2014 - Pourquoi l_homme doit-il connaitre Dieu

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POURQUOI L’HOMME DOIT-IL CONNAITRE DIEU ?

« […] Nous renversons les sophismes et toute puissance altière qui se dresse contre la
connaissance de Dieu, et nous faisons toute pensée captive pour l’amener à obéir au
Christ » (Saint Paul, II Cor 10, 4-5).
Méditation 4

Chers Pèlerins,
Au cours de notre méditation sur le thème de cette première journée de
pèlerinage consacré à « Dieu et la création de l’homme », nous avons
essayé de percer le mystère de Dieu, et nous nous sommes aperçus qu’il
était en notre pouvoir de Le connaître, d’abord parce que le créateur nous
en a rendus « capables », mais aussi parce que Dieu s’est révélé à nous.
Nous le pouvons ; mais le voulons-nous ? C’est cette question qui va faire
l’objet de notre méditation.
Pourquoi l’homme doit-il connaitre Dieu ?
I. L’HOMME DOIT CONNAITRE DIEU, INFINIMENT BEAU, POUR
POUVOIR L’ADORER EN ESPRIT ET EN VERITE

« L’homme est créé pour louer, honorer et servir Dieu, notre Seigneur et,
par ce moyen, sauver son âme. » (Saint Ignace de Loyola, Exercices
spirituels, première semaine, principe et fondement).
Afin de savoir comment ainsi adorer Dieu en esprit et en vérité, nous
devons d’abord reconnaître combien Il est infiniment beau.
Il importe donc, au préalable, de contempler cette divine beauté, en
cherchant à la connaître, car elle est fascinante :
«"La foi cherche à comprendre" (S. Anselme, Proslogion, prooem.) : il est
inhérent à la foi que le croyant désire mieux connaître Celui en qui il a mis
sa foi, et mieux comprendre ce qu’Il a révélé ; une connaissance plus
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pénétrante appellera à son tour une foi plus grande, de plus en plus
embrasée d’amour.
Ainsi, selon l’adage de S. Augustin (Sermon 43,7, 9), "je crois pour
comprendre et je comprends pour mieux croire" » (CEC 158).
Ayant ainsi levé un côté du voile par la foi cherchant l’intelligence, nous
percevons mieux combien Dieu est digne de louange et d’adoration.
C’est le premier commandement de la loi de Dieu :
"Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras … Vous n’irez pas à la
suite d’autres dieux" (Dt 6,13-14).
« Le premier appel et la juste exigence de Dieu est que l’homme l’accueille
et l’adore » (CEC 2084).
Mais alors, qu’est-ce qu’adorer Dieu ?
« […] Adorer Dieu, c’est le reconnaître comme Dieu, comme le Créateur
et le Sauveur, le Seigneur et le Maître de tout ce qui existe, l’Amour infini
et miséricordieux » (CEC 2096).
« L’adoration est la première attitude de l’homme qui se reconnaît
créature devant son Créateur. (CEC 2628).
L’adoration de Dieu se pratique intérieurement, mais aussi
extérieurement, par les gestes de la liturgie.
Cette attitude n’est évidemment pas réservée à l’Ancien Testament ; le
Nouveau Testament la confirme : « "Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et
c’est à lui seul que tu rendras un culte" (Lc 4,8) dit Jésus, citant le
Deutéronome (Dt 6,13) » (CEC 2096).
L’adoration de Dieu implique de remettre l’homme à sa place.
Pourtant, l’adoration de Dieu n’est pas une dépréciation de l’homme, mais
conduit au contraire à révéler à ce dernier sa réelle dignité : « L’adoration
du Dieu unique libère l’homme du repliement sur soi-même, de
l’esclavage du péché et de l’idolâtrie du monde » (CEC 2097).
II. L’HOMME DOIT CONNAÎTRE DIEU POUR POUVOIR LE SERVIR, EN
RÉPONSE À SON AMOUR PREMIER

1. Faire la volonté de Dieu :


Il ne suffit pas de rendre un culte de religion à Dieu par l’adoration : « Ce
n’est pas en me disant: “Seigneur, Seigneur”, qu’on entrera dans le
Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est
dans les cieux », dit Jésus (Mt 7,21 ; cf. Lc 6,46).
Adorer « Dieu en esprit et en vérité », le servir, c’est donc accomplir la
volonté de Dieu, ce qui présuppose de connaître cette volonté, et donc
de connaître Dieu.
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2. Répondre à l’amour de Dieu :
Dieu nous a aimés le premier : « Quant à nous, aimons, puisque lui nous a
aimés le premier » (I Jn 4,19).
« En ceci consiste l’amour: ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais
c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de
propitiation pour nos péchés. » (I Jn 4,10).
3. Nous aimer les uns les autres
Dieu nous a révélé sa volonté sur nous, en se révélant lui-même, et en
révélant son dessein, qui est un plan d’amour sur nous, et un plan qui nous
fait pratiquer l’amour envers Dieu et envers le prochain :
« Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous
aimer les uns les autres » (I Jn 4,11) ; « […] suivez la voie de l’amour, à
l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré pour nous, s’offrant à
Dieu en sacrifice d’agréable odeur » (Eph 5, 2).
4. Aimer et adorer Dieu fondent la véritable liberté humaine
On ne peut aimer ce qu’on ne connaît pas. Il faut par conséquent connaître
Dieu, pour pouvoir l’aimer.
« De toutes les créatures visibles, seul l’homme est "capable de connaître
et d’aimer son Créateur" (GS 12) ; il est "la seule créature sur terre que
Dieu a voulue pour elle-même" (VATICAN II, 7 décembre 1965,
Constitution pastorale Gaudium et spes, 24) ; lui seul est appelé à
partager, par la connaissance et l’amour, la vie de Dieu. C’est à cette fin
qu’il a été créé, et c’est là la raison fondamentale de sa dignité. » (CEC
356).
Et comment doit-on aimer Dieu ?
« Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de
tout ton esprit ; voilà le plus grand et le premier commandement. » (Mt
22,37-38 ; cf. Mc 12,30 et Lc 10,27).
Peut-on néanmoins aimer Dieu autant qu’il est aimable ? Non : seul Dieu
aime Dieu autant qu’il est aimable, c’est-à-dire infiniment. Mais nous
pouvons et devons tendre à l’aimer autant qu’il est possible ici-bas.
Quand aime-t-on Dieu ?
« Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements » (Jn 14,15).
« Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui
m’aime; or celui qui m’aime sera aimé de mon Père; et je l’aimerai et je
me manifesterai à lui. » (Jn 14,21) « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma
parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous nous ferons
une demeure chez lui » (Jn 14,23).
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Pour aimer Dieu concrètement, il faut donc Le servir, et pour ce faire, il
faut connaître Sa volonté.
Connaître Dieu et l’aimer est l’épanouissement ultime de la liberté
humaine : « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous libérera » (Jn 8,32).
« Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est
créé par Dieu et pour Dieu ; et Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui, et
ce n’est qu’en Dieu que l’homme trouvera la vérité et le bonheur qu’il ne
cesse de chercher : “L’aspect le plus sublime de la dignité humaine se
trouve dans cette vocation de l’homme à communier avec Dieu. Cette
invitation que Dieu adresse à l’homme de dialoguer avec lui commence
avec l’existence humaine. Car si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créé
par amour et, par amour, ne cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit
pleinement selon la vérité que s’il reconnaît librement cet amour et
s’abandonne à son Créateur” (Gaudium et spes, 19) » (CEC 27 ; cf.
CEC 355 ; 1701 ; 1718]).
Chers amis pèlerins,
Adorer Dieu, l’aimer et le servir est, pour chacun d’entre nous, notre
fin véritable. C’est la raison pour laquelle, nous avons le devoir de nous
efforcer de toujours mieux le connaitre. La lecture de bons livres est bien
sûr indispensable et on ne saurait assez recommander celle du Catéchisme
de l’Église Catholique, qui pourrait utilement figurer parmi nos livres de
chevet.
Néanmoins, nous avons besoin de la grâce divine pour adhérer à ce niveau
de connaissances tellement au-dessus de ce que l’homme peut atteindre par
ses forces naturelles, car, nous dit le catéchisme : « […] La foi est un don
de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui. "Pour prêter cette foi,
l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des
secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le cœur et le tourne vers
Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne "à tous la douceur de consentir et
de croire à la vérité’" (Dei Verbum, 5) » (CEC 153).
Demandons à Dieu cette grâce, en récitant notre Acte de Charité
(voir livret du Pèlerin)
Citations
« Au sommet de tout est « la beauté divine, dans laquelle toute la beauté naturelle
et surnaturelle, corporelle et spirituelle de tous les êtres créés ou à créer est très
éminemment et très étroitement contenue, et toute cette beauté réunie, en
comparaison de la beauté de Dieu, n’est qu’un pur néant. C’est pourquoi l’aspect
de la beauté divine transportera et ravira incomparablement plus les habitants du
ciel, que l’aspect de la gloire des saints, de toute la cour céleste et de tout
l’univers, bien que cet aspect doive être aussi pour eux la source d’incroyables
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délices. Dieu est appelé Beau, parce qu’il est lui-même formellement la Beauté
infinie surpassant infiniment toute beauté créée, ou qui pourrait être créée, et toute
autre que l’entendement divin pourrait concevoir, en dehors de soi. Il résulte de là,
qu’il est infiniment aimable et une source infinie de délices, et qu’il a une force
infinie pour attirer l’esprit à son amour ; et quoique en réalité il n’attire pas
infiniment les esprits des bienheureux parce que leur vision n’est pas d’une
perfection infinie, il les attire néanmoins avec une telle puissance, que tous
l’aiment nécessairement et qu’ils ne peuvent en aucune manière suspendre ou
arrêter l’acte de leur amour. Mais plus la nécessité d’aimer Dieu est grande dans
les habitants du ciel, plus ils sont heureux ! » Cf. LESSIUS Léonard, S.J. (1554-
1623), Les noms divins, ouvrage trad. du latin par le P. Marcel Bouix, s.j. - Paris :
Gauthier-Villars, 1882. - 424 p., ici chapitre XV : De la Beauté de Dieu, p. 89-91.
« Quelle raison T’a fait constituer l’homme en si grande dignité ? L’amour
inestimable par lequel Tu as regardé en Toi-même Ta créature, et Tu T’es épris
d’elle ; car c’est par amour que Tu l’as créée, c’est par amour que Tu lui as donné
un être capable de goûter Ton Bien éternel » (Ste Catherine de Sienne, Dialogue 4,
13) » (CEC 356).
« Comme dit S. Jean Damascène "Parce que nous sommes composés de deux
natures, intellectuelle et sensible, nous offrons à Dieu une double adoration".
L’une est spirituelle et consiste dans l’intime dévotion de l’esprit ; l’autre est
corporelle parce qu’elle consiste en l’abaissement extérieur du corps. Parce que,
dans tous les actes de religion, l’extérieur est relatif à l’intérieur comme à ce qui
est au principe, l’adoration extérieure est faite en vue de l’adoration intérieure.
Les signes d’humilité présentés par le corps excitent notre cœur à se soumettre à
Dieu, le sensible étant pour nous le moyen naturel d’accéder à l’intelligible »
(Saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie, II-II, q. 84, a. 2).
« Adorer Dieu, c’est, dans le respect et la soumission absolue reconnaître le
"néant de la créature" qui n’est que par Dieu. Adorer Dieu, c’est comme Marie,
dans le Magnificat, le louer, l’exalter et s’humilier soi-même, en confessant avec
gratitude qu’Il a fait de grandes choses et que saint est son nom (cf. Lc 1,46-49) »
(CEC 2097).
« […] nous ne cessons de prier pour vous et de demander à Dieu qu’Il vous fasse
parvenir à la pleine connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence
spirituelle. Vous pourrez ainsi mener une vie digne du Seigneur et qui Lui plaise en
tout : vous produirez toutes sortes de bonnes œuvres et grandirez dans la
connaissance de Dieu » (Col 1,9-10).
« La perfection de la charité peut être envisagée à deux points de vue : 1° par
rapport à l’objet aimé ; 2° par rapport à celui qui aime.
Par rapport à l’objet aimé, la charité est parfaite quand une chose est aimée
autant qu’elle est aimable. Or Dieu est aussi aimable qu’il est bon ; et comme sa
bonté est infinie, il est infiniment aimable. Mais aucune créature ne peut aimer
Dieu infiniment, puisque toute vertu créée est limitée. Par conséquent, de ce point
de vue, la charité ne peut être parfaite en aucune créature, mais seulement la
charité par laquelle Dieu s’aime lui-même.
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Du côté de celui qui aime, on dit que la charité est parfaite quand on aime autant
qu’il est possible d’aimer. Et cela arrive de trois manières.
‐ D’abord parce que tout le cœur de l’homme se porte de façon actuelle et
continue vers Dieu, et telle est la perfection de la charité du ciel ; elle
n’est pas possible en cette vie où, en raison de la faiblesse humaine, on ne
peut être continuellement en acte de penser à Dieu et de se porter
affectueusement vers lui.
‐ En deuxième lieu, parce que l’homme s’applique tout entier à vaquer à
Dieu et aux choses divines en laissant tout le reste, sauf ce que requièrent
les nécessités de la vie présente. Telle est la perfection de la charité qui
est possible ici-bas ; elle n’est toutefois pas le partage de tous ceux qui
possèdent la charité.
‐ Enfin lorsqu’on donne habituellement tout son cœur à Dieu, au point de
ne rien penser ni de rien vouloir qui soit contraire à l’amour de Dieu. Et
telle est la perfection qui est commune à tous ceux qui ont la charité »
(Saint Thomas d’Aquin, Somme de théologie, II-II, q. 24, a. 8).

Bibliographie
‐ Catéchisme de l’Église Catholique, 2084 à 2094, 2096 à 2097 ; 2242, 2628.

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