MANUEL_CRIMINOLOGIE1
MANUEL_CRIMINOLOGIE1
MANUEL_CRIMINOLOGIE1
COURS DE CRIMINOLOGIE
Cours de la Criminologie
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LA CRIMINOLOGIE
PLAN
INTRODUCTION GENERALE
La définition et l’objet de la criminologie
Cours de la Criminologie
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INTRODUCTION
La naissance de la criminologie remonte aux travaux accomplis par trois grands savants
italiens vers la fin du 19e siècle : Lombroso, Ferri et Garofalo.
Mais malgré les nombreuses années de son existence, la criminologie pose encore une
question qui ne reçoit toujours pas de réponse très nette. Il s’agit de savoir si cette discipline
est une véritable science ou n’est- elle qu’un ensemble de propositions, plus ou moins
cohérentes, qui n’ont pas encore acquis un véritable statut scientifique, voire un simple mythe
pseudo-scientifique. Pour répondrai à cette question fondamentale, il convient de s’interroger
dans cette introduction sur le concept propre de criminologie et son objet.
Certains auteurs ont alors prétendu regrouper l’ensemble des disciplines qui étudient ces
divers aspects du phénomène criminel sous le vocable de criminologie, tandis que d’autres ont
réservé ce temps à l’étiologie et à la dynamique criminelle. Il en est résulte des définitions
larges et tantôt des définitions étroites de la criminologie.
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* La conception de Ferri : La définition la plus large est celle de l’un des fondateurs de la
criminologie, l’italien Enrico Ferri. Pour cet auteur les termes « sociologie criminelle » et
« criminologie sont synonymes et les considère comme englobant notamment le droit pénal
qui n’est rien d’autre que le chapitre juridique de cette science plus générale qu’est la
sociologie criminelle.
* L’école américaine classique : C’est encore dans une perspective étendue, quoique
d’orientation différente, que se situe la définition de la criminologie donnée par l’américain
SUTHERLAND. Partant de cette idée que la « criminologie est la science qui étudie
l’infraction en tant que phénomène social », il lui assigne un vaste domaine englobant « les
processus de l’élaboration des lois, de l’infraction aux lois et des réactions provoquées par
l’infraction aux lois », qui constituent trois aspects d’une suite d’interactions constantes. De la
sorte, la criminologie se diviserait en trois branches principales : la sociologie du droit pénal,
l’étiologie criminelle et la pénologie.
A côté des définitions larges de la criminologie, il existe aussi des définitions étroites de
l’objet de celle-ci.
Toutes ces définitions s’accordent d’abord à admettre que criminologie et droit pénal
constituent deux disciplines distinctes, ayant l’une une fonction positive et expérimentale et
l’autre une fonction normative. Elles représentent donc toutes les caractéristiques de
s’opposer à la conception de Ferri sur ce point.
En outre, ces définitions étroites répudient les autres conceptions larges de l’objet de la
criminologie en ce qu’elles assignent à celle-ci pour but exclusif l’étude de l’étiologie et de la
dynamique criminelle et écartent ainsi de son champ d’investigation aussi bien la sociologie
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Ce point de vue s’est perpétué depuis lors et a été notamment très vivace dans la pensée
criminologique des années 1950. Ainsi pour le grand criminologue belge Etienne de Greeff :
« la criminologie, c’est l’ensemble des sciences criminelles sans doute, mais c’est aussi
l’homme criminel. Si c’est lui qu’on rencontre, on rencontre en même temps les problèmes ».
De même pour le professeur HEUYER « la criminologie n’étudie pas le crime en lui-
même…. L’étude du criminel est l’objet de la criminologie ».
Mais il existe aussi une conception objectiviste de la criminologie qui, à l’exemple du droit
pénal classique, fait du délit l’objet de la criminologie. Ainsi pour Durkheim, cette science se
définit de la manière suivante : « Nous constatons l’existence d’un certain nombre d’actes qui
présentent tous ce caractère extérieur que, une fois accomplis, ils déterminent de la part de la
société cette réaction particulière qu’on nomme la peine……nous appelons crime tout acte
puni et nous faisons du crime ainsi défini, l’objet d’une science spéciale, la criminologie ».
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B- L’opposition des années 1950 entre science des facteurs et des processus
Depuis le début des années 1950, le débat entre la criminologie, science du crime ou science
du criminel, s’est doublé d’une nouvelle controverse. Les premiers criminologues avaient
voulu mettre en évidence les « causes » de la délinquance et les « lois » de son
développement. Ainsi Ferri avait-il formule diverses « lois de la criminalité » restées célèbres
dans l’histoire de la criminologie et cru pouvoir dégager les grandes séries de facteurs du
crime Cette ambition causaliste a par la suite anime la criminologie pendant plus d’un siècle
en s’appuyant notamment sur les techniques de recherches quantitatives. Ainsi s’est
développé un corps important de propositions qui ont forme « l’étiologie criminelle » ou
« criminologie étiologique ».
A partir des années 1950 cependant, nombre de criminologues, déçus par la minceur des
résultats obtenus par la criminologie causaliste puis encouragés par le perfectionnement des
techniques et des modèles de recherche en science sociale, ont estimé que la criminologie
devait abandonner la recherche illusoire des « causes »pour concentrer son effort sur objet
nouveau, l’étude des processus qui débouchent sur la délinquance.
Le précurseur dans ce domaine a été incontestablement E. de Greef qui, a développé toute une
théorie des processus à l’acte. On peut dire que venait ainsi de se fonder la « criminologie
dynamique ».
Les années 1960 ont vu l’apparition d’une nouvelle opposition extrêmement importante à
l’égard e la compréhension du concept de criminologie. Il s’agit de l’opposition entre ce que
l’on a appelé la « criminologie du passage à l’acte » et la « criminologie de la réaction
sociale ».
1) S’agissant de la criminologie de l’acte, qu’elle soit la science du délit ou la science du
délinquant, qu’elle cherche à identifier des facteurs ou à démêler des processus, la
criminologie avait toujours été considérée jusque dans les années 1960 comme la
discipline qui a pour but d’expliquer l’action criminelle. A cet égard la criminologie a
pour tâche spécifique de rechercher de rechercher comment et pourquoi certaines
personnes ne sont pas retenues dans leurs actions par la menace pénales. Mais cela ne
veut pas dire que la criminologie traditionnelle ne s’intéressait pas à l’étude de la réaction
sociale contre la délinquance; elle avait au contraire mis l’accent sur certains aspects
criminogènes de cette réaction, comme notamment la prison. L’étude de la réaction
sociale ne l’intéressait que dans la mesure où elle permettait de mieux comprendre le
crime et son auteur et, par voie de conséquence, de lutter plus efficacement contre la
délinquance.
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- Un premier point peut être considéré aujourd’hui comme hors de discussion : c’est que la
criminologie et le droit pénal sont deux disciplines distinctes. Le droit pénal n’est plus un
chapitre de la criminologie que cette dernier n’est une simple science annexe du droit pénal.
La distinction procède de ce les deux disciplines, bien qu’ayant le même objet : l’action
criminelle, ne les étudient pas du tout du même point de vue. L’une, le droit pénal est une
discipline normative qui déclare « ce qui doit être » ; l’autre, la criminologie, est une science
empirique qui étudie « ce qui doit être » ; Il résulte alors que cette différence fondamentale de
points de vue sur l’action criminelle une différence de méthode d’étude de cet objet entre les
deux disciplines. Alors que le droit pénal utilise les méthodes caractéristiques de la science du
droit qui repose sur l’analyse interprétative des sources du droit, la criminologie recourt aux
méthodes empiriques spécifiques des sciences sociales en les adaptant à la complexité
particulière de son objet.
-Le second point qui parait également admis aujourd’hui par la plupart des auteurs est qu’il ne
saurait exister de cloison étanche entre les deux séries de disciplines. D’une part en effet, la
grande majorité des criminologues qui s’occupent de l’étude de l’action criminelle
conviennent assez aisément que le droit pénal et la politique criminelle définissent l’axe
autour duquel ils mènent leurs recherches, même lorsque celles-ci s’étendent à des
comportements « déviants » qui ne sont pas pour autant nécessairement « délinquants » ; ce
n’est que la criminologie de la réaction sociale qui s’éloigne de cet objet. D’autre part et à
l’inverse, la plupart des pénalistes contemporains admettent que le droit pénal et la politique
criminelle ne peuvent pas ignorer les résultats de la criminologie. Nombreux sont d’ailleurs
les exemples de l’influence de la criminologie sur le droit pénal.
La criminalistique est l’ensemble des sciences et des techniques utilisés en justice pour établir
les faits matériels constitutifs de l’acte délictueux et la culpabilité de la personne qui l’a
commis. Ainsi définie, la criminalistique comprend : la médecine légale, la police
scientifique, la police technique et la psychologie judiciaire.
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D’une part en effet, elle puise dans cette dernière des données des données qui l’aident à
perfectionner les méthodes d’identification et de recherche des délinquants. D’autre part et à
l’inverse, la criminologie trouve dans la criminalistique des renseignements très précieux pour
l’étude du crime et des criminels. Par exemple il est très utile pour le criminologue de savoir
quels sont les divers modes d’exécution des vols ou encore quelles personnes sont
habituellement victimes d’escroquerie.
1- Criminologie et pénologie
La pénologie est la branche des sciences criminelles qui étudient les fonctions des sanctions
pénales, les règles de leur exécution et les méthodes utilisées dans leur application. Autrefois
on parlait de « science pénitentiaire » parce que son objet se rapportait aux seules peines
privatives de liberté. Mais la science pénitentiaire s’est élargie à la pénologie à partir du
moment où elle a pris également pour sujet d’étude les peines et les mesures de sûreté autres
que l’emprisonnement. L’étude de la privation de liberté est aujourd’hui appelée «
carcérologie ».
Mais si la pénologie et la criminologie doivent être ainsi distinguées, elles n’en sont pas
reliées l’une à l’autre par l’intermédiaire de cette branche importante de la criminologie qu’est
la criminologie clinique.
La prophylaxie criminelle est constituée par l’ensemble des mesures à caractère collectif qui
ont pour objet de s’opposer à la perpétration des délits. La prophylaxie criminelle est donc à
la prévention de la criminalité ce que la pénologie est au traitement des délinquants et à la
prévention de la récidive, bien qu’elle soit beaucoup moins élaborée qu’elle.
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siècle, ce n’est que quelques années avant la guerre de 1939-1945 que l’attention de la
communauté criminologique a été attirée sur le problème de la quasi-indifférence des
systèmes pénaux a l’égard des victimes d’infraction pénale. Le terme de « victimologie » lui-
même remonte seulement au milieu du XXe siècle.
Dans sa conception initiale, la victimologie n’était rien d’autre que « l’envers du crime »,
c’est- à –dire l’étude des seules victimes d’infraction pénale et des actions destinées à leur
venir en aide. Aussi n’a-t-elle eu aucune difficulté à s’intégrer dans les divers titres et
chapitres de la criminologie théorique avec sa distinction cardinale de criminalité comme
phénomène collectif individuel.
Mais si la criminologie se réduit ainsi à ces dimensions, son contenu n’est pas pour autant
facile à dégager. Les multiples problèmes gravitent autour des deux questions suivantes : La
criminologie est-elle un faisceau de sciences ou une science unitaire et autonome ? La
criminologie est-elle une science pure ou une science appliquée ?
La réponse à toutes ces questions conduirait à exposer les diverses sciences constitutives de la
criminologie qui sont nombreuses et détaillées les unes que les autres, et la nature de cette
discipline.
Il conviendrait alors de référencer l’étudiant sur tous ces points et s’atteler à l’étude des
Fondamentaux de cette science qui seront organisés sous 3 titres distincts organisés en
plusieurs chapitres que nous examinerons successivement :
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TITRE 1
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Maintenant que l’on sait quel est l’objet de la criminologie, il convient de se demander
comment on peut le connaître. C’est le problème de la méthode de la criminologie.
On entend par méthode scientifique l’ensemble des procédés utilisés par l’esprit, soit pour
découvrir la vérité, soit pour la prouver. La description de ces divers procédés, l’étude de leur
fondement, de leur portée et de leur valeur, forment l’objet de la méthodologie.
Ainsi définie, la méthode scientifique doit en premier lieu être distinguée du « bon sens » ou
« sens commun », qui est le résultat de l’expérience ordinaire, non méthodique. Mais la
méthodologie doit également être distinguée de l’épistémologie ou réflexion sur la valeur de
la science comme connaissance.
Cela étant, il ne faut pas croire pour autant que la méthodologie de la criminologie se réduit à
l’inventaire des techniques de recherche utilisées dans cette discipline ou même à l’exposé de
quelques règles méthodologiques. Elle couvre bien plus largement l’étude de l’ensemble des
« cheminements » par lesquels la pensée criminologique peut atteindre son objet spécifique.
Pour atteindre ces résultats, on va procéder en trois temps. Une première section sera
consacrée à la définition des caractéristiques méthodologiques de l’objet de la recherche
criminologique (comment se présente ce que l’on cherche ?). Une deuxième section aura pour
objet l’étude de la logique de la recherche criminologique (quelles sont les procédures
intellectuelles utilisées pour mener les investigations sur l’objet de la recherche,). Enfin, une
troisième section présentera les techniques de recherches criminologiques (quels sont les
procédés concrets auxquels on recourt pour recueillir des informations sur cet objet ?).
Jusqu’à une époque que récente, l’objet de la recherche criminologique était essentiellement
centré sur l’action criminelle. Mais avec l’avènement de la criminologie de la réaction sociale,
il s’est produit un déplacement de cet objet vers la réaction sociale.
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nature, une science à la fois pure et appliquée, son objet se dédouble en étude de l’action
criminelle en elle-même (sous-section 1) et de la valeur scientifique des moyens de lutte
contre la délinquance (sous-section 2). C’est ce double objet que l’on va tenter de préciser
dans la présente section du point de vue de ses caractéristiques méthodologiques.
Pour le juriste, les termes d’ »infraction » et d’ »auteur » de l’infraction ont un sens biens
précis. En criminologie, les choses sont beaucoup plus délicates. Cela se perçoit déjà à travers
le caractère flottant du vocabulaire où les termes de « crime » et de « délit », comme ceux de
« criminel » et de « délinquant » sont considérés comme des synonymes et sont employés
indifféremment l’un pour l’autre. Mais au-delà du verbe, c’est la chose elle-même, l’action
criminelle, qui est empreinte de la plus grande incertitude et qui donne lieu aux plus vives
controverses. D’où la nécessité de s’expliquer à la fois sur la notion de l’action criminelle (§
1) et sur les modalités de celle-ci ( §2).
Envisagée du point de vue criminologique par comparaison avec les notions juridiques de
l’ »infraction » et de l’ »auteur d’une infraction », l’action criminelle se présente sous un
double aspect : c’est une action humaine volontaire (A) ; c’est aussi une conduite humaine
spécifique (B).
Par là, l’action criminelle se distingue des faits du monde de la nature (une pierre, une étoile,
etc.). Ces derniers se caractérisent en effet du point de vue méthodologique par deux traits :
d’une part ils ont objectifs en ce sens qu’ils sont perçus de la même façon par tous les
observateurs ; d’autre part, ils sont extérieurs au sujet qui les observe en ce sens qu’ils
existent en dehors de sa conscience.
Tous les comportements humains ne sont cependant pas susceptibles d’entrer dans le champ
de l’action criminelle. Encore faut-il distinguer parmi eux entre les automatismes
comportementaux et les actes volontaires.
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Avec l’habitude, nous nous trouvons en revanche aux frontières de la volonté, car, s’il est vrai
que l’habitude est un automatisme, il s’agit d’un automatisme secondaire et acquis sur lequel
la volonté a une certaine prise.
L’acte volontaire proprement dit cependant apparaît lorsque le comportement au lieu d’être la
répétition d’un mécanisme préformé, consiste dans un essai d’adaptation aux conditions
originales d’une situation dans laquelle le sujet se trouve placé et constitue ainsi, d’une
certaine manière, une invention de comportement qui est inséparable de l’intelligence au sens
le plus général du terme. De la sorte la volonté, par opposition à l’instinct qui est une sorte de
savoir-faire inné se caractérise par deux traits essentiels :
- la représentation d’un but qui est l’idée d’un résultat à atteindre, ce dont aucun animal
n’est capable ;
- l’emploi de moyens efficaces, (ou de moins considérés comme tels par l’agent) c’est-
à-dire aptes à atteindre le but envisagé, et dont l’invention n’appartient également qu’à
l’homme.
Les actes volontaires s’étagent eux-mêmes en plusieurs types qui vont de l’attitude passive
devant les événements que l’on subit jusqu’à l’action délibérée et mûrement réfléchie. Le
droit moderne le sait bien qui établit une savante et subtile gradation des fautes pénales depuis
la faute contraventionnelle jusqu’au dol aggravé ou préméditation. Mais ce qui est
fondamental, c’est que seuls les actes volontaires sont susceptibles de constituer des actions
criminelles.
Toutefois, su les actes criminels sont des actes volontaires, ils constituent, parmi ceux-ci, une
catégorie bien particulière dont il convient maintenant de mettre en évidence la spécificité.
Pour le juriste, la spécificité de l’infraction pénale par rapport aux autres faits juridiques ne
fait aucun doute ; c’est la peine qui en constitue le critère. Quand au délinquant, c’est la
condamnation définitive qui le caractérise.
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Pour sortir de cette difficulté, la criminologie traditionnelle a alors tenté de construire une
notion matérielle du crime qui soit à la fois universelle et permanente et logiquement
cohérente.
Ces tentatives de définition d’une notion criminologique du crime ont suscité diverses
critiques qui ont conduit finalement nombre d’auteurs à venir au droit pénal pour caractériser
cet objet de la recherche criminologique.
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Depuis la fin des années 1980, la réflexion sur l’objet de la recherche criminologue,
consciente de l’erreur ou, à tout le moins, des limites de la criminologie de la réaction sociale,
s’est efforcée de renouveler la problématique de la notion de crime. Mais cette réflexion s’est
faite dans deux directions différentes. Un premier courant a tenté de réintégrer l’acte
délictueux dans le constructivisme de la criminologie de la réaction sociale, alors que le
second courant en procédant à l’approfondissement des valeurs essentielles qui manquait à
cette dernière dans une théorie que l’on peut appeler la théorie du noyau dur de la
délinquance. Ces tendances ne seront pas abordées profondément.
L’action criminelle se présente à l’observateur sous deux modalités très différentes : le crime
considéré en tant que phénomène individuel et la criminalité conçue comme un phénomène
collectif, encore dit « phénomène de masse ». Toutefois, s’il est très important de bien
distinguer les deux niveaux, il ne faut pas s’en exagérer les conséquences, si bien qu’après
avoir défini le contenu de la distinction (A), on précisera la portée (B).
A- Le contenu de la distinction
C’est sous cette forme que l’action criminelle est généralement perçue par les observateurs
ordinaires comme par ses acteurs. Ainsi considéré, le crime peut être défini comme tout acte
contraire à la loi pénale accompli par une ou plusieurs personnes en un temps et un lieu
déterminés, éventuellement au préjudice d’une ou plusieurs victimes. Il s’agit donc d’un
phénomène essentiellement qualitatif.
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L'action criminelle peut également être appréhendée par le chercheur comme un phénomène
de masse que l'on désigne en général par le vocable «criminalité» ou encore par le mot de «
délinquance ». La criminalité peut être définie comme l'ensemble des infractions pénales qui
ont été commises, au cours d'une période de temps déterminée (une année, une période
quinquennale, etc.), soit dans un Etat et ses diverses circonscriptions judiciaires, policières ou
administratives, soit dans un groupe d'Etats présentant une certaine homogénéité (pays du
Conseil de l'Europe, pays ex-socialistes, etc.) Ainsi définie, la criminalité, à l'opposé du
crime phénomène individuel, apparaît comme un phénomène essentiellement quantitatif.
Depuis un certain nombre d'années, le terme d'« insécurité» tend à être pris comme synonyme
de délinquance et est utilisé notamment dans diverses expressions telles que « sentiment
d'insécurité», «lutte contre l'insécurité» L'emploi de ce terme comme équivalent de celui de
«délinquance» ou de « criminalité » est toutefois très critiqué par certains auteurs Il n'est pas
douteux que ces critiques comportent une part non négligeable de vérité. On peut remarquer
en effet en premier lieu que, pris en lui-même, le terme d'insécurité déborde très largement la
délinquance : il désigne toutes les formes de risques (insécurité de l'emploi, risques
d'inondations, pollution etc.) et ce n'est pas sans raison que l'on a qualifié la société
contemporaine de «société du risque ». Par ailleurs, lorsqu'il est pris comme synonyme de
délinquance, le terme d'insécurité stigmatise souvent la délinquance de violence, de trafic et
de prédation concentrée dans certaines parties du territoire, notamment les banlieues dites
«sensibles»; en cela il est aussi réducteur. Cela étant, il n'est pas interdit de penser que lorsque
les contempteurs de l'utilisation du terme « insécurité », pour désigner cette délinquance,
dénoncent ce que comporterait d'idéologie la lutte contre l'insécurité, ils ne sont pas à leur
tour exempts de toute intention idéologique. Au demeurant, la sécurité elle-même est
devenue l'objet d'une discipline nouvelle, voisine de la criminologie, la « sécuritologie ».
B. La portée de la distinction
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égard l'emploi des techniques dites «cliniques», tandis que l'aspect quantitatif de la criminalité
a pour conséquence que les techniques les plus utilisées pour son étude sont les statistiques
criminelles et leurs substituts ou compléments. Il ne faut cependant pas s'exagérer cette
opposition, l'étude du crime recourant en partie à des techniques quantitatives et celle de la
criminalité recourant à l'histoire sociale très à la mode aujourd'hui.
Le second intérêt concerne la signification et la portée des résultats des recherches obtenus
par l'emploi de ces techniques. Ce qui est valable au niveau de la criminalité ne l'est pas
nécessairement au niveau du phénomène individuel et réciproquement. C'est ce que l'on
appelle « la règle des niveaux d'interprétation ».
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L'analyse montre que l'on peut classer les moyens de lutte contre la délinquance en deux
catégories: les moyens juridiques (A) et les moyens empiriques (B)
Les moyens juridiques sont l'ensemble des règles de droit qui ont pour objet direct la lutte
contre la délinquance ou qui contribuent indirectement à cette lutte. Il s'agit évidemment en
premier lieu du droit pénal traditionnel (droit pénal et procédure pénale), mais y entre
également ce que l'on appelle parfois le « droit pénal élargi » (mesures de défense sociale,
prise en considération de l'état dangereux, etc.). Bien plus, ces moyens juridiques
comprennent aussi quantité de dispositions législatives ou réglementaires qui relèvent d'autres
branches du droit (droit civil, droit administratif, droit de la santé, etc.) qui ont un objectif
principal distinct du droit pénal, mais qui touchent, de manière indirecte, à la lutte contre la
délinquance (ex. les dispositions du droit civil sur l'adoption ou la garde des enfants) ;
certaines de ces solutions juridiques ont vocation à entrer dans un droit pénal encore plus
élargi (ex. textes administratifs sur les Conseils de Prévention) qui forme le « droit de la
prévention de la délinquance ».
Les moyens empiriques consistent à leur tour dans l'ensemble des pratiques institutionnelles
(police, tribunaux, organes et instruments d'exécution des sanctions) ainsi que des pratiques
qui se situent en marge des institutions officielles (ex. les associations d'aide aux victimes
avant leur institutionnalisation) qui sont orientées vers la lutte contre la délinquance. Ces
pratiques se développent généralement dans les cadres légaux, mais il arrive qu'elles se
constituent en marge de la loi ou même contre la loi, ce qui ne manque pas de susciter de
délicats problèmes.
Ce second objet de la recherche criminologique consiste à étudier les moyens de lutte contre
la délinquance non pas en eux-mêmes et pour eux-mêmes comme le font trop souvent les
criminologues, mais du seul point de vue de leur valeur scientifique.
Mais que faut-il entendre par là? La réponse n'est pas commode car, s'il est relativement aisé
de dire ce qu'elle n'est pas, il est plus difficile de préciser ce qu'elle est exactement.
Quant à ce qu'elle n'est pas, l'étude de la valeur scientifique des moyens de lutte contre la
délinquance doit d'abord être distinguée de leur étude juridique. Cela peut paraître aller de soi
mais cela n'en doit pas moins être souligné car la confusion a été faite dans le passé avec Ferri
et il n'est pas sûr que tous les criminologues contemporains aient une vue très claire de la
question. L'étude de la valeur scientifique desdits moyens doit également être distinguée de
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leur étude sociologique qui relève de la sociologie pénale, laquelle décrit et explique les
institutions pénales mais n'a pas pour objet de se prononcer sur la valeur scientifique de ces
institutions au regard de la lutte contre la délinquance. C'est d'ailleurs l'erreur de la
«criminologie dite de la réaction sociale» d'avoir fait passer la sociologie pénale pour de la
criminologie.
Qu'est-ce alors positivement que cette valeur scientifique des moyens de lutte contre la
délinquance ? Deux critères paraissent devoir être réunis pour caractériser celle-ci. Le
premier, c'est l'efficacité de ces moyens, c'est-à-dire leur effet sur la réalité qu'ils entendent
combattre, en l'espèce l'action criminelle. Mais l'efficacité ne suffit pas car elle peut être
obtenue, au moins à court terme, par la contrainte illégitime (torture, lavage de cerveau ... ).
Aussi faut-il introduire un second critère qui procède de l'examen de la manière dont le
résultat positif a été obtenu : il doit s'agir de l'application de connaissances scientifiques sur
l'action criminelle.
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Les bases sur lesquelles s'appuie la recherche fondamentale peuvent être décrites à la fois de
manière horizontale selon le schéma traditionnel des étapes de la méthode dite expérimentale
et de manière verticale suivant les niveaux en profondeur de la recherche.
Il est bien connu que la méthode de recherche dans les sciences empiriques repose en gros sur
le développement de trois étapes : observation, hypothèse et vérification. Elle commence avec
les faits, mais elle progresse ensuite au moyen d'une construction intellectuelle, l'hypothèse
explicative, puis elle revient à des faits nouveaux qui sont destinés à vérifier l'hypothèse.
Induction, déduction, puis raisonnement complexe mêlant l'induction et la déduction sont
successivement utilisés.
Toutefois si ce schéma général est bien acquis, encore convient-il de préciser ce que recouvre
exactement chacune de ces étapes en criminologie théorique.
Comme dans les sciences de la nature, la recherche empirique dans les sciences de l’homme
et en criminologie en particulier, suppose d’abord l’observation des faits à expliquer. Mais la
nature du fait observable dans ces sciences confère à l’observation des particularités
remarquables qui commandent à leur tour les formes de l’observation.
b) La classification
Mais, en même temps, on doit relever que toute distinction ne constitue pas nécessairement
une classification au sens méthodologique du terme. Le choix des catégories et des types
implique déjà une certaine idée de l'explication vers laquelle on s'oriente. Les catégories que
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l'on utilise dans la description ne sont que des instruments commodes pour réaliser cette
opération mais ce n'est qu'après la description que peut se dessiner la possibilité d'une
classification intéressante. Ferri d'ailleurs faisait déjà la distinction entre les critères de
classification simplement descriptifs et son propre critère qu'il qualifiait de « génétique et
causal »
Jusqu’à présent, on s’est borné à présenter les principes de base de la recherche empirique
fondamentale. Mais ces principes doivent, dans toute recherche concrète, être mis en œuvre
pour mener cette recherche à bonne fin. Or cette mise en œuvre ne se fait pas n’importe
comment ; elle suit un processus dont les étapes ont été codifiées par les méthodologues.
Deux sortes de modèle de processus sont ainsi à la disposition du chercheur : le modèle
chronique, de beaucoup le plus connu, et le modèle topologique, plus récent, qu’il vaut mieux
considérer comme complémentaire du précédent plutôt que comme son antagoniste.
La méthode quantitative est celle qui utilise la mesure comme moyen de connaissance, tandis
que la méthode qualitative emploie comme procédé de connaissance la recherche des qualités
de son objet, c’est-à-dire les caractères de cet objet.
a) La méthode quantitative
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seulement au stade du traitement statistique des données collectées, mais encore souvent dès
la formulation de la position de la question au début de la recherche et jusqu'à l'expression de
la théorie avec l'utilisation de modèles mathématiques explicatifs. Les mathématiques sont
donc partout en criminologie et la lecture de certains travaux exige un niveau de
connaissances mathématiques et statistiques élevé, auquel se joint aujourd'hui la
connaissance de l'informatique. On appelle parfois cette criminologie mathématique, la
«criminométrie ».
Quant aux secteurs de la criminologie intéressés par cette méthode, il s'agit bien entendu de la
criminalité qui est, par hypothèse, une quantité ou peut du moins être saisie comme telle, mais
elle est aussi utilisée pour l'étude du délinquant et même du passage à l'acte criminel et de
l'acte criminel lui-même.
2. La méthode qualitative
La méthode qualitative qui, rappelons-le, consiste à appréhender son objet d'étude par le biais
de son profil caractéristique est susceptible de remplir des fonctions importantes en recherche
fondamentale : soulever de nouveaux problèmes; révéler des faits insoupçonnés ; suggérer
des corrélations ou des processus ; suggérer une idée centrale ou même une théorie. Les
partisans du retour de la méthode qualitative sur le devant de la scène de la recherche
soutiennent d'ailleurs qu'elle peut remplir, non seulement les mêmes fonctions que la
recherche quantitative, mais encore d'autres fonctions auxquelles cette dernière ne pourrait
prétendre.
En pratique, la méthode qualitative est utilisée surtout pour l'étude de l'acte criminel et de la
personnalité du délinquant, mais on l'emploie aussi aujourd'hui dans la recherche sur la
criminalité elle-même.
À la différence de l'analyse quantitative, l'analyse qualitative des données n'a pas été suivie
d'une codification méthodologique systématique et elle reste encore largement abandonnée au
flair, à l'intelligence et à l'expérience personnelle des chercheurs. Mais des efforts ont été
entrepris il y a une quinzaine d'années pour lui conférer un statut et une rationalité.
On entend par recherche appliquée celle qui a pour but la solution d'un problème particulier
ordinairement urgent et important. Elle tend soit à transformer une situation, soit tout au
moins à énoncer des recommandations qui, mises en œuvre, changeront cette situation. Elle a
donc pour finalité l'action et non la connaissance.
Cours de la Criminologie
25
criminologie. Cela est d'autant plus regrettable que la distinction entre recherche appliquée en
criminologie et applications de la criminologie est souvent méconnue et que nombre de
praticiens de la justice pénale ont tendance à penser qu'en exerçant leur profession, ils font en
même temps de la recherche criminologique. Or, à la différence de M. Jourdain qui faisait de
la prose sans le savoir, on ne fait pas de la recherche sans le vouloir et sans se sou mettre aux
conditions exigeantes de la recherche scientifique.
Quelles sont alors les démarches de l'esprit qui permettent de répondre à cet objectif? On
remarquera que celles-ci diffèrent de celles de la recherche fondamentale tant en ce qui
concerne le modèle général de la recherche que les divers types de recherche appliquée.
1) L'enquête préalable
Du moment que la recherche appliquée a pour but d'apporter une solution à une situation qui
n'est pas satisfaisante, la première démarche à effectuer consiste à étudier cette situation afin
d'en avoir une connaissance suffisante en vue de diagnostiquer ultérieurement les raisons de
l'insatisfaction et de proposer les changements opportuns. Cette enquête qui, bien que visant
l'action, doit être objective, doit porter essentiellement sur trois points :
- isoler, parmi tous les aspects du contenu théorique et de l'application pratique de la mesure
étudiée, celui ou ceux qui sont de nature à expliquer l'échec total ou partiel ou encore les
insuffisances de cette mesure ;
Cours de la Criminologie
26
- rechercher pourquoi le ou les aspects critiquables de la mesure en cause ainsi isolés ont
entraîné l'échec ou l'insatisfaction et à quelles conditions il en serait allé autrement ;
- pronostiquer ce qui se passerait si rien n'était changé et si le cours des choses se continuait
comme avant.
3) Les conseils pour l'action. Troisième et dernière phase de la démarche, ils supposent à leur
tour quatre réflexions :
- indiquer s'il faut modifier la mesure ou au contraire maintenir le statuquo, car il arrive
parfois qu'un changement aurait plus d'inconvénients que d'avantages ;
- si l'on se rallie à la nécessité d'une modification, définir ce qui doit être changé et ce qu'au
contraire il n'y a pas lieu de modifier ;
- préciser en quoi doit consister le changement, comment il devra s'effectuer et quels sont les
moyens nécessaires pour lui assurer toutes chances de succès ;
- prévoir la nature et l'importance de l'incidence que ces changements vont avoir tant sur la
situation qui fait difficulté que sur l'ensemble de son environnement et suggérer la création
et l'organisation d'une instance d'évaluation de la nouvelle mesure.
Il n'est pas douteux que si de telles procédures avaient été suivies, nombre de projets de
modifications législatives, pour ne parler que de ces sortes de mesures, n'auraient pas connu
les avatars douloureux que l'on a pu observer (comme par ex. le projet Chalandon sur la
toxicomanie). Cela étant, il ne faut pas se dissimuler la complexité de la politique publique de
réforme.
Le modèle général qui vient d'être décrit encadre plusieurs sortes de recherche appliquée.
Pour classer ces divers types, on peut se placer soit au point de vue du but poursuivi en
distinguant entre recherche évaluative et recherche de changement, soit au point de vue du
rôle du chercheur par rapport à l'action en opposant la recherche active à la recherche
d'observation.
C'est celle qui s'interroge sur la valeur scientifique des mesures de lutte contre la délinquance.
Elle peut porter soit sur l'évaluation des traitements appliqués aux délinquants, soit sur
l'évaluation des programmes de prévention de la criminalité, soit encore et c'est pour elle un
champ immense d'investigation sur l'évaluation des institutions pénales (droit pénal et organes
de la justice pénale). Elle peut être faite soit avant un changement pour savoir s'il y a lieu de
faire des modifications, soit après un changement pour apprécier la pertinence du
changement.
Cours de la Criminologie
27
- la recherche expérimentale,
- la recherche quasi-expérimentale ;
- et l'analyse de variation naturelle.
La première, qui suppose la constitution délibérée d'une situation d'expérimentation, est très
rarement réalisée en raison des contraintes pratiques, scientifiques et éthiques qui s'y
opposent.
La deuxième est plus fréquemment utilisable (ex. évaluation de l'effet intimidant de la peine
de mort dans un pays qui, successivement, abolit puis rétablit la peine de mort).
Cours de la Criminologie
28
Cela étant, on a adressé à ce type de méthode de sévères critiques. Au plan éthique, on lui a
reproché de faire d'une catégorie de délinquants ou prédélinquants des sujets cobayes. Sur le
plan scientifique, on la condamne parfois en disant : que «c'est comme si l'on essayait de
découvrir les principes de la navigation en plein ouragan »: Au plan pratique enfin, elle est
attaquée par les praticiens qui reprochent au chercheur de vouloir empiéter sur leur domaine.
On entend par techniques de recherche criminologique l'ensemble des procédés concrets qui
permettent de collecter, de manière organisée, les données relatives à l'action criminelle. On
emploie encore le terme de «techniques d'approche » pour marquer que les données collectées
permettent, non de saisir le phénomène étudié dans sa nature intime, mais seulement de
l'approcher.
On sait que la criminalité, étant l'ensemble des infractions commises au cours d'une période
de temps déterminée dans une aire géographique donnée, elle est un phénomène
essentiellement quantitatif. Aussi n'est-il pas surprenant que les techniques d'approche de la
criminalité se ramènent principalement aux procédés de mesure de la criminalité et que leur
étude comporte, d'une part, l'analyse de ces procédés (A) et, d'autre part, la détermination des
informations que l'on peut tirer de leur emploi (B).
A. La mesure de la criminalité
La mesure de la criminalité n'est pas chose facile; elle est même particulièrement difficile. La
raison en est qu'à la différence de variables telles que le sexe ou l'âge qui sont directement
observables, la criminalité est une variable qui, en règle générale, ne peut être mesurée que
d'une manière indirecte. Pour ce faire, on recourt à des indicateurs divers par l'intermédiaire
desquels le «phénomène criminalité» est rendu mesurable, tels que le nombre de faits
délictueux constatés par la police, le nombre de condamnations prononcées par les tribunaux
répressifs etc. Mais pour que la mesure de la criminalité obtenue soit exacte, encore faut-il
que le ou les indicateurs utilisés présentent deux qualités: ils doivent d'une part être valides,
c'est-à-dire entretenir une relation certaine avec la variable criminalité à mesurer, et d'autre
part être fiables, c'est-à-dire intersubjectifs et reproductibles.
Cours de la Criminologie
29
Pour tenter de connaitre la criminalité réelle, on peut penser a s'adresser soit aux délinquants
par des enquêtes d'autoconfession, soit aux victimes par des enquêtes de victimisation.
Initialement en effet, les enquêtes de victimisation avaient une double finalité : connaître le
volume et la structure de la criminalité réelle ; en cas de non- signalement à la police, savoir
les motifs de l'abstention. Ces finalités demeurent les mêmes pour nombre d'enquêtes de
victimisation réalisées à l'heure actuelle.
On attribue à cette méthode l'intérêt de donner une image du phénomène criminel différente
de celle des statistiques officielles, en même temps que de tenir compte des divers modes de
contrôle du phénomène. En revanche, on lui reproche : 1- de ne pas pouvoir prendre en
compte des actes criminels qui ne causent pas de préjudice à une victime susceptible
d’évaluation économique (ex. infanticide); 2- même pour les crimes avec préjudice, de ne
tenir compte que de leur coût économique, alors que leur coût psychologique est parfois plus
important.
Cours de la Criminologie
30
Les multiples techniques d'approche de la criminalité que l'on vient de décrire permettent
d'acquérir des connaissances sur la criminalité dans trois directions différentes : sa description
; b) la recherche de sa causalité ; c) l’établissement de prévisions de son évolution.
1- LA DESCRIPTION DE LA CRIMINALITE
b. La structure
C'est ainsi d'abord que les statistiques permettent de connaître la répartition des infractions
tant d'après leur gravité (par ex. crimes, délits et contraventions) que d'après leur nature (par
ex. infractions contre les personnes, les biens et la chose publique).
Les mêmes statistiques donnent également des informations précieuses sur la répartition des
délinquants dans l'ensemble de la criminalité en fonction de caractéristiques individuelles
générales : sexe, âge, profession, catégorie sociale, récidive pour l'essentiel, et de servir de
point de départ à la recherche de l‘explication des différences observées. II convient de
souligner toutefois qu'en France, à la différence de nombre de pays occidentaux étrangers,
l'élaboration de statistiques ethniques est interdite de telle sorte qu'il n'est pas possible d'y
rechercher l’existence de relations entre type ethnique et criminalité.
Cours de la Criminologie
31
Les statistiques criminelles, éventuellement complétées par les autres techniques de mesure
de la criminalité, permettent, grâce à un traitement approprié, de décrire l'évolution de la
criminalité en la saisissant sous trois aspects différents : les tendances à long terme («trend»
en anglais), les variations saisonnières et les mouvements accidentels.
Le recours à l'histoire est indispensable pour rechercher l’évolution de la criminalité dans les
périodes antérieures à la tenue des statistiques criminelles, donc avant le xixè siècle, l'histoire
sert également de complément et de moyen de vérification pour la période contemporaine.
Les statistiques de la criminalité permettent aussi de comparer la criminalité dans des portions
déterminées du territoire national. Cette géographie criminelle nationale ne soulève pas les
mêmes difficultés que les comparaisons internationales, car la législation est unique et le
système des statistiques criminelles homogène à l’intérieur d'un même pays (du moins s'il ne
s'agit pas d'un pays fédéral comme les Etats-Unis)
Cours de la Criminologie
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d'après les différences de criminalité. On sait en effet que la description n'a de sens que dans
la mesure où elle prépare l’explication, laquelle passe souvent par l'intermédiaire de
l'établissement de typologies.
Quelles sont alors ces techniques ? Une confusion doit, à cet égard, être dénoncée des l'abord,
car nombre d'auteurs rangent dans leur inventaire de celles-ci, des instruments utilisés en
criminologie appliquée et plus précisément en criminologie clinique (ex. l'examen individuel
du délinquant, les «tables de pronostic»
Cours de la Criminologie
33
Les techniques essentiellement qualitatives, elle tend à une connaissance très approfondie de
la personnalité du délinquant et des motivations de son comportement : elle peut-être dite
intensive.
Elle revêt généralement la forme de l'examen clinique des de1inquants ou étude individuelle
d'un cas particulier à partir de toutes les ressources des sciences modernes : examen médical,
examen pathologique, enquête sociale, examen psychologique, psychiatrique, voire
psychanalytique. II ne peut guère être pratique que sur des détenus.
L’observation systématique peut encore être réalisée par l'observation directe qui complète
l'examen clinique ou même se substitue à lui car elle peut être utilisée lorsque le délinquant
est en liberté.
Quel est alors l’é1ément de comparaison utilisé par le chercheur pour identifier ce qui
caractérise le délinquant observé et le distinguer des non-délinquants ou d'autres catégories de
délinquants ? Habituellement, on se réfère aux descriptions antérieures qui se trouvent dans la
littérature criminologique et qui servent de point de référence.
Pour tenter de connaitre la criminalité réelle, on peut penser a s'adresser soit aux délinquants
par des enquêtes d'auto confession, soit aux victimes par des enquêtes de victimisation.
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Initialement en effet, les enquêtes de victimisation avaient une double finalité : connaître le
volume et la structure de la criminalité réelle ; en cas de non- signalement à la police, savoir
les motifs de l'abstention. Ces finalités demeurent les mêmes pour nombre d'enquêtes de
victimisation réalisées à l'heure actuelle.
On attribue à cette méthode l'intérêt de donner une image du phénomène criminel différente
de celle des statistiques officielles, en même temps que de tenir compte des divers modes de
contrôle du phénomène. En revanche, on lui reproche : 1- de ne pas pouvoir prendre en
compte des actes criminels qui ne causent pas de préjudice à une victime susceptible
d’évaluation économique (ex. infanticide); 2- même pour les crimes avec préjudice, de ne
tenir compte que de leur coût économique, alors que leur coût psychologique est parfois plus
important.
Les multiples techniques d'approche de la criminalité que l'on vient de décrire permettent
d'acquérir des connaissances sur la criminalité dans trois directions différentes : sa description
; b) la recherche de sa causalité ; c) l’établissement de prévisions de son évolution.
1- LA DESCRIPTION DE LA CRIMINALITE
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b. La structure
C'est ainsi d'abord que les statistiques permettent de connaître la répartition des infractions
tant d'après leur gravité (par ex. crimes, délits et contraventions) que d'après leur nature (par
ex. infractions contre les personnes, les biens et la chose publique).
Les mêmes statistiques donnent également des informations précieuses sur la répartition des
délinquants dans l'ensemble de la criminalité en fonction de caractéristiques individuelles
générales : sexe, âge, profession, catégorie sociale, récidive pour l'essentiel, et de servir de
point de départ à la recherche de l‘explication des différences observées. II convient de
souligner toutefois qu'en France, à la différence de nombre de pays occidentaux étrangers,
l'élaboration de statistiques ethniques est interdite de telle sorte qu'il n'est pas possible d'y
rechercher l’existence de relations entre type ethnique et criminalité.
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Les statistiques criminelles, éventuellement complétées par les autres techniques de mesure
de la criminalité, permettent, grâce à un traitement approprié, de décrire l'évolution de la
criminalité en la saisissant sous trois aspects différents : les tendances à long terme («trend»
en anglais), les variations saisonnières et les mouvements accidentels.
Le recours à l'histoire est indispensable pour rechercher l’évolution de la criminalité dans les
périodes antérieures à la tenue des statistiques criminelles, donc avant le xixè siècle, l'histoire
sert également de complément et de moyen de vérification pour la période contemporaine.
Les statistiques de la criminalité permettent aussi de comparer la criminalité dans des portions
déterminées du territoire national. Cette géographie criminelle nationale ne soulève pas les
mêmes difficultés que les comparaisons internationales, car la législation est unique et le
système des statistiques criminelles homogène à l’intérieur d'un même pays (du moins s'il ne
s'agit pas d'un pays fédéral comme les Etats-Unis)
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Quelles sont alors ces techniques ? Une confusion doit, à cet égard, être dénoncée dès l'abord,
car nombre d'auteurs rangent dans leur inventaire de celles-ci, des instruments utilisés en
criminologie appliquée et plus précisément en criminologie clinique (ex. l'examen individuel
du délinquant, les «tables de pronostic»
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Les techniques essentiellement qualitatives, elle tend à une connaissance très approfondie de
la personnalité du délinquant et des motivations de son comportement : elle peut-être dite
intensive.
Elle revêt généralement la forme de l'examen clinique des de1inquants ou étude individuelle
d'un cas particulier à partir de toutes les ressources des sciences modernes : examen médical,
examen pathologique, enquête sociale, examen psychologique, psychiatrique, voire
psychanalytique. II ne peut guère être pratique que sur des détenus.
L’observation systématique peut encore être réalisée par l'observation directe qui complète
l'examen clinique ou même se substitue à lui car elle peut être utilisée lorsque le délinquant
est en liberté.
Quel est alors l’élément de comparaison utilisé par le chercheur pour identifier ce qui
caractérise le délinquant observé et le distinguer des non-délinquants ou d'autres catégories de
délinquants ? Habituellement, on se réfère aux descriptions antérieures qui se trouvent dans la
littérature criminologique et qui servent de point de référence.
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Table des matières
INTRODUCTION GENERALE ................................................................................................................................... 2
TITRE 1 : LES GRANDS ASPECTS DE LA CRIMINOLOGIE ................................................................................ 2
TITRE 2 : L’ETUDE DU CRIME ................................................................................................................................ 2
TITRE 3 : LES TYPOLOGIES CRIMINELLES .......................................................................................................... 2
INTRODUCTION ......................................................................................................................................................... 3
Parg1. Le domaine de la criminologie ....................................................................................................................... 7
1- Criminologie et pénologie ................................................................................................................................. 9
2- Criminologie et prophylaxie criminelle ............................................................................................................. 9
CHAPITRE 1 : LA METHODE DE LA CRIMINOLOGIE ....................................................................................... 13
Section 1. L’objet de la recherche criminologique .................................................................................................. 13
Sous-section 1 : Le premier objet : la connaissance de l’action criminelle ............................................................. 14
§ 1. La notion de l’action criminelle........................................................................................................................ 14
A- L’action criminelle, action volontaire................................................................................................................ 14
2) L’action criminelle, acte volontaire ................................................................................................................. 14
B- L’action criminelle, conduite humaine spécifique ............................................................................................. 15
1) La notion criminologique du crime ................................................................................................................. 16
2) La notion criminologue du délinquant............................................................................................................. 17
C- Les tendances de la problématique actuelle ....................................................................................................... 17
§ 2. Les modalités de l’action criminelle ................................................................................................................. 17
A- Le contenu de la distinction ............................................................................................................................... 17
2- La criminalité, phénomène collectif ................................................................................................................ 17
B. La portée de la distinction................................................................................................................................... 18
2) Les limites de la distinction ............................................................................................................................. 19
Sous-section 2. Le deuxième objet : La valeur scientifique des moyens de lutte contre la délinquance ................ 19
§ 1 . La notion de moyens de lutte contre la délinquance ........................................................................................ 19
A) Les moyens juridiques ..................................................................................................................................... 20
B) Les moyens empiriques ................................................................................................................................... 20
§ 2. La notion de valeur scientifique des moyens de lutte contre la délinquance .................................................... 20
SECTION 2. LA LOGIQUE-DE LA RECHERCHE CRIMINOLOGIQUE .............................................................. 21
§ 1. La logique de la recherche fondamentale en criminologie ............................................................................... 21
A) Le modèle général de la recherche criminologique fondamentale ..................................................................... 21
1. Les bases de la recherche empirique fondamentale ............................................................................................ 22
a) Les étapes de la méthode empirique ................................................................................................................ 22
b) La classification............................................................................................................................................... 22
2- La mise en œuvre de la recherche empire fondamentale..................................................................................... 23
B. Les différentes méthodes de recherche criminologique fondamentale................................................................ 23
1. Méthode expérimentale et méthode clinique ................................................................................................... 23
2. Méthode quantitative et méthode qualitative ................................................................................................... 23
a) La méthode quantitative .................................................................................................................................. 23
2. La méthode qualitative ....................................................................................................................................... 24
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§ 2. La logique de la recherche criminologique appliquée ...................................................................................... 24
A. Le modèle général de la recherche criminologique appliquée ........................................................................ 25
B. Les divers types de recherche criminologique appliquée ................................................................................ 26
1- Recherche évaluative et recherche de changement.......................................................................................... 26
2- Recherche d’observation et recherche active .................................................................................................. 27
SECTION 3. LES TECHNIQUES DE RECHERCHE CRIMINOLOGIQUE ........................................................... 28
§ 1. Les techniques d'approche de la criminalité ..................................................................................................... 28
A. La mesure de la criminalité................................................................................................................................ 28
A. LES TECHNIQUES D'APPROCHE DU CHIFFRE NOIR ................................................................................ 28
1- Les enquêtes d’autoconfession ........................................................................................................................ 29
2- Les enquêtes de victimisation .......................................................................................................................... 29
3- Les évaluations du coût du crime .................................................................................................................... 29
B. LES DIVERS TYPES DE CONNAISSANCES SUR LA CRIMINALITE ....................................................... 29
1- LA DESCRIPTION DE LA CRIMINALITE ......................................................................................................... 30
a. Le volume et la structure de la criminalité ...................................................................................................... 30
b. La structure ...................................................................................................................................................... 30
C- L'EVOLUTION DE LA CRIMINALITE DANS LE TEMPS ............................................................................... 31
1- La description de l'évolution au moyen des séries statistiques : ...................................................................... 31
2- L'utilisation de la méthode historique.............................................................................................................. 31
3- LES VARIATIONS DE LA CRIMINALITE DANS L'ESPACE ...................................................................... 31
a Les variations entre pays ...................................................................................................................................... 31
b- Les variations à l'intérieur d'un même pays ..................................................................................................... 31
c- La recherche de la causalité de la criminalité .................................................................................................. 31
d- L'établissement de prévisions d’évolution de la criminalité ............................................................................ 32
§ 2. Les techniques d'approche 'du phénomène individuel ..................................................................................... 32
A. Les techniques d'approche utilisées .................................................................................................................... 32
1- Les techniques d'approche transversale .............................................................................................................. 32
a- L'observation systématique des dé1inquants ...................................................................................................... 33
A. LES TECHNIQUES D'APPROCHE DU CHIFFRE NOIR ................................................................................ 33
4- Les enquêtes d’auto confession ....................................................................................................................... 33
5- Les enquêtes de victimisation .......................................................................................................................... 34
6- Les évaluations du coût du crime .................................................................................................................... 34
B. LES DIVERS TYPES DE CONNAISSANCES SUR LA CRIMINALITE ....................................................... 34
1- LA DESCRIPTION DE LA CRIMINALITE ..................................................................................................... 34
a. Le volume et la structure de la criminalité ...................................................................................................... 35
b. La structure ...................................................................................................................................................... 35
C- L'EVOLUTION DE LA CRIMINALITE DANS LE TEMPS ............................................................................... 35
4- La description de l'évolution au moyen des séries statistiques : ...................................................................... 36
5- L'utilisation de la méthode historique.............................................................................................................. 36
6- LES VARIATIONS DE LA CRIMINALITE DANS L'ESPACE ...................................................................... 36
a Les variations entre pays ...................................................................................................................................... 36
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b- Les variations à l'intérieur d'un même pays ..................................................................................................... 36
c- La recherche de la causalité de la criminalité .................................................................................................. 36
d- L'établissement de prévisions d’évolution de la criminalité ............................................................................ 37
§ 2. Les techniques d'approche du phénomène individuel ..................................................................................... 37
A. Les techniques d'approche utilisées .................................................................................................................... 37
2- Les techniques d'approche transversale .............................................................................................................. 37
b- L'observation systématique des dé1inquants ...................................................................................................... 38
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