DM16 Décomposition Frobenius Sol

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MPSI 3 Devoir maison 2023-2024

DM 16 - Décomposition de Frobenius

1 Sous-espaces cycliques
1. (a) La famille (x, u(x), . . . , u n (x)) est une famille de n + 1 vecteurs dans un espace vectoriel
de dimension n. Elle est donc liée.
On en déduit que si k > n, la famille (x, (u)x, . . . , u k−1 (x)) n’est pas libre. Donc l’ensemble
des k ∈ N∗ tel que (x, u(x), . . . , u k−1 (x)) est majoré. Il est de plus non vide puisque 1 est
un tel entier (la famille (x) est libre car x ̸= 0). Donc n x est bien défini.
(b) Par définition de n x , la famille (x, u(x), . . . , u n x −1 (x)) est libre, mais celle obtenue en lui
rajoutant u n x (x) ne l’est pas. On en déduit que u n x (x) ∈ Vect(x, u(x), . . . , u n x −1 (x)), d’où
l’existence des a i .
(c) On le montre par récurrence sur k ≥ n x . L’initialisation a été établie à la question
précédente. Soit k ≥ n x tel que u k (x) ∈ Vect(x, u(x), . . . , u n x −1 (x)). Alors u k+1 (x) =
u(u k (x)) ∈ Vect(u(x), . . . , u n x (x)).
Or, tous les vecteurs u i (x), pour i ∈ ‚1, n x − 1ƒ sont dans Vect(x, u(x), . . . , u n x −1 (x)). Et
u n x (x) aussi (c’est la question précédente). Donc, u k+1 (x) est aussi élément de
Vect(x, u(x), . . . , u n x −1 (x)).
Ceci conclut la récurrence et la question.

2. (a) La famille (x, u(x), . . . , u n x −1 (x)) est libre par hypothèse et est composée de n x vecteurs.
Donc dim E x = n x .
d
(b) Notons déjà que les éléments de Vect({u k (x), k ∈ N}) sont de la forme a k u k (x), avec
X
k=0
d d
d ∈ N et les a k ∈ K. En notant P = a k X k , on a a k u k (x) = P (u)(x), de sorte que les
X X
k=0 k=0
deux ensembles Vect({u k (x), k ∈ N}) et {P (u)(x), P ∈ K[X ]} sont égaux.
Par définition, E x = Vect({u k (x), k ∈ ‚0, n x − 1ƒ}). Ainsi l’inclusion E x ⊂ Vect({u k (x), k ∈
N}) est claire. L’inclusion réciproque a été établie à la question 1.(c).
(c) Soit y ∈ E x . D’après la question précédente, on peut trouver P ∈ K[X ] tel que y =
P (u)(x). Alors, u(y) = u ◦ P (u)(x) = (X P )(u)(x). Comme X P ∈ K[X ], on a u(y) ∈ E x .

3. L’exemple des projecteurs.

(a) Si u est un projecteur de E , on a u 2 = u, et donc u k = u, pour tout k ≥ 2. On en déduit


que E x = Vect(x, u(x)) dans ce cas.
(b) D’après la question précédente, E x est engendré par x et u(x). Il est donc au plus de
dimension 2, avec égalité ssi (x, u(x)) est libre.
Supposons que cette famille n’est pas libre. Alors, il existe λ ∈ K tel que u(x) = λx (car
x ̸= 0). En appliquant u et en utilisant u 2 = u, on en déduit u(x) = λu(x) = λ2 x. Donc
(comme x ̸= 0), λ = λ2 . Ainsi, λ = 0 ou λ = 1.

1
Le cas λ = 0 correspondant à x ∈ Ker u ; le cas λ = 1 à x ∈ Im u. Ainsi : dim E x = 1 ⇐⇒
x ∈ Ker u ∪ Im u et dim E x = 2 sinon.
nX
x −1
4. On note P = a k X k , de sorte que la relation de 1.(b) se réécrit u n x (x) = P (u)(x).
k=0
Soit y ∈ E x . On peut trouver Q ∈ K[X ] tel que y = Q(u)(x). Alors,

u n x (y) = u n x (Q(u)(x))
= (X n x Q)(u)(x)
= (Q X n x )(u)(x)
= Q(u)(u n x (x))
= Q(u)(P (u)(x))
= P (u)(Q(u)(x))
= P (u)(y).

A la fin, on utilise de nouveau que Q(u) ◦ P (u) = P (u) ◦ Q(u), les deux étant égaux à (PQ)(u).

2 Vecteur u-maximum
5. Soit x ∈ Ker(P (u)). Alors,

P (u)(u(x)) = (P X )(u)(x) = (X P )(u)(x) = u(P (u)(x)) = u(0) = 0.

Donc, u(x) ∈ Ker(P (u)). Donc, Ker(P (u)) est stable par u.

6. Polynôme minimal

(a) La famille (u m )m∈N est liée car c’est une famille infinie dans l’espace vectoriel L (E ),
de dimension n 2 . On peut donc trouver un entier m ∈ N∗ tel que u m ∈ Vect(u k , k ∈
‚0, m − 1ƒ).
m−1 m−1
Il existe donc b 0 , . . . , b m−1 tels que u m = b i u i . En notant P = X m − b i X i , on a
X X
i =0 i =0
donc P (u) = 0.
(b) On utilise la structure des idéaux de K[X ] (si on veut s’en passer, on adapte la preuve
dans ce cas, en utilisant une division euclidienne). Notons I = {P ∈ K[X ] | P (u) = 0}.
Montrons que I est un idéal de K[X ].
• 0 ∈ I . Si P,Q ∈ I , alors (P − Q)(u) = P (u) − Q(u) = 0, donc P − Q ∈ I . Ainsi, I est
un sous-groupe additif de K[X ].
• Soient P ∈ I et Q ∈ K[X ]. Alors, (PQ)(u) = (QP )(u) = Q(u) ◦ P (u) = 0 car P (u) = 0.
Comme I est un idéal de K[X ] et que K[X ] est principal, on en déduit qu’il existe A ∈
K[X ] tel que I = A K[X ]. Ce polynôme A n’est pas nul car I ̸= {0}, d’après la question
précédente. En divisant A par son coefficient dominant, on obtient un polynôme unitaire
Πu tel que I = Πu K[X ].
Ce polynôme est unitaire car si deux polynômes conviennent, chacun divise l’autre. Ils
sont alors associés, donc égaux car tous deux unitaires.

2
(c) Dire que u p = 0 revient à dire que X p ∈ I , avec la notation introduite dans la question
précédente. Donc, Πu divise X p . Comme Πu est unitaire, il est donc de la forme X k ,
pour un k ∈ ‚0, p − 1ƒ. Mais comme u p−1 ̸= 0, Πu ne divise pas X p−1 . On a donc en fait
Πu = X p .

7. Lemme des noyaux.

(a) Comme P et Q sont premiers entre eux, on peut trouver par le théorème de Bézout
U ,V ∈ K[X ] tels que U P + V Q = 1. On en déduit que

U (u) ◦ P (u) + V (u) ◦ Q(u) = idE .

On applique à x et on trouve :

U (u)(P (u)(x)) + V (u)(Q(u)(x)) = x.

Notons z = U (u)(P (u)(x)) = (U P )(u)(x) et y = (V Q)(u)(x). On a P (y) = (PV Q)(u)(x) =


V (u)((PQ)(x)) = 0 car x ∈ Ker P (u). Donc, y ∈ Ker P . De même, z ∈ KerQ. Ainsi,

Ker(PQ)(u) = Ker P (u) + KerQ(u).

Montrons maintenant que la somme est directe. Soit x ∈ Ker P (u) ∩ KerQ(u). On a
P (u)(x) = Q(u)(x) = 0 et donc, d’après la relation donnée plus haut,

x = U (u)(P (u)(x)) + V (u)(Q(u)(x)) = 0.


M
D’où, Ker(PQ)(u) = Ker P (u) KerQ(u).
(b) On procède par récurrence sur k ∈ ‚1, r ƒ. Le cas k = 1 est trivial et le cas k = 2 vient
k
M
d’être traité. Soit k ∈ ‚1, r − 1ƒ tel que Ker((P 1 . . . P k )(u)) = Ker P i (u).
i =1
Alors, P k+1 est premier avec chaque P i (pour i ≤ k) donc il est premier avec leur produit
P 1 . . . P k . Par la question précédente, on a donc
M
Ker((P 1 . . . P k P k+1 )(u)) = Ker((P 1 . . . P k )(u)) Ker(P k+1 (u)).

En utilisant l’hypothèse de récurrence, on a donc :

k
³M ´M k+1
M
Ker((P 1 . . . P k+1 )(u)) = Ker P i (u) Ker P k+1 (u) = Ker P i (u).
i =1 i =1

On utilise implicitement une propriété d’associativité des sommes directes : si E 1 , . . . , E n


Mn
sont en somme directe et si E n+1 est en somme directe avec E i , alors E 1 , . . . , E n+1 sont
i =1
en somme directe. Le démontrer si ce n’est pas clair.
m
8. Notons E i = Ker P i i (u). Le lemme des noyaux donne (les P i sont irréductibles et deux à
deux non associés donc deux à deux premiers entre eux) :
r
Ker Πu (u) =
M
Ei .
i =1

3
Or, par définition Πu (u) = 0, de sorte que Ker Πu (u) = E . Chaque E i est stable par u, par la
question 5.
Il reste à montrer que chaque E i est distinct de {0}. Si ce n’était pas le cas, on aurait un des
E i égal à {0}, disons E 1 . Alors,
Mr
E= Ei .
i =2
r
m
Y
En appliquant de nouveau le lemme des noyaux, on aurait donc E = KerQ(u), où Q = Pi i .
i =2
Ceci revient à dire que Q(u) = 0. Comme degQ < deg Πu , on obtient une contradiction avec
la définition de Πu .
Donc chaque E i est non réduit à {0}.

9. Polynôme minimal ponctuel.

(a) On procède comme à la question 6.(b) en montrant que Ix est un idéal de K[X ].
nX
x −1
(b) Avec les notations introduites, on a Q = X n x − a i X i ∈ Ix . De plus, la famille
i =0
(x, u(x), . . . , u n x −1 ) est libre, ce qui revient à dire qu’aucun polynôme non nul de K[X ]
de degré strictement inférieur à n x n’est dans Ix . Ainsi, Πu,x divise Q et ces deux
polynômes sont unitaires et ont même degré n x . Ils sont donc égaux : Πu,x = X n x −
nX
x −1
a i X i ∈ Ix .
i =0
(c) Si P ∈ K[X ] est tel que P (u) = 0, alors en particulier P (u)(x) = 0 et donc P ∈ Ix . On a
donc Πu K[X ] ⊂ Πu,x K[X ].
En particulier Πu ∈ Πu,x K[X ], ce qui revient à dire que Πu,x divise Πu .

10. (a) Soit i ∈ ‚1, nƒ. D’après la question précédente, Πu,e i divise Πu . Comme Πu = P m et
que P est irréductible, les seuls diviseurs unitaires de Πu sont de la forme P k , avec
k ∈ ‚0, mƒ. Il existe donc m i ∈ ‚1, mƒ tel que Πu,e i = P mi . (m i n’est pas égal à 0 car sinon
on aurait IdE (e i ) = 0, c’est-à-dire e i = 0, mais e i est non nul car c’est un élément d’une
base de E )
(b) Notons m ∞ = max(m 1 , . . . , m n ). On a donc m ∞ ≤ m et pour tout i ∈ ‚1, nƒ, Πu,e i | P m∞ .
n n
x k e k . Donc P m∞ (u)(x) = x k P m∞ (u)(e k ) = 0.
X X
Soit x ∈ E . On peut écrire x =
k=1 k=1
Comme x est quelconque, on en déduit que P m∞ (u) = 0, donc que Πu | P m∞ . Ceci
impose que m ∞ = m. Il existe donc un i ∈ ‚1, nƒ tel que Πu,e i = Πu .
m
11. On pose E i = Ker(P i i (u)) pour tout i ∈ ‚1, r ƒ. Par la question 8 (et sa preuve), on a
r
M
E= Ei .
i =1

De plus, chaque E i est stable par u. Notons u i : E i → E i , x 7→ u(x), l’application u restreinte


et co-restreinte à E i .
m mi
Par définition, tout x ∈ E i vérifie P i i (u)(x) = 0. Ceci montre que Πui divise P i et donc Πui
r
s
X
est de la forme P i i , avec s i ≤ m i . Si x est quelconque dans E , on peut alors écrire x = xk e k .
k=1

4
r
s
P i i )(u) annule x. Comme c’est vrai pour tout x, Πu
Y
Alors, par linéarité, on obtient que (
k=1
r
s
Y
divise P i i . Nécessairement, on a donc pour tout i ∈ ‚1, r ƒ, s i = m i .
k=1
m
Revenons à un endomorphisme u i . Il vérifie donc Πui = P i i . En application de la question
m
précédente, on peut trouver x i ∈ E i − {0} tel que Πui ,xi = P i i . On choisit un tel x i pour tout
r
X
i ∈ ‚1, nƒ et on pose x = xi .
i =1
m m
On veut montrer que Πu,x = Πu = P 1 1 . . . P r r . On sait déjà que Πu,x divise Πu ; il existe donc
t t
t 1 , . . . , t r tels que Πu,x = P 11 . . . P r r , avec t i ≤ m i . De plus,

r
0 = Πu,x (u)(x) = Πu,x (u)(x i )
X
i =1

par linéarité. Comme chaque E i est stable par u, on a aussi Πu,x (u)(x i ) ∈ E i . Comme la
somme des E i est directe, on en déduit que pour tout i ∈ ‚1, r ƒ, Πu,x (u)(x i ) = 0. Cette égalité
ayant lieu dans E i , on peut la réécrire Πu,x (u i )(x i ) = 0. Par définition de Πui ,xi , on a donc
m m
Πui ,xi | Πu,x . Or, Πui ,xi = P i i . Ainsi, Πu,x est divisible par P i i , pour tout i ∈ ‚1, r ƒ. On a donc
r
m
Πu,x = P i i = Πu . Ce qui conclut.
Y
i =1

3 Décomposition de Frobenius
12. Comme p = deg Πu,x , on sait que la famille (x, u(x), . . . , u p−1 (x)) est libre. On peut la compléter
par des vecteurs v 1 , . . . , v s en une base de E . On définit alors une unique forme linéaire φ en
décidant que :

∀i ∈ ‚0, p − 2ƒ, φ(u i (x)) = 0, φ(u p−1 (x)) = 1 et∀k ∈ ‚1, sƒ, φ(v k ) = 0.

Cette forme linéaire φ convient par construction.


p−1
a k u k (x). En appliquant la
X
13. Montrons que E x ∩ F = {0}. Soit y ∈ E x ∩ F . On peut écrire y =
k=0
forme linéaire φ, on a
p−1
0 = φ(y) = a k φ(u k (x)) = a p−1 .
X
k=0
p−2
En effet, φ(y) = 0 car y ∈ F . Ainsi, a p−1 = 0 et y = a k u k (x). On applique maintenant
X
k=0
φ ◦ u et, par un calcul analogue, on obtient a p−2 = 0. On continue de proche en proche, en
appliquant successivement φ ◦ u i , pour i ∈ ‚0, p − 1ƒ et on obtient (par récurrence finie) que
tous les a i sont nuls. Donc y = 0 et E x ∩ F = {0}.

Montrons maintenant que les formes linéaires φ ◦ ui , pour i ∈ ‚0, p − 1ƒ forment une famille
p−1
libre. Soient λ0 , . . . , λp−1 ∈ K tels que λi φ ◦ u i = 0.
X
i =0

5
En appliquant x, l’égalité se simplifie en λp−1 = 0. Puis on applique en u(x), pour trouver
λp−2 = 0, etc. Par récurrence finie immédiate, on trouve que tous les λi sont nuls, ce qui
conclut ce point.

Par une propriété du cours (qu’il faudrait redémontrer à un écrit, car hors-programme), F =
p−1
Ker(φ ◦ u i ) est donc de dimension dim E − p. Comme E x est de dimension p et qu’on a
\
i =0 M
déjà montré que E x ∩ F = {0}, on a finalement E = E x F.

14. Soit y ∈ F , soit i ∈ ‚0, p − 1ƒ. On veut montrer que u(y) ∈ Ker(φ ◦ u i ), c’est-à-dire que y ∈
Ker(φ ◦ u i +1 ). Si i ≤ p − 2, c’est clair, par définition de F . Reste donc à démontrer que y ∈
Ker(φ ◦ u p ).
Comme x est u-maximal, on a Πu,x = Πu . Donc Πu est de degré p et u p est combinaison
linéaire des u i pour i ≤ p − 1. En particulier, on peut trouver µ0 , . . . , µp−1 tels que u p (y) =
p−1 p−1
µk u k (y). Donc, φ(u p (y)) = µk φ(u k (y)) = 0.
X X
k=0 k=0
Donc, F est stable par u.

15. Résumons la situation. Étant donnés un espace vectoriel E de dimension finie et u ∈ L (E ),


on a montré qu’il existe x 1 un vecteur u-maximal et F 1 un supplémentaire de E x1 , qui est
u-stable. On a Πu,x1 = Πu . De plus, en notant u F1 l’endomorphisme induit par u sur F 1 , on a
ΠuF1 | Πu .
On peut alors recommencer, avec l’endomorphisme u F1 sur F 1 . Il existe un vecteur x 2 ∈ F 1
tel que Πu,x2 = ΠuF1 ,x2 = πuF1 , donc Πu,x2 | Πu,x1 . De plus, on peut définir un supplémentaire
F 2 de E x2 dans F 1 , etc. On continue jusqu’à arriver à un x i tel que E xi = F i −1 (ce qui arrive un
moment puisque la dimension de F i décroit strictement à chaque étape).

Une démonstration plus formelle peut être écrite par récurrence sur la dimension de E .

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