Sorcellerie

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Lutte Destin M ATOUMONA K ISSITA

Frère Menas

Sorcellerie, malédictions
et délivrance des victimes
Témoignages de délivrance

Les impliqués
É diteur
© LES IMPLIQUES EDITEUR, 2017
21 bis, rue des Écoles 75005 PARIS

ISBN : 978-2-343-12767-5
EAN : 9782343127675

2
Sorcellerie, malédictions
et délivrance des victimes
Lutte Destin MATOUMONA KISSITA
Frère Menas

Sorcellerie, malédictions
et délivrance des victimes
Témoignages de délivrance
Mémoire éternelle à ma défunte mère MILANDOU
Marie Louise « Mylise ». C’était une femme qui donnait
le peu qu’elle avait aux plus pauvres qu’elle. A cause de
cette attitude, elle habitait une maison dépourvue de
confort. Je n’ai jamais eu honte de sa pauvreté. A l’instar
d’autres familles, nous bouclions difficilement nos fins de
mois. Elle possédait un diplôme d’infirmière et soignait
les malades. Ma mère m’a élevé avec beaucoup d’amour
et m’a appris à aimer les malades et les plus pauvres que
moi. Elle était admirable. Sans ma mère, je ne serai
probablement pas le chrétien que je suis.

Au Père Aimé Porret, ami de l’oraison, serviteur de


l’eucharistie, père des pauvres et secours des malades, un
homme de bien. Ce prêtre du saint sacrement est plus
qu’un ami, c’est mon modèle et je l’admire en secret.

Au Père Théologos, ce prêtre-moine orthodoxe du Mont


Athos a un cœur aussi grand que la terre, il me parlait
d’humilité. Il a en lui cette lumière et il rayonne de bonté
et de douceur. Un homme intègre qui fait le bien et se tait.
Ceux qui le croisent le respectent.

7
PROLOGUE

Un principe militaire stipule que le renseignement est la


chose essentielle dans une guerre, ce n’est pas ce que l’on
sait qui est capital mais ce que l’on ne sait pas.
Aujourd’hui, parler de la sorcellerie ou des pratiques
magiques demeure un grand désavantage. Trois questions
se sont imposées à moi.

1. Quelle est notre réaction ou notre attitude


devant le mot sorcellerie ?
La réaction ou l’attitude des occidentaux
Il est presque impossible d’expliquer ce qu’est la
sorcellerie à des occidentaux ne disposant pas d’un cadre
de référence à partir duquel ils devraient comprendre cette
notion. Pour eux, la sorcellerie demeure un sujet obscur.
L’impact du Siècle de lumière au 18e siècle en Occident a
effacé du lexique scientifique tout ce qui se réfère au
surnaturel : « Ce qui ne peut être prouvé scientifiquement
n’existe pas ». En face d’un Africain qui croit être
envouté, un esprit occidental pense que cette prétendue
"victime" de sorcellerie affabule et toute séance
d’exorcisme est qualifié d’effet placebo.
Il est souvent difficile de concilier le savoir scientifique
occidental et la réalité africaine. Le paradoxe c’est que ces

9
mêmes occidentaux sont friands de voyances, de
consultations médiumniques, et de lectures astrologiques.

La réaction ou l’attitude des intellectuels


Le sociologue qui voudrait expliquer les rites de la
sorcellerie pourra dire qu’il s’agit des faits sociaux et le
psychanalyste aura l’impression d’être en présence d’une
« inquiétante étrangeté », comme dit Freud. Le philosophe
pourra, de son côté, crier haut et fort sur une mentalité
mythique. Le juriste ne trouvera aucun élément pénal pour
inculper l’accusé.
J’ai peur de la réaction des intellectuels et des simples
gens. Ceux qui sont nantis des titres académiques vont dire
que les propos de mon livre régressent vers un monde
primitif, et que j’abuse de la naïveté des gens pour les
entraîner à la superstition ou à la peur. Ce livre est déjà
pour eux « anachronique ».
Ce n’est pas pour allécher certains esprits avides
d’étrange et de mystère que j’écris ce livre. Il m’a fallu du
courage pour braver l’ironie facile, et le sourire apitoyé
des intellectuels. Faites tomber ce mur pseudo-intellectuel
qui vous empêche de voir, cessez de vous régaler de vos
convictions cartésiennes ou freudiennes. Freud lui-même
ne s’est jamais défait de son fond superstitieux, il croyait à
la télépathie, aux chiffres et aux gestes propitiatoires, il
cassa une statuette de valeur pour protéger la vie de sa
fille.
Aujourd’hui on veut aborder le phénomène de la
sorcellerie sous un angle scientifique. On veut expliquer la
sorcellerie en recourant à l’anthropologie psychologique et
culturelle, à la psychanalyse et à la sociologie. La science
a sa place dans la découverte de la vérité, mais la
sorcellerie n’est pas de son domaine. Il faut plus que le

10
regard scientifique. Ce n’est donc pas à travers ces
sciences qu’on peut comprendre la sorcellerie.

L’attitude du médecin
En face des maladies spirituelles, le théologien
orthodoxe Jean Claude Larchet1 pense que le médecin peut
avoir l’illusion d’une étiologie purement somatique et
s’autorise donc à appliquer au malade un traitement
purement physiologique. Une telle thérapie peut jusqu’à
un certain point se révéler active puisqu’elle touche les
organes incontestablement impliqués mais ceux-ci n’étant,
que médiateurs, ce sont les symptômes du mal seulement
que le traitement modifie alors même que la véritable
cause qui est spirituelle reste présente. La thérapie agit
plus sur les symptômes des maladies mais pas sur leurs
causes. On traite plus la maladie que le malade. Ainsi peut
s’expliquer la persistance de la maladie. Devant les
maladies spirituelles, le médecin fait donc preuve
d’éclectisme. Son traitement n’est purement que
tâtonnement ou « bricolage ». L’efficacité de la médecine
viendrait donc d’une part de l’art de la médecine qui
consiste surtout dans l’attention accordée au malade,
l’écoute et la prise en charge et d’autre part au vieux
principe hippocratique qui pense que la nature peut trouver
en elle-même les moyens de sa propre guérison.
Le médecin est le seul compétent à traiter les maladies
organiques. Ses longues années d’étude méritent respect.
Toutefois, à l’instar de Tertullien, il faut dénoncer cette
ingérence de la médecine dans un domaine qui par nature
lui échappe. Il ne faut pas médicaliser toutes les maladies
et réduire le domaine de l’âme à la physiologie. Une
influence de la sorcellerie peut aggraver une situation ou

1
Jean Claude Larchet, Thérapeutique des maladies mentales.
L’expérience de l’orient chrétien des premiers siècles. Ed. cerf Paris 1992

11
une maladie déjà existante. Dans ce cas-là, le problème
morbide ou la maladie agit en tant que phénomène
surajouté. Aussi, la sorcellerie peut être la cause de cette
situation ou de cette maladie qui n’en constitue que l’effet.
Quelques médecins ont l’humilité de reconnaitre les
limites de leur apport, et conseillent même aux malades de
recourir à la prière. A mon avis, c’est ce genre de pratique
à encourager.

L’attitude du prêtre ou du pasteur


Pour Jean Claude Larchet2, là où le médecin ne recours
pas à une étiologie spirituelle parce que son unique objet
de référence est la réalité phénoménale, la pensée
chrétienne quant à elle a développé une conception
complexe des maladies, qui reconnaît à leur origine trois
causes possibles : organique, démoniaque et spirituelle.
Ainsi le monde chrétien n’a jamais privilégié la possession
comme la seule réponse à l’origine des maladies comme le
pensent certains esprits. Là où la médecine est réductrice,
la pensée chrétienne a le mérite de prendre en compte les
trois dimensions de l’être humain : corporelle, psychique
et spirituelle.
Le prêtre ou le pasteur qui se respecte, sera confronté à
un dilemme entre son savoir théologique scientifique et la
réalité pastorale. Il risquera d’adopter deux attitudes : soit
il n’y croit pas et expliquera l’étiologie de ces malheurs
par une cause purement naturelle, voire médicale. Dans ce
cas, il enverra le malade consulter le médecin, tout en lui
rassurant de ses prières. Soit, il croit, et tente de recourir à
l’exorcisme (à la prière de délivrance). Mais le danger est
double. D’une part, c’est de voir ce prêtre ou ce pasteur se
transformer en « désenvouteur », bénissant eau, sel et
médaille, prescrivant jeûne et veillée de prière. D’autre
2
Ibid

12
part, en matière de croyance à la sorcellerie, les personnes
les plus dangereuses ce sont celles qui se croient victimes.
Il y a là un danger réel de la fabulation. Au cours d’une
prière d’exorcisme, le prêtre ou le pasteur risque
d’accentuer une dissociation psychologique latente en
dépossédant la personne de son réel. Par exemple dans une
psychose à délire, le malade peut entendre des voix
imaginaires et s’entretenir avec elle. Ainsi la prière elle-
même peut provoquer une « possession factice ». Le
mieux est de ne pas se jeter dans l’exorcisme facile sans
prendre le temps de discernement. Le caractère étrange de
certains phénomènes qui nous sont soumis ne doit pas
nous conduire à conclure à une influence des sorciers.

L’attitude des africains


En Europe, la mort d’une personne pourra s’expliquer
par un seul commentaire : « elle avait le cancer !». En
Afrique, l’origine c’est souvent un sorcier. La répétition de
certains malheurs peut pousser un Africain à adopter le
langage de la sorcellerie. Pourquoi telle difficulté n’arrive
qu’à moi ? N’y a-t-il pas quelqu’un qui me veut du mal ?
On va donc consulter un féticheur pour confirmer les
soupçons. Ce dernier va jusqu’à lui annoncer la date de sa
mort s’il ne se « protège » pas. Le rituel que le féticheur
lui propose aura pour effet de reculer la date de la mort, et
même de punir l’auteur du sort. Nous aurons donc les
étapes suivantes :
- 1 : Un malheur est arrivé
- 2 : Accusation d’un sorcier
- 3 : Quête de l’identité du sorcier
- 4 : Confirmation de l’accusation
- 5 : Moyen de nuire au sorcier
- 6 : Et pour la victime le retour à la normale

13
Quelques personnes mettent tout en œuvre pour
découvrir le sorcier caché sous les apparences d’un chat
noir ou parmi les personnes sans défense : un vieux est
accusé de rajeunir en « mangeant » un enfant, un jeune est
traité de sorcier parce qu’il veut supplanter un adulte, un
oncle qui s’éloigne de la famille est soupçonné appartenir
à une loge parce qu’il a renié à ses obligations de parenté.
Ainsi, tous ceux qui sont accusés méritent la mort. Le
drame, c’est de voir ces pseudo-sorciers finir par admettre
leurs crimes. Ce n’est pas parce qu’une personne avoue
être sorcière qu’elle l’est dans les faits. Il s’agit d’un jeu
théâtral que la société se donne à elle-même.
Il faut aussi reconnaître que cette tendance à voir la
sorcellerie partout peut être une forme de paranoïa. Les
Africains attribuent à tort leurs malheurs à d’imaginaires
sorciers parce que c’est la théorie du milieu. La notion de
sorcellerie paraît ancrée dans la culture africaine comme
un « inconscient collectif » pour reprendre le vocabulaire
de Jung. En effet, pour un esprit occidental, la mort d’une
personne peut s’expliquer par une cause organique. Jamais
il n’ira l’attribuer à un sorcier. En Afrique, les gens
recourent bien à la médecine, mais en général l’explication
du mal trouve plus son origine à la méchanceté d’un
sorcier. Ainsi l’Afrique est devenue un terrain propice
pour tous les marchands d’illusion.
Conditionnés par la pauvreté, le chômage et
l’ignorance, les jeunes Africains accusent à tort les vieilles
personnes de sorcellerie, tout ceci pour justifier leurs
propres malheurs, alors qu’ils en sont la cause : vie
mondaine, abus d’alcool et de sexe, paresse scolaire,
manque d’hygiène, imprudence, imprévoyance,
négligence, etc. Les jeunes justifient leurs difficultés et
leurs malheurs répétés en accusant les vieilles personnes
de leur avoir, par jalousie, jeté un mauvais sort. C’est la
« théorie du bouc émissaire » selon laquelle, il faut

14
toujours symboliquement charger ses fautes sur une
victime ou, trouver un « coupable » pour libérer sa
conscience. Le recours à une étiologie démoniaque pour
expliquer ces problèmes peut tenir à la naïveté, à
l’ignorance et à l’incapacité d’expliquer les choses
autrement.
En effet, à scruter les pays de l’Afrique noire, on y
trouve que misère et guerre avec toutes sortes des maux et
des hommes et des femmes déprimés et fragiles. Aussi les
cas attribué à la sorcellerie ne relèvent que de cette
situation socio-économique. Les négro-africains disposent
de peu de moyens pour se faire soigner et pour se nourrir.
Fatalistes, les africains manquent de discernement en
voyant la sorcellerie partout. La peur des sorciers
maintient les africains dans une psychose alors que les
vrais démons sont les injustices sociales, la dictature, la
gabegie des ressources, le népotisme et la corruption.

L’attitude des chrétiens négro-africains


Les chrétiens négro-africains ont l’impression que
beaucoup de problèmes auxquels ils sont confrontés n’ont
pas trouvé des solutions, même à l’Eglise. C’est pourquoi
cela ne doit pas étonner les prêtres ou les pasteurs de les
voir recourir, par désespoir, aux pratiques fétichistes et
magiques, à déambuler dans les églises ou sectes, afin de
trouver des protections. Jean Claude Larchet interpellant la
conscience des pasteurs écrivait : « Les pasteurs chrétiens
ont ainsi une lourde part de responsabilité dans le fait que
nos contemporains s’adressent à des traditions étrangères
ou à des sectes, alors que le christianisme en lui des
ressources immenses pour répondre à cette demande.3»

3
Jean Claude Larchet, Le chrétien devant la maladie, la souffrance et
la mort. Cerf, Paris 2002, P. 28

15
Puisque face à la sorcellerie, les Africains se protègent
de diverses manières, et paradoxalement l’église ne
semble rien proposer de concret aux chrétiens négro-
africains. Contre les attaques des sorciers qu’est-ce que
l’Eglise propose-t-elle ? La seule prière et le seul recours à
Jésus-Christ sont-ils suffisants pour être protégé contre les
sorts ? Les pratiques des traditions africaines doivent-elles
être proscrites ?
Beaucoup de chrétiens qui sont les plus engagés dans
les paroisses souffrent d’une véritable crise de foi lorsque
les maladies ou les échecs surgissent dans leur vie. Ils se
trouvent face à un véritable dilemme. Ils vont de jour prier
à l’église, et ils vont de nuit chez les féticheurs. Pour
justifier une telle attitude, ils disent : « C’est vrai que nous
sommes baptisés, et que le Christ nous protège, mais après
tout nous sommes Africains et nous avons nos traditions ».
Par « tradition », ils veulent dire que deux protections
valent mieux qu’une, qu’il vaut mieux être protégé par
Jésus-Christ et en même temps par les esprits, les ancêtres.
C’est l’attitude du chrétien vagabond ; un pied dedans, un
pied dehors.

2. Quel jugement donné à ses attitudes ?


Enfermés dans leurs attitudes, les occidentaux, les
intellectuels, les médecins tendent à contester aux croyants
l’efficacité de leur démarche spirituelle et ils oublient le
caractère partial et partiel de leur démarche intellectuelle.
Dès lors l’anathème tient lieu de raison. Aucune des
positions des intellectuels comme des croyants ne doit
prévaloir de détenir la totalité de la vérité. Pour ma part,
toutes les argumentations et attitudes ci-dessus évoquées
sont des fenêtres par où passe la vérité. J’accepte l’idée et
la méthode de l’expert dans son domaine mais je ne suis ni
sociologue, ni psychanalyste, ni philosophe.

16
3. La sorcellerie existe-t-elle ?
Prenons un exemple : un jeune homme se discute
violemment avec un vieux de son quartier. Ce dernier lui
jette un mauvais sort. Une semaine plus tard, le jeune
voulant traverser une chaussée est tué par une voiture.
Deux réflexions peuvent surgir en moi. La première
réflexion : Rien de plus naturel puisqu’il a été imprudent
sur la route et le chauffeur n’a pas eu le temps de freiner.
Pour moi, ce qui est arrivé à ce pauvre homme est
« normal » mais est ce « naturel » ? Alors la deuxième
réflexion que je chasse revient au galop : Pourquoi fallait-
il que le jeune soit fauché par cette voiture, alors que de
nombreux piétons passent sur cette voie en toute sécurité ?
Je tente seulement de répondre à la question existentielle
qui est « Pourquoi ? ». S’il n’avait pas été victime d’un
mauvais sort, le jeune homme serait passé sans que cette
voiture lui fonce dessus. Il serait aussi probable que la
voiture en question serait passée sans que le jeune homme
fût présent sur ce lieu fatidique. La sorcellerie se
cacherait-elle derrière le « normal » ou le « naturel » ?
Toutefois, il ne faut pas voir les sorciers partout au
risque de sombrer dans le déterminisme et le fatalisme.
Certes, les sorciers existent, mais il ne s’agit pas de les
voir partout, et aussi de ne pas les voir nulle part.
Baudelaire disait que « la plus grande ruse de Satan, c’est
de nous persuader qu’il n’existe pas ». La grande règle est
celle de la prudence, c’est-à-dire celle consistant à
s’assurer qu’il s’agit bien d’une œuvre de sorcellerie et
non d’une explication d’ordre naturel. En effet, il y a des
cas qui relèvent de l’ordre naturel et pour lesquels il ne
faut pas conclure à une quelconque action des sorciers
mais il ne faut, non plus, être superficiel dans sa réflexion.
C’est en général, le sorcier met toute sa ruse pour se
cacher derrière les phénomènes naturels, comme, par
exemple, derrière une maladie mentale pour faire passer sa

17
victime pour folle afin qu’elle soit enfermée dans un asile
psychiatrique.

4. Comment savoir que la sorcellerie est à


l’œuvre ?
En pratique, il y aura toujours une grande difficulté
pour le prouver par le biais d’un véritable diagnostic. Il est
difficile de détecter l’influence de la sorcellerie, un tel
discernement échappe à l’expert à moins d’avoir le
charisme de discernement des esprits.
Un médecin ou un pasteur dont le regard n’est pas
spirituellement exercé hésitera entre l’explication
physiologique et l’explication démoniaque. Celui qui a le
charisme du discernement des esprits n’hésite pas. Ce don
lui permet de saisir immédiatement l’origine du problème
ou de la maladie, ce qui est d’origine organique de ce qui
n’est pas, ce qui est diabolique de ce qui est d’une autre
origine.
Saint Antoine du désert d’Egypte dit : « Il faut
beaucoup de prières et d’ascèse, pour pouvoir, par le
charisme du discernement des esprits, connaître ce qui
concerne (les démons), lesquels sont moins méchants,
lesquels sont plus méchants, la spécialité de chacun,
comment chacun agit, et, est rejeté4.»
Ce charisme m’aide beaucoup dans le discernement des
cas. Tant que je ne suis pas connecté à ce charisme, je n’ai
aucune certitude. Tant que je reste dans le dialogue avec
mes malades, j’aboutis à des connaissances
psychologiques. Grace à ce charisme, le Seigneur m’aide à
connaitre la racine d’un problème.
Prenons deux exemples. Un jour j’ai reçu une femme
qui se plaignait d’être malade depuis déjà deux mois. Tous

4
S. Athanase d’Alexandrie, Vie d’Antoine, XXII.

18
les médicaments qu’elle prenait n’avaient pas amélioré
son état de santé. Elle est partie voir un féticheur qui lui
avait dit qu’elle était victime d’un sort. Là elle a subi
plusieurs séances de « désenvoutement » mais elle n’allait
pas toujours mieux. Le féticheur avait même confectionné
pour elle un fétiche, puis un autre encore plus fort. Mais
peine perdue, elle avait dépensé son argent en vain. C’est
dans cet état qu’elle est venue me parler de ses ennuis.
Pendant que je priai pour elle, elle s’est mise à tomber en
transe. Je me suis arrêté de prier et je l’ai blâmé en lui
demandant d’arrêter de singer la possession démoniaque.
J’ai prié de nouveau et elle était calme. Rentrée chez elle,
elle a commencé à avoir des maux de ventre et a saigné
abondamment. Partie en hâte à l’hôpital, les médecins ont
découvert qu’elle était enceinte de deux mois. Mais il
fallait qu’elle se fasse avorter parce que les médicaments
qu’elle avait prise avaient provoqué la mort des fœtus (elle
avait des jumeaux). La pauvre dame s’est fait manipuler
par un féticheur qui l’avait fait croire qu’elle était
possédée et elle y croyait tellement que face à moi elle
voulait singer la possession. J’ai donc su qu’elle n’était
pas possédée au moyen du charisme du discernement des
esprits.
Un autre jour, j’ai reçu une femme qui après un
traitement de paludisme souffrait de cauchemar et
ressentait une forte anxiété. Une pensée obsédait sa
mémoire : elle croyait que le temps de sa mort était arrivé.
Cette pensée la hantait tellement qu’elle ne passait son
temps qu’à pleurer. Après la prière, je lui ai dit qu’elle ne
devait pas s’inquiéter, qu’il s’agissait des effets
secondaires des médicaments du paludisme qu’elle avait
eu à prendre. Je l’ai renvoyé après une prière de
pacification. Depuis ce jour tout est rentré dans l’ordre.
Alors ne voyons pas la sorcellerie partout !

19
J’ai eu à recueillir d’innombrables témoignages dès
l’âge de 12 ans quand j’ai commencé à prier pour les
malades. J’ai vu et entendu bien des choses bizarres. C’est
en forgeant que l’on devient forgeron. A force de
consacrer mon temps à prier avec les malades, j’ai acquis
un ensemble de convictions qui me poussent dans cet
apostolat. Je reconnais qu’il y a parfois du mauvais goût
dans ce que j’écoute de la part des personnes qui viennent
me voir. Face à cela, mon devoir est sans cesse de
discerner en expliquant, en dialoguant, en interrogeant, en
confrontant, plutôt que de trancher dans le vif et de classer
le sujet évoqué dans le domaine de la sorcellerie ou de la
psychologie. Ce que je discerne, je ne le dis pas toujours :
ce qui est important pour moi c’est de prier pour le
malade.
Les pratiques et témoignages qui sont mentionnés dans
ce livre peuvent vous donner froid dans le dos, mais ils ne
respirent que l’authenticité. Vous aurez parfois un regard
sceptique. Je suis un homme de foi et d’honneur qui
n’invente pas d’histoires. J’ai eu à prier avec beaucoup de
victimes de la sorcellerie.
Je sais que vous êtes « intellectuellement instruit » et
que votre pensée rationnelle vous offre de « bonne
raisons » de ne pas lire ce livre. Cessez de vous régaler de
vos convictions cartésiennes. Descartes n’est pas né en
Afrique.

20
Première partie

LA SORCELLERIE EXISTE !
Les 7 chapitres à lire

Texte biblique : Ezéchiel 8, 7-16 (Bible de


Jérusalem)
8, 7 Il me conduisit à l’entrée du parvis. Je regardai : il
y avait un trou dans le mur. 8, 8 Il me dit : "Fils d’homme,
fais un trou dans le mur." Je fis un trou dans le mur et il y
eut une ouverture. 8, 9 Il me dit : "Entre et regarde les
misérables abominations qu’ils pratiquent ici." 8, 10
J’entrai et je regardai : c’étaient toutes sortes d’images de
reptiles et de bêtes répugnantes, et toutes les ordures de la
maison d’Israël gravées sur le mur, tout autour. 8, 11 70
hommes, des anciens de la maison d’Israël, étaient debout
devant les idoles - et Yaazanyahu fils de Shaphân était
debout parmi eux - ayant chacun son encensoir à la main ;
et le parfum du nuage d’encens montait. 8, 12 Il me dit :
"As-tu vu, fils d’homme, ce que font dans l’obscurité les
anciens de la maison d’Israël, chacun dans sa chambre
ornée de peintures ? Ils disent : Yahvé ne nous voit pas,
Yahvé a quitté le pays." 8, 13 Et il me dit : "Tu verras
encore d’autres abominations affreuses qu’ils pratiquent."
8, 14 Il m’emmena à l’entrée du porche du Temple de
Yahvé qui regarde vers le nord, et voici que les femmes y

21
étaient assises, pleurant Tammuz.8, 15 Il me dit : "As-tu
vu, fils d’homme ? Tu verras encore d’autres
abominations plus affreuses que celles-ci." 8, 16 Il
m’emmena vers le parvis intérieur du Temple de Yahvé.
Et voici qu’à l’entrée du sanctuaire de Yahvé, entre le
vestibule et l’autel, il y avait environ 25 hommes, tournant
le dos au sanctuaire de Yahvé, regardant vers l’orient. Ils
se prosternaient vers l’orient, devant le soleil.

22
Chapitre I

UN TROU DANS LE MUR

« Il m’emmena à la porte du parvis ; je regardai : il y


avait un trou dans le mur. » Ez. 8,7
En 592 avant J.-C., en août /septembre, un an et deux
mois après sa première vision (Ch.1 et 2), le prophète
Ezéchiel, dont le nom signifie « Dieu fortifie », reçoit une
autre série de visions. Il voyage à Jérusalem en esprit, son
corps physique restant à Babylone. Il voit des choses
abominables qui ont lieu à Jérusalem. Le prophète est
témoin de trois cérémonies païennes, célébrées l’une par
les anciens de Juda (versets 7 à 12), la seconde par les
femmes du peuple (versets 13 à 15), la troisième par les
sacrificateurs eux-mêmes (versets 16 à 18).
Le trou dans le mur était une petite fenêtre percée à
travers le mur latéral du portique et donnant sur une
chambre adjacente. De pareilles chambres ou cellules se
trouvaient en grand nombre dans les parvis ; elles étaient
en partie à l’usage des employés du temple.
À travers ce « trou dans le mur », le Seigneur lui révéla
les « autres abominations » du culte secret pratiqué par les
anciens idolâtres. La vision ne décrit certainement pas une
réalité mais la situation spirituelle de la nation. « Entre et
vois », c’est dans la clandestinité que ces actions de

23
ténèbres se déroulaient. A travers « un trou dans le mur »,
Ezéchiel voit le culte idolâtre célébré dans le temple de
Jérusalem. La mission d’Ezéchiel est de dévoiler au grand
jour ce qui se fait là dans les ténèbres.

I.1. Les yeux du prophète


Avec les yeux de la chair, personne ne pouvait voir ce
culte. Avec la simple raison, il est difficile d’aborder la
réalité nouménale de la sorcellerie. D’ailleurs, les anciens
de Judas qui étaient assis devant Ezéchiel ne voyaient rien.
Vous avez besoin des « yeux du prophète » qui
consistent dans la connaissance de « ce qui est profond et
caché, la connaissance de ce qui est dans les ténèbres et la
lumière demeure avec lui » (Dn 2, 22) « les choses
cachées sont au Seigneur notre Dieu, les choses révélées
sont à nous et à nos enfants » (Dt 29, 29). Mais, vous avez
surtout besoin de ces « yeux de prophète » pour voir le
grand mystère de l’Amour de Dieu qui est plus fort que les
activités des ténèbres. Vous pouvez être un ministre du
culte, mais ne pas avoir les « yeux du prophète ». Si vous
les avez, alors vous verrez les mystères obscurs qui se
passent autour de vous. Vous verrez la partie cachée de
l’iceberg, les choses mystiques qui se déroulent dans le
temple. Vous avez besoin comme Ezéchiel d’un trou dans
le mur pour connaître ces choses abominables qui sont
autour de vous. Si vous voulez réaliser votre destinée,
vous ne devez pas vivre dans l’ignorance.
Il y a aujourd’hui des « mystères d’iniquité » dans nos
églises, dans nos pays, dans nos villes, dans nos quartiers
et dans nos familles. Il y a beaucoup de mauvaises choses
qui se passent autour de nous. Mais avec les « yeux du
prophète », vous verrez surtout que le Christ est plus fort
que toutes les puissances du mal. Votre vie est guidée, non
par Satan, mais par Dieu. Votre chemin est conduit par la

24
providence divine. Pendant que vous lisez ce livre,
demandez au Seigneur de vous enlever ce qui trouble
votre vision : « cet esprit de torpeur ou d’assoupissement
qui ferme les yeux des prophètes, et voile l’entendement
des voyants » (Is 29,10).

I.2. La place de la vision


« Vous connaitrez la vérité, et la vérité vous
affranchira » (Jn. 8,32)
Connaitre la vérité au sujet des pratiques des sorciers
est déjà un pas vers la délivrance. Tant que votre
connaissance dans ce domaine est limitée vous n’êtes pas
capable d’entrer dans le domaine du combat spirituel. Ou
vous avez la vision ou vous ne l’avez pas. Peut-être que
votre vie a eu dans le passé une avalanche d’échecs à
répétition, tant dans votre santé, vos affaires, votre famille
et vos finances. La vision vous fait connaitre la cause de
vos échecs, et y met un terme.

25
Chapitre II

À JÉRUSALEM

« L’esprit m’enleva entre la terre et le ciel, et me


transporta, dans les visions divines, à Jérusalem » (Ez.
8, 3)
C’est dans le temple de Jérusalem, à l’entrée du parvis
intérieur que se déroulaient les pratiques idolâtres. Dieu
était comme expulsé de son sanctuaire, sa présence se
transportait successivement du Lieu très saint au seuil du
temple (10.4) ; du seuil du temple à la porte orientale du
parvis (10.18-19), enfin de la porte du parvis hors de la
ville, du côté de l’orient, sur la montagne des Oliviers
(11.22-23).
Le contexte de cette révélation vient du fait que les
Israélites qui habitaient encore la Palestine parlaient avec
un certain mépris de leurs compatriotes emmenés en
captivité : La terre nous a été donnée comme alliance,
s’écriaient-ils avec orgueil. Les exilés, au contraire, se
considéraient comme « le reste d’Israël », et enviaient
leurs frères restés sur le sol de la patrie. Dieu veut par la
bouche d’Ezéchiel abattre la présomption des uns, et
relever l’esprit abattu des autres. Le patriotisme religieux
des juifs restés en Israël les faisait croire que Dieu ne
pouvait pas détruire la ville sainte. Pourtant à travers la

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