La preuve des actes et faits juridiques

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La preuve des actes et faits juridiques

Pour obtenir la reconnaissance d’un droit ou l’exécution d’une obligation issue, le plus
souvent, de l’existence d’un acte juridique, il faut en apporter la preuve. Mais, qui doit
prouver sa prétention : le demandeur ou le défendeur ? L’une des parties peut-elle rester
passive ? Dans quel ordre doit-on administrer la preuve ?
1- Définition :
La preuve : Est une démonstration de la réalité d’un fait, d’un état, d’une circonstance ou
d’une obligation.

Quoi ? Qui ? Comment ?


Que doit-on prouver ? Qui doit prouver ? Comment prouver ?

Objet de preuve Charge de la preuve Moyen de la preuve

PREUVE
Procédé utilisé pour établir la réalité d’un acte ou
d’un fait juridique

2- L’objet et la charge de la preuve :


Il consiste à démontrer les circonstances qui ont fait naitre le droit revendiqué pour en obtenir
le respect. Il en résulte deux chose :
- La règle de droit objectif n’a pas besoin d’être prouvée ;
- La source du droit subjectif doit être prouvée.
Concernant la charge de la preuve, c’est à celui qui agit en justice de prouver le droit qu’il
revendique. Cependant, le défendeur ne doit pas rester passif : il s’agit là du principe de
réciprocité de la charge de la preuve.
Ainsi, celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit la prouver
(demandeur).Réciproquement, celui qui prétend libéré de son obligation (défendeur) devra
lui-même en faire la preuve (justifier le fait qui a produit son extinction).
Exemple :
A prétend que B lui doit la somme de 10 000dh. Il produit une reconnaissance de dette.B
reconnaît effectivement avoir emprunté cette somme mais assure avoir procédé au
remboursement Il devra démontrer que sa dette est éteinte.
Donc, il appartient au demandeur de prouver son droit. La charge de la preuve repose en
premier lieu sur le demandeur qui supporte le risque de la preuve : dans les cas douteux, le
juge tranche en défaveur de celui sur lequel reposait la charge de la preuve.
Cependant, le défendeur, lorsqu’il se prétend libéré de son obligation, devra lui-même en faire
la preuve.
3- Les présomptions légales :
Les présomptions légales sont définies comme les conséquences que la loi tire d’un fait connu
pour déterminer un fait inconnu.
Les présomptions dispensent le demandeur, dans les cas prévus par la loi, de l’obligation de
prouver les faits présumés : c’est le législateur qui tire d’un fait établi un autre fait dont la
preuve n’a pas à être rapportée.
Il existe deux types de présomptions : les présomptions simples et les présomptions
irréfragables.
Effets Exemples

- Le demandeur est dispensé La présomption de paternité :


de la preuve d’un fait. - L’enfant n’a pas à démontrer que le mari
Présomption
simple - Le défendeur est autorisé à de sa mère est bien son père ;
rapporter la preuve - Le père peut cependant démontrer le
contraire. contraire.
Les employeurs sont présumés
responsables des dommages causés par
leurs salariés aux tiers :
- La victime n’a pas à prouver la faute de
l’employeur
- L’employeur n’est pas autorisé à
- Le demandeur est dispensé
démontrer qu’il n’a commis aucune faute
de la preuve d’un fait.
Présomption qui peut le désengager de sa responsabilité.
irréfragable - Le défendeur n’est pas
Les parents sont présumés responsables
autorisé à rapporter la
des dommages causés par leurs enfants
preuve contraire.
mineurs :
- La victime n’a pas à prouver la faute de
surveillance ou d’éducation des parents ;
- Les parents ne sont plus autorisés à
démontrer qu’ils n’ont commis aucune
faute.
4. Les moyens de la preuve :
Tant que celui que revendique un droit n’en a pas prouvé l’existence, il ne peut en obtenir
l’exécution.
Deux systèmes de preuve cohabitent : le système de la preuve libre et le système de la preuve
légale. C’est-à-dire, elle peut être libre rapportée par n’importe quel moyen, ou légale
rapportée selon un mode imposé par la loi.
Les moyens de preuve reconnus par la loi sont : 1 L’aveu de la partie ; 2 La preuve littérale
ou écrite ; 3 La preuve testimoniale ; 4 La présomption ; 5 Le serment et le refus de le
prêter ».
Les procédés de preuve utilisable dépendent de :
o Ce qu’il faut prouver (acte ou fait) ;
o La nature de l’acte ou fait : civil, commercial, pénal, administratif ;
o Le montant de l’acte : pour les actes civils.
Matière Acte juridique Fait juridique
Litige inférieur à
Preuve par tous moyens
10000 Dh
Civile
Litige supérieur à
Preuves parfaites
10000 Dh
Preuve par tous moyens
Commerciale Preuve par tous moyens
Administratif Preuve libre
Pénale

a) Les preuves parfaites


 La preuve littérale :
L’écrit est défini de la sorte par la loi : « suite de lettres, de caractères, de chiffres ou de tous
autres signes ou symboles dotés d’une signification intelligible, quels que soient leur support
et leurs modalités de transmission ».
L’acte authentique est un acte écrit établi et signé par un officier public (notaire, officier d'état
civil, huissier de justice) habilité par la loi permettant ainsi d’obtenir la force exécutoire en
cas de litige.
L’acte sous seing privé est un acte rédigé et signé par les parties elles-mêmes ou par un tiers
(personne mandatée autre qu’un officier public). Les actes sous seing privé sont nombreux, ils
peuvent prendre la forme d’un contrat d’assurance, un contrat de location, un contrat de
vente…
Il est bien plus difficile de contester un acte authentique qu'un acte sous seing privé.La preuve
littérale peut être un écrit papier ou électronique.
L’écrit peut donc être sous forme papier ou sous forme électronique. Sous forme
électronique, il doit toutefois respecter deux conditions pour pouvoir être admis à titre de
preuve : la personne dont il émane doit pouvoir être dûment identifiée et l’écrit doit pouvoir
être conservé dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité.
La signature électronique sera de même acceptée, dès lors qu’elle est fiable (Pour être
présumée fiable, une signature électronique doit passer par un organisme de création de
signatures électroniques, agréé et certifié conforme).
Écrits sur support papier :
Acte authentique Acte sous seing privé
Officier public. Officier Les parties.
Rédigé par : d’état civil. Notaire.
Un professionnel du droit (Avocat,
Huissier
Conseil juridique)
Un original : la minute
Établi en :
conservée par le notaire
(nombre Autant d’exemplaires que de parties
Les copies délivrées parties
d’exemplaires)
sur leur demande
- L’acte doit être lu aux
- Formalité du double (=autant
parties intégralement par le
d’exemplaires que de parties)
notaire ;
- Les parties doivent le signer
Formalités à - Les parties doivent le
respecter : signer - Si une seule partie s’engage envers
l’autre à lui payer une somme d’argent,
- Le notaire doit le signer
elle doit faire précéder sa signature de la
et y apposer son cachet au
somme en chiffre et en lettres
bas de la page
Absolue (sauf inscription Les parties sont liées de manière absolue
Force probante :
de faux) sauf contestation sur le contenu de la date
- Contrat de vente d’un - Prêt
appartement, Transactions
immobilières ; - Bail
Exemples :
- Contrat de mariage - Contrat de travail

- Donation… Etc…

Lorsque l’original a été détruit, une copie ou une reproduction fidèle, durable et irréversible
de l’original peut être utilisée.
 L’aveu :
C’est une déclaration par laquelle une personne tient pour vrai un fait qui peut produire contre
elle des conséquences juridiques.
Il existe 2 types d’aveu :
- Aveu judiciaire : déclaration faite en justice.
- Aveu extrajudiciaire : C'est un aveu qui n'a pas été fait au cours de la procédure devant
le juge saisi de la contestation. (Exemple : Aveu devant les services de police) (preuve
imparfaite).
L’aveu judiciaire est une déclaration écrite ou verbale faite devant un juge dans laquelle une
personne reconnaît un fait qui lui est défavorable. L’aveu est irrévocable en matière civile et
lie le juge.
En matière pénale, l’auteur d’un aveu peut se rétracter. L’aveu est dit extrajudiciaire lorsqu’il
est fait hors de la présence d’un juge. Ce dernier n’est alors pas lié par l’aveu et conserve son
pouvoir d’appréciation.
b) Les preuves imparfaites
Les preuves imparfaites ne lient pas le juge, qui conserve son pouvoir d’appréciation.
 Les écrits non signés, et les commencements de preuves par écrit :
Il s’agit des écrits autres que les actes authentiques et les actes sous seing privé, tout élément
écrit qui, ne pouvant être retenu comme preuve complète (parfaite) d’un acte juridique le rend
toutefois vraisemblable (ex : un contrat sur lequel il manque certaines mentions obligatoires,
photocopie, lettre, bon de commande, …).
Peuvent être assimilés à des commencements de preuve par écrit les déclarations faites par
une personne lors d’un procès, son refus de répondre ou son refus de comparaître. Le juge
complétera ce commencement de preuve par écrit par des présomptions ou des témoignages
avant de prendre sa décision
C’est un document qui doit réunir les caractéristiques suivantes :
- Il ne remplit pas toutes les conditions pour constituer une preuve écrite parfaite
- Il émane de la personne contre laquelle on veut s’en servir
- Il doit rendre vraisemblable ce que l’on veut prouver.
 Le témoignage ou preuve testimoniale:
C’est une déclaration, écrite ou orale, faite en justice sous serment, par lequel une personne
tierce, non partie au procès, atteste l’existence d’un fait dont elle a eu personnellement
connaissance vu ou entendu.
 Le serment
Déféré par le juge à l'un des plaideurs, lorsqu'il n'est pas convaincu par les preuves produites,
qu'il veut corroborer (confirmer) les conclusions ou en compenser l'insuffisance. Le juge
demande à l’une des parties d’affirmer solennellement de la réalité d’un acte ou d’un fait
juridique. Il n’est pas lié par le serment judiciaire supplétoire et conserve toute sa liberté
d’appréciation

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