LE CODE MINIER de 2018
LE CODE MINIER de 2018
LE CODE MINIER de 2018
Le code minier de 2018 renforce les sujétions sur l’industrie et tente de se placer dans la perspective
d’une industrie responsable et respectueuse de l’environnement
Le code minier de 2002 était très favorable à l’industrie minière. Inspiré par la Banque
mondiale et conçu pour attirer les investissements étrangers dans un pays qui sortait à peine de
la guerre, il a favorisé la montée en puissance du secteur minier. Ces 10 dernières années,
l’industrie minière de RD Congo a été l’une des plus dynamiques en Afrique sub-saharienne. Les
institutions financières internationales faisaient cependant régulièrement observer que le taux
des redevances sur les minerais était très inférieur par rapport à ce qu’il était dans d’autres pays
producteurs. Pour le cuivre, par exemple, il était de 2% en RDC, contre 4% en Indonésie, 6% en
Zambie et jusqu’à 14% au Chili.
Un nouveau code minier a été promulgué en 2018. En gestation depuis plusieurs années, il
n’a cependant pas été soumis aux représentants de l’industrie minière durant les travaux
législatifs. Son adoption par le parlement a provoqué une véritable « levée de boucliers » lors de
sa publication. Les principales entreprises multinationales minières opérant en RDC ont tenté de
s’y opposer en fédérant leurs revendications dans un groupe de pression1 ad-hoc. Celles-ci se
sont focalisées sur la suppression de la clause dite « de stabilité » qui garantissait un droit
acquis au maintien des taxes à leur niveau initial pour une durée de 10 ans à partir de la
modification du code (soit une application du nouveau code de 2018 en 2028). Les miniers
considéraient cette garantie comme indispensable à une bonne prévisibilité des amortissements
des très lourds investissements engagés par eux.
- le relèvement des taux sur les minerais qui passent de 2,5 à 3,5%, de 4 à 6% pour les
pierres précieuses de couleur et jusqu’à 10% pour les minerais « stratégiques ». Le
cobalt dont les cours ont connu une forte envolée fera, par exemple, partie de cette
catégorie. Mais la liste des minerais stratégiques n’est pas close. Elle sera fixée par
simple décret du Premier Ministre. Une taxe sur les plus-values minières censée imposer
en RDC les profits issus des cessions de participations de sociétés minières congolaises
entre investisseurs établis à l’étranger est également instaurée.
1
Le « G7 minier » regroupant les principaux groupes miniers internationaux opérant en RDC : China Molybdenum
(Chine), Glencore (Suisse), AngloGold Ashanti (Afrique du sud), Randgold (Afrique du Sud/Grande-Bretagne),
MMG (Australie/Chine), Ivanhoe (Canada), Zijin (Chine).
- l’introduction d’un impôt de 50% sur les superprofits lorsque les cours des matières
premières connaissent un accroissement supérieur à 25% par rapport aux prévisions
projetées dans l’étude de faisabilité.
Le « contenu local » est renforcé par l’augmentation des participations de l’Etat congolais dans
les sociétés d’exploitation minières, de 5 à 10% et par l’obligation d’octroyer une participation de
10% au capital des sociétés minières à des personnes physiques congolaises. La sous-traitance
est réservée aux seules personnes morales à capitaux congolais, à l’instar de la récente loi sur la
sous-traitance. Les activités de sous-traitance dans le secteur des mines et des carrières sont
désormais réservées aux sociétés dont la majorité du capital est détenue par des Congolais,
agréées par le Ministre des Mines. La participation des Congolais au capital des comptoirs d’achat
et de vente des produits miniers d’exploitation artisanale et des entités de traitement est
également prévue.
Le code minier prévoit un cahier des charges pour les sociétés minières définissant des
actions sociales et de programme de développement durable pour les communautés
environnantes du projet. La responsabilité industrielle du titulaire est prévue pour réparer les
dommages causés aux personnes, aux biens et à l’environnement, du fait de ses activités minières,
selon le principe du « Pollueur-Payeur » (contaminations, pollutions, maladies). Le nouveau code
minier, qui pose le principe de la RSE au travers du respect d’un cahier des charges, pourrait être
un levier intéressant à cet égard si les autorités se donnent les moyens de son application. Le
ministère des mines s’efforce de faire correctement indemniser et réinstaller les populations
déplacées par un projet minier.