EM - Notes de Base

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République Démocratique du Congo


Ministère de l’Enseignement Supérieur et Universitaire
UNIVERSITE DE KINSHASA

ELECTROMAGNETISME
(Notes de Cours)
(Vol.III-Théorie des phénomènes électriques et magnétiques)

Prof. Matthieu LIASSA NKOY LUTAKA-LUTAKA

2021
2

Table des matières


Chapitre 1 : Propriétés du champ et du potentiel dans le vide
Chapitre 2 : Les conducteurs électriques dans le vide
Chapitre 3 : Les champs électriques dans les diélectriques
Chapitre 4 : Energie électrostatique
Chapitre 5 : Le courant continu
Chapitre 6 : Electromagnétisme
Chapitre 7 : Le magnétisme
Chapitre 8 : Courants variables et induction électromagnétique
Chapitre 9 : Le courant alternatif
Chapitre 10 : Le champ électromagnétique
3

CHAPITRE PREMIER
PROPRIÉTÉS DU CHAMP ET DU POTENTIEL ELECTRIQUES DANS LE VIDE
I. FONDEMENTS DE L'ÉLECTROSTATIQUE
1. Expériences de base
Un morceau d'ébonite ou de verre frotté attire les corps légers.Cette
expérience, connue depuis l'antiquité, puisqu'on la trouve mentionnée par
Thalès de Milet, est à la base des phénomènes d'électrisation. Toutefois,
l'électrostatique ne fût étudiée scientifiquement qu'à partir du 18ème siècle.
Diverses expériences mettent en évidence lesfaits suivants :
1) Il est possible (par frottement par exemple) de développer, sur certains
corps, des fluides tels que les corps exercent des forces les uns sur les
autres. On dit que l'on a fait apparaître de l'électricité.
2) Les actions entre corps électrisés sont, soit des attractions, soit des
répulsions. Les diverses expériences que l'on peut faire impliquent
l'existence de deux fluides: l'électricité positive et l'électricité négative,
deux corps de même électrisation se repoussant, deux
corpsd'électrisations différentes s'attirant.
3) Pour certains corps appelés isolants, l'électricité reste à l'endroit où on
l'a développée ; pour les autres, appelés conducteurs, l'électricité se
répand sur l'ensemble du corps, peut y circuler librement et enparticulier
s'écouler dans la terre si le sol est en contact avec le conducteur.
Nous rappelons, pour mémoire, les expériences suivantes qui mettent en
évidence les faits énumérés.
A) Pendule électrique
Une balle de sureau, recouverte de clinquant et suspendue par unfil isolant,
que l'on a touchée avec un morceau d'ébonite frotté, est repoussée. La même
balle est attirée si on approche maintenant un morceau de verre frotté.
L'ébonite sur laquelle on a développé de l'électricité que nousappellerons
négative (par définition) a cédéune partie de sa charge à la balle et on a
constaté une répulsion. Le verre, qui par frottement a reçu une charge positive
(par définition), attire la balle électrisée négativement.
4

Figure 5
B) Électroscope à feuilles d'or
Deux feuilles d'or reliées à la boule A sont séparéespar un bouchon isolant du
vase de verre qui les contient.
Lorsqu’on électrise la boule A, l'électricité se répandsur les feuilles qui
divergent. Cet instrument est utilisédans les expériences de cours pour mettre
en évidencel'électrisation d'un corps.

Figure 6
2. Hypothèses de base de l'électrostatique
Pour expliquer les diverses lois de la physique et de la chimie, onpostule que la
matière est constituée par un agrégat de particules matérielles, c'est-à-dire
caractérisées par un nombre positif appelé masse,pouvant posséder des
charges électriques positives ou négatives. Engénéral, les corps sont neutres
par compensation. On électrise un corps,positivement par exemple, en lui
apportant des charges positives; onobtient le même résultat en lui enlevant
des charges négatives.
Il existe de nombreux procédés d'électrisation : frottement mécanique de deux
corps (charges développées par le frottement de l'airsur les véhicules
automobiles et sur les avions) — influence électrostatique (machines
électrostatiques) — induction électromagnétique (dynamos) — réactions
5

chimiques (piles chimiques) — efforts mécaniquessur certains cristaux


(piézoélectricité du quartz) — action de la chaleursur certains cristaux
(pyroélectricité) ou sur des métaux convenablement disposés (piles
thermoélectriques)... etc. ...
Dans ce qui suit nous étudierons les actions des charges électriquessans nous
inquiéter de la façon dont elles ont été apportées.
Les hypothèses que l'on est amené à faire sur la structure de lamatière
impliquent les propositions suivantes:
A) Il existe deux sortes d'électricité
Cette proposition est, nous l'avons vu, justifiée par un certain nombre
d'expériences.
B) L'électricité est indestructible
Si on fait apparaître une charge positive en un point, il apparaît des charges
négatives opposées en d'autres points. Cette proposition, justifiée par
l'expérience, constitue le principe de la conservation descharges électriques.
C) Les actions de deux charges ponctuelles suivent la loide Coulomb
Il est bien évident que physiquement les charges ponctuelles n'existent pas
mais on peut imaginer que les dimensions des supports descharges sont très
petites devant la distance entre ces charges. Dans cesconditions on vérifie que
la force que chacune des charges exerce surl'autre a pour support la droite qui
joint ces charges, est une attractionou une répulsion selon que les charges sont
de signes contraires ou demême signe et est inversement proportionnelle au
carré de la distance.
L'expérience montrant que la force est fonction des charges enprésence, on
pose a priori que cette fonction est une relation de proportionnalité, ce qui
équivaut à définir la grandeur charge électrique commeune quantité
proportionnelle à la force exercée sur cette charge parun corps situé à une
distance fixée. Il est bien évident que par suite dela symétrie du système, avec
la définition que nous avons donnée de lacharge électrique, la force qui
s'exerce entre deux corps ponctuels électrisés est proportionnelle au produit
des charges de chacun d'eux.
1 𝑞𝑞′
La loi de Coulomb s'écrit𝐹 = .
𝜀0′ 𝑟2
6

Figure 7
En tenant compte des signes des charges, une force positive correspond à une
répulsion.
Vectoriellement, on peut écrire
1 𝑟⃗
𝐹⃗ = 𝑞𝑞′ 3avec𝑟⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐴𝐵 .
𝜀0′ 𝑟

Le coefficient 4 dépend des unités choisies.


Coulomb a, en 1780, vérifié expérimentalement la loi qui porteson nom à l'aide
d'une balance de torsion. La précision de ses expériencesétant de l'ordre de 2%
il pourrait sembler étonnant d'asseoir toutel'électricité sur une loi vérifiée avec
une aussi faible précision. Mais onpeut déduire de la loi de Coulomb un certain
nombre de conséquences(telle que la nullité du champ électrique au centre
d'une sphère creuse)qui sont vérifiées avec une grande précision (de l'ordre de
1/1 000).
D) Les charges s'ajoutent algébriquement
L'expérience montre que la force exercée par un corps chargé surun ensemble
de deux corps chargés placés au même point est la sommedes forces qui
s'exercent sur eux lorsqu'on les place successivement ence point.
3. Constitution de la matière
La matière est formée de molécules, elles-mêmes formées d'atomes.
Les atomes sont constitués de particules matérielles pouvant porterdes charges
électriques. Les expériences de physique atomique quel'on a pu faire ont
montré qu'il existe différentes sortes de particulesayant des masses
différentes, mais que toutes ces particules, ou biensont neutres (neutrons), ou
bien possèdent la même charge positive 𝑒(proton, positon, méson positif), ou
bien la même charge négative – 𝑒(électron, méson négatif, antiproton). Nous
ne parlerons pas des particules ayant une existence éphémère et qui
intéressent la physique nucléaire: positon, méson, pour retenir seulement
7

l'existence du neutronsans charge électrique et qui a une masse de 1,66. 10−24


g, du protonqui porte la charge + 𝑒 et a la même masse, de l'électron qui a
unemasse de 9,107.10−28 g (soit 1 820 fois plus petite que celle du proton)et
une charge −𝑒. Dans le système MKSA la charge élémentaire a la valeur 𝑒 =
1,602 . 10−19 C.
Les éléments entrant dans la constitution de l'atome forment unédifice
comportant un noyau formé de protons et de neutrons autourduquel gravitent
des électrons.
Le noyau formé de corpuscules lourds (protons, neutrons) portepratiquement
toute la masse de l'atome. Il a une charge égale à 𝑧. 𝑒.
Le nombre 𝑧 est ce qu'on appelle le nombre atomique du corps; il estégal au
nombre de protons. Le nombre de neutrons peut être variable(isotopes) mais il
est de l'ordre du nombre atomique. Autour du noyaugravitent des électrons
répartis par couches (2 au maximum sur la première ^couche -(couche K); 8 au
maximum sur les suivantes (couchesL, M, N,...); toutes les couches sauf la
dernière sont saturées (2 électrons pour la première, 8 pour les autres). Les
atomes étant neutresle nombre d'électrons périphériques est égal au nombre
atomique z.
Précisons pour terminer que les distances des électrons au noyau d'un atome
sont de l'ordre de 10−10 m. Ces électrons peuvent changerd'orbite mais d'une
façon discontinue (théorie des quanta); ceux de lacouche périphérique peuvent
quitter l'atome. L'atome devient alors union positif et porte la charge +𝑒, +2𝑒
... selon le nombre d'électronsqui l'ont quitté.
Les molécules sont composées d'atomes formant un édifice stable. Ilpeut s'agir
d'atomes identiques dans le cas des corps simples ou d'atomesappartenant à
des corps différents dans le cas de corps composés.
4. Point de vue économique et point de vue macroscopique
A notre échelle un volume de matière contient un très grand nombre de
molécules. Une molécule-gramme contient:𝑁 = 6. 1023 molécules (N nombre
d'Avogadro).
Pour étudier l'électricité, il n'est pas nécessaire d'étudier le comportement
individuel de chaque particule constitutive de l'atome ou même de chaque
atome ou de chaque molécule. Ce serait d'ailleurs en contradiction avec
l'expérience courante qui ne nous donne que des vues macroscopiques
8

d'ensemble. Ce sont uniquement les résultats statistiques, seuls décelables par


les instruments de mesure, que nous étudierons dans le cours. Pour l'étude qui
va suivre il est inutile de définir tous les paramètres qui interviennent pour
caractériser l'atome. En électricité seuls trois paramètres interviennent, ces
paramètres pouvant prendre statistiquement des valeurs non nulles, ce sont:
A) La charge électrique
Une molécule dont aucun atome n'a perdu d'électron est neutre.
Lorsque des électrons ont quitté un atome celui-ci devient un ion positif,
l'électron un ion négatif. Dans les corps beaucoup de moléculessont ionisées. Si
les ions positifs et les ions négatifs sont en mêmenombre, macroscopiquement
le corps paraît neutre. Les molécules etles ions sont doués d'une certaine
agitation. Si aucune direction n'estprivilégiée dans le déplacement des
particules électrisées, macroscopiquement l'électricité est au repos.
B) Le moment électrique
Une molécule peut être neutre sans pour cela que les centres portant les
charges positives coïncident avec les centres portant les chargesnégatives.
Nous montrerons par la suite qu'une telle molécule constitueun doublet
caractérisé par son moment électrique. Si les doublets ne serépartissent pas au
hasard, par suite de certaines actions extérieures ilen résulte un effet
d'ensemble intervenant dans les phénomènes depolarisation des diélectriques.
C) Le moment magnétique
Les particules constitutives des atomes étant animées de mouvements de
rotation, il en résulte un effet magnétique, chaque atome estun petit aimant
caractérisé par son moment magnétique. L'origine dumoment magnétique est
double: les électrons qui circulent autour dunoyau sont équivalents à de petits
circuits électriques parcourus parun courant (moment orbital): chaque électron
tournant sur lui-mêmepossède également un moment magnétique (moment
de Spin). Larésultante de tous les moments de la molécule peut être non nulle
etpeut sous certains effets extérieurs être soumise à un
phénomèned'orientation générale. Nous reviendrons sur cette question
lorsque nousaborderons le magnétisme.

5. Unité de charge électrique


9

1 𝑞𝑞′
Nous avons écrit la loi de Coulomb 𝐹 = . .
𝜀0′ 𝑟2

Deux possibilités sont offertes pour fixer l'unité de charge électrique.


a) On rattache les grandeurs électriques aux grandeurs mécaniques.
Pour cela on peut utiliser la formule de COULOMB en considérant que 𝜀0′ est un
coefficient sans dimension auquel on donne la valeur 1.
On définit ainsi, dans le système CGSES à trois grandeurs fondamentales (le
centimètre pour la longueur, le gramme pour la masse, laseconde pour le
temps), l'unité de charge comme la charge qui, placéeà un centimètre d'une
charge égale, la repousse avec une force d'unedyne. Avec cette conception, la
charge électrique a les dimensions [𝑄] = [𝐿]3/2 [𝑀]1/2 [𝑇]−1 . Avec un autre
système d'unités à trois grandeursfondamentales (CGSEM par exemple), ces
dimensions peuvent êtredifférentes. Ajoutons que le fait qu'une charge
électrique ait une équation aux dimensions par rapport aux grandeurs:
longueur, masse, tempsn'a pas de signification physique; il ne peut rien nous
apprendre sur lanature des charges car, dans l'état actuel de nos
connaissances, les véritables raisons pour lesquelles certaines particules
portent une chargealors que d'autres sont neutres nous échappent
complètement.
b) On choisit une grandeur électrique comme grandeur fondamentale(on a
alors un système à quatre grandeurs fondamentales). On pourrait, par
exemple, prendre la charge dont on définirait l'unité à partir demesures
physiques. Le coefficient 𝜀0′ posséderait ainsi une équation auxdimensions
par rapport à quatre grandeurs fondamentales (longueur, masse, temps,
charge):
[𝜀0′ ] = [𝐿]−3 [𝑇]2 [𝑀]−1 [𝑄]2
Pratiquement, les mesures sur les charges étant difficiles, on préfèreconsidérer
la charge électrique comme une grandeur dérivée définieà partir de l'intensité,
grandeur fondamentale déterminée à partir demesures d'actions d'un courant
sur un courant. De toute façon l'unitéde charge est fixée dans tout système
d'unités à quatre grandeursfondamentales et le coefficient z0 a une valeur
numérique déterminéepar le choix des quatre unités fondamentales.
Les unités du système CGS n'étant pas en rapport avec les besoinsde la
pratique, on utilise actuellement le système MKSA du Giorgidont les grandeurs
fondamentales sont: la longueur, la masse, le temps, l'intensité électrique,
10

avec, pour les unités fondamentales: le mètre, le kg,la seconde et l'ampère. Les
unités dérivées principales sont le newton pour la force (1 newton = 105
dynes), le joule pour le travail (1 joule =107 ergs), le watt pour la puissance.
L'unité de charge électriqueest le coulomb.
Les unités qui interviennent dans la formule de Coulomb étant fixéesle
1
coefficient est fixé et vaut𝜀0′ =
9.109

Dans le système MKSA, la loi de Coulomb s'écrit:


𝑞𝑐 𝑞𝑐′9
𝐹𝑁 = 9. 10
𝑟𝑚2
Dans le but d'établir des formules valables dans tout systèmecohérent d'unités,
il y a intérêt à ne pas expliciter le coefficient 𝜀0′ . Il ya également intérêt pour
faire disparaître le facteur 4π dans des formules plus utilisées que la formule de
Coulomb à poser 𝜀0′ = 4𝜋𝜀0 et à écrirela formule de Coulomb:
1 𝑞𝑞′
𝐹 = .
4𝜋𝜀0 𝑟 2
Un système où la loi de Coulomb est écrite sous cette forme est dite rationalisé
(par opposition avec un système non rationalisé où la loi de Coulomb est écrite
1 𝑞𝑞′
𝐹 = . . ).
𝜀0′ 𝑟2

Dans le système MKSA rationalisé que nous utiliserons dans la suite, le


𝜀0′
coefficient 𝜀0 = a la valeur
4𝜋

II. CHAMP ET POTENTIEL ÉLECTRIQUES


1. Définition du champ
Une charge électrique q placée au voisinage de corps électrisés est soumise à
une force proportionnelle à q. En effet, chacune des charges élémentaires des
corps électrisés exercent sur la charge q une force proportionnelle à q et toutes
ces forces se composent pour donner une résultante proportionnelle à q. Nous
pouvons écrire:

𝐹⃗ = 𝑞. 𝐸⃗⃗
11

Le vecteur 𝐸⃗⃗ qui en chaque point de l'espace caractérise l'action des divers
corps électrisés sur une charge placée en ce point est appelé "champ
électrique.
2. Expression du champ électrique
A) Champ créé par une charge ponctuelle
Une charge ponctuelle q exerce sur une charge q' placée en unpoint M une
1 𝑞𝑞′ 𝑞′ 𝑞 𝑟⃗
force 𝐹 = . 2 ou vectoriellement 𝐹⃗ = . 2.
4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋𝜀0 𝑟 𝑟

Le champ en M est

𝐹⃗
𝐸⃗⃗ =
𝑞′
ou
1 𝑞
𝐸= .
4𝜋𝜀0 𝑟 2
ou vectoriellement
1 𝑞 𝑟⃗
𝐸⃗⃗ = . 2.
4𝜋𝜀0 𝑟 𝑟
B) Champ créé par un ensemble de charges ponctuelles

En posant⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗, le champ en M est


𝑟𝑖 = 𝐴𝑖 𝑀

1 𝑞𝑖 ⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑖
𝐸⃗⃗ = ∑ .
4𝜋𝜀0 𝑟𝑖2 𝑟𝑖

C) Champ créé par une distribution continue de charges


Si on a un très grand nombre de charges dans un volume très petit pouvant
être assimilé à un élément de volume 𝑑𝜏, on peut considérer que l'on a une
𝑑𝑞
distribution continue d'électricité avec une densité volumique 𝜌 = .
𝑑𝜏

Le champ produit par les différents éléments de volume portantla charge𝑑𝑞 =


𝜌 𝑑𝜏 est
12

1 𝜌𝑟⃗
𝐸⃗⃗ = ∭ 𝑟 3 𝑑𝜏.
4𝜋𝜀0

𝑑𝑞
Dans le cas d'une distribution de surface de densité 𝜎 = :
𝑑𝑠

1 𝑟⃗
𝐸⃗⃗ = ∬ 𝜎 3 𝑑𝑠.
4𝜋𝜀0 𝑟
3. Potentiel
𝑎 𝑟⃗
Nous avons vu au chapitre préliminaire que le vecteur . dérive du potentiel
𝑟2 𝑟
𝑎
et que la propriété pour un vecteur d'être un gradient est additive.
𝑟

Il en résulte que le champ électrique dérive d'un potentiel.


A) Cas d'une seule charge
1 𝑞
𝑉 = .
4𝜋𝜀0 𝑟
B) Cas d'un ensemble de charges ponctuelles

1 𝑞𝑖
𝑉 =∑ .
4𝜋𝜀0 𝑟𝑖
C) Cas d'une distribution continue de charges
1 𝑑𝜏
𝑉 = ∭𝜌 pour une distribution volumique
4𝜋𝜀0 𝑟

1 𝑑𝜏
𝑉 = ∬𝜌 pour une distribution de surface.
4𝜋𝜀0 𝑟

D'une façon générale, une fonction potentielle est définie à une constante
près. Nous avons dans les expressions précédentes pris une fonction
particulière correspondant à un potentiel nul à l'infini. La terre étant une
surface équipotentielle et ayant des points tirés éloignés, cette convention est
la même que celle qui fixe le potentiel de la terre à la valeur zéro.
Si on laisse de côté le cas des charges ponctuelles que l'on peut toujours
ramener au cas d'une distribution volumique en supposant la charge répartie
dans un petit volume entourant le point, on voit facilement que la fonction
potentielle est une fonction continue en tous points de l'espace.
4. Propriétés du champ électrique
13

Le champ électrique dû à une distribution quelconque dérive d'un potentiel V:

𝐸⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉
Cette expression est équivalente à
𝜕𝑉
𝐸𝑥 =
𝜕𝑥
𝜕𝑉
𝐸𝑦 =
𝜕𝑦
𝜕𝑉
𝐸ᵹ =
{ 𝜕ᵹ

Du fait que 𝐸⃗⃗ est un gradient, on déduit la relation


⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐸= 0
Il en résulte également que le champ est normal aux surfaces équipotentielles,
𝜕𝑉
dirigé dans le sens des potentiels décroissants et a pour grandeur 𝐸 = .
𝜕𝑛

⃗⃗⃗⃗⃗ est
Le flux à travers l'élément de surface caractérisé par le vecteur normal 𝑑𝑠
𝑞 ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠 .𝑢 ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑢
𝑑𝑠. ⃗⃗
𝑑𝜓 = . or, est l'angle solide 𝑑Ω sous lequel de A on voit l'élément
4𝜋𝜀0 𝑟2 𝑟2
de surface 𝑑𝑠:
𝑞
𝑑𝜓 = 𝑑Ω.
4𝜋𝜀0
L'élément de surface étant orienté par le vecteur normal 𝑛⃗⃗, on remarque que
⃗⃗⃗⃗⃗. 𝑢
𝑑𝑠 ⃗⃗ et par conséquent 𝑑Ω sont positifs ou négatifs selon que la demi-normale
orientée est tournée ou non vers A. L'élément de flux est de ce fait compté
algébriquement.
2. Flux du champ dû à une charge ponctuelle à travers une surface fermée
A) La charge est à l'extérieur de la surface
Orientons la normale à la surface vers l'extérieur.
Une demi-droite issue de A où A se trouve la charge q coupe la surface S un
nombre pair de fois.
14

Figure9
Les éléments de flux à travers les divers éléments de surface découpés par un
𝑞
élément de cône de sommet A ont la même valeur absolue |𝑑Ω| et des
4𝜋𝜀0
signes alternés. La somme de ces flux élémentaires est nulle. Il en résulte que le
flux total sortant de la surface est nul.
C) La charge est à l'intérieur de la surface
Une demi-droite issue de A coupe la surface un nombre impair de fois. Il est
facile de voir que l'élément de flux à travers les éléments de surface découpés
par un cône élémentaire de sommet A est égal à
𝑞
𝑑𝜓 = 𝑑Ω
4𝜋𝜀0

Figure 10
Pour calculer le flux sortant de la surface, il suffit d'intégrer l'angle solide à tout
l'espace ce qui donne

3. Flux du champ dû à un ensemble de charges à travers unesurface fermée.


L'additivité géométrique des champs dus aux différentes chargesentraîne
l'additivité des flux.
Théorème de Gauss: Le flux sortant d'une surface fermée est égalau produit
1
par de la somme des charges intérieures à la surface:
𝜀0
15

4. Expression locale du théorème de Gauss


Dans une région où il existe une distribution de charges de densitévolumique p
finie et continue (𝜌peut être nul), le champ reste continuainsi que ses dérivées
premières.
Le théorème de Gauss s'écrit alors :

Cette égalité étant valable pour n'importe quel petit volume entourantun point
M de la région, on peut écrire

S'il n'y a pas de charge dans une région 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = 0, le flux duchamp est
conservatif.
5. Discontinuité du champ au voisinage d'une couchesuperficielle
Aux points où existent des charges ponctuelles, le champ n'estpas défini et le
problème du calcul de divE en ces points ne se pose pas.
S'il existe des distributions de charge surfaciques, le champ subitune
discontinuité. On peut évidemment se ramener au cas d'une distribution de
volume en admettant que les charges sont distribuées dansune couche mince
de passage dont on fait tendre l'épaisseur vers zéro;mais dans ces conditions la
densité volumique de la couche de passagetend vers l'infini. Les équations
𝜌
telles que 𝑟𝑜𝑡𝐸⃗⃗ = 0 𝑒𝑡 𝑑𝑖𝑣𝐸⃗⃗ = restent valables dans les divers domaines
𝜀0
limités par les surfaces chargées.
Sur ces surfaces elles sont remplacées par des conditions aux limitesque l'on
obtient précisément en écrivant les équations précédentes dansla couche de
passage et en passant à la limite. Au point de vue calcul ilest plus simple de
rechercher directement les discontinuités mais il estbon également de retenir
que la méthode qui consiste à introduire unecouche de passage dont on fait
tendre l'épaisseur vers zéro conduit aurésultat.
16

A) Discontinuité de la composante normale


Soit une couche chargée de densité superficielle g séparant deux régions 1 et 2.
Considérons un élément de surface ds de lacouche chargée et deux éléments
de surface𝑑𝑠1 et 𝑑𝑠2 égaux à ds, infiniment voisins, l'unsitué dans la région 1,
l'autre dans la région2. Orientons les normales à ces éléments desurface dans
le sens région 1 vers région 2.
Les projections du champ sur ces normales orientées sont 𝐸𝑁1 et 𝐸𝑁2 .

Figure11
Appliquons le théorème de Gauss au volume limité par 𝑑𝑠1 , 𝑑𝑠2 et les éléments
de normale qui joignent les bords des éléments de surface 𝑑𝑠1 et 𝑑𝑠2 .
Le flux à travers la surface latérale est négligeable. Le flux sortantà travers
𝑑𝑠2 est 𝐸𝑁2 ds car la normale 𝑛⃗⃗2 est dirigée vers l'extérieur duvolume. Le flux à
travers 𝑑𝑠1 est −𝐸𝑁2 ds car la normale extérieure au volume est dirigée en sens
𝜎
inverse de 𝑛⃗⃗1 (𝐸𝑁2 −𝐸𝑁1 ) 𝑑𝑠 =
𝜀0

𝜎
𝐸𝑁2 −𝐸𝑁1 =
𝜀0
Cette relation est algébrique, la normale étant orientée du milieu 1vers le
milieu 2.
𝜎
La relation 𝐸𝑁2 −𝐸𝑁1 = , qui a été établie à partir du théorème de Gauss,
𝜀0
𝜌
auquel la relation 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = est équivalente aux pointsoù on n'a pas de charge
𝜀0
de surface, remplace cette relation aux pointssitués sur une couche électrisée.
17

B) Continuité de la composante tangentielle


Dans un plan perpendiculaire à la surface chargée considérons unrectangle
𝐴𝐵 𝐴′𝐵′ dont deux côtés, l'un dans la région 1, l'autre dansla région 2 sont
parallèles et infiniment près de la surface.

Soient ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇1 et ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇2 les composantes tangentielles du champ. Letravail du champ
le long d'un rectangle 𝐴𝐵𝐵′𝐴′ est nul puisque le£ potentiel est continu et
uniforme et

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑬 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑻𝟏 = 𝑬𝑻𝟐

Figure 12

Cette relation ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝐸𝑇1 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇2 , qui a été établie à partir du fait que Edérive d'un
potentiel remplace sur la surface la relation 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸 = 0à laquelle elle est
équivalente.
6. Equations de Poisson et de Laplace
𝜌
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
En remplaçant 𝐸⃗⃗ par −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉dans l'équation 𝐸⃗⃗ = , onobtient
𝜀0
𝜌
∆𝑉 + = 0équation de Poisson
𝜀0

Dans le cas où il n'y a pas de charge ( 𝜌= 0), l'expression devient


∆𝑉 = 0 é𝑞𝑢𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝐿𝑎𝑝𝑙𝑎𝑐𝑒.
18

Ces équations aux dérivées partielles définissent la variation duchamp au


voisinage d'un point et jouent un grand rôle dans la détermination analytique
du potentiel.
On peut démontrer que la formule de Poisson (ou celle de Laplacesi 𝜌 = 0) est
équivalente à la loi de Coulomb. Il est avantageux del'utiliser à la place de cette
dernière dans le cas d'une distribution spatiale.
7. Maxima et minima du potentiel
Le potentiel ne peut être maximum ou minimum que dans unerégion où il y a
des charges électriques.
Supposons qu'en un point M le potentiel soit maximum par exempleet ait la
valeur 𝑉𝑀 . La surface équipotentielle𝑉𝑀 − 𝑎 avec 𝑎 > 0 entoure complètement
le point M car le long de toute demi-droiteissue de M le potentiel décroît et si a
est assez petit cette demi-droiterencontre l'équipotentielle 𝑉𝑀 − 𝑎. Le long de
cette surface le champest normal et dirigé vers la région extérieure à M. Le flux
sortant estpositif. Il en résulte, d'après le théorème de Gauss que la région
contenant M contient des charges. Le raisonnement est le même si le potentiel
passe par un minimum.Devoir
8. Lignes de force - Tubes de force
Les lignes de force sont des lignes tangentes en chaque point auchamp
électrique. Ce sont les trajectoires orthogonales des surfaceséquipotentielles.
Les lignes de force s'appuyant sur unecourbe fermée forment un tube de force.
Soient ds et 𝑑𝑠′ deux sections normalesd'un tube, de force. Si ce tube limité à
ds et 𝑑𝑠′ ne contient pas de charge dans son intérieur, on a par application du
théorème deGauss 𝐸𝑑𝑠 = 𝐸′ 𝑑𝑠′.

Figure 13
19

Les lignes de force se resserrent aux endroits où le champ estintense.


IV. ÉTUDE DE QUELQUES CHAMPS ÉLECTRIQUES
1. Champ produit par une couche sphérique de densité uniforme
Par raison de symétrie le champ est radial.Appliquons le théorème de Gauss en
prenant comme surface la sphère de rayon 𝑂𝑀 = 𝑟.

Figure 14
A) M est à l'intérieur
Le champ est nul, le potentiel constant.
B) M est à l'extérieur

2. Champ produit par une couche cylindrique de densité uniforme


Par raison de symétrie, le champ est radial. Appliquons le théorème de Gauss
en prenant comme surface le cylindre de rayon 𝑂𝑀 = 𝑟 limité à 2 sections
perpendiculaires à l’axe du cylindre.
A) M est à l'intérieur
Le champ est nul, le potentiel est constant.
B) M est à l'extérieur

Figure 15
20

𝑞est la densité par unité de longueur du cylindre, 𝑉0 le potentiel sur lecylindre


et R le rayon du cylindre.
On remarque que l'on trouve un potentiel infini lorsque 𝑟 = ∞,
Ce résultat mathématique résulte d'une approximation qui n'est pluslégitime
car il n'existe pas de fil de longueur infinie. Le calcul rigoureux avec un fil de
longueur finie donne un potentiel nul lorsque 𝑟 = ∞.
3. Champ produit par une ligne uniformément chargée infinie
Il suffit de reprendre le cas précédent en faisant:

Figure 16
On remarque que le potentiel est infini lorsque r = 0. Ce cas necorrespond pas à
la réalité physique car il n'existe pas de fil de rayon nul.
4. Champ produit par 2 lignes parallèles uniformément chargéesinfinies,
portant des charges linéiques opposées.
Par raison de symétrie le champest dans un plan perpendiculaire auxlignes. Les
lignes donnent les champs𝐸⃗⃗1 et𝐸⃗⃗2 dont la résultante est 𝐸⃗⃗

Les triangles 𝑀𝐸𝐸1 𝑒𝑡 𝐴2 𝐴1 𝑀 sontsemblables car


Par suite

Si, au heu de 𝑟1 𝑒𝑡 𝑟2 , on prend comme variables les coordonnéespolaires de M


par rapport à 𝐴1
21

Figure 17
Sur un cercle de rayon ru entourant 𝐴1 le champ est maximumsur la droite
𝑞 𝑑
𝐴1 𝐴2 . Sur cette droite le champ à l'expression𝐸𝐴1𝐴2 = . il est
4𝜋𝜀0 𝑟1 (𝑑−𝑟1 )
minimum au milieu de 𝐴1 𝐴2 .
Lorsque 𝑟1 = 0 ou 𝑟1 = 𝑑, les expressions précédentes donnentun champ
infini. Ce résultat n'est pas contraire à l'expérience car dansla pratique on n'a
jamais un fil électrisé de rayon nul.
𝑞 𝑟2
Les surfaces équipotentielles 𝑉 = 𝑉1 + 𝑉2 = 𝐶 𝑡𝑒 ou 𝑉 = 𝑙𝑜𝑔 = 𝐶 𝑡𝑒 ont
4𝜋𝜀0 𝑟1
pour section droite un réseau de cerclesà points limites 𝐴1 𝑒𝑡 𝐴2 .
Dans une section droite les lignes de force forment un faisceauà points de base
𝐴1 𝑒𝑡 𝐴2 .
5. Champ produit par un segment de droite uniformémentchargé
22

Figure 18
Soit un segment de droite 𝐹1 𝐹2 de longueur 2𝑐 portant la charge linéique
uniforme q.
Pour calculer le champ en M,prenons pour axes de coordonnées lesbissectrices
de l'angle 𝐹1̂
𝑀𝐹2 = 2𝛼 etrepérons un point P du segment 𝐹1 𝐹2 par l'angle de la
bissectrice intérieurede 𝐹1̂
𝑀𝐹2 avec MP= r. Soient h la distance 𝑀𝐼 de 𝑀 au
segment𝐹1 𝐹2 , p l'angle de 𝑀𝐼 avec la bissectrice intérieure de 𝐹1̂𝑀𝐹2 , ʓ =
̅̅̅
𝐼𝑃 𝑒𝑡 𝑀𝑃 = 𝑟.

le champ élémentaire dû à l'élément 𝑑ʓ est porté par PM et vaut

Les composantes sur 𝑂𝑥 et 𝑂𝑦 sont

Le champ est porté par la bissectrice intérieure de l'angle 𝐹1̂


𝑀𝐹2 .
Si on considère l'ellipsoïde de révolution qui passe par M, le champest en tous
les points normal à cette surface. Les surfaces équipotentielles sont formées
par les ellipsoïdes de révolution de foyers 𝐹1 𝑒𝑡 𝐹2 ,les lignes de force,
23

trajectoires orthogonales, sont les hyperboles defoyers 𝐹1 𝑒𝑡 𝐹2 situées dans


tous les plans passant par 𝐹1 𝑒𝑡 𝐹2 .
Nous avons calculé le champ 𝐸 = 𝐸𝑦 en fonction de paramètres 𝛼 et h relatifs
au point M. Le potentiel correspondant à une équipotentielle est facile à
calculer en prenant un point particulier de l'équipotentielle, soit l'extrémité du
petit axe de l'ellipsoïde méridien (en partant du champ sur le petit axe donné
𝑞 2𝑐 𝜕𝑉
par la formule précédente𝐸𝑏 = . = (− ), soit l'extrémité du grand axe.
4𝜋𝜀0 𝑎𝑏 𝜕𝑏
On trouvedans ces conditions
𝒂+𝒄

En introduisant la charge totale 𝑄 = 2 𝑐𝑞 du segment de droite

𝜕𝑉 𝑄
Le champ à l'extrémité du grand axe est 𝐸𝑎 = − = ,
𝜕𝑎 4𝜋𝜀0 𝑏2

𝜕𝑉 𝑄
Le champ à l'extrémité du petit axe est 𝐸𝑏 = − =
𝜕𝑏 4𝜋𝜀0 𝑎𝑏
𝐸𝑎 𝑎
Les champs aux extrémités des axes sont dans le rapport de cesaxes = . Ce
𝐸𝑏 𝑏
résultat avait été trouvé expérimentalement parCoulomb qui avait, à l'aide
d'un plan d'épreuve, étudié la répartitiondes charges sur un ellipsoïde
conducteur.
6. Champ produit par un disque circulaire de densité uniformeen un point de
l'axe
Par raison de symétrie le champ est dirigésuivant l'axe.
24

Figure 19
1 𝜎𝑑𝑠
Un élément de surface ds donne un champ𝑑𝐸 = . dont la composante
4𝜋𝜀0 𝑟2
1 𝜎𝑑𝑠𝑐𝑜𝑠 𝛼 1
suivant 𝑂ʓest𝑑𝐸ʓ = . = 𝜎𝑑Ω
4𝜋𝜀0 𝑟2 4𝜋𝜀0

dΩ étant l'angle solide sous lequel on voit ds du point M,

Un cas particulier est celui d'un plan électrisé infini. Si on fait


𝜎
𝑅 = ∞, 𝑜𝑛 𝑎 𝐸 = . Ce résultat se retrouve par application duthéorème de
2𝜀0
Gauss à la surface formée par 2éléments de surface ds de part et d'autre du
plan électrisé et les normales au plan s'appuyant sur ces éléments de surface.

Figure 20
Le potentiel créé par un disque circulaire peut être calculé soitdirectement, soit
à partir du champ.
Avec ce deuxième mode de calcul on a

7. Champ produit par une double couche


25

Une distribution de charges peut être constituée par deux couchesparallèles


très rapprochées (distance e) de densités surfaciques opposées aet −𝜎. Entre
les deux couches les champs produits par celles-ci s'ajoutentet le champ total
𝜎
vaut . Par contre, de part et d'autre de la doublecouche les champs
𝜀0
s'opposent.
Entre deux points M et P situés trèsprès de part et d'autre de la double
couchela différence de potentiel est

Figure 21
𝜎𝑒
Le potentiel présente la discontinuité:𝑈 = .
𝜀0

Par contre entre M et P la composante normale du champ ne subitpas de


discontinuité. On démontre facilement ce résultat en appliquantle théorème de
Gauss à un cylindre droit dont les génératrices sontnormales à la double
couche et qui s'appuie sur de petites surfacesparallèles à la double couche et
passant par M et P.
𝜎𝑒
Si le saut de potentiel 𝑈 = n'est pas constant sur la surfacela composante
𝜀0
tangentielle du champ n'estpas la même de part et d'autre:

Figure 22
En considérant le contour élémentaire représenté ci-contre on a

d'où
26

Vectoriellement, on peut écrire

(𝑛⃗⃗ vecteur unitaire normal à la surface).


8. Champ produit par un dipôle électrique
Un dipôle électrique est un ensemble de deux charges opposées – 𝑞 et +𝑞 très
proches l'une de l'autre.
Le potentiel au point M est

Figure 23
1 1 1
En remarquant que − est la variation de la fonction quand le point O se
𝑟𝐵 𝑟𝐴 𝑟
déplace de A à B, on peut écrire:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1
Nous avons noté 𝑔𝑟𝑎𝑑0 pour rappeler que, dans le calcul dugradient, les
𝑟
dérivations se font par rapport aux coordonnées du point O.

En appelant𝑚
⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ le moment électrique du doublet:
= 𝑞. 𝐴𝐵

1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1
𝑉= 𝑚
⃗⃗⃗. 𝑔𝑟𝑎𝑑0 .
4𝜋𝜀0 𝑟

Cette écriture du potentiel d'un doublet est très utilisée. Nous indiquons
⃗⃗ est le vecteur unitaire de ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
d'autres manières de l'écrire. Si 𝑢 𝑂𝑀,comme
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 𝑟 = −𝑢
1
⃗⃗. 𝑟2 et que: ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
1
𝑔𝑟𝑎𝑑0 𝑟 = 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 𝑟
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1

on a
1 ⃗⃗ .𝑚
𝑢 ⃗⃗⃗⃗ 1 𝑚 cos 𝜃
𝑉= . 𝑜𝑢𝑉 = . .
4𝜋𝜀0 𝑟2 4𝜋𝜀0 𝑟2
27

(6 angle de ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐴𝐵 avec ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑂𝑀).
De cette formule on déduit l'expression en coordonnées polaires duchamp créé
par un dipôle:

9. Champ produit à grande distance par un ensemble de chargesélectriques


Le potentiel en un point M dû à un ensemble de charges q 1, q2, q3,...localisées
aux points P1, P2, P3,... est:
1 𝑞1
𝑉𝑀 = ∑ .
4𝜋𝜀0 𝑀𝑃1

Figure 24
Soit un point O situé dansla région où se trouvent les chargesq1, q2,
q3,...Supposons la distance𝑂𝑀 = 𝑟 grande devant les distances de O aux
points P1, P2, P3,et soit 𝑢
⃗⃗ le vecteur unitaire de𝑂𝑀.

1
1°) ∑ 𝑞𝑖 ≠ 0. La distribution est dite polaire. Le terme principalest le terme en
𝑟
. On a l'expression approchée du potentiel
28

1 ∑ 𝑞𝑖
𝑉𝑀 =
4𝜋𝜀0 𝑟
Le potentiel et par conséquent le champ sont les mêmes queceux créés par une
charge unique égale à∑ 𝑞𝑖 placée en 0.
⃗⃗𝑃𝑖 ≠ 0. La distribution est dite dipolaire.
2°) ∑ 𝑞𝑖 = 0 𝑒𝑡 ∑ 𝑞𝑖 . 𝑂
1
Le terme principal est le terme en .
𝑟2

On a l'expression approchée du potentiel


1 𝑢 ⃗⃗
𝑉𝑀 = ⃗⃗𝑃𝑖
∑ 𝑞𝑖 . 𝑂
4𝜋𝜀0 𝑟 2
⃗⃗𝑃𝑖 = 𝑚
ou en posant ∑ 𝑞𝑖 . 𝑂 ⃗⃗⃗
1 𝑢⃗⃗. 𝑚
⃗⃗⃗
𝑉𝑀 =
4𝜋𝜀0 𝑟 2

Le potentiel et le champ sont les mêmes que ceux créés par undipôle de
moment𝑚 ⃗⃗𝑃𝑖 , appelé moment électrique du dipôle.
⃗⃗⃗ = ∑ 𝑞𝑖 . 𝑂
On démontre facilement (même démonstration que dans la théorie
dubarycentre) que 𝑚
⃗⃗⃗ est indépendant du point 0 choisi.
⃗⃗𝑃𝑖 = 0. La distribution est dite multipolaire.
3°) ∑ 𝑞𝑖 = 0 𝑒𝑡 ∑ 𝑞𝑖 . 𝑂
1
Le terme principal du potentiel est d'un ordre supérieur à . Il suffirait pour
𝑟2
1
trouver cette partie principale de poursuivre le développement de . Cette
𝑀𝑃1
distribution a beaucoup moins d'intérêtpratique que les deux autres.
Nous avons précédemment exposé que les corps étaient formés demolécules
constituées d'éléments porteurs de charges électriques. Si lecorps est chargé la
somme des charges de certaines molécules n'estplus nulle et le potentiel dû à
ces molécules est prépondérant devantcelui dû aux molécules neutres.
Si on considère un élément de volume contenant évidemment untrès grand
nombre de molécules mais dont les dimensions sont petitesdevant la distance
au point où on calcule le potentiel, on peut considérerque la charge de chaque
élément de volume est concentrée en un pointquelconque du volume
élémentaire.
29

Si le corps est neutre chaque molécule neutre est équivalente à unpetit dipôle.
Le potentiel en un point éloigné est alors la somme despotentiels des dipôles
élémentaires. Ces dipôles peuvent être distribuésau hasard ou avoir "une
même orientation générale. Nous reviendronssur cette question avec l'étude
des diélectriques.
30

CHAPITRE II
LES CONDUCTEURS ÉLECTRISÉS DANS LE VIDE

II.1. ÉTUDE GÉNÉRALE DES CONDUCTEURS ÉLECTRISÉS


1. Constitution des corps conducteurs
Les corps solides sont formés de molécules qui occupent des positions fixes les
unes par rapport aux autres, les atomes constitutifs desmolécules formant dans
les corps cristallisés un réseau régulier, lesdistances entre atomes voisins étant
de l'ordre de 10-10m.
Les corps conducteurs, généralement des métaux, sont constituésd'atomes
ayant sur leur couche périphérique un petit nombre d'électrons.
Ces corpuscules sont soumis à l'action du noyau, assez faible par suitede leur
éloignement, et à l'action de tous les autres atomes. Par suitede la disposition
régulière du réseau cristallin, en moyenne, les forcesqui agissent sur les
électrons se compensent. Certains électrons, ditslibres, peuvent quitter leur
atome et circuler à l'intérieur du conducteur.
Leur mouvement est désordonné, par suite de l'agitation thermique, etest
analogue à celui des molécules dans un gaz.
2. Condition d'équilibre à l'intérieur d'un conducteur
Un corps conducteur est en équilibre électrique lorsqu'il n'y a pasde
déplacement d'ensemble des charges. Les électrons circulent librement à
l'intérieur du corps où aucune force en moyenne n'agit sur eux.
Ils ne peuvent quitter le corps car à la surface des conducteurs il existe des
forces qui les renvoient vers l'intérieur. Toutefois quand deschamps intenses
sont réalisés à la surface des conducteurs ou lorsquel'agitation électronique est
très grande (température élevée) les électronspeuvent être extraits du
conducteur.
Dans un conducteur en équilibre les forces qui agissent sur lesélectrons, seuls
éléments mobiles porteurs de charges, étant en moyennenulles, le champ
électrique est nul 𝐸⃗⃗ = 0 (partout à l'intérieur saufsur la surface) et le potentiel
31

constant; 𝐸⃗⃗ = 0 entraîne 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = 0, il enrésulte que 𝜌 = 0 partout à l'intérieur, ce


qui veut dire que, dans chaqueélément de volume, il y a autant de charges
positives que de chargesnégatives; la charge d'un conducteur ne peut être que
superficielle.
𝜌
L'équation générale de Poisson ∆𝑉 + = 0 devient ∆𝑉 = 0 (équation de
𝜀0
Laplace).
Si on place un conducteur dans une région où il existe un champélectrique,
sous l'action de ce champ les électrons vont se déplacer,faisant apparaître des
charges à la surface (négatives aux endroits oùil y a accumulation d'électrons,
positives où il y a manque d'électrons)jusqu'au moment où le champ total,
somme du champ extérieur et duchamp dû aux charges superficielles est nul en
tous les points intérieursau conducteur.
En résumé, à l'intérieur d'un conducteur les conditions d'équilibreélectrique
sont
𝐸⃗⃗ = 0 ou 𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒
ce qui entraîne
𝜌=0 𝑒𝑡 ∆𝑉 = 0
3. Champ électrique au voisinage d'un conducteur en équilibre-Théorème de
Coulomb
Le potentiel est constant dans toute la masse d'un conducteur etla surface de
celui-ci est une surface équipotentielle. De plus nousavons vu que le potentiel
reste continu à la traversée de cette surfaceélectrisée.
Au voisinage du conducteur, le champ est normal à la surface(surface
équipotentielle). Nous vérifions bien ainsi un résultat trouvéprécédemment, à
savoir que la composante tangentielle du champ estcontinue à la traversée
d'une couche électrisée. La composante normaledu champ subissant la
𝜎 𝜎
discontinuité 𝐸𝑁1 − 𝐸𝑁2 = , le champ auvoisinage du conducteur est 𝐸 =
𝜀0 𝜀0

Figure 25
32

Ce résultat, qui constitue le théorème deCoulomb, peut être retrouvé


immédiatement en appliquant le théorème de Gauss- à la surface forméepar
un élément 𝑑𝑠 voisin de la surface, les normales qui s'appuientsur le contour
de 𝑑𝑠 et une surface intérieure au conducteur prolongeant ces normales
𝜎 𝜎
(𝐸𝑑𝑠 = 𝑑𝑠 entraîne 𝐸 = ).
𝜀0 𝜀0

4. Champ électrique sur la surface d'un conducteur en équilibre-Pression


électrostatique
Pour étudier le champ sur un conducteur, il faut regarder la forcequi s'exerce
sur une charge électrique placée sur celui-ci. Pour celanous considérerons un
élément 𝑑𝑠 portant la charge 𝜎𝑑𝑠. La force qui agit sur cet élément est due à
l'actionde toutes les charges autres que 𝜎𝑑𝑠. En un pointextérieur au
𝜎
conducteur, très voisin de la surface,le champ 𝐸 = est la somme du champ
𝜀0
𝐸1 , dûaux charges autres que 𝜎𝑑𝑠 et du champ 𝐸2 dû à 𝜎𝑑𝑠. Le champ 𝐸2 est
pratiquement celui que produirait unplan indéfini uniformément chargé
𝜎
puisque le point est supposé trèsprès de l'élément de surface 𝐸2 = . On a
2𝜀0
donc également
𝜎
𝐸1 = . On vérifie bien qu'en un point intérieur très voisin de lasurface 𝐸 =
2𝜀0
𝐸1 − 𝐸2 = 0.

Figure 26
La force qui s'exerce sur l'élément 𝑑𝑠 est normale à la surface et vaut
𝜎2
𝑑𝑓 = 𝜎𝑑𝑠. 𝐸1 ou𝑑𝑓 = 𝑑𝑠
2𝜀0

Cette force normale proportionnelle à l'élément de surface surlaquelle elle


s'applique est analogue à une pression.
A la surface d'un conducteur il règne donc une pression électrostatique dirigée
vers l'extérieur et valant
33

𝜎2
𝑝=
2𝜀0

L'effet de cette pression est d'extraire des charges du conducteur.


Ceci a effectivement lieu lorsque la densité est très grande.
En faisant intervenir le champ au voisinage du conducteur, lapression
𝜀0 𝐸 2
électrostatique s'écrit encore𝑝 = .
2

5. Variation du champ le long d'une normale à la surface d'unconducteur-


Pouvoir des pointes
Au voisinage de la surface d'un conducteur le champ est normalet vaut
𝜎
𝐸 = . Cherchons comment varie ce champ lorsqu'on sedéplace sur une ligne
𝜀0
de force.
Choisissons comme axes de coordonnéesla normale 𝑂ʓ à la surface et les
tangentes auxlignes de courbureprincipale de l'équipotentielle V.
L'axe 𝑂ʓ étant orienté dans le sensdes lignes de forces (potentiels
𝜕𝑉
décroissants)𝐸 = −
𝜕ʓ

𝜕𝑉 𝜕 2 𝑉
= 2
𝜕ʓ 𝜕ʓ

Figure 27
𝜕2 𝑉 𝜕2 𝑉 𝜕2 𝑉
En tenant compte que ∆𝑉 = 0 ou 2
+ 2
+ =0
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕ʓ2

𝜕2𝑉 𝜕2𝑉 𝜕2𝑉


− 2+ 2+ 2
𝜕ʓ 𝜕𝑥 𝜕𝑦
34

En écrivant de deux façons la puissance de A par rapport au cercle decourbure


𝑥2
principal tangent à 𝑂𝑥, ona𝐴 ∗ 2𝑅1 = 𝑥 2 𝑜𝑢 ℎ =
2𝑅1

De même

On en déduit

et finalement

On voit que le champ varie très vite aux endroits où la courbureest forte. Notre
raisonnement aurait pu être fait à partir d'une quelconque surface de niveau.
En intégrant l'équation différentielle précédente le long d'une ligne de force:
En des points assez éloignés d'un conducteur, le champ E a sensiblement la

ou

l
même valeur le long d'une surface de niveau V (cette surfaceest sensiblement
une sphère). Si on se trouve sur une ligne de forcepartant d'un point à forte
courbure du conducteur, l'intégrale

le long de cette ligne est grande et le champ 𝐸0 sur leconducteur est important.
35

Il résulte de ceci que le champ et la densité superficielle 𝜎 = 𝜀0 𝐸sont


importants près des pointes.

𝜎2
La pression électrostatique y est également très importante.
2𝜀0

Sous l'action du champ intense les molécules d'air s'électrisent auvoisinage


d'une pointe et sont repoussées par elle. Des expériencescomme le soufflage
d'une bougie et le tourniquet électrique mettentfacilement ce phénomène en
évidence.
Parmi les applications nombreuses du pouvoir des pointes, noussignalerons le
paratonnerre et la protection des avions contre les chargesélectrostatiques. En
vol un avion peut s'électriser par frottement sur lescouches d'air et il arrive
qu'en se posant sur des roues isolées sur unterrain sec, on en tire des
étincelles. Le phénomène d'électrisation estintense si l'avion traverse des
nuages neigeux. La réception radioélectrique à bord peut être rendue difficile
par de brusques variations decharge. On empêche les charges de s'accumuler
en laissant traînerà partir de la queue de l'avion un simple fil métallique.

6. Eléments correspondants
Dans une région où existent des conducteurs électrisés, les lignesde force
partent normalement du conducteur. Elles joignent deux conducteurs ou vont
d'un conducteur à l'infini.
Un tube de force qui joint deux conducteurs 𝑐 et𝑐′ découpe sur ces
conducteursles éléments de surface 𝑑𝑠 et 𝑑𝑠′ portantdes charges 𝑑𝑞 et 𝑑𝑞′.

Figure 28
36

L'application du théorème de Gaussà la surface formée par le tube de force et


deux surfaces intérieuresaux conducteurs limitées par 𝑑𝑠 et 𝑑𝑠′ montre que
l'on a:
𝑑𝑞 = − 𝑑𝑞′.
7. Conducteur creux
A l'intérieur d'un conducteur creux, ne contenant aucun corpsélectrisé, le
potentiel est constant. En effet, la surface intérieure duconducteur étant une
surface équipotentielle, si le potentiel n'était pasconstant dans le volume
intérieur, il passeraitpar un maximum ou un minimum, ce quiest impossible
puisqu'il n'y a pas de charge.

Il en résulte qu'à l'intérieur de la cavitéle champ 𝐸⃗⃗ est nul et que la densité
superficielle 𝜎 = 𝜀0 𝐸 est nulle sur la surface interne.

Figure 29
L'électrisation est localisée sur la surface externe du conducteur.
La propriété du champ d'être nul à l'intérieur d'un conducteurcreux est une
conséquence de la loi de Coulomb. Il résulte d'unthéorème dû à Joseph
Bertrand que cette propriété implique la loi deCoulomb. La vérification faite
1
par Maxwell avec une très grandeprécision(
2000
)que le champ est nul à
l'intérieur d'une sphèreélectrisée justifie la loi de Coulomb.

8.Conditions générales d'équilibre dans une région où existentdes


conducteurs électrisés
Nous supposons que dans la région toutes les charges sont portéespar les
conducteurs. Dans ces conditions l'équation de Laplace estvérifiée dans toute
la région sauf sur les conducteurs (où les dérivéessecondes du potentiel ne sont
pas définies).
Les conditions générales d'équilibre sont donc:
37

∆𝑉 = 0 dans toute la région, sauf sur les conducteurs


𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒 sur les conducteurs
𝑉 = 0 à l'infini

9. Superposition des états d'équilibre


Supposons que dans une région où il existe un certain nombre deconducteurs,
nous connaissions deux états d'équilibre, l'un correspondantà une densité
superficielle a' â la surface d'un conducteur et à un potentiel 𝑉′ dans la région,
l'autre correspondant à une densité superficielle 𝜎′′et à un potentiel 𝑉′′.
On a
𝐴𝑉′ = 0 𝑉′ = 𝐶 𝑡𝑒 surles conducteurs𝑉′ = 0 à 1′ ∞.
𝐴𝑉" − 0 𝑉′′ = 𝐶 𝑡𝑒 sur les conducteurs𝑉′′ − 0 à 1′ ∞.
Si en tous points des conducteurs nous réalisons la densité superficielle
𝜎 = 𝜎 ′ + 𝜎 ′′ , on a encore un état d'équilibre.
En effet le potentiel correspondant à la densité 𝜎 est

Le potentiel V satisfait à
∆𝑉 = 𝐴𝑉′ + 𝐴𝑉′′ = 0
𝑉 = 𝑉′ + 𝑉′′ = 𝐶 𝑡𝑒 sur les conducteurs
𝑉 = 𝑉′ + 𝑉′′ = 0 à 𝑙′∞.
En tous les points on a donc
𝑉 = 𝑉′ + 𝑉′′

Ë = − 𝑔𝑟𝑎𝑑 (𝑉 + 𝑉′) = 𝐸⃗⃗ ′ + 𝐸⃗⃗ ′′


𝑄 = 𝑓𝑓(𝜎′ + 𝜎′′)𝑑𝑠 = 𝑄′ + 𝑄′′
D'une façon plus générale, si on a deux états d'équilibre, on a uneinfinité
d'états d'équilibre caractérisés en tous points par:
𝑎 = 𝜆𝜎′ + 𝜇𝜎" à la surface des conducteurs
38

𝑉 = 𝜆𝑉′ + 𝜇𝑉′′
⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸⃗⃗ = 𝜆𝐸⃗⃗ + 𝜇𝐸′′
𝑄 = 𝜆𝑄′ + 𝜇𝑄"

10. Problème de l'équilibre des conducteurs- Unicité de la solution


Ayant dans une région un certain nombre de conducteurs électrisés, le
problème qui se pose est la détermination du champ électriquedans la région
extérieure aux conducteurs (le champ étant nul à l'intérieur des conducteurs). Il
est plus facile de chercher à déterminer lepotentiel qui est un scalaire. De sa
connaissance, on tire 𝐸⃗⃗ = — ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉.
Si la densité superficielle𝜎 (où la dérivée normale du potentielà la surface des
𝜕𝑉 𝜎
conducteurs =− ) est connue en tous les points,le problème ne présente
𝜕𝑛 𝜀0
1 𝜎𝑑𝑠
aucune difficulté 𝑉 = ∬ , l'intégrale double étant étendue à
4𝜋𝜀0 𝑟
l'ensemble des conducteurs.
Généralement on ne connaît pas la densité superficielle mais lepotentiel ou la
charge des conducteurs. Nous allons montrer que dansces conditions le
potentiel est déterminé d'une manière unique.
Supposons, en effet, que sur certains conducteurs on se donne lepotentiel,
𝑉1 sur le conducteur 1 par exemple, et sur d'autres la chargetotale, 𝑄2 sur le
conducteur 2 par exemple (on se ramènerait à ce cassi on se dormait la densité
superficielle ou la dérivée normale du potentiel par la formule:
𝜕𝑉
𝑄 = ∬ 𝜎𝑑𝑠 = −𝜀0 ∬ 𝑑𝑠
𝜕𝑛
Il existe évidemment au moins une solution au problème car onpeut toujours
physiquement porter certains conducteurs aux potentielsqu'on s'est imposés et
apporter sur les autres les charges qu'on s'estdonnées.
On peut se demander si, selon la façon ou l'ordre dans lequel lesconducteurs
ont été portés aux potentiels désirés ou ont reçu les chargesvoulues, on
n'aboutit pas à différents équilibres correspondant à despotentiels différents
dans l'espace entre les conducteurs.
39

Supposons qu'il y ait deux solutions 𝑉′ 𝑒𝑡 𝑉′′. Le théorème de lasuperposition


des états d'équilibre montre qu'il existe alors la solution𝑉 = 𝑉 ′ − 𝑉′′
correspondant aux conditions aux limites 𝑉1 = 𝑉1′ − 𝑉1′′ = 0sur les
conducteurs où on s'est donné le potentiel et à la charge𝑄 = 𝑄2′ − 𝑄2′′ = 0 sur
les conducteurs où on s'est donné la charge.

Calculons le flux du vecteur V.𝐸⃗⃗ à travers la surface S limitéepar la surface des


conducteurs et une sphère de très grand rayon.
Nous avons vu précédemment que, en un point très éloigné descharges
1
électriques le potentiel est de l'ordre de (ou d'ordre supérieursi la somme des
𝑟
1
charges est nulle) et le champ de l'ordre de (oud'ordre supérieur si la somme
𝑟2
des charges est nulle).

Le flux du vecteur V.𝐸⃗⃗ à travers la sphère de très grand rayonest de l'ordre de


1
et tend vers zéro lorsque la sphère tend vers lasurface de l'infini.
𝑟

Sur chaque conducteur le potentiel est constant et le flux est,d'après le


théorème de Gauss

(le signe-correspond au fait que le flux


estcompté avec la normale dirigée vers l'intérieurdu conducteur).
Comme les conditions aux limites sur les surfaces des conducteurs sont soit
𝑉 = 0, soit 𝑄 = 0,le flux total sortant de la surface S est nul.

Figure 30
En appliquant la formule d'Ostrogradski, on a

l'intégrale étant étendue à toute la région extérieure aux conducteurs.


En tenant compte de la relation:
40

le flux total devient 𝜑 = − ∭ 𝐸 2 𝑑𝜏 = 0


Cette intégrale portant sur une fonction de signe constant ne peutêtre nulle
que si, en tout point, 𝐸 = 0, ce qui entraîne 𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒 .
En tenant compte des conditions aux limites on a V = 0 danstout l'espace.
Les deux solutions sont donc identiques 𝑉′ = 𝑉′′.
Le résultat que nous avons trouvé s'étend sans difficulté au casoù il existe des
charges non portées par des conducteurs. Il y a alorslieu de considérer
𝜌
l'équation de Poisson ∆𝑉 + = 0 au lieu del'équation de Laplace ∆𝑉 = 0.
𝜀0

11. Écrans électriques


Un écran électrique est constitué par un conducteur creux. A l'intérieur et à
l'extérieur de ce conducteur il existe d'autres conducteursélectrisés.
Supposons l'écran porté à un potentiel fixe 𝑉0 .
Fixons-nous la charge ou le potentiel des conducteurs intérieurs.
Le potentiel à l'intérieur de l'écran est déterminé par l'équation ∆𝑉 = 0avec les
conditions aux limites imposées (potentiels ou charges fixes surles
conducteurs). Un raisonnementanalogue à celui du paragraphe précédent
montre qu'il existe une solution et une seule. Cette solution estindépendante
de ce qui se passe àl'extérieur de l'écran, elle ne dépendque des données
géométriques et électriques caractérisant les conducteurs intérieurs à l'écran.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑉 et la densité superficielle 𝜎 = −𝜀0 𝜕𝑉sont bien fixés. Ces
Le champ −𝑔𝑟𝑎𝑑
𝜕𝑛
grandeurs potentiel, champ, densité superficielle étant indépendantes de ce
qui se passe à l'extérieursont évidemment les mêmes lorsqu'il n'y a aucune
charge. Les chargesextérieures à l'écran et de la surface extérieure de l'écran
ne créentaucun champ à l'intérieur.
41

Figure 31
Si on ajoute une même valeur au potentiel de l'écran et aux potentiels de tous
les conducteurs intérieurs, le champ et, par suite, la densitésuperficielle et la
charge des conducteurs intérieurs ne sont pas modifiés. Ce qui se passe à
l'intérieur de l'écran est donc indépendant dece qui se passe à l'extérieur ainsi
que du potentiel de l'écran et ne dépendque des données géométriques des
conducteurs intérieurs et de leurdifférence de potentiel par rapport à l'écran.
Le potentiel à l'extérieur de l'écran est déterminé par ∆𝑉 = 0avec les
conditions aux limites 𝑉 = 0 à 1′ ∞, 𝑉 − 𝑉0 sur l'écran, lepotentiel ou la charge
fixés sur les autres conducteurs.
Là encore, un raisonnement analogue à celui du paragraphe précédent montre
que ce qui se passe à l'extérieur de l'écran est indépendantde ce qui se passe à
l'intérieur puisqu'il existe une solution unique pourle potentiel. Les charges
intérieures à l'écran, y compris les chargesde sa face interne, ne produisent
aucun champ à l'extérieur.
Il faut remarquer que, en ce qui concerne le domaine extérieur, ilest nécessaire
de supposer que le potentiel de l'écran garde une valeurfixe pour que le
raisonnement soit valable (on ne peut pas ajouter unevaleur arbitraire au
potentiel de l'infini qui doit rester nul).
Un écran est donc un conducteur creux qui sépare l'espace endeux régions.
L'équilibre électrique à l'intérieur ne dépend pas de cequi se trouve à
l'extérieur. L'équilibre électrique à l'extérieur ne dépendpas de ce qui se passe
à l'intérieur, mais à condition de maintenir l'écranà un potentiel fixe.

Il.2. MÉTHODES D'ÉTUDE DU CHAMP ÉLECTRIQUE PRODUIT PAR DES


CONDUCTEURS ÉLECTRISÉS

1. Position du problème
Un problème qui peut se poser est le suivant: étant donné un certain nombre
de conducteurs, trouver tous les états d'équilibre possibles,c'est-à-dire en
chaque point le potentiel et le champ et, sur les conducteurs, la densité
superficielle. Pour résoudre ce problème, il suffit derechercher la fonction
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑉 en
potentielle dans la région à étudier. On en déduiraalors𝐸⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑
chaque point et, sur les conducteurs,
42

𝜕𝑉
𝜎 = −𝜀0 et𝑄 = ∬ 𝜎𝑑𝑠.
𝜕𝑛

Le potentiel doit satisfaire aux conditions ∆V = 0 dans tout l'espace(en


supposant qu'il n'y a pas de charges non portées par des conducteurs), 𝑉 = 0 à
1′ ∞, 𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒 sur les conducteurs.
Sous cette forme le problème a une infinité de solutions. Généralement on le
précise en fixant soit le potentiel, soit la charge totale desconducteurs. Nous
avons vu qu'il y a alors une solution unique.
Le problème se ramène donc à l'intégration de l'équation de Laplaceavec des
conditions aux limites fixées.
Nous allons voir successivement:
a. la méthode des images électriques,
b. la méthode analytique,
c. les méthodes par approximations successives (méthode graphique et
méthode par itération),
d. les méthodes expérimentales.
2. Méthode des images électriques
Dans une région où il existe des conducteurs électrisés, supposonsqu'on puisse
diviser ces conducteurs en groupes tels que chaque groupesoit complètement
entouré par une surface équipotentielle.
Soit par exemple trois groupes entourés par les équipotentielles 𝑆𝑉1 ,𝑆𝑉2 , 𝑆𝑉3 .
On peut, sans modifier lepotentiel ni le champ à l'extérieurdes trois surfaces
équipotentielles, supprimer les conducteurs électrisés et les remplacer par des
conducteurs limités par les surfaces équipotentielles 𝑆𝑉1 ,𝑆𝑉2 , 𝑆𝑉3 , ces
conducteursétant portés aux potentiels 𝑉1 , 𝑉2 , 𝑉3 .
43

Figure 32
En effet dans les deux cas le potentiel est défini par ∆V = 0 avecles conditions
aux limites = 0 à 1′ ∞:
𝑉 = 𝑉1 𝑠𝑢𝑟 𝑆𝑉1 𝑉 = 𝑉2 𝑠𝑢𝑟 𝑆𝑉2 𝑉 = 𝑉3 𝑠𝑢𝑟 𝑆𝑉3
et on sait qu'il existe une solution unique.
Ce résultat est intéressant car il permet, lorsqu'on a étudié lepotentiel produit
par un certain nombre de conducteurs électrisés,à condition de pouvoir diviser
ces conducteurs en groupes entouréscomplètement par des équipotentielles,
d'avoir immédiatement le potentielproduit par des conducteurs limités par ces
équipotentielles et portésaux potentiels de celles-ci.
Il est bien évident que l'étude des potentiels est facile si les conducteurs
peuvent être considérés comme ponctuels. Pour étudier des équilibres
électriques, on partira donc de l'étude du potentiel créé par desconducteurs
ponctuels (ou des lignes chargées) et on métalliserades surfaces
équipotentielles entourant complètement des groupes deces conducteurs
ponctuels.
On remarquera, en appliquant le théorème de Gauss à une surfaceentourant
complètement l'équipotentielle métallisée, que la charge decette
équipotentielle métallisée est égale à la somme des charges qui setrouvaient
primitivement à l'intérieur.
Le nom d'images électriques vient du fait que si on a deux groupesde charges
ponctuelles dont l'un 𝑞1′ ,𝑞2′ ,𝑞3′ ,…. est complètemententouré par une
équipotentielle S, on a à l'extérieur de celle-ci le même champen supprimant
les charges intérieures, enmétallisant S et en la chargeant de lacharge
𝑞1′ +𝑞2′ +𝑞3′ +……
Les charges intérieures 𝑞1′ ,𝑞2′ ,𝑞3′ sontdites les images électriques des charrées
extérieures 𝑞1′′ ,𝑞2′′ ,𝑞3′′ , 𝑞4′′ ,𝑞5′′ ,… .. à travers la surface S. Nous allonstraiter un
certain nombre d'exemples qui feront bien comprendre laméthode.
44

Figure 33
A) Sphère isolée dans l'espace
Une charge ponctuelle isolée q placée au point O produit un champdont les
équipotentielles sont des sphères concentriques correspondant au potentiel

1 𝑄
𝑉 = . .
4𝜋𝜀0 𝑟
Figure 34
Une sphère de centre O portant la charge q produit à l'extérieurle même
champ. Elle est au potentiel
1 𝑞
𝑉 = . .
4𝜋𝜀0 𝑅
B) Ellipsoïde isolé dans l'espace
Nous avons vu précédemment qu'un segment de droite uniformément
électrisé produit un champ dont les équipotentielles sont desellipsoïdes.
Soient 2𝑎 et 2𝑐 le grand axe et la distance focale de l'ellipsoïdeélectrisé portant
la charge Q. Il produit le même champ qu'un segmentde droite portant la
𝑄
charge linéique 𝑞 = . Le potentiel de l'ellipsoïdeest
2

et les surfaces équipotentielles sont données par


45

où𝜆 est un paramètre égal au demi-grand axe des ellipsoïdes


cofocauxconstituant les surfaces équipotentielles.
C) Champ produit par deux cylindres circulaires chargésde charges opposées
et dont les axes sont parallèles
Par raison de symétrie, le champ est normal à la direction desaxes des cylindres
et les équipotentielles sont des surfaces cylindriquesà génératrices parallèles
aux axes des cylindres.
Nous avons vu précédemment dans l'étude du champ produitpar deux droites
parallèles portant des charges linéiques opposées queles équipotentielles sont
des cylindresdont les sections par un plan perpendiculaire aux droites
constituent unfaisceau de cercles à points limites.

Figure 35
Pour résoudre le problème il suffitde chercher les points limites du
faisceaudéfini par la section des cylindres parun plan perpendiculaire à leur
axe. Les droites passant par ces points,ayant la direction des axes du cylindre et
portant des charges linéiquesopposées égales à celles des cylindres produisent
le même champ.
D) Sphère influencée par une charge ponctuelle
Deux charges 𝑞 et −𝑞′ créent en unpoint M le potentiel
1 𝑞 𝑞′
𝑉 = . ( − ).
4𝜋𝜀0 𝑟 𝑟′
46

Figure 36
𝑞 𝑞′ 𝑟 𝑞
La surface équipotentielle V = 0 définie par − = 0 ou −
𝑟 𝑟′ 𝑟′ 𝑞′

est une sphère. Cette étude préliminaire va nous permettre de résoudrele


problème posé.
𝛼) La sphère est au potentiel zéro.
On identifie la sphère avec l'équipotentielle V = 0 du problème précédent. On
détermine ainsi la valeur et la position de la charge −𝑞′.
𝛽) La sphère est au potentiel 𝑉0 .
Une sphère isolée au potentiel V0 produit à l'extérieur le même champque la
charge 𝑞 ′′ = 4𝜋𝜀0 𝑅𝑉0 placée au centre de la sphère.
En appliquant le théorème de la superposition des états d'équilibre,on voit que
les charges 𝑞, −𝑞′ et 𝑞′′ produisent à l'extérieur de la sphèrele même champ
que la charge q et la sphère au potentiel 𝑉0 portant lacharge −𝑞 ′ + 𝑞′′.
L'étude, par une méthode analogue, du champ produit par deuxsphères
chargées conduirait au même champ que celui produit pardeux suites infinies
de charges disposées chacune à l'intérieur d'unesphère sur la droite qui joint le
centre des sphères.
3. Méthode analytique
Le problème mathématique qui consiste à trouver une fonction, solution de
l'équation de Laplace et prenant sur les conducteurs de la région où on étudie
le champ une valeur constante donnée, est très difficile à résoudre. On ne peut
pas dans le cas général trouver de solution analytique. On ne peut le résoudre
que lorsque les surfaces qui limitent les conducteurs peuvent être représentées
analytiquement d'une manière simple (lorsque ce sont, par exemple, des plans
ou des surfaces de 2èmeordre) ou lorsque des conditions de symétrie
interviennent.
47

A) Solution analytique à trois variables : cas général


On cherche à exprimer les coordonnées cartésiennes 𝑥, 𝑦, 𝑧 d'un point en
fonction de trois paramètres 𝑢, 𝑣, 𝑤.
𝑥 = 𝑋 (𝑢, 𝑣, 𝑤)
{𝑦 = 𝑌 (𝑢, 𝑣, 𝑤)
𝑧 = 𝑍 (𝑢, , 𝑤)
de façon que les surfaces limitant les conducteurs soient obtenues enrendant
constant l'un des paramètres u, v ou w. Les conditions auxlimites𝑉 =
𝐶 𝑡𝑒 s'expriment alors sur des surfaces 𝑢 = 𝐶 𝑡𝑒 , 𝑣 = 𝐶 𝑡𝑒 ou𝑤 = 𝐶 𝑡𝑒 . Il est
avantageux que les surfaces 𝑢 = 𝐶 𝑡𝑒 , 𝑣 = 𝐶 𝑡𝑒 , 𝑤 = 𝐶 𝑡𝑒 forment un réseau
triorthogonal.
On exprime l'équation de Laplace ∆𝑉 = 0 en fonction de 𝑢, 𝑣, 𝑤,et on cherche
des solutions de la forme 𝑉 = 𝑓(𝑢). 𝑔 (𝑣). ℎ (𝑤). Decette façon, on obtient
dans l'équation de Laplace une séparation desvariables et on peut alors
intégrer l'équation.
Nous n'insisterons pas sur cette méthode qui conduit souventà des
développements mathématiques assez longs.
B) Solution analytique à deux variables - Cas de conducteurs cylindriques
Un cas particulier important est celui de conducteurs cylindriquesà génératrices
parallèles pratiquement indéfinies. Tout plan perpendiculaire aux génératrices
est alors un plan de symétrie, ce qui revientà dire que le champ, toujours
parallèle à ce plan, conserve même direction,même sens, et même intensité
lorsque son point d'application décritune parallèle aux génératrices. Il suffit
pour résoudre le problèmed'étudier ce qui se passe dans un plan 𝑥𝑂𝑦
perpendiculaire aux génératrices (que l'on prend comme plan de figure). Le
potentiel et le champne dépendent plus alors que de deux variables ; l'équation
de Laplacese réduit à :

a) Fonction analytique
Choisissons un système decoordonnées cartésiennes 𝑂𝑥, 𝑂𝑦, 𝑂𝑡, l'axe 𝑂𝑡 ayant
la direction générale des génératricesdes conducteurs.
Représentons les équipotentielles et les lignes de champdans le plan 𝑥𝑂𝑦 (plan
𝑡 = 0)et dans le plan parallèle distant de l'unité de longueur (plan 𝑡 = 1).
48

Figure 37
Prenons une ligne de champ 𝐶0 de référence. Du fait de son caractère
conservatif, le flux à travers une surface limitée par les plans 𝑡 = 0et 𝑡 = 1 et
par des parallèles aux génératrices passant par les lignes dechamp 𝐶0 et C
(surface telle que M0MNN0) dépend uniquement decette ligne de champ C.
On peut donc graduer les lignes de champ en valeur de flux demême qu'on
gradue les équipotentielles en valeur de potentiel.
Par un point M du plan 𝑥𝑂𝑦, il passe une équipotentielle caractériséepar la
valeur du potentiel V et une ligne de champ caractérisée par lavaleur du flux ψ.
Ce point est défini aussi bien par ses coordonnées x et y que parles valeurs V et
ψ. Ces deux couples de valeurs peuvent être considéréscomme les composants
de deux nombres complexes 𝑧 = 𝑥 + 𝑗𝑦 et𝑣 = 𝑉 + 𝑗𝜓fiés par une relation 𝑣 =
𝑊 (𝑧).
Cherchons les caractères de cette relation. Considérons deux
pointsvoisins 𝑀 (𝑧 = 𝑥 + 𝑗𝑦) 𝑒𝑡 𝑀′ (𝑧 + 𝑑𝑧 = (𝑥 + 𝑑𝑥) + 𝑗 (𝑦 + 𝑑𝑦)
surune équipotentielle. En passant de M à M' la fonction T varie de𝑑𝜓 =
𝜕𝜓 𝜕𝜓
𝑑𝑥 + 𝑑𝑦.
𝜕𝑥 𝜕𝑦

Par ailleurs, 𝑑𝜓 = 𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ a pourcomposantes


⃗⃗⃗⃗⃗ normal à 𝑀𝑀′
𝑑𝑠. Le vecteur 𝑑𝑠
(−𝑑𝑦, 𝑑𝑥).
𝜕𝑉 𝜕𝑉
Le vecteur champ 𝐸⃗⃗ a pour composantes (− , ).
𝜕𝑥 𝜕𝑥
49

𝜕𝑉 𝜕𝑉
On a donc 𝑑𝜓 = 𝑑𝑦 − 𝑑𝑥.
𝜕𝑥 𝜕𝑦

En identifiant avec l'expression précédente, on a


𝜕𝑉 𝜕𝜓
=
𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝑉 𝜕𝜓
=
{ 𝜕𝑦 𝜕𝑥
Une fonction 𝑣 = 𝑉 + 𝑗𝜓 qui satisfait à ces relations (relationsde Cauchy) est
une fonction analytique.
Les fonctions V et 𝜓 sont dites conjuguées.

b) Méthode de résolution
Il résulte des relations précédentes que les fonctions V et 𝜓 satisfonttoutes les
deux à l'équation de Laplace; on a ∆𝑉 = 0, ∆𝜓 = 0.
La partie réelle et la partie imaginaire d'une fonction analytiquesont des
solutions de l'équation de Laplace.
La méthode de résolution d'un problème à deux variables consisteà rechercher
une fonction analytique 𝑣 = 𝑉 + 𝑗𝜓appelée potentielcomplexe de la variable
𝑧 = 𝑥 + 𝑗𝜓 telle que des courbes 𝑉 (𝑥, 𝑦) = 𝐶 𝑡𝑒
(ou𝜓(𝑥, 𝑦) = 𝐶 𝑡𝑒 ) s'identifient avec les courbes qui limitent les conducteurs
cylindriques dans le plan de la figure.
On peut aborder le problème de deux façons:
1)On résout à priori un certain nombre de problèmes pour lesfonctions
analytiques classiques et on recherche si on peut identifierles courbes limitant
les conducteurs avec des courbes 𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒 relativesà l'un de ces problèmes.
C'est en fait une façon de procéder analogueà celle employée dans la méthode
des images électriques.
2)On se donne à priori la ou les courbes limitant le ou les conducteurs et on
recherche la fonction analytique 𝑉 + 𝑦 𝜓 telle que descourbes 𝑉 =
𝐶 𝑡𝑒 s'identifient avec les combes données. Ce problèmene peut être résolu
50

facilement que lorsque les courbes limitant lesconducteurs sont des courbes
algébriques unicursales.
c) Transformation conforme
Une fonction analytique 𝑡𝑦 — 𝑊 (𝑧) = 𝑊 (𝑥 + 𝑗𝑦) — 𝑉 (𝑥, 𝑦) +
𝑗𝑥¥ (𝑥, 𝑦)fait correspondre à tout point x + jy du plan (x, y) un point
V + /'Y du plan (V, T). La transformation ainsi définie, appelée transformation
conforme, est telle que l'angle de deux courbes tracées dansl'un des plans est
égal à l'angle de leurs transformées dans l'autre plan.
En particulier, les courbes V = Cte et Y — Cte du plan (V, T) sont desdroites
rectangulaires parallèles aux axes V et Y. Dans le plan (x, y), lescourbes V(x,y) =
Cte et Y (x, y) = Cte sont rectangulaires. Si lescourbes V = Cte sont des
équipotentielles, les courbes Y = Ctesontdes lignes de force.

Ce résultat se retrouve immédiatement à partir des relations de

Cauchy qui montrent l'orthogonalité des vecteurs Nt — — J — — j

— , — normaux aux courbes V = Cte et Y = Cte

Si on trace le réseau des équipotentielles V (x, y) = Cte et leréseau des lignes de


force Y (x, y) = Cte en prenant des valeurs desconstantes en progression
arithmétique (même valeur de AV = a et
AY = a pour deux équipotentielles ou deux lignes de force voisines)
on obtient deux réseaux dont le quadrillage est formé de carrésélémentaires.
La longueur 𝑑𝑠𝑣 de l'arc de courbe équipotentielle compris entreles lignes de
force 𝜓 𝑒𝑡 𝜓 + 𝑑𝜓 est défini par |𝑑𝜓| = 𝐸𝑑𝑠𝑣 .
Par ailleurs |𝑑𝑉| = 𝐸𝑑𝑠𝜓 .
𝑎
Si 𝑑𝜓 = 𝑑𝑉 = 𝑎, on a 𝑑𝑠𝜓 = 𝑑𝑠𝑣 = . =
𝐸
51

Une suite de transformations conformes (transformation conformedu plan


(𝑉, 𝜓) en plan (𝑥, 𝑦) et transformation conforme du plan (𝑥, 𝑦)en plan (𝑥′, 𝑦′)
donne encore une transformation conforme qui jouitdes propriétés
précédentes.
Nous remarquons également qu'à une transformation
𝑉 + 𝑦𝜓 = 𝐹 (𝑥 + 𝑗𝑦)on peut associer la transformation
𝑉 ′ + 𝑦 𝜓 ′ = 𝑦 𝐹 (𝑥 + 𝑗𝑦) = 𝐹′ (𝑥 + 𝑗𝑦). Aux équipotentielles de
latransformation F correspondent les lignes de force de la transformation F'et
vice versa.
En résolvant un problème on résout en même temps le problèmeassocié où les
lignes de niveau et les lignes de force se trouventpermutées.
Nous allons traiter quelques exemples qui feront aisément comprendre la
méthode. Au besoin, nous reprendrons des études faites parla méthode des
images électriques pour voir comment ces deux méthodesse complètent.
d) Etude de quelques transformations conformes donnant des distributions de
potentiel fréquemment rencontrées
1°) Transformation 𝑉 + 𝑗𝜓 = 𝑗𝑘 𝑧′′, où k est une constanteréelle positive, n un
entier réel et 𝑧 — 𝑥 + 𝑗𝑦 (si n était fractionnaire,on aurait plusieurs
déterminations et il n'y aurait lieu de s'attacherqu'à l'une d'entre elles).
Passons en coordonnées polaires:
𝑉 + 𝑗𝜓 = 𝑗𝑘 𝑟′′ (𝑐𝑜𝑠 𝑛 𝜃 + 𝑗 𝑠𝑖𝑛 𝑛 𝜃)
𝑉 = −𝑘 𝑟 ′′ 𝑠𝑖𝑛 𝑛 𝜃
𝜓 = −𝑘 𝑟 ′′ 𝑐𝑜𝑠 𝑛 𝜃
L'équipotentielle V = 0 donne des droites passant par l'origine faisant les angles
𝑘𝜋 𝑘𝜋
(𝑟 ′′ sin 𝑛𝜃 = 0 𝑑𝑜𝑛𝑛𝑒 𝜃 = ).
𝑛 𝑛

𝛼) 𝑛 = 1
𝑉 = −𝑘 𝑟𝑠𝑖𝑛𝜃 = −𝑘 𝑦
La transformation représente un champ uniforme parallèle à 𝑂𝑦.
𝛽) 𝑛 = 2
52

Les courbes équipotentielles sont des hyperboles équilatères. Enparticulier les


courbes 𝑉 = 0 sont les axes de coordonnées.
La transformation représente le champ entre undièdre rectangulaire
conducteur relié à la terre et unesurface conductrice au potentiel −𝑉0 .
contenantl'hyperbole équilatère
−𝑉0 = 2 𝑘 𝑥𝑦

Figure 38
En prenant la transformation 𝑉 + 𝑗𝜓 = 𝑗𝑘𝑧 2 + 𝑉0 , on obtientle champ à
l'intérieur d'un dièdre rectangulaire porté au potentiel 𝑉0 .
𝑧−𝑎
2°) Transformation 𝑉 + 𝑗𝜓 = 𝑘 𝐿𝑜𝑔 , avec 𝑧 = 𝑥 + 𝑗𝑦
𝑧+𝑎
𝑧−𝑎
on a 𝑉 + 𝑗𝜓 = 𝑘𝐿𝑜𝑔 𝑒𝑡𝜓 = 𝑘[arg(𝑧 − 𝑎) − arg (𝑧 + 𝑎)]
𝑧+𝑎
𝑀𝐴
ou𝑉 = 𝑘 𝐿𝑜𝑔𝑀𝐴′ 𝜓 = 𝑘(𝛼 − 𝛽).
Les équipotentielles forment un faisceau de cercles à points limites,les lignes
de force un faisceau à points de base A' et A. On retrouve leproblème étudié
par la méthode des images électriques du champ produit par deux lignes
parallèles decharges linéiques −𝑞 et +q.
Si à partir d'un point 𝑀0 del'axe 𝑂𝑥 le point M décrit un cercledu faisceau
entourant le point A, on
Par ailleurs, 𝛼 = 2𝜋, 𝛽 = 0
d'où𝜓 = 2𝜋𝑘.

𝑞 𝑞 𝑀𝐴 𝑞
On en déduit 𝑘 = 𝑉= 𝐿𝑜𝑔𝑀𝐴′ 𝜓= (𝛼 − 𝛽)
2𝜋𝜀0 2𝜋𝜀0 2𝜋𝜀0
53

Figure 39
3°) Transformation
𝑉 + 𝑗𝜓 = 𝑎𝑟𝑐 𝑠𝑖𝑛 𝑧.
En inversant la transformation on a :
𝑥 = 𝑗𝑦 = sin(𝑉 + 𝑗𝜓)
Ou
𝑥 + 𝑗𝑦 = sin 𝑉 𝑐ℎ 𝜓 + 𝑗 cos 𝜓 𝑠ℎ 𝜓
𝑥 = sin 𝑉 𝑐ℎ 𝜓
{
𝑦 = sin 𝑉 𝑠ℎ 𝜓
𝑥2 𝑦2 𝑥2 𝑦2
On a + =1 et − =1
𝑐ℎ2 𝑉 𝑐ℎ2 𝑉 𝑠𝑖𝑛2 𝑉 𝑐𝑜𝑠 2 𝑉

Les équipotentielles sont des hyperboles homofocales et les lignesde force des
ellipses.
Avec la transformation associée V + y Y = j arc sin z
𝑥 + 𝑗𝑦 = sin 𝜓 𝑐ℎ 𝑉 + 𝑗 cos 𝜓 𝑠ℎ 𝑉
𝑥 = sin 𝜓 𝑐ℎ 𝑉
{
𝑦 = sin 𝜓 𝑠ℎ 𝑉
𝑥2 𝑦2 𝑥2 𝑦2
On a + =1 et − =1
𝑐ℎ2 𝑉 𝑠ℎ2 𝑉 𝑠𝑖𝑛2 𝜓 𝑐𝑜𝑠 2 𝜓

les équipotentielles sont des ellipses et les lignes de force des


hyperboleshomofocales.
Cette transformation permet de résoudre le problème du champproduit entre
deux cylindres dont les sections sont des ellipseshomofocales.
Le fait qu'on n'ait pas comme dans l'exemple précédent écrit
54

𝑉 + 𝑦 𝜓 = 𝑘 𝑎𝑟𝑐 𝑠𝑖𝑛 𝑧sous-entend qu'on définit les unités de potentielet de


flux en fonction des conditions du problème. Pour revenir auxunités MKSA il
suffit, après résolution, de multiplier V et𝜓 par uncoefficient k que l'on
détermine comme précédemment.
e) Autres transformations utilisées
Les transformations utilisées pour l'étude des distributions depotentiel sont
très nombreuses. Il ne nous est pas possible de les passertoutes en revue.
L'étude de ces transformations que l'on retrouve dans d'autresdomaines, en
particulier en mécanique des fluides, sont plus du domainedu cours de
Mathématiques auquel nous renvoyons que du cours d'électricité. Nous
signalerons simplement pour mémoire deux transformations importantes:
la transformation de Joukowsky
𝑏 𝐹 𝑎 𝐹 = 𝑉 + 𝑗𝜓
𝑧 = ( + ) 𝑎𝑣𝑒𝑐 |
2 𝑎 𝐹 𝑧 = 𝑥 + 𝑗𝑦
et la transformation de Schwarz
𝐹 𝛼2
𝑧 = 𝐴 ∫ (𝐹 − 𝐹1 ) 𝜋 −1 … … 𝑑𝐹 + 𝐵
𝐹0

qui permet de trouver une distribution de potentiel admettant


commeéquipotentielle un polygone.
f) Problème relatif à une courbe donnée
Les méthodes exposées précédemment permettent de construiredes solutions
de l'équation de Laplace et nous indiquent quels conducteurs il faut placer pour
obtenir effectivement les distributions trouvées :
En pratique le problème se pose souvent autrement. On connaîtles
conducteurs et leurs potentiels et on désire déterminer la distributionqu'ils
produisent. Limitons-nous au cas où on se donne un seul conducteur
cylindrique. Il s'agit alors de rechercher une fonction analytiqueW de 𝑧 — 𝑥 +
𝑗𝑦 telle que la partie réelle de W égalée à une constante(potentiel 𝑉0 du
conducteur) représente la courbe directrice du cylindreconducteur, que nous
supposerons donnée sous forme paramétrique.
55

En remarquant tout de suite que les potentiels sont définis à uneconstante


additive près on peut prendre 𝑉0 = 0. Par ailleurs la fonctionest définie à un
coefficient multiplicatif près dépendant des imités.
La fonction analytique cherchée est 𝑊 = 𝑉 + 𝑗ψ= 𝐴 (𝑥 + 𝑗𝑦).
Nous pouvons écrire −𝑗𝑊 = 𝜓 − 𝑉 = −𝑗𝐴 (𝑥 + 𝑗𝑦).
En inversant la fonction −𝑗𝐴 (𝑥 + 𝑗𝑦) de la variable complexe𝜓 − 𝑗𝑉 on a
𝑥 + 𝑗𝑦 = 𝐵[𝜓 − 𝑗𝑉].
Cette fonction étant analytique, nous pouvons l'écrire
𝑥 + 𝑗𝑦 = 𝑓[𝜓 − 𝑗𝑉] + 𝑗𝑔[𝜓 − 𝑗𝑉]
En faisant V = 0, nous avons 𝑥 + 𝑗𝑦 = 𝑓(𝜓) + 𝑗𝑔 (𝜓)
𝑥 = 𝑓(𝜓)
Ou{
𝑦 = 𝑔(𝜓)

/(Y) et g (T) doivent s'identifier avec la définition paramétrique


del'équipotentielle V = 0.
Inversement, la courbe limitant le cylindre conducteur étant connue
𝑥 = 𝑓(𝑢)
{
𝑦 = 𝑔(𝑢)
on en déduit 𝑥 + 𝑗𝑦 = 𝑓[𝜓 − 𝑗𝑉] + 𝑗𝑔[𝜓 − 𝑗𝑉]
En inversant la fonction:

En toute rigueur, on peut toujours exprimer le paramètre u enfonction d'un


autre paramètre t, la fonction u(t) étant arbitraire et on doitnormalement
écrire 𝑥 + 𝑗𝑦 = 𝑓{𝑢[𝜓 − 𝑗𝑉]} + 𝑗𝑔{𝑢[𝜓 − 𝑗𝑉]}, ce qui, après inversion, donne
une infinité de solutions possibles.(Dans le calcul précédent on a fait
implicitement𝑢 = 𝑡).
L'interprétation physique de ce fait est qu'au voisinage du conducteur, dont on
fixe le contour, on peut placer d'autres conducteurs électrisés.
56

Si on se fixe a priori la fonction w, on s'impose la présence d'unautre


conducteur entourant complètement le conducteur donné etayant le contour
d'une équipotentielle (ce conducteur peut être la surface de l'oo et dans ce cas
le potentiel est zéro). Si on se fixe ce conducteur on peut par là même
déterminer la fonction 𝑢.
Exemple : nous allons appliquer la théorie au cylindre porté au potentiel V0
𝑥 = acos 𝑢
dont la directrice est une ellipse {𝑦 = 𝑏𝑠𝑖𝑛 𝑢

La fonction analytique (𝑉 − 𝑉0 ) + 𝑗𝜓 se déduit de


𝑋 + 𝑗𝜓 = 𝑎 cos[𝜓 − 𝑗(𝑉 − 𝑉0 )] + 𝑗𝑏 sin[𝜓 − 𝑗(𝑉 − 𝑉0 )]
Il est souvent inutile de l'expliciter. La correspondance entre lespoints du plan
(x,y) et ceux du plan (V, ψ) est donnée par

En éliminant T entre ces équations, on a l'équation des équipotentielles:

On a une famille d'ellipses parmi lesquelles on retrouve pour


𝑥2 𝑦2
𝑉 = 𝑉0 la courbe 2
+ = 1. Toutes ces ellipses sont homofocales
𝑎 𝑏2

car

𝑐 2 = 𝑎2 — 𝑏 2 est indépendant de 𝑉.
La distribution trouvée est bien compatible avec la présence duconducteur
cylindrique limité par la courbe donnée et portée au potentiel V0. Toutefois,
elle ne correspond pas à l'équilibre d'un cylindreelliptique isolé car on n'a pas
V=0 à l'∞. On a résolu le problème dela distribution du potentiel entre deux
𝑥2 𝑦2
cylindres dont les sections sontdes ellipses homofocales (l'ellipse 2
+ =1
𝑎 𝑏2
portée au potentiel 𝑉0 et l'ellipse
57

portée au potentiel Vx).

4. Méthodes par approximations successives


A) Méthode graphique
La méthode utilise la propriété que les équipotentielles et les lignes de force
graduées en progression arithmétique découpent des carrés élémentaires.
On part de deux équipotentielles par exemple les courbes limitant les
conducteurs électrisés et on trace à vue la ligne équipotentielle correspondant
à la moyenne des potentiels de ces lignes. On trace les lignes de force
orthogonales aux équipotentielles et formant avec celles-ci des quadrilatères se
rapprochant de carrés élémentaires. On rectifie lescourbes de manière à
s'approcher le plus possible de ce résultat. Ontrace ensuite de nouvelles
équipotentielles et de nouvelles lignes deforce intercalées entre les
précédentes et on rectifie au besoin les tracésprimitifs de façon à obtenir des
quadrilatères voisins de carrés élémentaires.
EXEMPLE: potentiel entre une ligne crénelée et une ligne droite.
Le domaine n'est pas limité mais à cause de la périodicité et de la symétrie il
suffit d'étudier la distribution du potentiel entre les lignes A et B.

Figure 40 Figure 41
Nous avons essayé de tracer une première ébauche (voir ci-dessusà droite) qui
devra ensuite être rectifiée.
58

B) Méthode de relaxation
Cette méthode purement numérique complète la méthode précédente. Elle
utilise la propriété que le potentiel au centre d'un carréest égal à la moyenne
arithmétique des potentiels des sommets du carréau 4èmeordre près
(l'infiniment petit étant le côté du carré).
Pour démontrer cette propriété prenons comme axe les diagonalesdu carré.
Le potentiel au voisinage du point 𝑀0 est

Soit h la demi-diagonale.
Formons la somme des potentiels:
𝑉1 + 𝑉2 + 𝑉3 + 𝑉4 des points des points 𝑀1 , 𝑀2 , 𝑀3 , 𝑀4 .

Figure 42
Tous les termes de degré impair s'éliminent.
Nous obtenons:

Exprimons que V satisfait à l'équation de Laplace:

𝑉1 +𝑉2 +𝑉3 +𝑉4


𝑉0 = , au 4 ordre près.
4

Pour appliquer la méthode on fait un quadrillage du plan à étudier.


On connaît les potentiels en certains points, tout au moins d'une
façonapproximative. En s'aidant au besoin de la méthode graphique pourtracer
59

quelques équipotentielles on marque des valeurs approchéespour les


potentiels des divers noeuds du quadrillage.
On recalcule ensuite les valeurs des potentiels de tous les nœuds en utilisant la
𝑉1 +𝑉2 +𝑉3 +𝑉4
relation 𝑉0 = au second membrede laquelle on prend pour valeurs
4
de 𝑉1 , 𝑉2 , 𝑉3 , 𝑉4 les valeurs initialement attribuées ou, quand c'est possible, les
valeurs déjà corrigées.
On obtient ainsi des valeurs plus approchées des potentiels. Quandtous les
potentiels ont été ainsi recalculés on recommence l'opérationen utilisant les
nouvelles valeurs des potentiels. Au bout d'un certainnombre d'opérations de
cette sorte toutes les valeurs trouvées se stabilisent.
On peut alors augmenter la précision en calculant le potentiel aucentre et au
milieu des côtés du premier quadrillage. On obtient ainsiun quadrillage dont les
mailles sont deux fois plus fines. Il est bienévident qu'il faut recommencer
l'opération plusieurs fois jusqu'à ceque les valeurs aux noeuds du quadrillage
fin soient stabilisées. Latrace des équipotentielles n'offre plus alors aucune
difficulté.
EXEMPLE : Nous allons reprendre l'exemple de la méthode graphique. Nous
entourerons les valeurs prises a priori (en nous aidantde la méthode
graphique). Nous prolongerons le quadrillage de partet d'autre du plan de
symétrie étant bien entendu que les valeurs attribuées sont les mêmes pour
deux points symétriques.
Nous avons calculé les points principaux du quadrillage (valeurssoulignées).
Nous laissons au lecteur le soin de compléter le calcul enchoisissant des carrés
ayant leurs côtés, soit parallèles au quadrillage,soit à 45° du quadrillage (tel
que celui tracé en pointillé).
60

Figure 43
5. Méthodes expérimentales
Les méthodes expérimentales sont des méthodes analogiques. Ilarrive que les
lois régissant divers phénomènes pouvant appartenirà des domaines très
différents de la physique aient la même expressionmathématique. Il est alors
possible d'associer au phénomène étudiéun autre phénomène tel que les
équations différentielles régissant lesdeux phénomènes soient les mêmes. A un
problème relatif au premierphénomène, il correspond un problème relatif au
deuxième phénomène.
Si le deuxième problème peut être étudié expérimentalement (alorsque le
premier peut ne pas pouvoir l'être), on tirera des résultats empiriques la
solution des équations régissant les deux phénomènes. Lepremier problème
sera du coup résolu.
A) Méthode de la cuve électrolytique
Cette méthode est utilisée pour la résolution d'un problème à deuxvariables.
61

Nous verrons que dans un électrolyte dans lequel on a placé desconducteurs


maintenus à des potentiels constants le potentiel satisfaità l'équation de
Laplace ∆𝑉 = 0 avec comme conditions aux limites
𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒 sur les conducteurs.
La solution d'un problème d'électrocinétique trouvée expérimentalement, en
recherchant les équipotentielles dans une cuve contenantun électrolyte dans
lequel baignent des conducteurs maintenus à unpotentiel constant, est valable
pour tout problème ayant trait à un champLaplacien (c'est-à-dire dérivant d'un
potentiel satisfaisant à ∆𝑉 = 0).
On utilise ce résultat, non seulement pour l'étude des champsélectrostatiques,
question qui nous intéresse ici, mais aussi pour l'étudedes profils d'ailes
d'avions, les équipotentielles coïncidant avec lestrajectoires des filets d'air
autour des ailes.
L'étude de la cuve électrolytique sera faite dans le chapitre traitantdu courant
continu.
B) Méthode de la membrane de caoutchouc
Cette méthode, comme la précédente, est utilisée pour la résolution d'un
problème à 2 variables.
Une membrane de caoutchouc étant tendue horizontalement defaçon que la
tension superficielle soit constante dans toute son étendue,on donne à certains
points un déplacement vertical. On montre alorssi les déformations sont
faibles, la surface ʓ = 𝑍 (𝑥, 𝑦) qu'épouse lamembrane (le plan xy étant le plan
horizontal) satisfait à l'équation de
𝜕2 𝑍 𝜕2 𝑍
Laplace 2
+ = 0.
𝜕𝑥 𝜕𝑦 2

On peut par analogie résoudre des problèmes d'électrostatique,


leséquipotentielles correspondant aux lignes de niveau. Par cette méthode,on
a une représentation très suggestive des potentiels mais on n'obtientpas une
grande précision.
Pratiquement, on réalise une maquette en disposant sur un planhorizontal des
pièces de bois taillées au profil des conducteurs cylindriques et ayant une
hauteur proportionnelle au potentiel de ceux-ci. Unemembrane élastique
tendue sur un cadre plan est appliquée sur cetensemble de façon que le cadre
62

repose sur le plan horizontal. La coted'un point quelconque de la membrane


est alors proportionnelle au potentiel de ce point.
63

Capacités des corps électrisés


II.3. CONDUCTEUR ISOLÉ
1. Capacité d'un conducteur isolé
Le potentiel d'un conducteur chargé isolé est proportionnel à lacharge du
conducteur.
En effet on a :

𝑄 = ∬ 𝜎𝑑𝑠
𝑠

et

1 𝜎𝑑𝑠
𝑉= ∬
4𝜋𝜀0 𝑠 𝑟

Si on multiplie en chaque point la densité superficielle par X,la charge et le


potentiel sont multipliés par ce nombre.
On peut écrire
𝑄 = 𝐶𝑉
Le coefficient C est la capacité du conducteur isolé dans l'espace.
Dans le système MKSA l'unité est le farad. C'est la capacité d'unconducteur qui
étant au potentiel de 1 volt prend une charge de 1 coulomb. Pratiquement,
cette unité est beaucoup trop grande. On utilisedes sous-multiples:
le microfarad 1 𝜇𝐹 = 10−6 𝐹,
lemillimicrofarad1 𝑚𝜇𝐹 = 10−9 𝐹,
le picofarad (micromicrofarad) 1 𝑝𝐹 = 10−12 𝐹 (1𝜇𝜇𝐹).
La connaissance de la capacité d'un conducteur isolé présente del'intérêt en
radioélectricité dans l'étude des antennes. Nous donnonsquelques exemples
de calcul.
2. Capacité d'une sphère isolée
Une sphère isolée de rayon R portant la charge Q est au potentiel:
64

1 𝑄
𝑉= .
4𝜋𝜀0 𝑅
𝐶 = 4𝜋𝜀0 𝑅
et, en remplaçant 𝜀0 par sa valeur dans les systèmes MKSA:
𝑅𝑚
𝐶𝐹 =
9. 109

Une sphère isolée ayant une capacité de 1F devrait avoir un rayonde9. 109 m.
1
Une sphère de 1m de rayon a une capacité de 𝑚𝜇𝐹.
9

Le picofarad correspond sensiblement à la capacité d'une sphèrede 1cm de


rayon.
3. Capacité d'un ellipsoïde allongé
Nous avons trouvé que le potentiel d'un ellipsoïde chargé est
1 𝑄 𝑎+𝑐
𝑉= . 𝐿𝑜𝑔
4𝜋𝜀0 2𝑐 𝑎−𝑐
La capacité de l'ellipsoïde est
2𝑐
𝐶 = 4𝜋𝜀0 . 𝑎+𝑐
𝐿𝑜𝑔
𝑎−𝑐

Lorsque c tend vers zéro, on retrouve bien la capacité d'une sphère.


4. Capacité d'une barre cylindrique longue ou d'un fil de grandelongueur
Le calcul du potentiel et de la charge d'une barre longue n'offrepas de difficulté
si on admet (ce qui serait vrai pour une barre infinie)que la densité de charge
est constante. On peut aussi considérer la barrecomme la limite d'un ellipsoïde
dont le grand axe et le petit axe tendraient respectivement vers la demi-
𝐿 𝐷
longueur et le rayon 𝑅 = de la barre. On trouve alors
𝑅 2

1 𝑄 𝐿
𝑉= . 𝐿𝑜𝑔
4𝜋𝜀0 𝐿 𝑅
𝐿
𝐶 = 2𝜋𝜀0 .
𝐿𝑜𝑔𝐿/𝑅
65

II.4. SYSTÈMES DE CONDUCTEURS-CONDENSATEURS


1. Phénomène d'influence électrique
Approchons d'un conducteur isolé A primitivement neutre, unconducteur
chargé B. Nous constatons qu'il apparaît des charges surle conducteur A:
charges de signe contraire à celles de B sur les partiesvoisines de B et charges
de même signe sur les parties éloignées.
Les charges positives et négatives apparues sur A ont évidemmentmême
valeurs puisque primitivement le corps était neutre. Si nousréunissons A au sol,
les charges de même signe que celles de B disparaissent et le corps se trouve
chargé.
L'expérience que nous venons de décrire caractérise le phénomèned'influence
électrique.
L'introduction de corps chargés au voisinage d'autres conducteurs,chargés ou
non, modifie le champ électrique qui existait auparavant.
Le champ primitivement nul à l'intérieur des conducteurs ne l'étantplus, il en
résulte des déplacements très rapides de charges defaçon que la nouvelle
répartition entraîne la nullité du champ à l'intérieur de tous les conducteurs.
Nous avons vu comment on pouvait, pour chacun des équilibres,trouver en
chaque point le potentielet par suite le champ et la densitésuperficielle sur les
conducteurs.Dans un grand nombre de problèmes pratiques cette étude
estinutile et il suffit de connaître la charge totale et le potentiel des
différents conducteurs en présence.

Figure 44

2. Coefficient de capacité - Coefficient d'influence


A) Définition
66

Considérons un système de conducteurs. Portons le premier aupotentiel 1 les


autres étant réunis à la terre. Désignons par 𝐶11 , 𝐶21 , 𝐶31 ...les charges prises par
les conducteurs.
Il résulte du théorème de la superposition des états d'équilibre (multiplication
detoutes les densités superficielles par 𝑉1 ) quel'on a Pour tes conducteurs les
potentiels etcharges suivants:

Figure 45

De même, en portant le conducteur 𝐴2 au potentiel 𝑉2 , les autresétant mis à la


terre, on a conducteur

Les mêmes considérations peuvent être répétées pour chacun desconducteurs.


En ajoutant les états d'équilibre précédents, on a encoreun état d'équilibre
67

Les coefficients de même indice 𝐶𝑖𝑖 sont appelés coefficients decapacité, les
𝑗
coefficients d'indices différents 𝐶𝑖 (𝑖 ≠ 𝑗)sont appeléscoefficients d'influence.
B) Identité de Gauss
Nous allons, pour étudier les propriétés des coefficients d'influence,démontrer
une propriété préliminaire connue sous le nom d'identitéde Gauss.
Considérons un ensemble de n charges ponctuelles 𝑞1 , 𝑞2 , . . . 𝑞𝑛 placées en
𝐴1 , 𝐴2 , . . . 𝐴𝑛 .
Cet ensemble produit, aux n points 𝐵1 , 𝐵2 , . . . 𝐵𝑛 les potentiels 𝑉1 , 𝑉2 , . . . 𝑉𝑛 .
Plaçons aux points 𝐵1 , 𝐵2 , . . . 𝐵𝑛 les charges 𝑞1′ ,𝑞2′ ,... 𝑞𝑛′ .
Ces charges produisent aux points 𝐴1 , 𝐴2 , . . . 𝐴𝑛 , les potentiels 𝑉1′ ,𝑉2′ ,... 𝑉𝑛′
Nous allons montrer que:

On a

Dans l'expression du 2èmemembre de l'égalité, les charges q etles charges 𝑞′


jouent des rôles symétriques.
On a bien

ce qui justifie l'identité de Gauss.


Cette identité démontrée pour des charges ponctuelles s'étendfacilement à des
distributions continues. On peut l'appliquer à deuxensembles de n conducteurs
en choisissant les points 𝐴1 , 𝐴2 , . . . 𝐴𝑛 , surles conducteurs du 1er ensemble et
lespoints 𝐵1 , 𝐵2 , . . . 𝐵𝑛 , sur ceuxdu 2ème pour calculer les potentiels (constants
sur les conducteurs).
68

On peut également l'appliquer pour deux états d'équilibre à unseul ensemble


de conducteurs. Il suffit pour cela d'identifier les conducteurs des deux
ensembles. Ceci est possible puisqu'en un point d'unecouche superficielle le
potentiel V reste fini.
On a alors si 𝑉1 , 𝑉2 , 𝑉3 , . . . 𝑄1 , 𝑄2 , 𝑄3 , … correspondent à unpremier état
d'équilibre et 𝑉1′ ,𝑉2′ ,𝑉3′ ,… 𝑄1′ ,𝑄2′ ,𝑄3′ ,... à un deuxièmeétat:

D) Propriétés des coefficients de capacité et d'influence


𝒋
1°) 𝑪𝒊 = 𝑪𝒊𝒋 .

Démontrons par exemple que 𝐶12 = 𝐶21 . Pour cela, appliquonsl'identité de


Gauss aux deux états d'équilibresuivants:

Nous obtenons:

d'où
𝑪𝟐𝟏 = 𝑪𝟏𝟐
2°) Tous les coefficients de capacité sont positifs
𝑪𝒊𝒊 > 0
Tous les coefficients d'influence sont négatifs
69

𝑗
𝐶𝑖 < 0 𝑖≠𝑗
𝑪𝟏𝟏 ≫ −(𝑪𝟐𝟏 + 𝑪𝟑𝟏 + ⋯ 𝑪𝒏𝟏 )
(égalité si les conducteurs 𝐴2 , 𝐴3 ... sont entourés complètement parle
conducteur 𝐴1 ).
Le conducteur 𝐴1 étant porté au potentiel 1 et les autres conducteurs au
potentiel zéro, les conducteurs prennent les charges 𝑪𝟏𝟏 , 𝑪𝟏𝟐 , 𝑪𝟏𝟑 , …
Le potentiel ne peut être maximum ou minimum que sur les conducteurs j il est
maximum sur le conducteur 𝐴1 (valeur 1) et minimumsur les autres (valeur 0).
Les lignes de force partenttoutes du conducteur Ai pour allersoit sur les autres
conducteurs soità l'infini.

Figure 46
L'application du théorème de Gauss à des surfaces entourant lesconducteurs
montre que:
𝑪𝟏𝟏 > 0 𝑪𝟐𝟏 < 0
L'application du théorème des éléments correspondants montre que :
𝑪𝟏𝟏 ≫ −(𝑪𝟏𝟐 + 𝑪𝟏𝟑 + ⋯ 𝑪𝟏𝒏 ou
𝑪𝟏𝟏 ≫ −(𝑪𝟐𝟏 + 𝑪𝟑𝟏 + ⋯ 𝑪𝒏𝟏 )
3. Influence totale-Condensateur
On dit qu'il y a influence totale entre deux conducteurs lorsquel'un entoure
complètement l'autre. Ces deux conducteurs forment uncondensateur. Toutes
les lignes de force partent de la surface du conducteur intérieur A et
aboutissent sur la surfaceintérieure du conducteur B. D'après le théorème des
70

éléments correspondants, les charges surces deux surfaces ont même grandeur
et dessignes opposés.

Figure47
D'une façon plus générale, on dit encorequ'il y a influence totale d'un
conducteur surun autre quand presque toutes les lignes de force parties de
l'unaboutissent sur l'autre, même si l'un des corps n'entoure pasentièrement
l'autre.
Soient 𝑄1 et 𝑉1 la charge et le potentiel du conducteur A, 𝑄2 et 𝑉2 ,la charge et
le potentiel du conducteur B.
On peut écrire

Mettons le conducteur extérieur B à la terre (𝑉2 = 0). La chargesur la surface


extérieure de B est nulle. En effet, à l'extérieur de B lepotentiel est nul; sinon il
passerait par un maximum ou un minimum,ce qui est impossible car il n'y a pas
de charge; il en résulte que le champet la densité superficielle sur la surface
extérieure sont nuls. La charge 𝑄2 constituée uniquement par la charge de la
surface intérieure est égale à −𝑄1 . On a donc
𝑄1 = 𝐶11 𝑉1
−𝑄1 = 𝐶12 𝑉1

en posant
𝑪𝟏𝟏 = −𝑪𝟐𝟏 = 𝑪
71

𝑄1 = 𝐶(𝑉1 − 𝑉2 )
{
𝑄2 = −𝐶(𝑉1 − 𝑉2 ) + (𝐶22 − 𝐶)𝑉2
La grandeur C s'appelle la capacité du condensateur|𝑄| = 𝐶 |(𝑉1 − 𝑉2 )| est la
valeur absolue des charges en regard surA et sur la surface interne de B.
𝑄′ = (𝐶22 − 𝐶)𝑉2 est la charge de la face externe de B. La grandeur𝐶22 − 𝐶,
charge que prend B lorsque 𝑉1 = 𝑉2 = 1, est la capacité duconducteur unique
que l'on obtient en réunissant A et B par un conducteur.
4. Condensateur sphérique
Un condensateur sphérique est constitué par deux surfaces conductrices
sphériques concentriques.
Entre les armatures le champ estradial et vaut

Figure48
On vérifie facilement que si 𝑅1 est très peu différent de 𝑅2 , enposant
𝑅2 − 𝑅1 = 𝑒 𝑒𝑡 4𝜋𝑅12 = 𝑆, surface de la sphère:
𝜀0 𝑆
𝐶≠
𝑒
72

5. Condensateur cylindrique
Un condensateur cylindrique est constitué par deux cylindres coaxiaux.
Entre les armatures, le champ produit uniquement par l'armatureintérieure est
radial et vaut

1 𝑄 𝑅2
𝑉1 − 𝑉2 = . 𝐿𝑜𝑔
2𝜋𝜀0 𝑙 𝑅1
𝑙
𝐶 = 2𝜋𝜀0 . 𝑅2
𝐿𝑜𝑔
𝑅1

Figure 49
Si 𝑅2 ≠ 𝑅1 , en posant encore 𝑅2 − 𝑅1 = 𝑒 𝑒𝑡 2𝜋𝑅2 𝑙 = 𝑆, on vérifie que
𝜀0 𝑆
𝐶≠
𝑒
6. Condensateur plan
Un condensateur plan est constitué par deux plans parallèles.
Entre ces plans le champ est uniforme et vaut
𝜕𝑉 𝜎
𝐸=− =
𝜕𝑟 𝜀0 𝑆
𝑄
𝑉= 𝑟 + 𝐶 𝑡𝑒
𝜀0 𝑆
73

𝑄
𝑉1 − 𝑉2 = 𝑒
𝜀0 𝑆
𝜀0 𝑆
𝐶=
𝑒

Figure 50
7. Capacité linéique d'une ligne bifilaire
Soient 𝑉1 et 𝑉2 les potentiels d'une ligne de longueur L forméepar deux
conducteurs cylindriques de rayon R distants de d et portantles charges 𝑄1 et
𝑄2 .
A proprement parler, il n'y a pas d'influence totale et il faut introduire les
coefficients de capacité et d'influence. Il n'y a d'ailleurs quedeux coefficients
par suite de la symétrie du système.
On calcule le potentiel de chacun des fils en utilisant des résultatstrouvés
précédemment.
1 𝑄1 𝐿
Le potentiel créé sur le fil 1 par la charge 𝑄1 est𝑉1′ = . 𝐿𝑜𝑔 .Le potentiel
2𝜋𝜀0 𝐿 𝑅
1 𝑄2 𝐿
créé sur le fil 1 par la charge 𝑄2 est𝑉1′′ = . 𝐿𝑜𝑔 .
2𝜋𝜀0 𝐿 𝑑

Finalement, on a

En résolvant par rapport à 𝑄1 et 𝑄2 , on trouve


74

On voit apparaître les coefficients linéiques


𝐶11 𝐶12
𝐶11 = et 𝐶11 =
𝐿 𝐿

10. Groupement des condensateurs


A) Condensateurs en parallèle
Tous les conducteurs sont soumis à la même différence de potentiel U.
Ils prennent les charges:
𝑄1 = 𝑐1 𝑈, 𝑄2 = 𝑐2 𝑈, 𝑄3 = 𝑐3 𝑈
soit au total la charge
𝑄 = (𝐶1 + 𝐶2 + 𝐶3 )𝑈.

Figure 52
75

Un condensateur unique qui, sous la différence de potentiel


U, prendrait la charge Q, aurait une capacité telle que 𝑄 = 𝐶𝑈.
On a donc la capacité équivalente:
𝐂 = 𝐂𝟏 + 𝐂𝟐 + 𝐂𝟑 …
B) Condensateurs en série
La tension U aux bornes de l'ensemble est la somme des tensionsaux bornes
des condensateurs 𝑈 = 𝑈1 + 𝑈2 + 𝑈3 . D'autre part, lescharges sur les
armatures sont les mêmes puisqu'une portion telle queAB reste isolée.

Un condensateur unique équivalent aurait la capacité C telle que


𝑄
𝑈=
𝐶
𝟏 𝟏 𝟏 𝟏
= + +
𝐂 𝐂𝟏 𝐂𝟐 𝐂𝟑
76

On part de deux équipotentielles par exemple les courbes limitantles


conducteurs électrisés et on trace à vue la ligne équipotentielle correspondant
à la moyenne des potentiels de ces lignes. On trace les lignes de force
orthogonales aux équipotentielles et formant avec celles-cides quadrilatères se
rapprochant de carrés élémentaires. On rectifie les points M situés en dehors
du diélectrique. Pour étendre ces calculs nous allons pratiquer une petite cavité
autour du point M situé dans le diélectrique. Le point est maintenant extérieur
aux volumes polarisés et le potentiel s'y calcule par les formules du paragraphe
précédent:

Dans cette expression, nous appelons r et S le volume et la surface limitant le


diélectrique avant creusement de la cavité, T’ et S'le volume et la surface
limitant la cavité. Les intégrales

tendant vers zéro lorsque la cavité devient infiniment petite, la définition du


potentiel se trouve en somme étendue sans difficulté à l'intérieur des milieux
polarisés. C'est le potentiel que donnerait l'ensemble des distributions réelles
(𝜌, 𝜎) et fictives (−𝑑𝑖𝑣𝑃⃗⃗, 𝑃𝑁 ) dans le volume r et sur la surface S.
Si on essaie, pour le champ, de donner une définition mathématique analogue,
on tombe sur une indétermination. Le champ se présente comme la somme du
champ que produirait l'ensemble des distributions réelles et fictives et du
champ produit par les charges fictives de la surface 𝑆′. Mais ce dernier champ,
dont les composantes sont représentées par des intégrales n'est pas infiniment
77

petit; il a, à la limite, une valeur finie qui dépend essentiellement de la forme


de la cavité.

Par convention nous continuerons à appeler champ 𝐸⃗⃗ dans les diéléctriques le
vecteur 𝐸⃗⃗ = − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉. C'est le champ que produiraient les distributions
réelles et fictives. Il ne peut pas représenter la force qui s'exercerait sur une
charge +1 placée au sein du diélectrique (plan d'épreuve placé dans un
diélectrique fluide). Le champ ainsi défini' apparaît comme une grandeur
mathématique, un intermédiaire de calcul qui intervient dans des expressions
où entrent des grandeurs susceptibles, elles, d'une interprétation physique.
Il est facile de voir que, si on donne à la cavité la forme d'un cylindre allongé,
de génératrices parallèles au vecteur 𝑃⃗⃗ les charges fictives, portées par les
bases, ont un effet négligeable, et le champ physique est égal à 𝐸⃗⃗ . Si la cavité a
la forme d'un cylindre très aplati dont les bases sont normales à P on a, sur les
𝑃 ⃗⃗
bases, des densités fictives P et –p et le champ physique est 𝐸⃗⃗ + .
𝜀0

Figure 54
On verrait également que dans le cas d'une cavité sphérique le −𝑃 champ
𝑃⃗⃗
physique est 𝐸⃗⃗ +
3𝜀0

4. Propriétés du champ dans les diélectriques — Induction électrique


Nous avons vu que l'introduction d'un diélectrique dans un espace vide où
existe un champ électrique modifie ce champ. Nous avons vu également qu'on
peut remplacer le diélectrique par le vide à condition d'introduire des charges
fictives de densité volumique −𝑑𝑖𝑣𝑃⃗⃗ dans tout le volume qu'occupait le
diélectrique et de densité surfacique 𝑃𝑁 sur la surface limitant le diélectrique.
Dans ces conditions, le champ et le potentiel satisfont aux relations établies
dans le cas du vide :
78

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐸 = 0 relation qui traduit que le champ dérive d′un potentiel.
𝜌 𝑑𝑖𝑣 𝑃⃗⃗
𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = = relation qui traduit lr théorème de Gauss
𝜀0 𝜀0
{ (après introduction des charges fictives)
(après introduction des charges fictives)
Sur les surfaces limitant le diélectrique, le champ a une discontinuité que l'on
peut écrire en appelant 1 le milieu diélectrique et2 le vide:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇2 − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇1 = 0
{ 𝑃𝑁 𝜎
𝐸𝑁2 − 𝐸𝑁1 = 1 +
𝜀0 𝜀0
ou, d'une façon générale, sur une surface séparant deux diélectriques de
polarisations 𝑃⃗⃗1 et 𝑃⃗⃗2 :
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇2 − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇1 = 0
{ 𝑃𝑁 − 𝑃𝑁2 𝜎
𝐸𝑁2 − 𝐸𝑁1 = 1 +
𝜀0 𝜀0
𝜌 𝑑𝑖𝑣 𝑃⃗⃗
La relation 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = − peut encore s'écrire 𝑑𝑖𝑣 (𝜀0 𝐸⃗⃗ + 𝑃⃗⃗) = 𝜌.
𝜀0 𝜀0

On est conduit à introduire le vecteur:


⃗⃗ = 𝜀0 𝐸⃗⃗ + 𝑃⃗⃗
𝐷
que l'on appelle induction électrique.

On voit alors que l'induction électrique satisfait aux relations 𝑑𝑖𝑣 𝐷 ⃗⃗ = 𝜌dans
tout l'espace sauf sur les surfaces portant des charges réelles ou fictives et que
sur ces surfaces:
𝐷𝑁2 − 𝐷𝑁1 = 𝜎
Généralement la surface de séparation de deux diélectriques ne porte pas de
charge réelle 𝜎 = 0. La composante normale de l'induction est continue; on a:
𝐷𝑁2 = 𝐷𝑁1
En résumé, le champ et l'induction satisfont aux relations suivantes:
79

sur les surfaces limitant les diélectriques.

De la relation𝑑𝑖𝑣 𝐷⃗⃗ = 𝜌, il résulte que le flux de l'induction 𝐷


⃗⃗ à travers toute
surface S ne coupant pas une surface limitant un diélectrique ou séparant deux
diélectriques est:𝜓 = ∑ 𝑞, ∑ 𝑞 désignant la somme des charges intérieures à S.
Dans le cas où S rencontre une surface S' qui sépare deux milieux 1 et 2
différents, on ne peut pas appliquer la formule d'Ostrogradski à l'ensemble du
volume limité par S. Il suffit alors d'encadrer 𝑆′ par deux surfaces 𝑆1′ et
𝑆2′ infiniment voisinesle part et d'autre de 𝑆′. Si on l'indice 1 tout ce qui
concerne et de l'indice 2 tout ce qui milieu 2, on obtient
𝜓𝑆1 + 𝜓𝑆1′ ∑ 𝑞1 ;
𝜓𝑆2 + 𝜓𝑆2′ ∑ 𝑞2 ;

Figure 55
On a déduit

𝜓𝑆1 + 𝜓𝑆2 + 𝜓𝑆1′ + 𝜓𝑆2′ = ∑ 𝑞1 + ∑ 𝑞2

Par suite de la relation 𝐷𝑁2 − 𝐷𝑁1 = 𝜎 la somme 𝜓𝑆1′ et 𝜓𝑆2′ ; tend vers la
somme ∑ 𝑞′ des charges placées sur la surface de séparation lorsque 𝑆1′ et 𝑆2′
tendent vers 𝑆′.
80

A la limite, on a donc la relation 𝜓 = ∑ 𝑞 qui est valable même s'il y a des


surfaces de discontinuité. Il est à remarquer que dans les chapitres précédents
nous avons parlé du flux du champ et que maintenant nous parlons du flux
d'induction, c'est ce flux que nous désignerons désormais par la lettre ψ.
I.2. DIÉLECTRIQUES PARFAITS
1. Propriétés fondamentales
L'étude que nous avons faite s'applique à des diélectriques absolument
quelconques et ne suppose aucune relation de forme particulière entre le
champ et la polarisation. Mais ces deux grandeurs ne sont pas indépendantes
puisque c'est le champ qui crée la polarisation. La relation qui les lie est
fonction de la nature du diélectrique et ne peut être déterminée
qu'empiriquement. Très souvent pour les corps homogènes et isotropes, il y a
proportionnalité entre le champ et la polarisation:

𝑃⃗⃗ = 𝑥𝐸⃗⃗ .
On dit qu'on a affaire à un diélectrique parfait. Le coefficient de
proportionnalité 𝑥 est appelé susceptibilité du diélectrique.
Cette propriété s'explique bien à partir des considérations atomiques
précédemment développées, qu'il s'agisse de molécules polarisables ou de
molécules polaires.
L'induction dans un diélectrique parfait est

Posons
𝜀 = 𝜀0 + 𝑥
on a
⃗⃗ = 𝜀𝐸⃗⃗ .
𝐷
Dans un diélectrique parfait l'induction est proportionnelle auchamp. Le
coefficient de proportionnalité e est appelé pouvoir inducteurspécifique ou
constante diélectrique de la substance considérée.
Il est commode de faire intervenir le pouvoir inducteur spécifiquerelatif
𝜀 𝑥
𝜀𝑟 = et la susceptibilité relative 𝑥𝑟 = .On a alors
𝜀0 𝜀0
81

𝜌
⃗⃗ = 𝜌, on déduit 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ =
De la relation 𝑑𝑖𝑣 𝐷 .Le champ satisfaitaux deux
𝜀
relations:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐸=0
{⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝜌
𝑟𝑜𝑡 𝐸 =
𝜀
ou, si l'on introduit le potentiel en remplaçant E par − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
(grad V):
𝜌
∆𝑉 + =0
𝜀
On voit que le champ et le potentiel sont déterminés par les mêmes relations
que dans le vide à condition de remplacer𝜀0 par 𝜀.
Si le diélectrique n'a pas de charges intérieures, ce qui est le cas des isolants
parfaits qui ne contiennentpas d'ions et qui ne peuvent porter que des charges
superficielles, on a 𝜌 = 0 et les équations précédentes s'écrivent:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
{𝑟𝑜𝑡 𝐸 = 0
𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = 0
et
∆𝑉 = 0

De la relation div 𝐸⃗⃗ = 0, on déduit 𝑑𝑖𝑣 𝑃⃗⃗ = 0. Un volume de diélectrique


parfait non chargé est donc équivalent à une distribution de charges
superficielles de densité 𝜎 = 𝑃𝑁 ou encore𝜎 = (𝜀 − 𝜀0 )𝐸𝑁 .
2. Réfraction des lignes de champ
A la surface de séparation de deux milieux diélectriques les lignes de champ et
d'induction subissent un brusque changement de direction.
La continuité de la composantetangentielle de E se traduit par
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇1 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑇2
S'il n'y a pas de densité surfacique, la composante normale de l'induction est
continue et l'on a:
𝜀1 𝐸𝑁1 = 𝜀2 𝐸𝑁2 .
Avec les notations de la figure, on a donc:
82

𝑡𝑔 𝜑1 𝑡𝑔 𝜑2
= .
𝜀1 𝜀2

Figure 56
3. Équilibre des conducteurs en présence de diélectriques parfaits
Considérons un ensemble de conducteurs dans le vide, par exemple Ai et A2. Le
potentiel satisfait aux relations:
∆V = 0 dans tout l' espace
V= 0 à l' infini
V= V1 sur le conducteur A1
{ V= V2 sur le conducteur A2
Remplissons avec un diélectrique parfait de pouvoir inducteur spécifique s
l'espace compris entre une surface équipotentielle S1 entourant A1 (𝑉 = U1 ),
une surfaceéquipotentielle S2 (𝑉 = U2 )entourant 𝐴2 et une surface
équipotentielle 𝑆 (𝑉 = 𝑈) entourant l'ensemble des conducteurs.
En chaque point de l'espace le potentiel a une nouvelle valeur 𝑉′ que nous
allons chercher à déterminer. En dehors des surfaces de discontinuité (surface
des conducteurs, surfaces de séparation des diélectriques) le potentiel 𝑉′ doit
satisfaire à la relation:∆𝑉′ = 0 avec 𝑉′ = 0 à l'infini.
Sur les conducteurs on doit avoir 𝑉 ′ = 𝐶 𝑡𝑒 . A la surface de séparation du
diélectrique, la composante tangentielle du champ ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸′ = −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉′ doit être
𝐷′ = −𝜀 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
continue ainsi que la composante normale de l'induction ⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉′.
83

Figure 57
Nous allons chercher dans chaque région une solution 𝑉′ fonction linéaire de V.
A l'extérieur de la surface S la fonction 𝑉′ = 𝑎0 𝑉 + 𝑏0 satisfait à la relation
∆𝑉 ′ = 0. La condition 𝑉′ = 0 à l'infini impose 𝑏0 − 0. Les charges réelles sur les
conducteurs n'ont pas été modifiées; les charges de polarisation ont une
somme nulle et très loin le potentiel qu'elles produisent est négligeable; 𝑉′ doit
tendre vers V ce qui fixe𝑎0 = 1. On a donc 𝑉′ = 𝑉 à l'extérieur de S.
Sur la surface S on a 𝑉′ = 𝑈 = 𝐶 𝑡𝑒 . La surface S reste une surface
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
équipotentielle et le champ −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉 est normal en chaque point de cette
surface.
Dans le diélectrique cherchons à représenter le potentiel par une fonction de la
forme 𝑉 ′ = 𝑎𝑉 + 𝑏.

La relation 𝐴𝑉′ = 0 est satisfaite. Le champ −𝑔𝑟𝑎𝑑 ̅̅̅̅̅̅̅ ⃗⃗⃗⃗⃗ ̅̅̅̅̅̅̅ 𝑉


𝑉 ′ = −𝑎 𝑔𝑟𝑎𝑑 ⃗⃗ est
normal à S. La composante tangentielle du champ est continue. La composante
normale du vecteur induction qui reste ici normal à S est continue si:
𝜀0 1
̅̅̅̅̅̅̅ 𝑉
−𝜀0 𝑔𝑟𝑎𝑑 ̅̅̅̅̅̅̅ 𝑉
⃗⃗ = −𝜀𝑎 𝑔𝑟𝑎𝑑 ⃗⃗c'est-à-dire si 𝑎 = =
𝜀 𝜀𝑟

Le potentiel V' est continu si 𝑈 = 𝑎𝑈 + 𝑏, c'est-à-dire si


𝜀0
𝑏 = 𝑈 (1 − )ou encore
𝜀

𝜀𝑟 − 1
𝑏= 𝑈.
𝜀𝑟
Dans le diélectrique le potentiel est donc:
84

1 𝜀𝑟 − 1
𝑉′ = 𝑉 𝑈.
𝜀𝑟 𝜀𝑟
On voit alors que les surfaces 𝑆1 (sur laquelle = 𝑈1 ) et 𝑆2 (sur laquelle 𝑉 = 𝑈2 )
sont des équipotentielles.
En reprenant le raisonnement précédent nous allons, pour représenter le
potentiel entre la surface 𝑆1 et la surface du conducteur, chercher une fonction
de la forme:𝑉 ′ = 𝑎1 𝑉 + 𝑏1 .
Cette fonction satisfait à ∆𝑉′ = 0. En remarquant que le champ est de part et
d'autre de 𝑆1 normal à 𝑆1 et en écrivant que le potentiel et la composante
normale de l'induction sont continus à la traversée de la surface 𝑆1 on a
𝜀𝑟 − 1
𝑉′ = 𝑉 + (𝑈 − 𝑈1 ).
𝜀𝑟
On vérifie alors que la surface du conducteur 𝐴1 est une équipotentielle:
𝜀𝑟 − 1
𝑉1′ = 𝑉1 + (𝑈 − 𝑈1 ).
𝜀𝑟
On obtient des expressions analogues pour les autres conducteurs.
L'introduction du diélectrique parfait entre des surfaces équipotentielles a
modifié le potentiel mais le nouveau potentiel est une fonction linéaire de
l'ancien.
Les surfaces équipotentielles sont restées équipotentielles mais leur
numérotation a été modifiée.
En dehors du diélectrique le potentiel n'a été modifié que par l'addition d'une
constante. Le champ est resté le même. Dans le diélectrique le champ a été
divisé par 𝜀𝑟 .
L'application du théorème de Coulomb montre que la densité superficielle sur
𝜎
les conducteurs n'a pas été modifiée puisque le champ𝐸 = est resté le
𝜀0
même. Il en est évidemment de même pour lacharge des conducteurs.
Enfin, puisque la présence du diélectrique ne modifie ni le champ ni les charges
à l'extérieur de celui-ci c'est que le champ créé hors du diélectrique par les
charges de polarisation est nul. Ces charges n'exercent aucune force sur les
charges portées par les conducteurs.
85

4. Équilibre des conducteurs complètement baignés dans un diélectrique


parfait
Nous allons appliquer la théorie précédente au cas où la surface Sest rejetée à
l'infini (U = 0) et où les surfaces 𝑆1 , 𝑆2 , ….sont infinimentvoisines des
conducteurs correspondants (𝑈1 = 𝑉1 , 𝑈2 = 𝑉2 ,….).
Le potentiel dans le diélectrique s'écrit alors
𝑉
𝑉′ =
𝜀𝑟
𝜀𝑟 −1
Le conducteur 𝐴1 est au potentiel 𝑉1′ = 𝑉1 + (0 − 𝑉1 ),
𝜀𝑟

c'est à dire:
𝑉1
𝑉1′ = .
𝜀𝑟
L'introduction du diélectrique a donc pour effet si les charges des conducteurs
sont maintenues constantes de diviser tous les potentiels et par conséquent
tous les champs par 𝜀𝑟 .
On retrouve un résultat énoncé précédemment à savoir que tout se passe
comme dans le cas du vide à condition de remplacer 𝜀0 par 𝜀dans l'expression
du potentiel et du champ.
5. Pression électrostatique
Les conducteurs chargés sont soumis à une pression électrostatique. Il en est
de même des diélectriques puisque la polarisation équivaut à une charge
fictive.
Commençons par examiner le cas où le diélectrique est limité par une surface
équipotentielle non confondue avec la surface du conducteur.
Nous avons vu que l'introduction du diélectrique n'a pas modifié la densité
superficielle G du conducteur ni le champ à son voisinage.
La pression électrostatique sur le conducteur est donc
𝜎2
𝑝=
2𝜀0
Le diélectrique est équivalent à une couche électrisée de densité 𝜎′ que l'on
calcule en écrivant que la discontinuité normale du champ, lorsqu'on franchit la
86

𝜀 𝜎′
surface qui le limite, est 0 𝐸 — 𝐸 = .
𝜀 𝜀0

Figure 58
𝜎 𝜀
Comme 𝐸 = , 𝑜𝑛 𝑎 𝜎 ′ = −𝜎 (1 − 0) ou encore
𝜀0 𝜀

𝜀𝑟 − 1
𝜎′ = − 𝜎
𝜀𝑟
Si l'espace vide qui séparait chaque conducteur du diélectrique est supprimé, il
existe à la surface de celui-ci, non seulement la charge de densité g mais encore
la charge de densité 𝜎′ due à la polarisation du diélectrique.
𝜎
La densité totale est 𝜎𝑇 = 𝜎 + 𝜎 ′ = .
𝜀𝑟

Cherchons ce qu'est devenue la pression électrostatique. La force qui s'exerce


sur un élément de charge 𝑑𝑞 du conducteur est due uniquement aux charges
précédemment portées par le conducteur autres que 𝑑𝑞 puisque l'action des
𝜎
charges de polarisation est nulle. Le champ surle conducteur est égal à . Un
2𝜀0
𝜎
élément de surface portant maintenantla charge surfacique 𝜎𝑇 = , la pression
𝜀
𝜎2 𝜎2
est 𝑝𝑇 = ou 𝑝𝑇 = .
2𝜀0 2𝜀𝑟 2𝜀

𝜎2
Cette pression est la somme de la pression sur le conducteur𝑝𝑇 = et de la
2𝜀0
−𝜎 2 𝜀𝑟 −1
pression p' sur le diélectrique 𝑝′ = .
2𝜀0 𝜀𝑟

On peut mettre en évidence les résultats précédents par l'expérience


schématisée sur la figure ci-dessous.
87

Figure 59
On fait monter progressivement le niveau du pétrole. La force qui s'exerce sur
l'armature mobile n'est pas modifiée tant que celle-ci n'est pas immergée. Au
contraire quand le pétrole arrive au contact, cette force est réduite.
6. Forces exercées sur un conducteur électrisé baigné par un diélectrique
parfait — Retour sur la loi de Coulomb
Nous avons défini le champ dans un diélectrique comme une entité
mathématique sans signification physique. Le problème du calcul des forces qui
s'exercent sur un conducteur baigné dans un diélectrique parfait se pose. Ces
forces sont dues uniquement à l'action sur les charges superficielles. Ce sont les
forces de pression précédemment évaluées.
2
⃗⃗⃗⃗⃗ = ∬ 𝜎 𝑑𝑠
𝐹⃗ = ∬ 𝑝 𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ouencore, compte tenu que 𝜎 = 𝜀𝐸 (E champ au
2𝜀
voisinage du conducteur) :
𝜀𝐸 2 ⃗⃗𝐸⃗⃗
𝐷
𝐹⃗ = ∬ ⃗⃗⃗⃗⃗ = ∬
𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗.
𝑑𝑠
2 2
En particulier, considérons l'action de deux petits corps conducteurs. Dans le
1 𝑞𝑞′
vide, cette force est donnée par la loi de Coulomb𝐹0 = . , ou encore
4𝜋𝜀0 𝑟2
⃗⃗⃗⃗⃗.
𝐹⃗0 = ∬ 𝑝0 𝑑𝑠
Dans le diélectrique la force est
⃗⃗⃗⃗⃗.
𝐹⃗0 = ∬ 𝑝 𝑑𝑠

Les pressions électrostatiques 𝑝0 dans le vide et p dans le diélectrique sont dans


𝑝 𝜀
le rapport 0 = . Il en est de même des forces.
𝑝 𝜀0

La force qui s'exerce entre deux petits conducteurs chargés plongés dans un
diélectrique fluide est
88

1 𝑞𝑞′
𝐹= . .
4𝜋𝜀0 𝑟 2
Ce résultat généralise la loi de Coulomb. Il n'est exact, répétons-le, que lorsque
les conducteurs sont entièrement baignés par un diélectrique parfait fluide.
III. DIÉLECTRIQUES RÉELS
1. Polarisation des diélectriques réels
La polarisation de la plupart des diélectriques isotropes est proportionnelle au
champ; le pouvoir inducteur spécifique 𝜀 = 𝜀0 + 𝑥 est constant.
Pour caractériser les propriétés diélectriques des matériaux par des nombres
indépendants des systèmes d'unités, on utilise le pouvoirinducteur spécifique
𝜀
relatif 𝜀𝑟 = .
𝜀0

La plupart des corps ont un pouvoir inducteur spécifique relatif de l'ordre de


quelques unités.
Voici quelques valeurs numériques:

Il existe des substances, dites superpolarisables pour lesquelles 𝜀𝑟 a des valeurs


extrêmement élevées variant d'ailleurs énormément en fonction de la
température, du champ électrique et des tensions mécaniques; la plus
anciennement connue est le sel de Seignette, tartrate double de sodium et
potassium quadrihydraté. En faisant entrer certains oxydes comme l'oxyde de
titane TiO2 ou des titanates (titanates de magnésium, de calcium, de strontium,
de baryum), dans des céramiques on obtient des corps isolants dont le pouvoir
inducteur spécifique est de l'ordre de 1 000 à 2 000 (on peut même atteindre
89

10 000 avec les titanates de baryum et de strontium). De tels corps sont utilisés
dans l'industrie pour réaliser des condensateurs de grande capacité.
Enfin, il existe des corps qui présentent toujours une polarisation importante se
maintenant en l'absence de champ. Ces corps appelés électrets jouent un rôle
analogue, en électrostatique, à celui des aimants permanents en magnétisme.
On obtient de tels corps en laissant refroidir dans un champ intense un
mélange fondu de cire et de résine.
Dans les milieux anisotropes comme les milieux cristallins le champ et
l'induction ne sont pas colinéaires. On peut définir dans de tels milieux trois
axes rectangulaires appelés axes de symétrie électrique tels qu'un champ
parallèle à l'un d'eux produise une induction de même direction. On définit
alors trois constantes diélectriques principales. L'étude de tels milieux est assez
complexe et est abordée mathématiquement à l'aide des tenseurs.
L'action d'un champ électrique extérieur n'est pas la seule qui soit susceptible
de faire apparaître une polarisation dans un milieu cristallin. Des efforts de
traction, de compression ou de cisaillement exercés sur des cristaux de quartz
convenablement taillés font apparaître sur certaines faces des charges
électriques de polarisation. C'est le phénomène de piézoélectricité, prévu et
mis en évidence en 1880 par Pierre et Jacques Curie.
D'autres cristaux comme la tourmaline se polarisent sous l'effet de la chaleur.
C'est la pyroélectricité.
2. Conductivité des diélectriques réels
Les diélectriques réels ne sont pas des isolants parfaits. Les gaz sont très peu
conducteurs, car les ions positifs et négatifs qui existent en grand nombre dans
les conditions normales sont attirés par les conducteurs électrisés et
s'éliminent rapidement. Par contre s'il existe des causes d'ionisation (rayons
cosmiques, radioactivité) une certaine conductivité peut se manifester.
Les diélectriques liquides sont généralement un peu conducteurs. Il y a
toujours des ions provenant de l'eau dissoute et des impuretés électrolytiques.
Un équilibre s'établit entre les ions qui sont formés et ceux qui se recombinent.
La conductivité des diélectriques solides varie dans de grandes limites selon les
corps. Elle est soit d'origine électronique (électrons libres) soit d'origine
ionique. En plus de la conductivité en volume, il existe une conductivité
superficielle due le plus souvent à une mince pellicule d'eau. Certaines
90

substances comme la paraffine et les silicones ne sont pas mouillées par l'eau
qui se rassemble en fines gouttelettes, ce qui en fait des isolants de choix. Dans
d'autres cas la conductivité superficielle est due à une altération chimique,
comme par exemple, l'oxydation du soufre à la surface de l'ébonite.
3. Hystérésis dans les diélectriques
Les diélectriques placés dans un champ variable sont le siège d'un phénomène
d'hystérésis. Le vecteur polarisation P n'est pas déterminé par la valeur actuelle
du champ mais dépend de toutes les valeurs antérieures. On explique cela par
le frottement des molécules dont l'orientation ne suit celle du champ qu'avec
un certain retard. Il en résulte une dépense d'énergie surtout importante pour
les champs rapidement variables (haute fréquence) connue sous le nom de
pertes diélectriques.
Si le champ, tout en gardant une direction constante, a une grandeur qui varie
sinusoïdalement en fonction du temps, ce qui est généralement le cas dans la
pratique, son expression est 𝐸 = 𝐸0 𝑐𝑜𝑠 𝜔𝑡; l'induction en retard sur le champ
est𝐷 = 𝜀𝐸0 𝑐𝑜𝑠. (𝜔𝑡 − 𝜑).
Nous démontrerons en étudiant les courants alternatifs que la puissance
𝑑𝑃 1
dépensée par unité de volume est = 𝜀𝜔𝐸02 𝑠𝑖𝑛𝜑.
𝑑𝜏 2
𝜀𝑆
Entre les armatures d'un condensateur plan de capacité 𝐶 = ,
𝑒
𝑉
le champ est 𝐸0 = . Les pertes par hystérésis ont pour expression
𝑒
1 𝑉2 𝜀𝑆 𝑉2
𝑃 = 𝜀𝜔 2
𝑠𝑖𝑛𝜑𝑆𝑒. En tenant compte que 𝐶 = , on a 𝑃 = 𝐶𝜔 𝑠𝑖𝑛𝜑.
2 𝑒 𝑒 2
L'angle 𝜑 étant toujours petit (ordre de 0,05 rad) onconfond sin 𝜑 et tg 𝜑 et on
𝑉2
peut écrire 𝑃 = 𝐶𝜔 𝑡𝑔𝜑.
2

Nous montrerons également, en étudiant le courant alternatif, quela puissance


dépensée dans une résistance parcourue par un courantsinusoïdal est
𝑉𝑒𝑓𝑓 𝑉 2
=
𝑅 2𝑅
Les pertes par hystérésis dans un condensateur sont les mêmesque celles dans
1
une résistance fictive 𝑅𝐻 = placée aux bornesdu condensateur supposé
𝐶𝜔 𝑡𝑔𝜑
sans perte. Si le diélectrique n'est pas unisolant parfait, il est le siège de pertes
par effet Joule dans la résistance d'isolement 𝑅𝑖 . L'ensemble des pertes par
91

hystérésis et par effet Joulepeuvent être localisées dans une résistance R


équivalente à 𝑅𝐻 et 𝑅𝑖 ,placée aux bornes du condensateur.
1
L'angle 𝛿 défini par 𝑡𝑔𝛿 = est appelé angle de perte dudiélectrique. Il est
𝐶𝜔𝑅
égal au déphasage de l'induction sur le champ, lorsque la conductivité est
négligeable. La puissance perdue dans un condensateur soumis à une tension
alternative 𝑈𝑒𝑓𝑓 et traversée par le courant 𝐼𝑒𝑓𝑓 est 𝑃 = 𝑈𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑡𝑔𝛿.
4. Rigidité diélectrique
Lorsqu'un diélectrique est placé dans un champ intense, ses molécules finissent
par se briser, en donnant naissance à des ions. Un courant traverse le
diélectrique, en général sous la forme d'une étincelle qui le détériore, s'il est
solide. On caractérise le matériau par le champ maximum qu'il peut supporter.
D'une manière plus précise on définit la rigidité diélectrique comme la
différence de potentiel minimum produisant une décharge entre deux plateaux
indéfinis plongés dans l'isolant et distants de 1cm (c'est le champ exprimé en
volts/cm).
La tension d'éclatement dépend de la forme des surfaces entre lesquelles est
établie la différence de potentiel. Elle est évidemment plus faible entre pointes
qu'entre plateaux.
Pour les gaz la tension d'éclatement est proportionnelle à la distance (rigidité
constante) et proportionnelle à la pression.
Pour les liquides la tension d'éclatement est également proportionnelle à la
distance; elle est indépendante de la température.
Pour les solides les phénomènes de percement sont complexes. Le temps
pendant lequel agit la tension a une influence mais en dessous d'une certaine
tension le diélectrique n'est pas percé quel que soit le temps
d'application.Enfin la tension de percement n'est pas proportionnelle à
l'épaisseur. Elle croît moins vite et, à partir d'une certaine tension, il y a
claquage quelle que soit l'épaisseur. Par exemple, aucun isolant solide en un
seul bloc ne peut supporter une tension d'un million de volts même s'il a de
grandes dimensions. D'où la nécessité de répartir les hautes tensions entre
plusieurs isolants en série.
Nous donnons quelques valeurs de rigidité diélectriques
92

5. Technologie des condensateurs


La capacité d'un condensateur dans le vide, est proportionnelle à s0
1 𝑑𝑞 𝑄
(Car𝑉 = ∬ , 𝑄 = ∬ 𝑑𝑞 et 𝐶 = ). Nous avons vuque l'étude des
4𝜋𝜀0 𝑟 𝑉
conducteurs dans un milieu polarisé se ramenait à l'étude dans le vide à
condition de remplacer dans les formules 𝜀0 par e. La capacité d'un
condensateur dans un milieu diélectrique est donc proportionnelle à 𝜀 = 𝜀0 . 𝜀𝑟 .
Dans la réalisation technique des condensateurs, on cherche à obtenir la plus
grande capacité pour le plus petit volume possible. On a donc intérêt à disposer
entre les armatures un diélectrique à grand pouvoir inducteur spécifique.
Si la capacité d'un condensateur est une qualité essentielle, ce n'est pas la
seule. Il ne faut pas que le condensateur claque lorsqu'on applique la tension;
ici intervient la rigidité diélectrique. Il faut que le condensateur garde les
charges déposées sur ses armatures; là intervient la conductivité du
diélectrique. Enfin il ne faut pas que le condensateur dissipe de l'énergie et
s'échauffe lorsqu'on applique une tension alternative; là intervient le
phénomène d'hystérésis et de pertes diélectriques. Enfin aux qualités
techniques il faut ajouter les qualités économiques, car le prix n'est souvent
pas une chose négligeable pour l'ingénieur qui choisit un type de condensateur.
6. Principaux types de condensateurs
A) Condensateurs fixes
On distingue selon leur mode de construction:
a) Les condensateurs électrolytiques formés par électrolyse d'un citrate ou
borate alcalin à faible concentration entre électrodes d'aluminium.
L'anode se trouve recouverte d'une mince couche d'ahimine qui
constitue le diélectrique d'un condensateur dont l'anode et l'électrolyte
sont les armatures. Généralement l'électrolyte se trouve immobilisée
dans un papier buvard spécial ou un gel de silice;
93

b) les condensateurs bobinés obtenus par bobinage simultané sur une


machine spéciale de 4 rubans, deux rubans métalliques (aluminium ou
étain) et deux rubans de diélectriques (papier ou styroflex);
c) les condensateurs empilés constitués par la mise en parallèle d'un certain
nombre de condensateurs plans. Le diélectrique peut être gazeux : air
atmosphérique ou gaz sous pression (azote ou gaz carbonique secs),
liquide (huile) ou solide (mica);
d) les condensateurs céramiques constitués essentiellement par des
cylindres, des pots ou des pastilles en matière céramique. Les armatures
sont déposées par argenture. L'ensemble est recouvert d'un émail cuit
au four.

Le tableau ci-après résume les caractéristiques des condensateurs fixes:

B) Condensateurs variables
On distingue:
94

a) les boîtes de capacité à décades utilisées en mesure et constituées par


des condensateurs fixes mis en parallèle à l'aide de commutateurs
appropriés;
b) les condensateurs ajustables: condensateurs à air, de construction
simplifiée en raison de leur manoeuvre occasionnelle;
c) les condensateurs variables proprement dits, le plus généralement à air
formés de deux séries de lames métalliques ayant la forme de secteurs
circulaires et s'emboîtant les unes dans les autres. Une des séries est
mobile et l'autre est fixe. La capacité maximum de ces condensateurs est
généralement comprise entre 15 et 500 pF (on peut atteindre 1 000 et
même 3 000 pF), la capacité résiduelle (minimum) est de l'ordre de 1/20
de la capacité maximum.
95

CHAPITRE IV
ÉNERGIE ÉLECTROSTATIQUE-FORCES ÉLECTROSTATIQUES

IV1. ÉNERGIE ÉLECTROSTATIQUE


1. Énergie électrostatique d'un système de conducteurs en équilibre
Pour apporter des charges supplémentaires à un système de conducteurs aux
potentiels 𝑉1 , 𝑉2 , . . . 𝑉𝑛 , portant les charges 𝑄1 , 𝑄2 , . . . 𝑄𝑛 , il faut effectuer un
certain travail, car il existe des forces électrostatiques qui s'opposent à cet
apport. Ce travail est d'ailleurs indépendant de la façon dont les charges sont
apportées car les forces de répulsion dérivent d'un potentiel.
L'énergie électrostatique d'un système de conducteurs est le travail qu'il faut
fournir pour apporter les charges sur les conducteurs supposés primitivement
déchargés.
Il résulte du théorème de la superposition des états d'équilibre qu'on peut
avoir sur les conducteurs les potentiels 𝜆𝑉1 , 𝜆𝑉2 , . . . 𝜆𝑉𝑛 , et les
charges𝜆𝑄1 , 𝜆𝑄2 , . . . 𝜆𝑄𝑛 ,λétant un nombre compris entre 0 et 1.
Apportons au premier conducteur la charge 𝑄1 . 𝑑𝜆,au second la charge
𝑄2 . 𝑑𝜆 … 𝑄𝑛 . 𝑑𝜆. Le travail élémentaire qui est fourni est:

L'énergie emmagasinée lorsque l'état final est atteint est:

2. Énergie d'un condensateur


L'énergie de l'ensemble de deux conducteurs avec influence totaleest
96

.
Figure 60
Le deuxième terme est généralement négligeable devant le premier. De plus,
on fait généralement varier 𝑉1 − 𝑉2 sans modifier𝑉2 . Les variations de l'énergie
sont alors uniquement celles du premier terme. C'est pourquoi on appelle
énergie d'un condensateur la quantité

3. Localisation de l'énergie en dehors des conducteurs


1
Nous allons transformer l'expression de l'énergie 𝑊 = ∑ 𝑄𝑖 𝑉𝑖 d'un système
2
de conducteurs.
Considérons sur un conducteur un élément de surface 𝑑𝑆1 portant la charge 𝑑𝑞1
et le tube de force qui s'appuie sur cet élément de surface.

Figure 61
Ce tube aboutit sur un autre conducteur ou à l'infini mais ce deuxième cas se
ramèneau premier en considérant l'existence d'un conducteur à l'infini au
potentiel zéro. Il découpe sur celui-ci un élément 𝑑𝑆2 portant la charge 𝑑𝑞2 −
𝑑𝑞1 (théorème des éléments correspondants).
La contribution des charges 𝑑𝑞1 et 𝑑𝑞1 à l'énergie est
97

𝐶étant la ligne de force moyenne du tube de force élémentaire.


1 𝑑𝑞1
Au voisinage de 𝑑𝑆1 le champ est 𝐸1 = . (théorème deCoulomb). En un
𝜀 𝑑𝑆1
point quelconque du tube de force, la section est 𝑑𝑠 et le champ 𝐸. On a

l'intégrale étant étendue au volume intérieur du tube de force. En considérant


l'ensemble des charges élémentaires, ce qui revient à étendre l'intégrale à tout
l'espace extérieur aux conducteurs, on a
𝜀𝐸 2
𝑊=∭ 𝑑𝜏
2
Chaque élément de volume intervient dans l'expression de l'énergie par la
𝜀𝐸 2
contribution 𝑑𝑊 = 𝑑𝜏.
2
𝑑𝑊 𝜀𝐸 2
On peut parler de densité d’énergie : = .
𝑑𝜏 2

On peut, par un calcul mathématique simple, retrouver ce résultat. En


orientant la normale vers l'intérieur des conducteurs, on a
𝑄
⃗⃗⃗⃗⃗. En portant dans 𝑊 = ∑ 𝑄𝑉, on tire
= − ∬ 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑠
𝜀
𝜀
⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝜀 ∬ 𝑉𝐸⃗⃗ 𝑑𝑠
𝑊 = 𝑉 ∬ 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ (V est constant sur le conducteur).
2 2

Le théorème de Grenn permet d'écrire


𝜀 𝜀
𝑊 = 𝑉 ∭ 𝑑𝑖𝑣 (𝐸⃗⃗ )𝑑𝜏 = − 𝑉 ∭(𝑉 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ + 𝐸⃗⃗ ̅̅̅̅̅̅̅
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉 ⃗⃗ )𝑑𝜏
2 2
et finalement
98

𝜀𝐸 2
𝑊=∭ 𝑑𝜏.
2
Ce calcul a déjà été fait à propos de l'équilibre des conducteurs. Ce qui précède
éclaire la démonstration de l'unicité de la solution.
IV.2. FORCES ÉLECTROSTATIQUES
1. Expression des forces qui s'exercent sur les conducteurs électrisés en
fonction des charges et en fonction des potentiels

Des conducteurs chargés en présence sont soumis à des forces. Pour calculer le
système de forces défini par sa résultante générale 𝐹⃗ (𝑥, 𝑦, ʓ)et son moment
résultant 𝛤⃗(𝐿, 𝑀, 𝑁) qui s'exerce sur un conducteur A on va supposer que tous
les conducteurs autres que Asont fixes et que A subit un déplacement
élémentaire somme d'une translation 𝑑 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑂𝑀 {𝑑𝑥, 𝑑𝑦, 𝑑ʓ) et d'une
rotation𝑑𝜃(𝑑𝛼, 𝑑𝛽, 𝑑𝛾).
L'équilibre électrique des divers conducteurs se trouve alors modifié. Les
sources auxquelles les conducteurs sont réunis fournissent une énergie 𝑑 𝑊𝑠 et
l'énergie localisée varie de 𝑑 𝑊𝑒 . Les forces électrostatiques fournissent le
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ + ⃗⃗⃗⃗
travail 𝑑𝜁 = 𝐹⃗ . 𝑑𝑂𝑀 ⃗⃗⃗⃗⃗. Le principe de la conservation de l'énergie
⎾ . 𝑑𝜃
s'écrit:
𝑑𝑊𝑠 = 𝑑𝑊𝑒 + 𝑑𝜁
ou encore
𝑑𝜁 = 𝑑𝑊𝑠 − 𝑑𝑊𝑒

Pour calculer facilement 𝑑𝑊𝑠 , et 𝑑𝑊𝑒 on prend des cas parti-culiers: charges
constantes ou potentiels constants.
A) Expression en fonction des charges
Pour maintenir les charges constantes au cours du déplacement élémentaire
on suppose que tous les conducteurs sont isolés. Dans ces conditions aucune
source ne fournit d'énergie et 𝑑𝑊𝑠 = 0. Par ailleurs l'énergie localisée dans
l'ensemble des conducteurs s'exprime en fonction des paramètres
géométriques 𝐺𝑖 définissant la forme et la position desconducteurs et des
99

1
charges 𝑄𝑖 (dans l'expression 𝑊𝑒 = 𝑄𝑖 𝑉𝑖 on peut, à l'aide de coefficients
2
d'influence et de capacité, exprimer les potentiels en fonction des charges).
On a
𝑊𝑒 = 𝑊1 (𝐺𝑖 , 𝑄𝑖 )
De
𝑑𝜁 = −𝑑𝑊𝑒

on déduit

Prenons comme exemple d'application le calcul de la force qui s'exerce sur les
armatures d'un condensateur chargé. La position relative des armatures ne
dépend généralement que d'un seul paramètre, soit qu'une des armatures
puisse se déplacer parallèlement à elle-même, soit qu'elle puisse tourner
autour d'un axe. L'énergie du condensateur chargé étant:
1 𝑄2
𝑊=
2 𝐶
on a dans le premier cas:
1 𝑄2 𝜕𝑐
𝐹=
2 𝐶 2 𝜕𝑥
dans le deuxième cas:
1 𝑄2 𝜕𝑐
𝛤=
2 𝐶 2 𝜕𝑥
𝜀𝑆 𝑄2
Pour un condensateur plan 𝐶 = et 𝐹 = .
𝑥 𝜀𝑆
100

Nous remarquerons que les expressions trouvées pour les forces et couples
sont indépendantes du fait que les corps considérés sont isolés ou non. Elles ne
dépendent que de l'état d'équilibre actuel. Le déplacement virtuel à charge
constante considéré n'est qu'un artifice de calcul.
B) Expression en fonction des potentiels
Pour maintenir les potentiels constants au cours du déplacement élémentaire
on suppose que tous les conducteurs sont réunis à des sources à potentiel
constant.
Lorsque l'on fait subir à un conducteur A un déplacement élémentaire, les
charges de tous les conducteurs varient. Soient 𝑑𝑄1 , 𝑑𝑄2 , . . . 𝑑𝑄𝑛 ces variations.
Les sources fournissent l'énergie 𝑑𝑊𝑠 = 𝑉1 𝑑𝑄1 + 𝑉2 𝑑𝑄2 … . = ∑ 𝑉𝑑𝑄.
D'autre part, l'énergie électrostatique du système de conducteurs
1
𝑊 = ∑ 𝑉𝑄Q se trouve modifiée de:
2

(puisque les potentiels sont constants).


La relation 𝑑𝜁 = 𝑑𝑊𝑠 − 𝑑𝑊𝑒 donne

L'énergie localisée 𝑊𝑒 peut être explicitée en fonction des poten¬tiels et des


paramètres géométriques qui fixent la position du conducteur A. Soit 𝑊𝑒 =
𝑊𝑒 (𝐺, 𝑉).
On en déduit
101

𝜕𝑊1
Remarquons qu'il n'y a pas contradiction entre l'écriture 𝑋 = dans le cas du
𝜕𝑥
𝜕𝑊2
déplacement élémentaire à charges constanteet l'écriture 𝑋 = dans le cas
𝜕𝑥
du déplacement élémentaire à potentiels constants car 𝑊1 et 𝑊2 sont deux
fonctions différentes de variables différentes (charges et paramètres
géométriques ou potentiels et paramètres géométriques).
En reprenant l'exemple du condensateur:

Dans le cas d'un condensateur plan:

on retrouve la formule établie précédemment.


2. Expression, en fonction du champ, des forces qui s'exercent sur les
conducteurs électrisés
Les forces qui s'exercent sur un conducteur placé dans un champélectrique
sont dues à la pression électrostatique. Un élément 𝑑𝑠 du conducteur est
2 2
soumis à la force élémentaire ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝜎 𝑑𝑠
𝑑𝑓 = 𝑝𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝜀𝐸 𝑑𝑠
⃗⃗⃗⃗⃗
2𝜀 2
102

(𝐸⃗⃗ étant le champ au voisinage du conducteur).


Il est alors facile de trouver les éléments de réduction du système des forces
qui s'exercent sur un conducteur:
𝜀𝐸 2
𝐹⃗ = ∭ ⃗⃗⃗⃗⃗.
𝑑𝑠
2
𝜀𝐸 2
𝛤⃗ = ∭ 𝑟⃗𝛬 𝑑𝜏.
2

Ces résultats peuvent être retrouvésà partir de l'expression de l'énergie


localisée. Montrons le par exemple pour la résultante de translation 𝐹⃗ .

Figure 62
𝜀𝐸 2
L'énergie du système est 𝑊 = ∭ 𝑑𝜏.
2

L'intégrale est étendue à tout le volume extérieur aux conducteurs (à l'intérieur


le champ et par suite l'énergie localisée sont nuls).

Si on fait subir à un conducteur une translation élémentaire ⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝜆, le volume


extérieur aux conducteurs est modifié et l'énergie électrostatique varie de
𝜀𝐸 2
𝑑𝑊 = − ∬ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝜆 (on a mis le signe —car si𝑑𝑠 𝑑𝜆 > 0, le volume extérieur
𝑆 2
et par suite l'énergie diminuent).
𝜀𝐸 2
Le système étant isolé, on a 𝐹⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝜆 + 𝑑𝑊 = 0, 𝑑 ′ 𝑜ù 𝐹⃗ = ∬𝑆 ⃗⃗⃗⃗⃗.
𝑑𝑠
2

Le raisonnement que nous venons de faire montre l'égalité de la pression


électrostatique et de la densité d'énergie localisée au voisinagedu conducteur.
𝜀𝐸 2 2
En effet nous aurions pu écrire 𝐹⃗ = ∬ ⃗⃗⃗⃗⃗et𝑑𝑊 = − ∬ 𝜀𝐸 𝑑𝑠
𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝜆 d’où 𝑝 =
2 𝑆 2
𝜕𝑊
𝜕𝜏
103

3. Utilisation de la théorie des images pour le calcul des forces


électrostatiques
Les forces qui s'exercent entre deux conducteurs sont les mêmes que celles qui
s'exercent entre leurs images.
Soient deux conducteurs électrisés A et B et 𝐴′ et 𝐵′deux équipotentielles qui
les entourent. Nous allons montrer que si on métalliséces surfaces et qu'on
supprime A et B, les forces qui s'exercent entre 𝐴′ et 𝐵′ sont les mêmes que
celles qui s'exerçaient entre A et B.

Figure 63
𝜀𝐸 2
La force qui s'exerce sur B est𝐹⃗ = ∬ ⃗⃗⃗⃗⃗. On ne change
𝑑𝑠
2

pas le champ ni par suite la force en remplaçant A par 𝐴′. Appliquons le


principe de l'action et de la réaction; la force exercée sur 𝐴′ est opposée à celle
qui s'exerce sur B, c'est la force qui s'exerçait sur A. Cette force n'est pas
modifiée si on remplace B par 𝐵′ puisque le champ reste le même.
Une nouvelle application du principe de l'action et de la réaction montre que
cette force est opposée à celle qui s'exerce sur 𝐵′ c'est-à-dire à celle qui
s'exerçait sur B.
On généralise facilement cette démonstration.
4. Électromètres
Les électromètres sont des appareils destinés à mesurer des différences de
potentiel. Ils sont constitués par des condensateurs dont une armature est
mobile. De la mesure de la force qui s'exerce sur cette armature on déduit la
tension aux bornes du condensateur.
A) Électromètres à plateau
104

Figure 64 : Electromètre d'Abraham


Les schémas de principe représentés ci-après montrent lemode de
2𝑥 2
fonctionnement; on a:𝑈 2 = 𝐹.
𝜀𝑆

Figure 65 : Electromètre d'Abraham-Villard Figure 66 : Electromètre de Lord Kelvin

B) Électromètre à cylindres de Bichat et Blondot

=
105

Figure 67
C) Électromètre à quadrants
Cet électromètre est, dans son principe, constitué par un condensateur
variable formé par deux secteurs circulaires dont l'un est mobile autour d'un fil
de torsion axial (voir figure ci-contre).
Si 𝜃 est l'angle suivant lequel les deux secteurs se recouvrent 𝐶 = 𝑘𝜃 + 𝐶0 et
le couple exercé par les armatures est:
𝑈 2 𝜕𝑐 𝑘 2
𝛤= = 𝑈
2 𝜕𝜃 2

Figure 68
A ce couple, on oppose le couple de torsion −𝐴𝜃 (le fil est sans torsion pour
𝜃 = 0).
𝑘
A l'équilibre 𝑈 2 − 𝐴𝜃 = 0 ,
2
2𝐴
𝑈2 = 𝜃.
𝑘
Pratiquement, l'électromètre à quadrants comporte deux paires de quadrants
entourant complètement une armature symétrique.Les quadrants opposés
sont reliés deux à deux, l'une des paires est au potentiel 𝑉1 , l'autre au potentiel
𝑉2 , l'armature est au potentiel 𝑉0 .
Le couple exercé sur l'armature mobile par les quadrants 1 est K
𝐾
(𝑉1 − 𝑉0 )2
2
106

Figure 69
𝐾
Le couple exercé par les quadrants 2 est− (𝑉1 − 𝑉0 )2 .
2
A l'équilibre on a
𝐾 𝐾
(𝑉1 − 𝑉0 )2 − (𝑉2 − 𝑉0 )2 − 𝐴𝜃 = 0
2 2
𝐾 𝐾
(𝑉1 − 𝑉2 ) − (𝑉1 − 𝑉2 − 2𝑉0 ) = 𝐴𝜃
2 2
en peut utiliser divers montages:
𝐾
𝛼) 𝑉1 = 𝑉, 𝑉2 = 0, 𝑉0 ≠ 0, on a 𝜃 = 𝑉 2 ou
2𝐴
2𝐴
𝑉2 = 𝜃;
𝐾
𝜃est proportionnel à 𝑉2 (intérêt pour la mesure des tensions alternatives) mais
la sensibilité est faible.
𝛽) 𝑉1 = 0, 𝑉2 = 𝑉, 𝑉0 ≠ 0, avec 𝑉2 , négligeable devant 𝑉0 .
On a
𝐴
𝑉= 𝜃.
𝐾𝑉0
𝜸) 𝑉1 = −𝑉2 , 𝑉0 = 𝑉.
On a
𝐴
𝑉= 𝜃.
2𝐾𝑉2
5. Action d'un champ sur un dipôle
L'énergie d'un dipôle placé dans un champ électrique est
107

𝑊 = 𝑞(𝑉𝐵 − 𝑉𝐴 ) = 𝑞. 𝐴𝐵 ̅̅̅̅̅̅̅ 𝑉
⃗⃗⃗⃗⃗⃗ . 𝑔𝑟𝑎𝑑 ⃗⃗

⃗⃗⃗.
⃗⃗⃗⃗. 𝑬
𝑾 = −𝒎
Figure 70

Si on fait subir un déplacement élémentaire (translation 𝑑 𝑂̅𝑀 ⃗⃗⃗ (𝑑𝑥, 𝑑𝑦, 𝑑ʓ)
rotation 𝑑𝜃⃗ (𝑑𝛼, 𝑑𝛽, 𝑑𝛾) au dipôle, le travail des forces qui lui sont appliquées
est tel que 𝑑𝜁 + 𝑑 𝑊 = 0.
Le système des forces appliquées au dipôle est défini par:

𝜕𝐸⃗⃗ 𝜕𝐸⃗⃗
L'expression de F montre que si on est dans un champ uniforme = 0, =
𝜕𝑥 𝜕𝑦
𝜕𝐸⃗⃗
0, = 0, les forces se réduisent à un couple.
𝜕ʓ

Donnons une autre expression du couple exercé sur le doublet. Pour cela
prenons comme axe 𝑂ʓ la direction du champ 𝐸⃗⃗ et pour plan 𝑦 𝑂 ʓ un plan
contenant 𝑚
⃗⃗⃗.

Soit 𝑡 l'angle de 𝐸⃗⃗ et de 𝑚


⃗⃗⃗

⃗⃗⃗ . 𝐸⃗⃗ = 𝑚 . 𝐸 cos 𝑡


𝑚
⃗⃗⃗⃗⃗ un vecteur rotation élémentaire de composantes 𝑑𝛼, 𝑑𝛽, 𝑑𝛾.
et soit 𝑑𝜃
108

Figure 71
Une rotation élémentaire dαde 𝑚
⃗⃗⃗ autour de 𝑂𝑥 entraîne une variation 𝑑𝑡 =
𝜕𝑡
−𝑑𝛼, donc = −1. Une rotation élémentaire 𝑑𝛽 autour de 𝑂𝑦 ne modifie
𝜕𝛼
𝜕𝑡
l'angle t que d'un infiniment petit du second ordre = 0. Une rotation
𝜕𝛽
𝜕𝑡
élémentaire 𝑑𝛾 autour de 𝑂ʓ n'entraîneaucune variation de 𝑑𝑡; = 0. 0.
𝜕𝛽
Finalement, on a

⃗⃗⃗𝛬 𝐸⃗⃗ d'où


On reconnaît les composantes du produit vectoriel 𝑚
⃗⃗ = 𝒎
𝜞 ⃗⃗⃗.
⃗⃗⃗⃗𝜦 𝑬

On voit que sous l'action du couple 𝛤⃗ le dipôle tend à s'orienter dans la


direction du champ. Lorsque le dipôle a la direction de celui-ci, le couple est
nul. Seule la position pour laquelle 𝐸⃗⃗ et 𝑚
⃗⃗⃗ ont le même sens est stable.
On voit également que, lorsque le champ n'est pas uniforme, le dipôle tend à
se déplacer vers les régions où le champ est le plus intense, les positions
d'équilibre correspondant aux points où le champ est maximum (position
stable) ou minimum (position instable).
6. Action d'un champ sur un petit morceau de matière
109

Un petit morceau de matière diélectrique de volume T constitue un petit dipôle


de moment 𝑚 ⃗⃗⃗ = 𝑃⃗⃗. 𝜏.. Les résultats du paragraphe précédent s'appliquent.
On explique de cette façon l'expérience de Thalès de Milet montrant
l'attraction exercée par l'ambre frotté sur les corps légers. L'ambre se charge et
crée un champ 𝐸⃗⃗ qui polarise les corps légers voisins s'ilssont isolants et les
électrise par influence s'ils sont conducteurs. Le champ E n'étant pas uniforme,
ils sont soumis à une force F qui tend à les déplacer vers le morceau d'ambre,
où le champ est le plus intense.
IV.3.MACHINES ÉLECTROSTATIQUES
1. Généralités
Les machines électrostatiques transforment de l'énergie mécanique en énergie
électrique dans des conditions convenant à l'électrostatique, c'est-à-dire avec
des charges faibles et des fortes tensions (des centaines de milliers de volts).
Les charges sont produites soit par frottement (machine de Ramsden) soit par
influence (machine de Wimshurst et machines modernes).
Les premières machines sont apparues à une époque où la science et la
technologie étaient assez peu développées. La puissance mécanique
transformée en puissance électrique était alors extrêmement faible.
Actuellement, on demande aux machines de fournir une certaine puissance et
d'avoir les deux qualités suivantes:
• fournir une tension élevée constante;
• avoir un assez bon rendement.

Selon que l'emploi de la machine fait prédominer l'une ou l'autre qualité on


s'oriente, soit vers les machines type Van de Graaff, soit vers les machines
imaginées par M. Félici à Grenoble.
Le problème de la transformation de l'énergie mécanique en énergie électrique
peut être résolu en déposant des charges sur un transporteur et en déplaçant
ces charges dans un champ électrique. La variation de potentiel obtenue est
égale au travail du champ. Pour obtenir un travail important il faut un champ
élevé. On est limité dans ce domaine par la décharge disruptive. On obtient les
meilleurs conditions de fonctionnement en étudiant les pièces de façon à
obtenir dans toute la région où se déplacent les charges un champ élevé aussi
proche que possible de la limite permise. On augmente cette limite en utilisant,
110

comme milieu, un gaz sous pression. Le dépôt des charges sur le transporteur
se fait par influence, phénomène réversible et par conséquent susceptible de
conduire à un rendement acceptable.
2. Machine de Van de Graaff
Cette machine construite pour les besoins de la physique nucléaire
(accélérateurs de particules) permet de porter des charges à un potentiel de
l'ordre de quelques millions de volts (10 à 12 millions de volts pour les
machines les plus modernes).

Figure 72
Des charges fournies par un générateur de quelques dizaines de kV sont
déposées à l'aide d'un peigne sur une courroie en coton caoutchouté. Le ruban
qui se déplace à grande vitesse (70 km/h) les transporte à l'intérieur d'une
sphère creuse (diamètre de l'ordre de 3 m). Par influence des charges de même
signe apparaissent sur la surface extérieure de la sphère alors que des charges
de signe contraire apparaissent à l'intérieur. Un peigne permet la neutralisation
de ces charges par les charges de la courroie qui redescend à peu près neutre.
Dans les réalisations modernes, on amène des charges positives à une sphère
isolée et on lui enlève des charges négatives. On dispose à cet effet de deux
séries de pointes qui agissent l'une sur l'autre par influence, comme il est
indiqué sur la figure.
Les machines de Van de Graaff ont des dimensions importantes de façon à
limiter le champ le long du transporteur, qui se trouve placé dans un gaz à une
pression de 10 à 30 kg/c𝑚2 . Elles n'utilisent pas des phénomènes réversibles et
leur rendement et très faible. Ce sontavant tout des appareils de laboratoire
fournissant une tension très élevée ettrès stable.
111

Figure 73
3. Machine à transporteur diélectrique de Felici
Dans cette machine d'un usage industriel le transporteur est constitué par un
cylindre en matière plastique choisie pour résister à l'ionisation provoquée par
les peignes de charge et de décharge.
L'inducteur est constitué par un cylindre de verre spécial légèrement
conducteur (1010 Ω.m) muni de pôles métalliques en face desquels on dispose
des peignes constitués par des lames d'acier d'épaisseur convenable.
112

Figure 74
Sous l'action du champ créé par l'inducteur A, des charges sont émises par
l'ioniseur A' et déposées sur le rotor pour être entraînées par celui-ci. Au cours
de ce transfert, le déplacement étant en sens inverse du champ, le potentiel
s'accroît. Après un demi-tour, les charges sont enlevées du rotor par un
ioniseur de débit B' et vont alimenter le circuit d'utilisation. En même temps,
des charges de signe contraire sont déposées et ramenées au potentiel zéro
jusqu'au point A' où elles sont reprises par le peigne. Assez rapidement un
régime stationnaire stable s'établit, correspondant à des lignes de champ allant
d'un inducteur à l'autre selon un trajet sensiblement tangent à la surface du
rotor, ce qui donne pour les charges des forces absorbant un travail
mécanique, donc susceptibles d'entraîner une transformation d'énergie. Pour
obtenir un champ disruptif suffisant, la machine fonctionne dans l'hydrogène à
10 à 20 atmosphères.
113

Figure 75
On construit actuellement des machines multipolaires (figure ci-dessus) munies
d'un dispositif de stabilisation de tension, ayant un rendement compris entre
80% et 90%. On peut atteindre des débits de 30 à 40 mA sous une tension de
60 à 1 000 kV.
114

CHAPITRE V

LE COURANT CONTINU

V.1. GÉNÉRALITÉS
1. Le courant électrique
Réunissons deux conducteurs chargés, aux potentiels V1et V2, par un fil
conducteur. Des charges passent du conducteur au potentiel le plus élevé sur le
conducteur au potentiel le plus bas jusqu'à ce que les potentiels s'égalisent.
Soit, à un instant donné, 𝑑𝑞 la charge qui passe pendant le temps 𝑑𝑡à travers
une section du fil conducteur. On appelle intensité du courant à un instant
donné la vitesse d'écoulement des charges
𝑑𝑞
𝑖=
𝑑𝑡
Dans l'expérience précédente, le courant varie avec le temps. On a affaire à un
régime transitoire. Il est possible à l'aide de générateurs électriques de
maintenir une différence de potentiel constante entre les extrémités d'un
conducteur. On a alors affaire à un régime permanent et l'intensité du courant
qui traverse une section est indépendante du temps, on dit que le courant est
continu.
Un certain nombre d'expériences mettent en évidence les propriétés
fondamentales du courant électrique.
1) Action à distance: une aiguille aimantée est déviée; un autre conducteur
parcouru par un courant est soumis à une force (effet électrodynamique).
2) Effets énergétiques:
a. Un conducteur parcouru par un courant s'échauffe (effet Joule)
b. Les acides, bases et sels sont décomposés par le passage du courant
(électrolyse).

Les résultats de ces expériences sont les mêmes quel que soit le point du fil
conducteur où on se place. Il n'y a pas de déperdition d'électricité même aux
points où le conducteur change de nature (historiquement, on s'est longtemps
posé la question). L'intensité est la même tout le long d'un conducteur
parcouru par un courant, tout au moins lorsqu'on peut négliger les
115

phénomènes de propagation qui existent en régime variable ou sur lesquels


nous reviendrons dans la suite du cours.
2. Unité d'intensité
Dans le système MKSA, l'intensité est une grandeur fondamentale. L'unité
d'intensité est l’ampère déterminé à partir de la mesure des forces qui
s'exercent entre deux conducteurs rectilignes parallèles parcourus par des
courants. Nous verrons par la suite la définition exacte {chapitre sur
l'électromagnétisme).
𝑑𝑞
La formule 𝑖 = , ou 𝑞 = 𝑖𝑡 dans le cas d'un régime permanent, permet de
𝑑𝑡
définir l'unité de charge. Le coulomb est la quantité d'électricité transportée en
1 seconde par un courant constant de 1 ampère.
3. Densité de courant
Dans un milieu étendu conducteur, les charges qui se déplacent pour constituer
le courant électrique sont caractérisées en chaque point par leur densité
volumique 𝜌 et leur vitesse moyenne 𝑣⃗. La charge élémentaire qui traverse
pendant le temps 𝑑𝑡 un élément de surface ds est celle contenue dans un
cylindre oblique de base 𝑑𝑠 et de génératrice 𝑣⃗𝑑𝑡. Ce cylindre a pour volume
⃗⃗⃗⃗⃗et contient la charge 𝜌 𝑣⃗. 𝑑𝑡𝑑𝑠
𝑣⃗. 𝑑𝑡𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗.

Figure 76
Cette formule nous conduit à introduire le vecteur 𝑗⃗ = 𝜌𝑣⃗ appelé vecteur
densité de courant, dont la grandeur est la densité de courant.
On a alors
𝑑𝑞
⃗⃗⃗⃗⃗
= 𝑗⃗. 𝑑𝑠
𝑑𝑡

La charge qui traverse pendant le temps 𝑑𝑡 une surface 𝑆 ferméeou non est
⃗⃗⃗⃗⃗ , et l'intensité du courant qui traverse la surface S est
𝑑𝑄 = 𝑑𝑡 ∬ 𝑗⃗. 𝑑𝑠
𝑆

𝑑𝑄
𝑖=
𝑑𝑡
116

⃗⃗⃗⃗⃗ ,
𝑖 = ∬ 𝑗⃗. 𝑑𝑠
𝑆

C'est le flux du vecteur densité de courant à travers cette surface.


4. Propriétés du vecteur densité de courant
La charge contenue dans le volume 𝜏 limité par une surface S d'un milieu
conducteur où la densité volumique est 𝜌est

𝑄 = ∭ 𝜌𝑑𝜏

𝜕𝜌
Entre les instants 𝑡 et 𝑡 + 𝑑𝑡, la variation de cette charge est𝑑𝑄 = ∭ 𝑑𝜏𝑑𝑡.
𝜕𝑡

Puisque l'électricité se conserve, c'est que lacharge supplémentaire 𝑑𝑄 a été


apportée par le courant qui traverse la surface S. Orientons la normale à cette
⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑡. On peut, à la place,
surface vers l'extérieur. Lacharge qui sort est ∬ 𝑗⃗. 𝑑𝑠
⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑡.
aussi bien considérer qu'il entre la charge: − ∬ 𝑗⃗. 𝑑𝑠
Finalement, le principe de la conservation de l'électricité donne

𝜕𝜌
⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑡 = ∭
− ∬ 𝑗⃗. 𝑑𝑠 𝑑𝜏𝑑𝑡
𝑆 𝜕𝑡
ou
𝜕𝜌
⃗⃗⃗⃗⃗ + ∭
∬ 𝑗⃗. 𝑑𝑠 𝑑𝜏 = 0
𝜕𝑡
⃗⃗⃗⃗⃗ = ∭ 𝑑𝑖𝑣𝑗⃗ 𝑑𝜏 on a
En tenant compte que ∬𝑆 𝑗⃗. 𝑑𝑠
𝜕𝜌
𝑑𝑖𝑣 𝑗⃗ + = 0.
𝜕𝑡
En dehors des cas d'émission électronique qui sont étudiés dans d'autres cours,
les charges électriques ne peuvent sortir des conducteurs. A la surface de ceux-
ci, il existe une densité 𝜎. L'accroissement des charges portées par un élément
𝜕𝜌
de surface pendant le temps 𝑑𝑡 est . 𝑑𝑠. 𝑑𝑡. Ces charges ont été apportées
𝜕𝑡
par le courant qui s'arrêteà la surface du conducteur, soit
⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑡 = 𝑗𝑁 𝑑𝑠𝑑𝑡 (𝑗𝑁 étant la composante normale du vecteur densité
𝑑𝑞 = 𝑗⃗. 𝑑𝑠
de courant).
117

Au voisinage de la surface d'un conducteur, la conservation de l'électricité se


traduit donc par
𝜕𝜌
𝑗𝑁 − =0
𝜕𝑡
La charge ou la décharge d'un condensateur font bien comprendre l’aspect
physique du phénomène, car dans ce cas des quantités d'électricité
importantes s'accumulent sur les armatures.
Nous avons examiné précédemment le cas général d'un régime friable. Nous
allons voir maintenant les simplifications qui s'introduisent dans le cas d'un
courant continu.
Lorsqu'on a un régime permanent, la densité volumique p et la densité
surfacique a sont indépendantes du temps. Il en résulte que
𝜕𝜌 𝜕𝜎
= 0, =0 et
𝜕𝑡 𝜕𝑡

𝑑𝑖𝑣 𝑗⃗ = 0 à l'intérieur des conducteurs


𝑗𝑁 = 0 à la surface des conducteurs.
En régime permanent, le flux du vecteur densité de courant 𝑗⃗ est conservatif; il
en résulte que l'intensité du courant à travers diverses sections d'un même
tube de courant est constante.
5. Densité de courant superficiel
Lorsque les électrons qui circulent dans un conducteur se répartissent sur une
épaisseur très mince h on a. une nappe de courant superficiel.

Un élément ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 tracé sur la surface de la nappe permet de définir un rectangle
⃗⃗⃗⃗ et 𝑗⃗. ℎétant le vecteur unitaire normal à la
élémentaire dont les côtés sont 𝑑𝑙
surface).

Figure 77
On a
⃗⃗⃗⃗⃗ = ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠 𝑑𝑙 ∧ 𝑛⃗⃗ℎ
118

Le courant élémentaire qui traverse l'élément de surface est


⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑗⃗(𝑑𝑙
𝑑𝑖 = 𝑗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗ ∧ 𝑛⃗⃗).

On appelle densité de courant superficiel le vecteur 𝑗⃗𝑆 = 𝐽. ℎ.


Ona
⃗⃗⃗⃗ ∧ 𝑛⃗⃗)
𝑑𝑖 = 𝑗⃗𝑆 (𝑑𝑙
ou encore
⃗⃗⃗⃗ ∧ ⃗⃗𝑗𝑆 )𝑑𝑙
𝑑𝑖 = (𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗

6. Puissance électrique
Lorsqu'un courant électrique circule dans un circuit, l'énergie apparait sous
différentes formes: mécanique, calorifique, chimique. Conformément au
principe de la conservation de l'énergie, on a une dépense égale d'énergie
électrique.
Soit 𝑖 le courant qui traverse un circuit limité par deux équipotentielles 𝑣1 et 𝑣2
(les courants à l'entrée et à la sortie du circuit sont les mêmes). Pendant le
temps 𝑑𝑡, la charge 𝑑𝑞 = 𝑖𝑑𝑡 pénètre dans lecircuit au potentiel v1; la même
charge sort du circuit au potentiel v2.
L'énergie électrique dépensée est 𝑑𝑊 = (𝑣1 − 𝑣2 )𝑖𝑑𝑡 ou en posant
𝑣1 − 𝑣2 = 𝑢:
𝑑𝑊 = 𝑢𝑖𝑑𝑡.
𝑑𝑊
La puissance électrique est d’expression 𝑝 = ou
𝑑𝑡

𝑝 = 𝑢𝑖 .
Dans cette formule p est en watts, u en volts, i en ampères (système MKSA).
Dans le cas général 𝑝, 𝑢 et 𝑖 sont des fonctions du temps. Ce sont des
constantes si on a un régime permanent.
119

IV.2. COURANTS DANS LES MILIEUX CONDUCTEURS


1. Aspect électronique de la conduction dans les métaux
Un corps simple, à l'état solide, est formé de cristaux caractérisés par
l'arrangement régulier des atomes liés entre eux par la mise en commun
d'électrons.
Pour chaque atome, tout se passe comme si la couche électronique
périphérique avait huit électrons, ce qui correspond à une grande stabilité.
Cette mise en commun d'électrons est la source des forces de cohésion qui
donnent au cristal sa rigidité et sa dureté. En réalité, par suite de l'agitation
thermique, les atomes vibrent autour de positions fixes qui forment les noeuds
du réseau.
Dans un cristal métallique, les électrons périphériques ou électrons de valence
sont plus nombreux qu'il n'est nécessaire pour assurer la cohésion. Aussi,
chaque atome libère en moyenne un électron qui se déplace d'un point à
l'autre du cristal jusqu'à sa capture par un ion. Dans tout intervalle de temps, il
y a autant d'électrons capturés que d'électrons remis en liberté; la densité des
électrons libres reste constante (équilibre statistique). Le moindre champ
électrique communique aux électrons libres un mouvement d'ensemble.
2. Loi d'Ohm
En l'absence de champ extérieur, aucune direction n'est privilégiée. Les
électrons libres d'un métal se déplacent en moyenne de la même façon dans
toutes les directions et en moyenne il n'y a pas de transport de charge.
Si, au contraire, un champ extérieur existe, à la vitesse d'agitation des électrons
𝑣⃗𝑎 , il s'ajoute une vitesse de déplacement d'ensemble en sens inverse du
champ (puisque la charge de l'électron est négative).
𝑒𝐸⃗⃗
D'une façon plus précise, les électrons libres ont une accélération − et leur
𝑚
vitesse croîtrait indéfiniment si les noeuds du réseau étaient rigoureusement
immobiles. Les vibrations des atomes créent des perturbations qui dévient les
électrons et font que périodiquement les vitesses se trouvent redistribuées au
hasard. En même temps, l'énergie acquise par les électrons se trouve
communiquée par interaction lors des déviations successives aux atomes du
réseau. Il s'ensuit une élévation de température du métal dont nous
reparlerons en étudiant l'effet Joule. Raisonnons sur les N électrons libres de
l'unité de volume et comptons les perturbations à partir d'un instant 𝑡 = 0. Au
120

bout du temps 𝑡, il reste v électrons libres qui n'ont pas subi de perturbations.
Dans le temps 𝑑𝑡, le nombre de perturbations est proportionnel au nombre
𝑑𝑡
𝑣 d'électrons non encore perturbés et à 𝑑𝑡; soit 𝑣 . Le nombre d'électrons
𝑇
perturbés est 𝑁 − 𝑣; dans le temps dt, la variation de ce nombreest
𝑡
𝑣𝑑𝑡 𝑑𝑣 𝑑𝑡
−𝑑𝑣 . On en déduit =− et 𝑣 = 𝜆𝑒 −𝑇 .
𝑇 𝑣 𝑇

Au temps 𝑡 = 0, 𝑣 = 𝑁, d'où 𝑣 = 𝑁𝑒
𝑣𝑑𝑡 𝑁
Puisque dans le temps 𝑑𝑡 il y a = 𝑑𝑡perturbations,le temps moyen de
𝑇 𝑇
1 ∞ 𝑁 −𝑡
perturbation est𝑡𝑚𝑜𝑦𝑒𝑛 = ∫ 𝑒 𝑇 𝑑𝑡 = 𝑇;on trouve ainsi la signification de
𝑁 0 𝑇
la constante 𝑇 précédemment introduite.
𝑒𝐸 ⃗⃗
Un électron est, du fait du champ, soumis à l'accélération𝛤⃗ = − . Pendant le
𝑚
𝑒𝐸⃗⃗
temps 𝑖, il subit le déplacement 𝑒⃗ = 𝑣⃗𝑎 𝑡 − 𝑡 2.
2𝑚
⃗⃗ 𝑡
1 ∞ 𝑒𝐸 𝑁
Le parcours moyen d'un électron est𝐿⃗⃗ = ∫0 (𝑣⃗𝑎 𝑡 − 𝑡 2 ) 𝑒 −𝑇 𝑑𝑡 𝑜𝑢
𝑁 2𝑚 𝑇

𝑒𝐸 ⃗⃗
𝐿⃗⃗ = 𝑣⃗𝑎 𝑇 − 𝑇 2 .
𝑚

Le déplacement d'ensemble des électrons est


1 1 𝑒𝐸 ⃗⃗ 𝑒𝐸 ⃗⃗
[𝐿⃗⃗] = 𝑁 ∑ 𝐿⃗⃗ = 𝑁 ∑ 𝑣⃗𝑎 − 𝑚 𝑇 2 c'est-à-dire [𝐿⃗⃗] = − 𝑚 𝑇 2

car les vitesses 𝑣⃗𝑎 d'agitation thermique sont distribuées au hasard.


⃗⃗]
[𝐿 𝑒𝐸⃗⃗
La vitesse moyenne d'ensemble est[𝑣⃗] = =− 𝑇et ladensité de courant
𝑇 𝑚
𝑁𝑒 2
est 𝑗⃗ = 𝜌[𝑣⃗] avec 𝜌 = −𝑁𝑒 ou encore𝑗⃗ = 𝑇𝐸⃗⃗ .
𝑚
𝑁𝑒 2
En appelant conductivité du conducteur la quantité 𝛾 = 𝑇
𝑚
on a
𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗
expression de la loi d'Ohm.
1
On écrit encore 𝐸⃗⃗ = 𝜌𝑗⃗ (𝜌 = étant la résistivité).
𝛾
𝑒𝑇
On définit également la mobilité 𝑈 = et on a 𝛾 = 𝑒𝑁𝑈 ouencore 𝛾 = 𝜌𝑈. La
𝑚
vitesse moyenne d'ensemble est [𝑣⃗] = −𝑈𝐸⃗⃗ .
121

Cherchons, à titre d'exemple, l'ordre de grandeur des vitesses moyennes de


déplacement des électrons dans un conducteur en cuivre.
On a les données expérimentales suivantes:
• masse atomique 63.10−3
• masse spécifique 9.103
• conductibilité 5,8.107
• densité de courant habituellement employée 5A/mm2, c'est-à-dire 5.106
A/𝑚2 .

On peut admettre, d'autre part, que dans le réseau cristallin ducuivre, chaque
atome est ionisé et libère un électron de conductivité,
𝑗
on a 𝑗 = 𝜌𝑣 ou 𝑣 = .
𝜌

Calculons 𝜌:
9.103 9
1𝑚3 de cuivre a une masse de 9.103 et contient = . 106 atomes-
63.10−3 63
grammes.
Le nombre d'Avogadro étant égal à 6.1023 , ceci correspond à 9x6
9∗6
𝑁= . 1029 = 8,6. 1028 atomes et au même nombre d'électrons libres dont
63
la charge élémentaire est 𝑒 = 1,6. 10−19 coulombs.
9∗6
On tire 𝜌 = . 1029 ∗ 1,6. 10−19 = 1,4. 1010 𝐶/𝑚3 .
63

Remarquons que cette densité est énorme.


𝑗 5 ∗ 106
𝑣= = 10
= 3,5 ∗ 10−3 𝑚/𝑠.
𝜌 1,4 ∗ 10
La vitesse de déplacement d'ensemble est extrêmement faible.
𝛾
On peut également calculer la mobilité 𝑈 = = 4. 10−3 et letemps moyen de
𝑒𝑁
𝑚𝑈
perturbation 𝑇 = = 2,5. 10−14 S (m = 9,11. 10−31 𝑘𝑔).
𝑒

En supposant que la vitesse moyenne d'agitation thermique est de l'ordre de


2. 105 𝑚/𝑠 les électrons ont un parcours moyen de l'ordre de 5. 10−9 𝑚, ce qui
correspond à environ 10 distances atomiques.
3. Conduction dans les électrolytes
122

Les électrolytes sont les acides, les bases et les sels qui, fondus ou dissouts,
conduisent le courant.
Des molécules de l'électrolyte sont dissociées en ions, formés par des atomes
qui ont perdu ou gagné des électrons. Le mécanisme de la conduction du
courant est analogue à celui de la conduction dans les métaux, à la différence
que les porteurs de charges sont des ions.

La loi d'Ohm: 𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ est applicable.


4. Conduction dans les semi-conducteurs
Les semi-conducteurs sont des corps dont la résistivité est intermédiaire entre
celle des conducteurs et celle des isolants (10−4 à 106 Ω𝑚).Ils appartiennent à
la 4ème colonne de la classification périodique: silicium, germanium...
Il résulte de la structure du réseau cristallin qu'au voisinage du zéro absolu
aucun électron d'un semi-conducteur n'est libre et la conductivité est nulle.
Lorsque la température s'élève, certains électrons du semi-conducteur
acquièrent une énergie suffisante pour devenir libres: la conductivité apparaît,
la densité des électrons libres croît avec la température.
Mais, à côté de la conduction électronique qui a le même processus que pour
les métaux, il y a ce qu'on appelle une conduction par trous. Les liaisons qui ont
perdu un électron laissent une lacune ou trou qui peut capturer soit un
électron libre qui passe à proximité (recombinaison), soit un électron d'une
liaison voisine. Du fait de l'agitation thermique, il résulte un déplacement des
trous équivalent à un déplacement de charges positives.
Le raisonnement fait pour la conduction des métaux se généralise. Les temps
moyens de perturbation sont différents pour les électrons (N par unité de
volume) et les trous (P par unité de volume) et on doit définir deux mobilités
𝑈𝑛 et 𝑈𝑝 .
La conductivité est (au lieu de 𝑒𝑁𝑈): 𝛾 = 𝑒(𝑁𝑈𝑛 + 𝑃𝑈𝑝 ).
Lorsqu'un semi-conducteur contient des impuretés en quantité très faible, ses
propriétés sont modifiées. Un cristal de germanium (4 électrons périphériques)
avec de l'antimoine (5 électrons périphériques) en très petite quantité a une
densité d'électrons libres bien supérieure à celle du germanium pur.
123

Un cristal de silicium (4 électrons périphériques) contenant une faible


proportion de bore (3 électrons périphériques) a une densité de trous très
supérieure à celle du silicium pur.

5. Distribution du potentiel dans un conducteur en régime permanent

Il résulte de la loi d’Ohm𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ qu’au voisinage de la surface, la relation


𝑗𝑁 = 0 entraine 𝐸𝑁 = 0. D’autre part, la relation 𝑑𝑖𝑣 𝑗⃗ = 0 entraine 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = 0.
En introduisant le potentiel V, on retrouve l'équation de Laplace
∆𝑉 = 0
Il résulte de cette équation que la densité totale des charges est nulle en
chaque point.
Il y a bien des charges dans la nasse du conducteur, mais la somme algébrique
des charges mobiles (électrons) et des charges fixes (ions) est nulle. Les charges
portées par un conducteur sont purement superficielles quand on a atteint un
régime permanent.Considérons un milieu conducteur dans lequel on a placé
des surfaces conductrices maintenues grâce à des générateurs convenables à
des potentiels constants.
Nous allons étudier la distribution du potentiel dans un volume limité par la
surface S formée par les lignes de courant qui s'appuient sur une courbe
fermée et par deux surfaces équipotentielles𝑆1 et 𝑆2 . C'est le cas de tous les
conducteurs parcourus par des courants permanents placés dans des milieux
isolants (air par exemple), car la relation 𝑗𝑁 = 0 entraîne que les surfaces qui
les limitent soient formées par des lignes de courant.
Le potentiel satisfait à l'équation de Laplace:∆𝑉 = 0
𝜕𝑉
𝑉 = 𝑉1 sur𝑆1 𝑉 = 𝑉2 sur𝑆2 = 0 sur 𝑆
𝜕𝑛
(car le champ est comme la densité de courant tangent à S).
L'équation ∆𝑉 = 0 ainsi que les conditions aux limites auxquelles satisfait le
potentiel V sont les mêmes que dans le problème d'électrostatique qui consiste
à rechercher la distribution du potentiel dans le volume précédent supposé
vide. Il en résulte que la solution qui est unique peut être trouvée par les
méthodes exposées en électrostatique.
124

Si on ajoute une constante 𝑉0 à 𝑉1 et à 𝑉2 . on voit que la solution 𝑉 + 𝑉0


satisfait à ∆𝑉 = 0 et aux nouvelles conditions aux limites
𝜕𝑉
𝑉 = 𝑉1 + 𝑉0 sur𝑆1 ; 𝑉 = 𝑉2 + 𝑉0 sur𝑆2 ; = 0 sur 𝑆
𝜕𝑛
Donc, quand on relie deux surfaces 𝑆1 et𝑆2 d’un conducteur à un générateur de
façon à fixer, à une constante additive près, les potentiels de ces surfaces, le
potentiel (à la même constante additive près) défini sans ambiguïté dans le
conducteur. Le champ 𝐸⃗⃗ et la densité de courant 𝑗⃗ sont donc parfaitement
définis.
6. Résistance d'un conducteur
Nous venons de voir que le courant I qui passe de 𝑆1 à 𝑆2 ne dépend que de la
différence de potentiel 𝑉1 − 𝑉2 entre 𝑆1 et 𝑆2 .
Nous allons montrer que I est proportionnel à 𝑉1 − 𝑉2 . En effet, si on multiplie
𝑉 −𝑉
tous les potentiels par 𝜆, 𝐸⃗⃗ , 𝑗⃗ et 𝐼 sont multipliés parλ et 1 2 = 𝑅est une
𝐼
constante quenous appellerons résistance du conducteur.

Figure 78
Pour préciser cette grandeur, considérons un tube de force allant de la surface
𝑆1 (point A) à la surface 𝑆2 (point B) et désignons par 𝑑𝑠1 , 𝐸1 𝑒𝑡 𝑗1 l'élément de
surface, le champ et la densité de courant en un point A de Si, par 𝑑𝑠, 𝐸 et 𝑗 ces
mêmes grandeurs en un point courant M du tube de force qui passe par A.
Le champ étant à flux conservatif, on a
125

Il résulte de la forme de l'équation et des conditions aux limites qui définissent


le potentiel que, si on multiplie 𝑉1 et 𝑉2 (et par suite 𝑉1 − 𝑉2 ) par un même
facteur, V et E sont multipliés par ce facteur. Les lignes de champ ne sont donc
pas modifiées lorsqu'on change la déférence de potentiel entre A et B ;
𝐵 𝑑𝑠1
l’intégrale ∫𝐴 𝑑𝑙 n'est par suite fonction que de la position du point A sur
𝑑𝑠
𝑆1 .
On a

Son inverse R est appelée résistance du conducteur. On a


𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 = 𝑅𝐼
REMARQUE: Lorsque les conducteurs ont une forme cylindrique on peut, pour
calculer la résistance par unité de longueur, utiliser la méthode analytique
(transformation conforme) de détermination des champs électrostatiques (𝐼 =
𝛾 ∫ 𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠 = 𝛾(𝜓𝐴 − 𝜓𝐵 ) )).
7. Résistance d'un fil
Un cas particulier important est celui de la résistance d'un conducteur filiforme
à axe sensiblement rectiligne
126

Figure 79
𝑥
La fonction potentiel est 𝑉 = 𝑉1 + (𝑉2 − 𝑉1 ) (elle satisfaità ∆𝑉 = 0 et aux
𝑙
conditions limites).
Les tubes de force ont une section constante:
𝐵 𝐵
𝑑𝑠1 𝑑𝑠1 𝑆
∫ 𝑑𝑙 = ∫ 𝑑𝑙 = 𝑙 𝑒𝑡 ∬ = .
𝐴 𝑑𝑠 𝐴 𝑙 𝑙
On a
𝟏𝒍
𝑹=
𝜸𝑺
1
on, en introduisant la résistivité 𝜌 = , inverse de la conductivité:
𝛾
𝒍
𝑹=𝝆 .
𝑺
𝑙
La relation 𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 = 𝑅𝐼 avec 𝑅 = 𝜌 , établie par Ohm dansle cas d'un
𝑆
conducteur filiforme, est très bien vérifiée par l'expérience et est une
justification des hypothèses d'où nous sommes partis.
8. Unité de résistance
L'unité de résistance, définie à partir de la formule 𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 = 𝑅𝐼 est, dans le
système MKSA, l'ohm (Ω).
L'ohm est la résistance d'un conducteur qui est parcouru par un courant de 1
ampère, lorsqu'à ses bornes existe une différence de potentiel de un volt.
𝑙
A partir de la formule 𝑅 = 𝜌 , on définit l'unité de résistivité. C'est l'ohm-
𝑆
mètre carré par mètre ou tout simplement Vohm-mètre

9. Groupement des résistances


A) Résistances en série
127

Le même courant parcourt les conducteurs en série. L'additivité des différences


de potentiel entraîne celle des résistances:
𝑅 = 𝑅1 + 𝑅2 + 𝑅3

Figure 80

B) Résistances en parallèle
Aux bornes des résistances, il y a la même différence de potentiel U. Le
caractère conservatif du courant entraîne:

Figure 81

10. Relation entre la capacité et la résistance d'isolement d'un condensateur


Nous avons vu précédemment qu'il y a une corrélation entre les problèmes
d'électrostatique et les problèmes de conduction. On doit donc s'attendre à
trouver une relation entre la capacité et la résistance d'isolement d'un
condensateur dont le diélectrique est conducteur.
Dans le diélectrique, les lignes de courant s'identifient avec les lignes de force
puisque𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ .
Considérons une surface S entourant A.
Le théorème de Gauss donne:
𝑄
⃗⃗⃗⃗⃗ =
∬ 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑠
𝜀
D'autre part
⃗⃗⃗⃗⃗
∬ 𝑗⃗𝑑𝑠
128

On en déduit
𝛾
𝐼 = 𝑄.
𝜀
𝑉𝐴 −𝑉𝐵 𝜀
Comme 𝑞 + 𝐶(𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 ) et 𝐼 = , on a 𝐶𝑅 = ou
𝑅 𝛾
𝐶𝑅 = 𝜀𝜌(𝜌 résistivité).

Figure 82
Ce résultat est très important car il permet, à partir de résultats tirés de
l'électrostatique, de trouver la résistance entre deux conducteurs.
Il permet également de calculer l'isolement d'un conducteur à partir de la
capacité du conducteur isolé. Il suffit pour cela de considérer que l'on a affaire
à un condensateur dont une armature est à l'infini.
Nous donnons quelques exemples:
A) Résistance d'isolement linéique d'un câble sous-marin
La capacité linéique d'un condensateur cylindrique est:
2𝜋𝜀
𝐶= 𝑅
𝐿𝑜𝑔 2
𝑅1

La résistance linéique d'isolement


𝑅2
𝜌 𝐿𝑜𝑔
𝑅1
𝑅=
2𝜋
129

Figure 83
EXEMPLE: Le câble sous-marin posé entre Marseille et Alger a une longueur de
840km. Le conducteur en cuivre a un diamètre de 8,6mm. L'isolant en
polyéthylène de pouvoir inducteur spécifique relatif 𝜀𝑟 = 2,25 a une résistivité
𝜌 = 1013 Ω𝑚 et un diamètre extérieur de 13,2 mm.
On trouve une capacité C=2,45.10−4 F et une résistance d'isolement
R=8,11.1015 Ω.
B) Résistance d'une prise de terre
Pour fixer le potentiel de certaines machines ou installations électriques, on
met un de leurs points à la terre en le réunissant par un conducteur à une
masse métallique enterrée. Si le courant circule dans le conducteur, les lignes
de courant se prolongent dans le sol en s'épanouissant.
La conductivité du sol étant finie, il existe une différence de potentiel entre
l'électrode de prise de terre et un point quelconque du sol situé à une grande
distance (supérieure à 20mètres). Le rapport entre cette différence de
potentiel et le courant qui circule est la résistance de la prise de terre.
La résistance de la prise de terre dépend de la forme du conducteur enterré
puisque c'est cette forme qui conditionne les lignes de courant p au voisinage
de la prise. Etudions le H cas d'un piquet enterré de longueur 𝑙, de diamètre d
et de résistance négligeable.

Figure 84
Il est évident que la résistance est le double de celle d'un piquet de longueur 2𝑙
entièrement noyé dans un conducteur homogène (le courant seraitdéduit de la
2𝜋𝜀.2𝑙
capacité 𝐶 = 4𝑙 de longueur 2𝑙 isolée.
𝐿𝑜𝑔
𝑑
130

4𝑙
𝐿𝑜𝑔
𝑑
La résistance de la prise de terre est 𝑅 = 𝜌 (où 𝜌 est larésistivité du sol).
2𝜋.𝑙

EXEMPLE: avec un piquet de 4 m de longueur et de 5 cm de diamètre planté


dans un terrain de résistivité 𝜌 =100 Ω m, on trouve une résistance R=23Ω.
Nous indiquons les valeurs usuelles de résistivité des terrains (en Q. m): terre
arable 1 à 3 000 — sable humide 105 — sable sec 106 — eau douce 2,3.103 —
eau de mer 0,76.
11. Cuve électrolytique
Nous venons de voir qu'on pouvait utiliser la corrélation entre les problèmes
d'électrostatique et les problèmes d'électrocinétique pour étudier ces derniers
à partir des résultats de l'électrostatique. Inversement, avec la cuve
électrolytique, on utilise la résolution expérimentale de problèmes
d'électrocinétique pour obtenir la solution de problèmes d'électrostatique.
Pour étudier la distribution du potentiel V qui existe lorsqu'on place dans le
vide des conducteurs donnés portés à des potentiels donnés, on immerge ces
conducteurs maintenus à des potentiels fixes dans un électrolyte et on
détermine à l'aide d'une sonde la distribution du potentiel dans le liquide.
L'équation de Laplace étant homogène, on peut substituer au système réel un
système homothétique (généralement à échelle agrandie).
En principe, l'électrolyte devrait être indéfini. Le fait qu'il ne l'est pas ne
présente pas d'inconvénients dans les cas, en fait les seuls intéressants, des
systèmes cylindriques ou de révolution.

Figure 85
Examinons d'abord le cas d'un système de translation. Introduisons une
tranche du système de façon qu'il repose sur le fond plan et horizontal de la
cuve constituée par un matériau isolant (verre ou ardoise). Remplissons la cuve
de façon que le niveau de l'eau ne dépasse pas le modèle conducteur.
131

La distribution du potentiel qui prend naissance dans le liquide est définie par
𝜕𝑉
∆𝑉 = 0, 𝑉 = 𝐶 𝑡𝑒 sur les conducteurs, 𝐸𝑁 = − = 0 sur la surface du liquide
𝜕𝑛
et sur la surface du fond de la cuve.

Figure 86
Ce sont précisément les conditions qui sont satisfaites pour la portion
correspondante du système indéfini placé dans le vide (le champ se trouve
toujours dans un plan de section droite).
Lorsqu'on a à étudier un système de révolution, on fait un modèle représentant
la fraction du système contenue dans un dièdre limité par deux demi-plans
méridiens. Le modèle est introduit dans la cuve, l'un des demi-plans méridiens
reposant sur le fond. On incline la cuve de façon que la surface libre du liquide
représente un autre demi-plan méridien.
Là encore, la distribution du potentiel est la même que dans le système
électrostatique dans le vide puisque l'on a la même équation ∆𝑉 = 0 avec les
mêmes conditions aux limites et que la solution est unique.
Au point de vue pratique, on mesure le potentiel aux différents points de
l'électrolyte par une méthode de zéro, ceci pour éviter qu'en débitant un
courant la sonde n'apporte des perturbations. On opère en courant alternatif
pour éviter la polarisation des électrodes. Pour des fréquences basses (50 à 5
000 Hz) les résultats établis pour le courant continu restent en effet valables.
Les cuves électrolytiques modernes comportent souvent un système
enregistreur qui trace automatiquement les équipotentielles.
132

12. Étude de la résistivité


Selon l'ordre de grandeur de la résistivité p, on classe les corps en:

Les métaux sont des corps bons conducteurs. Leur résistivité varie avec la
température. La loi de variation peut être mise sous forme d'un
développement en série 𝜌 = 𝜌0 (1 + 𝛼𝑡 + 𝛽𝑡 2 + . . . ). Pratiquement, on
peut se borner à la loi linéaire 𝜌 = 𝜌0 (1 + 𝛼𝑡). Pour un métal pur, 𝛼 est très
1
voisin de , coefficient des gaz parfaits.
273

On explique ce résultat à partir de la théorie atomique de la conduction dans


les métaux en remarquant que le libre parcours moyen des électrons est
conditionné par l'agitation thermique, proportionnelle à la température
absolue. On doit s'attendre à trouver une résistivité nulleau zéro absolu et
1
proportionnelle à 𝑇 = 273 + 𝑡 = 273 (1 + 𝑡).
273

L'étude de la résistivité aux températures voisines du zéro absolu a été faite par
KamerlingOnnes. On a constaté que la résistivité pourcertains corps, au lieu de
décroître régulièrement, tombait brusquement pour une certaine valeur au-
dessous de toute valeur mesurable: c'est la supraconductivité.
Aux hautes températures, la résistivité augmente beaucoup en raison de sa
proportionnalité à la température absolue. Lorsqu'elle passe de la température
ambiante à la température de fonctionnement, la résistance d'une lampe à
incandescence se trouve approximativement multipliée par 9.
Nous indiquons ci-dessous la résistivité des métaux usuels:

Les métalloïdes sont généralement de bons isolants, toutefois le carbone est


conducteur (𝜌 = 7. 10−4 ). Leur résistivité diminue lorsque la température
s'élève: Les semi-conducteurs ont une résistivité quidécroît beaucoup lorsque
𝑏
la température s'élève, suivant une loi 𝜌 = 𝜌0 𝑒 −𝑇 (d'où un coefficient de
133

température négatif). Ces corps sont utilisés pour la mesure des températures
(thermistances). D'autre corps, comme le sulfure de plomb, sont photo-
conducteurs.

13. Technologie des résistances


Les résistances électriques sont utilisées soit pour limiter ou régler le courant
qu'une source fait circuler dans un appareil (exemple : rhéostat), soit pour
obtenir une différence de potentiel à partir d'un courant (exemple : résistance
de charge d'une lampe radio).
Les éléments qui interviennent dans le choix d'un type déterminé de résistance
sont:
1°) la résistance ohmique,
2°) la puissance qui peut être dissipée en chaleur sans que la résistance risque
d'être détériorée,
3°) la stabilité, c'est-à-dire le fait que la résistance varie ou non avec le temps
ou avec la température,
4°) l'encombrement,
5°) le prix.
Les résistances peuvent être fixes ou variables.
A) Résistances fixes
On distingue suivant le mode de fabrication:
a) Les résistances à fil.
Ces résistances sont constituées par des fils de métaux purs ou d'alliages
bobinés.
1°) Résistances de chauffage: on utilise des alliages résistants, peu oxydables, à
point de fusion élevé et résistant mécaniquement à des variations brusques de
température.
On utilise principalement des nickel-chromes:
80% 𝑁𝑖 − 20%𝐶𝑟 𝑜𝑢 75% 𝑁𝑖 − 15% 𝐶𝑟 − 10% 𝐹𝑒.
2°) Résistances pour appareils électriques ou électroniques: Selon que l'effet de
la température ne présente pas ou présente un inconvénient, on utilise des
134

nickel-chromes (90% Ni — 10% Cr, 𝜌 = 10−6 Ω.m, coefficient de température


𝛼 = 0,0003), du manganin (84% Cu — 12% Mn — 4% Ni, 𝜌 = 0,42.10−6 Ω. 𝑚,
𝛼 = 0,000010) ou du constantan (50% Cu - 50% Ni, 𝜌 = 0,5.10−6 Ω. 𝑚, 𝛼 =
0,000023).
Ces résistances sont bobinées sur des lames ou des mandrins en mica ou en
bakélite lorsque la dissipation est faible, sur de la stéatite avec éventuellement
enrobage dans un émail cuit à haute température si la dissipation est grande.
b) Les résistances agglomérées.
Ces résistances sont constituées par de la poudre de carbone fiée par un
mélange de résine synthétique et de poudre de talc; le corps de la résistance
est verni. On les utilise surtout dans les appareils électroniques. Elles peuvent
dissiper de 1/4 W à 5W selon le type; ces résistances ne sont pas très stables
mais sont très bon marché.
c) Les résistances à couche.
Ces résistances sont constituées par un dépôt de métal ou de carbone en
couche mince sur un cylindre de stéatite. Le tout est émaillé et cuit au four. On
les utilise surtout en radio pour les circuits HF. Elles sont stables et peu
encombrantes (résistances miniatures), mais plus coûteuses que les résistances
agglomérées.
B) Résistances variables
a) Résistances à variation discontinue.
Selon l'utilisation (qui conditionne la précision), on distingue:
1°) Les rhéostats à plots: constitués par des résistances bobinées analogues à
celles employées pour le chauffage. La figure ci-contre montre clairement la
façon dont les résistances "sont disposées.

Figure 87
135

2°) Les boîtes de résistances à décades. Ces boîtes, utilisées pour les mesures,
sont constituées par des décades de 9 ou 11 résistances (selon les
constructeurs) disposées comme pour les rhéostats à plots. Les résistances sont
faites en manganin pour réduire l'influence de la température. Les
commutateurs doivent être soignés pour éviter les résistances de contact.
b) Résistances à variation continue.
On distingue:
1°) les résistances à colliers: résistances bobinées, vitrifiées, munies d'un ou de
plusieurs colliers de serrage entrant en contact avec une génératrice dénudée
du bobinage;
2°) les rhéostats potentiométriques: éléments à forte dissipation constitués par
du fil en nickel-chrome bobiné sur un mandrin en stéatite. Un curseur permet
de faire varier la résistance;
3°) les potentiomètres bobinés: ce sont de petits rhéostats potentiométriques
de forme circulaire, de faible encombrement, susceptibles de dissiper quelques
watts. Ils sont utilisés dans les appareils électriques ou électroniques;
4°) les potentiomètres au carbone: la construction de ces appareils est analogue
à celle des potentiomètres bobinés; mais le bobinage estremplacé par une
couche de carbone aggloméré. La dissipation est plus faible et la résistance est
moins stable. Par contre, ces potentiomètres sont assez bon marché.
14. Mesure des résistances
A) Méthode du voltmètre et de l'ampèremètre
𝑉
On applique la formule 𝑅 = .
𝐼

On ne peut pas mesurer exactement à la fois V et I. Deux montages sont


possibles: le montage amont utilisé pour mesurer les grandes résistances
(devant la résistance de l'ampèremètre), le montage aval utilisé pour mesurer
les faibles résistances (devant la résistance du voltmètre).

Figure 88
B) Méthode de comparaison de tension
136

On monte en série la résistance inconnue X et une résistance connue R.


On mesure la tension aux bornes de chaque résistance:
𝑼𝑿
𝑿=𝑹 .
𝑼𝑿

Figure 89
C) Méthode d’Ohmmètre
La méthode de l'ohmmètre est une méthode de comparaison de courant.
Le schéma de principe est représenté figure 90.
𝑘𝐸
Dans le milliampèremètre, il passe le courant𝐼 =
𝑅+𝑋
𝑘𝐸
Lorsque 𝑋 = 0, 𝐼0 =
𝑅

d'où
𝐼0
𝐼= 𝑋
1+
𝑅

Figure 90
Il existe une relation simple entre I et X. On règle 𝐼0 à une valeur repérée en
agissant sur le shunt 5 après avoir court-circuité X. Le cadran peut alors être
directement gradué en valeurs de résistance.
D) Méthode du pont de Wheatstone
Le schéma de principe est représenté ci-contre.
137

Il ne passe aucun courant dans le galvanomètre lorsqu'entre les résistances a,


b, X, R, on a la relation:
𝑎 𝑋 𝑎
= ou 𝑋 = 𝑅.
𝑏 𝑅 𝑏

Figure 91

V.3. EFFET THERMIQUE DES COURANTS


1. Loi de Joule
Un conducteur parcouru par un courant s'échauffe. Ce résultat, connu sous le
nom d'effet Joule, s'explique bien à partir de la théorie électronique de la
conduction dans les métaux.
Pendant le temps t qui sépare deux perturbations par le réseau cristallin du
mouvement des électrons libres, chaque électron libre accroît son énergie
cinétique.
Un électron libre dont la vitesse à l'instant initial avait une valeur𝑣⃗𝑎 a acquis
𝑒𝐸⃗⃗
dans le temps t une vitesse 𝑣⃗𝑎 = 𝑡.
𝑚

L'accroissement d'énergie cinétique est

Quand on fait la somme pour tous les électrons compris dans l'unité de
volume, le terme ∑ −𝑒𝐸⃗⃗ 𝑣⃗𝑎 𝑡 = −𝑒𝐸⃗⃗ ∑ 𝑣⃗𝑎 𝑡 disparaît car les vitesses d'agitation
correspondent à une distribution dont aucune direction n'est privilégiée.
L'énergie cinétique des électrons pour une perturbation s'accroît par unité de
volume de
138

Cette énergie est restituée par interaction au réseau cristallin lorsqu'inter-


vient la perturbation. Il en résulte une augmentation de l'état vibratoire de
celui-ci qui se traduit par une élévation de température. Comme la durée
moyenne d'une perturbation est T, la puissance transformée en
𝑊 𝑁𝑒 2
𝑝= = 𝑇𝐸 2 ou 𝑝 = 𝛾𝐸 2 chaleur par unité de volume est 𝑝 = 𝛾𝐸 2 si on
𝑇 𝑚
𝑁𝑒 2
tient compte que𝛾 = 𝑇, on écrit
𝑚

1
𝑑𝑃 = 𝑗 2 𝑑𝜏
𝛾
ou
𝑑𝑃 = 𝜌𝑗 2 𝑑𝜏 (𝜌résistivité)

Figure 92
Pour un élément de volume 𝑑𝜏, la puissance dissipée en chaleur est 𝑑𝑃 =
𝛾𝐸 2 𝑑𝜏; on écrit d'une autre façon
Pour connaître la puissance dissipée en chaleur dans un conducteur, il suffit de
calculer l'intégrale:

Considérons un petit tube de courant; la puissance dépensée dans ce tube est


𝐵
∫ 𝑗⃗𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐴
𝑑𝑠⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑗⃗1 𝑑𝑠
𝑑𝑙. Comme la densité de courant est conservative,𝑗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗1 ,
l'intégrale devient:
139

En considérant l'ensemble des tubes de force

⃗⃗⃗⃗⃗1 = (𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 )𝐼
𝑃 = ∬ (𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 )𝑗⃗1 𝑑𝑠
𝑆1

ou finalement, comme 𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 = 𝑅𝐼
𝑷 = 𝑹𝑰𝟐 .
Ce résultat est très bien vérifié par l'expérience et est une nouvelle
confirmation des hypothèses dont nous sommes partis.
1
La formule 𝑑𝑃 = 2𝑑𝜏 𝑜𝑢 𝑑𝑃 = 𝜌𝑗 2 𝑑𝜏 montre que la puissancedissipée en
𝛾
chaleur est proportionnelle au volume du conducteur, à la résistivité et au
carré de la densité du courant.
2. Température limite des conducteurs
Une partie de la puissance dépensée en chaleur dans un conducteursert à
l'échauffer, le reste est transmis au milieu extérieur par convection,conduction
et rayonnement. La chaleur transmise étant en premièreapproximation
proportionnelle à la différence de température 𝜃 entrele conducteur et le
milieu ambiant, un équilibre s'établit à une températuretelle que l'énergie
apportée soit juste égale à l'énergie dissipée.
Considérons un conducteur de section s, de périmètre p et delongueur 𝑙. La
puissance apportée par effet Joule est 𝜌𝑗 2 𝑠𝑙; lapuissance transmise est, en
première approximation, proportionnelle à la surface du conducteur et à l'écart
de température avec le milieu ambiant, soit 𝐾𝑝𝑙 𝜃. On a l'équilibre:
𝜌𝑗 2 𝑠𝑙 = 𝐾𝑝 𝑙 𝜃
d’où
𝑠
𝜃= 𝜌𝑗 2 .
𝐾𝑝
En dehors du cas du chauffage électrique et de l'éclairage par incandescence où
l'effet Joule est utile, réchauffement est une sujétion. C'est lui qui conditionne
les dimensions des conducteurs; on ne peut, en effet, dépasser certaines
températures sous peine de détruire l'isolant. On a intérêt à utiliser des
matériaux à faible résistivité tels que le cuivre, et il est nécessaire d'approprier
la densité de courant à la section et à l'emplacement du conducteur ainsi qu'à
la nature et à l'épaisseur de l'isolant. Dans les installations industrielles fixes, on
admet des températures d'équilibre de l'ordre de 60° à 100° selon les isolants,
140

ce qui, par exemple, pour des conducteurs en cuivre isolés au caoutchouc,


correspond à des densités de courant maximales de 5 A/mm pour des sections
inférieures à 5 mm2 et de 4 A/mm2 pour des sections comprises entre 5 et 15
mm2. Dans les appareillages électriques des avions, où le poids des organes a
une grosse importance, on utilise actuellement des isolants nouveaux qui
peuvent supporter des températures de l'ordre de 250°. La densité de courant
peut évidemment être bien plus grande (10 A/mm2). Il y a également à tenir
compte du fait que le courant peut circuler en permanence ou simplement par
intermittence; autant de problèmes particuliers que l'on ne peut résoudre que
par une étude spéciale en utilisant des résultats tirés de l'expérience.
V.4. EFFET CHIMIQUE DES COURANTS
1. Dissociation électrolytique
Nous avons vu que dans les corps cristallisés les atomes constitutifsdes
molécules occupent les noeuds d'un réseau. Lorsque ces corps sontdes
électrolytes, c'est-à-dire des acides, des bases ou des sels, les atomessont
ionisés. Autrement dit, l'atome de métal (base et sel) ou d'hydrogène (acide) a
perdu un nombre d'électrons égal à sa valence 𝑛; il porte la charge +𝑛𝑒 et le
reste de la molécule la charge −𝑛𝑒.
Lorsqu'on fond l'électrolyte ou lorsqu'on le dissout dans l'eau, les ions se
séparent. Ils tendent, sous l'effet de l'attraction électrostatique, à s'unir pour
former des molécules, mais, d'autre part, l'agitation thermique tend à dissocier
les molécules en ions. Un équilibre statistique s'établit, correspondant à un
certain degré d'ionisation.
2. Loi de l’électrolyse
Lorsqu'on établit une différence de potentiel entre deux électrodes plongées
dans un électrolyte, il se superpose à l'agitation désordonnée des ions, un
déplacement d'ensemble sous l'action du champ (ions -f dans le sais du champ,
ions — en sens inverse). En arrivant sur les électrodes, les ions — cèdent un
nombre d'électrons égal à leur valence n et redeviennent des atomes; de
même, les ions + gagnent n électrons. Il résulte de ce qui précède qu'un
courant circule dans le circuit extérieur à l'électrolyte et qu'il apparaît sur les
électrodes les produits de décomposition de l'électrolyte, à savoir: le métal ou
l'hydrogène sur l'électrode négative et le reste de la molécule sur l'électrode
positive.
141

A ce phénomène peuvent d'ailleurs se superposer des effets secondaires, par


action des produits de décomposition sur les électrodes ou sur l'électrolyte.
La décomposition d'une molécule nécessitant un transport de charges égal à
ne, pour décomposer une molécule-gramme, il faut 𝑄 = 𝑁 𝑛𝑒 = 𝑛 ∗ 96500
coulombs (N est le nombre d'Avogadro).
Autrement dit, le passage d'une charge de Q coulombs décompose une masse
de métal (base ou sel) ou d'hydrogène (acide) égale à:
𝑄 𝑀
𝑚𝑔 = .
96500 𝑛
{M étant la masse molaire du métal ou de l'hydrogène).
V.5. FORCE ÉLECTROMOTRICE
1. Généralités
Pour faire circuler un courant continu dans un conducteur, il faut placer entre
ses extrémités un générateur, c'est-à-dire un appareil qui maintienne une
différence de potentiel constante entre celles-ci.
Les charges qui circulent dans le circuit fermé constitué par un générateur et
un conducteur sont soumises à diverses forces:
1°) Des forces électrostatiques dues aux autres charges (charges à la surface
des conducteurs). Lorsqu'on parcourt complètement le circuit, le travail de ces
forces est nul car elles dérivent d'un potentiel.
2°) Des forces résistantes, dues aux actions perturbatrices, sur le mouvement
des électrons, des atomes vibrant autour de leur position d'équilibre. Le travail
de ces forces est négatif pour tout déplacement et macroscopiquement on
peut les assimiler à des forces de frottement. En effet l'énergie calorifique
1
dépensée dans un volume dx de conducteurest 𝑑𝑊 = 𝑗 2 𝑑𝜏 𝑑𝑡. Cette énergie
𝛾
est fournie par les électrons libresaux atomes qui constituent la matière.
1
L'énergie fournie aux électronslibres est par suite 𝑑𝑊 ′ = −𝑑𝑊 = − 𝑗 2 𝑑𝜏 𝑑𝑡.
𝛾

𝜌2
En tenant compte que 𝑗⃗ = 𝜌 𝑣⃗, on a 𝑑𝑊 ′ = − 𝑣⃗𝑑𝜏𝑣⃗𝑑𝑡 quel'on peut mettre
𝛾
sous la forme 𝑑𝑊 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹 . 𝑣⃗𝑑𝑡 .
142

𝜌 2
La force ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐹 = − 𝑣⃗𝑑𝜏 a les caractéristiques d'une force defrottement
𝛾
visqueux (dirigée en sens inverse de la vitesse et proportionnelle à celle-ci).
La force étant proportionnelle à la charge 𝑑𝑞 = 𝜌𝑑𝑥, on peutparler d'un champ
𝑑𝐹 𝜌 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 2 𝛾
de frottement ⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑖 = = − 𝑣⃗que l'on peut enintroduisant la mobilité 𝑈 = ,
𝑑𝑞 𝛾 𝜌
⃗⃗
𝑣
⃗⃗⃗⃗𝑖 =
écrire encore𝐸
𝑈

Il est à noter que, du fait que les charges qui circulent sont négatives, le champ
de frottement est dirigé dans le sens de la vitesse, c'est-à- dire en sens inverse
des forces de frottement visqueux et du courant électrique.
3°) Des forces dont le mécanisme de production est variable et qui font sentir
leurs actions à l'intérieur du générateur. Elles fournissent un travail positif et
font circuler le courant dans le circuit.
L'énergie qui est ainsi apportée par le générateur peut être d'origines diverses :
a) Origine mécanique : machines électrostatiques et machines
électromagnétiques ;
b) Origine chimique: piles électrochimiques ;
c) Origine thermique: piles thermoélectriques.

Toutes les forces précédemment énumérées sont proportionnelles aux charges


des particules sur lesquelles elles s'appliquent. Les charges se déplacent donc
sous l'action de trois champs: un champ électrostatique — un champ de
frottement — un champ électromoteur, ce dernier champ n'existant que dans
les générateurs.
Les électrons contenus dans un volume 𝑑𝜏 (charge 𝜌𝑑𝜏) ont en régime
permanent un mouvement d'ensemble uniforme et par suite une accélération
nulle (il s'agit de l'accélération moyenne). La somme de forces appliquées est
de ce fait nulle et par suite en tout point la somme des champs est nulle.
⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 + ⃗⃗⃗⃗
On a 𝐸 𝐸𝑖 + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑚 = 0
Les générateurs électrostatiques ont été vus au chapitre précédent. Nous
verrons par la suite le principe des générateurs électromagnétiques. Pour une
étude précise on se reportera à l'ouvrage: Fonctionnement et emploi des
machines électriques. Nous donnerons quelques indications sur les générateurs
d'origine chimique et thermique.
143

Aucun courant ne circule et le champ de frottement est nul (ils s'annulent avec
la vitesse de déplacement d'ensemble des charges).
2. Force électromotrice d'un générateur
Un générateur est constitué par un milieu conducteur, limité parune surface
fermée, qui est le siège d'un champ électromoteur.
Deux portions de surface de ce générateur constituent les bornes.
Un courant circule lorsqu'on les réunit parun conducteur.
Supposons que ce soit de 𝐴1 vers 𝐴2 dans le circuit extérieur et par suite de
𝐴2 vers 𝐴1 dans le générateur.
Nous allons examiner les cas suivants:
1) Le générateur est à vide, c'est-à-dire n'est relié à aucun autreconducteur.

Figure 93
Aucun courant ne circule et le champ de frottement est nul (ils s'annulent avec
la vitesse de déplacement d'ensemble des charges).
⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
En régime permanent le champ total est nul 𝐸 𝐸𝑚 = 0 ou
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
encore𝐸 ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑚 = 𝐸𝑠 .

Entre les bornes 𝐴1 𝑒𝑡𝐴2 du générateur, il existe une différence depotentiel. On


𝐴 𝐴
a𝑉2 − 𝑉1 = ∫ 1 𝐸⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 ⃗⃗⃗⃗ 𝐸𝑚 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 = − ∫ 1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑑𝑙 .
𝐴2 𝐴2

La circulation du champ électromoteur, entre la borne de sortie et la borne


d'entrée, dans le générateur est indépendante du chemin suivi.
On appelle force électromotrice la grandeur :
𝐴1
𝑒=∫ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸 ⃗⃗⃗⃗
𝑚 𝑑𝑙 .
𝐴2
On en déduit :
𝑒 = 𝑉2 − 𝑉1
144

La force électromotrice est égale à la différence de potentiel à vide aux bornes


du générateur.
2) On suppose que le champ électromoteur est supprimé. Le générateur se
réduit alors à un conducteur passif dont la résistance est appelée résistance
interne du générateur.
Si on fait circuler un courant (de 𝐴2 vers 𝐴1 ) dans le générateuren connectant
ses bornes à un autre générateur, le champ de frottement ⃗⃗⃗⃗ 𝐸𝑖 n'est plus nul et
⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 + ⃗⃗⃗⃗
on a 𝐸 𝐸𝑖 = 0.
𝐴 𝐴
⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 ⃗⃗⃗⃗
On en déduit 𝑉2 − 𝑉1 = ∫𝐴 1 𝐸 𝐸𝑖 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 = − ∫𝐴 1 ⃗⃗⃗⃗𝑑𝑙.
2 2

Par ailleurs 𝑉2 − 𝑉1 = 𝑟𝑖 (𝑟 résistance interne du générateur).


𝐴
𝐸𝑖 ⃗⃗⃗⃗
On a par suite ∫𝐴 1 ⃗⃗⃗⃗𝑑𝑙 = −𝑟𝑖.
2

Ce résultat se retrouve facilement dans le cas d'un conducteurfiliforme à partir


11 1
de la loi d'Ohm. On a 𝑟𝑖 = 𝑖 = 𝑗⃗. 𝑙⃗.
𝛾𝑠 𝛾
𝛾
En tenant compte que 𝑗⃗ = 𝜌𝑣⃗ 𝑒𝑡 𝑈 = '
𝜌

⃗⃗
𝑣
on a 𝑟𝑖 = 𝑙 = −𝐸⃗⃗ . 𝑙⃗.
𝑈

3) Le générateur débite un courant dans un circuit extérieur.

On a ⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 + ⃗⃗⃗⃗
𝐸 𝐸𝑖 + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑚 = 0
𝐴 𝐴 𝐴
⃗⃗⃗⃗ + ∫ 1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗𝑠 𝑑𝑙
d'où ∫𝐴 1 𝐸 𝐸𝑚 𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ + ∫ 1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑖 𝑑𝑙
2 𝐴 2 𝐴 2

ou encore
𝑉2 − 𝑉1 + 𝑒 − 𝑟𝑖 = 0
et finalement
𝑽𝟏 − 𝑽𝟐 = 𝒆 − 𝒓𝒊
Cette formule a fait l'objet de nombreuses vérifications expérimentales qui
confirment les hypothèses d'où nous sommes partis.
La constante positive r est appelée résistance interne du générateur. Si le
générateur débite sur une résistance R, on a
𝑉2 − 𝑉1 = 𝑅𝐼 𝑜𝑢 𝐸 = (𝑅 + 𝑟)𝐼..
145

En multipliant les deux membres par 𝐼𝑑𝑡:


𝐸𝐼𝑑𝑡 = 𝑅𝐼 2 𝑑𝑡 + 𝑟 𝐼 2 𝑑𝑡.
Cette relation exprime que l'énergie fournie par le travail du champ
électromoteur se retrouve en chaleur (effet Joule) dans les résistances
intérieures et extérieures au générateur.
En résumé, un générateur est caractérisé par sa force électromotrice e égale à
la tension à vide et sa résistance interne Ce résultat constitue le théorème de
Thévenin dont nous verrons plus loin une autre démonstration.
3. Force contre-électromotrice d'un récepteur
Les récepteurs sont des appareils qui transforment l'énergie électrique en une
autre forme (mécanique, chimique). Les charges sontsoumises à un champ
contre-électromoteur 𝐸⃗⃗𝑚 qui exerce des forces dirigées en sens inverse de leur
mouvement. Le raisonnement fait pour les générateurs peut être répété. Il
suffit d'ailleurs de supposer quel'on a affaire à un champ électromoteur
𝐴
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
négatif. L'intégrale ∫ 1 𝐸 ⃗⃗⃗⃗
𝑚 𝑑𝑙 est négative, on la pose égale à −𝑒′.
𝐴2

On a alors𝑉1 − 𝑉2 − 𝑒 ′ = 𝑟𝐼
Ou𝑉1 − 𝑉2 − 𝑒 ′ + 𝑟𝐼
Comme précédemment, on peut écrire :
(𝑉1 − 𝑉2 )𝐼𝑑𝑡 = 𝑒 ′ 𝐼𝑑𝑡 + 𝑟𝐼 2 𝑑𝑡
L'énergie fournie au circuit se retrouve en énergie transformée, correspondant
à un travail du champ contre-électromoteur et en chaleur.
4. Mesure des forces électromotrices
A) Mesure au voltmètre
La f.é.m. étant égale à la tension à vide peut être mesurée à l'aide d'un
électromètre, ou tout simplement, d'un voltmètre, si la résistance de celui-ci
est grande devant la résistance interne du générateur.
B) Mesure par la méthode d'opposition
On oppose à la f.é.m. du générateur une tension obtenue par le passage d'un
courant dans une résistance. Le montage est représenté sur la figure ci-après.
Le commutateur étant dans la position 1, on règle le courant i à une valeur
donnée, par exemple 1 /1000 A.
146

Pour cela, on donne à 𝑅1 la valeur 1000 𝑒0 , 𝑒0 étant la f.é.m. connue d'une pile
étalon, et on agit sur le rhéostat Rh de façon qu'aucun courant ne passe dans le
galvanomètre. On a alors
𝑒0 = 𝑅1 𝑖 ou𝑒0 = 1 000 𝑒0 𝑖,

Figure 94
c'est-à-dire 𝑖 = 1/1 000; le courant ainsi réglé ne devant plus varier dans la
suite de la mesure, on ne touche plus au rhéostat Rh et on jumelle les boîtes de
résistance Ri et R2, c'est-à-dire qu'on maintient 𝑅1 + 𝑅2 = 𝐶 𝑡𝑒 .
Le commutateur étant dans la position 2, on agit sur 𝑅1 (en maintenant 𝑅1 +
𝑅2 = 𝐶 𝑡𝑒 ) de façon qu'il ne passe aucun courant dans le galvanomètre G. Si 𝑅1′
𝑅1
est la résistance correspondant à ce réglage: 𝑅1′ 𝑖 = 𝑒 𝑜𝑢 𝑒 =
1000

5. Effet Volta
A) Effet Volta entre métaux
Considérons deux métaux en contact. Dans chacun, la concentration en
électrons libres est différente. Par suite de l'agitation thermique, des électrons
passent d'un métal dans l'autre, mais il passe plus d'électrons du métal où la
concentration est laplus forte (𝑀1 par exemple) dans l'autre métal (𝑀2 ) que
dans le sens inverse. L'action sur les électrons due à la différence dediffusion
constitue un champ électromoteur. Il apparaît, de ce fait, à la surface de
séparation des charges positives dans 𝑀1 et négatives dans 𝑀2 . Cette double
couche crée un champ électrostatique qui agit sur les échanges d'électrons
147

jusqu'à ce qu'un équilibre statistique s'établisse. Elle entraîne une différence de


potentiel entre les conducteurs.

Figure 95
Il est facile de voir que ce phénomène, appelé effet Volta, obéit à la loi des
chaînes: pour une chaîne fermée de métaux, l'effet global est nul.
B) Effet Volta entre métal et électrolyte
Lorsqu'un métal est plongé dans un électrolyte, il existe un effet Volta et une
discontinuité du potentiel apparaît à la surface de séparation par suite Je
l'existence de la double couche. Le fait que le passage du courant dans les
électrolytes s'accompagne de réactions chimiques entraîne que, si on constitue
une chaîne de métaux et d'électrolytes avec des métaux identiques aux
extrémités, la différence de potentiel entre les extrémités n'est généralement
pas nulle. Il faut pour cela qu'une différence existe entre les électrodes
plongées dans l'électrolyte (différence d'attaque, différence de concentration
de l'électrolyte...). Si on réunit les extrémités de la chaîne par un conducteur,
un courant circule dans le circuit. On a une pile.
6. Effet thermo-électrique (effet Seebeck)
Si la température d'un métal n'est pas uniforme, les électrons libres tendent à
diffuser des régions les plus chaudes vers les régions les plus froides. Le champ
électromoteur créé qui caractérise la diffusion, provoque un défaut d'électrons
dans les premières et un excès dans lessecondes, d'où apparition d'un champ
électrostatique qui contrarie la diffusion jusqu'à ce qu'un équilibre s'établisse. Il
existe alors une différence de potentiel entre les points du métal portés à des
températures différentes.

Figure 96
Soit maintenant une chaîne métallique ouverte constituée par deux éléments
d'un métal 𝑀2 soudés de part et d'autre d'un élément de métal 𝑀2 . Si on
148

maintient une différence de température entre les soudures, il apparaît une


différence de potentiel entre les extrémités de la chaîne. On a réalisé un couple
thermo-électrique.
Cette différence de potentiel, liée au champ électromoteur qui est apparu, est
due à l'effet thermoélectrique entre les extrémités du métal 𝑀2 et à la
différence des effets Volta aux soudures (ces effets ne sont plus opposés car ils
sont fonctions de la température).
Les thermocouples constitués avec des conducteurs, ne convertissent, du fait
de la grande conductibilité calorifique et de l'effet Joule, qu'une faible fraction
de l'énergie thermique en énergie électrique (ordre de 0,5 %). Ils sont utilisés
pour mesurer les températures. Pour les hautes températures (fours, métaux
en fusion), on emploie le couple platine-platine rhodié, pour les basses
températures (air liquide) on emploie le couple fer-constantan. On les utilise
également pour la mesure de l'intensité efficace d'un courant alternatif.
Par contre, les thermocouples constitués avec des semi-conducteurs ont un
rendement appréciable (ordre de 7 %) et peuvent être considérés comme de
véritables machines thermoélectriques. Des études sont encours pour les
utiliser pour la conversion soit de l'énergie solaire sur la Terre ou sur les
satellites artificiels, soit de l'énergie thermonucléaire.
7. Effet Thomson et effet Peltier
Le passage d'un courant dans un conducteur qui n'est pas à une température
uniforme produit soit un échauffement soit un refroidissement selon le sens du
courant; c'est l'effet Thomson.
De même, à la séparation de deux conducteurs homogènes, il se produit, soit
un échauffement, soit un refroidissement selon le sens du courant: c'est l'effet
Peltier.
L'effet Thomson et l'effet Peltier sont distincts de l'effet Joule auquel ils se
superposent. Ils se rattachent par contre à l'effet Volta et à l'effet
thermoélectrique.
La somme algébrique des puissances qui sont sous forme de chaleur absorbées
par effet Thomson et effet Peltier de façon à maintenir constante la répartition
non uniforme de la température est opposée à la puissance 𝑒. 𝑖, 𝑒 étant la
f.é.m. thermo-électrique.
149

V.6. LOI DE KIRCHHOFF


1. Réseau électrique
Lorsqu'on réunit des générateurs et des récepteurs par des conduc¬teurs on
constitue un réseau.
Un point où aboutissent plus de deux éléments est un nœud.
Un ensemble d'éléments montés en série entre deux nœuds forme une
branche.
Un ensemble de branches dont la succession forme un circuit fermé constitue
une maille.
2. Loi des nœuds
Le fait qu'en régime permanent l'électricité ne s'accumule pas entraîne que la
somme des courants qui se dirigent vers un nœud est égale à la somme des
courants qui s'éloignent du nœud.
Choisissons un sens positif sur les branches et convenons de mesurer l'intensité
par un nombre algébrique positif ou négatif selon que le courant circule ou non
dans le sens positif choisi.
On voit alors facilement que l'on peut écrire la loi des nœuds

∑𝑖 = 0 .

Les termes de la somme sont précédés du signe + ou du signe — selon que le


sens positif choisi pour le courant est ou non dirigé vers le nœud.
3. Loi des branches
La loi des branches traduit le fait que la différence de potentiel entre les
extrémités d'une branche, est égale à la somme algébrique des différences de
potentiel aux bornes des éléments constitutifs de la branche. On peut l'écrire,
le sens positif du courant étant dirigé de A vers B:

𝑅𝐴 − 𝑅𝐵 = ∑ 𝑅𝑖 − ∑. 𝑒 + ∑ 𝑒 ′ .

On peut d'ailleurs se contenter d'écrire:

𝑅𝐴 − 𝑅𝐵 = ∑ 𝑅𝑖 − ∑. 𝑒
150

en considérant que les f.c.é.m. sont des f.é.m. négatives.


Cette relation est valable quel que soit le sens du courant, à condition que les
générateurs et récepteurs soient polarisés, c'est-à-dire aient des bornes + 𝑒𝑡 −
indépendantes du sens du courant.
Dans le cas contraire, elle serait erronée pour une intensité négative.
4. Loi des mailles
Le comportement électrique d'un réseau possédant s nœuds et b branches est
caractérisé par les b courants des différentes branches et les s potentiels des
différents nœuds. On dispose, pour déterminer ces 𝑠 + 𝑏 grandeurs, de 𝑠 + 𝑏
équations linéaires, à savoir 5 équations de nœuds et b équations de branches.
En général, on ne s'intéresse qu'aux courants des différentes branches. Il y a
lieu d'éliminer les potentiels entre un certain nombre d'équations du système
complet des équations de nœuds et de branches pour ne conserver que des
équations ne contenant comme inconnues que les courants.
Remarquons qu'il n'y a en réalité que 𝑠 + 𝑏 − 1 inconnues. En effet, seules des
différences de potentiel interviennent dans la loi des branches. Autrement dit,
on peut fixer le potentiel d'un point du réseau à une valeur arbitraire sans
modifier le régime des courants. Comme le système a une solution physique
unique, l'une des équations de nœud est la conséquence des autres (ce résultat
traduit le principe de la conservation de l'électricité).
Pour déterminer les b courants, on dispose donc de s — 1 équations de nœuds
et 𝑏 − 𝑠 + 1 équations indépendantes, obtenues en éliminant les potentiels
dans les équations de branches. Le résultat mathématique de cette élimination
est appelé loi des mailles. Nous insistons sur le fait que ce n'est pas une loi
physique mais le résultat d'un travail mathématique fait une fois pour toutes.
Nous remarquons qu'il existe un grand nombre d'équations de mailles mais il
n'y en a que 𝑏 − 𝑠 + 1 indépendantes.
Ecrivons les équations de branches constituant une maille:
151

Figure 97

Nous voyons que l'élimination se fait simplement en ajoutant les équations


après avoir eu soin de disposer les différences de potentiel dans un ordre
correspondant à un sens de parcours de la maille (A, B, C, D, par exemple). On
multiplie pour cela par −1 les équations correspondant à des courants dirigés
en sens inverse du sens du parcours de la maille.
Il est facile de voir qu'on aboutit à la règle suivante: Lorsqu'on parcourt une
maille, la somme algébrique des f.é.m. est égale à la somme algébrique des
chutes de tension.
Les f.é.m. sont considérées comme positives si elles tendent à faire circuler un
courant dans le sens du parcours de la maille, comme négatives dans le cas
contraire. (Autrement dit, une f.é.m. est considérée comme positive si le sens
de parcours de maille entre par son pôle — et sort par son pôle +.)
Les chutes de tension dans les résistances sont précédées du signe + ou du
signe − selon que le sens positif du courant qui les traverse est ou non dirigé
dans le sens de parcours de maille.
5. Principe de superposition
Soient 𝑒1′ ,𝑒2′ , ... ,𝑒𝑛′ , les f.é.m. des générateurs ou récepteurs placés dans les
différentes branches d'un réseau. Les courants qui circulent sont 𝑖1′ ,𝑖2′ , ... ,𝑖𝑛′ .
Sans modifier les résistances des circuits, changeons les f.é.m. et soient 𝑒1′′,𝑒2′′,
... ,𝑒𝑛′′ les nouvelles valeurs. Les courants sont alors 𝑖1′′ ,𝑖2′′ , ... ,𝑖𝑛′′ . Si on place
simultanément en série dans les branches les f.é.m. 𝑒1′ et 𝑒1′′, 𝑒1′ et 𝑒2′′, ...,𝑒𝑛′ et
𝑒𝑛′′, il résulte des propriétés des équations linéaires que les courants qui
circulent sont 𝑒1′ +𝑒1′′.𝑒1′ +𝑒2′′, ...,𝑒𝑛′ +𝑒𝑛′′.
On peut énoncer le résultat suivant:
152

Dans un réseau, l'intensité du courant dans une branche est la somme des
intensités qui seraient produites par les différentes f.é.m. du réseau agissant
séparément.
6. Théorème de Thévenin
Si deux points A et B d'un réseau, entre lesquels existe une différence de
potentiel U, viennent à être réunis par une résistance R, le courant qui traverse
cette résistance est le même que celui qui serait fourni par un générateur de
f.é.m. U et de résistance 𝑅0 , 𝑅0 étant la résistance mesurée à partir des bornes
A et B du réseau lorsqu'on a remplacé toutes les f.é.m. par des courts-circuits.
Nous allons appliquer le principe de superposition:
Si on place entre A et B une résistance R et un générateur de f.é.m. U en
opposition avec la tension U, il ne passe aucun courant entre A et B et on ne
modifie pas l'état des courants dans le réseau. L'état (2) est la superposition
des états (3) et (4).
Donc
𝑖2 = 𝑖3 + 𝑖,
𝑈
comme𝑖2 = 0, 𝑖3 = − , (le signe — traduit le fait que lecourant a le sens
𝑅+𝑅0
opposé au sens positif choisi).

Figure 98
On a:
𝑈
𝑖= .
𝑅 + 𝑅0
153

On peut remarquer que lorsqu'on établit un court-circuit entre Aet B, R = 0 et


𝑈 𝑈
𝑖𝐶𝐶 = .On a par suite: 𝑈
𝑅0 𝑅+
𝑖𝐶𝐶

D'une façon générale: un réseau auquel on a accès par deux bornes est
équivalent à une f.é.m. égale à la tension à vide en série avec la résistance
interne (résistance équivalente au réseau lorsque toutes les f.é.m. ont été
remplacées par des courts-circuits).
7. Injecteur de courant
Si on connecte à un réseau une source de tension caractérisée par une f.é.m. E
𝐸 𝑈
en série avec une résistance R, le courant débité par le réseau est 𝑖 = − (U
𝑅 𝑅
tension aux bornes du réseau).
𝐸
Si la f.é.m. et la résistance sont très grandes pratiquement 𝑖 = . Le courant est
𝑅
fixé par le générateur indépendamment du réseau extérieur. On dit que le
générateur est un injecteur de courant que l'on représente par le symbole £
Un générateur est équivalent à une f.é.m. E en série avec une résistance r. On
peut également le caractériser par un injecteur de courant en parallèle avec
une résistance.

Figure 98 Bis
𝐸 𝑈
En effet, on a dans le premier cas 𝑖 = − que l'on peut identifier avec le
𝑟 𝑟
′ 𝑈
deuxième cas 𝑖 = 𝐼 − 𝑖 𝑜𝑢 𝑖 = 𝐼 = . On remarque que 𝐼 est le courant débité
𝑟
par le générateur dans la première représentation lorsqu'il est mis en court-
circuit.
En utilisant les résultats du théorème de Thévenin, on peut énoncer d'une
façon générale.
154

Un réseau auquel on a accès par deux bornes est équivalent à un injecteur de


courant (courant égal au courant de court-circuit) en parallèle avec la
résistance interne.
8. Théorème de Kenelly
Dans un réseau quelconque, une maille triangulaire A, B, C peut être remplacée
par une étoile OA, OB, OC, sans que le réseau se trouve modifié, à condition
d'avoir:

Figure 99
On doit avoir dans les deux cas les mêmes courants 𝐼𝐴 , 𝐼𝐵 , 𝐼𝐶 : pour les mêmes
potentiels 𝑉𝐴 , 𝑉𝐶 , 𝑉𝐶 .
On a
155

La loi des nœuds appliquée en 0 donne:

La relation (1) doit être vérifiée quels que soient 𝑉𝐴 − 𝑉0 , 𝑉𝐵 − 𝑉0 , 𝑉𝐶 − 𝑉0 ,


lorsque (2) est vérifiée.
En éliminant 𝑉𝐴 − 𝑉0 entre les équations (1) et (2), on a

Cette équation étant vérifiée quels que soient 𝑉𝐴 − 𝑉0 et 𝑉𝐵 − 𝑉0 ,


on a

𝑅𝐴 𝑅𝐵 +𝑅𝐵 𝑅𝐶 +𝑅𝐶 𝑅𝐴
On en déduit𝑅𝐶𝐴 = et les formulesanalogues par permutation
𝑅𝐵
circulaire.
𝑅𝐴𝐵 𝑅𝐴𝐶
De cet ensemble de formules on tire 𝑅𝐴 = et les formules
𝑅𝐴𝐵 +𝑅𝐵𝐶 +𝑅𝐶𝐴
analogues par permutation circulaire.
156

CHAPITRE VI
ÉLECTROMAGNÉTISME
VI.1. ACTIONS ENTRE COURANTS – INDUCTION MAGNETIQUE
1. Loi de Laplace
Lorsqu'on place au voisinage l'un de l'autre deux circuits parcourus par deux
courants on constate que ces circuits sont soumis à des forces. Les expériences
représentées ci-dessous dans lesquels un élément d'un circuit est mobile
mettent ce fait en évidence.

Figure 100 Figure 101


Divers dispositifs expérimentaux comme la balance de Cotton ou la balance de
Picard représentées ci-après, permettent de mesurer la force qui s'exerce sur
un élément de conducteur parcouru par un courant.
On constate expérimentalement que la force est proportionnelle à l'élément dl
et dépend du courant qui parcourt cet élément. On constate également que la
force dépend de l'autre circuit en particulier de sa forme et de son orientation.
Pour mesurer un courant, c'est à dire une circulation d'électrons on est amené
à choisir un phénomène qui en est la conséquence et qui est accessible aux
sens. On peut, par exemple, traduire la grandeur courant en une grandeur
force pour laquelle on définit l'égalité et la somme. Il est bien évident que le
phénomène choisi ainsi que la loi de correspondance (on prend la
proportionnalité) sont, dans une certaine mesure, arbitraires. On peut aussi,
pour mesurer le courant, choisir le phénomène électrolyse et prendre comme
grandeur traduite la masse d'argent déposé. L'expérience montre la
𝑄
concordance de ces points de départ avec la définition 𝐼 = basée sur
𝑡
l'écoulement des charges.
157

Figure 102 Figure 103


Nous avons dit précédemment qu'il résulte de l'expérience que la force qu'un
circuit exerce sur un élément de courant dépend de l'orientation relative. On
est donc amené à caractériser l'élément de courant qui subit l'action par le
⃗⃗⃗⃗ et l'ensemble des éléments qui produisent l'action par un champ
vecteur 𝐼𝑑𝑙
de vecteurs. Autrement dit, dans toute région où un élément de courant 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗
est soumis à une force, il existe un vecteur 𝐵 ⃗⃗ appelé induction magnétique.
Dans le système MKSA, l'unité d'induction magnétique est le tesla (T). Nous en
verrons par la suite la définition précise. Pour connaître l'expression de la force
qui est une fonction de 𝐼𝑑𝑙⃗⃗⃗⃗ et de 𝐵
⃗⃗ il faut encore recourir à l'expérience. Il est
possible de réaliser des régions où le vecteur B est uniforme (la force ne varie
⃗⃗⃗⃗ ) et a une direction déterminée
pas si on donne une translation à l'élément 𝐼𝑑𝑙
par des conditions de symétrie (intérieur d'un solénoïde). On constate alors
⃗⃗⃗⃗ et 𝐵
que la force est perpendiculaire aux vecteurs 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗ et ne fait intervenir que
la composante de 𝐵 ⃗⃗⃗⃗ . Autrement dit on peut représenter cette
⃗⃗ normale à 𝐼𝑑𝑙
1
force par un vecteur proportionnel à un produit vectoriel𝑑𝑓⃗ = 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ ∧ 𝐵
⃗⃗. Dans
𝛼
les systèmes d'unités usuels on fait: 𝛼 = 1 et on a

𝑑𝑓⃗ = 𝐼𝑑𝑙
⃗⃗⃗⃗ ∧ 𝐵
⃗⃗

Dans le cas d'un conducteur étendu on fait intervenir la densité de


courant⃗⃗; ⃗⃗⃗⃗ = 𝑗⃗𝑑𝑠𝑑𝑙 = 𝑗⃗𝑑𝜏 et la formule s'écrit: 𝑑𝑓⃗ = (𝑗⃗ ∧
𝑗 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐵)𝑑𝜏. Dans le cas
⃗⃗⃗⃗ = ⃗⃗⃗𝑑𝑠
d'une nappe de courant de densité superficielle 𝑗𝑠 on a 𝐼𝑑𝑙 𝑗𝑠 et la formule
s'écrit ⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ )𝑑𝑠.
𝑑𝑓 = (𝑗⃗⃗⃗⃗𝑆 𝐵 𝛬
158

2. Forces exercées sur des charges mobiles placées dans un champ


magnétique
En tenant compte que 𝑗⃗ = 𝜌𝑣⃗(𝜌 est la densité des charges mobiles animées de
la vitesse v) la loi de Laplace: 𝑑𝑓⃗ = (𝑗⃗ ∧ 𝐵
⃗⃗)𝑑𝜏 s’écrit:
𝑑𝑓⃗ = 𝜌𝑑𝜏(𝑣⃗ ∧ 𝐵⃗⃗)𝑑𝜏
Comme 𝜌𝑑𝜏 est la charge mobile 𝑑𝑞 de l'élément de volume 𝑑𝜏:

𝑑𝑓⃗ = 𝜌𝑑𝜏(𝑣⃗𝛬 𝐵
⃗⃗ )𝑑𝜏.
Une charge q animée d'une vitesse 𝑣⃗ placée dans un champ électrostatique 𝐸⃗⃗
⃗⃗ est soumise à une force:
et dans un champ d'induction 𝐵

𝐹⃗ = 𝑞(𝐸⃗⃗ + 𝑣⃗𝛬 𝐵
⃗⃗).

Cette formule est vérifiée par un grand nombre d'expériences et trouve son
application dans de nombreux appareils: oscillographes cathodiques, tubes de
télévision, microscope électronique, cyclotron...
On peut facilement réaliser l'expérience schématisée ci-après. Dans un tube
d'oscillographe cathodique, une cathode émet un pinceau d’électron
(convenablement focalisé). Le pinceau qui fait une tache i.e: h impact sur un
écran fluorescent peut être dévié par un champ électrostatique, produit en
appliquant une tension entre deux plaques déflectrices et par un champ
magnétique. De la mesure du déplacement du spot sur l'écran, on peut déduire
les déviations du pinceau et les forces subies par les électrons en passant dans
les régions où se manifeste le champ électrique ou le champ magnétique.
Dans un conducteur placé dans un champ magnétique, les électrons porteurs
des charges mobiles sont soumis à la force de Laplace 𝑑𝑓⃗ = 𝑑𝑞(𝑣⃗𝛬 𝐵
⃗⃗). Ces
particules, qui ont une masse très faible et une vitesse d'ensemble également
très faible, sont soumises à des forces d'inertie négligeables. Il en résulte que la
somme des forces appliquées est nulle. Les forces extérieures sont opposées
aux forces que les éléments fixes de la matière exercent sur les électrons.
Autrement dit, en appliquant le principe de l'action et de la réaction, on voit
que les électrons exercent sur les éléments fixes de la matière des forces égales
aux forces de Laplace.
159

Figure 104: Coupe d'un tube d'oscillographe


En d'autres termes, bien que les électrons soient mobiles dans la matière
conductrice, ils lui transmettent intégralement les forces extérieures qui leur
sont appliquées. La formule donne donc bien la force qui s'exerce sur un
élément du circuit.
Ce raisonnement est aussi bien valable si cet élément, au lieu d'être immobile,
est en mouvement avec une vitesse 𝑉 ⃗⃗0 . Les électrons subissent alors une force
magnétique supplémentaire mais les charges positives liées à la matière sont
soumises à la force opposée. Au total la formule 𝑑𝑓⃗ = 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗𝛬 𝐵
⃗⃗ appliquée à
l'élément de matière reste inchangée.
3. Travail des forces magnétiques lors du déplacement d'un circuit filiforme
Nous nous proposons d'évaluer le travail des forces électromagnétiques
lorsqu'on déplace un circuit filiforme parcouru par un courant.

Un déplacement élémentaire quelconque d'un élément de circuit ⃗⃗⃗⃗⃗𝑑𝑙 la somme


d'une translation élémentaire et d'une rotation élémentaire. Examinons le
travail de la force élémentaire appliquée à l'élément ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙dans ces deux cas.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = ⃗⃗⃗⃗
Soit un élément 𝑀𝑃 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗. La force qui
𝑑𝑙 soumis à la translation élémentaire 𝑀𝑀′
s'exerce sur l'élément est 𝑑𝑓⃗ = 𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ 𝛬𝐵
⃗⃗ et le travail au cours du déplacement
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗:
𝑀𝑀′
⃗⃗⃗⃗ 𝛬𝐵
𝑑𝜁 = (𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝐼(𝑀𝑀
⃗⃗)𝑀𝑀′ ⃗⃗⃗⃗ )𝐵
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗′ 𝛬𝑑𝑙 ⃗⃗.

Le produit vectoriel⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑀𝑀′ 𝛬𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ est numériquement égal à l'aire 𝑑𝑠 du
parallélogramme 𝑀𝑃𝑃′𝑀′. Plus précisément, c'est le vecteur représentatif de
160

cette surface, quand on choisit sur son contour le sens inverse de celui du
courant 𝐼.
On peut définir le flux d'induction par l'expression:
Le flux d'induction 𝑑𝛷 qui traverse la surface 𝑀𝑃𝑃′𝑀′ orientée comme il vient
d’être dit est:
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗′ 𝛬𝑑𝑙
𝑑𝛷 = (𝑀𝑀 ⃗⃗⃗⃗ )𝐵
⃗⃗.

Fig. 105
⃗⃗⃗⃗ au cours de son déplacement.
𝑑𝛷 est appelé le flux coupé par l'élément 𝑑𝑙
On a
𝑑𝜁 = 𝐼𝑑𝛷
Examinons maintenant le cas d'une rotation élémentaire; on a

𝑑𝑓. ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝜁 = ⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑄𝑄′

ou
⃗⃗⃗⃗𝛬 𝐵
𝑑𝜁 = (𝐼𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝐼 (𝑄𝑄′
⃗⃗ )𝑄𝑄′ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝛬 ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗.
𝑑𝑙 ) . 𝐵

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑄𝑄′𝛬 ⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ représentatif de l'aire 𝑀𝑃𝑃′ quand on choisit sur son
𝑑𝑙 est le vecteur 𝑑𝑠
contour le sens inverse de celui du courant 𝐼. Le flux coupé est encore 𝑑𝛷 =
⃗⃗⃗⃗⃗. 𝐵
𝑑𝑠 ⃗⃗ et le travail 𝑑𝜁 = 𝐼𝑑𝛷.
161

Figure 106
Le travail 𝜁 des forces électromagnétiques appliquées à un arc quelconque d'un
circuit filiforme lorsqu'on le déplace est obtenu par l'intégration de l'expression
précédente:
𝜁 = 𝐼∆𝛷
∆𝛷 représente le flux total coupé par l'arc considéré au cours de son
déplacement.
4. Conservation du flux du vecteur induction
Lorsqu'on déplace un circuit fermé de la position 𝐶1 à la position 𝐶2 le travail
des forces électromagnétiques est, comme nous venons de le voir, égal à
𝜁 = 𝐼𝛷𝐶 , 𝛷𝐶 étant le flux coupé par le circuit.
Considérons la surface fermée constituée par deux surfaces 𝑆1 et 𝑆2 s'appuyant
sur 𝐶1 et 𝐶2 et par la surface balayée par le circuit au cours de son
déplacement et soient 𝛷1 et 𝛷2 les flux du vecteur induction𝐵 ⃗⃗ à travers 𝑆1 et
𝑆2 .

Figure 107
162

L'orientation de la normale extérieure à 𝑆2 considérée comme positive entraîne


l'orientation de la normale à 𝑆1 . Compte tenu de ces conventions il est facile de
voir que le flux 𝛷𝑆 sortant à travers la surface S est 𝛷𝑆 = Φ2 − Φ1 − ΦC .
Le travail des forces électromagnétiques est donc
ζ = I(Φ2 − Φ1 ) − 𝐼𝛷𝑆 .
Ce travail dépend uniquement de la position initiale et de la position finale du
circuit si 𝛷𝑆 =0; il faut que le flux du vecteur induction à travers toute surface
fermée soit nul. Nous sommes donc amenés à admettre comme une
proposition vérifiée par la concordance avec l'expérience des résultats qu'on en
tire que le vecteur 𝐵⃗⃗ est à flux conservatif.

Ceci se traduit encore par


⃗⃗ = 0 .
𝑑𝑖𝑣𝐵
Pour un déplacement élémentaire le travail des forces électromagnétiques
appliquées à un circuit filiforme est 𝑑𝜁 = 𝐼𝑑𝛷 , 𝑑𝛷 représentant maintenant la
variation du flux embrassé par le circuit.
Le travail des forces électromagnétiques lorsqu'on amène le circuit de l'infini
où il n'est traversé par aucun flux à une position où il est traversé par le flux 𝛷
est 𝜁 = 𝐼𝛷.
5. Travail des forces magnétiques lors du déplacement d'un circuit non
filiforme
Décomposons un circuit, dont les dimensions transversales ne peuvent plus
être négligées, en circuits filiformes constitués par des tubes de courant
𝐶1 , 𝐶2 , … 𝐶𝑛 de sections infiniment petites.
Lorsqu'on amène le circuit de l'infini où l'induction est nulle à une position où
les circuits élémentaires parcourus par les courants 𝐼1 , 𝐼2 , … 𝐼𝑛 sont traversés
par les flux 𝛷1 , 𝛷2 , … 𝛷𝑛 , le travail des forces électromagnétiques est:

où en introduisant le courant total 𝐼 = 𝐼1 + 𝐼2 , … 𝐼𝑛 :


163

en est amené, pour identifier cette expression à la formule 𝜁 = 𝐼𝛷 établie pour


un circuit filiforme, à définir le flux embrassé par un circuit non filiforme par la
quantité:

ou en passant à la limite:
∫ 𝜱𝒊 𝒅𝑰
𝜱= .
𝑰
Avec cette définition du flux à travers le circuit, on voit facilement que le travail
élémentaire des forces électromagnétiques lors d'un déplacement élémentaire
du circuit est donné par 𝑑𝜁 = 𝐼𝑑𝛷.
6. Détermination des éléments de réduction du système de forces appliquées
à un circuit filiforme
Le travail élémentaire d'un circuit dont la position est caractérisée par les
paramètres 𝑥, 𝑦, ʓ, 𝛼, 𝛽, 𝛾 au cours d'un déplacement virtuel élémentaire défini
⃗⃗⃗⃗⃗(𝑑𝛼, 𝑑𝛽, 𝑑 𝛾) est égal à I
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (𝑑𝑥, 𝑑𝑦, 𝑑ʓ) et la rotation 𝑑𝜃
par la translation 𝑑𝑂𝑀
d0, expression où d<D représente la variation de flux à travers le circuit au
cours du déplacement. Si 𝐹⃗ (𝑋, 𝑌, 𝑍) et 𝛤⃗(𝐿, 𝑀, 𝑁) sont les éléments de
réduction du système de forces électromagnétiques appliqué au circuit:
⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝐼𝑑𝛷
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ + 𝛤⃗𝑑𝜃
𝑑𝜁 = 𝐹⃗ 𝑑𝑂𝑀
ou
164

Appliquons, à titre d'exemple, les résultats précédents à l'évaluation du couple


qui s'exerce sur le cadre d'un galvanomètre magnéto-électrique (à cadre
mobile).
a) Le cadre est placé dans un champ uniforme.
En repérant la position du cadre de surface S par rapport à la position pour
laquelle le flux est nul (cadre parallèle au champ), on a:
𝛷 = 𝑛 𝑆𝐵𝑠𝑖𝑛 𝛼
(nnombre de spires du cadre).

Figure 108
𝜕𝛷
Le couple est 𝛤 = 𝐼 ou 𝛷 = 𝑛 𝑆𝐵𝐼 𝑐𝑜𝑠 𝛼.
𝜕𝛼

Figure 109
b) Le cadre est placé dans un champ radial (concentration des lignes de force
par un cylindre en fer doux).
Soient 2𝑅 et 𝑙 les dimensions du cadre supposé rectangulaire.
𝛷 = 2𝑅𝛼. 𝑙. 𝑛𝐵
𝛷 = 𝑛𝑆𝐵𝛼
𝜕𝛷
𝛤=𝐼 𝑜𝑢 𝛤 = 𝑛 𝑆𝐵𝐼.
𝜕𝛼
Au couple moteur ainsi défini, on oppose un couple résistant, proportionnel à
l'angle de rotation, produit par un ressort spirale ou un couple de torsion. On a
𝛤 = −𝑘𝛼 ou 𝑛 𝑆𝐵𝐼 = 𝑘𝛼,
165

1
𝛼= 𝑛 𝑆𝐵. 𝐼.
𝑘
7. Forces exercées sur un circuit de faibles dimensions
Lorsque les dimensions d'un circuit sont faibles devant les distances aux
éléments qui produisent le champ, on peut considérer que le circuit se trouve
placé dans une induction uniforme. Le flux qu'il embrasse est :

⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝐵
⃗⃗𝑑𝑠
𝛷 = ∬𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ ∬ 𝑑𝑠
𝑆
Le vecteur B ds est indépendant de la surface qui s'appuie sur le circuit. En effet
si 𝑢
⃗⃗ est un vecteur unitaire quelconque, la quantité 𝑢
⃗⃗ = ∬ 𝑢 ⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑢
⃗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗, flux
⃗⃗ ∬ 𝑑𝑠
du vecteur u à travers S, est constante car le vecteur « est à flux conservatif
(div𝑢 ⃗⃗⃗⃗⃗sur un axe quelconque (défini par 𝑢
⃗⃗ = 0). La projection du vecteur∬ 𝑑𝑠 ⃗⃗)
𝑆
ne dépendant que du contour qui limite la surface S, il en est de même de ce
vecteur.
Le travail élémentaire des forces électromagnétiques, au cours de l'un
déplacement élémentaire du circuit parcouru par un courant constant, est
𝑑𝜁 = 𝐼𝑑𝛷 𝑜𝑢 𝑑𝜁 = 𝑑(𝐼𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗).
⃗⃗ ∬ 𝑑𝑠
𝑆

𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗⃗ = 𝐼 ∬ 𝑑𝑠
𝑆
𝑑𝜁 = 𝑑(𝑚 ⃗⃗)
⃗⃗⃗. 𝐵
Cette expression est la même que celle qui donne le travail d'un dipôle de
moment 𝑚 ⃗⃗⃗ que l'on déplace. Il en résulte que les forces appliquées au circuit
sont les mêmes que celles qui seraient appliquées au dipôle de moment 𝑚 ⃗⃗⃗ =
𝐼 ∬ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑆
𝑑𝑠 placé dans le champ.

8. Effet Hall
Lorsqu'on fait circuler un courant dans une plaque mince parallélépipédique,
les lignes de courant sont des droites parallèles aux bords de la plaque.

Conformément à la loi d'Ohm 𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ , il en est de même des lignes de champ.


Les équipotentielles sont normales aux bords de la plaque et deux points 𝑀 et
𝑀′ situés dans le même plan normal aux arêtes sont au même potentiel.
166

Figure 110

Si nous établissons un champ d'induction magnétique 𝐵 ⃗⃗ normal à la plaque, les


électrons, au lieu d'être soumis à la force −𝑒𝐸⃗⃗ , sont soumis à la force −𝑒(𝐸⃗⃗ +
⃗⃗).
⃗⃗⃗⃗𝛬 𝐵
𝑣
Les lignes de courant devant rester parallèles aux bords de la plaque
(conditions aux limites 𝑗𝑁 = 0), il en résulte une déformation des lignes de
champ et l'apparition d'une différence de potentiel entre M et 𝑀′.

Dans l'expression de la loi d'Ohm 𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ , le champ électrostatique est


remplacé par la somme du champ électrostatique et du champ électromoteur
d'induction.

On a⃗⃗𝑗 = 𝛾(𝐸⃗⃗ + 𝑣 ⃗⃗) ou, en tenant compte que 𝑗⃗ = 𝜌𝑣⃗ = −𝑁 𝑒𝑣⃗ (N nombre
⃗⃗⃗⃗𝛬 𝐵
d'eléctrons libres par unité de volume):
𝛾
𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ − ⃗⃗.
𝑗⃗⃗𝛬 𝐵
𝑁𝑒

Projetons cette expression vectorielle sur les axes représentés sur la figure.
Les composantes des vecteurs sont

Le champ électrique est parallèle au plan de la plaque et ses composantes sont


167

En faisant intervenir le courant 𝐼 = 𝑎𝑑𝑗 (𝛼 et d étant la largeur et l'épaisseur de


la plaque), on a
𝐼𝐵
𝑉=−
𝑁𝑒𝑑
Comme exemple, nous allons calculer pour une plaquette d'épaisseur d =2mm
parcourue par un courant de 50 mA, placée dans un champ d'induction de 0,2
T, la tension de Hall pour du cuivre et pour du germanium.
Pour le cuivre, on a trouvé précédemment:

Pour le germanium, on a:

VI.2. CHAMP PRODUIT PAR UN COURANT


1. Champ d'excitation
Lorsqu'un élément de circuit est soumis à une force électromagnétique c'est
qu'il se trouve dans une région où existe une induction. Cette induction est due
à la circulation de courants dans des circuits et au milieu qui s'est trouvé
modifié par ceux-ci. Il est intéressant de séparer la cause première: circulation
des courants et la cause seconde: modification du milieu. La première cause
doit être une grandeur vectorielle puisque son effet fait intervenir l'orientation
du circuit. Par contre la modification du milieu, si celui-ci n'a pas de direction
privilégiée, doit être caractérisée par un scalaire.
L'induction magnétique apparaît donc comme le produit de deux grandeurs, le
champ d'excitation, vecteur qui caractérise la circulation des courants dans les
168

différents circuits en cause et la perméabilité, scalaire qui en chaque point de


l'espace caractérise le milieu.
On a donc
⃗⃗ = 𝜇𝐻
𝐵 ⃗⃗

⃗⃗, 𝜇 𝑒𝑡 𝐻
𝐵 ⃗⃗ étant des fonctions de la position du point où on définit ces
expressions.
Dans le vide la perméabilité est une constante que l'on désigne par 𝜇0 ; cette
constante dépend du système d'unités choisi. Dans le système CGSEM on
l'avait prise égale à 1 ce qui occasionnait une confusion entre l'induction et
l'excitation, grandeurs qui se trouvaient représentées par des vecteurs égaux.
Pour simplifier d'autres formules on adopte dans le système MKSA pour la
perméabilité du vide la valeur
𝜇0 = 4𝜋. 10−7
2. Champ produit par un courant rectiligne
L'étude dans le vide ou dans l'air, ce qui est sensiblement la même chose, du
champ d'induction produit par un conducteur rectiligne suffisamment long
montre que les lignes de force sont des cercles coaxiaux au conducteur (on
peut utiliser par exemple la balance de Cotton).
Le champ d'excitation est proportionnel au champ d'induction. Nous allons
utiliser ce champ qui caractérise les circuits indépendamment du milieu.

Figure 111
L'expérience montre que l'intensité du champ est proportionnelle au courant 𝐼
et inversement proportionnelle à la distance d du point au conducteur
rectiligne.
On a
169

𝐼
𝐻=𝑘
𝑑
3. Action mutuelle de deux courants rectilignes parallèles — Définition de
l'ampère
Deux conducteurs rectilignes parallèles 𝐶1 et 𝐶2 parcourus par des courants
𝐼1 et 𝐼2 exercent des forces l'un sur l'autre. En chaque point du conducteur 𝐶2 ,
𝐼
le conducteur 𝐶1 crée un champ d'excitation 𝐻 = 𝑘 .
𝑑
𝑘𝐼1
⃗⃗ = 𝜇0
L'induction 𝐵 est normale au plan des conducteurs 𝐶1 et 𝐶2 . Il est
𝑑
facile de voir que la force F = I2B qui s'exerce sur une longueur 𝑙 du
conducteur𝐶2 est dans le plan des conducteurs 𝐶1 et 𝐶2 , perpendiculaire à
ceux-ci, et que 𝐹⃗ est une attraction ou une répulsion selon que les courants
sont de même sens ou de sens contraire.
La force a pour valeur
𝐼1 𝐼2 𝑙
𝐹 = 𝜇0 𝑘. .
𝑑

Figure 112
Nous avons dit précédemment que l'ampère est défini au moyen de
phénomènes électromagnétiques.
L'ampère est l'intensité d'un courant constant qui, maintenu dans deux
conducteurs parallèles, rectilignes, de longueur infinie de section circulaire
négligeable, placés à une distance de 1 mètre l'un de l'autre dans le vide
produit entre ces conducteurs une force égale à 2.10−7 newton par mètre de
longueur.
170

Il résulte de cette définition que l'on a entre les coefficients 𝜇0 et k la relation


𝜇0 𝑘 = 2.10−7 .
Nous avons vu que dans le système MKSA rationalisé on pose à priori
1
𝜇0 = 4𝜋. 10−7 . Il en résulte que 𝑘 = et que le champproduit par un
2𝜋
conducteur rectiligne vaut
1 𝐼
𝐻= .
2𝜋 𝑑
4. Travail du champ produit par un conducteur rectiligne parcouru par un
courant
Calculons le travail du champ magnétique produit par un courant rectiligne le
long d'un contour 𝛤 qui tourne une fois dans le sens positif autour du fil orienté
dans le sens du courant

⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝜁=∫ 𝐻 𝑑𝑙 .
𝛤

En coordonnées semi-polaires on a

ou finalement
𝜻=𝑰

Figure 113
171

La même intégrale calculée le long d'un contour 𝛤 qui n'entoure pas le fil vaut
zéro puisque 0 reprend en fin de parcours sa valeur initiale.
5. Loi d'Ampère
Faisons intervenir la densité de courant 𝑗⃗ dans le conducteur.

⃗⃗⃗⃗⃗. On peut prendre comme surface d'intégrationune


Par définition 𝐼 = ∬𝑆 𝑗⃗𝑑𝑠
surface quelconque s'appuyant sur le contour 𝛤 puisqu'en dehors du
conducteur 𝑗⃗ = 0 et que la surface est traversée un nombre impair de fois par
le conducteur.
D'autre part le théorème de Stokes fournit

⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
∫ 𝐻 ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ 𝑑𝑠
𝑑𝑙 = ∬ 𝑟𝑜𝑡𝐻
𝛤
𝑆

d'où

⃗⃗⃗⃗⃗ = ∬ 𝑟𝑜𝑡
∬ 𝑗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ .
⃗⃗𝑑𝑠
̅̅̅̅̅𝐻
𝑆 𝑆

La relation étant vraie quel que soit S équivaut à


⃗⃗ = 𝑗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐻
𝑟𝑜𝑡
Cette relation dite de Maxwell-Ampère montre que H ne dérive pas d'un
potentiel uniforme.
Nous avons démontré cette relation dans le cas particulier d'un conducteur
rectiligne. Nous allons poser qu'elle est vraie dans le cas d'un système
quelconque de conducteurs parcourus par des courants. La vérification de cette
assertion est donnée par la concordance avec la réalité physique, des
conséquences qu'on en déduit.

On donne à la relation ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝑟𝑜𝑡𝐻 ⃗⃗ = 𝑗⃗une forme intégrale connue sous le nom de loi
d'Ampère.
Considérons un ensemble de conducteurs parcourus par des courants et un
contour 𝛤 fermé. Orientons le contour. Les normales à une surface S
s'appuyant sur 𝛤 se trouvent orientées. Comptons les courants qui traversent
la surface S comme positifs ou négatifs selon que leur sens est dirigé ou non
dans le sens de la normale positive à S.
172

Evaluons le travail du champ le long du contour 𝛤:

⃗⃗𝑑𝑙⃗ = ∬ 𝑟𝑜𝑡
∫ 𝐻 ⃗⃗𝑑𝑠⃗ = ∬ 𝑗⃗𝑑𝑠⃗.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐻
𝛤
𝑆

En remplaçant ∬𝑆 𝑗⃗𝑑𝑠⃗ par ∑ 𝐼, on trouve la loi d'Ampère:

⃗⃗ 𝑑𝑙⃗ = ∑ 𝐼.
∫ 𝐻
𝑆

En résumé, dans un milieu continu le champ d'excitation est relié à la densité


de courant par la relation
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝐻 ⃗⃗ = 𝑗⃗

Si on a une nappe de courant superficiel la relation prend une autre forme.


La loi d'Ampère appliquée à un contour fermé comprenant deux segments
situés de part et d'autre de la nappe et parallèles à celle-ci reliés par deux
segments infiniment petits normaux à la nappe donne

ou en simplifiant

Figure 114
6. Unités magnétiques
L'unité de flux d'induction est le weber (Wb). Elle est définie à partir des
phénomènes d'induction électromagnétique; nous en verrons la définition
précise au chapitre VIII.
L'unité d'induction est le tesla (T). Elle dérive de l'unité de flux. C'est l'induction
magnétique uniforme qui répartie normalement sur une surface de 1 mètre
carré produit à travers cette surface un flux magnétique total de 1 weber.
173

L'unité de champ d'excitation est définie à partir de la loi d'Ampère. C'est


Ampère-tour par mètre (At/m).
7. Potentiel vecteur
Le champ magnétique d'excitation et l'induction magnétique reliéspar la
⃗⃗ = 𝜇𝐻
relation 𝐵 ⃗⃗ sont donnés en chaque point de l'espace par les équations aux
dérivées partielles 𝑑𝑖𝑣𝐵⃗⃗ = 0 et ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝐻 ⃗⃗ = 𝑗⃗. Pour intégrer ces équations, on est
amené à introduire une grandeur intermédiaire: le potentiel vecteur.

La relation 𝑑𝑖𝑣𝐵 ⃗⃗ = 0 qui traduit le fait que l'induction magnétique est un


vecteur à flux conservatif entraîne que 𝐵 ⃗⃗ peut être égalé au rotationnel d'un
vecteur 𝐴⃗. On traduit le fait en disant que 𝐵⃗⃗ dérive d'un potentiel vecteur 𝐴⃗ ;
autrement dit :𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐴⃗.
⃗⃗ = 𝑟𝑜𝑡

𝑟𝑜𝑡𝐴⃗ = 0 s'écrit, compte tenuque 𝐵


La relation de Maxwell-Ampère⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ = 𝜇𝐻
⃗⃗ :

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝐵 ⃗⃗ = 𝜇𝑗.
⃗⃗
On a alors ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ = 𝜇𝑗.
𝑟𝑜𝑡𝐵 ⃗⃗

En utilisant l'identité ∆𝐴⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑑𝑖𝑣 𝐴 − 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐴⃗ on a
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑟𝑜𝑡

∆𝐴⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑑𝑖𝑣 𝐴 − 𝜇𝑗. ⃗⃗

Le vecteur 𝐴⃗ défini par son rotationnel n'est fixé qu'à un gradient près. Pour
simplifier l'expression du potentiel vecteur on prend parmi l'infinité de
fonctions possibles celle qui satisfait également à l'équation𝑑𝑖𝑣𝐴⃗ = 0. On
démontre qu'il existe alors une solution unique pour 𝐴⃗.

Il en résulte que 𝐴⃗ satisfait à l'équation ∆𝐴⃗ + 𝜇𝑗⃗ = 0.


⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
En résumé, le vecteur induction 𝐵 ⃗⃗ qui satisfait aux relations{ 𝑑𝑖𝑣 𝐵 = 0 peut
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐵 = 𝜇𝑗⃗
⃗⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
être défini par𝐵 𝑟𝑜𝑡 𝐴 avec 𝐴⃗ satisfaisant à :
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑖𝑣 𝐴 = 0
{ .
∆𝐴⃗ + 𝜇𝑗⃗ = 0

L'équation vectorielle ∆𝐴⃗ + 𝜇𝑗⃗ est équivalente à


174

∆𝐴𝑥 + 𝜇𝑗𝑥 = 0
{∆𝐴𝑦 + 𝜇𝑗𝑦 = 0
∆𝐴𝑧 + 𝜇𝑗𝑧 = 0
Chacune des équations a la même forme que l'équation de Poisson
𝜌
∆𝑉 + = 0 rencontrée en électrostatique. De cette dernière, on avaitdéduit
𝜀0
1 𝜌𝑑𝜏 𝜇 𝑗𝑥 𝑑𝜏
𝑉= ∭ . Il en résulte que l'on a𝐴𝑥 = ∭ et des relations
4𝜋𝜀0 𝑟 4𝜋 𝑟
analogues pour les autres composantes, ce qui se condense en
𝜇 𝑗⃗𝑑𝜏
𝐴⃗ = ∭ .
4𝜋 𝑟
Cette intégrale doit être étendue à tout le volume occupé par les courants; r
représente la distance de l'élément de volume di au point où on calcule 𝐴⃗. On
peut aussi bien l'étendre à tout l'espace puisque 𝑗⃗ = 0 aux points où il n'y a pas
de courant.

Le potentiel vecteur 𝐴⃗ défini par la relation précédente satisfait à 𝑑𝑖𝑣𝐴⃗ = 0. En


effet:

L'intégrale de contour est étendue à une ligne de courant sur chaque


conducteur. Les lignes de courant se refermant l'intégrale est nulle
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1 1 1
(∫ 𝑔𝑟𝑎𝑑 ⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑙 = − = 0).
𝑟 𝑟1 𝑟1

⃗⃗ est définie par 𝐵


En tous les points de l'espace l'induction 𝐵 ̅̅̅̅𝐴⃗ avec 𝐴⃗ =
⃗⃗ = 𝑟𝑜𝑡
𝜇 𝑗⃗𝑑𝜏
∭ .
4𝜋 𝑟

⃗⃗⃗⃗ .
Dans le cas d'un circuit filiforme, on peut écrire 𝑗⃗𝑑𝜏 = 𝐼𝑑𝑙
On a alors :
175

⃗⃗⃗⃗
𝜇 𝐼𝑑𝑙
𝐴⃗ = ∫
4𝜋 𝑟
8. Loi de Biot et Savart
Calculons l'induction produite en M par un circuit filiforme.
𝜇 ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐼𝑑𝑙
Pour cela portons 𝐴⃗ = ∫ ̅̅̅̅𝐴⃗
⃗⃗ = 𝑟𝑜𝑡
dans la formule 𝐵
4𝜋 𝑟

𝜇 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐼𝑟𝑜𝑡 𝑀 𝑑𝑙
⃗⃗ =
𝐵 ∫
4𝜋 (𝐶) 𝑟

Figure 115

L'identité 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐴⃗ + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑉𝐴⃗ = 𝑉 𝑟𝑜𝑡 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑉 𝛬𝐴⃗ permet d'écrire
⃗⃗⃗⃗ 1
𝑑𝑙 1
𝑟𝑜𝑡𝑀 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝑀 𝑑𝑙 + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 ( ) 𝛬𝑑𝑙
𝑟 𝑟 𝑟
⃗⃗⃗⃗ est indépendant de M, 𝑟𝑜𝑡𝑀 𝑑𝑙
Or 𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ est donc nul. On a finalement

𝜇 1
⃗⃗ =
𝐵 ∫ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 ( ) 𝛬𝐼 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙
4𝜋 (𝐶) 𝑟

et le champ d'excitation

1 1
⃗⃗ =
𝐻 . ∫ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 ( ) 𝛬𝐼 𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗
4𝜋 (𝐶) 𝑟

Il ressort de l'expression mathématique du champ que, au point devue du


calcul, tout se passe comme si chaque élément ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 de circuit produisait un
champ magnétique élémentaire :
1 1
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐻 = . ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 ( ) 𝛬𝐼 ⃗⃗⃗⃗𝑑𝑙
4𝜋 𝑟
176

Nous insistons sur le fait qu'il s'agit là d'une simple équivalence mathématique,
car en courant continu un élément de circuit ne peut pas être isolé.
1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1
⃗⃗ =
Par contre la formule intégrale𝐻 . ∫(𝐶) 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 𝛬𝐼 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙s'esttoujours
4𝜋 𝑟
trouvée vérifiée par l'expérience dans toutes ses applications, ce qui justifie la
loi d'Ampère d'où nous sommes partis.
1 1
En se rappelant que 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑀 est un vecteur égal à porté par
𝑟 𝑟2

MP et dirigé de M vers P, on peut énoncer le résultat suivant:


Pour le calcul du champ produit par un conducteur filiforme, on peut
considérer que chaque élément de circuit produit un champ élémentaire,
perpendiculaire au plan formé par le point M, où on calcule le champ, et
l'élément de circuit dirigé dans un sens tel qu'un observateur traversé des
pieds vers la tête par le courant et regardant le point M ait le champ dirigé vers
1 𝐼𝑑𝑙 sin 𝜃
sa gauche, et dont la valeur est 𝑑𝐻 = , 𝜃 étant l'angle de l'élément de
4𝜋 𝑟2
conducteur et de ladroite qui joint cet élément au point M.
9. Potentiel scalaire d'un courant filiforme fermé
Le champ produit par un circuit filiforme parcouru par un courant dérive d'un
potentiel non uniforme. Nous allons démontrer que 𝐻 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑈avec
𝐼Ω
𝑈= , expression dans laquelle Ω est l'anglesolide sous lequel on voit du
4𝜋
point M une surface quelconque S s'appuyant sur le contour C du circuit (plus
précisément il s'agit de la face qui ne porte pas la normale positive, elle-même
définie à partir du sens positif du courant selon les conventions habituelles).

Figure 116
⃗⃗⃗⃗⃗, l'angle solide Ω qui
Quand le point M où on calcule le champ se déplace de 𝑑𝜆
est une fonction des coordonnées du point M varie de 𝑑Ω = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑔𝑟𝑎𝑑 Ω. ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝜆. Il est
177

clair que l'on produit une même variation 𝑑Ω de Ω en donnant au circuit une
translation élémentaire −𝑑𝜆⃗⃗⃗⃗⃗. Evaluons 𝑑Ω. La normale positive à la surface S
qui s'appuie sur le contour étant liée au sens de parcours sur le contour par les
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑢.𝑢 ⃗⃗
conventions habituelles, il est facile de voir que 𝑑Ω = ∬ .Dans cette
𝑟2
expression 𝑑𝑠 est un élément de surface de l'aire balayée par le circuit C
lorsqu'il subit la translation ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝜆, 𝑑𝑠⃗⃗⃗⃗⃗ est le vecteur normal de mesure ds dirigé
vers l'extérieur du volume engendré par le déplacement de la surface S, 𝑢 ⃗⃗ est le
vecteur unitaire de 𝑀𝑃 et 𝑟 = 𝑀𝑃. On a

On en déduit

ou encore

et finalement, compte tenu que 𝑑Ω = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝑔𝑟𝑎𝑑 Ω. ⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝜆,

Le champ magnétique est donné par la formule de Biot et Savart:

on a donc

Il est facile de voir que si on calcule le travail du champ le long d'un contour
fermé entourant le circuit, l'angle solide varie de 4𝜋 et on trouve 𝜁 = 𝐼, ce qui
est conforme à la loi d'Ampère.

10. Champ produit à grande distance par un circuit


178

Nous avons vu que le champ magnétique dérive du potentiel nonuniforme =


𝐼Ω
− , Ω étant l'angle sous lequel on voit le circuit dupoint où on calcule le
4𝜋
champ 𝐻 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑈.
Soit S une surface s'appuyant sur le contour du circuit. Orientons cette surface
de façon que le courant circule dans le sens positif. Lesens de la normale
positive est fixé. La M face qui ne porte pas la normale positive est vue de M
⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠.𝑢 ⃗⃗
sous l'angle solide Ω tel que 𝑑Ω = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗) ou encore
⃗⃗: vecteur unitairede 𝑀𝑃
(𝑢
𝑟2

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
1
⃗⃗⃗⃗⃗𝑔𝑟𝑎𝑑𝑃 .
𝑑Ω = −𝑑𝑠
𝑟

Figure 117
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1
Si le circuit est assez éloigné du point M, 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑃 a la mêmevaleur pour tous les
𝑟
points P de la surface S et

.
⃗⃗⃗⃗⃗ne dépendque du contour
Nous avons vu précédemment que le vecteur ∬𝑆 𝑑𝑠
⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑚
de la surface S. On pose, comme nous l'avons déjà fait 𝐼 ∬𝑆 𝑑𝑠 ⃗⃗⃗et on a :
1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1 ⃗⃗
𝑈 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝐻 = 𝑚
⃗⃗⃗. 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑃 et𝐻 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
= −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑀𝑈
4𝜋 𝑟

On reconnaît les formules qui donnent le potentiel et le champ d'un dipôle.


179

Un circuit électrique produit à une distance grande devant sesdimensions le


mêmechamp qu'un dipôle de moment 𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗.
⃗⃗⃗ = 𝐼 ∬ 𝑑𝑠
Si le circuit est plan, on choisit la surface plane S qui le limite comme surface
d'intégration, 𝑚⃗⃗⃗ est perpendiculaire au plan du circuit et vaut𝑚
⃗⃗⃗ = 𝐼𝑆.
On peut se demander comment concilier le fait que le champ d'un dipôle
dérive d'un potentiel uniforme alors qu'il n'en est pas de même du champ
produit par le circuit. Si on exclut un petit volume qui renferme le circuit, aucun
des contours fermés que l'on peut tracer dans l'espace n'enlace le circuit.
D'après la loi d'Ampère, la circulationdu champ magnétique 𝐻 ⃗⃗ le long de ces
contours est nul, ce qui montrebien que 𝐻 ⃗⃗ dérive d'un potentiel uniforme.

11. Champ produit par un fil rectiligne de longueur finie


Un fil rectiligne parcouru par un courant I produit en un point M un champ
magnétique perpendiculaire au plan formé par le fil et par M:

𝐈
𝐇= (𝐬𝐢𝐧𝛉𝟐 − 𝐬𝐢𝐧𝛉𝟏 )
𝟒𝛑𝐝

Figure 118
Cette formule permet de calculer par exemple le champ produit par un
bobinage rectangulaire.
𝜋 𝜋
Si le fil a une longueur infinie θ2 = , θ1 = − et :
2 2

𝐼
H= .
2𝜋𝑑
12. Champ produit par une spire circulaire en un point de son axe
180

Par raison de symétrie, le champ en un point M' de l'axe est portépar l'axe. Soit
𝜃 l'angle sous lequel le rayon R de la spire est vu de M.
𝐼𝑑𝑙
Le champ produit par un élément 𝑑𝑙 est perpendiculaire à 𝑀𝑃et vaut .
4𝜋𝑟 2
Sa composante suivant l'axe est
𝐼𝑑𝑙 sin 𝜃
4𝜋𝑟 2

Figure 119
𝐼𝑑𝑙 sin 𝜃 2𝜋 𝑅 sin 𝜃
Le champ total vaut 𝐻 = ∫ = 𝐼.
4𝜋𝑟 2 4𝜋𝑟 2
𝑅
En tenant compte que 𝑟 =
sin 𝜃
𝐼
𝐻= sin3 𝜃
2𝑅
𝑅
En remplaçant 𝑠𝑖𝑛𝜃 par
√𝑅 2 +𝑧 2

𝐼 1
𝐻=
2𝑅 𝑧 2 3/2
(1 + 𝑅2)

Au centre de la spire on a
𝐼
𝐻=
2𝑅
Le calcul du champ en tout point hors de l'axe entraîne l'emploi d'intégrales
elliptiques et ne donne pas de résultat simple.
13. Champ produit par un solénoïde
En un point de l'axe d'une bobine longue ayant N spires et une longueur 𝑙, le
champ est, par raison de symétrie, dirigé selon l'axe.
181

En appliquant le résultat du paragraphe précédent, on voit que les spires


situées à la distance x de M comprise entre deux plans distantsde𝑑𝑥 produisent
𝐼
en M le champ 𝑑𝐻 = 𝐻𝑙𝑑𝑥. sin3 𝜃.
2𝑅

En tenant compte que 𝑥 = 𝑅 𝑐𝑜𝑡𝑔 𝜃


𝑅
𝑑𝑥 = −𝑑𝜃
sin2 𝜃
𝑁 𝐼 𝑁 sinθ2 − sinθ1
𝑑𝐻 = − . 𝑒𝑡 𝐻 = . 𝐼 ( )
𝑙 2 𝑙 2
𝑁
est le nombre de spires par unité de longueur.
𝑙

Figure 120
En faisant apparaître les angles 𝛼1 et 𝛼2 sous lesquels on voit du point M les
rayons des cercles limitant le solénoïde, on a dans le cas où M est extérieur à la
bobine : θ1 = 𝛼1 et θ2 = 𝛼2 .
𝑁 cos θ2 − cos θ1
𝐻= . 𝐼.
𝑙 2

Figure 121
Dans le cas où M est intérieur à la bobine θ1 = (𝜋 − 𝛼1 ), θ2 = 𝛼2 ,.
𝑁 cos 𝛼1 − cos α2
𝐻= . 𝐼.
𝑙 2
182

Figure 122
Si la bobine est infiniment longue 𝛼1 = 0, 𝛼2 = 0:
𝑁. 𝐼
𝐻=
𝑙
Cette formule justifie le nom d'ampère-tour par mètre donné à l'unité de
champ.
On montre que le champ est uniforme dans tout le volume intérieur à la
bobine.
14. Champ produit par une nappe de courant
Pour calculer le champ produit par un plan conducteur parcouru par un courant
de densité surfacique uniforme ⃗⃗⃗en
𝑗𝑠 un point M situéà la distance z du plan, on
découpe celui-ci en bandes élémentairesparallèles au vecteur ⃗⃗⃗.
𝑗𝑠
Le champ produit au point M par une telle bande de largeur dx placée au point
P à la distance 𝑥 du point 0, pied de la normale au plan passant par M est
𝑗𝑠 𝑑𝑠
𝑑𝐻 = (r distance du point M à la bande).
2𝜋𝑟

Figure 122 bis


𝑧 𝑧
On a 𝑟 = , 𝑥 = 𝑧 𝑡𝑔 𝜃, 𝑑𝑥 = 𝑑𝜃
cos 𝜃 𝑐𝑜𝑠 2 𝜃
𝑗𝑠 𝑑𝜃
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ et on a 𝑑𝐻 =
Le champ est perpendiculaire à 𝑀𝑃
2𝜋 cos 𝜃
𝑗𝑠 𝑑𝜃 𝑗𝑠
d'où𝑑𝐻𝑥 = 𝑑𝐻 cos 𝜃 = et 𝑑𝐻𝑧 = 𝑑𝐻 sin 𝜃 = 𝑡𝑔 𝜃 𝑑𝜃.
2𝜋 2𝜋

Pour une bande de largeur finie définie par les angles −𝜃et 𝜃 on a
183

𝑗𝑠
𝑑𝐻𝑥 = 𝜃𝐻 = 0
𝜋 𝑧
𝜋 𝑗
Si la largeur de la bande est infinie 𝜃 = et on a 𝐻𝑥 = 𝑠 , 𝐻𝑧 = 0 ;
2 2
⃗⃗⃗⃗
𝑗𝑠
⃗⃗ =
vectoriellement 𝐻 𝑛⃗⃗.
2𝛬

Il est facile de vérifier que par raison de symétrie la composante du champ


𝑗𝑠
normale au plan est nulle. La composante tangentielle vaut− d'un côté du
2
𝑗
plan et 𝑠de l'autre côté. Elle présente la discontinuité ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐻𝑇2 − 𝐻 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑇1 = ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 𝛬 𝑛⃗⃗.
2
184

CHAPITRE VIl
LE MAGNÉTISME
VII.1. DIPÔLE MAGNÉTIQUE
1. Aiguille aimantée
Nous avons vu qu'un petit circuit, c'est-à-dire un circuit dont les dimensions
sont faibles par rapport aux distances auxquelles on mesure les effets
électromagnétiques qu'il produit, se comporte comme un dipôle.
On entend par là que le champ qu'il crée et l'action qu'il subit s'il est placé dans
une région où existe un champ d'induction ont des expressions mathématiques
semblables à celles qui caractérisent un dipôle électrique.

Nous avons vu, en effet, que le champ d'excitation 𝐻 ⃗⃗ dérive d'un potentiel
1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1
U= m ⃗⃗⃗⃗. grad et que le travail élémentaire des forcesélectromagnétiques
4π r
appliquées à un petit circuit est 𝑑ζ = 𝑑(𝑚 ⃗⃗)
⃗⃗⃗. 𝐵
⃗⃗⃗⃗⃗.
⃗⃗⃗ = 𝐼 ∬ 𝑑𝑠
avec𝑚
Dans chaque atome de matière, les électrons qui gravitent autour du noyau
constituent des circuits électriques auxquels correspondent des moments
magnétiques. Un petit volume de matière peut, dans certaines conditions,
constituer un petit dipôle dont le moment est la résultante des moments des
dipôles élémentaires. En fait ceci est réalisé dans les aiguilles aimantées
utilisées dans les boussoles.
2. Masses magnétiques
L'analogie entre le dipôle magnétique et le dipôle électrique peut être
poursuivie et on peut considérer le dipôle comme constitué par deux masses
magnétiques −𝑚 et +𝑚 placées en deux points A et B tels que 𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗.
⃗⃗⃗ = 𝑚𝐴𝐵
De nombreuses expériences viennent à l'appui de ce fait. On remarque que
deux aiguilles aimantées exercent l'une sur l'autre des actions dont les points
d'application se localisent vers les extrémités. Celles-ci pourraient par
conséquent être le siège des masses magnétiques.
185

Une aiguille aimantée mobile autour d'un axe s'oriente dans le champ
magnétique terrestre. Si on dispose parallèlement un conducteur l'aiguille
dévie lorsque le conducteur est parcouru par un courant (expérience Oersted).
Toutes les expériences s'expliquent à partir d'actions sur des dipôles
magnétiques. Les masses magnétiques elles-mêmes n'ont pas de réalité
physique comme le prouve l'expérience de l'aimant brisé. Si on cherche à isoler
l'une d'elle en brisant celui-ci, chacun des deux morceaux devient une aiguille
aimantée possédant à ses deux extrémités des masses magnétiques opposées.
3. Loi de Coulomb
Au XVIIIe siècle, Coulomb avait, à l'aide de sa balance de torsion, mesuré les
forces magnétiques et dégagé une loi semblable à celle de l'électrostatique.
Il avait émis les hypothèses suivantes :
1°) Il existe deux espèces de masses: positive et négative.
2°) L'apparition dans une région de magnétisme positif s'accompagne de
l'apparition dans une autre région de magnétisme négatif en quantité égale
en valeur absolue (la masse magnétique d'un corps d'un seul tenant est
nulle).
3°) Dans le vide, les masses magnétiques se repoussent ou s'attirent selon
𝑚𝑚′
qu'elles sont de même signe ou de signe contraire suivant la loi 𝐹 = 𝑘 2 , le
𝑟
coefficient k dépendant du système d'unités choisi.
4°) Les masses magnétiques sont immobiles, une fois apparues sur les corps,
elles ne peuvent s'y déplacer.
Précisons maintenant le coefficient 𝑘 qui se trouve dans la loi de Coulomb.

Dans le vide, l'induction produite par un dipôle magnétique est 𝐵 ⃗⃗ = 𝜇0 𝐻


⃗⃗, le
1
champ d'excitation dérivant du potentiel 𝑈 = . 𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 1. On a donc 𝐵
⃗⃗⃗grad ⃗⃗ =
4𝜋 𝑟
𝜇0 1
−𝑔𝑟𝑎𝑑 ( 𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ )
⃗⃗⃗. 𝑔𝑟𝑎𝑑
4𝜋 𝑟

1 𝑞𝑞′ 𝑟⃗
En comparant avec les expressions trouvées en électrostatique𝐹⃗ = . .
4𝜋𝜀0 𝑟2 𝑟
1 1
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ (
et 𝐸⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ), on voit quela loi de Coulomb doit s'écrire :
⃗⃗⃗. 𝑔𝑟𝑎𝑑
4𝜋𝜀0 𝑟

𝜇0 𝑚𝑚′ 𝑟⃗
𝐹⃗ = . . .
4𝜋 𝑟 2 𝑟
186

4. Potentiel produit par une masse magnétique


Bien que les masses magnétiques ne puissent pas être isolées, cette fiction
constitue un intermédiaire de calcul commode qu'il est intéressant d'exploiter.
Elle permet en particulier l'utilisation des formules établies en électrostatique.
Dans une région où existe une induction B, une masse magnétique est soumise
à la force𝐹⃗ = 𝑚𝐵
⃗⃗.
𝜇0 𝑚 𝑟⃗
⃗⃗ =
De la loi de Coulomb on déduit l'induction 𝐵 . . , produite par une
4𝜋 𝑟 2 𝑟
masse magnétique m ainsi que le champ d'excitation
⃗⃗
𝐵 1 𝑚 𝑟⃗
⃗⃗ =
𝐻 ⃗⃗ =
ou𝐻 . . .
4𝜋 4𝜋 𝑟 2 𝑟
1 𝑚
On voit que ce champ dérive du potentiel 𝑉 = . .
4𝜋 𝑟

Le travail de la force qui s'exerce sur une masse magnétique m que l'on déplace
dans le vide d'un point où l'induction magnétique est 𝐵 ⃗⃗1 à un point où
l'induction magnétique est 𝐵 ⃗⃗2 est
𝐵
⃗⃗⃗⃗ = 𝑚𝜇0 ∫ 𝐻
⃗⃗𝑑𝑙
𝜁 = ∫𝐵 1 𝑚𝐵 ⃗⃗⃗⃗ = 𝑚𝜇0 (𝑉1 − 𝑉2 ). L'énergie d'une masse m,
⃗⃗ 𝑑𝑙
2
c'est-à-dire le travail nécessaire pour l'amener d'un point où l'inductionest
⃗⃗ et le potentiel 𝑉 est 𝑊 = 𝑚𝜇0 .
nulle en un point où l'induction est 𝐵
5. Théorème de Gauss
L'induction magnétique produite par une masse magnétique a la même
expression que le champ électrostatique produit par une charge électrique.
On démontre de la même façon pour le magnétisme le théorème de Gauss :
Si S est une surface fermée contenant à son intérieur les masses magnétiques
∑ 𝑚, on a ∬ 𝐻 ⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 = ∑ 𝑚 et:

⃗⃗⃗⃗⃗ 𝜇0 ∑ 𝑚
⃗⃗𝑑𝑠
𝛷=∬ 𝐵
𝑆

Cette formule est valable s'il existe également des courants car le flux à travers
une surface fermée de l'induction qu'ils produisent est nul.
6. Champ produit par un dipôle magnétique
Nous rappelons pour mémoire l'expression du champ produit par un dipôle.
187

1 1
On a 𝐻 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑉
⃗⃗ = 𝑔𝑟𝑎𝑑 ⃗⃗ avec 𝑉 = 𝑚 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ .
⃗⃗⃗. 𝑔𝑟𝑎𝑑
4𝜋 𝑟

En coordonnées polaires les composantes du champ sont:

Figure
Les formules précédentes montrent que le champ à une distance 𝑟constante
1 2𝑚
d'un aimant passe par un maximum 𝐻1 = . pour 𝜃 = 0 et par un minimum
4𝜋 𝑟3
1 𝑚 𝜋
𝐻2 = . pour𝜃 = Les positions 𝐺1 et 𝐺2 correspondantes sont appelées
4𝜋 𝑟3 2
première et deuxième positions de Gauss.
𝐻1
Le fait que = 2 est une conséquence de la loi de Coulomb et implique cette
𝐻2
loi. C'est également une conséquence des hypothèses de l'électromagnétisme.
Gauss l'a vérifié en 1840 avec une précision de 1/1 000.

Figure 124
7. Energie d'un dipôle - Forces exercées sur un dipôle

𝐴𝐵⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
L'énergie d'un dipôle est𝑚𝜇0 (𝑉𝐵 − 𝑉𝐴 ) = 𝑚𝜇0 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉
ou
188

𝑊 = −𝑚 ⃗⃗
⃗⃗⃗. 𝐵
Le raisonnement fait pour le dipôle électrique -m reste valable pour le dipôle
magnétique. Placé dans ^ un champ un dipôle est soumis à la force

Figure 125

et au couple 𝛤⃗ = 𝑚 ⃗⃗ou 𝛤⃗ = 𝜇0 𝑚
⃗⃗⃗𝛬 𝐵 ⃗⃗.
⃗⃗⃗𝛬 𝐵
Dans un champ uniforme seul le couple existe. On utilise constamment des
aiguilles aimantées appelées boussoles pour révéler la présence d'un champ
magnétique et connaître sa direction. En particulier le compas magnétique
indique la direction du champ magnétique terrestre et permet de connaître la
direction du nord.

8. Potentiel vecteur produit par un dipôle


𝜇0 ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐼𝑑𝑙
Le potentiel vecteur dû à un petit circuit est 𝐴⃗ = ∫ .
4𝜋 𝑟

Soit 𝑢
⃗⃗ un vecteur unitaire fixe quelconque

𝜇0 𝑢 ⃗⃗⃗⃗
⃗⃗𝐼𝑑𝑙 𝜇0 𝑢
⃗⃗𝐼
⃗⃗𝐴⃗ =
𝑢 ∫ = ⃗⃗⃗⃗⃗
∬ 𝑟𝑜𝑡 ( ) 𝑑𝑠
4𝜋 𝑟 4𝜋 𝑟
𝜇0 𝐼 𝐼
= ∬ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝑢 . 𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ + 𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑢 ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗. 𝑑𝑠
4𝜋 𝑟 𝑟 𝛬

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑛⃗⃗ 𝑑𝑠


𝑟𝑜𝑡 𝑢 = 0 et𝑑𝑠
189

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗1 ⃗⃗⃗⃗⃗ on a, en tenant compte que 𝑚


Si 𝑔𝑟𝑎𝑑 varie peu sur la surface 𝑑𝑠 ⃗⃗⃗ = ∬ 𝐼 ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠
𝑟

𝜇0 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
1
𝐴⃗ = 𝑚
⃗⃗⃗ 𝛬 𝑔𝑟𝑎𝑑 .
4𝜋 2
VII.2. ÉTUDE DES MILIEUX AIMANTÉS
1. Intensité d'aimantation
Les molécules d'un corps aimanté constituent des petits dipôles magnétiques. Il
en résulte qu'un élément de volume 𝑑𝜏 contenant un grand nombre de
molécules est un dipôle dont le moment magnétique 𝑑𝑚 ⃗⃗⃗est proportionnel au
nombre de molécules, donc à l'élément de volume 𝑑𝜏

𝑑𝑚 ⃗⃗𝑑𝜏
⃗⃗⃗ = 𝔍
⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑚
⃗⃗ =
Le vecteur 𝔍 est appelé vecteur intensité d'aimantation.
𝑑𝜏

C'est l'analogue du vecteur polarisation en électrostatique.

2. Potentiel scalaire et champ produits en un point extérieurpar un aimant


Le champ produit par un milieu aimanté à l'extérieur dérive d'un potentiel :

ou

En reprenant le raisonnement vu à propos de la polarisation des diélectriques


en électrostatique, en tenant compte que :

où S est la surface de l'aimant et 𝜏 son volume.


190

Au point de vue mathématique, au lieu de considérer que l'on a un milieu


contenant des dipôles on peut considérer que l'on a un milieu contenant des
masses magnétiques réparties avec la densité volumique 𝜌 = −𝑑𝑖𝑣 𝔍 ⃗⃗dans
l'aimant et avec la densité surfacique 𝜎 = 𝔍𝑁 sur l'aimant.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑉.
⃗⃗ = − 𝑔𝑟𝑎𝑑
Le champ à l'extérieur de l'aimant est donné par 𝐻
3. Potentiel scalaire et champ produits en un point intérieur à un aimant
Le raisonnement fait à propos des diélectriques montre que l'on peut
généraliser à l'intérieur du milieu aimanté les formules :

mais le champ dépend de la forme de la cavité utilisée pour le définir.

Figure 126

A l'intérieur d'un cylindre allongé à génératrices parallèles au vecteur 𝔍 ⃗⃗ le


champ est effectivement égal à 𝐻 ⃗⃗. A l'intérieur d'un cylindre aplati, il est égal à
⃗⃗.
⃗⃗ + 𝔍
𝐻
4. Induction magnétique dans un milieu aimanté
L'application du théorème de Gauss à une petite surface fermée à l'intérieur du
milieu aimanté se traduit par :
⃗⃗ = 𝜌
𝑑𝑖𝑣𝐻 ou 𝑑𝑖𝑣𝐻 ⃗⃗
⃗⃗ = − 𝑑𝑖𝑣𝔍

En reprenant un raisonnement fait en électrostatique, on voit qu'à la traversée


d'une surface limitant un milieu aimanté sans nappe de courant superficiel la
composante tangentielle du champ est continue𝐻 ⃗⃗𝑇 = 𝐻⃗⃗𝑇 . La composante
2 1
normale présente la discontinuité 𝐻𝑁2 − 𝐻𝑁1 = 𝔍𝑁1 ou plus généralement
𝐻𝑁2 + 𝐻𝑁1 = 𝔍𝑁1 − 𝔍𝑁2 si la surface sépare deux milieux aimantés.
191

Les expressions 𝑑𝑖𝑣𝐻 ⃗⃗et 𝐻𝑁 − 𝐻𝑁 = 𝔍𝑁 − 𝔍𝑁 qui s'écrivent


⃗⃗ = −𝑑𝑖𝑣 𝔍
2 1 1 2
⃗⃗) = 0et𝐻𝑁 + 𝔍𝑁 = 𝐻𝑁 + 𝔍𝑁 conduisent à introduire le
⃗⃗ + 𝔍
encore 𝑑𝑖𝑣(𝐻 2 2 1 1

vecteur 𝐵⃗⃗ = 𝜇0 (𝐻
⃗⃗ + 𝔍⃗⃗)(𝔍
⃗⃗ est en fait 𝑀
⃗⃗⃗) appelé inductionmagnétique (vecteur
de magnétisation). Cette définition concorde avec la définition de l'induction
⃗⃗ = 𝜇0 𝐻
dans le vide 𝐵 ⃗⃗ puisqu'alors 𝔍⃗⃗ = 0.

En tout point intérieur ou extérieur à un milieu aimanté, on a


𝑑𝑖𝑣𝐵⃗⃗ = 0.

A la séparation de deux milieux aimantés la composante normale de l'induction


est continue :
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐵𝑁2 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐵𝑁1
Il résulte de ces deux propriétés que le flux d'induction reste conservatif.
En résumé le champ d'excitation et le champ d'induction satisfont aux
relations :

𝑑𝑖𝑣𝐵 ⃗⃗ = 0
{ dans un milieu continu et
⃗⃗ = 𝑗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝐻
𝑟𝑜𝑡

{ ⃗⃗ ⃗⃗𝑇 = ⃗⃗⃗ à la séparation de deux milieux


𝐻𝑇2 − 𝐻 1
𝑗𝑠 𝛬𝑛⃗⃗

5. Potentiel vecteur produit par un milieu aimanté


Nous avons vu précédemment l'expression du potentiel vecteurproduit par un
dipôle magnétique. Une distribution continue produit le potentiel vecteur
192

Cette formule montre qu'une aimantation d'intensité 𝔍 ⃗⃗ est équivalente à des


⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ et de densité surfacique𝑗⃗⃗⃗𝑠 = 𝔍
courants de densité volumique 𝑗⃗ = 𝑟𝑜𝑡𝔍 ⃗⃗ 𝛬𝑛⃗⃗.
⃗⃗avec la matière)
(Intéraction du champ 𝐻
REMARQUE

On a établi la formule de Maxwell-Ampère ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝑟𝑜𝑡 𝐻 = 𝑗⃗.
Si on a un milieu aimanté 𝐵 ⃗⃗ = 𝜇0 (𝐻 ⃗⃗). En remplaçant dans
⃗⃗ + 𝔍
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝑟𝑜𝑡 𝐻 + 𝜇0 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐵 = 𝜇0 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑟𝑜𝑡 𝔍 on a 𝑟𝑜𝑡 𝐵 = 𝜇0 (𝑗⃗ + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ 𝑟𝑜𝑡 𝔍).On voit que
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐵diffère de ce qu'il serait dans le vide par l'adjonction à la densité de
courant 𝑗⃗ d'une densité de courant fictif ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝔍.
De même à la séparation d'un milieu (1) magnétique conducteur et du vide
(milieu 2)
⃗⃗𝑇 − 𝐻
𝐻 ⃗⃗𝑇 = ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 𝛬 𝑛⃗⃗
2 1
⃗⃗𝑇 − 𝐵
𝐵 ⃗⃗𝑇 = 𝜇0 𝐻
⃗⃗𝑇 − 𝜇0 (𝐻 ⃗⃗ 𝑇 ) = 𝜇0 (𝑗⃗⃗⃗𝑠 𝑛⃗⃗)−𝜇0 𝔍
⃗⃗𝑇 + 𝔍 ⃗⃗ 𝑇 .
2 1 2 1 1 𝛬 1
Mais
⃗⃗ 𝑇 = (𝑗⃗⃗⃗𝑠 𝑛⃗⃗) 𝑛⃗⃗
𝔍 1 𝛬 𝛬
D’où
193

⃗⃗𝑇 − 𝐵
𝐵 ⃗⃗𝛬 𝑛⃗⃗) 𝑛⃗⃗.
⃗⃗𝑇 = 𝜇0 (𝑗⃗⃗⃗𝑠 + 𝔍
2 1 𝛬
On voit que l'expression 𝐵⃗⃗𝑇 − 𝐵
⃗⃗𝑇 diffère de ce qu'elle serait dans le vide par
2 1
l'adjonction à la densité de courant superficiel 𝑗⃗⃗⃗𝑠 de la densité de courant
⃗⃗ 𝛬𝑛⃗⃗. On peut donc, pour calculer l'induction magnétique raisonner
fictif𝔍
comme si on était dans le vide à conditiond'introduire des courants fictifs de
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
densité volumique 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗ 𝛬𝑛⃗⃗.
𝔍et de densité surfacique 𝔍

VII.3.AIMANTATION INDUITE
1. Propriétés magnétiques de la matière
Un corps magnétique placé dans un champ magnétique acquiert les propriétés
d'un aimant (magnétisation) ; un élément de volume 𝑑𝜏 a un moment
magnétique 𝑑𝑚 ⃗⃗𝑑𝜏. Pour la presque totalité des corps, l'aimantation est
⃗⃗⃗ = 𝔍
très faible et proportionnelle au champ magnétique :
⃗⃗ = 𝑥𝐻
𝔍 ⃗⃗(𝑀
⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝑡 = 𝑥𝐻
⃗⃗ )

Pour les corps dits ferromagnétiques, à la fois peu nombreux et d'une immense
importance, l'aimantation varie suivant une loi compliquée, prenant des
valeurs très grandes pour de faibles valeurs du champ et tendant vers une
limite pour les grandes valeurs de celui-ci.
Nous ferons une étude spéciale des corps ferromagnétiques. Ce qui suit leur
est applicable à condition de ne plus considérer 𝑥 comme une constante mais
comme une fonction du champ.

2. Diamagnétisme et paramagnétisme
Le coefficient de proportionnalité x entre l'aimantation et le champ est appelé
susceptibilité magnétique du milieu.
Pour la plupart des corps ce coefficient est négatif ; ces corps sont dits
diamagnétiques. L'aimantation est dirigée en sens inverse du champ.
Pour quelques corps peu nombreux, 𝑥 est positif, ces corps sont dits
paramagnétiques.
194

Pour les corps dia et paramagnétiques, la relation entre l'induction et le champ


est
𝐵⃗⃗ = 𝜇0 (𝐻 ⃗⃗) = 𝜇0 (1 + 𝑥)𝐻
⃗⃗ + 𝔍 ⃗⃗;
en introduisant le coefficient
𝜇 = 𝜇0 (1 + 𝑥),
on a
𝐵⃗⃗ = 𝜇𝐻
⃗⃗ .
Le coefficient𝜇 est la perméabilité magnétique.
Pour avoir des coefficients indépendants des systèmes d'unités, onintroduit la
𝜇
perméabilité relative 𝜇𝑟 = = 1 + 𝑥.
𝜇0

Voici quelques valeurs numériques :


corps diamagnétiques corps paramagnétiques
Bismuth 𝑥 = 16,7. 10−5 Sulfate de cobalt𝑥 = 95,5. 10−5
Cuivre 𝑥 = 1,39. 10−5 Aluminium 𝑥 = 0,73. 10−5
Eau𝑥 = 0,91. 10−5 Air 𝑥 = 0,046. 10−5

3. Réfraction des lignes d'induction


Sur la surface de séparation de deux milieux magnétiques, la composante
tangentielle du champ est continue ; la composante normale de l'induction est
continue. Il en résulte une réfraction des lignes de champ et d'induction.
𝐻 sin 𝛼1 = 𝐻2 sin 𝛼2
{ 1
𝐵1 cos 𝛼1 = 𝐵2 cos 𝛼2
tg 𝛼1 tg 𝛼2 tg 𝛼1 tg 𝛼2
𝐵1 = 𝐵2 𝑜𝑢 = .
𝜇1 𝜇2
𝐻1 𝐻2

Figure 127
195

4. Forces exercées sur un élément de matière placé dans un champ


magnétique
Un élément de matière de volume 𝑑𝜏 placé dans un champ est un petit dipôle
de moment 𝑑𝑚 ⃗⃗𝑑𝜏 = 𝑥𝐻
⃗⃗⃗ = 𝔍 ⃗⃗ 𝑑𝜏.

et le couple 𝑑𝛤⃗ = 𝜇0 𝑑𝑚 ⃗⃗.


⃗⃗⃗ 𝛬𝐻
Remarquons qu'il faut mettre 𝜇0 et non 𝜇 dans les expressions précédentes,
sinon on ferait intervenir l'action du champ produit par les dipôles de l'élément
de matière sur ces mêmes dipôles, c'est-à-dire en somme des forces
intérieures.

Compte tenu que 𝑑𝑚 ⃗⃗𝑑𝜏, le couple est nul et la force vaut :


⃗⃗⃗ = 𝑥𝐻
196

Si on prend la particule infiniment loin de tout aimant et si on l'amène dans une


position où le champ magnétique est 𝐻 ⃗⃗, le travail des forces magnétiques au
cours du déplacement est

Lorsqu'une particule est déplacée d'un point A (champ 𝐻𝐴 ) à un point B (champ


𝒙
𝐻𝐵 ) le travail des forces magnétiques est𝑑𝜻 = 𝜇0 (𝐻𝐵2 − 𝐻𝐴2 ).
𝟐
Le déplacement est spontané s'il correspondà un travail positif.
L'expression précédente montre que les corps paramagnétiques (𝑥 > 0) ont
tendance à se déplacer vers les régions de champ magnétique intense; au
contraire les corps diamagnétiques (𝑥 < 0) tendent à se déplacer vers les
régions de champ magnétique faible.

VII.4. FERROMAGNÉTISME
1. Corps ferromagnétiques
Le phénomène d'aimantation induite est pour un certain nombre de
substances, dites ferromagnétiques, considérablement plus intense que pour
les autres substances magnétiques. Pour le même champ inducteur, l'intensité
d'aimantation peut être un million de fois plus grande.
Les corps ferromagnétiques les plus connus sont les métaux de la famille du fer
(fer, nickel, cobalt) et les alliages qui contiennent un ou plusieurs de ces corps.
Certains cristaux tels que la magnétite (𝐹𝑒3 04 ) appartenant au système
cubique sont aussi ferromagnétiques. De plus certains alliages ternaires de
métaux non magnétiques sont ferromagnétiques (alliage : 61,5% de Cu, 23,5%
Mn, 15% Al).
2. Champ démagnétisant
Dans le phénomène d'aimantation induite, le champ magnétique qui produit
l'aimantation est le champ total auquel le volume de matière est soumis, c'est-
à-dire la somme du champ extérieur et du champ produit par la matière
aimantée elle-même.
Pour les corps dia et paramagnétiques, l'aimantation est- toujours très faible et
le champ produit par la matière toujours négligeable devant le champ
197

extérieur. Il n'en est plus de même pour les corps ferromagnétiques. Il faut,
pour ces corps, dans les formules précédemment établies, tenir compte, dans
l'expression de H, de l'influence du corps magnétique lui-même.
Nous avons vu que l'étude de l'aimantation dans les corps peut être faite en
considérant qu'il apparaît sur leur surface du magnétismeavec une densité 𝔍𝑁 .
Ce magnétisme crée à l'intérieur du corps un champ 𝐻 ⃗⃗𝑑 de direction opposée
au vecteur aimantation 𝔍⃗⃗, quia le sens du champ total.

Figure 128
⃗⃗𝑑 est par suite opposé au champ extérieur, on l'appellele champ
Le champ 𝐻
démagnétisant.
Nous nous proposons d'étudier l'effet du champ démagnétisantdans deux cas
simples : celui d'un barreau long et celui d'un disqueplat. Nous verrons ensuite
ce qui se passe pour un aimant de formequelconque.
⃗⃗ = 𝜇0 (𝐻
Nous avons vu que 𝐵 ⃗⃗) = 𝜇𝐻
⃗⃗ + 𝔍 ⃗⃗ ou
𝜇
⃗⃗ = (
𝔍 ⃗⃗ = (𝜇𝑟 − 1)𝐻
− 1) 𝐻 ⃗⃗
𝜇0
Pour les corps ferromagnétiques 𝜇𝑟 est très grand devant 1 et on peut écrire
⃗⃗ = 𝜇𝑟 𝐻
𝔍 ⃗⃗.

Considérons un barreau cylindrique allongé, placé dans un champextérieur𝐻 ⃗⃗0


uniforme, parallèle à ses génératrices. Il prend une aimantation quasi uniforme
⃗⃗ parallèle à 𝐻
𝔍 ⃗⃗0 et de même sens. Sur les faces terminales de section S
apparaissent desmasses magnétiques + 𝔍 et − 𝔍.

Figure 129
⃗⃗𝑑 , dirigé en sens
Au centre du barreau de longueur 𝑙, le champ démagnétisant 𝐻
⃗⃗0 sensiblement pour intensité:
inverse de 𝐻
198

2𝔍𝑆
Le champ total s'écrit 𝐻 = 𝐻0 + 𝐻0 = 𝐻0 − , mais 𝕵 dépend du champ total
𝜋𝑙 2
par la relation 𝔍 = 𝜇𝑟 𝐻.
En remplaçant, on en déduit la relation suivante entre le champtotal H et le
𝐻0
champ extérieur 𝐻0 = 𝐻 = 2𝜇𝑟 𝑆 ou en introduisantle diamètre d du barreau
1+
𝜋𝑙2
cylindrique:
𝐻0
𝐻=
𝜇𝑟 𝑑 2
1+ ( )
2 𝑙
𝑑 𝜇𝑟 𝑑 2
Si le barreau est long, est petit et
𝑙
( ) peut
2 𝑙
être petit devant

1 ou tout au moins du même ordre de grandeur. Pour un barreau en acier 𝜇𝑟


𝐻0
est de l'ordre de 100. Si le diamètre est 1 cm et la longueur25 cm:𝐻 = .
1+0,08

⃗⃗0 et on peut écrire 𝔍 = 𝜇𝑟 𝐻0 .


Le champ H au centre reste voisin de 𝐻
Au voisinage des extrémités, le champ magnétique dû aux masses magnétiques
induites n'est pas négligeable devant le champ extérieur mais son effet est
pratiquement localisé à un volume négligeable vis-à-vis du volume total du
barreau.

Considérons maintenant un disque plat normal au champ 𝐻 ⃗⃗0 . Les faces du


disque prennent des densités uniformes +𝔍 et −𝔍. A l'intérieur du disque le
champ démagnétisant est sensiblement égal à
𝐻𝑑 = 𝔍
d'où, compte tenu que 𝔍 = (𝜇𝑟 − 1)𝐻:
𝐻 = 𝐻0 − 𝐻𝑑 = 𝐻0 − 𝔍 = 𝐻0 − (𝜇𝑟 − 1)𝐻,
ou
𝐻0
𝐻=
𝜇𝑟
199

Figure 130
Le champ total est très faible. Le champ démagnétisant et le champ extérieur
se compensent presque totalement. L'aimantation est donnée en fonction du
champ extérieur par
⃗⃗ = 𝜇𝑟 𝐻
𝔍 ⃗⃗ 𝑜𝑢 ⃗𝔍⃗ = ⃗H
⃗⃗0 .

Considérons pour finir un barreau allongé placé obliquement dans un champ


extérieur. Quelle que soit la forme du barreau on conçoit, après l'étude qui
vient d'être faite, que la composante ⃗H ⃗⃗1 suivant l'axedu barreau donne une
aimantation de l'ordre de 𝜇𝑟 H⃗⃗⃗1 et que la composante transversale H ⃗⃗⃗2 donne
une aimantation de l'ordre de ⃗H ⃗⃗2 . Le moment magnétique résultant est donc
pratiquement toujours parallèle au grand côté. Ceci permet d'expliquer
qualitativement l'orientation des grains de limaille de fer dans l'expérience des
spectres magnétiques.

Figure 131
3. Courbe de première aimantation
Un matériau magnétique placé dans un champ s'aimante. Il est possible de
relever la courbe représentative de l'induction ou de l'intensité d'aimantation
en fonction du champ ; nous verrons par la suite la méthode employée
(chapitre VIII). On trace également la courbe de la perméabilité relative 𝜇𝑟 en
fonction du champ ou de l'induction.
𝐵
On a évidemment 𝜇𝑟 = 𝑒𝑡 𝐵 = 𝜇0 (𝐻 + 𝔍).
𝜇0 𝐻
200

Figure 132
Lorsqu'on soumet un échantillon magnétique vierge à un champ croissant, la
courbe de l'induction magnétique (courbe de première aimantation) qui, à une
échelle près [𝐵 = 𝜇0 (𝐻 + 𝔍) ≠ 𝜇0 𝔍] diffère très peu de la courbe de l'intensité
d'aimantation en fonction du champ, présente trois régions principales. Dans la
première qui correspond aux champs faibles (quelques At/m) l'induction
augmente assez rapidement avec le champ: la perméabilité relative
(perméabilité initiale) y est de l'ordre de 300 pour le fer, de l'ordre de 40 pour
les aciers durs, de l'ordre de 8000 pour des alliages de fer et de nickel
(permalloy). Dans la deuxième, qui correspond aux champs moyens (jusqu'à
quelques centaines d'At/m) l'induction augmente très rapidement de sorte que
la perméabilité relative passe par un maximum plus ou moins grand suivant les
matériaux et qui est de l'ordre de 8 à 9 000 pour le fer et de 70 à 80 000 pour
des alliages fer-nickel. Enfin, dans la troisième région, pour un champ de l'ordre
de quelques milliers d'At/m, l'intensité d'aimantation tend vers une limite dite
aimantation de saturation, la perméabilité tend vers 1. L'expression 𝜇0 𝔍 = 𝐵 −
𝜇0 𝐻 est alors de l'ordre de 1,1 tesla pour les ferro-nickels, de l'ordre de 1,5
tesla pour le fer pur, 1,6 tesla pour les aciers au silicium, 2,2 teslas pour
certains ferro-cobalts.
201

Figure 133
La forme de la courbe d'aimantation d'un matériau magnétique dépend
beaucoup de la composition de l'alliage et du traitement thermique ou
mécanique qu'on lui a fait subir. Des recherches systématiques effectuées dans
les laboratoires de métallurgie ont permis d'obtenir à peu près toutes les
formes de courbes de première aimantation entre l'origine et 1 a saturation.
Par exemple, le permalloy (78% 𝑁𝑖, 17% 𝐹𝑒, 5% 𝑀𝑜 + 𝑀𝑛) et le mumétal
(76% Ni, 17% Fe, 5% Cu, 2% Cr ou Mn) ont une perméabilité relative initiale de
8000 à 15000, une perméabilité relative maximum de 80000 à 100000;
l'hypernik a une perméabilité relative initiale de 100 000 et une perméabilité
relative maximum de 150 000. Ces alliages sont saturés dès que le champ
inducteur atteint quelques dizaines d'ampères-tours par mètre (il suffit du
champ terrestre pour saturer le permalloy); leur intérêt se trouve donc surtout
dans la technique des courants faibles. D'autres alliages comme le perminvar
(30% Fe, 45% Ni, 25% Co), après des traitements thermiques appropriés,
possèdent une perméabilité relative constante de l'ordre de plusieurs
centaines jusqu'à des champs de l'ordre de quelques centaines d'ampères-
tours par mètre.
Nous indiquons ci-dessus quelques courbes de première aimantation.
202

4. Hystérésis
Lorsque, après avoir soumis un matériau magnétique à un champ croissant,
onfait décroître celui-ci, l'aimantation et l'induction ne repassent pas par les
mêmes valeurs. Si on fait osciller le champ inducteur entre deux valeurs
opposées, la courbe de l'aimantation ou de l'induction en fonction du champ se
fixe sur un cycle dont la forme dépend seulement des valeurs extrêmes du
champ.
Le phénomène est appelé hystérésis magnétique et le cycle obtenu cycle
d'hystérésis. Les points extrêmes 𝑃 et 𝑃′ du cycle sont sur la courbe de
première aimantation. Quand le champ magnétique est suffisant pour
approcher de la saturation, les extrémités du cycle s'effilent en droites
parallèles à l'axe des champs.

Figure 134
Lorsqu'on fait décroître le champ de sa valeur maximum jusqu'à zéro, le corps
ferromagnétique conserve une aimantation rémanente 𝐵𝑟 . Si on veut faire
disparaître toute aimantation, il faut appliquer un champ de sens inverse, dit
champ coercitif, −𝐻𝐶 .
Les cycles d'hystérésis des divers matériaux magnétiques affectent les
proportions relatives très différentes suivant les substances. Ils peuvent être
modifiés par des traitements thermiques et magnétiques.
Le fer pur et le permalloy ont un cycle très réduit et un champ coercitif très
faible (2,8 At/m). Pour l'acier doux, le cycle est bien moins étroit (champ
coercitif de l'ordre de 30 At/m); il est très étalé pour l'acier trempé (champ
coercitif de l'ordre de 4 000 At/m). D'une façon générale, le carbone, à la dose
203

de quelques centièmes, élargit le cycle et diminue l'aimantation de saturation.


Le silicium agit en sens inverse, probablement chasse-t-il le carbone des
édifices microcristallins. Aussi les tôles au silicium ont-elles pris une place à peu
près exclusive dans la construction des machines à courant alternatif.
L'aluminium, le cobalt, le manganèse augmentent à la fois l'aimantation
rémanente et le champ coercitif ; on les emplois dans les aimants permanents.
5. Pertes par hystérésis
Le phénomène d'hystérésis est accompagné d'un dégagement de chaleur,
correspondant à une perte d'énergie.
Pour l'évaluer, considérons une particule allongée de volume 𝑑𝜏 et de moment
𝑑𝑚⃗⃗⃗ placée dans le champ magnétique 𝐻 ⃗⃗ d'un aimant permanent,
parallèlement au champ. La composante de la force exercée sur la particule
selon la direction du champ que nous prenons pour axe 𝑂𝑥 est
⃗⃗
𝜕𝐻
𝐹𝑥 = 𝜇0 𝑑𝑚
⃗⃗⃗
𝜕𝑥
Déplaçons la particule jusqu'à l'infinisuivant la ligne de champ supposée
rectiligne. Le travail des forces magnétiques au cours du déplacement est

Après avoir éloigné à l'infini la particule, retournons-la bout pour bout. Aucun
travail n'est fourni puisque le champ magnétique est nul. Ramenons la particule
à sa position initiale, puis reportons-la à l'infini, retournons-la bout pour bout
une deuxième fois et revenons à notre position initiale. Le point figuratif de
l'état de la particule a décrit un cycle d'hystérésis. Le travail des forces
magnétiques, somme des travaux correspondant aux divers déplacements
précédents, est
𝑑𝜁 = 𝑑𝜏 ∫ 𝜇0 𝔍𝑑𝐻 .
204

L'intégrale ∫ 𝜇0 𝔍𝑑𝐻 est prise le long du cycle de l'hystérésis dans le sens de la


flèche et a pour valeur l'opposé de l'aire du cycle. Lesforces extérieures ont
donc fourni, par unité de volume de particule, un travail égal à l'aire du cycle.
L'expérience prouve que ce travail se retrouve entièrement sous forme de
chaleur quel que soit le procédé utilisé pour décrire le cycle (déplacement
d'une particule ou utilisation d'un champ magnétique variable en fonction du
temps).
On préfère généralement faire apparaître l'induction magnétique plutôt que
l'intensité d'aimantation dans l'expression des pertes par hystérésis.
Compte tenu que 𝜇0 𝔍 = 𝐵 − 𝜇0 𝐻:

𝑊=∫ 𝜇0 𝔍𝑑𝐻 = ∫ 𝐵𝑑𝐻 − ∫ 𝜇0 𝐻𝑑𝐻


𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒 𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒 𝑐𝑦𝑐𝑙𝑒

La deuxième intégrale est nulle pour un cycle fermé et l'énergie dépensée par
unité de volume lorsqu'on décrit un cycle d'hystérésis s'écrit 𝑊 = ∫ 𝐵𝑑𝐻.
Steinmetz a établi empiriquement une formule donnant l'aire du cycle
d'hystérésis. L'énergie dépensée par unité de volume lorsqu'on décrit un cycle
1,6
est représentée par 𝑊 = ᶇ𝐵𝑀 où 𝐵𝑀 est l'induction maximum correspondant
aux extrémités du cycle et ᶇ un coefficient dépendant du métal. Pour les tôles
actuelles au silicium,- la formule de Steinmetz s'écrirait plutôt, lorsqu'on est
2
loin de la saturation 𝑊 = ᶇ𝐵𝑀 .
1,6
Le coefficient ᶇ de la formule 𝑊 = ᶇ𝐵𝑀 , dans laquelle W est en watts par 𝑚3
de matière et B en teslas a pour les principaux matériaux les valeurs suivantes:
250 à 500 pour le fer doux, 80 pour le fer électrolytique, 27,5 pour les tôles au
silicium (3 à 4%), 3750 pour l'acier à 1% de carbone, 8 500 pour l'acier trempé.
La puissance dépensée dans le volume v de matière placée dans un champ
alternatif d'induction maximum BM et de fréquence 𝑓 𝑒𝑠𝑡 𝑃 = ᶇ. 𝐵1,6 . 𝑣. 𝑓.
Appliquons à titre d'exemple cette formule à 1 kg de tôles aux siliciums placés
dans un champ d'induction maximum de 1 tesla et de fréquence 50 Hz.
205

6. Effet de la température sur l'aimantation


Une élévation de température a toujours pour effet d'abaisser l'aimantation
d'un corps ferromagnétique. La courbe donnant l'aimantation de saturation en
fonction de la température comporte une partie sensiblement horizontale puis
s'incurve vers le bas assez rapidement pour couper l'axe des températures en
un point appelé point de Curie où l'aimantation tombe à zéro. Pour le fer, le
point de Curie est de 775°, il est de 350° pour le nickel et de 1100° pour le
cobalt.

Figure 136
7. Technologie des matériaux magnétiques
Depuis une cinquantaine d'années, de grands progrès ont été faits en
métallurgie pour produire une gamme très complète de matériaux
magnétiques.
a) Fer : Le fer très pur a une grande perméabilité mais il est magnétiquement
très fragile et il faut lui faire subir un recuit absolument parfait. On a pu obtenir
en laboratoire des fers ayant une perméabilité relative initiale de 6000 et une
perméabilité relative maximum de 10−6 avec des pertes par hystérésis
s'abaissant à 2.10−6 watt par cycle.
Industriellement, les fers les plus purs sont le fer Armco (0,009% C - 0,004% Si -
0,025% S), le fer de Suède moins pur que le précédent, l'acier extra-doux (<0,12
% C, 0,05% Si, <0,5 % Mn) dont la perméabilité initiale est de 300 et la
perméabilité maximum de 10 000.
b) Aciers au silicium : L'adjonction de silicium dans les aciers diminue
notablement les pertes par hystérésis. L'induction maximale de saturation
diminue en revanche de 10% (s'abaissant de 2,23 T à 2,03 T pour 3% de
silicium). La résistivité est trois fois plus grande que dans les aciers extra-doux
ordinaires, ce qui, toutes choses égales d'ailleurs, divise par trois les pertes par
courants de Foucault.
206

Au point de vue mécanique, les aciers au silicium se laissent laminer jusqu'à


7%. La présence de silicium augmente beaucoup la résistance à la rupture du
fer (qui peut doubler) ainsi que la limite d'élasticité (qui peut quintupler avec
4% de Si).
c) Alliages fer-nickel : On a porté sur le graphique ci-après les courbes donnant,
en fonction de la proportion de nickel dans l'alliage, les variations des
grandeurs suivantes :
a) la perméabilité initiale relative 𝜇𝑖 ,
b) l'énergie dissipée par pertes hystérétiques. Ces pertes augmentent avec le
carré de la fréquence et sont donc particulièrement importantes dans les
circuits utilisés aux fréquences radioélectriques,
c) la résistivité. Celle-ci intervient directement dans les pertes par cornants de
Foucault (voir dans le chapitre sur l'induction électromagnétique).
Les courbes font apparaître en gros quatre classes de produits dont les qualités
respectives peuvent d'ailleurs être exaltées par des additions d'autres métaux
ou par des traitements convenables :
Classe 0 — Alliages amagnétiques à 18% de nickel (ce sont en réalité des corps
ferromagnétiques dont le point de Curie est inférieur à —100° et qui
redeviennent ferromagnétiques dans l'air liquide). Leur perméabilité peut
descendre à 1,2, d'autre part leur résistance mécanique élevée en fait des
matériaux de choix pour les frettes des induits de machines tournantes.
Classe I − De 35 à 40 % de nickel. La grande résistivité jointe à la faiblesse des
pertes par hystérésis de ces alliages permet leur utilisation jusqu'à des
fréquences de quelques dizaines de kHz. Ils ont une bonne perméabilité
relative (𝜇𝑖 = 2 500, (𝜇𝑚𝑎𝑥 = 8 000 à 10 000) et une induction à saturation de
valeur moyenne. La caractéristique la plus remarquable est une résistivité
importante égale à 8.10−7 Ω. m, la plus élevée des alliages fer-nickel. Cette
propriété est particulièrement intéressante car elle permet d'avoir de faibles
pertes par courants de Foucault. En outre, par un choix judicieux de la
température de recuit, les pertes hystérétiques peuvent être réduites à de
faibles valeurs.
207

Figure 137
Classe II − Alliages à proportion de nickel comprise entre 45 et 55 %.
Les alliages de cette classe ont une perméabilité relative plus forte que ceux de
la classe 𝐼 (𝜇𝑖 = 2000 à 3 000 et 𝜇𝑚𝑎𝑥 atteignant 40 000). L'induction à la
saturation est plus élevée (de l'ordre de 1,6 T). La résistivité est plus faible, ce
qui augmente les pertes par courants de Foucault. Les pertes hystérétiques
sont plus basses.
Classe III − Alliages à 80% de nickel.
Parmi les alliages de cette classe nous citerons :
✓ Le Mumétal à 5% de cuivre qui a une perméabilité initiale relative de 12
000 à 20 000, une perméabilité relative maximum de 70 000 à 130 000 et
une induction à la saturation de 0,9 ;
✓ Le Mumétal au molybdène, qui permet d'obtenir des perméabilités
initiales relatives allant de 20 000 à 40 000 ;

Ces alliages sont utilisés dans les transformateurs aux fréquences musicales
(très large bande passante), dans les blindages, les têtes de lecture de
magnétophone, etc...
d) Ferrites : Les ferrites sont des spinelles de formule Fe203, OM où M est un
métal divalent tel que Cu, Ni, Co, Mn, Cs, Zn. Ces corps magnétiques sont
208

isolants. Ils sont intéressants car ils n'ont pas de pertes par courants de
Foucault dans les champs variables. Il existe une grande variété de ferrites.
Certains, comme le ferrite mixte de Ni—Zn, sont des substances douces avec
une perméabilité relative initiale de l'ordre de 2000. D'autres, comme le ferrite
de cobalt, sont des substances qui peuvent être utilisées dans la fabrication des
aimants permanents. Pour préparer les ferrites, on utilise en général un
procédé de frittage analogue à ceux utilisés en céramique. Les oxydes
métalliques composants sont mélangés, broyés, souvent soumis à un frittage
préalable, puis à nouveau broyés, comprimés suivant la forme recherchée avec
les liants convenables et portés finalement à haute température dans une
atmosphère convenable qui détermine le degré d'oxydation.
VII.5. AIMANTS PERMANENTS
1. Utilisation des aimants permanents
Les aimants permanents sont utilisés principalement :
✓ Dans les appareils de mesure : galvanomètres à cadre mobile compteurs
d'énergie (voir plus loin : courants de Foucault), compteurs de vitesse
d'automobiles et d'avions... ;
✓ Dans les hauts-parleurs, les microphones, les têtes de pick-up. *
✓ Dans les petites machines électriques : dynamos tachymétriques,
moteurs à aimant permanent, petits alternateurs pour l'éclairage des
bicyclettes, moteurs synchrones pour horloges électriques ;
✓ Dans les électro-aimants polarisés : relais télégraphiques, relais pour
servomécanismes... ;
✓ Dans certains tubes électroniques pour hyperfréquences : magnétrons
utilisés dans les radars... ;
✓ Dans les boussoles et compas utilisés pour la navigation aérienne et
maritime.

2. Matériaux utilisés pour réaliser les aimants permanents


Unmatériau magnétique placé dans un champ magnétique s'aimante et
conserve une aimantation 𝔍𝑟 lorsque le champ inducteur devient nul. On
chercie donc pour constituer les aimants permanents des matériaux pour
lesquels 𝔍𝑟 est grand (ce qui est facile). En pratique, le champ dans lequei se
trouve placé un aimant permanent n'est pas nul car il y a le chaxip
démagnétisant et le champ produit par les aimants et courants qui peuvent
209

entourer l'aimant considéré. Pour qu'un aimant permanent ne se désaimante


pas, il faut un grand champ coercitif. Cette condition est moins facile à réaliser
que celle relative à 𝔍𝑟 . Les progrès de la métallurgie ont permis de réaliser des
matériaux magnétiques à chair) coercitif de plus en plus élevé.
Les premiers aimants étaient en acier trempé (𝐻𝐶 = 3 800 At/m). Vers 1880, sat
apparus les aciers au tungstène et vers 1916-1917 les aciers au chjme qui ont
un champ coercitif de 5 600 At/m. On réalisa ensuite des aciers au molybdène
(𝐻𝐶 = 17 000 At/m). En ajoutant du cobalt, on ¿tint un champ coercitif de 28
000 At/m et une induction rémanente e 1 T, ce qui excellent. En 1932, on
découvrit l'acier M K (25% Ni, 1% Al, 65% Fe) de propriétés identiques mais
moins coûteux. Actuellement, on utilise l'alliage alnico (Al 8%, Ni 13,5%, Co
24%, Cu 3%, le reste en fer) qui possède un champ coercitif de 43 800 At/m et
une induction rémanente de 1,25 T.
On utilise également d'autres alliages de qualités magnétiques moins bonnes
mais plus faciles à travailler mécaniquement ; ce sont : le cunife, le silmanal, le
vicalloy, les alliages Fe—Pt, Co—Pt. On utilise aussi des aimants en poudre de
fer deferrites comme le corps de formule Co Fe2 04 et comme le vectolite qui
comporte 30% de 𝐹𝑒2 03 , 44% de 𝐹𝑒3 04 , 26% de 𝐶𝑜2 03 .
Nous indiquons ci-dessous les principales caractéristiques des matériaux pour
aimants permanents.

3. Calcul d'un aimant permanent


Les anciens aimants occupaient un grand volume; ils Avaient être longs pour
avoir un champ démagnétisant faible devant le champ coercitif qui était assez
petit. Les aimants actuels occupent un volume réduit. Leur durèté est telle
qu'on ne peut les travailler qu’à la meule, aussi les emploie-t-on surtout, sous
210

forme de cylindres qu’on intercale dans les droits magnétiques dont la majeure
partie est constituée par du fer doux.

Figure 138
Le champ à l'intérieur de l'aimant de longueur 𝐿 et de section S est
pratiquement constant. Nous appellerons 𝐻 sa valeur moyenne et nous
désignerons par 𝜇 la perméabilité. .
La partie en fer doux est caractérisée par ses dimensions 𝐿′ et 𝑆′, le champ 𝐻′
et la perméabilité 𝜇′. L'entrefer a une longueur 𝑙, une section s et le champ
pratiquement uniforme a une valeur h.
Le champ magnétique dérivant d'un potentiel, on a
ℎ𝑙 + 𝐻′𝐿′ + 𝐻𝐿 = 0 .
La conservation du flux d'induction s'exprime par:
𝜇0 ℎ𝑠 = 𝜇′ 𝐻′ 𝑆 ′ = 𝜇𝐻𝑆
Dans la pratique, la perméabilité relative de l'aimant est de l'ordre de 25 à 100
tandis que celle du fer doux dépasse généralement 5000 pour les inductions
mises en jeu. Les sections 𝑆 et 𝑆′ étant très voisines (souvent 𝑆′ = 𝑆) le champ
dans le fer est beaucoup plus faible que le champ dans l'aimant. Comme L et
L'sont du même ordre de grandeur, on peut, dans l'expression du travail du
champ, en première approximation} négliger le terme correspondant au fer
doux. On a
ℎ𝑙 = −𝐻𝐿
{
𝜇0 ℎ𝑠 = 𝐵𝑆
On en déduit
𝐵 𝐿 𝑠
= −𝜇0 .
{ 𝐻 𝑙 𝑆
𝑣 où𝑣 et 𝑉 sont les volumes de l'entrefer et de l'aimant
𝐵𝐻 = −𝜇0 ℎ2
𝑉
211

Si on connaît la courbe de l'induction B en fonction du champ H du m: ri au


utilisé pour constituer l'aimant, et si les dimensions de celui-ci sont connues, on
𝐵 𝐿 𝑠
détermine B et H en utilisant la relation = −𝜇0 . . Il suffit en effet de tracer
𝐻 𝑙 𝑆
𝐿 𝑠 𝐿
la droite −𝜇0 . sur le diagramme B (H). On a alors B, H et ℎ = −𝐻 .
𝑙 𝑆 𝑙

Dans un projet d'aimant, on cherche toujours par raison d'économie et pour la


légèreté à réduire le plus possible le volume V de l'aimant permanent.

Figure 139
Or, si on doit obtenir un champ ℎ donné dans un entrefer de volume 𝑣 imposé,
𝑣
la relation 𝐵𝐻 = −𝜇0 ℎ2 montre que V est inversement
𝑉

proportionnel à |𝐵𝐻|; On cherche donc un matériau pour lequel ce produit


puisse atteindre une valeur aussi élevée que possible et, pour ce matériau, on
choi r les données géométriques pour qu'au point M |𝐵𝐻| soit maximum.
La variation de |𝐵𝐻|en fonction de B a l'aspect indiqué sur la figure 140. Il
existe toujours une valeur 𝐵𝑀 de l'induction pour laquelle |𝐵𝐻|est maximum.
Cetré donnée impose la pente de la droite OM.
Ayant fait une première détermination des éléments de l'aimant, on peut
éventuellement reprendre le calcul en tenant compte de lapartie en fer doux et
des fuites magnétiques, c'est-à-dire du flux qui sort de l'aimant et ne passe pas
dans le volume v de l'entrefer. Pour cela, on remplace la relation 𝐵𝑆 = 𝜇0 ℎ𝑠
par 𝐵𝑆 = 𝑘𝜇0 ℎ𝑠, k étant un coefficient > 1 dépendant de la forme du circuit
Fig. 140 magnétique.
212

Figure 140
4. Droite de recul
Nous avons déterminé le champ et l'induction qui existent dans un aimant
permanent en prenant le point de rencontre de l'arc de démagnétisation de la
𝐿 𝑠
courbe B(H) avec la droite 𝐵 = −𝜇0 . 𝐻.
𝑙 𝑆

Dans la pratique, l'aimant n'est pas uniquement soumis au champ


démagnétisant car il existe des champs extérieurs variables, dus à des
changements d'orientation dans le champ terrestre et à l'ouverture ou à la
fermeture de circuits électriques voisins.
Si le champ inducteur varie en sens inverse du champ démagnétisant, entre 0
et 𝐻1 , le point figuratif décrit un cycle 𝑀, 𝑁1 , 𝑀1 , 𝑁1′ , 𝑀 assez étroit pour qu'il
soit légitime de l'assimiler à une droite 𝑀𝑀1 dite droite de recul (fig. 141).
La pente de cette droite, appelée perméabilité réversible, est très faible pour
les aimants modernes (la perméabilité réversible relative est de l'ordre de 4
pour les aimants au 𝑓𝑒𝑟, 𝑁𝑖, 𝐴𝑙).
Si le champ inducteur varie dans le même sens que le champ démagnétisant
entre 0 et 𝐻2 , le point figuratif se déplace de 𝑀 à 𝑀′. Si le champ extérieur
redevient nul, le point ne revient pas en M mais en 𝑀2 (fig. 142).
Lorsqu'ensuite le champ extérieur varie, le point figuratif reste sur la droite
𝑀′𝑀2 qu'il décrit réversiblement tant que 𝑀′ n'est pas dépassé.
Il est indispensable, pour que l'aimantation reste constante, que le point
figuratif reste sur une même droite de recul, quel que soit le sens de variation
du champ extérieur parasite. Pour réaliser ceci, on opère de la façon suivante:
213

Figure 141 Figure 142


On aimante le barreau à l'aide d'un enroulement inducteur jusqu'à la
saturation puis on coupe le courant inducteur. Dans ces conditions, en
l'absence de tout champ parasite, le point figuratif vient se placer en M, à
l'intersection de l'arc de démagnétisation et de la droite A. On envoie alors
dans l'enroulement inducteur un courant de sens opposé au précédent, ce qui
fait passer le point figuratif en 𝑀′. On coupe ensuite ce dernier courant; le
point figuratif se déplace sur la droite de recul 𝑀′𝑀2 et, en l'absence de tout
champ extérieur, vient se fixer en 𝑀2 à l'intersection de la droite de recul et de
la droite A. On voit que, dans ces conditions, des fluctuations ultérieures du
champ extérieur auront pour effet de déplacer le point figuratif de part et
d'autre de 𝑀2 sur la même droite 𝑀′𝑀2 . On conçoit que, par un choix
convenable de l'acier à aimant d'une part, du courant de démagnétisation de
l'autre, il soit possible de placer le point 𝑀2 assez loin de 𝑀′ pour rester dans
les limites de réversibilité magnétique alors même que les champs extérieurs
varient de plusieurs centaines d'ampères-tours par mètre.
5. Désaimantation d'un aimant
Pour désaimanter un aimant, il ne suffit pas d'appliquer dans le même sens que
le champ démagnétisant un champ tel que l'induction s'annule car lorsqu'on
supprime ce champ le point figuratif vient se placer à l'intersection de la droite
de recul qui passe par 𝐻𝐶 et de la droite ∆ (fig. 143).
On fait décrire au point figuratif des cycles d'hystérésis d'amplitude
décroissante (fig. 144). Pour cela on place l'aimant àl'intérieur d'un solénoïde
parcouru par un courant alternatif 50 Hz que l'on fait décroître lentement. On
peut également décharger un condensateur à travers le solénoïde. Si la
résistance du circuit est assez faible on a un courant oscillatoire amorti.
214

Figure 143 Figure 144


La méthode qui consiste à chauffer le matériau pour l'amener à une
température supérieure à celle du point de Curie est théoriquement valable
mais d'une réalisation pratique difficile.
6. Aimantation d'un matériau magnétique
Pour aimanter un barreau, on le place dans un solénoïde que l'on fait parcourir
par un courant assez intense pour obtenir la saturation. On peut également
décharger un condensateur à travers le solénoïdeaprès avoir placé en série une
résistance convenable pour que la décharge soit apériodique. Ce procédé qui
permet également la démagnétisation par élimination de la résistance, est
utilisé pour l'aimantation des aimants de galvanomètres à cadre mobile. La
figure ci-contre schématise le procédé employé.

Figure 145
215

7. Force portante d'un aimant


Un morceau de fer doux que l'on approche d'un aimant vient se coller sur celui-
ci. L'aimant exerce une force appelée force portante.
Négligeons l'action du pôle de l'aimant qui n'est pas en contact avec le fer
doux, et supposons que l'aimant et le fer doux soient séparés par un espace
infiniment petit. Il existe sur l'aimant une densité de magnétisme 𝔍. Le flux
d'induction, ou pratiquement d'aimantation, étant conservatif il apparaît sur le
fer doux une densité de magnétisme −𝔍 (les normales extérieures à l'aimant et
au fer doux sont de sens contraires). Le champ produit par l'aimant est égal à
𝔍/2 (même calcul que pour un plan électrisé de densité superficielle
constante). La force qui s'exerce sur le fer doux est une attraction égale à 𝐹 =
𝔍
𝜇0 𝔍𝑆 ou en confondant 𝐵 et𝜇0 𝔍 :
2

𝐵2 𝑆
𝐹=
2𝜇0
Dans cette expression, S est la surface de contact de l'aimantation et du fer
doux exprimée en 𝑚2 , B l'induction exprimée en teslas et F la force exprimée
en newtons.
VII.6. LE CIRCUIT MAGNÉTIQUE
1. Généralités
La détermination de l'induction magnétique, au voisinage de courants connus
et en présence de corps ferromagnétiques de forme quelconque est un
problème très difficile que l'on ne sait pas résoudre en général par les
méthodes analytiques. Dans la pratique, heureusement, les formes que l'on
donne aux corps ferromagnétiques sont telles qu'il est possible d'établir une
théorie qui constitue une approximation commode et le plus souvent
suffisante.
Les pièces en matériaux ferromagnétiques que l'on utilise en électrotechnique
sont généralement assemblées pour constituer des anneaux, ou circuits
magnétiques, sur lesquels on enroule des bobinages parcourus par des
courants.
2. Analogie entre le circuit magnétique et le circuit électrique
⃗⃗ = 0,
Raisonnons sur l'anneau représenté sur la figure ci-dessous. Comme div 𝐵
les lignes d'induction sont des courbes fermées. Nous admettrons, et c'est en
216

cela que consiste l'approximation, queces lignes d'induction se trouvent


entièrement dans l'anneau. Ceci est d'autantplus vrai que la perméabilité ¡x
estplus grande par rapport à la perméabilité 𝜇0 du vide.
Dans ces conditions, chaque ligned'induction passe à travers toutes lesspires.
Appliquons le théorème d'Ampèreà l'une de ces lignes:

⃗⃗⃗⃗⃗⃗
∑ 𝑛𝐼 = ∫ 𝐻 𝑑𝑙 .
𝐶
Si nous considérons un tube d'induction élémentaire s'appuyant sur un
élément ds, le flux qui le traverse reste constant le long du tube:

ou
1 𝐵0
𝐻 = 𝑑𝛷 = 𝑑𝑠
𝜇𝑑𝑠 𝜇
𝑑𝑠0

𝑑𝑙 𝑑𝑙
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
L'expression ∑ 𝑛 𝐼 = ∫ 𝐻 𝑑𝑙 dl devient ∑ 𝑛 𝐼 = 𝐵0 ∫ 𝑑𝑠 . L’intégrale ∫ 𝑑𝑠 n'est
𝜇 𝜇
𝑑𝑠0 𝑑𝑠0

fonction que de la position du point de lasection où se trouve l'élément 𝑑𝑠0 . On


a
𝑑𝑠0
𝑑𝛷 = 𝐵0 𝑑𝑠0 = ∑ 𝑛 𝐼 𝑑𝑙
∫ 𝑑𝑠
𝜇
𝑑𝑠0

et
𝑑𝑠0
𝛷 = ∑𝑛 𝐼 = ∬ 𝑑𝑙
∫ 𝑑𝑠
𝜇
𝑑𝑠0
1 𝑑𝑠0
En posant = ∬𝑆 𝑑𝑙
ℜ ∫ 𝑑𝑠
𝜇
𝑑𝑠0
∑𝑛 𝐼
𝛷=

Le calcul que nous avons fait a été conduit exactement comme celui qui donne
la résistance d'un conducteur étendu. Par analogie on appelle ℜ réluctance du
circuit magnétique.
217

On peut poursuivre l'analogie entre le circuit électrique et le circuit magnétique


en remarquant que le vecteur induction magnétique est l'analogue du vecteur
densité de courant et que le flux magnétique (flux du vecteur induction à
travers une section) est l'analogue de l'intensité (flux du vecteur densité de
courant à travers une section). Enfin si c'est la force électromotrice qui produit
la circulation du courant, la présence de l'induction magnétique est due aux
enroulements parcourus par des courants et caractérisés par le terme ∑ 𝑛 𝐼.
𝒇
En appelant ∑ 𝑛 𝐼 = 𝑓, force magnétomotrice, on voit que laformule 𝛷 = est
𝕽
𝐸
l'analogue de la loi d'Ohm 𝐼 = .
𝑅

Il est facile de voir que la réluctance d'éléments en série est la somme des
réluctances de ces éléments.
L'analogie entre circuit magnétique et circuit électrique, développée dans le cas
d'une maille, se généralise à un nombre quelconque de mailles. Prenons par
exemple le cas de la figure ci-après. Le flux étant conservatif, on a 𝛷 = 𝛷1 +
𝛷2 , de la même façon qu'à un noeud on a 𝐼 = 𝐼1 + 𝐼2 .

𝑑𝑠0
Si 𝕽 est la reluctance de la partie AB du circuit (ℜ = ∬𝑆 1 )et si ℜ1 et ℜ2
∫𝐴𝐵 𝑑𝑙
𝜇
𝑑𝑠
sont les réluctances des branches où existent les flux 𝛷1 et𝛷2 on a:

on en déduit
218

Figure 148
On est amené à introduire la réluctance >2 équivalente aux réluctances en
parallèle ℜ1 et ℜ2 de la même façon que lorsqu'on définit la résistance
équivalente à deux résistances en parallèle.
1 1 1
En posant = + , on aℜ1 𝛷1 = ℜ′𝛷
ℜ′ ℜ1 ℜ2

et

∑ 𝑛 𝐼 = (ℜ + ℜ′)𝛷

En résumé on peut dire que, au point de vue des formules, le circuit


magnétique se présente comme l'analogue du circuit électrique. C'est dans le
circuit magnétique qu'existe l'induction (avec l'approximation que nous avons
faite) comme c'est dans le circuit électrique qu'il existe une densité de courant.
Le flux d'induction est conservatif comme le courant et la loi des noeuds est
applicable. La région où existe un flux d'induction est caractérisée par la
réluctance comme la région où circule un courant est caractérisée par la
résistance.
Les circuits magnétiques peuvent comporter des entrefers, c'est- à-dire des
espaces où il n'existe pas de matériaux magnétiques (air,
𝑙
cuivre...); la reluctance d'un tel élément est ℜ = ..
𝜇0 𝑆

On a supposé le circuit magnétique constitué par des volumes de forme


cylindrique disposés en série. Or, il est évident que lorsque le flux passe d'un
cylindre à un autre de section différente il se produitdes zones de transition qui
bordent defranges les lignes de raccordement.
Dans la pratique on effectue le raccordement par une pièce ferromagnétique,
en forme générale de cône.
219

La réluctance du raccordement, toujours faible, peut être assimilée à celle d'un


cylindre ayant pour hauteur la longueur 𝑙 du raccordement etpour section la
𝑆1 +𝑆2
moyenne desbases.
2

Lorsqu'un entrefer est limité d'un côté par une pièce de section S et par une
pièce de section beaucoup plus large (sinon on considère l'entrefer comme un
cylindre de section égale à la moyenne des sections), on admet que la surface
d'aboutissement des lignes d'induction est la surface S bordée d'une bande de
largeur égale à la hauteur de l'entrefer.

Figure 150
220

La détermination des fuites magnétiques étant toujours délicate, on se


contente souvent, lorsque celles-ci sont faibles d'une évaluation globale
approchée en utilisant les coefficients d'Hopkinson. Prenons l'exemple de la
figure ci-dessus. Une partie seulement du flux produit par l'enroulement
traverse la pièce B. Pour obtenir un flux 𝛷 à travers cette pièce, il faut avoir à
travers l'enroulement un flux 𝑣 𝛷, 𝑣 étant un coefficient plus grand que 1,
appelé coefficient d'Hopkinson. On peut, en se reportant à des matériels déjà
étudiés et réalisés, avoir une, il se passe un phénomène analogue à celui qu'on
observerait en envoyant du courant à travers un fil métallique immergé dans
un liquide faiblement conducteur. Certains tubes d'induction quittent le circuit
magnétique et constituent des fuites. Même dans les machines les mieux
étudiées, les fuites magnétiques représentent une fraction appréciable du flux
principal, dépassant par exemple le dixième de ce dernier. Il faut considérer
qu'elles forment des circuits dérivés. Leur calcul rigoureux est, en général,
impossible; on se contente de solutions approchées, rendues acceptables par le
fait qu'elles portent essentiellement sur un terme correctif.
4. Utilisation pratique des lois du circuit magnétique
Reprenons le circuit sur lequel nous avons raisonné au début. Le calcul des
réluctances telles que nous les avons définies est compliqué. Dans la pratique,
on en fait un calcul approché. Ceci est d'autant plusjustifié que les lois du
circuit magnétique, du fait de l'existence de fuites, ne sont elles-mêmes
qu'approchées.
Généralement, les circuits magnétiques peuvent être décomposés en éléments
de section constante constitués du même matériau. On admet que l'induction
est la même en tous les points d'une section droite et que les lignes d'induction
ont Fig. 149 même longueur (longueur moyenne).

Figure 149
221

Dans ces conditions la relation ∑ 𝑛 𝐼 = ∫𝐶 𝐻 𝑑𝑙 dl devient:

𝑙
Autrement dit la reluctance d'un élément cylindrique est ℜ = .
𝜇𝑆

Les circuits magnétiques peuvent comporter des entrefers, c'est- à-dire des
espaces où il n'existe pas de matériaux magnétiques (air,
𝑙
cuivre...); la reluctance d'un tel élément est ℜ = ..
𝜇0 𝑆

On a supposé le circuit magnétique constitué par des volumes de forme


cylindrique disposés en série. Or, il est évident que lorsque le flux passe d'un
cylindre à un autre de section différente il se produitdes zones de transition qui
bordent defranges les lignes de raccordement.
Dans la pratique on effectue le raccordement par une pièce ferromagnétique,
en forme générale de cône.
La réluctance du raccordement, toujours faible, peut être assimilée à celle d'un
cylindre ayant pour hauteur la longueur 𝑙 du raccordement etpour section la
𝑆1 +𝑆2
moyenne desbases.
2

Lorsqu'un entrefer est limité d'un côté par une pièce de section S et par une
pièce de section beaucoup plus large (sinon on considère l'entrefer comme un
cylindre de section égale à la moyenne des sections), on admet que la surface
d'aboutissement des lignes d'induction est la surface S bordée d'une bande de
largeur égale à la hauteur de l'entrefer.
222

Figure 150
La détermination des fuites magnétiques étant toujours délicate, on se
contente souvent, lorsque celles-ci sont faibles d'une évaluation globale
approchée en utilisant les coefficients d'Hopkinson. Prenons l'exemple de la
figure ci-dessus. Une partie seulement du flux produit par l'enroulement
traverse la pièce B. Pour obtenir un flux 𝛷 à travers cette pièce, il faut avoir à
travers l'enroulement un flux 𝑣 𝛷, 𝑣 étant un coefficient plus grand que 1,
appelé coefficient d'Hopkinson. On peut, en se reportant à des matériels déjà
étudiés et réalisés, avoir uneidée de ce coefficient que l'on admet indépendant
du flux <I>. Le flux v $ produit par l'enroulement se divise en deux, l'un
constitue le flux utile O, l'autre les fuites et vaut (𝑣 − 1)𝛷
223

5. Reluctance du circuit magnétique constitué par un noyau droit


Pour calculer l'induction produite dans un noyau droit de diamètre d et de
longueur I sur lequel on a enroulé un bobinage on est amené à calculer la
reluctance du circuit constitué par le noyau et par l'airqui est autour. La
𝑙
reluctance du noyau estℜ1 = . La reluctance de l'air est donnéepar la
𝜇𝑆
𝑙 𝑙
formule empirique ℜ = .Le coefficient 𝑘 est fonction du rapport de la
𝜇0 𝑆 𝑑
𝑙 𝑙
longueur du barreau à son diamètre et vaut2,19 pour = 10; 3,14 pour =20; 4
𝑑 𝑑
𝑑
pour 1- = 50; 4,5 pour = 80 et plus.
𝑙

Figure 151
6. Méthode graphique de détermination du flux
Le problème de la détermination du bobinage caractérisé par les ampères-
tours ni, nécessaire pour obtenir un flux donné dans une pièce donnée, est
assez facile à résoudre en utilisant, comme nous l'avons vu, les lois du circuit
magnétique. Si par contre on veut, connaissant les ampères-tours, trouver les
flux, le problème est beaucoup plus complexe. En effet, on ne peut déterminer
les reluctances que lorsqu'on connaît la perméabilité, c'est-à-dire au fond le
flux, inconnue du problème. On peut évidemment opérer par approximations
successives ou bien se donner différentes valeurs du flux, chercher les
ampères-tours correspondants et tracer la courbe du flux en fonction des
ampères-tours nécessaires pour le produire. Cette dernière méthode, longue si
on l'aborde par le calcul, peut être efficacement employée si on traite le
problème graphiquement.
Le long d'une ligne d'induction on a
𝐻1 𝑙1 + 𝐻2 𝑙2 + 𝐻3 𝑙3 + ⋯ + 𝐻𝑛 𝑙𝑛 + ⋯
Les quantités telles que 𝐻1 𝑙1 , 𝐻2 𝑙2 … 𝐻𝑛 𝑙𝑛 … sont des différences de potentiel
magnétique (différence de potentiel = travail du champ). On trace les courbes,
224

appelées caractéristiques partielles, donnant le flux qui traverse chaque


élément en fonction de la différence de potentiel magnétique entre les
extrémités. Ces courbes sont, à un changement d'échelle près, les courbes de
magnétisme des matériaux [(𝑉𝐴 − 𝑉𝐵 ) = 𝐻𝑙, 𝛷 = 𝐵𝑆].
Lorsque des matériaux sont en série, les différences de potentiel magnétique
s'ajoutent et le flux se conserve. En ajoutant pour une même ordonnée les
abscisses des diverses caractéristiques partielles on obtient la caractéristique
partielle des divers éléments en série.
Lorsque des éléments sont en parallèle, la différence de potentiel magnétique
aux bornes est la même et les flux s'ajoutent. On a la caractéristique de
l'ensemble en ajoutant pour une même abscisse les ordonnées des
caractéristiques partielles des éléments en parallèle. Si l'un des éléments
possède un enroulement, la différence de potentiel magnétique entre ses
extrémités est évidemment 𝐻𝐾 𝑙𝐾 − 𝑛𝐾 𝐼𝐾 .
La relation ∑ 𝑛𝐼 = ∑ 𝐻1 𝑙1 se traduit en disant que la somme des ampères-tours
∑ 𝑛𝐼 est égale à la somme des différences de potentiel magnétique lorsqu'en
suivant une ligne de force on revient au point de départ. On construit, comme il
vient d'être indiqué, la courbe du flux en fonction de la somme des différences
de potentiel magnétique lorsque, en suivant une ligne d'induction on revient à
son point de départ. Cette courbe est la courbe du flux en fonction de la
somme des ampères-tours caractéristiques des divers enroulements placés sur
la maille correspondante du circuit.
7. Exemple d'étude d'un circuit magnétique
Nous nous proposons d'étudier le circuitreprésenté ci-contre.
La partie A E D du circuit est caractériséepar ses dimensions 𝑙 et S, le champ
H et le flux 𝛷
225

Figure 152
La partie A F D est caractérisée par les éléments 𝐼2 , 𝑆2 , 𝐻2 𝑒𝑡 𝛷2 .
La partie A B C D est caractérisée par les éléments 𝐼1 , 𝑆1 , 𝐻1 𝑒𝑡 𝛷1 entre A et B et
entre C et D par 𝑙1′ , 𝑆1′ , 𝐻1′ , 𝛷1 entre B et C.
226

Figure 154
227

VII.7. ELECTROAIMANTS
1. Généralités
Un électroaimant est un appareil qui utilise l'aimantation d'un noyau de fer
doux par un courant, circulant dans une bobine disposée sur ce noyau, pour
attirer une pièce de fer placée dans son voisinage.
Les électroaimants ont des applications nombreuses car ils permettent
d'effectuer à distance le déplacement de pièces ferromagnétiques. On utilise
pour le levage et la manutention, pour la manoeuvre des signaux de chemin de
fer, pour la manoeuvre des contacteurs destinés à ouvrir ou fermer à distance
des circuits parcourus par des courants importants, des électroaimants
robustes à grande force portante, dont la bobine est parcourue par un courant
important. On utilise pour ouvrir et fermer des circuits parcourus par des
courants faibles de petits électroaimants appelés relais. Ces appareils jouent un
rôle essentiel dans les matériels utilisés en télégraphie et en téléphonie
automatique. On les utilise sur les avions et dans les aéroports dans de
nombreux dispositifs. Nous allons insister dans ce qui suit sur ce type d'électro-
aimants.
2. Electroaimants nom polarisés
Un électroaimant est dit non polarisé lorsque son circuit magnétique ne
comporte aucun aimant permanent. On distingue le noyau sur lequel est placée
une bobine, la culasse destinée à fermer le circuit magnétique et l'armature,
pièce mobile qui est attirée par un noyau, lorsque la bobine est parcourue par
un courant. Dans son mouvement, l'armature ouvre ou ferme des contacts.

Figure 155
228

Un ressort généralement constitué par une lame élastique (contact mobile)


maintient l'armature écartée du noyau lorsqu'aucun courant ne circule dans la
bobine.
La force portante, c'est-à-dire la force que le noyau exerce sur l'armature
lorsque ces éléments sont en contact, est donnée par la formule
𝑆𝐵2
𝐹=
2𝜇0
En effet, il apparaît sur les surfaces en regard du noyau et de l'armature des
masses magnétiques de densité superficielle +𝔍et −𝔍. Le champ produit par
𝔍
l'une d'elles au voisinage de l'autre est sensiblement égal à et la force
2
𝑆𝔍2
d'attraction est = 𝜇0 .
2

𝑆𝐵2
En confondant 𝜇0 𝕵 et B, on a bien la formule 𝐹 = . L'induction B peut
2𝜇0
être trouvée en appliquant la loi du circuit magnétique. Nous supposerons pour
simplifier que le noyau, la culasse et l'armature ont même section S et que
l'ensemble a une longueur 𝑙. Les lignes d'induction passent, dans l'entrefer, qui
est toujours petit, dans un cylindre de section S et de hauteur 𝑒.

Nous avons tracé la courbe de la force d'attraction de l'armature lorsque le


courant I est constant et que l'entrefer varie.
𝑙
Lorsque e n'est pas très petit est négligeable devant e et la courbe se
𝜇𝑟
𝜇0 𝑆𝑛2 𝐼 2
confond avec la courbe 𝐹1 = .
2𝑒 2

Nous avons porté sur la même figure la force de rappel 𝐹′ due au ressort, force
qui varie linéairement avec 𝑒 (e caractérise la déformation).
229

Figure 156
L'entrefer peut varier entre 𝑒1 (butée de travail) et 𝑒2 (butée de repos). La force
qui maintient l'armature en position de repos en l'absence de courant est ̅̅̅̅̅̅𝑒2 𝐵2 .
Lorsqu'on établit celui-ci, l'armature se déplace sous l'action de la force 𝐵 ̅̅̅̅̅̅̅
2 𝐴2 .
En position de travail, l'armature est maintenue par la force ̅̅̅̅̅̅̅
𝐵1 𝐴1 . Elle revient
au repos lorsqu'on coupe le courant sous l'action de la force𝑒̅̅̅̅̅̅
1 𝐵1 .

Il est intéressant d'étudier la force d'attraction en fonction de l'intensité pour


un entrefer donné de façon à connaître la sensibilité du relais (courant
minimum qui le fait fonctionner). L'étude ne présentant pas d'intérêt pour un
𝑙
entrefer nul, on peut toujours supposer que l'entreferexiste et que est
𝜇𝑟
négligeable devant e. On a alors
𝜇0 𝑆𝑛2 2
𝐹≠ 𝐼 .
2𝑒 2

Figure 157
La courbe est une parabole.
3. Électroaimants à armature polarisée
230

Les relais non polarisés ne sont pas sensibles. Ceci résulte du fait que, lorsque
l'intensité est très petite, la force, qui est proportionnelle à son carré, est
insignifiante. Les électroaimants polarisés, c'est-à-dire comportant un aimant
permanent dans leur circuit magnétique, sont par contre sensibles à des
courants très faibles, comme ceux utilisés en télégraphie.
La figure ci-après représente schématiquement un aimant à armature
polarisée.
L'armature en fer doux constitue le prolongement d'un aimant permanent: elle
est aimantée et a la polarité du pôle auquelelle est fixée; son aimantation reste
pratiquement constante et égale à 𝔍0 .
La circulation du courant dans les bobines crée sur les parties du noyau placées
en face de l'armature une aimantation 𝔍 proportionnelleau courant 𝐼. Le
𝔍
champ produit est 𝐻 = ± .
2

Figure 158
L'armature est attiréepar un noyau, repoussée par l'autre avec une force égale
𝜇0 𝔍𝔍0 𝑆
à proportionnelle au courant 𝐼. Les polarités des noyaux A et B
2
s'inversentavec le courant. Il en résulte que le relais est sensible au sens du
courant, l'armature se déplaçant d'un côté ou de l'autre. Ceci n'est pas le cas
des électroaimants non polarisés, dontl'armature est attirée quel quesoit le
sens du courant.
231

Figure 59
La comparaison des courbes d'attraction d'un électro- aimant non polarisé
(courbe 1) et d'un électroaimant polarisé (courbe 2) montre que pour les
intensités faibles ce dernier est plus sensible.
4. Électroaimants à noyau polarisé
Le noyau des électroaimants à noyau polarisé est formé par un aimant
permanent.
Lorsqu'il ne circule aucun courant dans la bobine placée sur lecircuit
𝐵2 𝑆
magnétique, l'armature est attirée par une force 𝐹 = , B étant l'induction
2𝜇0
produite dans l'entrefer par l'aimant permanent. Un ressort équilibre
généralement la force F.
Le passage d'un courant dans l'enroulement renforce ou diminue l'aimantation
𝑆𝐵.∆𝐵
du noyau, selon son sens, etmodifie la force de ∆𝐹 = . Il en résulte un
2𝜇0
mouvement de l'armature.
Nous avons vu, dans l'étude des aimants permanents, comment on détermine
l'induction dans l'entrefer lorsqu'il n'y a aucun bobinage sur le circuit
magnétique. On peut facilement généraliser les résultats obtenus.
Supposons pour simplifier la section du circuit magnétique constante. Il en
résulte que l'induction est constante dans tout le circuit (𝐵⃗⃗ est à flux
conservatif).
232

Figure 160
Soit 𝐻1 le champ dans l'aimant de longueur 𝑙1 , 𝐻2 le champ dans la culasse en
fer doux de longueur 𝑙2 et ℎ le champ dans l'entrefer de longueur 𝑒.
On a

𝜇0 𝑙2
Si l'entrefer est suffisant est négligeable devant 1 à cause de la grande
𝜇2 𝑒
𝜇2 𝑒 𝑛𝐼
valeur de la perméabilité 𝜇𝑟2 = et𝐻1 = − 𝐵+ .
𝜇0 𝜇0 𝑙1 𝑙1

Nous avons vu précédemment qu'en l'absence de courant le champ et


l'induction étaient obtenus en prenant le point de rencontre de l'arc de
démagnétisation de la courbe B (H) relative à l'aimant et de la droite 𝐻1 =
𝑒𝐵
− .Nous avons vu également que, dans la pratique, on créaitune légère
𝜇0 𝑙1
démagnétisation de façon à fixer le point figuratif M sur une droite de recul 𝐴𝐴′
dont la pente 𝜇𝑟0𝑣 est la perméabilité réversible. Lorsqu'un courant circule dans
la bobine le champ est
233

𝑒𝐵 𝑛 𝐼
𝐻1 + ∆𝐻1 = − + .
𝑙1 𝜇0 𝑙1
𝑛𝐼
La variation d'induction est∆𝐵 = 𝜇𝑟0𝑣 ∆𝐻1 , ou ∆𝐵 = 𝜇𝑟0𝑣 .
𝑙1
𝜇𝑟0𝑣 𝑛 𝐼
La variation de force est∆𝐹 = 𝑆𝐵 . .
𝜇0 𝑙1

Figure 161
𝑆𝐵 𝜇𝑟0𝑣
Elle est proportionnelle au courant et peut être grande si est grand.
𝑙1 𝜇0

Les écouteurs téléphoniques sont des électroaimants à noyau polarisé, dont


l'armature est constituée par la membrane. Les variations de force qui
s'exercent sur celle-ci et produisent sa vibration sont proportionnelles au
courant variable qui parcourt les bobines.
VII.8. THÉORIE MODERNE DU MAGNÉTISME
1. Généralités
Historiquement, le magnétisme a été étudié avant l'électromagnétisme
puisque les expériences de Coulomb sont de 1780 et que l'expérience
d'Oersted est de 1820. Il en est résulté que l'on a cherché à expliquer
l'électromagnétisme à l'aide du magnétisme. C'est en particulier ce qui a été
fait avec la théorie des feuillets magnétiques où les circuits électriques sont
assimilés à des aimants infiniment minces. Cette théorie est tout à fait
artificielle car il est évident que s'il n'y avait pas eu de corps ferromagnétiques
sur la Terre, le magnétisme n'aurait pas été découvert. Les courants auraient
néanmoins exercé des forces les uns sur les autres et on aurait pu parler de
champ produit par un courant, le champ se présentant comme intermédiaire
de calcul dans l'évaluation des forces. Si le magnétisme avait été découvert
234

après que les propriétés des courants électriques aient été étudiées, il aurait pu
se faire qu'on ait cherché à expliquer le magnétisme à l'aide de
l'électromagnétisme. La théorie atomique conduit justement à ce genre
d'explications.
Dans un atome les électrons décrivent des orbites quasi circulaires autour du
noyau. On peut considérer que le mouvement de chaque électron constitue un
courant. Il en résulte que chaque orbite électronique constitue un dipôle, tant
au point de vue des actions subies, qu'au point de vue du champ créé.
Il est facile de connaître le moment du dipôle ainsi constitué. Un électron au
cours de sa rotation produit un courant égal à la quantité d'électricité qui
traverse un plan perpendiculaire à sa trajectoire. Si un électron fait 𝑣 tours par
seconde, 𝐼 = 𝑣 𝑒. Nous avons vu que le moment magnétique d'un circuit est
⃗⃗⃗ = 𝐼𝑆⃗; si 𝑟 est le rayon de l'orbite électronique supposée circulaire, le
𝑚
moment magnétique est perpendiculaire au plan de l'orbite et vaut
𝑚 = 𝑣 𝑒𝜋𝑟 2 .
En général, un atome comporte un grand nombre d'électrons. En composant
les moments magnétiques relatifs à chaque orbite électronique, on obtient le
moment magnétique de l'atome. Pour être complet, il faut également parler
des moments magnétiques créés par la rotation des électrons sur eux-mêmes
(moments de spins) qui se composent avec les moments orbitaux.
2. Diamagnétisme
Lorsqu'un atome se trouve placé dans un champ magnétique, les électrons en
mouvement sont soumis à des forces. Etudions la force qui s'exerce sur un
électron dont nous supposons la trajectoire perpendiculaire au champ.

L'application de la formule 𝑑𝑓 = 𝑞 (𝑣⃗𝛬 𝐵 ⃗⃗) montre que l'action du champ


produit une force radiale, égale à 𝑑𝑓 = 𝑒. 𝑟. 𝜔. 𝐵, 𝜔 étant la
vitesse angulaire de l'électron (𝜔 = 2𝜋𝑣). Avant l'établissement du champ, la
force centrifuge, à laquelle était soumis l'électron, était équilibrée par la force
d'attraction 𝑓0 du noyau. On avait 𝑓0 = 𝑚𝜔2 𝑟. Laprésence de la force 𝑑𝑓 rompt
cet équilibre. Il est nécessaire, pour le rétablir, que, soit la trajectoire, soit la
vitesse de l'électron soient modifiées. Langevin a montré que le rayon 𝑟 de la
trajectoire électronique reste la même et qu'il apparaît lorsque 𝐻 varie de 0 à
la valeur considérée un champ électrique tangent à la trajectoire qui fait varier
la vitesse angulaire de 𝜔 à 𝜔 + 𝑑𝜔. La force 𝑓0 n'étant pas modifiée, on
235

−𝑒𝑟 𝜔 𝐵 −𝑒 𝐵
doitavoir 𝑑(𝑚𝜔2 𝑟) + 𝑑𝑓 = 0 ou 𝑑𝜔 = = . Le momentmagnétique
2𝑚 𝜔 𝑟 2𝑚
de la trajectoire qui était:
2
𝜔 𝑒 𝑟2
𝑚 = 𝑣 𝑒𝜋𝑟 =
2
𝑒𝑟 2 𝑒 2𝑟 2
a subi la variation ∆𝑚 = 𝑑𝜔 𝑜𝑢 ∆𝑚 = − 𝐵.
2 4𝑚

Figure 162
Etant donnée l'extrême petitesse des susceptibilités diamagnétiques,on peut
𝑒 2𝑟 2
remplacer B par 𝜇0 𝐻 et écrire ∆𝑚 = −𝜇0 . 𝐻..
4𝑚

Il est facile de voir que, quelle que soit la disposition du champ et de la vitesse
de l'électron, le moment magnétique est diminué.

Si maintenant le champ 𝐻 ⃗⃗ n'est pas dirigé selon la direction du moment


magnétique 𝑚 ⃗⃗⃗, seule la composante du champ selon cette direction intervient
pour modifier le moment magnétique; l'autre composante interviendrait pour
orienter l'atome, comme nous le verrons dans la théorie du paramagnétisme.
Considérons un atome dont les trajectoires sont assez nombreuses et assez
symétriquement disposées pour qu'en l'absence de champ extérieur ∑ 𝑚 ⃗⃗⃗ = 0.
Lorsqu'on place l'atome dans un champ, les moments magnétiques des
diverses trajectoires se trouvent modifiés, mais pas tous de la même façon car
les trajectoires ont des orientations différentes
236

par rapport au champ extérieur. Il y a compensation pour les effets


d'orientation, car le couple orienteur est ∑ 𝑚 ⃗⃗ = 0, mais pas en ce qui
⃗⃗⃗𝛬 𝐵
concerne les modifications des moments magnétiques. L'atome acquiert un
moment magnétique ∑ ∆𝑚 ⃗⃗⃗, toujours opposé au champ et proportionnel à
celui-ci. Le corps est diamagnétique.
De ce qui précède, on peut déduire l'expression de la susceptibilité
magnétique.
Si les ʓ trajectoires électroniques (ʓ nombre atomique) d'un atome étaient
⃗⃗,
circulaires, de même rayon et perpendiculaires au champ 𝐻
−𝜇0 𝑒 2 𝑟 2 ʓ𝑁
on aurait pour la susceptibilité atomique d'un corps 𝑥 = . 𝐻(N :
4𝑚
nombre d'atomes dans l'imité de volume).
En réalité, les trajectoires ont toutes les orientations. Si on prend comme axe
𝑂ʓ la direction du champ, le moment magnétique d'unatome est:
−𝜇0 𝑒 2 𝑖=ʓ
∆𝑚 = . 𝐻 ∑𝑖=1(𝑥̅𝑖2 + 𝑦̅𝑖2 ).
4𝑚

Si on suppose que l'atome a la symétrie sphérique, on a, en faisant apparaître


la moyenne ̅̅̅
𝑟 2 des carrés des rayons des trajectoires
𝑟̅𝑖2 −𝜇0 𝑒 2 ̅̅̅
2 2 −𝜇0 𝑒 2 ̅̅̅
𝑟2
𝑥̅𝑖2 = 𝑦̅𝑖2 = ʓ̅2𝑖 = et∆𝑚 = 𝑟 . .𝐻 ou∆𝑚 = . 𝐻et la
3 4𝑚 3 6𝑚
−𝜇0 𝑒 2 ̅̅̅
𝑟2
susceptibilité est 𝑥 = . ʓ𝑁; ce résultat est bien confirmépar
6𝑚
l'expérience.
3. Paramagnétisme
Les corps paramagnétiques sont des corps qui, en l'absence de champ, ont un
moment magnétique atomique non nul ∑ 𝑚 ⃗⃗⃗ ≠ 0. Ceci a lieu lorsque les orbites
électroniques sont peu nombreuses ou présentent, dans leur ensemble, un
manque à la symétrie sphérique. Le paramagnétisme apparaît donc comme lié
à la structure de certains atomes qui occupent des régions particulières dans le
tableau de Men-delejeff (groupes Fe, Pb, Pt, terres rares).
En l'absence de champ, un échantillon quelconque de matière paramagnétique
semble macroscopiquement dépourvu d'aimantation car les moments
atomiques sont orientés avec une probabilité égale dans toutes les directions.
237

La présence d'un champ magnétique extérieur produit un effet général


d'orientation, les moments magnétiques tendant à se placer dans le sens du
champ. Cette tendance à l'orientation est contrebalancée par l'agitation
thermique et un équilibre statistique s'établit. Sans l'agitation thermique, tous
les atomes s'orienteraient parallèlement au champ et l'unité de volume du
corps aurait son moment maximum. Sans champ magnétique, les moments
atomiques se répartiraient au hasard et l'aimantation serait nulle. Si les deux
causes agissent simultanément, l'aimantation est d'autant plus intense que le
champ 𝐻 ⃗⃗ est plus grand et que l'agitation thermique, c'est-à-dire la
température absolue T, est plus faible (Loi de Curie).
Le calcul montre que pour les champs relativement faibles, quel'on réalise
𝑚2 𝑁
pratiquement l'intensité d'aimantation est donnée par𝔍 = 𝜇0 𝐻 et la
3𝑘𝑇
𝑚2 𝑁
susceptibilité magnétique par 𝑥 = 𝜇0 .
3𝑘𝑇

Dans cette expression 𝑚 est le moment atomique, N le nombre d'atomespar


unité de volume, 𝑘 la constante deBoltzmann, quotient de la constante R
desgaz parfaits par le nombre d'Avogadroet T la température absolue. Pour
deschamps très intenses, on aurait une saturation et ceci d'autant plus
facilementque la température est plus basse. Cerésultat de la théorie a été
vérifié par KamerlinghOnnes (laboratoiredu froid à Leyde) sur le sulfate de
gadolinium à 14° absolus.

Figure 163
Nous ajouterons qu'au phénomène de paramagnétisme il se superpose le
phénomène de diamagnétisme, mais ce dernier est, sauf cas exceptionnel,
négligeable devant le paramagnétisme.
4. Ferromagnétisme
La théorie que nous avons faite du paramagnétisme ne tient pas compte des
actions entre atomes voisins. Ces actions sont négligeables pour les gaz et on
peut admettre que, pour un certain nombre de substances solides, il existe une
238

sorte de compensation qui les neutralise. Par contre, dans les corps
ferromagnétiques (qui sont paramagnétiques) les actions entre atomes voisins
ne peuvent plus être négligées. Même en l'absence de champ extérieur, une
molécule quelconque est soumise à un couple qui tend à l'orienter
parallèlement aux molécules voisines.

Au champ extérieur 𝐻 ⃗⃗1 il s'ajoute un champ moléculaire 𝐻


⃗⃗𝑀 . La nature de ce
champ a été expliquée par Heisenberg en s'appuyant sur la théorie quantique
des permutations. Les forces orientant les moments magnétiques sont des
forces d'échange analogues à celles qui assurent la stabilité de la molécule
d'hydrogène. Ces forces ont un rayon d'action très faible et ne s'exercent
pratiquement qu'entre atomes voisins; elles n'assurent l'ordre qu'à petite
distance. C'est un couplage d'origine électrique qui n'existe que lorsque les
distances entre atomes sont comprises entre des limites très étroites, ce qui
explique le nombre restreint de substances ferromagnétiques.
Sous l'action du champ moléculaire, il se forme dans la matière des petits
domaines contenant 104 à 106 atomes qui sont de véritables petits aimants à
aimantation uniforme. En l'absence de champ extérieur, les domaines sont
orientés au hasard et la substance ne paraît pas aimantée. Un champ extérieur
crée une aimantation générale, soit par rotation de l'aimantation à l'intérieur
de certains domaines, soit par accroissement de certains domaines aux dépens
des voisins par déplacement des parois de séparation entre domaines. La
théorie du paramagnétisme reste vraie mais elle s'applique non plus à des
atomes maisà des groupes de 104 atomes par exemple. Dans la formule 𝑥 =
𝑚2 𝑁
𝜇0 , 𝑚 est multiplié par 104 et N par 10−4 ; la susceptibilité est multipliée
3𝑘𝑇
par 104 .
La théorie, édifiée par Weiss en 1907, a été vérifiée expérimentalement.
L'observation au microscope d'une coupe de métal ferromagnétique polie et
saupoudrée de fer colloïdal a mis en évidence des spectres magnétiques dus à
une aimantation existant dans chaque domaine de Weiss indépendamment de
toute magnétisation d'ensemble.
5. Hystérésis
La théorie de Weiss permet d'interpréter le phénomène d'hystérésis.
239

On peut, pour cela, se baser sur un phénomène très simple présenté parles
cristaux de pyrrhotène (sulfure de fer) soumis à un champ parallèleà une
direction privilégiée de' ce cristal.

Figure 164
Dans un champ assez intense l'aimantation se fixe à une valeur de saturation
𝔍𝑀 . Quand on fait décroître le champ H jusqu'à zéro, 𝔍 ne change pas, ni
quand on change le sens du champ. Mais quand H atteint une certaine valeur
−𝐻𝐶 , brusquement l'aimantation se renverse et devient −𝔍𝑀 , valeur à
laquelleelle se fixe. Quand on fait croître à nouveau le champ, les mêmes
phénomènes se retrouvent en sens inverse et l'aimantation se renverse pour
une valeur +𝐻𝐶 du champ. Tout se passe comme si les aimants élémentaires
dans les cristaux ne pouvaient prendre que deux directions opposées parallèles
à𝐻⃗⃗ et se retournaient bout pour bout pour les valeurs −𝐻𝐶 et +𝐻𝐶 du champ.

Dans les corps ferromagnétiques de dimensions non très petites, les axes de
chacun des domaines élémentaires se trouvent répartis au hasard. Par suite,
quand le champ décroît, les renversements se font successivement. A chaque
renversement, l'aimantation totale du corps varie brusquement; la courbe
d'hystérésis se compose donc en fait d'une série de petits escaliers.
L'effet d'orientation brusque des petits domaines peut se mettre en évidence
par une expérience due à Barkhausen, schématisée sur la figure ci-dessous.
Une tige de nickel est placée à l'intérieur d'un bobinage relié à un haut-parleur
à travers un amplificateur. Une variation de l'induction dans l'espace intérieur à
la bobine se traduit par une f. e. m. induite qui provoque un bruit dans le haut-
parleur.
240

Figure 164
Si on approche de la tige de nickel, dépourvue d'aimantation initiale, un
barreau aimanté, on entend dans le haut-parleur une série de crépitements;
chacun d'eux correspond au déplacement brusque d'un domaine qui s'oriente
suivant la direction du champ magnétique. Si on éloigne alors l'aimant et si on
le rapproche une deuxième fois, aucun nouveau crépitement n'est observé,
l'orientation des domaines ayant subsisté entre temps. Au contraire, si la
deuxième expérience est exécutée avec l'aimant retourné bout pour bout,
l'orientation des domaines tend à se faire en sens inverse et les crépitements
réapparaissent. On a pu par enregistrement compter le nombre de
crépitements et calculer ainsi le volume moyen des domaines.

Figure 166

Supplément cours
Champ électromagnétique. Propriétés
L’étude des champs magnétiques créés par les courants a commencé dès que l’on a disposé de piles capables
de maintenir des courants stationnaires dans des circuits électriques. La prémière expérience décisive a été
réalisée par H.C. Oersted en 1819. Elle déclencha une période d’intense activité des physiciens de
l’époque ;Biot et Savart, sur une suggestion de Laplace, établissent l’expression du champ créé par un courant
filiforme et A.M. Ampère explicite complètement en 1825 cette nouvelle interaction en la reliant entre aimants
permanents.
241

De nombreuses applications industrielles s’appuient sur les propriétés du champ magnétique. Aussi l’étude des
champs magnétiques créés par des courants constitue-t-elle une partie importante de l’électrotechnique,
notamment depuis le développement des techniques de calcul rapide.

Champ électromagnétique

Définition

En électrostatique, on définit le champ électrostatique à partir de la force exercée sur une charge témoin de
valeur E= F/q. L’expérience montre cependant que l’interaction entre charges en mouvement ne peut se
réduire à une intercation électrostatique. Il convient donc de généraliser ce champ en analysant les forces qui
s’exercent sur les charges en mouvement.

Dans un référentiel galiléen, la force qui s’exerce sur une charge en mouvement peut être séparée en deux
parties l’une, indépendante de la vitesse, existe seule dans un référentiel où la particule chargée est
immobile,c’est une généralisation de la force électrostatique que l’on appelle la force électrique. L’autre,
dépendante de la vitesse de la particule et lui est orthogonale ; on l’appelle la force magnétique.

Ces constatations conduisent à la définition suivante « dans un référentiel galiléen, la force dite de Lorentz qui
s’exerce sur une charge q de vitesse v au point M, peut se mettre sous la forme

F= q(E+V X B)

Où E et B sont respectivement les champs électrique et magnétique en M. L’ensemble (E,B) forme le champ
électromagnétique en M.

Le champ électromagnétique (E,B) est une entité indivisible dont les parties électrique et magnétique
dépendent du référentiel d’analyse. Ainsi donc, deux observateurs qui se déplacent l’un par rapport à l’autre
n’attribuent pas la même valeur à la partie électrique de l’interaction.

Cependant, il est important de noter que même dans l’approximation newtonienne, les champs électrique et
magnétique sont liés et se transforment l’un en l’autre lorsqu’on change de référentiel d’observation, d’où
l’importance du concept global de champ électromagnétique.

Caractéristiques de la force magnétique

La force magnétique présente deux propriétés caractéristiques

(1) La partie magnétique de l’interaction magnétique F m= qv x B ne travaille pas puisque dT= Fm.vdt =
q(vxB).vdt= 0
Il en résulte que la force magnétique ne fournit pas d’énergie cinétique aux charges. Ainsi un champ
magnétique seul ne peut mettre en mouvement des charges initialement au repos.

(2) L’expresion Fm = qvxB qui permet de définir B fait intervenir un produit vectoriel B dépend d’une
convention d’orientation de l’espace. C’est donc un pseudo-vecteur ,cad qu’il se transforme en
l’opposé de son symétrique dans une opération de symétrie par rapport à un plan.
On peut vérifier expérimentalement ceci dans l’étude de mouvement d’un faisceau de particules.
Unités
E se mesure en V/m et B en Tesla (T). Le flux se mesure en weber (Wb).
Ordre de grandeur
Champ magnétique terrestre 0,5 x 10-4 T au sol à Paris
On produit aujourdh’hui 100 T (champ très intense) au laboratoire.
Interaction magnétique entre charges en mouvement
II.1 Force magnétique entre deux charges en mouvement
II.4 Exemples Champs magnétiques créés par des circuits filiformes
a) Champ magnétique créé par un segment rectiligne
b) Champ magnétique créé par un segment très long
242

III. Propriétés du champ magnétique


III.1 Relation entre le champ et ses sources. Théorème d’Ampère
a) Circulation du champ magnétique
b) Forme intégrale
Exemple Champ magnétique créé par un fil rectiligne
c) Forme locale du théorème d’Ampère
Exemple Etablissement de l’expression de rot B
III.2 Flux du Champ magnétique
a) Forme locale de la loi de conservation du flux magnétique
b) Expression intégrale

IV. Potentiel Vecteur

IV.1 Définition
IV.2 Invariance de jauge
IV.3 Equation de Poisson en magnétostatique
IV.4 Potentiel vecteur créé par des courants stationnaires
a) Distributions volumiques de courants
b) Distributions surfaciques ou linéiques de courants
V. Equations de passage du champ ùagnétique d’un milieu à un autre
V.1 Continuité de la composante normale de B
V.2 Discontinuité de la composante tangentielle
Quelques exemples
• Solénoide à spires carrées
VI. Equations du champ électromagnétique en régime stationnaire.
VI.1 Relation de structure du champ électrique
VI.2 Equations locales et intégrales pour le champ (E,B)

Examinons en régime stationnaire des régimes stationnaires


Introduction
I. Conductivité électrique en présence d’un champ électromagnétique(E,B) stationnaire
I.1 Equation du champ (E,B) stationnaire
I.2 Milieu conducteur
I. 3 Loi d’Ohm pour un conducteur fixe
I.4 Géometrie de Hall(ou géometrie allongée)
II. Loi d’Ohm pour un conducteur en mouvement
II.1 Courant volumique
II.2 Equation générale du courant volumique
II.3 Loi d’Ohm locale pour un conducteur en mouvement
III.Actions sur un conducteur. Force de Laplace
III.1 Force de Laplace
III.2 Cas d’un conducteur filiforme
III.3 Loi des actions électrodynamiques d’Ampère
IV. Travail électromoteur et travail des forces de Laplace
IV.1 Puissance recue par un conducteur de la part du champ (E,B)
IV. 2 Travail électromoteur et travail des forces de Laplace
IV.3 Rôle du travail électromoteur
IV.4 Expressions du travail des forces de Laplace
a) Expression en fonction du flux coupé
b) Expression du travail en fonction du flux à travers le circuit
c) Règle du flux maximal
IV.5 Calcul des actions de Laplace à partir du flux
a) Cas d’une translation
b) Cas d’une rotation autour d’un axe
IV.6 Force et moment agissant sur un dipôle magnétique rigide

II.
243

CHAPITRE VIII
LES COURANTS VARIABLES ET L'INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE
VIII.1. LOIS DU COURANT ÉLECTRIQUE EN RÉGIME VARIABLE
1. Généralités
Après avoir étudié l'électricité au repos, nous avons énoncé les lois de
l'électricité applicables aux courants constants. Peut-on étendre ces lois aux
courants variables ?
Au point de vue électrique, un élément de volume est caractérisé par deux
vecteurs: le champ qui définit les forces qui s'exercent sur les charges mobiles
et la densité de courant.
Dans un conducteur parcouru par un courant continu, le champ total qui
s'exerce sur les charges mobiles comprend: le champ électrostatique 𝐸⃗⃗𝑠 , le
champ de frottement 𝐸⃗⃗𝑓 et éventuellement le champ électromoteur⃗⃗⃗⃗ 𝐸𝑚 si on a
affaire à un générateur ou à un récepteur. Si le conducteur est parcouru par un
courant variable, il y a lieu de tenir compte d'un phénomène
nouveau:l'induction électromagnétique. Aux champs précédemment
énumérés, il y a à ajouter le champ d'induction 𝐸⃗⃗𝑖 . Autrement dit, aux forces
électromotrices des générateurs ou récepteurs, il faut ajouter des forces
électromotrices induites, que nous allons étudier au cours du présent chapitre.
244

La démonstration que nous avons faite de la loi d'Ohm reste valable lorsqu'on a
affaire à un courant variable, car on peut toujours négliger les forces d'inertie
des électrons mobiles, qui ont une masse très faible

et ne prennent que des vitesses d'ensemble faibles. On a toujours 𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ ,,


mais dans cette expression 𝐸⃗⃗ est le champ électrique total 𝐸⃗⃗𝑠 + 𝐸⃗⃗𝑖 .
En régime permanent, le vecteur densité de courant est à flux conservatif. Il
n'en est pas de même en régime variable car la relation
𝜕𝜌
div 𝑗⃗ =0est remplacée par 𝑑𝑖𝑣 𝑗⃗ + = 0. L'application de la d'Ohm donne
𝜕𝑡

𝑑𝑖𝑣𝑗⃗ = 𝛾𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = 𝛾 (𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗𝑠 + 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗𝑖 . ) .


𝜌
Il résulte du théorème de Gauss que 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗𝑠 = .. Nous verronsen étudiant les
𝜀
phénomènes d'induction électromagnétique que 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗𝑖 = 0.
On a donc
𝜕𝜌 𝛾
+ =0
𝜕𝑡 𝜀
𝛾
On déduit que 𝜌 = 𝜌0 𝑒 −𝜀 𝑡 ; cherchons pour im conducteur l'ordre de grandeur
𝜀
de .
𝛾
1 1
Pour le cuivre 𝜀# et - = 1,7. 10−8 ..
36 𝜋 109 𝛾
𝜀 𝜀 1
La quantité , appelée constante de temps du phénomène, vaut = =
𝛾 𝛾 36 𝜋 109
1,7. 10−8 # 10−19 𝑆. Autrement dit, les charges quisont apportées dans un
élément de volume tendent à disparaître très vite. On peut donc affirmer qu'au
bout d'un temps, toujours négligeable, la densité de charge 𝜌 dans la masse
d'un conducteur est nulle.
𝜌=0
Dans un conducteur on a donc{
𝑑𝑖𝑣 𝑗⃗ = 0
Mais le conducteur peut, comme en électrostatique, porter sur sa surface des
charges de densité 𝜎. Nous avons vu que la conservation de l'électricité au
𝜕𝜎
voisinage de la surface d'un conducteur se traduit par 𝑗𝑁 − = 0.
𝜕𝑡

Il en résulte qu'un conducteur ne constitue pas, comme en courant continu, un


tube de courant fermé. Ce fait est bien mis en évidence en plaçant un
245

condensateur en série dans un circuit; au cours de la charge, un courant circule


dans le circuit, bien que celui-ci soit interrompu par l'espace isolant entre les
armatures. C'est pourquoi l'existence
𝜕𝜎
d'une valeur non nulle de 𝑗𝑁 , conformément à la relation 𝑗𝑁 − = 0,
𝜕𝑡

est appelée effet de capacité. Cet effet apparaît aussi quand deux fils
conducteurs passent très près l'un de l'autre. Entre ces fils, le champ électrique
est très intense et, conformément au théorème de Coulomb, qui se généralise
aux régimes variables, la densité c est grande sur les surfaces en regard. Il en
𝜕𝜎
résulte en général une valeur importante de . S'il s'agit de phénomènes
𝜕𝑡
alternatifs, la densité 𝑗𝑁 du courantde capacité est, toutes choses égales
d'ailleurs, proportionnelle à la fréquence; c'est pourquoi, en pratique, l'effet de
capacité entre fils intervient peu aux fréquences des réseaux industriels de
distribution d'énergie et joue un rôle important aux fréquences élevées.
2. Extension des lois de Kirchhoff aux régimes variables
L'une des difficultés qui interviennent en régime variable est que le vecteur
densité de courant n'est plus à flux conservatif. Or l'application des lois de
Kirchhoff implique la conservation des courants. Nous allons voir à quelles
conditions on peut encore les appliquer en régime variable.
Examinons d'abord le cas simple, où, par suite de la forme du circuit (fils
éloignés l'un de l'autre) l'effet de capacité ne se manifeste que par la présence
d'un condensateur en série. Puisque le courant qui sort d'une armature est égal
au courant qui entre par l'autre, on peut encore considérer que, à l'exclusion
du condensateur, le vecteur densité de courant est à flux conservatif. Les lois
de Kirchhoff restent applicables, le condensateur apparaissant comme un
élément pour lequella tension 𝑢 à ses bornes est liée au courant par la relation
𝑑𝑢
: 𝑖=𝐶 (pour compter algébriquement la tension on considère le
𝑑𝑡
condensateur comme un récepteur).
Examinons maintenant le cas d'un circuit dans lequel se manifestent des effets
de capacité entre fils. Si ces effets sont localisés dans certaines régions, on peut
se ramener au cas précédent en symbolisant ces capacités parasites par des
condensateurs placés entre les fils. Les lignes de courant qui s'arrêtaient à la
surface des conducteurs sont maintenant supposées s'arrêter sur les armatures
246

du condensateur fictif ainsi introduit et qui constitue une dérivation pour le


courant. L'approximation que nous venons de faire rend le flux du vecteur
densité de courant quasi- conservatif, car nous avons supposé que toutes les
interruptions de tubes de courant se faisaient entre des armatures de
condensateur assez rapprochées pour qu'on puisse négliger cette interruption.
Finalement, avec les restrictions que nous venons de voir, les lois de Kirchhoff
restent applicables aux régimes variables.
3. Phénomène de propagation
Le fait qu'en régime variable le vecteur densité de courant ne soit pas à flux
conservatif entraine des phénomènes de propagation sur lesquels nous
reviendrons dans la suite du cours. Les effets électriques et magnétiques
produits par les charges ne se font pas sentir immédiatement à distance. Ils se
propagent à partir de la source, dans le vide (ou dans la matière) avec une
vitesse c = 300 000 km/s (vitesse de la lumière). Quand la source est le siège de
phénomènes alternatifs de fréquence 𝑓, il y a émission d'une onde
électromagnétique (propagation du champ électrique et du champ
𝑐
magnétique) caractérisée par sa longueur d'onde 𝜆 = L'influence des
𝑓
phénomènes de propagation n'estdécelable que si les longueurs qui
interviennent, dimensions des circuits et distances de ceux-ci aux points
d'observation, ne sont pas négligeables vis-à-vis de la longueur d'onde.
On conçoit que ce phénomène puisse être complètement passé sous silence
dans l'étude des courants 50 Hz des réseaux de distribution d'énergie, alors
qu'il joue un rôle essentiel dans la technique radio- électrique.
4. Approximation des états quasi-stationnaires
Au point de vue de la formulation des lois de l'électricité le fait qu'en régime
variable le courant ne soit plus conservatif entraîne deux choses:
1°) la révision des lois de Kirchhoff.
Nous venons de voir qu'on pouvait l'éviter par l'introduction des capacités
parasites.
2°) la révision des lois du champ magnétique.
La loi d'Ampère énoncée en courant continu suppose des courants fermés sur
eux-mêmes (pour que 𝑗⃗ puisse être égalé à un rotationnel il est nécessaire que
ce vecteur soit à flux conservatif). On peut conserver ces lois en imaginant un
247

courant fictif appelé courant de déplacement qui prolongerait le courant réel


lorsqu'il s'interrompt. Or les phénomènes de propagation sont justement liés
aux interruptions des tubes de courant. L'approximation qui consiste à
conserver les lois du courant continu est donc légitime lorsque les phénomènes
de propagation sont négligeables, c'est-à-dire lorsque les dimensions du circuit
sont petites devant la longueur d'onde des courants périodiques dont le circuit
est le siège.
En résumé, lorsqu'on a à étudier des circuits électriques de dimensions pas trop
grandes parcourus par des courants de fréquences pas trop élevées, avec des
effets de capacité assez localisés pour qu'on puisse en tenir compte par la
simple adjonction de capacités parasites, il est légitime d'appliquer les lois du
courant continu, à condition de considérer que le champ électrique 𝐸⃐⃗ est la
somme de deux termes: le champ électrostatique 𝐸⃗⃗𝑠 et le champ d'induction 𝐸⃗⃗𝑓
dont nous allons faire l'étude. Nous faisons ainsi une approximation, dite
approximation des états quasi-stationnaires3 dont nous supposerons satisfaites
les conditions de validité dans le présent chapitre et dans les chapitres relatifs
au courant alternatif.
VIII.2. INDUCTION ÉLECTROMAGNÉTIQUE
1. Faits expérimentaux — Loi de Lenz
Si on déplace dans un champ magnétique un circuit formé par un fil dont les
extrémités sont réunies à un galvanomètre, on constate qu'un courant circule
dans celui-ci. L'expérience montre que le courant passe tant que le flux à
travers le circuit varie. Le circuit est alors le siège d'une force électromotrice
appelée force électromotrice d'induction.
Le circuit siège du courant produit par la f. e. m. induite, lorsqu'on déplace un
circuit dans un champ, est soumis aux forces électromagnétiques dues à
l'action du champ sur le courant. Puisqu'on recueille de l'énergie sous forme
électrique, il résulte du principe de la conservation de l'énergie que ces forces
électromagnétiques sont dirigées en sens inverse du déplacement.
On peut énoncer la règle suivante connue sous le nom de loi de Lenz: la force
électxomotrice induite, lorsqu'on déplace un circuit dans un champ
magnétique, a un sens tel que les forces électromagnétiques dues à l'action du
champ sur le courant qu'elle ferait circuler soient dirigées en sens inverse du
déplacement.
248

2. Force électromotrice induite dans un conducteur mobile dans un champ


magnétique

Déplaçons dans un champ magnétique un élément 𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ de circuit filiforme avec


une vitesse 𝑣⃗. Par rapport à un repère lié au circuit, les charges mobiles ont une
vitesse 𝑣⃗0 . La vitesse absolue des charges est 𝑣⃗𝐴 = 𝑣⃗ + 𝑣⃗0 .
Une charge 𝑞 est soumise à la force magnétique:
⃗⃗) = 𝑞((𝑣⃗ + 𝑣⃗0 ) 𝛬 𝐵
𝐹 = 𝑞(𝑣⃗𝐴 𝛬 𝐵 ⃗⃗).

Il en résulte que les charges sont soumises au champ électromoteur (𝑣⃗ +


⃗⃗et que l'élément ⃗⃗⃗⃗
𝑣⃗0 ) 𝛬 𝐵 𝑑𝑙 est le siège de la force électromotrice:
⃗⃗]. ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑒 = [(𝑣⃗ + 𝑣⃗0 ) 𝛬 𝐵 𝑑𝑙 .

Compte tenu que 𝑣⃗0 est parallèle à ⃗⃗⃗⃗


𝑑𝑙, le champ électromoteurutile est:

𝐸⃗⃗𝑖 = 𝑣⃗ 𝛬 𝐵
⃗⃗

et on a ⃗⃗). ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑒 = (𝑣⃗ 𝛬 𝐵 𝑑𝑙 .
La f. e. m. induite dans un circuit C est
⃗⃗⃗⃗ .
⃗⃗). 𝑑𝑙
𝑒 = ∫ (𝑣⃗ 𝛬 𝐵
𝐶
Dans l'étude des machines électriques on rencontre très souvent le cas de
conducteurs rectilignes qui se déplacent dans un champ magnétique
d'induction. Le déplacement est en général normal au conducteur et la f.é.m.
induite dans celui-ci est
𝑒 = 𝐵𝑛 . 𝑙. 𝑣
(𝐵𝑛 est la composante de l'induction, normale au plan formé par le conducteur
et le vecteur vitesse).
Le sens de la f.é.m. est donné par la règle dite des trois doigts de la main
gauche (le pouce dans la direction du champ, l'index dans la direction du
déplacement, le médius dans la direction du courant que la f.é.m. ferait
⃗⃗ et
circuler). Cette règle traduit le fait que e est positifsi les vecteurs 𝑣⃗, 𝐵
⃗⃗⃗⃗⃗forment un trièdre direct.
𝑑𝑙
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑂𝑀
En remplaçant 𝑣⃗ par , dans 𝑑𝑒 = (𝑣⃗𝛬 𝐵 ⃗⃗⃗⃗ dl, on a
⃗⃗)𝑑𝑙
𝑑𝑡
249

1
𝑑𝑒 = − ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝛬 ⃗⃗⃗⃗
(𝑑𝑂𝑀 𝑑𝑙)𝐵 ⃗⃗.
𝑑𝑡
On voit apparaître le flux 𝑑𝜑 coupé par l'élément de circuit et on obtient
finalement
𝑑𝜑
𝑑𝑒 = −
𝑑𝑡
Cette formule appliquée à un fil de longueur quelconque s'écrit
𝑑𝛷
𝑒=−
𝑑𝑡
La f.é.m. apparue dans l'ensemble du fil est exprimée en volts, le flux d O coupé
par celui-ci est exprimé en webers.
𝑑𝛷
Lorsqu'on a un circuit fermé on peut, dans l'expression𝑒 = − , considérer
𝑑𝑡
𝑑𝛷
que𝛷 représente le flux d'induction à travers le circuit et que est sa vitesse
𝑑𝑡
de variation.
Considérons, en effet deux positions du circuit à l'instant 𝑡(𝐶1 ) et à l’instant𝑡 +
𝑑𝑡(𝐶2 ). Orientons les normales 𝑛⃗⃗1 et 𝑛⃗⃗2 à des surfaces s'appuyant sur les
contours 𝐶1 et 𝐶2 dans le sens du déplacement. Les sens positifs de parcours
sur les circuits 𝐶1 et 𝐶2 se trouvent alors fixés.

Figure 167
Pour évaluer le flux coupé nous devons faire intervenir l'élément𝑑𝑠 =
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗𝛬 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑂𝑀 𝑀1 𝑀2 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 ou 𝑑𝑠 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝛬
𝑀1 𝑀1′ . Ce vecteur est dirigé vers l'intérieur de la
surface fermée 𝛴 limitée par deux surfaces 𝑆1 et 𝑆2 s'appuyant sur 𝐶1 et 𝐶2 et
par la surface S balayée par le circuit. Le flux coupé 𝑑𝛷𝐶 est donc le flux entrant
à travers la surface S. Désignons par 𝛷1 et 𝛷2 les flux à travers les surfaces 𝑆1 et
𝑆2 (comptés avec l'orien¬tation des normales 𝑛⃗⃗1 et 𝑛⃗⃗2 ). Le flux sortant à travers
la surface 𝛴 est
⃗⃗ est à flux
𝛷2 −𝛷1 − 𝑑𝛷𝐶 . Il est nul puisque le vecteur induction 𝐵
conservatif:𝑑𝛷𝐶 = 𝛷2 −𝛷1 = 𝑑𝛷.
250

𝑑𝛷
Pour terminer, il est important de signaler que la formule 𝑒 = − peut être
𝑑𝑡
généralisée à un conducteur de dimensions transversales quelconques.
3. Force électromotrice induite dans un circuit fixe placé dans un champ
variable
Nous venons de voir que, si on déplace un circuit dans un champfixe, créé par
𝑑𝛷
exemple par un aimant, il apparaît la f.é.m. 𝑒 = − .
𝑑𝑡

Au lieu de lier nos axes de référence à l'aimant (c'est-à-dire au champ), lions-les


au circuit. On a alors par rapport à ce repère un circuit fixe traversé par un flux
variable. Si on admet le principe de la relativité, les lois physiques s'expriment
de la même façon par rapport à deux trièdres de référence en translation l'un
par rapport à l'autre. Dans cesconditions, le circuit est le siège de la f.é.m. 𝑒 =
𝑑𝛷
− .
𝑑𝑡

D'une façon générale, lorsqu'un circuit est traversé par un flux d'induction
𝑑𝛷
variable au cours du temps, il est le siège d'une f.é.m. 𝑒 = − . La cause de la
𝑑𝑡
variation du flux peut résulter à la foisd'un déplacement du circuit et d'une
variation du champ (cela revient à prendre un système de référence mobile à la
fois par rapport à l'aimant qui produit le champ et par rapport au circuit); elle
peut être due à la variation de courants dans les circuits fixes (on peut
remplacer ces circuits par des aimants que l'on déplacerait pour avoir à chaque
instant la même induction et qui produiraient le même champ électromoteur).
4. Unité de flux d'induction
𝑑𝛷
L'unité de flux d'induction est définie à partir de la formule 𝑒 = − .
𝑑𝑡

Le weber est le flux magnétique qui, traversant un circuit d'une seule spire, y
produit une force électromotrice de un volt si on l'amène à zéro en une
seconde par décroissance uniforme.
5. Champ électromoteur d'induction
Pour connaître les effets d'induction dans un circuit non filiforme et en
particulier déterminer la répartition des courants qui y circulent, il ne suffit pas
de considérer globalement la force électromotrice d'induction. Il est nécessaire
de connaître, en chaque point, le champ électromoteur.
251

La force électromotrice qui apparaît le long d'un circuit quelconque est 𝑒 =


⃗⃗⃗⃗ .
∫ 𝐸⃗⃗𝑖 𝑑𝑙
𝐶

Nous avons précédemment donné l'expression:

𝑑𝛷 𝑑
𝑒=− =− ∬ 𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑠.
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑆
Si on admet, dans l'approximation des états quasi-stationnaires, que l'induction
B est donnée à chaque instant par les mêmes formules qu'en courant continu,
on a, en faisant intervenir le potentiel vecteur,
̅̅̅̅𝐴⃗ d'où
⃗⃗ = 𝑟𝑜𝑡
𝐵

⃗⃗⃗⃗⃗ = ∬ 𝑟𝑜𝑡
⃗⃗𝑑𝑠
∬ 𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗ = ∫ 𝐴⃗⃗⃗⃗⃗
̅̅̅̅𝐴⃗𝑑𝑠 𝑑𝑙 .
𝑆 𝑆 𝐶

En égalant les deux expressions de 𝑒:

𝜕
𝐸𝑖 ⃗⃗⃗⃗
∫ ⃗⃗⃗⃗𝑑𝑙 = ∫ 𝐴⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙
𝐶 𝜕𝑡
𝜕𝐴⃗
On 𝐸𝑖 = + 𝑔𝑟𝑎𝑑𝑓⃗, 𝑓 étant une fonction
en déduit ⃗⃗⃗⃗ arbitrairedes
𝜕𝑡
coordonnées et du temps. Quand les variations des phénomènes électriques
𝜕𝐴 ⃗
dans le temps deviennent de plus en plus lentes ⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑖 → 0 et → 0. La fonction
𝜕𝑡
𝑓 est donc identiquement nulle et on a

𝜕𝐴⃗
⃗⃗⃗⃗
𝐸𝑖 =
𝜕𝑡
Le champ électrique total, somme du champ électrostatique et du champ
d'induction est

𝜕𝐴⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑 𝑉− .
𝜕𝑡
Dans cette expression, V est le potentiel scalaire calculé à chaqueinstant par les
formules d'électrostatique et 𝐴⃗ le potentiel vecteur calculépar les formules
établies pour courant continu.

De la relation 𝑑𝑖𝑣 𝐴⃗ = 0, on déduit 𝑑𝑖𝑣 ⃗⃗⃗⃗


𝐸𝑖 = 0.
6. Relation de Maxwell-Faraday
252


⃗⃗ − 𝜕𝐴, on déduit
̅̅̅̅̅̅̅ 𝑉
De la relation 𝐸⃗⃗ = −𝑔𝑟𝑎𝑑
𝜕𝑡
𝜕
𝑟𝑜𝑡 𝐸⃗⃗ =
̅̅̅̅̅ 𝑟𝑜𝑡 𝐴⃗ou encore puisque𝐵
, ̅̅̅̅̅ 𝑟𝑜𝑡 𝐴⃗:
⃗⃗ = ̅̅̅̅̅
𝜕𝑡

⃗⃗
𝜕𝐵
̅̅̅̅̅𝐸⃗⃗ = −
𝑟𝑜𝑡
𝜕𝑡
Cette relation, dite de Maxwell-Faraday, remplace la relation 𝑟𝑜𝑡 ̅̅̅̅̅𝐸⃗⃗ = 0 de
̅̅̅̅̅𝐸⃗⃗ est différent de zéro,
l'électrostatique. Elle montre, puisqu'on général 𝑟𝑜𝑡
que, en régime variable, le champ électrique ne dérive pas d'un potentiel.
7. Transformation d'énergie électrique en énergie mécanique et inversement
Lorsqu'on déplace un circuit parcouru par un courant 𝐼 dans un champ
magnétique, le travail des forces électromagnétiques qui s'exercent sur le
circuit est 𝑑𝜁 = 𝐼𝑑𝛷 (𝑑𝛷 est soit le flux coupé par le circuit,soit la variation de
flux à travers le circuit). Pendant ce déplacement, la force électromotrice
𝑑𝛷
d'induction qui apparaît dans le circuit est𝑒 = − . Elle fournit l'énergie 𝑑𝑊 =
𝑑𝑡
𝑒𝐼 𝑑𝑡 = −𝐼𝑑𝛷.
On vérifie donc l'égalité 𝑑𝑊 + 𝑑𝜁 = 0.
En d'autres termes, l'énergie électrique fournie par le phénomène d'induction
est égale au travail −𝑑𝜁 que les forces extérieures au circuit ont dû effectuer
pour équilibrer les forces électromagnétiques et permettre le déplacement. Si
ce travail est positif, l'énergie électrique fournie l'est aussi. Le système se
comporte comme un générateur. Au contraire, si ce travail est négatif, l'énergie
électrique l'est aussi. Le circuit a absorbé de l'énergie électrique mais il a fourni
du travail; il se comporte comme un moteur.
Ce qui précède nous montre qu'au cours du déplacement d'un circuit en
présence d'un système d'aimants, il n'y a pas accumulation d'énergie. L'énergie
mutuelle d'un circuit et d'un système d'aimants est donc nulle.
8. Quantité d'électricité induite
Un circuit ne contenant ni générateur ni récepteur, traversé parun flux variable,
𝑑𝛷
est le siège d'une f.e.m. induite 𝑒 = − . L'intensité qui parcourt le circuit
𝑑𝑡
𝑒 1 𝑑𝛷
est 𝑖 = = . et la quantité d'électricité qui traverse une section du circuit
𝑅 𝑅 𝑑𝑡
est
253

𝑡
1 𝑑𝛷 1 ∆𝛷
𝑞 = ∫ 𝑖 𝑑𝑡 = − ∫ 𝑑𝑡 = − ∫ 𝑑𝛷 = − .
0 𝑅 𝑑𝑡 𝑅 𝑅
En général on ne se préoccupe pas du sens du courant induit et on écrit
simplement en valeur absolue:
|∆𝛷|
𝑞=−
𝑅
On voit que la mesure d'une variation de flux d'induction est ramenée à celle
d'une quantité d'électricité. Cette mesure se fait aisément en intercalant dans
le circuit un galvanomètre balistique si la variation de flux est de durée
extrêmement courte ou un fluxmètre si cette durée est quelconque.
Une première application de ce qui précède est la mesure de l'induction dans
un barreau aimanté. On place le barreau à l'intérieur d'une bobine reliée à un
galvanomètre balistique ou à un fluxmètre, la bobine étant au droit de la
section où on veut connaître l'induction B. On enlève l'aimant et on l'éloigné
suffisamment pour que la bobine ne soit plus traversée par aucun flux
appréciable. De la mesure de la quantité d'électricité induite, on déduit la
valeur du flux primitif à travers la section. L'induction B étant sensiblement
constante dans toute A0> /
∆𝛷
la section ona 𝐵 = (𝑛 : nombre de spires de la bobine; S: section du barreau).
𝑛𝑆
Si le barreau est long l'influence perturbatrice des extrémités (champ
démagnétisant) est négligeable. L'intensité d'aimantation
𝐵
𝔍est uniforme et sensiblement égale à . Le moment magnétique dubarreau
𝜇0
𝐵𝑣
est 𝑚 = 𝔍𝑣ou 𝑚 = (𝑣: volume du barreau).
𝜇0

Une deuxième application de la mesure de la quantité d'électricité induite est


la détermination de la courbe de première aimantation et de la courbe
d'hystérésis d'un matériau magnétique.
On donne au matériau à étudier la forme d'une tore pour éliminer le champ
démagnétisant. Un enroulement régulièrement disposé sur le tore, parcouru
𝑛𝐼
par un courant connu et réglable, produit le champ 𝐻 = (𝑛 : nombre de
𝑙
spires de l'enroulement, 𝑙 : longueur moyenne
254

Figure 168
L'inversion du courant produit une variation ∆𝛷 du flux, que l'on mesure à
l'aide d'une bobine (ayant 𝑛′ spires) reliée à un fluxmètre.
∆𝛷
L'induction passe de la valeur +𝐵 à la valeur −𝐵et on a 𝐵 = '.
2𝑛′ 𝑆

En répétant l'opération pour différentes valeurs du champ, après avoir pris soin
à chaque fois de désaimanter le matériau, on peut relever la courbe de
première aimantation.
En produisant des variations connues de courant (en introduisant ou en
éliminant une résistance dans le circuit du bobinage enroulé sur le tore) on
produit des variations connues du champ qui produisent des variations
d'induction que l'on mesure. On peut ainsi déterminer les courbes d'hystérésis
des matériaux magnétiques.
9. Courants de Foucault
Jusqu'ici nous n'avons étudié les phénomènes d'induction que dans les cas des
circuits filiformes. Si nous considérons une masse métallique continue, placée
dans un champ magnétique variable ou se déplaçant dans un champ
magnétique, les divers circuits que l'on peut, par la pensée, considérer à
l'intérieur de la masse sont le siège de forces électromotrices d'induction. Des
courants, appelés courants de Foucault, sillonnent la masse métallique; leur
étude complète est difficile en raison des actions mutuelles qu'ils exercent les
uns sur les autres par induction; nous nous proposons simplement dans ce qui
suit d'étudier leurs effets.
Lorsqu'on déplace une masse métallique dans un champ magnétique,
invariable par exemple, il résulte de la loi de Lenz que l'action du champ sur les
courants de Foucault induits produit des forces opposées au déplacement. La
masse métallique est freinée. Le freinage est d'autant plus énergique que la
vitesse de déplacement est plus grande et il s'annule avec celle-ci, comme si le
255

déplacement avait lieu dans un n liquide visqueux. Les courants de


Foucaultabsorbent donc de l'énergie. En même temps par effet Joule, ils
dégagent de la chaleur en quantité égale à l'énergie absorbée. Bien que les
forces électromotrices qui les provoquent soient en général relativement
faibles, les courants de Foucault peuvent prendre des intensités considérables
car la masse métallique, si elle est constituée par un bon conducteur (cuivre),
leur oppose peu de résistance. On s'explique ainsi que ces courants s'opposent
énergiquement aux causes qui les produisent et consomment beaucoup
d'énergie et que le freinage qu'ils produisent dans le déplacement d'une masse
métallique dans un champ soit très efficace. Comme application, nous citerons
l’amortissement des équipages mobiles des appareils de mesure. L'axe de
l'équipage entraîne un disque de cuivre ou d'aluminium mobile entre les pôles
d'un aimant en fer à cheval. Pour amortir les cadres des galvanomètres à cadre
mobile, on se contente de disposer une gaine de cuivre sur ceux-ci.
Une autre application est constituée par les compteurs à induction utilisés pour
mesurer l'énergie des courants alternatifs. Deux bobines, l'une appelée bobine
d'intensité parcourue par le courant débité dans l'installation, l'autre, appelée
bobine de tension, placée en dérivation aux bornes de l'installation, induisent
dans un disque d'aluminium mobile autour de son axe des courants de
Foucault. Les actions résultantes du champ produit par la bobine d'intensité sur
les courants induits par la bobine de tension et du champ produit par la bobine
de tension sur les courants induits par la bobine d'intensité produisent un
couple moteur proportionnel à la puissance instantanée 𝑢. 𝑖. On crée un couple
de freinage proportionnel à la vitesse angulaire to en plaçant également le
disque dans le champ créé par un aimant en fer à cheval. En régime permanent
𝑡 𝑘′′
le couple total est nul et on a 𝑘′𝑢𝑖— 𝑘"𝜔 = 0,∫0 𝑢𝑖 𝑑𝑡 = ∫ 𝜔 𝑑𝑡ou 𝑊 = 𝑘𝑁,
𝑘′
expression dans laquelle
𝑊est l'énergie fournie et N le nombre de tours effectués par le disque.
Enfin, citons comme dernière application des courants de Foucault, le freinage
des camions. Un champ magnétique créé par un électroaimant alimenté par la
batterie d'accumulateurs du véhicule induit des courants dans un disque
métallique entraîné par les roues. On arrive à un freinage très efficace pour un
poids d'appareillage de l'ordre de 2% de celui du camion.
Nous avons vu des applications utiles des courants de Foucault mais, en
général, ceux-ci sont nuisibles. Ils causent en effet une importante perte
256

d'énergie et, de plus, ils provoquent un échauffement pouvant menacer


l'isolement des conducteurs. Aussi, s'efforce-t-on de les éviter par un
feuilletage de la masse métallique en minces lames parallèles séparées par un
isolant. Celui-ci est constitué soit par des feuilles de papier, soit par un vernis,
soit simplement par oxydation des tôles. Le sens du feuilletage est étudié dans
chaque cas particulier de manière à s'opposer aux courants qui tendraient à
prendre naissance. Dans la pratique, on utilise pour constituer les circuits
magnétiques des machinés électriques statiques (transformateurs) ou
tournantes (dynamos, alternateurs, moteurs...) des tôles d'épaisseur
descendant de quelques millimètres à 0,5 mm et même 0,3 et 0,1 mm pour les
petits appareils à 50 Hz et jusqu'à 0,3 mm pour les transformateurs pour
courants téléphoniques. On prend généralement des tôles au silicium qui ont
de faibles pertes par hystérésis et une résistivité trois fois plus grande que les
tôles ordinaires (ce qui réduit les courants de Foucault). On a l'habitude de
caractériser les tôles par la puissance totale dépensée par hystérésis et
courants de Foucault par kilogramme de matière pour un champ alternatif de
fréquence 50 Hz et d'induction maximum 1 T. Les principales qualités de tôles
sont: les tôles ordinaires (3,6 W), les tôles supérieures (2,6 W), les tôles extra-
supérieures (1,3 W à 1,45 W). Il existe également des tôles à cristaux orientés
qui ont des pertes spécifiques de 0,5 W à 0,55 W pour une induction maximum
de 1 T et 1,2 à 1,25 W pour une induction de 1,5 T. Pour constituer les circuits
magnétiques utilisés aux fréquences téléphoniques et en haute fréquence, on
agglomère avec une résine synthétique (généralement de la bakélite) des
particules de fer colloïdal (de diamètre pouvant être inférieur à 2 microns). On
arrive ainsi à abaisser les pertes par courant de Foucault à une valeur
négligeable. On trouve également qu'avec une structure aussi fine les pertes
par hystérésis diminuent. On réalise les agglomérats en forme de tore où 𝜇𝑟
atteint 80 pour les bobines Pupin (bobines insérées sur les circuits
téléphoniques de loin en loin pour augmenter l'inductance de la ligne et
améliorer la propagation). On construit également des agglomérats en forme
de pots où 𝜇𝑟 ne dépasse pas 4 ou 8 pour réaliser des transformateurs accordés
pour les récepteurs de TSF, capables de fonctionner jusque vers 400 kHz et
même 1 MHz.
10. Générateur magnéto - hydrodynamique
Nous venons d'étudier la production d'une f.e.m. induite dans des conducteurs
filiformes ou non que l'on déplace dans un champ d'induction. En réalité, il
n'est pas nécessaire que les particules électrisées soient emprisonnées dans le
257

réseau cristallin d'un corps solide. On étudie actuellement des générateurs


magnétohydrodynamiques dans lesquels c'est un gaz ionisé qui joue le rôle de
conducteur. Ce gaz chauffé passe à grande vitesse dans une tuyère où règne -
un champ magnétique très intense, perpendiculaire à la vitesse de
l'écoulement gazeux. Des électrodes sont disposées le long de la tuyère et on
recueille ainsi le courant dans la direction perpendiculaire au champ et à la
vitesse du jet gazeux. On réalise ainsi une conversion de l'énergie calorifique en
énergie électrique. La chaleur fournie au gaz se transforme dans la détente en
énergie cinétique; le gaz est ensuite freiné par les forces électromagnétiques
qui s'exercent sur lui. Les possibilités d'application sont nombreuses. Elles
concernent la génération continue de puissance dans des centrales terrestres
ou dans des satellites et la génération de puissance instantanée importante
sous forme d'impulsions dont on trouve l'utilisation dans certains équipements
de télécommunications et dans les radars.
VIII.3. INDUCTION MUTUELLE ET INDUCTION PROPRE
1. Induction mutuelle de deux circuits
Un circuit 𝐶1 parcouru par un courant 𝐼1 produit en tous les points de l'espace
un champ d'excitation proportionnel à 𝐼1 . Si nous supposons qu'il n'y a pas de
corps ferromagnétiques saturés, le flux dû au courant qui traverse un circuit 𝐶2
est proportionnel à 𝐼1 ; 𝛷2 = 𝑀21 𝐼1 . De même, si le circuit 𝐶2 est parcouru par
le courant 𝐼2 , le flux produit à travers le circuit 𝐶1 est𝛷1 = 𝑀12 𝐼2 .
On peut voir facilement que𝑀21 = 𝑀12 .
En effet, éloignons l'un de l'autre les circuits 𝐶1 et 𝐶2 , de façon que les flux
deviennent négligeables, tout en maintenant constantes les intensités 𝐼1 et 𝐼2 .
Si 𝐶1 reste immobile et si on déplace 𝐶2 , le travail des forces
électromagnétiques appliquées sur 𝐶2 est −𝛷2 𝐼2 = −𝑀21 𝐼1 𝐼2 (le flux produit
par le courant 𝐼2 à travers 𝐶2 n'a pas varié). Si 𝐶2 reste immobile et qu'on
déplace 𝐶1 , le travail des forces électromagnétiques appliquées sur 𝐶1 est
−𝛷1 𝐼1 = −𝑀12 𝐼1 𝐼2 . Ces travaux sont égaux car les forces appliquées sur les
circuits 𝐶1 et 𝐶2 sont deux à deux opposées (principe de l'action et de la
réaction) et les déplacements relatifs sont opposés. Il en résulte que 𝑀12 =
𝑀21 et que:
𝛷2 = 𝑀𝐼1 𝛷1 = 𝑀𝐼2
Le coefficient M ainsi défini est appelé coefficient d'induction mutuelle des
deux circuits. S'il existe dans l'espace des corps ferromagnétiques, à
258

proprement parler le flux 𝛷2 n'est pas proportionnel à𝐼1 , car la perméabilité du


milieu est fonction du courant 𝐼1 . On peut néanmoins introduire la notion de
coefficient d'induction mutuelle M en disant que dans ce cas M est une
fonction de 𝐼1 .
Une variation 𝑑𝐼1 du courant 𝐼1 pendant le temps 𝑑𝑡, fait naîtredans le circuit
𝑑𝛷2
𝐶2 une f.e.m. 𝑒2 = − , ou
𝑑𝑡
𝑑𝐼1
𝑒2 = −𝑀 .
𝑑𝑡
De même, une variation dl2 du courant I2 pendant le temps
𝑑𝛷1
fait naître dans le circuit Ci une f.e.m. 𝑒1 = − , ou
𝑑𝑡

𝑑𝐼2
𝑒1 = −𝑀 .
𝑑𝑡
Dans le système MKSA, les coefficients d'induction mutuelle se mesurent en
henrys. On peut donner du henry l'une ou l'autre des définitions suivantes:
Le henry est le coefficient d'induction mutuelle de deux circuits tels qu'un
courant de un ampère dans l'un des circuits crée un flux de 1 weber à travers
l'autre, ou encore: le henry est le coefficient d'induction mutuelle de deux
circuits tels qu'une variation de un ampère en une seconde du courant dans
l'un des circuits produit dans l'autre une f.e.m. de un volt.
2. Induction propre dans un circuit
Un circuit C parcouru par un courant 𝐼 crée à travers lui-même un flux 𝛷
proportionnel à I. Le coefficient de proportionnalité 𝐿, appelé coefficient
d'induction propre ou de self-induction du circuit, estdéfini par:𝛷 = 𝐿 𝐼..
Comme précédemment, il faut faire la restriction qu'il n'existe pas de
matériaux magnétiques saturés ou bien considérer que dans ce cas le
coefficient n'est pas une constante.
Lorsqu'on fait varier le courant 𝐼 de 𝑑𝑙 pendant le temps , ilapparaît dans le
𝑑𝛷
circuit une f. e. m. induite 𝑒 = − ou
𝑑𝑡
𝑑𝐼
𝑒 = −𝐿
𝑑𝑡
appeléef.e.m. d'induction propre.
259

Comme le coefficient d'induction mutuelle, le coefficient d'induction propre se


mesure en henry.
3. Loi des branches en régime variable
Nous avons vu que, dans l'approximation des régimes stationnaires, on peut
appliquer aux régimes variables les lois du courant continu à condition de tenir
compte des phénomènes d'induction.
Dans une branche où il n'y a pas de condensateur, la tension aux bornes est
𝑢 = 𝑅𝑖 − ∑ 𝑒 .
On peut expliciter les f.e.m. d'induction mutuelle et d'induction propre et ne
conserver sous le signe S e que les autres f.e.m. (y compris les f.e.m. induites
lors du déplacement du circuit). On a alors
𝑑𝑖 𝑑𝑖2 𝑑𝑖3
𝑢 = 𝑅𝑖 + 𝐿 + 𝑀12 + 𝑀13 … − ∑ 𝑒.
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝑑𝑡
Si, dans la branche, il y a un condensateur, la tension 𝑢1 aux bornesdu
𝑑𝑢 1
condensateur est telle que = 𝐶𝑢1 𝑜𝑢 𝑖 = 𝐶𝑑𝑡 1 , ou encore 𝑢1 = ∫ 𝑖 𝑑𝑡
𝐶

La loi des branches s'écrit alors


𝑑𝑖 𝑑𝑖2 1
𝑢 = 𝑅𝑖 + 𝐿 + 𝑀12 + ⋯ + ∫ 𝑖𝑑𝑡 − ∑ 𝑒.
𝑑𝑡 𝑑𝑡 𝐶
4. Etablissement et disparition du courant dans un circuit formé par une
résistance et une inductance
L'équation qui définit à chaque instant le courant i dans le circuit est
𝑑𝑖
𝐿 + 𝑅𝑖 = 𝐸
𝑑𝑡
(avec𝐸 = 𝐸0 dans la position 1 du commutateur et 𝐸 = 0 dans la position 2).

Figure 170
260

L'intégrale générale est de la forme


𝐸 𝑅
𝑖= + 𝜆𝑒 − 𝐿 𝑡
𝑅
a) Etablissement du courant.

On a
𝐸 = 𝐸0 et
𝐸0 𝑅
𝑖= + 𝜆𝑒 − 𝐿 𝑡
𝑅

Figure 171
Au temps 𝑡 = 0, on amène le commutateur dans la position 1;le courant est
𝐸0
nul; il en résulte que 𝜆 = − et
𝑅

𝐸0 𝑅
𝑖= (1 − 𝑒 − 𝐿 𝑡 ).
𝑅
La figure 171 représente la variation du courant en fonction du temps.
𝐸0
La rapidité avec laquelle i atteint la valeur asymptotique dépenddu rapport
𝑅
𝐿
𝜏 = appelé constante de temps du circuit. Il est facilede voir que la tangente â
𝑅
𝐸0
l'origine de la courbe d'établissement du courantcoupe l'asymptote au point
𝑅
𝐿
d'abscisse 𝜏 = .
𝑅

b) Disparition du courant.
261

Si on élimine de façon instantanée le générateur qui produit R le courant


précédent et si on le remplace par un court-circuit (position 2 du commutateur)
on a
𝑅
𝐸 = 0 et 𝑖 = 𝜆𝑒 − 𝐿 𝑡 .

Figure 172
Au temps 𝑡 = 0 où on agit sur le commutateur, le courant supposé
𝐸0 𝐸0
établi a la valeur 𝑖 = . On détermine alors 𝜆 = et on a
𝑅 𝑅

𝐸0 −𝑅𝑡
𝑖= 𝑒 𝐿
𝑅
Si, sur une ligne télégraphique, on envoie des signaux en insérant à intervalles
réguliers une f.e.m. constante, il résulte de l'étude précédente que, par suite
du phénomène d'induction propre, les signaux seront déformés.

Figure 173
Le phénomène d'induction propre s'oppose à l'établissement des courants et
tend à les prolonger lorsqu'on veut les faire cesser.
Forme réelle des signaux
262

Forme que les signaux auraient sans le phénomène d'induction propre.


5. Charge et décharge d'un condensateur dans un circuit comportant
résistance, inductance et capacité
Le courant i dans le circuit et la tension 𝑢 aux bornes de la capacité sont, à
chaque instant, définis par:

Figure 174
𝑑𝑖
𝐿 + 𝑅𝑖 + 𝑢 = 𝐸
{ 𝑑𝑡
𝑑𝑢
𝑖=𝐶
𝑑𝑡
ou encore
𝑑2𝑢 𝑑𝑢
𝐿𝐶 2 𝑅𝐶 +𝑢 =𝐸
{ 𝑑𝑡 𝑑𝑡
𝑑𝑢
𝑖=𝐶
𝑑𝑡
L'application de la méthode d'Euler à l'équation différentielle qui détermine u
conduit à chercher une solution de l'équation sans second membre de la forme
𝑢 = 𝜆 𝑒 𝛾𝑡 . On est conduit à l'équation caractéristique 𝐿𝐶𝛾 2 + 𝑅𝐶𝛾 + 1 = 0,
dont les racines sont

𝑅 𝑅2 1
𝛾=− ±√ 2−
2𝐿 4𝐿 𝐿𝐶

𝐿
1°) 𝑅 > 2√ .
𝐶

Les racines 𝛾1 et 𝛾2 sont réelles et toutes deux négatives. Désignons-les −𝛼1 et


−𝛼2 (𝛼1 > 𝛼2 ), on a
263

a) Charge: (position 1 du commutateur).


Au temps 𝑡 = 0, on a 𝑢 = 0 (condensateur non chargé) et 𝑖 = 0

𝜆1 et𝜆2 étant déterminé par ces deux équations, on en déduit:

Figure 175
b) Décharge:(position 2 du commutateur) 𝐸 = 0

Au temps 𝑡 = 0, le condensateur est chargé. On 𝑢 = 𝐸0 et 𝑖 = 0

Les valeurs et se déduisent des valeurs 𝜆1′ et 𝜆′2 en changeant 𝐸0 en −𝐸0 .


264

On vérifie facilement que si


1
𝐿 → 0, 𝛼1 → 0et 𝛼2 →
𝑅𝐶

On obtient à la charge

à la décharge

Figure 176
Ce résultat peut être obtenu directement en étudiant la charge et la décharge
d'un condensateur à travers une résistance.

𝐿
2°) 𝑅 < 2√ .
𝐶
Les racines 𝛾1 et 𝛾2 sont imaginaires conjuguées
𝑅 1 𝑅2
𝛾 =− ±𝑗 √ − .
2𝐿 𝐿𝐶 4𝐿2
265

𝑅 1 𝑅2
En posant 𝛼 = et 𝛽 = √ − , 𝛾 = −𝛼 ± 𝑗𝛽.
2𝐿 𝐿𝐶 4𝐿2

On peut mettre u et i sous la forme

a) Charge:𝐸 = 𝐸0
Au temps 𝑡 = 0 𝑢=0 𝑖=0

Figure 177
b) Décharge 𝐸 = 0.
266

Figure 178
267

𝐿
3°) 𝑅 = 2√ (régime critique)
𝐶
𝑅
L'équation caractéristique a une racine double −𝛼 = −
2𝐿

On a alors

a) Charge:𝐸 = 𝐸0
Au temps 𝑡 = 0 𝑢=0 𝑖=0

Figure 179
b) Décharge 𝐸 = 0.
𝑢 = (𝐴 + 𝐵𝑡)𝑒 −𝛼𝑡 + 𝐸0
{
𝑖 = [𝐵 − 𝛼(𝐴 + 𝐵𝑡)]𝑒 −𝛼𝑡
Au temps 𝑡 = 0 𝑢 = 𝐸0 𝑖=0
𝐴′ = 𝐸0
{ ′
𝐵 = 𝛼𝐴′ = 0
𝑅 𝑅
𝑢 = 𝐸0 (1 + 𝑡) 𝑒 −2𝐿𝑡
2𝐿
{
𝑅2 𝑅
𝑖 = 𝐶𝐸0 2 𝑡. 𝑒 − 𝐿 𝑡
4𝐿
268

Figure 180

VIII.4. ÉNERGIE DES COURANTS


1. Énergie emmagasinée dans une inductance
Lorsqu'on veut faire circuler un courant dans une bobine, il apparaît une force
contre-électromotrice d'induction propre pendant tout le temps que dure
l'établissement du courant. De l'énergie se trouve absorbée et emmagasinée.
Soit u la tension aux bornes d'une bobine de résistance R et de coefficient
d'induction propre L:
𝑑𝑖
𝑢=𝐿 + 𝑅𝑖
𝑑𝑡
Pendant le temps 𝑑𝑡 la bobine est traversée par la quantité d'électricité 𝑑𝑞 =
𝑖 𝑑𝑡 et reçoit l'énergie:
𝑑𝑖
𝑢 𝑖 𝑑𝑡 = 𝐿 . 𝑖 𝑑𝑡 + 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡
𝑑𝑡
ou
𝑢 𝑖 𝑑𝑡 = 𝐿𝑖 𝑑𝑖 + 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡.
Une partie de l'énergie fournie par le circuit extérieur à la bobine se retrouve
en chaleur 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡, le reste 𝐿𝑖𝑑𝑖 est emmagasiné, car aucune autre forme
d'énergie n'apparaît.
Lorsque le courant passe de la valeur 0 à la valeur 𝐼, l'énergie
électromagnétique localisée dans l'inductance est
269

𝐼
𝑊 = ∫ 𝐿 𝑖 𝑑𝑖
0

soit
1
𝑊 = . 𝐿𝐼 2
2
Faisons disparaître le courant, en court-circuitant la bobine. On a l'équation
𝑑𝑖
𝐿 + 𝑅𝑖 = 0.
𝑑𝑡

En multipliant par 𝑑𝑞 = 𝑖 𝑑𝑡, on a


−𝐿𝑖 𝑑𝑖 + 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡ou−𝑑𝑊 = 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡.
Cette dernière équation exprime que l'énergie emmagasinée ést transformée
en chaleur.
2. Energie emmagasinée dans un circuit comprenant résistance, inductance et
capacité
Lorsqu'on applique une tension u aux bornes d'un circuit formé par une
résistance, une inductance et une capacité en série, on a
𝑑𝑖
𝑢 = 𝑅𝑖 + 𝐿 + 𝑣.
𝑑𝑡
L'énergie fournie au circuit lorsqu'il est traversé par la quantité d'électricité
𝑑𝑞 = 𝑖 𝑑𝑡 = 𝐶 𝑑𝑣 est
𝑢 𝑖 𝑑𝑡 = 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡 + 𝐿𝑖 𝑑𝑖 + 𝐶 𝑣 𝑑𝑣.
Une partie de cette énergie est dépensée en chaleur 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡, une partie est
1
emmagasinée sous forme électromagnétique 𝐿𝑖 𝑑𝑖 = 𝑑 ( 𝐶𝑣 2 ),une partie est
2
1
emmagasinée sous forme électrostatique 𝐶 𝑣 𝑑𝑣 = 𝑑 ( 𝐶𝑣 2 ).
2

A la fin de la charge du condensateur,il n'y a plus aucun courant. L'énergie


estemmagasinée seulement sous forme électrostatique. Pendant tout le temps
qu'a duré le phénomène, de l'énergie a été emmagasinée sous les deux formes
et des échanges ont eu Heu entre la forme électromagnétique et la forme
électrostatique.
270

Figure 181
Lorsqu'on étudie la décharge du condensateur (court-circuit placéentre A et B),
𝑑𝑖
on a 𝑅𝑖 + 𝑣 + 𝐿 = 0 ou 𝑅 𝑖 2 𝑑𝑡 = − 𝐶 𝑣 𝑑𝑣 − 𝐿𝑖 𝑑𝑖.
𝑑𝑡

Il y a transformation de l'énergie électrostatique en énergie électromagnétique


et calorifique. Si le régime est oscillatoire, des échanges périodiques se font
entre les deux premières formes d'énergie avec réduction progressive de
l'amplitude des oscillations par suite de la dissipation calorifique. Le
phénomène est tout à fait analogue à celui rencontré dans l'oscillation d'un
pendule amorti où l'énergie passe alternativement de la forme potentielle à la
forme cinétique pour se dissiper peu à peu en chaleur.
3. Courant de rupture
Lorsqu'on ouvre un circuit parcouru par un courant, on crée un nouveau circuit
qui diffère de l'ancien par l'introduction de la capacité C constituée par la
coupure (cette capacité est évidemment très faible). Tout circuit présente un
coefficient d'induction propre, si faible soit-il. Au moment de l'ouverture du
circuit, l'énergie emmagasinée dans l'inductance reste continue, car on ne fait
intervenir aucune variation énergétique. Il en est de même du courant qui
traverse le circuit. Ce courant, qui a très peu varié au bout d'un temps
infiniment petit, après
l'instant de la coupure vient charger la capacité C constituée par la coupure AB.
Lorsque le courant s'annule, il apparaît entre A et B une surtension
1
telle que l'énergie électrostatique apparue 𝐶𝑣 2 soit égale à
2
1
l'énergie . 𝐿𝐼 2 emmagasinée primitivement dans l'inductance et qui a
2
disparu,ceci évidemment aux pertes par effet Joule près (ces pertes sont
généralement très faibles).
271

Figure 182
𝐿
On obtient la surtension 𝑉 = 𝐼√ d'autant plus élevée que 𝐶 est plus faibleet
𝐶
que 𝐿 et 𝐼 sont plus grands. Si la coupure a été assez brusque et la surtension
pas trop élevée (𝐼 et 𝐿 pas trop grands), il se produit selon que la résistance R
est petite ou grande, un régime oscillatoire amorti ou apériodique dans le
circuit formé par la résistance, l'inductance et la capacité. L'énergie se dissipe
peu à peu en chaleur en même temps que des échanges se font entre les
formes électrostatiques et électromagnétiques. Si la surtension est élevée, il se
produit généralement une étincelle et on a la décharge de la capacité en
régime soit apériodique, soit oscillatoire amorti dans le circuit et dans l'espace
AB rendu conducteur par l'arc. Celui-ci se comporte comme une résistance
mise en parallèle avec le reste du circuit. L'arc qui apparaît entre les points A et
B étant susceptible de détériorer les contacts, on cherche généralement à
l'éviter par une ouverture brusque de l'interrupteur ou à diminuer sa durée en
le „soufflant" par action d'un champ magnétique (ce champ, produit par une
bobine montée en série avec le circuit crée une force de Laplace sur le courant
constitué par l'arc).
4. Energie mutuelle de deux courants
Considérons deux circuits 𝐶1 et 𝐶2 présentant entre eux le coefficient
d'induction mutuelle M. Les circuits parcourus respectivement par les courants
𝐼1 et 𝐼2 sont traversés par les flux 𝛷1 = 𝐿1 𝐼1 + 𝑀𝐼2 et 𝛷2 = 𝐿2 𝐼2 + 𝑀𝐼1 .
Eloignons le circuit 𝐶2 du circuit 𝐶1 de façon que le flux que chaque circuit
envoie à travers l'autre soit nul (théoriquement, on envoie 𝐶2 à l'infini), mais en
faisant cette opération maintenons constants lescourants 𝐼1 et 𝐼2 . Ceci a
pratiquement lieu lorsque les circuits sont alimentés sous tension constante et
que le déplacement est suffisamment lent pour que les forces électromotrices
induites soient négligeables devant celles des générateurs.
272

Le travail des forces électromagnétiques appliquées au circuit 𝐶2 lorsqu'on le


déplace est égal à −𝐼2 ∆𝛷2 = 𝐿1 = −𝑀𝐼1 𝐼2 . Par suite du phénomène
d'induction, il apparaît sous forme électrique dans le circuit
𝑑𝛷2
𝐶2 l'énergie∫ 𝑒2 𝐼2 𝑑𝑡 = − ∫ 𝐼2 𝑑𝑡 ou encore
𝑑𝑡

𝑑(𝑀𝐼2 )
∫− 𝐼1 𝑑𝑡 = [−𝑀𝐼1 ]0𝑀 = 𝑀𝐼1 𝐼2 .
𝑑𝑡
De même, il apparaît dans le circuit Q l'énergie:
𝑑(𝑀𝐼2 )
∫ 𝑒1 𝐼1 𝑑𝑡 = ∫ − 𝐼1 𝑑𝑡 = 𝑀𝐼1 𝐼2 .
𝑑𝑡
Finalement l'énergie totale apparue est
−𝑀𝐼1 𝐼2 + 𝑀𝐼1 𝐼2 + 𝑀𝐼1 𝐼2 + 𝑀𝐼1 𝐼2
L'énergie recueillie lorsqu'on éloigne indéfiniment les circuits l'un de l'autre est
l'énergie mutuelle des deux circuits:
𝑊𝑀 = 𝑀𝐼1 𝐼2 .

5. Energie totale d'un système de courants


a) Energie totale d'un système de deux courants.
Etablissons dans deux circuits 𝐶1 et 𝐶2 très éloignés l'un de l'autreles courants
1 1
𝐼1 et 𝐼2 . Nous emmagasinons l'énergie 𝐿1 𝐼12 + 𝐿2 𝐼22 ..
2 2

Rapprochons les deux circuits suffisamment lentement pour que et I2 restent


pratiquement constants. Nous emmagasinons l'énergie mutuelle 𝑀𝐼1 𝐼2 .
L'énergie totale emmagasinée dans l'ensemble des deux courants est
1 1
𝑊𝐿 = 𝐿1 𝐼12 + 𝐿2 𝐼22 + 𝑀𝐼1 𝐼2 .
2 2
Ce résultat peut être trouvé directement en examinant l'établissement des
courants dans les circuits pris dans leur position finale. Les équations
correspondantes sont en effet:
273

on en déduit

La différence entre l'énergie fournie 𝑢1 𝑖1 𝑑𝑡 + 𝑢2 𝑖2 𝑑𝑡et l'énergie dépensée par


effet Joule 𝑅2 𝑖12 𝑑𝑡 + 𝑅2 𝑖22 𝑑𝑡 représente l'énergie emmagasinée:

ou
𝐿1 𝑖12 𝐿2 𝑖22
𝑑𝑊 = ( + + 𝑀𝐼1 𝐼2 ).
2 2
L'énergie totale emmagasinée quand on passe des valeurs 𝑖1 = 0, 𝑖2 = 0aux
valeurs finales 𝑖1 = 𝐼1 et 𝑖2 = 𝐼2 est donc bien
1 1
𝑊 = 𝐿1 𝐼12 + 𝐿2 𝐼22 + 𝑀𝐼1 𝐼2 .
2 2
Cette expression peut être transformée en faisant apparaître les flux
d'induction totaux qui traversent 𝐶1 et 𝐶2 :
𝛷1 = 𝐿1 𝐼1 + 𝑀𝐼2
𝛷2 = 𝐿2 𝐼2 + 𝑀𝐼1
On a
1
𝑊 = (𝛷1 𝐼1 + 𝛷2 𝐼2 )
2
b) Energie totale d'un système quelconque de courants.
Etablissons dans n circuits 𝐶1 , 𝐶2 ,... 𝐶𝑛 éloignés les uns des autres les courants
𝐼1 , 𝐼2 ,... 𝐼𝑛 .
1 1 1
On emmagasine l'énergie 𝐿1 𝐼12 + 𝐿2 𝐼22 + ⋯ . . + 𝐿𝑛 𝐼𝑛2 .
2 2 2
274

Lorsqu'on rapproche les circuits en maintenant les courants constants on


emmagasine l'énergie ∑ 𝑀𝑖𝑗 𝐼𝑖 𝐼𝑗 .
Au total on a emmagasiné
𝐿𝑖 𝐼𝑖2
𝑑𝑊 = ∑ + ∑ 𝑀𝑖𝑗 𝐼𝑖 𝐼𝑗
2
des termes tels que 𝑀𝑖𝑗 𝐼𝑖 𝐼𝑗 et 𝑀𝑖𝑗 𝐼𝑗 𝐼𝑖 n'étant pas considérés comme distincts.
On peut écrire l'égalité
1
𝑊 = ∑ 𝐼𝑖 ( 𝐿𝑖 𝐼𝑖 + ∑ 𝑀𝑖𝑗 𝐼𝑗
2
𝑖 𝑗

(dans cette expression Mi;- et M;1- sont considérés comme distincts)où l'on
voit apparaître le flux total𝛷𝑖 = 𝐿𝑖 𝐼𝑖 + 𝑀𝑖𝑗 𝐼𝑖 𝐼𝑗 .
Finalement
1
𝑊 = ∑ 𝛷𝑛 𝐼𝑛 .
2
𝑛

6. Localisation de l'énergie magnétique


Nous allons généraliser l'expression de l'énergie des courants à un ensemble de
courants continus circulant dans des milieux étendus.
Décomposons les circuits en tubes de courant 𝐶𝑛 infiniment petits parcourus
par des courants 𝐼𝑛 . Soit 𝑆𝑛 une surface s'appuyant sur 𝐶𝑛 . Soit On le flux
d'induction qui traverse cette surface. Il résulte de l'étude précédente que
l'énergie totale emmagasinée est

1 1 1
𝑊 = ∑ 𝛷𝑛 𝐼𝑛 = ∑ 𝐼𝑛 ∬ 𝐵 ⃗⃗⃗⃗⃗ = ∑ 𝑗⃗𝑑𝑠
⃗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ ∫ 𝐴⃗𝑑𝑠
⃗⃗⃗⃗⃗
2 2 𝑆𝑛 2 𝐶𝑛

A est le potentiel vecteur créé par les courants. Soit 𝑗⃗ la densité de courant en
un point d'un tube de courant de section 𝑑𝑠, on a𝐼𝑛 = 𝑗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗, et

1 1
⃗⃗⃗⃗⃗ = ∫ 𝐴⃗𝑑𝑠
𝑊 = ∑ 𝑗⃗𝑑𝑠 ⃗⃗⃗⃗⃗ = ∑ ∫ 𝑗⃗𝐴⃗𝑑𝜏
⃗⃗⃗⃗⃗.
2 𝐶𝑛 2 𝐶𝑛
275

Le signe 𝛴 signifie qu'on étend la somme à tous les tubes de courants


élémentaires. On peut encore écrire
1
⃗⃗⃗⃗⃗
∑ ∭ 𝑗⃗𝐴⃗𝑑𝜏
2
L'intégrale triple est étendue au volume de l'ensemble des conducteurs. On
peut considérer qu'elle est étendue à tout l'espace car, en dehors des
conducteurs, la densité de courant 𝑗⃗ est nulle. La loi d'Ampère permet d'écrire

En tenant compte que

et que

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝐴 = 𝐵 ⃗⃗

on a

1
⃗⃗ 𝐴⃗) 𝑑⃗𝑠.
La première intégrale s'écrit encore ∬(𝐻
2

Elle est étendue à la surface de l'infini. Or 𝐴⃗ est un infiniment, petit de l'ordre


1
de et 𝐻 ⃗⃗ de l'ordre de 12. La quantité à intégrer est de l'ordre de 13 et l'intégrale
𝑟 𝑟 𝑟
est nulle.

On obtient finalement
⃗⃗𝐵
𝐻 ⃗⃗
𝑊=∭ 𝑑𝜏
2
ou

𝜇𝐻2
𝑊=∭ 𝑑𝜏 .
2
L'énergie magnétique peut être considérée comme localisée dans l'espace avec
la densité
276

𝑑𝑊 𝜇𝐻2
=
𝑑𝜏 2
VIII.5. CALCUL DES COEFFICIENTS D'INDUCTION

1. Calcul des coefficients d'induction propre et d'induction mutuelle à partir


du flux

Le calcul des coefficients d'induction est assez simple lorsque les circuits sont
filiformes et que le flux qui les traverse est facile à évaluer. C'est le cas lorsque
les circuits sont enroulés sur un circuit magnétique qui canalise les lignes de
force.

Si un circuit magnétique n'a pas de fuite, le flux qui traverse chaque spire d'un
𝑛𝐼
enroulement placé sur le circuit est 𝜑 = (ℜ réluctance du circuit).

Figure 183

Le flux total embrassé par l'enroulement est


𝑛𝐼
𝛷 = 𝑛𝜑 = = 𝐿𝐼

𝑛2
𝐿= .

Dans le cas d'un tore de section S et de longueur moyenne 𝑙,

𝑙 𝑛2 𝜇𝑆
ℜ= , 𝐿= .
𝜇𝑆 𝑙

Si le circuit magnétique porte deux enroulements et que le même flux traverse


toutes les spires de chacun des enroulements, le flux créé par le premier
𝑛1 𝑛2 𝐼2
enroulement à travers le second est 𝛷2 = 𝑛2 𝜑 =

Le coefficient d'induction mutuelle est


277

𝑛1 𝑛2
𝑀=

𝑛1 𝑛2 𝜇 𝑆
Dans le cas où le circuit magnétique est un tore 𝑀 = .
𝑙

Figure 184
𝑛12 𝑛22
On voit facilement, puisque:𝐿1 = et 𝐿2 = , que 𝑀2 = 𝐿1 𝐿2 .
ℜ ℜ

Supposons maintenant que le circuit magnétique ait des fuites, mais que celles-
ci soient faibles pour qu'on puisse valablement introduire les coefficients
d'Hopkinson.

Si le flux 𝜑1 produit par le premier enroulement est le même à travers toutes


𝑛1 𝜑 1
les spires de cet enroulement, on a 𝐿1 = . Le flux qui traverse une spire du
𝐼1
𝜑1
deuxième enroulement est (𝑣1 coefficient d'Hopkinson > 1). L'enroulement 2
𝑣1
𝑛2 𝜑 1 𝑛2 𝜑 1 𝑛2 𝐿1
est traversé par le flux 𝛷2 = et 𝑀 = = . De même, on trouverait
𝑣1 𝑣1 𝐼1 𝑛2 𝑣2
𝑛2 𝜑 2 𝑛1 𝜑 2 𝑛1 𝐿2
𝐿2 = et 𝑀 = = d’où
𝐼2 𝑣2 𝐼2 𝑛1 𝑣1

𝐿1 𝐿2
𝑀2 =
𝑣1 𝑣2
1 1
D'une façon générale 𝑀 ≤ √𝐿1 𝐿2 . Le coefficient 𝑘 = = qui
√𝐿1 𝐿2 . √𝑣1 𝑣2
caractérise les fuites entre les deux circuits est appelé coefficient de couplage
(ce coefficient est toujours inférieur ou égal à 1« puisque 𝑣1 ≥ 1 et 𝑣2 ≥ 1).

On introduit souvent le coefficient de dispersion

2. Formule de Neumann pour le coefficient d'induction mutuelle


278

a) Circuits filiformes.

La formule de Neumann permet de calculer le coefficient d'induction mutuelle


entre deux circuits 𝐶1 et 𝐶2 .

a) Circuits filiformes
Un circuit 𝐶1 parcouru par le courant 𝐼1 crée en tous les points de l'espace une
induction 𝐵⃗⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐴 avec
𝜇 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙1
𝐴⃗ = ∫ 𝐼1 .
4𝜋 𝑟

Figure 185

Le flux d'induction à travers une surface 𝑆2 s'appuyant sur le circuit 𝐶2 est

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝛷2 = ∬ 𝐵 ̅̅̅̅𝐴⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑆2 = ∬ 𝑟𝑜𝑡 𝑑𝑆2 = ∫ 𝐴⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙2 .
𝑆2 𝑆2 𝐶2

Le coefficient d'induction mutuelle M est donné par 𝛷2 = 𝑀𝐼1 , ou encore

En remplaçant 𝐴⃗ par sa valeur, on a


𝜇 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙1 ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙2
𝑀= .∫ ∫
4𝜋 𝑟
𝐶1 𝐶2

On voit que 𝐶1 et 𝐶2 jouent dans la formule des rôles symétriques, ce qui


concorde bien avec le fait que le flux envoyé par le circuit 𝐶2 à travers une
surface s'appuyant sur 𝐶1 est 𝛷1 = 𝑀𝐼2 .

b) Circuits non filiformes.


279

Nous avons vu que si le circuit 𝐶2 n'est pas filiforme, pour définir le flux qui le
traverse, on décompose ce circuit en tubes de courant élémentaires, tels que
𝐶2𝑞 parcouru par le courant élémentaire 𝐼2𝑞 .

On a alors, si 𝛷2𝑞 est le flux qui traverse le circuit filiforme 𝐶2𝑞 :

∑ 𝛷2𝑞 𝐼2𝑞
𝛷2 =
∑ 𝐼2𝑞

on a

𝛷2𝑞 = ∬ 𝑟𝑜𝑡 ⃗⃗⃗⃗⃗ = ∫ 𝐴⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


̅̅̅̅𝐴⃗𝑑𝑠 𝑑𝑙2
𝑆2𝑞 𝐶2𝑞

Figure 186

avec

𝛷2
Et 𝑀 = est donné par
𝐼1
280

𝜇 1 𝑗1 ⃗⃗⃗⃗2
⃗⃗⃗𝑗
𝑀= . ∭∭ . 𝑑𝜏1 𝑑𝜏2 .
4𝜋 𝐼1 𝐼2 𝑟
(𝐶1 ) (𝐶2 )

∭ ∭
Les intégrales et sont étendues aux volumes des circuits 𝐶1 et 𝐶2 .
(𝐶1 ) (𝐶2 )

Comme on le voit, le coefficient M dépend de la répartition des courants dans


⃗⃗⃗⃗
𝑗1
𝐶1 , et dans 𝐶2 ; mais il ne dépend pas des intensités puisque seuls les rapports
𝐼1
⃗⃗⃗⃗
𝑗2
et interviennent.
𝐼2

3. Formule de Neumann pour le coefficient d'induction propre

Pour calculer le coefficient d'inductance propre d'un circuit, il suffit d'identifier


les circuits 𝐶1 et 𝐶2 du paragraphe précédent. On ne peut évidemment pas se
contenter de l'approximation des circuits filiformes, puisque la distance 𝑟 entre
deux points courants 𝑃 et 𝑃′ du même circuit peut tendre vers zéro. Il n'est
donc pas justifié de négliger vis-à-vis de 𝑟 les dimensions transversales.

Le coefficient 𝐿 est donné par la formule

𝜇 𝑗⃗ ⃗⃗⃗
𝑗′ 𝑑𝜏𝑑𝜏′
𝑀= ∭∭ .
4𝜋 𝐼 𝐼 𝑟
Il dépend de la répartition des courants mais pas des intensités puisqu'il
𝑗⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝑗′
n'apparaît que les rapports et .
𝐼 𝐼

4. Exemple d'utilisation de la formule de Neumann — Calcul du coefficient


d'induction mutuelle entre deux spires circulaires coaxiales

Soient 𝑅1 et 𝑅2 les rayons des spires distantes de d. Nous repérons les positions
des points courants 𝑃1 et 𝑃2 par les angles 𝛼 et 𝛽 avec 𝑂𝑥.
281

Figure 187

ou encore
282

Un élément du circuit 𝐶1 jouant le même rôle quelle que soit la position de 𝑃1 ,


on a

Posons pour simplifier l'écriture 𝜌2 = 𝑑 2 + (𝑅1 + 𝑅2 )2 et effectuons le


𝜃 𝜋
changement de variable = + 𝜑.
2 2

On a

car pour l'intégration le long de 𝐶2 , 𝛼 est supposé constant.

ou encore

on voit apparaître dans l'expression de M les intégrales elliptiques


283

Les valeurs de ces fonctions se trouvent dans des tables.

. Lorsque d est très petit devant 𝑅1 et 𝑅2 et 𝑅1 ≠ 𝑅2 , on peut remplacer les


intégrales précédentes par des valeurs asymptotiques. On a alors
8𝑅1
𝑀 = 𝜇𝑅1 [𝐿𝑜𝑔 ( ) − 2] , 𝑎étant la distance entre deux spires voisines.
𝑎

5. Calcul des coefficients d'induction propre à partir de l'énergie


électromagnétique

Pour le calcul des coefficients d'induction propre, il est souvent commode


1
d'utiliser la formule donnant l'énergie électromagnétique localisée 𝑊 = 𝐿𝐼 2 .
2

Cette énergie est d'autre part donnée par


1
𝑊 = ∭ 𝜇𝐻2 𝑑𝜏
2
d'où
1
𝐿= 2
∭ 𝜇𝐻2 𝑑𝜏
𝐼
Dans le calcul de l'intégrale de volume, on est souvent amené à séparer les
énergies localisées dans le conducteur lui-même et hors

du conducteur 𝑊 = 𝑊𝑖 + 𝑊𝑒 . Autrement dit, on sépare L en deux termes 𝐿 =


𝐿𝑖 + 𝐿𝑒 l'induction propre interne et l'induction propre externe avec
1 2
1
𝐿𝑖 = 2
∭ 𝜇𝐻 𝑑𝜏𝐿𝑒 = 2
∭ 𝜇𝐻2 𝑑𝜏
𝐼 𝐼
volume du conducteur volume extérieur au conducteur

volume du conducteur volume extérieur au conducteur


284

Il nous sera, par la suite, utile de connaître le coefficient d'induction propre


interne d'un conducteur linéaire cylindrique de rayon R. Admettons, ce qui est
vrai pour le courant continu et peut être admis avec une très bonne
approximation pour le courant alternatif basse fréquence, que la densité du
courant 𝑗⃗ soit constante sur toute la section du conducteur.

En appliquant la loi d'Ampère au contour formé par un cercle de rayon 𝑟, dont


l'axe est celui du conducteur, on a

1°) Si 𝑟 ≤ 𝑅
𝐼
2𝜋 𝑟 𝐻 = 𝑗𝜋𝑟 2 avec𝑗 =
𝜋 𝑅2

ou
𝐼𝑟
𝐻=
2𝜋 𝑅 2
1°) Si 𝑟 ≥ 𝑅
2𝜋 𝑟 𝐻 = 𝐼
ou
𝐼
𝐻=
2𝜋 𝑟

Figure 188

La courbe de variation du champ en fonction de la distance 𝑟 à l'axe du


conducteur est représentée sur la figure 188.

L'énergie localisée dans une longueur ℎ de conducteur est


285

𝜇ℎ𝐼 2
𝑊𝑖 =
16𝜋
2𝑊 𝜇
Le coefficient d'induction propre interne est 𝐿𝑖 = 2
ou 𝐿𝑖 = ℎ.
𝐼 8𝜋

Le coefficient d'induction propre interne par unité de longueur du conducteur


𝜇
est 𝑙 = .
8𝜋

Cette formule s'étend à un conducteur quasi-linéaire, c'est-à-dire dont le rayon


de courbure est grand devant le rayon de la section.

La notion de coefficient d'induction propre fait intervenir le flux que le circuit


s'envoie à travers lui-même. Dans ce flux, on peut distinguer le flux à travers les
portions de surface à l'intérieur du conducteur et le flux à travers les portions
de surface à l'extérieur du conducteur. Ceci revient à distinguer les inductions
propres interne et externe.

Pour bien comprendre ce que l'on fait, reportons-nous à la formule de


Neumann. Pour calculer un coefficient d'induction propre, on décompose le
conducteur étendu en tubes de courant de section très petite et on considère
les flux à travers toutes les surfaces 𝑆𝑛 s'appuyant sur tous les tubes
élémentaires 𝐶𝑛 . On peut s'arranger pour que les surfaces 𝑆𝑛 aient en commun
une surface S limitée au bord du conducteur et entièrement à l'extérieur du
conducteur. C'est le flux à travers cette surface divisé par le courant, qui donne
le coefficient d'induction propre externe.
∑ 𝐼𝑛 𝛷(𝑆𝑛 −𝑆)
La somme donne le coefficient d'induction propre interne.

Nous venons d'indiquer la façon de calculer le coefficient d'induction propre


interne qui, comme on l'a vu, nécessite la connaissance de la répartition des
lignes de courant (nous l'avons supposée uniforme). Le coefficient d'induction
propre externe peut être calculé soit à partir de la formule de l'énergie, soit à
partir du flux. Pour cela, on considère que le circuit est filiforme et que le
courant circule suivant l'axe du fil 𝐶0 (en un point extérieur à un conducteur
286

cylindrique rectiligne, le champ est le même que si tout le courant était


concentré sur l'axe). On calcule le flux à travers une surface limitée par la
courbe intérieure C du circuit. On peut encore dire que l'on remplace le
coefficient d'induction propre externe par le coefficient d'induction mutuelle
entre les deux courants filiformes 𝐶0 et C.

Figure 189

6. Coefficient d'induction propre d'une spire circulaire

En appliquant la formule donnée pour l'induction mutuelle de deux spires


coaxiales, on a
8𝑅
𝐿𝑒𝑥𝑡 = 𝜇0 𝑅 [𝐿𝑜𝑔 ( ) − 2]
𝑟
Le coefficient d'induction interne est
𝜇 𝜇𝑅
𝐿𝑖𝑛𝑡 = . 2𝜋𝑅 = .
8𝜋 4
Si le conducteur n'est pas magnétique 𝜇 ≠ 𝜇0 :
8𝑅 7
𝐿 = 𝜇0 𝑅 [𝐿𝑜𝑔 ( )− ]
𝑟 4

Figure 190

7. Coefficient d'induction propre d'une ligne bifilaire


287

Nous nous proposons de calculer le coefficient d'induction propre linéique,


c'est-à-dire par unité de longueur, d'une ligne formée par deux fils parallèles de
rayon R distants de d. M En courant continu (ou alternatif B.F.), la densité de
courant dans les conducteurs est uniforme et l'induction propre interne est
𝜇 𝜇
2. = .
8𝜋 4𝜋

Figure 191

Si la ligne est en cuivre 𝜇 ≠ 𝜇0 .


𝐼
A une distance 𝑥 de 𝑂1 , le courant du premier fil crée un champ 𝐻1 = . Le
2𝜋𝑥
𝐼
courant du deuxième fil crée un champ 𝐻2 = .
2𝜋(𝑑−𝑥)

Les courants étant en sens inverse entre A et B, les champs s'ajoutent:


𝐼 1 1
𝐻= ( + 𝑑−𝑥); Le flux d'induction embrassé sur une longueur unité de ligne
2𝜋 𝑥
est
𝑑−𝑅
𝜇0 𝐼 1 1
𝜑𝑒 = ∫ ( + ) 𝑑𝑥
2𝜋 𝑥 𝑑 − 𝑥
𝑅
288

En courant alternatif haute fréquence, par suite de l'effet de peau, presque


tout le courant se trouve concentré sur la périphérie des conducteurs. Le
coefficient d'induction propre interne est pratiquement nul et

𝜇0 𝑑
𝑙= 𝑙𝑜𝑔
𝜋 𝑅
8. Coefficient d'induction propre d'une ligne coaxiale

Une ligne coaxiale est constituée par deux conducteurs concentriques.

Le courant circule dans un sens dans un des conducteurs, en sens inverse dans
l'autre.

L'application de la loi d'Ampère montre que le champ est nul à l'extérieur du


conducteur externe. Si la densité de courant est uniforme (courant continu ou
courant alternatif B.F.), le champ à une distance de l'axe de la ligne est donné
𝐼𝑟
par 𝐻1 = à l’intérieur du conducteur centrial.
2𝜋𝑅12

𝐼
𝐻2 = entre les deux conducteurs.
2𝜋𝑟

𝐼 1 1 𝑅22
𝐻3 = [ − (𝑟 − )]à l'intérieur du conducteur annulaire.
2𝜋 𝑟 𝑅 2 −𝑅 2
3 2 𝑟

𝐻4 = 0à l'extérieur du conducteur externe.

L'énergie localisée par unité de longueur s'écrit


289

Figure 192

𝜇0
L'induction interne 𝐿′𝑖 a déjà été calculée, c'est 𝐿′𝑖 = ; on trouve
8𝜋

𝜇0 𝑅2
𝐿𝑒 = 𝑙𝑜𝑔 et
2𝜋 𝑅1

Dans les câbles coaxiaux de télécommunications, le conducteur extérieur est


très mince (𝑅3 ≠ 𝑅2 ) et 𝐿′′0 = 0::
𝜇0 1 𝑅2
𝐿= ( + 𝑙𝑜𝑔 )
2𝜋 4 𝑅1

En haute fréquence par suite de l'effet de peau le coefficient d'induction


interne L- est pratiquement nul:
290

𝜇0 𝑅2
𝐿= 𝑙𝑜𝑔 .
2𝜋 𝑅1

REMARQUE : On aurait plus rapidement ce résultat en appliquant la méthode


du paragraphe précédent, c'est-à-dire en considérant le flux à travers une fj
surface AB qui s'appuie sur les deux conducteurs.
𝐼
Le champ est 𝐻 = (théorème d'Ampère 2𝜋 𝑟 𝐻 = 𝐼). Par unité de longueur
2𝜋𝑟
le flux est

Figure 193

9. Coefficient d'induction propre d'un ensemble de deux circuits en série

L'énergie électromagnétique de deux circuits 𝐶1 et 𝐶2 de coefficients


d'induction propres 𝐿1 et 𝐿2 et d'induction mutuelle 𝑀 parcourus par le même
courant I est
1 1 1
𝑊= 𝐿1 𝐼 2 + 𝐿2 𝐼 2 + 𝑀𝐼 2 = (𝐿1 + 𝐿2 + 2𝑀)𝐼 2 .
2 2 2
Le circuit unique constitué par les deux circuits en série a un coefficient
1
d'induction propre L défini par 𝑊 = 𝐿𝐼 2 ; on a
2

𝐿 = 𝐿1 + 𝐿2 + 2𝑀.

Dans cette relation 𝐿1 et𝐿2 sont positifs, mais M peut être négatif. Ceci a lieu
lorsque les courants dans les circuits ont des sens tels que le flux que 𝐶2 envoie
à travers 𝐶1 est de signe contraire au flux que 𝐶1 s'envoie à travers lui-même.
291

Au moyen de deux bobines dont l'une peut se déplacer par rapport à l'autre on
peut obtenir un coefficient d'induction propre variant de 𝐿1 + 𝐿2 − 2𝑀0 à 𝐿1 +
𝐿2 + 2𝑀0 , 𝑀0 désignant le coefficient d'induction mutuelle maximum des
bobines.

10. Utilisation des coefficients d'induction pour le calcul des forces exercées
entre circuits

Nous avons vu que les forces qui s'exercent sur un circuit parcouru par un
courant et placé dans un champ magnétique sont donnés par

⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝐼𝑑𝛷.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ + 𝛤⃗𝑑𝜃
𝑑𝜁 = 𝐹⃗ 𝑑𝑂𝑀

Si nous avons deux circuits 𝐶1 et 𝐶2 indéformables en présence, le circuit 𝐶2 est


traversé par le flux 𝛷2 = 𝑀𝐼1 . Si on imagine un déplacement élémentaire du
circuit 𝐶2 , les courants 𝐼1 et 𝐼2 restant constants,

⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝐼1 𝐼2 𝑑𝑀.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ + 𝛤⃗𝑑𝜃
𝑑𝜁 = 𝐹⃗ 𝑑𝑂𝑀

Le coefficient d'induction mutuelle M est une fonction des données


géométriques des circuits 𝐶1 et 𝐶2 et de leurs positions relatives carac¬térisées
par les variables 𝑥, 𝑦, ʓ, 𝛼, 𝛽, 𝛾.

On a

11. Electrodynamomètres

Prenons pour exemple d'application les électrodynamomètres. Ces appareils


sont constitués par un solénoïde de gros fil parcouru par un courant I ayant à
son intérieur une petite bobine de fil fin, parcourue par un courant z, mobile
292

autour d'un axe perpendiculaire à l'axe du solénoïde. Si 𝛼 est l'angle des axes
des deux bobines le flux à travers la petite bobine est:

et le coefficient d'induction mutuelle:


𝑛1 𝑛2 𝜇0 𝑠2
𝑀= 𝑠𝑖𝑛𝜃
𝑙
ou

𝑀 = 𝑀0 𝑠𝑖𝑛𝜃

en appelant 𝑀0 le coefficient d'induction mutuelle maximum:


𝑛1 𝑛2 𝜇0 𝑠2
𝑀0 =
𝑙
la petite bobine mobile est soumise au couple:

𝜕𝑀
𝛤 = 𝐼𝑖 = 𝐼𝑖 𝑀0 𝑐𝑜𝑠 𝜃.
𝜕𝜃

Figure 194

Un ressort spiral (ou un fil de torsion) exerce un couple proportionnel à l'angle


de rotation. On règle le ressort de façon que lorsqu'aucun courant ne passe
dans les bobines (𝛤 = 0) les axés des bobines soient perpendiculaires. Si on
repère l'angle de rotation de la bobine à partir de cette position, on a

𝛤𝑟 = −𝐾𝜃.

A l'équilibre
𝐼 𝑖 𝑀0 𝑐𝑜𝑠 𝜃 − 𝐾𝜃 = 0

ou
293

𝑀0 𝑐𝑜𝑠 𝜃
𝜃= 𝐼 𝑖.
𝐾
Pour les petits angles
𝑀0
𝜃≠ 𝐼 𝑖.
𝐾
Les électrodynamomètres sont utilisés dans les appareils de mesure pour
réaliser des ampèremètres, des voltmètres et des wattmètres. Nous
représentons séparément les deux bobines.

a) Montage d'un ampèremètre électrodynamique.

𝑖=𝑘𝐼
𝑀0
𝜃= 𝑘 𝐼2 .
𝐾

Figure 195

la déviation est proportionnelle au carré de l'intensité. L'appareil peut être


utilisé en courant alternatif.

b) Montage d'un voltmètre électrodynamique.


𝑈
𝑖=𝐼=
𝑅1 + 𝑅2 + 𝜌
𝑀0
𝜃= 𝑈2
𝐾(𝑅1 + 𝑅2 + 𝜌)

Figure 196
294

la déviation est proportionnelle au carré de la tension. L'appareil peut être


utilisé en courant alternatif.

c) Montage (d’un wattmètre électrodynamique.


𝑈
𝑖=
𝑅2 + 𝜌
𝑀0
𝜃= 𝑈𝐼
𝐾(𝑅2 + 𝜌)

ou
𝑀0
𝜃= 𝑃.
𝐾(𝑅2 + 𝜌)

Figure 197
295

Supplément cours
Inductances propres et mutuelles des circuits électriques
On examine ici le couplage magnétique qui résulte de l’interaction magnétique qui est à la
base des fem induites dans les circuits électriques.
Inductance mutuelle de deux circuits
I.1 Circuits filiformes
I.2 Circuits réels
Inductance propre d’un circuit
Définition
Inductance propre d’un solénoïde torique
Expression de l’inductance propre d’un circuit filiforme
Autre expression de l’inductance propre
Inductance intérieure d’un fil rectiligne
Autoinduction
Matrice inductance d’un ensemble de deux circuits couplés
Matrice inductance
Propriétés des coefficients d’inductance
Inductance équivalente à deux inductances en série
Transformateurs

Supplément cours

Induction électromagnétique

Introduction
I. Approche expérimentale
I.1 Circuits fixes
I.2 Circuits mobiles
I.3 Rôle du matériau
I.4 Force électromotrice induite
II. Lois de l’induction
II.1 Conservation du flux de B
II.2 Equation de Faraday
II. Relation de Maxwell Faraday. Potentiel électromagnétique
III.1 Forme intégrale
III.2 Exemple du bétatron
III.3 Forme locale
III.4 Potentiel vecteur et potentiel scalaire en régime variable
III.5 Potentiel électromagnétique. Jauge
296

III.6 Tension aux bornes d’un dipôle électrocinétique


IV Circuit mobile dans un champ magnétique
IV.1 Force électromotrice induite dans un circuit mobile
IV.2 Cas particuliers
a) Induction statique
b) Induction motionnelle
c) Circuit matériel de constitution constante
Circuit matériel de constitution constante
Circuit dont le nombre de spires est variable par contact glissant

III.

CHAPITRE IX

LE COURANT ALTERNATIF
IX.1. LES RÉSEAUX ÉLECTRIQUES EN RÉGIME VARIABLE

1. Réseau électrique

On constitue un réseau électrique en connectant des composants passifs:


résistances, inductances, condensateurs et des sources de tension ou de
courant.

Le réseau est dit passif s'il ne comporte que des éléments passifs.

Les composants passifs utilisés dans la technique ne sont en général ni des


résistances pures, ni des inductances pures, ni des condensateurs purs mais ils
peuvent être considérés comme des associations de ces éléments. Il est
possible de ce fait de considérer un réseau passif linéaire comme composé
uniquement d'éléments purs dont la valeur est constante.

2.Dipôle électrique
297

On appelle dipôle un réseau électrique dont seulement deux bornes sont


accessibles.

Le dipôle est passif s'il est constitué uniquement avec des éléments passifs. Le
dipôle est actif s'il comporte des sources de tension ou de courant.

Il a été vu pour le courant continu qu'un réseau actif, constitué par des
résistances et des f.é.m. ayant deux bornes d'accès constitue un générateur (ou
un récepteur).

Ce générateur est équivalent à une f.é.m. égale à la tension à vide série avec
une résistance (résistance interne définie comme la résistance équivalente au
réseau dans lequel on a annulé toutes les f.é.m.).

Ce résultat qui constitue le théorème de Thévenin s'étend au régime niable en


séparant les tensions aux bornes des condensateurs et les f.é.m. d'induction
propre et mutuelle des autres f.é.m.

Un réseau actif ayant deux bornes d'accès (dipôle actif) est équivalent à une
f.é.m. égale à la tension à vide en série avec un réseau passif constitué de
résistances, inductances et condensateurs obtenu en annulant routes les f.é.m.
autres que celles d'induction propre et mutuelle.

Il a été également vu pour le courant continu l'équivalence d'un réseau avec un


injecteur de courant en parallèle avec la résistance interne. Ce résultat se
généralise pour les courants variables.

Un dipôle actif est équivalent à un injecteur de courant débitant le courant de


court-circuit en parallèle avec un réseau passif (réseau dans lequel ont été
annulées les f.é.m. autres que celles d'induction propre et mutuelle).

3. Régime propre d'un réseau linéaire

Les tensions et courants dans un réseau constitué par des éléments passifs
linéaires: résistances, inductances, condensateurs et par des forces
électromotrices que l'on peut supposer fonction du temps sont régis par un
système d'équations.

En écrivant les lois des branches et les lois des nœuds, on trouve qu'il s'agit en
l'occurrence d'équations différentielles linéaires à coefficients constants
298

comportant au premier membre les différentes variables, tensions et courants,


intervenant dans le réseau et aux seconds membres les différentes forces
électromotrices.

A partir d'un état de fonctionnement pour lequel les différentes tensions et


courants ne sont pas tous nuls, supprimons les forces électromotrices. On
obtient un système d'équations différentielles linéaires à coefficients constants
sans second membre. La résolution mathématique du problème conduit à
rechercher pour les différentes variables un ensemble d'expressions qui ont la
même forme en fonction du temps. Il faut pour cela que la dérivation et
l'intégration donnent des grandeurs proportionnelles. Si, par exemple, on veut
𝑑𝑖
avoir = 𝑝𝑖 il faut que 𝑖 soit de la forme 𝐼𝑒 𝑝𝑡 . D'une façon générale la
𝑑𝑡
recherche d'un système de solutions de la forme 𝑢𝐾 = 𝑢𝐾 𝑒 𝑝𝑡 , 𝑖𝐾 = 𝐼𝐾 𝑒 𝑝𝑡
conduit après substitution dans le système d'équations différentielles linéaires
à coefficients constants et suppression du facteur 𝑒 𝑝𝑡 à un système d'équations
algébriques linéaire homogène des variables 𝑢𝐾 ... ,𝑖𝐾 ... dans lequel les
coefficients de ces variables sont des polynômes de la variable 𝑝. Le système a
une solution non nulle si son déterminant est nul. Cette condition fixe les
valeurs 𝑝1 , 𝑝2 , ... ,𝑝𝑖 ... de la variable 𝑝.

La solution générale du système d'équations est de la forme:

𝑢1 = 𝜆11 𝑒 𝑝1𝑡 + 𝜆12 𝑒 𝑝2𝑡 + ⋯ + 𝜆1𝑖 𝑒 𝑝𝑖𝑡 …


… . … … …. … ….
𝑢𝐾 = 𝜆𝐾 𝑒 + 𝜆2𝐾 𝑒 𝑝2𝑡 + ⋯ + 𝜆𝑖𝐾 𝑒 𝑝𝑖𝑡 …
1 𝑝1 𝑡

…………
Si une des valeurs de 𝑝𝑖 a une multiplicité d'ordre n les termes correspondants
sont 𝜆1𝐾1 𝑡 𝑛−1 𝑒 𝑝𝑖𝑡 + 𝜆1𝐾2 𝑡 𝑛−2 𝑒 𝑝𝑖𝑡 + ⋯

Les coefficients tels que 𝜆𝑖𝐾 sont fixés par les équations du système et par les
conditions initiales.

Les valeurs de 𝑝1 , 𝑝2 , ... ,𝑝𝑖 ... peuvent être réelles ou complexes. Si elles sont
complexes, elles sont imaginaires conjuguées, du fait que les équations sont à
coefficients réels. Les valeurs des tensions étant des expressions réelles, les
coefficients tels que 𝜆11 et 𝜆12 de deux valeurs 𝑝1 et 𝑝2 imaginaires conjuguées
sont eux-mêmes imaginaires conjugués. En faisant apparaître les modules et
299

arguments, on peut écrire :𝜆11 = Ʌ1 𝑒 𝑗𝜑 , 𝜆12 = Ʌ1 𝑒 −𝑗𝜑 , 𝑝1 = 𝛼 + 𝑗𝜔, 𝑝2 = 𝛼 −


𝑗𝜔 ce qui donne 𝜆1𝐾 𝑒 𝑝1𝑡 + 𝜆2𝐾 𝑒 𝑝2𝑡 = 2Ʌ1 𝑒 𝛼𝑡 cos (𝜔𝑡 + 𝜑).

Enfin, les valeurs de 𝑝𝑖 , si elles sont réelles, ou leur partie réelle si elles sont
complexes, sont négatives car, du fait de la dissipation énergique dans un
réseau passif, les tensions et les courants ne peuvent que décroître.

4. Régime isomorphe d'un réseau linéaire

Dans un réseau comportant une f.é.m. dans une de ses branches ou plus
précisément dans un dipôle alimenté par une source se réduisant à une f.é.m.,
les différentes tensions et les différents courants évoluent en fonction du
temps généralement différemment de la f.é.m.

La recherche mathématique des conditions pour que toutes ces grandeurs


aient la même forme conduit à une f.é.m. de la forme 𝜀 = 𝐸𝑒 𝑝𝑡 𝐸 et 𝑝étant des
nombres complexes (𝐸 = 𝐸𝑒 𝑗𝜑 et 𝑝 = 𝛼 + 𝑗𝜔) ou plus généralement à une
combinaison linéaire de f.é.m. ayant cette forme.

Les tensions et courants étant des grandeurs physiques doivent être


représentés par des nombres réels. Des expressions de la forme
∑ 𝐸𝑒 𝑝𝑡 , ∑ 𝑈𝑒 𝑝𝑡 , ∑ 𝐼𝑒 𝑝𝑡 ,il ne faut retenir que les combinaisons linéaires
donnant des grandeurs réelles. Ceci conduit pour un terme de la forme 𝜀 =
𝐸𝑒 𝑝𝑡 = 𝐸𝑒 𝑗𝜑 𝐸𝑒 (𝛼+𝑗𝜔)𝑡 ) 1 à associer son imaginaire conjugué 𝜀∗ =
𝐸𝑒 −𝑗𝜑 𝐸𝑒 (𝛼−𝑗𝜔)𝑡 et à prendre la demi somme. On obtient ainsi le terme
𝐸𝑒 𝛼𝑡 𝑐𝑜𝑠(𝛼 − 𝑗𝜔) qui est la partie réelle de 𝜀. (Ce résultat reste évidemment
valable si 𝑝 est réel).

Cette forme de tensions et courants correspond si a n'est pas nul à une


expression sinusoïdale dont l'amplitude croît ou décroît exponentiellement en
fonction du temps selon le signe de 𝛼.

Si 𝛼 = 0 toutes les tensions et tous les courants sont sinusoïdaux. A


l'expression complexe 𝜇 = 𝑈𝑒 𝑗(𝑗𝜔+𝜑) correspond la tension 𝑢 = 𝑈 cos(𝑗𝜔 +
𝜑).

Selon le raisonnement qui a été fait un régime créé par une f.é.m. de la forme
E𝑒 𝛼𝑡 cos(𝜔𝑡 + 𝜑)à laquelle correspondent des tensions et des courants de la
300

formeU𝐾 𝑒 𝛼𝑡 cos(𝜔𝑡 + 𝜑𝐾 ) est supposé établi et l'évolution des tensions et


courants se poursuit selon cette forme.

En fait, l'établissement doit nécessairement se faire à partir de l'instant où on


met en œuvre la f.é.m. Si, à cet instant, les conditions initiales pour les tensions
et courants correspondent aux valeurs du régime établi l'évolution se poursuit
de la même façon. En général, il n'en est pas ainsi et, pour passer des
conditions initiales au régime établi, il existe un régime transitoire
correspondant au régime propre du réseau.

Le réseau est régi par un système d'équations différentielles linéaires à


coefficients constants dont une a un second membre la f.é.m. appliquée. Pour
chacune des tensions et chacun des courants, la solution est la somme d'une
solution particulière du système avec second membre que constitue le régime
établi et de la solution générale du système sans second membre que constitue
le régime propre. Les constantes qui subsistent dans ces expressions sont
déterminées par les conditions initiales.

5. Admittance et impédance isomorphe d'un réseau passif


L'étude des réseaux, vue sous l'aspect mathématique, a conduit au résultat
suivant : si aux bornes d'un dipôle une f.é.m. 𝜀 = 𝐸𝑒 𝑝𝑡 est établie toutes les
tensions et tous les courants du réseau ont la même forme 𝜇𝐾 = 𝑈𝑒 𝑝𝑡 , 𝒥𝐾 =
𝐼𝐾 𝑒 𝑝𝑡 .
En fait, on ne s'intéresse qu'au courant 𝒥 dans le dipôle. Pour obtenir
l'expression 𝒥 = 𝐼𝑒 𝑝𝑡 , on élimine toutes les autres variables.
Dans toutes les équations du système, le terme 𝑒 𝑝𝑡 en facteur peut être
supprimé. On obtient ainsi un système d'équations algébriques linéaires des
variables telles que 𝑈𝐾 et 𝐼𝐾 dont les coefficients sont des polynômes de la
variable 𝑝. Par ailleurs, du fait de la linéarité des équations, toutes les tensions
et tous les courants sont proportionnels à 𝛆.
Il en résulte que le courant est de la forme 𝒥 = 𝒴(𝑝). La grandeur𝒴(𝑝)appelée
admittance isomorphe est une fraction rationnelle de la variable 𝑝. On peut
également écrire 𝜀 = 𝜉(𝑝). 𝒥.
301

Figure 198
1
La grandeur 𝜉(𝑝) = appelée impédance isomorphe est égalementune
𝒴(𝑝
fraction rationnelle. Dans le cas particulier où𝑝 =
𝑗𝜔, 𝒴(𝑗𝜔)𝑒𝑡 𝜉(𝑗𝜔)s'appellent admittance et impédance complexes.
IX.2. COURANTS SINUSOÏDAUX
1. Grandeurs sinusoïdales

Les grandeurs sinusoïdales jouent un rôle très important en électricité pour les
raisons suivantes:
1) Beaucoup de grandeurs sont sinusoïdales, tout au moins en première
approximation. On s'attache d'ailleurs dans la pratique industrielle à obtenir
des grandeurs réelles qui s'éloignent aussi peu que possible de la forme
sinusoïdale, par un choix convenable des caractéristiques des circuits et des
appareils ou machines.
2) On peut ramener l'étude des grandeurs périodiques à celle des grandeurs
sinusoïdales en utilisant le développement en série de Fourier et l'étude des
grandeurs non périodiques à celle des grandeurs sinusoïdales en utilisant
l'intégrale de Fourier.
3) Les grandeurs sinusoïdales correspondent pour les réseaux linéaires à des
fonctions propres. Dans ceux-ci il peut exister un régime permanent où
toutes les tensions et tous les courants sont sinusoïdaux.
2. Valeur efficace d'un courant sinusoïdal
On dit qu'une intensité ou une tension est sinusoïdale lorsque sareprésentation
en fonction du temps est de la forme 𝑦 = 𝐴 cos(𝜔𝑡 + 𝜑)où A et 𝜔 sont deux
constantes positives.
A est l'amplitude ou valeur maximale de la fonction, 𝜔 est la pulsation.
302

Si T est la période:𝜔𝑇 = 2𝜋ou :


2𝜋
𝜔= = 2𝜋𝑓
𝑇
La puissance instantanée dépensée en chaleur par un courant
𝑖 = 𝐼𝑚𝑎𝑥 cos 𝜔𝑡 est:

2 2
𝑅𝐼 2 𝑚𝑎𝑥 𝑅𝐼 2 𝑚𝑎𝑥
2
𝑝 = 𝑅𝑖 = 𝑅𝐼 𝑚𝑎𝑥 cos 𝜔𝑡 = + cos 2 𝜔𝑡 .
2 2
𝑅𝐼 2 𝑚𝑎𝑥
La valeur moyenne de la puissance dépensée est évidemment 𝑃 =
2
valeur moyenne de cos 2 𝜔𝑡est nulle au cours d'unepériode).
Nous avons vu que, par définition, l'intensité efficace est l'intensité du courant
continu qui dissiperait la même puissance dans la mêmerésistance. On a
2 𝑅𝐼 2 𝑚𝑎𝑥
𝑅𝐼𝑒𝑓𝑓 = ou
2

𝐼𝑚𝑎𝑥 𝑈𝑚𝑎𝑥
𝐼𝑒𝑓𝑓 = demême 𝑈𝑒𝑓𝑓 =
√2 √2
3. Impédance d’un dipôle
La notion d'impédance qui a été vue à partir de l'étude théoriquedes réseaux
peut être définie très simplement.
Appliquons une tension sinusoïdale 𝑢 = 𝑈 cos 𝜔𝑡t aux bornes d'unerésistance;
u U
le courant qui la traverse est i = = cos 𝜔𝑡. Appliquons cette tension aux
𝑅 𝑅
du 𝜋
bornes d'un condensateur; le courant e i = C = C𝜔 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + ).Faisons
𝑑𝑡 2

traverser une inductancepure par un courant sinusoïdal 𝑖 = 𝐼 sin 𝜔𝑡 (ou 𝑖 =


𝜋 𝑑𝑖
𝐼 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + )), la tension aux bornes est :𝑢 = 𝐿 = 𝐿𝜔 𝐼 cos 𝜔𝑡.
2 𝑑𝑡

Nous voyons ainsi que si on applique une tension sinusoïdale aux bornes d'une
résistance, d'un condensateur ou d'une inductance, le courant qui traverse
l'élément est sinusoïdal, à même pulsation, et sa valeur maximale est
proportionnelle à la valeur maximale de la tension appliquée. Ceci n'a
évidemment lieu que dans la mesure où les éléments sont linéaires, c'est-à-dire
indépendants du courant, ce qui correspond à des résistances suivant la loi
d'Ohm à l'exception des semi-conducteurs (redresseurs, thermistances...) et à
des bobines sans fer.
303

A partir des éléments résistances, condensateurs inductances, on constitue un


dipôle passif, réseau ne renfermant aucune force électromotrice et sans autre
liaison avec l'extérieur que deux bornes A et B. Il est bien précisé également
qu'il n'y a aucun couplage par induction mutuelle entre les éléments du dipôle
et des éléments extérieurs au dipôle (il peut par contre y avoir couplage
magnétique entre éléments intérieurs au dipôle).
Du fait que la somme de grandeurs sinusoïdales de même pulsation est une
grandeur sinusoïdale de même pulsation, il résulte que, si on applique une
tension sinusoïdale aux bornes d'un dipôle, le courant qui le traverse est
sinusoïdal, a même pulsation et a une valeur maximale proportionnelle à la
tension.
𝑑𝑢
On appelle impédance du dipôle le rapport Z = des valeursmaximales ou des
𝑑𝑡
valeurs efficaces de la tension et du courant (puisque 𝑈𝑚𝑎𝑥 = 𝑈𝑒𝑓𝑓 √2et
𝐼𝑚𝑎𝑥 = 𝐼𝑒𝑓𝑓 √2). Si le courant est 𝑖 = 𝐼 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + 𝛼), la tension peut s'écrire
𝑢 = 𝑍 𝐼 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + 𝛼 + 𝜑). L'angle 𝜑 est appelé déphasage de la tension sur le
𝜑
courant. A cet angle correspond unécart 𝜏 = dans le temps entre l'instant où
𝜔
la tension passe par son maximum et l'instant où le courant passe par son
maximum.
𝐼
Le rapport 𝑌 = des valeurs maximales ou efficaces du courant et de la tension
𝑈
est l'admittance du dipôle.
4. Loi d'Ohm en expressions complexes
Comme nous venons de le voir, à un courant sinusoïdal 𝑖 =
𝐼 𝑐𝑜𝑠 𝜔𝑡 correspond l'expression Complexe𝒥 = 𝐼 𝑒 𝑖𝜔𝑡 . La valeur instantanée
𝑖 du courant est égaie à la partie réelle de son expression complexe ℑ c’est-à-
ℑ+ℑ2
dire encore à
2

La tension aux bornes d'un dipôle parcouru par le courant 𝑖 est 𝑢 =


𝑈 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + 𝜑)ou encore 𝑢 = 𝑍. 𝐼 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + 𝜑). L'expression complexe de la
tension est 𝒰 = 𝑈𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝜑) = 𝑍 𝐼𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝜑) .
On peut écrire𝒰 = 𝑍 𝑒 𝑗𝑝 . 𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡 .
La grandeur 𝒵 = 𝑍 𝑒 𝑗𝑝 est l'impédance complexe du dipôle. On a
𝒰 = 𝒵. 𝒥.
304

Cette expression avec des notations complexes est semblable à la loi d'Ohm
𝑢 = 𝑅𝑖 établie pour le courant continu.
L'impédance 𝑍 et le déphasage 𝜑sont le module et l'argument de l'impédance
complexe. Ils ne dépendent pas de la valeur du courant mais sont des fonctions
de la pulsation 𝜔.
L'impédance complexe peut être définie par sa partie réelle et sa partie
imaginaire 𝒵 = 𝑅 + 𝑗𝑋.
𝑅 = 𝑍𝑐𝑜𝑠 𝜑est la résistance, 𝑋 = 𝑍𝑠𝑖𝑛 𝜑 est est la réactance. A partir de la
résistance et de la réactance, on a évidemment l'impédance𝑍 = √𝑅2 + 𝑋 2 et
𝑋
le déphasage donné par𝑡𝑔𝜑 = .
𝑅

On définit de la même façon l'admittance complexe inverse de


1
l'impédance complexe = .
𝒥

On a 𝒥 = 𝒴. 𝒰.
1
L'admittance complexe peut être définie soit par son module𝑌 = et son
𝑍
argument −𝜑 soit par sa partie réelle et sa partie imaginaire 𝒴 = 𝐺 + 𝑗𝐵..
G est la conductance, B la susceptance.
On a les relations suivantes:
1 1 𝑅 𝑅
𝐺= cos 𝜑 , 𝐵 = − sin 𝜑 𝑜𝑢 𝑒𝑛𝑐𝑜𝑟𝑒 𝐺 = 2 , 𝐵 = −
𝑍 𝑍 𝑅 + 𝑋2 𝑅2 + 𝑋 2
Rappelons que pour passer de l'expression complexe d'une tension ou d'un
courant à sa valeur instantanée on multiplie le module, produit des modules
des différents termes par le cosinus de l'argument, somme des arguments des
différents termes.
5. Représentation vectorielle des grandeurs sinusoïdales
A un nombre complexe on associe son affixe, vecteur du plan complexe dont
les composantes sont la partie réelle et la partie imaginaire.
Les valeurs instantanées des courants et tensions sinusoïdaux, parties réelles
des expressions complexes qui leur sont associées, sont égales à la projection
sur l'axe réel des vecteurs représentatifs.
305

Les nombres complexes ayant un argument de la forme 𝜔𝑡 + 𝛼sont


représentés par des vecteurs tournant tous à la vitesse angulaire 𝜔. On les
représente à l'instant 𝑡 = 0.
Rappelons qu'aux opérations algébriques dérivation et intégration effectuées
sur des grandeurs sinusoïdales correspond pour les nombres complexes
associés la multiplication ou la division par 𝑗 𝜔et pour lesvecteurs
𝜋 𝜋
représentatifs la rotation de avec multiplication par 𝜔 ou la rotation de −
2 2
avec division par 𝜔
Les caractéristiques des dipôles simples: résistance, inductance, condensateur
sont résumées ci-après:
a) Résistance.
𝑖 = 𝐼𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝒥 = 𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡
𝑢 = 𝑅𝑖 { 𝒰 = 𝑅. 𝒥 {
𝑢 = 𝑅𝐼𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝒰 = 𝑅𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡

Figure 199
b) Inductance.

𝑑𝑖 𝑖 = 𝐼𝑐𝑜𝑠 𝜔 𝑡 𝒥 = 𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡
𝑢 = 𝐿 { 𝑢 = 𝐿𝜔. 𝐼 𝑐𝑜𝑠 (𝜔 𝑡 + 𝜋) 𝒰 = 𝑗𝐿𝜔𝒥 { 𝜋
𝑑𝑡 2 𝒰 = 𝐿𝜔 𝐼𝑒
𝑗(𝜔 𝑡+ )
2

Figure 200
𝜋
Les vecteurs tournants sont décalés de .
2

c) Condensateur.

𝑑𝑢 𝑖 = 𝐼𝑐𝑜𝑠 𝜔 𝑡 𝒥 𝒥 = 𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡
𝑢=𝐶 { 𝐼 𝜋 𝒰= { 𝐼 𝑗(𝜔 𝑡+𝜋)
𝑑𝑡 𝑢 = 𝑐𝑜𝑠 (𝜔 𝑡 − ) 𝑗𝐶𝜔 𝒰 = 𝑒 2
𝐶𝜔 2 𝐶𝜔
306

Figure 201
𝜋
Les vecteurs tournants sont décalés de− .
2

d) Dipôle.

𝑖 = 𝐼𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝒥 = 𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡
{ 𝒰 = 𝒵. 𝒥 { 𝜋
𝑢 = 𝑍 𝐼𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡 𝒰 = 𝑍 𝐼𝑒
𝑗(𝜔 𝑡+ )
2

Figure 202
On passe du vecteur représentatif du courant au vecteur représentatif de la
tension par une similitude de module Z et d'argument 𝜑.
6. Lois de Kirchhoff en expressions complexes
Les lois de Kirchhoff s'étendent avec les notations complexes à un réseau dans
lequel toutes les f.é.m. des générateurs et des récepteurs sont des grandeurs
sinusoïdales de même pulsation.
Ayant affaire à des grandeurs variables en fonction du temps, il est nécessaire
de définir pour chacune des branches un sens positif du courant et des
polarités de référence pour les générateurs et les récepteurs. Les données sont
alors exprimées compte tenu de ces conventions.
a) Loi des nœuds.
A un nœud on a en valeur instantanée ∑ 𝒥 = 0, les intensités étant précédées
du signe + ou du signe − selon que les sens positifs choisis pour les courants
sont ou non dirigés vers le nœud.
Cette relation se conserve pour les expressions complexes et on a
307

∑ 𝒥 = 0.

(La relation∑ 𝑖 = 0entre valeurs instantanées est la partie réelle de l'expression


∑ 𝒥 = 0.)
b) Loi des branches.
Une branche est constituée par la mise en série de dipôles passifs et de forces
électromotrices.
Si 𝑢1 , 𝑢2 , 𝑢3 … sont les valeurs instantanées des tensions aux bornes des dipôles
passifs et 𝑒1 , 𝑒2 , 𝑒3 … celles des f.é.m., la tension 𝑢 entre les extrémités de la
branche est 𝑢1 + 𝑢2 + 𝑢3 … − 𝑒1 − 𝑒2 − 𝑒3 …
Cette relation se conserve en notations complexes :
𝒰1 + 𝒰2 + 𝒰3 … − 𝜀1 − 𝜀2 − 𝜀3 …
Compte tenu de la relation 𝒰𝑖 = 𝓏𝑖 𝒥 valable pour chacun desdipôles on 𝒰 =
∑ 𝓏𝒥 − ∑ 𝜀
c) Loi des mailles.
La loi des mailles est une conséquence de la loi des branches. La démonstration
faite pour les valeurs instantanées reste valable en notations complexes.
Rappelons l'énoncé:
La somme algébrique des chutes de tension est égale à la somme algébrique
des forces électromotrices.
Les conventions de signe sont les suivantes :
On choisit un sens de parcours de maille.
Les chutes de tension 𝓏𝒥 sont précédées du signe + ou du signe - selon que le
sens positif du courant choisi dans les diverses branches est ou non le même
que le sens de parcours de maille.
Les f.é.m. sont précédées du signe + ou du signe − selon que le sens où elles
sont comptées comme positives est ou n'est pas le sens de parcours de maille.
7. Association en série et association en parallèle des dipôles

Les lois de Kirchhoif pour les courants alternatifs sinusoïdaux ont, avec les
expressions complexes, la même forme que pour le courant continu. Il en
résulte que l'on a pour les impédances complexes les mêmes règles
308

d'association que pour les résistances.

a) Dipôles en série.

Figure 203
Le courant 𝒥 dans les dipôles est le même et les tensions s'ajoutent. On a
𝒰 = 𝒰1 + 𝒰2 + 𝒰3 …ou encore𝒵𝒥 = 𝒵1 𝒥 + 𝒵2 𝒥 + 𝒵3 𝒥 …
ou encore 𝒵 = 𝒵1 + 𝒵2 + 𝒵3 …
On en déduit:𝑅 + 𝑗𝑋 = (𝑅1 + 𝑅2 + 𝑅3 … ) + 𝑗(𝑋1 + 𝑋2 + 𝑋3 … )

𝑅 = ∑ 𝑅𝑖 𝑋 = ∑ 𝑋𝑖

b) Dipôles en parallèle.
La tension aux bornes des différents dipôles est la même et les courants
s'ajoutent. On a :
𝒥 = 𝒥1 + 𝒥2 + 𝒥3 …
𝒴𝒰 = 𝒴1 𝒰 + 𝒴2 𝒰 + 𝒴3 𝒰 …

Figure 204
1 1 1 1
ou encore𝒴 = 𝒴1 + 𝒴2 + 𝒴3 … ou = + + …
𝒵 𝒵1 𝒵2 𝒵3

On en déduit
𝐺 + 𝑗𝐵 = (𝐺1 + 𝐺2 + 𝐺3 … ) + 𝑗(𝐵1 + 𝐵2 + 𝐵3 … =

𝐺 = ∑ 𝐺𝑖 𝐵 = ∑ 𝐵𝑖 .

Le tableau ci-après résume les caractéristiques des dipôles simples : résistance,


inductance, condensateur.
309

L'impédance du circuit formé par résistance, inductance et condensateur


montés en série est
1
𝒵 = 𝑅 + 𝑗 (𝐿𝜔 − )
𝐿𝜔

Figure 205
L'admittance du circuit formé par résistance, inductance et condensateur
montés en parallèle est
1 1
𝒴= + 𝑗 (𝐶𝜔 − ).
𝑅 𝐿𝜔

Figure 206
On en déduit l'impédance

Faisons une application numérique avec R = 100ΩL = 0,2 m H C = 0,01 𝜇𝐹=


𝑓 =160 000 Hz
On a : 𝜔 = 2𝜋. 160000 ≠ 106
310

1 1 𝑗 𝑗 2+𝑗
𝒴= + − + =
𝒵 100 200 100 200
200 Résistance 80 Ω
𝒵= 𝒵 = 80 − 40𝑗 {
2+𝑗 Résistance − 40 Ω
8. Courant actif - Courant réactif
Le courant 𝒥 dans un dipôle d'impédance 𝒵 = 𝑍𝑒 𝑗𝜑 aux bornes duquel on a la
tension 𝒰 = 𝑈𝑒 𝑗𝜔𝑡 est
𝑈 −𝑗𝜑 𝑗𝜔𝑡
𝒥= 𝑒 𝑒 = (𝐼 cos 𝜑 + 𝑗𝐼 sin 𝜑)𝑒 𝑗𝜔𝑡 .
𝑍
Les grandeurs 𝐼𝑎 = 𝐼 cos 𝜑et 𝐼𝑟 = 𝐼 sin 𝜑 sont appelées courant actif et courant
réactif.
𝐼
On a 𝐼 = √𝐼𝑎2 + 𝐼𝑟2 𝑒𝑡 𝑡𝑔𝜑 = 𝑟 .
𝐼𝑎
𝜋
En remplaçant −𝑗 par 𝑒 −𝑗 2 a dans l'expression 𝒥 = (𝐼𝑎 − 𝑗𝐼𝑟 )𝑒 𝑗𝜔𝑡 ,
𝜋
on a 𝒥 = 𝐼𝑎 𝑒 𝑗𝜔𝑡 + 𝐼𝑟 𝑒 𝑗(𝜔𝑡− 2 ) ,.
Le courant i est la somme du courant actif 𝑖𝑎 en phase avec la tensionet du
𝜋
courant réactif 𝑖𝑟 déphasé de en arrière de la tension.
2

Lorsque plusieurs dipôles sont mis en parallèle 𝐼𝑎 = ∑ 𝐼𝑎𝑖 , 𝐼𝑟 = ∑ 𝐼𝑟𝑖 .


(∑ 𝐼𝑟𝑖 )2
On en déduit : 𝐼 = √(∑ 𝐼𝑎𝑖 )2 + (∑ 𝐼𝑟𝑖 )2 𝑡𝑔 𝜑 = (∑ .
𝐼𝑎𝑖 )2

9. Mesure des impédances


Pour mesurer les impédances, on construit un pont de Wheatstone dont les
branches sont formées par l'impédance inconnue et trois impédances connues
réglables.
Dans l'une des diagonales on place une source de tension à fréquence réglable
(générateur B.F ou générateur H.F. selon la gamme de fréquences désirée).
Dans l'autre diagonale, on place un appareil de zéro (écouteur téléphonique ou
oscilloscope en B.F., récepteur en H.F.).
La condition d'équilibre du pont de Wheatstone, déduite en courant continu
des lois de Kirchhoff, reste valable en notations complexes pour les courants
alternatifs sinusoïdaux:
311

𝒵1 𝒵3
=
𝒵2 𝒵4

Figure 207
Cette relation permet d'exprimer la résistance R et la réactance X de
l'impédance inconnue en fonction des résistances et réactances des autres
impédances du pont. Il y a évidemment une infinité de façons de faire
l'équilibre. Pour rendre la mesure commode, on réduit le nombre de
paramètres en fixant à zéro deux des réactances ou deux des résistances.
Dans les ponts basse fréquence, deux des impédances réglables sont
constituées par des résistances pures réglables par bonds, la troisième
impédance est constituée par une boîte de résistances et une boîte de
capacités que l'on peut disposer en série ou en parallèle. On n'emploie pas
d'inductance car pratiquement il est impossible de fabriquer des inductances
pures gardant une valeur indépendante de la fréquence (à cause de la capacité
entre spires).

Figure 208
312

Supposons que ce soit 𝒵3 l'impédance réglable et 𝒵4 l'impédance inconnue.


𝒵1
Si 𝒵1 et 𝒵2 sont des résistances pures, lepremier membre de l'égalitéétant =
𝒵2
𝒵3
unnombre réel, l'équilibre ne pourra être réalisé que si 24est une impédance
𝒵4
capacitive (𝒵3 et 𝒵4 doivent avoir des arguments de même signe puisque la
différence de ceux-ci doit être nulle). Si 𝒵4 est une impédance inductive, il
faudra que𝒵2 et𝒵3 soient des résistances pures et𝒵1 l'impédance variable (la
relation 𝒵1 𝒵4 = 𝒵2 𝒵3 montre que 𝒵1 et𝒵4 doivent avoir des arguments
opposés puisque l'argument de 𝒵2 𝒵3 est nul).
Signalons que les quatre branches du pont peuvent avoir des capacités par
rapport à la terre, ce qui fausse les mesures. On remédie partiellement à ce
défaut en blindant convenablement les divers organes et en ne reliant la source
de tension et l'appareil de zéro aux diagonales qu'à travers des transformateurs
à écran électrostatique,
10. Résonance série
Nous nous proposons d'étudier le circuit formé par une bobine d'inductance en
série avec un condensateur, étant entendu que la résistance du fil de bobinage
de l'enroulement est faible, mais non négligeable. Nous venons de voir que
l'impédance complexe du circuit formépar résistance, inductance et capacité
1
est 𝒵 = 𝑟 + 𝑗(𝐿𝜔 − .
𝐶𝜔

1
Nous allons examiner comment varie l'impédance 𝒵 = √𝑟 2 + (𝐿𝜔 − )2 et le
𝐶𝜔
1
𝐿𝜔−
𝐶𝜔
déphasage 𝜑 donné par 𝑡𝑔𝜑 = lorsque 𝜔 varie.
𝑟

L'étude est facilitée en remarquant que, dans le plan complexe, l'extrémité du


vecteur affixe de 𝒵 décrit une droite parallèle à l'axe imaginaire lorsque 𝜔
varie.
1
𝑍 est minimal et égal à 𝑟 pour lapulsation 𝜔0 « définie par 𝐿𝜔0 − = 0 ou
𝐶𝜔0
1
𝜔0 = , Pour cettepulsation 𝜑 = 0, on dit alors que le circuit est à la
√𝐿𝐶
𝜔0
résonance. La fréquence correspondante 𝑓0 = est appelée fréquence de
2𝜋
résonance oufréquence propre du circuit.
313

Figure 209
Nous avons représenté les variations de Z et de 𝜑 en fonction de 𝜔. Pour 𝜔0 , 𝜑
est nul; le circuit est équivalent à la résistance pure R. Pour 𝜔 < 𝜔0 , 𝜑 est
négatif; le circuit est équivalent à une résistance et unecapacité en -série ( de
𝐶
valeur 𝐶 ′ = ). Pour 𝜔 > 𝜔0 , 𝜑 estpositif, le circuit est équivalent à une
1−𝐿𝐶𝜔2
1
résistance et une inductance en série ( de valeur 𝐿′ = 𝐿 − ).
𝐶𝜔2
1
Selon les valeurs relatives de r et de 𝐿𝜔 et , l'impédance et la phase varient
𝐶𝜔
1
plus ou moins vite autour de la pulsation 𝜔0 = .
√𝐿𝐶

Figure 210Figure 210


314

Pour définir le caractère plus ou moins aigu de la résonance, on cherche les


pulsations 𝜔1 et 𝜔2 pour lesquelles la valeur absolue de la réactance est égale
à la résistance.
𝜋
L'impédance est alors égale à 2√2 et la phase à 𝜑 = ∓ . (𝑡𝑔𝜑 = ∓1).
4
1
L'équation 𝐿𝜔 − ± 𝑟 s'écrit en tenant compte que 𝐿𝐶𝜔02 = 1
𝐶𝜔

𝜔 2 𝜔
( ) ± 𝑟𝐶𝜔0 ( ) − 1 = 0.
𝜔0 𝜔0
Cette double équation a deux racines positives 𝜔1 et 𝜔2 définies par

2
𝜔 𝑟𝐶𝜔0 √(𝑟𝐶𝜔0 )
=± + + 1.
𝜔0 2 2

Si 𝜔2 est la plus grande des racines :


𝜔2 − 𝜔1 𝑟
= 𝑟𝐶𝜔0 = .
𝜔0 𝐿𝜔0
On peut caractériser l'acuité de résonance par le coefficient
𝐿𝜔0 1
𝑄= = coefficient de qualité ou coefficient desurtension.
𝑟 𝑟𝐶𝜔0

La résonance est d'autant plus aiguë que 𝑄 est plus élevé. On appelle largeur
de bande du circuit l'intervalle ∆𝜔 = 𝜔2 − 𝜔1 1 pour lequel la condition 𝑍 ≤
𝑟√2 est vérifiée. Le calcul précédent montre que
𝜔0
∆𝜔 =
𝑄
L'impédance SE peut s'exprimer en fonction de sa valeur à la pulsation 𝜔 =
0de la pulsation de résonance co0 et du coefficient de qualité 𝑄.
𝜔 𝜔0
On a 𝒵 = 𝑟 [1 + 𝑗𝑄 ( − )]
𝜔0 𝜔

L'admittance du circuit est


1 1 1
𝒴 = ou encore 𝒴 = . .
𝒵 𝑟 1+𝑗𝑄( 𝜔 −𝜔0 )
𝜔0 𝜔

L'étude de l'admittance se déduit facilement de celle de l'impédance. On passe


de l'affixe de 𝒵 à celui de 𝒴par une inversion analytique (inversion
315

géométrique et symétrie par rapport à l'axe réel que l'on évite en changeant le
sens de l'axe imaginaire).

Figure 212 Figure 213


La courbe de l'admittance Y a la forme représentée ci-dessus. Elle présente un
1 1 1
maximum égal à pour 𝜔0 = et prend la valeur pour les pulsations 𝜔1 et
𝑟 𝐿𝐶 𝑟 √2
𝜔2 qui définissent la largeur de bande.
La courbe de phase est celle de l'impédance changée de signe. Appliquons aux
bornes du circuit formé par: résistance, inductance et condensateur en série
une tension de valeur efficace constante mais dont on fait varier la fréquence.
On a 𝐼𝑒𝑓𝑓 = 𝑌 𝑈𝑒𝑓𝑓 .

La valeur du courant efficace en fonction de 𝜔 est au facteur 𝑈𝑒𝑓𝑓 .rr près celle
de l'admittance 𝑌. Le déphasage du courant sur la tension est égal à la phase
de 𝒴.
2
La puissance dépensée dans la résistance est = 𝑟𝐼𝑒𝑓𝑓 .
2
𝐼𝑒𝑓𝑓
Elle est maximale et vaut 𝑃𝑀 = à la pulsation 𝜔0 de résonance, elle est
𝑟
comprise entre la valeur maximale et la moitié de celle-ci lorsque 𝜔 est à
l'intérieur de la bande passante (𝜔1 ≤ 𝜔 ≤ 𝜔2 ). Comparons la tension aux
bornes de l'inductance ou de la capacité la tension aux bornes de l'ensemble du
circuit:
−𝑗
𝒰 = 𝒵𝒥; 𝒰𝐿 = 𝑗𝐿𝜔𝒥; 𝒰𝐶 = 𝒥;
𝐶𝜔
𝒰𝐿 𝑗𝐿𝜔 𝒰𝐶 −𝑗
= ; =
𝒰 𝒵 𝒰 𝐶𝜔𝒵
316

Pour la fréquence de résonance:


𝒰𝐿 𝑗𝐿𝜔0 𝒰𝐶 −𝑗
= = 𝑗𝑄; = = −𝑗𝑄.
𝒰 𝑟 𝒰 𝑟𝐶𝜔0

Figure 214

Les tensions aux bornes de l'inductance et de la capacité sont opposées. Leurs


amplitudes sont avec la tension d'alimentation dans le rapport du coefficient Q
(compris entre 10 et 200). Il y a surtension à la résonance. Nous avons
représenté la courbe de :
𝑈𝑐𝑒𝑓𝑓 1 1
= = .
𝑈𝑒𝑓𝑓 1 2 𝜔 2 1 𝜔 2
𝐶𝜔√𝑟 2 + (𝐿𝜔 − ) √[1 − ( ) ] + 2 ( )
𝜔 𝑄 𝜔
𝐶𝜔 0 0

Figure 215

Au lieu d'appliquer une tension d'amplitude constante aux bornes du circuit,


faisons traverser celui-ci par un courant d'amplitude constante (fourni par un
injecteur de courant). La tension est 𝑈𝑒𝑓𝑓 = 𝑍𝐼𝑒𝑓𝑓 ; sa valeur est au facteur
𝐼𝑒𝑓𝑓 près celle de l'impédance. Le déphasage de la tension sur le courant est
égal à la phase de l'impédance complexe.
317

11. Résonance parallèle - Circuit bouchon

Nous nous proposons maintenant d'étudier le circuit formé par une inductance
L et un condensateur de capacité C en parallèle avec une résistance R de
grande valeur devant les réactances des autres éléments.
1 1
L'admittance est 𝒴 = + 𝑗 (𝐶𝜔 − )
𝑅 𝐿𝜔

1
Elle a la même forme que l'impédance 𝒵 = 𝑟 + 𝑗 (𝐿𝜔 − )
𝐶𝜔

du circuit formé par la résistance r, l'inductance L et le condensateur C montés


en série. L'étude précédente se transpose en faisant correspondre par dualité
1
, C, L à r, L, C.
𝑅

Figure 216

La pulsation de résonance 𝜔0 = √𝐿𝐶est conservée. L'acuité de résonance est


𝑅
maintenant caractérisée par le coefficient 𝑄 = = 𝑅𝐶𝜔0 La largeur de
𝐿𝜔0
𝜔0
bande conserve la même expression ∆𝜔 = .
𝑄

Exprimée en fonction de 𝑅,𝜔0 et 𝑅 et 𝑄 on a

1 𝜔 𝜔0 𝑅
𝒴= + (1 + 𝑗𝑄 ( − )) 𝒵= 𝜔 𝜔0
𝑅 𝜔0 𝜔 1 + 𝑗𝑄 (𝜔 − )
0 𝜔

On retrouve pour l'admittance l'impédance et le déphasage les courbes


suivantes :
318

Figure 217 Figure 218 Figure 219

Appliquons aux bornes du circuit une tension de valeur efficace constante dont
on fait varier la fréquence.

On a 𝐼𝑒𝑓𝑓 = 𝑌𝑈𝑒𝑓𝑓 . La courbe du courant efficace fonction de 𝜔 est au facteur


𝑈𝑒𝑓𝑓 près celle de l'admittance 𝑌. De même le déphasage du courant sur la
tension est égal à la phase de 𝒴.

Les courants qui traversent les éléments sont


𝒰 𝒰
𝒥𝐿 = , 𝒥𝐺 = 𝑗𝐶𝜔𝒰, 𝒥𝑅 = .
𝑗𝐿𝜔 𝑅

𝜔 𝜔0
Le courant total est ∶ 𝒥 = 𝒴𝒰 = (1 + 𝑗𝑄 ( − )) 𝒰.
𝜔0 𝜔

A la pulsation de résonance 𝜔0 , 𝐼𝑒𝑓𝑓 .ff présente un minimum et on a:

𝐼𝐵𝑒𝑓𝑓 𝐼𝐿𝑒𝑓𝑓 𝐼𝐶𝑒𝑓𝑓


=1 = =𝑄
𝐼𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓

Il y a une surintensité, en ce sens qu'à la résonance, les courants circulant dans


la bobine et le condensateur ont une intensité très supérieure à celle du
courant total.

Si le circuit est traversé par un courant d'amplitude constante, la tension à ses


bornes est 𝑈𝑒𝑓𝑓 = 𝑍𝐼𝑒𝑓𝑓 . Au facteur 𝐼𝑒𝑓𝑓 près sa valeur est celle de
l'impédance. Egalement, le déphasage de la tension sur le courant est égal à la
phase de l'impédance complexe.

Un circuit voisin du précédent est celui constitué par une bobine de faible
résistance en parallèle avec un condensateur.
319

1
L'admittance est 𝒴 ′ = + 𝑗𝐶𝜔.
𝑟+𝑗𝐿𝜔

Figure 220

En faisant apparaître la pulsation de résonance 𝜔0 et le coefficient de qualité


𝐿𝜔0
𝑄= de la bobine, on a
𝑟
𝜔 𝜔0
1 1 + 𝑗𝑄 ( − )
𝜔0 𝜔
𝒴′ = .
𝑄2 𝑟 1−
𝑗−𝜔0
𝑄−𝜔

et

𝑗 − 𝜔0 𝑄2 𝑟
𝒵 = (1 − ).
𝑄 − 𝜔 1 + 𝑗𝑄 ( 𝜔 − 𝜔0 )
𝜔 𝜔 0

1−𝜔0
Lorsque 𝜔 n'est pas très petit ( ≪ 1) le circuit est équivalent à une
𝑄−𝜔
𝐿2 𝜔02
inductance L, un condensateur C et une résistance 𝑅 = 𝑄2 𝑟 = en parallèle
𝑟
𝑅
dont l'impédance est 𝒵 = 𝜔 𝜔 .
1+𝑗𝑄(𝜔 − 𝜔0 )
0

Figure 221

Les affixes de 𝒵 et 𝒵′ sont représentés sur la figure ci-dessus.


320

12. Coefficient de qualité des bobines d'inductance


𝐿𝜔
On définit le coefficient de qualité d'une bobine par 𝑄 = .
𝑟

Cette expression pourrait laisser penser que 𝑄 croît indéfiniment avec la


fréquence. Il n'en est rien car après une croissance quasi linéaire le coefficient
𝑄 reste sensiblement constant pour décroître ensuite. En effet, lorsque la
fréquence augmente, les effets de capacité entre spires du bobinage se font
sentir. De plus la résistance r croît avec la fréquence. Une des causes est,
comme nous le verrons plus tard, l'effet de peau, les lignes de courant se
concentrant près de la surface des conducteurs. Une autre cause est, dans les
bobines à noyau de fer, l'hystérésis et les courants de Foucault; l'effet des
pertes dans le fer peut se traduire par l'introduction en parallèle avec la bobine
d'une résistance fictive 𝑅′ fonction de la fréquence, telle que les pertes par
effet Joule dans cette résistance soient égales aux pertes dans le fer.

Il est facile de voir que l'on peut identifier le schéma équivalent à une bobine
réelle avec celui d'un circuit-bouchon constitué par une bobine résistante et un
condensateur en parallèle.

Figure 222

L'examen de la courbe de 𝒵 dans le plan complexe, étudiée au paragraphe


précédent, montre qu'au-dessous de la fréquence de résonance propre de la
1
bobine (𝜔0 = ), on peut identifier la bobine avec une inductance variable
√𝐿𝛾
𝐿′ en série avec une résistance variable ′′, 𝑟′′ et 𝐿′𝜔 étant la partie réelle et la
partie imaginaire de 𝒵.
321

Figure 223
𝐿′𝜔
On voit alors que le coefficient de surtension 𝑄 = part de
𝑟′′

zéro, passe par un maximum assez plat et décroît pour s'annuler à la fréquence
de résonance propre de la bobine.

L'existence des pertes dans le fer est une cause importante de la diminution du
coefficient de qualité. On réduit l'hystérésis en employant des alliages
appropriés tels que les ferrosiliciums. On réduit les courants de Foucault en
divisant le métal; pour cela on constitue les noyaux avec de la poudre de fer
très fine, noyée dans une résine artificielle isolante.

On réalise des bobines de coefficient de surtension compris entre 20 et 80 pour


la B.F., entre 50 et 300 pour la H.F.

13. Coefficient de qualité des condensateurs

Nous avons vu au chapitre des condensateurs qu'un condensateur réel est


équivalent à un condensateur parfait shunté par une grande résistance R. On
peut également le représenter par un condensateur parfait en série avec une
résistance 𝑟.

Figure 224

Identifions les deux expressions de l'impédance. Dans le premier cas on a


322

1 1 1
= 𝑗𝐶𝜔 𝑜𝑢 𝒵= 1
𝒵 𝑅 𝑗𝐶𝜔 (1 + 𝑗𝑅𝐶𝜔)

1
comme » est petit devant 1 :
𝑅𝐶𝜔

1 1 −𝑗 1
𝒵= (1 − ) 𝑜𝑢 𝒵 = +
𝑗𝐶𝜔 𝑗𝑅𝐶𝜔 𝐶𝜔 𝑅𝐶 2 𝜔 2
−𝑗 1
En identifiant avec 𝒵 = + 𝑟, on voit que 𝑟 = .
𝐶𝜔 𝑅𝐶 2 𝜔2

Le coefficient de qualité d'un condensateur peut se définir indifféremment par:


1
𝑄 = 𝑅 𝐶𝜔 = .
𝑟 𝐶𝜔
1
Nous avons défini précédemment l'angle de perte 𝛿 par 𝑡𝑔 𝛿 = , on voit
𝑅𝐶𝜔
1
alors que 𝑄 = .
𝑡𝑔𝛿

14. Mesure des coefficients de qualité

On utilise pour mesurer les coefficients de qualité des inductances des


appareils appelés Q-mètres.

En principe, on place aux bornes d'un générateur à fréquence variable connue,


de f.é.m. E connue, la bobine à mesurer en série avec un condensateur variable
C sans perte. On mesure la tension aux bornes du condensateur à l'aide d'un
voltmètre à grande impédance (voltmètre électronique).

On manœuvre C de façon à avoir la résonance (maximum de tension). On a


alors
𝐸 𝐼 𝐸
𝐿 𝐶𝜔2 = 1 ; 𝐼 = ; 𝑈𝐶 = = 𝐿𝜔ou
𝑅 𝐶𝜔 𝑅
1 𝑄𝐶
𝐿= et 𝑄= .
𝐶𝜔 2 𝐸
323

Figure 225

Pratiquement on donne à E une valeur fixe et on gradue directement le


voltmètre en valeur de Q.

L'appareil peut être utilisé pour mesurer les capacités. On emploie une bobine
auxiliaire et on établit la résonance avec le condensateur C seul (valeurs 𝐶1 et
𝑄1 ) et avec les condensateurs 𝐶 et 𝐶′ (capacité inconnue) en parallèle (valeurs
𝐶2 et 𝑄2 ). La capacité du condensateur 𝐶′ et son coefficient de qualité sont:

(𝐶1 − 𝐶2 )𝑄1 . 𝑄2
𝐶 ′ = 𝐶1 − 𝐶2 𝑒𝑡 𝑄′ = .
𝐶1 (𝑄1 − 𝑄2 )

15. Puissance mise en jeu par un générateur et par un récepteur en courant


alternatif sinusoïdal

En courant alternatif, il peut être difficile de dire a priori si une source de


tension joue le rôle de générateur ou le rôle de récepteur dans un circuit
comprenant plusieurs sources de tension.

En courant continu, il n'y a aucune ambiguïté car, en suivant le courant, un


générateur fait remonter le potentiel alors qu'un récepteur l'abaisse. On voit
facilement que si on choisit un sens positif pour le courant i et que l'on compte
la f.é.m. e positivement si elle tend à remonter le potentiel lorsqu'on se
déplace dans le sens positif choisi pour le courant, le produit p - ei est positif
dans le cas d'un générateur, négatif pour un récepteur, quel que soit d'ailleurs
le sens réel du courant.

Un générateur est donc caractérisé par le fait qu'il fournit une puissance 𝑝 = 𝑒𝑖
positive, un récepteur par le fait qu'il fournit une puissance négative.

Soit : 𝑒 = 𝐸𝑚𝑎𝑥 cos 𝜔𝑡 la f.é.m. d'un appareil, et 𝑖 = 𝐼𝑚𝑎𝑥 cos(𝜔𝑡 − 𝜑) le


courant qui le traverse ; on a :
324

𝑃 = 𝑒𝑖 = 𝐸𝑚𝑎𝑥 𝐼𝑚𝑎𝑥 cos 𝜔𝑡 𝑐𝑜𝑠 (2𝜔𝑡 − 𝜑) = 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 . 2 cos 𝜔𝑡 cos(𝜔𝑡 − 𝜑) ,

𝑝 = 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠𝜑 + 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠 (2𝜔𝑡 − 𝜑)

Sous cette forme, on voit que la puissance est la somme d'un terme constant
𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠𝜑, la puissance active, et d'un terme en moyenne nul
𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠 (2𝜔𝑡 − 𝜑), la puissance fluctuante.

L'étude graphique de la puissance en fonction du temps montre que pendant


certains moments l'appareil agit comme générateur (𝑝 positif), pendant
certains moments comme récepteur (𝑝 négatif).

Selon que la puissance moyenne 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠𝜑 est positive ou négative,
l'appareil est un générateur ou un récepteur.

Figure 226

Autrement dit, un générateur correspond à un déphasage entre f.é.m. et


𝜋 𝜋 𝜋
courant compris entre − 𝑒𝑡 un récepteur a un déphasage compris entre
2 2 2
3𝜋
et .
2

Au lieu de considérer que, dans un appareil, la puissance passe tantôt dans un


sens tantôt dans l'autre, selon les moments, avec une valeur moyenne positive
ou négative selon que l'on a affaire à un générateur ou à un récepteur, il est
intéressant de considérer la puissance mise en œuvre comme la somme d'une
puissance variable ou toujours fournie (générateur) ou toujours absorbée
(récepteur) et d'une puissance, tantôt cédée, tantôt absorbée, mais dont la
valeur moyenne est nulle.

L'expression de la puissance peut, en effet, se mettre sous la forme:


325

𝑝 = 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠𝜑 (1 + 𝑐𝑜𝑠 2𝜔𝑡) + 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑠𝑖𝑛𝜑 sin 2𝜔𝑡.

Le premier terme varie entre 0 et 2 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 . 𝑐𝑜𝑠 𝜑; il est toujours positif et sa
valeur moyenne est la puissance active. Celle-ci est encore égale à l'amplitude
des oscillations du premier terme autour de la valeur moyenne.

Le deuxième terme est en moyenne nul, mais il correspond à des échanges de


puissance dont l'amplitude est 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 . 𝑠𝑖𝑛 𝜑 ; cette gran¬deur est appelée la
puissance réactive.

En résumé, on voit qu'un générateur ou un récepteur échangent de l'énergie


avec le reste du circuit. S'il y a prédominance d'énergie fournie, c'est-à-dire si la
valeur moyenne 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 . 𝑐𝑜𝑠 𝜑, autrement dit la puissance active, est positive,
c'est un générateur. Dans le cas contraire, c'est un récepteur.

L'énergie fluctuante est une énergie qui passe alternativement et


intégralement de la forme électromagnétique (dans les champs magné¬tiques)
à la forme électrostatique (dans les champs électriques).

16. Puissance active, puissance réactive, puissance apparente mises en jeu


dans un circuit

Un circuit aux bornes duquel existe une différence de potentiel alternative,


traversé par le courant, met en jeu une certaine puissance. Le circuit étant
considéré comme un récepteur, la tension à ses bornes est comptée comme
positive si elle fait circuler un courant dans le sens positif choisi pour celui-ci.

Un raisonnement semblable à celui fait pour les générateurs conduit aux


définitions suivantes:

a) Puissance active

𝑃 = 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑐𝑜𝑠 𝜑

La puissance est dépensée dans le circuit si :


𝜋 𝜋
𝑐𝑜𝑠 𝜑 > 0 − <𝜑<
2 2
La puissance est fournie par le circuit si :
326

𝜋 3𝜋
𝑐𝑜𝑠 𝜑 >< 0 <𝜑<
2 2
Unité: le watt (W).

b) Puissance réactive

𝑄 = 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 𝑠𝑖𝑛 𝜑

Cette puissance est liée à l'énergie électromagnétique et à l'énergie


électrostatique emmagasinées et restituées.

Unité: le voltampère réactif (VAR).

c) Puissance apparente

𝑆 = 𝐸𝑒𝑓𝑓 𝐼𝑒𝑓𝑓 ; 𝑆 = √𝑃2 + 𝑄2 .

La puissance apparente caractérise les possibilités du circuit pour la dépense ou


la fourniture de puissance.

Unité: le voltampère (VA).


𝑃
L'expression 𝑐𝑜𝑠 𝜑 = est appelée facteur de puissance. Le fait que le facteur
𝑆
de puissance est ou non voisin de 1, caractérise la bonne ou mauvaise
utilisation des appareils faisant partie du circuit. En effet, si l'on compare deux
circuits absorbants sous la même tension et la même puissance active P, l'un
par exemple avec le facteur de puissance 𝑐𝑜𝑠 𝜑1 = 1, l'autre avec le facteur de
𝑃 𝑃
puissance 𝑐𝑜𝑠 𝜑2 = 0,5, le courant sera dans le premier cas 𝐼1 = = ,
𝑈𝑐𝑜𝑠 𝜑1 𝑈
𝑃 2𝑃
dans le deuxième cas sa valeur sera 𝐼2 = = , c'est-à-dire le double.
𝑈𝑐𝑜𝑠 𝜑2 𝑈

Les pertes par effet Joule seront plus importantes, ou bien les appareils
devront être dimensionnés plus largement. On conçoit dans ces conditions que
les fournisseurs d'énergie électrique, qui ont les pertes dans le transport de
l'énergie à leur charge, imposent aux utilisateurs sous peine de pénalités,
d'avoir des installations comportant un bon facteur de puissance.

17. Evaluation des puissances en notations complexes


327

On a démontré que les lois de Kirchhoff pouvaient s'exprimer en notations


complexes. Cela est possible parce que la partie réelle d'une somme de
nombres complexes est égale à la somme des parties réelles des termes de la
somme. Comme la partie réelle d'un produit n'est pas égale aux produits des
parties réelles des facteurs, il est à prévoir que les notations complexes ne
pourront pas être employées sans précautions spéciales pour l'évaluation des
puissances.

Marquons par un astérisque * les quantités conjuguées des quantités


complexes:

On trouve bien

1
On appelle puissance complexe l'expression 𝒫 = 𝒰𝒥 ∗
2

Le calcul montre également que l'on a:

Application: puissance consommée par un dipôle passif.

On a : 𝒰 = 𝒵. 𝒥.
328

1 1 2
a) On connaît le courant : 𝒫 = 𝒰𝒥 ∗ = 𝒵𝒥𝒥 ∗ = 𝒵𝐼𝑒𝑓𝑓 .
2 2
2
1 ∗ 1 𝒰𝒰∗ 𝑈𝑒𝑓𝑓 2
b) On connaît la tension : 𝒫 = 𝒰𝒥 = = = 𝒴 ∗ 𝑈𝑒𝑓𝑓 .
2 2 𝒵∗ 𝒵∗

18. Conservation de la puissance active et de la puissance réactive Théorème


de Boucherot

Dans un réseau isolé, maillé, parcouru par un système de courants sinusoïdaux


de même fréquence:

1°) la somme des puissances actives absorbées dans chaque branche est nulle.
C'est le principe de la conservation de l'énergie;

2°) la somme des puissances réactives absorbées par chaque branche est nulle.
C'est le théorème de Boucherot établissant la conservation de l'énergie
réactive dans un réseau.

Considérons un sommet 𝑝 et appelons 𝒥𝑝1 , 𝒥𝑝2 , 𝒥𝑝3 , … 𝒥𝑝𝑞 , …les courants qui
partent du sommet 𝑝. On a évidemment pour la branche 𝑝𝑞:
∗ ∗
𝒥𝑝𝑞 + 𝒥𝑞𝑝 = 0 𝑒𝑡 𝒥𝑝𝑞 + 𝒥𝑞𝑝 =0
∗ ∗ ∗
𝒥𝑝1 + 𝒥𝑝2 + ⋯ + 𝒥𝑝𝑞 + ⋯ = 0 𝑒𝑡 𝒥𝑝1 + 𝒥𝑝1 + ⋯ + 𝒥𝑝𝑞 +⋯=0

avec𝑞 ≠ 𝑝, en multipliant la dernière équation par 𝓋𝑝 et en faisant la somme


de toutes les équations analogues (toutes les valeurs de 𝑝) on a:
𝑝=𝑛

∑ 𝓋𝑝 ∑ 𝒥𝑝𝑞 =0
𝑝=1 𝑞≠𝑝

Le courant de la branche 𝑝𝑞 figure deux fois, avec des signes opposés, multiplié
par 𝓋𝑝 et 𝓋𝑞 .

Donc

∑(𝓋𝑝 − 𝓋𝑞 )𝒥𝑝𝑞 =0
ou
∑(𝑃𝑝𝑞 + 𝑗𝑄𝑝𝑞 ) = 0
ce qui démontre le théorème.
329

3°) la somme des puissances fluctuantes absorbées par chaque branche est
nulle.

Pour démontrer cette proposition, il suffit de reprendre le raisonnement


précédent en supprimant les astérisques.

On a alors ∑(𝓋𝑝 − 𝓋𝑞 )𝒥𝑝𝑞 = 0, expression dont la partie réelle représente la


puissance fluctuante.

Exemple d'application du théorème de Boucherot:

On veut connaître le courant 𝒥 qu'un générateur de tension 𝒰 fournit à un


réseau d'utilisation.

L'ensemble générateur et réseau d'utilisation constitue un réseau isolé maillé.


Puisque la somme des puissances complexes absorbées est nulle, c'est que la
puissance fournie par le générateur (puissance absorbée négative) est égale à
la puissance dépensée dans le réseau d'utilisation. On fait la somme 𝒫 = ∑ 𝒫𝑖
des puissances complexes absorbées dans chacune des branches. On déduit de
1
la relation 𝒫 = 𝒰𝒥 ∗ le courant fourni par le générateur.
2

Si on s'était donné le courant 9 fourni par le générateur la relation 𝒫 =


1
𝒰𝒥 ∗ permettrait de calculer la tension 𝒰.
2

19. Interprétation de la puissance réactive mise en jeu dans un circuit

Considérons d'abord une branche formée par résistance, inductance et


capacité en série.
1
La puissance complexe est : 𝒫 = 𝒰𝒥 ∗
2

Figure 227
1
Comme 𝒰 = 𝒵𝒥 = (𝑅 + 𝑗 (𝐿𝜔 − )) 𝒥 on a
𝐶𝜔

𝒥𝒥 ∗ 2
1 2
𝒫=𝒵 𝑜𝑢 𝒫 = 𝑅𝐼𝑒𝑓𝑓 + 𝑗 (𝐿𝜔 − )𝐼 .
2 𝐶𝜔 𝑒𝑓𝑓
330

𝐼𝑒𝑓𝑓
Si on fait intervenir la tension 𝑉𝑒𝑓𝑓 = aux bornes du condensateur:
𝐶𝜔

2
1 2 1 2
𝒫 = 𝑅𝐼𝑒𝑓𝑓 + 𝑗2𝜔 ( 𝐿𝐼𝑒𝑓𝑓 − 𝐶𝑉𝑒𝑓𝑓 )
2 2
La partie imaginaire représente la puissance réactive:
1 2 1 2
𝑄 = 2𝜔 ( 𝐿𝐼𝑒𝑓𝑓 − 𝐶𝑉𝑒𝑓𝑓 )
2 2
1
L'énergie instantanée emmagasinée dans l'inductance est 𝑊 = 𝐿𝑖 2 ;
2

1 𝑇1
2 1
la valeur moyenne est 𝑊𝑀 = ∫0 𝐿𝑖 2 𝑑𝑡 = 𝐿𝐼𝑒𝑓𝑓 . De meme l'énergie
𝑇 2 2
moyenne emmagasinée dans le condensateur est
1 2
𝑊𝑆 = 𝐶𝑉𝑒𝑓𝑓
2
on a donc

𝑄 = 2𝜔(𝑊𝑀 − 𝑊𝑆 ).

En appliquant le théorème de Boucherot on montre finalement que la


puissance réactive dépensée dans un réseau passif est égale au produit par 2𝜔
de la différence entre l'énergie moyenne localisée sous forme magnétique et
l'énergie moyenne localisée sous forme électrostatique.

La puissance réactive dépensée dans un circuit passif est nulle lorsque celui-ci
emmagasine en moyenne autant d'énergie sous forme magnétique que sous
forme électrostatique. La réactance du circuit est alors nulle et on a le
phénomène de résonance.

Dans un récepteur, en plus de l'énergie qui est dépensée il y a de l'énergie qui


passe alternativement de la forme magnétique à la forme électrostatique. Si les
possibilités d'emmagasinage ne sont pas égales des échanges périodiques ont
lieu avec le générateur mais ceci est au prix de pertes supplémentaires.

20. Puissance active maximale fournie par un générateur


331

Cherchons l'expression de la puissance complexe fournie par un générateur de


f.é.m. 𝜀 et d'impédance interne 𝒵0 = 𝑅0 + 𝑗𝑋0 débitant dans l'impédance 𝒵 =
𝑅 + 𝑗𝑋.

Figure 227
𝟏
𝓟= 𝓤𝓙∗
𝟐
𝜺
𝓙=
𝓩𝟎 + 𝓩

𝓤 = 𝓩𝓙
𝟏 𝟏 𝜺
𝓟= 𝓤𝓙∗ = 𝜺𝜺∗
𝟐 𝟐 (𝓩𝟎 + 𝓩)(𝓩∗𝟎 + 𝓩∗ )
mais
𝟏 ∗ 𝑬∗𝒎𝒂𝒙
𝜺𝜺 = = 𝑬∗𝒆𝒇𝒇
𝟐 𝟐

𝑃ne pourra être maximal que si = −𝑋0 .

On a alors


𝑅
𝑃 = 𝐸𝑒𝑓𝑓
(𝑅 + 𝑅0 )2

ou
332

𝑬∗𝒆𝒇𝒇
𝑃=
𝑅0 2
(√𝑅 + )
√𝑅

le maximum de P a alors lieu pour𝑅 = 𝑅0 (on a la somme de deux termes √𝑅



𝑅0 𝑬𝒆𝒇𝒇
et dont le produit R0 est constant) et vaut 𝑃 = , la puissance active est
√𝑅 4𝑅0
maximale lorsque l'impédance 𝒵 est imaginaire conjuguée de l'impédance 𝒵0 .

21. Puissance perdue par hystérésis dans le diélectrique d'un condensateur

Nous avons vu en électrostatique que, quand on établit un champ électrique


dans un condensateur, la polarisation n'est pas instantanée. Lorsque le champ
est variable, l'induction D suit les variations du champ avec un certain retard. Si
le champ est sinusoïdal 𝐸 = 𝐸𝑀 cos 𝜔𝑡, l'induction est pratiquement
sinusoïdale et égale à 𝐷 = 𝜀𝐸𝑀 cos(𝜔𝑡 − 𝜑) = 𝜀0 𝜀𝑟 𝐸𝑀 cos(𝜔𝑡 − 𝜑).

Raisonnons sur un condensateur plan. On a

𝜎=𝐷 𝑒𝑡 𝑄 = 𝑆𝐷 = 𝜀 𝑆𝐸𝑀 cos(𝜔𝑡 − 𝜑) ;


𝑑𝑞 𝜋
𝑖= = 𝜀 𝑆𝐸𝑀 cos (𝜔𝑡 − 𝜑 + )
𝑑𝑡 2
ou
𝜀𝑆 𝜋 𝜀𝑆
𝑖=𝑈 𝜔 cos 𝜑 cos (𝜔𝑡 + ) + 𝑈 𝜔 sin 𝜑 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡
𝑒 2 𝑒
𝜀𝑆 𝜋
ou comme 𝑖 = , 𝑖 = 𝑈𝜔𝐶 cos 𝜑 cos (𝜔𝑡 + ) + 𝑈𝜔𝐶𝑠𝑖𝑛𝜑. 𝑐𝑜𝑠𝜔𝑡..
𝑒 2

Le condensateur réel se comporte comme un condensateur parfait de valeur


1
𝐶′ = 𝐶 𝑐𝑜𝑠𝜑 en parallèle avec une résistance de valeur 𝑅 =
𝐶𝜔 sin 𝜑

On peut également raisonner avec les notations complexes 𝜀 = 𝐸𝑀 𝑒 𝑗𝜔𝑡 , 𝐷 =


𝜀0 𝜀𝑟 𝐸𝑀 𝑒 𝑗(𝜔𝑡−𝜑) . On peut introduire le pouvoir inducteur spécifique complexe
𝜀𝑟 𝑒 −𝑗𝜑 ,. et la capacité complexe 𝒞 = 𝜀𝑟 𝑒 −𝑗𝜑 , 𝐶0 = 𝑒 −𝑗𝜑 𝐶, 𝐶0 étant la capacité
en l'absence Ccoi<p rlUCwc<S5f I de diélectrique et C la capacité avec
diélectrique, en régime statique.
333

Figure 229

Le courant qui circule dans le condensateur est

𝒥 = 𝑗𝒞𝜔𝒰 = 𝑗(cos 𝜑 − sin 𝜑)𝒞𝜔𝒰

𝒥 = (𝐶𝜔 sin 𝜑 + 𝑗𝐶𝜔 cos 𝜑)𝒰.

La puissance complexe est:


1 2 2
𝒫 = 𝒰𝒥 ∗ = 𝐶𝜔 sin 𝜑 𝑈𝑒𝑓𝑓 − 𝑗𝐶𝜔 sos 𝜑 𝑈𝑒𝑓𝑓 .
2
2
La puissance active transformée en chaleur est 𝑃 = 𝐶𝜔 sin 𝜑 𝑈𝑒𝑓𝑓 ou 𝑃 =
2
𝐶 ′ 𝜔 𝑈𝑒𝑓𝑓 tg 𝜑 .

On voit apparaître l'angle de perte 9 dont nous avons déjà parlé à propos des
condensateurs.
2
Pratiquement 𝐶′ ≠ 𝐶 et 𝑃 = 𝐶 ′ 𝜔 𝑈𝑒𝑓𝑓 tg 𝜑 (on confond tg 𝜑 et sin 𝜑 car 𝜑 est
toujours très petit).

Ce résultat a une grande importance au point de vue technique: c'est à cause


de lui qu'on ne peut pas employer certains condensateurs à pertes
diélectriques élevées en haute fréquence. (Le condensateur chauffe et se
détruit).

Il existe de nombreuses applications industrielles de chauffage par pertes


diélectriques dans la technique moderne.
𝜀.𝑆
Considérons un condensateur de capacité 𝐶 = .La puissance perdue par
𝑒
2 𝑈2
pertes diélectriques est 𝑃 = 𝐶𝜔 sin 𝜑 𝑈𝑒𝑓𝑓 (= Faisons apparaître le volume
𝑅
𝑈𝑀 𝑈𝑒𝑓𝑓 √2
du diélectrique 𝜏 = 𝑒 𝑆 et le champ maximal 𝐸𝑀 = = .
𝑒 𝑒
334

L'expression de P devient
2
𝜀. 𝑆 𝑒 2 𝐸𝑀
𝑃= 𝜔 sin 𝜑
𝑒 2
ou
2
𝜀𝐸𝑀
𝑃= 𝜔𝑠𝑖𝑛𝜑. 𝜏.
2
La puissance dépensée par unité de volume est
2
𝑑𝑃 𝜀𝐸𝑀 𝜔
= 𝑠𝑖𝑛𝜑
𝑑𝜏 2
Cette formule s'étend à un corps diélectrique de forme quelconque:
2
𝜀𝐸𝑀
𝑃=∭ 𝜔𝑠𝑖𝑛𝜑. 𝑑𝜏
2
Prenons un exemple: l'eau, corps pour lequel 𝜀𝑟 = 80 𝑒𝑡 𝑡𝑔 𝜑 =
0,15 (sin 𝜑 # 𝑡𝑔 𝜑).

A une fréquence 𝑓 = 108 𝐻𝑧 et pour un champ de 5. 104 𝑉/𝑚


𝑑𝑃
on a = 8,1. 107 𝑊/𝑚2 .
𝑑𝜏

La capacité calorifique de l'eau est 106 calories par mètre cube. Si aucun
échange de chaleur ne se fait avec l'extérieur, l'élévation de température par
seconde est:

8,1. 107
∆𝜃 = #20°.
4,18. 106
Parmi les applications du chauffage par pertes diélectriques nous citerons:

✓ le traitement du caoutchouc,
✓ le préchauffage et le soudage des matières plastiques (machines à
coudre dites électroniques),
✓ le collage du bois (contreplaqué),
✓ le travail du verre (chauffage et fusion — soudage),
335

✓ le séchage de la laine et du coton, des fils après teinture, du sucre et du


tabac,
✓ la cuisson des jambons et des volailles et le réchauffage des plats
préparés (conservés au réfrigérateur) dans les restaurants aux U.S.A.,
✓ la destruction des œufs des vers de la farine, etc.

IX.3. COURANTS PÉRIODIQUES NON SINUSOÏDAUX

1. Courants périodiques

On dit qu'un phénomène (courant, tension...) est périodique lorsqu'il se


reproduit identiquement à intervalles de temps égaux. Le plus petit de ces
intervalles de temps s'appelle la période T. Le nombre de périodes par seconde
s'appelle la fréquence 𝑓. On la mesure en hertz.

Si la grandeur est représentée en fonction du temps par 𝑦 = 𝑓(𝑡),

on a
𝑦 = 𝑓(𝑡) = 𝑓(𝑡 + 𝑇) = 𝑓(𝑡 + 2𝑇) … = 𝑓(𝑡 + 𝑛𝑇) …

2. Valeur moyenne

La quantité d'électricité qui traverse pendant une période un circuit est


𝑇
𝑞 = ∫ 𝑖𝑑𝑡.
0

Le courant constant qui transporterait cette même charge pendant le même


temps aurait pour valeur:

𝑞 1 𝑇
𝑖𝑚 = 𝑜𝑢 𝑖𝑚 = ∫ 𝑖𝑑𝑡.
𝑇 𝑇 0

𝑖𝑚 est appelé valeur moyenne du courant. Plus généralement on appelle


1 𝑇
valeur moyenne d'une fonction périodique 𝑦 la quantité 𝑦𝑚 = ∫0 𝑦𝑑𝑡.
𝑇

Une fonction périodique est dite alternative lorsque sa valeur moyenne est
nulle.
336

Il est évident qu'une fonction périodique quelconque est la somme d'une


constante égale à sa valeur moyenne et d'une fonction alternative.

EXEMPLE: valeur moyenne d'une tension sinusoïdale redressée.

Dans un intervalle d'une période on a :


𝜋𝑡
𝑣 = 𝑉𝑚𝑎𝑥 sin ,
𝑇
1 𝑇 𝜋𝑡 2
𝑉𝑚𝑜𝑦 = ∫ 𝑉𝑚𝑎𝑥 sin 𝑑𝑡 = 𝑉𝑚𝑎𝑥 .
𝑇 0 𝑇 𝜋

Figure 230

3. Valeur efficace

La puissance dépensée en chaleur dans une résistance traversée par un courant


1 𝑇
périodique pendant une période est 𝑃 = ∫0 𝑅𝑖 2 𝑑𝑡.
𝑇

Le courant continu qui dépenserait la même puissance aurait une valeur


2
𝐼𝑒𝑓𝑓 telle que 𝑃 = 𝑅𝐼𝑒𝑓𝑓 . On a

2
1 𝑇2 1 𝑇2
𝐼𝑒𝑓𝑓 = ∫ 𝑖 𝑑𝑡 ou𝐼𝑒𝑓𝑓 = √ ∫ 𝑖 𝑑𝑡.
𝑇 0 𝑇 0

La valeur 𝐼𝑒𝑓𝑓 ainsi définie est appelée valeur efficace du courant périodique.

Plus généralement on appelle valeur efficace d'une fonction périodique 𝑦 la


1 𝑇
quantité 𝑦𝑒𝑓𝑓 = √ ∫0 𝑦 2 𝑑𝑡.
𝑇

EXEMPLE: valeur efficace d'une tension sinusoïdale redressée.


𝜋𝑡
𝑣 = 𝑉𝑚𝑎𝑥 sin ,
𝑇
337

2
1 𝑇 2 𝜋𝑡 𝑉𝑚𝑎𝑥
𝑉𝑒𝑓𝑓 = ∫ 𝑉𝑚𝑎𝑥 sin2 𝑑𝑡, 𝑉𝑒𝑓𝑓 = .
𝑇 0 𝑇 √2

Figure 231

4. Développement en série de Fourier

Les tensions et courants périodiques peuvent être représentés par une somme
infinie de fonctions sinusoïdales, d'amplitudes et de phases convenables et de
pulsations croissant en progression arithmétique. L'expression ainsi obtenue
est appelée développement en série de Fourier de la grandeur périodique 𝑓(𝑡).

Pour obtenir le premier coefficient du développement 𝐶0 , on intègre les deux


2𝜋
membres entre 0 et 𝑇 = . Pour avoir le coefficient 𝐴𝑛 , ou le coefficient 𝐵𝑛 ,
𝜔
on multiplie les deux membres par sin 𝑛𝜔 𝑡 ou cos 𝑛𝜔 𝑡 et on intègre de 0 à T.
On tient compte que:

On trouve alors:

En groupant les termes tels que 𝐴𝑛 sin 𝑛 𝜔 𝑡 𝑒𝑡 𝐵𝑛 cos 𝑛 𝜔 𝑡 on obtient :


338

avec

𝐶𝑛 = √𝐴2𝑛 + 𝐵𝑛2

et
𝐴𝑛
𝑔𝑦 𝜑𝑛 = .
𝐵𝑛

Le terme 𝐶0 correspond à la valeur moyenne de la fonction. Il a une grande


importance lorsqu'on a affaire à une tension redressée, il est nul pour une
tension alternative.

Le terme 𝐶1 𝑠𝑖𝑛 (𝜔 𝑡 + 𝜑1 ) constitue le fondamental de la fonction, les termes


suivants constituent les harmoniques.

5. Relation entre la forme d'une courbe périodique et la nature de ses


harmoniques

Les fonctions périodiques que l'on rencontre en pratique en électricité ne sont


pas absolument quelconques. Les particularités que l'on peut rencontrer sont
les suivantes:

a) La courbe représentative est constituée par deux courbes identiques


𝑇
inversées telles que 𝑓 = (𝑡 + ) = −𝑓(𝑡).
2

Figure 232

En identifiant les termes de même pulsation dans l'égalité précédente, on voit


que le développement en série ne comporte pas d'harmoniques de rang pair
(exemple: f.é.m. des alternateurs).

On a
339

Les coefficients s'obtiennent par intégration sur une. demi-période seulement:


𝑇
4 2
𝐴𝑛 = ∫ 𝑓(𝑡) sin 𝑛 𝜔 𝑡 𝑑𝑡,
𝑇 0
𝑇
4 2
𝐵𝑛 = ∫ 𝑓(𝑡) cos 𝑛 𝜔 𝑡 𝑑𝑡.
{ 𝑇 0

b) La courbe représentative possède un axe de symétrie parallèle à l'axe des


ordonnées:
𝑓(𝑇 − 𝑡) = 𝑓(𝑡).

Le développement ne comporte pas de terme en sinus

Figure 233
c) La courbe représentative possède un centre de symétrie:

𝑓(𝑇 − 𝑡) = −𝑓(𝑡).

Le développement ne comporte pas de terme en cosinus:

Figure 234
340

La courbe représentative peut avoir plusieurs des caractéristiques précédentes.


Si, par exemple, elle possède un centre de symétrie et si chacune des demi-
périodes présente une symétrie par rapport à un axe parallèle à l'axe des
ordonnées le développement ne contient que les sinus des harmoniques
impairs.

6. Exemples de développement en série de Fourier

a) sinusoïde redressée

Figure 235

b) courbe en grecques

Figure 236

c) courbe en créneaux
341

Figure 237

d) courbe en dents de scie

Figure 238

7. Détermination pratique des harmoniques

a) Méthode analytique.

Lorsque l'équation de la courbe représentative d'une fonction périodique est


connue, il est généralement facile de calculer les coefficients du
développement en série de Fourier en utilisant les formules précédentes.

b) Méthode graphique.

Il arrive souvent que l'on ait tracé expérimentalement la courbe représentative


d'une fonction périodique 𝑦 = 𝑓(𝑡). L'équation de cette courbe n'étant pas
connue, on calcule les coefficients du développement en série de Fourier en
remplaçant les intégrales par des sommes de quantités finies. On divise la
342

période en 2𝑞 parties égales. Pour chacune des valeurs correspondantes de la


variable, on mesure les ordonnées 𝑦1 , 𝑦3 , … , 𝑦2𝑞−1 . et on remplace les
intégrales par des sommes.

Il est intéressant de faire le changement de variable:𝜔𝑡 = 𝛼. On a alors

1 2𝜋
𝐴𝑛 = ∫ 𝑦 sin 𝑛 𝛼 𝑑𝛼
𝜋 0
1 2𝜋
𝐵𝑛 = ∫ 𝑦 cos 𝑛 𝛼 𝑑𝛼
{ 𝜋 0
2𝜋 𝜋
L'intervalle 2𝜋 étant partagé en 2q parties égales à = = 𝑑𝛼.3
2𝑞 𝑞

on a
1 2𝜋
𝐴𝑛 = ∑ 𝑦𝑖 sin 𝑛 𝛼𝑖
𝜋 2𝑞

ou
1
𝐴𝑛 = ∑ 𝑦𝑖 sin 𝑛 𝛼𝑖
𝑞
1
{ 𝑛 𝜋 ∑ 𝑦𝑖 cos 𝑛 𝛼𝑖
𝐵 =

Si la courbe ne contient pas d'harmonique pair il suffit de considérer seulement


une demi-période que l'on divise encore en 2𝑞 parties égales.

L'approximation obtenue par cette méthode décroît rapidement à mesure que


l'ordre du terme auquel on applique le calcul s'élève. Pour obtenir une
approximation suffisante il faut diviser la période ou la demi-période en un
nombre de parties égales 2𝑞 beaucoup plus élevé que l'ordre de l'harmonique
le plus élevé dont on recherche l'amplitude.

c) Méthode physique.

Il existe des appareils mécaniques (intégrateurs mécaniques apparentés aux


planimètres), électriques et électroniques qui font l'analyse harmonique des
fonctions périodiques.
343

8. Relation entre la valeur efficace d'un courant non sinusoïdal et les valeurs
efficaces des termes de son développement en série de Fourier

Par définition, la valeur efficace d'un courant périodique est donnée

par:
2
1 𝑇2
𝐼𝑒𝑓𝑓 = ∫ 𝑖 𝑑𝑡
𝑇 0

En faisant apparaître les valeurs efficaces des termes du dévelop¬pement en


série de Fourier:

𝑖 = 𝐼0 + 𝐼1 √2 sin(𝜔𝑡 − 𝜑1 ) + 𝐼2 √2 sin(𝜔𝑡 − 𝜑2 ) + ⋯ + 𝐼𝑛 √2 sin(𝜔𝑡 − 𝜑𝑛 ) …

On voit facilement que:

1 𝑇
∫ 2 sin2 (𝑛 𝜔𝑡 − 𝜑𝑚 ) = 1
𝑇 0

et que

1 𝑇
∫ 𝑠𝑖𝑛(𝑛𝜔𝑡 − 𝜑𝑛 )𝑠𝑖𝑛(𝑚 𝜔𝑡 − 𝜑𝑚 )𝑑𝑡 = 0
𝑇 0

1 𝑇
∫ 𝑠𝑖𝑛(𝑛 𝜔𝑡 − 𝜑𝑛 )𝑑𝑡 = 0
𝑇 0
2
𝐼𝑒𝑓𝑓 = 𝐼02 + 𝐼12 + ⋯ 𝐼𝑛2

𝐼𝑒𝑓𝑓 = √𝐼02 + 𝐼12 + 𝐼22 + ⋯ 𝐼𝑛2 + ⋯ .


344

La valeur efficace du courant total est égale à la racine carrée de la somme des
carrés des valeurs efficaces de tous les termes de la série de Fourier qui
représente ce courant.

9. Loi des branches pour un courant périodique non sinusoïdal

Si aux bornes d'une branche constituée par une résistance R, une inductance L
et une capacité C, on applique une tension ou une force électromotrice on a
𝑑𝑖 1
𝑒 = 𝑅𝑖 + 𝐿 + ∫ 𝑖𝑑𝑡
𝑑𝑡 𝐶
Si e est périodique sans être sinusoïdal, il en est de même de i. Les éléments de
décomposition en série de Fourier de 𝑒 et de 𝑖 satisfont à l'équation
précédente. Pour la valeur moyenne (courant continu, pulsation 𝜔 = 0) pour le
fondamental et pour chaque harmonique on définit l'impédance du circuit. Les
méthodes de calcul étudiées pour les courants sinusoïdaux restent valables,
étant entendu qu'on n'associe entre elles que des fonctions de même période.

Les équations de Kirchhoff étant linéaires, pour chacun des courants et


chacune des tensions, on ajoute les termes correspondants aux différents
termes du développement des f.é.m. en série de Fourier.

10. Puissance des courants non sinusoïdaux

Lorsque le courant et la tension ne sont pas sinusoïdaux:

𝑢 = √2 ∑ 𝑈𝑛 cos(𝑛𝜔𝑡 − 𝛼𝑛 ) , 𝑖 = √2 ∑ 𝐼𝑛 cos(𝑛𝜔𝑡 − 𝛽𝑛 )la puissance


instantanée est:

𝑝 = 𝑢𝑖 = ∑ 𝑈𝑛 𝐼𝑛 . 2cos(𝑛𝜔𝑡 − 𝛼𝑛 ) cos(𝑛𝜔𝑡 − 𝛽𝑛 )

+ ∑ 𝑈𝑚 𝐼𝑛 . 2cos(𝑚𝜔𝑡 − 𝛼𝑚 ) cos(𝑛𝜔𝑡 − 𝛽𝑛 ).

La valeur moyenne ou puissance active est:

𝑃 = ∑ 𝑈𝑛 𝐼𝑛 cos 𝜑

avec

𝜑𝑛 = 𝛽𝑛 − 𝛼𝑛 .
345

La puissance active est la somme des puissances actives correspondant à


chacun des harmoniques considérés séparément.

Il existe une puissance fluctuante comprenant les puissances fluctuantes des


harmoniques considérés seuls et les puissances fluctuantes correspondant à
l'action mutuelle des harmoniques de tension sur les harmoniques d'intensité
de rangs différents.

On appelle puissance apparente le produit 𝑆 = 𝑈𝐼, 𝑈et 𝐼 désignant les valeurs


efficaces de la tension et du courant.
𝑃
On appelle facteur de puissance le rapport . Ce rapport n'est lié par aucune
𝑆
relation simple avec les cosinus des angles de déphasage des harmoniques
d'intensité par rapport aux harmoniques de tension correspondants.
346

CHAPITRE X
LE CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE
X.1. ÉQUATIONS DE MAXWELL
1. Formulation des équations de Maxwell
Pour étudier les forces qui s'exercent entre les corps porteurs de charges
électriques, au repos ou en mouvement, nous avons été amenés à introduire le
champ et l'induction électriques, le champ et l'induction magnétiques, la
densité de charge, la densité de courant.
En régime permanent, ces grandeurs sont liées par les relations suivantes:

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = 0 exprime que le champ électrostatique dérive d'un


La relation 𝑟𝑜𝑡𝐸
potentiel, la relation 𝑟𝑜𝑡𝐻⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑗⃗ traduit la loi d'Ampère. Les relations div𝐷
⃗⃗ = 𝜌 et
⃗⃗ = 0 traduisent le théorème de Gauss pour l'électrostatique et le
div𝐷
magnétisme.
⃗⃗ = 𝜀 𝐸⃗⃗ , 𝐵
Les relations 𝐷 ⃗⃗ = 𝜇 𝐻
⃗⃗, 𝑗 = 𝛾𝐸⃗⃗ traduisent les propriétés du milieu.

Les relations 𝑑𝑖𝑣𝑗⃗ = 0 et 𝑗𝑁 = 0 sur les conducteurs traduisent en régime


permanent la conservation de l'électricité.
En régime variable, nous avons vu que le champ électrique est la somme du
champ électrostatique et du champ d'induction. La relation ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝐸 = 0devient
𝜕𝐵 ⃗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡𝐸 = − .
𝜕𝑡

Nous avons va également que les relations 𝑑𝑖𝑣𝑗⃗ = 0 et 𝑗𝑁 = 0


𝜕𝜌 𝜕𝜌
sont à remplacer par 𝑗⃗ + = 0 et 𝑗𝑁 = . Dans ces conditions, n'étant plus
𝜕𝑡 𝜕𝑡
conservatif, le vecteur densité de courant ne peut plus être égalé à un
347

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = 𝑗⃗. En éliminant 𝜌 entre les


rotationnel et il faut revoir la relation 𝑟𝑜𝑡𝐸
𝜕𝜌 𝜕 ⃗⃗
𝜕𝐷
⃗⃗ = 𝜌 𝑗⃗ +
relations 𝑑𝑖𝑣 𝐷 = 0, on a 𝑑𝑖𝑣𝑗⃗ + ⃗⃗ 𝑜𝑢 𝑑𝑖𝑣 (𝑗⃗ +
𝑑𝑖𝑣 𝐷 ) = 0. Le
𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡
⃗⃗
𝜕𝐷
vecteur 𝑗⃗ + étant à flux conservatif peut être égalé à un rotationnel et on
𝜕𝑡
⃗⃗
𝜕𝐷
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
peut écrire 𝑟𝑜𝑡 𝐻′ = 𝑗⃗ +
𝜕𝑡

Si les variations des phénomènes en fonction du temps deviennent très lentes,


⃗⃗
𝜕𝐷
on tend vers un régime permanent et → 0, 𝑗⃗ → ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐻. Il en résulte que
𝜕𝑡
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐻′ → ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ ⃗⃗ et ⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐻 . On est en droit d'identifier les vecteurs 𝐻 𝐻′et d'écrire
⃗⃗
𝜕𝐷
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐻′ = 𝑗⃗ +
𝜕𝑡

Les équations qui régissent le champ électrique et le champ magnétique sont


donc:

Les équations du 1er groupe sont appelées équations de Maxwell. Ce sont elles
qui constituent la formulation exacte des lois du champ électromagnétique en
régime quelconque, variable ou non.
Les équations du 2ème groupe expriment les propriétés de la matière.
Les équations du 3ème groupe expriment le principe de la conservation de
l'électricité.

A ces formules, il faut ajouter la relation 𝐹⃗ = 𝑞 (𝐸⃗⃗ + 𝑣⃗Ʌ 𝐵


⃗⃗) qui exprime la
force exercée sur une charge électrique.
2. Propagation des champs dans le vide
Dans le vide 𝑗⃗ = 0 et 𝜌 = 0. Les équations de Maxwell se simplifient et s'écrivent:
348

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝜕𝐻 𝜕2 𝐸⃗⃗
On déduit de la dernière équation 𝑟𝑜𝑡 = 𝜀0 2 En portant
𝜕𝑡 𝜕𝑡
⃗⃗
𝜕𝐻
dans l'équation ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐸 = −𝜇0 , on a:
𝜕𝑡

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝜕𝐻 𝜕 2 𝐸⃗⃗
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝑟𝑜𝑡 𝐸 = 𝜇0 𝑟𝑜𝑡 = −𝜀0 𝜇0 2
𝜕𝑡 𝜕𝑡
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
mais 𝑟𝑜𝑡 𝑟𝑜𝑡 𝐸 = 𝑔𝑟𝑎𝑑⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑖𝑣 𝐸 − ∆𝐸⃗⃗ .

Compte tenu que 𝑑𝑖𝑣 𝐸⃗⃗ = 0, on a

𝜕 2 𝐸⃗⃗
∆𝐸⃗⃗ − 𝜀0 𝜇0 =0
𝜕𝑡 2
De même on établit que

𝜕2𝐻⃗⃗
∆𝐻⃗⃗ − 𝜀0 𝜇0 =0
𝜕𝑡 2
Ces équations sont des équations de propagation. Nous les reverrons plus en
détail dans l'étude du champ électromagnétique dans les diélectriques purs.
Le champ électrique et le champ magnétique se propagent à la vitesse co=
1
.
√ 𝜀0 𝜇 0

1
Vérifions que a bien les dimensions d'une vitesse. Les formules 𝑓 =
√ 𝜀0 𝜇 0
1 𝑞𝑞′
. et 𝑞 = 𝑖𝑡 donnent pour 𝜀0 les dimensions [𝜀0 ] = [𝐿]−3 [𝑀]−1 [𝑇]4 [𝐼]2 .
4𝜋𝜀0 𝑟2

⃗⃗ 𝑒𝑡 𝜇0 = 𝐵 donnent pour 𝜇0 les


⃗⃗ 𝑑𝑙⃗ = 𝑖 , 𝑑𝑓⃗ = 𝑖 𝑑𝑙⃗Ʌ 𝐵
Les formules ∫ 𝐻
𝐻
1
dimensions [𝜇0 ] = [𝐿][𝑀][𝑇]−2 [𝐼]−2 , d'où [𝑐] = [ ] = [𝐿][𝑇]−1 .
√ 𝜀0 𝜇 0
349

La lumière étant une onde électromagnétique, 𝑐 représente la vitesse de la


lumière. Des expériences décrites dans les cours d'optique
𝑐 = 3. 108 𝑚/𝑠.
1 1 1
Or m déduit la valeur 𝜀0 = = = début du cours.
𝜇0 𝑐2 4𝜋.10−7 .9.106 36𝜋.109

Physiquement, on peut interpréter le phénomène de propagation de la


manière suivante:
Un champ magnétique variable existant en un point crée, conformément aux
lois de l'induction, un champ électrique variable dans son voisinage. Ce champ
électrique crée à son tour un champ magnétique dans son voisinage, etc... Une
propagation se fait dans l’espace. Il résulte également de notre raisonnement
qu'une relation doit exister entre les variations du champ électrique et celles
du champ magnétique.
3. Potentiels de Maxwell
Les équations de Maxwell ont été intégrées dans le cas des régimes
permanents. Nous avons précédemment vu les équivalences.

Appliquons le même procédé dans le cas des régimes variables.

ou encore
350

La première équation est équivalente à

On en tire l'expression de 𝐸⃗⃗ que l'on porte dans la seconde.


On a:

Parmi tous les potentiels vecteurs possibles, c'est-à-dire satisfaisant aux


équations précédentes, on en choisit un qui simplifie ces équations. On pose
div ⃗⃗⃗⃗
𝐴 = 0. Les équations deviennent alors :
351

On est conduit à introduire le vecteur . Le vecteur 𝑗⃗𝑇 est appelé


𝜕𝐷
densité de courant total et le vecteur = 𝑗⃗𝑇 = 𝑗⃗ vecteur densité de courant
𝜕𝑡

de déplacement.

Finalement

Le potentiel scalaire V et le potentiel vecteur 𝐴⃗ ainsi introduits sont appelés


potentiels de Maxwell. Ils font intervenir le vecteur densité de courant de
⃗⃗
𝜕𝐷
déplacement qui n'a pas de réalité physique. Le cornant de déplacement
𝜕𝑡
prolonge le courant de conduction lorsque celui-ci est interrompu, par
exemple, entre les armatures des condensateurs. Dans ces conditions, le
courant total est à flux conservatif et le procédé d'intégration des équations du
champ électromagnétique utilisé dans le cas des régimes stationnaires reste
⃗⃗
𝜕𝐷
valable. Nous pouvons remarquer que dans le cas des régimes = 0, 𝑗⃗𝑟 =
𝜕𝑡
𝜕𝐴⃗
𝑗⃗, = 0 ; on retrouve les résultats précédemment établis.
𝜕𝑡

4. Potentiels de Lorenz
Le fait que le champ électromagnétique se propage semble en contradiction
avec le fait que les potentiels scalaire V et vecteur 𝐴⃗ de Maxwell s'établissent
instantanément. Ceci provient du fait que l'on a introduit la fiction du courant
de déplacement. Si on se passe de cet intermédiaire, comme l'a fait, sur une
suggestion de Riemann, le danois Ludwig Lorenz, on trouve que le champ
électrique et le champ magnétique dérivent de potentiels scalaire et vecteur
retardés.
Les équations de Maxwell :
352

nous ont conduit aux expressions équivalentes :

⃗⃗
𝜕𝐷 𝜕𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝜕𝑉 𝜕2 𝐴⃗
En portant =𝜀 = −𝑔𝑟𝑎𝑑 − 𝜀 2 dans la dernière équation, on a:
𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡 𝜕𝑡

Au lieu d'imposer au potentiel vecteur 𝐴⃗ la relation 𝑑𝑖𝑣 𝐴⃗ = 0 qui définit un


potentiel vecteur dit potentiel de Maxwell, imposons la relation 𝑑𝑖𝑣 𝐴⃗ +
𝜕𝑉
𝜀𝜇 = 0 qui définit un autre potentiel vecteur appelé potentiel de Lorenz.
𝜕𝑡
Ceci est possible puisque la relation ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑟𝑜𝑡 𝐴 = 𝐵 ⃗⃗ ne définit le potentiel vecteur
qu'à un gradient près et que pour définir celui-ci complètement il faut imposer
une condition à div 𝐴⃗.
Les équations de Maxwell sont équivalentes au système:
353

𝜕𝐴⃗
De la première équation on tire div𝐸⃗⃗ = −∆𝑉 − 𝑑𝑖𝑣 .
𝜕𝑡
𝜕𝑉
En portant 𝑑𝑖𝑣 𝐴⃗ = −𝜀𝜇 = 0, on a :
𝜕𝑡

𝜕𝑉 𝜌
−∆𝑉 + 𝜀𝜇 =
𝜕𝑡 𝜀
Finalement le système devient:

1
Posons comme nous l'avons fait précédemment c = et introduisons
√𝜀𝜇
1 𝜕2
l’opérateur  = ∆ − appelé d’Alembertien.
𝐶 2 𝜕𝑡 2

Les équations de Maxwell sont équivalentes au système:


354

Les deux premières équations expriment le champ électrique et l'induction


magnétique en fonction du potentiel scalaire V et du potentiel vecteur 𝐴⃗. Les
autres équations permettent de calculer V et 𝐴⃗.
𝜌
Pour intégrer l'équation  ∆ + = 0, considérons un élément
𝜀

de volume di au point P où la densité volumique, fonction du temps, est 𝜌(𝑡) et


soit 𝑑𝑉 le potentiel élémentaire créé par cet élément de volume chargé.
Posons, pour simplifier l'écriture: 𝑣 = 𝑑𝑉.
Pour le calcul du potentiel élémentaire 𝑣 dû à l'élément 𝑑𝜏, il faut raisonner
comme si cet élément existait seul dans l'espace. Physiquement parlant, cette
hypothèse est contraire au principe de la conservation de l'électricité, si on
suppose que p est fonction du temps, mais nous cherchons pour le moment un
𝜌
procédé d'intégration de l'équation  𝑣 + = 0.
𝜀

Le potentiel v ne dépend que du temps et de la distance r du point P où se


trouve l'élément 𝑑𝜏 au point M où on calcule le potentiel.
Le calcul de montre que

𝜌
L'équation  𝑣 + = 0 s'écrit
𝜀

A l'extérieur de l'élément d𝜏, c'est-à-dire au point P où l'on calcule le potentiel,


𝜌 est nul, d'où:
355

Nous retrouvons ici une équation d'un type connu qui se rencontre dans de
nombreux problèmes de propagation à une dimension équation des cordes
𝑟 𝑟
vibrantes). Elle admet pour intégrale générale 𝑟𝑣 = 𝑓 (𝑡 − ) + 𝑔 (𝑡 + ),
𝑐 𝑐
𝑓 et 𝑔 étant deux fonctions arbitraires.
On doit se borner à utiliser l'intégrale qui ne comporte que le premier terme,
car une propagation ne peut se faire qu'à partir du lieu où est la cause du
phénomène. Ici il n'y a que la charge au point M; le deuxième terme
correspondrait à une autre cause donnant une propagation en sens inverse
(réflexion). On a
1 𝑟
𝑢 = 𝑓 (𝑡 + ).
𝑟 𝑐
𝑟
Lorsque le temps de propagation est petit devant la période T d'un
𝑐
phénomène périodique (l'utilisation du développement en série de Fourier ou
de l'intégrale de Fourier permet de considérer tout phénomène variable
comme une somme de phénomènes périodiques sinusoïdaux), c'est-à-dire
encore lorsqu'on a affaire à des distances 𝑟 petites devant la longueur 𝜆 = 𝑐𝑇,
appelée longueur d'onde, on tend vers le régime stationnaire, l'équation  ∆ +
𝜌 𝜌
tend vers l'équation de Poisson  𝑣 + et 𝑣 tend vers l'expression du
𝜀 𝜀
𝜌(𝑡)𝑑𝜏
potentiel électrostatique 𝑣𝑠 = . Cette condition aux limites permet de
4𝜋𝜀𝑟
déterminer la fonction 𝑓:

L'expression du potentiel élémentaire produit par la charge 𝜌𝑑𝜏 est donc

Elle fait intervenir, non pas la densité 𝜌(𝑡) à l'instant t, mais cette densité à
𝑟
l'instant antérieur 𝑡 − .
𝑐
𝜌
L'équation  𝑣 + = 0 étant linéaire, on a
𝜀
356

On verrait de la même façon que, s'il existe également des surfaces électrisées
de densité surfacique a, le potentiel est

Le procédé d'intégration que nous venons d'exposer vaut également pour


l'équation: □ 𝐴⃗ + 𝜇𝑗⃗⃗ = 0.
On obtient pour chacune des composantes du potentiel vecteur A des
expressions analogues qui résultent de l'intégration des trois équations
scalaires auxquelles l'équation □ 𝐴⃗ + 𝜇𝑗⃗⃗ = 0est équivalente.
Le potentiel vecteur s'exprime donc par:

Ou d’une façon plus générale, s’il existe des courants surfaciques :

Les potentiels V et 𝐴⃗ sont appelés potentiels de Lorentz ou potentiels retardés.


Ils satisfont à l'équation:

Figure 280
357

En effet, soit P (𝜉, 𝜂, 𝜁)le point où existent la densité de charge p et la densité


de courant 𝑗⃗ et (𝑥, 𝑦, ƺ) le point où on calcule V et 𝐴⃗:

ou:

La densité de courant 𝑗⃗ est une fonction de 𝜉, 𝜂, 𝜁 et de l'expression


𝑟
qui intervient dans 𝑡 − . .
𝑐

Le calcul de 𝑑𝑖𝑣𝑀 𝑗⃗ (dérivations par rapport à (𝑥, 𝑦, ƺ) donne

Ou encore

compte tenu que


on a:

En utilisant la transformation:

on a:

Le calcul de 𝑑𝑖𝑣𝑃 𝑗⃗ donne

On a donc:
358

ou

Les équations de conservation de l'électricité donnent

On a donc

𝜕𝑉
On vérifie maintenant facilement que 𝐴⃗ + 𝜀𝜇 = 0 .
𝜕𝑡

Finalement, le champ électrique et l'induction magnétique sont donnés par:

5. Comparaison des potentiels de Maxwell et des potentiels de Lorenz


Pour calculer le champ électrique et l'induction magnétique, on a été conduit à
introduire des intermédiaires de calcul: le potentiel scalaire V et le potentiel
vecteur 𝐴⃗. Il existe une infinité de potentiels à partir desquels on peut
déterminer 𝐸⃗⃗ et 𝐵
⃗⃗ puisqu'un potentiel scalaire est défini à une constante près
et un potentiel vecteur au gradient d'une fonction arbitraire près (on peut
359

imposer à div 𝐴⃗ une condition arbitraire). Mais seuls les potentiels de Maxwell
et de Lorenz conduisent à des expressions simples.
Le fait qu'on peut exprimer les lois de l'électromagnétisme par des équations
locales, c'est-à-dire déterminer le champ électrique et le champ magnétique
lorsqu'on connaît la densité de charge et la densité de courant (et les dérivées
de ces grandeurs) au point où on calcule le champ, implique la notion de
propagation. Ce point de vue est en condition avec la possibilité d'actions
instantanées à distance imposée par les potentiels de Maxwell. Ceux -ci
apparaissent alors uniquement comme des intermédiaires de calcul auxquels il
est difficile d'attacher un sens physique; ils nécessitent également
l'introduction d'une fiction, le courant de déplacement, entité sans réalité
physique qui doit produire un champ et subir l'action d'un champ. Les
potentiels de Lorenz, par contre, sont susceptibles d'une interprétation
physique; c'est pourquoi ils sont préférés. Ceci n'enlève d'ailleurs aucun mérite
à Maxwell, génial physicien qui a, le premier, formulé mathématiquement les
lois exactes de l'électromagnétisme macroscopique et en a tiré de
remarquables conséquences. Dès 1864, il prévoyait l'existence des ondes radio-
électriques qui ne devaient être produites au laboratoire, par Hertz, qu'en 1881
et qui ne devaient être observées dans la nature qu'à partir de 1944 (émissions
radioélectriques du soleil et des étoiles). En même temps, fondant la théorie
électromagnétique de la lumière, il réalisait la synthèse de l'optique et de
l'électricité.
C'est d'une manière tout à fait indépendante que le physicien L. Lorentz, qui
ignorait les travaux de Maxwell, parvint en 1867 aux mêmes équations que lui.
Partant également des lois des régimes permanents, il émit l'hypothèse que les
actions ne se faisaient sentir à la distance 𝑟 qu'après un intervalle de temps
𝑟
nécessaire pour parcourir la distance 𝑟 à la vitesse de la lumière. Nous
𝑐
ajouterons à cet aperçu historique que c'est en supposant les équations de
Maxwell valables pour tous les observateurs galiléens qu'Einstein mit en 1905,
sous sa forme définitive, la théorie de la relativité restreinte à laquelle Lorentz
et Poincaré avaient déjà apporté une importante contribution.
6. Approximation des régimes quasi-stationnaires
Dans l'approximation des régimes quasi-stationnaires, nous avons déduit le
champ électrique et le champ magnétique des potentiels
360

Ces potentiels diffèrent


des potentiels de Maxwell parce qu'ils ne tiennent pas compte des courants de
déplacement; ils diffèrent des potentiels de Lorentz parce qu'ils ne sont pas
retardés. Vus sous l'angle des potentiels de Lorentz, on peut dire qu'ils
constituent une approximation légitime d'un phénomène variable périodique si
la durée de parcours, à la vitesse de la lumière, des distances intervenant dans
𝑟
le problème est négligeable devant la période du phénomène ( négligeable
𝑐
devant T, ou r négligeable devant 𝜆 = 𝑐𝑇). Vu sous l'angle des potentiels de
Maxwell, on peut dire qu'ils constituent une approximation légitime si le
courant de déplacement est négligeable devant le courant de conduction
(effets de capacité négligeables).

Les potentiels non retardés et

s'ils ne permettent pas de formuler d'une manière exacte les phénomènes


électromagnétiques, sont néanmoins d'une grande utilité pratique. Lorsqu'on
veut introduire les potentiels retardés de Lorentz, on se heurte souvent à des
difficultés mathématiques à peu près insurmontables. C'est pourquoi on se
contente très souvent de l'approximation des états quasi-stationnaires.
XI.2. LE CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE DANS LES DIÉLECTRIQUES
1. Équations de Maxwell dans un diélectrique
Dans un diélectrique parfait, la conductivité est nulle. Il en est par suite de
même de la densité de courant 𝑗⃗(𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ ). Dans un diélectrique réel, la
conductivité est faible mais différente de zéro. La densité de courant de
conduction est généralement négligeable devant la densité de courant de
⃗⃗
𝜕𝐷 𝜕𝐸⃗⃗
déplacement =𝜀
𝜕𝑡 𝜕𝑡

Prenons le cas d'une régime sinusoïdal:


𝜕𝐷
𝐸 = 𝐸0 sin 𝜔𝑡, = 𝜀𝜔𝐸0 cos 𝜔𝑡 ; 𝑗 = 𝛾𝐸 = 𝛾𝐸0 sin 𝜔𝑡 .
𝜕𝑡
L'amplitude de la densité de courant de conduction est très petite devant celle
de la densité de courant de déplacement si:
𝛾𝐸0 ≪ 𝜀𝜔𝐸0
ou comme
361

𝜔 = 2𝜋𝑓
si
𝛾
≪ 𝑓.
2𝜋𝜀
Il en est ainsi pour les bons isolants dès qu'on atteint la fréquence industrielle
50 Hz (pour le verre, qui est un assez bon isolant, 𝜀𝑟 = 8, 𝜌 = 3,3 . 109 ,
1
= 0,7 ≪ 50).
2𝜋𝜀𝜌

En haute fréquence, les diélectriques, même mauvais isolants, se comportent


comme des diélectriques parfaits.
S'il n'y a pas de charges de volume, ce qui est généralement le cas, les
équations de Maxwell s'écrivent:

On retrouve les mêmes équations que dans le vide avec remplacement de


𝜀0 et 𝜇0 par 𝜀 et 𝜇. Ces équations sont plus simples que dans le cas général et
⃗⃗, soit 𝐸⃗⃗
on peut se passer de l'intermédiaire des potentiels. En éliminant soit 𝐻
entre ces équations, on arrive à:

1
La vitesse de propagation dans le diélectrique 𝑐 = (vitesse de la lumière)
√𝜀𝜇
est plus faible que dans le vide car 𝜀𝜇 > 𝜀0 𝜇0 . Dans l'air 𝜀𝜇 ≠ 𝜀0 𝜇0 .
362

2. Propagation d'une onde plane dans un milieu diélectrique pur


Un générateur électrique crée dans tout l'espace qui l'entoure un champ
électrique et un champ magnétique que l'on peut calculer à l'aide des
potentiels de Lorentz.
La distance d'un point M très éloigné du générateur aux différents points de
celui-ci est sensiblement la même et égale à la distance de M à un point O situé
dans la région où se trouve le générateur et qui nous servira d'origine pour nos
coordonnées.

Les potentiels V et 𝐴⃗ et par suite les champs pourront en conséquence


s'exprimer uniquement en fonction de r et du temps t. Sur un petit élément
plan perpendiculaire à la direction OM, les champs ont la même valeur car les
points sont quasi à la même distance de la source. On peut considérer que,
dans cette petite région, on a affaire à une onde plane dont nous allons étudier
la propagation.

Figure 281
Prenons trois axes de coordonnées cartésiennes 𝑂𝑥, 𝑂𝑦, 𝑂ƺ, l'axe 𝑂ƺ étant
confondu avec la droite OM. Les champs 𝐸⃗⃗ et 𝐻 ⃗⃗ ne dépendent que de ƺ et de 𝑡
(puisqu'ils ont la même valeur en tous les points de l'élément plan).
L'équation devient .
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ 1
La solution est de la forme: 𝐸⃗⃗ = 𝑓1 (𝑡 − ) + 𝑔1 (𝑡 + ) avec 𝑐 = .
𝑐 𝑐 √𝜀𝜇

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ
La fonction 𝑓1 (𝑡 − )correspond à une propagation parallèlement à 𝑂ƺ en
𝑐
s'éloignant de 𝑂 avec la vitesse uniforme c. En effet, pour un observateur qui se
déplacerait sur 𝑂ƺ avec cette vitesse, les champs conserveraient la même
valeur.
363

⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ
La fonction 𝑔1 (𝑡 + )correspond à une propagation dirigée vers O.
𝑐

Dans le cas d'une source unique et d'un milieu indéfini, cette propagation ne
peut exister car l'onde correspondante n'aurait pas de cause.
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ
⃗⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ
On a donc 𝐸⃗⃗ = 𝑓1 (𝑡 − ). De même on voit que 𝐻 𝑓2 (𝑡 − ) .
𝑐 𝑐

Revenons aux équations de Maxwell. En tenant compte que les dérivées des
composantes des champs par rapport à 𝑥 et 𝑦 sont nulles les champs ne
dépendent que de ƺ et 𝑡):

𝜕𝐸ƺ 𝜕𝐸ƺ
Il résulte du fait que = 0 et = 0 que 𝐸ƺ est constant.
𝜕𝑡 𝜕ƺ

Il en est de même de 𝐻ƺ . Si nous ne considérons pas les champs permanents


qui peuvent se superposer aux champs variables 𝐸ƺ = 0 et 𝐻ƺ = 0. Les champs 𝐸⃗⃗
⃗⃗ sont perpendiculaires à 𝑂ƺ
et 𝐻
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
ƺ
De l'expression de la solution 𝐸⃗⃗ = 𝑓1 (𝑡 − ) on tire
𝑐
364

𝜕𝐸ƺ 𝜕𝐻𝑦
On en déduit en portant = −𝜇 dans l'équation précédente:
𝜕ƺ 𝜕𝑡

On a de même:

Compte tenu qu'on ne s'intéresse qu'aux champs variables avec le temps 𝐸𝑥 =


𝜇
√ 𝜀 𝐻𝑦 .

𝜇
De la même façon, on trouve: 𝐸𝑥 = √ 𝐻𝑦 .
𝜀

De ces deux relations, on déduit que les champs 𝐸⃗⃗ et 𝐻 ⃗⃗ sont rectangulaires car
le produit scalaire 𝐸⃗⃗ . 𝐻
⃗⃗ = 𝐸𝑥 𝐻𝑥 + 𝐸𝑦 𝐻𝑦 = 0 et que les grandeurs des champs
𝐸 𝜇
sont telles que √
𝐻 𝜀

√𝜀. 𝐸 = √𝜇. 𝐻.
⃗⃗ se déduit du vecteur √𝜀. 𝐸⃗⃗ par une rotation de + 𝜋 autour de
Le vecteur √𝜇. 𝐻
2
𝑂ƺ ; 𝐸⃗⃗ et 𝐻
⃗⃗ forment avec la direction de propagation (𝑂ƺ) un trièdre
trirectangle direct.
𝐸
Le rapport est homogène à une résistance. En effet, E a les dimensions d'une
𝐻
différence de potentiel divisée par une longueur et H les dimensions d'un
⃗⃗⃗⃗⃗⃗
courant divisé par une longueur (Loi d'Ampère ∫ 𝐻 𝑑𝑙 = 𝐼).
Numériquement dans le vide ou lorsque 𝜀 ≠ 𝜀0 𝑒𝑡 𝜇 ≠ 𝜇0 :

L'ensemble des deux vecteurs 𝐸⃗⃗ et 𝐻


⃗⃗ forme ce qu'on appelle une lie
électromagnétique.
365

Lorsque le vecteur 𝐸⃗⃗ et par suite le vecteur 𝐻 ⃗⃗ gardent au cours de la


propagation une direction constante, l'onde est dite polarisée rectilignement.
Si les grandeurs qui interviennent dans le générateur (tensions, courants) sont
sinusoïdales, il en est de même des champs 𝐸⃗⃗ et 𝐻
⃗⃗. On dit l’on a affaire à une
onde plane polarisée rectilignement sinusoïdale.
En choisissant comme axe 𝑂𝑥 la direction du champ électrique,

Les champs reprennent la même valeur lorsqu'on se déplace sur l'axe 𝑂ƺ d'une
𝜔ƺ 2𝜋𝑐
longueur z telle que = 2𝜋. Cette distance est la longueur d'onde 𝜆 = ou
𝑐 𝜔
2𝜋
encore 𝜆 = 𝑐𝑇 (𝑇 = étant la période).
𝜔

D'une façon plus générale, en notations vectorielles, avec une origine O


quelconque et en introduisant le vecteur unitaire 𝑘 ⃗⃗ de la direction dans
laquelle se fait la propagation, un champ électromagnétique est représenté par
les équations:

Avec √𝜀. 𝐸0 = √𝜇. 𝐻0 vecteurs ⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝐸0 , ⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝐻0 et 𝑘⃗⃗ formant un trièdre trirectangle
direct.
Le système ci-dessus est une intégrale des équations:

Il dépend des constantes arbitraires 𝜔, ⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝐸0 𝑒𝑡 𝑘⃗⃗ .

On démontre que les ondes planes définies par le système (1) forment un
système complet d'intégrales des équations (2) c'est-à-dire que toute intégrale
366

de ces équations est une somme d'intégrales de ce type. En d'autres termes, un


champ électromagnétique quelconque se propage sous forme d'une onde qui
peut être considérée comme la superposition d'ondes planes sinusoïdales.
3. Conditions de passage à la surface de séparation de deux milieux
Le champ électromagnétique est défini par les équations de Maxwell. Ces
équations perdent leur signification à la surface de séparation de deux milieux
différents car les grandeurs électriques et magnétiques subissent des
discontinuités et les dérivées partielles des fonctions qui représentent ces
grandeurs ne sont plus définies. On peut considérer qu'au lieu d'une
discontinuité on a une couche mince où les grandeurs qui définissent le milieu
varient rapidement tout en restant continues et on peut chercher la forme
limite que prennent les équations de Maxwell lorsque l'épaisseur de cette
couche de passage tend vers zéro. On obtient ainsi ce qu'on appelle les
conditions de passage de la surface de séparation des deux milieux.
On obtient les résultats suivants qui sont d'ailleurs les mêmes que pour les
régimes permanents:
✓ la composante tangentielle du champ électrique est continue

𝐸⃗⃗𝑇 2 = 𝐸⃗⃗𝑇 1 .
✓ la composante normale de l'induction électrique satisfait à la relation
⃗⃗𝑁 = 𝐷
𝐷 ⃗⃗𝑁 = 𝜎 − 𝑛⃗⃗ , 𝜎 étant la densité superficielle de charges
2 1
éventuellement portées par 𝑠 et 𝑛⃗⃗ le vecteur unitaire de la normale à s.
✓ la composante tangentielle du champ magnétique satisfait à la relation
𝐻⃗⃗𝑇 = 𝐻
⃗⃗𝑇 = ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 𝑛⃗⃗ , ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 étant la densité du courant superficiel qui circule
2 1 Ʌ
éventuellement sur s et 𝑛⃗⃗ le vecteur unitaire de la normale.
✓ la composante normale de l'induction magnétique est continue:

⃗⃗𝑁 = 𝐵
𝐵 ⃗⃗𝑁 .
2 1

REMARQUE:
1
En passant d'un milieu à un autre la vitesse de propagation varie. Ce qui
√𝜀𝜇
𝜔
reste constante c'est la fréquence 𝑓 = de l'onde.
2𝜋

4. Conditions de passage à la surface de séparation d'un diélectrique parfait


et d'un conducteur parfait
367

Une onde électromagnétique tombant sur un conducteur pénètre dans le


conducteur en s'affaiblissant rapidement. En effet des courants circulent dans
le conducteur et dissipent l'énergie transportée par l'onde électromagnétique
en chaleur par effet Joule. La puissance dépensée dans l'élément 𝑑𝜏 est
𝑑𝑃 = 𝛾𝐸 2 𝑑𝜏. Lorsque 𝛾 augmente indéfiniment, le champ 𝐸⃗⃗ tend vers zéro car
la puissance dépensée reste évidemment finie. Dans un conducteur parfait, le
champ électrique est nul, même en régime variable.
⃗⃗, 𝐻
Il résulte des équations de Maxwell que 𝐷 ⃗⃗, 𝐵
⃗⃗ et p sont également nuls dans
un conducteur parfait. Les charges électriques sont purement superficielles et
leur variation au cours du temps entraîne la présence d'un courant superficiel
de densité ⃗⃗⃗.
𝑗𝑠

𝐸⃗⃗ et 𝐵
⃗⃗ étant nuls dans le conducteur, les conditions de passage permettent de
conclure qu'en un point extérieur infiniment voisin 𝐸⃗⃗𝑇 = 0, 𝐵𝑁 = 0. Le champ
électrique est normal au conducteur, l'induction magnétique lui est tangente.
Les autres conditions de passage se réduisent à 𝐷 ⃗⃗𝑁 = 𝜎𝑛⃗⃗ et 𝐻
⃗⃗𝑇 = ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 Ʌ 𝑛⃗⃗. Ces
conditions sont utilisées pour calculer 𝜎 et ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 quand la distribution des champs
à l'extérieur du conducteur est connue.

5. Réflexion d'une onde plane sinusoïdale rencontrant normalement un


conducteur parfait
Disposons, normalement à une onde électromagnétique sinusoïdale polarisée
rectilignement, un conducteur parfait. Prenons pour axes de coordonnées l'axe
𝑂ƺ normal au conducteur dirigé vers l'intérieur et comme axe O𝑥 un axe
parallèle au champ électrique.
L'onde se dirige dans le sens des ƺ positifs. Les composantes des champs sont,
en choisissant convenablement l'origine des temps, et en introduisant la
2𝜋
longueur d'onde 𝜆 = 𝑐𝑇 (𝑇 𝑒𝑡 𝜔 = étant la période et la pulsation des
𝑇
grandeurs sinusoïdales):
368

La condition 𝐸⃗⃗𝑇 = 0 ne peut être réalisée que par l'apparition d'une onde se
dirigeant en sens inverse appelée onde réfléchie.
On voit facilement en exprimant cette condition que Fonde réfléchie est définie
par:

L'onde résultante correspondant aux champs 𝐸⃗⃗ = 𝐸⃗⃗1 + 𝐸⃗⃗2 et 𝐻


⃗⃗ = 𝐻
⃗⃗1 + 𝐻
⃗⃗2 est
définie par:

Ces formules montrent qu'en chaque point le champ électrique et le champ


2𝜋ƺ
magnétique sont en quadrature. L'amplitude du champ électrique 2𝐸0 |sin |.
𝜆
2𝜋ƺ
Elle est nulle sur le conducteur et en tous points tels que = 𝑘𝜋 ou ƺ =
𝜆
𝜆
𝑘 appelés nœuds du champ éléctrique.
2
2𝜋ƺ 𝜋 𝜆
Elle est maximum aux points tels que = + 𝑘𝜋 ou ƺ = (2𝑘 + 1) appelés
𝜆 2 4
ventres du champ électrique.

Figure 282

On voit généralement que le champ magnétique présente des ventres aux


nœuds du champ électrique et des nœuds aux centres du champ électrique.
369

6. Pression de radiation
Une onde plane sinusoïdale rencontrant normalement un plan conducteur
subit une réflexion, l'onde incidente et l'onde réfléchie se combinant pour
donner une onde stationnaire. En avant de la surface conductrice, le champ
magnétique est tangentiel et vaut 𝐻𝑇 1 = 2𝐻2 cos 𝜔𝑡; en arrière, il est nul
(𝐻𝑇 2 = 0). Cette discontinuité du champ entraîne l'existence d'un courant
superficiel (courant de Foucault) de densité ⃗⃗⃗
𝑗𝑠 donnée par 𝐻𝑇 2 = 𝐻𝑇 1 =
𝑗𝑠 Ʌ 𝑛⃗⃗ = 2𝐻2 cos 𝜔𝑡.
⃗⃗⃗
Le champ magnétique 𝐻 cos 𝜔𝑡 au voisinage a une amplitude double de celui
qui existe en l'absence du plan conducteur. C'est que les courants su¬perficiels
produisent au voisinage un champ égal à celui de l'onde incidente.
On peut retrouver ce résultat à partir du champ produit par une nappe de
courant (chap. VI, p. 216). De part et d'autre les champs sont opposés et valent
⃗⃗⃗⃗
𝑗𝑠 ⃗⃗⃗⃗
𝑗𝑠
− 𝑛⃗⃗ et 𝑛⃗⃗. A l'intérieur du conducteur, le champ total est nul, ce qui
2Ʌ 2Ʌ
entraîne que le champ produit par la nappe de courant est opposé au champ
𝐻0 cos 𝜔𝑡 de l'onde incidente. A l'extérieur, les champs s'ajoutent et le champ
total est 2𝐻0 cos 𝜔𝑡. L'induction au voisinage est 𝐵 = 𝜇. 2𝐻2 cos 𝜔𝑡, celle due
𝐵 𝐵
à l'onde incidente est ; la densité de courant est 𝑗𝑠 = .
2 𝜇

L'action du champ magnétique sur le courant de surface crée des forces de


Laplace normales au conducteur et dirigées vers l'intérieur. Ces forces ont le
caractère d'une pression appelée pression de radiation.
Pour évaluer cette pression, il faut faire intervenir l'action sur le plan de
l'induction produite par l'onde incidente; on ne doit pas faire intervenir les
forces intérieures d'un élément sur lui-même. La force de Laplace qui s'exerce
𝐵2 𝜇𝐻 2
sur l'élément 𝑑𝑠 est ⃗⃗⃗𝑑𝑠
𝑗𝑠 Ʌ = .
2𝜇 2

𝐵2 𝜇𝐻 2
La pression de radiation est 𝑝 = = . Elle est égalé a la densité d'énergie
2𝜇 2
en avant du plan réfléchissant (l'énergie électrostatique est nulle car E = 0).
D'une façon générale, toute onde électromagnétique tombant sur une surface
réfléchissante exerce sur elle une pression appelée pression de radiation. Cette
pression est égale à chaque instant, et par conséquent en moyenne, à la
densité d'énergie présente devant la surface.
370

Pour les radiations lumineuses, cette pression est toujours faible en raison de la
petitesse des champs (la pression due au rayonnement solaire est de l'ordre de
10−5 pascal (newton par m2 ). On obtient des effets bien plus considérables
avec de très grandes longueurs d'onde, comme celles des courants industriels.
Le champ magnétique peut alors être produit par une bobine que l'on fait
résonner avec un condensateur. Comme illustration on peut citer l'expérience
du plateau magique. (Un disque métallique évolue dans les airs. La chaleur
dégagée par les courants de Foucault induits permet de faire cuire un œuf.)
7. Action d'une onde électromagnétique sur un circuit filiforme
Pour étudier l'action d'un champ électromagnétique sur un circuit formé par
une résistance, une inductance et une capacité en série, nous allons examiner
quelles sont les forces qui s'exercent sur les électrons mobiles des conducteurs
constitutifs du circuit.
Les forces sont dues à plusieurs champs:

✓ le champ électrique de l'onde 𝐸⃗⃗


✓ le champ électrique dû aux charges et aux courants dans le circuit; ce
champ dérive de potentiels retardés, mais si les dimensions du circuit
sont faibles, on peut considérer qu'il dérive de potentiels instantanés. Ce
champ peut alors être considéré comme la somme du champ
électrostatique Es. et du champ d'induction 𝐸⃗⃗𝑖 .
✓ le champ dû aux actions perturbatrices des atomes sur le mouvement
des électrons. Nous avons vu précédemment que ce champ peut être
considéré comme un champ de frottement 𝐸⃗⃗𝑓 .

Le champ magnétique n'intervient pas dans les actions sur les électrons car les
forces qu'il produit sont perpendiculaires au fil et ne produisent aucun effet.
En négligeant, comme nous l'avons fait précédemment, l'inertie des électrons

𝐸⃗⃗ + 𝐸⃗⃗𝑠 + 𝐸⃗⃗𝑖 + 𝐸⃗⃗𝑗 = 0.


En intégrant le long du fil d'une armature à l'autre du condensateur nous
avons:

⃗⃗⃗⃗ + ∫ 𝐸⃗⃗𝑠 𝑑𝑙
∫ 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ + ∫ 𝐸⃗⃗𝑖 𝑑𝑙
⃗⃗⃗⃗ + ∫ 𝐸⃗⃗𝑓 𝑑𝑙
⃗⃗⃗⃗ = 0.

Nous avons vu précédemment que


371

𝑑𝑖
∫ 𝐸⃗⃗𝑓 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 = −𝑅𝑖 ∫ 𝐸⃗⃗𝑖 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 = −𝐿 ∫ 𝐸⃗⃗𝑠 ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 = 𝑉𝑃 − 𝑉𝑃′
𝑑𝑡
On a :
𝑑𝑖
𝑉𝑃 − 𝑉𝑃′ = 𝑅𝑖 + 𝐿 − ∫ 𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 .
𝑑𝑡

Figure 283

Cette équation montre que l'action du champ 𝐸⃗⃗ peut être considérée comme
produite par la force électromotrice ∫ 𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗
𝐶
𝑑𝑙.

Cette intégrale est difficile à calculer directement, même si le circuit a des


dimensions assez petites pour que l'on puisse considérer que le champ 𝐸⃗⃗ est le
même en tous les points du circuit parce que l'élément ⃗⃗⃗⃗
𝑑𝑙 a une orientation
très variable le long du circuit.

Figure 284
Considérons un circuit C, ouvert par exemple, limité aux points 𝑃 et 𝑃′.
Considérons deux segments de droite 𝑃𝑄 et 𝑃′𝑄′ perpendiculaires à la
direction générale du champ et un segment 𝑄𝑄′ d'orientation quelconque.
Soit T le circuit fermé constitué par le circuit C, les segments 𝑃𝑄, 𝑄𝑄′, 𝑄′𝑃′:

⃗⃗
𝜕𝐵
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗ = −
En tenant compte de la relation 𝑟𝑜𝑡𝐸
𝜕𝑡

on a
372

𝑆 étant une surface quelconque s'appuyant sur Γ.


⃗⃗ a
Si le circuit a des dimensions assez faibles pour qu'on puisse considérer que 𝐵
la même valeur en tous les points de S, on a

en posant

⃗⃗⃗⃗⃗.
𝑆⃗ = ∬ 𝑑𝑠
𝑆

⃗⃗⃗⃗, ∫ 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑙
Dans l'intégrale ∫𝑃′𝑄′𝑄𝑃 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑙 ⃗⃗⃗⃗ = 0, ∫ 𝐸⃗⃗ 𝑑𝑙
⃗⃗⃗⃗ = 0 car le champ E est
𝑃𝑄 𝑃′𝑄′

perpendiculaire à PQ et 𝑃′𝑄′. On a: ∫𝑃′𝑄′𝑄𝑃 𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ 𝑑𝑙 = ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗


𝑑𝑙 = ∫𝑃𝑄 𝐸⃗⃗ ⃗⃗⃗⃗ 𝑄𝑄′𝐸⃗⃗ en
considérant que le champ 𝐸⃗⃗ a la même valeur en tous les points de QQ'.
Finalement
⃗⃗
𝑑𝐵
𝑒 = −𝑠⃗ + ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
𝑄𝑄′ . 𝐸⃗⃗
𝑑𝑡

Si les grandeurs sont sinusoïdales, il est intéressant d'introduire, d'une manière


analogue à celle employée dans l'étude des courants alternatifs, des vecteurs
complexes. Au vecteur 𝐵 ⃗⃗ de composantes 𝐵𝑥 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + 𝜑), 𝐵𝑦 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 +
𝜑), 𝐵ƺ 𝑐𝑜𝑠 (𝜔𝑡 + 𝜑), nous associerons le vecteur 𝛽⃗ de composantes
𝐵𝑥 𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝜑) , 𝐵𝑦 𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝜑) , 𝐵ƺ 𝑒 𝑗(𝜔𝑡+𝜑) . Autrement dit, les composantes du
vecteur 𝐵⃗⃗ seront les parties réelles des composantes du vecteur 𝛽⃗.

Dans ces conditions:

(𝑒 est maintenant la valeur complexe de la f.e.m.).


Cherchons dans quel cas l'un des termes de la somme précédente est nul.
373

a) 𝑄𝑄′. 𝜀= 0: le circuit est dit sensible au champ magnétique; cette condition est
réalisée lorsqu'on a affaire à un circuit fermé ou lorsque PP' est perpendiculaire
à 𝐸⃗⃗ . On a alors 𝑒 = −𝑗𝜔𝑠⃗. 𝛽⃗; 𝑠 désigne la surface du circuit :u la surface limitée
par le fil et le segment 𝑃𝑃’.
Pour détecter le champ magnétique, on B place le circuit comme l'indique la
figure ci-contre.

Figure 285
⃗⃗ = 0. Le circuit est dit sensible au champ électrique. T~e condition est
b) 𝑠⃗. 𝐵
réalisée lorsque 𝑠⃗ est perpendiculaire à 𝐵 ⃗⃗ (circuit plan parallèle au champ
magnétique par exemple).
On a
⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗′ . 𝜀⃗.
𝑒 = 𝑃𝑃

Figure 286
Elle est encore réalisée lorsque le circuit 𝑃𝑄𝑃′𝑄′ peut être identifié au fil. La
surface 𝑠⃗ est alors nulle. Ceci a lieu lorsque le circuit est constitué par deux
brins rectilignes perpendiculaires à 𝐸⃗⃗ (ou nuls) réunis par un brin sensiblement
rectiligne
Les figures ci-dessous indiquent comment on peut passer progressivement d'un
circuit sensible seulement au champ électrique à un circuit sensible seulement
au champ magnétique.
374

Figure 287

Figure 288
IX.3. LE CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE DANS LES CONDUCTEURS
1. Équations de Maxwell dans un conducteur
Nous avons vu que dans un conducteur parfait le champ électrique est nul ainsi
que la densité de courant. Dans un conducteur réel, la conductivité est grande
sans être infinie. La densité de courant de conduction n'est pas nulle. La
densité de courant de déplacement, par contre, est négligeable devant la
densité de courant de conduction.
Nous avons vu précédemment que dans le cas d'un régime sinusoïdal les
amplitudes de densité de courant de conduction et de déplacement
𝛾𝐸0 𝑒𝑡 𝜀𝜔𝐸0 . On peut négliger les courants de déplacement si 𝜀𝜔 ≪ 𝛾 ou, en
𝜔 2𝜋𝜀𝑓
introduisant la fréquence 𝑓 = 𝑠𝑖 ≪ 1. Pour le cuivre 𝜀 ≠ 𝜀0 =
2𝜋 𝛾
1 2𝜋𝜀
. 10−9 , 𝛾 = 0,6. 108 ; est de l’ordre de 10−18 seconde. Même aux
36𝜋 𝛾
2𝜋𝜀𝑓
fréquences les plus élevées utilisées en radioélectricité (𝑓= 3 . 1010 ), ne
𝛾
dépasse pas 107 .
𝜕𝐸⃗⃗
En négligeant donc complètement la densité de courant de déplacement 𝜀
𝜕𝑡
vis-à-vis de la densité de courant de conduction 𝑗⃗ et, en tenant compte, comme
nous l'avons montré au début du chapitre VIII (page 271), que la densité de
charge est nulle dans un conducteur, les équations de Maxwell s'écrivent:
375

Eliminons 𝐸⃗⃗ et 𝐻
⃗⃗ entre ces équations et 𝑗⃗ = 𝛾. 𝐸⃗⃗

Dans le cas d'un régime sinusoïdal, on peut faire intervenir les vecteurs
complexes, et on a:

Posons

(on voit facilement que 𝛿 a les dimensions d'une longueur), l'équation


précédente s'écrit:

2. Pénétration d'une onde plane dans un conducteur


Soit un conducteur limité par une surface plane indéfinie 𝑥𝑂𝑦 et soit une onde
plane polarisée rectilignement qui se propage dans l'isolant suivant la direction
𝑂ƺ normale au conducteur.
Le champ électrique au voisinage du plan 𝑥𝑂𝑦 est uniforme. Choisissons l'axe
𝑂𝑥 parallèlement à ce champ et soit 𝜀0 la valeur de son amplitude complexe.
376

Figure 289

Les grandeurs 𝑗⃗, 𝐸⃗⃗ , 𝐻


⃗⃗ ne dépendent ni de 𝑥 ni de 𝑦. L'équation de propagation
des courants dans les conducteurs se réduit à:

Elle s'intègre
ƺ ƺ
⃗𝓙 ⃗⃗⃗⃗𝒆−𝜹√𝟐𝒋 + ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗ = 𝑲 𝑲′𝒆−𝜹√𝟐𝒋
ou
ƺ ƺ
⃗⃗⃗⃗𝒆−𝜹√𝟐𝒋 + ⃗⃗⃗⃗⃗
⃗⃗⃗ = 𝑲
𝓙 𝑲′𝒆−𝜹√𝟐𝒋
la densité de courant devant rester finie, lorsque ƺ augmente indéfiniment:
⃗⃗⃗⃗⃗
𝐾′ = 0.
Exprimons la continuité de la composante tangentielle du champ électrique de
part et d'autre de la surface du conducteur. Pour ƺ = 0: 𝜀𝑥 = 𝜀0 , 𝜀𝑦 = 0, 𝜀ƺ =
0. Le vecteur densité de courant est parallèle à 𝑂𝑥.
On a finalement
377

ƺ
L'amplitude de la densité de courant 𝛾𝐸0 𝑒 −𝛿 décroît exponentiellement à partir
de la surface de séparation. La profondeur S au bout de laquelle
l'affaiblissement est de 1 néper est appelée la pénétration dans le conducteur.
Exemple numérique : La pénétration dans le cuivre à la fréquence industrielle
𝑓 = 50 Hz est δ = 9 mm.
La pénétration est d'autant plus faible que la fréquence est plus élevée et que
la conductivité et la perméabilité du métal sont plus grandes.
Cherchons le courant qui circule dans le conducteur parallèlement à 𝑂𝑥 dans
une bande de largeur unité:

𝑖 = ∫ 𝑗𝑑ƺ
0

ou

𝛿
𝒥 = ∫ 𝑗𝑑ƺ = 𝛾𝑒 𝑗𝜔𝑡
1+𝑗
0

𝛾𝐸0 𝛿 𝜋
𝑖= cos (𝜔𝑡 − ) .
√2 4
Tout se passe comme si on avait un courant alternatif ayant une densité
𝛾𝐸0 𝛿
d'amplitude constante 𝐽0 = localisée dans l'épaisseur 𝛿 du conducteur,
√2
appelée encore épaisseur de la coque fictive. La puissance qui est dépensée
dans le volume 𝑑𝜏 est

Sa valeur moyenne est

La puissance moyenne qui est dépensée par unité de longueur, dans une bande
de largeur unité, c'est-à-dire encore par unité de surface de conducteur, est
378

On voit que l'on a la même puissance dépensée qu'avec une densité de courant
𝛾𝐸0
d'amplitude constante 𝐽0 = circulant dans une épaisseur 𝛿. En effet, cette
√2
puissance est

Le remplacement du courant réel à répartition exponentielle décroissante par


𝛾𝐸0
un courant fictif de densité constante 𝐽0 = circulant dans une épaisseur 𝛿
√2
peut donc se faire aussi bien pour calculer la valeur du courant total qui circule
que pour calculer la chaleur dégagée par le passage de ce courant.
3. Distribution des courants dans les conducteurs
La distribution des courants dans les conducteurs massifs est déterminée d'une
façon générale par les équations de Maxwell et en particulier par l'équation
𝜕𝑗⃗
∆𝑗⃗ − 𝛾𝜇 = 0 qui en est la conséquence, ceci quelle que soit la cause qui
𝜕𝑡
produit la circulation des courants. En particulier, le courant peut être produit
par une différence de potentiel variable appliquée entre les extrémités du
conducteur. Il en résulte alors un champ électromagnétique dans le
diélectrique (ou le vide) qui limite le conducteur.
Dans le cas général, même pour les phénomènes sinusoïdaux que nous
considérons uniquement dans ce qui suit, l'intégration de l'équation ∆𝑗⃗ −
𝜕𝑗⃗ 𝜕𝑗⃗
𝛾𝜇 qui devient ∆𝒥⃗ − 2 𝒥⃗ = 0 avec des conditions aux limites quelconques
𝜕𝑡 𝛿
est extrêmement difficile. On peut toutefois dire que pour un conducteur
cylindrique de section de forme quelconque, mais dont les dimensions
transversales sont grandes devant la pénétration, la densité de courant décroît
exponentiellement à partir de la surface, lorsqu'on s'enfonce dans le
conducteur selon la loi trouvée au paragraphe précédent. Le courant se
concentre près de la surface du conducteur. Ce phénomène, appelé effet de
peau, provoque une augmentation en haute fréquence de la résistance des fils
métalliques. Une mesure de résistance effectuée en courant continu ou basse
fréquence ne donne pas de résultat applicable à des fréquences élevées.
L'existence de l'effet de peau permet de soustraire commodément un appareil
379

à l'influence d'une onde électromagnétique perturbatrice. Il suffit d'enfermer


celui-ci à l'intérieur d'une boîte métallique d'épaisseur suffisante; celle-ci
constitue un blindage qui empêche les champs extérieurs d'atteindre l'appareil.
Le blindage est d'autant plus facile à réaliser que la fréquence est plus élevée.
En ce qui concerne les pertes par effet Joule dans le conducteur, on montre
encore que l'on peut raisonner comme si le courant était uniquement localisé
avec une densité constante près de la surface du conducteur sur une épaisseur
égale à la coque fictive. Dans le cas d'un conducteur cylindrique à section
𝜕𝑗⃗
circulaire, ∆𝒥⃗ − 2 𝒥⃗ = 0 se simplifie un peu (on n'a plus qu'un paramètre) et
𝛿
devient:
𝜕2 𝒥 1 𝜕𝒥 2𝑗
+ − 𝒥 = 0 vecteur 𝒥⃗ étant parallèle à l'axe du conducteur.
𝜕𝑟 2 𝑟 𝜕𝑟 𝛿2

Figure 290
L'intégration de cette équation conduit à l'utilisation des fonctions de Bessel.
Dans la pratique, on utilise pour déterminer la résistance d'un tel conducteur
une formule approchée due à Levasseur qui donne une précision supérieure à
1
:
100

où 𝑅0 est la résistance en courant continu, a le rayon du conducteur et 𝛿 =


1
la pénétration.
√𝜋𝛾𝜇𝑓

4. Courants de Foucault
Au lieu d'être produite par une différence de potentiel appliquée entre ses
extrémités, la circulation de courants dans un conducteur peut être produite
par un champ magnétique variable dans lequel se trouve le conducteur. Les
courants qui circulent sont appelés courants de Foucault. Nous avons
380

𝜕𝑗⃗
précédemment étudié leurs effets. L'équation ∆𝒥⃗ − 2 𝒥⃗ = 0 est toujours
𝛿
applicable mais les conditions aux limites s’expriment à partir d'une équation
tirée des équations de Maxwell où intervient le champ magnétique. En
éliminant le champ électrique 𝐸⃗⃗ entre les équations de Maxwell et 𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ on
⃗⃗
⃗⃗ − 𝛾𝜇 𝜕𝐻 = 0, équation de même forme que celle qui donne la
trouve ∆𝐻
𝜕𝑡
densité de courant.
L'identité des deux équations donnant la densité de courant et le champ
magnétique permet de dire qu'il existe une dualité entre le problème de la
répartition du courant dans un conducteur aux bornes duquel on applique une
différence de potentiel variable et celui de la répartition du courant dans un
conducteur placé dans un champ magnétique variable.
Prenons, pour raisonner, le cas d'un conducteur cylindrique à section circulaire
avec un régime sinusoïdal.
Dans le premier problème, le vecteur 𝑗⃗ à la direction de l'axe du conducteur et
les lignes de champ magnétique sont des cercles centrés sur l'axe du
conducteur. Dans le second problème, si le champ magnétique extérieur est
parallèle à l'axe du conducteur, le champ magnétique total est également
parallèle au conducteur et les lignes de courant sont des cercles centrés sur
l'axe.
Les courants de Foucault sont en général nuisibles car ils provoquent des pertes
d'énergie. Nous avons déjà précédemment indiqué qu'on les diminuait dans les
circuits magnétiques en utilisant des tôles feuilletées ou du fer divisé. Ils
peuvent être utilisés comme moyen de chauffage dit chauffage à induction.
Dans les fours à induction, utilisés en métallurgie, on provoque la fusion des
métaux en les plaçant dans un creuset autour duquel est disposé un solénoïde.
Cet enroulement constitué par un tube creux, refroidi par une circulation d'eau,
est traversé par un courant alternatif produit soit par un alternateur dont la
fréquence est de l'ordre de 1 000 Hz, soit par un générateur d'ondes amorties
dont la pseudo fréquence est de l'ordre de 100 000 Hz.
On utilise encore les courants de Foucault pour donner une trempe
superficielle aux chemises des moteurs à explosion. On soumet celles-ci au
champ magnétique d'un solénoïde parcouru par un courant de fréquence
voisine de 10 000 Hz. En raison tant de la grandeur de la fréquence que de
l'épaisseur des chemises, les courants de Foucault induits et réchauffement
381

corrélatif sont concentrés dans une gaine superficielle mince dans laquelle le
métal atteint presque instantanément la température de trempe. Un simple jet
d'air froid suffit à donner aux couches périphériques une dureté impossible à
obtenir avec les anciens procédés qui échauffaient toute la masse et
provoquaient ainsi le recuit par l'intérieur de ces couches périphériques, au
détriment de la dureté finale.
IX.4. LE CHAMP ÉLECTROMAGNÉTIQUE DANS LES MILIEUX MAUVAIS
CONDUCTEURS
1. Équations de Maxwell dans un milieu mauvais conducteur
Nous allons examiner maintenant le cas où les densités de courant de
conduction et de déplacement sont du même ordre de grandeur. Nous
supposerons qu'il n'y a pas de densité de charge volumique dans le milieu. Des
équations de Maxwell:

jointes à l'équation 𝑗⃗ = 𝛾𝐸⃗⃗ , on tire:

ou

2. Propagation d'une onde plane


Dans le cas d'une onde plane, l'équation devient:
382

ƺ
𝑗𝜔(𝑡− )
cherchons une solution de la forme 𝜀⃗ = ⃗⃗⃗⃗⃗
𝐸0 𝑒 𝑣 (sinusoïdale) on trouve:
1 𝛾𝜇
= 𝜀𝜇 − 𝑗
𝑣2 𝜔
𝑐 1
Posons = 𝑚 avec = .
𝑣 √𝜀𝜇

La solution s'écrit:

avec

m est de la forme 𝑚 = 𝑛 − 𝑗𝑘

ou

𝑐
On obtient une onde qui se propage en s'affaiblissant avec une vitesse
𝑣
fonction de la fréquence (𝑛 est fonction de 𝜔).
Ce résultat est à rapprocher de ceux du cours d'optique où 𝑛 est l'indice de
réfraction d'un milieu absorbant.
On retrouve le cas des diélectriques purs en faisant 𝛾 = 0. On a: 𝑛 = 1, 𝑘 = 0.

On retrouve le cas des milieux conducteurs en faisant y grand devant 𝜀𝜔.


On a

IX.5. LES LIGNES


1. Propagation des ondes électromagnétiques le long des conducteurs
383

Nous avons vu que les ondes électromagnétiques se propagent dans les


diélectriques. Si elles rencontrent des conducteurs, elles ne peuvent s'y
propager: elles en suivent alors la surface.
Une onde électromagnétique venant tomber obliquement sur la surface d'un
conducteur peut être considérée comme plane au voisinage du point de
rencontre et décomposée en deux ondes : une onde correspondant à un
champ électrique tangent au conducteur et une onde correspondant à un
champ électrique normal au conducteur. La première onde donne naissance à
des courants de conduction et est rapidement amortie. La seconde onde
subsiste seule et chemine parallèlement à la surface du conducteur qui, en
quelque sorte, la capte. La direction de propagation est obtenue en projetant la
direction initiale sur le plan.
Dans la propagation de l'onde, c'est le diélectrique qui constitue la partie active
de l'espace, le conducteur sert de guide. Nous avons précédemment vu que
l'énergie électrique et l'énergie magnétique se localisent en dehors des
conducteurs.
2. Propagation du champ électromagnétique sur une ligne
On donne aux conducteurs destinés à guider une onde électromagnétique la
forme de cylindres à génératrices parallèles. Un tel ensemble s’appelle une
ligne. Dans le cas où la résistivité du conducteur peut être considérée comme
nulle et le diélectrique comme parfait, la ligne est dite sans perte.
Nous allons étudier la propagation du champ électromagnétique autour d’une
ligne. Si une onde électromagnétique est créée à une extrémité de la ligne,
après une région un peu troublée où les phénomènes sont complexes, on
obtient une onde qui se propage parallèlement à la direction de la ligne que
nous prendrons pour axe 𝑂ƺ. Toutes les autres p ouvaient exister se sont en
effet rapidement amorties.
Le vecteur densité de courant est en tout point parallèle à la direction 𝑂ƺ ligne.
En utilisant les résultats trouvés dans l'étude des potentiels retardés de
Lorentz, on voit que le potentiel vecteur 𝐴⃗ a pour composantes :
384

1
Il correspond à une propagation selon 𝑂ƺ à la vitesse 𝑐 = .
√𝜀𝜇

A vrai dire, il peut exister des ondes non planes se propageant à des
vitesses différentes mais cette question est étudiée en détail dans les cours
d'hyperfréquences.
Si dans le plan ƺ = 0, le régime est sinusoïdal, on a
𝐴ƺ0 = 𝐴0 (𝑥, 𝑦) cos 𝜔𝑡 pour ƺ = 0
et, d'une façon générale:

1 𝜕𝑉
La relation de Lorentz 𝑑𝑖𝑣𝐴⃗ + = 0 donne
𝑐 2 𝜕𝑡

Ou en posant 𝑐𝐴0 = (𝑥, 𝑦) = 𝑉0

Les équations {𝐴 = 0se réduisent à ∆𝑉0 = 0



V = 0
On en déduit les potentiels:

Les composantes des champs sont:


385

Ces expressions montrent que, dans la solution particulière étudiée, les champs
sont situés dans les plans de section droite de la ligne et sont perpendiculaires
entre eux. On a, entre leurs amplitudes, la relation √𝜀𝐸 = √𝜇𝐻. Enfin, le
champ électrique est perpendiculaire aux courbes 𝑉0 (𝑥, 𝑦) = 𝐶 𝑡𝑒 et le champ
magnétique est normal à ces courbes.
Il en résulte que les conditions aux limites imposées par les conducteurs
(champ électrique normal et champ magnétique tangent à la surface)
consistent uniquement à exprimer que 𝑉0 (𝑥, 𝑦) est constant sur le contour de
la section de chacun des conducteurs.
Cette condition et ∆𝑉0 = 0 définissent la fonction 𝑉0 . Ces deux conditions sont
précisément celles qui définissent l'équilibre électrostatique sur les
conducteurs cylindriques (la variable 3 n'intervenant pas).
La distribution électrostatique dans une section droite représente l'amplitude
du champ électrique. Celui-ci se propage dans la direction des génératrices des
conducteurs avec la vitesse c. Dans chaque section droite, le champ 𝐸⃗⃗ dérive du
ƺ
potentiel 𝑉0 cos 𝜔 (𝑡 − ) mais, dans l'espace à trois dimensions, cette
𝑐
propriété ne subsiste pas. En effet le champ qui dérive du potentiel précédent
𝜔 ƺ
a pour composante selon𝑂ƺ ∶ 𝑉 sin 𝜔 (𝑡 − ) et non pas zéro comme le
𝑐 0 𝑐
champ électrique réel.
386

𝜕𝐻𝑥 𝜕𝐻𝑦
La relation − ⃗⃗ dérive
étant vérifiée puisque ∆𝑉0 = 0, le champ 𝐻
𝜕𝑦 𝜕𝑥
également d'un potentiel dans chaque section droite (potentiel multiforme à
cause de la loi d'Ampère).
3. Potentiel et courant sur une ligne
Nous venons de voir que, dans une section droite d'une ligne, pour connaître
les champs électrique et magnétique il suffisait de rechercher la distribution
correspondant à un problème d'électrostatique. Pour fixer ce problème, il faut
connaître le potentiel sur chacun des conducteurs dans chaque section droite
de la ligne. Ces potentiels sont déterminés par la source qui est placée à une
extrémité de la ligne et par les caractéristiques de la ligne. Nous nous
limiterons aux cas les plus usuels et les plus simples: celui d'une ligne bifilaire
symétrique et celui d'une ligne bifilaire à influence totale, c'est-à-dire dans
laquelle l'un des conducteurs est creux et renferme l'autre.
Pour chacune de ces lignes, on peut définir une résistance linéique, une
inductance linéique, une conductance linéique (inverse d'une résistance
d'isolement linéique), une capacité linéique.
Un tronçon de ligne de longueur 𝑑ƺ peut être représenté par le quadripôle ci-
dessous:

Figure 291
Les équations de Kirchhoff s’écrivant :

ou
387

équations des téléphonistes.


En régime sinusoïdal et en utilisant les notations complexes on a

ce qui est équivalent à

avec

En intégrant ces équations, on a

Les fonctions 𝒥(+) et 𝒥(−) dépendent de 𝓋(+) et de 𝓋(−) . En reprenant les


équations de définition, on a:
388

ou

En identifiant avec : 𝒥 = 𝒥(+) 𝑒 𝛾ƺ + 𝒥(−) 𝑒 −𝛾ƺ , on a

𝑅+𝑗𝐿𝜔
L'expression 𝓏𝑐 = √ est appelée impédance caractéristique de la ligne.
𝐺+𝑗𝐶𝜔

Pour déterminer 𝓋(−) , 𝓋(+) , 𝒥− , 𝒥(+) , on dispose des deux relations


précédentes et des conditions aux limites aux extrémités de la ligne.
A l'origine de la ligne on se donne généralement la tension

A l'extrémité de la ligne, on se donne généralement l'impédance 𝓏2 , sur elle


laquelle elle débite.
On a alors

ou encore

On en tire
389

Les équations de la ligne s'écrivent en explicitant 𝛾 = 𝛼 + 𝑗𝛽:

En explicitant 𝓏𝑐 et en revenant aux valeurs instantanées:

Il apparaît pour la tension et le courant deux ondes qui se propagent en


s'amortissant, l'une dans le sens des ƺ positifs, l'autre dans le sens des ƺ
2𝜋
négatifs. La longueur d'onde est 𝜆 = .
𝛽

On peut encore écrire, en faisant apparaître la tension et le courant à l'origine


de la ligne:

et

On en tire

et on peut mettre les équations sous la forme:


390

On pouvait d'ailleurs arriver directement à ces équations en considérant la


ligne comme une suite de quadripôles élémentaires à cascade. Le quadripôle
𝑅+𝑗𝐿𝜔
équivalent a alors l'impédance caractéristique 𝓏𝑐 = √ et la constante de
𝐺+𝑗𝐶𝜔
transfert 𝑔 = 𝛾ƺ avec

Dans le cas des lignes sans perte: R = 0, G = 0. On a alors

et

L'affaiblissement a est nul et la constante linéique de phase 𝛽 = √𝐿𝐶𝜔.


2𝜋
Les équations deviennent, en faisant apparaître la longueur d'onde 𝜆 = :
𝛽

On les appelle équations des radiotélégraphistes. Elles sont utilisées pour


l'étude aux fréquences élevées de lignes courtes dans lesquelles les réactances
sont prépondérantes devant les résistances.
4. Relation entre la réactance linéique et la capacité linéique d'une ligne sans
perte
1
La vitesse de propagation de l'onde sur la ligne est = . On peut voir d'autre
√𝜀𝜇
𝜔 1
part sur les équations de propagation que la vitesse est égale = . On a
𝛽 √𝐿𝐶
donc la relation
391

𝑳𝑪 = 𝜺𝝁.
On vérifie facilement cette formule dans le cas d'une ligne bifilaire où:

et dans le cas d'une ligne coaxiale où:

5. Ondes stationnaires sur les lignes


Nous avons montré que sur une ligne il existe deux ondes se propageant en
sens inverses. La connaissance de la tension à l'extrémité où se trouve la source
ne nous donne que la somme des amplitudes de deux ondes 𝓋 = 𝓋(+) , 𝓋(−) ,.
Pour déterminer complètement le problème, nous avons vu que l'on a une
autre relation entre 𝓋(+) 𝑒𝑡 𝓋(−) en exprimant ce qui se passe à l'autre bout de
la ligne.
La tension et le courant à l'extrémité de la ligne sont donnés par:

Si la ligne est fermée sur son impédance caractéristique 𝓋𝑙 = 𝓏𝑐 . 𝒥𝑙 alors 𝑉(+) =


0.
Les équations de la ligne deviennent:

On a une seule onde qui se propage en s'affaiblissant. Cette onde est dite
progressive.
392

𝓋𝑙
Si la ligne n'est pas fermée sur son impédance caractéristique ( = 𝓏𝑙 ≠ 𝓏𝑐 ) il
𝒥𝑙
y a deux ondes qui se propagent en sens inverses en s'affaiblissant. On peut
encore dire que l'onde incidente qui se propage dans le sens des g positifs se
réfléchit à l'extrémité de la ligne.
Prenons le cas d'une ligne sans perte à circuit ouvert à son extrémité.
La condition 𝓏𝑙 = ∞ entraîne 𝒥𝑙 = 0. Les équations

donnent

d’où

où :

On voit qu'il existe des ventres et des noeuds3 les ventres de tension
correspondant aux nœuds de courant. On a des ondes stationnaires.
Si maintenant la ligne est en court-circuit à son extrémité:
393

𝓏𝑙 = ∞ 𝑒𝑡 𝓋𝑙 = 0.
On a alors:

ou

On a encore des ondes stationnaires mais avec un nœud de tension au lieu d'un
ventre à l'extrémité de la ligne. En dehors de ces cas extrêmes où on a une
réflexion totale, on peut voir facilement que sur la ligne on peut considérer que
l'on a la superposition d'une onde stationnaire et d'une onde progressive. Il
suffit pour cela de décomposer l'onde incidente en deux ondes: une onde
d'amplitude égale à l'onde réfléchie qui donne avec celle-ci une onde
stationnaire et une onde progressive. Ces résultats peuvent être facilement
généralisés à une ligne avec pertes en considérant toutefois que les ondes se
propagent en s'affaiblissant.
IX.6. ÉNERGIE RAYONNÉE
1. Vecteur de Poynting
La puissance qui traverse la section d'une ligne est 𝑝 = 𝑢. 𝑖. Au point de vue
dimensions [𝑈] = [𝐸]𝑋[𝐿] et [𝐼] = [𝐻]𝑋[𝐿], d'où [𝑃] = [𝐸]. [𝐻]. [𝐿]2 . La
puissance apparaît comme le flux d'un vecteur proportionnel aux champs
électrique et magnétique.
Pour appliquer la notion de puissance à une onde électromagnétique, nous
allons définir le vecteur de Poynting 𝑅 = 𝐸⃗⃗Ʌ 𝐻
⃗⃗ | qui a la direction de
propagation et est proportionnel à E et à H.
394

Calculons le flux sortant de ce vecteur à travers une surface fermée S limitant


un volume 𝜏.
On a

Des équations de Maxwell


on déduit:

On peut démontrer que les expressions que nous avons trouvées dans les cas
des états stationnaires pour l'énergie électrique et l'énergie magnétique
restent valables dans le cas des régimes quelconques.
𝜀𝐸 2 +𝜇𝐻 2
𝑊= représente la densité d'énergie électromagnétique
2
emmagasinée.
𝜕𝑊𝐽
L'expression 𝑗⃗𝐸⃗⃗ = 𝛾𝐸 2 représente la puissance dépensée en chaleur, par
𝜕𝜏
effet Joule dans l'unité de volume.
On a

Cette expression signifie que la somme des puissances emmagasinées sous


forme électrostatique et sous forme magnétique et de la puissance dépensée
en effet Joule dans le volume 𝜏 est égale au flux entrant du vecteur de Poynting
à travers la surface qui limite ce volume.
395

L'application du principe de la conservation de l'énergie montre que le flux du


vecteur de Poynting représente la puissance rayonnée qui traverse une surface.

2. Vecteur de Poynting complexe


Considérons maintenant un régime sinusoïdal et introduisons, au lieu des
vecteurs 𝐸⃗⃗ = 𝐸⃗⃗0 cos 𝜔𝑡 et 𝐻 ⃗⃗0 cos 𝜔𝑡 𝑒𝑡 , les vecteurs complexes ⃗𝔗
⃗⃗ = 𝐻 ⃗⃗ =
⃗⃗ = 𝐻
𝐸⃗⃗0 𝑒 𝑗𝜔𝑡 et 𝒰 ⃗⃗0 𝑒 𝑗𝜔𝑡 (les composantes des vecteurs 𝐸⃗⃗ et 𝐻 ⃗⃗ sont les parties
réelles des composantes des vecteurs 𝔗 ⃗⃗⃗ et 𝜇⃗).

Il est facile de voir que l'on peut écrire les équations de Maxwell en notation
complexe:

On en déduit

Introduisons le vecteur de Poynting complexe:

L'intégration de la formule précédente donne:

L'intégrale du premier membre représente le flux entrant du vecteur


⃗⃗ (∬ ℛ
ℛ ⃗⃗⃗⃗⃗) représente le flux sortant d'après le théorème de Green). La
⃗⃗ 𝑑𝑠
première intégrale du deuxième membre, compte tenu que
𝛾𝐸 2
𝒥⃗∗ = 𝛾𝜀⃗∗ , est réelle et vaut ∭ 0 𝑑𝜏 = ∭ 𝛾𝐸𝑒𝑓𝑓
2
𝑑𝜏.
2
396

Elle représente la puissance moyenne dépensée en effet Joule.


𝜇𝒰𝒰∗ 𝜇𝐸02 𝔗𝔗 𝜀𝐸02
Les quantités = et 𝜀 = représentent les énergies magnétique et
2 2 2 2
𝜇𝐸02
électrique maximales localisées. Ces énergies variant entre 0 et et entre 0
2
𝜀𝐸02 𝜇𝒰𝒰∗ 𝜇𝔗𝔗∗
et , les quantités et représentent les valeurs moyennes des
2 4 4
énergies magnétique et électrique localisées par unité de volume. On obtient la
proposition suivante:
Le flux entrant du vecteur de Poynting à travers la surface fermée qui limite le
volume 𝜏 a pour partie réelle la puissance moyenne dépensée par effet Joule
dans le volume 𝜏 et pour partie imaginaire le produit par 2co de la différence
entre l'énergie magnétique moyenne et l'énergie électrique moyenne
emmagasinées dans le volume 𝜏.
Ce résultat est à rapprocher de celui trouvé pour la puissance réactive mise en
œuvre, dans un circuit (ch. IX p. 348).
IX.7. LE RAYONNEMENT DES ANTENNES
1. Expérience de Hertz
Pour vérifier les théories de Maxwell, Hertz entreprit en 1888 de produire des
ondes électromagnétiques. Il réalisa à cet effet un oscillateur dont la partie
essentielle était constituée par deux sphères 𝐴 et 𝐴′ prolongées par deux tiges
que terminaient deux sphères plus petites B et 𝐵′. Une source de tension
constituée par une machine électrostatique ou une bobine d'induction était
reliée aux bornes B et 𝐵′.
Etudions le fonctionnement de l'appareil.
Les sphères A et 𝐴′ (avec leurs tiges et leurs petites sphères B et 𝐵′) forment les
armatures d'un condensateur qui se charge.
397

Figure 292
Lorsque la tension entre B et 𝐵′ est suffisante, une étincelle éclate et le
condensateur se décharge à travers l'arc qui rend conducteur l'espace entre B
et 𝐵′. Les deux tiges présentant comme tout conducteur un coefficient
d'inductance propre, on a la décharge d'un condensateur dans le circuit formé
par résistance, inductance et capacité en série. La résistance étant faible, on a
une décharge oscillatoire amortie avec une pseudo-fréquence de l'ordre de 5-
108 Hz. Par suite de la fréquence élevée des courants, l'impédance des fils
d'alimentation (schématisés par les inductances L) est considérable et la source
ne joue aucun rôle durant la décharge. Au cours du phénomène oscillatoire, de
l'énergie est dissipée en rayonnement et en chaleur dans les conducteurs. Il en
résulte que les oscillations s'amortissent assez rapidement et l'espace BB' cesse
d'être conducteur. Le condensateur se recharge alors; la tension continue entre
les éclateurs, remonte progressivement jusqu'au moment où un nouveau train
d'ondes est émis, et ainsi de suite.
Au point de vue du fonctionnement, on pourrait remplacer l'oscillateur de
Hertz par le montage schématisé ci-contre, mais un tel montage rayonnerait
peu car le champ électrique ne serait intense qu'entre les armatures du
condensateur. Au contraire, avec un circuit ouvert comme celui de Hertz, le
courant de conduction qui ' circule dans le fil se ferme à travers l'espace par
des courants de déplacement.

Figure 293
Le champ électrique n'est pas étroitement localisé au voisinage du circuit et le
rayonnement est important.
398

2. Champ électromagnétique produit par un doublet


L'oscillateur de Hertz constitue un doublet car les charges opposées +𝑄 et −𝑄
sont localisées pratiquement sur les sphères A et 𝐴′. Ces charges varient en
fonction du temps, les tiges qui terminent les sphères étant parcourues par un
courant.
Pour avoir un régime sinusoïdal au lieu d'un régime amorti, on peut alimenter
le doublet par une source de courant alternatif sinusoïdal. C'est ce que nous
supposerons, dans ce qui suit. Nous utiliserons dans ces conditions les
notations complexes.

Figure 294
Le courant est 𝒥 = 𝐼𝑒 𝑗𝜔𝑡 (en valeur instantanée 𝑖 = 𝐼 cos 𝜔𝑡).
Le potentiel vecteur retardé a pour expression au point courant M:

1
𝑐 étant la vitesse de propagation des ondes planes dans le milieu qui
√𝜀𝜇
entoure le doublet.
Le potentiel scalaire retardé peut être calculé par la relation de Lorentz
1
𝑑𝑖𝑣𝒜⃗ + 2 𝑗𝜔𝓋 = 0
𝑐

𝒜⃗ étant parallèle à 𝑂ƺ, on a:


399

𝑟
𝜇𝑙
𝒜𝑥 = 0, 𝒜𝑦 = 0, 𝒜ƺ = 𝒥𝑒 −𝑗𝜔𝑐
4𝜋𝑟
𝜕𝒜 𝜕𝒜 𝜕𝑟 𝜕𝒜
et div 𝒜⃗se réduit à = = cos 𝜑,
𝜕ƺ 𝜕𝑟 𝜕ƺ 𝜕𝑟

L'expression du potentiel s'écrit:

En revenant aux valeurs instantanées, on a

On calcule les composantes des champs en coordonnées sphériques en


utilisant les formules:

2𝜋𝑐
On trouve en introduisant la longueur d'onde 𝜆 = :
𝜔
400

Si 𝑟 est beaucoup plus petit que 𝜆, les expressions du champ se réduisent


pratiquement à:

𝑑𝑞 𝒥
La relation 𝑖 = ou en notations complexes 𝒬 = donne pour le champ
𝑑𝑡 𝑗𝜔
électrique:

En revenant aux valeurs instantanées, en prenant la partie réelle des quantités


complexes:

On retrouve les formules des régimes permanents (doublet en électrostatique,


champ magnétique d'un élément de courant). On remarque
𝜋 𝜋
que les champs sont déphasés de (𝒬 et 𝒥 déphasés de ).
2 2

Au contraire, si 𝑟 est beaucoup plus grand que λ, en négligeant les termes


𝑟 𝑟2
constants et les termes en devant les termes en , on a
𝜆 𝜆2
401

ou en revenant aux valeurs instantanées

On voit qu'à grande distance de la source on retrouve la structure de l'onde


plane. 𝐸⃗⃗ et 𝐻
⃗⃗ sont perpendiculaires à la direction de propagation OM et
⃗⃗, ⃗⃗⃗⃗⃗⃗⃗
perpendiculaires entre eux; le trièdre 𝐸⃗⃗ , 𝐻 𝑂𝑀 est direct.

𝐸𝜑 1 𝐸𝜑 𝜇
Les champs sont en phase et le rapport des amplitudes est = ou =√ .
𝐻𝜃 𝜀𝑐 𝐻𝜃 𝜀
En explicitant 𝜀 et c:

3. Puissance rayonnée par un doublet


Pour calculer la puissance rayonnée par un doublet, nous allons calculer le flux
du vecteur de Poynting à travers une sphère de grand rayon.
Le vecteur de Poynting complexe est radial et a pour expression:
402

ou

Le flux à travers la sphère de centre 𝑂 et de rayon r est

ou finalement

La résistance qui, parcourue par le courant 𝐼𝑒𝑓𝑓 , dissiperait la même puissance


𝑙 2
aurait pour valeur 𝑅 = 80𝜋 2 ( ) . On l'appelle la résistance de rayonnement
𝜆
du doublet.
En faisant intervenir le champ électrique dans le plan médiateur du doublet
(𝜑 = 0):
𝒍 𝟏
𝑬𝒎𝒂𝒙 = 𝟔𝟎𝝅𝑰𝒎𝒂𝒙 .
𝝀 𝒓
𝑙
et en éliminant 𝐼𝑒𝑓𝑓 entre cette expression et celle de la puissance rayonnée,
𝜆
on a

𝑣𝑜𝑙𝑡𝑚𝑎𝑥
Pour obtenir à 30 km un champ de 10−3 , il faut dépenser une puissance
𝑚
de 10 W.
4. Champ électromagnétique produit par une antenne filiforme
Les antennes sont constituées par des conducteurs parcourus par des courants
variables et qui produisent un champ électromagnétique.
403

Pour étudier le champ produit par une antenne filiforme on la décompose en


doublets.

Figure 295
Un élément 𝑑ƺ à la hauteur ƺ produit un champ élémentaire déterminé par le
cornant 𝒥(ƺ) qui parcourt l'élément. Il faut tenir évidemment compte de la
différence de phase des champs des divers éléments due à la différence de
marche 𝑂𝑃 = ƺ 𝑐𝑜𝑠 𝜑.
On aura

Traitons comme exemple le cas d'une antenne demi-onde analogue à celle


utilisée dans les liaisons radio haute fréquence ou en télévision.

Figure 296
Une telle antenne est alimentée par une source placée comme il est indiqué
𝜆
sur la figure. Chacun des brins a une longueur égale à .
4

En traitant l'antenne comme une ligne unifilaire c'est-à-dire comme une ligne à
influence totale dont le conducteur extérieur est rejeté à l'infini, on voit que,
par suite de l'existence d'ondes stationnaires, on a au centre un ventre de
courant et aux extrémités un nœud de courant.
404

2𝜋ƺ
Autrement dit le courant peut être représenté par 𝑖 = 𝑖0 cos avec ƺ compris
𝜆
𝜆 𝜆
entre − et + :
4 4

Par raison de symétrie, la partie imaginaire de l'intégrale est nulle et il vient:

ou en revenant aux valeurs instantanées

ou

Par exemple, un courant I0 de 1 ampère efficace au centre de l'antenne produit


à 1 km dans un plan perpendiculaire à l'antenne un champ électrique 𝐸𝑒𝑓𝑓 =
60𝐼𝑒𝑓𝑓
, soit 60 millivolts par metre.
𝑟
405

Supplément cours
Equations de Maxwell
Les équations de Maxwell sont l’expression la plus générale des lois de l’électromagnétisme
classique et peuvent à ce titre être considérées comme les postulats de base de cette
théorie.
Elles on

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