère rénale se réfère à un rétrécissement
d’au moins 50% de la lumière artérielle.

B. Causes
La cause en est soit une dysplasie fibromusculaire, soit
(dans > 85% des cas), une lésion athéromateuse. La première affecte
le sujet jeune, plus souvent la femme et atteint les 2/3 distaux de
l’artère, avec souvent un aspect « moniliforme » c'est-à-dire en
chapelet (dû à la succession de sténoses contigües) ; la dysplasie de
l’artère rénale est parfois familiale et parfois associée à des lésions
dysplasiques d’autres lits artériels. La deuxième affecte le sujet de
plus de 50 ans, plus souvent l’homme (souvent dans un contexte
d’athéromatose connue ou de facteurs de risque cardio-vasculaire
avérés) et atteint l’ostium et le 1/3 proximal de l’artère avec souvent
un aspect typique de plaque athéromateuse irrégulière.
C. Présentation
La symptomatologie est aisément expliquée par l’effet de
la sténose sur le flux sanguin rénal et la filtration glomérulaire. Elle
comprend l’HTA et l’IRC et, si le rein est (anatomiquement ou
fonctionnellement) unique, une rétention hydrosodée, et, en cas
d’administration d’un bloqueur du système rénine-angiotensine
(SRA), un risque d’insuffisance rénale aiguë.

1. HTA dite réno-vasculaire

Au stade initial, l’HTA est induite par l’activation du SRA


sous l’effet de l’ischémie perçue au niveau de l’artériole afférente ;
chez l’animal d’expérience ayant eu une sténose unilatérale, la
correction de la sténose à ce stade ramène la TA ç la normale. Ce
n’est plus le cas si la sténose est corrigée plus tardivement : on
l’explique par l’existence de lésions artériolaires, irréversibles,
induites par l’HTA dans le rein non sténosé.

Une HTA réno-vasculaire sera suspectée devant une HTA


d’installation rapide oud ‘aggravation rapide, ainsi qu’en présence
d’une HTA sévère ou résistant au traitement.
Cours de Néphrologie P a g e | 61

2. IRC

La sténose artérielle rénale athéromateuse (quasi jamais la


forme dysplasique) peut entraîner une IRC quand elle est sévère et :

Bilatérale
Unilatérale sur rein unique
Unilatérale avec lésions de néphroangiosclérose de l’autre
rein.

Le mécanisme de l’IRC est l’ischémie progressive des


néphrons avec, histologiquement, atrophie tubulaire, fibrose
interstitielle et hyalinose glomérulaire.

3. Rétention hydrosodée

En cas de sténose serrée sur rein unique, l’activation du


SRA entraîne une rétention hydrosodée, qui peut conduire à une
œdème pulmonaire aigu. Il faut songer à cette étiologie chez un
patient athéromateux présentant des accès d’œdème pulmonaire
aigu en l’absence d’insuffisance cardiaque avérée.

4. Insuffisance rénale aiguë (IRA) après instauration d’un


traitement par bloqueur de l’angiotensime

La stimulation du SRA entraîne une vasoconstriction plus


importante de l’artériole efférente que de l’artériole afférente, ce qui,
tout en réduisant le flux sanguin rénal, maintient la filtration
glomérulaire, ce qui se solde donc par une majoration de la fraction
filtrée.

Les bloqueurs de l’angiotensine II (IEC/sartans), en levant


la vasoconstriction nette de l’artériole efférente, rovoquent une
chute de la filtration glomérulaire, ce qui, dans le cas d’un rein
unique (ou d’une sténose bilatérale) peut conduire à une
insuffisance rénale aiguë.

Il est prudent de se mettre à l’abri de cette complication en


faisant un dépistage échographique de sténose artérielle avant
l’instauration d’un traitement par IEC/sartans chez les patients
ayant une athéromatose sévère.

Attention à ne pas prendre pour une IRA une majoration


modérée du taux de créatinine sérique (pouvant aller jusqu’à 25%
Cours de Néphrologie P a g e | 62

du taux de base) que l’on observe couramment en cas d’IRC après


instauration d’un traitement par IEC/sartan (voir Ch. IRC).

Attention en revanche, à toujours commencer, chez un


patient ayant une sténose artérielle rénale (suspectée ou avérée) un
traitement par IEC/sartan avec une molécule à courte durée
d’action et à faible dose (p.ex. Captopril 12,5mg) et à contrôler
ensuite la fonction rénale dans les premiers jours et les premières
semaines.

D. Diagnostic
On suspectera une sténose artérielle rénale dans les
situations cliniques citées dans l’encadré.
L’examen des urines ne révèle pas d’anomalie

Le meilleur examen diagnostic est l’écho-doppler, avec


une sensibilité et une spécificité de 80 et 85%, respectivement.
L’angio-IRM est indiquée lorsque l’écho-doppler est d’interprétation
difficile. Elle est formellement contre indiquée quand le taux de
filtration glomérulaire est < 30ml/m. L’examen de 3ème ligne est
l’angio-CT avec les précautions d’usage en cas d’IRC.
L’artériographie classique est le plus souvent effectuée, non à titre
diagnostique, mais thérapeutique (voir plus bas).

Quand songer à une sténose artérielle rénale ?


- HTA d’installation ou d‘aggravation rapide
- HTA résistant au traitement
- HTA maligne
- IRC et/ou HTA sévère dans un contexte d’athéromatose
- œdème pulmonaire récidivant en l’absence de cardiopathie
avérée
- souffle systolo-diastolique, lombaire ou abdominal
- asymétrie de la taille des reins (> 2cm)

E. Traitement
Chez tout patient ayant une sténose artérielle rénale, un
contrôle optimal des facteurs de risque cardio-vasculaire doit être
assuré.

La sténose dysplasique est généralement traitable par


simple angioplastie, avec un taux de succès technique de 90%, un
taux de guérison/amélioration de l’HTA de 60/90% et un taux de
récidive faible (de l’ordre de 10%).
Cours de Néphrologie P a g e | 63

La sténose athéromateuse est habituellement traitée par


angioplastie complétée par la mise en place d’une endoprothèse. Les
résultats sont nettement plus décevants que dans la sténose
dysplasique : succès technique de 75%, taux de
guérison/amélioration de l’HTA de 10/50% et taux de récidive de
25%. Il ne faut pas négliger, en outre, le risque de dissection et
d’emboles de cholestérol.

Ces résultats médiocres sont à mettre sur le compte de lésions


rénales constituées, induites par l’ischémie prolongée ou résultant
d’une néphroangiosclérose. Ils expliquent la chute actuelle de
l’enthousiasme interventionnel d’il y a quelques années. Les
indications de revascularisation chirurgicale sont restreints aux
échecs (ou impossibilités techniques) d’angioplastie dans les rares
cas où l’on a de bonnes raisons d’en espérer une amélioration des
chiffre tensionnels ou une préservation de la fonction rénale. Les
indications de revascularisation sont aujourd’hui discutées au cas
par cas en staff pluridisciplinaire. Elles se fondent sur quelques
recommandations figurant dans l’encadré.

Quand proposer une revascularisation en cas de sténose artérielle


rénale athéromateuse ?

N’envisager que si :
- sténose > 60% de la lumière
- taille du rein > 8 cm
- taux de créatinine < 2,5mg/dl …

… devant les tableaux suivants :


- sténose sur rein unique
- sténose bilatérale
- sténose très serrée (> 80%)
- sténose avec HTA sévère et résistante
- OAP récidivant
- IRA après bloqueurs de l’angiotensine
Cours de Néphrologie P a g e | 64

III. Occlusion aiguë des gros troncs de l’artère rénale

Cet accident est rare. Survenant sur une artère saine, il


peut être causé par un traumatisme, une embolie artérielle
(compliquant généralement une fibrillation auriculaire) ou une
anomalie de la coagulation. Survenant sur une artère préalablement
sténosée, il est le résultat d’une thrombose terminale, parfois
favorisée par une hypotension artérielle ou une manœuvre
d’angiopathie.
Le tableau clinique associe :

Une lombalgie aiguë (ne répondant ni aux antispasmodiques


ni aux AINS)
Très souvent une hématurie macroscopique (totale)
Souvent une poussée hypertensive
Une insuffisance rénale aiguë en cas d’atteinte bilatérale ou de
rein unique.

Le signe biologique (discriminant dans le diagnostic


différentiel d’une lombalgie aiguë) est l’élévation des LDH
(traduisant l’infarctus rénal).

Le diagnostic est posé par l’imagerie.

Le succès des manœuvres thérapeutiques (thrombolyse ou


revascularisation) dépend de la précocité de l’intervention, il reste
aléatoire.

Quand penser à une occlusion aiguë de l’artère rénale et que faire ?

Devant une lombalgie aiguë évoquant une crise de colique


néphrétique chez un patient athéromateux en fibrillation auriculaire
(se souvenir néanmoins de la rareté de cet accident comparé à la
lithiase urinaire)

Hospitaliser d’urgence.
Cours de Néphrologie P a g e | 65

IV. La néphroangiosclérose (dite) bénigne

A. Définition / Prévalence
Disons d’abord que cette appellation est fallacieuse,
puisque la néphroangiosclérose bénigne est une cause majeure
d’IRC, aujourd’hui responsable d’environ 15% des IRT. Elle n’est
bénigne que par rapport à la néphroangiosclérose maligne, autre
nom donné à l’HTA maligne (terme que nous préférons afin d’éviter
la confusion). Le nom semblable donné à ces deux affections très
différentes provient de l’idée qu’elles ont en commun d’être une
conséquence de l’HTA, résultant, pour l’une d’une HTA au long
cours induisant lentement des lésions chroniques des petites artères
et des artérioles, et pour l’autre d’un accès d’HTA très sévère
induisant brutalement des lésions aiguës de ces mêmes aisseaux
(voir plus loin).

S’agissant de la néphroangiosclérose bénigne, c’est


probablement le cas d’une fraction significative des patients. On
constate néanmoins qu’une minorité de patients atteints de
néphroangiosclérose bénigne n’ont pas un passé d’HTA. D’où l’idée
que cette maladie pourrait être, au moins chez certains patients, la
traduction d’une maladie primitive de l’endothélium conduisant à
des lésions de nature ischémique (d’où le regroupement fréquent
avec les lésions rénales consécutives à la sténose athéromateuse).
Une prédisposition génétique est probable.

B. Anatomo-pathologie
La lésion élémentaire, siégeant au niveau des petites
artères et des artérioles, consiste en un épaississement hyalin de
l’intima, avec multiplication des lames élastiques et un
épaississement modéré de la média, aboutissant au rétrécissement
de la lumière, et, in fine, à des lésions ischémiques (glomérules
flétris, fibrose interstitielle, atrophie tubulaire).

C. Présentation / Diagnostic / Evolution


Le diagnostic est généralement évoqué chez un sujet de
plus de 60 ans, chez lequel on découvre une altération modérée de
la fonction rénale, en l’absence d’antécédents et de signes d’une
autre néphropathie spécifique.

La protéinurie est absente ou modérée (se limitant le plus


souvent à une microalbuminurie et ne dépassant jamais 1,5g/24h).
Le sédiment urinaire est vierge. La taille des reins à l’échographie,
Cours de Néphrologie P a g e | 66

d’abord normale, se réduit progressivement, avec des contours lisses


ou discrètement irréguliers.

La progression de l’insuffisance rénale est généralement


lente, semblable à celle des néphrites interstitielles chroniques. Au
total, le diagnostic de néphroangiosclérose bénigne est le plus
souvent posé par exclusion. C’est un diagnostic fourre-tout, dans
lequel se retrouvent, à tort, d’autres néphropathies méconnues,
telles que dysplasies, néphrites interstitielles chroniques (p.ex.
toxiques) etc…, ainsi que certaines maladies, héréditaires ou
acquises, probablement endothéliales, dont nous ignorons tout. Une
HTA au long cours en reste le seul facteur favorisant clairement
identifié.

E. Traitement
Le traitement se résume à celui de l’HTA. Dans une vaste
cohorte américaine d’hypertendus, suivis durant 15 ans, le risque
d’IRT était réduit de 60% chez ceux dont la TA systolique s’était
abaissée sous traitement de 20mmHg, comparativement aux
hypertendus dont les valeurs n’avaient pas ou avaient peu varié sous
traitement. La maîtrise des autres facteurs de risque cardio-
vasculaire ne doit pas être négligée.

V. L’hypertension artérielle maligne

A. Définition / Prévalence
L’HTA maligne est la conséquence aiguë d’une HTA
majeure entraînant par son effet mécanique, des lésions très sévères
des petits vaisseaux du rein.
Elle est définir par une triade :
TA diastolique > 120mmHg
Rétinopathie hypertensive de stade III (hémorragie, exsudats)
ou IV (œdème papillaire)
Insuffisance rénale aiguë ou rapidement progressive.

Elle est devenue beaucoup plus rare depuis l’avènement de


médicaments hypotenseurs efficaces.

B. Anatomo-pathologie
Les petites artères sont typiquement rétrécies « en bulbe
d’oignon » correspondant à une prolifération cellulaire et une
multiplication des lames élastiques réduisant considérablement la
Cours de Néphrologie P a g e | 67

lumière (jusqu’à la thrombose). Des lésions de nécrose fibrinoïde


affectent la paroi des artérioles et des capillaires glomérulaires.

C. Etiologie
L’HTA maligne complique dans 2/3 des cas une HTA
essentielle et dans le 1/3 restant une HTA secondaire, avec, au
premier rang, l’HTA réno-vasculaire.

D. Présentation clinique et biologique


Outre les éléments constituant la triade définissant la
maladie, on peut observer :
des signes généraux : amaigrissement, fatigue ;
des céphalées (avec, parfois, une hémorragie cérébrale) ;
une insuffisance ventriculaire gauche aiguë ;
des signes biologiques d’hyperaldostéronisme secondaire à
l’activation du SRA ;
une anémie hémolytique microangiopathique, allant jusqu’au
syndrome hémolytique et urémique (SHU, voir plus loin).

L’atteinte glomérulaire peut entraîner une protéinurie de


degré variable et une microhématurie.

E. Pronostic et traitement
Il est bon si l’insuffisance rénale n’est pas terminale au
moment où le traitement est institué. Une réversibilité reste
néanmoins possible tardivement, parfois après de mois de
traitement dialytique.

Une hypertension maligne impose l’hospitalisation


d’urgence. Le traitement fait appel aux antagonistes calciques ou
aux bloqueurs de l’angiotensine, voire aux hypotenseurs centraux
par voie i-v ou per os.

VI. Emboles rénaux de cholestérol

A. Définition / Prévalence
La néphropathie par emboles de cholestérol résulte de
l’impaction dans les petites artères du rein de fragments de plaques
d’athérome s’étant détachés de l’aorte ou des artères rénales. C’est
une maladie fréquente, dont la prévalence, certainement sous-
estimée, n’est pas bien précisée.
Cours de Néphrologie P a g e | 68

B. Etiologie
La cause de loin la plus fréquente de détachement d’une
plaque d’athérome est la manipulation de l’aorte (coronarographie,
angioplastie, pontage) ou des artères rénales. La deuxième cause est
l’institution d’un traitement anticoagulant ou thrombolytique par
dissolution du thrombus recouvrant une plaque d’athérome. Il
arrive enfin que des emboles de cholestérol se libèrent spontanément
d’une plaque athéromateuse ulcérée.

C. Tableau clinique
Il est extrêmement variable, rendant parfois le diagnostic
difficile. L’atteinte rénale peut se combiner à celle d’autres organes.

1. Atteinte rénale

Tous les stades de sévérité et tous les modes évolutifs se


rencontrent (IRA, subaiguë …)
Protéinurie / microhématurie possible

2. Atteintes extra-rénales

SNC (plaque détachée de la crosse aortique) : confusion,


scotomes, AIT
Digestive : douleurs abdominales, diarrhées, pancréatite …
Peau : livedo reticularis, orteil cyanosé (en dépit d’un pouls
palpable).

D. Eléments diagnostiques
Emboles de cholestérol visibles au fond d’œil ou dans la
biopsie cutanée en zone de livedo
Hyperéosinophilie (50% des cas)
Hypocomplémentémie (assez rare).

G. Diagnostic différentiel
Il ne faut pas confondre cette entité avec l’Ira induite par
les produits de contraste iodés : celle-ci a son acmé 3 à 4 jours après
l’administration de produit de contraste et rentre dans l’ordre dans
les 8 jours, alors que la néphropathie par emboles de cholestérol
survient généralement plus tard et surtout ne s’efface pas en aussi
peu de temps.
Cours de Néphrologie P a g e | 69

Le tableau clinique peut donner le change pour une


vasculite, une néprhite interstitielle immuno-allergique, une nécrose
tubulaire etc…
H. Pronostic / Attitude thérapeutique
Le pronostic est imprévisible allant de l’issue fatale rapide
à une récupération tardive (parfois après une période de dialyse).
L’arrêt des anticoagulants est recommandé quand il est possible.
L’administration d’une statine est probablement bénéfique. Il faut
insister sur la prévention : l’indication d’une angiographie ou d‘une
revascularisation élective doit être bien réfléchie chez un sujet très
athéromateux.

VII. Microangiopathie thrombotiques (MAT)

A. Définition
Définition = lésion anatomo-pathologique.

Sous le vocable MAT sont regroupées diverses entités


cliniques qui ont en commun un substratum anatomo-pathologique
résultant d’une lésion endothéliale, glomérulaire (d’où la
classification, dans certains traités, avec les glomérulopathies) et
souvent aussi artériolaire : turgescence de cellules endothéliales,
accumulation de fibrine dans l’espace sous-endothélial (les dépôts
clairs sous-endothéliaux), l’hypertrophie de la musculaire des
artérioles, rétrécissement des lumières vasculaires et thrombi de
fibrine et de plaquette, ultérieurement, aspect ischémique des
glomérules.

Les diverses entités cliniques responsables sont des


maladies (ou des modes évolutifs) aiguës et le plus souvent
inattendues (coup de tonnerre dans un ciel bleu). Elles se
différencient par les circonstances d’apparition et par les organes-
cibles à l’avant-plan.

Les deux entités cliniques les plus fréquentes sont le


purpura thrombotique thrombocytopénique (PTT) et le syndrome
hémolytique et urémique (SHU), formes cliniques qui en fait, se
chevauchement largement.

Toutes les MAT se caractérisent en outre par un syndrome


hématologique comprenant, à un degré variable :

Une thrombopénie (avec parfois purpura pétéchial)


Cours de Néphrologie P a g e | 70

Une anémie hémolytique mécanique (fragmentation des


globules rouges dans la microcirculation, d’où : LDH,
haptoglobine, schizocytes dans le frottis sanguin).

Toutes sont des urgences thérapeutiques, justifiant l’hospitalisation


sans délai.

B. Purpura thrombotique thrombocyctopénique (PTT)


Enseigné en hématologie, le PTT est classiquement défini
par une pentade :

Température,
Anémie hémolytique microangiopathique,
Purpura thrombopénique,
Atteinte rénale discrète,
Atteinte prédominante du SNC (somnolence, confusion,
convulsions etc.)

C’est une maladie plus fréquente chez l’adulte que chez


l’enfant. Il existe des formes récidivantes. Le pronostic vital est
réservé. On trouve chez ces patients, en quantité anormalement
élevée, des multimètres du facteur de von Willebrand (vWF), qu’on
tient pour responsables de l’agrégation et de l’activation
plaquettaire, initiant le processus de MAT. La cause en est l’activité
déficitaire de la protéine clivant le vWF (appelée ADAMTS 13,
pour « a disintegrin and metalloprotease with thrombospondim),
résultant, soit d’une mutation du gène codant ADAMTS 13, soit
d’anticorps générés contre cette protéine. La recherche de ces
anomalies pose encore, à l’heure actuelle des problèmes
méthodologiques.

Le traitement repose sur la mise en route, dès que


possible, d’échanges plasmatiques, complétés, selon la réponse, par
des corticoïdes, et plus récemment, par le rituximab (anti-CD20).

C. Syndrome hémolytique et urémique (SHU)


Maladie du néphrologue, le SHU est défini par la triade :
anémie hémolytique microangiopathique, thrombopénie (le plus
souvent sans purpura) et insuffisance rénale aiguë.

L’HTA est fréquente, parfois très sévère (le tableau


pouvant alors donner le change pour une HTA maligne).
L’insuffisance rénale est de gravité variable, avec, au maximum,
Cours de Néphrologie P a g e | 71

anurie irréversible par nécrose corticale (rare). L’hématurie


microscopique est très fréquente, la protéinurie est variable (1 à
10g/24h).
C’est une maladie plus fréquente chez l’enfant que chez
l’adulte. Il existe des formes récidivantes (évocatrices de la forme
génétique). On distingue deux formes de SHU :

Forme épidémique (dite « typique ») Ŕ enseignée en pédiatrie


Ŕ , caractérisée par une diarrhée inaugurale (parfois sanglante)
due à une des souches d’E. Coli ou de Shigella produisant une
toxine s’attaquant à l’endothélium, de bon pronostic spontané
(régression de l’IRA, même si la gravité de celle-ci a nécessité
une période de dialyse) tout en sachant que des séquelles sont
plus fréquentes qu’on ne le pensait auparavant (avec des IRC
se manifestant 10 à 20 ans plus tard par hyperperfusion des
néphrons restants).
Forme non épidermique (dite « atypique »), non précédée de
diarrhée, parfois retrouvée chez d’autres membres de la
famille, assez souvent récidivante ; dans un nombre croissant
de cas, on met en évidence une déficience d’un des facteurs
intervenant dans la boucle d’inhibition de la voie alterne du
complément : la plus fréquente concerne le facteur H, dont un
grand nombre de mutations responsables a été mis en
évidence ; l’identification du facteur muté est important pour
évaluer le risque de récidive après la transplantation rénale
(élevé en cas de mutation d’un facteur circulant comme le
facteur H, quasi nul en cas de mutation d’un facteur tissulaire,
fourni par le rein greffé).
Dans ces deux formes, le traitement d’urgence est lui aussi
les échanges plasmatiques intensifs, des traitements plus spécifiques
sont en plein développement (par exemple, facteur H recombinant).

D. Autres formes de MAT


Le syndrome anti-phospholipide (décrit en
hématologie/rhumatologie)
Le SHU de fin de grossesse ou du post-partum
L’HTA maligne
La toxicité de certains médicaments, tels que les
anticalcineurines (voir CH. Transplantation), la mitomycine
La toxicité (parfois très tardive) de la radiothérapie ou les
suites d’une greffe de moelle
Cours de Néphrologie P a g e | 72

Mode évolutif d’une maladie systémique comme la


sclérodermie (la « crise rénale sclérodermique »).

VIII. Polyartérite macroscopique (ou périartérite noueuse)

A. Définition
Enseignée ailleurs, cette maladie rare est une vasculite
atteignant les artères de moyen calibre de nombreux organes, dont
le rein (dans celui-ci, l’atteinte peut s’étendre aux artères de plus
petit calibre, voire jusqu’au capillaire glomérulaire).

B. Manifestations rénales
HTA, parfois très sévère
Anévrismes des artères rénales, infarctus rénal, souvent partiel
Parfois atteinte glomérulaire de type subaigu
C. Diagnostic
Contexte général (température, amaigrissement, atteinte
d’autres organes)
Détection des anévrismes
D. Traitement
Il associe corticoides et cyclophosphamide.

IX. Thrombose veineuse

C’est une entité clinique très rare, de plus rarement


symptomatique. Elle est le plus souvent une découverte de
l’imagerie. Les facteurs favorisants en sont le syndrome néphrotique
(voir plus haut), les anomalies de la coagulation et le cancer du rein.
Elle peut se compliquer d’embolies pulmonaires. Il faut y penser
chez un patient atteint de syndrome néphrotique, qui présente une
embolie pulmonaire.
Cours de Néphrologie P a g e | 73

CHAPITRE VI. REIN ET GROSSESSE


I. Modifications physiopathologiques au cours de la grossesse
normale

II. HTA

III. Prééclampsie

IV. Grossesse en cas de néphropathie chronique préexistante

I. Modifications physiopathologiques au cours de la grossesse


normale

Le placenta normal synthétise des médiateurs entraînant


une vasodilatation généralisée (Prostacycline ? NO ? Relaxine ?), ce
qui a pour effet, dans le 1er trimestre de la grossesse, de :

Réduire la TA (< 130/80)


Majorer le flux sanguin rénal et la FG (d’environ 50%), ce qui
se traduit par une réduction du taux de créatinine sérique
(entre 0,5 et 0,8 mg/dl)
Majorer la rétention sodée et le volume plasmatique (gain de
6 à 8 litres d’eau), ce qui se traduit souvent par de discrets
oedèmes et une réduction de l’hématocrite
Réduire l’uricémie (la sécrétion de l’acide urique au niveau du
tube proximal étant proportionnelle au débit sanguin dans les
capillaires péritubulaires).

Cette vasodilatation entraîne une stimulation du SRA,


avec, en conséquence un effet vasoconstricteur, restant insuffisant à
contrer la vasodilatation et une rétention sodée qui contribue à
l’accumulation de Na (estimée à 900 mEq durant la grossesse).

On observe aussi un abaissement du seuil osmotique pour


la sécrétion de vasopressine et la soif, se traduisant par une
réduction de l’osmolalité plasmatique (de 5 à 10 mosmol/kg H2O)
et de la natrémie (5 mmol/L). la synthèse accrue de progestérone
va, quant à elle, entraîner la relaxation des tissus de soutien (par
exemple des uretères).
Cours de Néphrologie P a g e | 74

II. HTA

Physiologiquement, la TA de la femme enceinte décroit


durant le 1er trimestre, et à son nadir durant le 2ème et remonte à
l’approche du terme.

L’HTA est la pathologie la plus fréquente de la grossesse.


Elle est responsable de complication aussi bien chez la mère que le
fœtus (retard de croissance, prématurée). Il s’agit soit d’une HTA
préexistante, soit d’une HTA induite par la grossesse (dite
gestationnelle), soit d’une pré-éclampsie.

En cas d’HTA préexistante traitée, il est capital de se


souvenir que les IEC et les sartans sont formellement contre-
indiqués durant la grossesse (oligohydramnios, mort in utero) : leur
arrêt est recommandé dès avant la conception ; les hypotenseurs
autorisés sont répertoriés dans l’encadré.

Traitement de l’HTA en cas de projet de (et durant) la grossesse :

* proscrire IEC/sartans
* première ligne : méthyldopa
* deuxième ligne :
- labetalol ( et β-bloquant)
- antagonistes calciques

L’HTA induite par la grossesse se distingue de la pré-


éclampsie par son apparition plus tardive (2ème moitié de la
grossesse) et l’absence de protéinurie. Elle disparaît après
l’accouchement. On se rend compte aujourd’hui qu’elle peut être la
première manifestation d’une HTA essentielle se déclarant plus
tard. On recommandera donc une surveillance périodique de la TA
chez les patients ayant présenté une HTA dite gestationnelle.

III. Pré-éclampsie

A. Définition et présentation
Syndrome apparaissant après la 20ème S.A (le plus souvent
après la 32ème S.A), caractérisé par la triade :

HTA (≥ 140/90 au moins à 2 reprises)


Protéinurie
Oedèmes déclives.
Cours de Néphrologie P a g e | 75

On peut ajouter :

Une hyperuricémie (> 6mg/dl)


Une majoration (plus tardive) du taux de créatinine sérique à
une valeur anormalement « normale » ou discrètement
physiologique (0,7 Ŕ 1,2 mg/dl).

B. Facteurs de risque
Primiparité
HTA
Obésité, diabète
Grossesse multiple
Histoire familiale

C. Mécanisme (encore à l’étude)


Tout porte à croire qu’une dysfonction placentaire est en
cause avec défaut(facteur immunitaire ?). Elle se solde par une
réduction de la production des facteurs vasodilatateurs
physiologiques et, dès lors, par une prédominance des facteurs
vasoconstricteurs (comme le SRA), entraînant une majoration des
résistances vasculaires systémiques et une HTA. Le flux sanguin
rénal chute (stimulant d’autant plus le SRA), expliquant l’élévation
de l’uricémie (couramment utilisée par les obstétriciens dans la
surveillance de la grossesse pour dépister la pré-éclampsie). Son
élévation est plus précoce que celle du taux de créatinine, la FG
étant initialement maintenue par la majoration de la fraction de
filtration sous l’effet de l’angiotensine.

La protéinurie est probablement expliquée par


l’hypertension intra capillaire. Histologiquement, on observe un
gonflement de l’endothélium capillaire (endothéliose) et une
prolifération des cellules mésangiales. L’excès d’angiotensine
contribue à la formation des oedèmes.

D. Formes graves
Elles traduisent l’extension des lésions endothéliales à
d’autres organes (cerveau, foie…)

1. Eclampsie (= convulsions)
Elle complique habituellement les formes avec HTA sévère
(diastolique > 120mmHg)
Cours de Néphrologie P a g e | 76

Elle est annoncée par des céphalées, une baisse de l’acuité


visuelle et une aggravation des signes biologiques cités plus
haut.
2. Syndrome HELLP (pour Hemolysis, Elevated Liver enzymes,
Low Platelets).
Il se traduit cliniquement par des douleurs en barre de
l’épigastre ou de l’hypochondre droit.
3. Microangiopathie thrombotique (MAT) : c’est le SHU de fin
de grossesse ou post-partum (voir ch Néphropathies
Vasculaires).

E. Traitement
Le but du traitement de la pré-éclampsie est d‘éviter :

Les accidents graves chez la mère


La souffrance fœtale qui est associée
Il associe :

L’alitement, le plus souvent en hospitalisation


Le traitement hypotenseur (généralement instauré quand la
TA est 150/100)
La surveillance étroite du fœtus, avec si l’évolution apparaît
défavorable, avancement de la délivrance.

L’éclampsie nécessite l’hospitalisation d’urgence après


avoir donné du Valium ou du MgSO4

VI. Grossesse en cas de néphropathie chronique préexistante

Le généraliste est souvent le premier consulté par une


patiente qui, se connaissant une néphropathie chronique avec
souvent une HTA associée, s’interroge sur les risques d’une
grossesse.

Si la TA est normale ou bien maîtrisée par le traitement,


que la protéinurie est < 1g/24h et que le taux de créatinine sérique
est > 1,4mg/dl, la grossesse devrait bien se dérouler malgré la
majoration de la protéinurie (en raison de l’augmentation de la FG).

Si l’HTA est sévère ou difficilement maîtrisée, si la


protéinurie est > 3g/24h, ou si le taux de la créatinine est > 3mg/dl,
il faut décourager un projet de grossesse car elle sera à haut risque,
et pour la mère, et pour le fœtus.
Cours de Néphrologie P a g e | 77

Dans les situations intermédiaires, une évaluation des risques


confrontée aux motivations du couple permettra de prendre une
décision, au cas par cas. Si la grossesse est entreprise, une
surveillance néphro-obstérticale étroite sera exercée.

Une des situations délicates est celle de la patiente ayant


une néphropathie protéinurique répondant bien au traitement anti-
protéinurique (IEC sartan diurétique) … qu’il convient d’arrêter
avant la conception. Il faut alors mesurer la protéinurie après arrêt
des IEC/sartans, tester, le cas échéant, l’effet d’un traitement
hypotenseur autorisé durant la grossesse et prendre une décision
selon le résultat de cette manœuvre (voir plus haut).

Projet de grossesse en cas de néphropathie préexistante. A


déconseiller si :
- HTA sévère on maîtrisable par les hypotenseur autorisés
durant la grossesse
- Syndrome néphrotique
- Taux de créatinine sérique > 3lmg/dl
Cours de Néphrologie P a g e | 78

CHAPITRE VII. LES NEPHROPATHIES


HEREDITAIRES
Résumé

La polykystose rénale autosomique dominante est la plus


fréquente des néphropathies héréditaires (prévalence : 1/1000). Elle
et caractérisée par le développement de multiples kystes dans le rein,
des lésions hépatiques (le plus souvent des kystes) et vasculaires
(essentiellement l’anévrisme intracrânien) peuvent y être associées.
Les deux gènes responsables de la grande majorité des cas ont été
récemment identifiés : PKD1 (chromosome 16) et PKD2
(chromosome 4).
Le syndrome d’Alport (prévalence : 1/5000) est
caractérisé par le développement progressif d’une glomérulonéphrite
à laquelle peuvent s’associer une surdité de perception et diverses
anomalies oculaires. Le gène principal (85% des cas) est situé sur le
chromosome X, ce qui explique l’atteinte plus sévère chez l’homme
que chez la femme. Les deux gènes responsables de la majorité des
cas restants sont situés sur le chromosome 2 et rendent compte de la
forme autosomique récessive de l’affection.

L’identification des gènes de ces deux maladies fournit un


nouvel outil diagnostique, l’élucidation de la fonction des protéines
correspondantes permet d’espérer l’élaboration d’une riposte
pharmacologique.

Les néphropathies héréditaires sont la cause d’environ


10% des insuffisances rénales chroniques nécessitant un traitement
de suppléance (dialyse ou transplantation rénale). L’identification
récente des gènes responsables de la grande majorité de ces maladies
ouvre des perspectives sur le plan physiopathologique et fournit dès
maintenant un nouvel outil diagnostique. Parallèlement, les patients
atteints de ces maladies bénéficient des progrès effectués en
pharmacologie, en radiologie, en chirurgie etc. Nous revoyons les
retombées pratiques de ces acquis sur la prise en charge des deux
plus fréquentes de ces néphropathies, la Polykystose autosomique
dominante (PKD) et le syndrome d’Alport (SA).
Cours de Néphrologie P a g e | 79

I. Polykystose autosomique dominante

La PKD est caractérisée par le développement de


multiples kystes dans le rein, décelés le plus souvent à l’âge adulte
(d’où son ancien nom de Polykystose adulte), des lésions
hépatiques et cardio-vasculaires peuvent y être associées. Avec une
prévalence d’environ 1/1000,c’est la néphropathie héréditaire de
loin la plus fréquente.

Des avancées décisives dans la génétique de la PKD ont


été accomplies au cours de ces dix dernières années. Il aura fallu 9
ans pour que le gène principal (responsable de 85% des cas et
désormais appelé PKD1) localisé dès 1985 sur le chromosome 16
soit identifié et que les premières mutations soient décrites. Un
deuxième gène (rendant compte de la grande majorité des autres
cas, et appelé PKD2) a été localisé sur le chromosome 4 en 1994 et
identifié deux ans plus tard. Il existe très vraisemblablement un
troisième gène, qui reste à localiser.

1. Manifestations rénale
Les kystes rénaux restent parfois asymptomatiques jusqu’à
un âge avancé. A l’examen de routine, une microhématurie n’est
trouvée que dans 25% des cas et une protéinurie Ŕ toujours modérée
Ŕ dans 18% des cas. Les kystes rénaux peuvent en revanche se
compliquer de douleurs, d’hémorragie, d’infection, de lithiase,
d’hypertension et d’insuffisance rénale.

Une douleur rénale aiguë résulte le plus souvent d’une


hémorragie intra-kystique (voir plus bas). Un gène plus chronique,
due à la distension de la capsule par les kystes, est fréquente.
Rarement, elle amène certains patients à consommer régulièrement
des analgésiques, on peut alors envisager une intervention de
décompression éventuellement par voie coelioscopique.

Une hémorragie intra-kystique se produit au moins une


fois chez la moitié des malades. Elle peut s’accompagner d’un peu
de fièvre durant un ou deux jours. Elle ne s’extériorise pas toujours
sous forme d’hématurie macroscopique, car beaucoup de kystes ont
perdu leur connexion avec leur néphron d’origine. L’hémorragie
intra-kystique ne requiert pas d’autres recommandation que le repos
et la patience … Il est exceptionnel qu’une hématurie
macroscopique dure plus d’une semaine.
Cours de Néphrologie P a g e | 80

L’infection urinaire basse expose à une complication


potentiellement redoutable, l’infection kystique. On y songera chez
un malade hautement fébrile et présentant une douleur rénale
élective, les hémocultures seront le plus souvent positives pour un
E. Coli. On ne s’étonnera pas de l’absence de réponse à certains
antibiotiques, comme l’ampicilline, les céphalosporines et les
aminosides. Etant lipophobes, ces antibiotiques traversent
difficilement la paroi des kystes (la seule voie d’accès dans les kystes
déconnectés de leur tubule d’origine) ; il faut faire appel à des
antibiotiques à la fois lipophiles et actifs sur les germes Gram (-), en
l’occurrence le trimethoprim Ŕ sulfamethoxazole et surtout les
fluoroquinolones qui sont actuellement le traitement de choix. Il est
recommandé de poursuivre le traitement durant 6 semaines.
L’infection de kystes volumineux nécessite parfois un drainage
chirurgicale et, rarement, la néphrectomie.
Le diagnostic radiologique d’hémorragie ou d‘infection
intra-kystique est souvent malaisé. La tomodensitométrie est
l’examen le plus rentable ; la comparaison à des clichés antérieurs
peut s’avérer très précieuse.

La lithiase urinaire se rencontre chez 20% des patients.


Les calculs étant assez souvent composés d’acide urique, ils peuvent
être radiotransparents. Moyennant certaines précautions, le calculs
rénaux sont accessibles à la lithotritie et à la néphroscopie
percutanée.
L’hypertension artérielle complique très fréquemment la
PKD. Elle est la première manifestation de la maladie chez 20% de
patients.
L’activation intra-rénale du système rénine-angiotensine
(peut-être sous l’effet de l’étirement et de la compression des artères
parcourant la paroi des kystes) jouant un rôle pathogénique
essentiel, il est logique de recourir aux inhibiteurs de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine. Le traitement précoce et efficace de
l’hypertension artérielle est une priorité dans la PKD, car les
complications cardio-vasculaires représentent la première cause de
décès.

Une insuffisance rénale progressive survient chez la


majorité des patients. Contrairement à une opinion répandue,
l’insuffisance rénale terminale n’est pas inéluctable : 30% des
patients atteignent en effet l’âge de 70 ans sans devoir recourir à un
Cours de Néphrologie P a g e | 81

traitement de suppléance. A l’opposé, une évolution rapide vers


l’insuffisance rénale peut se rencontrer dans l’enfance Ŕ rarement il
est vrai : chez un enfant atteint de Polykystose au stade de
l’insuffisance rénale, le diagnostic de PKD doit donc être évoqué à
côté de celui, plus fréquent, de la forme récessive. Les éléments du
diagnostic différentiel sont repris dans le tableau ci-dessous (Tableau
I).

Les facteurs impliqués dans la vitesse de progression de


l’insuffisance rénale commencent à être reconnus. Le plus important
est la forme génétique : dans la forme PKD2, les kystes rénaux se
développent plus lentement et l’insuffisance rénale survient, en
moyenne, 10 à 15 ans plus tard que dans la forme PKD1. UN effet
du sexe est établi : l’insuffisance rénale progresse un peu plus
rapidement et atteint le stade terminal 5 ans plus tôt chez l’homme
que chez la femme. A l’instar d’autres néphropathies, il est probable
que l’hypertension artérielle non contrôlée accélère le cours de
l’insuffisance rénale une démonstration convaincante fait cependant
encore défaut aujourd’hui ; une épreuve indirecte de l’effet délétère
de l’hypertension est suggérée par une étude due à la PKD survient
plus précocement chez les individus dont le parent non vecteur de la
maladie est hypertendu comparativement à ceux dont le parent non
vecteur est normotendu.

Tableau I. Polykystose rénale autosomique : caractéristiques


différenciant la forme dominante de la forme
récessive

Forme récessive Forme dominante


Prévalence 1/40.000 1/1000
Gènes Chromosome 6 Chromosome 16
(PKD1)
Chromosome 4
(PKD2)
Chromosome ?
(PKD3)
Age à l’IRT 0 Ŕ 10 40 Ŕ 60
Echographie des (-) (+)
parents sauf néomutation
Atteinte hépatique Fibrose hépatique Kystes
congénitale
IRT : Insuffisance rénale terminale
Cours de Néphrologie P a g e | 82

2. Manifestations hépatiques
La Polykystose hépatique est la manifestation extra-rénale
la plus fréquente de la PKD, tant dans les familles PKD1 que
PKD2. A l’inverse des kystes rénaux, les kystes hépatiques
apparaissent plus précocement et en plus grand nombre chez la
femme que chez l’homme, et davantage encore chez les femmes qui
ont eu des grossesses, ce qui suggère l’existence d’un rôle
modulateur de l’environnement hormonal dans le développement
des kystes, qui serait donc différent dans le foie et le rein.

Les kystes hépatiques sont habituellement


asymptomatiques. Les rares malades Ŕ presque exclusivement des
femmes Ŕ ayant une Polykystose hépatique majeure peuvent
souffrir de douleurs chroniques ainsi que de symptômes divers
résultant de la compression de l’estomac, de la voie biliaire, de la
veine porte ou de la veine cave. Des progrès ont été récemment
accomplis dans la prise en charge de ces complications. Ainsi, le
volume des hépatomégalies kystiques symptomatiques peut être
réduite par fenestration (éventuellement laparoscopique) des kystes
et/ou résection hépatique partielle. Contrairement au rein, la
fonction du foie est préservée, même dans les Polykystose les plus
évoluées, grâce à sa capacité de régénération.

Comme les kystes rénaux, les kystes hépatique peuvent


s’infecter, les germes le plus souvent responsables étant aussi des
Gram (-). Le traitement associe un drainage externe et
l’administration de fluoroquinolones.

Dans de rares cas, l’atteinte hépatique de la PKD


ressemble à celle qui est observée constamment dans la forme
récessive, c'est-à-dire une fibrose hépatique congénitale, parfois
associée à une dilatation idiopathique de la voie biliaire intra ou
extra hépatique.

3. Anévrisme intra-cérébral
L’anévrisme des artères cérébrales est une des
complications les plus redoutables de la PKD. Plusieurs études
récentes ont permis de mieux apprécier ses aspects cliniques. Sa
prévalence globale dans la PKD est d’environ 8% (soit 5 fois plus
que dans la population générale) ; elle atteint 16% chez les individus
issus d’une famille dans laquelle d’autres personnes présentent
l’association PKD-anévrisme, une concentration qui suggère un
effet prédisposant de certaines mutations.
Cours de Néphrologie P a g e | 83

L’histoire naturelle de l’anévrisme cérébral associé à la


PKD reste assez mal connue. On sait en tout cas que tous les
anévrismes ne se rompent pas. La rupture donne lieu à une
hémorragie sous-arachnoïdienne, accident, qui comme dans la
population générale, est grevé d’une mortalité et d‘une morbidité
élevées. Une étude effectuée sous les auspices d’une Action
Concertée Européenne a révélé que la rupture survient à un âge
moyen de 41 ans, alors que la fonction rénale est encore normale
dans la moitié des cas. L’attitude diagnostique et thérapeutique
s’appuie sur l’expérience acquise dans la population générale. Le
traitement classique consistait jusqu’ici en la pose chirurgicale d’un
clip sur le collet de l’anévrisme. Une alternative séduisante, de plus
en plus souvent pratiquée, es l’occlusion endovasculaire sélective
par la technique de Guglielmi.

Au vu de la gravité du pronostic d’une rupture


d’anévrisme d’une part, et de la possibilité d’un traitement
prophylactique d’autre part, la tentation est grande de proposer un
dépistage systématique de l’anévrisme intracrânien. Il ne se justifie
cependant que si le traitement prophylactique, qui n’est pas encore
sans risque, confère une espérance de vie supérieure à l’abstention.
La résolution de ce dilemme se prête à une analyse décisionnelle.
Les auteurs qui se sont livrés à cet exercice s’accordent aujourd’hui
à réserver le dépistage aux patients exposés à un risque relativement
élevé de rupture d’anévrisme et susceptible de bénéficier
significativement de l’intervention, concrètement, ceux qui ont une
histoire familiale d’anévrisme intracrânien et qui sont âgés de 18 à
40 ans. Le succès croissant de l’occlusion endovasculaire pourrait
amener prochainement à élargir ces critères. Le dépistage peut
aujourd’hui être réalisé sans risque par angio-résonance ou
tomodensitométrie spiralée.
4. Autres manifestations
L’association de la PKD à la valvulopathie mitrale est
classiquement citée, elle est maintenant remise en question. Il en est
de même de la diverticulose colique.
D’autres organes que le rein et le foie peuvent être le siège
de kystes (le pancréas, la rate, le cerveau Ŕ kystes arachnoïdiens Ŕ),
généralement asymptomatiques.
Cours de Néphrologie P a g e | 84

5. Diagnostic, conseil génétique et prise en charge


Chez l’adulte, le diagnostic de PKD est généralement aisé.
L’échographie montre de gros reins, diffusément remplis de kystes
de taille variable. Le diagnostic ne fait aucun doute lorsqu’il y a en
outre une histoire familiale de PKD et/ou si des kystes hépatiques
sont mis en évidence.

Chez les sujets de moins de 30 ans, le diagnostic peut


s’avérer plus délicat : de petits kystes peu nombreux peuvent en effet
échapper à l’échographie, le risque de faux négatif étant d’autant
plus élevé que le sujet examiné est plus jeune. Le diagnostic de PKD
doit aussi tenir compte de la prévalence des kystes rénaux simples
dans la population générale, qui augmente avec l’âge. Se fondant
sur ces données, une étude récente validée par le diagnostic
génétique arrive à la conclusion que, dans la forme PKD1, la mise
en évidence d’au moins deux kystes (uni ou bilatéraux) chez un
sujet jeune susceptible d’avoir reçu le gène muté suffit à poser le
diagnostic de l’affection.

Dans les cas demeurant problématiques, on demandera


une tomodensitométrie avec contraste, plus sensible que
l’échographie dans la détection de petits kystes. S’il persiste encore
un doute, le diagnostic génétique peut être envisagé. Le diagnostic
génétique direct (c'est-à-dire l’identification de la mutation) restant
actuellement très difficile, en raison de la longueur et de la
complexité des gènes de la PKD, on a recours au diagnostic
indirect, l’analyse de liaison génétique. Ce type d’examen fait appel
à des marqueurs chromosomiques : ce sont des séquences non
codantes de l’ADN, normalement dispersées tout au long du
génome, connues pour leur polymorphisme (c'est-à-dire la
variabilité de leur séquence parmi les individus normaux). En
choisissant des marqueurs entourant le gène de la maladie
concernée, on peut identifier les allèles de ces marqueurs (c'est-à-
dire les variantes de la séquence) qui, dans une famille donnée, sont
associés à la maladie. La détermination de ces allèles permettra
alors ultérieurement de poser le diagnostic de la maladie chez des
individus de cette famille susceptibles d’être atteints. Un exemple
d’analyse de liaison au gène PKD1 est donne à la figure 1 ci-
dessous. Les limites de cette analyse sont à souligner : il faut avoir
préalablement posé le diagnostic clinique de PKD chez d’autres
membres de la famille (au moins deux) ; les marqueurs associés à la
maladie doivent avoir été clairement identifiés ; enfin, cette analyse
comporte toujours une petite marge d’erreur (calculable).
Cours de Néphrologie P a g e | 85

En pratique, les indications d’un diagnostic avant l’âge de


la majorité sont rares. Chez un enfant et un adolescent n’ayant pas
lui-même demandé le test, il ne vous paraît pas opportun d’y
recourir tant que nous ne disposerons pas, à ce stade de l’affection,
d’un traitement ayant fait la preuve de son efficacité sur le
développement des kystes.

Le conseil génétique est celui qui s’applique à toute


maladie héréditaire dominante : le sujet atteint transmettra la
maladie à 50% de ses enfants, garçon ou fille. Il faut en outre savoir
qu’il existe, dans la même famille, une variabilité assez grande dans
l’expression de la maladie ; gardons-nous de faire des prédictions
précises (concernant par exemple l’âge d’arrivée en insuffisance
rénale terminale) en nous basant sur l’histoire familiale.

Au stade de l’insuffisance rénale terminale, le patient


atteint de PKD peut être traité par dialyse et transplantation, avec
un taux de succès équivalent à celui des patients atteints d’autres
néphropathies. On évitera de choisir la dialyse péritonéale chez les
patients ayant de très gros reins Polykystose, ceux-ci réduisant et la
surface d’échange et la tolérance au remplissage de l’espace
péritonéal.

Le tableau II résume les points pratiques de la prise en


charge des patients atteints de PKD.

Tableau II. Prise en charge du patient atteint de PKD

Information et conseil génétique


Traitement précoce et efficace de l’hypertension artérielle
Prophylaxie et traitement de l’infection urinaire
Hospitalisation en cas de fièvre prolongée faisant suspecter une
infection rénale
Dépistage de l’anévrisme intracrânien chez les patients âgés de
18 Ŕ 40 ans appartenant à une famille à risque

6. Perspective
Le déchiffrage de la séquence des gènes PKD1 et PKD2 a
permis d’esquisser la structure des protéines qu’ils encodent. Le
produit du gène PKD1, appelé polycystine-1, est une glycoprotéine
fichée dans la membrane cellulaire et dotée d’un long domaine
extracellulaire : elle est probablement impliquée dans les
Cours de Néphrologie P a g e | 86

interactions entre cellules ou entre cellule et matrice extracellulaire.


La protéine codée par PKD2, appelée polycystine-2, présente 50%
de similitude avec la polycystine-1, mais en diffère par la taille (elle
est 4 fois plus moins longue), l’ancrage cellulaire (les deux
extrémités de la molécule sont intracellulaires), et probablement, la
fonction (elle a les caractéristiques d’un canal ionique). Il apparaît
de plus en plus probable que les deux molécules interagissent l’une
avec l’autre.

Comment la mutation d’un de ces gènes conduit-elle au


phénotype de la PKD, notamment à la formation et au
développement de kystes ? Là es toute la question … Le rôle d’agent
de liaison que semblent jouer les polycystines pourrait être crucial
au cours de l’embryologenèse, s’il est mal exécuté, la différenciation
du tubule rénal et du canalicule biliaire s’en trouverait gravement
affectée. Ces hypothèses doivent maintenant être testées.
L’élucidation de la fonction des polycystines permet d’espérer
l’élaboration d’une riposte pharmacologique. Obtenir le
ralentissement de la croissance des kystes serait déjà, en pratique,
un succès très appréaciable.

II. Le syndrome d’Alport

Le syndrome d’Alport est caractérisé le développement


d’une glomérulonéphrite, inconstamment associée à une surdité de
perception et à des anomalies oculaires. Sa prévalence est d‘environ
1/5000.
On savait depuis plus de 20 ans que l’anomalie
responsable de la néphropathie siégeait dans la membrane basale
glomérulaire et on avait appris plus récemment que le squelette de
cette dernière est constitué d’un collagène particulier, le collagène
de type IV, composé de trois chaînes s’enroulant en triple hélice.
La sévérité privilégiée de la maladie chez l’homme orientait par
ailleurs vers un gène situé sur le chromosome X. C’est sur ce
chromosome qu’est découvert en 1990 un gène codant pour la
chaîne 5 du collagène de type IV, dès lors appelé COL4A5.
En 1994, l’identification des premières mutations
homozygotes des gènes COL4A3 et COL4A4 Ŕ codant
respectivement pour les chaînes 3 et 4 du collagène IV Ŕ situés
sur le chromosome 2, établissent définitivement l’existence d’une
forme récessive de SA, depuis longtemps suspectée par certains.
Cours de Néphrologie P a g e | 87

1. Manifestations du SA lié au chromosome X


La forme liée au chromosome X se rencontre dans environ
85% des familles. Comme dans les autres maladies liées au
chromosome X, la maladie est toujours sévère chez le garçon (qui
n’a qu’un chromosome X, et est dit hémizygote pour l’affection) et
habituellement beaucoup plus bénigne Ŕ voir totalement
asymptomatique Ŕ chez la fille (qui a deux chromosomes X et est
donc hétérozygote).

1.1. Néphropathie

Chez les garçons, une hématurie microscopique est


détectée dès la naissance. La moitié d’entre eux présenteront au
moins un épisode d’hématurie macroscopique. La protéinurie
apparaît au cours de l’adolescence ; elle peut culminer en un
syndrome néphrotique. L’insuffisance rénale est la règle ; l’âge
auquel elle apparait définit un type dit « juvénile » (stade terminal
avant l’âge de 31 ans) et un type dit « adulte » (stade terminal au-
delà de cet âge).

Chez les filles, l’atteinte rénale se limite habituellement à


l’existence d’une hématurie microscopique ; celle-ci est même
parfois intermittente, voire absente. Chez une minorité d’entre elles,
l’atteinte rénale progresse lentement jusqu’à atteindre le stade
terminal vers l’âge de 50 à 70 ans.

1.2. Surdité

Chez les garçons, la surdité est toujours présente dans le


type juvénile, alors qu’elle est absente dans 50% des types adultes.
Elle n’apparait généralement qu’au cours de l’adolescence. Au stade
précoce, elle n’est détectable qu’à l’audiométrie : le tracé révèle alors
un déficit symétrique, maximum dans les fréquences aiguës. La
perte d’audition atteint ensuite les fréquences utilisées dans la
conversation, requérant alors l’aide d’une prothèse auditive.

La surdité est beaucoup plus rare chez les filles.

1.3. Atteintes oculaires

15 à 30% des garçons ont un lenticône et/ou des taches


rétiniennes. Le lenticône antérieur Ŕ protrusion chronique de la
partie centrale du cristallin Ŕ est quasiment pathognomonique du
Cours de Néphrologie P a g e | 88

SA. Il n’est observé que dans le type juvénile. Il peut perturber la


vision, jusqu’à requérir parfois l’exérèse du cristallin. Les tâches
rétiniennes (occupant habituellement la région périmaculaire)
n’entravent jamais la vision.

Nous venons de décrire une troisième atteinte oculaire


associée au SA, l’érosion cornéenne non traumatique récidivante :
20% des patients atteints d’une forme sévère de SA en sont affectés.

L’atteinte oculaire est beaucoup plus rare chez la fille.

1.4. Leimyomatose

Dans une petite minorité de familles, la maladie est


associée à une leimyomatose atteignant le plus souvent l’œsophage
et parfois le tractus trachéo-bronchique et les organes génitaux.

2. Manifestations du SA autosomique récessif


La forme autosomique récessive représente environ 15%
des SA. Comme dans toute maladie autosomique récessive, la
maladie n’apparait que chez les sujets homozygotes, c'est-à-dire
ayant reçu de chacun des deux parents une copie du chromosome
portant la mutation. Les manifestations cliniques sont les mêmes
que dans la forme liée à X (sauf la leimyomatose) ; elles se
caractérisent par leur précocité et leur sévérité aussi grande chez la
fille que chez le garçon. Cette dernière caractéristique doit toujours
faire suspecter l’existence d’une forme récessive, les autres
arguments en faveur de cette variété étant la consanguinité des
parents et l’absence d’antécédent familial de la maladie.

Les hétérozygotes sont asymptomatiques. Ils présentent


tout au plus, dans certaines familles, une microhématurie. La
preuve a été faite récemment que l’hématurie familiale trouvée chez
un grand nombre de membres d’une famille limbourgeoise était due
à une mutation hétérozygote de COL4A4, faisant suggérer que
l’entité que nous connaissons aujourd’hui sous le vocable
d’hématurie familiale bénigne, de transmission autosomique
dominante, correspond en fait au statut hétérozygote de la forme
récessive du SA.

3. Diagnostic et conseil génétique


Dans une famille où le SA est connu, la mise en évidence
d’une microhématurie d’origine glomérulaire (globule rouges
Cours de Néphrologie P a g e | 89

dysmorphiques, cylindres hématurie) chez un sujet susceptible


d’avoir hérité de la maladie fait fortement suspecter qu’il est atteint.
Un audiogramme et un examen ophtalmologique attentif (il faut
interroger sur un antécédent d’érosion cornéenne récidivante,
examiner le cristallin à la lampe à fente et inspecter le fond d’œil)
seront demandés.

Dans les cas douteux (p.ex. isolés), on recourt à la biopsie


rénale. Les anomalies glomérulaires n’ont rien de spécifique en
microscopie optique. Les caractéristiques du SA apparaissent en
microscopie électronique (alternance de zones d’amincissement et
d’épaississement irréguliers de la membrane basale glomérulaire) et
en immuno-histochimie (absence d’expression des chaînes 3, 4 et
5 du collagène IV). Ces anomalies sont beaucoup moins franches
chez les hétérozygotes et les homozygotes. Même chez ces derniers
elles peuvent en outre faire totalement défaut dans certaines familles
(lorsqu’une mutation ponctuelle n’empêche pas la synthèse d’une
chaîne complète).

La chaîne 5 étant aussi normalement exprimée dans la


membrane basale épidermique, une biopsie de peau peut également
contribuer au diagnostic : l’absence d’expression de la chaîne 5
dans la peau ne se rencontre en effet que dans le SA ; en revanche,
sa présence ne permet pas d’exclure ce diagnostic.

L’alternative au diagnostic histologique est le diagnostic


génétique. Comme dans le cas de la Polykystose, le diagnostic direct
de la mutation reste difficile, en raison de la taille du gène (52
exons) ainsi que de la diversité et de la dispersion des mutations.
Seules les mutations de grande taille (essentiellement les délétions) Ŕ
qui ne représentent que 10 à 15% des mutations du gène COL4A5 Ŕ
sont actuellement aisément accessibles au diagnostic direct. En
l’absence d’une mutation de ce type, il faut recourir à l’analyse de
liaison génétique dans la famille concernée, en utilisant les
marqueurs polymorphiques de COL4A5 quand on suspecte la
forme liée à X, et ceux de COL4A3/A4 (qui sont côte à côte sur le
chromosome 2) quand on suspecte la forme autosomique récessive).

L’indication principale du diagnostic génétique est


l’identification des femmes conductrices de la forme liée à X (ayant
une mutation hétérozygote de COL4A5), qui peuvent être
totalement asymptomatiques.
Cours de Néphrologie P a g e | 90

Le conseil génétique répond aux règles générales de la


transmission des deux formes de la maladie. Dans la forme liée à X,
l’homme atteint transmet toujours le gène de la maladie à une fille
jamais à un fils, tandis que la femme vectrice le transmet à 50% de
ses enfants, garçon ou fille ; les garçons développeront une
insuffisance rénale, le plus souvent avant l’âge de 30 ans, tandis que
la grande majorité des filles n’en souffriront pas, il n’est pas encore
possible d’identifier à l’avance la minorité d’entre elles qui
évolueront tardivement vers l’insuffisance rénale. Quand les deux
parents sont hétérozygotes pour la forme autosomique récessive,
25% de leurs enfants développeront le SA ; les enfants de ces
derniers seront à leur tour hétérozygotes, et donc asymptomatiques.

La transplantation rénale donne d’excellents résultats dans


le SA. Dans de rares cas, elle se complique de la formation
d’anticorps dirigés contre les chaînes de collagène IV du greffon qui
sont défectueuses chez le patient (et donc potentiellement
antigénique dans leur configuration normale), donnant alors parfois
lieu à une glomérulonéphrite subaiguë pouvant entraîner la
destruction du greffon.

4. Perspective
A ce jour, le seul traitement de la néphropathie du SA est
celui de l’hypertension artérielle qui peut en accélérer l’évolution.
Le meilleur choix est, ici aussi, un inhibiteur de l’enzyme de
conversion de l’angiotensine, qui par son effet antiprotéinurique,
pourrait ralentir la progression de l’insuffisance rénale, comme dans
d’autres néphropathies.

La découverte des gènes responsables du SA autorise Ŕ


enfin Ŕ l’espoir d’un premier pas vers la conception d’un traitement
étiologique. Encore faudra-t-il avoir démonté le mécanisme qui relie
le défaut structurel de la membrane basale glomérulaire au
développement progressif de ka glomérulosclérose. Certains s’y
emploient : ainsi, Kalluri et al viennent de montrer qu’une anomalie
constitutionnelle des chaînes 3, 4 ou 5 du collagène IV figeait
en quelque sorte la membrane basale glomérulaire dans sa structure
fœtale, la rendant dès lors moins résistance à la dégradation par les
endoprotéases. Dans cette hypothèse, un inhibiteur des protéases
pourrait avoir en effet thérapeutique.
Cours de Néphrologie P a g e | 91

CHAPITRE VIII. INSUFFISANCE RENALE


AIGUË
I. Définition, données épidémiologiques et générales

II. Existe-t-il un risque vital ?

III. Quel est le statut volémique du patient ?


IV. L’IR est-elle aiguë ou chronique ?

V. Existe-t-il une obstruction ?

VI. L’IRA est-elle fonctionnelle ?


VII. Les causes rénales

A. Nécroses tubulaires aiguë


B. Néphrite interstitielle aiguë
C. Obstruction intra tubulaire
D. Autres

VIII. Prévention

I. Définition, données épidémiologiques et générales

A. Définition
Détérioration rapide (quelques heures ou jours) de la
fonction rénale, avec pour conséquence :
Accumulation déchets azotés ( urée, créatinine sérique)
Perte de l’homéostasie hydro-électrolytique ( K+, CO2 tot,
hypervolémie)
Oigurie (< 500ml/j) dans 50% des cas
amplifie l’apparition des troubles hydro-électrolytiques
forme extrême, l’anurie (< 100ml/j), qui se rencontre dans
un nombre limité de causes (obstacle total voies urinaires,
occlusion bilatérale artères rénales, nécrose corticale,
GNSA à anti-GBM).

B. Incidence chez l’adulte


172/106 hab/an
Cours de Néphrologie P a g e | 92

avec l’âge
Nb de cas n/106
hab/an
16 Ŕ 49 7 17
50 Ŕ 59 8 83
60 Ŕ 69 20 185
70 Ŕ 79 53 660
> 80 37 949
(Br. Med. J. 1993, 306, 481)

C. Classification des causes en 3 grands groupes


1. IRA pré-rénale ou fonctionnelle : due à une hypoperfusion
rénale, sans atteinte lésionnelle, en particulier tubulaire
en principe réversible sans séquelles rénales
2. IRA post-rénale ou obstructive : due à un obstacle mécanique
sur les voies urinaires
3. IRA rénale ou parenchymateuse : due à une atteinte
lésionnelle d’un des éléments du néphron :
atteinte ischémique ou toxique des cellules tubulaires
dans le cadre des nécroses tubulaires aiguës (NTA)
processus inflammatoire tubulo-interstiel dans le cadre
des néphrites interstitielles aiguës (NIA)
atteinte prédominante des glomérules dans le cadre des
GNA/GNSA
atteinte vasculaire soit intra-rénal soit des gros troncs
artériels ou veineux (voir Ch. VAS).

D. L’incidence des différentes étiologies dépend du contexte clinique


Causes IRA apparaissant :
à domicile à l’hôpital
Pré-rénales 60% 20%
Post-rénales 30% 10%
Rénales 10% 70%
NTA 5% 50%*2
Autres 5% 20%
Le + souvent Le + souvent
cause unique causes
multiples

Mortalité < 10% > 50%

2
* Causes fréquentes : défaillance cardiaque, sepsis, néphrotoxiques, chirurgie cardiovasculaire
Cours de Néphrologie P a g e | 93

II. Existe-t-il un risque vital ?

A. Y a-t-il un OAP ?
(parfois dû à un remplissage inapproprié)
R/ Stop remplissage, furosémide à haute dose, en attendant
l’épuration extra-rénale avec ultrafiltration

B. Y a-t-il une hyperkaliémie ?


! Tueur silencieux
reconnaître ses manifestations neuro-muscul : faiblesse
musculaire, paresthésies péri-buccales, parésies
ECG et dosage systématique de la kaliémie devant toute
IRA
R/ Gluconate Ca I-V, insuline + sérum glucose (cf. cours Eau
et Electrolytes) ... en attendant l’hémodialyse.

III. Quel est le statut volémique du patient ?

Est-il en inflation ? ou en déplétion ?


poids poids
turgescence Veines périph. Plates
jugulaire Hypotension, + marquée en
HTA orthostatisme
Pli cutané persistant
Tachycardie
Oedèmes
Galop
Crépitants pulm.

Parfois difficile à apprécier …


Recours éventuel, sous étroite surveillance (patient hospitalisé) à
un test thérapeutique, soit de remplissage, soit de déplétion.

IV. L’IR est-elle aiguë ou chronique ?

Anamnèse (ATCDs de troubles urologiques, de calcul, de


pyélonéphrite, d’HTA, d’anomalies urinaires, etc…)
Dispose-t-on de bilans biologiques antérieurs ?
Taille des reins (écho !) :
Conservée, voire un peu , dans l’IRA
dans la plupart des IRC.

! IRA peut compliquer une IRC (cf. facteurs d’aggravation IRC)


Cours de Néphrologie P a g e | 94

V. Existe-t-il une obstruction ?

A. Causes
1. IRA ne survient que si obstacle bilatéral ou unilatéral sur rein
fonctionnellement unique)
2. Causes principales :
Adénome prostatique (le plus fréquent !)
Néoplasie petit bassin (prostate, gynéco, vessie, rectum)
Lithiase
Nécrose papillaire (diabète, analgésiques, drépanocytose)
Fibrose rétro-péritonéale (cf. ch. NIC)
Tuberculose urinaire (cf. ch. INF)

B. Y songer tout particulièrement


Chez le patient âgé
Avec des antecedents prostatiques / gynéco
Si anurie
C. Diagnostic parfois à portée de main
Globe vésical ?
Touchers pelviens

D. Imagerie
Echo = méthode de choix, dilatation cavités = obstacle
! Pas toujours de dilatation manifeste des voies urinaires (si
obstacle constitué lentement et étendu comme dans fibroses
rétropéritonéales)
simple visibilité des cavités pyélocalicielles + (oligo) anurie
= obstacle
Si doute et pour préciser nature obstacle :
TDM
Selon indication, poursuivre par pyélo rétro ou
antérograde.

E. Traitement
Drainage urgent, à discuter avec urologue / radiologue

Obstacle sous la jonction urétéro-vésicale


Sonde urinaire / cathé sus-pubien
Obstacle au-dessus de la jonction
Sonde urétérale ou néphrostomie percutanée
Cours de Néphrologie P a g e | 95

! Au décours du drainage peut survenir un tableau de « levée


d’obstacle » (polyurie osmotique liée à l’urée)
Bien suivre et compenser par réhydratation adaptée.

VI. L’IRA est-elle fonctionnelle ?

A. Définition
de la FG due à une hypoperfusion critique, secondaire à
une perturbation de l’hémodynamique générale (par hypotension
et/ou hypovolémie) ou intra-rénale.

B. Rappel
1. Lors d’une hypotension ou d‘une hypovolémie modérée, la
FG reste constante, grâce à un phénomène d’autorégulation
(vasodilatation art. affér. Sous la dépendance des
protaglandines et vasoconstriction art. effér. Sous la
dépendance de l’angiotensine II).
2. Cette capacité d’adaptation est dépassée lorsque la PA
moyenne devient < 80mmHg.
! Capacité réduite chez les sujets âgés, athéroscléreux,
diabétiques
! Inhibition du phénomène par les AINS (inhibition de la
synthèse des prostaglandines) et les IEC (inhibition Ag II).

C. Causes
Tous les états d’hypoperfusion rénale sévère

1. Pertes liquidiennes non compensées :


Digestives (vomissements, aspiration digestive,
diarrhées)
Rénales (néphrites avec pertes de sel, telles certains
NIC, levée d’obstacle, hypercalcémie, insuffisance
surrénalienne aiguë, diurétiques!)
Cutanées (Sahara, brûlures étendues), fièvre élevée et
prolongée.
2. Etats de choc (collapsus circulatoire)
Cardiogéniques
Septicémiques
3. Insuffisance cardaique globale
4. Syndrome néphrotique avec hypovolémie
Cours de Néphrologie P a g e | 96

5. Syndrome hépato-rénal (IRA associée à lacirrhose


décompensée, due à une vasoconstriction extrême de la
corticale)
6. Médicaments :
IEC
AINS
Stimulateurs de l’ovulation (peuvent provoquer une
hyperperméabilité capillaire généralisée avec
hypovolémie intravasculaire)

D. Signes
1. Clinques : ceux de l’hypovolémie et/ou associés à l’étiologie
particulière
2. Biologiques : ceux d’un rein qui perçoit une hypoperfusion,
résultat : rétention avide d’eau et de Na+
Urines concentrées (concentration de créatinine élevée)
et pauvres en Na+ (sauf si étiologie est une perte rénale
de Na, …)
Ni protéinurie, ni anomalie du sédiment.
E. Evolution
Réversibilité sans séquelle si cause traitable, rapidement
Si l’hypotension se prolonge, peut évoluer vers la
nécrose tubulaire aiguë ischémique (elle-même
réversible) et, dans les cas extrêmes, vers la nécrose
corticale (irréversible).

VII. Les causes rénales

A. Nécorse tubulaire aiguë (NTA)


1. Physiopathologie

a) 1ère phase :
Lésion des cellules tubulaires mort détachement
obstruction tubulaire FG
Rétrodiffusion liquide tubulaire

b) 2ème phase :
IRA constituée, nécessitant souvent traitement de
suppléance (dialyse)

c) 3ème phase :
Cours de Néphrologie P a g e | 97

Sous l’influence de facteurs de croissance, prolifération des


cellules survivantes restitution épithélium tubulaire
récupération FG (dans ± 3 semaines).

2. Causes principales

Etat de choc
Hypovolémique
Cardiogénique
Seotique
Chirurgical (clampage aortique)

Toxiques :
Solvants : CCl4
Ethylène-glycol (antigel)

Médicaments :
Antibiotiques (aminosides)
Produits de contraste iodés !
Antinéoplasiques : cisplatine …

Hémolyses aiguës intravasculaires


(transf. Incompat., septicémie à germe hémolysant, malaria,
hémoglobinurie « de marche »)

Rhabdomyolyse aiguë
Traumatique (« crush syndrome »)
Non traumatique (alcool, drogue, statines, neuroleptiques,
coma prolongé, ischémie artérielle, exercice musculaire
intense)

3. Signes biologiques

Ceux d’un rein dont les cellules tubulaires ont perdu leur
fonction urines diluées et riches en Na+

IRA pré-rénale IRA par NTA


NaU (mEq/L) < 10 > 20
* EFNa (%) <1 >2
OsmU > 500 < 350
U/P créat. > 40 < 20
Cours de Néphrologie P a g e | 98

* Excrétion fractionnelle

4. Particularités de la rhabdomyolyse
a) Physiopathologie

Toxicité tubulaire de la myoglobine, majorée par lenteur du


transit et acidité urinaire
Obstruction intratubulaire de la myoglobine
b) Tableau

Urines « porto »
Tigelle urinaire « sang » (+), pas de GR au sédiment
CPK (Nl x 1000) de même que LDH, SGOT
marquée créat. K, P et uricémie
Hypocalcémie initiale (dépôt Ca intramuscul.)
c) Traitement

Réhydratation précoce, abondante et alcaline (en cas


d’écrasement des membres inférieurs, poser la perfusion avant
le dégagement)
! Hyperkaliémie dialyse

B. Néphrite interstitielle aiguë (NIA)


1. Physiopathologie

Infiltration inflammatoire de l’interstitium (à la PBR : cell.


Inflammat. + œdème) par un agent infectieux ou une réaction
immunitaire le plus souvent contre un médicament).

2. Causes principales

a) Hantavirus (assez fréquente)

Contamination par inhalation de particules virales excrétées


par des petits rongeurs (mulots), incubation 10 à 30 jours
Sujets à risque : milieu rural (forestiers, promeneurs …)
1ère phase (4 Ŕ 14 jours) : t° 38-40°, céphalées, myalgies,
conjonctivites, myopie, puis lombalgie, pfs intense
2ème phase : IRA, pfs sévère (dialyse : 10% des cas)
Cours de Néphrologie P a g e | 99

Protéinurie de degré variable, rapidement résolutive


micohématurie habituelle, thrombopénie fugace, LDH,
GOT, GPT, GT
Diagnostic sérologique (anticorps spécifique de souche)
Résolution spontanée, séquelle rares.
b) Pyélonéphrite bactérienne aiguë (rare)

Compliquant une infection systémique (streptocoqies,


staphylocoques, legionella, brucellose, salmonellose, mycose
…), très rarement ascendante (obstacle bilatéral)
T°, tableau septique, leucocyturie abondante.
c) Médicaments

Très nombreux médicaments mis en place, les plus fréquents :


AINS, antibiotiques.
Tableau évocateur d’une IRA sur AINS :
Délai variant de 1 semaine à plusieurs mois après début
traitement
Association d’un SNLGM à une NIA
Présence inconstante de rash, fièvre.
Traitement : arrêt du médicament, corticoïdes en l’absence
d’amélioration de la fonction rénale 1 semaine après l’arrêt
Il est assez fréquent d’observer une élévation du taux de
créatinine sous fibrate, réversible à l’arrêt du médicament
(mécanisme peu clair).
d) Idiopathiques
Cause restant non identifiée.

Devant toute altération inattendue de la fonction rénale, avoir le


réflexe-médicament en (ré)examinant la liste des médicaments en
cours, avec une attention particulière pour ceux qui ont été introduit
récemment.
Cours de Néphrologie P a g e | 100

C. Obstruction intratubulaire
1. Cristaux d’urate

Lyse tumorale (soit spontanée, soit le plus souvent après


chimiothérapie d’une hémopathie)
Biologie : uricémie > 20 mg/dl
rapide urée, K+, P, LDH …
Facteurs favorisants : déshydratation, acidose métabolique
Prévention/traitement :
Diurèse abondante (remplissage)
Alcalinisation
Allopurinol

2. Cristaux médicamenteux

Acyclovir, indinavir …

3. Cylindres protéiques

Tubulopathie myélomateuse
Hémo et myoglobinurie

D. autres
1. Glomérulonéphrites aiguë / subaiguë (cf. ch. GLO)
2. Néphropathies vasculaires aiguë (Ch. Néphropathies
vasculaire), notamment :
Occlusion artérielle bilatérale
Hypertension maligne
Emboles de cholestérol
MAT
Cours de Néphrologie P a g e | 101

VIII. Prévention

A. Avant chirurgie lourde programmée, optimiser état clinique :


Stop AINS, IEC, diurétiques si possible
N’utiliser qu’avec parcimonie les médicaments
néphrotoxiques
B. Utilisation raisonnée, en général, des produits
néphrotoxiques, notamment :
Les aminosides (usage hospitalier, monitoring taux)
Les produits de contraste iodés, chez les sujets à risque (>
70 ans, diabétiques, IRC connue, décompensation
cardiaque) :
Bien peser l’indication
Arrêter diurétiques 48h avant l’examen
Hydrater le patient dans les 12h avant l’examen (1 L
physio i-v) et poursuivre 12h après m’examen
Utiliser le moins de produit iodé possible
Espacer les examens avec produit de contraste.
Cours de Néphrologie P a g e | 102

CHAPITRE IX. L’INSUFFISANCE RENALE


CHRONIQUE
I. Définition

II. Fréquence

III. causes
IV. Circonstances de découverte

V. Conséquences de la réduction néphronique

VI. Manifestation
A. Hydro-électrolytiques
B. Osseuses
C. Cardio-vasculaire
D. Hématologiques
E. Autres

VII. Traitement

A. Restriction protique
B. Préservation de l’équilibre hydro-électrolytique
C. Prévention des complications phospho-calciques
D. Traitement de l’HTA
E. Traitement de l’anémie
F. Prévention des complications cardio-vasculaire
G. Manipulations des médicaments

VIII. Surveillance du patient en IRC

IX. Préparation au traitement de suppléance

X. En résumé
Cours de Néphrologie P a g e | 103

I. Définition

Défaillance progressive et irréversible des grandes


fonctions du rein, sévérité évaluée par le degré de réduction de la
FG mesurée (clearance) ou calculée (équations).

Stade des malades rénales chroniques

Stade Défintion Clear. Créat.


(ml/min/1,73m2)
1 FG normale mais lésion ≥ 90
rénales
2 IR légère 60 Ŕ 89
3 IR modérée 30 Ŕ 59
4 IR sévère 15 Ŕ 29
5 IR terminale < 15
(Classification proposée en 1999 par la National Kidney
Foundation, USA)

II. Circonstances de découverte

Très diverses :

Néphropathie chronique connue et suivie


Examen médical systématique (bandelettes, PA …) (école,
travail, assurance, …)
Découverte fortuite lors d’un bilan sanguin (check-up, préaop,
…)
Lors d’un bilan d’HTA, d’anémie, de troubles digestifs, …
Découverte seulement au stade terminal (asthénie, OAP,
nausées, vomissements)
! L’IRC touche nécessairement les 2 reins
un seul rein sain pas d’IR (‘cfr don de rein)
un rein de petite taille n’explique pas IRC
! L’IRC peut demeurer très longtemps asymptomatique.

III. Conséquences de la réduction néphronique

Les conséquences de la réduction néphronique : de


l’adaptation des néphrons restants à la progression de l’IR cfr cours
1.
Cours de Néphrologie P a g e | 104

IV. Manifestations

A. Hydro-électrolytiques
1) Eau et Na+

Jusqu’à un stade avancé, adaptation néphrons restants


permettant élimination correcte eau et Na+

a) L’eau :
FG/néphron charge osmotique maintien
volume de la diurèse
Au stade préterminal IRC, capacité dilution (par
réduction néphronique) risque intoxication à l’eau si
surcharge hydrique
L’augmentation de l’apport hydrique n’augmente pas la
FG ! pas d’indication de « faire boire le patient IRC »
(exceptions = maladie lithiasique, Polykystose, …)
b) Na :
excrétion Na/néphron risque de déplétion
volémique si réduction sodée stricte (NIC débutantes
avec perte de sel)
L’IRC stade 3 à 4 s’accompagne habituellement d’une
hypervolémie (assez souvent infraclinique : pas
d’œdème, …), d’où importance de modération apport
en sel (cfr infra) et/ou diurétique dans le traitement de
l’HTA
Aux stades 4 Ŕ 5, capacité globale d’excrétion (par
réduction néphronique) risque de surcharge hydro-
sodée en cas d’apport important en NaCl.

2) K+

Jusqu’à un stade avancé, kaliémie reste dans les limites de


la normale, grâce à l’augmentation de l’excrétion (notamment par
hyperaldostéronisme). Quand la FG < 20ml/min, tendance à
l’hyper K+

! Aux causes surajoutées d’hyper K+ (voir plus loin)


Cours de Néphrologie P a g e | 105

3) Acidose métabolique

Capacité plus limitée des néphrons restants à excréter


davantage H+ et NH3. Capacité tampons extracellulaires vite
épuisée, recours au tampon osseux :

Taux fréquemment abaissé des bicarbonates (jusqu’à


15mEq/l), surtout si NIC avec atteinte tubulaire distale ;
Acidose accentue hyper K+
Effet antianabolique (= catabolique)
Retard de croissance (enfant)
Fonte musculaire, …

B. Troubles du métabolisme phospho-calcique


1. Ostéodystrophie rénale

Réduction néphronique

1 hydroxylase Phosphore Acidose

1-25 (OH)2D3

Absorption Calcémie Mobilisation des


intestinale Ca tampons osseux

Parathormone

Ostéomalacie Hyperparanthyroïdie
(Hyperplasie adénome)

Ostéodystrophie rénale
Cours de Néphrologie P a g e | 106

2. Calcification métastatiques si hyperphosphorémie non


contrôlée (quand P x Ca > 55) : vaisseaux, tissus mous,
articulations (pseudo-goutte), conjonctivites (yeux rouges),
peau (prurit)
3. Vitamine D (et métabolites) a de nombreuses (autres)
fonctions (système immunitaire, cardiovasculaire, …)

C. Manifestations cardiovasculaire
1. Hypertension artérielle (HTA)

a) Très fréquente (80% des IRC avancées)


Parfois première manifestation de la néphropathie, avant
toute réduction FG (PK, GNC), parfois longtemps absente
(certaines NIC).

b) Causes : par ordre d’importance


Rétention hydro-sodée
Activation SRAA
Hyperactivité orthosympathique

c) Conséquences lourdes si mal contrôlée (complications c-


v=1ère cause de décès (précoce) des IRC, dialysés et greffés)

2. Retentissement cardiaque

a) Hypertrophie ventriculaire gauche, favorisée par :


inflation hydrosodée
HTA
Anémie
Stade avancé : dyspnée OAP

b) Atteinte coronarienne fréquente


Peser risques coronarographie chez l’IRC
(néphrotoxicité contraste + emboles cholestérol)

c) Péricardite : stade 5
Rarissime de nos jours.
Cours de Néphrologie P a g e | 107

D. Manifestations hématologiques
1. Anémie

a) Quasiment constante en IRC sévère


b) Causes : +++ synthèse EPO
+ durée de vie GR (milieu urémique)
spoliation (saignement occulte)
Autres causes possibles aussi …
Symptômes (Hb < 10g/dl) : fatigue, dyspnée d’effort,
angor chez coronariens

2. Caractéristiques

Le plus souvent normochrome, normocytaire, peu


régénérative.

Troubles de l’hémostase (stade 5). Tendance hémorragique. pfs


tendance thrombotique (s° néphrotique).

3. Déficit immunitaire

Augmentation des fonctions leucocytaires, diminution


d’immunité humorale.

E. Autres manifestations
1. Endocriniennes et métaboliques

a) Parfois, discrète intolérance glucidique (insulinorésistance due


au milieu urémique)
NB : En revanche, équilibre glycémique du diabétique
développant une IRC est plus facile à obtenir (permettant
parfois d’arrêter hypoglycémiants ou insuline dans un
diabète modéré de type II) car durée de vie insuline
endogène.
b) Dyslipidémie
Cours de Néphrologie P a g e | 108

2. Neuromogiques (toxines urémiques)

a) Centrales :
Stade 5 : [ ], somnolence
Stade 3-4-5 : traquer la complication
Désordres hydro-électrolytique (hypo Na+)
AVC
Intoxication médicamenteuse
sepsis
b) périphérique : polynévrite (stade avancé) sensitive
(dysesthésies, impatiences), moins sévère que neuropathie
diabétique
! pfs induite par médicaments (nitrofurantoïne)

3. Digestives

a) Anorexie : fréquente au stade avancé, avec auto-réduction


apport protéique (dégoût viande) et perte de poids progressive
b) Nausées, vomissements : stade 5
! Antiémétiques risque de syndrome extrapyramidal
c) Diarrhées : stade 5
d) Prévalence accrue d’angiodysplasie digestive (hémorragies)

4. Hyperuricémie

Par rétention ac. Urique. Favorisée par les traitements


diurétiques.

pfs goutte articulaire, tophi goutteux

Traitement

Pas de traitement systématique sauf crise de goutte

5. Augmentation symptomatique amylasémie (jusqu’à x2) (par


dimunution amylasurie)
Cours de Néphrologie P a g e | 109

V. Traitement conservateur de l’IRC

A. Restriction protidique ?
Effet bénéfique démontré sur la progression de l’IRC chez
l’animal … beaucoup moins évident chez l’homme
Par ailleurs, risque de dénutrition (surtout patients âgés) et
de qualité de vie et auto-restriction apport protéique avec
progression IRC.
apport en protéines recommandé si IRC : 0,8 à 1g/kg/j
Apport protidique doit être constitué, au moins pour moitié,
de protéines de haute valeur biologique (viande, poisson,
volaille, œufs)
Maintenir apport calorique suffisant (30 calories/kg/j)
Recourir à l’aide d’une diététicienne si nécessaire
(exemple : tableaux I et II)
Evaluation de l’observance : mesure l’excrétion d’urée
urinaire sur récolte de 24h
A l’état stable : 1g = apport de 3,5 prot. Environ.

B. Préservation de l’équilibre hydro-électrolytique


1. Apports en eau et en NaCl

Souvent spontanément appropriés


ni restriction (hydrique/sodée) ni « cure de diurèse »
systématique
restriction à 6-8g NaCl/24h si HTA (très fréquente),
oedèmes ou insuffisance cardiaque (voir tableau III)
Mesurer natriurèse de 24h si doute : à l’état stable, 100mmol
Na = environ 6g de NaCl
Surcharge hydrosodée en IRC
utilisation diurétiques de l’anse, parfois à forte dose
(réduction nb néphrons)
thiazides peu efficaces seuls si FG < 30ml/min

2. Prévention de l’acidose

R/ suppléments de bicarbonate en visant un taux sérique de


CO2 tot > 20mEq/L
Utiliser gélules de bicarbonate Na, 2 à 4g/j ou eau de Vichy
(tenir compte du contenu en Na)
Cours de Néphrologie P a g e | 110

Compter aussi sur l’effet alcalinisant du carbonate de Ca (voir


plus loin) et du flurosémide éventuel.

3. Prévention de l’hyperkaliémie

Restriction nécessaire au stade avancé (FG < 20)


éviction des aliments très riches en potassium (tableau IV)
Eviter les autres causes d’hyperkaliémie :
Sels de régime
Diurétiques d’épargne potassique
Spironolactone, AINS
+
Si K > 6mEq/L malgré ces mesures
R/ Kayexalate de Na OU DE Ca++(résine échangeuse
d’ions) 1 mesure (15g) 1x/j per os
Effet favorable du furosémide.
C. Prévention de l’hypocalcémie, de l’hyperphosphorémie et de
l’hyperparathyroïdie
Dès que FG < 40ml/min
R/ Carbonate de calcium 1 à 2g/j (pendant les repas)
ultérieurement, et seulement sur avis néphrologique, parfois
R/ Calcitriol (ROCALTROL) ou alfacalcidol (1 ALPHA)
maintenir la phosphorémie normale
R/ Conseils diététiques (phosphore non protéique) et calcium
(chélateur du phosphore dans la lumière intestinale)
Surveillance Ca++, PO4 (PTH)

D. Traitement de l’HTA
Impératif, en vue de :

Minimiser les complications c-v


Ralentir la progression de l’IRC

1. Principes

a) inflation hydrosodée (cf. plus haut, très souvent nécessaire)


b) Privilégier IEC/sartans peuvent ralentir la progression de
l’IRC
c) Viser TA
130/80
125/75 si proténurie > 1g/24h
Cours de Néphrologie P a g e | 111

2. Traitement par IEC/sartan en pratique

Chez le patient grand athéromateux (artérite membres


inférieurs ou ATCD AVC/Infarctus), s’assurer de l’absence
de sténose (éventuellement bilatérale) des artères rénales, car
risque d’IRA.
Ne pas commencer chez un patient en déplétion volémique
++
Commencer à faible dose et contrôler créatininémie et
kaliémie 4-5 jours plus tard (une de max 30% n’est pas
inhabituelle et n’est pas un motif d’arrêt si stable ensuite)
Le contrôle de l’HTA nécessitera le plus souvent 3 ou 4
médicaments si IRC stade 4 ou 5 (comportant
obligatoirement un diurétique de l’anse)

3. Résultats

Il est démontré que le contrôle tensionnel a un effet


bénéfique majeur sur l’évolution de l’IRC, et ce d’autant plus qu’il
existe une protéinurie abondante.
E. Traitement de la protéinurie
IEC ou sartan, pfs IEC et sartan (avis néphro)
Modération apport sel et/ou diurétique
Viser < 1g/24h, idéalement < 0,5 G/24h
Ralentit ++ la progression de l’IRC
Mise en route IEC/sartan diurétique peut entraîner marche
d’escalier (< 30%) de créatinine plasmatique, si < 30% est
stable ensuite, ne pas s’inquiéter, continuer IEC/sartan, signe
réduction HTA intraglomérulaire, hyperfiltration.
F. Traitement de l’anémie
 A traiter par EPO recombinante ou dérivé, prescrite par le
néphrologue (uniquement disponible en pharmacie
hospitalière).
 Commencer le traitement :
Quand Hb < 11g/dl
Après s’être assurée :
de l’absence de saignement
de la correction d’une carence en fer (anémie
hypochrome, abaissement de la ferritine et du
Cours de Néphrologie P a g e | 112

taux de saturation de la transferrine) par voie


orale, ou plus efficacement par voie i-v.
du bon contrôle de la TA
 En pratique :
Auto-injection sous-cutanée (1x/1 à 3 semaines)
Taux d’Hb cible : 11 Ŕ 12(,5)g/dl

G. Prévention des complications cardiovasculaires


1. Traitement de l’HTA
2. Traitement de l’anémie
3. Traitement de l’hypercholestérolémie (statine)
4. Abstention de tabac
5. Traitement de l’hyperhomocystéinémie : NON
Supplément Vitamines B (acide folique, B6, B12)
Réduit taux homocystéine
Ne change rien au risque d’événement CV
6. Aspirine faible dose ne pose pas problème, systématique si
risque CV élevé

H. Manipulation des médicaments


L’IRC favorise l’accumulation de certains médicaments,
ce qui peut conduire à une :

 Toxicité rénale : par exemple aminosides, antiviraux type


acyclovir, tenofovir, …
 Toxicité extrarénale :
Antibiotiques / antiseptiques :
Aminosides : surdité, vertiges
Nitrofurantoïne : C-I dès que créat. > 2, car risque de
polynévrite
Sédatifs, neuroleptiques, antiémétiques :
Benzodiazépines et neuroleptiques : troubles de la
conscience
Métoclopramide : s° extrapyramidal
Antidiabétiques :
Biguanides C-I dès que créat. > 2, car risque d’acidose
lactique
Sulfamides hypoglycémiants : risque d’hypoglycémie
sévère sauf Glurenorm (gliquidone)
Colchicine : toxicité neuro-musculaire
Allopurinol : réactions d’hypersensibilité
Cours de Néphrologie P a g e | 113

Digoxine : vomissements, troubles de


conduction*héparines à bas poids moléculaire :
saignements
Sotatol : torsades de pointe

VI. Surveillance du patient en IRC

 Evaluer la progression de l’IRC :


1. Par la clairance de la créat. Estimée (formule)
Permet une estimation de la vitesse de progression

Ccr < 1ml/min/an : Progression très lente


1Ŕ5 : Progression modérée
>5 : Progression rapide

2. Se rendre compte qu’à vitesse de dégradation égale, le passage


de 1 à 2mg/dl du taux de créatinine sérique prendra beaucoup
plus de temps que le passage de 4 à 5mg/dl.
 A chaque consultation :
Poids
TA et état d’hydratation
Evaluation de l’efficacité, de la compliance et tolérance des
traitements.
 Convenir en collaboration avec le néphrologue, de la périodicité
des contrôles
 Causes d’aggravation réversibles de l’IRC :
1. perfusion rénale
a) Déshydratation
Causes : vomissements, diarrhées
Régime sans sel inappropriée, diurétiques …
Signes : cliniques : poids, pli cutané persistant, hypo
TA orthostatique
Biologique : urée/créat (> 40), Hb, prot.
Plasm. (alb)
b) Insuffisance cardiaque sévère (petit débit)
c) Sténose artérielle rénale
2. Obstruction :
Cause : maladie initiale (calcul, papille, caillot si PK…)
Autre (porstate, néo poetit bassin)
Diagnostic : écho
3. Hypertension, surtout maligne (diastol. > 120mmHg, FO au
stade III Ŕ IV)
Cours de Néphrologie P a g e | 114

4. Infection, surtout urinaire ascendante, mais aussi infection


ascite chez cirrhotique, etc.
5. Médicaments / substances néphrotoxiques
Produits de contraste
Aminosides
AINS
IEC si sténose art. rén. Bilat.

Toujours songer aux médicaments en cas d’aggravation inexpliquée
de la fonction rénale.

VII. Préparation au traitement de suppléance

1. Contact avec une équipe néphrologique dès que la FG est <


50ml/min (i. si espérance de vie rend traitement substitutif
très probable à terme)
2. Informer très tôt des modalités de traitements substitutifs
3. Vaccination contre l’hépatite B
4. Encourager le maintien de l’activité professionnelle le cas
échéant
5. Encourager la rencontre avec d’autres patients ayant fait le
parcours de l’IRC (via associations de patients, par exemple)
6. Sauvegarder le capital veineux, en vue de la création d’une
fistule artéro-veineuse.

Eviter prises de sang et pose de cathéters dans un des 2 bras


(préserver le bras non dominant).

VIII. En résumé

Stade Clear. Créat. Prise en charge


(ml/min/1,73m2)
1 ≥ 90 Diagnostic et traitement de la
néphropathie
Traitement des comorbidités
Ralentir la profgression
Réduire les risques cardiovasculaires
2 60 Ŕ 89 Estimer la progression
3 30 Ŕ 59 Evaluer et traiter els complications
4 15 Ŕ 29 Préparer dialyse / TP
2 < 15 (ou dialyse) Dialyse ou TP (si urémie)
(NKF USA)
Cours de Néphrologie P a g e | 115

Tableau I. Apports nutritionnels correspondants à un régime


limité à 50g de protéines par jour

Apport 0,7 à 0,8g/kg/j


protidique (dont ≥ 50 p.100 sous forme de protéines de
haute valeur biologique)
Apport 30 Ŕ 35 kcal/kg/j
énergétique (55 p.100 sous forme d’hydrates de carbone, 33
p. 100 sous forme de lipides)
Lipides 1/3 saturés
1/3 mono-insaturés (olive,colza, tournesol)
1/3 polyinsaturés (tournesol, maïs)
Hydrates de Sucres d’absorption lente
carbone
Sel 4 à 6 g/j
Boissons Quantité équivalente au volume de la diurèse
résiduelle
Potassium Limitation des aliments riches en potassium
(fruits, légumes, chocolat)

Tableau II. Equivalences d’apport protidique, calculées pour 5


grammes de protéines
Protéines 25g de viande de boucherie
animales 5g de 25g de volaille ou lapin
protéines 30g de poisson de mer oud ‘eau douce
1 œuf entier (gros)
Protéines lactées 150 ml de lait entier ou demi-écrémé
5g de protéines 4 yaourt (120 ml)
2 petits-suisses de 30g
70g de fromage blanc
1 portion de crème de gruyère
40g de fromage de pâte
Protéines 65g de pain
végétales 5 biscottes
5g de protéines 250g de pommes de terre
50g de pâtes ou 70g de riz (cru)
125g de champignons, petits pois ou choux de
Bruxelles
Voir livre Professeur TANDU : Néonatologie
Cours de Néphrologie P a g e | 116

Tableau III. Alimentation restreinte en sodium

1. Eviter les aliments très riches en sodium :


Légumes en conserve, potages en sachets, plats cuisines
Charcuteries, jambon, salami, saucisson
Sardines à huile, crabe en boite, huitres, moules
Fromages de pâte (camembert, gruyères, bleu …)
Pain, biscottes salées, céréales (corn-flakes)
Olives, canapés salés, cacahuètes, amandes ou pistaches
salées

2. Effectuer la cuisson sans sel et ne pas ajouter de sel à table

3. Contrôler la natriurèse des 24 heures

Tableau IV. Alimentation contrôlée en potassium

1. Eviter les aliments très riches en potassium :


Légumes : artichauts, champignons, citrouille, brocolis,
épinards, fenouil, oseille, concentré de tomates
Fruits : fruits secs ou déshydratés, avocats, bananes, amandes,
cacahuètes, noix, noisettes, pistaches
Cacao, chocolat
Légumes secs : fèves, haricots
Lait en poudre, ketchup, chips
Poissons en conserve

2. Peser la quantité de légumes secs et de fruits autorisés


Rejeter le jus des fruits cuits au sirop
Cours de Néphrologie P a g e | 117

CHAPITRE X. TRAITEMENT DE SUPPLEANCE


DE L’IRC

I. Choix du traitement

II. Epuration extra-rénale


A. Indications
B. Principes des techniques
C. Dialyse péritonéale (DP)
D. Hémodialyse (HD)
E. Régime et médicaments
F. Pathologie du dialysé

III. Transplantation rénale (TP)

A. Indications
B. Bilan pré-greffe
C. Le donneur
D. La réaction allo-immune
E. Greffe et période post-opératoire
F. Complication médicales
G. Résultats

I. Choix du traitement

A. Quel traitement ?
La transplantation (TP rénale est le traitement de choix
car offrant la meilleure qualité de vie ; les techniques de dialyse sont
un traitement :

Soit temporaire chez les patients inscrits en liste d’attente


pour une greffe de rein de donneur décédé ;
Soit définitif chez les patients présentant une contre-indication
à la TP (70% des patients)

B. Quand choisir ?
Dès que la clair. Créat. Approche de 20ml/min, ce qui
permet de :

Planifier à temps une TP à partir d’un donneur vivant


éventuel
Cours de Néphrologie P a g e | 118

Prévoir l’inscription en liste d’attente à Eurotransplant pour


une greffe de rein de donneur décédé (possible dès que la
clair. Créat. Est inférieur à 20ml/min)
Se préparer au traitement de dialyse qui aura été choisi
(réorganisation éventuelle des activités, …)

L’envoie précoce à un néphrologue (voir chapitre IRC) aura permis


de planifier bien à l’avance le traitement de suppléance et de
l’instaurer en dehors de toute urgence, avec une préparation
médicale et psychologique adéquate.

II. Epuration extrarénale

A. Indications
1. Quand commencer ?
Idéalement, avant l’apparition de symptômes cliniques ou
biologiques.
Biologiques (habituellement clair. Créat.< 10ml/min,
hyperkaliémie, acidose métabolique)
Clinique (dégradation état général, asthénie,
hypervolémie sévère, troubles digestifs …)

B. Contre-indications
Patients ceux chez lesquels l’instauration du traitement paraît
peu compatible avec une qualité de vie acceptable (grand-âge,
démence, comorbidité majeure).
Evaluer :
Le désir de vivre
Le soutien de l’entourage
Le poids de la comorbidité (et pronostic vital)

C. Principes des techniques


Utilisation d’une membrane semi-perméable artificielle
(HD) u naturelle (DP). Le sang circulant d’un côté de la membrane
et un liquide contenant des électrolytes de l’autre (dialysat) : il y a :

Un transfert de petites molécules (électrolytes, urée, créat.,


phosphore …) selon le gradient de concentration = diffusion.
Un transfert d’eau par ultrafiltration, selon un gradient de
pression hydrostatique (HD) ou osmotique (DP).
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F. Régime et médicament
a) Redouter la dénutrition, en particulier chez le patient âgé en
HD (perte acides aminés dans le dialysat, catabolisme
protéique induit par l’acidose …)
Apport protidique d’au moins 1,2g/kg/j, énergétique
d’au moins 30 à 35 kcal/kg/j
Evaluation périodique par diététicienne entraînée
b) Adaptation de la posologie des médicaments
Concertation avec le néphrologue

G. Pathologie du dialysé
1. Complications aiguës

a) OAP dû une surcharge hydrosodée


b) Hyperkaliémie : se traduisant parfois par des paresthésies
péribuccales et des extrémités, des paralysies flasques et
symétriques
Admission en extrême urgence pour dialyse

2. Au long cours

a) Complications cardiovasculaire
Athérosclérose diffuse
Valvulopathie calcifiée
b) Complications phospho-calciques et ostéo-articulaires :
Hyperparathyroïdie secondaire évolutive, nécessitant
parfois la prescription de cinacalcet et une
parathyroïdectomie subtotale
Calcifications des tissus mous (favorisées par un produit
phosphocalcique élevé) nécessitant des chélateurs du
phosphore et parfois une intensification de la dose de
dialyse.
c) Infections :
Bactériennes (accès vasculaire risque d’endocardite)
Virales (hépatite chronique B et C, à éviter par des
mesures d’hygiène strictes au cours des séances)
d) Problèmes psychologiques et sociaux (affection chronique,
perte d’autonomie …) : rôle de l’entourage.
e) Amylose à β2-microglobuline (s’accumulant au cours de
l’IRC) :
Syndrome du canal carpien
Ostéoarthropathie érosive.
Cours de Néphrologie P a g e | 133

III. Transplantation rénale (TP)

A. Indications
Tout insuffisant rénal terminal : qui a une espérance de vie
d’au moins 5 ans dont le risque opératoire n’est pas prohibitif chez
lequel il n’y a pas de c-i au traitement immunosuppresseur.

En pratique, les c-i sont :

Une maladie générale ou tumorale évolutive


Un état cardio-vasculaire précaire
Le très grand âge

B. Bilan pré-greffe
1. Particularités tenant à la nature de la néphropathie

Maladies de système (diabète) : atteintes extrarénales


majorant le risque
Néphropathies susceptibles de récidiver dans le geffon (HSF,
SHU …)
Malformations urologiques : assurer une bonne vidange
vésicale

2. Evaluation générale

Bilan cardio-vasculaire
Echographie cardiaque (FEVG)
Dépistage d’une maladie coronarienne (scintigraphie
d’effort, éventuellement coronarographie)
Dépistage d’une athéromatose iliaque susceptible de
compromettre l’anastomose artérielle (angio)
Bilan hépatique (surtout si hépatite B/C chronique)
Bilan urologique éventuel
Recherche d’une néoplasie méconnue, notamment
prostatique ou gynécologique
Recherche d’un foyer infectieux en particulier dentaire ou
ORL
Examen sérologiques (VIH, hépatite B et C, CMV, EBV,
Herpès, toxoplasmose, syphilis).
Cours de Néphrologie P a g e | 134

3. Examens immunologiques

Typage HLA
Recherche d’alloanticorps anti-HLA (polytransfusé, grossesse
multiples)

C. Le donneur
1. Donneur décédé

Donneur en état de mort cérébrale chez lequel il n’y a pas de


c-i au prélèvement
Donneur à cœur non battant
Receveur inscrit en liste d’attente à Eurotransplant
Attribution des greffons sur base, essentiellement, de la
compatibilité HLA, du temps d’attente, de la distance
prélèvement-greffe.

2. Donneur vivant

Avantages :
Taux de servie du greffon légèrement plus élevé quand
donneur HLA identique ou haplo-identique
Caractère programmable de la TP : peu ou pas d’attente
en dialyse, préparation du receveur
Conditions pour être donneur :
être apparenté ou tout au moins très attaché au receveur
ne subir aucune pression
avoir reçu une information complète
avoir satisfait à une mise au point faisant la preuve de
l’absence de toute c-i au don de rein

D. La réaction allo-immune
Comporte successivement : reconnaissance immune,
transmission du signal, synthèse d’interleukine (notamment d’IL 2),
proliférative hymphocytaire.

Deux mesures pour prévenir et traiter cette réaction :

choix du meilleur couple donneur/receveur en recherchant la


meilleure compatibilité HLA ;
administration d’immunodépresseurs
agissant à différents endroits de cette réaction
Cours de Néphrologie P a g e | 135

utilisés en association de manière à optimiser


l’immunodépression et à réduire les effets secondaires
de chacun.

E. Greffe et période post-opératoire


1. S’assurer que le cross-match est négatif (incubation des
lymphocytes du donneur avec le sérum du receveur)
2. Technique opératoire : greffe hétérotopique (axe iliaque)
Anastomoses : artérielle, veineuse, urétéro-vésicale
3. Conditionnement immunosuppresseur : association habituelle
de 3 ou 4 immunosuppresseurs :
Globulines antilymphocytaires polyclonales ou
monoclonales (p.ex. contre le réceppteur de l’IL 2) (i-v les
premiers jours)
Cyclosporine (ou tacrolimus) (p.o)
Azathioprine (ou mycophénolate) (p.o)
Prednisolone (p.o)
4. Complications immédiates principales :
 Nécrose tubulaire post-ischémique (15% des cas) :
poursuite temporaire des dialyses
 Rejet :
Hyperaigu (humoral) : devenu exceptionnel
Aigu (cellulaire) : 10 à 20% des cas
Oedème et infiltration lymphocytaire de
l’interstitium rénal
créat., rétention hydro-sodée
Traitement par assauts corticoïdes et/ou
globulines poly ou monoclonales
Séquelles possibles
F. Complications médicales
1. Effets secondaires principaux des immunosuppresseurs
a) Corticoïdes

Prise de poids, aspect Cushing, amincissement peau


Intolérance glucidique
Myopathie
Ostéoporose
Cataracte
Cours de Néphrologie P a g e | 136

b) Azathioprine (IMURAN)

Leucopénie
Perte (modérée) de cheveu
Métabolisation azathioprine inhibé par allopurinol
ne pas associer les 2.
c) Mycophénolate (CELL-CEPT)

Intolérance digestive (nausées, diarrhées)


Leucopénie
d) Cyclosporine (NEORAL)

Effets rénaux
Néphrotoxicité (vasoconstr. Artériole afférent)
HTA
uricémie, kaliémie
Effets extrarénaux
Hypertrichose
Hypertrophie gingivale
Nombreuses interactions médicamenteuses.

Principaux médicaments
Cyclosporinémie

Erythromycine, josamycine, pristinamycine, roxythromycine


(antibiotiques macrolides)
Kétoconazole, itraconazole (antifongiques)
Diltiazem, nicardipine, vérapamil (antagonistes calciques)
Androgènes
Rifampicine (antituberculeux)
Phénytoïne, phénobarbital, carbamazépine (anti-épileptiques)
e) Tacrolimus (PROGRAFT)

Effets rénaux : idem cyclosporine


Effets extrarénaux :
Neurotoxicité (tremblements)
Intolérance glucidique
Interactions médicamenteuses : idem cyclosporine
Utilisation cyclosporine - tacrolimus
- Surveillance
Cours de Néphrologie P a g e | 137

Taux de créat. Sér.


TA
- Songer aux interactions
- Mesure du taux circulant

f) Sirolimus (RAPAMUNE)

Thrombopénie
Dyslipémie
Retard de cicatrisation
g) Rejet chronique du greffon

Ana-path : sclérose interstitielle et endartérite


Physiopath. : combinaison de phénomènes immunologiques
et non immunologiques (néphroangiosclérose, hyperperfusion
néphrons restants …)
Manifestations : protéinurie, HTA, IR, progressive
Peu d’emprise thérapeutique
G. Principales autres complications
a) Infectieuses

Chronologie :
0-1 mois : bactéries ordinaires
1-6 mois : agents opportunistes
> 6 mois : infections virales chroniques
CMV (n°1 morbidité infectieuse)
Présentation : t°, s° mononucléosique, pneumopathie
interstitielle
Diagnostic : antigénémie spécifique
Prévention (chez les receveurs à haut risque) et
traitement : ganciclovir (CYMEVENE)
Autres infections :
EBV
Herpès (oral, génital, zona)
Hépatite B, C chronique
Tractus urinaire
Pneumopathies (germes ordinaires et opportunistes)
Méningo-encéphalite (Listeria …)

Fièvre au cours des 6 premiers mois post-greffe


Cours de Néphrologie P a g e | 138

hospitaliser
Toutes les infections aiguës sont traitables
diagnostic précoce

b) cardio-vasculaires

HTA :
Fréquente (50% des greffés)
Causes : reins propres, greffon (sténose artérielle, rejet ;
chronique, récidive), médicaments (cyclosporine,
tacrolimus)
Cardiopathie ischémique : 1ère cause de mortalité à long terme
après TP.

c) Digestive

Ulcère gastro-duodénal
Perforation intestinale.

d) Squelettiques

Nécrose épiphysaire
Ostéoporose

e) Néoplasique (cancers induits par des virus)

Epithéliomas cutanéo-muqueux (spino > baso)


Lymphomes
Col utérin
Vulve, anus
Eviter exposition solaire
Suivi dermatologique et gynécologique

G. Résultat
1. Survie (%)
5 ans 10 ans
Patient 95 90
Greffon 70 60

2. Qualité de vie meilleure qu’en dialyse


Cours de Néphrologie P a g e | 139

3. Nécessité de prendre des immunosuppresseurs à vie et de se


soumettre à un suivi périodique.
4. Possibilité de greffe itérative.
Cours de Néphrologie P a g e | 140

TABLE DES MATIERES


Avant-propos ............................................................................................. i
Chapitre I. EVALUATION DE LA FONCTION RENALE .................................... 1
I. Principales fonctions des reins ............................................................ 1
II. Le rein, organe cible .......................................................................... 1
III. Les éléments du diagnostic en néphrologie....................................... 2
En bref ................................................................................................ 16
Chapitre II. NEPHROPATHIES GLOMERULAIRES........................................ 18
I. Introduction ..................................................................................... 19
II. Glomérulonéphrite aiguë (GNA) ...................................................... 23
III. Glomérulonéphrites subaiguës (GNSA) ........................................... 25
IV. Glomérulonéphrites chroniques primitives..................................... 29
V. Glomérulopathies chronique des maladies générales ...................... 36
VI. Le syndrome néphrotique (SN) ....................................................... 41
Chapitre III. L’INFECTION URINAIRE ......................................................... 45
I. Introduction ..................................................................................... 45
II. Physiopathologie ............................................................................. 46
III. Infection urinaire chez la jeune femme ........................................... 46
IV. Chez la femme enceinte ................................................................. 49
V. Chez l’enfant ................................................................................... 49
VI. Chez l’homme jeune ....................................................................... 50
VII. Chez le sujet âgé............................................................................ 50
VIII. Chez le patient ayant une uropathie sous jacente ......................... 50
IX. Tuberculose urinaire ...................................................................... 51
Chapitre IV. LES NEPHRITES INTERSTITIELLES CHRONIQUES ..................... 53
I. Le syndrome de NIC .......................................................................... 53
II. Les NIC urologiques ......................................................................... 54
III. Les NIC non urologiques (anamnèse !) ............................................ 56
Chapitre V. NEPHROPATHIES VASCULAIRE............................................... 58
I. Introduction ..................................................................................... 59
II. Sténose de l’artère rénale ............................................................... 60
III. Occlusion aiguë des gros troncs de l’artère rénale .......................... 64
IV. La néphroangiosclérose (dite) bénigne ........................................... 65
V. L’hypertension artérielle maligne .................................................... 66
VI. Emboles rénaux de cholestérol ....................................................... 67
VII. Microangiopathie thrombotiques (MAT) ....................................... 69
VIII. Polyartérite macroscopique (ou périartérite noueuse) ................. 72
Cours de Néphrologie P a g e | 141

IX. Thrombose veineuse ...................................................................... 72


Chapitre VI. REIN ET GROSSESSE .............................................................. 73
I. Modifications physiopathologiques au cours de la grossesse normale
........................................................................................................... 73
II. HTA ................................................................................................. 74
III. Pré-éclampsie ................................................................................. 74
VI. Grossesse en cas de néphropathie chronique préexistante ............. 76
Chapitre VII. LES NEPHROPATHIES HEREDITAIRES .................................... 78
I. Polykystose autosomique dominante .............................................. 79
II. Le syndrome d’Alport ...................................................................... 86
Chapitre VIII. INSUFFISANCE RENALE AIGUË ............................................ 91
I. Définition, données épidémiologiques et générales .......................... 91
II. Existe-t-il un risque vital ? ............................................................... 93
III. Quel est le statut volémique du patient ? ....................................... 93
IV. L’IR est-elle aiguë ou chronique ? ................................................... 93
V. Existe-t-il une obstruction ? ............................................................. 94
VI. L’IRA est-elle fonctionnelle ? .......................................................... 95
VII. Les causes rénales ......................................................................... 96
VIII. Prévention ................................................................................. 101
Chapitre IX. L’INSUFFISANCE RENALE CHRONIQUE ................................ 102
I. Définition ....................................................................................... 103
II. Circonstances de découverte ......................................................... 103
III. Conséquences de la réduction néphronique ................................. 103
IV. Manifestations ............................................................................. 104
V. Traitement conservateur de l’IRC .................................................. 109
VI. Surveillance du patient en IRC ...................................................... 113
VII. Préparation au traitement de suppléance ................................... 114
VIII. En résumé .................................................................................. 114
Chapitre X. TRAITEMENT DE SUPPLEANCE DE L’IRC................................ 117
I. Choix du traitement ....................................................................... 117
II. Epuration extrarénale.................................................................... 118
III. Transplantation rénale (TP) .......................................................... 133
TABLE DES MATIERES ............................................................................ 140

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