lshi2007_dolet_nyembo

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 26

IMPACT SOCIAL DE L’EXPLOITATION MINIERE

INDUSTRIELLE ET ARTISANALE

Mesdames, Messieurs,

Qu’il me soit permis avant toute chose de remercier les organisateurs de ce forum
pour avoir pensé de mettre en place cette rencontre au moment où le peuple
congolais a besoin d’information et d’échange dans ce processus de refondation.

En effet, nul n’ignore l’importance que représente l’exploitation minière en tant que
secteur stratégique dans le développement de la République Démocratique du Congo
en général et en particulier la province du Katanga ; c’est ainsi qu’il est plus
qu’important d’en parler dans ce cadre de rencontre.

L’un des principaux défis du monde est d’arriver à concilier l’activité économique avec
les préoccupations sociales et des bons systèmes de gouvernance. Cette intégration
a pour but de parvenir à ce qu’on appelle le développement durable.

Cependant il est difficile de convaincre les entreprises minières d’épouser la cause du


développement durable parce qu’elles ne voient pas le rapport entre ce concept et la
santé financière. Voilà la problématique de l’exploitation minière.
I. DU POTENTIEL DANS LE SECTEUR MINIER

La RDC a un potentiel minier assez riche et varié, encore mal connu et par
conséquent inexploité.

Le Katanga est incroyablement riche en ressources naturelles ; cette province


regorge d’importants gisements de cuivre à haute teneur et des minerais associés
tels que le cobalt, le zinc, le plomb. Parmi les autres minerais exploités, il y a l’argent,
le cadmium, le rhénium, la platine, le manganèse, l’étain, le charbon, l’uranium. Ces
ressources sont concentrées dans le District du Haut-Katanga ainsi que dans les
Villes de Kolwezi et de Likasi. Les gisements de pegmatites sont également exploités
à Manono dans le district de Tanganyika.

La ceinture de cuivre centrafricaine, située le long des frontières entre la RDC et la


Zambie et entre la RDC et l’Angola au sud du Katanga, contient plus d’un tiers des
réserves mondiales de cobalt (34%), ainsi que des quantités significatives de cuivre
(10%), de nickel, d’uranium, d’argent et de plomb.

Aujourd’hui, la RDC reste l’un des plus grands producteurs mondiaux de cobalt
malgré un manque chronique de contrôle sur le secteur minier et le récent quasi-
effondrement de la Gécamines.
1.1. De l’exploitation industrielle
Le secteur minier au Katanga a traditionnellement été occupé par la Gécamines, une
entreprise publique qui a pris la relève de l’Union Minière dans l’exploitation
industrielle du minerai et a fait de la RDC le premier producteur mondial de cuivre et
de cobalt entre les années 60 et 70.

Vers la fin des années 80, le déclin de la Gécamines fut précipité par une série de
problèmes, notamment :

1. L’éboulement des mines souterraines de Kamoto à Kolwezi,

2. La vétusté de son outil de production,

3. Le manque d’investissement dans le renouvellement de l’outil de production,


l’affectation irrationnelle des ressources de l’entreprise et ;

4. Le départ massif des agents originaires des provinces de deux Kasaï.

La Gécamines a considérablement réduit sa production et a subi une importante


restructuration soutenue par le Banque Mondiale et qui a conduit à la suppression,
ces dernières années, de quelques 10.500 emplois.
Exploitation industrielle
En conséquence, Depuis 1981 à l’instar de l’ordonnance – loi N° 81-
013 du 02 Avril 1981, une grande partie des activités minières a été
reprise par des exploitants du secteur informel qui exploitent de
manière artisanale les concessions de la Gécamines et ce au mépris
des dispositions du nouveau code minier adopté en 2002. Ce type
d’exploitation a connu un essor considérable les dernières années
en raison d’une demande accrue sur le marché mondial du Cobalt.

Aujourd’hui dans le processus de la relance de l’économie par le


secteur minier, le contexte actuel et la stabilité électorale sont
favorables aux investissements dans le secteur minier. Une nouvelle
ère à d’ industrialisation voit actuellement le jour grâce entre autre
l’adoption par le gouvernement d’une nouvelle politique minière
basée sur le libéralisation et la promotion des investissements
privés.

La deuxième révolution industrielle katangaise est en cours


Dans le cadre de cette politique, le Gouvernement a entrepris la
restructuration des entreprises publiques en vue de les rendre plus
performantes par l’injection des capitaux privés. La relance de la
production et l’amélioration de la gestion des opérations, constituent les
éléments fondamentaux qui président à la mise en application de cette
politique.

Cette réforme s’est matérialisée par la promulgation de la nouvelle loi


minière (code minier) ainsi que la mise en place des structures pouvant
permettre une bonne application de ce code (cadastre minier, cellule
de planification minière, etc.). La nouvelle loi se veut attractive de
nouveaux investissements tenant compte de l’environnement mondial
du secteur minier et du bénéfice économique et fiscal qu’il offre aux
investisseurs en RD Congo.
Mine de EGMF KAWAMA
1.2. De l’exploitation artisanale
Selon les dispositions du Nouveau Code Minier, Loi n° 007/2002 du 11 juillet 2002 en
son article 109 : une exploitation est réputée artisanale, lorsque les facteurs
techniques et économiques qui caractérisent certains gîtes d’or, de diamant ou toute
autre substance minérale ne permettent pas d’en assurer une exploitation
industrielle, mais permettent une exploitation artisanale ; de tels gîtes sont érigés,
dans les limites d’une aire géographique déterminée, en zone d’exploitation
artisanale.

Quelques caractéristiques du secteur minier artisanal :

1. Faible niveau de mécanisation (technique de ramassage et grattage


dommageable pour l’exploitation industrielle) ;

2. Peu ou pas d’application des normes de santé et de sécurité ;

3. Faible productivité parce que l’extraction nécessite beaucoup de main


d’œuvre ;

4. Fortes présences d’enfants et des femmes surtout dans les carrières


d’extraction (les attaquants) et autour des puits (sa liseurs) pour ce qui
concerne les enfants …
II. De l’impact social de l’exploitation minière
industrielle et artisanale

• La question sociale vise à une amélioration des


conditions de vie des travailleurs, de leurs
familles et des populations avoisinantes ; une
telle question nécessite une prise de conscience
et une mobilisation de tous les acteurs impliqués
dans le secteur minier.

• On notera de ce fait quelques volets :


1. La sécurité
2. La santé et l’hygiène et
3. L’environnement
2.1. Du social dans l’exploitation industrielle

• En guise de politique de stabilisation de sa main-d’œuvre pour des raisons


liées au marché du travail (qualification spécifique, manque de la main-
d’œuvre…), la Gécamines a consenti l’octroi d’énormes avantages sociaux
à ses travailleurs.

• Ces avantages sociaux se matérialisaient essentiellement sous forme des


services sociaux que la société rendait à son personnel. C’est ainsi que
tous les agents bénéficiaient de la gratuité des soins de santé et de
l’éducation des enfants. En plus, ils recevaient gratuitement le service de
distribution d’eau, d’électricité ainsi que la ration alimentaire.

• Actuellement avec la reforme de la politique minière l’exploitation


industrielle contribue au développement social par :

1. La création d’emplois décents (avec tous les avantages sociaux).


2. La réalisation des projets sociaux en faveur des communautés avoisinantes
(construction ou réhabilitation écoles et centre de santé et leur équipements).
3. Réhabilitation des infrastructures de base (routes, ponts,…).
4. Incitation à l’entreprenariat local dans les filières diversifiées.
Dans l’ensemble, le dossier des entreprises minières au
chapitre du social n’est pas très reluisant en terme
d’impact d’indicateur de réalisations sociales au regard
même du nombre d’entreprises et de fonds, qui devrait
être alloués en terme des bénéfices imposables, pour
des raisons ci-après :

1. Les actions menées souvent ne rencontrent pas les besoins par


manque d’approche appropriée ;

2. Le partenariat entreprises minières et ONG d’exécution est souvent


basé sur les critères super flux ;

3. Le non respect des dispositions légales en la matière (responsabilité


sociale des entreprises selon le code minier article (257, 258, 142,148,
294 du Code minier et les articles 410, 451, 403,404 et 410 RM) ;

4. Non prise en compte des ONG locales pour la durabilité des actions.
Par rapport à l’accès à la terre, l’impact de l’exploitation minière
artisanale est très négatif parce que la relation entre les entreprises
minières et les collectivités n’est pas très confortable.

De toute évidence les abus et la méfiance ont laissé des traces. La


population est appauvrie par le fait de perdre la terre, l’un des moyens
de production malgré le payement des indemnités ou redevances
caractérisée par l’exploitation ou le rapport dominant dominé, alors que
les dispositions du code minier sont clair à ce sujet.

En conséquence on constate une certaine faiblesse de production


vivrière avec comme effet la malnutrition chronique, la rareté des
produits vivriers et la hausse des prix des vivres sur le marché à cause
de la demande forte. Et en fin une dépendance de la province vers les
pays de l’Afrique australe (Zambie approvisionne à80%la ville de
Lubumbashi en farine).
2.2. Exploitation artisanale

• L’exploitation artisanale en tant que « toute opération qui


consiste à extraire et concentrer des substances
minérales et à en récupérer les produits marchands pour
en disposer, en utilisant des méthodes et procédés
traditionnels ou manuels ».

• Le secteur minier artisanal a aidé à réduire la pauvreté


par la création d’emplois pour une nombreuse main
d’œuvre inemployée ou sous employée, par l’effet
multiplicateur de sa croissance, par la stabilité
économique et sociale qui résulte de l’accès à
l’infrastructure et par les avantages résultant de l’emploi
des femmes.
Il sied de signifier que les conditions de travail et
d’emploi sont mauvaises et souvent très
dangereuses. Les creuseurs travaillent pieds nus,
sans équipement de protection individuelle, dans
des puits non étayés et non ventilés, en s’éclairant
à la bougie.

Dans certaines mines, la présence d’uranium


augmente les risques pour la santé des
travailleurs, ainsi que pour l’environnement.
Parmi les conséquences visibles, on peut noter :

1. Sur le plan santé et hygiène : les maladies pulmonaires


(silicose), la radioactivité et le VIH SIDA ;

2. Sur le plan de l’éducation : déperdition scolaire et


accroissement du taux d’analphabétisme ;

3. Sur le plan environnemental : pollution des sources


d’eau et de la nappe phréatiques ainsi que la déforestation.

4. Sur le plan agricole l’exploitation artisanale est à la base


de baisse de la production agricole qui s’explique par la
fuite de la main d’œuvre vers les mines pour la simple
raison que les mines sont rapidement rentables.
Exploitation artisanale
Secteur artisanal à KALUKULUKU
Secteur artisanal au Katanga sans
sécurité
III. Quelques défis de l’exploitation minière pour un
développement social ,environnemental, économique et plus
grande sécurité alimentaire des populations de base dans la
province du Katanga:
• Renforcer les structures d’encadrement des
1. Offrir un cadre exploitants artisanaux au travers de
coopératives minières (à l’image de l’EMAK-
COOPERATIVE, du CMKK, ...) ;
favorable pour • Légaliser l’exploitation artisanale sur des
une exploitation sites adaptés, sécurisés et autorisés à cet
effet ou sur des sites privés mais en
partenariat avec les entreprises;
minière • Renforcer les conditions de production par
l’octroi de petit matériel de production, de
artisanale protection (sécurité) et de santé pour les
transformer en petite mine ;
formalisée, • Renforcer les capacités d’autogestion de
ces coopératives (représentation des
régulée et membres, élections, ...) ;

structurée : • Offrir de véritables débouchés commerciaux


à ces coopératives minières (conclure des
partenariats commerciaux entre les
coopératives et les entreprises minières) ;
2. Favoriser les investissements et la
transformation métallurgique
industrielle dans la province du
Katanga :
1. Créer de la valeur ajoutée aux minerais de
cuivre et cobalt extrait localement par la
transformation industrielle

2. Créer des emplois (faiblement qualifiés ou


non / approches HIMO)
3. Favoriser la diversification
économique:
• Stimuler le développement de nouvelles filières
économiques (business verts, agro-alimentaire,
agriculture de base ...) créatrice d’emploi en
étroite collaboration avec le monde des
entreprises(FEC, COPEMECO) et des IMF

• Favoriser l’entreprenariat individuel et collectif


par le développement de fonds de financement
adaptés (fonds d’investissement PME, ...)

• Créer des emplois (faiblement qualifiés ou non)


4. Favoriser les partenariats ONG /
Entreprise
• En étroite concertation avec la société civile et la
population, favoriser l’élaboration et le
financement par le secteur privé de plans de
remédiation sociaux et environnementaux et de
plans de développement communautaire ;
• Créer un cadre de concertation provincial pour
les partenariats ONG / entreprise
• Consolider le cadre permanent de concertation
animé par les ONG, entreprises minières et les
acteurs de la coopérations bilatérales et
multilatérale
5. Faire bénéficier la population
congolaise du redéploiement
économique du secteur
• Application des articles du Code minier et les
du règlement minier sur le mécanisme
transparent de rétrocession des recettes
fiscales.
• Le code minier prévoit qu’une partie des
recettes fiscales (entre 0,5% et 5% selon les
minerais) doit revenir au niveau des provinces
(25%) et des territoires (15%) et ainsi être
affectée au développement local et
communautaire
6. Accès à l’information
• Pour parvenir au développement social des
communautés, tous ceux qui interviennent dans le
secteur minier devront produire et diffuser l’information
de façon ouverte et transparente par rapport à leur
politique social.
• L’accès à l’information passe par la capacité qu’ont les
gens de bénéficier des droits fondamentaux aux
ressources et de les faire respecter.
• Les processus grâce aux quels l’information est crée et
communiquée aident grandement les communautés à
négocier efficacement et en toute légitimité.
• L’information devrait avoir « un effet de nivellement », de
sorte que toutes les parties intéressées puissent
participer sur un pied d’égalité à la prise des décisions.
7. Accroître la capacité de tous à agir
efficacement
• A l’échelle communautaire :Mobilisation
communautaire ; évaluation des impacts, plans
de développement communautaire, Introduire la
mécanisation légère grâce à l’appui des
entreprises minières.
• A l’échelle Provinciale :Renforcer le cadre de
concertation et intégrer le secteur agricole dans
les priorités des entreprises minières…
• A l’échelle national : Concilier le code minier et
le droit foncier.
C.T. Dolet NYEMBO Mafuta

Expert en Dév.Eco.Local / Groupe One


Vous aimerez peut-être aussi