La-contrefaçon-des-brevets-deuxieme-copie
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Sommaire :
Problématique : quel est l’encadrement juridique de la
contrefaçon des brevets d’invention ?
3
CH. LATULIPPE, contrefaçon et validité d'un brevet - concurrence déloyale: commentaire sur l'affaire M.K
plastics corporation c. Plasticair, Les Cahiers de propriété intellectuelle, volume 20, nº 1, janvier 2008, éditions
Yvon Balais, p. 208, voir https:// www.lescpi.ca/ articles/ v20/ n1/ contrefaçon- et- validité- dun- brevet-
concurrence- déloyale- commentaire- sur- l’affaire- m- k- plastics- corporation- c- plasticair- inc/.
De façon générale, on appelle contrefaçon l'atteinte portée aux droits
du créateur sur son invention, de l'écrivain sur son écrit, du musicien
sur sa composition, de l'artiste sur sa sculpture, sa peinture ou son
dessin. Il peut également s'agir d'atteinte aux droits de celui qui
possède une enseigne, un nom, une marque, un emblème. La
contrefaçon est une reproduction servile, ou quasi servile, appréciée de
façon objective, alors que l'imitation constitue une reproduction
approximative, créant un risque de confusion apprécié de façon
subjective par un consommateur d'attention moyenne qui n'a pas
simultanément sous les yeux des deux produits en conflit4.
Etant un délit spécifique qui a pour objet les droits sur le brevet
d'invention, la contrefaçon de brevet se présente comme une atteinte
singulière qui se distingue de toute autre atteinte dont un brevet
pourrait faire l'objet.
Dans ce contexte, quelque chose d'important doit être clarifié, ne parle
de contrefaçon que dans le cas d’atteints de « copies » à des droits de
propriété intellectuelle, d’autres atteints existent en dehors de la
contrefaçon (concurrence déloyale, dénigrement…) mais sont
sanctionnées par d’autres voies.
5
F. de VISSCHER, « Brevets et savoir-faire », Rép. not., tome II – Les biens, livre 5, Bruxelles, Larcier, 2012, p.
procédé de fabrication ou d'organisation qui apporte quelque chose de
nouveau ou de différent.
Le brevet d'invention se diffère d'abord de la marque qui est un signe
visible permettant de distinguer les produits offerts à la vente ou les
services rendus par une personne physique ou morale. Ensuite, il est
différent des dessins et modèles industriels qui couvrent tout « dessin
nouveau, toute forme plastique nouvelle, tout produit industriel qui se
différencie de ses similaires, sait par une configuration distincte et
reconnaissable lui conférant un caractère de nouveauté, soit par un ou
plusieurs effets extérieurs lui donnant une physionomie propre et
nouvelle". Enfin, un brevet d'invention n'a pas la même finalité qu'un
droit d'auteur dans le sens que ce dernier « couvre toute œuvre
originale littéraire, scientifique ou artistique quels qu'en soient la
valeur, la destination, le mode ou la forme d'expression, ainsi que sur
le titre de l'œuvres »6
La première image d'un droit sur les créations nouvelles a vu le jour à
Sybaris, six siècles avant Jésus-Christ. Cette cité accordait un droit
exclusif d'exploitation à l'inventeur d'une nouvelle spécialité
gastronomique selon lequel << si quelque traiteur ou chef de cuisine
inventait un plat d'une qualité exceptionnelle, tel était son privilège,
nul autre que lui-même ne pouvait en adopter l'usage avant une année
afin que le premier à inventer un plat puisse seul posséder le droit de
le réaliser pendant cette période, de manière à encourager les autres à
exceller par de telles inventions dans une vive compétition » 7. Cette
règle s'éteignit avec la ville qui l'avait conçue
7
J. FOYER et M. VIVANT, Le droit des brevets, THEMIS, collection dirigée par M. DUVERGER, Presses
universitaires de France, Paris, 1991, p. 5
cas échéant les accuser de contrefaçon. Ceci s'est manifesté par la
signature de plusieurs accords.
D'ailleurs, l'Accord de libre-échange entre les Etats de l'association
européenne de libre-échange (A.E.L.E.) et la République tunisienne
signé le 17 décembre 2004 cite, parmi ses objectifs, dans son article
premier, qu'il tient à garantir une protection adéquate et efficace des
droits de propriété intellectuelle. Cet accord dispose dans son article
23 sous le titre protection de la propriété intellectuelle que les Parties
accordent et assurent une protection adéquate, effective et non
discriminatoire des droits de propriété intellectuelle, y compris en
prévoyant des mesures pour faire respecter ces droits en cas
d'infractions, de contrefaçon et de piraterie…
Généralement en Tunisie et dans la plupart des pays arabes, les
normes juridiques en matière de propriété industrielle, et plus
précisément en matière de brevets d'inventions, sont similaires et elles
tirent leur fondement des législations étrangères, plus précisément de
la législation française8
La contrefaçon de brevet est sanctionnée par le droit tunisien . Ainsi
Malgré que les décisions des tribunaux tunisiens en matière de
contrefaçon des brevets d'invention sont rares au contraire de la
jurisprudence française qui est abondante en cette matière vu le
progrès scientifique et technologique qui est plus important en France,
la lutte contre la contrefaçon se poursuit en Tunisie.
Donc, Le texte législatif est important pour protéger les droits de
propriété intellectuelle généralement et dans le cadre de la lutte contre
la contrefaçon. Cependant, le rôle du pouvoir judiciaire est également
essentiel pour garantir l'application effective de droits d’inventeur.
Un pouvoir judiciaire compétent et impartial est en mesure de faire
respecter les droits de propriété intellectuelle, même en l'absence d'un
texte législatif spécifique. En effet, le pouvoir judiciaire peut
8
La contrefaçon des brevet d’invention, Mémoire du mastère en droit privé, Maissa Ben Salem ,Rabaa Hadrich
Ellouze, faculté de droit de Sfax
s'appuyer sur les principes généraux du droit civil et les règles de
justice pour protéger ces droits.
Dans ce contexte on peut poser la question suivante : Quel est le
régime juridique de la contrefaçon des brevets d'invention ?
La contrefaçon a de nombreux concepts voisins qui conduisent à une
confusion dans sa compréhension, en particulier parce que pas tout
"appariement" est considéré comme une contrefaçon. Compte tenu des
effets importants que cet acte entraîne, c’est pourquoi dans cette étude,
nous aborderons le concept du crime de contrefaçon (première
chapitre) et puis sa action (deuxième chapitre)
I- La détermination du délit de
contrefaçon des brevets d’invention :
9
J. FOYER et M. VIVANT, op. cit., p. 292
L'acte de fabrication peut prendre plusieurs formes tel que, par
exemple, un simple montage des pièces qui constituent le produit en
cause10. En revanche, la fabrication ne couvre pas la réparation du
produit, sauf, si elle équivaut à une reconstruction, c'est-à-dire à une
nouvelle fabrication11. En d'autres termes, de simples actes de
réparation sont admis à condition qu'ils n'aboutissent pas à la
reconstruction complète de l'objet breveté ou même de l'un de ses
éléments12
Récemment, la Cour d'appel de Sfax dans son arrêt n° 55473 du 14
avril 2016, a admis que la contrefaçon par fabrication d'une machine
breveté ne couvre pas la simple reproduction des caractéristiques de
forme extérieure de cette machine qui est, en fait, protégée par la loi
relative aux dessins et modèles industriels. En effet, le brevet protège
l'aspect technique du produit et non pas sa forme extérieure. La Cour
de cassation dans son arrêt n° 41528 du 15 juin 2017 a confirmé la
décision de la Cour d'appel.
L'importation du produit :
L'importation d'un produit breveté est considérée aussi comme un acte
de contrefaçon. Son interdiction « est, en réalité, une atténuation des
effets néfastes de la territorialité des brevets. En effet, le produit objet
d'un brevet tunisien peut être fabriqué licitement dans n'importe quel
pays où ledit produit n'est pas protégé. De ce fait, il est logique de
permettre au breveté d'interdire l'importation des objets ainsi fabriqués
pour préserver ses droits sur l'aire d'efficacité de son titre13, Selon
l'article 46 a) de la loi n° 2000-84 du 24 août 2000 relative aux brevets
d'invention ce type d'actes est interdit aux tiers sans le consentement
du titulaire du brevet ou de ses ayants droits.
10
4A. CHEVANNE et J. AZEMA, note sous tribunal de grande instance de Paris, jugement du 16 janvier 1989,
R.T.D, commerciale, 1990, nº 3, p. 381
11
F. POLLAUD-DULIAN, Droit de la propriété industrielle, Montchrestien, Paris, 1999, n°682, p. 287
12
« La solution n'est pas de pure équité mais paraît bien satisfaire la logique du droit des brevets qui offre au
breveté un monopole économique qui serait entamé si une véritable reconstitution pouvait venir remplacer un
nouvel achat du produit sous brevet dont on sait que la mise sur le marché constitue la rémunération même du
breveté ». J. FOYER et M. VIVANT, op. cit., p. 294
13
M. MESSAI, op. cit., p. 106
En effet, l'article 91 et suivants de la loi de 2000 inclus dans le
chapitre XIII intitulé « des mesures à la frontière », donne au
propriétaire du brevet et à ses ayants droits la possibilité de réclamer
la suspension du dédouanement à l'importation des produits présumés
contrefaits.
La loi de 2000 relative aux brevets d'invention se limite à l'importation
comme étant un acte de contrefaçon indépendant, et elle n'a mentionné
ni l'exportation, ni le transbordement de produits contrefaits. En outre,
elle a prohibé une autre catégorie d'actes, ce sont les actes accomplis
pour un but commercial
2- Les actes prohibés pour leur but commercial :
En raison de leur finalité commerciale, la loi n° 2000-84 du 24 août
2000, relative aux brevets d'invention interdit l'offre, la mise dans le
commerce et l'utilisation d'un produit breveté. Au contraire des actes
de fabrication et d'importation, l'offre, la mise dans le commerce et
l'utilisation du produit objet d'un brevet d'invention ne sont interdites
et ne constitueront un acte de contrefaçon que si elles sont étroitement
liées au commerce
L'article 82 de la loi de 2000 exige la connaissance de cause pour ces
actes. La responsabilité des contrefacteurs, dans ce cas, n'est engagée
que lorsqu'ils agissent en connaissance de cause. Ces contrefacteurs
sont, en effet excusables dans la mesure où ils peuvent ignorer la
contrefaçon, parfois même ils peuvent n'avoir pas le moyen de la
connaître.
L’offre de produit et sa mise dans le commerce :
En effet, deux notions homologues, l'offre et la mise dans le
commerce d'un produit, paraissent, pour une bonne part << redondants
» la mise dans le commerce est d'un sens plus large et elle englobe
l'offre. Il faut détailler ces deux notions.
D'une part, l'offre, selon dictionnaire LAROUSSE, est l'action de
proposer, d'offrir quelque chose ; ce qui est offert correspond à une
quantité d'un bien ou d'un service qui peut être proposé sur le marché
à un prix donné. La même référence ajoute que l'offre est l'acte
consistant à proposer à une autre personne la conclusion d'un contrat ;
objet de la proposition ainsi faite". Cet acte nécessite une intention
dirigée vers la mise du produit dans le commerce et il implique le fait
d'essayer de vendre ce produit. Pour faire preuve à une contrefaçon, il
suffit de prouver que le présumé contrefacteur a offert le produit
breveté pour le vendre et qu'il a recouru, à ce propos, à la publicité par
exemple.
En tant que méthode de communication moderne". D'ailleurs, l'offre
peut prendre la forme de brochures publicitaires distribuées au public
avec une description détaillée du produit. Elle peut prendre aussi la
forme d'une distribution d'échantillons du produit destiné à la vente"
D'autre part, la mise dans le commerce peut être considérée comme le
terme générique qui couvre toute opération tendant à atteindre le
marché y compris l'offre du produit. Autrement dit, l'interdiction de
mettre un produit breveté dans le commerce, sans l'autorisation du
titulaire du brevet ou de ses ayants droits, s'étend à toute opération
tendant à mettre un produit contrefaisant en circulation. L'article 46 a)
de la loi de 2000 est entendu très largement
Cette opération matérielle traduite par la circulation du produit breveté
comprend toutes les opérations préalables à la mise dans le commerce,
de vente ou de publicité. Citons à titre d'exemple, la diffusion dans le
territoire national d'un catalogue vantant un objet contrefait, et bien
entendue toute autre forme de publicité. La doctrine, vers la fin du
XX°, a considéré que « dès lors que des objets contrefaits étaient
disposés à la devanture d'un magasin, ou dans un lieu d'accès libre au
public, la répression pouvait être engagée. Mais, sous la répression des
nécessités du commerce moderne, on s'était demandé si l'on pouvait
retenir le délit d'exposition lorsque l'offre au public revêtait des formes
plus élaborées, par le biais d'annonces, par voie d'affiches, par l'envoi
de catalogue, par les formes modernes de la publicité ». La mise dans
le commerce comprend aussi tout acte commercial à but lucratif tels
que la vente, la location, le leasing. L’échange et tout autre type
d'actes d'introduction du produit dans le cycle économique et
commercial.
Il faut noter que, il est vrai que la loi de 2000 relative aux brevets
d'inventions n'a pas cité l'exportation comme étant un acte de
contrefaçon autonome, mais cela ne suffit point pour exclure
l'exportation du champ de la contrefaçon puisqu'elle représente un acte
de commercialisation qui est explicitement prohibé en droit tunisien.
Il reste à souligner qu'il n'y a pas contrefaçon du côté de celui qui
répond à une sollicitation ; dans le cas de la vente, le vendeur est
contrefacteur, mais pas l'acheteur, sauf pour celui-ci, à se rendre
coupable de contrefaçon par usage du produit breveté.
L’utilisation du produit :
En outre, l'usage industriel de l'objet contrefait est une contrefaçon, et
celui qui est trouvé possesseur d'un objet contrefait acheté dans le but
de faire commerce de ses produits, est passible des peines de la
contrefaçon s'il a acheté ce produit en connaissant qu'il était contrefait.
L’usage industriel se fonde sur la connaissance de l'origine de l'objet.
En effet, quand l'achat a été fait pour être employé dans une entreprise
industrielle et commerciale, comme, d'une part, la destination et
l'application sont un indice flagrant que l'origine illicite de la chose
aurait été révélée à l'acheteur soigneux et vigilant, comme, d'autre
part, l'acquisition établit une concurrence préjudiciable au détriment
du breveté, l'acquéreur est assimilé au contrefacteur, et la détention
constitue à sa charge un véritable recel
C'est pour cette raison que l'article 84 de la loi de 2000, dans les
alinéas 3 et 4, a donné la faculté d'agir en contrefaçon au titulaire
d'une licence contractuelle exclusive, d'une licence obligatoire et d'une
licence d'office. En ses termes : « Le titulaire d'une licence
contractuelle exclusive peut, sauf stipulations contraires dans le
contrat, exercer l'action en contrefaçon si, après mise en demeure, le
titulaire du brevet n'exerce pas cette action. Le titulaire d'une licence
obligatoire ou d'une licence d'office peut exercer l'action en
contrefaçon, si après mise en demeure, le titulaire du brevet n'exerce
pas cette action ».
Les "titulaires rapportés" sont les personnes qui ne sont pas titulaires
du brevet, mais qui peuvent néanmoins engager une action en
contrefaçon.
L'article L. 615-3 du Code de la propriété intellectuelle prévoit que
"l'action civile en contrefaçon est exercée par le titulaire du droit ou
son ayant cause". Cependant, ce texte prévoit également une exception
à ce principe :
"L'action peut être exercée par une personne qui, sans être titulaire du
droit, a subi un préjudice du fait de la contrefaçon."
Cette exception est prévue pour protéger les intérêts des personnes
qui, sans être titulaires du brevet, ont néanmoins subi un préjudice du
fait de la contrefaçon.
Les titulaires rapportés peuvent être des personnes morales ou
physiques. Ils peuvent être des concurrents du titulaire du brevet, des
distributeurs ou des utilisateurs du brevet.
Pour pouvoir engager une action en contrefaçon, les titulaires
rapportés doivent démontrer qu'ils ont subi un préjudice du fait de la
contrefaçon. Ce préjudice peut être matériel ou moral.
Le préjudice matériel peut être constitué par une perte de chiffre
d'affaires, une perte de clientèle ou une atteinte à la réputation.
Le préjudice moral peut être constitué par un trouble commercial, une
atteinte à la renommée ou un préjudice d'image.
La preuve du préjudice peut être apportée par tous moyens, tels que
des documents comptables, des témoignages ou des expertises.
Ayant déterminé la titularité de l’action en contrefaçon, il est essentiel
de passer aux modalités de l’exercice de l’action en contrefaçon.
2: La preuve de la contrefaçon
L’élément probatoire est bien souvent au contre de tout procès, car
toute demande portée devant une juridiction doit être appuyée sur
une preuve permettant donc d'en justifier.
C'est un principe fondamental de toute procédure et notamment
dans le cadre du procès civil où les principes généraux directeurs de
la preuve sont donnés aux articles 420 à 512 du code des obligations
et des contrats.
En matière de contentieux de la contrefaçon, la preuve à présenter
obéit a ces principes généraux, mais des spécificités apparaissent
également, telle que l'adaptation d'un préalable probatoire qui est la
saisie-contrefaçon représentant le moyen de preuve le plus adéquat
dans une action en contrefaçon.
Il est alors nécessaire de traiter ce moyen (paragraphe 2), mais ceci
ne serait possible qu'après l'étude de la charge de preuve
(paragraphe 1).
1 : La charge de preuve de la contrefaçon
La preuve se définit au sens large comme étant l'ensemble des
éléments permettant l'établissement de la réalité d'un fait ou de
l'existence d'un acte juridique.
Le premier élément en caractérisant la mise en œuvre est
logiquement de connaitre celui qui doit apporter ces éléments, c'est-
à-dire la charge de la preuve.
C'est au demandeur à l'action de prouver la réalité de la contrefaçon
(: droit commun). Sauf dans une hypothèse : pour la preuve de la
contrefaçon d'un brevet de procédé d'obtention d'un produit. Dans
cette hypothèse il est quasiment impossible pour le titulaire de
prouver de lui-même que le tiers que l'on poursuit a effectivement
obtenu le produit prétendument contrefaisant par l'utilisation de son
procédé breveté.
Par conséquent, il y a une possibilité pour la juridiction de renverser
la charge de la preuve. Le tribunal peut ordonner au défendeur de
prouver que le procédé utilisé pour obtenir le produit est différent du
procédé breveté. Si le défendeur n'arrive pas à apporter cette
preuve, alors tout produit fabriqué sans le consentement du titulaire
sera présumé obtenu par le procédé breveté dans deux cas :
Si le produit obtenu par le procédé breveté est nouveau
Si la probabilité est grande qui le produit identique a été obtenu
pas le procédé breveté alors que le titulaire du brevet n'a pas
pu en dépit d'efforts raisonnables déterminer quel procédé a
été utilisé.
Une fois les violations des droits du breveté ont été établies, lors du
procés relatif à cette question, il doit alors dire prononcé une
sanction.
Le dénouement de l'action en contrefaçon se manifeste soit par la
considération de l'absence d'actes de contrefaçon, soit par la
condamnation du contrefacteur et la réparation des préjudices de la
partie lésée.
Une fois la contrefaçon est confirmée, le contrefacteur s'expose à des
sanctions sévères sur le plan civil et sur le plan pénal.
Bien que la pratique juridique montre que les actions au pénal sont
assez rares dans les litiges relatifs au domaine de la propriété
intellectuelle, il n'en existe pas moins un droit pénal spécifique de la
contrefaçon de biens immatériels.
Conclusion générale
Le brevet d'invention, un support fondamental de l'innovation et de la
compétitivité, confère à son titulaire un droit exclusif d'exploitation
permettant d'empêcher les tiers d'exploiter l'invention brevetée sans
autorisation
De ce fait, la portée des droits exclusifs opposables est soigneusement
délimitée en droit tunisien afin de concilier comme il faut les intérêts
légitimes des titulaires de droit et ceux des tiers qui peuvent être
empêchés d'utiliser l'invention pendant une durée limitée.
Toute atteinte au monopole d'exploitation d'un brevet d'invention dont
un titulaire est propriétaire est considérée comme un acte de
contrefaçon. Dès lors qu'un tel acte se produit, une action devant les
tribunaux est donc à envisager afin qu'une sanction soit prononcée
L'action en contrefaçon engage la responsabilité civile et pénale de
son auteur et permet au breveté d'obtenir la sanction des actes
d'exploitation qu'il n'a pas autorisés. La lutte contre la contrefaçon est
donc un enjeu de société, le législateur cherche à y apporter la réponse
la plus efficace possible en donnant une option de juridiction à la
partie lésée qui peut choisir entre la voie civile et la voie pénale
La contrefaçon est un phénomène de dimension internationale qui
constitue aujourd'hui plus qu'hier un véritable fléau. Sur le plan
national, la création d'un pôle spécialisé en propriété intellectuelle est
une nécessité. Elle permettrait d'améliorer l'efficacité et la rapidité du
contentieux, tout en favorisant la prise en compte des enjeux
économiques majeurs liés à la défense des droits des brevets. Sans ce
signal fort, les brevetés continueront, pour leur majorité, de penser que
le législateur tunisien ne les favorise guère. L'attractivité et pérennité
du contentieux des brevets en dépendent.
Bibliographie
En langue française :
Les ouvrages
• P. BRUNOT, La contrefaçon, Que sais-je, imprimerie des presses
universitaires de France, Paris, 1986
• J. FOYER et M. VIVANT, Le droit des brevets, THEMIS, collection
dirigée par M. DUVERGER, Presses universitaires de France, Paris,
1991.
• F. de VISSCHER, « Brevets et savoir-faire »
• L. NOUGUIER, Des brevets d'invention et de la contrefaçon, 1856,
disponible sur le site de la bibliothèque nationale de France (BnF
Gallica): https://www.bnf.fr/fr
Les articles
• CH. LATULIPPE, « Contrefaçon et validité d'un brevet concurrence
déloyale : commentaire sur l'affaire M.K plastics corporation c.
Plasticair », Les Cahiers de propriété intellectuelle, volume 20, nº 1,
janvier 2008, éditions Yvon Balais, disponible sur le site :
https://www.lescpi.ca/articles/v20/n1/contrefacon-et- validite-dun-
brevet-concurrence-deloyale-commentaire-sur-laffaire- m-k-plastics-
corporation-c-plasticair-inc/
Thèses et mémoires
• M. MESSAI, La protection des brevets d'invention, Mémoire pour
l'obtention du diplôme d'études approfondies en droit des affaires.
sous la direction de S. JERBI, Faculté de droit de Sfax, année
universitaire, 2002-2003.