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McGill Journal of Education


Revue des sciences de l'éducation de McGill

L’apport du construit au champ didactique : le savoir-enseigner


au collégial
The Contribution of Constructs to the Didactic Field: Teaching
Skills at the College Level
Marie Alexandre

Volume 52, numéro 3, fall 2017 Résumé de l'article


Le processus de travail enseignant et les construits qui en découlent
URI : https://id.erudit.org/iderudit/1050904ar concourent à éclairer l’interdépendance de concepts fondamentaux de la
DOI : https://doi.org/10.7202/1050904ar didactique. Les résultats d’une étude de cas multiple sur le savoir-enseigner
d’enseignants expérimentés en Techniques d’éducation à l’enfance au collégial
Aller au sommaire du numéro révèlent un processus didactique à quatre phases : interprétation,
représentation, conception d’environnements d’apprentissage et adaptation
aux caractéristiques des étudiants. Les liens repérés entre les activités clés et
les actions façonnent des zones d’interactions précisant la notion de construit
Éditeur(s)
didactique et mettent en lumière des concepts de la didactique tels que la
Faculty of Education, McGill University transposition, les niveaux de formulation des concepts et le schème. Le
savoir-enseigner devenu objet didactique est au coeur d’un nouvel espace de
ISSN problématisation : la didactique de l’enseignement supérieur.

1916-0666 (numérique)

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Citer cet article


Alexandre, M. (2017). L’apport du construit au champ didactique : le
savoir-enseigner au collégial. McGill Journal of Education / Revue des sciences de
l'éducation de McGill, 52(3), 571–595. https://doi.org/10.7202/1050904ar

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L’apport du construit au champ didactique

L’APPORT DU CONSTRUIT AU CHAMP DIDACTIQUE :


LE SAVOIR-ENSEIGNER AU COLLÉGIAL
MARIE ALEXANDRE Université du Québec à Rimouski

RÉSUMÉ. Le processus de travail enseignant et les construits qui en découlent


concourent à éclairer l’interdépendance de concepts fondamentaux de la
didactique. Les résultats d’une étude de cas multiple sur le savoir-enseigner
d’enseignants expérimentés en Techniques d’éducation à l’enfance au collégial
révèlent un processus didactique à quatre phases : interprétation, représentation,
conception d’environnements d’apprentissage et adaptation aux caractéristiques
des étudiants. Les liens repérés entre les activités clés et les actions façonnent
des zones d’interactions précisant la notion de construit didactique et mettent
en lumière des concepts de la didactique tels que la transposition, les niveaux
de formulation des concepts et le schème. Le savoir-enseigner devenu objet
didactique est au cœur d’un nouvel espace de problématisation : la didactique
de l’enseignement supérieur.

THE CONTRIBUTION OF CONSTRUCTS TO THE DIDACTIC FIELD : TEACHING SKILLS


AT THE COLLEGE LEVEL

ABSTRACT. The process of working as a teacher and the constructs associated


with it contribute to shedding light on the interdependence of fundamental
didactic concepts. The results of a multiple case study on the teaching skills of
experienced Early Childhood Education teachers at the college level reveal a
didactic process supported by four phases: interpretation, representation, learning
environments conception, and adaptation to the students’ characteristics. The
links identified between the key activities and actions shape interaction areas
that clarify the notion of didactic construct by highlighting didactic concepts
such as transposition, concept formulation levels, and scheme. Teaching skills
as a didactic object are at the heart of a new problematization space: higher
education didactics.

L’UNESCO (Altbach, Reisberg et Rumbley, 2009) a fait valoir le rôle majeur


de l’enseignement supérieur dans la préparation de diplômés détenteurs de
nouvelles qualifications incluant un vaste répertoire de connaissances et de
compétences afin de faire face à un monde plus complexe et interdépendant.

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Alexandre

Depuis le renouveau pédagogique, la planification de situations d’apprentissage


dans différents contextes, l’intervention auprès d’effectifs étudiants diversifiés
ainsi que l’évaluation des apprentissages ont pris une large place dans la pratique
enseignante au collégial (St-Pierre, Martel, Ruel et Lauzon, 2010). Au Québec,
conformément aux exigences qui prévalent à l’enseignement supérieur, aucune
qualification professionnelle préalable et propre à la pratique de l’enseignement
n’est obligatoire, ce qui accentue le déséquilibre entre le savoir disciplinaire
et le savoir-enseigner.
Bourdoncle (1993) a souligné que l’enseignement supérieur était une profession
qui s’appuyait « sur un corps de savoirs de haut niveau à caractère formel,
systématique et rationalisé » (p. 101). Dans le cadre des formations profes-
sionnalisantes porteuses du paradigme de l’apprentissage, les connaissances
disciplinaires seraient considérées comme des ressources à mobiliser dans divers
contextes (Bédard, Viau, Louis, Tardif et St-Pierre, 2005).

LE SAVOIR-ENSEIGNER : UNE RÉFLEXION DIDACTIQUE

La didactique est un domaine de recherche relativement récent en sciences


de l’éducation. La spécificité de la didactique est fondée sur son rapport au
savoir (Develay, 1997). Le système didactique a pris appui d’une part, sur
l’inclusion, dans toute situation pédagogique, des relations entre chacun des
trois pôles — sujet, objet et enseignant — et, d’autre part, sur l’accent prioritaire
de certaines composantes structurantes conférant un statut secondaire aux
autres relations (Lenoir, 2000). La réflexion didactique a intégré le contenu
d’apprentissage (Jonnaert et Vander Borght, 1999) dans les rapports établis
entre un enseignant et des élèves. La Figure 1 illustre la relation triangulaire
introduite par Houssaye (1988) entre l’enseignant, l’élève et le savoir.

FIGURE 1. Triangle pédagogique de Houssaye (1988, p. 41)

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L’apport du construit au champ didactique

La personne enseignante établirait des liens entre la pédagogie et le contenu


lors de la conception d’environnements d’apprentissage (van Dijk et Katt-
mann, 2007). Malgré cette constitution de champs de savoirs (Fourez, 2002),
la didactique des disciplines était limitée par la contextualisation des savoirs.
Habboud, Lenoir et Tardif (2005) ont rapporté que la formation dans le champ
professionnel, marquée notamment par ses finalités, par la spécificité des savoirs
professionnels en jeu, ainsi que par les caractéristiques et l’identité du personnel
enseignant, impliquait la perspective de la didactique professionnelle visant
plus particulièrement une didactique des sciences du travail (Mayen, 2005).
La tradition anglo-américaine a été largement dominée par les tendances curri-
culaire et pédagogique qui accordaient peu de place au contenu à enseigner en
classe (Shulman, 1986 ; van Dijk et Kattmann, 2007). Shulman (1986), dans
ses travaux sur la professionnalisation de l’enseignement, a introduit le concept
du savoir didactique. Le savoir didactique ou le savoir pédagogique de contenu
correspondait à un amalgame du savoir sur le contenu et sur la pédagogie.
L’identification d’une forme de savoir sur le contenu pour l’enseignement a
posé les premiers jalons d’un véritable paradigme didactique américain. Le
savoir didactique inclurait ce que la personne enseignante sait, fait et les raisons
qui sous-tendent son action (Baxter et Lederman, 1999) dans l’enseignement
d’un contenu. Le savoir-enseigner est défini non seulement comme étant une
articulation complexe de différents savoirs enseignants en ce qui concerne les
caractéristiques des étudiants, le contenu, le contexte, l’évaluation, la pédago-
gie, les ressources et la technologie (Shulman, 1986, 1987), mais a aussi rendu
compte de l’élaboration de solutions d’enseignement différentes pour chacun
des contenus selon les ordres d’enseignement spécifiques (Bond-Robinson,
2005 ; Khalick, 2006).
Le savoir-enseigner pourrait correspondre à la capacité de choisir et de mettre
en place, sur la base de ses connaissances et de ses expériences, des situations
permettant aux élèves de construire des savoirs et des compétences (Clanet et
Talbot, 2012). De nombreuses embûches ont entravé la clarification concep-
tuelle du savoir-enseigner. Parmi celles-ci, notons la pluralité des domaines
des savoirs enseignants (Gauthier et Tardif, 2004) et leur mobilisation en
cours de pratique (Geddis et Wood, 1997 ; Schön, 1994) ; l’interaction de
diverses composantes (Park et Oliver, 2008) ainsi que la prise en compte de
la complexité de l’environnement pédagogique dans la pensée enseignante
(Crowe et Berry, 2007).
Malgré la reconnaissance d’un type de savoir spécifique à la profession ensei-
gnante, « la conceptualisation des divers savoirs mis en jeu dans l’action n’est
pas achevée » (Perrenoud, Altet, Lessard et Paquay, 2008, p. 8). La question
posée est : Comment l’enseignant au collégial transforme-t-il en unités ensei-
gnables un contenu afin qu’il soit appris par des étudiants ?

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 573


Alexandre

CADRE DE RÉFÉRENCE

Des concepts fondamentaux de la didactique


Le partage des thématiques de recherche (Jonnaert et Vander Borght, 1999) a
progressivement conduit à l’adoption de référents théoriques et à la création de
concepts didactiques transcendant les différentes appartenances disciplinaires.
Chevallard (1985) a établi une distinction entre le savoir savant et le savoir
curriculaire : « Ce travail qui d’un objet de savoir à enseigner fait un objet
d’enseignement est appelé la transposition didactique » (p. 39). Reuter, Cohen-
Azria, Daunay, Delcambre-Delville et Lahanier-Reuter (2007) ont souligné que
cet outil permettait « au didacticien de s’interroger sur la nature des savoirs, et
donc d’exercer une vigilance épistémologique afin de faire face à l’évolution des
savoirs » (p. 229). Martinand (1986) a intégré la notion de « pratique sociale
de référence » pour désigner des savoirs enseignés qui ne relevaient pas d’un
savoir savant. Les sources des savoirs à enseigner et la construction de savoirs
scolaires ne tenaient plus seulement compte des champs scientifiques mais
s’étaient élargies au champ des pratiques sociales.
Les diverses conceptions alternatives des enseignants au cours des années 90
s’opposaient à celles portées par la professionnalisation de l’enseignement
(Bourdoncle, 1993). L’enseignant ouvrier était caractérisé par un contrôle
accru sur la nature du travail et une augmentation significative de la tâche.
Pour Bourdoncle (1993), la précision des savoirs et des compétences requises,
la normalisation de tâches et de gestes prescrits et le contrôle de l’exécution
en étaient les traits essentiels. Par contre, chez l’enseignant artisan l’acte
de production relevait d’une globalité sans division entre la conception et
l’exécution du travail (Bourdoncle, 1993). Des savoirs et des savoir-faire appris
par compagnonnage, une transmission par imitation et l’autonomie dans la
tâche conduisaient à une production individualisée. L’enseignant artiste se
préoccupait autant des connaissances que des attitudes et des traditions de
pensée de la discipline. Selon cette perspective, l’enseignement devenait un acte
de communication (Bourdoncle, 1993) caractérisé par une passion contagieuse
pour la discipline et une relation significative avec les étudiants. L’enseignant
bricoleur se distinguait par une forte créativité qui pouvait même le conduire
à détourner les objets de leurs fonctions.
Selon Develay (1993), la compétence de l’enseignant reposerait sur sa capacité
de centration, équilibrant à la fois les contenus et les processus d’apprentissage.
Paquay (1994) a soutenu que les caractéristiques d’autonomie et de respon-
sabilité inhérentes au métier d’enseignant relevait d’une profession. Altet
(2001) a fait valoir que « l’enseignant est un professionnel de l’apprentissage,
de la gestion des conditions d’apprentissage et de la régulation interactive en
classe » (p. 31). Ce professionnel doué de raison exercerait son jugement et
prendrait des décisions « dans ces systèmes complexes que sont la classe et
l’école » (Tardif et Gauthier, 2001, p. 228).

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L’apport du construit au champ didactique

Les niveaux de formulation des concepts structureraient de manière concep-


tuelle le savoir à enseigner (Astolfi, 1990). Ils sont définis selon la variation
d’un énoncé produit en classe « en fonction des moments du cursus et des
problèmes spécifiques étudiés » (Reuter et coll., 2007, p. 145) conformément
aux objectifs d’un apprentissage. Des liens chronologiques de progression et
d’organisation des notions enseignées seraient regroupés autour d’un petit nom-
bre de concepts organisateurs du domaine. Reuter et coll. (2007) remarquaient
que les niveaux de formulation des concepts pouvaient être pensés comme
des espaces de continuité sous forme d’emboîtements ou encore comme des
zones de rupture lors d’une réorganisation du savoir.
Vergnaud (1994, 2007) proposait une conceptualisation de l’apprentissage des
mathématiques fondée sur la théorie des schèmes. Le but du schème représentait
l’intentionnalité du sujet. Ont suivis les règles d’action constituées des prises
d’information, des contrôles, des conduites observables et non-observables qui
incluaient les inférences et les recherches en mémoire. Troisièmement, les inva-
riants opératoires (théorèmes-en-actes et concepts-en-actes) avaient des fonctions de
conceptualisation et d’inférence (Vergnaud, 2013). Les inférences portaient sur
le caractère adaptable des contrôles et des ajustements progressifs de l’activité.
Pour Vergnaud (1994, 2013), le rôle de l’enseignant comprendrait entre autres,
le choix et l’organisation de situations de résolution de problème offrant des
occasions d’exercer les schèmes présents, de clarifier le but et de développer
de nouveaux schèmes.

Les phases du processus didactique


Le savoir-enseigner produit en contexte de pratique demeure peu documenté. Sur
ce point, la littérature scientifique manquerait d’exemples concrets de description
des phases du processus de transformation spécifique à un contenu (Loughran,
Mulhall et Berry, 2004). En outre, plusieurs chercheurs ont rapporté que les
construits didactiques étaient le produit de l’exercice d’un processus complexe.
L’identification des quatre phases du processus didactique et l’examen des
activités clés associées permettraient de décrire la manière dont sont élaborés
les construits didactiques dans le cadre de la pratique enseignante (Alexandre,
2013a, 2013b, 2014, 2017). La phase d’interprétation (Kinach, 2002) correspon-
drait à la compréhension, à l’analyse et à l’élaboration du contenu. La phase
de représentation (Fernandez-Balboa et Stiehl, 1995) exposerait un répertoire
unique constitué d’activités, d’analogies, d’exemples, de démonstrations, de
métaphores et de modélisations. La phase de conception d’environnements
d’apprentissage (van Dijk et Kattmann, 2007) s’apparenterait à une analyse
des similitudes entre la contextualisation des objectifs d’enseignement et les
conceptions des étudiants sur les contenus. La quatrième phase concerne la
prise en compte des différentes caractéristiques des étudiants. À ce sujet, les
études ayant examiné les dimensions cognitive (Drechsler et Van Driel, 2008),
affective et sociale (Fernandez-Balboa et Stiehl, 1995 ; McCaughtry, 2005)

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 575


Alexandre

ainsi que physique (Chen et Ennis, 1995) des caractéristiques des étudiants
révélaient que le degré d’élaboration et de relation entre le savoir sur les
caractéristiques des étudiants et l’enseignement est plus élevé que ce qui est
généralement reconnu et articulé dans la littérature sur le savoir-enseigner.
Le Tableau 1 présente les activités clés et les actions associées à chacune des
phases du processus didactique.
TABLEAU 1. Activités clés et actions des phases du processus didactique (Alexandre, 2013)

Phases du processus
Activités clés et actions
didactique
Interprétation Détermination des paramètres d’enseignabilité :
Identifier les notions importantes, l’intérêt et les difficultés sur les
contenus ; Inclure et exclure des éléments ; jauger la capacité d’enseigner
des contenus
Personnalisation du contenu : Mettre en œuvre des stratégies de régula-
tion ; Recourir à différents niveaux de contenu (programme, marché du
travail).
Organisation en rencontres de la session : Définir du déroulement des
rencontres selon le temps.
Mobilisation des ressources matérielles : Attribuer des fonctions spéci-
fiques ; Réaliser, réviser et actualiser le matériel d’enseignement.

Représentation Génération d’explications transformatrices : Choisir un vocabulaire


spécifique ; Utiliser des exemples, contre-exemples ; Mettre au point des
analogies.
Utilisation des nouvelles technologies de façon didactique : Sélectionner
des applications technologiques ; Assigner des fonctions pédagogiques
aux technologies utilisées.
Conception Détermination des actes d’enseignement : Identifier des fonctions des
d’environnements actes d’enseignement prenant en compte la mission enseignante
d’apprentissage
Sélection d’un type d’environnement d’apprentissage : Identifier des
orientations sur le contenu ; Organiser un modèle pédagogique
Déploiement des stratégies d’enseignement : Analyser l’apprentissage
avec la contribution des antécédents personnels ; Soutenir par des
ressources matérielles.
Mise en place des dispositifs d’évaluation : Identifier des indicateurs de
l’apprentissage ; Élaborer l’instrumentation.

Adaptation aux Maintien d’une relation significative : Établir un rapport de confiance ;


caractéristiques des Utiliser des outils diagnostiques ; Identifier des aspects de la connais-
étudiants sance des étudiants ; Reconnaitre des besoins et prendre en compte des
réactions des étudiants.
Détermination des paramètres d’apprentissage : Identifier des connais-
sances antérieures, des difficultés et des conceptions des étudiants.
Reconnaissance de la dynamique particulière du groupe : Identifier des
relations interpersonnelles et des caractéristiques du groupe.
Soutien de l’intérêt : Reconnaitre des signes d’intérêt et de non intérêt ;
Utiliser des moyens visant la responsabilisation de l’apprentissage.
Ajustement du déroulement des rencontres : Prendre en compte le
cheminement, les réalisations et la participation des étudiants.
576 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017
L’apport du construit au champ didactique

MÉTHODOLOGIE

L’étude de cas occuperait un espace de recherche dans lequel la contextualisation


et la complexité constitueraient les assises d’un mode de contribution unique
à la connaissance dans un domaine donné (Alexandre, 2013b ; Yin, 2003).
Les participantes (pseudonymes : Simone, Valérie et Luce) étaient membres de
départements des Techniques d’éducation à l’enfance réparties dans trois
Collèges d’enseignement général et professionnel du Québec. Elles comptaient
entre 5 et 22 ans d’expérience en enseignement en éducation à l’enfance sur
des contenus différents et à des moments différents dans la formation du
personnel éducateur.
Le dispositif de collecte de données comprenait trois types d’entretiens qui
respectaient la spécificité de chacune des situations de la pratique enseignante :
l’entretien non directif lors de la situation de planification, la technique de
rappel stimulé lors de la situation d’intervention et l’entretien semi-dirigé lors
de la situation de réflexion. Tous les entretiens ont été retranscrits verbatim.
Le matériel écrit incluait le journal de bord du chercheur et les documents
relatifs au contenu enseigné.
TABLEAU 2. Description des niveaux de synthèse des données

Niveaux de synthèse Description


Regroupement des Les données issues de l’examen des neuf verbatims des trois partici-
données sous les pantes sont regroupées sous chacune des situations de planification,
situations investi- d’intervention et de réflexion tout en étant associées aux dimensions
guées de chacune des phases du processus didactique (cadre de référence
en évolution).
Regroupement des À partir des matrices révisées par les canevas d’analyse, les données
situations investi- sont regroupées et exposées pour l’ensemble des situations.
guées
Identification des Des activités clés et leurs actions sont dégagées pour chacune des
activités clés et de phases du processus didactique
leurs actions
Établissement des La manière dont les actions contribuent aux activités clés pour cha-
relations entre les cune des phases du processus didactique est explicitée.
actions (indicateurs
d’actions)
Mise en évidence L’examen des relations correspondant aux éléments constituants des
des descripteurs de construits didactiques.
relations

Une analyse de contenu (Mucchielli, 2009) a permis d’organiser la synthèse


des données. Des activités d’épuration du verbatim, d’étiquetage des unités
de sens, de regroupement des étiquettes en catégories ainsi que d’association
des catégories aux objectifs de l’étude ont été effectuées sur les neuf verbatims
de l’étude. Tel que décrit dans le Tableau 2, un corpus constitué de 3 292
unités de sens a servi de base aux opérations associées à différents niveaux

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 577


Alexandre

de synthèse des données. Les cinq opérations liées aux niveaux de synthèse
des données ont été réalisées pour chacun des objectifs d’interprétation, de
représentation, de conception d’environnements d’apprentissage et d’adaptation
aux caractéristiques des étudiants ainsi que pour un cinquième objectif plus
intégrateur, soit la description du fonctionnement du processus didactique et
l’élaboration des construits didactiques.
Sur le plan de la triangulation méthodologique, les données recueillies au
moyen des trois types d’entretiens et le matériel écrit ont été comparés. Une
opération de validation interjuges a obtenu un taux de concordance de 80 %.
Un retour auprès des participantes a été effectué afin de valider les propos des
acteurs concernés (Mucchielli, 2009).

PRÉSENTATION DES RÉSULTATS

L’analyse des résultats a révélé la présence d’un processus didactique qui


se déploie en quatre phases. Ce raisonnement spécifique déjà identifié par
Shulman (1987) constitue le territoire exclusif de l’enseignant, le distinguant
ainsi du spécialiste de contenu. Comme l’ont suggéré Geddis et Wood (1997)
ainsi que Wilkes (1994), cette délibération didactique est une réorganisation
personnalisée en continu qui s’effectue à l’égard du contenu, des caractéristiques
des étudiants et de l’environnement d’apprentissage. Les activités clés et les
actions associées à chacune des phases du processus didactique permettent le
repérage du raisonnement professionnel enseignant.

Les activités clés et les actions de la phase d’interprétation


La phase d’interprétation est constituée d’actions regroupées sous quatre
activités clés. L’activité clé Détermination des paramètres d’enseignabilité
qui correspond à une forme de compréhension pédagogique du contenu (van
Dijk et Kattmann, 2007) consiste à identifier des notions clés, l’intérêt et les
difficultés sur les contenus, à inclure et exclure des éléments de contenus et
à apprécier sa capacité dans l’enseignement des contenus. Comme le présente
le Tableau 3, les participantes utilisent les cinq paramètres de l’enseignabilité.
La prise en compte des éléments de difficultés sur les contenus occupe une large
place dans la Détermination des paramètres d’enseignabilité. Les participantes
identifient la mobilisation d’habiletés de nature différente, l’établissement des
liens entre la théorie et la pratique, le manque de connaissances antérieures,
la perception de certaines capacités ainsi que les attitudes de résistance des
étudiants concernant le travail demandé et le développement de certaines
habiletés. Simone explique qu’un conflit avec une équipe de travail ne requiert
pas des habiletés de communication de même nature que pour la rédaction
d’un compte-rendu quotidien. Les participantes incluent ou encore excluent
certains éléments des contenus avec, par exemple, la modification de travaux,
d’activités ou encore d’expériences lors des rencontres avec les étudiants.

578 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

TABLEAU 3. Paramètres de l’enseignabilité des contenus

Inclusion Perception des


Sources Éléments de et exclusion capacités dans
Notions clés
d’intérêt difficultés d’éléments de l’enseignement
contenu du contenu
Intégration Intégration des Complexité du Ajout de Capacité de
des savoirs au savoirs dans la vocabulaire travaux mémorisation
milieu de travail vie personnelle
ou encore Maîtrise de Prolongement Maitrise du
Compréhension en milieu de techniques et retrait d’acti- contenu
des enfants travail vités et
Liens entre la d’expériences Qualité de la
théorie et la préparation de
pratique la rencontre

Manque de Oubli dans le


connaissances savoir sur le
antérieures des contenu
étudiants
Forces et limites
Perception des du déroulement
attitudes et des des rencontres
habiletés
des étudiants

Les participantes sont conscientes de leurs capacités d’enseignement des conte-


nus. Elles soulignent la capacité de mémorisation, le degré de maîtrise de leur
contenu et la qualité de la préparation de la rencontre. Les participantes se
montrent conscientes de leurs propres limites. Elles déplorent un oubli dans
le savoir sur le contenu et identifient certaines forces ainsi que les limites de
chacune des rencontres avec les étudiants.
La Personnalisation du contenu indique que les participantes modèlent ou
façonnent les contenus en faisant appel à leur type de compréhension. Cette
activité clé comprend les actions Mettre en œuvre des stratégies de régulation et
Recourir à différents niveaux de contenu. Les participantes ont recours à différents
niveaux de contenus, allant des notions comprises dans la compétence, aux
autres compétences du programme et, enfin, à la profession d’éducatrice.
Elles effectuent des mises à jour, recherchent de la nouveauté et identifient
les connaissances antérieures des étudiants. La familiarité avec les contenus
enseignés suscite chez les participantes un sentiment de confiance à l’égard
des rencontres avec les étudiants. Les participantes rapportent le retour sur des
thèmes qu’elles enrichissent d’une année à l’autre. Le recours à des contenus
disciplinaires est de nature diversifiée et comprend l’analyse de processus ou
encore l’utilisation de théories.
Les participantes ont le souci d’adopter des attitudes facilitant l’appropriation
de l’information par les étudiants et de rendre explicite le raisonnement dis-
ciplinaire en éducation à l’enfance. Elles structurent les contenus dans le but
de répondre aux besoins de développement et au respect des enfants.

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 579


Alexandre

Le recours à différents niveaux de contenus peut être qualifié de véritable « écha-


faudage ». Des discussions thématiques traduisent une réflexion d’intégration
au service du développement global de l’enfant. De plus, des expériences
d’introspection sont dédiées au développement d’aptitudes relationnelles au
centre d’une vie professionnelle basée sur l’intérêt pour l’humain. Un autre
niveau de contenu peut être par exemple celui des expérimentations d’acti-
vités qui ciblent certaines caractéristiques des enfants des services de garde.
Les participantes remanient des éléments de compétences et font appel à la
métacognition des étudiants.
Le Tableau 4 présente des résultats obtenus des trois situations de la pratique
et montrent les relations des différents niveaux des contenus sollicités par les
participantes. Le recours aux contenus du niveau du programme est tributaire
des conceptions des participantes à l’égard de l’approche par compétences. Il
se traduit par la prise d’une certaine distance à l’égard des prescriptions du
programme et par un véritable effort d’arrimage des compétences avec les
contenus.
TABLEAU 4. Recours aux niveaux de contenus selon les situations

Niveaux de
Planification Intervention Réflexion
contenus
Notions Discussions théma- Réflexion d’intégration Développement d’apti-
associées tiques au service du déve- tudes relationnelles
aux loppement global de
compétences Expérience d’intros- l’enfant Vécu des étudiants
pection

Expérimentations
d’activités
Programme Remaniement des élé- Utilisation des contenus Développement d’apti-
ments de compétences au service du développe- tudes relationnelles
ment global de l’enfant au centre d’une vie
Métacognition en service de garde professionnelle

Similarité avec l’ancien Vécu personnel des


programme étudiants
Métier Développement Attitudes sur le marché Importance des
d’éducateur d’aptitudes du travail relations dans le métier
à l’enfance relationnelles d’éducateur à l’enfance

L’action Définir le déroulement des rencontres selon le temps opérationnalise l’activité


clé d’Organisation du déroulement des rencontres. Les participantes rapportent
la transmission des informations, la réception et la remise de travaux et les
consignes de fonctionnement en début de rencontres. L’annonce des contenus
à venir la termine. Chacune des rencontres de la session est numérotée, servant
aussi de calendrier de remises de travaux pour les étudiants. La gestion du
moment de la pause sépare les parties d’une rencontre tout en permettant
l’ajustement aux événements imprévus.

580 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

La Mobilisation des ressources matérielles comprend les actions : Attribuer des


fonctions spécifiques et Réaliser, réviser et actualiser le matériel d’enseignement. Les
participantes réalisent, révisent et actualisent les ressources matérielles au regard
de fonctions d’enrichissement des contenus, d’information, d’instrumentation
lors du déroulement des rencontres, d’outil d’apprentissage et de support à
l’environnement d’apprentissage.
Les livres de référence et les notes de cours assurent une fonction d’enrichis-
sement des contenus. Lors de la préparation en équipe, Simone demande
aux étudiants d’apporter tout le matériel colligé durant les trois années de
la formation. Le plan de cours et le calendrier occupent des fonctions infor-
matives. Luce donne un calendrier des rencontres consacrées à des activités
spéciales, telles qu’une sortie dans une base de plein air. Différents documents
de préparation personnelle remplissent une fonction d’instrumentation pour
les rencontres avec les étudiants tels que des fiches, des descriptifs annotés,
des notes sur l’essentiel des rencontres, un inventaire du matériel. Au cours
de l’année, Luce collige des idées et échange avec d’autres personnes afin
d’enrichir les activités. Un portfolio et un journal de créativité occupent une
fonction d’outil d’apprentissage des contenus. L’utilisation de matériel en
classe sert de support à l’environnement d’apprentissage.
Les participantes rédigent des questions, recherchent du matériel, écrivent des
consignes, achètent des accessoires et construisent des tableaux. Les analyses
font ressortir la réécriture des outils d’apprentissage, incluant la correction
de l’orthographe et de la syntaxe ainsi que certaines erreurs sur les contenus,
et la modification d’outils de support à l’environnement d’apprentissage.
Elles aménagent le local, effectuent des réservations et collaborent avec une
technicienne.

Les activités clés et les actions de la phase de représentation


La phase de représentation comprend les activités clés de Génération d’expli-
cations transformatrices et d’Utilisation didactique des technologies de
l’information et de la communication dans l’enseignement (TICES). La
Génération d’explications transformatrices illustre le processus de raisonne-
ment spécifique d’une discipline ou d’une profession (van Dijk et Kattmann,
2007) et les actions qui en découlent sont les suivantes : Choisir un vocabulaire
spécifique, Utiliser des exemples et Mettre au point des analogies.
Lors de l’Utilisation didactique des technologies de l’information et de la
communication dans l’enseignement (TICES), les participantes peuvent
Sélectionner des applications technologiques et Assigner des fonctions pédagogiques aux
technologies utilisées. Parmi les applications technologiques sélectionnées, notons
l’activation, la conversion en PDF, le dépôt, la messagerie, la préparation de
diaporamas ainsi que la sauvegarde. Les fonctions pédagogiques assignées aux
technologies dans la présente étude sont la communication, la diffusion des
résultats, la distribution ainsi que la gestion du groupe.

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 581


Alexandre

Les activités clés et les actions de la phase de conception d’environnements


d’apprentissage
La Détermination des actes d’enseignement, la Sélection du type d’envi-
ronnement d’apprentissage, le Déploiement des stratégies d’enseignement
constituent des activités clés de la phase de conception d’environnements
d’apprentissage. La vision de la mission enseignante des participantes influence
la détermination des actes d’enseignement (Legendre, 2005). L’adaptation
de la réponse aux besoins individuels, l’ajustement du niveau de rétroaction
et l’utilisation de la modélisation sont fortement motivés par le désir d’une
intégration réussie lors de la formation du personnel éducateur. La création
des situations d’apprentissage, l’accompagnement et la disponibilité au groupe
se traduisent par des actes d’enseignement de préparation, d’animation et de
coordination. Simone désire partager son savoir et garder l’intérêt de tous les
étudiants, et Valérie tient à développer la vision d’éducatrice.
Les participantes sélectionnent un type d’environnement d’apprentissage pour
organiser des modèles pédagogiques. Les orientations sur le contenu des par-
ticipantes telles que l’intégration, le transfert des connaissances, la démarche
de connaissance de soi et les activités de pratique du métier d’éducatrice ainsi
que le plaisir ont déterminé l’organisation de modèles pédagogiques sous la
forme d’ateliers thématiques, de laboratoires d’expérimentation tout en pri-
vilégiant l’alternance entre la pratique et la théorie. Simone soutient que la
classe devient un « groupe-ressource ».
Le Déploiement des stratégies d’enseignement est constitué des actions Analyser
l’apprentissage des étudiants et Soutenir par des ressources matérielles. Les participantes
reconnaissent l’individualité du processus d’apprentissage et identifient cer-
taines caractéristiques spécifiques chez les étudiants. Les participantes décèlent
certains préalables qui facilitent l’apprentissage alors que le développement
de la confiance en soi contribue à la mise en pratique des connaissances.
L’implication des étudiants est sollicitée par la possibilité d’effectuer des choix,
la rédaction et la réponse à des questions, la prise de notes, etc. La prise en
compte de facteurs contextuels (dynamique particulière du groupe) et de paramètres
de l’apprentissage (connaissances antérieures, difficultés et conceptions des étudiants)
conduit les participantes à ajuster les stratégies d’enseignement.
L’action Soutenir par des ressources matérielles met de l’avant des fonctions
d’enrichissement du contenu, par exemple la lecture d’un poème, et le choix
d’outils d’apprentissage tels que le bilan de compétences, la rédaction d’un
texte intégrateur et le journal de créativité.

Les activités clés et les actions de la phase d’adaptation aux caractéristiques


des étudiants
L’activité clé Maintien d’une relation significative s’exerce selon un sous-proces-
sus. L’action Établir un rapport de confiance requiert d’Utiliser des outils diagnostiques
permettant l’identification des aspects de la connaissance des étudiants qui,

582 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

à son tour, conduit à Reconnaitre des besoins et à Prendre en compte les réactions.
La reconnaissance des besoins des étudiants par les participantes est centrée
sur l’observation des besoins individuels au regard des dimensions affective
et cognitive. Les participantes prennent en compte les commentaires et les
comportements des étudiants tels que l’abandon d’activités et du programme
de formation, le rejet d’un étudiant dans le groupe.
La Reconnaissance de la dynamique du groupe est constituée de l’action Iden-
tifier les relations interpersonnelles et des caractéristiques du groupe. L’activité clé
Soutien de l’intérêt correspond à un autre sous-processus qui inclut les actions
Reconnaitre les signes d’intérêt et Soutenir la responsabilisation de l’apprentissage. Les
participantes donnent le choix de certains thèmes de discussion, préparent au
départ en stage, expriment des propos motivants, apportent de la nouveauté
lors des rencontres et font signer un contrat d’engagement.
L’activité clé Ajustement du déroulement des rencontres est constituée de
l’action Prendre en compte le cheminement, les réalisations et la participation des
étudiants. Simone constate qu’avec certains groupes, elle voit tous les thèmes
prévus alors qu’avec d’autres, elle n’y arrive pas. Valérie constate que chacun
des laboratoires s’est déroulé différemment.
La Détermination des paramètres de l’apprentissage se déploie sous l’action
Identifier des connaissances antérieures, des difficultés et des conceptions des étudiants
sur l’apprentissage du contenu. Les participantes précisent des difficultés reliées à
l’apprentissage du métier d’éducatrice, comme l’inexpérience dans la maitrise
de certaines techniques, le manque de lien entre la théorie et la pratique et
les défis de la communication écrite.

Les interactions lors de la phase d’interprétation


Les actions associées aux activités clés structurent chacune des phases d’inter-
prétation, de représentation, de conception d’environnements d’apprentissage
et d’adaptation aux caractéristiques des étudiants. Certaines actions précisent
la nature synergique du fonctionnement entre les phases du processus didac-
tique. L’examen des relations entre les activités clés et les actions interphases
soutiennent le processus didactique et révèlent les construits. Le Tableau 5
présente les interactions de la phase d’interprétation avec les trois autres phases
du processus didactique.
L’analyse des interactions entre la phase d’interprétation et la phase de repré-
sentation montre que l’action Recourir à différents niveaux de contenus (programme,
marché du travail) de l’activité clé de Personnalisation du contenu conduit aux
actions Utiliser des exemples et Mettre au point des analogies lors de l’activité clé
de Génération d’explications transformatrices.
Je compare la formation à des briques et mon cours est le ciment. On met
tout ça ensemble (1274-1275). Les briques sont des connaissances éparpillées
un peu partout (Simone, réflexion, 1277).

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 583


Alexandre

TABLEAU 5. Interactions de l’interprétation

Phases
Activités clés Conception Adaptation aux
Interprétation Représentation d’environnements caractéristiques
d’apprentissage des étudiants
Détermination Détermination
des paramètres de paramètres de
d’enseignabilité l’apprentissage
Personnalisation Génération
du contenu d’explications
transformatrices
Organisation en Ajustement du
rencontres de déroulement des
session rencontres
Mobilisation Utilisation didactique Déploiement des
des ressources des nouvelles stratégies
matérielles technologies d’enseignement

L’action Attribuer des fonctions spécifiques présente dans l’activité clé de Mobi-
lisation des ressources matérielles est en relation avec l’action Assigner des
fonctions pédagogiques technologiques de l’activité clé Utilisation didactique des
technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement
(TICES). En ce qui a trait aux interactions de la phase d’interprétation avec
la phase de conception des environnements d’apprentissage, l’activité clé de
Mobilisation des ressources matérielles, plus particulièrement au niveau de
l’action Réaliser, réviser et actualiser le matériel d’enseignement, rejoint l’action de
Soutenir par des ressources matérielles lors de l’activité clé de Déploiement des
stratégies d’enseignement. L’activité clé d’Organisation des rencontres de la
session est influencée par l’action Prendre en compte le cheminement, les réalisations
et la participation des étudiants de la phase d’adaptation aux caractéristiques
des étudiants. Les interactions avec la phase d’adaptation aux caractéristiques
des étudiants révèlent un lien entre les activités clés de Détermination des
paramètres d’enseignabilité et des paramètres de l’apprentissage.

Les interactions lors de la phase de représentation


L’examen des interactions de la phase de représentation avec les autres phases
du processus didactique, présenté dans le Tableau 6, révèle des liens privilé-
giés avec la phase de conception d’environnements d’apprentissage. L’action
Assigner des fonctions pédagogiques de l’activité clé d’Utilisation didactique des
technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement
(TICES) rejoint celle de Soutenir par des ressources matérielles lors de l’activité
clé de Déploiement des stratégies d’enseignement.

584 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

TABLEAU 6. Interactions de la représentation

Phases
Activités clés Conception Adaptation aux
Représentation Interprétation d’environnements caractéristiques des
d’apprentissage étudiants
Génération d’explica- Personnalisation
tions transformatrices du contenu
Utilisation didactique Mobilisation Déploiement des
des nouvelles des ressources stratégies
technologies matérielles d’enseignement

Les interactions lors de la phase de conception d’environnements d’apprentis-


sage
Le Tableau 7 présente les principaux éléments qui ressortent de l’analyse de
la nature des interactions de la phase de conception des environnements
d’apprentissage.
TABLEAU 7. Interactions de la conception d’environnements d’apprentissage

Activités clés Phases


Conception
d’environnements Adaptation aux
Interprétation Représentation
d’apprentissage caractéristiques des étudiants

Détermination des
actes d’enseignement
Sélection d’un type
d’environnement
d’apprentissage
Déploiement des Mobilisation Utilisation Détermination des
stratégies des ressources didactique des paramètres de l’apprentissage,
d’enseignement matérielles nouvelles soutien de l’intérêt et
technologies ajustement du déroulement
des rencontres
Mise en place d’un
dispositif
d’évaluation

L’action Analyser l’apprentissage sous l’activité clé de Déploiement des stratégies


d’enseignement comprend un ajustement des stratégies d’enseignement aux
paramètres de l’apprentissage et aux facteurs contextuels et rejoint l’activité clé
de Détermination des paramètres de l’apprentissage de la phase d’adaptation
aux caractéristiques des étudiants. L’ajustement aux facteurs contextuels est en
lien avec l’activité clé de Soutien de l’intérêt et de l’action Prendre en compte
le cheminement, les réalisations et la participation des étudiants de l’activité clé
d’Ajustement du déroulement des rencontres de la phase d’adaptation aux
caractéristiques des étudiants.

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 585


Alexandre

Si je ne fais rien, il ne se passera rien. La situation va finir par dégénérer (33).


Je n’avais pas envie de leur passer un savon une demi-heure sur ce sujet. J’ai
choisi de le faire de cette façon. (Luce, intervention, 81-82)
Le processus didactique active un système de prises de décision. Les quatre
phases du processus possèdent leurs propres activités clés, elles-mêmes carac-
térisées par des actions. Entre les activités clés et leurs actions s’organisent des
liens interphases, le tout formant un réseau complexe. La Figure 2 présente
le fonctionnement du processus didactique et illustre les interactions qui ont
conduit à l’identification du construit didactique.

FIGURE 2. Fonctionnement du processus didactique (Alexandre, 2013a, p. 213)

Le construit et les niveaux de formulation des concepts


L’activation de différentes zones du processus didactique produit des construits
mettant en valeur des éléments caractéristiques des niveaux de formulation
des concepts. Des liens entre les phases d’interprétation, de représentation

586 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

et d’adaptation aux caractéristiques des étudiants sont établis. Les résultats


indiquent une tension entre les savoirs et les apprenants (Reuter et coll., 2007)
illustrée par des relations soutenues entre les phases d’interprétation et d’adap-
tation aux caractéristiques des étudiants. Ainsi les activités clés Détermination
des paramètres d’enseignabilité et d’apprentissage sont-elles fortement reliées.
Les participantes distinguent la complexité liée aux contenus des difficultés
provenant des caractéristiques des étudiants face à l’apprentissage des contenus.
Un construit illustrant les niveaux de formulation de concepts peut témoi-
gner de différentes formulations visant la correspondance entre l’énoncé et
les objectifs d’apprentissage (Reuter et coll., 2007). Ce construit intègre des
stratégies de régulation sur la discipline et prend appui sur un répertoire per-
sonnalisé d’explications transformatrices. Le recours à des notions comprises
dans la compétence, aux autres compétences du programme et à la profession
d’éducateur à l’enfance se traduit par le choix d’un vocabulaire spécifique, des
exemples et des analogies. Les enseignantes font appel aux notions vues en
classe, au programme et à l’exercice du métier sur le marché du travail. Les
extraits verbatim présentés ci-dessous mettent en valeur la présence de liens
soutenus entre les activités clés Personnalisation du contenu et Génération
d’explications transformatrices. Les phases d’interprétation et de représentation
du processus didactique sont sollicitées.
Si tu te dis : c’est plate pour moi, bien il faut que cela soit plate pour eux, nous
manquons notre coup comme éducatrice. (Simone, intervention, 904-906)
Je rappelle certains moments. Quand elles tournaient autour de la table,
comment se préparaient–elles ? Amassaient–elles des données à partir du
matériel, de l’expérience ou d’une émotion ? (Valérie, réflexion, 844-846)

Le construit et l’aide à la formation de schèmes


Des construits illustrant l’aide à la formation des schèmes activent les phases
d’interprétation, de représentation, de conception d’environnements d’appren-
tissage et d’adaptation aux caractéristiques des étudiants. L’activité clé de Mobi-
lisation des ressources matérielles est en relation avec celle de l’Utilisation
didactique des technologies de l’information et de la communication dans
l’enseignement (TICES). Les enseignantes attribuent des fonctions pédago-
giques technologiques au matériel d’enseignement. La distribution de notes
de cours ou encore de banque d’activités sur la plateforme virtuelle a comme
fonction d’enrichir le contenu.
J’entre dans le système Omnivox. J’y dépose un certain nombre de docu-
ments pour les étudiants de façon virtuelle (1151-1152). Dans ce groupe, j’ai
déjà déposé un certain nombre que je peux reporter d’une session à l’autre
(1192-1194). (Luce, planification).
Un construit privilégiant le choix de situations de résolution de problèmes et
l’organisation de l’activité (Vergnaud, 2013) découle des liens entre les activités
clés de Déploiement des stratégies d’enseignement et de Mobilisation des

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 587


Alexandre

ressources matérielles. Les enseignantes réalisent, révisent et actualisent du


matériel d’enseignement en soutien à l’environnement d’apprentissage.
Dans la rétroaction, une fois qu’elles ont fait le tour, ma façon de les
accompagner est souvent en fonction des questions du journal de créativité
(1038-1039). L’étudiante le reçoit après le laboratoire (l143-144). Je place des
perles dans le matériel (395). (Valérie, planification)
Les activités clés d’Organisation des rencontres avec les étudiants et de
Déploiement des stratégies d’enseignement sont en lien avec l’Ajustement
du déroulement des rencontres. Ce construit témoigne de la sélection de
l’information et du réglage de la conduite favorisant la formation de schèmes
nouveaux chez les étudiants (Vergnaud, 1994). Les enseignantes prennent
en compte le cheminement, les réalisations et la participation des étudiants
lors de l’ajustement des stratégies d’enseignement aux facteurs contextuels et
utilisent des moyens visant l’apprentissage.
Elles jouent avec ces résistances. Il s’agit d’un premier degré d’analyse. Elles
préfèreraient passer à autre chose (474). Mardi matin, dès cette activité une
étudiante s’est complètement fermée tout le long du processus (678). (Valérie,
intervention).

DISCUSSION

Les résultats confirment une transformation du savoir à enseigner en savoir


enseigné dans le sens émis par Chevallard (1985). Les quatre phases de ce
processus contribuent à préciser le concept de transposition didactique en
apportant un éclairage sur la manière de transformer un contenu afin qu’il
soit « appris par d’autres ». Le processus didactique se déploie en un réseau
d’activités clés regroupées autour des phases d’interprétation, de représenta-
tion, de conception d’environnements d’apprentissage et d’adaptation aux
caractéristiques des étudiants. Le savoir didactique correspond à un réseau
constitué d’un répertoire d’entités de savoir d’enseignement élaborées dans
les situations de la pratique enseignante (Hashweh, 2005). Burn, Childs et
McNicholl (2007) soulignent la complexité du processus associé à l’élaboration
de construits d’enseignement.
L’exercice du métier d’éducateur à l’enfance met en avant la notion de pratique
sociale de référence de Martinand (1986). Le mandat social du personnel éduca-
teur, traduit en programme scolaire de formation en Techniques d’éducation à
l’enfance, vise la mise en place des conditions essentielles à l’apprentissage actif
des enfants en services de garde éducatifs (Gouvernement du Québec, 2006).
Les résultats vont dans le sens de la professionnalisation de l’enseignement.
L’idiosyncrasie de la pratique enseignante associée à l’enseignant artisan a été
rapportée par plusieurs auteurs (Baxter et Lederman, 1999, Bourdoncle, 1993).
Khalick (2006) montre que l’enseignement de plusieurs contenus ainsi que
la diversité des besoins des élèves conduisent au développement de plusieurs

588 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

savoirs didactiques chez un même enseignant. Les travaux de Loughran et coll.


(2004) font ressortir que les orientations sur le contenu, les caractéristiques
des étudiants, l’expérience d’enseignement et les antécédents personnels sont
des facteurs associés à l’idiosyncrasie du savoir didactique. La production
individualisée associée à l’enseignant artisan ne serait que la manifestation
d’une réponse adaptée issue de l’exercice d’un processus décisionnel d’une
étonnante stabilité.
La modification du rôle enseignant au collégial constitue une avancée pro-
fessionnalisante qui s’éloigne graduellement de la conception de l’enseignant
ouvrier (Bourdoncle, 1993). Depuis 1993, la réforme majeure de l’enseignement
appelée Le Renouveau au collégial a touché entre autres, aux structures adminis-
tratives, aux programmes d’études et à la pédagogie (St-Pierre et coll., 2010).
St-Pierre et coll. (2010) précisent que l’enseignant participe à la conception
des programmes d’études et à l’élaboration des cours dans une perspective
d’approche-programme, qu’il développe de nouvelles modalités d’intervention
pédagogique, évalue des compétences et participe à l’évaluation des programmes.
En outre, l’analyse approfondie d’exemples de construits s’apparente à une
véritable déconstruction du construit didactique en ses plus simples particules et
donne accès à l’explicitation du lien entre l’activation du processus didactique
et l’élaboration du construit. Ainsi, un construit correspond à un nœud actif
à l’intérieur du réseau des activités clés. Cette zone d’interaction précise est
sollicitée lors de l’exercice du processus didactique. Le construit est produit
dans l’une ou l’autre des situations de planification, d’intervention et de
réflexion de la pratique enseignante et sous-entend un assemblage de diffé-
rents matériaux. Chaque construit comprend : a) un lien entre deux phases
ou plus du processus didactique, b) un croisement d’au moins deux activités
clés, c) une action commune ou la trace d’au moins un lien entre des actions,
d) des éléments contextuels. L’analyse des constituants du construit didactique
permet non seulement d’investiguer le savoir-enseigner produit dans le cadre
de la pratique mais aussi d’illustrer l’interdépendance des concepts de la
didactique lors de l’exercice du travail enseignant.

Les niveaux de formulation des concepts et le fonctionnement du construit


Les construits qui mettent de l’avant divers niveaux de formulation des concepts
activent des liens privilégiés entre les phases d’interprétation et de représen-
tation. Chacun des construits investigués présente un croisement explicite
entre deux activités clés. Le Tableau 8 montre la manière dont l’activité clé
de Génération d’explications transformatrices utilisant le questionnement et
le contre-exemple mobilise d’une part, l’activité clé de Personnalisation du
contenu avec les différents niveaux de contenu et d’autre part, l’activité clé
de Détermination des paramètres d’enseignabilité grâce à l’identification des
notions importantes.

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 589


Alexandre

TABLEAU 8. Exemples de construits illustrant les niveaux de formulation de concepts

Croisement de Liens
Liens entre les Éléments
Construits deux activités entre
phases contextuels
clés ou plus les actions
Si tu te dis : c’est Interprétation / Personna- Recourir à Conception
plate pour moi, Représentation lisation du différents du rôle
bien il faut que cela contenu / niveaux de professionnel
soit plate pour eux, Génération contenu / d’éducatrice à
nous manquons d’explications utiliser un l’égard de
notre coup comme transforma- contre-exemple l’intervention
éducatrice. (Simone trices démocratique
planification, p. 23) auprès des
enfants en
garde scolaire
Je rappelle certains Interprétation / Détermination Identifier des Collecte de
moments. Quand Représentation des paramètres notions sur données pour
elles tournaient d’enseignabi- le contenu / le processus de
autour de la table, lité / Questionner créativité :
comment se Génération (prise de
préparaient–elles ? d’explications conscience des
(Valérie, réflexion, transforma- émotions et
p. 27) trices des pensées)

Les liens établis entre les savoirs enseignés et les savoirs de référence dans le
cadre du programme d’études (Reuter et coll., 2007) sont présents lors de la
Personnalisation du contenu. Ces résultats rejoignent le plan épistémologique
identifié par Develay et Astolfi (1989, dans Reuter et coll., 2007) dans lequel
un même concept est abordé par différentes questions. Les enseignantes
ont le souci de rendre explicite le raisonnement disciplinaire en éducation
à l’enfance. Le recours aux différents niveaux de contenus semble un aspect
de la discipline des Techniques d’éducation à l’enfance alors que les notions
comprises dans chacune des compétences sont assujetties à un programme qui
organise l’ensemble des compétences à acquérir selon une approche-programme
en vue de l’exercice du métier d’éducatrice. La hiérarchisation des niveaux de
formulation des concepts utilisée par les enseignantes suggère un espace de
continuité formant des assemblages (Reuter et coll., 2007).

L’aide à la formation de schèmes et le fonctionnement du construit


Quelques construits illustrant l’aide à la formation de schèmes explicitent les
liens entre les phases d’interprétation, de représentation, de conception d’envi-
ronnement d’apprentissage et d’adaptation aux caractéristiques des étudiants.
Ces construits qui présentent l’aide à la formation de schèmes rejoignent
les écrits de Vergnaud (2013) sur le rôle de l’enseignant dans les situations
de résolution de problèmes. Compte tenu du choix de l’environnement
d’apprentissage, l’activité clé de Déploiement des stratégies d’enseignement
est largement tributaire de l’Ajustement du déroulement des rencontres, tout
en sollicitant l’activité clé de Soutien de l’intérêt des étudiants. La prise en

590 REVUE DES SCIENCES DE L’ÉDUCATION DE McGILL • VOL. 52 NO 3 AUTOMNE 2017


L’apport du construit au champ didactique

compte du cheminement des réalisations et de la participation des étudiants et


l’utilisation de moyens afin de soutenir leur intérêt conduisent à l’ajustement
des stratégies d’enseignement aux facteurs contextuels et aux paramètres de
l’apprentissage. Dans le sens souhaité par le Conseil supérieur de l’éducation
(2008), l’enseignant recourt à des stratégies d’enseignement suscitant la parti-
cipation active et l’apprentissage en profondeur des étudiants. L’organisation
de l’environnement d’apprentissage par l’enseignant rend compte de la prise
d’information et du contrôle qui sont essentiels à la formation de schèmes
nouveaux par les étudiants lors de l’apprentissage. L’interdépendance des acti-
vités clés Déploiement des stratégies d’enseignement et Soutien de l’intérêt
chez les étudiants suggère la présence de la facilitation des inférences et de
l’émergence des concepts (Vergnaud, 2013).
Crowe et Berry (2007) soulignent que l’enseignant répond à la complexité
de l’environnement d’apprentissage. Les aspects politique, social, culturel
et physique du contexte spécifique dans lequel l’enseignement prend place
influencent la pratique (Cochran, DeRuiter et King, 1993). Saroyan et coll.
(2004) soulignent l’influence des facteurs contextuels spécifiques à tout ordre
d’enseignement, notamment, la culture organisationnelle et les directives dépar-
tementales. Les résultats établissent des liens entre les phases d’interprétation
et de représentation.
On peut rapprocher les actes repérables décrits par Vergnaud (2013) et les
fonctions de soutien de l’environnement d’apprentissage attribuées au maté-
riel d’enseignement. La réalisation, l’actualisation et la révision du matériel
soutiennent l’implication dans l’activité dans le but d’atteindre un apprentis-
sage bien identifié. Les écrits scientifiques soulignent l’impact des ressources
matérielles sur les objectifs et sur le choix des stratégies d’enseignement (Lee
et Luft, 2008). Les ressources matérielles permettent, d’enrichir l’enseigne-
ment grâce à des expérimentations dépassant les exigences des programmes.
Ces expérimentations contribuent à l’émergence et au développement de
nouveaux concepts.

CONCLUSION

L’investigation des activités clés des phases du processus didactique et des


construits qui en découlent ouvre la voie à une meilleure compréhension de
l’acte d’enseigner. Prenant appui sur l’interdépendance des concepts fonda-
mentaux de la didactique, les construits didactiques élaborés dans le contexte
de la pratique proposent une modélisation du réseau des prises de décision
qui sous-tendent le savoir-enseigner à l’enseignement supérieur.
La notion de construit constitue une interface conceptuelle entre l’enseignement
et l’apprentissage qui rend compte de la complexité et de la contextualisation
de l’exercice du travail enseignant. Le construit donne accès aux rapports mul-
tiples de réciprocité qu’entretient l’enseignant avec le contenu, l’environnement

McGILL JOURNAL OF EDUCATION • VOL. 52 NO 3 FALL 2017 591


Alexandre

d’apprentissage et les caractéristiques des étudiants. Il dévoile une articulation


harmonieuse des différents savoirs enseignants configurant un assemblage
essentiel à la (re)construction de sens et au développement du savoir-enseigner.
La production de construits dans l’exercice du processus didactique et l’examen
de chacun de ses constituants apportent une contribution à la compréhension
du raisonnement professionnel enseignant.
La complexité du savoir-enseigner à l’enseignement supérieur (Endrizzi, 2011)
concourt à tracer un nouvel espace de problématisation dans la science didac-
tique (Schneuwly, 2014). La présente recherche sur le processus didactique
s’inscrit dans une visée de professionnalisation de la formation des enseignants.
Ainsi le construit s’ajoute-t-il aux outils didactiques qui permettent à « l’acteur
d’éclairer ses prises de décision » (Astolfi, 1990, p. 29).

RÉFÉRENCES

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MARIE ALEXANDRE est professeure en psychopédagogie de l’enseignement profes-


sionnel à l’UQAR. Membre du groupe de recherche sur l’entretien d’explicitation
(GREX2), chercheuse associée au Centre de transfert pour la réussite éducative du
Québec (CTREQ), elle est membre du Comité scientifique international de l’Académie
nationale des Sciences et techniques du Sénégal. Ses travaux de recherche portent sur
la didactique, le savoir-enseigner, les construits, le processus de travail enseignant, la
formation de formateurs, les environnements numériques d’apprentissage et le savoir
professionnel (processus de raisonnement de métier). marie_alexandre@uqar.ca

MARIE ALEXANDRE is a professor of the educational psychology of vocational educa-


tion at UQAR. She is a member of the research group on explicitation interviews
(GREX2), an associate researcher at the Centre de transfert pour la réussite éducative
du Québec (CTREQ), and a member of the Comité scientifique international de l’Acadé-
mie nationale des Sciences et techniques of Senegal. Her research focuses on didactics,
teaching skills, constructs, the process of teaching, the training of trainers, digital
learning environments, and professional know-how (professional reasoning processes).
marie_alexandre@uqar.ca

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