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La démocratie peut-elle échapper à la démagogie ?

JOURNALISTE- Et maintenant, Madame, Monsieur Bertheau, le sujet que notre auditoire


attendait le plus : Comment comptez vous gérer la situation des migrants ?

POLITICIENNE– Je vous remercie de me poser cette question, à laquelle je m’attendais et à


laquelle les français s’attendent, un enjeux auquel nous devons nous préparer, qui comprend
l’avenir de notre pays, mais aussi celui de nos voisins, dans une période de conflit qui,
pardonnez-moi, mais je tiens à le rappelez puisque M. Bertheau semble l’oublier, un conflit qui
n’est pas qu’extérieur, qui n’est même pas vraiment intérieur, Monsieur..

M. BERTHEAU-c’est un conflit frontalier qui comprend une pluralité d’acteurs et ainsi une
réponse unilatérale qui, par un leadership fort, devra faire l’unanimité auprès du plus grand
nombre et non par le biais de la barbarie électorale malveillante de l’opposition… car vous
savez ce que font les swiftee, à springfield, ils mangent les chiens, ils mangent les chats, ils
mangent les bêtes de ceux qui vivent…

Deux personnes entrent en répétant un slogan, armés de pancartes :

GREVISTES – La politique/Que des mensonges/On est le peuple et nous on vote/y en a marre


de ces chochottes!

GREVISTE 1-Plus de discours faramineux! Nous sommes ici pour vous parler clairement et
nous voulons des réponses!

GREVISTE 2- Nous ne voulons plus que vous semiez la confusion pour avoir l’air intelligent!
Nous avons compris que derrière vos grands airs, vous n’êtes que du vent, vous les
démagogos !

POLITICIENNE– Mais qu’est-ce que vous en savez ?!

GREVISTE 1 -User de la démagogie consiste à flatter une population pour obtenir ce que l'on
veut d'elle. C'est la tromper, lui promettre des mensonges c'est embellir la vérité pour réussir
dans ce que l'on veut. Voilà ce que c'est que votre « démagogie », rien d'autre que de la
manipulation.

JOURNALISTE- Selon mes sources, il semblerait que l'essence de la démagogie soit la


recherche de la faveur du peuple pour obtenir ses suffrages et le dominer. Restons factuels,
voulez-vous ?

M. BERTHEAU – La démocratie ne peut pas échapper à la démagogie. Voyez-vous, pour nous,


hommes et femmes de pouvoir, nous ne sommes qu’élus par le peuple. Ainsi notre exercice de
la démocratie, si on veut être élu, c’est de convaincre le plus grand nombre. Il faut donc
trouver l’idée qui peut satisfaire le plus grand nombre, le discours qui satisfait le plus grand
nombre. C’est la définition de la démagogie : chercher à plaire au plus grand nombre, avec
excès ou finesse, le vote nous le dira. En tout cas, démagogue, c’est le rôle que vous nous
donnez.

GREVISTE 2-Convaincre, convaincre, c’est bien joli, mais vous, les politiciens, vous ne

convainquez pas! Vous… Vous… Ummm….

GREVISTE 1-Persuadez.

GREVISTE 2 -Exactement! Pour obtenir notre approbation, vous enrobez, vous adaptez la
vérité! Vous n'avez jamais de solutions, juste de longs débats idéologiques qui sèment la
confusion. Ce n’est jamais que de la théorie, presque de la littérature! C’est ça, de la
littérature politique!

POLITICIENNE – Mais est-ce que le peuple est capable d’entendre un argumentaire


uniquement fondé sur la raison ? Clairement pas. Pourquoi ce ne sont pas alors les
scientifiques, les juristes, les médecins, les ingénieurs et même les agriculteurs qui montent à
la tribune ? Car nous ne sommes pas des docteurs dans tous les domaines, et car tout
simplement, la raison n’attire pas les passions. Alors il faut savoir faire goûter la raison, savoir
émouvoir comme, comme nous apprennent les orateurs depuis Cicéron. Il faut savoir plaire,
être démagogue.
GREVISTE 1-Voulez-vous savoir où elle nous mène votre chère démagogie ? Alors, laissez-moi
vous rappeler, laissez-moi vous ramener en Allemagne, à Berlin, en 1933. En flattant les
Allemands, en leur promettant un monde meilleur, la fin des crises économiques, la
prospérité, Hitler est arrivé au pouvoir, et a, ainsi convaincu 62 million de personnes qu'il était
bon d'en exterminer 6 million d'autres. Et par la même magie, Mussolini, Tito ou même Staline
ont pu faire des horreurs impunément. Voilà ce qu'elle nous fait votre démagogie. Voilà ce
qu'est la démagogie moderne.

M. BERTHEAU-Peu importe si les démagogues moderne sont les Hitler et cetera ! La réelle
question, celle que nous, politiciens,devant nous poser est celle-ci : qu'attend vraiment le
peuple de ses dirigeants? Souhaite t-il un penseur, un philosophe qui doute et qui questionne
? Où est-ce qu'il cherche une figure forte, quelqu'un qui avance avec assurance ? La véritable
question, que nous politiciens devons nous poser est celle-ci : combien de philosophes sont
montés sur le podium des grandes élections ? Très peu. Combien de philosophes sont montés
sur l’échafaud ? Beaucoup. Dès lors il nous faut être réaliste. Le peuple ne cherche pas
quelqu'un qui remet tout en question, il cherche quelqu'un qui semble savoir car s’avoir, c’est
rassuré.

GREVISTE 2-Il y a une limite à notre naïveté que vous chérissez tant. Votre assurance ne nous
rassure que si elle va de pair avec de bonnes décisions. Et plus vous nous promettez, plus vous
nous décevez, moins nous vous faisons confiance! Combien de réformes sur l’éducation
subirons-nous encore, avant que vous compreniez?

POLITICIENNE-Mais regardez autour de vous, tout le monde le fait ! Pensez-vous vraiment


qu'un candidat puisse se présenter sans proposer des solutions claires, simples, parfois
simplifiées? Ce n'est pas par plaisir que nous faisons cela mais par nécessité. Dans une
élection il ne suffit pas d'avoir raison, il faut convaincre, il faut rassembler: si l'un de nous
arrivait devant vous, disant: je ne sais pas, réfléchissons ensemble, il serait balayé par celui qui
clame haut et fort, j'ai la solution, suivez-moi! Alors oui, il peut nous arriver de simplifier, mais
en pratique c'est ce que demande le jeu politique. est-ce idéal ? Non. Est-ce la réalité ? Oui.

JOURNALISTE- Votre confiance en la souveraineté du peuple me semble ben fragile. Ne


pensez-vous pas que si la population était éduquée sur ce qui se passe réellement dans le
monde politique, ils ne sanctionneraient pas les élus de leur pouvoir de décision ? Pensez-vous
alors toujours pouvoir attirer les votes ?

GREVISTE 1:Vous semblez oublier les principes même de la démocratie ! La liberté est clé ; la
liberté individuelle qui plus est. NOTRE liberté de penser elle-même est mise en danger par
cette manipulation. Notre système bien que représentatif se doit démocratique. Notre societé
nous promet d'être au sein des décisions prises par notre gouvernement. Notre démocratie et
j'insiste sur le mot, nous promet que le pouvoir est au peuple. Or, si nos dirigeants nous
manipulent, nous perdons le droit de prendre des décisions réfléchies car nous voterons pour
un mensonge.

M.BERTHEAU-*******************

GREVISTE 2- Encore une de vos digressions dénuées de sens! La démocratie n’est pas réduite
à la vie politique, elle doit exister à l’échelle nationale et dans notre système de valeurs. C’est
la société dans son entièreté qui doit être démocratique, et dans cette société, votre manière
de souiller la politique fait tache.

JOURNALISTE- En vérité, mes sources m'affirment que la démagogie a franchi la ligne de la


politique. Elle est entrée dans notre quotiden et les gens en sont devenus victimes. Voyez
l'exemple des réseaux sociaux : les algorithmes ne leur font voir que des contenus qui vont
dans leur sens, et ainsi ils pensent que l'opinion qu'ils voient sur leur téléphone reflète la
vérité.

TIERCE PERSONNE, se levant du public avec une télécommande,- STOP !

Résumons tout ça.


Aujourd’hui, la mode est à la méfiance: sous prétexte de faire preuve d’un “esprit critique”, la
parole et l’autorité de la voix politique sont constamment remises en question et même
refusées par la vertu d’une certaine manipulation dont les subtilités nous échapperaient. En
effet, cette “littérature politique” très théorique et imagée, fait peur par son ambiguïté et ses
généralités qui aboutissent souvent à des prises de décision controversées. On associe cette
manière de plaire, cette démagogie, à une manipulation, digne des Hitler, Mussolini et autres
antagonistes politiques. Par là, la démagogie semble donc ne pas avoir de place dans une
démocratie soi-disant “libre” et respectant la part de décision qui doit être accordée au
peuple.

Mais, cette société qui critique la théorisation du débat politique, n’est-elle pas elle-même
coincée dans un idéal irréaliste? De toute évidence, la pratique de la démocratie exige de
convaincre la majorité, c’est-à-dire de plaire au plus grand nombre. Car l’être humain se laisse
tellement plus facilement flatter l’intellect par une persuasion, au moyen d’un enrobage des
arguments qui lui donnent l’impression d’avoir toujours raison. Sans déontologie politique, le
seul moyen de se démarquer est alors d’utiliser cette stratégie. La démagogie est d’ailleurs
omniprésente et presque incontournable dans notre société, avec notamment l’algorithme
auto-affirmant des réseaux sociaux. Finalement, l’idéal de la démocratie représentative libre,
qui délègue les décisions tout en laissant un pouvoir indiscuté au peuple, n’est rien d’autre que
cela, un idéal.
Et enfin, peut-être que la question à se poser n’est pas “Comment peut-on stopper la
démagogie en politique?” mais “Comment pouvons-nous à l’échelle individuelle et nationale,
prendre notre responsabilité et se construire une éducation et un esprit critique à même de
percer à jour les ambiguïtés du gouvernement?”

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