Annexe5 Reception Cellulaire

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Premier chapitre

La réception cellulaire

1. Définition

La réception cellulaire est un phénomène important de la physiologie cellulaire de


base, car il permet la communication en permanence entre les cellules vivantes
pour former un tissu. Cette communication est assurée par l’activation de
récepteurs membranaires, situés à la surface de la membrane plasmique ou de
récepteurs activés à l’intérieur du cytoplasme, appelés récepteurs intracellulaires.

L’activation de ces récepteurs cellulaires se fait par la fixation de molécules


informatives ou informationnelles qualifiées de premiers messagers (binding
protein) qui, selon leur localisation et leur fonction majeures, peuvent être des
neurotransmetteurs, des hormones, des cytokines , des facteurs de croissance ,
ou encore des composants de la matrice extracellulaire.

Les acides nucléiques sont des corps chimiques qui transmettent l’information
génétique sous forme de protéines, sont aussi par excellence des molécules
informationnelles.

Dans la vie d’un organisme animal, la réception cellulaire est un processus capital,
surtout chez les métazoaires. Chez les mammifères, elle est primordiale pour le
développement embryonnaire (prolifération et différenciation cellulaire) et fœtal et
pour le contrôle de diverses fonctions : métaboliques transmission de l’influx
nerveux, division, différenciation et mort cellulaire.

2. Les Pré requis


Les prés requis pour ce premier chapitre sont les suivants :

- Avoir compris la notion de phosphorylation d’une protéine et le changement de


sa configuration spatiale suite à la liaison covalente d'un ou plusieurs groupes
phosphates, ou l'association avec des nucléotides (Adénosine ou Guanosine).

- Avoir compris la relation entre la signalisation et l'activité enzymatique


intracellulaire (effet catalyseur).
3. Les Objectifs
Les objectifs à atteindre dans ce chapitre sont :

- Acquérir une bonne connaissance des premiers messagers (molécules


informationnelles ) et comprendre leur rôle important dans la communication
cellulaire, et les différents effets biologiques.

- Retenir qu’un récepteur est situé dans la membrane plasmique, ou dans le


cytoplasme , il interagit, directement ou indirectement, avec une protéine
effectrice, responsable de l'envoi d'un second messager intracellulaire.

- Comprendre le phénomène de transduction du signal et la succession des


événements de signalisation se déroulant entre la fixation du premier messager et
l'apparition de l'effet physiologique.

4. les récepteurs membranaires

4.1 Définition

Les récepteurs membranaires sont des protéines ou glycoprotéines


transmembranaires qui captent des signaux qui sont des molécules hydrosolubles.
Exemple de signaux :

- Les neurotransmetteurs : noradrénaline (NA), acétylcholine (Ach).


- Les hormones peptidiques, ou glycoprotéines : insuline glucagon,
vasopressine, FSH, LH
- Dérivés d’acides aminés : adrénaline (épinéphrine), sérotonine, mélatonine,
Selon leur organisation moléculaire on peut distinguer trois familles de récepteurs
membranaires :

- Les récepteurs couplés aux protéines G (les GPCRs).


- Les récepteurs enzymes.
- Les récepteurs canaux.
Dans ce premier chapitre, nous nous intéresserons au modes de signalisations par
les deux premières familles de récepteurs, les GPCRs et les récepteurs enzymes,
la troisième famille, celle des récepteurs canaux ligands dépendants, sera abordée
dans le quatrième chapitre , physiologie de la cellule nerveuse .
Avant de classer et de déterminer les modes d’action des différents récepteurs
membranaires, il est important de définir les molécules informatives et d’expliquer
la notion de transduction du signal :

4.1.1 Les molécules informatives

Les molécules informatives ou premiers messagers sont des ligands qui


possèdent une affinité envers leurs récepteurs spécifiques, suite a leur fixation il se
produit une émission d’un signal intracellulaire appelée « transduction du signal
».

Le signal déclenche, soit une internalisation de l’ensemble, récepteur-molécule


informationnelle, soit l’activation des voies métaboliques ou d’enzymes catalysant
dans le cytosol la formation d’une autre molécule informative (second messager).
Cette dernière transmets le signal au métabolisme de la cellule, la réponse peut –
être une activation ou inhibition. Les molécules seconds messagers sont : les ions
(ca++, H+), les alcools dérivés des phospholipides (inositol-phosphate), les
nucleotides (AMPc, GMPc) et les lipides (di glycérides et cholesterol) .

Le mode de sécrétion d'un premier messager est varié, le plus souvent, les
cellules sécrètent des messagers qui agissent dans l'environnement proche
(sécrétion paracrine), d’autre, plus spécialisées regroupées en glandes ont une
sécrétion endocrine.

Dans le système nerveux, les 1ers messagers sont des neurotransmetteurs


secrétés au niveau des synapses neuronales ou jonctions neuro-musculaire et
neuro-glandulaires, ce mode de transmission est qualifié de « synaptique ».

Les molécules informationnelles peuvent être transportées a travers la


biomembrane grâce a des transporteurs qui permettent le passage dans le
cytoplasme et dans le noyau ou la molécule est reconnue par un récepteur
nucléaire. Le complexe formé se fixe sur l’ADN et permet ainsi de transmettre le
message aux facteurs activateurs des gènes, la réponse peut-être une induction
ou répression.

4.1.2 Notion de Transduction du signal


Les cellules émettrices envoient des signaux interceptés par des récepteurs
spécifiques situés à la surface de cellules réceptrices (cellules cibles), a ce niveau
il y a transduction du signal : le récepteur est une protéine transmembranaire
spécifique qui reçoit le signal et modifie la conformation de la protéine qui la suit.
Une série de protéines à l’intérieur de la cellule constitue la voie de transduction du
signal, chaque protéine de la série est modifiée par celle qui se trouve en amont, a
son tour elle modifie celle qui se trouve en aval. (Figure 1)

Les réponses cellulaires à la signalisation par les premiers messagers peuvent


être très rapides, comme l’acétylcholine (quelques millisecondes) ou de durées
moyennes comme l’adrénaline (40 millisecondes). . (Figure 2)

De telles réponses rapides sont possibles parce que le signal affecte l’activité de
protéines ou d’autres molécules, qui sont déjà présentes dans la cellule, attendant
leur ordre de marche. D’autres réponses prennent plus de temps. La croissance et
la division cellulaires, quand elles sont déclenchées par les molécules de
signalisation appropriées, peuvent prendre des heures pour se produire. En effet,
la réponse à ces signaux extracellulaires nécessite des modifications de
l’expression génique et la production de nouvelles protéines. (Figure 3)

La transduction du signal englobe donc tous les procédés par lesquels les
récepteurs engagés (dans la membrane plasmique ou intracellulaire) transmettent
des signaux dans la cellule. Collectivement, ceux-ci fournissent une représentation
symbolique de l'environnement et permettent aux cellules de répondre de manière
appropriée aux changements (réponses précoces et tardives).
Figure 1 : Transduction du signal dans la cellule animale et les différents effets
biologiques.

Figure2 : Voie de signalisation courte (canal ionique) et longue (récepteur d'adrénaline)


Figure3 : les deux voies : lentes et rapides dans la signalisation cellulaire

4.2 Les récepteurs couples aux protéines G (les GPCRs)


4.2.1 Définition
Les récepteurs liés aux protéines G sont appelés GPCRs (G-Protein Coupled
Receptors) , car leur activité nécessite la présence de guanine diphosphate (GDP)
qui est phosphorylée pour donner la guanine triphosphate (GTP).

Trois à six pour cent des gènes d’un organisme codent pour des récepteurs couplés
aux protéines G. Ces derniers forment la plus grande famille de récepteurs
membranaires de la surface cellulaire (environ 1500 récepteurs). Ils sont tous
étroitement apparentés à la rhodopsine (pigment visuel des bâtonnets, premier
GPCR à avoir été identifié).

La fixation d’un ligand sur un GPCR permet l’activation des voies MAP kinases
aboutissant à la prolifération, la différentiation, le développement ou encore à
l’apoptose. . elle peut également provoquer la modification de la forme de la cellule,
l’altération de l’adhésion ou encore la migration des cellules.
4.2.2 Les molécules informationnelles spécifiques aux GPCRs

Les GPCRs sont les cibles fréquentes de drogues thérapeutiques, Ils sont cependant
capables de fixer divers signaux :

- Acide glutamique, Acide γ-aminobutyrique


- Amines : Acétylcholine , Adrénaline , Noradrénaline , Dopamine , Histamine,
Melatonine, Sérotonine,
- Peptides endogènes : mélanotropines (α, β et γ), β-endorphine, Met-
enképhaline, amyline, angiotensine II
- Photons : rhodopsine des cellules en bâtonnets, opsines rouge, verte et bleue
des cônes
- Ions Ca2+
- Composés du système immunitaire : chimiokines, anaphylatoxines C3a et C5a
du complément,

4.2. 3 Structure d’un GPCR

La protéine G interagit exclusivement avec des récepteurs à sept domaines


transmembranaires, on les qualifie de récepteurs serpentine ou 7TM.

La chaîne polypeptidique qui compose ces récepteurs traverse la MP sept fois sous
forme d’une hélice α . Les sept segments transmembranaires traversés par le
polypeptide sont organisés en cercle qui contient en son centre une cavité et un site
de liaison pour la molécule signal. L’extrémité N-terminale est située du coté
extracellulaire, l’extrémité C-terminale du coté hyaloplasmique. La longueur de
l’extrémité N-terminale est fonction de la taille du ligand :

* Courte pour l’adrénaline, la noradrénaline et l’acétylcholine.

* Longue pour LH et FSH.

En fonction de leurs séquences d'acides aminés, les GPCRs sont rangés en trois
classes ou sous /familles ;

- Classe A « rhodopsin like »,

- Classe B « secretin like » ,


-Classe C « métabotropique/glutamate/pheromone receptor like »

Figure 4 : Structures et modes d’insertion des différents sous types d’un GPCR de classe A.

Figure5 : Structures et modes d’insertion des différents sous types d’un GPCR de classe B
et C.
4.2.4 Structure de La protéine G heterotrimérique

Elle est formée de trois sous unités nommées : α, β, y. La sous-unité G (39-45kDa)


fixe la guanine nucléotide. Elle est constituée d'une poche de liaison nucléotidique
(domaine « rd »), et d’un domaine en faisceau d'hélices (domaine « hd ») qui
recouvre la poche de liaison de GTP. La sous unité (32 kDa) est caractérisée par
sept feuillets antiparallèles, appelés WD-repeats, car les séquences d'environ 35
acides aminés du « repeat » se terminent souvent par tryptophane (W) et asparatate
(D). L'ensemble des repeats-WD forme une hélice, structure impliquée dans les
interactions protéine-protéine. La face dorsale de l'hélice interagit avec la sous-unité
G (8 kDa) par une liaison quasiment indissociable, alors que sa face frontale
interagit avec la sous-unité G , par une liaison dépendant de l'état de G (inactive
, liée au GDP ou active , lié au GTP).

La protéine-G trimérique est liée à la membrane par des queues lipidiques :


myristoyl ou palmitoyl (acides gras) pour le G et farnésyl ou géranylgéranyl
(isoprénoïdes) pour le G .
Figure6 : structure moléculaire de la protéine G

4.2.5 Etapes d’activation des récepteurs couplés aux protéines G

4.2.5.1 Fixation du premier messager et activation de la protéine G

La fixation du ligand (premier messager) à son récepteur provoque le changement


dans sa conformation et accroît son affinité à la protéine G. Ce dernier s’unit à la
protéine G α à la face interne de la membrane et produit un complexe récepteur –
protéine G. L’interaction du récepteur avec la sous unité α de la protéine G libère le
GDPqui lui est fixé et le remplace par un GTP.

La liaison de GTP affaiblit l'interaction entre G et G et le complexe se


dissocie. Le G α et le G ainsi libérés interagissent avec des molécules effectrices.
Le récepteur ainsi activé, peut interagir successivement avec plusieurs protéines-G,
l'interaction est interrompue lorsque G est chargé en GTP. Le récepteur libéré
peut alors recruter d'autres protéines-G dans leur état inactivé (GDP).
4.2.5.2 Activation de l’effecteur

La sous unité G α GTP active un effecteur qui produit un second messager, point
de départ de recrutement de protéines, il rapproche substrats et enzymes ou
enzymes et leurs co-facteurs. Les réactions qui s'ensuivent conduisent le signal vers
l'intérieur.

L’effecteur peut être un canal, une pompe ou une enzyme qui catalyse la synthèse
d’un second messager.

4.2.5.3 Reformation du complexe trimère et retour à l’état initial

La sous unité G α séparée possède sa propre activité catalytique : fonctionne


comme une GTPase qui hydrolyse Le GTP et produit du GDP lié (protéine G
inactivée). Cette neutralisation provoque son détachement de l’effecteur. Un même
récepteur sera actif suffisamment longtemps pour activer une centaine de protéines
G avant de retourner à un état inactif. Les differentes etapes d’acgtivation d’un
GPCR sont illustrées dans la figure 7.

Figure7 : les étapes d’activation d’un GPCR


Figure8 : cycle de la protéine G αs âpres activation d’un GPCR

4.2.6 Les différents effets biologiques en réponse à l’activation de G α

Les effets observés suite à l’activation de la protéine G dépendent essentiellement


de la nature de α ; en effet il y a différents types de sous-unités α, notamment les α s
et α i, qui sont présentes dans la quasi-totalité des cellules. (Voir tableau1).

TABLEAU 01: Les effets de l’activation des effecteurs en fonction de la nature de la


protéine G α.

Nature de la protéine Rôle stimulateur Effet biologique


Gαs -Activation de l'adénylcyclase Augmentation de la


(effecteur primaire) avec
(s : stimulant) Phosphorylation :
augmentation de la synthèse
d'AMP cyclique (second messager). L’AMPc active la protéine
kinase A (PKA) qui va
phosphoryler plusieurs
cibles.

-Module l’ouverture des canaux Ca+ Stockage de Ca+ :


(effecteur primaire) . activation des Ca ATPases
et pompage de Ca+

Gα i -Inhibe l'adénylcyclase et diminue la Phosphorylation diminue


synthèse d'AMPcyclique
(i pour inhibiteur)
-Module l’ouverture des canaux K+(
Repolarisation
effecteur primaire)

Gα t Active une phosphodiestérase fermeture des canaux Na+,


(effecteur primaire) qui détruit le Ca+. hyperpolarisation du
(t pour transducine)
GMPc (second messager) nerf optique
présente au niveau
des cellules photo -
réceptrices

4.2.7 Modèle d’'activation d’un GPCR : stimulation de l’effecteur


adénylate cyclase (AC) par G α s

L’adénylate cyclase ou l'adénylyl cyclase, est une glycoprotéine membranaire et


enzyme clé de la synthèse de L’adénosine monophosphate cyclique (AMPc), il
constitue l’effecteur activé par G α s suite à la fixation de l’hormone adrénaline sur
son récepteur spécifique.

la fixation de l'adrénaline à l'extérieur de la cellule conduit à la fixation de la protéine-


G au récepteur, après échange de GTP pour GDP sur la sous-unité-alpha G α s ,
cette dernière se détache du complexe pour s'associer ensuite avec l'adenylyl
cyclase. L’activation d’adénylate cyclase, permet la conversion de l'ATP en second
messager cyclique (AMPc) (figure 9)
Figure 9 : activation de l’adenylate cyclase et production de l’AMPc

La conversion est réalisée en présence de Mg++ et produit du pyrophosphate qui


est rapidement hydrolysé, rendant la réaction irréversible.

Figure10 : conversion de l’ATP en AMPc

l’AMPc , ainsi que le GMPc (guanosine monophosphate cyclique) est impliqués dans
la régulation de toutes les principales fonctions biologiques. (Tableau 3)
TABLEAU 03 : Action des signaux de nature hormonaux induisant L’AMPc comme second
messager.

signal hormonal Action incluant l’AMPc (messager secondaire)


(messager primaire)
Epinephrine et Foie et muscle squelettique : Hydrolyse du glycogène- synthèse de
glucagon glucose- inhibition de la synthèse du glycogène.

Muscle lisse : phosphorylation des canaux ioniques dans les


muscles lisse et favoriser l'entrée de calcium et provoquer une
contraction.

Vasopressine (ADH) Rein : Augmentation de la perméabilité des cellules épithéliales à


l’eau
TSH Tyroïde : Sécrétion des hormones thyroïdes
Hormones Os : Augmentation de la résorption du calcium
parathyroïdes
LH Ovaire : Augmentation de la sécrétion des hormones stéroïdes
ACTH Cortex adrénosurénalien : Augmentation de la sécrétion des
lucocorticoides.

Graisse : catabolisme des triacylglycérol.

Dans le cytoplasme, l'AMPc produit va activer la protéine kinase A ( PKA ou cyclic


AMP-dependent protein kinase A) . elle est composée de deux sous-unités
régulatrices bloquantes a l’état inactivé, et deux autres, catalytiques. Les sous-
unités régulatrices, portent chacune, une séquence « pseudosubstrat», qui mime le «
vrai substrat », mais qui par manque d'une sérine ou d'une thréonine ne peut être
phosphorylée. La liaison avec les molécules d’AMPc conduit à la libération des deux
sous-unités catalytiques qui leur sont associées, et peuvent phosphoryler des
serines et thréonine. (Figure 11)
Figure 11 : activation de la PKA par l’AMPc

L’activation de PKA exerce de nombreux effets sur la cellule déclenchée par un seul
signal (messager primaire).les différentes cibles sont : (figure 12)

- La phosphorylase b kinase : phosphorylée active la phosphorylase


responsable de la dégradation du glycogène et la lipase hormono sensible qui
est responsable de la dégradation des triglycérides des cellules adipeuses.
(figure 13)
- Les canaux ioniques calciques
- Les récepteurs à sept domaines transmembranaires: leur phosphorylation
conduit à leur inactivation, qui est définie comme étant une désensibilisation
hétérologue.
- Les facteurs transcriptionnels CREB et CREM : qui modulent la
transcription de nombreux gènes.
Figure 12 : les cibles de la PKA

Figure 13 : modèle d’activation d’un GPCR : signalisation par le glucagon.


4.3 Classe des récepteurs enzymes ou récepteurs catalytiques (Les
RTKs)
4.3.1 Définition

Se sont des récepteurs des protéines de type I, c’est à dire que la partie N terminale
de la protéine est située dans le milieu extracellulaire et la partie C terminale dans le
milieu intracellulaire. Ils transmettent l’information en agissant comme une enzyme
où peuvent être couplés à des enzymes. Contrairement aux GPCRs, la chaîne
polypeptidique traverse la MP une seule fois. L’activité enzymatique est localisée
dans le cytoplasme et permet le transfert du phosphate de l’ATP vers l’hydroxyle des
tyrosines des protéines cibles et/ou du récepteur lui-même. C’est ce qu’on appelle
l’autophosphorylation.

Les RTKs permettent la transmission d’un signal de l’extérieur vers l’intérieur de la


cellule et jouent ainsi un rôle important dans le contrôle de nombreux processus
biologiques, tels que le cycle cellulaire, la migration cellulaire, le métabolisme, la
prolifération et la différenciation cellulaire . Les RTKs sont classés en 20 familles
selon la structure de leurs domaines extracellulaire et intracellulaire. Dans ce premier
chapitre, nous développeront les voies de signalisation du récepteur à l’insuline (IR),
qui est membre de la grande famille des récepteurs aux facteurs de croissance
cellulaire. les facteurs de croissance (non hématopoïétiques) intervenant dans la
croissance et le développement cellulaire ainsi que le mode d’activation de leurs
récepteurs spécifiques, seront abordés dans le chapitre suivant, la croissance et
différenciation cellulaire.

4.3.2 Modèle typique : le récepteur de l’insuline: IR

4.3.2.1 Présentation

Le récepteur de l’insuline appartient à la famille des récepteurs de facteurs de


croissance, à activité tyrosine kinase. Ces molécules exercent leur activité sur les
protéines comportant un domaine SH2. Ces derniers permettent l’appariement des
molécules, ce qui peut démasquer, par exemple, un site enzymatique.
Le récepteur de l’insuline est présent dans touts les tissus d’un organisme animal,
mais avec une concentration variable d’un tissu a un autre. En priorité, il est exprimé
sur ses trois tissus cibles, le foie, le muscle et le tissu adipeux.

Il existe deux isoformes de récepteur :

- RI-b : isoforme prédominant dans l'ensemble des tissus adultes (foie,


muscles squelettiques et tissu adipeux)
- RI-a: surtout exprimé dans les tissus fœtaux, le système nerveux central de
l'adulte et chez l’homme dans certaines tumeurs malignes.

Le récepteur IGF1, de la famille des récepteurs de facteurs de croissance, présente


une structure similaire à celle du récepteur de l’insuline et une homologie de l’ordre
de
50%. La liaison de l’IGF1 sur le RI, ou l’inverse, se fait avec une affinité 100 à 1 000
fois plus faible. Cependant, les concentrations circulantes en IGF1, 100 fois
supérieures
à celles de l’insuline (l’IGF1 étant stocké dans le sérum sur des protéines de liaison),
pourraient activer le RI.
4.3.2.2 Structure

Le récepteur à l’insuline et le facteur de croissance IGF-1 possèdent deux chaînes α


extracellulaires, chacune d’entre elles étant liée à une chaîne β par un pont disulfure,
pour former un hétéro-tétramère. Il est constitué de deux paires de sous unités :

- Deux sous-unités α (120 kDa), constituent le domaine extracellulaire du récepteur


et assurent la fixation de l’insuline grâce à leur partie glucidique. Ce domaine,
possède deux régions riches en lysine (L1, L2) et une région riche en cystéine (CR).
Des mutations naturelles du domaine L1 peuvent être responsables d’une affinité
réduite du récepteur pour son ligand ou aboutissent à un fonctionnement aberrant du
récepteur qui n’est plus correctement recyclé dans la cellule. Les deux chaînes α
sont reliées entre elles par des ponts disulfures.

- deux sous-unités β (80 kDa) sont reliées aux deux chaînes α par deux ponts
disulfures. Elles forment un domaine transmembranaire, donnant au récepteur une
mobilité latérale et un autre intracellulaire, à activité tyrosine kinase possédant une
boucle régulatrice qui occlut le site catalytique tyrosine kinase et le maintient à l’état
inactif. Lors de l’activation du récepteur, la liaison de l’ATP sur son site consensus
permet le dépliement de cette boucle et sa transphosphorylation (c’est-à-dire la
phosphorylation d’une sous-unité β par l’autre) sur des résidus tyrosine.

Figure 14 : structure du récepteur de l’insuline

Remarque : du un point de vue fonctionnel le récepteur de l'insuline se comporte comme


une enzyme allostérique dont la chaîne α inhibe l'activité kinase de la chaîne β. La liaison
de l'insuline à α (ou protéolyse ou délétion génétique de α) lève cette inhibition .

4.3.2.3 Activation du récepteur

- Phosphorylation du récepteur

Lorsque l’insuline se fixe sur son récepteur, il se dimérise avec un récepteur voisin
et la transduction du signal au domaine intracellulaire via le segment
transmembranaire provoque directement un changement dans la conformation du
récepteur puis son autophosphorylation sur des résidus tyrosine, il s’agit de la cis
autophosphorylation. La trans autophosphorylation ne nécessite aucun changement
conformationnel , elle est la conséquence de l’ effet de proximité engendré par la
dimérisation.
L’activation de la fonction kinase de la partie intracellulaire permet le recrutement
d’un ensemble de protéines effectrices permettant d’acheminer le message jusqu’au
noyau.

-Phosphorylation des substrats


L’activation totale des domaines tyrosine kinase du récepteur permet la transduction
du signal aux protéines substrats encore appelées protéines adaptatrices : IRS
(insulin receptor substrate ) et Shc (Src homologous and collagen protein) . (Figure
15)
Ces protéines se positionnent au niveau de la face cytosolique de la membrane
plasmique par leur domaine PH (plekstrin homology) qui reconnaît les
phospholipides membranaires. Elles interagissent avec les tyrosines phosphoryles
du récepteur par leur domaine PTB (phosphotyrosine-binding domain). (Figure 16)

-Phosphorylation des protéines , a domaine Sh2


Les protéines IRS et Shc ainsi phosphorylées sont à leur tour reconnues par les
domaines SH2 (src homology 2 ou domaine homologue à src de type 2) de protéines
relais, intracellulaires. La transduction du signal par ces dernières, va entrainer des
cascades de phosphorylation de protéines impliquées dans deux voies de
signalisation distinctes : (figure 17)
A. la signalisation par la phosphatidyl-inositol 3 kinase (PI3) phosphorylée, stimule
la voie du métabolisme par la protéine PKB: La PKB phosphorylée active d’autres
relais intracellulaires impliqués en priorité dans les effets métaboliques de l’hormone.
Par la voie PKB, l’insuline exerce également un effet anti-apoptotique, en inhibant les
effets des protéines proapototiques cytoplasmiques (Bad et Caspases 9) et bloquent
l’expression des facteurs de transcription dans le noyau.
B. La signalisation par la protéine Grb2 (growth factor receptor-bound protein
2) stimule la voie de la MAP kinase : la liaison de Grb2 sur des phosphotyrosines
spécifiques permet d’activer le facteur d’échange nucléotidique SOS (son of
sevenless) qui active la protéine G Ras dans la membrane plasmique en stimulant
l’échange du GDP contre le GTP. Ras active la kinase Raf, qui phosphoryle alors et
active la MAP kinase kinase (MEK) responsable de l’activation par phosphorylation
des deux MAP kinases, ERK1 et 2 (extracellular signal-regulated kinase). Celles-ci
vont activer la kinase p90rsk impliquée dans la synthèse protéique et vont entrer
dans le noyau afin de phosphoryler et activer des facteurs de transcription impliqués
dans la prolifération et la différentiation cellulaire.

Figure 16 : autophosphorylation du récepteur de l’insuline activé et phosphorylation des


substrats.
Figure 17: voies de signalisation intracellulaire de l’insuline après activation de son
récepteur

L’insuline exerce ainsi un effet pléotropique , sa fixation sur son récepteur spécifique
entraine des effets biologiques cellulaires variés . En effet, elle intervient dans la
survie cellulaire en bloquant l’apoptose et en stimulant la prolifération, elle permet la
régulation en parallèle de l’anabolisme et catabolisme, ceci dans toutes les cellules.
La figure suivante , montre l’implication de l’insuline dans la physiologie cellulaire .
Figure 18 : effet pléiotropique de l’insuline

5. LES RECEPTEURS INTRACELLULAIRES

5.1 Définition

Les récepteurs intracellulaires sont des récepteurs qui logent, soit dans le
cytoplasme, soit dans le noyau des cellules cibles. Qu’ils soient dans le cytosol ou
dans le noyau, ces récepteurs sont appelés récepteurs nucléaires (NRs ; Nuclear
Receptors), car lorsqu’ils sont activés par la liaison du ligand, ils agissent comme
régulateurs ou facteurs de la transcription dans le noyau : ils agissent dans le noyau
(en relayant des signaux hormonaux) et modulent la transcription des gènes en
trans : modification de la transcription du DNA en RNA) , codant des protéines qui à
leur tour activent de nombreux autres gènes.

5.2 Nature des molécules de signalisation des récepteurs


intracellulaires

Les ligands des récepteurs intracellulaires sont souvent de nature lipidique, donc
liposolubles (à effet direct). Leur sécrétion est déclenchée par un signal
extracellulaire et leur durée de vie est longue. Le complexe hormone – PP
(protéines porteuses plasmatiques spécialisées) se dissocie près de la cellule cible et
l’hormone diffuse immédiatement a travers la membrane plasmique.

Les messagers à effet direct sont les hormones stéroïdes, testostérone, estradiol,
progestérone, cortisone, aldostérone, l'hormone thyroïdienne, la vitamine D, et les
rétinoïdes. En raison de leur caractère lipophile, les messagers traversent la
membrane plasmique et interagissent soit avec le récepteur présent dans le
cytoplasme dont ils modifient la conformation, soit avec le récepteur présent dans le
noyau et c'est le complexe formé qui interagit avec l’ADN.

5.3 Structure

Les récepteurs nucléaires sont constitués de quatre domaines, différents : (figure


19)

5.3.1 Domaine DBD

C’est le domaine de liaison du récepteur à l’ADN, appelé en anglais "DNA Binding


Domain". La liaison s’établie sur des séquences d'ADN particulières qui se trouvent à
proximité des gènes qu'elles régulent, se sont les éléments de réponse à
l'hormone (HRE ) appelé en anglais "Hormone Responsive Element" . A ce niveau,
se trouve également le domaine C constitué d’acides aminés impliqués dans la
dimerisation du récepteur.

Le domaine (DBD) est caractérisé par la présence de deux doigts de zinc de type
C4 (4 cystéines), dans chaque doigt, la disposition de quatre cystéines invariables
permet la chélation d’un ion de zinc . (Figure 20)
Ce domaine possède une taille de 66 à 70 acides aminés. Il est composé de deux
hélices alpha et sa séquence protéique est riche en acides aminés basiques. On
peut à l’intérieur du DBD définir deux domaines fonctionnels importants :

5.3.1.1 La boîte P (P box)

Cette région est portée par le premier doigt de zinc. C’est elle qui est impliquée dans
la reconnaissance du demi-site de l’élément de réponse. (HRE )

5.3.1.2 La boîte D (D box )

Elle est située dans le second doigt de zinc, définit l’écartement entre les deux demi-
sites de l’élément de réponse sur l’ADN. La boîte D est impliquée dans la
demerisation du récepteur.

Cette structure en doigt de zinc est très rigide, et impose une topologie spécifique
aux domaines DBD, qui permet à une hélice α de se positionner dans le grand sillon
de l'ADN. (Figure 21)

5.3.2 Domaine LBD

Le domaine de liaison au ligand appelé en anglais "Ligand Binding Domain». A ce


niveau, se trouve également les domaines impliqués: dans la dimerisation ( E et F
) , et l'activation de la transcription ( AF2 )

Tous les récepteurs nucléaires ne possèdent pas de boîte D fonctionnelle dans le


DBD, mais tous ceux qui forment des dimères sont liés par leur LBD. Le LBD des
récepteurs nucléaires des hormones stéroïdes est également responsable de trois
fonctions primordiales dans leur mode d’action : l’interaction avec les protéines HSP
en l’absence de ligand et la translocation nucléaire. Il faut noter que la liaison des
protéines HSP avec le LBD protège le récepteur de la dégradation et le maintient
dans une conformation permettant l’accueil du ligand.

5.3.3 Domaine A / B
C’est le domaine N-terminal , modulateur ,et le plus variable en ce qui concerne la
taille et la séquence en acides aminés. Les acides aminés impliqués dans l'activation
de la transcription sont situés dans le domaine AF1 (Activating Function 1).

5.3.4 Domaine NLS

C’est la séquence en acides aminés appelée signal de localisation nucléaire "Nuclear


Localisation Signal«, elle permet au récepteur activé (fixation du ligand ) d’être
reconnu au niveau des pores nucléaires et sa translocation du cytoplasme vers le
noyau et d'y rester.

Figure 19 : Structure générale d’un récepteur nucléaire


Figure 20 : structure en doigt de Zinc .
Figure 21 : illustration du rôle des doigts de Zinc dans la dimerisation et la liaison a l’ADN.

La structure hélicoïdale de la "P-box" permet des contacts avec le grand sillon de l'hélice d'ADN.

.Les acides aminés de la "D-box" sont importants pour les interactions avec les groupements

phosphates de l'ADN et pour la dimérisation du récepteur.

5.4 Mécanisme d’activation

Selon leur localisation initiale (à l’état inactivé), on classe la superfamille de


récepteurs nucléaires en deux grandes familles, celle des récepteurs dits de type
I situés dans le cytosol puis délocalisés dans le noyau et celle des récepteurs dits
de type II, situés et activés exclusivement dans le noyau.
5.4.1 Activation des récepteurs nucléaires de type I

Cette catégorie de récepteurs regroupe le récepteur des androgènes, le récepteur


d'oestrogènes, le récepteur des glucocorticoïdes et le récepteur de la
progestérone.

La fixation du ligand sur le récepteur (domaine LBD) initialement présent dans le


cytosol induit le changement de sa conformation et la dissociation d'une protéine
de choc thermique (Heat Shock Protein ) libérant le domaine DBD . le récepteur
activé est transporté (translocation) du cytoplasme vers le noyau par un transport
actif.

Dans le noyau, après l'homo-dimérisation, le récepteur se fixe sur une séquence


spécifique de l'ADN appelée élément de réponse à l'hormone "Hormone Responsive
Element" - HRE. (Figure 22 et 23)
Figure 22 : Signalisation cellulaire par l’activation du récepteur glucocorticoïdes (GR).
Figure 23 : Signalisation cellulaire par l’activation du récepteur des androgènes (AR). La
fixation du ligand (testostérone), induit le départ des HSP, et la phosphorylation du
Récepteur activé qui subit une translocation vers le noyau, reconnaît l’élément HRE et
recrute le complexe activateur de transcription. Le remodelage chromatinien subséquent
permet l'assemblage de la machinerie transcriptionnelle et l'activation de la transcription.
5.4.2 Activation des récepteurs nucléaires de type 2

Dans cette famille, nous avons le récepteur de l'acide rétinoïque, le récepteur X des
rétinoïdes et le récepteur de l'hormone de la thyroïde.

Ces récepteurs nucléaires de type 2 sont localisés en permanence dans le noyau.


En l'absence de ligand, et sous forme d'hétéro-dimères (Exemple, récepteurs des
acides rétinoïques RAR et RXR), ils se fixent à l’ADN, sur un élément de réponse
de type DR5 constitué de deux séquences AGGTCA séparées par 5 paires de
bases. (figure 24)

Ils sont souvent complexés à des protéines qui bloquent la transcription, les co-
répresseurs (dont NCor) et l’ histone désacétylase (HDAC). Apres stimulation, les
récepteurs changent de conformation et se dissocient ainsi de leurs co-répresseurs,
et HDAC , ils recrutent de protéines co-activatrices de la transcription (CBR , SRC)
et une HAT ce qui permet le relachement de la chromatine . La transduction du
signal permet l’activation des protéines supplémentaires (dont l'ARN polymérase) qui
sont recrutées par les complexes (récepteur-ADN) pour la traduction de l'ADN en
ARN messager. (Figure 25).
Figure 24 : Mécanisme d’activation des récepteurs nucléaires de type 2.
Figure 25 : Mécanisme d’activation des récepteurs nucléaires de type 2.

Conclusion

Les récepteurs cellulaires pressentent une grande variabilité dans leurs structures,
ainsi que leur mode d’activation, ils signalent des voies intracellulaires multiples
interconnectées les unes aux autres, tel que l’activation des enzymes impliquées
dans le métabolisme, et la transcription de l’ADN. Comprendre leurs mécanismes de
signalisation est la clé de la recherche en physiopathologie cellulaire et domaine de
l’oncologie.

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