Auto-empathie-Philippe-Beck
Auto-empathie-Philippe-Beck
Auto-empathie-Philippe-Beck
Auto-empathie
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Du même auteur, aux éditions Jouvence
Éduquer sans punition, 2013
Conclusion
Notes
Bibliographie commentée
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À Marshall B. Rosenberg, fondateur de la Communication
NonViolente®, décédé pratiquement le jour même où je décidais
d’écrire ce livre.
À Laurence, mon épouse, première lectrice de mon manuscrit.
À Chantal et à Fernand, mes vieux complices et associés, dont les
remarques pertinentes m’ont permis d’apporter quelques
corrections, précisions et approfondissements.
Aux centaines de personnes que j’ai eu la joie et l’honneur
d’entraîner à la Communication NonViolente®, pour elle-même ou
dans le cadre de formations à la négociation, à la médiation ou à la
résolution non-violente des conflits.
Avec toute ma reconnaissance.
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Introduction
« Dites, vous ne m’avez toujours pas fourni la liste d’entreprises que je vous ai
demandée il y a deux semaines ! Et la lettre que vous avez écrite à Dupilon S.A.,
c’est n’importe quoi, il y manque la moitié des choses que nous avions décidé
d’écrire. Et puis je me demande quand vous vous déciderez à faire avancer votre
travail, votre bac d’entrée déborde… J’en ai plus que marre, si vous ne changez
pas de manière de faire, je vais demander à ne plus devoir subir votre
collaboration déficiente ! »
Que de reproches…
Théoriquement, une communication bien menée vous donne deux
choix : écouter votre collègue ou lui répondre. Et une méthode telle que la
Communication NonViolente® – que désormais je désignerai simplement
par les initiales CNV – vous donne un précieux modèle pour le faire au
mieux.
SAUF QUE…
… Sauf que vous n’êtes peut-être pas en mesure d’écouter comme il
faut cette avalanche de reproches, proférés sur un ton agressif, voire
menaçant : vos émotions vous en empêchent, tourbillonnant en vous et
vous faisant entendre des messages tels que « ce n’est pas juste », « oh,
c’est affreux » ou « pour qui se prend-il ? ». selon la véracité des faits
reprochés et, sans doute, votre qualité d’estime et d’affirmation de vous-
même.
… Sauf que répondre, pour vous justifier ou même pour simplement
demander à M. Brun d’utiliser un ton moins agressif, n’est pas davantage
pertinent : là, ce sont les émotions de M. Brun qui l’empêcheront fort
probablement de vous entendre.
Résumons
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2.
« Vous attendiez que je vous fournisse plus vite cette liste d’entreprises ; vous
voyez de graves manques dans ma lettre à Dupilon S.A. ; et vous en déduisez que
je travaille mal et trop lentement (observation) ;
du coup vous êtes très remonté contre moi (sentiment), parce que vous avez
besoin de collaborateurs efficaces, rapides, consciencieux (besoins) ;
et vous me demandez d’améliorer sans délai la qualité de mon travail
(demande). »
Voilà quatre besoins qu’il était bon que j’identifie en moi : besoins de
qualité dans mon travail, de justice, de relations professionnelles
paisibles et de préservation de mon statut.
Plus immédiatement, je vais peut-être découvrir en moi un besoin de
me calmer (pour retrouver ma pleine capacité de raisonnement), un
besoin de faire le point, un besoin de feed-back d’autres personnes…5
Reste la quatrième étape. Et ici un changement de terminologie
s’impose : difficile de parler de « demande » à l’égard de soi-même !
J’ai choisi le terme de « projet ». En effet, il s’agit là de se projeter dans
l’avenir, proche de préférence : qu’est-ce que je souhaite faire ? Qu’est-ce
qui est réaliste et qui me ferait du bien ?
« Ferait du bien » : concrètement, il s’agit de trouver un acte, ou une
attitude, apte à faire un pas vers la satisfaction d’un de mes besoins les plus
immédiats.
Un projet n’est pas une envie, un souhait ou un fantasme. « J’ai envie de
l’assommer » n’est pas un projet (enfin… espérons que non !). Un projet,
c’est une sorte de contrat tacite avec soi-même.
Voici quelques exemples de projets que je pourrais émettre :
– Je vais garder la langue dans ma poche, le temps de vérifier si j’ai bien compris
ce que M. Brun me dit, avant de lui répondre.
– Je vais d’abord lui dire que je n’accepte pas son ton à mon égard, puis lui
annoncer que je lui répondrai sur le fond quand ma colère sera retombée.
– Je vais juste prendre acte de ses reproches, puis demander un entretien à notre
chef commun, afin de savoir comment il juge, lui, mon travail.
– Je vais demander à Enzo, mon autre collègue avec qui je m’entends bien mieux,
ce qu’il pense de ces reproches.
Aucun de ces projets n’est meilleur ou pire qu’un autre. Cela dépend
de mon besoin dominant du moment. Et le meilleur moyen de vérifier si
mon projet est bon pour moi, c’est d’être, ici encore, très à l’écoute de
moi-même : est-ce que l’avoir formulé me fait sentir un léger
soulagement ? Si oui, le projet est bon. Si c’est non, peut-être gagnerais-
je à en chercher un autre.
Une amie me remercie d’avoir pensé à son anniversaire en lui envoyant une
jolie carte. Qu’est-ce que cela touche en moi ?
Lorsque Mireille me remercie ainsi… (observation – pas besoin d’être plus précis
puisque c’est « entre moi et moi » !)
… je me sens joyeux qu’elle ait apprécié mon geste… (sentiment)
… parce que je sais combien il m’est difficile de me souvenir des dates
d’anniversaire et que c’est important pour moi qu’on me confirme que cela peut
faire plaisir… (besoin)
… et je vais répondre à Mireille combien ses remerciements me touchent, et pour
quelle raison (projet).
Exercice 16
Exercice 2
A vérifier :
• L’observation est-elle à 100 % pure de critique, de jugement, d’évaluation –
que ce soit à votre égard ou à celui d’autrui ?
• Le ou les sentiments sont-ils de vrais sentiments ? (Cf. chapitre « Pourquoi est-
il important d’écouter et de nommer nos sentiments ? »)
• Le ou les besoins ou valeurs sont-ils vraiment les causes profondes de vos
sentiments ?
Exercice 3
Même chose que l’exercice 2, mais à partir d’un contact, d’une conversation
qui vous ont laissé un mauvais souvenir ces tout derniers jours.
Vérification supplémentaire :
• La réalisation du projet permettrait-elle de satisfaire, même partiellement, au
moins un de vos projets ? Vous sentez-vous un petit peu mieux de l’avoir
formulé ?
TÉMOIGNAGE :
Ayant grandi, si je peux dire, « loin de mon corps » et de mes émotions, il m’a été
bien difficile d’apprivoiser ces pratiques dont mes lectures m’avaient montré
l’intérêt. Je ne peux pas dire que je sois parvenu à la sagesse dont je parle ci-
dessus – tant s’en faut ! Cependant, j’ai développé la capacité de me relier à moi-
même beaucoup plus souvent que je ne le faisais durant les quarante premières
années de ma vie…
Voici comment j’ai procédé : ayant la chance de travailler, à cette époque, à deux
dans un bureau, et ma collègue étant joyeusement complice de l’expérience, j’ai
bloqué un minuteur de cuisine sur trente minutes.
Toutes les demi-heures donc, le minuteur sonnait. L’enjeu était alors de tout
lâcher séance tenante pour me demander : « Comment je vais ? » et, petit à
petit, apprendre à faire des réponses de plus en plus précises et rapides à cette
question.
Il arrivait que la réponse me vienne, immédiate et sincère : « Bien ! » Pas de
problème donc, je prenais simplement quelques secondes pour… jouir de cette
excellente nouvelle, avant de presser à nouveau le bouton « start » de mon
minuteur.
Mais il arrivait aussi que j’identifie un stress, c’est-à-dire une tension. Celle-ci
pouvait être liée à un simple ressenti physiologique : fatigue due à une station
trop prolongée devant un écran d’ordinateur, par exemple. Je prenais alors
quelques secondes pour bouger, m’étirer, aller respirer un grand coup à la
fenêtre, voire échanger quelques menus propos avec ma collègue…
Il arrivait aussi que j’identifie un gros agacement. Par exemple, parce que j’étais
en train de m’efforcer de terminer plusieurs tâches avant la fin de la journée, et
que cela s’avérait de plus en plus impossible. Que faire alors ? Une idée
(« projet ») : mettre des priorités. Si nécessaire, téléphoner aux bénéficiaires de
ces différentes tâches pour vérifier s’ils pouvaient attendre et jusqu’à quand. Et
ne me remettre à la tâche qu’une fois un grand « ouf » intérieur ressenti devant
ce qui désormais devenait à nouveau possible sans stress – sans oublier de
presser sur « start » ! Honnêtement, je ne sais plus combien de semaines ou de
mois j’ai fait patiemment cette expérience, tout au long de chacune de mes
journées de travail (je lâchais prise le reste du temps, il faut savoir raison
garder !). Ce dont je me souviens, c’est qu’un jour j’ai réalisé que je n’avais plus
besoin du minuteur de cuisine : l’impulsion de me demander comment j’allais me
venait automatiquement, plus souvent même que toutes les 30 minutes.
Aujourd’hui, je crois être souvent conscient de moi-même. Dans tous ces
moments-là, comme par hasard je suis « bon compagnon », on me dit
empathique et chaleureux. Hélas, il m’arrive de m’emballer pour la tâche, la
« fonction de production » comme on dit en management… Dans ces moments-
là, je me laisse ronger, puis dévorer par le stress ; de ce fait, je m’oublie d’abord
moi-même… et immanquablement, dans la foulée, j’oublie les autres. J’entends
par là : j’oublie de me et de les traiter avec respect, avec empathie, c’est-à-dire
avec le souci constant des « liens de vie » qui me relient à moi-même ainsi qu’à
chacun d’eux. Le risque est alors grand que je devienne désagréable, exigeant,
cassant, critique, voire tyrannique…
Dans cent ans, je parviendrai à rester en auto-empathie constante, c’est sûr ! En
attendant… je compte sur la patience et l’humour de mes proches pour me
tolérer tel que je suis… et me remettre à ma place quand j’abuse de leur
patience !
Résumons
L’auto-empathie passe par les 4 étapes de la CNV : à l’observation sans
critique succède le repérage de nos émotions et sentiments, puis celui des
besoins et valeurs qui les provoquent, avant d’émettre un « projet » visant à
avancer d’un pas vers la satisfaction d’au moins un de ces besoins ou une de
ces valeurs.
Pour que l’auto-empathie devienne une attitude, un art de vivre en lien avec
nous-même, il convient de l’exercer au quotidien. Surtout n’attendez pas les
conflits pour vous y mettre !
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3.
Les émotions
Une émotion est un phénomène biologique, physiologique, largement
inconscient.
C’est une quantité et une qualité d’énergie qui « sort » de nous
(étymologie : é-motion = mouvement vers l’extérieur).
Cette émotion provient de quelque chose en nous qui a été touché.
Regardez le schéma page suivante :
1) Stimulus Un événement extérieur à moi se produit : quelqu’un crie,
une porte claque, le temps se gâte…
Le stimulus « entre en moi » par mes organes des sens : je
2) Perception
vois, j’entends…
Les signaux ainsi perçus sont analysés par mon cerveau en
fonction de qui je suis : par exemple, mon humeur du
moment, mes besoins, mes valeurs et mes croyances, plus
3) Moi
profondément ma vision du monde, encore plus
profondément ma culture et tout ce qu’elle imprime en moi
(organisation du temps et de l’espace, etc.).
Mon être réagit vers l’extérieur par une émotion (parfois
plusieurs) : je me mets en colère, j’ai peur, je suis
4) Émotion
amusé… Ou alors, un blocage m’interdit toute émotion :
c’est la « mutité émotionnelle ».
• 1° Mon émotion change ma biologie ; source d’énergie,
elle me prépare au combat, à la fuite, au partage
amical…
• 2° Mon émotion change ma physionomie : mon visage,
mon corps en portent la marque.
• Si le stimulus provient d’une personne, il est fort possible
5) Rétroaction ? qu’elle capte ce changement et modifie déjà son
comportement : il y aura donc eu rétroaction, feedback.
• 3° Si cela ne suffit pas, mon émotion me pousse à
l’action : cette fois c’est sûr, il y a rétroaction.
• Mais si je suis en « mutité émotionnelle », il est probable
que je resterai sans réaction, sans rétroaction sur le
stimulus.
Les sentiments
Les sentiments sont des émotions devenues conscientes7. Du coup, ces
émotions se trouvent souvent mêlées de pensées ; elles peuvent aussi se
mélanger entre elles.
La CNV met en garde contre des termes tels que « bête », « nul »,
« dominé », « piégé », « incompris » ou « pas entendu », qu’on utilise
hélas souvent, mais à tort, pour ce qu’on croit être des sentiments.
« Bête » et « nul » sont des jugements sur nous-même ou sur autrui. Le
vrai sentiment est sans doute la honte dans le premier cas, la colère – ou
du moins l’agacement – dans le second.
« Dominé » et « piégé », étant des participes passés de verbes d’action,
semblent accuser l’interlocuteur de l’action correspondante. « Mais non »
répondra celui-ci si on emploie ces termes, « je ne cherche pas à te
dominer », « je ne te piège pas du tout ».
« Inadéquat » et « pas entendu », et généralement tous les termes
grammaticalement négatifs (« pas… » ou préfixe « in– »), sont
particulièrement intéressants : en effet, ils ne disent pas grand-chose de
nos sentiments, mais révèlent par contre très bien les besoins qui causent
ces derniers. « Je me sens incompris » signifie que j’éprouve un besoin de
compréhension. « Pas entendu », le besoin d’être entendu.
Les besoins
Nos besoins, ce sont les « briques » nécessaires à notre survie et à
notre « bien vivre ». Tout le monde a les mêmes besoins, et d’ailleurs
nous en partageons une bonne partie avec les animaux – du moins avec
les animaux dits « supérieurs » : besoins physiologiques, besoin de
sécurité, besoin d’appartenance et de lien… Plus proprement humains
peut-être sont le besoin de sens et de réalisation et le besoin de
spiritualité, de « lien avec ce qui nous dépasse » (voir le chapitre
« Pourquoi est-il important d’identifier nos besoins ? » pour plus de
détails).
S’ils sont identiques en chaque être humain, par contre nos besoins se
déclinent en une infinité de modalités de satisfaction en fonction de notre
culture, de notre génération, de notre « genre », homme ou femme,
souvent même de notre famille…
Les valeurs
Nos valeurs, ce sont les choses, généralement abstraites, auxquelles
nous accordons une grande importance, telles des guides pour la vie.
Nous mettons volontiers – au moins mentalement – une majuscule aux
mots auxquels elles se rapportent.
Pour les uns, ce sera Honneur et Patrie. Pour d’autres, Liberté et
Indépendance. Pour d’autres encore, Succès et Argent (encore que ce
dernier soit plutôt un moyen d’atteindre le succès)…
Tout comme les besoins, les valeurs peuvent prendre une foule de
modalités différentes, souvent assimilables à des normes : normes
sociales, familiales, etc.
Tel parent juge très importante la bonne éducation de ses enfants, et exige
une obéissance stricte, voire une soumission silencieuse ; alors qu’un autre
parent partage cette valeur mais l’envisage comme l’encouragement à
l’exploration, à l’autonomie, à l’indépendance. Bien des jeunes parlent
volontiers de « Respect », qui semble consister à leurs yeux en une absolue
interdiction de les défier en quoi que ce soit – même un simple regard
pouvant être de trop ; alors que d’autres personnes, souvent plus âgées,
voient dans le Respect un concept réciproque lié à une relation courtoise… À
la différence de nos besoins, nos valeurs nous affectent même lorsque nous ne
sommes pas directement concernés.
Ma valeur Justice sera mise en souffrance autant lorsque je vois une
personne en maltraiter une autre que lorsque ce mauvais traitement est
dirigé contre moi.
Une personne pour qui la Vie est une valeur importante se montrera souvent
indignée par des propos « pro-avortement », même si personne ne lui
demande d’avorter…
Remarquons encore qu’un même terme peut désigner un besoin ET une
valeur : question de point de vue. S’il s’agit de notre propre vie, c’est un
besoin. De la vie d’autrui, c’est une valeur.
Un automobiliste roulant à 100 km/h en ville met d’abord en danger sa
propre sécurité (besoin) mais également la sécurité publique, signe qu’il
donne peu d’importance à la valeur Sécurité.
Entendre des gags sur les « blondes » risque fort de blesser mon besoin
d’estime, si je suis blonde. Si je suis brune, cela peut blesser ma valeur
Estime (ou Respect) – mais non mon besoin d’estime, puisque je ne suis
nullement la cible du propos malséant.
La culpabilité
Résumons
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4.
Exercice 1
Vous le constatez : une fois les mots justes placés sur nos besoins, ce
sont trois, cinq, dix « chemins » qui s’offrent à nous. Il n’y a plus qu’à
choisir…
Il existe des dizaines de listes de besoins. On en trouve de tout genre sur Internet
et dans la littérature, certaines comportant une centaine de termes. Je me borne
ici à en rappeler quelques-uns parmi les essentiels, répartis selon les catégories
identifiées par Abraham Maslow (cf. « Bon à savoir » p.40).
Besoins physiologiques : se nourrir, respirer, dormir, chaleur, sexe,
propreté corporelle…
Besoins de sécurité : absence de menace, environnement sûr et stable,
moyens de subsistance (dans notre société : argent), intégration sociale,
santé, capacité d’influence sur ce qui nous entoure…
Besoins d’appartenance et de lien : relations – à deux et en groupe –,
échanges, complicité, jeu, amitié, amour…
Besoins d’estime : attention, écoute, reconnaissance, dignité, indépendance
et autonomie suffisantes…
Besoins de réalisation de soi, besoins spirituels : exploration, croissance
et développement personnels, quête du beau, appropriation et mise en
œuvre de valeurs, lien avec « ce qui nous dépasse »…
Bon à savoir
Abraham Maslow, célèbre psychologue américain (1908-1970), prétend que
les besoins humains sont organisés selon une pyramide, et que les besoins
d’un « étage » de celle-ci doivent impérativement être satisfaits avant qu’on
ne puisse songer à nourrir ceux de l’ « étage » au-dessus.
Les « étages » sont – du bas vers le haut – ceux de la liste ci-dessus.
A. Maslow voit en cette pyramide le fondement même de nos motivations :
il conviendrait en effet, si cette vision est correcte, de constamment œuvrer
à consolider un « étage », afin de pouvoir accéder au suivant – de même
qu’il faut conclure un niveau d’un jeu vidéo pour avoir accès au niveau
supérieur.
Si le « découpage » de A. Maslow est indéniablement utile – bien que
d’autres peuvent être tout aussi pertinents –, par contre il faut absolument
abandonner cette représentation de « pyramide », qui engendre une vision
déformée de nos besoins.
On peut penser que la pyramide de A. Maslow est « typiquement nord-
américaine », ou « occidentale ». Peut-être. Plus fondamentalement, et quelle
que soit la culture humaine, il faut bien reconnaître que :
• Si le besoin de sécurité précédait toujours ceux « de niveau supérieur », alors
aucun peuple n’aurait jamais consenti à faire la guerre au nom de valeurs
telles que liberté, honneur, patrie, etc., qui appartiennent au « plus haut
niveau » selon A. Maslow.
• Si les besoins physiologiques précédaient forcément tous les autres, alors
aucune mère, aucun père n’accepterait de s’occuper d’un bébé qui pleure et
les force à se lever plusieurs fois par nuit.
On pourrait multiplier les exemples contredisant ce concept de pyramide.
Il vous est sûrement arrivé d’être si fatigué par vos activités professionnelles
et vos mille tâches privées et familiales (quête des besoins d’excitation) que
vous ne rêviez que d’une chose une fois en week-end ou en vacances : ne
plus rien faire, ne plus bouger, vous allonger et rester simplement là…
Et voilà, vous y êtes, installé dans un transat avec un verre de soda à la
main, dans un endroit agréable… Mais après quelques heures de dolce
farniente, que se passe-t-il immanquablement ? Une féroce envie de bouger,
de vous dégourdir les jambes, d’aller examiner les alentours, ou alors de
passer un coup de fil, de prendre un bouquin, d’aller grignoter quelque
chose… s’empare de vous.
La boucle est bouclée, vos besoins d’excitation ont repris le dessus en même
temps que votre organisme s’estimait reposé, ressourcé !
Exercice 2
Pensez à la dernière situation où vous vous êtes senti(e) « pas vraiment
tranquille » : un peu de stress, d’agacement, de tristesse, d’inquiétude…
Efforcez-vous d’identifier précisément quel était le besoin que ce sentiment
manifestait.
Quand vous y serez parvenu(e), rappelez-vous ce que vous avez fait dans les
minutes qui ont suivi. Demandez-vous si cette action était de nature à vous
rapprocher, au moins un peu, de la satisfaction de votre besoin.
Résumons
S’il importe de choisir des mots précis pour désigner nos besoins, c’est que
cela nous encourage à passer à l’action, à inventer des stratégies pour les
satisfaire plutôt que de rester dans la plainte.
Nos besoins ne constituent en aucun cas une « pyramide ». Par contre, on
peut les répartir en besoins d’apaisement et besoins d’excitation.
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5.
Exercice 1
Exercice 2
Exercice 2 (suite)
1) « Je n’apprécie ni votre ton ni vos reproches, car j’ai la conviction de bien faire
mon travail et je veux que vous vous souveniez que, n’étant pas mon chef, vous
n’avez pas à m’eng… de la sorte. »
2) « Je suis très inquiet, déboussolé même, d’entendre vos reproches, car j’ai la
conviction de bien faire mon travail. Et puis je suis vraiment fâché que vous me
parliez sur ce ton, et je veux que vous vous souveniez que, n’étant pas mon
chef, vous n’avez pas à m’eng… de la sorte. »
Relisez lentement ces deux phrases, en laissant un temps de silence entre les
deux, en vous imaginant dans la peau de M. Brun. Que pensez-vous qu’il
éprouverait en entendant la première ? La deuxième ?
Résumons
Écouter attentivement nos émotions et sentiments constitue doublement un
atout.
• D’une part, cela nous permet d’en prendre soin aussitôt qu’ils émergent, et
de « drainer » un éventuel surplus qui menacerait de nous faire « perdre la
raison ».
• D’autre part, à condition de les nommer précisément, cela nous aide à
identifier nos besoins et nos valeurs touchés dans la situation ; pour nous
d’abord, et pour les communiquer aux personnes concernées ensuite, si tel
est notre projet.
La prise en compte des perceptions du corps peut nous permettre de
dépasser une « panne de vocabulaire émotionnel ».
Si nos besoins et nos valeurs constituent notre squelette, nos sentiments sont
la chair et le muscle qui habillent celui-ci.
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6.
Cyril et Aurélie sont en couple depuis deux ans. À l’amour fou des débuts a
succédé l’inévitable phase de « construction du couple », avec ses
désenchantements et ses compromis.
Ils viennent de dénicher le petit appartement qui leur permettra de vivre
ensemble, enfin. Un rêve… en train de se transformer en cauchemar : tout
semble aller de travers, de la façon d’Aurélie de jeter ses pulls « n’importe
où », qui exaspère Cyril, à sa manie à lui de fermer toutes les portes sur son
passage, compartimentant ainsi l’appartement « comme une prison », selon
Aurélie…
Alors que, tant que l’un venait passer nuits ou fins de semaine chez l’autre,
aucun ne trouvait rien à redire aux manières de faire de l’autre, soudain il
semble vital à chacun de faire respecter ses propres manières de faire,
d’organiser les lieux et le temps.
Peu à peu, Cyril note mentalement tous les faits et gestes qu’il reproche à
Aurélie. Du coup il est stupéfait de leur nombre, de leur fréquence (biais de
sélection). Lorsque le couple invite des amis, il n’est pas rare qu’un motif
quelconque entraîne des règlements de compte entre eux, chacun prenant
leurs amis à témoin de façon véhémente (polarisation).
Et lors des prises de bec, le ton monte de plus en plus dangereusement, les
répliques fusent, inutilement méchantes (modification de la conscience) ; pas
plus Cyril qu’Aurélie ne se souviennent alors de leur amour, de leur désir de
rester en couple (myopie mentale).
Bref, tous les deux semblent bien partis pour se brouiller, se déchirer, se
séparer finalement. Alors que, fondamentalement, seules de petites manies,
de menus défauts semblent la cause de toute cette fâcherie…
Exercice 1
Dialogue intérieur :
« Le bruit du saladier qui explosait (observation) m’a effrayée (sentiment). Le
geste maladroit de Cyril (observation… biaisée, « maladroit » étant une
interprétation) m’a agacée (sentiment) en ce qu’il me rappelait bien d’autres
gestes du même genre de sa part (observation) ; j’attache beaucoup d’importance
aux objets (valeur) et j’aime qu’on limite ses mouvements dans les espaces
restreints, de sorte à ne rien casser ni heurter (besoin de sécurité). En même
temps, je regrette profondément (sentiment) de m’être ainsi emportée contre la
personne dont je suis amoureuse (observation). Alors je veux d’abord m’excuser
pour ma remarque, puis lui expliquer ce que je viens de découvrir (projet). »
À ce monologue peut succéder le dialogue extérieur suivant, possible
uniquement parce que ce tout petit moment d’auto-empathie aura
suffisamment calmé les émotions de surprise, d’inquiétude et d’agacement
d’Aurélie pour lui permettre de reprendre un contrôle rationnel sur elle-
même :
– (Aurélie) Tu as raison, ce n’est pas grave. Excuse-moi, sous le coup de la
surprise je t’ai fait une remarque plutôt méchante, je m’en rends compte.
– (Cyril, encore fâché) En attendant tu le pensais, et une fois de plus tu me fais
des reproches…
– (Aurélie, persistant) Oui, c’est vrai, je suis souvent inquiète lorsque tu fais de
grands gestes dans l’appartement ; j’ai toujours peur que tu me heurtes ou que tu
casses quelque chose… et je n’ai pas tout à fait tort, admets-le, la preuve est en
morceaux à nos pieds ! (Là, si elle parvient à éclater d’un rire gentil et complice,
c’est le top du top !)
– (Cyril, à demi calmé) C’est vrai, déjà mes parents me disaient de « surveiller
mes gestes »… Mais quoi, c’est moi, et tu ne vas pas commencer à tenter de me
changer ?
– (Aurélie) Non, rassure-toi, je ne veux rien de ce genre ; mais maintenant que tu
sais que les grands gestes m’effraient un peu, surtout dans les endroits resserrés
où il y a des choses fragiles et des gens, peut-être pourras-tu être parfois plus
attentif, pour moi ?
Laissons-les là : leur dialogue peut se poursuivre sans risque, les charges
explosives sont écartées… Et qui sait, ces quelques répliques, leur sincérité,
la meilleure connaissance de l’autre et la compréhension réciproque qu’elles
ont permises, leur donneront peut-être envie de se parler plus souvent
comme cela, premier pas vers la restauration d’une belle et saine relation
entre eux ?
Dialogue intérieur :
« Je suis déjà irrité (sentiment) d’avoir cassé ce saladier, je sais bien que je
devrais éviter de gesticuler (observation là aussi un brin teintée de reproche, le
mot « gesticuler » étant quelque peu péjoratif), la remarque d’Aurélie n’a fait
que me culpabiliser davantage (sentiment) mais je suis confus (sentiment) de lui
avoir répondu si agressivement (observation). J’aurais voulu qu’elle me
manifeste plutôt une complicité, qu’elle me dise que ce n’est pas grave de casser
un saladier (besoin de lien), ça m’aurait calmé (besoin de calme). Je vais
tenter de lui expliquer ça, après m’être excusé (projet). »
Dialogue extérieur :
– (Cyril) Aurélie, je suis navré de t’avoir parlé sur ce ton. J’aimerais pouvoir
effacer ma dernière remarque…
– (Aurélie, touchée de cet aveu mais encore fâchée) Je suis heureuse que tu te
rendes compte à quel point tu peux réagir de façon agressive et même
grossièrement à mon égard ! Même si, évidemment, ce n’est pas bien grave un
saladier brisé…
– Ah, je vois que sur ce point-là nous sommes d’accord. Bon, je ramasserai les
débris tout à l’heure. Mais j’aimerais d’abord te dire combien j’étais déjà fâché
contre moi-même d’avoir eu ce geste maladroit ; et combien je sais déjà que je
devrais surveiller davantage mes mouvements, surtout quand on a peu d’espace
comme ici.
– Ah, là aussi on est d’accord !
– Je sais bien que je gesticule, mais c’est dur de changer, tu sais… Je crois que
c’est profondément dans ma nature, de faire autant de gestes… Et puis j’aimerais
partager autre chose avec toi : lorsque je fais quelque chose de maladroit, comme
je culpabilise déjà, j’aurais besoin que toi, toi qui m’aimes, tu me montres que tu
me comprends et que tu ne m’en veux pas. Ça me consolerait et ça me calmerait,
vraiment !
– T’es chou de me dire ça… C’est vrai que ma réaction à ton geste était
passablement « jugeante » et méchante, je m’en excuse aussi. Et tu as raison :
lorsqu’il nous arrive quelque chose de désagréable, nous avons besoin que l’autre
nous comprenne et nous pardonne, c’est pareil pour moi.
Là aussi, nous pouvons les laisser continuer, ils ne devraient plus se dire que
des gentillesses… pour cette fois !
Un conflit de voisinage
Officiant au sein d’une association de médiation de voisinage11, je me
suis aperçu que les conflits de cette catégorie, pour bénins qu’en soient
les motifs, sont beaucoup plus difficiles à surmonter qu’il n’y paraît. Et
ce pour une simple raison : les voisins ne se sont pas choisis !
En famille, même si l’on s’insupporte, on a des liens forts, des
souvenirs communs… Les relations d’affaires ou de travail sont liées par
un contrat, par des intérêts communs. Rien de tel en revanche s’agissant
du voisinage ! On a acheté, ou on loue, un appartement ou une maison,
l’autre a fait de même à quelques mètres de nous, c’est tout ce qui nous
lie… et surtout nous sépare, bien souvent !
Voilà pourquoi j’ai choisi mon dernier exemple dans ce registre
délicat.
Nelly et Hans sont dépités. Alors qu’ils étaient si heureux d’avoir déniché un
appartement répondant à leurs critères et à leurs désirs, voilà qu’à peine
installés la guerre commence avec les voisins du dessous. M. et Mme Dulong
ont déjà téléphoné le soir même de l’emménagement : « Ce n’est pas un peu
fini, ce boucan ? » Etonnement : à 21h30, ce n’est tout de même pas du
tapage nocturne… « Ici, sachez qu’on aime le calme et qu’on se couche
tôt ! » Cela a continué les jours suivants : les jeux des enfants constituaient
« du tapage » ; l’arrosage des fleurs du balcon provoquait « une cascade » à
l’étage du dessous ; la cuisine produisait « des odeurs » ; musique et TV
« résonnaient épouvantablement »… Deux semaines que cela dure, ce n’est
plus possible !
Et toujours, toujours ces reproches par téléphone. La première fois, Hans a
tenté l’apaisement en apportant un bouquet de fleurs. La porte ne s’est pas
ouverte. Lorsque Nelly a croisé Mme Dulong, elle aussi a tenté le
« bonjour », le sourire, les excuses… mais la voisine s’est enfuie dans la cage
d’escalier. Mais pourquoi ces gens refusent-ils ainsi tout contact, toute
explication ? Hans et Nelly n’y comprennent rien… et décident d’un
commun accord de commencer par se mettre chacun en auto-empathie, puis
de partager les résultats de l’exercice afin de convenir ensemble de la
conduite à tenir.
Exercice 2
Exercice 3
Et vous, quels autres « projets » auriez-vous pu avoir, quelles solutions
auriez-vous pu imaginer – non pas au conflit en tant que tel, mais pour
avancer d’un pas vers un dialogue permettant, qui sait, de trouver des
solutions à toutes ces tensions ?
Commencez par vous mettre « à la place » de Hans ou de Nelly, faites
l’exercice d’auto-empathie complètement, sur la base de votre vécu, de vos
expériences, de votre caractère… Trouvez quels seraient vos sentiments, vos
besoins, quelles valeurs seraient blessées en vous… et déduisez-en le ou les
bons projets pour vous, si vous deviez vivre semblable situation.
Résumons
Lorsque les conflits deviennent aigus, ils entraînent en nous une kyrielle de
distorsions de la pensée : modification de la conscience, rétrécissement du
champ perceptif, myopie mentale, polarisation, biais de sélection,
généralisation…
Prendre un moment, même très court, pour entrer en auto-empathie, permet
souvent de faire redescendre le surplus d’émotion et de revenir à un
traitement plus rationnel de la situation, tenant compte notamment de la
nature profonde de notre relation aux autres personnes impliquées dans
l’affaire.
S’il nous faut pour cela plus de quelques dizaines de secondes, on peut
s’essayer à demander une pause, voire à l’exiger, ou même à nous
« absenter » quelques minutes du flot de paroles de l’autre ou des autres
personnes.
On peut même imaginer de faire de l’auto-empathie à plusieurs, puis d’en
confronter les résultats.
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7.
Résumons
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Conclusion
Nous voici au terme de ce parcours. J’espère vous avoir montré pourquoi
et en quoi l’auto-empathie est si précieuse.
Que vous ayez lu ces pages pour rafraîchir vos connaissances en CNV,
ou en vue d’un autodéveloppement personnel, ou par simple curiosité,
j’espère vous avoir intéressé. Si vous vous êtes posé quelques questions
au cours de votre lecture, mon but sera atteint ! Les réponses,
elles… vous appartiennent !
Si vous fermez ce livre avec l’intention bien ancrée de pratiquer avec
diligence et persévérance l’auto-empathie, j’espère que, comme moi,
vous la trouverez source de « bonne vie », non seulement pour vous mais
également pour toutes les personnes que vous fréquentez, dans quelque
cadre que ce soit, du plus impersonnel au plus intime. Et je terminerai en
vous recommandant une infinie patience à l’égard de vous-même : il est
normal d’oublier souvent, trop souvent, de nous mettre à l’écoute de
nous-même. Évitons de nous « gronder », voire de nous autoflageller
pour nos erreurs, nos oublis. Félicitons-nous plutôt de chaque petit
succès que nous observerons.
Et pour conclure, comme disent les Roms en se quittant : Bonne
route !
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ANNEXE 1
Précisions de vocabulaire
Si l’on veut éviter des malentendus, mieux vaut être au clair sur le
vocabulaire que nous utilisons. Précisons donc le sens des notions
proches de l’auto-empathie :
Sympathie
La sympathie est certainement le terme le plus connu de ces
« cousins ». Appliqué aux personnes, il désigne le « sentiment chaleureux
et spontané qu’une personne éprouve pour une autre » (Le Petit Robert),
le « sentiment instinctif d’attraction à l’égard de quelqu’un » (Wikipédia).
Étymologiquement, il provient du grec ancien et désigne une
« communauté de sentiments ou d’impressions »13.
Communauté de sentiments, attraction, chaleur… Il s’agit en somme
d’une plongée, d’une immersion dans les sentiments, dans l’état
émotionnel d’autrui. « Vous avez toute ma sympathie » signifie je suis
triste avec vous, dans la même tristesse que vous.
Empathie
Le mot « empathie » est une création moderne pour désigner,
justement pas la plongée, l’identité de sentiments, mais la capacité à
ressentir ce qu’autrui ressent sans s’y identifier14. Carl Rogers la définit
ainsi : « Percevoir le cadre de référence interne d’autrui aussi précisément que
possible et avec les composants émotionnels et les significations qui lui
appartiennent, comme si l’on était cette personne, mais sans jamais perdre de
vue la condition du “comme si”. »
L’empathie se distingue donc de la sympathie par son caractère
conscient, permettant à qui l’éprouve une certaine réserve, un quant-à-
soi, et par le fait qu’elle ajoute à la perception des émotions celle des
« significations », autrement dit un côté rationnel.
On relèvera que l’étymologie de ce terme est hélas trompeuse : le
préfixe « en », issu du latin, signifie « dans » et implique une
identification, une « plongée », alors que le préfixe grec « sym » signifie
« avec ». D’ailleurs dans Le Petit Robert, on lit : « Faculté de s’identifier à
quelqu’un, de ressentir ce qu’il ressent. »
Compassion
Restons avec Le Petit Robert pour voir ce qu’il dit d’un autre mot
« cousin », compassion. C’est, dit-il, un « sentiment qui porte à plaindre
et à partager les maux d’autrui ». « Ressentir la souffrance de l’autre,
animé d’une intention d’amour », précise même Wikipédia. La
compassion a ainsi deux versants : d’une part, un ressenti qui nous
rapproche de la sympathie, mais spécifiquement dans la tonalité de la
plainte ; d’autre part, une intention de partage, d’amour…
Reste que Marshall B. Rosenberg, le fondateur de la Communication
NonViolente®, a fort souvent parlé de celle-ci comme d’une
compassionate communication, une « communication compassionnée ».
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ANNEXE 2
La Communication NonViolente® (CNV)
1. Dont bon nombre parus aux Éditions Jouvence, cf. www.editions-jouvence.com. Voir aussi la
bibliographie commentée en fin d’ouvrage.
2. Voir l’annexe 1 pour plus de détails sur l’empathie.
3. J’invite le lecteur pour qui la CNV est nouvelle à lire sans attendre l’annexe 2.
4. Pour une clarification de ces deux termes, voir le chapitre « Émotions, sentiments, besoins,
valeurs : clarifions ».
5. Pour être précis, ces éléments-là ne sont pas à proprement parler des besoins, mais plutôt des
stratégies d’action en vue de satisfaire les vrais besoins notés plus haut. Ce qui n’enlève rien à
l’utilité de les découvrir…
6. Ne cherchez pas un quelconque « corrigé » des exercices proposés dans ce livre : je n’ai nulle
prétention à « savoir mieux que vous ». Faites selon votre compréhension, selon votre cœur
surtout… et ce sera bien !
7. Cf. Von Kanitz, Anja : L’Intelligence émotionnelle – Vos émotions sont vos alliées, Bruxelles, Ixelles,
coll. Miniguides Écolibris, 2010, p. 18.
8. De mono, un seul, et chrone, temps. Le contraire est une culture poly-chrone. Cf. Hall, E. T., La
Danse de la vie, Paris, Seuil, 1984.
9. Le livre Sentiment de culpabilité…, Holly Michelle Eckert, publié aux Éditions Jouvence (2011 –
125 p.), peut vous y aider.
10. A. Maslow a d’ailleurs également opéré une distinction de ce type entre « recherche de la
sécurité » et « recherche de la croissance » selon ses termes.
11. L’Association vaudoise pour la Médiation de voisinage. Cf. www.mediation-de-voisinage.ch
12. Cf. annexe 2.
13. Selon le Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 3e édition, 2000.
14. Le terme semble avoir été créé en anglais pour traduire le mot allemand Einfühlung, lui-même
forgé par T. Lipps en 1903 (Dictionnaire historique de la langue française, Le Robert, 3e édition,
2000).
15. Marshall B. Rosenberg, Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Éditions Jouvence,
1999, p. 11.
16. In Dénouer les conflits par la Communication NonViolente, ouvrage cité dans la bibliographie.
17. Cette formulation est tirée de l’ouvrage Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) ;
mais les formations usuelles et la plupart des livres résument cette étape comme celle de l’énoncé
des besoins. Cf. le chapitre 4 pour une réflexion à ce propos.
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Bibliographie commentée
Comme je l’expliquais en introduction, c’est précisément le fait de ne
trouver aucun livre spécifiquement consacré à l’auto-empathie qui m’a
conduit à rédiger cet ouvrage. Par conséquent, aucun des titres ci-
dessous ne vous apportera davantage de détails sur ce thème précis.
Je cite par contre ici ceux des innombrables ouvrages consacrés à la
CNV qui m’ont été les plus utiles. Vous en trouverez bien d’autres,
notamment aux Éditions Jouvence : www.editions-jouvence.com/menu-
du-haut/communication-nonviolente.
Bien des choses écrites sous le registre de l’écoute (sous-entendu
d’autrui) se révèlent également utiles pour l’écoute de soi. Et puisque
s’écouter revient en somme à se parler à soi-même, il en va de même des
propos concernant l’expression authentique.
Je complète cette bibliographie par quelques ouvrages traitant :
• de la communication dans un esprit proche de la CNV. Par « esprit
proche », j’entends particulièrement – mais pas exclusivement – ce
qu’on appelle le « courant humaniste » de la psychologie. Initié par
Carl Rogers, ce courant a eu le succès qu’on sait, s’étendant
progressivement à toute la sphère du développement personnel et de
la « relation d’aide ». Thomas Gordon, Jacques Salomé, et bien sûr
Marshall B. Rosenberg, ont brillamment contribué à ce courant.
• d’intelligence émotionnelle, notion développée notamment par des
auteurs aussi prestigieux que Daniel Goleman, Claude Steiner et la
francophone Isabelle Filliozat.
Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs), Paris, La
Découverte, 2005, 264 p.
C’est le livre de base, dans lequel l’auteur explique en détail la technique de
la CNV. Grâce à des anecdotes et exemples simples, nous apprenons à
briser certains schémas de pensée, à nous exprimer de manière authentique
sans blesser l’autre et à écouter derrière les paroles avec empathie.
KELLER, Françoise
Pratiquer la Communication NonViolente, Paris, InterÉditions, 2011,
232 p.
Un guide pratique pour s’approprier la CNV : rappel des bases du
processus, exemples, exercices pratiques et illustrations. Excellent pour
s’initier à la CNV… ou pour ancrer les bénéfices d’une formation !
ROGERS, Carl R.
L’Approche centrée sur la personne, Lausanne, Randin, 2001, 544 p.
Recueil de textes composé par Rogers lui-même peu avant sa mort, cet
ouvrage offre une excellente vue d’ensemble sur l’œuvre – et la vie – de cet
auteur dont l’apport a été décisif pour la psychothérapie d’abord, pour
toutes les professions d’ « accompagnement » ensuite.
SALOMÉ, Jacques
T’es toi quand tu parles, Paris, Albin Michel, 1991, 183 p.
Ouvrage célèbre, ce livre simple et imagé explore les pièges habituels de nos
communications et pose les « jalons pour une grammaire relationnelle »
(son sous-titre). Très proche de la CNV « rosenberghienne », même s’il ne
s’en réclame nullement.
FILLIOZAT, Isabelle
Que se passe-t-il en moi ? Mieux vivre ses émotions au quotidien, Paris,
JC Lattès, 2001, 296 p.
Cet ouvrage est un guide pratique, ponctué d’exercices simples pour gérer
ses émotions et retrouver l’authenticité dans les relations. Il aide à
comprendre la différence entre émotions fonctionnelles et sentiments
parasites. Il analyse en particulier la gestion des émotions dans les relations
de travail et de couple.
GOLEMAN, Daniel
L’Intelligence émotionnelle, Paris, Robert Laffont, 1997, 504 p.
L’auteur new-yorkais est une sommité dans le domaine, et cet ouvrage a
déclenché tout un courant aux EU, qui s’est rapidement répandu en Europe.
HALL, Edward T.
La Danse de la vie. Temps culturel, temps vécu, Paris, Seuil, 1984,
288 p.
Ce livre décrit les niveaux profonds, généralement inconscients, de nos
cultures – et notamment les conceptions implicites du temps ; niveaux qui
« déterminent la manière dont les individus perçoivent leur environnement,
définissent leurs valeurs, et établissent leur cadence et leurs rythmes de vie
fondamentaux. »
THALMANN, Yves-Alexandre
Petit Cahier d’exercices pour vivre sa colère au positif, Genève (Suisse),
Saint-Julien-en-Genevois (France), Éd. Jouvence, 2010, 64 p.
Praticien bien connu, Y.-A. Thalmann propose une série d’exercices visant
à utiliser l’énergie que procure la colère en vue d’effets positifs : faire
respecter ses droits, amener des choses à changer…