Cours PI ISDD Bis
Cours PI ISDD Bis
Cours PI ISDD Bis
ISDD 2022
INTRODUCTION
Pour être resté très longtemps absent des programmes académiques, le droit de la
propriété intellectuelle, était considéré, à juste raison, comme le parent pauvre des matières du
droit privé. Paradoxalement, étant le bras armé de l’innovation, la propriété intellectuelle occupe
pourtant une place importante dans l’économie moderne.
Ainsi, en présentant le rapport sur l’économie de l’immatériel au ministre de l’économie et des
finances de France, Maurice LEVY et Jean Pierre JOUYET affirmaient à titre liminaire qu’« Il
est une richesse inépuisable source de croissance et de prospérité : le talent et l’ardeur des
femmes et des hommes »1. Ils partaient ainsi du constat d’un changement de l’économie par
l’avènement d’une nouvelle composante qui s’est imposée comme un moteur déterminant de la
croissance économique : l’immatériel. Au-delà des frontières de la France, ce phénomène est
devenu mondial.
En effet, cette idée consistant, en Afrique particulièrement, à reposer le succès économique d’une
nation sur la richesse en matières premières, les industries manufacturières et sur le volume du
capital matériel devient de moins en moins vrai.
Après tout, comme le disait Joseph KI-ZERBO : « Tout ce qui est valeur ajoutée est vecteur de
culture. Quand vous utilisez ces biens, vous entrez dans la culture de celui qui les a produits.
Nous sommes transformés par les habits européens que nous portons, par le ciment avec lequel
nous construisons nos maisons, par les ordinateurs que nous recevons. Tout cela nous moule,
alors que nous envoyons dans les pays du Nord le coton, le café ou le cacao brut qui ne
contiennent pas de valeur ajoutée spécifique. Autrement dit, on nous confine dans des zones où
nous produisons et gagnons le moins possible. Et notre culture a moins de chances de se diffuser,
de participer à la culture mondiale 2 »
1
M. Lévy et J.-P JOUYET, L’économie de l’immatériel – la croissance de demain, Rapport de la
commission de l’économie de l’immatériel, nov. 2006, La Documentation française, 2007
2Joseph KI-ZERBO, A quand l’Afrique ? Entretien avec René Holenstein, Le Livre équitable,
Prix RFI Témoin du monde 2003 :
1
Dans ce contexte, nous assistons à un développement fulgurant d’un nouveau type de propriété
dite intellectuelle. De nos jours, en effet, « La propriété intellectuelle est désormais partout. »3.
A titre d’illustration et pour paraphraser Bernard REMICHE « si vêtu d’une chemise portant un
crocodile, vous lisez un roman récent, installé dans un fauteuil design en mangeant un « Mac
Donald » et en buvant un bordeaux cru bourgeois et, qu’ensuite, vous prenez une pilule pour
favoriser votre digestion, vous avez côtoyé l’essentiel des droits intellectuels : la marque
protégeant votre « crocodile », le droit d’auteur se chargeant de la protection de l’œuvre lue, les
dessins et modèles faisant de même avec le fauteuil, tandis que le droit des marques revient en
protection du hamburger et que le bordeaux fait appel aux appellation d’origine pour être
protégé. Quant à la « pilule digestive », elle a recours au droit des brevets »4.
Par définition, la propriété intellectuelle est le terme générique utilisé pour désigner la propriété
littéraire et artistique et la propriété industrielle. Il s’agit d’un monopole d’exploitation accordé à
l’inventeur ou à l’auteur d’un dessin ou modèle industriel soit le droit exclusif d’usage pour le
titulaire d’une marque ou d’une obtention végétale notamment. La particularité de la propriété
intellectuelle est liée au fait qu’elle porte sur un bien immatériel et est en soi difficile à
appréhender dans sa globalité. Ce qui rend difficile son encadrement légal.
Pour comprendre la notion de bien intellectuel, il faut se référer aux règles de droit civil, plus
précisément du droit des biens. Ainsi, selon François TERRE, le mot bien désigne dans un
premier sens les choses qui servent à l’usage de l’homme et permettent à celui-ci de satisfaire ses
besoins, soit directement en se servant d’elles, en recueillant leurs fruits, voire en les détruisant,
soit indirectement en les échangeant contre d’autres choses, plus propres à satisfaire ces besoins.
Toutefois, cette première approche qui renvoie plutôt aux objets corporels ou choses corporels ne
permet pas d’appréhender la notion de bien intellectuel. Une seconde acception, plus abstraite,
désigne par le mot « biens », les droits eux-mêmes qui portent sur les choses. Cette seconde
3
Michel VIVANT, « La privatisation de l’information par la propriété intellectuelle », Revue
internationale de droit économique 2006/4 (t.XX, 4) p. 361-388.
4
B. Remiche, « Le temps de la propriété intellectuelle », Louvain, 2006/164, p. 11.
2
approche qui a donné lieu à la distinction entre droits réels et droits personnels ne permet pas non
plus de comprendre la notion bien intellectuel.
Dans cet exercice, Nicolas BINCTIN, faisant une synthèse des différentes théories, définit le bien
intellectuel comme « une chose issue de l’imagination humaine dans l’exercice d’une activité
créative susceptible d’appropriation indépendante de tout support »5.
L’objet du droit de propriété intellectuelle est donc une chose incorporelle qui préexiste au droit
qui le consacre.
Le droit de la propriété intellectuelle apparaît dès lors comme un ensemble de règles qui
concourent à la préservation des droits immatériels.
Selon l’objet de la protection, la propriété intellectuelle est divisée en deux groupes : la propriété
industrielle et la propriété littéraire et artistique.
La propriété industrielle peut elle même être subdivisée en deux sous-groupes à savoir : les
créations à caractère technique et les signes distinctifs :
Définitions :
Le brevet d’invention est un titre délivré par l’autorité publique qui confère à son titulaire un droit exclusif
d’exploitation de l’invention qui en est l’objet. L’invention est une idée qui permet la solution d’un problème
particulier dans le domaine de la technique. Le brevet garantit à son titulaire la protection de l’invention pour
une durée de vingt (20) ans a compter de sa délivrance, sous réserve pour lui de payer la taxe de maintien en
vigueur chaque année.
Pour faire l’objet d’un brevet, l’invention doit : être nouvelle, impliquer une activité inventive et être
susceptible d’application industrielle
Le modèle d’utilité, également appelé « petit brevet », est un instrument de travail ou un objet destiné à
l’utilisation ou une partie de cet instrument pour autant qu’il soit utile au travail ou à l’usage auquel il est
La marque est un signe visible utilisé par une personne physique ou morale pour distinguer ses produits ou
services de ceux de ses concurrents. La durée de protection est de dix (10) ans à compter du dépôt de la
demande renouvelable ad vitam aeternam.
Pour être protégée, la marque doit remplir les conditions fixées par l’article 3, de l’Annexe III de l’A.B.R.
notamment : être distinctive ; être disponible ; ne pas être contraire à l’ordre public ou aux bonnes mœurs ; ne
pas être déceptive ; ne pas être illicite.
Le nom commercial est une dénomination sous laquelle une personne physique ou morale désigne l’entreprise
ou le fonds de commerce qu’elle exploite pour l’identifier dans ses rapports avec la clientèle. Il a un régime
juridique hybride puisque le droit nait tantôt de l’usage, tantôt de l’enregistrement.
La durée de protection du nom commercial est de dix (10) ans ) compter du dépôt avec une possibilité de
renouvellement sans limitation.
4
L’indication géographique est une mention précisant qu’un produit donné provient d’une aire géographique
déterminée, dans le cas où une qualité, réputation ou une autre caractéristique déterminée du produit peut être
attribuée essentiellement à cette origine géographique.
l’indication géographique est un signe distinctif qui permet d’attester que les produits extraits ou fabriqués
dans une aire géographique limitée présentent des caractéristiques spécifiques conformes à la tradition locale.
Exemples : vin de Bordeaux, miel blanc d’Okou, poivre blanc de Penja.
La durée de protection est illimitée tant que les conditions requises pour l’enregistrement sont remplies.
La propriété industrielle se distingue du secret de fabrique qui est « Tout procédé de fabrication
offrant un intérêt pratique ou commercial, mis en œuvre par un industriel et gardé secret à
l’égard des concurrents6 » et du savoir faire ou know-how qui est l’ensemble des connaissances
et expériences acquises directement applicables et servant à une industrie. Ces deux notions ne
confèrent pas un droit privatif et sont protégées par voie conventionnelle notamment par la
signature d’accords de confidentialité.
La propriété littéraire et artistique est, quant à elle, composée des droits d’auteur et des droits voisins.
Partant de ce qui précède, nous allons dans le cadre de ce cours, adopter une démarche quasiment
préconçue qui consistera à étudier successivement les deux grandes branches de la propriété
intellectuelle à savoir : la propriété littéraire et artistique (Chapitre 2) et la propriété industrielle
(Chapitre 3). Mais au préalable, il importe de nous imprégner dans le cadre d’une partie liminaire
des cadres légal et institutionnel (Chapitre 1) de la matière afin d’éviter de nous égarer dans des
développements fumeux.
Exercice :
A travers les exemples ci-après indiquez le domaine du droit de propriété intellectuelle approprié.
1. Jean Baptiste LOPES, un ex pensionnaire de l’ISDD passionné de lettres après avoir servi son pays dans
des stations très élevées, comme ministre de l’intérieur notamment, veut publier sous la forme d’un roman
autobiographique un livre retraçant tout son parcours.
2. Mamadou DIOUF s’assurer que le logo qu’il utilise pour commercialiser sa ligne de vêtements ne sera
imité par aucun concurrent
3. Un professeur en pharmacie qui a expérimenté avec succès un vaccin contre la COVID 19 veut bénéficier
d’un droit exclusif afin de recouvrer son investissement dans la recherche
6
Cass. Com. 29 mars 1935 gaz. Pal. 1935 (I) p. 928. ; cass. Crim. 29 juin 1960 Bull. Crim. 1960 p. 350
5
CHAPITRE 1 : Cadres légal et institutionnel de la propriété intellectuelle :
La protection et l’exercice des droits de propriété intellectuelle fait intervenir plusieurs acteurs,
mais également des textes épars contenus tant dans la législation nationale, communautaire
qu’internationale. Ainsi, nous nous intéresserons ici successivement aux cadres légal (Section 1)
et institutionnel (Section 2) de la propriété intellectuelle.
7
d'avoir à faire un dépôt ou une demande dans chacun des pays où il veut obtenir la
protection d'un droit de propriété intellectuelle donné. Dans cette catégorie on peut citer
comme exemple le traité de coopération en matière de brevet communément appelé PCT,
le système de Madrid constitué de l’Arrangement de 1891 et du protocole de 1989 pour
les marques et l’Arrangement de La Haye pour les dessins et modèles industriels adopté
en 1925.
- La troisième et dernière catégorie regroupe les traités de classification (Locarno
(DMI), Nice (Marques), Strasbourg (brevets) et Vienne (éléments figuratifs de la marque)
établissant des systèmes de classement qui organisent l'information relative aux inventions,
aux marques et aux dessins et modèles industriels en structures indexées, facilement
exploitables pour la recherche.
Sans être exhaustif, on peut ajouter à ces conventions administrées par l’Organisation Mondiale de
la Propriété Intellectuelle, l’Accord de L’Organisation Mondiale du Commerce sur les Aspects de
Droits de Propriété Intellectuelle qui touchent au Commerce communément appelé Accord
ADPIC. Adopté le 15 avril 1994 à Marrakech, cet Accord est le résultat des négociations
commerciales multilatérales du cycle d’Uruguay9, c’est le volet propriété intellectuel du Traité de
Marrakech. Tous les Etats membres de l’OAPI ont adhéré à l’Accord sur les ADPIC
9
Négociations commerciales multilatérales lancées à Punta del Este (Uruguay) en septembre 1986 et
achevées à Genève en décembre 1993. L'Acte final reprenant les résultats de ces négociations a été signé
par les Ministres à Marrakech (Maroc) en avril 1994
8
est issue du décret 2012-115 du 19 janvier 2012. Il s’agit d’une agence d’exécution qui est
rattachée au Ministère de l’Industrie. Ses missions tournent autour de promotion de la propriété
industrielle et de l’assistance aux inventeurs et innovateurs. Sa mission la plus marquante et qui
nous intéressera particulièrement dans le cadre de ce cours est celui de « servir de point focal au
Fonds d’Aide à la Promotion de l’Invention et de l’Innovation technologique (FAPI) et de
l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle et de collecter auprès des greffes des
tribunaux régionaux, pour transmission à l’OAPI, les demandes de protection des noms
commerciaux déposés auprès d’eux ».
La Société de Droits d’Auteurs et Droits Voisins dite SODAV, elle, est née sous les cendres du
Bureau Sénégalais des Droits d’Auteur (BSDA) qui était régi par la loi 72-40 du 26 mai 1972 et
qui disposait en son article 162 qu’elle serait abrogée à compter de la date de l’agrément de la
société de gestion collective. Se conformant ainsi à ce texte ainsi qu’à la loi 2008-09 du 25 janvier
2008, suivant décret 2016-322 du 07 mars 2016, le Sénégal a accordé l’agrément à la société de
gestion collective dite SODAV. En tant que société de gestion collective, elle a pour mission la
perception, la répartition et la gestion de tous les droits d’auteur et des droits voisins au Sénégal.
9
Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, Mauritanie,
Mali, Niger, République Centre Africaine, Sénégal, Tchad, Togo.
L’OAPI a pour mission, en matière de propriété industrielle, de mettre en œuvre les procédures
administratives communes découlant du régime uniforme de protection de la propriété industrielle
ainsi que des stipulations des conventions internationales en ce domaine auxquelles les Etats
membres de l’OAPI ont adhéré et de rendre des services en rapport avec la propriété industrielle.
En matière de propriété littéraire artistique, l’organisation est chargée de contribuer à la promotion
de la protection, de susciter la création d’organismes d’auteurs nationaux notamment.
10
CHAPITRE 2 : La propriété littéraire et artistique
Comme nous l’avons dit plus haut, la propriété littéraire et artistique comprend les droits d’auteur
(Section 1) et les droits voisins (Section 2).
11
Exemple : Il a été jugé qu’étaient dépourvus d’originalité des photographies de paparazzi,
qui ne sauraient « se prévaloir d’une quelconque mise en scène, ni d’un cadrage particulier, pas
plus que du choix d’un angle de vue et encore moins du moment pour réaliser les clichés litigieux
dès lors que l’instant auquel ils ont déclenché leurs appareils était exclusivement commandé par
l’apparition, pour quelques secondes, des personnages pris pour cible »13 ou encore des vidéos
prise sur le vif dans la mesure où les plans étaient dictés par les circonstances14.
En vertu du principe de l’unité de l’art, consacré à l’article 5 de notre loi, la protection est
accordée indifféremment du mérite, du genre ou de la destination de l’œuvre. Ainsi la loi ne
permet pas aux juges de porter un jugement esthétique sur l’œuvre. Le genre également n’est pas
un critère déterminant. La protection peut être accordée à une œuvre publicitaire, architecturale
notamment. Enfin, le critère de l’indifférence de la destination de l’œuvre signifie concrètement
qu’il importe peu que l’œuvre ait vocation à être exploitée dans les industries ou à des fins
purement esthétiques. Seules sont exclus de la protection, outre les idées, les textes officiels de
nature administrative ou judiciaire et leurs traductions officiels et les informations en particulier
les nouvelles du jour.
La particularité du droit d’auteur par rapport à la propriété industrielle réside également
dans l’absence de formalité pour la protection. Contrairement à une opinion bien répandue la
protection du droit d’auteur découle directement de l’acte de création. La SODAV, en tant que
société de gestion collective, a pour seule mission de collecter, répartir et gérer les droits de ses
adhérents.
Exercice : Jurisprudence Aboubacar contre Société Ivoirienne de Confiserie Ouest Africaine (SICOA)
Touré Aboubacar est un saltimbanque ivoirien animant, pour un auditoire de jeunes enfants, des émissions
de télévision. Il rencontre un certain succès auprès de son jeune public, qui le connaît sous le pseudonyme de
« Tonton Bouba », nom du personnage clownesque qu’il met en scène dans ses émissions. Une confiserie (SICOA)
mettra sur le marché des sucettes portant la dénomination « Bouba » et illustrées par un logo représentant un clown.
L’Animateur décide alors d’attraire en justice la société de confiserie pour contrefaçon de ses créations
13CA Paris, 4ème ch. A, 5 décembre 2007, R.G. : 06/15937, Propr. int., 2008, n°27, p. 206, obs.
J.-M. BRUGUIÈRE
ère
14CA Paris, Pôle 5, 1 ch., 6 juin 2012, R.G. : 10/21371, Propr. int., 2012, n°45, p. 392, obs. A.
ème ème
LUCAS ; TGI Paris, 3 ch. 2 sect., 8 octobre 2010, Propr. int., 2011, n°38, p. 84.
12
littéraires et artistiques. Quel sort devrait être réservé à sa demande ?
Solution :
Le Tribunal de Première Instance d’Abidjan ainsi que la Cour d’Appel avaient décidé que ni le personnage
interprété par Touré Aboubacar ni le pseudonyme ne satisfont à la condition de l’originalité. Par la suite la Cour
Suprême a rejeté le pourvoi en déduisant l’absence d’originalité du fait que Bouba est un diminutif répandu en Côte
d’Ivoire et qu’il n’individualise par l’animateur Touré qui n’en est pas le créateur. De plus, les enfants associent déjà
le nom Bouba à un personnage de dessin animé.
Quels sont les droits conférés par le droit d’auteur ? Au profit de qui naissent-ils ?
Ces interrogations nous amènent à nous pencher sur les questions de la « titularité » et du contenu du droit
d’auteur.
17 Il s’agit ici de l’éditeur au sens large qui englobe à la fois l’éditeur (contrat d’édition) et
toute personne faisant copier ou distribuer notamment l’œuvre.
18 Savatier, Le droit de l’art et des lettres – Les travaux des muses dans les balances de la
Exercice : Affaire MP et Abdoulaye Aziz NDAO contre Mamadou Mouth BANE et Serigne Fadel MBACKE
Tribunal Régional de Dakar jugement 1061/2015 du 26 novembre 2015.
Cependant, le droit exclusif d’exploitation n’est pas absolu car il connaît quelques
17
ou exécution ou d’autre sons »22. Le Traité de l’OMPI est plus précis dans cet exercice et définit le
phonogramme comme « la fixations des sons provenant d’une interprétation ou exécution ou
d’autres sons, ou d’une représentation de sons autre que sous la forme d’une fixation incorporée
dans une œuvre cinématographique ou autre œuvre audiovisuelle ». Le vidéogramme est défini
par l’article 97 de la loi sénégalaise comme « la fixation d’une séquence d’images animées,
sonorisée ou non ». Le producteur de phonogramme ou de vidéogramme est la personne physique
ou morale qui en prend l’initiative et la responsabilité de la première fixation.
A l’exception de l’artiste interprète qui a un droit moral perpétuel, les droits voisins ne confèrent
que des attributs patrimoniaux pour une durée de cinquante (50) ans à compter du 1er janvier de
l’année civile qui suit :
. Pour les artistes-interprètes : la date de la prestation ou la date de la publication ou de la
communication au public ;
. Pour les producteurs de phonogrammes : la date de la première fixation d’une séquence, ou
la date de la publication ou de la communication au public ;
. Pour les producteurs de vidéogrammes : la date de la première fixation d’une séquence
d’images sonorisées ou non, ou la date de la publication ou de la communication au
public ;
. Pour les entreprises de communication audiovisuelle : la date de la première diffusion de
l’émission ;
. Pour les éditeurs : la date de la publication de l’œuvre.
Relativement aux exceptions, l’article 89 de la loi 2008-09 du 25 janvier 2008 prévoit que « Les
exceptions au droit d’auteur prévus par les articles 38 à 40 et 42 à 45 s’appliquent mutatis
mutandis aux droits voisins ». En d’autres termes, les exceptions aux droits d’auteur relatives à la
communication dans le cercle de famille ou au cours d’un service religieux, la reproduction à
usage privé, l’utilisation à des fins d’illustration de l’enseignement notamment sont applicables
également aux droits voisins.
23CA Paris, 5 octobre 2007, cité par P. GAUDRAT, « De l'enregistrement au droit moral :
chronique d'un essai non transformé », RTD Com., 2008, p. 101 et par F. POLLAUD-DULIAN,
RTD Com., 2008, p. 89
24CA Paris, 10 décembre 2003, R.G. 2002/12940, Propr. Intell., janvier 2004, n° 10, p. 554 -
556 et disponible sur www.lexisnexis.com
19
CHAPITRE 2 : La propriété industrielle
La propriété industrielle est l’une des deux grandes branches qui constituent la propriété intellectuelle.
S’il y a une diversité de créations industrielles (Section 1) par rapport notamment aux conditions de fond
de la protection, l’acquisition de la protection et l’exploitation (Section 2) sont soumises à des règles qui
se rapprochent à bien des égards.
A. Le brevet :
Le brevet constitue la création à caractère technique par excellence. Aux termes des dispositions
de l’article 1er de l’Accord de Bangui modifié « Le brevet s’entend du titre délivré pour protéger
une invention ». Ainsi, la compréhension de la notion de brevet implique au préalable de
s’imprégner de celle de l’invention.
Ce sont les mêmes dispositions que nous venons de citer qui définissent l’invention comme étant
« une idée qui permet dans la pratique la solution d’un problème particulier dans le domaine de
la technique ».
L’invention peut porter sur un objet matériel, on parlera alors de brevet de produit. Exemple : la
fibre optique. Elle peut aussi porter sur la méthode de fabrication d’un produit, c’est le brevet de
procédé ou de moyen qui « s’entend de l’association d’éléments qui peuvent être connus ou
inconnus isolément et qui, sans pour autant cesser d’exercer leurs fonctions propres de la même
manière que s’ils étaient indépendants coopèrent à l’obtention d’un résultat commun différent de
la simple addition des résultats particuliers de chaque élément »25. Exemple le processus de
B. Le modèle d’utilité
Le modèle d’utilité est régi par les dispositions de l’Annexe 2 de l’Accord de Bangui. Il résulte
de la combinaison des articles 1, 2, 3 et 4 de ladite annexe qui énumère les conditions de fond
d’obtention d’un certificat d’enregistrement d’un modèle d’utilité, que ce titre ne peut être obtenu
que pour un modèle nouveau et susceptible d’application industrielle.
Pour qu’il y ait un certificat d’enregistrement d’un modèle d’utilité encore faudrait-il que l’on soit
en présence d’un modèle d’utilité. Les créations qui ne sont pas des modèles d’utilité ne peuvent
pas être protégées par un certificat d’enregistrement de modèle d’utilité. Cela apparaît comme une
évidence.
S’il est certain que seuls les modèles d’utilité tels que définis par l’article 1er sont susceptibles
d’être protégés, tous les modèles d’utilité n’ont pas accès à la protection. En effet l’article 4, exclut
du bénéfice de la protection certains modèles d’utilité.
Ne peut donc faire l’objet d’enregistrement de modèle d’utilité, le modèle d’utilité contraire à
l’ordre public ou aux bonnes mœurs, à la santé publique, à l’économie nationale ou à la défense
nationale. Le cumul de protection n’étant pas possible, un modèle d’utilité faisant l’objet d’un
brevet d’invention ne peut être enregistré.
Aux termes de l’alinéa 1er de l’article 2, l’instrument ou l’objet ou les parties de l’un ou l’autre,
tels que visés à l’article premier précédent ne sont pas considérés comme nouveaux, si à la date du
dépôt de la demande d’enregistrement auprès de l’Organisation, ils ont été décrits dans des
publications ou s’ils ont été notoirement utilisés sur le territoire de l’un des Etats membres. Pour
22
mieux saisir la nature des antériorités destructrices de nouveauté en matière de modèle d’utilité, il
faut faire un parallèle avec le brevet d’invention.
En matière de brevet d’invention, comme nous l’avons dit plus haut, l’invention est nouvelle si
elle n’a pas d’antériorité dans l’état de la technique. L’état de la technique étant constitué par tout
ce qui a été rendu accessible au public avant le jour de la demande de brevet d’invention.
Autrement dit, l’état de la technique est la masse des connaissances dans le domaine considéré qui
était à la portée du public à quelque époque que ce soit et dans quelque lieu que ce soit au jour de
la demande de brevet. Par public, il faut entendre toute personne quelconque qui n’est pas tenue au
secret. Les antériorités30 sont les solutions contenues dans l’état de la technique qui ont un lien
quelconque avec l’invention.
Ces antériorités peuvent consister en des documents écrits ou oraux et des actes d’usages que sont
les essais et la commercialisation.
En matière de modèle d’utilité, les antériorités visées par les textes sont constituées par la
description dans des publications ou l’utilisation du modèle d’utilité. A priori en parlant de
description, le texte semble plus restrictif qu’en matière de brevet. En réalité, la notion de
description renvoie plutôt à l’idée d’accessibilité du modèle d’utilité au public. L’accessibilité au
public est la mise à la portée de ce dernier non seulement du produit, mais aussi des moyens
d’exécuter l’invention et de réaliser le produit. Une information n’entre dans l’état de la technique
que si elle a été divulguée de manière suffisamment complète pour pouvoir être reproduite par un
homme du métier. Par rapport au caractère de la nouveauté, le choix arrêté par l’annexe 2 semble
être la nouveauté relative du modèle d’utilité dans la mesure où le texte parle de description ou
d’utilisation sur le territoire de l’un des Etats membres. Dès lors qu’il n’est considéré comme
antériorités destructrices que les descriptions et les utilisations faites dans l’un des Etats membres,
un modèle d’utilité existant en dehors de l’espace OAPI peut faire l’objet d’un enregistrement.
30Une antériorité opposée à un brevet ne peut être retenue que pour ce qu’elle décrit; les
juges du fond ne se bornent donc pas à se référer aux revendications du brevet antérieur,
mais se fondent sur les exemples donnés par la description pour écarter cette antériorité
Com; 18 février 1986 bull. Civ. IV, n° 17
23
A : La marque
Le droit des marques a pour siège les dispositions de l’annexe 3 de l’accord de Bangui intitulée « Des
marques de produits et services ». On parle aussi de marque de marque de fabrique ou de commerce.
Toutefois cette dichotomie n’est d’aucun intérêt juridique.
Suivant les dispositions légales sus évoquées, la marque est définie comme « … tout signe visible utilisé
ou que l’on se propose d’utiliser et qui sont propres à distinguer les produits ou services d’une entreprise
quelconque et notamment, les noms patronymiques pris en eux-mêmes ou sous une forme distinctive, les
dénominations particulières, arbitraires ou de fantaisie, la forme caractéristique du produit ou de son
conditionnement, les étiquettes, enveloppes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, liserés, combinaisons
ou dispositions de couleurs, dessins, reliefs, lettres, chiffres, devises, pseudonymes. ».
Cette définition de l’article 2 fait ressortir le premier critère de protection de la marque dans notre droit
positif à savoir : la visibilité. En effet, contrairement, au législateur français qui fait référence à un signe
susceptible de représentation graphique, dans l’espace OAPI, le signe doit d’abord être visible. Ainsi sont
admis :
• Le signe verbal, c’est à dire les dénominations sous toutes leurs formes. Il peut s’agir de mots,
d’assemblages de mots, de noms patronymiques ou géographiques, de pseudonymes, de lettres, de
chiffres ou de sigles. Par exemple, il peut s’agir d’un terme courant tel que Orange, de
l’assemblage de termes courants comme La Vache qui Rit ou de termes fantaisistes à l’image de
Google.
• Le signe figuratif qui ressort de l’énumération non exhaustive de l’article précité lorsqu’il fait
référence à « la forme caractéristique du produit ou de son conditionnement, les étiquettes,
enveloppes, empreintes, timbres, cachets, vignettes, liserés, combinaisons ou dispositions de
couleurs, dessins, reliefs ». Cette forme constituant l’élément visible de la marque peut être de
deux (02) dimensions ou en trois (03) dimensions.
• Le signe complexe. Il s’agit d’un signe constitué à la fois d’éléments verbaux et figuratifs.
Au delà du critère de la visibilité, d’autres conditions sont posées, cette fois-ci de manière négative, à
l’article 3 qui prévoit en substance que la marque ne doit pas être dépourvue de caractère distinctif, ne
doit pas être identique à une marque appartenant à un autre titulaire et qui est déjà enregistrée ou dont la
date de dépôt ou de priorité est antérieure pour les mêmes produits ou services, ne pas être contraire à
l’ordre public et aux bonnes mœurs ou aux lois, ne pas être déceptive et ne pas reproduire les signes
officiels.
24
La distinctivité est la condition essentielle qui permet à la marque de remplir sa fonction principale, c’est
à dire : distinguer ses produits et services de ceux de ses concurrents. Naturellement, les signes qui dans
le langage courant sont la désignation nécessaire, générique ou usuelle du produit ou service ne seront
pas distinctifs. Exemple : voiture n’est pas distinctive pour la construction automobile ou chemise pour
l’habillement. Il en est de même des signes pouvant servir à désigner une caractéristique du produit ou du
service et notamment la qualité, la quantité, la destination, la provenance géographique, l’époque de la
production du bien ou de la prestation de service. Ne sont pas également distinctifs, les signes composés
exclusivement par la forme imposée par la nature ou la fonction du produit. Cette hypothèse vise les
marques tridimensionnelles.
Le signe trompeur ou déceptif est celui de nature à tromper le public sur la nature, la qualité ou la
provenance du produit. L’utilisation de la marque est de nature à induire le consommateur concerné en
erreur et à affecter son comportement économique.
Exercice : M. ADAMA a créé à Dakar, Sénégal, une entreprise de fabrication de produits cosmétiques et des
insecticides, pesticides et herbicides. Son neveu Abdoulaye, revenu d’Allemagne nanti d’un Master II en chimie,
s’associe à lui. Ils souhaitent écouler leurs produits sur le marché à travers un signe distinctif.
Ils sollicitent votre assistance et vos conseils sur les points ci-après :
1. Quel signe distinctif convient –il à l’activité projetée ? Proposez à l’aune des conditions de protection de
la marque un signe et justifiez votre réponse.
2. Quelles précautions faut-il prendre et dans quel but ?
3. Par quel moyen pourront-ils obtenir la protection du signe choisi ?
4. Citez les conditions de validité du signe choisi ?
Cependant, la marque n’est pas le seul signe distinctif utilisé par une entreprise dans la vie des affaires,
l’entrepreneur pouvant recourir aussi à l’enseigne et le nom commercial. L’enseigne est le signe extérieur
qui permet d’individualiser l’établissement ou le magasin. La dénomination sociale est le nom donné à la
société dans les statuts sous lequel elle s’identifie. Le nom commercial est l’appellation sous laquelle une
personne physique ou morale exerce une activité commerciale. Une entreprise peut disposer de plusieurs
marques, mais ne peut avoir qu’un seul nom commercial.
B : Le nom commercial
Le nom commercial fait l’objet d’une définition légale par les dispositions de l’article 1er de l’Annexe 5
de l’Accord de Bangui comme « la dénomination sous laquelle une personne physique ou morale désigne
l’entreprise ou le fonds de commerce qu’elle exploite pour l’identifier dans ses rapports avec la
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clientèle ». Il peut consister en un nom patronymique.
Pour CHABANNE et BURST « Le nom commercial est le terme qui sert à distinguer un fonds de
commerce des autres fonds de commerce similaires »31. Le nom commercial est encore défini comme
l’appellation « sous laquelle l’entreprise commerciale est exploitée et connue de sa clientèle »32. C’est
enfin plus simplement l’appellation sous laquelle le commerçant exerce le commerce
Le régime OAPI du nom commercial a une nature hybride puisque ce droit naît tantôt de l’usage, tantôt
de l’enregistrement. En effet, selon l’article 3 1) de ladite annexe, le nom commercial appartient à celui
qui en a usé le premier ou l’a enregistré le premier.
Dans le cas de l’acquisition par l’usage, c’est l’occupation du nom, son usage, qui permettra de bénéficier
de la protection. La protection appartient au premier occupant, au premier utilisateur. Il faut cependant
une utilisation publique et durable du nom commercial. La protection n’est pas limitée dans le temps. Ici
la protection est assurée par le droit commun de la responsabilité civile. Cependant, cet usage ne peut être
prouvé que par des écrits, imprimés ou documents contemporains des faits d’usage qu’ils tendent à
établir.
La protection par l’enregistrement requiert certaines conditions de fond, en l’occurrence : l’exclusion des
signes contraires à l’ordre public et aux bonnes mœurs et ceux déceptifs. Aussi, l’article 4 de l’Annexe 5
prévoir que seules les atteintes aux noms commerciaux valablement enregistrés peuvent donner lieu à des
sanctions pénales.
Le régime du nom commercial enregistré emprunte beaucoup au régime de la marque tant en ce qui
concerne les formalités que pour ce qui est de ses effets.
Le nom commercial a une durée de protection de dix ans à compter du dépôt. Toutefois, ce délai peut être
prorogé tous les dix ans sans limitation.
C : L’indication géographique
Désigner les produits par le nom de leur lieu d’origine n’est pas un phénomène nouveau, mais une
pratique universelle. Dans notre pays particulièrement les dénominations géographiques informelles
existent à foison. Nous avons tous entendu parler des chaussures de Ngaye, du miel de la Casamance ou
encore des encensoirs de Keur Saër… Ce qui est nouveau, c’est la possibilité d’en obtenir la protection
juridique, particulièrement en Afrique où les premières indications géographiques protégées dans
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l’espace OAPI remontent à l’année 201333.
Au plan juridique, l’indication géographique ou appellation d’origine protégée est une mention précisant
qu’un produit donné provient d’une aire géographique déterminée, dans le cas où une qualité, réputation
ou une autre caractéristique déterminée du produit peut être attribuée essentiellement à cette origine
géographique34. Elle se distingue de l’indication de provenance qui a seulement pour objet de désigner le
lieu de préparation ou de fabrication du produit.
En réalité, l’indication géographique est un signe distinctif qui permet d’attester que les produits extraits
ou fabriqués dans une aire géographique limitée présentent des caractéristiques spécifiques conformes à
la tradition locale. Exemples : Champagne, Vin de Bordeaux, etc.
Par leur nature, les indications géographiques par rapport aux autres droits de propriété industrielle
présentent quelques particularités. En effet, les indications géographiques ne confèrent pas un droit
privatif, mais constituent un bien collectif. Considérée comme un don de Dieu, elles ne résultent pas
d’une création intellectuelle comme le brevet ou la marque. Aussi, elle ne connaît pas de limite
temporelle tant que les conditions subsistent.
Suivant les dispositions de l’article 4 de l’annexe 6 de l’Accord de Bangui, il existe deux (02) conditions
de protection de l’indication géographique :
- elle doit être enregistrée par l’organisation ou bénéficier d’un effet d’enregistrement résultant
d’une convention internationale à laquelle les Etats membres sont parties ;
- si elle est étrangère aux territoires des Etats membres être prévu par une convention
internationale à laquelle les Etats membres sont parties. Sont exclues de la protection, les
indications géographiques.
Au titre des exclusions, nous avons les indications géographiques qui ne sont pas conformes à la
définition, celles qui sont « déceptives » et celles qui ne sont pas protégées dans leur pays d’origine ou
qui ont cessé de l’être ou qui sont tombées en désuétude.
Contrairement à la marque, l’indication géographique ne peut pas porter sur un service, mais seulement
sur un produit.
33 Il s’agit du poivre de Penja, du miel blanc d’Oku du Cameroun et le café Ziama Macenta de
Guinée
34 Article 1er de l’Annexe 6 de l’Accord de Bangui
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protection des dessins et modèles industriels permet donc au créateur ou à l’entreprise qui fabrique
de tels produits ou objets non seulement d’obtenir un monopole d’exploitation commerciale sur les
caractéristiques esthétiques qui y sont associées, mais également à se défendre contre les tiers qui
viendraient à les exploiter contre son consentement. En raison de la nature hybride (esthétique et
industriel) des dessins et modèles industriels, leur protection est assurée par un régime spécial
relevant du droit de la propriété industrielle et d’autre part par les règles générales sur la propriété
littéraire et artistique. Ce cumul de protection est fondé sur la théorie de l’unité de l’art développée
par Eugène POUILLET en 1793.
L’acquisition de la protection des dessins et modèles industriels est organisée à travers l’annexe 4
de l’Accord de Bangui en vigueur. Pour obtenir cette protection par l’enregistrement il faut
satisfaire à des conditions précises avant qu’elle ne puisse produire ses effets.
Quant à la forme, il faut se référer à l’article 8 alinéa 1er de l’annexe 4 qui réglemente les formalités
de dépôt et prescrit aux postulants à l’enregistrement, notamment, de déposer ou adresser par pli
postal recommandé avec accusé de réception, une demande d’enregistrement au Directeur de
l’OAPI. Quant à la nature du dépôt, il peut être un dépôt simple lorsqu’il ne porte que sur un dessin
ou modèle ou un dépôt multiple lorsqu’il porte sur plusieurs dessins ou modèles dans la limite de
cent (100) sous réserve que ces dessins ou modèles objet du dépôt multiple relèvent de la même
classification internationale ou du même ensemble ou assortiment d’articles.
Il convient de répondre à la question de savoir qu’est ce qui peut être protégé ? Aux termes de
l’article 1er alinéa 1er de l’annexe 4 « Aux fins de la présente Annexe, est considéré comme dessin,
tout assemblage de lignes ou de couleurs, et comme modèle toute forme plastique associée ou non,
à des lignes ou à des couleurs, pourvu que cet assemblage ou forme donne une apparence spéciale
à un produit industriel ou artisanal et puisse servir de type pour la fabrication d’un produit
industriel ou artisanal. »
Le dessin est donc considéré d’après cette définition comme un assemblage de formes et de
couleurs tandis que le modèle est une forme plastique associée ou non à des couleurs. En d’autres
termes, on dira que la protection spéciale de l’annexe vise d’une part des formes bidimensionnelles
ou dessins se présentant sur des surfaces planes et d’autre part des formes tridimensionnelles
opérant dans l’espace.
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dit qu’il doit parler aux yeux. A titre illustratif, il a été exclu de la protection les
caractéristiques internes d’un canapé-lit35.
- Le dessin ou modèle protégeable doit avoir une certaine apparence. C’est ce qui découle de
l’article 1er alinéa 1er de l’annexe 4 qui vise « l’apparence spéciale » que la forme donne au
produit d’utilité. Le dessin ou modèle protégeable est donc celui qui présente une certaine
originalité qui traduit un effort créateur de son auteur.
Le dessin ou modèle doit avoir une destination industrielle ou artisanale, il s’ensuit que le dessins
ou modèles en tant que tels, c’est à dire des œuvres d’art pur, ne peuvent pas être protégés au titre
de l’annexe 4.
31
durée de trente (30) mois, la demande éclate eu une série de demandes nationales ou régionales.
33
intellectuel dans le domaine public ne peut pas faire l’objet d’un contrat. Nul ne pouvant
transférer plus de droit qu’il n’en dispose. Le prix ainsi que les modalités de son paiement sont
également librement convenus par les parties.
Par rapport à la forme, l’accord de Bangui exige un écrit qui peut être sous-seing-privé ou
notarié.
Les règles de publicité quant à elles varient. Ainsi, la cession de l’invention brevetée ou du
modèle d’utilité est opposable aux tiers dès lors que l’acte est inscrit au registre spécial alors que
le contrat de licence portant sur les mêmes objets de la propriété ne l’est qu’après qu’il a été
inscrit au registre spécial approprié et publié au BOPI. C’est exactement la solution qui prévaut
en matière de cession ou de licence de marque. Quant au nom commercial, la cession n’est
opposable que s’il est inscrit et publié.
Par ailleurs, la loi a prévu des restrictions à la liberté contractuelle en matière de concession à
travers les licences non volontaires pour défaut d’exploitation ou pour brevet de dépendance à
l’annexe 1 de l’Accord de Bangui.
34
saisie ordonnée, le bénéficiaire de l’ordonnance devra intenter, dans un délai de dix (10) jours,
une action au fond devant le juge civil ou le juge pénal.
Selon le juge saisi, la contrefaçon sera appréciée différemment. Devant les juridictions civiles la
bonne foi est indifférente du fait d’une présomption de mauvaise foi.
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