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La contrefaçon des brevets d'invention

Sommaire :
Problématique : quel est l’encadrement juridique de la
contrefaçon des brevets d’invention ?

I- La détermination du délit de contrefaçon


des brevets d’invention :

A : détermination au niveau de définition du délit


de contrefaçon

B : détermination au niveau d’actes prohibés face


à un brevet d'invention

II- L’action en contrefaçon du brevet


d’invention :

A : Le déroulement de l'action en contrefaçon

B : Les effets de la contrefaçon


INTRODUCTION

La science crée et développe l’industrie ; et l'industrie transforme les


richesses naturelles. L'homme est créatif de nature. Cette qualité fait
de lui une source de création dans différents domaines de la vie et
particulièrement dans le domaine de l'industrie. Il demeure cependant,
que toute action inventive ne peut connaitre de succès que par
l'encouragement matériel et financier des personnes qui ont un savoir-
faire et des compétences leurs permettant de mener à bien des activités
inventives1
De nos jours, l'engagement est irréversible puisque la technologie
occupe une place importante dans nos vies et dans l'économie
mondiale. Il est désormais généralement admis que l'innovation est
présente dans tous les domaines, et pas seulement dans les entreprises
de haute technologie et dans les secteurs technologiques.
Cette prise de conscience a poussé les pays développés et les pays en
développement à réserver d'important investissement au domaine de la
recherche et à encourager l'innovation en tant que moteur du
développement socioéconomique.
L'invention est le fruit des efforts, des investissements et de la
patience du chercheur. L'octroi du brevet est une réponse au devoir de
justice. En effet, il est juste et équitable que l'investissement revienne
à son propriétaire, en tant que récompense pour sa créativité. Il est
clair que le progrès des nations est dû aux génies et aux talents.
L'invention est le fruit de l'imagination humaine et de l'intelligence
humaine, c'est pourquoi elle a besoin d'une protection juridique qui
doit être fournie à son propriétaire.
Ainsi, la mondialisation a grandement contribué à l’encouragement
des inventeurs, En effet, les entreprises sont plus enclines à investir
1
OMPIC, Office marocain de la propriété industrielle et commerciale, Guide sur les brevets d'invention, p. 8
dans la recherche et développement si elles savent que leurs
inventions seront protégées dans le monde entier, Elle facilite la
diffusion des technologies, c’est-à-dire les brevets permettent aux
entreprises de partager leurs inventions avec d'autres entreprises et des
pays, ce qui contribue à l'avancement technologique.
Dans le même esprit positif que procure la mondialisation, Elle
favorise le commerce international. Les brevets permettent aux
entreprises de protéger leurs inventions sur les marchés étrangers, ce
qui les encourage à exporter leurs produits et services.
Mais même si la mondialisation a apporté des avantages à la créativité
et à l’innovation, elle les menacer notamment en termes de « la
contrefaçon de brevets d’invention » et c’est l’objet de notre
recherche.
Dans un cadre restreint et au niveau interne le législateur tunisien n'a
pas défini la contrefaçon de façon exacte. il réservé le chapitre 12 de
la loi de 2000 à la contrefaçon et ses sanctions, il n'a pas donné une
définition à la contrefaçon. Il s'est contenté d'admettre que « toute
atteinte portée aux droits du titulaire du brevet, tels que définis à
l'article 46 de la présente loi, constitue un délit de contrefaçon » 2Il y a
donc en principe contrefaçon de brevet lorsqu'un tiers, qui n'a pas le
consentement du titulaire du brevet, exploite de façon directe ou
indirecte l'invention telle que définie par au moins une des
revendications du brevet.
Une Cour canadienne dans une décision datant du 30 mai 2007 définit
la contrefaçon d'un brevet comme étant « tout acte qui interfère avec
la pleine jouissance du monopole octroyé au détenteur du brevet. Ce
monopole découle de la loi et constitue le droit exclusif, le privilège et
la liberté de fabriquer, utiliser, vendre et importer l'invention
protégée »3
2
‫ والمتعلق ببراءة االختراع‬2000 ‫ أوت‬24 ‫ والمؤرخ في‬2000 ‫ لسنة‬84 ‫لطفي الحبيب تعليق على القانون عدد‬
2000-2001 ‫محاضرة ختم التمرين المعهد األعلى للمحاماة بتونس‬

3
CH. LATULIPPE, contrefaçon et validité d'un brevet - concurrence déloyale: commentaire sur l'affaire M.K
plastics corporation c. Plasticair, Les Cahiers de propriété intellectuelle, volume 20, nº 1, janvier 2008, éditions
Yvon Balais, p. 208, voir https:// www.lescpi.ca/ articles/ v20/ n1/ contrefaçon- et- validité- dun- brevet-
concurrence- déloyale- commentaire- sur- l’affaire- m- k- plastics- corporation- c- plasticair- inc/.
De façon générale, on appelle contrefaçon l'atteinte portée aux droits
du créateur sur son invention, de l'écrivain sur son écrit, du musicien
sur sa composition, de l'artiste sur sa sculpture, sa peinture ou son
dessin. Il peut également s'agir d'atteinte aux droits de celui qui
possède une enseigne, un nom, une marque, un emblème. La
contrefaçon est une reproduction servile, ou quasi servile, appréciée de
façon objective, alors que l'imitation constitue une reproduction
approximative, créant un risque de confusion apprécié de façon
subjective par un consommateur d'attention moyenne qui n'a pas
simultanément sous les yeux des deux produits en conflit4.
Etant un délit spécifique qui a pour objet les droits sur le brevet
d'invention, la contrefaçon de brevet se présente comme une atteinte
singulière qui se distingue de toute autre atteinte dont un brevet
pourrait faire l'objet.
Dans ce contexte, quelque chose d'important doit être clarifié, ne parle
de contrefaçon que dans le cas d’atteints de « copies » à des droits de
propriété intellectuelle, d’autres atteints existent en dehors de la
contrefaçon (concurrence déloyale, dénigrement…) mais sont
sanctionnées par d’autres voies.

Le brevet d’invention est « un titre délivré par une autorité publique


portant sur une invention particulière et conférant à son titulaire un
monopole temporaire d’exploitation de cette invention »5
En d'autres termes, le brevet est un titre qui permet à son titulaire
d'interdire à tout autre d'exploiter l'invention sans son autorisation et,
le cas échéant, de poursuivre les contrefacteurs. Le brevet garantit
donc à l'inventeur l'exploitation exclusive du fruit de sa recherche et
de ses investissements.

L'innovation est la mise en œuvre d'un nouveau produit, service,


4
P. BRUNOT, la contrefaçon, Que sais- je, imprimerie des presses universitaire de France, 1986, p. 3

5
F. de VISSCHER, « Brevets et savoir-faire », Rép. not., tome II – Les biens, livre 5, Bruxelles, Larcier, 2012, p.
procédé de fabrication ou d'organisation qui apporte quelque chose de
nouveau ou de différent.
Le brevet d'invention se diffère d'abord de la marque qui est un signe
visible permettant de distinguer les produits offerts à la vente ou les
services rendus par une personne physique ou morale. Ensuite, il est
différent des dessins et modèles industriels qui couvrent tout « dessin
nouveau, toute forme plastique nouvelle, tout produit industriel qui se
différencie de ses similaires, sait par une configuration distincte et
reconnaissable lui conférant un caractère de nouveauté, soit par un ou
plusieurs effets extérieurs lui donnant une physionomie propre et
nouvelle". Enfin, un brevet d'invention n'a pas la même finalité qu'un
droit d'auteur dans le sens que ce dernier « couvre toute œuvre
originale littéraire, scientifique ou artistique quels qu'en soient la
valeur, la destination, le mode ou la forme d'expression, ainsi que sur
le titre de l'œuvres »6
La première image d'un droit sur les créations nouvelles a vu le jour à
Sybaris, six siècles avant Jésus-Christ. Cette cité accordait un droit
exclusif d'exploitation à l'inventeur d'une nouvelle spécialité
gastronomique selon lequel << si quelque traiteur ou chef de cuisine
inventait un plat d'une qualité exceptionnelle, tel était son privilège,
nul autre que lui-même ne pouvait en adopter l'usage avant une année
afin que le premier à inventer un plat puisse seul posséder le droit de
le réaliser pendant cette période, de manière à encourager les autres à
exceller par de telles inventions dans une vive compétition » 7. Cette
règle s'éteignit avec la ville qui l'avait conçue

La moisson des années révèle que l'objectif du législateur était


toujours la stimulation de l'invention en récompensant les inventeurs
par le droit d'interdire aux tiers l'utilisation de leurs inventions, et le
6
Article premier de la loi n° 94-36 du 24 février 1994 relative à la propriété littéraire et artistique. INPI, Institut
national de la propriété industrielle, Le brevet : protéger son invention, Paris, 2010, p.4

7
J. FOYER et M. VIVANT, Le droit des brevets, THEMIS, collection dirigée par M. DUVERGER, Presses
universitaires de France, Paris, 1991, p. 5
cas échéant les accuser de contrefaçon. Ceci s'est manifesté par la
signature de plusieurs accords.
D'ailleurs, l'Accord de libre-échange entre les Etats de l'association
européenne de libre-échange (A.E.L.E.) et la République tunisienne
signé le 17 décembre 2004 cite, parmi ses objectifs, dans son article
premier, qu'il tient à garantir une protection adéquate et efficace des
droits de propriété intellectuelle. Cet accord dispose dans son article
23 sous le titre protection de la propriété intellectuelle que les Parties
accordent et assurent une protection adéquate, effective et non
discriminatoire des droits de propriété intellectuelle, y compris en
prévoyant des mesures pour faire respecter ces droits en cas
d'infractions, de contrefaçon et de piraterie…
Généralement en Tunisie et dans la plupart des pays arabes, les
normes juridiques en matière de propriété industrielle, et plus
précisément en matière de brevets d'inventions, sont similaires et elles
tirent leur fondement des législations étrangères, plus précisément de
la législation française8
La contrefaçon de brevet est sanctionnée par le droit tunisien . Ainsi
Malgré que les décisions des tribunaux tunisiens en matière de
contrefaçon des brevets d'invention sont rares au contraire de la
jurisprudence française qui est abondante en cette matière vu le
progrès scientifique et technologique qui est plus important en France,
la lutte contre la contrefaçon se poursuit en Tunisie.
Donc, Le texte législatif est important pour protéger les droits de
propriété intellectuelle généralement et dans le cadre de la lutte contre
la contrefaçon. Cependant, le rôle du pouvoir judiciaire est également
essentiel pour garantir l'application effective de droits d’inventeur.
Un pouvoir judiciaire compétent et impartial est en mesure de faire
respecter les droits de propriété intellectuelle, même en l'absence d'un
texte législatif spécifique. En effet, le pouvoir judiciaire peut

8
La contrefaçon des brevet d’invention, Mémoire du mastère en droit privé, Maissa Ben Salem ,Rabaa Hadrich
Ellouze, faculté de droit de Sfax
s'appuyer sur les principes généraux du droit civil et les règles de
justice pour protéger ces droits.
Dans ce contexte on peut poser la question suivante : Quel est le
régime juridique de la contrefaçon des brevets d'invention ?
La contrefaçon a de nombreux concepts voisins qui conduisent à une
confusion dans sa compréhension, en particulier parce que pas tout
"appariement" est considéré comme une contrefaçon. Compte tenu des
effets importants que cet acte entraîne, c’est pourquoi dans cette étude,
nous aborderons le concept du crime de contrefaçon (première
chapitre) et puis sa action (deuxième chapitre)

I- La détermination du délit de
contrefaçon des brevets d’invention :

On a constaté ces dernières années une propagation généralisée du


phénomène de la contrefaçon, du fait de l'extension de l'importation de
produits contrefaits et de la plus grande liberté accordée au commerce
extérieur, ce qui a rendu toutes les marchandises et produits
vulnérables à l'atteinte à leurs droits de propriété intellectuelle et à leur
vente à des prix dérisoires en tant qu'originaux dans le but de tromper
le consommateur qui ne peut pas, seul, faire la différence entre les
produits originaux et contrefaits.

A: détermination de notion du délit de contrefaçon des


brevets d’invention :
Le brevet est une des branches de la propriété intellectuelle qui
protège une innovation technique et garantit à son titulaire un
monopole d’exploitation pour une durée maximale de 20 ans. Il
confère ainsi à son titulaire ou à ses ayants cause un droit exclusif
d’exploitation.
Plus précisément, le droit des brevets consiste à conférer un titre de
propriété industrielle au déposant, lui garantissant « le droit de jouir de
l’invention et d’interdire ou d’autoriser son exploitation par d’autres
personnes », comme le rappelle la Compagnie nationale des conseils
en propriété industrielle (CNCPI).

Le législateur tunisien n'a pas défini la contrefaçon, mais s'est contenté


de mentionner dans l'article 82 de la loi de 24 aout 2000 relative aux
brevets d'invention qu'il convient de qualifier les actes portant atteinte
aux droits découlant d'un brevet d'invention comme étant une
infraction pénale.
En revanche, la doctrine a proposé plusieurs définitions de la
contrefaçon, notamment :
"Une violation flagrante ou une atteinte injustifiée aux droits
découlant de la délivrance d'un brevet d'invention"
"La fabrication de la chose brevetée, que la fabrication soit parfaite ou
non, sans l'autorisation du titulaire du brevet, et la contrefaçon est
l'opposé de l'innovation, tout comme elle est une imitation de quelque
chose"
Donc La contrefaçon, en principe, ne constitue pas une infraction,
mais elle devient une infraction si elle porte atteinte à des droits
protégés par la loi.
En droit français la contrefaçon de brevets est définie comme l’atteinte
portée aux droits du breveté. L’article L. 615-1 du Code propriété
intellectuelle (CPI) énonce en effet que : « Toute atteinte portée aux
droits du propriétaire du brevet, tels qu’ils sont définis aux articles
L. 613-3 à L. 613-6, constitue une contrefaçon ». Il y a donc en
principe contrefaçon de brevet lorsqu’un tiers, qui n’a pas le
consentement du titulaire du brevet, exploite de façon directe ou
indirecte l’invention telle que définie par au moins une des
revendications du brevet.
Pour que la contrefaçon soit illégale, il faut que les conditions
suivantes soient réunies :
 L'existence d'un brevet d'invention valide : la contrefaçon ne
peut être constituée que si le bien ou le service contrefait est
protégé par un brevet d'invention valide.
 La reproduction, l'utilisation ou la commercialisation : la
contrefaçon consiste à reproduire, utiliser ou commercialiser un
bien ou un service protégé par un brevet d'invention.
 L'absence d'autorisation du titulaire du brevet : la contrefaçon
suppose que le bien ou le service contrefait est reproduit, utilisé
ou commercialisé sans l'autorisation du titulaire du brevet.
Cependant, Les définitions juridiques et doctrinales de la contrefaçon
ne sont pas suffisantes pour sa détermination, car cette infraction ne
peut exister sans la mention de ses éléments constitutifs, car chaque
élément est essentiel de son existence.
Pour que le délit de contrefaçon d'invention soit constitué, il faut que
soient réunis trois éléments essentiels, à savoir l'élément matériel,
l'élément moral et l'élément légal. Si l'un de ces éléments fait défaut,
le délit n'est pas constitué au regard de la loi.
1- L’élément légal du délit de contrefaçon des brevets d’invention
Une personne ne peut être punie que s'il existe une loi qui prévoit cette
peine. C'est ce qu'on appelle le principe de la légalité des délits et des
peines.
Le principe de légalité, c’est le texte qui prohibe un comportement
déterminé et qui le sanctionne pénalement. Il peut se définir comme la
théorie selon laquelle aucune incrimination ni aucune peine ne
peuvent être retenues, sans avoir été incriminée par un texte émanant
des pouvoirs publics, c’est-à-dire les lois et
leurs décrets d’application, les ordonnances, les décrets, et
les arrêtés et informant les citoyens de ce qu’ils doivent faire ou ne
pas faire.
C’est un principe constitutionnel, l’article 34 de 2022 de la
constitution tunisienne a énoncé « La peine est personnelle et ne peut
être prononcée qu’en vertu d’un texte de loi antérieur… »
Ainsi on trouve dans le cadre de la loi n°2000-84 du 24 août 2000
relative aux brevets d’invention dans son article 46 « Le brevet
confère à son titulaire ou à ses ayants droit un droit exclusif
d’exploitation.
Sont interdits aux tiers, sans le consentement du titulaire du brevet ou
de ses ayants droit :
a) la fabrication, l’offre, la mise dans le commerce, l’utilisation ou
bien l’importation ou la détention aux fins précitées du produit objet
du brevet.
b) l’utilisation du procédé de fabrication objet du brevet.
c) l’offre, la mise dans le commerce ou l’utilisation ou bien
l’importation ou la détention aux fins précitées du produit obtenu
directement par le procédé objet du brevet. »
En outre la même consacre un chapitre intitulé « Chapitre XII De la
contrefaçon et des sanctions »
En fait, l’article 82 énonce « Toute atteinte portée aux droits du
titulaire du brevet, tels que définis à l’article 46 de la présente loi,
constitue un délit de contrefaçon. La contrefaçon engage la
responsabilité civile et pénale de son auteur… »
Et dans le même cadre du principe de la légalité des délits et des
peines l’article 83 de la loi du 2000 déclare que « Sous réserve des
peines prévues par des textes spéciaux, le délit de contrefaçon est
puni d’une amende de 5000 à 50 000 dinars.
En cas de récidive, un emprisonnement de un à six mois peut être
prononcé outre l’amende qui est portée au double… »
Il est important à noter qu'il doit y avoir certaines conditions dans cet
acte, c'est-à-dire la contrefaçon portant sur l'invention, qui se résument
à:
 Existence d'un brevet d'invention valide :
La condition fondamentale pour commettre le délit de contrefaçon est
que le brevet soit valide et protégé par la loi, c'est-à-dire que toutes les
conditions objectives et formelles requises pour le brevet soient
remplies.
En conséquence, les actes condamnés par la loi sont les actes commis
après l'enregistrement du brevet.
Donc Si le brevet n'est pas valide, cela signifie qu'il ne confère pas de
droit exclusif d'exploitation à son titulaire. Par conséquent, il ne peut
pas y avoir de délit de contrefaçon.
 L'absence de justification des actes de contrefaçon :
Le délit de contrefaçon doit être exclu en cas d'actes justifiés, car la
logique implique qu'ils ne soient pas considérés comme des opérations
de contrefaçon.
La condition d'absence de justification des actes de contrefaçon est
également une condition essentielle pour que le délit de contrefaçon
soit constitué.
Il existe certaines exceptions au principe de la contrefaçon, qui sont
prévues par la loi. Par exemple, la contrefaçon est justifiée si elle est
effectuée à des fins de recherche ou de développement, ou si elle est
effectuée pour répondre à une demande urgente du marché.
De plus, la personne qui a fabriqué le produit protégé par le brevet ou
utilisé la méthode couverte par le brevet de bonne foi au moment de la
demande de brevet ne sera pas considérée comme un imitateur.
Si les actes de contrefaçon sont justifiés, cela signifie qu'ils ne sont
pas constitutifs d'une infraction pénale.
Par conséquent, l’élément légale de la contrefaçon est le texte
législatif qui définit les caractéristiques de l'acte que la loi considère
comme un délit, et qui détermine la sanction que la loi impose à son
auteur.

2- L'élément matériel du délit de contrefaçon des brevets d’invention :

Il s'agit de l'acte par lequel le corps du crime est accompli. Par


conséquent, pour que l'élément matériel remplisse ses conditions
juridiques, les actes de la contrefaçon doivent avoir lieu à la date de
dépôt de la demande légale de protection de l'invention objet de la
contrefaçon ou après. Il s'agit d'un élément fondamental pour
l'existence de ce crime.
Et la contrefaçon est réalisée par le contrefacteur en reproduisant la
chose inventée objet du brevet, que cette chose soit similaire à la
chose originale.
L'élément matériel du crime se manifeste dans l'aspect extérieur de
l'activité du délinquant, qui est un comportement criminel qui est
inclus dans la criminalisation et est soumis à la sanction. L'élément
matériel est généralement composé d'un comportement criminel et
d'une conséquence nuisible qui est causée par ce comportement, c'est-
à-dire qu'il doit y avoir une relation de causalité entre les deux. C’est à
dire l’élément matériel dans le délit de contrefaçon d'invention
consiste en une atteinte à un droit du titulaire du brevet.
En conséquence, l'activité criminelle dans le délit de contrefaçon
d'invention a deux aspects :
 Un aspect positif : il consiste en une atteinte effective à un droit
d’inventeur, qui est considéré comme un droit de propriété pour
lui. C’est-à-dire l'aspect positif de l'activité criminelle dans le
délit de contrefaçon d'invention est constitué par l'acte de
reproduire la chose inventée objet du brevet. Cette reproduction
constitue une atteinte au droit de monopole du titulaire du
brevet, qui lui permet d'exploiter exclusivement son invention
pendant une période de 20 ans.
 Un aspect négatif : il consiste en l'absence d'accord du titulaire
de l'invention. Par conséquent, la contrefaçon, de ce point de
vue, se rapproche du crime de vol qui se réalise par la prise du
bien d'autrui sans son consentement.

3- L'élément moral du délit de contrefaçon des brevets d’invention :

Il ne suffit pas pour que la responsabilité du contrefacteur dans le délit


de contrefaçon d'invention soit engagée, que le délinquant commette
un acte criminel ayant un aspect extérieur matériel, mais il faut
également que le facteur moral, à savoir l'intention criminelle ou la
mauvaise foi du contrefacteur, soit présent. Cela concerne ici les
personnes qui ont sciemment caché un produit contrefait, l'ont vendu,
l'ont offert à la vente ou l'ont introduit dans le pays.
L'étude du facteur moral de l'infraction de contrefaçon soulève
également la question de l'intention de l'auteur de l'acte.
Le crime de contrefaçon d'invention en droit tunisien est un crime
intentionnel qui nécessite l'intention criminelle. Cependant,
l'ignorance de la délivrance du brevet d'invention ne peut être
considérée comme une excuse. En effet, l'autorité compétente en
matière de propriété intellectuelle publie les brevets d'invention. Par
conséquent, cette publication est considérée, du point de vue juridique,
comme une notification au public. L'ignorance de la loi ne peut être
considérée comme une excuse.
Il convient de noter que dans le cas où le contrefacteur n'est pas au
courant que le lieu de ses actes est protégé par un brevet d'invention, il
n'y a pas lieu de le poursuivre pénalement en se fondant sur sa bonne
foi. Cependant, cela ne l'empêche pas de porter plainte en justice. Par
conséquent, la mauvaise foi ou l'intention de nuire est un élément
constitutif de l'infraction de contrefaçon pénale.

B : les actes prohibés face à un brevet d'invention


L'article 46 de la loi n° 2000-84 du 24 août 2000, relative aux brevets
d'invention prévoit que « le brevet confère à son titulaire ou à ses
ayants droit un droit exclusif d'exploitation.
Sont interdits aux tiers, sans le consentement du titulaire du brevet ou
de ses ayants droit :
a) la fabrication, l'offre, la mise dans le commerce, l'utilisation ou bien
l'importation ou la détention aux fins précitées du produit objet du
brevet
b) l'utilisation du procédé de fabrication objet du brevet
c) l'offre, la mise dans le commerce ou l'utilisation ou bien
l'importation ou la détention aux fins précitées du produit obtenu
directement par le procédé objet du brevet »
Il paraît possible de regrouper ces actes selon le critère de
commercialité. En effet, on trouve des actes qui sont prohibés en tant
que tels sans avoir une relation avec la commercialisation d'une part
(1), et on trouve d'autre part, des actes prohibés en raison de leur but
commercial (2)
1- Les actes prohibés en tant que tels :
La fabrication du produit
L'article 46 (a) classe la fabrication parmi les droits exclusifs conférés
par le brevet d'invention à son titulaire. Autrement dit, la fabrication
par un tiers du produit objet d'un brevet d'invention serait qualifié
d'acte de contrefaçon à moins que le fabricant avait obtenu une
autorisation de fabrication auprès du titulaire du brevet d'invention ou
de ses ayants droits
La fabrication est, selon les professeurs J. FOYER et M. VIVANT, «
l'acte de contrefaçon par excellence sans lequel rien d'autre ne pourrait
être fait. Il consiste dans la réalisation matérielle du produit, et cela en
dehors de toute utilisation commerciale9
La fabrication peut être définie alors comme étant la réalisation
matérielle du produit suite à la volonté personnelle du fabricant lui-
même, ou à la demande d'une autre personne.
La fabrication du produit breveté est suffisante pour être qualifiée de
contrefaçon à l'abri de toute utilisation commerciale. En effet, ni la
mauvaise foi du fabricant, ni l'offre et la mise en vente du produit,
sont nécessaires pour prouver la contrefaçon dans ce cas. D'ailleurs, le
fabricant en tant que professionnel doit vérifier d'abord la licéité de la
fabrication avant tout acte de réalisation matérielle du produit car il ne
peut pas par être exonéré de la responsabilité en matière de
contrefaçon au motif qu'il était de bonne foi". La bonne foi du
contrefacteur n'est pas une excuse légale pour échapper à la
condamnation.
Il ne sera pas nécessaire que la reproduction d'un brevet s'accompagne
d'un usage commercial. La contrefaçon est constituée par la seule «
réalisation matérielle d'un objet, en dehors de toute utilisation
commerciale ». La jurisprudence condamne la fabrication en elle-
même indépendamment de tout acte d'utilisation. Ainsi, la
reproduction est l'élément nécessaire mais également suffisant pour
constituer la contrefaçon.

9
J. FOYER et M. VIVANT, op. cit., p. 292
L'acte de fabrication peut prendre plusieurs formes tel que, par
exemple, un simple montage des pièces qui constituent le produit en
cause10. En revanche, la fabrication ne couvre pas la réparation du
produit, sauf, si elle équivaut à une reconstruction, c'est-à-dire à une
nouvelle fabrication11. En d'autres termes, de simples actes de
réparation sont admis à condition qu'ils n'aboutissent pas à la
reconstruction complète de l'objet breveté ou même de l'un de ses
éléments12
Récemment, la Cour d'appel de Sfax dans son arrêt n° 55473 du 14
avril 2016, a admis que la contrefaçon par fabrication d'une machine
breveté ne couvre pas la simple reproduction des caractéristiques de
forme extérieure de cette machine qui est, en fait, protégée par la loi
relative aux dessins et modèles industriels. En effet, le brevet protège
l'aspect technique du produit et non pas sa forme extérieure. La Cour
de cassation dans son arrêt n° 41528 du 15 juin 2017 a confirmé la
décision de la Cour d'appel.
L'importation du produit :
L'importation d'un produit breveté est considérée aussi comme un acte
de contrefaçon. Son interdiction « est, en réalité, une atténuation des
effets néfastes de la territorialité des brevets. En effet, le produit objet
d'un brevet tunisien peut être fabriqué licitement dans n'importe quel
pays où ledit produit n'est pas protégé. De ce fait, il est logique de
permettre au breveté d'interdire l'importation des objets ainsi fabriqués
pour préserver ses droits sur l'aire d'efficacité de son titre13, Selon
l'article 46 a) de la loi n° 2000-84 du 24 août 2000 relative aux brevets
d'invention ce type d'actes est interdit aux tiers sans le consentement
du titulaire du brevet ou de ses ayants droits.

10
4A. CHEVANNE et J. AZEMA, note sous tribunal de grande instance de Paris, jugement du 16 janvier 1989,
R.T.D, commerciale, 1990, nº 3, p. 381
11
F. POLLAUD-DULIAN, Droit de la propriété industrielle, Montchrestien, Paris, 1999, n°682, p. 287
12
« La solution n'est pas de pure équité mais paraît bien satisfaire la logique du droit des brevets qui offre au
breveté un monopole économique qui serait entamé si une véritable reconstitution pouvait venir remplacer un
nouvel achat du produit sous brevet dont on sait que la mise sur le marché constitue la rémunération même du
breveté ». J. FOYER et M. VIVANT, op. cit., p. 294

13
M. MESSAI, op. cit., p. 106
En effet, l'article 91 et suivants de la loi de 2000 inclus dans le
chapitre XIII intitulé « des mesures à la frontière », donne au
propriétaire du brevet et à ses ayants droits la possibilité de réclamer
la suspension du dédouanement à l'importation des produits présumés
contrefaits.
La loi de 2000 relative aux brevets d'invention se limite à l'importation
comme étant un acte de contrefaçon indépendant, et elle n'a mentionné
ni l'exportation, ni le transbordement de produits contrefaits. En outre,
elle a prohibé une autre catégorie d'actes, ce sont les actes accomplis
pour un but commercial
2- Les actes prohibés pour leur but commercial :
En raison de leur finalité commerciale, la loi n° 2000-84 du 24 août
2000, relative aux brevets d'invention interdit l'offre, la mise dans le
commerce et l'utilisation d'un produit breveté. Au contraire des actes
de fabrication et d'importation, l'offre, la mise dans le commerce et
l'utilisation du produit objet d'un brevet d'invention ne sont interdites
et ne constitueront un acte de contrefaçon que si elles sont étroitement
liées au commerce
L'article 82 de la loi de 2000 exige la connaissance de cause pour ces
actes. La responsabilité des contrefacteurs, dans ce cas, n'est engagée
que lorsqu'ils agissent en connaissance de cause. Ces contrefacteurs
sont, en effet excusables dans la mesure où ils peuvent ignorer la
contrefaçon, parfois même ils peuvent n'avoir pas le moyen de la
connaître.
L’offre de produit et sa mise dans le commerce :
En effet, deux notions homologues, l'offre et la mise dans le
commerce d'un produit, paraissent, pour une bonne part << redondants
» la mise dans le commerce est d'un sens plus large et elle englobe
l'offre. Il faut détailler ces deux notions.
D'une part, l'offre, selon dictionnaire LAROUSSE, est l'action de
proposer, d'offrir quelque chose ; ce qui est offert correspond à une
quantité d'un bien ou d'un service qui peut être proposé sur le marché
à un prix donné. La même référence ajoute que l'offre est l'acte
consistant à proposer à une autre personne la conclusion d'un contrat ;
objet de la proposition ainsi faite". Cet acte nécessite une intention
dirigée vers la mise du produit dans le commerce et il implique le fait
d'essayer de vendre ce produit. Pour faire preuve à une contrefaçon, il
suffit de prouver que le présumé contrefacteur a offert le produit
breveté pour le vendre et qu'il a recouru, à ce propos, à la publicité par
exemple.
En tant que méthode de communication moderne". D'ailleurs, l'offre
peut prendre la forme de brochures publicitaires distribuées au public
avec une description détaillée du produit. Elle peut prendre aussi la
forme d'une distribution d'échantillons du produit destiné à la vente"
D'autre part, la mise dans le commerce peut être considérée comme le
terme générique qui couvre toute opération tendant à atteindre le
marché y compris l'offre du produit. Autrement dit, l'interdiction de
mettre un produit breveté dans le commerce, sans l'autorisation du
titulaire du brevet ou de ses ayants droits, s'étend à toute opération
tendant à mettre un produit contrefaisant en circulation. L'article 46 a)
de la loi de 2000 est entendu très largement
Cette opération matérielle traduite par la circulation du produit breveté
comprend toutes les opérations préalables à la mise dans le commerce,
de vente ou de publicité. Citons à titre d'exemple, la diffusion dans le
territoire national d'un catalogue vantant un objet contrefait, et bien
entendue toute autre forme de publicité. La doctrine, vers la fin du
XX°, a considéré que « dès lors que des objets contrefaits étaient
disposés à la devanture d'un magasin, ou dans un lieu d'accès libre au
public, la répression pouvait être engagée. Mais, sous la répression des
nécessités du commerce moderne, on s'était demandé si l'on pouvait
retenir le délit d'exposition lorsque l'offre au public revêtait des formes
plus élaborées, par le biais d'annonces, par voie d'affiches, par l'envoi
de catalogue, par les formes modernes de la publicité ». La mise dans
le commerce comprend aussi tout acte commercial à but lucratif tels
que la vente, la location, le leasing. L’échange et tout autre type
d'actes d'introduction du produit dans le cycle économique et
commercial.
Il faut noter que, il est vrai que la loi de 2000 relative aux brevets
d'inventions n'a pas cité l'exportation comme étant un acte de
contrefaçon autonome, mais cela ne suffit point pour exclure
l'exportation du champ de la contrefaçon puisqu'elle représente un acte
de commercialisation qui est explicitement prohibé en droit tunisien.
Il reste à souligner qu'il n'y a pas contrefaçon du côté de celui qui
répond à une sollicitation ; dans le cas de la vente, le vendeur est
contrefacteur, mais pas l'acheteur, sauf pour celui-ci, à se rendre
coupable de contrefaçon par usage du produit breveté.
L’utilisation du produit :
En outre, l'usage industriel de l'objet contrefait est une contrefaçon, et
celui qui est trouvé possesseur d'un objet contrefait acheté dans le but
de faire commerce de ses produits, est passible des peines de la
contrefaçon s'il a acheté ce produit en connaissant qu'il était contrefait.
L’usage industriel se fonde sur la connaissance de l'origine de l'objet.
En effet, quand l'achat a été fait pour être employé dans une entreprise
industrielle et commerciale, comme, d'une part, la destination et
l'application sont un indice flagrant que l'origine illicite de la chose
aurait été révélée à l'acheteur soigneux et vigilant, comme, d'autre
part, l'acquisition établit une concurrence préjudiciable au détriment
du breveté, l'acquéreur est assimilé au contrefacteur, et la détention
constitue à sa charge un véritable recel

II :L’action en contrefaçon du brevet


d’invention :

La délivrance du brevet permet à son titulaire de se défendre contre la


contrefaçon qu'elle soit par fabrication, importation,
commercialisation ou par n’importe quel acte prohibé par la loi. En
effet, en cas d'atteinte à ses droits, le titulaire du brevet d'invention a le
plein droit de saisir les tribunaux, qui apprécieront la réalité de la
contrefaçon, afin de rétablir ses droits et de sanctionner le
contrefacteur.
La contrefaçon est sanctionnée en Tunisie par les articles 82 et suivant
de la loi n° 2000-84 du 24 août 2000 relative aux brevets d'invention,
inclus dans le chapitre XII sous le titre « de la contrefaçon et des
sanctions » ; l'article 82 prévoit dans son alinéa premier que : « toute
atteinte portée aux droits du titulaire du brevet, tels que définis à
l'article 46 de la présente loi, constitue un délit de contrefaçon ».
Il ajoute dans son alinéa 2 que : « la contrefaçon engage la
responsabilité civile et pénale de son auteur ».
La loi sur les brevets a encadré donc le déroulement de l'action en
contrefaçon (partie 1) ainsi que les effets qui en découlent (partie2).

A : Le déroulement de l'action en contrefaçon :

La propriété dont l'action en contrefaçon assure la protection est


immatérielle, tout intellectuellement dessinée, ce qui laisse penser que
cette action est dotée d'un régime spécifique quant aux conditions de
son exercice (section 1) et quant aux caractéristiques de sa preuve
(section 2).

1 : les conditions de l’exercice de l’action en contrefaçon

En cas de litige, seul le tribunal sera compétent pour décider de la


validité du brevet et de sa contrefaçon
Le délit de contrefaçon, comme tout autre délit, déclenche une action
publique dont le but principal est d'appliquer les peines prévues par la
loi conformément à l'article premier du code des procédures pénales.
Et pour l’exercice de l’action en contrefaçon, il faut respecter les
conditions de cet exercice : il faut savoir la titularité de l’action de
contrefaçon (paragraphe 1) et les modalités de l’exercice de cette
action (paragraphe 2)

La titularité de l’action de contrefaçon :

La question de la titularité de l'action en contrefaçon est primordiale


dans le contentieux de la contrefaçon, il s'agit là de la problématique
de la qualité à agir ; de savoir quels sont ceux qui auront la possibilité
de se présenter effectivement devant les juridictions pour défendre
leurs droits sur les brevets d'invention. Il est par conséquent nécessaire
de connaitre les différents titulaires pouvant engager l'action en
contrefaçon.
Certains sont à qualifier de naturels, et ils se trouvent également des
titulaires à identifier comme rapportés.

En ce qui concerne les titulaires naturels,

L'article 84 de la loi de 2000 relative aux brevets d'invention a posé,


d'abord, dans son alinéa premier, le principe selon lequel « l'action en
contrefaçon est exercée par le titulaire du brevet ou de la demande de
brevet ».
Ce principe général se concentre sur l'idée que c'est le propriétaire du
bien protégé par le droit de la propriété intellectuelle qui peut engager
l'action en contrefaçon devant la juridiction pour la défense de ses
prérogatives.
En matière de marque c’est l’alinéa premier de l’article 48 de la loi
2001-36 du 17 avril 2001 relative à la protection des marques de
fabrique, de service et de commerce. Enonce « L'action civile en
contrefaçon est engagée par le propriétaire de la marque ».
L'action en contrefaçon relève donc des prérogatives naturelles du
propriétaire, cette procédure sera engagée en cas d’atteinte
contrefaisante, ou tout du moins supposée comme telle par ce
propriétaire. Cette titularité de l'action revient logiquement à celui a
l'origine du bien protégé à savoir le créateur ou l'inventeur.
L'inventeur est l'illustration typique du titulaire naturel, il revient à lui
seul, donc, d'agir en contrefaçon pour la réparation de son préjudice.
Cependant, l’invention peut être sujet d'une copropriété.

De même, l'article L 613-29 b du code de la propriété intellectuelle


français a donné cette prérogative au copropriétaire du brevet à
condition, aussi, de le notifier aux autres copropriétaires.

On a aussi les titulaires rapportés

Les biens protégés par le droit de la propriété intellectuelle ont une


importance économique toujours notable, les enjeux patrimoniaux y
sont importants car de multiples acteurs gravitent autour de ceux-ci et
profitent des fruits pouvant ici être produits, cela est vrai en matière de
brevets d'inventions. C'est donc d'autres tiers intéressés en plus du seul
propriétaire du brevet qui doivent pouvoir être en mesure de faire
sanctionner les atteintes patrimoniales qui entraveront l'exploitation
normale du titre

C'est pour cette raison que l'article 84 de la loi de 2000, dans les
alinéas 3 et 4, a donné la faculté d'agir en contrefaçon au titulaire
d'une licence contractuelle exclusive, d'une licence obligatoire et d'une
licence d'office. En ses termes : « Le titulaire d'une licence
contractuelle exclusive peut, sauf stipulations contraires dans le
contrat, exercer l'action en contrefaçon si, après mise en demeure, le
titulaire du brevet n'exerce pas cette action. Le titulaire d'une licence
obligatoire ou d'une licence d'office peut exercer l'action en
contrefaçon, si après mise en demeure, le titulaire du brevet n'exerce
pas cette action ».
Les "titulaires rapportés" sont les personnes qui ne sont pas titulaires
du brevet, mais qui peuvent néanmoins engager une action en
contrefaçon.
L'article L. 615-3 du Code de la propriété intellectuelle prévoit que
"l'action civile en contrefaçon est exercée par le titulaire du droit ou
son ayant cause". Cependant, ce texte prévoit également une exception
à ce principe :
"L'action peut être exercée par une personne qui, sans être titulaire du
droit, a subi un préjudice du fait de la contrefaçon."
Cette exception est prévue pour protéger les intérêts des personnes
qui, sans être titulaires du brevet, ont néanmoins subi un préjudice du
fait de la contrefaçon.
Les titulaires rapportés peuvent être des personnes morales ou
physiques. Ils peuvent être des concurrents du titulaire du brevet, des
distributeurs ou des utilisateurs du brevet.
Pour pouvoir engager une action en contrefaçon, les titulaires
rapportés doivent démontrer qu'ils ont subi un préjudice du fait de la
contrefaçon. Ce préjudice peut être matériel ou moral.
Le préjudice matériel peut être constitué par une perte de chiffre
d'affaires, une perte de clientèle ou une atteinte à la réputation.
Le préjudice moral peut être constitué par un trouble commercial, une
atteinte à la renommée ou un préjudice d'image.
La preuve du préjudice peut être apportée par tous moyens, tels que
des documents comptables, des témoignages ou des expertises.
Ayant déterminé la titularité de l’action en contrefaçon, il est essentiel
de passer aux modalités de l’exercice de l’action en contrefaçon.

Les modalités de l’exercice de l’action en contrefaçon


Il s’agit de principes directeurs de toute action en justice. Il faut
s’adresser à la juridiction compétente en premier lieu (1)
Et encore, il faut que l’atteinte aux droits du demandeur ne soit pas
prescrite. (2)

On va voir donc en premier lieu la compétence juridictionnelle :

Dans le droit tunisien des brevets, la compétence d'attribution et la


compétence territoriale en ce qui concerne les actions en contrefaçon
sont soumises aux règles générales des procédures.
En d'autres termes, la loi n° 2000-84 du 24 août 2000 relative aux
brevets d'invention n'a pas exigé une formalité spécifique aux actions
en contrefaçon de brevets quant à la compétence juridictionnelle, et
ce, contrairement à la législation française qui attribue l'ensemble du
contentieux des brevets à certains tribunaux de grande instance
déterminés par voie réglementaire afin de répondre à la nécessite de
spécialisation.
Cependant, dans le système judiciaire français, les magistrats des
tribunaux de grande instance compétents en matière de brevets d cas
des Cours d'appel sont surcharges de toutes sortes de litiges touchant
de nombreuses branches du droit, notamment la propriété
intellectuelle et le domaine particulièrement ardu du droit des brevets.
Afin d'alléger la tâche de ces juridictions et de faciliter une réduction
de la durée des procédures, il avait autrefois été proposé un
échevinage des tribunaux et Cours d'appel, en leur adjoignant des
juges techniciens.
Mais cette disposition a été à écarter et le législateur de la loi du 26
novembre 1990 a simplement prévu la faculté du recours à des
consultants, sur l'efficacité desquels il est permis de formuler des
réserves.
La compétence juridictionnelle en matière de contrefaçon de brevet est
régie par le droit français, mais également par des conventions
internationales.

En droit français, la compétence juridictionnelle est fixée par l'article


L. 615-15 du Code de la propriété intellectuelle, qui dispose que :

"L'action en contrefaçon est portée devant le tribunal de grande


instance dans le ressort duquel le contrefacteur a son domicile, son
siège social ou un établissement. Si le contrefacteur n'a pas de
domicile, de siège social ou d'établissement en France, l'action est
portée devant le tribunal de grande instance dans le ressort duquel le
brevet est exploité.

La compétence juridictionnelle peut également être fixée par des


conventions internationales :
Par exemple, la Convention de Bruxelles du 27 septembre 1968,
relative à la compétence judiciaire et à l'exécution des décisions en
matière civile et commerciale, prévoit que l'action en contrefaçon peut
être portée devant le tribunal du lieu où le fait dommageable a eu lieu
ou est susceptible d'avoir eu lieu.

En cas de contrefaçon transfrontalière, il est donc possible que l'action


soit portée devant plusieurs juridictions compétentes. Dans ce cas, il
convient de se référer aux règles de compétence juridictionnelle
prévues par le droit international privé.

La prescription de l’action en contrefaçon :


Le lexique des termes juridiques Dalloz définit la prescription comme
étant la « consolidation d'une situation par l'écoulement d'un certain
délai »
Le principe de l'existence de la prescription au sein d'un système
juridique relève d'une approche philosophique qui se traduit en
pratique par un « droit à l'oubli » permettant de stabiliser un état de
fait pour céder la place à une certaine évolution.
La problématique de la prescription est tout à fait essentielle à la
maitrise du contentieux de la contrefaçon sur le plan pénal ou sur le
plan civil. La question qui se pose lorsqu'il s'agit d'un délai de
prescription, c'est celle du point de départ de ce délai.

2: La preuve de la contrefaçon
L’élément probatoire est bien souvent au contre de tout procès, car
toute demande portée devant une juridiction doit être appuyée sur
une preuve permettant donc d'en justifier.
C'est un principe fondamental de toute procédure et notamment
dans le cadre du procès civil où les principes généraux directeurs de
la preuve sont donnés aux articles 420 à 512 du code des obligations
et des contrats.
En matière de contentieux de la contrefaçon, la preuve à présenter
obéit a ces principes généraux, mais des spécificités apparaissent
également, telle que l'adaptation d'un préalable probatoire qui est la
saisie-contrefaçon représentant le moyen de preuve le plus adéquat
dans une action en contrefaçon.
Il est alors nécessaire de traiter ce moyen (paragraphe 2), mais ceci
ne serait possible qu'après l'étude de la charge de preuve
(paragraphe 1).
1 : La charge de preuve de la contrefaçon
La preuve se définit au sens large comme étant l'ensemble des
éléments permettant l'établissement de la réalité d'un fait ou de
l'existence d'un acte juridique.
Le premier élément en caractérisant la mise en œuvre est
logiquement de connaitre celui qui doit apporter ces éléments, c'est-
à-dire la charge de la preuve.
C'est au demandeur à l'action de prouver la réalité de la contrefaçon
(: droit commun). Sauf dans une hypothèse : pour la preuve de la
contrefaçon d'un brevet de procédé d'obtention d'un produit. Dans
cette hypothèse il est quasiment impossible pour le titulaire de
prouver de lui-même que le tiers que l'on poursuit a effectivement
obtenu le produit prétendument contrefaisant par l'utilisation de son
procédé breveté.
Par conséquent, il y a une possibilité pour la juridiction de renverser
la charge de la preuve. Le tribunal peut ordonner au défendeur de
prouver que le procédé utilisé pour obtenir le produit est différent du
procédé breveté. Si le défendeur n'arrive pas à apporter cette
preuve, alors tout produit fabriqué sans le consentement du titulaire
sera présumé obtenu par le procédé breveté dans deux cas :
 Si le produit obtenu par le procédé breveté est nouveau
 Si la probabilité est grande qui le produit identique a été obtenu
pas le procédé breveté alors que le titulaire du brevet n'a pas
pu en dépit d'efforts raisonnables déterminer quel procédé a
été utilisé.

2 : Le préalable probatoire : la saisie-contrefaçon


La preuve de la contrefaçon est indubitablement la problématique
majeure à laquelle doit répondre le demandeur de l'action en
contrefaçon.
La constitution de cette preuve doit permettre d'affirmer, bien
évidemment, l'effectivité de la violation du droit de propriété
intellectuelle.
La loi de 2000 relative eux brevets d'invention a donné au demandeur
la possibilité de faire la preuve de la contrefaçon par tout moyen, elle
lui a offert aussi un autre moyen de preuve original et spécifique qui
est la saisie-contrefaçon.
Il s'agit en fait, d'une « procédure exceptionnelle permettant au
breveté, avant tout procès contradictoire, de pénétrer chez autrui sans
son assentiment, afin d'y procéder à des investigations, des
constatations, voire des saisies réelles tendant à apporter la preuve
d'une contrefaçon alléguée »
Un puissant moyen de preuve, la saisie-contrefaçon doit obéir à un
nombre de conditions pour pouvoir aboutir au résultat qu'elle vise. Il
est opportun donc d'étudier la mise en œuvre de cette procédure et
l'atténuation de sa rigueur.
 La mise en œuvre de la saisie-contrefaçon
L'article 86 de la loi de 2000 précise qu'une saisie contrefaçon peut
être demandée par toute personne ayant la qualité à agir en
contrefaçon. Récemment, le tribunal de grande instance de Paris a
estimé que le fait que le brevet en question fasse l'objet d'un litige
concernant sa titularité n'empêche pas le titulaire actuel de demander
une saisie-contrefaçon
Lors de la saisie, il est possible donc, pour l'huissier de se faire assister
d'un expert pour l'aider à appréhender les aspects techniques propres
aux brevets. Le législateur tunisien dans la version française de la loi
de 2000 n°a pas précisé à qui revient la désignation de l'expert, alors
que la version arabe de ladite loi a donné cette tâche au juge
compétent
La saisie-contrefaçon, permettant de constater l'origine, la consistance
et étendue de la contrefaçon, peut prendre la forme d'une description
détaillée des objets argués de contrefaçon ou encore d'une saisie réelle
de ces objets.
 La rigueur atténuée de la saisie-contrefaçon
Ta saisie-contrefaçon est une procédure qui joue en faveur de la partie
Saisissante et consacre par la suite une position d'infériorité à la partie
parie. Pour autant, la loi de 2000 relative aux brevets d'invention a
essayé de protéger le présumé contrefacteur et de préserver ses
intérêts.
D'une part, le troisième alinéa de l'article 86 de la loi susvisée prévoit
que « lorsqu’il y a lieu à saisie réelle, l'ordonnance peut imposer au
requérant un cautionnement qu'il sera tenu de consigner avant de
procéder à ladite saisie ».
D'autre part, le quatrième alinéa du même article dispose qu' « à peine
de nullité de la saisie et de dommages-intérêts contre l'huissier, celui-
ci doit, avant de procéder à la saisie, donner copie de l'ordonnance aux
détenteurs des objets saisis ou décrits et, le cas échéant, de l'acte
constatant le dépôt de cautionnement. Une copie du procès-verbal de
saisie doit de même leur être remise ».
Cette exigence préalable aux opérations de saisie peut diminuer
l'efficacité de la procédure en laissant un temps de réaction à la partie
saisie.
Aussi est-il fréquent en pratique de constater le défaut de remise
préalable de la copie de l'ordonnance par rapport aux opérations de
saisie.

B : Les effets de l’action en contrefaçon

Une fois les violations des droits du breveté ont été établies, lors du
procés relatif à cette question, il doit alors dire prononcé une
sanction.
Le dénouement de l'action en contrefaçon se manifeste soit par la
considération de l'absence d'actes de contrefaçon, soit par la
condamnation du contrefacteur et la réparation des préjudices de la
partie lésée.
Une fois la contrefaçon est confirmée, le contrefacteur s'expose à des
sanctions sévères sur le plan civil et sur le plan pénal.

1 Les mesures d'ordre civil


Diverses mesures définitives peuvent être prises par le tribunal saisi
d'une action en contrefaçon. La réparation des dommages et intérêts
est la mesure répressive par excellence dans un procès civil, d'autres
mesures peuvent être prononcées non pour leur aspect répressif
mais plutôt préventif.

La mesure répressive : la réparation des dommages et intérêts


La finalité que cherche le demandeur par l'exercice d'une action en
contrefaçon est le rétablissement de son monopole ainsi que la
réparation du dommage qu'il a subi à cause des actes contrefaisants.
Le contrefacteur se trouve face à une sanction civile suivant la règle
générale de l'article 82 du code des obligations et des contrats.
La réparation du préjudice causé par la contrefaçon passe alors par
l'allocation des dommages et intérêts, et ce conformément à la règle
traditionnelle du droit commun de la responsabilité civile,
L'article 107 du code des obligations et des contrats prévoit que : «
les dommages, dans le cas de délits et de quasi-délits, sont la perte
effective éprouvée par le demandeur, les dépenses nécessaires qu'il a
dues ou devait faire afin de réparer les suites de l'acte commis à son
préjudice ainsi que les gains dont il est privé dans la mesure normale
en conséquence de cet acte. Le tribunal devra d'ailleurs évaluer
différemment les dommages, selon qu'il s'agit de la faute du débiteur
ou de son dol ».
Les mesures préventives
Même si une réparation équitable des dommages et intérêts conduit
généralement à rétablir les droits du breveté, il faut aussi se soucier
de prévenir la récidive afin de maintenir lesdits droits.
Cependant, la loi n° 2000-84 du 24 août 2000 relative aux brevets
d'invention a négligé toute mesure préventive, alors que de telles
mesures étaient jadis consacrées par le décret beylical du 26
décembre 1888.
Ces mesures préventives étaient d'après l'article 40 du décret de
1888, la confiscation des objets contrefaits et la publication de la
décision de condamnation3I. La cour d'appel de Tunis dans son arrêt
n° 19251 du 24 mai 1995 s'est basée sur ce texte pour prononcer les
mesures préventives susvisées

2 : Les mesures d'ordre pénal


Le droit pénal est l'outil de la répression, le législateur de la loi de
2000 relative aux brevets d'invention a considéré que la contrefaçon
est constitutive d'un délit et il a fixé une sanction pour tout
contrefacteur, la sanction peut toucher aussi autres personnes dans
le cadre d'une répression spéciale.
L'action pénale permet de déclencher une enquête, mais également
d’obtenir la condamnation du contrefacteur à une peine d'amende
et/ou de prison. Malgré une préférence nette pour l'action civile en
cette matière, certaines entreprises agissent systématiquement au
pénal, car elles considèrent que la sanction pénale est plus dissuasive
pour les contrefacteurs.
La répression du contrefacteur :
Les actes de contrefaçon constituent une infraction délictuelle, la loi
relative aux brevets d'invention offre, en effet, cette particularité
d'une double qualification de la commission de ceux-ci en ouvrant la
possibilité de les poursuivre tant par la voie civile, que par la voie
pénale. Le crois de la voie répressive engage à ce que soient
prononcées des sanctions propres à la matière pénale répondant
alors au principe fondamental de légalité des délits et des
Peines.
D'ailleurs, l'article 83 de la loi susvisée a fixé, dans son alinéa premier,
la sanction pénale de la contrefaçon en prévoyant que : « sous
réserve des peines prévues par des textes spéciaux, le délit de
contrefaçon est puni d'une amende de 5000 à 50 000 dinars ». Le
législateur se contente à ce niveau de l'amende comme la sanction
adéquate face à un acte de contrefaçon vue l'aspect économique que
revêtit ce type d'actes.
Néanmoins que le second alinéa du même article ajoute une peine
privative de liberté à l'encontre du récidiviste. En ses termes, « en cas
de récidive, un emprisonnement d’un à six mois peut être prononcé
outre l'amende qui est portée au double ».
En droit comparé, l'article L.615-14 du code de la propriété
intellectuelle français sanctionne pénalement la contrefaçon d'une
amende pouvant aller jusqu'à 300000 euros et d'une peine pouvant
aller jusqu'à 3 ans d'emprisonnement.
En plus du renforcement de la sanction, dans le cas de récidive où
elle peut être doublée, la législation française a renforcé la sanction
dans le cas d'un licencié en prévoyant que : « si le délinquant est ou a
été lié par convention avec la partie lésée, les peines encourues sont
portées au double ». La sanction peut être, en outre, augmentée
dans certains autres cas lorsque la contrefaçon est jugée dangereuse
pour la santé, ou elle a été effectuée sur internet, ou si elle a été
effectuée en bande organisée.
La répression spéciale :
A l'occasion d'une action en contrefaçon exercée devant le juge
pénal, le demandeur peut être sanctionné s'il porte atteinte aux
dispositions de la législation sur les brevets.
D'ailleurs, l'article 90 de la loi de 2000 relative aux brevets
d'invention prévoit qu'« est puni d'une amende de 1000 à 5000
dinars quiconque se prévaut indûment de la qualité de titulaire d'une
demande de brevet ou d'un brevet », et qu' « en cas de récidive,
l'amende est portée au double ».
Cet article précise le type d'actes à cause duquel le demandeur d'une
action en contrefaçon serait sanctionné. Il s'agit de la fausse
prétention de la titularité d'un brevet d'invention ou de la demande
de brevet. La sanction adéquate à ce délit est l'amende qui peut aller
jusqu'à 5000 dinars et qui serait doublée en cas de récidive.
Cette règle est la même prévue par l'article L.615-12 du code de la
propriété intellectuelle français qui incrimine ce qu'il appelle le délit
d'usurpation de la qualité de propriétaire d'un brevet ou d'une
demande de brevet et le punit d'une amende.

Bien que la pratique juridique montre que les actions au pénal sont
assez rares dans les litiges relatifs au domaine de la propriété
intellectuelle, il n'en existe pas moins un droit pénal spécifique de la
contrefaçon de biens immatériels.
Conclusion générale
Le brevet d'invention, un support fondamental de l'innovation et de la
compétitivité, confère à son titulaire un droit exclusif d'exploitation
permettant d'empêcher les tiers d'exploiter l'invention brevetée sans
autorisation
De ce fait, la portée des droits exclusifs opposables est soigneusement
délimitée en droit tunisien afin de concilier comme il faut les intérêts
légitimes des titulaires de droit et ceux des tiers qui peuvent être
empêchés d'utiliser l'invention pendant une durée limitée.
Toute atteinte au monopole d'exploitation d'un brevet d'invention dont
un titulaire est propriétaire est considérée comme un acte de
contrefaçon. Dès lors qu'un tel acte se produit, une action devant les
tribunaux est donc à envisager afin qu'une sanction soit prononcée
L'action en contrefaçon engage la responsabilité civile et pénale de
son auteur et permet au breveté d'obtenir la sanction des actes
d'exploitation qu'il n'a pas autorisés. La lutte contre la contrefaçon est
donc un enjeu de société, le législateur cherche à y apporter la réponse
la plus efficace possible en donnant une option de juridiction à la
partie lésée qui peut choisir entre la voie civile et la voie pénale
La contrefaçon est un phénomène de dimension internationale qui
constitue aujourd'hui plus qu'hier un véritable fléau. Sur le plan
national, la création d'un pôle spécialisé en propriété intellectuelle est
une nécessité. Elle permettrait d'améliorer l'efficacité et la rapidité du
contentieux, tout en favorisant la prise en compte des enjeux
économiques majeurs liés à la défense des droits des brevets. Sans ce
signal fort, les brevetés continueront, pour leur majorité, de penser que
le législateur tunisien ne les favorise guère. L'attractivité et pérennité
du contentieux des brevets en dépendent.

Bibliographie
En langue française :
Les ouvrages
• P. BRUNOT, La contrefaçon, Que sais-je, imprimerie des presses
universitaires de France, Paris, 1986
• J. FOYER et M. VIVANT, Le droit des brevets, THEMIS, collection
dirigée par M. DUVERGER, Presses universitaires de France, Paris,
1991.
• F. de VISSCHER, « Brevets et savoir-faire »
• L. NOUGUIER, Des brevets d'invention et de la contrefaçon, 1856,
disponible sur le site de la bibliothèque nationale de France (BnF
Gallica): https://www.bnf.fr/fr
Les articles
• CH. LATULIPPE, « Contrefaçon et validité d'un brevet concurrence
déloyale : commentaire sur l'affaire M.K plastics corporation c.
Plasticair », Les Cahiers de propriété intellectuelle, volume 20, nº 1,
janvier 2008, éditions Yvon Balais, disponible sur le site :
https://www.lescpi.ca/articles/v20/n1/contrefacon-et- validite-dun-
brevet-concurrence-deloyale-commentaire-sur-laffaire- m-k-plastics-
corporation-c-plasticair-inc/
Thèses et mémoires
• M. MESSAI, La protection des brevets d'invention, Mémoire pour
l'obtention du diplôme d'études approfondies en droit des affaires.
sous la direction de S. JERBI, Faculté de droit de Sfax, année
universitaire, 2002-2003.

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