Dynamique Des Fluides Réels

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Dynamique des Fluides Réels

M1 Mathématiques et applications : spécialité Mécanique


Ébauche de cours ..... en train d’élaboration/completion

Adil Ridha
i

Copyright c 2008 Université de Caen - Département de Mathématiques et Mécanique, Tous


droits réservés.
Avertissement
Le contenue de ce document est inspiré d’un cours enseigné à l’Université de Caen en
Licence de Mécanique (2002–2003), de Master 1 Mathématiques et applications : spécialité
Mécanique, et de divers manuels et ouvrages dont :
(1) P. Germain & P. Muller, Introduction à la mécanique des milieux continus, Masson
(2) R. Comolet, Mécanique expérimentale des fluides, Masson.
(3) P. Chassaing, Mécanique des Fluides, Éléments d’un premier parcours, CÉPADUÈS–
ÉDITIONS
(4) Inge L. Ryhming, Dynamique des fluides, Presse Polytechniques et Universitaire
Romandes.
(5) A. Dyment, Introduction à la mécanique des fluides, Cours de mécanique des fluides,
Université des sciences et techniques de LILLE.
(6) G. Duvaut, Mécanique des milieux continus, Masson.
(7) A. R. Paterson, A first cours in fluid dynamics, Cambridge university press.
(8) Gebick Bar-Meir, Fundamentals of Compressible Fluid Mechanics, The Protto Project
(9) P. Chassaing, Turbulence en mécanique des fluides , CÉPADUÈS–ÉDITIONS

UFR des Sciences 2008–2009 Université de Caen


TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 1. Introduction 1
1.1. Généralités 1
1.2. Liquide et Gaz 2
1.3. Forces extérieures 4
1.4. Tenseur de contraintes et la notion de viscosité 11
1.5. Statique des fluides 13
1.6. Sommaire 20

Chapitre 2. Cinématique des Fluides 23


2.1. Vitesse et Trajectoire de Particule 23
2.2. La dérivée matérielle (ou particulaire) 28

Chapitre 3. Conservation de La Masse 31


3.1. Équation de continuité 31
3.2. Fonction de courant pour un écoulement bidimensionnel 33

Chapitre 4. Déformation des Fluides. Vorticité 41


4.1. Introduction 41
4.2. Champ vectoriel −

ω 47

Chapitre 5. Équations du mouvement 51


5.1. Forme fondamentale 51
5.2. Contraintes et taux de déformation 53
5.3. Équations de Navier-Stokes 56
5.4. Discussion des équations de Navier-Stokes 57

Chapitre 6. Écoulements idéaux 61


6.1. L’équation d’Euler 61
6.2. L’équation du vecteur tourbillon 61
6.3. Le théorème de circulation de Kelvin 63
6.4. Théorème de Bernoulli 64

Chapitre 7. Équation de Bernoulli et Perte de Charge 73


7.1. L’équation de Bernoulli et la perte de charge 73
7.2. Équation de la conservation d’énergie 74
7.3. L’équation d’énergie 76
7.4. Équation de Bernoulli : équation de l’énergie 77

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TABLE DES MATIÈRES

Chapitre 8. Écoulement potentiel 79


8.1. Généralités 79
8.2. Écoulements plans irrotationnels d’un fluide incompressible 83
8.3. Écoulements élémentaires 85
8.4. Force et Moment 90

Chapitre 9. Écoulement des Fluides Réels 93


9.1. Introduction 93
9.2. Écoulements unidirectionnels 94
9.3. Écoulement à faible vitesse ou faible nombre de Reynolds 105
9.4. Lubrification Hydrodynamique 108
9.5. Expérience de Reynolds 112

Chapitre 10. Analyse Dimensionnelle et Similitude 115


10.1. Préambule 115
10.2. Analyse dimensionnelle 115
10.3. Théorème de Vaschy–Buckingham ou théorème des π 117
10.4. Paramètres sans dimensions 120
10.5. Similitude et théorie des maquettes 120

Chapitre 11. Couches limites 127


11.1. Introduction 127
11.2. Équations de la couche limite – théorie de Prandtl (1904) 127
11.3. Développement de la couche limite 130
11.4. L’épaisseur de la couche limite 135
11.5. Solutions approchées 137
11.6. Équation intégrale de von Kármán 138

Chapitre 12. Introduction à la turbulence 145


12.1. Préambule 145
12.2. Quelques caractéristiques d’écoulements turbulents1 148
12.3. Mouvement moyen et fluctuations en écoulement incompressible 150
12.4. Equations de mouvement et le tenseur de contraintes de Reynolds 151
12.5. Hypothèses pour les écoulements turbulents 155

Chapitre 13. Écoulements compressibles 165


13.1. Introduction 165
13.2. L’équation d’énergie et le premier et deuxième principe de la thermodynamique 165
13.3. Ondes sonors : propagation des petites perturbations de pression 166
13.4. Onde de choc en 1D : l’exemple d’un piston en mouvement 172
13.5. Onde de choc 174
13.6. Écoulement unidimensionnel isentropique 177
13.7. Résumé de relations d’écoulements isentropiques : Théorèmes de Hugoniot 185

Annexe A. Formules et Identités Vecorielles 187

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v

Annexe B. Théorème de transport de Reynolds 189


Annexe C. Tenseur de contraintes, équations de mouvement (∇ · ~v = 0) 191
3.1. Coordonnées cartésiennes (x, y, z) avec (u, v, w) 191
Tenseur de contraintes 191
Équations de Navier–Stokes 191
Équation de la conservation de la masse 191
3.2. Coordonées cylindriques (r, θ, x) avec (vr , vθ , vx ) 192
Tensur des contraintes 192
Équation de la conervation de masse 192
Équation de Navier–Stokes 192
3.3. Coordonées sphériques (r, ϕ, θ) avec (vr , vϕ , vθ ) 193
Tenseur de contraintes 193
Équation de la conservation de la masse 194
Équation de Navier–Stokes 194
Annexe D. Équation de la conservation d’énergie 195

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CHAPITRE 1

Introduction

1.1. Généralités
Un fluide est un milieu matériel continu qui se déforme continuellement sous l’action de
la moindre force de cisaillement. Ce pourquoi on dit que le fluide s’écoule. Un fluide prend
la forme du récipient avec les parois duquel il est en contact. Le mot fluide est synonyme
de substance dont les éléments se mettent en mouvement avec une liberté totale (fluides
idéaux, dits non visqueux) ou une liberté restreinte (fluides réels, dits visqueux).
En Mécaniques des Fluides (des liquides ou des gaz) on considère l’écoulement des fluides
du point du vue macroscopique, c’est-à-dire du point du vue de milieux continus. Dans ce
cadre, bien qu’un élément du fluide soit composé d’un très grand nombre de molécules, c’est
aux propriétés moyennes de cet élément macroscopiques que l’on s’intéresse.
Par une particule de fluide on entend dire un élément de fluide qui est infinitésimal au
sens mathématique, c’est-à-dire assimilée à un point en analogie avec la notion de point
matériel en mécanique rationnelle. Ainsi on admet qu’une particule de fluide a les mêmes
propriétés en tous ses points. Nous nous limitons dans ce qui suit aux fluides isotropes,
c’est-à-dire aux fluide dont les propriétés sont invariables dans toutes les directions.
Vu par un physicien, la Mécanique des Fluides constitue une branche de physique. En
revanche, pour un mathématicien il s’agit d’une branche de mathématiques appliquées. Par
ailleurs, vue les soucis d’applications d’ingénierie, l’ingénieur la voit comme une science
qui s’appuie, en grande partie, sur l’expérience. En effet, la science de la mécanique des
fluides est un ensemble constitué de tous ces composantes car La Science est un ensemble
ordonné et systématique de connaissances établies par l’analyse théorique, l’observation
et l’expérience. À vrai dire l’étude de La Mécanique des Fluides ne peut être effectuée
en profondeur qu’avec une maı̂trise considérable de mathématiques. En Mécanique des
Fluides l’observation, l’expérience et la mathématiques sont aussi bien inséparables comme
une cellule vivante et l’eau.
On appel la branche de Mécanique, ou Mathématiques appliquées qui traite les lois du
mouvement des fluides La Mécanique des Fluides. Dans le cas où le “fluide” signifie “liquide”
(il s’agit en générale de l’eau), la Mécanique des Fluides devient la Mécanique des liquides,
ou l’hydromécanique; en dynamique il s’agit alors de l’hydrodynamique1 . Lorsque “fluide”
veut dire “gaz”, on appel la Mécanique des Fluides l’Aéromécanique; en dynamique on parle
alors de l’Aérodynamique2.

1hydõr = eau + dynamikos (force)


2 aẽr = air +dynamikos (force)

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Introduction

En Hydrodynamique on cherche d’établir des relations analytiques et théoriques entre


les éléments cinématiques3 du mouvement, en l’occurrence l’écoulement, et les forces qui les
produisent et maintiennent. L’Hydraulique4 est l’hydrodynamique dont le but est l’étude
des lois de mouvement des liquides dans les tubes, les tuyauteries, les canaux, les coudes,
et dans d’autres appareils d’ingénierie.
L’Aéromécanique se divise en Aérostatique, Aérodynamique Théorique, Aérodynamique
Expérimental et la Mécanique de Vol.
En biomécanique, la mécanique des fluides traite l’écoulement du sang dans les veines
et dans le coeur, elle traite aussi l’écoulement de l’air dans l’appareil respiratoire.
D’autres exemples de la mécaniques des fluides sont fournis par la prédiction climatique
et le champ magnétique.

1.2. Liquide et Gaz


Lorsqu’un solide est soumis à une force il subi une déformation. On dit que cette
déformation est élastique si elle disparaı̂t avec la disparition de la force et plastique dans le
cas contraire où elle persiste.

Force normale Force de cisaillement

Figure 1.1. Forces normale et forces de cisaillement.

Par contre un fluide réel, c’est-à-dire visqueux, se déforme continuellement dés qu’il est
soumis à la moindre force de cisaillement; on dit alors que le fluide s’écoule tout en résistant
à la déformation. Par une force de cisaillement on entend dire une force tangentielle à la
surface de l’élément fluide qui provoque un mouvemen des couches voisines de fluide l’une
par rapport aux autres.
On appelle fluide parfait tout fluide (non–visqueux ) qui n’offre aucune résistance aux
forces de cisaillement.
Un liquide est un fluide pesant dont la masse volumique varie peu avec la pression ainsi
qu’avec la température et est usuellement supposée invariable. Par contre, la masse volu-
mique d’un gaz varie beaucoup avec la pression et la température, et est suffisamment petite
pour qu’on puisse, en général, négliger les effets dûs à la pesanteur; un gaz remplit tout le
3kinẽmatos = mouvement
4hydõr = eau + aulos (tube)

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1.2 Liquide et Gaz 3

volume du récipient qui le contient. Les gaz se distinguent de liquides par leur propriété
d’expansion. On dit alors que les liquides sont à compressibilité très faible ou sont forte-
ment incompressible; c’est pourquoi on dit que les liquides sont des fluides incompressibles.
Contrairement aux liquides, la compressibilité des gaz est très élevée et on parle alors des
fluides compressible.

1.2.1. Volume de contrôle. En Thermodynamique on fait recours à la notion du


système thermodynamique comme une région de l’espace délimitée par une surface, dite
sureface de séparation qui peut être matérielle (réelle) ou imaginaire. Le système est con-
stituée des éléments matériels étudiés subis au changement d’état provoqué par des échanges
de masse, ou de chaleur et/ou de travail à travers la surface de séparation. En revanche, pour
analyser le mouvement de fluide on isole dans la pensée une région (matérielle) géométrique
et arbitraire V (t), appelé volume de contrôle, délimitée par une surface matérielle S(t)
perméable aux particules fluides; V (t) et S(t) peuvent être fixes, mobiles et déformables
dans l’écoulement.

~n

dS
y
x

Figure 1.2. Volume de contrôle V délimité par une surface de contrôle S,


~n est le normale extérieur à S.

1.2.2. Masse Volumique, Volume Spécifique, Compressibilité. Soit D un do-


maine occupé par un milieu fluide et P ∈ D un point quelconque du milieu; soit δM la
masse d’un élément infinitésimal du volume δV centré en P et enfermé par la surface δS.
Alors, il existe à chaque instant t une fonction scalaire ρ(P, t) continûment dérivable :
δM
(P, t) 7−→ ρ(P, t) = lim , kg/m3 (1.1)
δV →0 δV
δM →0

appelée la masse volumique du milieu. Dans le cas de deux fluides non-miscibles (dit
immiscibles), bien que ρ soit discontinue à la surface de séparation de deux fluides (qui

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Introduction

est une surface de discontinuité), elle est continûment dérivable sur chaque côté d’une telle
surface. On définit de la même manière le volume spécifique v :
δV
(P, t) 7−→ v(P, t) = lim , m3 /kg. (1.2)
δV →0 δM
δM →0

La compressibilité d’un fluide est définie par


   
1 ∂v 1 ∂ρ
κ=− = m2 /N (1.3)
v ∂p T ρ ∂p T
où T et p sont respectivement la température (K) et la pression thermodynamique (Nm−2 ).
Conformément à cette définition, on dit que l’écoulement est incompressible si la masse
volumique de chaque particule fluide reste (presque) constante, et qu’il est compressible
dans le cas contraire.

1.3. Forces extérieures


Toute particule ou domaine fluide est soumis à deux types de forces extérieures, forces
ou actions à distance et actions de contact.

1.3.1. Forces à distance ou forces de champ. Il s’agit des forces qui se décroissent
lentement avec la distance entre les éléments en interaction et dont l’effet est appréciable
pour les distances caractéristiques de l’écoulement du fluide. Ces forces sont produises par
des champs naturelles comme, par exemple, le champ de la pesanteur (force par unité de
volume, ρ~g ) ou les champs électromagnétiques. Les forces fictives induites par des référentiels
en accélération telle que la force de centrifuge sont aussi classées parmis les forces à distance.
Ces forces sont proportionnelles aux éléments de volume ou de masse et agissent de la même
manière sur toutes les particules fluides d’un petit élément de volume. On appelle toutes
ces forces forces de volume (ou volumique) ou force de masse (ou massique).
En écrivant des équations de mouvement, on désigne en générale la force totale à
l’instance t s’exerçant sur un élément de volume δV et centré en un point P dont le vecteur
position est ~x par


f (~x, t)ρδV ; (1.4)


ρ est la densité du fluide et f (~x, t) est la force massique. La force de la pesanteur par unité
de masses s’écrit


f = ~g (1.5)
où ~g est l’accélération due la pesanteur.
Quant aux forces fictives, elles entrent en jeu quand le mouvement est analysé par
rapport à un référentiel uniformement accéléré, les “forces d’inertie” telles que la force
de Coriolis (2~vrelative ∧ ~ω ) ou la force de centrifuge (− 21 ω 2~r) sont des forces fictives; ~ω est
le vecteur rotation du repère par rapport à un référentiel galiléen. La force de Coriolis est
important en météorologie et dans la circulation océanique étudiée en dynamique des fluides
géophysiques.

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1.3 Forces extérieures 5

~r

dV
ρω 2~rdV
ρ~g dV

Figure 1.3. Forces de pesanteur et de centrifuge s’exerçant sur un élément


de volume dV .

1.3.2. Forces de contact. Il s’agit des forces d’origine moléculaire qui se décroissent
extrêmement rapidement avec la distance entre les éléments en interaction de sort qu’elles
n’entrent en jeu que sur une distance du même ordre de grandeur que la distance séparant
les molécules de fluide. Ces forces ne se font apparaı̂tre que lors de contact direct entre les
éléments et ne s’exercent que sur la surface de contact. La force de pression p (contrainte
normale à la surface) ou la force de cisaillement (contrainte de cisaillement agissant par-
allèlement à la surface) sont des exemples de forces de contact et sont exprimées en fonction
de leur densité surfacique.
Pour comprendre comment ces forces agissent sur un fluide, on considère un domaine
D délimitée par la surface ∂D, voir la figure 1.4. Les particules fluides à l’extérieures de D
exercent des actions sur les particules à l’intérieur de ∂D. Quand on note que l’orientation
de toute partie de la surface ∂D dépend de sa position, on se rende compte assez vite qu’il
est inutile de chercher une expression pour les forces de contact en fonction de leur effet
total sur un élément fluide à volume finit. Il sera plustôt judicieux de focaliser l’attention
sur un élément de surface plane A interceptée par le domaine D; A divise alors D en deux
sous domaines D1 et D2 . La force totale de contact s’exprime maintenant comme la force
exercée par le fluide en D2 sur le fluide en D1 à travers un élément δA, de la surface plane
A, vu de D1 , et centré en P(− →
x , t); la force totale est proportionnelle à l’aire de cet élément


δA et à la valeur de force de contact par unité de surface à l’instance t, Σ (~n, ~x, t), soit :


Σ (~n, ~x, t) δA, (1.6)
où ~n est le vecteur unitaire normale extérieure à δA.−

On appelle contrainte locale la force de contact Σ . Compte tenu du troisième principe
de Newton, le principe d’action et réaction, la force exercée par le fluide en D1 sur le fluide
en D2 à travers δA (vu maintenant de D2 ) est


− Σ (~n, ~x, t) δA. (1.7a)
Cette force est aussi égale à


Σ (−~n, ~x, t) δA (1.7b)

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Introduction

D = D1 ∪ D2
∂D = ∂D1 ∪ ∂D2 ∂D2

D2
face-2 ~n
A
P δA
face-1
→ −
− →
Σ ∧ δA
−~n

∂D1

D1

Figure 1.4. Esquisse pour les définitions de contraintes à travers un élément


de surface, dS.



ce qui implique que Σ est une fonction impaire, c’est à dire :


→ −

− Σ (~n, ~x, t) δA = Σ (−~n, ~x, t) δA. (1.7c)



1.3.3. Représentation de Σ par le tenseur de contraintes. Pour mettre en


évidence comment Σ dépend de l’orientation de ~n, on considère maintenant un petit élément
de fluide sous la forme d’un tétraèdre aux arêtes orthogonales à son sommet P comme montré
sur la figure 1.5. Par rapport à une base orthonormée directe B(− →
e1 , →

e2 , −

e3 ), le vecteur uni-
taire normale extérieure, l’aire et la force de contact associés à chacune des faces du tétraèdre

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1.3 Forces extérieures 7



e3
C

~n

δA2 P δA1
A δA3 B


e1 e−

2

Figure 1.5. Un élément de fluide de volume tétraèdre aux trois faces orthogonales.

sont donnés par :


Face Aire nomale extérieure Force de contact


ABC δA ~n Σ (−n)δA

→ −
→ −
→ −
BP C δA1 = e1 · ~nδA − e1 Σ (−→e1 )δA1

→ −
→ −
→ −

CP A δA2 = e2 · ~nδA − e2 Σ (− e2 )δA2

→ −
→ −
→ −
AP B δA3 = e3 · ~nδA − e3 Σ (−→e3 )δA3

→ →
au premier ordre d’approximation, où Σ (−− ei ) désigne la contrainte locale s’exerçant sur
l’élément de surface δAi .
Selon le principe fondamentale de la dynamique, l’équation de mouvement de l’élément
tétraèdre est donnée par :

densité × accélération × δV = forces volumiques × δV



→ −
→ → −
→ → −
→ →
+ Σ (~n)δA + Σ (−−e1 )δA1 + Σ (−−
e2 )δA2 + Σ (−−
e3 )δA3
En remplaçant δAi par δA− →
ei · ~n, et puis en divisant par δA, on obtient :
~0 = ~0 + −
→ −
→ →−
Σ (~n) + Σ (−− e1 )→

→ →−
e1 · ~n + Σ (−−
e2 )→

→ →−
e2 · ~n + Σ (−−
e3 )→
e3 · ~n
quand (δV /δA) → 0.

→ → −
→→
Ensuite, en utilisant Σ (−−ei ) = − Σ (− ei ) on obtient le vecteur

→ −
→→− −
→→− −
→→−
Σ (~n) = Σ (−e1 )→
e1 · ~n + Σ (−e2 )→
e2 · ~n + Σ (−
e3 )→
e3 · ~n (1.8a)
dont l’ième composante dans la base B est donnée par
Σi (~n) = Σi (−

e1 )n1 + Σi (−

e2 )n2 + Σi (−

e3 )n3 = Σi (−

ej )nj (1.8b)
où n est la j ème composante de −
j
→n dans la base B.

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Introduction


Notons à ce stade que les vecteurs −→n et Σ ne dépendent en aucune manière du choix
de la base B, qui est arbitraire. Il vient alors que l’expression
Σ (−→
e )i j

représente l’élément (i, j) dans B, d’une grandeur objective, cest-à-dire, indépendante du


choix de base. Autrement dit, Σi (− →
ej ) est un élément d’un tenseur d’ordre 2, disons σij ,
défini par :
Σi (−

n ) = Σi (−

ej )nj = σij nj . (1.9)
ème
Résumons : σij est la i composante de la force de contact par unité de surface s’exerçant
à travers un élément de surface plane normale à la direction − →
ej , et associée à l’instant t, à


la position x dans le milieu fluide. On appelle tenseur de contraintes le tenseur −

→ →
σ auquel
appartient σij .


La force d F exercée par le fluide sur un élément plan de surface d’une frontière solide ,


d S , et orienté par la normale extérieure ~n est aussi donnée par
→ −
− → → −
− →
dF = − σ · dS = −
→ →
σ · ~ndS ou dF = σ n dS = σ dS
i ij j ij j

où · désigne le produit scalaire entre un tenseur et un vecteur.

1.3.4. Propriétés de tenseur de contraintes.


1.3.4.1. Symétrie du tenseur de contrainte.
Soit V un petit volume de fluide centré en O et délimité par la surface S. Les forces de
surface dues au fluide à l’extérieure de V s’exercent un moment sur le fluide à l’intérieur de
V : Z
~r ∧ dF~ ,
S
où ~r est le vecteur position relativement à O, et dF~ la force de contact appliquée sur un
élément de surface dS; cette force s’écrit comme


dF~ = −
→σ · ~ndS
et l’expression de moment de forces extérieures à V devient
Z Z −→ 
~r ∧ dF~ = ~r ∧ − →
σ · ~n dS.
S S
L’application du théorème de convergence à cette expression conduit à
Z −
 → 
∇ · ~r ∧ − →σ · ~n dV
V
ème
dont l’i composante est donnée par
Z

(εijk xj σkl ) dV
V ∂xl
où nous avons posé ~r = (x1 , x2 , x3 ). Maintenant, si on utilise le symbole de Kronecker,
∂xj
= δjl , δjl = 1 si j = l, δjl = 0 sinon,
∂xl

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1.3 Forces extérieures 9

on obtient
Z  
∂σkl
εijk σkj + xj dV. (1.10)
V ∂xl
Analysons cette expression quand dV → 0. À cette fin soit σ l’ordre de grandeur des
éléments du tenseur de contraintes et δ le rayon moyen de V par rapport à O. Alors,
V ∼ O(δ 3 ), c’est à dire V est d’ordre δ 3 . Le premier terme dans l’expression (1.10) est
d’ordre
σδ 3
tandis que le deuxième est d’ordre
(σ/∆x)δ 4 .
Dans cette expression ∆x représente la distance sur laquelle σij subit un changement
appréciable, par exemple de zéro à σ. D’où
Z   Z Z
∂σkl ∂σkl
εijk σkj + xj dV = εijk σkj dV + εijk xj dV
∂xl ∂x
V
| V {z } |V {z l }
O(δ 3) O(δ 4)

Si on écrit maintenant l’ième composante de l’équation de moment pour l’élément V , on


obtient :
Z Z
[~r ∧ (densité × accélération)]i dV = [~r ∧ (forces volumiques)]i dV +
|V {z } |V {z }
4 4
O(δ ) O(δ )
Z Z
∂σkl
εijk σkj dV + εijk dV
V V ∂xl
| {z } | {z }
3 4
O(δ ) O(δ )

Par la suite, on déduit en divisant cette équation par δ 3 que le premier, deuxième et qua-
trième termes tendent vers zéro quand δ → 0 ce qui impose que

εijk σkj = σjk − σkj = 0,

quelque soit l’élément de volume V . On vient ainsi de démontrer que le tenseur de con-
traintes est symétrique, et n’a que six composantes indépendantes.
Les trois composantes diagonales de σij sont des contraintes normales dont chaque
élément constitue la composante normale de force de contacte agissant à travers un élément
plan de surface parallèle à un plan du système référentiel.
Les six éléments non diagonaux de σij sont des contraintes de cisaillement induites par
un mouvement de cisaillement ou par un déplacement relatif des couches parallèles de milieu
continue.

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Introduction

1.3.4.2. Le tenseur de contraintes dans un fluide au repos. On sait que tout tenseur σjk
possède des axes principaux de symétrie dans lesquels il s’écrit sous la forme
 ′ 
σ11 0 0
 0 σ22 ′
0 

0 0 σ33
et que la somme des éléments diagonaux de tout tenseur est invariante (indépendante de la
base relatif à laquelle il est exprimée), soit :
σii′ = σ11
′ ′
+ σ22 ′
+ σ33 = σ11 + σ22 + σ33 = σii
Pour dégager certaines propriétés du tenseur de contraintes, il est commode de le décomposer
en un tenseur isotrope et un tenseur dit déviateur :
   
1 ′ 1
 3 σii 0 0  σ11 − 3 σii 0 0 

 0 1 
 et 

′ 1 
σ ii 0 0 σ22 − σii 0 
 3   3 
 1  
′ 1 
0 0 σii 0 0 σ33 − σii
| {z 3 } | {z 3 }
tenseur isotrope tenseur déviateur
Ainsi le tenseur de contraintes s’exprime sous la forme :
 
′ 1
σ11 − 3 σii 0 0
 
1 0 0 
1  
′ 1 
σii 0 1 0 + 
  0 σ22 − σii 0  (1.11)
3 0 0 1 3 

′ 1 
0 0 σ33 − σii
3
On sait que tout milieu solide supporte à la fois des forces de compression et de traction
(tension), mais il supporte mieux les premières que les deuxièmes. En revanche, un fluide
supporte facilement les forces de compression mais supporte très mal les force de traction
même pour des liquides sous des conditions expérimentales soigneusement préparées ; un
fluide se disperse en générale sous l’action de la moindre force de traction.
En générale, le signe du terme isotrope σii est négatif et par conséquent il s’agit d’une
pression uniforme, en tout point P , dans toutes les directions.
En ce qui concerne le tenseur déviateur, le deuxième terme dans (1.11), il est impérative
qu’il soit constitué à la fois des éléments aux signes négatif et positif car la somme des
éléments diagonaux est nulle compte tenu de la décomposition du tenseur de contraintes.
Pour fixer les idées on considére maintenant un petit élément sphérique d’un fluide au
repos. Première constat : en tout évidence un tel élément peut supporter une pression
uniforme comme celle fournit par la composante isotrope du tenseur de contraintes, et peut
en conséquence être comprimé tout en gardant une forme sphérique. Deuxième : pour un
fluide au repos, la composante déviateur s’exercerait au moins une contrainte de compression
dans une direction et au moins une contrainte de traction (tension) dans une autre direction
car la somme des éléments diagonaux est nulle. Conséquence : un élément fluide ne peut
pas résister à de telles contraintes et doit subir par conséquent une déformation ce qui

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1.4 Tenseur de contraintes et la notion de viscosité 11

transforme la sphère en un ellipsoı̈de : autrement dit l’élément se mettrait en mouvement


ce qui est en contradiction avec le fait que le fluide est repos. Conclusion : la composante
déviateur de contraintes doit s’annuler pour tout fluide au repos.

Conclusions :
(a) Pour un fluide au repos le tenseur de contraintes se réduit à
σij = −pδij
ou


→ −




→σ = −p I (1.12)




où p est la pression de fluide et I un tenseur unité.
(b) La composante déviateur de tenseur de contraintes dépend de mouvement et lié à
la viscosité de fluide et aux forces de cisaillement. Ces forces s’annulent pour un
fluide au repos.
Quand on se rappelle qu’en Thermodynamique l’état d’un fluide à l’équilibre est défini par
une relation appelée équation d’état, écrite en générale, sous la forme :
f (p, ρ, T ) = 0. (1.13)
on se rende compte que p peut être considérée comme une variable “statique” caractéristique
de l’état du fluide.
Lorsque le fluide est visqueux et en mouvement, le tenseur de contraintes prend la forme
suivante :


→ −


→ −


→ −

τ
σ =− p I + (1.14a)
↑ ↑ ↑
tenseur tenseur
pression de contraintes
de contraintes visqueuses
ou

σij =− p δij + τij . (1.14b)


↑ ↑ ↑
tenseur tenseur
de contraintes pression de contraintes
visqueuses

1.4. Tenseur de contraintes et la notion de viscosité


En fluide, les contraintes dépendent de la vitesse de la déformation et de ce qu’on appelle
la viscosité. Isaac Newton suggéra une expérience pour mesurer la résistance de fluide au
mouvement. Dans l’expérience on considère l’écoulement visqueux dans l’espacement entre
deux plaques planes de grandes envergures, parallèles et séparées par une petite distance δ
comme montré sur la figure 1.6. Une plaque est fixe et l’autre mobile dans son propre plane

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Introduction

à une vitesse constante U~x. On observe pour des nombreaux fluides, tel que l’air et l’eau,
que la vitesse entre les deux plaques varie linéairement de zéro à U d’une plaque à l’autre :
y 
vx (y) = U (1.15)
δ

y
plaque mobile

U~x Fx

δ vx (y) = (y/δ)U
O
x

plaque fixe

Figure 1.6. Écoulement de cisaillement simple.

L’expérience de Newton suggéra que la force Fx nécéssaire pour maintenir la plaque


mobile en mouvement (ici, la plaque supérieure) est directement proportionnelle à la vitesse
relative ainsi qu’à l’aire A de la plaque, et inversement proportionnelle à la distance δ :
 
Fx U
=µ . (1.16a)
A δ
On appelle viscosité dynamique le coefficient de proportionalité µ ; la viscosité dynamique
est une propriété du fluide et dépend en général de la température.
La force qui s’exerce sur la plaque inférieure par le fluide est
   
Fx U ∂vx
=µ = µ = τxy (1.16b)
A plaque y=0 δ ∂y
et sur la plaque supérieure
 
Fx ∂vx
= −µ . (1.16c)
A plaque y=δ ∂y
L’unité de µ dans le système SI est le Pascal.seconde (Pa.s), soit :
1 Pa.s = N/m2 .s = kg.m/s2 .1/m2 .s = kg/(m.s)
C’est pourquoi on appelle fluide Newtonien tout fluide qui se déforme de cette manière. Il
existe des fluides dont le comportement est différent et peuvent, par exemple, supporter
une contrainte de cisaillement τ0 avant de se mettre en mouvement tels que les matières
plastiques et les fluides dénomés fluides de Bingham. Pour le premier catogorie la variation

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1.5 Statique des fluides 13

des contraintes de cisaillement est non-linéaire avec les gradients de vitesse tandi que pour
le deuxième elle est linéaire et décrite par :
∂vx
τxy = τ0 + µ . (1.17)
∂y
On appelle fluide non Newtonien toute matière fluide qui n’obéissent pas à la loi de Newton,
tels que des miels, des huiles lourdes, des boues, des solutions de polymère, ainsi que les
poudres comme les sels ou les sables.

τ
ue
tiq
as
Pl

m
g ha
n
Bi
e
st iqu
la
dop
eu
Ps en
t oni
w
e Ne nt
id a
Flu ilat
D
dvx
Fluide parfait τ = 0 dy

Figure 1.7. Comportement de la contrainte de cisaillement pour des fluides


Newtoniens et non-Newtoniens.

1.5. Statique des fluides


1.5.1. Pression hydrostatique et force volumique. On utilise le terme hydrosta-
tique pour décrire la mécanique des fluides en équilibre : c’est-à-dire, pour décrire la statique
des fluides. Le principe fondamental de la dynamique nous renseigne que le mouvement d’un


milieu matériel contenue dans un volume V , et soumie aux forces extérieures Σ F , obéit au
deuxième principe de Newton :
masse × accélération = Somme des forces extérieures
Soit un fluide de densité ρ, contenu dans V , en mouvement à la vitesse U ~ par rapport à un
référentiel galiléen. Alors :
Z ~
dU −

ρ dV = Σ F (1.18a)
V dt
Au cas d’équilibre statique par rapport au référentiel, la vitesse de toute particule est nulle,
conduisant ainsi à


0 = ΣF (1.18b)

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~n
S

f o rc
dS
e de
pres
sion S
V
Z −p
~nd
S

Z
force de gravité ρ~g dV
V

Figure 1.8. Un élément du fluide au repos.

En général,



Σ F = Forces de surface + Forces volumiques + Forces fictives (1.18c)

et puisque le fluide est au repos relativement à un repère galiléen, il n’est assujetti en fait
qu’aux forces suivantes :

Z
force de pression : (−~np)dS, force surfacique
S
Z
force de pesanteur : ρ~g dV, force volumique
V

dont la résultante est nulle :


Z Z
(−~np) dS + ρ~g dV = ~0 (1.18d)
S V
Z
soit : (−∇p + ρ~g )dV = ~0 (1.18e)
V
d’où : − ∇p + ρ~g = ~0 (1.18f)

car V est arbitraire.

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1.5 Statique des fluides 15

Selon (1.18d), la force de pression F~p exercée par un fluide, à densité constante, sur un
corps du volume V dans lequel il est plongé est donnée par
Z
~
Fp = (−~np) dS
S
Z
= − ρ~g dV
VZ
= −ρ~g dV = −ρ~g V = (ρgV ) ~z
V ↑
poids du fluide
déplacé par V

On appelle F~p , qui est orientée selon la verticale ascendante, force de poussée ou force de
flottement. Cela traduit le principe d’Archimède :

Tout corps immergé dans un fluide est soumis à une force de


poussée orientée dans la direction de la verticale ascendante
qui est égale au poids du volume de fluide déplacé par le
corps.

On appelle cette force force d’Archimède.

Surface libre, z = 0, p = patmosphérique

z1

p1

~g H z2
~z

~y

p2
~x

Figure 1.9. Cylindre de fluide pesant en équilibre.

Si on se place maintenant dans un référentiel équipé des coordonnées cartesiennes (x, y, z),
avec l’axe des z orienté le long de la verticale ascendante, l’équation (1.18f) s’écrit alors sous

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Introduction

la forme :
∂p
= 0, (1.19a)
∂x
∂p
= 0, (1.19b)
∂y
∂p
= −ρg (1.19c)
∂z
car ~g = −g~z . On conclu immédiatement des équations (1.19a,b) que :
la pression p est constante dans tout plan horizontal x-y.
On appelle la pression p, définie dans (1.19), pression hydrostatique.
L’intégration de (1.19c) conduit à
p2 − p1 = ρg(z1 − z2 ) = ρgH (1.20)
pour un fluide à densité constante, qui peut être vue comme une application du principe
d’Archimède à une parcelle cylindrique de fluide de hauteur H = z1 − z2 et de densité
uniforme ρ. En multipliant par S, l’aire de la section droite du cylindre, on obtient
S × (p2 − p1 ) = force de flottement = S × (ρgH) = poids du fluide dans le cylindre
L’équation (1.20) exprime en fait la distribution de pression d’un fluide en équilibre à densité
uniforme écrite sous la forme :
p + ρgz = constant = p(z = 0). (1.21)

1.5.1.1. Forces hydrostatiques. L’analyse de tout système des forces requiert à la fois le
calcul de la résultante ainsi que le moment par rapport à un axe donné, ce pourquoi la notion
du torseur a été introduit. Cherchons donc à déterminer le torseur de forces hydrostatiques
s’exerçant sur une surface solide S immergée dans un fluide pesant.
−→
On sait que la force dF appliquée par le fluide sur un élément dS ∈ S est donnée par
Z
−→ −

dF = −p ~n dS, d’où F = (−p ~n) dS avec p(z) = p0 − ρgz
S

où p0 est la pression à la surface libre en z = 0.


Le point d’application G de cette force sur S, dit centre de poussée, est donné par
Z Z
−→ −−→
OG ∧ (−p ~n) dS = OM ∧ (−p ~n) dS (1.22)
S S

où M est un point matériel de la surface S, et O un point de référence.


En guise d’illustration, soit une paroi plane S immergée dans un liquide comme schématisée
sur la figure 1.10. Alors, la force par unité de surface appliquée par le liquide à tout point
M ∈ S est −~np tandis que celle appliquée par la pression atmosphérique p0 à la face non-
mouillée est −(−~n)p0 . Ainsi la force nette s’exerçant par unité de surface sur la paroi est
−~n(p − p0 ) = ~nρgz > 0, car z < 0. Soit ~s un vecteur unitaire tangente à S indiquant l’angle

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1.5 Statique des fluides 17

~z
~x p(z = 0) = p0

~n h0
O

−→
dF = −~nρgzdS
Z
F~ = −~n ρgzdS p0 H = h0
s

~np0
−~np0
~s

−(p(z) − p0 )~n = −ρgz~n


G, centre de poussée

Figure 1.10. Surface immergée dans un liquide et soumise aux forces de pression.

fait par S avec l’horizontal : ~x · ~s = cos α. Si S est rectangulaire, A = ℓ × L avec L compté


dans la direction horizontale, l’aire d’un élément de surface est
dS = L × dℓ = L × dz/ sin α.
Alors, on a pour la force hydrostatique :
Z
~
F = ~nρgzdS
S
Z z=−h0
=~nρg z(L × dz)/ sin α
z=−h0 −ℓ sin α
 z=−h0
1 2
=(ρgL/ sin α)~n z
2 z=−h0 −ℓ sin α
1 
= (ρgL/ sin α)~n −2h0 ℓ sin α − ℓ2 sin2 α
2
1 1
= − ρgLℓ(ℓ sin α + 2h0 )~n = − ρgA(H + h0 )~n = −F ~n
2 2
où
1
F = ρgAhc avec hc = (H + h0 )
2
pour une surface plane.

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Pour déterminer le centre de poussée, on applique la formule (1.22) :


Z
−→ −−→
OG ∧ (−~nF ) = OM ∧ (−~nρgzdS)
S

−−→ −→
avec OM = (z/ sin α)(−~s) et OG = OG(−~s) :
Z
OG × F (~n ∧ ~s) = (~n ∧ ~s)(z/ sin α)ρgzdS
S
Z z=−h0
= (~n ∧ ~s)(z/ sin α)ρgz × (L × dz/ sin α)
z=−h0 −ℓ sin α

D’où
Z z=−h0
ρgL z 3 dz/ sin2 α
z=−h0 −ℓ sin α
OG =
F
 
 1 2 z=−h0
2
= ρgL/F sin α z
3 z=−h0 −ℓ sin α
 
= ρgL/3F sin α 3h0 ℓ sin α + 3h0 ℓ2 sin2 α + ℓ3 sin3 α
2 2
 
= ρgL/3F sin2 α 3h0 ℓ sin αH + ℓ3 sin3 α

= (ρgA/3F sin α) 3h0 H + ℓ2 sin2 α
 
2 3h0 H + ℓ2 sin2 α
=
3 H + h0

Pour une paroi verticale avec h0 = 0 : H = ℓ, et par conséquent on obtient

2 2
OG = ℓ = H
3 3

1.5.2. Fluide en rotation uniforme. Un fluide en rotation uniforme est au repos


lorsque vu d’un repère en rotation avec le fluide. La rotation uniforme est équivalent à une
“force d’inertie”, qui est une force fictive, égale à une force de centrifuge ρω 2~r où ω est
la vitesse de rotation d’un système des coordonnées cylindriques (r, θ, z), avec ~r le vecteur
position relativement à l’axe de rotation, z, voir la figure 1.11a. Dans ce cas le terme ρω 2~r
s’ajoute, selon (1.18c), au premier membre de l’équation (1.18f) qui se transforme en :

−∇p + ρ~g + ρω 2~r = ~0. (1.23a)


| {z } |{z} | {z }
force de pression force de pesanteur force de centrifuge

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1.5 Statique des fluides 19

Écrite en coordonnées cylindriques, cette équation conduit à

∂p
= −ρg, (1.23b)
∂z
∂p
= ρω 2 r, (1.23c)
∂r
∂p
= 0 (1.23d)
∂θ
dont la solution est :
1
p = p0 + ρω 2 r 2 − ρgz (1.23e)
2
où p0 désigne la pression atmosphérique à la surface libre, z = ζ; l’équation de ζ est obtenue
de (1.23e) en posant p = p0 (z = ζ, r) :

1
gζ = ω 2 r 2
2
qui est une équation d’hyperbole comme montré sur la figure 1.11a.

z γ
ω
gζ =
−γ x

~g
r
2
1 ω2 r
gζ = 2 z

x
1111111111111111111111111111
0000000000000000000000000000
(a)
0000000000000000000000000000
1111111111111111111111111111
(b)

Figure 1.11. (a) Fluide dans un cylindre en rotation uniforme, (b) fluide
dans un réservoir en accélération uniforme.

1.5.2.1. Fluide en mouvement à accélération uniforme. Considère un fluide dans un


réservoir mis en mouvement à accélération uniforme ~γ , par exemple, parallèlement à l’axe
des x, voir la figure 1.11b. Le fluide, vu relativement à un repère lié au réservoir, est en

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Introduction

équilibre (au repos) régis par l’équation

−ρ~γ −∇p + ρ~g = ~0 (1.24a)


↑ ↑ ↑
force (d’inertie) fictive force de pression forces de pesanteur
dont la projection dans sur les axes (x, y, z) donne :
∂p
−γ− = 0, (1.24b)
∂x
∂p
− = 0, (1.24c)
∂y
∂p
− − ρg = 0. (1.24d)
∂z
La solution est
p(x, z) = p0 − ρgz − ργx (1.24e)
où p0 désigne la pression atmosphérique régnant à la surface libre définie par z = ζ(x), dont
l’équation est
gζ = −γ x (1.24f)

1.6. Sommaire
Fluide. On appel fluide tout milieu matériel et continu qui se déforme continuellement
sous l’action de la moindre force de cisaillement.
Volume de contrôle. On appel volume de contrôle toute région géométrique V (t), matérielle
et arbitraire, délimitée par une surface matérielle S(t) perméable aux particules fluides,
isolée dans la pensée pour analyser le mouvement du fluide. Un volume de contrôle peut
être déformable, mobile ou fixe.
Force volumique - force à distance. Il s’agit d’une force (par unité de volume), telle que
la force de pesanteur ρ~g , s’exerçant sur tout volume fluide.
Force surfacique - force de contact. Il s’agit des forces (par unité de surface) d’origine
moléculaire qui s’exercent sur les frontières de tout élément fluide. On parle alors de la pres-
sion (contrainte normale) qui est toujours positive p > 0, et les contraintes de cisaillement
qui s’exercent parallèlement à toute surface frontière.
Tenseur de contraintes. Toute surface fluide est soumise aux contraintes (force par unité
de surface). Ces forces surfaciques constituent les éléments σij de tenseur de contraintes
composé d’une partie isotrope et une partie déviatrice.
Équilibre hydrostatique. Un fluide est dit en équilibre hydrostatique s’il est au repos
rapport un repère fixe ou mobile mais à accélération uniforme. Dans le deuxième cas une
force fictive s’ajoute aux forces de pression et de pesanteur.
La force hydrostatique F~ exercée sur une surface plane d’aire A = ℓ × L , avec L
horizontale, immergée dans un liquide est
1
F~ == ρgAhc , hc = (h0 + H)
2

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1.6 Sommaire 21

dont le point d’application G est donné par


 
2 3h0 H + ℓ2 sin2 α
OG = ,
3 H + h0
α étant l’angle d’inclination de A à l’horizontale.
Masse de liquide en mouvement uniformement accéléré. L’analyse de l’équilibre hydro-
statique s’étende aussi à tout mouvement de liquide uniformement accéléré lorsque vu d’un
référentiel y lié. L’équation régissant l’équilibre est alors donnée par
∇p = ρ (~g − ~γ ) (1.25)
où ~γ est l’accélération uniforme de masse du liquide.

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CHAPITRE 2

Cinématique des Fluides

Dans la cinématique des fluides on s’intéresse au mouvement des fluides indépendamment


des forces qui le produisent et maintiennent. En mécanique du solide indéformable la vitesse


v p à tout point matériel P est déterminé dès que l’on dispose du vecteur rotation instantané


Ω et le vecteur vitesse − →v o en un point quelconque, O :

→ −
→ −→
vp=− →v o + Ω ∧ OP (2.1)
En fluide, par contre, le problème est plus compliqué mais le mouvement reste, néanmoins,
calculable pourvu que deux éléments fluides ne peuvent occuper la même position au même
instant.
Pour fixer les idées nous considérons un élément fluide infinitésimalement petit dénommé
une particule fluide. La vitesse relative de toute partie de cet élément est négligeable car
toute particule fluide est assimilée à un point géométrique.
En général, la vitesse d’une particule fluide est une fonction de temps t et de ces coor-
données en P (x1 , x2 , x3 ). On distingue deux cas simples de mouvement :-
(a) Un mouvement permanent dans lequel la vitesse à tout instant, en tout point P
fixe dans l’espace, ne dépend que de ses coordonnées.
(b) Un mouvement est dit uniforme à un instant donné lorsque toutes les particules
ont la même la vitesse. Un mouvement uniforme pourrait aussi être permanent.
Notons que pour le cas (a), un mouvement qui est permanent relativement à un repère
donné pourrait être non–permanent par rapport à un autre repère.

2.1. Vitesse et Trajectoire de Particule


−−−→
Soit v(~r, t) la vitesse d’une particule fluide dont le vecteur position, à l’instant t, est ~r
par rapport un référentiel galiléen. La vitesse de particule, définie par
d~r −−−→
= v(~r, t), (2.2)
dt
fournit sa trajectoire à tout autre instant t. On désignera par (x0 , y0 , z0 ) la position de
particule à l’instant t = 0.
Pour mettre en valeur certaines notions nécessaire pour la description du mouvement,
nous commençons par l’examen de quelques exemples.

2.1.1. Exemples de trajectoires.

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Cinématique des Fluides

(1) ~v = (ay, −ax, 0), a ∈ R.


La trajectoire de particule est donnée par
dx dy dz
= ay, = −ax, = 0.
dt dt dt
Il est immédiat que les premières deux équations se réduisent soit à
dy
= −x/y
dx
ou soit à
d2 x 2 d2 y
+ a x = 0 ou + a2 y = 0.
dt2 dt2
La solution de ce système est :

 x = y0 sin at + x0 cos at,
y = z0 cos at − x0 sin at,

z = z0 .
En éliminant t on trouve
 2
x + y 2 = x20 + y02 = constante,
z = z0 ,
ce qui montre que la trajectoire est un cercle dans le plane z = z0 .
Exercice : Traitez l’exemple précédent en coordonnées cylindriques.
(2) ~v = (ay, −a(x − bt), 0), (a, b) ∈ R
La trajectoire est définie par les équations différentielles

dx

 = ay,


 dt

dy
= −a(x − bt),
 dt


 dz = 0


dt
qui se réduisent à
 2
dx


 + a2 x = a2 bt,
 dt2

dx
ay = ,

 dt

 dz
 = 0.
dt
La solution de la première équation nous permet d’en déduire celle de la deuxième :

 x = (y0 − b/a) sin at + x0 cos at + bt,
y = (y0 − b/a) cos at − x0 sin at + b/a,

z = z0 .
La trajectoire est donc un mouvement circulaire du rayon [(y0 −b/a)2 +x20 ]1/2 centré
en (bt, b/a, z0 ).

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2.1 Vitesse et Trajectoire de Particule 25

x
O

Exemple 1 Exemple 3

(3) ~v = (a(t)x, −a(t)y, 0)


La trajectoire a pour équations

dx


 = a(t)x,
 dt

dy
= a(t)y,

 dt
 dz = 0.


dt
Les deux premières équations nous permettent de calculer dy/dx :
dy
= −y/x,
dx
dont la solution est : xy = constante, et z = z0 comme avant. La variation de x
et de y au cours du temps est :
x = x0 exp{A(t)}, y = y0 exp{−A(t)}
où A(0) = 0 et dA/dt = a(t).
2.1.2. Définitions. Les trois exemples précédents nous permettent d’introduire quelques
définitions.
2.1.2.1. Écoulement bidimensionnel. Dans un système approprié de coordonnées on peut
exprimer pour un écoulement donné, les composantes de vitesse vx et vy indépendamment
de z avec vz = 0; les autres variables, telles que la masse volumique, la température
et la pression, sont aussi supposées indépendantes de z. Les trois exercices précédents
décrits des écoulements bidimensionnels pour le champs de vitesse. En pratique, il n’existe
pas d’écoulement qui sont exactement bidimensionnels, mais avec un dessin expérimental
soigneusement conçu, on peut arriver à une approximation satisfaisante. Notons aussi que
certain écoulements naturels peuvent être supposés bidimensionnels.
2.1.2.2. Écoulement permanent, dit stationnaire. Dans un tel écoulement la vitesse,
la masse volumique ainsi que les autres grandeurs physiques, sont indépendantes de t.
L’écoulement décrit par l’exemple (1) est stationnaire pour la vitesse. Par contre, ceux
des exemples (2) et (3) ne sont pas stationnaires.

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Cinématique des Fluides

◮ Remarque 2.1 : Dans un écoulement stationnaire, la position d’une particule fluide dépend
du t. Il en est du même pour un écoulement instationnaire. Des écoulements stationnaires peuvent
être réalisés expérimentalement, et sont mathématiquement moins difficile à étudier. ◭

2.1.2.3. Un point d’arrêt. On appel un point d’arrêt tout point où ~v = ~0. Dans les
exemples (1)-(3) les points (0, 0, z) sont des points d’arrêt.
2.1.2.4. Description Eulérienne. La vitesse − →
v (~r, t) en un point fixe de l’espace varie au
cours du temps t. Évidemment cela correspond aux arrangements expérimentaux utilisés
au laboratoire où les appareils de mesures sont fixes, c’est-à-dire y liés au même sens que le
laboratoire au référentiel galiléen. Dans cette description la vitesse est une fonction de la
position de mesure et du temps, c’est-à-dire (~r, t) :
On appel (~r, t) les variables d’Euler.
Par ailleurs, il est parfois utile de suivre une particule fluide dans son mouvement pour
pouvoir connaı̂tre ce qui aurait lieu dans son voisinage; par exemple dans l’écoulement at-
mosphérique, on s’intéresse plutôt à l’histoire d’une masse d’air au cours de son mouvement
pour pouvoire estimer s’il y aurait de pluie ou de neige (par exemple), qu’à la séquence des
masses d’air qui passent sur un point de mesure météorologique. Et cela est en dépit du
fait que tout les deux sont liés. Cela nous amène à la description Lagrangienne.
2.1.2.5. Description Lagrangienne. Dans cette description on s’intéresse aux grandeurs
physiques associées à une particule donnée au cours de son mouvement. Ainsi, la vitesse est
exprimée par

→v (−

r (−
→r0 , t), t) ≡ −
→ v (−→
r0 , t)


où r est la position de la particule à l’instant t = 0. La description lagrangienne est difficile
0
car on doit suivre toutes les particules dans leurs mouvements, mais il est souvent fructueux
de considérer l’histoire de vie de particule fluide afin de comprendre l’écoulement. Dans
l’atmosphère on utilise un ballon-sonde pour l’acquissions de données type Lagrangiennes,
tandis que dans les courants estuariens on utilise de sondes flottants.
On appel (−→
r0 , t) les variables de Lagrange.
Considérons l’exemple (3) avec a(t) = constante. La trajectoire de particule, dans ce
cas, est
x = x0 eat , y = y0 e−at , z = z0
ce qui est une description Lagrangienne car elle dépend de la position initiale. Pour calculer
la vitesse en coordonnées Lagrangienne on cherche la dérivée par rapport au temps t avec


r0 = (x0 , y0, z0 ) fixe car il s’agit de la même particule :
 
∂~r
~v =
∂t →−
r0

= (ax0 eat , −ay0 e−at , 0).


Maintenant, considérons l’accélération :
2 at 2
(i) Description Lagrangienne : (∂~v /∂t)→r0 = (a x0 e , a y0 e
− −at
, 0) = a2~r;
(ii) Description Eulérienne : (∂~v /∂t)~r = ~0 car ~v = (ax, −ay, 0) ne contient pas t
explicitement.

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2.1 Vitesse et Trajectoire de Particule 27

Il est immédiat que ‘la particule s’accélère, mais le courant, lui même, demeure à vitesse
constante’. Par exemple, considère une pièce de bois (un rondin) emportée par le courant
d’un rivière ayant une section rapide : la pièce s’accélère dés qu’elle entre dans la section
rapide. D’une manière approchée, ce comportement représente une accélération Lagrang-
ienne car on suit le rondin, la ‘particule’, dans son mouvement. Mais un observateur se
trouvant au bord du rivière verrait une succession de rondins passant devant lui à la même
vitesse, simplement parce que le courant, dans sa totalité, ne s’accélère pas : l’accélération
Eulérienne à un point fixe, en ce qui concerne cet exemple, est ègale à zéro.

2.1.3. Lignes de courant. Tubes de courant. Pour visualiser un écoulement donné,


supposez qu’il existe un nombre important de particules marquées d’une manière appro-
priée : prenez deux photos à deux instants successifs séparé par un petit intervalle, et puis
les superposez l’une sur l’autre. Il vous est possible maintenant de dessiner une flèche liant
la première et deuxième position de chaque particule. Cet ensemble des flèches indique alors
un ensemble de courbes appelées lignes de courants, qui sont différentes de trajectoires. Pour
tracer ces dernières on a besoin d’un grand intervalle du temps; pour cela on pourrait faire
un filme permettant de suivre les particules dans leur mouvement. Pourtant, dans le cas
d’un écoulement permanent (stationnaire), les deux courbes se confondent.
2.1.3.1. Définitions. À un instant t0 fixe, on appelle ligne de courant toute courbe dont la
tangente en chacun de ses points est parallèle au vecteur vitesse. La tangente en (x1 , x2 , x3 )
est parallèle à d~x = (dx1 , dx2 , dx3 ). Alors, si ~v = (v1 , v2 , v3 ) dénote le vecteur vitesse en ce
point, on tire alors que d~x ∧ ~v = ~0, soit
dx1 dx2 dx3
= = . (2.3)
v1 (x1 , x2 , x3 , t0 ) v2 (x1 , x2 , x3 , t0 ) v3 (x1 , x2 , x3 , t0 )
Les lignes de courant sont fournies par ces équations. Puisque la vitesse en un point donné

trajectoires
z }| {
c(t′ )
M3′
lignes lignes
de courant M2′ d’émission
M1′ c(t)
M2 M3
P M1
tube de courant

Figure 2.1. Tube de courant, trajectoires, lignes d’émission

change en général avec le temps, il vient alors que les lignes de courant, elles aussi, changent
avec le temps.

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Cinématique des Fluides

Soit C une courbe tracée dans le milieu fluide. On appelle surface de courant la surface
engendrée par les lignes de courant qui s’appuient sur C , si elles existent. Dans le cas ou C
est une courbe fermée, on appelle une telle surface tube de courant.
On appelle lignes d’émission les courbe tracées, à l’instant t, par toutes les particules
qui ont passé par un point P .
On appelle trajectoire le lieu des positions successives d’une particule au cours du temps :
dx1 dx2 dx3
= = = dt. (2.4)
v1 (x1 , x2 , x3 , t) v2 (x1 , x2 , x3 , t) v3 (x1 , x2 , x3 , t)
L’intégration de (2.4) fait apparaı̂tre trois constantes qui sont déterminées par identifiant la
particule en question en se donnant sa positions initiale − →r0 .

2.2. La dérivée matérielle (ou particulaire)


Dans la description Eulérienne, la variation d’une fonction scalaire F (~r, t) dérivable au
cours du temps est constituée de deux parties : une variation locale liée à la position où
se trouve la particule à l’instant donné, et une variation provenant de son mouvement en
espace. Soit ~r la position de la particule à l’instant t et ~r + △~r celle à l’instant t + △t.
Notons la limite du taux de variation de la fonction F par dF/dt. Alors :
dF F (~r + △~r, t + △t) − F (~r, t)
= lim ,
dt △t→0 △t
 
F (~r, t + △t) − F (~r, t) F (~r + △~r, t + △t) − F (~r, t + △t)
= lim +
△t→0 △t △t
 
∂F gradF (~r, t + △t) · △~r + O(△~r2)
= lim + O(△t) +
△t→0 ∂t △t
 h−−−→ i
2 2
∂F  gradF (~r, t + △t) · v(~r, t)△t + O(~v △t ) 
= + lim
∂t △t→0  △t 

∂F
= + ~v · gradF (2.5)
∂t ↑
↑ variation
variation due à la convection
locale

On appelle la dérivée (2.5) dérivée matérielle ou dérivée particulaire car il s’agit de la dérivée
associée à une particule lors de son mouvementnt.
Pour étend la notion de dérivée matérielle à une fonction vectorielle, il suffit d’appliquer
la formule (2.5) aux trois composantes de cette fonction.
Appliquions cette formule à l’accélération ~γ = (γ1 , γ2 , γ3). Par définition on a


v (~r + △~r, t + △t) − −

v (~r, t)


γ (~r, t) = lim
△t→0 △t

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2.2 La dérivée matérielle (ou particulaire) 29

qui est la dérivée matérielle de ~v . D’après (2.5) on trouve pour les composantes : γ1 , γ2 , γ3 :

∂v1 ∂v1 ∂v1 ∂v1


γ1 = + v1 + v2 + v3 , (2.6a)
∂t ∂x1 ∂x2 ∂x3
∂v2 ∂v2 ∂v2 ∂v2
γ2 = + v1 + v2 + v3 , (2.6b)
∂t ∂x1 ∂x2 ∂x3
∂v3 ∂v3 ∂v3 ∂v3
γ3 = + v1 + v2 + v3 . (2.6c)
∂t ∂x1 ∂x2 ∂x3
Avec la convention de la sommation sur l’indice répété on peut écrire (i = 1, 2, 3) :
∂vj ∂vj
γj = + vi . (2.7a)
∂t ∂xi
La formule (2.6) peut s’écrire sous la forme vectorielle
∂~v
~γ = + ~v · ∇~v , (2.7b)
∂t
ou  
∂~v 1 2
~γ = + rot~v × ~v + ∇ ~v , (2.7c)
∂t 2
−−→
dite expression de Helmholtz, où l’opérateur ∇ = grad.

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CHAPITRE 3

Conservation de La Masse

3.1. Équation de continuité


Une loi fondamentale de la mécanique est la conservation de la masse. Pour fixer les
idées on considère d’abord un fluide de densité ρ en écoulement à vitesse uniforme − →v à
toute section S d’un tube de courant ou d’une conduite à section variable. Les sections
S1 , S2 et S3 , qui délimitant les parcelles du fluide P1 et P2 , parcourent respectivement les
petites distances v1 δt, v2 δt et v3 δt pendant l’intervalle δt. En conséquent la région occupée
par le parcelle P1 change en occupant un nouvel volume S2 v2 δt, balayé par S2 , et en libérant
un volume S1 v1 δt balayé par S1 . Le taux du changement de la masse de P1 est constitué
alors de deux termes : une contribution positive du volume additionnel +ρS2 v2 δt et une
contribution négative du volume libéré −ρS1 v1 δt. Comme la masse de P1 est nécéssairement
conservée, on onclu alors qu’à tout instant
v1 S1 = v2 S2 (3.1a)
où les deux membres représentent le taux instantané du débit volumique dans la conduite.
De la même manière on peut montrer que
v2 S2 = v3 S3
et par conséquent on tire
v1 S1 = v2 S2 = v3 S3 = vS. (3.1b)
Cette équation montre que v1 > v2 > v3 car S1 < S2 < S3 .
Pour exprimer cette loi sous forme différentielle, on considère maintenant un volume
V fixe dans l’espace et enfermé par une surface dérivable S. Le débit massique de fluide
entrant dans V est
v3 δt
v1 δt v2 δt

~v1 S1 S3
P1 ~v2
P2
S2
~v3

Figure 3.1. Écoulment dans une conduite à section variable de S1 à S3 avec


S1 < S2 < S3 ; la vitesse étant supposée uniforme à toute section S.

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Conservation de La Masse

~n

~
dS

~v

Figure 3.2. Volume de contrôle V fixe dans l’espace par rapport à un


référentiel galiléen; ~n est le vecteur unitaire normale extérieur à S.
I
Flux massique = − ~
ρ~v · dS,
S

le signe négatif indiquant que dS~ est compté positivement vers l’extérieur de V , car dS
~ =
~n dS où ~n est le vecteur normal unitaire extérieur à S. Le taux d’accroissement de la masse
dans V est Z
d
ρ dV
dt V
et comme V est fixe dans l’espace on déduit que
Z Z
d ∂ρ
ρ dV = dV.
dt V V ∂t
Or, la conservation de la masse implique
Z I
∂ρ ~
dV = − ρ~v · dS
V ∂t S
soit Z I
∂ρ
dV + ρ~v · ~n dS = 0 (3.2a)
V ∂t S
qui est l’équation de continuité sous forme intégrale.
En utilisant le théorème de Gauss-Ostrogradsky (dit théorème de la divergence), (3.2a)
s’écrit sous la forme Z  
∂ρ
+ ∇ · (ρ~v ) dV = 0, (3.2b)
V ∂t
qui est valable quelque soit V . Ainsi, on tire l’équation de continuité sous forme différentielle :
∂ρ
+ ∇ · (ρ~v ) = 0. Équation de continuité (3.2c)
∂t

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3.2 Fonction de courant pour un écoulement bidimensionnel 33

ou
∂ρ
+ ~v · ∇ρ + ρ∇ · ~v = 0 (3.2d)
∂t
Compte tenu de la dérivée matérielle (2.5), on peut calculer le taux Lagrangienne (en
suivant toute particule dans son mouvement) en fonction des mesures Eulériennes, soit :
dρ ∂ρ
= + ~v · ∇ρ
dt ∂t
et de (3.2d), l’équation de continuité prend la forme :

+ ρ∇ · ~v = 0. (3.3)
dt
On conclu alors que pour une particule à masse volumique constante lors de son mouvement
l’équation (3.3) se réduit à :
∇ · ~v = 0 Équation de continuité : écoulement incompressible (3.4)
qui est l’équation de continuité pour un fluide (ou un écoulement) incompressible.

3.2. Fonction de courant pour un écoulement bidimensionnel


Pour étudier les implications engendrées par l’équation de continuité pour un fluide
incompressible, ∇ · ~v = 0, nous commençons par souligner les conséquences suivantes :
(i) En utilisant le théorème de la divergence, on déduit que l’équation ∇·~v = 0 implique
que le débit volumique total à travers toute surface fermée est nul :
Z I
∇ · ~v dV = ~v · ~ndS = 0.
V S

(ii) Il existe une analogie avec les champs électrostatiques où ∇ · E ~ = 0 sauf pour des
charges ponctuelles.
(iii) La variation temporelle dans l’équation de continuité a disparu ce qui conduit à
des simplifications considérables. Pourtant −
→v (~r, t) peut varier avec le temps t.
Considérons maintenant des écoulements où il n’y a que deux composantes non–nulles
de vitesse associées seulement à deux coordonnées.
(1) Écoulements bidimensionnels,
~v = u(x, y)~i + v(x, y)~j
ou
~v = vr (r, θ)−

er + vθ ~eθ ,
où ~i et ~j sont les vecteurs unitaires dans les coordonnées Cartésiennes (x, y), et −

er
et ~eθ sont ceux dans le système polaire (r, θ).
(2) Écoulements axi-symétriques,
~v = vr (r, z)−

er + vz (r, z)~k,
dans le système cylindrique polaire de coordonnées (r, θ, z).

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Conservation de La Masse

3.2.1. Éxistence de la fonction de courant. Un écoulement bidimensionnel est


définit par : 
 ~v = u(x, y)~i + v(x, y)~j,
∂u ∂v
 + =0
∂x ∂y
dont la deuxième équation est identiquement satisfaite par
∂ψ ∂ψ
u= , v=−
∂y ∂x
pour toute fonction ψ(x, y) continûment dérivable. Ce résultats rappelle la notion de force
conservatrice où
F1 (x, y)~i + F2 (x, y)~j,
munie de la propriété
∂F2 ∂F1
− = 0,
∂x ∂y
se dérive d’une fonction potentielle φ(x, y) tel que
∂φ ∂φ
F1 = , F2 = .
∂x ∂y
−−−−→
Mettons ce résultat dans un contexte plus général. Soit A(x, y) la fonction vectorielle
−−−−→
A(x, y) = ψ(x, y)~k.
Alors,
∇∧A ~ = ∇ ∧ (ψ(x, y)~k)
= (∇ψ) ∧ ~k car ~k est constant
∂ψ ∂ψ
= ( , − , 0)
∂y ∂x
= ~v .
~ une fonction vectorielle continûment dérivable tel que ∇ · B
Soit B ~ = 0. Alors, il existe une
fonction vectorielle A~ définie par
B~ = ∇ ∧ A.
~
On appelle A~ un ‘vecteur potentiel’ associé à B.
~
Dans l’exemple précédent, le vecteur potentiel ψ~k est particulièrement utile car il a une
composante seulement. On appelle cette composante ‘la fonction de courant’ de l’écoulement.
3.2.1.1. Propriétés de la fonction de courant. La fonction de courant est étroitement liée
aux lignes de courant. Puisque
~v = ∇ψ ∧ ~k
on déduit que ~v est alors orthogonale à ∇ψ et que ∇ψ est perpendiculaire à toute courbe
(ou surface en trois dimensions) donnée par
ψ = constante.
On conclu alors que ~v est parallèle à une telle courbe en chacun de ses points, et par
conséquent ces courbes représentent des lignes de courant.

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3.2 Fonction de courant pour un écoulement bidimensionnel 35

Considèrons maintenant deux lignes de courant ψ = a et ψ = b dans le plan xy. Soit


ABCD un rectangle de hauteur unité dont l’aire est S et la normale est comptée dans la
direction de l’écoulement, avec AB = DC = 1, voir la figure 3.3. Alors, le débit volumique
à travers ABCD est Z
~
~v · dS,
S
soit Z  
∇ ∧ ψ~k · dS,
~
S
qui, d’après le théorème de Stokes, devient
I
ψ~k · d~ℓ,

où la direction de l’intégration est indiquée par les flèches sur ABCD. On peut facilement
calculer cette intégrale :

 sur AB ψ = b et ~k · d~ℓ = dℓ,
sur BC et DA ~k · d~ℓ = 0,

sur CD ψ = a et ~k · d~ℓ = −dℓ,
où d~ℓ est le vecteur d’un élément infinitésimale sur la contour ABCD. Donc le débit, par
unité d’hauteur entre les lignes de courant ψ = a et ψ = b est
Z
~ =b−a
~v · dS
S

car le rectangle est de hauteur unité. Par conséquent, l’écoulement devient autant plus
rapide que les lignes de courant s’approchent l’une de l’autre. De plus, les lignes de courant
ayant différentes valeurs de ψ ne se coupent que dans un point de singularité de l’écoulement.
Revenons maintenant à la forme générale de ψ et essayons de l’ interpréter comme un
débit de l’écoulement. Soit C une courbe arbitraire liant les points A et P comme montré
sur la figure 3.4. Alors, on a pour le débit traversant la base AB par unité de hauteur
Z x
− v(ξ, b)dξ,
a

~k

B
C ~j
ψ=b
A
D ψ=a
~v ~i

Figure 3.3. Écoulement à travers un rectangle de hauteur unité.

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Conservation de La Masse

et celui à travers le côté BP


Z y
u(x, η)dη.
b

En conséquence le débit total prend la forme

Z x Z y  Z x  Z y
∂ψ(ξ, b) ∂ψ(x, η)
− v(ξ, b)dξ + u(x, η)dη = − − dξ + dη
a b a ∂ξ b ∂η
Z x Z y
= dψ(ξ, b) + dψ(x, η)
a b
= ψ(x, b) − ψ(a, b) + ψ(x, y) − ψ(x, b)
= ψ(x, y) − ψ(a, b)
= ψ(x, y)

où nous avons posé ψ(a, b) = 0 car C est arbitraire. Par déplacement de l’origine, on déduit
immédiatement que le débit à travers une courbe (dérivable) quelconque qui lie le point
(c, d) à (x, y) est

ψ(x, y) − ψ(c, d)

par unité de hauteur. Cela représente l’interprétation la plus révélatrice de la fonction de


courant ψ.
On aurait peut aboutir au même résultat en cherchant le débit traversant une courbe
C quelconque. Soit ds un élément infinitésimal appartenant à la courbe C , ~t un vecteur
unitaire parallèle à ds et ~n le vecteur normal à ds tel que ~n = ~k ∧ ~t. Alors le débit Q par



j P (x, y)



→ i
k −
→ C
n−

t
ds
A(a, b) B(x, b)

Figure 3.4. Écoulement à travers une courbe arbitraire, vue d’en haut.

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3.2 Fonction de courant pour un écoulement bidimensionnel 37

unité d’épaisseur est égale à


Z Z
− ~v · ~nds = − ~v · (~k ∧ ~t)ds
C
ZC
= − ~v · (~k ∧ (~idx + ~jdy))
ZC
= − ~v · (~jdx − ~idy)
Z C
= (udy − vdx)
ZC  
∂ψ ∂ψ
= dy + dx
C ∂y ∂x
Z
= dψ = ψ(x, y) − ψ(a, b)
C
pour la courbe A(a, b)–P (x, y).
3.2.1.2. Fonction de courant pour les écoulements axi-symétriques. Considérons main-
tenant la classe d’écoulements axi-symétriques, dits écoulements tourbillonnaires. En coor-
données cylindriques le vecteur vitesse pour cette classe d’écoulements s’écrit sous la forme
suivante :
~v = vr (r, z)−

er + vz (r, z)~k.

(a) L’existence de la fonction de courant : Dans ce cas l’équation de conti-


nuité s’écrit sous la forme1
∂(rvr ) ∂(rvz )
+ = 0. (3.5)
∂r ∂z
Il vient alors que r~v dérive d’une fonction de courant, comme dans le cas d’un
écoulement plan, car les équations ont la même forme. D’où

∂Ψ
 rvz =
 ,
∂r (3.6)
 rv = − ∂Ψ .

r
∂z
On appelle Ψ la fonction de courant de Stokes.
Vous pouvez vérifier que
Z s Z z
Ψ(r, z) = svz (s, z)ds − avr (a, ζ)dζ,
a c
et que le vecteur potentiel en coordonnées cylindriques polaires s’écrit sous la forme
~v = ∇ ∧ r −1 Ψ−
→ 
e . θ (3.7)
1Équation de continuité en coordonnées cylindriques :
∂vr vr ∂vz 1 ∂vθ
+ + + =0
∂r r ∂z r ∂θ

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Conservation de La Masse

Il est possible de calculer le vecteur potentiel en coordonnées sphériques à partir


de cette équation . Notons qu’en coordonnées sphériques

r représente maintenant la distance mesurée de O,
l’angle θ est mesuré de l’axe des z.

θ ϕ

P P
r
O r O θ
z

Coordonnées cylindriques Coordonnées sphériques

Figure 3.5. Relation entre les coordonnées cylindriques et sphériques.

Ainsi, on doit calculer ∇ ∧ A ~ en coordonnées sphériques, où

~ = 1 Ψ−
A →
eϕ (3.8)
r sin θ
car dans les coordonnées sphériques la distance mesurée de l’axe est r sin θ au lieu
de r, et le vecteur unitaire autour de l’axe est −→
eϕ au lieu −→
eθ . Voir la figure 3.8 pour
explication.
Alors −

er r − →
eθ r sin θ−→

1 ∂ ∂
~v = 2 0 (3.9a)
r sin θ ∂r ∂θ
0 0 Ψ
1 ∂Ψ 1 ∂Ψ
vr = 2 , vz = − . (3.9b)
r sin θ ∂θ r sin θ ∂r

(b) Propriétés de la fonction de courant Ψ: Comme nous l’avons déjà vu, la


fonction de courant est constante sur une ligne de courant. Mais dans un écoulement
axi-symétrique il est plus naturel de parler de ‘tube de courant’; notons que toutes
les lignes de courant s’appuyant sur un cercle centre à l’axe de symétrie forme un
tube de courant. Celui-ci, comme montré dans la figure 3.6, est une surface de
révolution ayant pour axe l’axe de symétrie.
Les propriétés du flux volumique (le débit) associées à la fonction de courant
se dérivent de la même manière que pour l’écoulement plan, mais tout en utilisant
des arguments plus difficiles. Considérons deux tubes de courants Ψ = a et Ψ = b,
schématisé sur la figure 3.7. Le taux du flux volumique à travers l’espacement entre
les deux tubes, à savoir à travers l’anneau, est
Z
~
~v · dS,
S

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3.2 Fonction de courant pour un écoulement bidimensionnel 39

L’axe

Figure 3.6. Tube de courant dans un écoulement axi-symétrique.


Ψ=b

S Ψ=a

Figure 3.7. Tubes de courant pour l’écoulement dans l’espace entre deux tubes.

qui, en fonction de Ψ, s’écrit sous la forme


Z
∇ ∧ r −1 Ψ− → 
~
eθ · dS.
S
En utilisant le théorème de Stokes
I on trouve
r −1 Ψ−

eθ · d~ℓ,

où S est entourée par ℓ comme montré sur la figure 3.8. Pour calculer l’intégrale il
faut prendre en compte les deux côtés de chaı̂non entre les deux cercles :
(i) l’intégrale vaut zéro lorsque d~ℓ, le long du chaı̂non, est orthogonal à −

eθ ;
(ii) les intégrales sur les deux côtés s’annulent si dℓ n’est pas orthogonal à −
~ →
eθ .
Sur le cercle extérieur on a


eθ · d~ℓ = rdθ
tandis que sur l’intérieur − →eθ · d~ℓ = −rdθ. Alors,
Z
~ = 2π(b − a),
~v · dS
S
ce qui veut dire que le flux volumique est égale à 2π fois la différence entre les deux
valeurs de Ψ. Finalement, comme avant, la fonction de courant Ψ représente un
flux.

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Conservation de La Masse

Figure 3.8. Le contour d’intégration à utiliser dans le théorème de Stokes.

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CHAPITRE 4

Déformation des Fluides. Vorticité

4.1. Introduction
Tout élément de fluide est soumis au cours de son mouvement à trois changements :
(i) une translation, (ii) une rotation, et (iii) une déformation. Pour mettre en lumière ces
changement nous commençons par considérer une croix constituée, à l’instant t, d’une ligne
horizontale se confondant avec l’axe des x, et une linge verticale M1 M2 , de longueur δy,
s’alignant avec l’axe des y; la vitesse en M1 (x, y) est u(x, y) et est égale à u(x, y)+δy(∂u/∂y)
en M2 (x, y + δy) selon le développement de Taylor. Dans un intervalle δt une particule en
M1 se déplace à M1′ , soit la distance M1 M1′ = uδt, tandis qu’une particule en M2 parcourt
une distance M2 M2′ = [u + δy(∂u/∂y)]δt, soit δy(∂u/∂y)δt en plus de la distance parcourue
par la particule se trouvant en M1 à l’instance t, (voir la figure 4.1)

u(x, y + δy) M2′


M2 [u + δy(∂u/∂y)]δt

δy

M1 uδt M1′
u(x, y)

Figure 4.1. Déformation d’un élément fluide lors de son mouvement.

Alors, à la première approximation, la ligne M1 M2 subit une rotation d’angle


δy(∂u/∂y)δt
= (∂u/∂y)δt.
δy
Puisque la ligne horizontale ne subit aucune rotation, la vitesse de rotation (rotation instan-
tanée) moyenne de deux lignes (au sens de la mécanique de solide indéformable) est égale à
1
2
(∂u/∂y).
Une telle rotation est à la base de tourbillomètre où la vitesse de rotation des ailettes
croisées s’identifie à la vitesse locale de rotation le long de l’axe central.
Nous sommes maintenant en position d’effectuer une analyse plus approfondie du mou-
vement d’une ligne infinitésimale ‘tracée’ dans le fluide dont les extrémites sont en ~x et en
~ Soit −
~x + ξ.
−−→
v(~r, t) la vitesse dans lequel l’élément est mis en mouvement. Calculons aux
approximations premières le changement subi par cette ligne dans un intervalle δt du temps.

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Déformation des Fluides. Vorticité

Figure 4.2. Une schématisation de tourbillomètre.

On a les transformations suivantes :


−−−→
~x −7 → ~x + v(~x, t)δt,
−−−−−−→
~x + ξ~ 7−→ ~x + ξ~ + v(~x + ξ,~ t)δt
− −− → −
→2
= ~x + ξ~ + v(~x, t)δt + (ξ~ · ∇)~vδt + O( ξ )
en utilisant le développement de Taylor. Notons que les deux extrémités exécutent un
−−−→
déplacement v(~x, t)δt, qui est une translation au sens de la cinématique de solide de tout
l’élément. Il existe pourtant un mouvement relatif des deux extrémités donné par
(ξ~ · ∇)~vδt ou ξj ∂vi /∂xj δt, i, j = 1, 2, 3
que nous allons analyser par la suite.

4.1.1. Le tenseur antisymétrique et ∇ ∧ ~v . Tout tenseur Aij peut être décomposé


en un tenseur symétrique et un tenseur antisymétrique :
1 1
Aij = (Aij + Aji ) + (Aij − Aji) .
2 | {z } 2 | {z }
symétrique antisymétrique

Appliquons cette identité au tenseur ∂vi /∂xj :


   
∂vi 1 ∂vi ∂vj 1 ∂vi ∂vj
= + + − (4.1a)
∂xj 2 ∂xj ∂xi 2 ∂xj ∂xi
ou vi,j = eij + rij . (4.1b)
Analysons maintenant le tenseur antisymétrique rij qui s’écrit sous la forme :
 
0 −r12 r13
 r12 0 −r32 
−r13 r32 0
compte tenu de l’anti-symétrie, que l’on peut écrire comme
 
0 −R3 R2
 R3 0 −R1  .
−R2 R1 0

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4.1 Introduction 43

Or, puisque le mouvement relatif est


∂vi
ξj δt = ξj δt(eij + rij ),
∂xj
la partie antisymétrique se transforme ξi en ξi + ξj rij δt, soit
 
1 ∂vi ∂vj
ξi + ξj − δt,
2 ∂xj ∂xi
ce qui veut dire
ξ~ 7−→ ξ~ + (R2 ξ3 − R3 ξ2 , R3 ξ1 − R1 ξ3 , R1 ξ2 − R2 ξ1 )δt,
qui n’est d’autre que
ξ~ 7−→ ξ~ + (R ~
~ ∧ ξ)δt. (4.2)
Autrement dit, cette partie de mouvement de l’élément ξ~ est rotationnel au sens de la
~ Les composantes de R
cinématique de solide où le vecteur rotation instantanée est égale R. ~
sont données par :
 
1 ∂v3 ∂v2 1
R1 = r32 = − = (∇ ∧ ~v )1 , (4.3a)
2 ∂x2 ∂x3 2
 
1 ∂v1 ∂v3 1
R2 = r13 = − = (∇ ∧ ~v )2 , (4.3b)
2 ∂x3 ∂x1 2
 
1 ∂v2 ∂v1 1
R3 = r21 = − = (∇ ∧ ~v )3 . (4.3c)
2 ∂x1 ∂x2 2
Ainsi, la vitesse de rotation (dite vitesse angulaire) de l’élément linéique ξ~ est 12 ∇ ∧ ~v, qui
est en accord avec la valeur trouvée pour la croix discutée précédemment. On appelle le
vecteur R ~ le vecteur tourbillon ou vecteur rotation. On
~ = 1 ∇ ∧ ~v (généralement noté Ω)
2


appelle le vecteur ~ω = ∇ ∧ v la vorticité.
4.1.2. Le tenseur symétrique et ∇ · ~v. Revenons maintenant au tenseur symétrique
eij . Dans ce qui est exposé ci-dessus nous avons discuté la translation et la rotation de
mouvement. Nous allons analyser dans ce qui suit la partie de mouvement associée à la
déformation. Puisque eij est symétrique il existe alors des axes principaux de symétrie dans
lesquels eij s’écrit sous la forme :
 
e1 0 0
eij =  0 e2 0  .
0 0 e3
Le tenseur eij transforme l’élément ξ~ par
ξi 7−→ ξi + eij ξj δt
ou 
 ξ1 −
7 → ξ1 + e1 ξ1 δt,
ξ2 −7 → ξ2 + e2 ξ2 δt,

ξ3 − 7 → ξ3 + e3 ξ3 δt

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Déformation des Fluides. Vorticité

soit 
 ξ1 −
7 → ξ1 (1 + e1 δt),
ξ2 −7 → ξ2 (1 + e2 δt),

ξ3 − 7 → ξ3 (1 + e3 δt)
ce qui montre que ξi est dilatée par (1 + ei δt). Il vient alors que certains éléments ei peuvent
être négatifs et correspondent par conséquent à une compression.

translation
−−−−−−−→

rotation
−−−−−→

déformation
−−−−−−−−→

Figure 4.3. Changements subis par un élément fluide au cours de son mouvement.

Les résultats que l’on vient de discuter impliquent que le volume ξ1 ξ2 ξ3 d’un élément
cubique, de côtés ξ1 , ξ2 , ξ3 , se déforme en
(1 + e1 δt)(1 + e2 δt)(1 + e2 δt)ξ1 ξ2 ξ3
ou
{1 + (e1 + e2 + e3 ) δt} ξ1 ξ2 ξ3
en négligeant les termes en δt2 . Conformément à nos définitions on a
e1 + e2 + e3 = e11 + e22 + e33
car la somme des éléments diagonaux est invariable sous un changement de base. Donc
e1 + e2 + e3 = ∇ · ~v . (4.4)
Ainsi le taux de changement de volume est localement égale à ∇ · ~v , ce qui en accord avec
∇ · ~v = 0 pour un écoulement incompressible. Il est évident que ∇ · ~v = 0 implique que
parmi les valeurs des éléments ei il y en a certaines qui sont sont positives et d’autres qui
sont négatives.

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4.1 Introduction 45

4.1.2.1. Exemple. Considérons l’écoulement défini par



u = βy, v = 0,

La fonction de courant pour cet écoulement est ψ = 21 βy 2 et ∇ ∧ ~v = −β~k. On a pour le


tenseur ∂vi /∂xj :
 
0 β 0
 0 0 0 .
0 0 0
D’où on a pour les éléments de eij
 1

0 2
β 0
 1β 0 0 
2
0 0 0
et pour rij
 1

0 2
β 0
 −1β 0 0 .
2
0 0 0
Le vecteur rotation est donc
~ =R
Ω ~ = (0, 0, − 1 β).
2
Soit e les valeurs propres de eij . Alors
déterminant(eij − eδij ) = 0
ou
1
e 2
β 0
1
2
β e 0 =0
0 0 e
dont la solution est e = 21 β, − 12 β, 0. Les fonctions propres correspondantes sous forme
normalisée sont
e = 12 β : 2−1/2 (1, 1, 0) soit 2−1/2 (~i + ~j),
e = − 21 β : 2−1/2 (−1, 1, 0) soit 2−1/2 (−~i + ~j),
e=0 : (0, 0, 1) soit ~k.
Cela nous donne les axes principaux dans la base desquels le tenseur eij de déformation
devient  1 
2
β 0 0
 0 −1β 0  .
2
0 0 0
Ainsi la déformation de l’élément fluide est représentée par

 une élongation au taux 12 β le long du ~i + ~j
une compression au taux − 12 β le long du − ~i + ~j

changement effectif du volume vaut zéro.

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Déformation des Fluides. Vorticité

Par exemple, un élément fluide de forme circulaire sera déformé en une ellipse dont le grand
axe est parallèle à ~i + ~j et le petit axe parallèle à −~i + ~j. La longueur du grand axe s’accroit
au cours du temps autant que celle du petit axe se décroit.
4.1.3. Déformation, Rotation et Gradient du champs des vitesses. Reprenons
l’analyse précédant mais en fonction des vitesses et cherchons la variation des vitesses liée
aux deux points voisins ~x et ~x+ξ. ~ En utilisant le développement de Taylor, l’ième composante
de la vitesse ( désignée par ~v ) en ~x + ξ~ en fonction de la vitesse ~v en ~x, est donnée par :

~ = v ′ = vi (~x) + ∂vi ξj + O(−


vi (~x + ξ)
→2
ξ ) (4.5a)
i
∂xj
~ = ~v ′ −
→2
soit ~v(~x + ξ) = ~v (~x) + ∇~v · ξ~ + O( ξ ) (4.5b)
Maintenant, le gradient de vecteur vitesse ∇~v est un tenseur
 
∂v1 ∂v1 ∂v1
 ∂x1 ∂x2 ∂x3 
 
 ∂v2 ∂v2 ∂v2 
∇~v =   (4.5c)
 ∂x 1 ∂x2 ∂x 
3 
 ∂v3 ∂v3 ∂v3 
∂x1 ∂x2 ∂x3
qui peut s’écrire sous la forme
1  1 
∇~v = ∇~v + (∇~v )T + ∇~v − (∇~v)T , (4.5d)
|2 {z } |2 {z }
tenseur symétrique tenseur antisymétrique

soit
   
∂v1 ∂v1 ∂v1 ∂v1 ∂v1 ∂v2 ∂v1 ∂v3
2 + +

 ∂x1 ∂x2 ∂x3 


 ∂x1 ∂x2 ∂x1 ∂x3 ∂x1  
 ∂v2 ∂v2 ∂v2  1 ∂v2 ∂v1 ∂v2 ∂v2 ∂v3 
 =  + 2 +  +
 ∂x1 ∂x2 ∂x3  2 ∂x1 ∂x2 ∂x2 ∂x3 ∂x2 
   
 ∂v3 ∂v3 ∂v3   ∂v3 ∂v1 ∂v3 ∂v2 ∂v3 
+ + 2
∂x1 ∂x2 ∂x3 ∂x1 ∂x3 ∂x2 ∂x3 ∂x3
 
∂v1 ∂v2 ∂v1 ∂v3
0 − −

 ∂x2 ∂x1 ∂x3 ∂x1 

1
 ∂v2 − ∂v1 ∂v2 ∂v3 
 (4.5e)
0 −
2
 ∂x1 ∂x2 ∂x3 ∂x2 

 ∂v3 ∂v1 ∂v3 ∂v2 
− − 0
∂x1 ∂x3 ∂x2 ∂x3
ou
vi,j = eij + rij . (4.5f)
avec    
1 ∂vi ∂vj 1 ∂vi ∂vj
eij = + , rij . = − (4.5g)
2 ∂xj ∂xi 2 ∂xj ∂xi

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4.2 Champ vectoriel −

ω 47

où (∇~v)T est le transposé du ∇~v . Il vient alors que le changement de vitesse entre deux
points voisins, comme exprimé dans (4.5a,b), est constitué de deux contributions : la
première est due à la rotation de l’élément fluide et la deuxième due à la déformation,
soit

− −−−−→
à comparer avec ~
vM2 =~ vM1 + Ω ∧M1 M2
en solide
z }| {
1 −



~ = ~v ′ =
~v(~x + ξ) ~v(~x) + (∇ ∧ ~v ) ∧ ξ~ + e · ξ~ (4.6)
|2 {z } | {z }
changement dû
changement dû à la déformation
à la rotation
Le changement produit par la rotation d’un élément fluide ressemble donc à celui en solide en


rotation mais avec un vecteur rotation instantanée Ω égale à la moitié de vecteur tourbillon
~ω :

→ 1
Ω = ~ω .
2
4.2. Champ vectoriel −

ω
Pour décrire le champ vectoriel ~ω on utilise le même approche employé pour la description
du champ de vitesse. Ainsi on appelle une ligne (ou fil) tourbillonnaire (ou une ligne de
rotation) toute courbe dans l’espace dont la tangente en chacun de ses points est parallèle,
à tout instant t fixe, au ‘vecteur tourbillon’ − →ω . L’équation différentielle d’une telle ligne

→ −
→ ~
satisfait alors d x ∧ ω = 0, soit
dx1 dx2 dx3
= = (4.7)
ω1 ω2 ω3
où d~x = (dx1 , dx2 , dx3 ) est tangent à la courbe en coordonnées curvilignes, voir la figure 4.4.

d~x
C

Figure 4.4. Fil tourbillonnaire.

Autrement dit, les lignes tourbillonnaires à un instant donné sont des lignes de force
du champs de vecteurs ~ω à cet instant. Les surfaces de rotation ou tourbillonnaires et les
tubes de rotation ou tourbillonnaires sont définis à partir des lignes de rotation de la même
manière que sont définies les surfaces et les tubes de courant à partir des lignes de courant.
Puisque
~ω = ∇ ∧ ~v
on déduit immédiatement que
∇ · ~ω = 0.
Un tel champ vectoriel est dit solénoı̈dal.

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Déformation des Fluides. Vorticité

Comme pour un tube de courant, on considère maintenant une surface fermée S engéndrée
par des lignes tourbillonaires s’appyant sur une courbe fermée C et délimitant un volume
V du fluide que l’on suit dans son mouvement, voir la figure 4.5 ; une telle surface constitue
un tube tourbillonnaire. Si on se fixe l’attention sur le volume V délimité par S et les deux
sections S1 et S2 , on peut écrire selon le théorème de Gauss-Ostrogradsky (dit théorème de
la divergence) : Z Z
(∇ · ~ω ) dV = 0 = (~n · ~ω )dS
V S
où ~n et le vecteur normal extérieur à S. On sait que l’intégrale de surface sur le tube est
nulle car ~ω y est orthogonal à ~n, et par conséquent on déduit
Z Z
− (~n · ~ω )dS = (~n · ~ω )dS (4.8)
S1 S2

ce qui montre que le débit tourbillonnaire est indépendant du choix de S et de C .


~n2
C2
S2


S1

~n1 C1

Figure 4.5. Lignes tourbillonnaires formant un tube tourbillonnaire.

4.2.1. Circulation. Théorème de Kelvin. On définit la circulation de vecteur


vitesse le long d’une courbe fermée C (un circuit fermé) par
I
Γ= ~v · d~ℓ (4.9)
C
où ℓ est mesuré le long de C . La circulation Γ satisfait un théorème important de la
dynamique des fluides appelé le théorème de Kelvin. Dans le cadre de certaines approxima-
tions, qui sont souvent plus ou moins satisfaites, on peut montrer que

= 0. (4.10)
dt
Cela veut dire que si l’on suit les particules fluide formant le circuit C dans leur mouvement,
la circulation autour de C reste toujours la même.
Une conséquence immédiate est la suivante. D’après le théorème de Stokes on a
Z
Γ0 = ~
~ω · dS (4.11)
S

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4.2 Champ vectoriel −

ω 49

où S est la surface engendrée par C . On déduit alors qu’après (4.8) et (4.11), la vorticité
~ω s’accroit si l’état de l’écoulement fait rétrécir C et par conséquent la vorticité augmentte
par un mouvement d’élongation parallèle à ~ω .
Considérons par exemple un écoulement dont les lignes de courant sont des cercles con-
centriques où la vitesse est donnée par ~v = ω~k ∧ ~r, avec ~r = r(cos θ, sin θ) et calculons la
circulation le long d’un cercle C0 de rayon r0 :
I I
Γ0 = ~
~v · dℓ = ω r0 (~k ∧ −

er ) · (r0 −

eθ dθ) = 2πωr02.
C0 C0
Ce résultat nous dit que pour Γ0 fixe, ω diminue comme le carré du rayon.
Un deuxième exemple. Soit ~v = (K/r)− →
eθ un champ de vitesse, K est une constante.
Reprenons le calcul de circulation autour de C0 , on trouve
K
Γ0 = 2πr0 = 2πK
r0
ce qui montre qu’elle est constante.
Finalement notons que la circulation le long d’une courbe C située sur une surface
tourbillonnaire vaut zéro : I Z Z
ΓC = ~v · d~ℓ = ~=
~ω · dS ω
~ · ~ndS = 0
C S S
car ~ω est orthogonal à ~n, où ~n est la normal extérieure à S, la surface engendrée par C .
Les résultats que l’on vient d’exposer dans le cadre de théorème de Kelvin nous mon-
treX0nt que
(1) un tube tourbillonnaire se déplace avec le fluide en tant que surface matérielle
déformable;
(2) un fil tourbillonnaire se déplace avec le fluide en tant qu’une ligne d’intersection de
deux surfaces matérielles déformables;
(3) un fil tourbillonnaire ou une singularité tourbillonnaire se déplace avec le fluide en
tant qu’un cas limite d’un tube tourbillonnaire.
(4) compte tenu de l’équation (4.8), un tube tourbillonnaire de longueur finie ne peut pas
se terminer/commencer dans le fluide car un tube tourbillonnaire en se rétrécissant
à un rayon nul est équivoque à ω → ∞. En effet, cette limite représente un fil
tourbillonnaire qui n’est franchissable que par la disparition du tourbillon lui-même,
à moins qu’il y ait une frontière ou une singularité.

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CHAPITRE 5

Équations du mouvement

5.1. Forme fondamentale


Pour déterminer les équations du mouvement nous allons suivre la même méthode utilisée
pour la formulation de la loi de conservation de masse, à savoir l’équation de la continuité.
Soit S une surface fermée contentant un volume V de fluide, comme schématisé sur la
figure 5.1. Le taux du changement de la quantité de mouvement dans un tel volume V est
égal à la somme de
(i) le flux de la quantité de mouvement à travers la surface S, compté positivement
vers l’intérieur de S,
(ii) toutes les forces agissant à l’intérieur de V ,
(iii) toute les forces agissant sur la surface S.
Notons d’abord que tous les flux à travers la surface S sont associés à ~v · dS, ~ mesuré en
volume par unité du temps, qui est proportionnel à l’aire locale et à la vitesse du fluide vers
l’extérieur. Alors, on a pour l’ième composante de la quantité de mouvement par unité du
volume ρvi . Par conséquent on doit avoir pour le premier terme
Z
(i) − ρvi~v · dS, ~
S

où le signe négatif indique que le flux est compté vers l’intérieur de S. Notons au passage
que
~ = vi~v · ~ndS = vi vj dS.
vi~v · dS
En ce qui concerne le deuxième terme, qui correspond aux forces volumiques, on a
Z
(ii) ρfi dV ,
V

où fi est l’ième composante de la force volumique par unité de masse.


Finalement, l’interaction de contact entre les particules fluides à l’intérieur et à l’extérieur


de S se traduit par le tenseur de contraintes −→σ . On appelle cette action de contact la force
de surface qui est donnée par
Z



→ ~
σ · dS,
S
soit
Z
(iii) σij nj dS
S

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Équations du mouvement

pour l’ième composante, où ~n est le vecteur unitaire normal extérieur à S. Ainsi l’équation
de bilan de la quantité de mouvement s’écrit sous forme intégrale
Z Z Z Z
d ~
ρvi dV = − ρvi~v · dS + ρfi dV + σij nj dS. (5.1a)
dt V S V S
En appliquant le théorème de Gauss-Ostrogradsky (théorème de la divergence) à l’intégrale
de surface (pourvu que S ne contienne pas de discontinuité) les termes (i) et (iii) prennent
respectivement les formes
Z

(i*) − (ρvi vj ) dV,
V ∂xj
et
Z

(iii*) σij dV.
V ∂xj

Compte tenu du fait que V est supposé fixé, l’équation (5.1a) se transforme en :
Z  
∂ ∂ ∂
(ρvi ) + (ρvi vj ) − ρfj − σij dV = 0, (5.1b)
V ∂t ∂xj ∂xj
qui est valable quelque soit V . D’où
∂ ∂ ∂
(ρvi ) + (ρvi vj ) = ρfj + σij (5.1c)
∂t ∂xj ∂xj
qui est l’équation de la quantité de mouvement. En utilisant l’équation de continuité écrite
sous forme indicielle
∂ρ ∂
+ (ρvj ) = 0, (3.2c∗)
∂t ∂xj
l’équation (5.1c) se réduit à
∂vi ∂vi ∂
ρ + ρvj = ρfi + σij , (5.1d)
∂t ∂xj ∂xj
ou sous forme vectorielle :
∂~v −

ρ + ρ(~v · ∇)~v = ρf~ + ∇ · −

σ. (5.1e)
∂t

S ~n
~v
dS
V

Figure 5.1. Un volume V du fluide délimité par la surface S.

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5.2 Contraintes et taux de déformation 53

5.2. Contraintes et taux de déformation


5.2.1. Partie isotrope et partie déviatrice de tenseur de contraintes. L’équation
de conservation de la quantité de mouvement (5.1) est inutilisable sans donner une forme


précise pour le tenseur de contrainte − →
σ . Ceci se décompose en deux tenseurs. Le premier
est dit isotrope et le second est dit déviateur :
 
1 1
σij = σkk δij + σij − σkk δij . (5.2)
|3 {z } | 3
{z }
isotrope déviateur
Pour un fluide au repos la deuxième composante doit s’annuler, et la première devient
−pδij ,
où p est, en effet, égale à la pression thermodynamique à l’équilibre.
Par contre, pour un fluide en mouvement il n’est plus nécessaire que le terme isotrope
soit le même que la pression thermodynamique. Posons donc
σij = −P δij + sij
où
1
−P = σkk
3
dont la relation à la pression thermodynamique reste à examiner. Ainsi sij est un tenseur
déviateur dont la la partie isotrope est, par définition, égale à zéro, skk = 0, car δkk = 3, et
par conséquent
σkk = −3P + skk .
Nous allons maintenant examiner la relation du tenseur déviateur au mouvement de fluide.
5.2.2. L’équation constitutive pour un fluide Newtonien. Un fluide est dit New-
tonien si la contrainte de cisaillement τ (une force tangentielle exprimée par unité de surface,
produite lors de mouvement) est proportionnelle au gradient de vitesse. Par exemple, dans
un écoulement bidimensionnel la contrainte de cisaillement dans la direction des x est donnée
∂u
τ =µ Nm−2
∂y
où µ est la viscosité dynamique du fluide, exprimée en Nsm−2 ou en kg s−1 m−1 . L’air et
l’eau sont des fluides Newtoniens. Le coefficient µ s’interprète comme un coefficient de
résistance au glissement.
L’origine de cette relation provient de la considération de transfert de la quantité de
mouvement à travers toute surface au niveau moléculaire. Examinons donc un tel transfert
suivant la direction des x à travers une surface y = constante., cf. la figure 5.2.
Un certain nombre de molécules au dessus de S sera en mouvement vers le bas à travers
S. La quantité (moyenne) de mouvement dans la direction des x, de ces molécules, est
proportionnelle à U + u qui est inférieur à celle correspondant à leur nouvelle position, la
différence entre les deux étant perdue par collision avec les autres particules. Cela veut dire
qu’il y a un transfert de la quantité de mouvement vers le bas à travers S. Vue sur une
échelle plus grande, cela se manifeste comme une force, dans la direction des x, sur la région

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Équations du mouvement

inférieure de fluide. En revanche, un transfert de “déficit” de quantité de mouvement vers

11
00 00
11 U +u
00
11 00
11
11
00 11
00
00
11 11
00 00 11
11 00
00
11 00
11
11
00 00
11 00
11
00
11 00
11 00
11

S y = constant.
11
00 00
11 00 11
11 00 11
00
00
11 00
11 00 11
11 00 11
00
00
11 00 11
11 00 11
00
11
00
00
11
00
11 00
11
11
00
11
00
00 11
11
00 00
11 00
11 U
00
11
00
11

Figure 5.2. Transfert moléculaire de la quantité de mouvement à travers une surface.

la région supérieure à travers S, qui fait décélérer le mouvement des molécules au dessus
de S. Le résultat est une contrainte de cisaillement à travers S qui fait accélérer le fluide
au dessous de S, et, par la même, fait décélérer le fluide au dessus de S. La contrainte
est nécessairement proportionnelle à u, la différence de vitesse, et à d’autres paramètres de
mouvement moléculaire. Or, dans un écoulement réel il n’y a pas de discontinuité de vitesse
à travers S. Compte tenu de ce fait on doit chercher alors une grandeur pour remplacer
u. Maintenant puisque l’échange moléculaire a lieu à travers une distance comparable au
parcours moléculaire moyen l, la variation de vitesse est
dU
l
dy
qui est, en effet, une bonne approximation car l est petit devant l’échelle suivant laquelle U
change. Par conséquent la contrainte de cisaillement peut s’écrire sous la forme
dU
µ
dy
où µ, la viscosité, dépend des paramètres de mouvement moléculaire.

5.2.3. Loi de comportement pour un fluide Newtonien. L’argument précédent,


qui peut être raffiné pour un gaz, fournit une bonne base pour suggérer que la contrainte
de cisaillement à admettre dans sij doit être proportionnelle au gradient local (en temps et
en espace) de vitesse, au moins pour des fluides à constitution moléculaire simple dont le
temps de réponse est très court.
Rappelons nous que le mouvement d’un fluide peut être localement décomposé en :
(i) translation locale;
(ii) mouvement de rotation comme pour un solide indéformable;
(iii) déformation locale.
On note immédiatement que la première composante (i) n’a rien avoir avec la contrainte
locale de cisaillement. Il est plausible aussi que le mouvement de rotation pure n’entraı̂ne,
quant à lui, non plus de telles contraintes (les démonstrations se trouvent dans des livres
spécialisés). Finalement, il ne nous reste que le tenseur des taux de déformation eij comme
source pour les contraintes sij .

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5.2 Contraintes et taux de déformation 55

Nous cherchons une relation tensorielle entre eij et sij qui reflet des propriétés objectives
et donc n’a rien avoir avec le choix des axes. Ainsi, nous cherchons, en effet, une relation
linéaire. Bien plus, pour des fluides simples (par rapport à leur structure moléculaire) nous
anticipons que la relation est isotrope, où il n’y a pas de directions de préférence dans le
mouvement moléculaire. Forcément, cela nous conduit à
sij = Aijkl ekl ,
avec Aijkl = µδik δjl + µ1 δil δjk + µ2 δij δkl
compte tenu de l’isotropie de milieu fluide simple. Alors
sij = µeij + µ1 eji + µ2 ekk δij
Le fait que sij et eij soient des tenseurs symétriques conduit à µ = µ1 . À cela s’ajoute le
fait que nous avons défini sij tel que sii = 0, et par conséquent µ2 = −2µ/3. Finalement, la
‘loi de comportement’ prend la forme
1
sij = 2µ(eij − ekk δij ) (5.3)
3
pour un fluide Newtonien.
◮ Remarque 5.1 : L’expérience a montré que les arguments développés pour arriver à l’équation
(5.3) sont justifiés pour les fluides simples, mais ne s’applique pas aux fluides compliqués dits fluides
non-Newtoniens étudiés en rhéologie. ◭

5.2.4. Thermodynamique et pression mécanique. On note de ce qui a précédé


que sij ne dépend que du tenseur déviateur eij − 31 ekk δij . Cela nous amène à penser que
∇ · ~v ou ekk doit intervenir ailleurs. Et puisque ∇ · ~v n’est pas lié au changement de
volume, il pourrait alors se manifester dans le terme −P δij , car p et dV sont associés en
thermodynamique.
Notons que si nous admettons que
P −p
est linéaire en eij , il vient alors que la seule relation possible serait
P − p = −Kekk
où K est une constante, car ekk fournit le seul invariant linéaire de eij . En effet cet argument
peut être justifié par la considération de l’énergie du fluide, que l’on peut trouver dans les
ouvrages spécialisés.
On dispose maintenant d’une forme complète pour σij , exprimée en fonction de deux
‘constantes’ µ et K (qui varient, en général, avec la température, et probablement avec la
masse volumique ρ) :
 
1
σij = −(p − Kekk )δij + 2µ eij − ekk δij , (5.4a)
3
où p est la pression thermodynamique, et
P = p − Kekk
est la pression mécanique, ou la contrainte normale moyenne.

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Équations du mouvement

En général, l’équation (5.4a) s’écrit sous la forme :


σij = −pδij + 2µeij + λekk δij , (5.4b)
| {z }
τij

2
avec λ = K − µ.
3
5.3. Équations de Navier-Stokes
Muni de σij nous sommes maintenant en position d’écrire les équations de mouvement
sous forme explicite. Mais d’abord rappelons nous que
 
1 ∂vi ∂vj
eij = + ,
2 ∂xj ∂xi
∂vk
ekk = = ∇ · ~v .
∂xk
Alors on obtient pour les équations de mouvement (5.1)
   
dvi ∂p ∂ ∂vi ∂vj ∂ ∂vk
ρ = ρfi − + µ +µ + λ . (5.5a)
dt ∂xi ∂xj ∂xj ∂xi ∂xi ∂xk
On appelle cette équation l’équation (complète) de Navier-Stokes.
Les variations de µ et λ avec la position (dues, en premier lieu, aux changements de
température) sont petites que l’on peut négliger, ce qui nous permet d’écrire
d~v
ρ = ρf~ − ∇p + µ∇2~v + (λ + µ)∇∇ · ~v Équations de Navier-Stokes (5.5b)
dt
On appelle les équations (5.5) les équations de Navier-Stokes; pour un fluide au repos (~v = ~0)
(5.5) se réduit à l’équation hydrostatique

ρf~ = ∇p Équation hydrostatique


Lorsque ρ est constante, ou lorsque la vitesse de l’écoulement est petite devant la vitesse
du son dans le milieu fluide on peut admettre que ∇ · ~v = 0, l’équation (5.5) se réduit alors

d~v
ρ = ρf~ − ∇p + µ∇2~v Équations de Navier-Stokes incompressibles (5.6)
dt
qui représente les équations de Navier-Stokes pour un écoulement incompressible.
Un nombre important de solutions de (5.5) peut être obtenue lorsque
µ=λ=K=0 Modèle non-visqueux
pour le modèle non-visqueux d’écoulement. On obtient alors l’équation d’Euler :
d~v
ρ = ρf~ − ∇p Équation d’Euler (5.7)
dt

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5.4 Discussion des équations de Navier-Stokes 57

La viscosité dynamique a pour unité ML−1 T−1 , et la viscosité cinématique a L2 T−1 ; dans
tableau 5.1 sont données des valeurs de ces coefficients pour quelques fluides. Notons que
ces chiffres ne sont pas très significatifs sauf pour des comparaisons entre des fluides. Pour
faire valoir la signifiance de la viscosité µ il va falloir considérer des groupes sans dimension.
Par exemple, pour un écoulement caractérisé par une vitesse U sur un corps de dimension
(taille) ℓ, le groupe
ρUℓ/µ = Uℓ/ν
est sans dimension. On appelle ce groupe le nombre de Reynolds. C’est le nombre de
Reynolds qui met en lumière l’effet de la viscosité dans un écoulement donné.
Il est commode de diviser les équations de Navier-Stokes par ρ, en particulier lorsque
celle-ci varie peu, ce qui conduit à
d~v
= f~ − ρ−1 ∇p + ν∇2~v Équation de Navier-Stokes incompressible (5.8)
dt
pour un fluide ou un écoulement incompressible. Sous cette forme on voit immédiatement
que c’est la viscosité cinématique qui met en évidence l’effet de la viscosité sur l’écoulement,
car compte tenu de données affichées dans la table 5.1, on se rend vite compte que, par
exemple, l’air est beaucoup plus visqueux que l’eau, et le mercure est peu visqueux par
rapport aux autres fluides.

5.4. Discussion des équations de Navier-Stokes


5.4.1. Conditions aux frontières. Un condition préalable pour toute solution des
équations différentielles ou aux dérivées partielles est l’existence des conditions aux frontières,
c’est-à-dire les conditions aux limites. Dans tout mouvement un fluide est en contact avec
d’autres milieux : il s’agit en général soit d’un autre fluide, soit d’une paroi solide.
Désignons par F la frontière du domaine D occupé par le fluide ; F peut être une
donnée ou une inconnue du problème.
5.4.1.1. Frontière solide. Soit F la frontière d’un solide situé dans un milieu fluide et
w(~
~ r , t) sa vitesse. Désignons par ~n et ~τ respectivement le vecteur unitaire normal extérieur
à F et le vecteur tangente. Alors la vitesse du fluide est égale à la vitesse du solide aux
points de contact fluide-solide F :
∀M ∈ F ~v(M, t) = w(M,
~ t)
soit ~n · (~v (M, t) − w(M,
~ t)) = 0, (5.9)
et ~τ · (~v (M, t) − w(M,
~ t)) = 0 dite condition de non-glissement. (5.10)

L’air L’eau Mercure Huile d’olive Glycérine


µ (kg/m s) 1.8 × 10−5 1.1 × 10−3 1.6 × 10−3 0.10 2.33
ν = µ/ρ (m2 /s) 1.5 × 10−5 1.1 × 10−6 1.2 × 10−7 1.1 × 10−4 1.8 × 10−3

Table 5.1. Valeurs de viscosité dynamique µ et viscosité cinématique ν pour


quelques fluides, à 288 K.

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Équations du mouvement

Ces deux conditions sont aussi valables quelques soit le milieu défini par F .
Quand on étudie l’écoulement autour d’un solide F est une donnée et ce sont les efforts
exercés par le fluide sur le solide qui constituent l’inconnue à laquelle on s’intéresse.
5.4.1.2. Frontière entre deux fluides non miscibles. Lorsque F est une frontière séparant
deux fluides dont l’une au moins est un liquide on dit que c’est une surface libre ; la surface
entre mer et atmosphère est une surface libre. Le fait que F est une surface matérielle nous
permet d’établir une condition nécessaire de cinématique. Soit

F (M, t) = 0

l’équation de F au cours de mouvement, où M ∈ F peut être considérée comme la position


d’une particule. Puisque dF = 0, il vient alors que
dF ∂F ∂F dxi
= +
dt ∂t ∂xi dt
dF ∂F
= + ~v · ∇F = 0. condition cinématique. (5.11)
dt ∂t
Quand F est une surface libre, on a intérêt à se donner F sous la forme

F ≡ x3 − η(x1 , x2 , t) = 0.

Il vient d’après (5.11)


∂η ∂η ∂η
+ v1 + v2 = 0 pour x3 = η. (5.12)
∂t ∂x1 ∂x2

F~
~n
2
∂D

F~
1
∂D
nt

Σ ~n′
ce

ié
ja

ud
ad

ét
eu

u
ili

in
m

nt
co
eu
ili
m

∂D3

Figure 5.3. Une segment de F .

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5.4 Discussion des équations de Navier-Stokes 59

5.4.1.3. Conditions dynamiques. Soit à l’instant t deux milieux continus adjacents et D


le volume du cylindre aplati de la figure 5.3, limité par la base ∂D1 située dans le milieu
étudié, la base ∂D2 située dans le milieu adjacent et une surface latérale ∂D3 de faible
dimension.
Nous admettons que les forces de capillarité sont négligeables.
L’équation (5.1a) appliquée à D s’écrit sous la forme
Z Z Z Z
d ∂
ρvi dV + (ρvi vj ) dV = ρfi dV + σij nj dS (5.13)
dt D D ∂xj D ∂D
Faisons maintenant tendre ∂D1 et ∂D2 vers Σ, partie de F intérieure à D. Les forces
d’inertie et à distance sont des forces massiques et elles vont tendre vers zéro puisque le
volume tend vers zéro. Il va donc rester, à la limite,
Z
 ′ 
σij nj + σij n′j dS = 0,
Σ
oùσij′désignant la contrainte dans le milieu adjacent, et ~n′ = −~n. Comme Σ est quelconque,
il vient
σij′ − σij = 0,
soit σij = σij′ (5.14)
ce qui veut dire que le vecteur contrainte est continu à la traversée de F .
◮ Remarque 5.2 : Appliquons la loi de la dynamique au cylindre et faisons tendre la hauteur
vers zéro. Soit F~ et F~ ′ les forces de contact exercées respectivement sur les deux bases ∂D1 et
∂D2 . Lorsque les deux bases tendent l’une vers l’autre les forces massiques (inertie et extérieur)
ont une limite nulle car le volume d’intégration tend vers zéro. On obtient donc
F~ + F
~′ = 0

soit F~ = −F~ ′ (5.15)


car D1 = D2 = Σ. Cette relation peut être vue comme l’égalité de l’action et la réaction. ◭
◮ Remarque 5.3 : Si F est la surface de séparation de deux fluides au repos ou de deux fluides
idéaux en mouvement (µ = λ = 0) la condition vectorielle (5.14) se réduit à la condition scalaire
p = p′ . (5.16)

◮ Remarque 5.4 : Le milieu adjacent exerce sur le milieu fluide étudié une force dont la
résultante pour la partie Σ de F est Z




σ ~ndS.
Σ
Si le milieu adjacent est un solide, la force exercée par le fluide sur le solide est
Z


R=− −
~ →
σ ~ndS.
Σ
Si le fluide est idéal on a Z
~ =
R p~ndS.
Σ

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Équations du mouvement

5.4.2. La pesanteur et la pression dynamique. En général les forces à distance


(forces de volume) se limitent à la force de la pesanteur; cette force est souvent la cause
principale de l’écoulement comme par exemple dans le cas de l’écoulement fluvial, mais elle
se trouve dans d’autre cas équilibrée par la pression hydrostatique. Il est donc utile de
soustraire ces deux effets avant d’analyser certaine classe d’écoulement.
Pour fixer les idées supposons que ρ est constante. Soit p1 la pression lorsque le fluide
est au repos, et p1 + p2 dans le cas contraire. Alors on a
ρg = ∇p1 , pour un fluide au repos
dv
ρ = ρg − ∇(p1 + p2 ) + µ∇2 v, pour un fluide en écoulement.
dt
Ces deux équations conduisent à
dv
ρ = −∇p2 + µ∇2 v,
dt
où seule la pression p2 apparaı̂t. On appelle cette pression la “pression dynamique”.

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CHAPITRE 6

Écoulements idéaux

6.1. L’équation d’Euler


On appelle un fluide pour lequel la contrainte visqueuse (ou la viscosité) et conductivité
thermique sont nulles un fluide parfait; pour éviter toute confusion entre la notion de gaz
parfait en thermodynamique et un fluide parfait il est commode de parler d’un fluide idéal
(ou un écoulement idéal) au lieu d’un fluide parfait. Dans ce cas le tenseur de contraintes
est sphérique

→ −





σ = −p I ,
et l’équation de Navier-Stokes se réduit à
∂~v 1
+ ~v · ∇~v = − ∇p + f~ Équation d’Euler. (6.1)
∂t ρ
On appelle (6.1) l’équation d’Euler, dont la solution est à rechercher avec l’équation de
continuité
∂ρ
+ ∇ · (ρ~v ) = 0 Équation de continuité (6.2)
∂t
et l’équation d’état de fluide F (ρ, p, T ) = 0. Cette équation est remplacée par
ρ = constante
pour un fluide incompressible, ou
(
ds
= 0
dt
p = RρT
pour un gaz parfait, pour lequel le transfert thermique par conduction est supposé négligeable
(conductivité thermique nulle) et les changements d’état sont supposés réversibles, s étant
l’entropie du fluide.

6.2. L’équation du vecteur tourbillon


Nous admettons dans ce qui suit que la masse volumique est constante, et la force
volumique est soit la force de la pesanteur ou soit une autre force qui dérive d’une fonction
potentielle :
f~ = −∇Φ.

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Écoulements idéaux

L’équation d’Euler s’écrit alors sous la forme



 ∂~v 1
+ ~v · ∇~v = − ∇p − ∇Φ,
∂t ρ (6.3)
 ρ = constante.

Pour trouver l’équation qui régit le vecteur tourbillon nous appliquons l’opérateur rot (∇∧)
à l’équation d’Euler, mais notons d’abord que
∂~v ∂~ω
=∇∧
∂t ∂t
où ω
~ = ∇ ∧ ~v. Ensuite, on peut montrer que
∇ ∧ (~v · ∇~v ) = ~v · ∇~ω − ~ω · ∇~v ,
où nous avons utilisé ∇ · v = 0 et ∇ · ~ω = 0. De plus, puisque pour toute fonction scalaire
f , ∇ ∧ ∇f = 0, l’équation du vecteur tourbillon se réduit à
∂~ω
+ ~v · ∇~ω = ω · ∇~v , (6.4a)
∂t
ou
d~ω
= ~ω · ∇~v. (6.4b)
dt
Cette équation nous dit que le taux du changement du vecteur tourbillon associé à une
particule fluide au cours de son mouvement est égale à ~ω · ∇~v .
◮ Remarque 6.1 : [Écoulement bidimensionnel] Pour un écoulement bidimensionnel
~v = u(x, y)~i + v(x, y)~j
on a ~ω = ω(x, y)~k. Par conséquent on a
d~
ω ∂  
=ω ~ · ∇~v = ω(x, y) u(x, y)~i + v(x, y)~j = 0
dt ∂z
ce qui montre que la “vorticité” est conservée. Notons que ce résultat s’applique aux régions où
l’effet de la viscosité est négligeable, car (6.4) dérive de l’équation d’Euler. ◭
◮ Remarque 6.2 : [L’équation du vecteur tourbillon pour un écoulement quelconque]
Soit σ la coordonnée curviligne le long de fil tourbillonnaire et ~τ et ~n les vecteurs unitaires parallèle
et normal à σ. Alors

~ω · ∇ = ω .
∂σ
Il s’en suit qu’en posant ~v = v1~τ + v2~n, (~ω · ∇~v ) devient
∂v1 ∂~τ ∂(v2 ~n)
ω · ∇ = ω~τ
~ + ωv1 +ω .
∂σ ∂σ ∂σ
Notons que les changements en v1 le long du fil tourbillonnaire, traduit par le terme ∂v1 /∂σ,
conduisent à l’élongation de fil tourbillonnaire, et à l’accroissement (si ∂v1 /∂σ > 0) de sa rotation.
Les termes restants (dans le deuxième membre) reflètent le réajustement dans le vecteur tourbillon
consistant avec la rotation de fil tourbillonnaire. ◭

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6.3 Le théorème de circulation de Kelvin 63

6.3. Le théorème de circulation de Kelvin


Soit C une courbe matérielle (arbitraire) fermée qui est portée par l’écoulement. Alors
on définit la circulation Γ autour de C par
I
Γ= ~v · d~ℓ
C
où dℓ est un arc infinitésimal le long de C .
Considérons un écoulement d’un fluide idéal et barotrope ρ = ρ(p), et calculons le taux
de variation temporel de Γ en suivant C dans son mouvement. On a
I
dΓ d
= ~v · d~ℓ
dt dt C
I
d  ~

= ~v · dℓ car la courbe est matérielle
C dt
I  
d~v ~ d ~
= · dℓ + ~v · (dℓ)
C dt dt
I    
1 ~
= − ∇p + ∇Φ · dℓ + ~v · d~v (cf. l’équation (6.3))
C ρ
I   
dp 1 2
= − − dΦ + d ~v
C ρ 2
I 
dp 1 2
=− + Φ − ~v
ρ 2 C
=0 (6.5)
car C est une courbe fermée, et l’expression à l’intérieur de la parenthèse, qui représente un
potentiel, est univoque.
On appelle le résultat exprimé par

=0 Théorème de Kelvin (6.6)
dt
le théorème de Kelvin.
Par ailleurs, en utilisant le théorème de Stokes on peut écrire
I Z
Γ= ~
~v · dℓ = ~ω · ~ndS (6.7)
C S
où la surface S est délimité par C . Par conséquent (6.6) implique
Z
d
~ω · ~ndS = 0 (6.8)
dt S
ce qui montre que :

le taux de débit tourbillonnaire à travers toute surface S portée


par un écoulement de fluide idéal, barotrope et soumis à un champ
conservatif de force, reste constante.

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Écoulements idéaux

6.4. Théorème de Bernoulli


6.4.1. Cas d’un écoulement irrotationnel. Un écoulement est dite irrotationnel si
~ω = ∇ ∧ ~v = 0. Dans ce cas le vecteur vitesse dérive d’une fonction potentielle appelée
potentiel de vitesse :
~v = ∇φ. (6.9)
En utilisant l’identité vectorielle
 
1 2
~v · ∇~v + ~v ∧ (∇ ∧ ~v ) = ∇ ~v (6.10)
2
l’équation d’Euler se transforme ainsi en
 
∂φ 1 2 1
∇ + |∇φ| + Φ = − ∇p. (6.11)
∂t 2 ρ
La forme de cette équation suggère d’écrire le deuxième membre sous la forme
1
∇p = ∇F (ρ, p)
ρ

pour que (6.11) ait un sens avec F (ρ, p) est à déterminer. À cette fin, supposons que le
fluide soit barotrope, c’est-à-dire ρ = ρ(p). Alors il est immédiat que
Z Z
1 ∂p ∂ 1 ∂p ∂ 1
= dx = dp
ρ(p) ∂x ∂x ρ(p) ∂x ∂x ρ(p)
ce qui conduit dans le cas général à
Z
1 dp
∇p = ∇ . (6.12)
ρ(p) ρ(p)
Par conséquent (6.11) s’écrit sous la forme
 Z 
∂φ 1 2 dp
∇ + |∇φ| + Φ + =0 (6.13)
∂t 2 ρ(p)
qui s’intègre en
Z
∂φ 1 dp Équation de Bernoulli pour
+ |∇φ|2 + Φ + = C(t) (6.14)
∂t 2 ρ(p) un écoulement irrotationnel

où C(t) est une fonction du temps seulement.


Pour un écoulement irrotationnel, incompressible et stationnaire (6.14) se réduit à

1 2 p Bernoulli pour un écoulement


~v + Φ + = constante. (6.15)
2 ρ irrotationnel, incompressible et stationnaire

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6.4 Théorème de Bernoulli 65

6.4.2. Cas d’un écoulement rotationnel. Considérons maintenant la situation où


l’écoulement est rotationnel et barotrope en régime permanent (stationnaire). Dans ce
cas l’équation d’Euler peut s’intégrer le long des lignes de courant si les forces volumiques
dérivent d’une fonction potentielle, f~ = −∇Φ. L’équation d’Euler peut s’écrire alors sous
la forme  Z 
1 2 dp
~v ∧ ~ω = ∇ ~v + Φ + = ∇H (6.16)
2 ρ(p)
où Z
1 2 dp
H = ~v + Φ + (6.17)
2 ρ(p)
est une fonction scalaire dénommée fonction de Helmholtz. Alors, le vecteur ~v ∧~ω est normal
à la surface H = constante qui, lui même, est normal à la fois à ~v et ~ω . Par conséquent
toute surface H = constante contient les lignes de courant et fils tourbillonnaires, comme
montré sur la figure 6.1. Soit ~τ un vecteur pris le long d’une ligne de courant, c’est-à-dire
~v ∧ ~ω = ∇H
surface
H = constante

~v

ligne de courant dans


la surface H = constante

Figure 6.1. Surface H = constante, ligne de courant et fil tourbillonnaire:


Bernoulli pour un écoulement rotationnel.

parallèlement à ~v. Alors


~τ · ~v ∧ ~ω = 0
et par conséquent on trouve
 Z 
1 dp
~τ · ∇ ~v 2 + Φ + = 0.
2 ρ(p)
Puisque (~τ · ∇) est la dérivée le long de ligne de courant il vient alors que
Z
1 2 dp Équation de Bernoulli pour
~v + Φ + =H un écoulement rotationnel (6.18)
2 ρ(p) et stationnaire

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Écoulements idéaux

dans laquelle H est constante.


Exemple 6.1 : Considérons l’écoulement d’un liquide débouchant d’un petit orifice situé
à la parois (et près de la base) d’un réservoir de grande dimension comme montré sur la
figure 6.2. L’écoulement à tout instant est presque stationnaire, et si le tuyau n’est pas
trop long et de diamètre pas trop petit, l’effet de viscosité serait confiné à une petite région
au voisinage immédiat des parois du tuyau dénommé couche limite. Les lignes de courant
commencent alors à la surface libre, et convergent en s’approchant vers le tuyau.

z
p = patm , v = 0

z=0
v, p = patm

Figure 6.2. Écoulement issu d’un réservoir.

Considérons l’une de ces lignes de courant. À la surface libre la vitesse est V , le po-
tentiel de la pesanteur (par rapport à z = 0) est gh, et la pression est égale à la pression
atmosphérique patm . À la sortie de l’orifice, la vitesse est v, le potentiel de la pesanteur
est nul, et la pression est aussi égale la pression atmosphérique patm . Donc l’équation de
Bernoulli appliquée à une ligne de courant conduit à

1 2
V + gh + patm /ρ = v 2 + patm /ρ.
2

Selon l’équation de continuité il existe une relation entre les vitesse V et v. Si A(h) désigne
l’aire de la surface libre et a celui de l’orifice, le débits massiques respectifs s’écrivent
alors comme ρA(h)V et ρav, dans lesquels V et v représentent respectivement les valeurs
moyennes. Il vient

V A(h) = va.

De plus, puisque la vitesse à la surface libre est

dh
V =− (pourquoi ?)
dt

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6.4 Théorème de Bernoulli 67

on peut obtenir une équation pour h(t). On trouve


"  #
2
2 A
2gh = V −1
a
 "  #−1 1/2
 2 
dh A
ou = − 2gh −1 .
dt  a 

Il est évident qu’on peut facilement intégrer cette équation si A(h) est constant, et encore
plus facilement lorsque A/a ≫ 1, ce qui permet la justification du modèle d’écoulement au
régime permanent. Dans ce cas on a
 1/2
dh a2
= − 2gh 2
dt A
"  1/2 #2
1 a2 1/2
d’où h= − g t + h0
2 A2
où h(t = 0) = h0 . Il vient alors que le temps nécessaires pour vider le réservoir, dans ce cas,
est
(A/a)(2h0 /g)1/2 .
Par ailleurs, dans le cas d’un réservoir assez grand pour que
1 2
V ≪ gh
2
on obtient ce que l’on appelle le théorème de Toricelli :
p
v = 2gh. 

Exemple 6.2 : [Le tourbillon (vortex) de Rankin] On appelle vortex de Rankin le champ
de vitesse défini par  −
→v = 12 rΩ~eθ , r < a,

→v = 21 a2 Ω−→e θ /r, r > a.
Il s’agit d’un écoulement où il n’a y pas de frontières auxquelles des effets visqueux ou
de conduction thermique peuvent se produire ; l’interface r = a induit une discontinuité
dans le gradient de vitesse ce qui, dans un écoulement réel, produit des forces visqueuses.
Néanmoins, l’effet de cette région de discontinuité sera, dans ce qui suit, négligé et on va
supposer que l’équation d’Euler s’applique partout.
Supposons de plus que la force de pesanteur agit dans la direction des z avec
Φ = ρg.
Alors, puisque ~ω = 0 dans la région r > a, il est immédiat que l’équation de Bernoulli s’y
applique partout :
1 2 4 2
Ω a /r + gz + p/ρ = constante = p∞ /ρ
8

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Écoulements idéaux

car la vitesse tend vers zéro quand r → ∞. Donc


1
p = p∞ − Ω2 a4 /r 2 − gρz pour r > a.
8
Pour r < a le vecteur tourbillon est constant,
ω = ∇∧v = Ωk
et la fonction de courant peut s’écrire sous la forme
1
ψ = − r 2 Ω.
4
De plus,  
1 2 1 2
~v ∧ ~ω = rΩ ~er = ∇ ~v + Φ + p/ρ
2 2
ce qui conduit à  
1 2 ∂ 1 2
rΩ =
~ ~v + Φ + p/ρ
2 ∂r 2
car ~er · ∇ = ∂/∂r. En intégrant cette équation on obtient la version de l’équation de
Bernoulli pour le cas d’un vecteur tourbillon constant, qui se traduit par
1 1
− Ω2 r 2 + Ω2 r 2 + gz + p/ρ = constante, r < a
4 8
pour le problème étudié. La constante est choisie pour que la pression soit continue en
r = a. On obtient alors
1
− Ω2 a2 + p∞ /ρ
4
pour la constante. D’où
1 1
p = p∞ − Ω2 a2 + Ω2 r 2 − gz, pour r < a.
4 8
Notons que pour r < a l’équation
1 2
~v + Φ + p/ρ
2
demeure constante le long de toute ligne de courant r = constante, mais la valeur de la
constante de Bernoulli change d’une ligne de courant à une autre de telle façon que l’équation
final de la pression soit de forme différente. Cela provient de mouvement tourbillonnaire
pour dans cette région, r < a. Un tourbillon peut être mis en mouvement dans un grand
volume de liquide avec un surface libre à laquelle la pression est constante, disons la pression
atmosphérique, p∞ . Alors, on obtient à la surface libre
1
p∞ = p∞ − Ω2 a4 /r 2 − gρz, r > a,
8
1 1
p∞ = p∞ − Ω2 a2 + Ω2 r 2 − gz, r < a.
4 8
D’où 
z = −Ω2 a4 /8gr 2, r > a,
z = −Ω2 a2 /4g + Ω2 r 2 /8g, r < a. 

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6.4 Théorème de Bernoulli 69
z=0

r=a r=0 r=a

Figure 6.3. Tourbillon de Rankin.

6.4.3. Appareilles de mesures.


6.4.3.1. Tube de Pitot. Le tube de Pitot est un petit dispositif simple destiné à mesurer
la vitesse à l’aide la pression. Ce dispositif prend la forme d’un tube mince dont l’axe est
aligné avec l’écoulement de telle manière que son ouverture soit orientée dans le sens opposé
à celui-ci, (figure 6.4). L’ouverture A du tube constitue un point d’arrêt car la vitesse y est
égale à zéro. Cela nous permet de déterminer la constante de Bernoulli. Le tube de Pitot
est aussi muni d’une deuxième ouverture B sur sa paroi où la pression est notée par p. La
différence de pression p0 − p est à mesurer par un manomètre convenable, voir la figure 6.5.
La ligne de courant passant par A passe aussi par B où la vitesse juste à l’extérieur de la
couche limite s’approche de U. Donc, l’équation de Bernoulli appliquée sur une ligne de
courant passant par A et B conduit à
1
p + ρU 2 = p0
2
et par conséquent
U = {2(p0 − p)/ρ}1/2 .
la différence de pression p0 − p est à mesurer par un manomètre convenable, par exemple
comme montré sur la figure 6.5.
ligne de courant
B
U p
p0
A

Figure 6.4. Tube de Pitot.

6.4.3.2. Tube de Venturi. Le Tube de venturi, construit selon le schéma montré sur la
figure 6.6, est un dispositif destiné à mesurer le débit massique dans un conduit. Le tube
est muni de deux trous pour capter la pression locale p1 et p2 . Alors, en en négligeant l’effet
de la viscosité on peut déterminer le débit Q
Q = V1 A1 = V2 A2 .

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Écoulements idéaux

D’après l’équation de Bernoulli appliquée sur une ligne de courant on a


1 1
p1 + ρV12 = p2 + ρV22
2 2
1 2 
d’où p1 − p2 = ρV2 1 − (A2 /A1 )2 .
2
La mesure de la différence de pression p1 − p2 nous permettra alors de déterminer le débit.
◮ Remarque 6.3 : Il est important de noter que cette formule n’est pas exacte car les con-
ditions de l’équation de Bernoulli ne sont pas tous réalisables compte tenu de l’effet de viscosité.
Néanmoins, une étalonnage du tube de Venturi basée sur des mesures de pression correspondants
aux vitesses données rend satisfaisantes les mesures effectuées par cet appareil. ◭

B111111111111111
000000000000000
111111111111111
0000000000000000000000000
1111111111111111111111111
000000000000000
0000000000000000000000000
1111111111111111111111111
U 000000000000000
111111111111111
0000000000000000000000000
1111111111111111111111111
A11111111111111111111111111
0000000000000000000000000
1111111111111111111111111
00000000000000000000000000
00000000000000000000000000
11111111111111111111111111
p

p0 h

Figure 6.5. Tube de Prandtl.

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6.4 Théorème de Bernoulli 71

p1
p2

V1
V2
Section A1
Section A2

Figure 6.6. Tube de Venturi.

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CHAPITRE 7

Équation de Bernoulli et Perte de Charge

7.1. L’équation de Bernoulli et la perte de charge


Reprenons l’équation de Bernoulli pour un écoulement incompressible et stationnaire :
1 2 p
v + + gz = Cte = C
2 ρ
Il est commode d’appeler la constante au deuxième membre charge; elle s’exprime sous la
forme de l’hauteur d’une colonne du liquide :
C
H= . (7.1)
g
Alors que l’équation de Bernoulli s’applique aux écoulements en fluide parfait, les fluides
réels sont visqueux et les écoulements sont souvent non uniformes. Par conséquent, pour
l’écoulement dans une conduite on utilise la vitesse moyenne U calculé à partir du débit
volumique Q divisé par la section S : U = Q/S.
De plus, dans un écoulement permanent le fluide perd d’énergie pour vaincre les forces
de frottement interne (viscosité/turbulence) ce qui conduit à une chute de pression appelée
perte de charge. Il est commode d’appeler la perte de charge liée à la longueur et la rugosité
de la conduite ainsi qu’à la viscosité, perte de charge ”linéaire” (ou ”linéique”) ou régulière
Hr . Quand les pertes de charge sont dues aux formes géométriques de canalisation (coude,
tés, élargissement ou contraction brusque, cônes, joints, clapets, passage à travers une grille,
vanne, robinet, ...) on les appelle perte de charge singulière, Hs .

7.1.1. Coefficient de perte de charge. En générale et dans la pluspart des cas on


trouve expérimentalement que les pertes de charge sont proportionnelle au carrée de la
vitesse moyenne U et s’expriment sous la forme :
U2
(Hr + Hs ) = K . (7.2)
2g

7.1.2. Lignes de charges : représentation graphique. Pour interpréter graphique-


ment l’équation de Bernoulli on pose p∗ = p + ρg qui représente l’énergie potentielle par
unité de volume dans le champs de pesanteur, g, en presence de la pression p; il s’agit de
la charge obtenue au repos. C’est pourquoi on appelle p∗ /ρg charge piézometrique ou ligne
piézometriqueen dans lequel p/(ρg) représente la charge due à la pression et z la charge
potentielle.

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Équation de Bernoulli et Perte de Charge
ligne piézometrique
plan de charge; ligne de charge totale
~v12 /2g ~v 2 /2g ~v22 /2g

p~2 /ρ
p~/ρ
p~1 /ρ ~
H
Canalisation

ligne moyenne
~z1
~z
~z1
plan de référence
111111111111111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000000000000000
000000000000000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111111111111111

Figure 7.1. Représantation graphique de charge d’un écoulement dans une conduite.

Figure 7.2. Représantation graphique de charge d’un écoulement à surface libre.

7.2. Équation de la conservation d’énergie


7.2.1. Premier principe de la thermodynamique. Le premier principe de la ther-
modynamique affirme que pour un système fermé :

dQ + dW = dE (7.3)

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7.2 Équation de la conservation d’énergie 75

~n ~v

dS

Surface de contrôle, S, délimitant le volume de contrôle V

Figure 7.3. Volume de contrôle V C délimité par la surface de contrôle SC.

où dQ est la chaleur reçue par un système thermodynamique, dW le travail fait par le
système (d’où le signe negatif) et dE est le changement dans l’énergie du système en mou-
vement. On peut utiliser ce principe pour écrire l’équation de la consevation d’énergie pour
un fluide en écoulement. En suivant une masse (et donc un système fermé), m, de fluide
lors de son mouvement, le premier principe conduit à
dQ dW dE
+ = (7.4)
dt dt dt
On suppose que le système thermodynamique est constitué de la masse m du fluide qui, à
l’instant to , est contenue dans la volume de controle V C, délimité par la surface de contrôle
Sc.
Si e désigne l’énergie par unité de masse, on a alors :
Z Z
Esystèm = e dm = e ρ dV (7.5)
système système
avec
1 2
e= v + u + gz (7.6)
2
|{z}
|{z} |{z}
Énergie interne Énergie potentielle
Énergie cinétique
où u est l’énergie interne du système par unité de masse. Notons qu’en générale e inclue
toutes les formes d’énergie.
7.2.2. Deuxième principe de la thermodynamique. Alors que le premier principe
de la thermodynamique affirme la consevation de l’énergie mais sans imposer des conditions
sur les types d’échanges possibles ou sur le sens de l’évolution, le deuxième principe permet
de prévoire l’évoultion de système. Ce principe pose la fondation pour le sens de transfor-
mation thermodynamique. Si dŜ désigne le changement de l’entropie du système Ŝ et dQ

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Équation de Bernoulli et Perte de Charge

la quantité de chaleur échangée à la température T , le deuxième principe affirme que

dQ
dŜ ≥ (7.7)
T

L’équation d’énergie, de la conservation de masse et de quantité de mouvement sont à


completer par l’équation d’état du fluide qui s’écrit sous la forme

p = p(ρ, T ) (7.8)

7.3. L’équation d’énergie


Pour une masse de fluide en mouvement, dont le volume coı̈ncide avec le volume de
contrôle à un instant donnée, on a selon le théorème de transport de courant (B.1) :

Z Z
dE ∂ dQ dW
= eρ dV + eρ (~v · ~n) dS = + (7.9)
dt ∂t VC SC dt dt

La quantité du travail reçue par un fluide contenu dans un volume matériel (en l’occurrence
le volume de contrôle, V C) par unité de temps est constitué de la contribution des forces
de contraintes
Z Z



→ −

Ws = ~v · ( σ · ~n) dS = ∇ · (~v · −

σ ) dV.
Sc VC

La contribution de contraintes de cisaillement est, en général, petite et par conséquence


négligeable par rapport au travail fait par la force de pression, Ẇp , donné par

dẆp = −p~v · ~ndS = −pvn dS (7.10)

et par conséquent
Z
Ẇp = − pvn dS (7.11)
SC

La chaleur Q apportée au fluide peut être seulement importante dans les écoulements avec de
transfert thermique. De travail peut être aussi apporté au fluide par des machines externes
dont la contribution nous notons par Ẇm par unité de temps.

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7.4 Équation de Bernoulli : équation de l’énergie 77

L’équation d’énergie s’écrit alors


Z
∂ 1
Q̇ + Ẇm + Ẇp = (u + gz + v 2 )ρdV +
∂t V C 2
Z
1
(u + gz + v 2 )ρ ~v · ~n dS (7.12a)
2
Z ZSC
∂ 1
Q̇ + Ẇm − pvn dS = (u + gz + v 2 )ρdV +
SC ∂t V C 2
Z
1
(u + gz + v 2 )ρ ~v · ~n dS (7.12b)
2
ZSC
∂ 1
Q̇ + Ẇm = (u + gz + v 2 )ρdV +
∂t V C 2
Z
p 1
(u + gz + + v 2 )ρ ~v · ~n dS (7.12c)
ρ 2
Z SC
∂ 1
Q̇ + Ẇm = (u + gz + v 2 )ρdV +
∂t V C 2
Z
1
(h + gz + v 2 )ρ ~v · ~n dS (7.12d)
SC 2
où h = u + p/ρ est l’enthalpie massique du fluide.
Supposons maintenant que le volume de contrôle est un tube de courant et les grandeurs
comme la densité, la vitesse, la pression et d’autres variables sont uniformes à travers toute
section du tube ou sont des valeurs moyennes. Alors, on peut écrire pour un écoulement
permanent
   
1 2 1 2
Q̇ + Ẇm = (ρvS)2 h + gz + v − (ρvS)1 h + gz + v (7.13)
2 2 2 1
où,ici , S représente la section du tube de courant.
La continuité impose (ρvS)1 = (ρvS)2 = ṁ Ainsi, en fonction de valeurs intensives
q = Q̇/ṁ, wm = Ẇm /ṁ, l’équation (7.13) s’écrit sous la forme
   
1 2 1 2
(ρvS)1 h + gz + v = h + gz + v − q − wm (7.14)
2 1 2 2

7.4. Équation de Bernoulli : équation de l’énergie


Dans un écoulement incompressible non–visqueux et permanent l’énergie est conservée
le long de toute ligne de courant :
1 2
ρv + p + ρgz = Cte. = e
|2{z } |{z} |{z}
Travail fait par les Énergie
Énergie forces de pression potentielle
cinétique

Dans cette équation le fluide est supposé parfait et dans cet optique la vitesse est supposé
uniforme. Mais dans la pratique les fluides réels sont visqueux ce qui rend la répartition de

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Équation de Bernoulli et Perte de Charge

vitesse à travers une section S non uniforme. Pour tenir compte de cette répartition une
correction de l’énergie cinétique est effectuée.
Z
1 U2
( ρv 2 )(~v · ~n)dS = α(ρUS) (7.15)
S 2 2
| {z }
Flux de l’énergie
cinétique à travers S
où U est la vitesse moyenne à travers S . On appelle α coefficient de correction de l’énergie
cinétique ; α varie donc d’une section à une autre. Rappelons que pour un écoulement à un
débit constant il est commode en pratique d’écrire
 2   2 
v p v p
+ +z = + + z + Hfrottement − Hpompe + Hturbine (7.16)
2g ρg 1 2g ρg 2

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CHAPITRE 8

Écoulement potentiel

8.1. Généralités
8.1.1. Introduction. Soit C une courbe matérielle fermée que l’on suit dans son mou-
vement. Selon le théorème de Kelvin pour un fluide non visqueux (µ = 0) et barotrope
(ρ = f (p)), la circulation Γ autour C est toujours nulle s’elle l’est à un instant quelconque.
Évidement un tel fluide ’idéal’ n’existe pas dans la nature, mais on peut néanmoins envisager
des conditions où un tel écoulement pourrait approximativement avoir lieu suffisamment loin
d’obstacles ou de frontières. On voit alors qu’on peut anticiper que Γ = 0 dans des régions
assez étendues. Donc il est utile d’étudier les écoulements irrotationnels, pour lesquels on
doit avoir
∇∧− →
v = 0. (8.1a)
Cela implique qu’il existe une fonction φ continûment dérivable telle que

→v = ∇φ (8.1b)
ce qui, avec l’équation de continuité
∇·−

v = 0, (8.1c)
pour un écoulement incompressible, conduit à l’équation de Laplace
∇2 φ = 0. (8.1d)
On appelle écoulement potentiel tout écoulement irrotationnel d’un fluide parfait incompress-
ible satisfaisant au système (8.1). Alors il suffit de satisfaire l’équation de Laplace (8.1d) et
les conditions aux limites appropriées pour déterminer l’écoulement. Le problème posé par
ce système est entièrement cinématique car il s’agit de déterminer le potentiel φ. En d’autre
terme, le fait que l’écoulement soit irrotationnel conduit à dire que si l’écoulement est
cinématiquement admissible il le serait dynamiquement. Le problème dynamique
se traduit alors par l’équation de Bernoulli pour un écoulement irrotationnel (6.14)
Z
∂φ 1 2 dp
+ |∇φ| + Φ + = C(t). (8.2)
∂t 2 ρ(p)

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Écoulement potentiel

8.1.2. Propriétés générales de l’équation de Laplace.


8.1.2.1. Linéarité de ∇2 φ = 0. Puisque l’équation de Laplace est linéaire on peut appli-
quer le principe de superposition à la solution φ pour un problème donné. Cela revient à
dire que la solution φ peut se reconstruire à partir de solutions plus simples. Par exemple,
si φ1 et φ2 sont solutions vérifiant respectivement ∇2 φ1 = 0 et ∇2 φ1 = 0, il s’en suit que la
fonction φ3 = φ1 + φ2 est aussi une solution de ∇2 φ = 0.
8.1.2.2. Unicité de solution dans une région finie. Soit S une surface sur laquelle la
composante normale ~v · ~n est donnée, et supposons qu’il existe deux solutions continues φ1
et φ2 satisfaisant à
)
∇2 φ = 0 à l’intérieur de S.
∂φ (8.3a)
= f (~r), une fonction donnée sur S.
∂n
Alors, si φ3 = φ2 − φ1 il vient
)
∇2 φ3 = ∇2 (φ1 − φ2 ) = 0 à l’intérieur de S.
∂φ3 ∂ (8.3b)
= (φ1 − φ2 ) = 0 sur S.
∂n ∂n
Soit V le volume contenu dans S, et T l’énergie cinétique qui lui est associée. Alors
Z
1
T = ρ (∇φ3 )2 dV.
2 V
Mais
(∇φ3 )2 =∇ · (φ3 ∇φ3 ) − φ3 ∇2 φ3 ,
=∇ · (φ3 ∇φ3 )
car ∇2 φ3 = 0. Donc
Z
1
T = ρ ∇ · (φ3 ∇φ3 ) dV
2 V
Z
1 ∂φ3
= ρ φ3 dS
2 S ∂n
compte tenu du théorème de la divergence. Mais nous savons que ∂φ3 /∂n = 0 sur S, et par
conséquent
T = 0.
Or, puisque T est l’intégrale de (∇φ3 )2 qui n’est pas négative, il vient alors que (∇φ3 )2 ne
peut pas s’annuler si elle n’est pas égale à zéro partout dans V . Cela équivaut à dire que
∇φ3 = 0 partout à l’intérieur de S.
Cela montre que φ1 et φ2 conduisent au même champ de vitesse partout dans S, et le
problème n’a qu’une seule solution.
Remarque – φ1 et φ2 peuvent être différentes l’une de l’autre à une constante près sans
produire aucun changement dans le champ de vitesse ∇φ. 

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8.1 Généralités 81

8.1.2.3. Unicité de φ pour une région infinie. Soit V le volume délimité par les deux
surfaces S1 et S comme indiqué sur la figure 8.1; la surface S1 est définie par la distance
r = R mesurée d’un point sur ou au voisinage de S.
Considérons maintenant la solution tridimensionnelle satisfaisant à
φ = O(1/r)
lorsque r → ∞, et supposons qu’il existe deux solutions φ1 et φ2 pour le problème

∇2 φ = 0 à l’extérieur de S. 

φ = O(1/r) quand r → ∞, (8.4a)
∂φ 
= f (~r) sur S. 
∂n
Alors φ3 = φ1 − φ2 satisfait à

S
S1

Figure 8.1. Schématisation pour §8.1.2.3.


∇2 φ 3 = 0 à l’extérieur de S. 

φ3 = O(1/r) quand r → ∞, (8.4b)
∂φ3 
= 0 sur S. 
∂n
Remarque – Notez que la différence entre deux fonctions qui sont de l’ordre O(1/r) est,
elle même, O(1/r). Examinons maintenant l’énergie cinétique
Z
1
T = (∇φ3 )2 dV.
2 V
Comme dans le cas précédent on peut montrer que
(∇φ3 )2 =∇ · (φ3 ∇φ3 )
et par conséquent le théorème de la divergence conduit à
Z Z
1 ∂φ3 1 ∂φ3
T = − ρ φ3 dS + ρ φ3 dS1 ,
2 S ∂n 2 S1 ∂r
où le signe négatif provient de la direction du vecteur normal extérieur à S. Pour déterminer
T nous remarquons d’abord que le premier terme est nul car ∂φ3 /∂n = 0 sur S. En ce qui

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Écoulement potentiel

concerne le deuxième terme, on peut l’estimer de la manière suivante :


 2 2
 dS1 = O(R ) car la sphère est d’une aire égale à 4πR ,

φ3 = O(1/R) à r = R pour R grand,
 ∂φ 3
 = O(R−2) car φ3 = O(1/R).
∂r
Il vient alors que Z
∂φ3
φ3 dS1 = O(1/R)
S1 ∂r
qui tend vers zéro lorsque R → ∞.
Donc l’énergie cinétique totale dans la région infinie à l’extérieur de S est nulle. Alors,
comme précédemment, ∇φ3 doit s’annuler partout à l’extérieur de S, et par conséquent φ1
et φ2 ont le même champ de vitesse.
Remarque – La démonstration d’unicité de la solution de l’équation de Laplace a été
effectués pour des solutions tridimensionnelles. Pour le cas bidimensionnel d’une région
infinie, il existe des difficultés associées à la circulation ainsi qu’avec une énergie totale qui
devient infinie. 
8.1.2.4. Le théorème de Kelvin d’énergie minimale . Considèrons un écoulement incom-
pressible dans l’espacement tri-dimensionnel entre les deux surfaces S1 et S2 montré sur la
figure 8.2. Soit

→v = ∇φ
la solution qui fournit les composantes normales de vitesse à S et S . Soit −
1 2

v ′ un champ
arbitraire de vitesse satisfaisant à
∇·−

v′=0 dans V
qui se raccorde avec les vitesses normales à S1 et S2 . Soit T et T ′ les énergies cinétiques
associées. Alors
Z  
1 −
→v′ −− →
′ 2 2
T −T = ρ v dV
2 V
Z
1 −
= ρ (→
v′−− →v )2 + 2(−
→v′−− →
v)·−

v dV
2 V
Z
1 −
= ρ (→
v′−− →v )2 + 2∇ · [φ (−

v′−−→v )] dV
2 V

car −
→v = ∇φ,
et ∇· v =∇·−

→ →v ′ = 0.
Finalement, en utilisant le théorème de la divergence, la dernière intégrale peut s’écrire sous
forme d’intégrale de surface sur les frontières :
Z Z

→ −
→ −


∇ · [φ ( v − v )] dV = φ (−

v′−− →
v ) · dS = 0
V S

car −

v et −

v ′ ont les mêmes composantes normales à S1 et S2 . Alors,

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8.2 Écoulements plans irrotationnels d’un fluide incompressible 83

S1
S1

Figure 8.2. Schématisation pour §8.1.2.4.

Z
1
T − T = ρ (−
′ →
v′−− →
v )2 dV,
2 V
qui est positive définie car −→v ′ est différente de −

v . Donc T ′ est supérieure à T , et par
conséquent l’énergie cinétique d’écoulement potentiel est la moindre parmi celles fournies
par toutes autres solutions admissibles pour l’écoulement à l’intérieur de V .

8.2. Écoulements plans irrotationnels d’un fluide incompressible


Soit (u, v) les composantes du vecteur vitesse −

v associées aux coordonnées Cartésiennes
(x, y). Pour un fluide incompressible, l’équation de continuité se réduit alors à
∂u ∂v
+ = 0. (8.5)
∂x ∂y
Dans ce cas on peut introduire une fonction de courant ψ(x, y, t) définie à une constante
près du temps t et déterminée par
∂ψ ∂ψ
u= , v=− (8.6)
∂y ∂x
dans laquelle t est considéré comme un paramètre et non comme une variable indépendante.
L’écoulement étant irrotationnel ∇ ∧ −→
v = 0, on a
∂u ∂v
− = 0, (8.7)
∂y ∂x
ce qui implique qu’il existe une fonction φ(x, y, t), potentiel de vitesse, tel que

∂φ ∂φ
u= , v= (8.8)
∂x ∂y
où t est considéré aussi comme un paramètre. On appelle les lignes φ = constante les
équipotentielles du champ de vitesse (u, v).
Les équations (8.6) et (8.8) peuvent s’écrire sous forme vectorielle

→ −

v = ∇φ = ∇ψ ∧ k , (8.9)

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Écoulement potentiel

ou 
∂φ ∂ψ
 u =
 =
∂x ∂y (8.10)
 ∂φ ∂ψ
 v = = − .
∂y ∂x
On appelle ces relations les équations de Cauchy-Riemann. Par suite, il existe une fonction
analytique f (z, t) de la variable complexe z = x + iy = reiθ = r(cos θ + i sin θ), pouvant
éventuellement dépendre de t, qui est dérivable par rapport à z,
f (z, t) = φ(x, y, t) + iψ(x, y, t) (8.11)
où i2 = −1.
Théorème 8.2.1 (Dérivabilité de f(z)).
Soit f (z) = φ(x, y) + iψ(x, y) une fonction dérivable en z = x + iy. Alors φ(x, y) et ψ(x, y) sont
dérivables par rapport à x et y en tout point (x, y) tel que
∂φ ∂ψ ∂φ ∂ψ
= , =− .
∂x ∂y ∂y ∂x
◭ Il existe une limite
f (z + h) − f (z) df
lim = = f ′ (z)
h→0 h dz
quelque soit le chemin utilisé pour approcher le point z.
Supposons d’abord que h tend vers zéro en demeurant réelle (h = r). Dans ce cas
φ(x + r, y) + iψ(x + r, y) − φ(x, y) − iψ(x, y)
f ′ (z) = lim
r→0 r
φ(x + r, y) − φ(x, y) ψ(x + r, y) − ψ(x, y)
= lim + i lim
r→0 r r→0 r
d’où
∂φ ∂ψ
f ′ (z) = +i .
∂x ∂x
Posons maintenant h = is, où s ∈ R. Alors on a
φ(x, y + t) + iψ(x, y + s) − φ(x, y) − iψ(x, y)
f ′ (z) = lim
s→0 is
φ(x, y + s) − φ(x, y) ψ(x, y + s) − ψ(x, y)
= lim + i lim
s→0 is s→0 is
φ(x, y + s) − φ(x, y) ψ(x, y + s) − ψ(x, y)
= −i lim + lim
s→0 s s→0 s
d’où
∂φ ∂ψ
f ′ (z) = −i + .
∂y ∂y
Les expressions pour f (z) aux deuxièmes membres de ces deux résultats sont égales
∂φ ∂ψ ∂φ ∂ψ
+i = −i + .
∂x ∂x ∂y ∂y
Cela démontre le théorème. ◮

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8.3 Écoulements élémentaires 85

Alors, on a d’après le théorème que l’on vient de démontrer,


df ∂φ ∂ψ ∂φ ∂ψ
w(z, t) = = +i = −i + = u − iv. (8.12)
dz ∂x ∂x ∂y ∂y
On appelle f (z, t) le potentiel complexe de l’écoulement, et w(z, t) la vitesse complexe.
On peut exprimer la vitesse complexe en fonction de (vr , vθ ) associées aux coordonnées
polaires (r, θ). Dans ce cas il suffit d’effectuer une différentiation par rapport à r de f (z)
avec θ fixé. On a alors dz = eiθ dr et par conséquent
 
df ∂φ ∂ψ
w(z, t) = = +i e−iθ = (vr − ivθ )e−iθ (8.13a)
dz ∂r ∂r
Si l’on fixe r, on obtient
 
df 1 ∂ψ ∂φ
w(z, t) = = −i e−iθ = (vr − ivθ )e−iθ . (8.13b)
dz r ∂θ ∂θ

Remarque – La multiplication du vecteur vitesse u − iv par eiθ induit une rotation d’angle θ de
ce vecteur dans le sens de θ croissant.

8.3. Écoulements élémentaires


8.3.1. Écoulement rectiligne uniforme. Un écoulement rectiligne uniforme peut
s’écrire sous la forme

∂φ ∂ψ 
u=U = = , 

∂x ∂y
(8.14)
∂φ ∂ψ 
v=0 = =−  
∂y ∂x
où U est constante. Alors, il en découle immédiatement

φ = Ux, ψ = Uy (8.15a)

d’où

f (z) = φ + iψ = Uz. (8.15b)

Un écoulement uniforme faisant un angle α avec l’axe des x est donnée par

f (z) = Ue−iα z. (8.16)

8.3.2. Source et puits. Soit C un cercle de rayon r et centré à l’origine O, et Q le


débit par unité de longueur traversant C . Une source ou un puits est caractérisé par un
vecteur de vitesse −→v = (vr (r), 0), et par le débit Q, dénommé intensité de la source ou du

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Écoulement potentiel

puits. Alors I
Q= −

v ·−

n dℓ
IC
= −

v ·−

e r (rdθ)
(8.17)
IC
= vr (rdθ)
C
= 2πrvr .
D’où
Q Q
u= 2
x, v = y.
2πr 2πr 2
Par conséquent le potentiel complexe est
df Q x − iy Q
= u − iv = 2
= .
dz 2π r 2πz
Il vient alors
Q
f (z) = ln z

Q Q
= ln |z| + i arg z
2π 2π
Q Q
= ln r +i θ
|2π{z } |2π {z }
φ ψ

à une constante près.


Dans le cas où la source est placée en z0 le potentiel complexe s’écrit sous la forme
Q
fz0 (z) = ln(z − z0 ).

8.3.2.1. Tourbillon ponctuel. Le champ de vitesse d’un tourbillon ponctuel est caractérisé
par des lignes de courant formant des cercles C centré à l’origine et associé à une circulation
Γ indépendante du rayon, c’est-à-dire − →v = (0, vθ ) en coordonnées polaires (r, θ). Alors
I
Γ= −
→v · d~ℓ
IC
= −
→v ·− →
e θ (rdθ)
C
I
= rvθ dθ
C
I
ce qui suggère Γ= rvθ (r)dθ car Γ est indépendante r
C
Γ = 2πrvθ (r)
Γ
d’où vθ (r) = .
2πr

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8.3 Écoulements élémentaires 87

Par suit, on a
Γ y
u = vr cos θ − vθ sin θ = −
2πr r
Γ x
v = vr sin θ + vθ cos θ = .
2πr r
Ainsi le potentiel complexe satisfait à
df
= u − iv,
dz
Γ y + ix
=−
2π r 2 ,
Γ 1
=
2πi z,
Γ
d’où f (z) = ln z,
2πi
Γ iΓ
et φ + iψ = + arg z − ln |z|
2π 2π
Γ iΓ
= θ− ln r.
2π 2π
Le potentiel complexe d’un tourbillon centré en z0 est donné par
Γ
fz0 (z) =ln(z − z0 ).
2πi
8.3.2.2. Doublet ou dipôle. On appelle doublet l’écoulement plan irrotationnel construit
par la superposition d’une source et un puits de même intensité absolue Q, et séparés par
une distance ℓ tel que
lim Q × ℓ → µ = Cte.
ℓ→0
Q→∞

Soit donc une source d’intensité +Q placée en (x′ , y ′) et un puits d’intensité −Q situé
en (x′ − δx′ , y ′). Alors le potentiel de vitesse φ en un point M(x, y) est donné par
Q n  1/2  1/2 o
φ= ln (x − x′ )2 + y 2 − ln (x − x′ + δx′ )2 + y 2

1/2 1/2
Q ′ ln [(x − x′ )2 + y 2] − ln [(x − x′ + δx′ )2 + y 2 ]
soit pour un doublet φ = lim δx
δx′ →0 2π δx′
Q→∞
µ ∂  ′ 2

2 1/2
= ln (x − x ) + y
2π ∂x′
µ x − x′
=−
2π r 2
µ cos θ
=−
2π r
exprimé en coordonnées polaires (r, θ) dont l’origine est située en (x′ , 0).

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Écoulement potentiel

Les composantes du vecteur vitesse s’écrivent


∂φ µ cos θ 1 ∂Ψ
vr = = 2
= ,
∂r 2π r r ∂θ
1 ∂φ µ sin θ ∂Ψ
vθ = = 2
=−
r ∂θ 2π r ∂r
et la fonction de courant ψ
µ sin θ
Ψ= .
2π r
Par suite, on a pour le potentiel complexe
df
= u − iv
dz
µ cos2 θ − sin2 θ µ 2 cos θ sin θ
= 2
−i
2π r 2π r2
2
µ (cos θ − i sin θ)
=
2π r2
−2iθ
µ e µ 1
= 2
=
2π r 2π z 2
µ 1 C
d’où f (z) = − =
2π z z
où C = −µ/2π est une constante.
8.3.2.3. Écoulement dans un angle. Considère l’écoulement f (z) = Cz n où C est une
constante. En coordonnées polaires (r, θ) on a
f (z) = Cr n (cos(nθ) + i sin(nθ))
d’où φ = Cr n cos(nθ) et ψ = Cr n sin(nθ). On voit immédiatement que les droites θ = 0 et
θ/n font parties des lignes de courant car vθ = 0. on a
df
w(z) = = nCr n−1 [cos(n − 1)θ + i sin(n − 1)θ].
dz
On voit que la vitesse est nulle au sommet de l’angle si n > 1, c’est-à-dire θ < π, et qu’elle
est infinie si n < 1 c’est-à-dire θ > π. Cela est impossible car une vitesse est équivoque,
d’après le théorème de Bernoulli, à une pression infinie négative. Il faut donc qu’il y ait
décollement au sommet.
8.3.2.4. Écoulement autour d’un cylindre. L’écoulement définit par le potentiel complexe
 
a2
f (z) = C z +
z
représente l’écoulement potentiel autour d’un cylindre de rayon a.
Les lignes de courant sont données par
 
a2
ψ = Cy 1 − 2
r

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8.3 Écoulements élémentaires 89
Q iΓ
(a) f (z) = ln z (b) f (z) = − ln z
2π 2π

lignes de courant lignes équipotentielles

C
(c) f (z) =
z

Figure 8.3. (a) Source, (b) Tourbillon ponctuel, (c) Doublet.

où r 2 = x2 + y 2. Le champ de vitesse est donné par

 
df a2
= u − iv = C 1 − 2 .
dz z

La ligne de courant ψ = 0 est composée de l’axe des x et du cercle x2 + y 2 = a2 .

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Écoulement potentiel

8.3.2.5. Écoulement autour d’un cylindre avec circulation. Ajoutons au potentiel com-
plexe précédent celui d’un tourbillon ponctuel centré à l’origine
 
a2 Γ
f (z) = C z + + ln z.
z 2πi
D’où  
a2 Γ
ψ = Cy 1 − 2 − θ.
r 2π
Le champ de vitesse associé est
 
df a2 Γ 1
= u − iv = C 1 − 2 +
dz z 2πi z
 
a2 Γ
soit u = C 1 − 2 cos 2θ − sin θ,
r 2πr
Γ a2
v= cos θ − C 2 sin 2θ.
2πr r
8.4. Force et Moment
Considèrons l’écoulement stationnaire et bidimensionnel autour d’un cylindre C de sec-

→ −

tion arbitraire. La force F et le moment − k M appliqués par le fluide sur le cylindre
peuvent être calculés en utilisant la théorie des variables complexes.
On a
I


F = − p− →n dℓ
C
I I
→ −
− → −
→ − −

Alors Fx = i · F = − p i · n dℓ = − p cos(−
→ →
n , i )dℓ
C C
I I
= − p sin θdℓ = − p dy,
C C
I I

→ −
→ −
→ − −

Fy = j · F = − p j · n dℓ = − p cos(−
→ →
n , j )dℓ
C C
I I
= p cos θdℓ = p dx
C C
I I
d’où Fx − iFy = −i p (dx − idy) = −i p dz̄.
C C
L’application du théorème de Bernoulli sur la surface C du cylindre conduit à
1 
p = p0 − ρ u 2 + v 2 C
2
dans laquelle 
u2 + v 2 C = [(u − iv)(u + iv)]C = (w w̄)C

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8.4 Force et Moment 91



j Fy



i Fx
C
x


M
dℓ
p
θ

Figure 8.4. Écoulement autour un cylindre de section C arbitraire.

et p0 est la pression au point d’arrêt. Sachant que p0 ne contribue pas aux intégrales on
obtient la relation
I
1
Fx − iFy = i ρ w w̄ dz̄
2 C

dans laquelle

w̄ dz̄ = (u + iv)(dx − idy)


= udx + vdy − i(udy − vdx)
= dφ − idψ.

De la même façon on trouve w dz = dφ + idψ. Sachant que C est une ligne de courant sur
laquelle dψ = 0, il vient

(w̄ dz̄)C = (wdz)C

et l’on obtient
I
1
Fx − iFy = i ρ w 2 dz formule de Blasius pour F.
2 C

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Écoulement potentiel

Soit P ∈ C . Alors le moment des efforts extérieurs qui s’appliquent au cylindre est
I I


M= OP ∧ d F = (xi + yj) ∧ (−p− →n )dℓ
C C
I
= −k p (x sin(i, n) + y sin(j, n)) dℓ
IC I
= −k p(x cos θ + y sin θ)dℓ = −k p(xdx + ydy)
C C
I
1 
= − ρk u2 + v 2 (xdx + ydy)
2 C
I
1
= − ρkℜ w w̄zdz̄
2
IC
1
M = − ρkℜ w 2 zdz formule de Blasius pour M
2 C
où ℜ désigne la partie réelle de l’intégrale. On appelle ces formules les formules de Blasius.

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CHAPITRE 9

Écoulement des Fluides Réels

9.1. Introduction
Les équations de Navier-Stokes sont des équations difficiles et il s’avère utile de se limiter
aux cas simples ou particuliers dont les solutions sont connues. Nous nous limitons aux
écoulements incompressibles pour lesquels ∇ · v = 0 et nous supposons de plus que la
viscosité demeure constante.
Par ailleurs, les problèmes traités seront tels que les conditions aux limites associées
aux frontières sont simples à appliquer mathématiquement. Ainsi, nous allons essayer de
résoudre )
∇ · v = 0,
dv (9.1)
ρ = −∇p + µ∇2 v,
dt
où p désigne la pression dynamique et µ la viscosité dynamique. Le système (9.1) est
composé de quatre équations pour les quatre inconnues p et v. Contrairement aux problèmes
en dynamique la force −∇p est à déterminer comme partie intégrale de la solution, car elle
n’est pas donnée.
On sait que dans l’écoulement des fluides réels, les particules de fluide sont subies lors de
leur mouvement aux forces de frottement dues à la viscosité et à la turbulence. Pour vaincre
ces forces d’énergie cinétique est dissipée et transformée en énergie thermique traduit par
une perte de charge ( une chute de pression).
Les forces d’inertie convectives par unité de volume, ρ~v · ∇~v ( associée au transport
de quantité de mouvement par convection), et les force de viscosité, µ∇2~v (associées au
transport de quantité de mouvement par diffusion), ne sont pas en général du même ordre
de grandeur. L’ordre de grandeur de chaque terme dépend de la vitesse, la géométrie de
l’écoulement et la viscosité µ ainsi que de la densité de fluide ρ. Si dans un écoulement
sur un corps solide, dont la dimension naturelle est L (ou de longueur caractéristique L),
la vitesse moyenne (ou caractéristique) est U, le flux de quantité de mouvement associé à
la convection serait de l’ordre ρU 2 et celui associé à la diffusion serait de l’ordre µU/L. Le
rapport entre ces deux flux est sans dimension et s’écrit sous la forme :
flux convectif de la quantité de mouvement ρU 2 UL
≈ = = Re (9.2)
flux diffusif de la quantité de mouvement µU/L ν
où ν est la viscosité cinématique qui représente la diffusivité de la quantité de mouvement;
on appelle ce rapport le nombre de Reynolds. Alors, suivant les vitesse et les géométries
d’écoulement pour un fluide donné (c’est-à-dire suivant l’ordre de grandeur de Re), le trans-
port de la quantité de mouvement d’un fluide peut être dominé par des phénomènes diffusifs
ou convectifs.

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Écoulement des Fluides Réels

On distingue deux régimes d’écoulements liés à l’ordre de grandeur de nombre de Reynolds :


régime laminaire et régime turbulent. Dans un écoulement laminaire les particules de fluide
se déplacent en formant des lames ou couches stables et régulières qui ”glissent” l’une sur
l’autre et ne se mélangent pas. Par contre, un écoulement turbulent est instationnaire et car-
actérisé par la formation-éclatement de tourbillons de tailles différentes conduisant ainsi au
mélange ou brassage intensif des particules. La valeur des grandeurs de l’écoulement comme
la pression, le vecteur vitesse, etc. en un point fixe présente des fluctuations aléatoires autour
d’une valeur moyenne.

9.2. Écoulements unidirectionnels


Un écoulement est dit unidirectionnel quand les lignes de courant sont, à chaque instant,
des droites parallèles à la direction de l’écoulement. Cela implique, par exemple, que la
solution est de la forme ~u = u(y, z, t)~x dans le système cartésien, (x, y, z), des coordonnées
auquel on associe le vecteur vitesse ~v = (u, v, w), avec la direction des x choisie comme
direction de l’écoulement; la non dépendance de u de x est déduite de l’équation de continuité
:
∂u ∂v ∂w
+ + =0 (9.3)
∂x ∂y ∂z
∂u
et puisque ~u = u(y, z, t)~x implique v = w = 0 on déduit que = 0 c’est qui montre que u
∂x
ne dépend pas de x.
Les équations de Navier–Stokes se réduisent alors à
 2 
∂u ∂ u ∂2u 1 ∂p
= ν 2
+ 2 − , (9.4)
∂t ∂y ∂z ρ ∂x

∂p
= 0, (9.5)
∂y
∂p
= −ρg. (9.6)
∂z
et la pression est donc fonction de (x, z, t) seulement : p ≡ p(x, z, t). La troisième équation
conduit donc à p(z, x, t) = −ρgz + P (x) ce qui montre que ∂p/∂x = P ′ (x) = dp/dx.
9.2.1. Écoulement entre deux plaques planes. On étudie maintenant l’écoulement
stationnaire d’un fluide situé entre deux plaques planes infinies et parallèles à distance d
dans la direction y (voir figure (9.2)) où une plaque est fixe et l’autre se déplace par-
allèlement à elle-même à une vitesse constante Up dans la direction Ox. Les considérations
de l’écoulement montrent que les composantes de vitesse v et w s’annulent. L’analyse de
l’équation de continuité montre alors que la composante u n’est fonction que de y. L’équation
de Navier–Stoke devient alors
∂p ∂2u
0 = − +µ 2 (9.7a)
∂x ∂y
∂p
0 = − + ρg (9.7b)
∂y

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9.2 Écoulements unidirectionnels 95

On peut déduire (9.7) par la considération de mouvement d’un élément infinitésimal comme suite :

Soit δx × δy × 1 un élément de fluide en


y
mouvement dans la directions des x. Il vient
δx alors qui le bilan des forces agissant sur cet
σyx(y+δy) élément impose : (dy × 1)(p(x) − p(x+δx) )+
(δx × 1)(σyx(y) − σyx(y+δy) ) = 0
Soit :
p(x+δx) (p(x+δx) − p(x) ) (σyx(y) − σyx(y+δy) )
p(x)

δy − + =0
δx δy
Éventuellement en faisant δx et δy tendent
∂p ∂σyx
vers zéro on obtient : − − = 0. Avec
σyx(y) ∂x ∂y
x ∂u
σyx = µ , on retrouve l’équation (9.7a)
∂y

Figure 9.1. Forces agissant sur un élément du fluide suivant Ox dans


écoulement de Couette plan.

Puisque la vitesse u est une fonction de y seulement on se rend compte (voir (9.7b) )
que le gradient de pression ∂p/∂x est constant.
En intégrant (9.7a) deux fois par rapport à y, on obtient:
1 dp y 2
u= + C1 y + C2 (9.8)
µ dx 2
où C1 et C2 sont les constantes d’intégrations à déterminer en utilisant les conditions aux
limites aux parois.
Les conditions aux limites se traduisent par la condition de non–glissement aux parois:
y = 0, u=0 (9.9a)
y = d, u = Up (9.9b)
En satisfaisant (9.9) on obtient de (9.8)
  y
dp y(d − y)
u=− + Up (9.10)
dx 2µ d
Sur la figure 9.2 sont montrés des profiles de vitesse pour différente configurations de gradient
de pression. On appelle écoulement de Couette l’écoulement obtenu quand dp/dx = 0. Dans
ce cas la répartition de vitesse est linéaire et, selon les résultats expérimentaux, valable pour
un nombre de Reynolds de Re = (dUp /ν) ≤ 1500.
Dans le cas où Up = 0, on obtient un écoulement bidimensionnel entre deux plaques
immobiles et la solution u prend la forme :
 
1 dp
u= − (dy − y 2 ), (9.11)
2µ dx
la répartition de vitesse est donc parabolique. Elle est valable, selon les mesures expérimentaux,
pour un nombre de Reynolds Re = (dUp /ν) ≤ 1200. Cet écoulement est appelé écoulement

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Écoulement des Fluides Réels

Up Up Up y
Up = 0

dp dp dp dp
=0 >0 <0 <0
dx dx dx dx

Figure 9.2. Écoulement entre deux plaques planes.

de Poiseuille plan. La vitesse maximale umax est obtenue dans la plan de symétrie du canal
y = d/2 avec :
 
dp d2
umax = − (9.12)
dx 8µ
Le débit volumique Q, par unité de largeur du canal, est donné par:
Z d  
dp d3
Q= u(y)dy = − (9.13)
0 dx 12µ
et la vitesse moyenne U est déterminée à partir de débit :
 
Q dp d2 2
U= = − = umax (9.14)
S dx 12µ 3
ce qui nous permet de calculer la chute de pression
 
∆p dp 12µU
= − = (9.15)
∆ℓ dx d2

9.2.2. Écoulement dans une conduite cylindrique. On considère l’écoulement


unidirectionnel, incompressible et stationnaire dans une conduite horizontale de rayon R;
l’écoulement est provoqué par un différence de pression ∆p = (p1 − p2 ) sur une longueur ℓ
de ce la conduite. Suffisamment loin de l’entrée de conduite, la vitesse (u, vr , vθ ), exprimée
dans le système de coordonnées cylindriques (x, r, θ), dépendra uniquement de la distance
r (r 2 = y 2 + z 2 ) à l’axe de la conduite; compte tenu du symétrie de révolution, les com-
posantes (vr , vθ ) s’annulent car l’écoulement est parallèle à l’axe des x. Les équations de
Navier–Stokes en coordonnées cylindriques se réduit alors à :

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9.2 Écoulements unidirectionnels 97

Écoulement Couche
non-visqueux limite

ℓ~e

Longueur Écoulement
d’entrée entièrement établi

Figure 9.3. Écoulement dans un tube cylindrique.

∂p
0 = − − g cos θ, (9.16)
∂r
1 ∂p
0 = − − g sin θ, (9.17)
r ∂θ   
∂p 1 ∂ ∂u
0 = +µ r . (9.18)
∂x r ∂r ∂r

Si nous admettons que la pression reste constante à toute section droite de la conduite, la
pression est alors fonction de x seulement p = p(x); on a ainsi supposé que l’effet de la
pesanteur est négligeable devant la variation de pression dans la direction des x qui est,
rappelons le, horizontale. L’équation (9.18) se récrit comme :

   
d du 1 dp
r = r (9.19)
dr dr µ dx

Comme dans la section précédent, on peut dans ce cas aussi déterminer l’équation de l’écoulement
en considérant le mouvement d’un élément annulaire de fluide dans la direction Ox.

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Écoulement des Fluides Réels
y
L’analyse des forces extérieures agissant sur
σrx(r+δr) un élément infinitésimal de fluide en mou-
vement suivant Ox nous permet d’écrire :
δr
[2π(r + δr)∆ℓ]σrx(r+δr) − [2πr∆ℓ]σrx(r) +
r σrx(r) p(x+δx) (2πrδr)(p(x) − p(x+δx) = 0
D’où :
θ σrx(r+δr) − σrx(r) σrx(r+δr)
+ −
δr r
p(x) σrx(r) x p(x+δx) − p(x)
=0
∆ℓ
∂σrx σrx ∂p
ce qui se ramène à + − = 0 quand
σrx(r+δr) ∂r r ∂x
δr et ∆ℓ tendent vers zéro simultanément. Avec
∆ℓ ∂u
σrx = µ on retrouve l’équation (9.18).
∂r

Figure 9.4. Un élément annulaire de fluide en mouvement suivant Ox.

z
y
u(r) R
r x
p1 p2

∆ℓ
S1 ∆p = p1 − p2 S2

Figure 9.5. Écoulement de Hagen–Poiseuille dans une conduite circulaire.

Les conditions aux limites à satisfaire sont :

du
la condition de symétrie en r = 0 : u(r = 0) = umax soit (9.20)
= 0,
dr r=0
la condition de non–glissement à la paroi, r = R : u(r = R) = 0. (9.21)

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9.2 Écoulements unidirectionnels 99

En intégrant deux fois par rapport à r on obtient :


 
du 1 dp r 2
r = + C1 , (9.22)
dr µ dx 2
 
1 dp r 2
u = + C1 ln r + C2 (9.23)
µ dx 4
où C1 et C2 sont les constantes d’intégration à déterminer en utilisant les conditions (9.21)
et (9.21); la première conduit à C1 = 0 et la deuxième donne C2 = −(dp/dx)(R2 /4µ). La
solution est alors  
1 dp
u= − (R2 − r 2 ). (9.24)
4µ dx
On appelle solution de Hagen–Poiseuille la solution u(r) donnée en (9.24).
La répartition de vitesse (figure 9.5) dans une conduite circulaire est donc paraboloı̈de
de révolution.
La vitesse maximale dans une section circulaire s’obtient à l’axe du cylindre r = 0 :
 
1 dp
umax = − R2 (9.25)
4µ dx
ce qui permet de récrire (9.24) sous la forme
 
r2
u = umax 1− 2 (9.26)
R
Le débit volumique Q traversant la section est défini par
Z R
Q= u(2πrdr) (9.27a)
0
Z R  
1 dp
= − (R2 − r 2 )(2πrdr) (9.27b)
0 4µ dx
   
π dp 4 π dp
= − R = − D4 (9.27c)
8µ dx 128µ dx
où D = 2R est le diamètre de la conduite.
La vitesse moyenne U est :
 
π dp
− R4  
Q 8µ dx 1 dp 2 1
U= = = − R = umax (9.28)
S πR2 8µ dx 2

On déduit des équations (9.26) et (9.28) que la vitesse moyenne est obtenue en r = R 2.
La chute de pression (ou perte de charge) ∆p entre la section S1 et S − 2, à distance
∆ℓ, est calculée de (9.28) :
∆p dp 8µU 32 µ U
=− = 2
= (9.29)
∆ℓ dx R D2

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Écoulement des Fluides Réels

La chute de pression dans une conduite est provoquée par les forces de viscosité ce qui
signifie que la perte de charge est régulière, hr ; on écrit alors:
∆p
hr = (9.30a)
ρg
32 µ U
= (9.30b)
ρgD 2
   
64 ∆ℓ U 2
= (9.30c)
U D/ν D 2g
   2
64 ∆ℓ U
= (9.30d)
Re D 2g
| {z } | {z }
coefficient de énergie cinétique
frottement par unité de volume
 
∆ℓ U2
=f (9.30e)
D 2g
où Re = U D/ν est le nombre de Reynolds pour une conduite circulaire. On appelle f
coefficient de frottement ou de perte de charge.
Ces résultats son valables seulement pour un écoulement laminaire dans conduite circu-
laire qui est obtenue quand
Re ≤ 2000
Lorsque Re 2000 l’écoulement devient unstable puis turbulent selon la valeur de Re.
La contrainte de cisaillement τ ) entre deux couches de fluide en mouvement, selon
l’expression pour le tenseur de contraintes (C.4), est donnée par:
du
τ =µ (9.31)
dr
qui, après l’utilisation de (9.22), donduit à

r = 0: τ = 
0  
dp R (9.32)
R = r: τ = = τo 
dx 2
La force de frottement, F , exercée par le fluide sur la paroi de conduite est donc
 
dp R ∆p
F = (2πR × ∆ℓ)(−τo ) = (2πR × ∆ℓ) − = πR2 ∆ℓ = πR2 ∆p (9.33)
dx 2 ∆ℓ
ce qui montrent qu’elle est égale à la force de pression agissant sur le fluide contenu entre
les sections S1 et S2 .

9.2.3. Écoulement dans un tube annulaire. On considère l’écoulement dans l’espace


annulaire entre deux cylindres coaxiaux comme schématise sur la figure (9.6); le rayon du
cylindre intérieur est r1 et de l’extérieur r2 . La solution pour cet écoulement est obtenue de

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9.2 Écoulements unidirectionnels 101

la même manière que pour l’écoulement dans une conduite circulaire dont le résultat (9.23)
est toujours valables :  
1 dp r 2
u= + C1 ln r + C2 (9.23)
µ dx 4
Les constantes C1 et C2 sont à déterminer en appliquant la condition de non–glissement en

Figure 9.6. Écoulement dans l’espacement entre deux cylindres concentriques.

r = r1 et r = r2 :
r = r1 : u = 0
r = r2 : u = 0
On obtient :   
1 dp 2 2 2 2 ln(r/r2 )
u= − (r2 − r ) + (r2 − r1 ) (9.34)
4µ dx ln(r2 /r1 )
Le débit volumique Q dans une section annulaire est donnée par :
Z r2   
π dp 4 4 (r22 − r12 )2
Q= u(2πrdr) = − (r2 − r1 ) − (9.35)
r1 8µ dx ln(r2 /r1 )
9.2.4. Écoulement de couette cylindrique. On étudie le cas d’un écoulement in-
compressible entre deux cylindres coaxiaux de rayons R1 et R2 tournant autour de leur axe
avec des vitesse angulaires Ω1 et Ω2 (voir figure 9.7); l’écoulement ainsi produit est appelé
écoulement de Couette cylindrique. On suppose que l’écoulement est uniquement provoqué
par la rotation de cylindres et qu’aucun gradient de pression extérieur n’est appliqué. Le
système de coordonnées (r, θ, x) est choisi avec Ox comme axe de rotation. Le vecteur
vitesse associé est (vr , vθ , vx ).
On s’intéresse à l’écoulement où les champs de vitesse et de pression sont indépendants
de x et θ observées expérimentalement aux faibles vitesses. Par ailleurs, on suppose que

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Écoulement des Fluides Réels



Ω2


vθ −

vr


Ω1 M
θ

R1
R2

Figure 9.7. Écoulement de Couette entre deux cylindres concentriques en rotation.

l’écoulement est symétrique relativement aux plans orthogonaux à Ox : l’écoulement est


invariable dans les directions x et θ. Dans ce cas l’équation de la conservation de masse
(∇ · ~v = 0) se réduit alors à :

∂vr vr 1 ∂(rvr )
+ = =0 (9.36)
∂r r r ∂r

ce qui implique que rvr = C = constante. Or, les conditions de non–glissement aux parois
de cylindres imposent que vr (r = R1 ) = vr (r = R2 ) = 0; il vient alors que vr = 0 partout
dans le fluide.
En tenant compte d’hypothèses du symétrie et de l’absence des gradients de pres-
sion extérieurs, l’équation de Navier–Stokes se réduit, en coordonnées cylindriques (voir
équations C.6), à :

vθ2 1 ∂p
= − (9.37a)
r ρ ∂r
 2 
∂ vθ 1 ∂vθ vθ
0 = ν + − 2 (9.37b)
∂r 2 r ∂r r

Le première équation exprime l’équilibre entre la force d’inertie centrifuge vθ /r 2 , due à la


courbure de trajectoire des particules de fluide, et le gradient de pression dans direction
radiale. La deuxième équation correspond à l’équilibre entre les différentes composantes de
la force de viscosité en coordonnées cylindriques.
On peut obtenir l’équation (9.37b) en considérant le mouvement en rotation d’un élément de
fluide comme suite :

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9.2 Écoulements unidirectionnels 103

Le couple extérieur agissant sur l’élément (δr×rδθ×1),


[(r + δr)δθ × 1] σrθ(r+δr)
z qui est en rotation autour Ox, est nul :
(r + δr) × [(r + δr)δθ × 1]σrθ(r+δr) −
δr r × [rδθ × 1]σrθ(r) = 0
p(θ+δθ) car p(θ + δθ) = p(θ).
p(θ) (r + δr)2 σrθ(r+δr) − r 2 σrθ(r)
Soit : =0
r δr 
δθ (rδθ × 1) σrθ(r) 2
∂ r σrθ
ce qui tend vers =0
∂r
θ quand δr tendent vers zéro :  
y 1 ∂vr ∂vθ vθ ∂vθ vθ
σrθ = µ + − =µ −
r ∂θ ∂r r ∂r r
D’où on retrouve l’équation (9.37b).

Figure 9.8. Un élément (δr × rδθ × 1) de fluide en mouvement de rotation autour Ox.

En intégrant l’équation (9.37b) deux fois par rapport à r on obtient :


∂vθ vθ ∂(rvθ )
+ = C1 soit = rC1 (9.38a)
∂r r ∂r
1 1 C2
rvθ = C1 r 2 + C2 soit vθ = C1 r + (9.38b)
2 2 r
où C1 et C2 sont les constantes d’intégrations à déterminer par les conditions aux limites
conditions de non-glissement) :
vθ (r = R1 ) = R1 Ω1 et vθ (r = R2 ) = R2 Ω2 . (9.39)
On obtient ensuite :
(Ω2 R22 − Ω1 R12 ) (Ω2 − Ω1 ) R12 R22 1
vθ = r − . (9.40)
R22 − R12 R22 − R12 r
Deux cas particuliers méritent d’être considérés à présent :
• quand R1 et R2 tendent vers l’infini (c’est-à-dire , R1 → ∞, R2 → ∞) de telle
manière que la différence R2 −R1 = d reste constante l’écoulement correspond alors
à l’écoulement de Couette plan ;
• lorsque Ω1 = Ω2 la répartition de vitesse devient alors linéaire, vθ = Ω1 r. L’écoulement
correspond dans ce cas à un mouvement de rotation en bloc.
Le moment des forces de viscosité (forces tangentielles) exerçant sur les cylindres est calculé
à partir de σθr , donnée dans l’expression de tenseur de contraintes (C.4). On trouve :
 
1 ∂vr ∂vθ vθ 2C2 µ
σθr = µ + − =− 2 (9.41)
r ∂θ ∂r r r
−→
où C2 est le coefficient du terme en 1/r de la répartition de vitesse (9.40). Le couple M1
de frottement visqueux sur le cylindre intérieur, par unité de longueur suivant l’axe Ox est

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Écoulement des Fluides Réels
R2
R1

Figure 9.9. Viscosimètre de Couette cylindrique ; la rotation est imposée


par à un des cylindre et le couple est mesuré sur celui-ci ou sur la surface lui
faisant face.

donné par :
−→
M1 = R1 −
→ ~
er ∧ F
frottement 
   
 2C µ 
= R1 −
→ −

 2 
er ∧  (2πR1 × 1) × − 2 eθ 
 | {z } R1  (9.42)
 surface du cylindre | {z }
par unité de longueur contrainte de
frottement visqueux
= −4πµC2 −→
ex
(Ω2 − Ω1 ) R12 R22 −

= 4πµ ex
R22 − R12
où (−
→er , →

eθ , −

ex ) son les vecteurs unitaires associés au système des coordonnées cylindriques
(r, θ, x). Dans le cas où R2 = ∆R + R1 avec ∆R ≪ R2 , on obtient pour une longueur ℓ du
cylindre :
R
M ≈ 2πR2 ℓµ (Ω2 − Ω1 ) (9.43)
∆R
Ce résultat nous ramène au viscosimètre de Couette.

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9.3 Écoulement à faible vitesse ou faible nombre de Reynolds 105

9.2.5. Viscosimètre de Couette. Sur la figure 9.9 est schématisé un viscosimètre de


Couette à cylindres coaxiaux dans lequel le liquide est placé entre deux cylindres concen-
triques dont un seul est mis en mouvement de rotation. L’espacement ∆R entre les deux
cylindres est petit devant les rayons tel que ∆R ≪ R2 et pour hauteur du liquide h, le taux
de cisaillement, γ̇ et la contrainte σ vérifient approximativement :
M
σ= (9.44a)
2πR2 h

R
γ̇ =
ωo (9.44b)
∆R
où M est le moment du couple appliqué aux cylindres, ωo la vitesse angulaire de rotation
et R est la moyenne des rayons.

9.3. Écoulement à faible vitesse ou faible nombre de Reynolds


On s’intéresse ici aux écoulements où les forces d’inertie (forces d’accélération) sont
négligeables par rapport aux forces de pression et force de viscosité. L’équation de Navier–
Stokes s’écrit alors :
∇p + ρg −→
e = ∇(p + ρgz) = ∇p∗ = µ∇2~v.
z (9.45)
On appelle cette équation l’équation de Stokes.
L’équation de continuité pour un écoulement incompressible, ∇ · ~v = 0, écrite dans le
système cartésien prend la forme :
∂u ∂v ∂w
∇ · ~v = + + = 0. (9.46)
∂x ∂y ∂z
Si on prend la divergence (le produit scalaire par l’opérateur ∇, div = ∇·) de (9.45) et
(9.46), on obtient (en tenant compte que l’on peut permuter les opérateurs div et ∇2 ) :

∇ · (∇p∗ ) = µ∇2 (∇ · ~v ) (9.47)

et par conséquent
∇2 p∗ = 0. (9.48)
On appelle écoulement rampant tout écoulement représenté par l’équation (9.48). Il s’agit
d’un écoulement à potentiel de pression, obtenu lorsque le nombre de Reynolds, Re, tend
vers zéro. Des exemples d’écoulements rampant sont offerts par l’écoulement de Stoke autour
d’une sphère (ou une goutte fluide dans un autre fluide) et l’écoulement dans les milieux
poreux; un faible Re peut être obtenu à basse vitesse, ~v, et/ou à ”suffisamment” grande
viscosité cinématique, ν.

9.3.1. Écoulement dans les milieux poreux – Loi de Darcy.

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Écoulement des Fluides Réels

Figure 9.10. Exemples des milieux poreux.

Écoulement unidirectionnel à basse vitesse. Un milieu poreux est un solide ou un matériau


massif délimitant et englobant des cavités ou pores (des inclusions vides) communiquant en-
tre elles par des canaux; les pores peuvent contenir une ou plusieurs phases de fluides
pouvant s’écouler.
L’écoulement dans un milieu poreux se fait à une vitesse assez faible pour que le nombre
de Reynolds, basé sur la taille des pores et de la vitesse locale, soit très petit devant l’unité.
Alors, On peut admettre, en écoulement stationnaire, que les gradients de pression sont
proportionnels à la vitesse moyenne de la même manière que pour l’écoulement dans une
conduite; elle est donnée par l’équation (9.28)
 
K ∂p∗
Vx = − (9.49)
µ ∂x
On appelle cette équation l’équation de Darcy, et la constante de proportionalité K le
coefficient intrinsèque de perméabilité, qui est une caractéristique du milieu poreux. À une
surface donnée K est homogène, et son ordre de grandeur est estimée par la section d’un
pore individuel. Par exemple :
Calcaire : K = 2 × 10−15 –5 × 10−14 m2 , Sable : K = 12 × 0−11 –2 × 10−12 m2
Il est commode d’utiliser le Darcy (1 (µm)2 ) comme unité de mesure pour la perméabilité.
On appelle la vitesse moyenne Vx vitesse superficielle ou vitesse de débit, elle définie par
le rapport entre le débit ∆Q et la section ∆S, d’un milieu poreux (phase solide plus espace
vides), qu’il travers :
∆Q
Vx = . (9.50)
∆S
Il est aussi commode de définir une vitesse, Vx∗ , appelée la vitesse de Darcy :
1 ∆Q
Vx∗ = . (9.51)
φ ∆S

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9.3 Écoulement à faible vitesse ou faible nombre de Reynolds 107
~
L

~
Q

~
S

P~1 P~2
∆p = ~p1 − p2

Figure 9.11. Schématisation de l’écoulement de Darcy dans un milieu poreux.

où φ représente la porosité définie comme le rapport entre le volume des pores (espace vide)
et le volume total.
Équation de Darcy tridimensionnelle. On peut généraliser l’équation de Darcy (9.49) à
trois dimensions; en présence de la pesanteur on écrit pour un milieu isotrope :
 

→  V x
Q K
V = Vy  = ~n = (−∇p∗ ) (9.52)
V S µ
z

où ~n est le vecteur unitaire normal à la section S à travers laquelle on mesure le débit Q.
On appelle souvent la vitesse V~ vitesse débitante.
Supposons que K et ~n sont constants. Alors, en prenant la rotationnel de vitesse, (9.52),
on obtient :
∇∧V ~ = − K ∇ ∧ ∇p∗ = ∇2 p∗ = 0 (9.53)
µ
ce qui suggère que :
V~ = −∇Φ (9.54)
avec :
K K
Φ = p∗ = (p + ρgz). (9.55)
µ µ
Dans le cas ou le fluide est incompressible, le champ de vitesse V ~ vérifie ∇ · V
~ = 0, d’où
∇2 Φ = 0. (9.56)
ce qui montre que la vitesse V ~ dérive d’un potentiel Φ comme dans le cas d’un fluide parfait.
L’équation de Darcy (9.52) exprime des relations linéaires entre la vitesse superficielle
~ = (Vx , Vy , Vy ) et le gradient de pression p∗ , est uniquement valable pour des écoulement
V
laminaire où les forces d’inertie sont suffisamment faibles.
Des résultats expérimentaux montrent que pour d’écoulements dans un milieu poreux,
comme le sable, restent laminaire il faut que le nombre de Reynolds satisfasse
Vd
Re = ≤ 10 (9.57)
ν

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Écoulement des Fluides Réels
parti flexible de bras : patin distance
tête de lecture de vol

plateau du disque dur : glissière

Figure 9.12. À gauche : une tête de lecture, à droite : un arbre cylindrique


tournant à l’intérieur d’un cylindre de diamètre légèrement plus grand, les
deux cylindres ne sont pas coaxiaux.

où V est l’une des composantes des vitesse, (Vx , Vy , Vy ), et d un diamètre caractéristique
des grains de sable.

9.4. Lubrification Hydrodynamique


Le problème de frottement et de glissement entre deux surfaces en mouvement relatif,
l’une par rapport à l’autre, est l’un des problèmes qui intéressa l’homme depuis l’antiquité.
Tout mouvement relatif, par exemple, aux joints ou dans des applications industrielles
est confronté au frottement et d’usure des pièce en mouvement. Le but de lubrification
est de diminuer le frottement, réduire l’usure et améliorer la rentabilité économique de
l’application. Des exemples sont fournie par la lubrification de machines tournantes ou
celles liés aux déplacements caractérisés par un faible espacement entre les pièces, comme
dans un piston–cylindre ou essieu–logement, voir figure 9.12.
Un autre exemple d’application de la lubrification hydrodynamique est fourni par le
mécanisme de lecture/écriture de disque dur. Le disque tourne autour d’un axe à plusieurs
milliers de tour par minute dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Grâce à une
application de aéré lubrification, une couche d’air ultra mince est générée (entre la têtes de
lecture/écriture et le disque) par la rotation des plateaux de disque. L’écoulement ainsi crée
induit une augmentation importante de pression et par la suite une force de portance re-
sponsable pour la sustentation de tête à une ”distance de vol” aussi petite que 3 nanomètre.1
Une réduction importante de frottement est obtenue lorsque les deux surfaces en re-
gard sont prèsque parallèles et séparées par un film mince de fluide visqueux. Pour une
telle configuration, on constate que la pression augmente considérablement ce qui permet
de supporter des charges importantes. L’écoulement ainsi produit est à faible nombre de
Reynolds. Par exemple, si H représente une distance caractérisant l’espacement entre les
deux surfaces, L une longueur dans le sens l’écoulement, et U une vitesse caractéristique de
l’écoulement dont les valeurs sont :
U = 10 m/s; L = 10 cm
−5 2
ν = 4 × 10 m /s; H = 0.2 mm.

11 nanomètre = 10−9 m.

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9.4 Lubrification Hydrodynamique 109

on obtient pour l’estimation de rapport entre les forces d’inertie et d’inertie :


   2
force d’origine inertielle u∂u/∂x U 2 /L UL H
= = = ·
force d’origine visqueuse ν∂ 2 u/∂y 2 νU/H 2 ν L
2
= Re ε = 0.25 × 105 × (2 × 10−3 ) = 0.1 ≪ 1
2

où ε = H/L. Remarquons que le nombre de Reynolds basé sur H est


UH 10 × 0.2 × 10−3
Re = = = 50.
ν 4 × 10−5
Si on tient compte du fait que le nombre effectif de Reynolds est donné par le rapport entre
les forces d’inertie et les forces de viscosité on se rend compte assez vite que l’écoulement
considéré est à faible nombre de vitesse et l’équation de mouvement est (9.45).

9.4.1. Équations de mouvement. Commençons d’abord par l’écoulement entre deux


plaques planes parallèle engendré par le mouvement par la plaque inférieure à la vitesse U;
on suppose que la plaque supérieure est de longueur ℓ. On appelle la plaque en mouvement
glissière et la plaque fixe patin. Si l’envergure des faces en regard est suffisamment étendue
on peut admetter que l’écoulement est parallèle à U. Soit Oxy un repère orthonormé lié au
patin. Alors, l’équation de mouvement est donnée par
dp ∂2u
= µ 2. (9.58)
dx ∂y
Les conditions aux limites sont :
x = 0, p = p1 ,
x = ℓ, p = p2 ,
y = 0, u = U,
y = h, u = 0
et la solution est par conséquent
 
 y dp h2 y  y
u(y) = U 1 − + − 1− . (9.59)
h dx 2µ h h
Le débit par unité de largeur est
Z h  
1 1 dp
Q= udy = hU + − h3 . (9.60)
1 2 12µ dx
En pratique, la pression est la même en amont et en aval de patin, soit p1 = p2 ce qui
conduit à dp/dx = 0 quand les deux surfaces en regard sont parallèles. Le patin ne pourrait
donc supporter aucune charge dans ce cas.
Par contre, si les deux plaques sont légèrement inclinées l’une par rapport à l’autre, h
ne serait plus constante et le gradient de pression ne serait plus nul mais une fonction non–
linéaire de h comme nous allons le démontrer par la suite. La configuration de l’écoulement
est représentée sur la figure 9.13.

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Écoulement des Fluides Réels

support
patin
y

p1
p2
θ
h1
h2

U x

glissière

Figure 9.13. Schéma de l’écoulement induit par le mouvement relatif de


glissière par rapport au patin.

En l’absence de fuit le débit reste constante, et on peut tirer de (9.60) une expression
pour le gradient de pression local :
 
dp Q U
= −12µ − (9.61)
dx h3 2h2

En notant que
dp dp dh
= ,
dx dh dx
on peut réécrire (9.61) comme suit :
 
dp Q U dh
= −12µ 3
− 2 /( ) (9.62a)
dh h 2h dx

dh
Or, est constant et donnée par
dx
dh
= −tgθ ≈ −θ = −(h1 − h2 )/ℓ
dx

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9.4 Lubrification Hydrodynamique 111

(car θ est petit), ce qui permet intégrer (9.62a) pa rapport à h :


Z p(x) Z  
12µ h(x) Q U
dp = − dh (9.62b)
p1 θ h1 h3 2h2
( h(x)  h(x) )
12µ Q 1 1
p(x) − p1 = − 2 − U − (9.62c)
θ 2h h1 2 h h1

Alors,
    
6µ 1 1 1 1
p(x) = p1 + Q − −U − (9.62d)
θ h21 h2 (x) h1 h(x)
Ce résultat nous permet de déterminer la valeur de débit en posant p(ℓ) = p1 . On trouve
h1 h2
Q= U (9.63)
h1 + h2
Finalement, l’expression pour la distribution de pression prend la forme :
6µU (h − h2 )(h1 − h)
p(x) = p1 + (9.64)
θ h2 (h1 + h2 )

2500

2000
(p(x) − p1 ) N/m2

1500

1000

500

0
0 0.02 0.04 0.06 0.08 0.1
xm

Figure 9.14. Distribution de (p(x) − p(x = 0)) pour U = 10 m/s, µ =


10−4 kg/m.s, ℓ = 10 cm, h1 = 0.2 mm, h2 = 0.1 mm.

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Écoulement des Fluides Réels

9.4.2. Force de pression s’exerçant sur le patin. La force de pression s’exerçant


sur le patin, pour unité d’envergure, est donnée par
Z x=ℓ  
6µU h1 h1 − h2
F = pdx = 2 ln −2 (9.65)
x=0 θ h2 h1 + h2
La portance du patin est égale à F cos θ ≈ F car θ ≪ 1. Par exemple, pour les données
utilisées en figure 9.14, on trouve F ≈ 159 N.

9.5. Expérience de Reynolds

Figure 9.15. Expérience de Reynolds.

En 1883, Osborne Reynolds (1842–1912) a mise en évidence que l’écoulement dans un


tube cylindrique dépend du diamètre, du fluide et de la vitesse de l’écoulement; il introduisis
un filet d’un colorant dans l’écoulement d’eau dans un tube, voir figure 9.15. Pour un tube
et un liquide (en l’occurrence l’eau) données, Reynolds observa que lorsque le débit fût
faible le filet resta identifiable et stable. En faisant augmentant le débit jusqu’au un seuil
critique de débit, Reynolds observa ensuite que, à une certaine distance de l’entrée du tube,
le filet devint ondule (on dit aujourd’hui instable). Éventuellement, lorsque la valeur du
débit atteignit un autre seuil critique (supérieur au précédent) le filet s’éclata ”subitement”
et le colorant se dispersa dans toute la section du tube.

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9.5 Expérience de Reynolds 113

Reynolds a ensuite démontré expérimentalement que l’état de l’écoulement est car-


actérisé par un nombre adimensionnel, aujourd’hui appelé le nombre de Reynolds, défini
par :
UD Q πD 2
Re = avec U = , S = (9.66)
ν S 4
où U est la vitesse moyenne dans le tube, S la section, Q le débit, D le diamètre, et ν la
viscosité cinématique du fluide.
La transition d’un régime d’écoulement de laminaire au turbulent relève d’un problème
d’instabilité de l’écoulement. Or, l’instabilité est provoquée par des perturbations dont
l’origine et les états initials peuvent varier ce qui empêche l’existence d’une valeur universelle
et unique de nombre critique de Reynolds, Recrit . L’expérience suggère néanmoins que,
pour l’écoulement de Poiseuille dans un tube cylindrique, Recrit = 2000 constitue une limite
inférieure au dessous de laquelle l’écoulement reste en régime laminaire, l’état de transition
s’obtient pour 2000 < Re < 4000 et le régime turbulent s’établit lorsque Re ≥ 4000.
L’expérience de Reynolds et les mesures précises de la vitesse ponctuelle permet de tirer
quelques conclusions.
1-: La vitesse en tout point dans un écoulement laminaire et permanent reste reste
constante.
2-: Selon Hinze, un mouvement turbulent ”représente une conditions irrégulière de
l’écoulement, dans lequel les diverse grandeurs présentent des variations aléatoires
dans l’espace et dans le temps, de telle sorte que des valeurs moyennes statistique-
ment distinctes puissent être évaluées”2
Ainsi, la vitesse en un point quelconque dans un écoulement turbulent est car-
actérisée par des fluctuations aléatoires de haute fréquence, (u′ , v ′, w ′ ), qui se se
superposent à des vitesses moyennes temporelles, (u, v, w). La vitesse instantanée
s’écrit alors comme :
       
u u + u′ u′ 0
′ 
~v =  v  =  v+v avec  v ′  =  0  (9.67)

w w+w w ′ 0

Toute variable V d’un écoulement turbulent s’écrit comme V = V + V ′ avec


V ′ = 0.
3-: Les écoulements turbulents sont caractérisés par des structures cohérentes, bien
reconnaissables, telles que les tourbillons et des filaments.
4-: La diffusion de la quantité de mouvement, de l’énergie cinétique, de la masse et de
la chaleur devient importante dans un écoulement turbulent. L’expérience montre
qu’un écoulement turbulent est associé à un nombre de Reynolds, Re = UL/ν, plus
grand que celui associé à l’écoulement laminaire correspondant. Cela s’explique
par le fait que le nombre de Reynols représente aussi un rapport entre le temps

2Hinze J. O. (1975), Turbulence, McGraw–Hill Book Company, New York, USA. La citation en français
et due à :
Walter H. Graf (en collaboration avec M. S. Altinakar) (1991), Hydrodynamique, Eyrolles.

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Écoulement des Fluides Réels

de diffusion et le temps caractéristique par convection.3 Lorsqu’on note que la


viscosité cinématique ν représente la diffusivité de la quantité de mouvement, on
se rend compte assez vite que le temps caractérisant la diffusion sur une distance L
est de l’ordre L2 /ν. De plus, on sait que le temps caractéristique de convection est
représenté par le temps de parcours de la distance L à la vitesse de l’écoulement
U, soit de l’ordre L/U. Ainsi, on obtient un rapport de temps caractéristique :
temps caractéristique de diffusion L2 /ν UL
= = = Re. (9.68)
temps caractéristique de convection L/U ν

3Rappelons nous que le nombre de Reynolds représente un rapport entre la force d’inertie (respective-
ment, le transport de la quantité de mouvement par convection) et la force de viscosité (respectivemen, le
transport de la quantité de mouvement par diffusion).

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CHAPITRE 10

Analyse Dimensionnelle et Similitude

10.1. Préambule
Les équations de Navier–Stokes, de la conservation de masse et d’énergie, ensemble
avec leurs conditions aux limites et initiales, sont très complexes et le plus souvent dif-
ficiles à résoudre. Bien que les solutions analytiques restent toujours rares, même après
des approximations justifiés les solutions numériques sont parfois lourdes de mise en oeu-
vre et coûteuses en temps de calcul, surtôt si l’écoulement est turbulent et ceci malgrès le
progrès technologique d’ordinateurs. C’est pourquoi on fait bien souvent recours à l’étude
expérimentale soit en vraie grandeur, soit par l’intermédiaire des maquettes à échelle réduite
des prototypes. Les maquettes sont en général moins coûteux que les prototype et plus facile
à metter en oeuvre expérimentalement.
On appelle prototype le modèle en vraie nature et maquette le modèle réduit étudié
expérimentalement.
Pour que les études réalisées sur maquette puissent être transposées au prototype il est
important de savoir quels paramètres caractérisent le phénomène étudié et comment inter-
viennent ils. C’est bien cela l’objet de l’analyse dimensionnelle et la théorie de similitude.

10.2. Analyse dimensionnelle


L’analyse dimensionnelle est fondée sur un principe très simple affirmant que toute
relation entre des grandeurs physiques est indépendante du système d’unités de mesure,
autrement dit, qu’elle est dimensionnellement homogène.
En mécanique on définit trois grandeurs fondamentales :

la longueur L [distance] = L,
la masse M [masse] = M,
le temps T [temps] = T

À ces trois s’ajoute une quatrième en cas de transfert thermique :


la température Θ.
On appelle L, M, T et Θ unités fondamentales desquelles on peut définir des unités
dérivées comme montré dans la tableaux 10.1.
Remarques :
• Les grandeurs fondamentales de tout système sont indépendantes l’une de l’autre.
• Le passage d’un système d’unités à un autre n’introduit que des multiplicateurs de
conversion.

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Analyse Dimensionnelle et Similitude

Table 10.1. Grandeurs physiques, unités et dimensions.

Grandeur physique symbole Dimension Unité, Système International S.I.


Unités fondamentales
Longueur ℓ L m
Temps t T s
Masse m M kg

Température T Θ K, dégrée Kelvin
Unités dérivées
Vitesse U [U] = L T −1 m s−1
dv
Accélération a= [a] = L T −2 m s−2
dt
Force F [F ] = M L T −2 kg m s−2 = N, Newton
Masse volumique ρ [ρ] = M L−3 kg m−3
Débit Q [Q] = L3 T −1 m3 s−1
Pression p [p] = M L−1 T −2 N m−2 = Pa, Pascal
Contrainte σ ou τ [σ] = M L−1 T −2 N m−2
Travail W [W ] = M L2 T −2 N m = J, joule
Énergie E [E] = M L2 T −2 N m = J, joule
Quantité de chaleur ∆Q [∆Q] = M L2 T −2 N m = J, joule
Puissance P [P] = M L2 T −3 N m s−1 = W, Watt
Viscosité dynamique µ [µ] = M L−1 T −1 kg m −1 s−1
Viscosité cinématique ν [ν] = L2 T −1 m2 s−1
Tension superficielle σs [σs ] = M T −2 N m−1 = kg s−2

En général, un phénomène physique est lié à un certain nombre de grandeurs comme, par
exemple, une longueur, une masse, une période, une vitesse, la pression, la viscosité · · · , etc,
disons au nombre N. La dimension de certains de ces grandeurs peut être dérivée à partir
des dimensions d’autres grandeurs. La dimension (et par conséquent l’unité de mesure) de
grandeurs physiques sont dérivées soit à partir d’une définition ou soit à partir d’une loi. Par
exemple, alors que les dimension de vitesse U et de masse volumique ρ sont dérivées à partir
de leurs définitions en fonction de longueur, ℓ, et temps, t, pour la première et de longueur
et masse m, pour la dernière : [U] = [ℓ]/[t] = LT −1 , [ρ] = [m]/[ℓ]2 = ML−3 , celle de force
est dérivée selon le principe fondamental de la mécanique (il s’agit d’une loi): Force (F ) =
Masse (M) × Accélération (a) ce qui entrain [F ] = [m]×[a] = M ×L T −2 = M L T −2 . Dans
ces exemples la longueur, la masse et le temps sont servis comme grandeurs fondamentales.
En fait, rien ne nous empêche d’utiliser d’autres grandeurs physiques comme grandeurs
fondamentales (à condition qu’elles soient indépendantes) comme, par exemple, la vitesse,
la masse volumique et la force et par la suite dériver les dimensions (et par conséquent les

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10.3 Théorème des π 117

les unités) de longueur, de masse et de temps :


[ℓ] = [U]−1 ×[ρ]−1/2 ×[F ]1/2 ,
[m] = [U] ×[ρ]−1/2 ×(F ]3/2 ,
[t] = [U]−2
×[ρ]−1/2 ×[F ]1/2 .
Dans un problème d’analyse dimensionnelle on procède en général de la manière
suivante :
(1) identifier toutes les variables indépendantes intervenant dans le problème étudié,
soit au nombre N,
(2) spécifier les dimensions de ces variables en utilisant les dimensions de base (L, T, M, Θ),
(3) choisir les grandeurs fondamentale convenables, disons au nombre r,
(4) utiliser une méthode appropriée pour identifier le nombre et la forme des paramètres
sans dimensions (paramètres adimensionnels).
Il y a deux méthodes utilisées pour l’analyse dimensionnelle :
i- la méthode de Rayleigh,
ii- le théorème des π, ou théorème de Vaschy–Buckingham.
On présente ici le théorème des π.

10.3. Théorème de Vaschy–Buckingham ou théorème des π


On peut énoncer ce théorème de la manière suivante :
Énoncé : Toute grandeur B d’un phénomène physique et fonction de N variables (ou
causes) indépendantes B1 , · · · , BN , mesurée par r unités fondamentales, r < N, s’écrit
comme
B = F (B1 , B2 , · · · , BN ),
et s’exprime nécessairement en fonction de (N − r) paramètres adimensionnels (sans dimen-
sion) sous la forme
B = B1a1 B2a2 · · · Brar F (π1 , π2 , · · · , πN −r ) (10.1)
où π1 , π2 , · · · , πN −r sont des paramètres de similitude à partire des formules suivantes :
Br+1
π1 = ar+1,1 ar+1,2 a
B1 B2 · · · Br r+1,r
Br+2
π2 = ar+2,1 ar+2,2 a
B1 B2 · · · Br r+2,r
..
.
BN
πN −r = aN,1 aN,2 a
B1 B2 · · · Br N,r
où {B1 , · · · , Br } désigne un sous-ensemble de grandeurs physiques aux dimensions indépendantes,
les exposantes a1 , a2 , · · · , et ar sont à déteminer. En général, on pose
B
π=
B1a1 B2a2· · · Brar

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Analyse Dimensionnelle et Similitude

et par conséquent (10.1) s’écrit comme

π = F (π1 , π2 , · · · , πN −r ) (10.2)

Ainsi, on peut écrire un tableau des exposants aux dimensions de [B, B1 , · · · , BN ] :

[Grandeur] L T M Θ
[B ] α β γ δ
[B1 ] α1 β1 γ1 δ1
[B2 ] α2 β2 γ2 δ2
..
. ··· ··· ··· ···
[BN −4 ] αN −4 βN −4 γN −4 δN −4

Exemple : Un navire, de taille caractérisée par une longueur ℓ, est en mouvement à


la vitesse U. L’eau dans laquelle la navire avance exerce une force de résistance (force de
traı̂née), Ftraı̂née , au mouvement que l’on peut penser dépendre, à part de ℓ et U, de la masse
volumique ρ, de la viscosité dynamique µ et de la tension superficielle σs de l’eau ainsi que
de l’accélération de la pesanteur g.
Selon la méthode de Rayleigh les la relation recherchée doit être de dimensions ho-
mogènes, c’est-à-dire :

F = ρα1 U α2 ℓα3 µα4 g α5 σsα6 ,

d’où le tableau des exposants :

[Grandeur] L T M Θ exposant
[Ftraı̂née ] 1 -2 1 0 1
[ρ ] -3 0 1 0 α1
[U ] 1 -1 0 0 α2
[ℓ ] 1 0 0 0 α3
[µ ] -1 -1 1 0 α4
[g ] 1 -2 0 0 α5
[σs ] 0 -2 1 0 α6

Si maintenant l’on examine assez bien le tableau de dimensions on se rend compte


assez vite que l’on peut choisir ℓ, U et ρ comme variables fondamentales, soit r = 3, de
préférence à σs , µ et g. Notons au passage que ce choix nous permet de récupérer les variables
fondamentales L, T et M à partir de ℓ, U et ρ. Bien que µ et g sont importantes, une choix
de µ comme variable fondamentale serait inapproprié car g ne pourrait pas constituer avec
ℓ et U un système des variables dimensionnellement indépendantes. Notons aussi que µ, g
et σs sont des grandeurs indépendantes l’une de des autres.

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10.3 Théorème des π 119

Ainsi, puisque la relation recherchée doit être dimensionellement homogène, on déduit


les équations suivantes :
Ftraı̂née ρ U ℓ µ g σs
somme d’exposants en L : +1 = − 3α1 + α2 + α3 − α4 + α5 +0
somme d’exposants en T : −2 =+0 − α2 +0 − α4 − 2α5 − 2α6
somme d’exposants en M : +1 = + α1 +0 +0 + α4 +0 + α6
Par la suite, en résolvant par rapport aux variables fondamentales (à savoir ℓ, U et ρ) que
l’on a choisi, on obtient :
α1 = 1 − α4 − α6
α2 = +2 − α4 − 2α5 − 2α6
α3 = +2 − α4 + α5 − α6
D’où :
Ftraı̂née = ρ1−α4 −α6 U 2−α4 −2α5 −2α6 ℓ2−α4 +α5 −α6 µα4 g α5 σsα6
 α4  α5  α6
2 2 µ gℓ σs
= ρU ℓ .
ρUℓ U2 ρU 2 ℓ
Il est commode de réécrire ce résultat sous la forme
1
Ftraı̂née = ρU 2 S F (Re, F r, W e)
2
où on a introduit le coefficient 1/2 et posé S = ℓ2 , avec
ρℓU ℓU U2 ρU 2 L
Re = = , Fr = , We =
µ ν gℓ σs
qui sont respectivement les nombres sans dimensions de Reynolds, de Froude et de Weber.
Revenons maintenant au théorème de Vaschy–Buckingham. En total on a, à part de F ,
N = 6 variables, à savoir : ρ, U, L, µ, g et σs . Soit ρ, U et L les grandeurs fondamentales, au
nombre r = 3 choisit de telle manière que les variables restant µ, g et σs sont de dimensions
indépendantes. Alors, il existe N − r = 3 paramètres sans dimensions :
 
 −1 = −3α1 + β1 + γ1  α1 = 1,
µ
π1 = α1 β1 γ1 , −1 = −β1 =⇒ β1 = 1,
ρ U ℓ 
1 = α1

γ1 = 1,
 
g  1 = −3α2 + β2 + γ2  α2 = 0,
π2 = α2 β2 γ2 , −2 = −β2 =⇒ β2 = 2,
ρ U ℓ 
0 = α2

γ2 = −1
 
σs  0 = −3α3 + β3 + γ3  α3 = 1 ,
π3 = α3 β3 γ3 , −2 = −β3 =⇒ β3 = 2,
ρ U ℓ 
1 = α3

γ3 = 1

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Analyse Dimensionnelle et Similitude

avec
 
 1 = −3α + β + γ  α = 1,
Ftraı̂née
π = , −2 = −β =⇒ β = 2,
ρα U β ℓγ 
1 = α

γ = 2.
Ainsi, on obtient :
Ftraı̂née µ gℓ σs
π= , π1 = , π2 = , π3 =
ρU 2 ℓ2 ρUℓ U2 ρU 2 ℓ
et l’on retrouve la relation
Ftraı̂née = ρU 2 ℓ2 F (π1 , π2 , π3 ) = ρU 2 ℓ2 F (Re, F r, W e).
D’après ce résultats, on tire les conclusions suivantes :
i- : L’analyse dimensionnelle montre comment interviennent les différent paramètre,
mais sans fournir la forme précise de la relation.
ii- : L’étude expérimentale de la résistance au mouvement d’un navire se revient à
étudier la fonction
Ftraı̂née = ρU 2 ℓ2 F (Re, F r, W e),
appelée la fonction de résistance ou de traı̂née au mouvement de navire.

10.4. Paramètres sans dimensions


L’exemple précédent a mis en évidence l’existence de trois paramètres sans dimensions :
(1) Le nombre de Reynolds qui a traduit l’effet de viscosité ou l’influence des forces
de traı̂née de l’eau sur la coque de navire.
(2) Le nombre de Froude qui a traduit l’effet de la pesanteur ou l’influence de sillage,
c’est-à-dire l’influence de système de vagues produit derrière le navire.
(3) Le nombre de Weber qui a traduit l’effet des forces de tension superficielle qui
sont négligeables pour cet exemple.
On rencontre dans la mécanique des fluides un nombre des paramètres adimensionnels dont
quelques uns intervient dans un écoulement donné. Quelques paramètres importants et
leurs définitions sont donnés au tableau 10.2.

10.5. Similitude et théorie des maquettes


Alors que l’étude expérimentale est le plus souvent nécessaire, les essais en vraie grandeur
(par exemple d’un barrage, d’une construction portuaire, de navire en bassin de carène,
d’une turbine ou d’un avion, etc · · · ) sont rares et très coûteux, et ne sont possible que dans
un nombre limité de cas. C’est pourquoi on fait souvent recours aux modèles aux échelles
réduites (appelés maquettes) du système en vraie grandeur (appelé prototype) à étudier.
Pour que les résultats obtenus expérimentalement sur maquette puissent être extrapolés
au prototype, un nombre des principes de similitude doit être respectés. Pour metter en
évidence ces principes on écrit d’abord les équation de Navier–Stokes, ainsi que les condi-
tions aux limites et initiales, sous une forme adimensionnelle. L’état de tout écoulement se

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10.5 Similitude et théorie des maquettes 121

Table 10.2. Analyse dimensionnelle et similitude : ici, la grandeur c


représente la vitesse de son dans le milieu fluide, t∗ un temps caractérisant
la variation locale, κ = cv /ρλ la diffusivité thermique, cv la chaleur massique
à volume constant, cp la chaleur massique à pression constante et σs la ten-
sion superficielle de fluide; τ0 désigne la contrainte (de cisaillement) pariétale
(c’est-à-dire , à la parois).

Domaine
Paramètre Définition Explication d’application
Nombre de ρUL force d’inertie Écoulements
Reynolds Re = visqueux
µ force visqueuse
Nombre de U2 force d’inertie Écoulement à
Froude Fr = surface libre
Lg force de la pesanteur
Nombre de U vitesse d’écoulement Écoulement
Mach Ma = compressible
c vitesse de son
cp enthalpie
Rapport de Transfert
capacités thermique γ= énergie thermique
cv interne
(L/U) temps d’advection
Nombre de Écoulement
Strouhal St = temps de instationnaire
τ variation locale
Nombre de κ diffusivité thermique Transfert
Prandtl Pr = thermique
ν diffusivité visqueuse
(L/U) temps d’advection
Nombre de Transfert
Péclet Pe = temps de diffusion thermique
λ/(ρ cp U 2 ) thermique
variation d’énergie
Nombre U2 cinétique Transfert
d’Eckert Ec = thermique
cv ∆T variation d’énergie
interne
ρU 2 L force d’inertie
Nombre de Écoulement à
Weber We = force de tension surface libre
σs superficielle
τ0 force de traı̂née
Coefficient de Aérodynamique,
frottement CD = 1 force dynamique Hydrodynamique
2
ρU 2

ε rugosité
Rugosité Écoulement turbulent,
adimensionnelle longueur surface rugueuse
L caractéristique

caractérise par des données géométriques, cinématique, dynamiques, ou encore thermody-


namiques y compris les valeurs des grandeurs physiques du fluide µ, ρ, k, cp et cv .

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Analyse Dimensionnelle et Similitude

• Pour un écoulement sur un corps quelconque, les données géométriques sont ex-
primées en fonction d’une longueur caractéristique que nous notons D, par exemple
le diamètre d’un cylindre ou la longueur d’un profile.
• Les données cinématiques sont liées par exemple à la façon que le fluide se met en
mouvement; elles s’expriment par une vitesse U et un temps caractéristiques peut
être exprimé par D/U.
• Les données dynamiques sont liées aux forces surfaciques et volumiques qui s’exercent
sur le fluide. Les premières se manifestent comme forces de pression, contraintes de
cisaillement ou tension superficielle. Les forces volumiques peuvent être représentées
par la force de pesanteur ou des forces d’origine électromagnétique. Ces données
sont exprimée en termes des paramètres caractéristiques, comme par exemple l’accélération
g due à la force de pesanteur, un gradient de pression ou encore une force de ci-
saillement caractéristique.
Pour simplifier, nous supposerons que l’écoulement étudié est incompressible et prendrons
ρ constante. Afin d’alléger la notation nous affectons aussi un astérisque ∗ aux différentes
grandeurs t, ~x, ~v, et p, et posons f~ = ~g = −g~z. Ainsi, nous employons les symboles sans
astérisque pour désigner les grandeurs sans dimensions. On pose

D
t∗ = t, −

x∗ = D − →x, − →
v∗ = U − →
v , p∗ = ρU 2 p. (10.3)
U
Les équations avec dimensions se ré–écrivent alors comme :
~∗·−
∇ →
v ∗ = 0, (10.4a)
∂v−
→ ∗
1~∗ ∗

+−

v∗·∇ ~ ∗−

v∗ = − →
g∗− ∇ p + ν∆~ ∗−

v ∗. (10.4b)
∂t ρ
En portant le changement des variables dans (10.4a) et (10.4b), et multipliant ensuite les
équations ainsi trouvées par D/U et D/U 2 respectivement, nous obtenons :

∇·−

v = 0, (10.5a)

∂−→
v 1 1
+ −
→ ~−
v ·{z
∇ →
v} = ~z − ~
∇p + ∆−
→v (10.5b)
∂t}
| {z
|
|F{z
r } |{z} |Re{z }
accélération Forces de pression
accélération par convection Forces volumiques Forces d’inertie Forces visqueuses
locale Forces d’inertie Forces d’inertie

où
U2 DU
Fr =
, Re = .
Dg ν
Les équations (10.5) sont sans dimensions et ne font intervenir que deux nombres sans
dimensions qui dépendent de l’écoulement. Cela traduit alors le fait que tout écoulement
n’est défini que par les valeurs de nombres sans dimensions qui lui caractérisent.
Notons que les conditions aux limites s’appliquent aux frontières du système, donc liées
à la géométrie du système, et les conditions initiales exprime l’état du système à l’instant
initial. Alors pour des conditions aux limites données il faut que les solutions soient uniques,

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10.5 Similitude et théorie des maquettes 123

pour le prototype et la maquette, en particulière aux frontières ce qui implique une corre-
spondence géométrique des frontières. Maintenant, si on désigne par l’indice 1 les grandeurs
relatives au prototype (respectivement au premier écoulement), et par l’indice 2 celles cor-
respondant au maquette (respectivement au deuxième écoulement), les distances d1 et d2
réliant des points homologues, par exemple (AB)prototype et (AB)maquette , on devra statisfaire
une relation du type :
d1
kg = = Cte
d2
Ainsi, on parle de la similitude géomètrique.
L’analyse des équations sans dimensions (10.5) nous permettent de mettre en évidence
les principes suivants de la similitude :
(1) Similitude géométrique : Toute les dimensions linéaire de maquette correspon-
dent aux celles de prototype par un facteur d’échelle constante kg : En notant
x∗1 x∗ y∗ y∗ z∗ z∗
x= = 2 , y = 1 = 2 , z = 1 = 2 , · · · etc.
D1 D2 D1 D2 D1 D2
on tire
x∗1 y1∗ z1∗ D1

= ∗
= ∗
= (10.6)
x2 y2 z2 D2
De plus, en se référant, par exemple, au bateau schématisé dans 10.1 il vient que :
Hp LP Dp D1
kg = = = = = ··· .
Hm Lm Dm D2
où kg est un facteur d’échelle géométrique.
Hp = 3 m

30◦
Hm = 0.3 m

30◦

Lp = 8 m
A
points homologues
Lm = 0.8 m
Figure 10.1. Les dimensions de maquette sont telles que les points homo-
logues satisfont la relation Hp /Hm = Lp /Lm = D1 /D2 = kg .

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Analyse Dimensionnelle et Similitude

La similitude géométrique préserve non seulement la correspondance entre les


points appartenant aux surfaces de solides mais aussi les angles et orientations par
à l’écoulement ainsi que les lignes de courant des deux écoulements.
(2) Similitude cinématique : Toutes les vitesses homologues aux points homologues
sont liées par
u∗ u∗ v∗ v∗ w∗ w∗
u = 1 = 2, v = 1 = 2 , w = 1 = 2
U1 U2 U1 U2 U1 U2
avec
D2   
t2 U2 D2 U1
= = = Cte = kt
t1 D 1 D1 U2
U1
D’où
U1 D1
= kt = kg kt = kc = Cte
U2 D2
Rappelons aussi :
u∗1 v1∗ w1∗ U1

= ∗
= ∗
= = Cte = kc
u2 v2 w2 U2
Les vitesse aux points homologues sont proportionnelles par un facteur d’échelle
constant, kc .

Vp1

V p1
1
= kc
Vm
Vp∞
Vm∞ = kc Vp∞
Vp2 Vm2 = kc Vp1

Figure 10.2. Deux écoulements avec similitude cinématique

(3) Similitude dynamique : De la même manière on peut montrer que les forces
aux points matériels homologues sont aussi homologues, c’est-à-dire , elles sont
proportionnelles par un facteur d’échelle constant, kd .
Pour des fluides homogènes, par exemple, la distribution des masse dans le ma-
quette et le prototype sont semblable, et par conséquent la similitude géométrique
entraı̂ne la similitude de masse.
Selons le principe fondamental de la dynamique, les forces sont proportionnelles
aux accélérations.

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10.5 Similitude et théorie des maquettes 125

La similitude dynamique implique, par exemple, que les pression sont entre elles
comme:
p∗1 ρ1 U12
= = km kg3 kc2 = Cte
p∗2 ρ2 U22
où km est une constante de proportionalité entres les masses de prototype et de
maquette. Par le même, Les forces sont entre elles comme :
F1∗ ρ1 U12 D12
= = Cte = kd
F2∗ ρ2 U22 D22
Alors on dit que deux écoulements sont semblables si le nombres sans dimensions
ont les mêmes valeurs :
D1 U1 D2 U2 D1 kg U1 kc
= =
ν1 ν2 ν2
D’où on tire que kg kc = 1 pour le même fluide.
En général, la similitude dynamique exige que les conditions suivantes soient
satisfaites :
(a) Écoulement incompressible sans surfaces libres : Rep = Rem .
(b) Écoulement incompressible avec surfaces libres : Rep = Rem , F rP = F rm .
(c) Écoulement compressible : Rep = Rem , Map = Mam , γp = γm
(d) Écoulement avec tension superficielle : Rep = Rem , W ep = W em
Résumons :
(1) La similitude géométrique exige que l’échelle linéaire de longueur kg soit la même.
(2) La similitude cinématique exige que l’échelle linéaire et l’échelle de temps soient les
mêmes, c’est-à-dire , l’échelle de vitesse kc soit la même.
(3) La similitude dynamique requiert que les échelles linéaires, de temps et de force
sont les mêmes.
Exemple : Pour estimer la force de frottement, Fp , sur un prototype sonde, on utilise les
données obtenues sur une maquette testée dans une soufflerie. Au tableau ci-dessous sont
montrées les données de teste et les caractéristiques du prototype.

Paramètre Prototype Maquette


Géométrie Sphère Sphère
D 0.4 m 0.15 m
V 2.5 m/s à déterminer
F à déterminer 25 N
ρ 1000 kg/m3 1.2 kg/m3
ν 1.3 × 10−6 m2 /s 1.5 × 10−5 m2 /s

Solution. La force de frottement F sur une sphère dépend de la vitesse de l’écoulement,


V , de diamètre D, de la dénsité de fluide ρ et la viscosité ciématique µ. Alors selon le
théorème des π on a N = 4. Les variables D, V et ρ sont indépendentes et consituent donc

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Analyse Dimensionnelle et Similitude

des grandeurs fondamentales, au nombre r = 3, pour ce problème. On a donc 2 paramètres


à déterminer
µ
π1 = α1 β1 γ1
ρ D V
avec
F
π = α β γ F (π1 )
ρ D V
On trouve
µ ν 1 F
π1 = = = , π = 2 2.
ρDV DV Re D ρV
L’analyse dimensionnelle montre alors que la force de frottement est liée au nombre de
Reynolds par un paramètre sans dimension appelé le coefficient de frottement, ou plustôt
le coefficient de traı̂née pour cet exemple :
 
F/D2
CD = F = F (Re).
ρV 2
Or, le nombre de Reynolds est connu pour le prototype :
2.5 m/s × 0.4 m
Rep = = 7.69 × 106 ,
1.3 × 10−6 m2 /s
ce qui conduit, selon le principe de la similitude, à
 
VD
Rem = Rep =
ν m
et par la suite on trouve
 
7.69 × 106 × 1.5 × 10−5 m2 /s
Vm = = 76.9 m/s.
0.15 m
La similitude exige
CD | p = CD | m
ce qui donne pour la force de frottement sur le prototype :
 
ρp Vp2 Dp2
Fp = Fm = 156.58 N
ρm Vm2 Dm 2

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CHAPITRE 11

Couches limites

11.1. Introduction
Tout écoulement réel sur un corps imperméable quelconque doit satisfaire aux conditions
suivantes :
• Nul fluide ne peut pénétrer une frontière imperméable qui se traduit par

→v ·−

n =− →w ·−→
n (11.1)
où −→
w est la vitesse du corps au point du contact. Cette condition traduit
l’imperméabilité de frontière au fluide et dénommée condition de non–pénétration
ou condition de glissement.
• Compte tenu des forces de viscosité, toute particule fluide en contact avec la
frontière d’un corps imperméable est au repos relativement à cette dernière :

→ −
→ → − →
v · t =− w· t. (11.2)
Cette condition traduit le non–glissement du fluide sur la paroi du corps sur lequel
le fluide s’écoule. La présence des forces de viscosité rend toute particule fluide en
contact avec la surface immobile relativement à cette dernière : l’écoulement près
de la paroi est ralenti, et on y observe un fort gradient de vitesse normal à la paroi,
∂u/∂y. La zone où ces effets se produisent est généralement “fine”, et dénommée
couche limite. C’est au sein de la couche limite que la transition d’une vitesse nulle
(relativement à la paroi) à la vitesse de l’écoulement non perturbé par la présence
du corps s’effectue. Dans cette zone une petite viscosité de cisaillement µ exerce un
effet considérable sur la contrainte pariétale τp = µ∂u/∂y|paroi qui pourrait prendre
des valeurs très grandes.

11.2. Équations de la couche limite – théorie de Prandtl (1904)


Afin de mettre en évidence le phénomène de la couche limite nous considérons les
équation de Navier–Stokes et la conservation de la masse sous forme adimensionnelle, rap-
pelées ci–dessous, mais en négligeant les forces volumiques :
∇.−→
v = 0, (11.3a)

∂−
→v −
→ − → 1 −
+ |v .∇
{z v} = −∇p + △→ v. (11.3b)
∂t
|{z} | {z } |Re{z }
accélération due force de
accélération à la convection pression force
locale visqueuse

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Couches limites

En pratique, pour les écoulements externes sur un corps quelconque, particulièrement en


aérodynamique, le nombre de Reynolds Re peut être très grand : 103 . Re . 109 ce
qui suggère qu’une bonne approximation pourrait être obtenue en négligeant les forces de
viscosité. Cela conduit à l’équation d’Euler :
∂−→
v
+ − → −
|v .∇

{z v} = −∇p (11.4)
∂t
|{z} | {z }
accélération due force de
accélération à la convection pression
locale

qui est une dégénérescence significative (dite dégénérescence extérieure) de l’équation de


Navier–Stokes. À l’encontre de ces dernières qui sont du seconde ordre, les équations d’Euler
sont du premier ce qui implique que l’une des conditions aux limites (11.1) et (11.2) ne peut
pas être satisfaite. Nous sommes donc face à un problème appelé problème de perturbation
singulière.
Rappelons nous que l’équation d’Euler est appliquée aux fluides parfaits où les forces de
viscosité sont à priori négligées : en théorie du fluide parfait on ne peut satisfaire à la paroi
que la condition de glissement (11.1).

Revenons au problème de la couche limite, et considérons pour fixer les idées l’écoulement
incompressible bidimensionnel d’un fluide visqueux le long d’une plaque plane semi–infinie;
la masse volumique ρ et viscosité de cisaillement µ sont supposées constantes et l’écoulement
uniforme à l’infini amont.

y
U∞ , p∞
U∞

δ


v = (u, v) x

Figure 11.1. Couche limite sur une plaque plane.

Pour estimer l’ordre de grandeur de différents termes dans les équations de mouvement,
nous prenons une vitesse U∞ , une longueur L caractéristiques parallèlement à la plaque, et
une échelle caractérisant l’épaisseur de la couche limite δ (U∞ et L sont constantes). La
pression p et le temps sont supposés d’ordre ρU∞ 2 et L/U∞ respectivement. Nous supposons
aussi, et ceci est sans perte de généralité, que U∞ et L sont O(1). On note y = 0 la plaque
plane et Re = LU∞ /ν.
Il est avantageux de commencer en considérant l’équation de la conservation de la masse.
Ici nous admettons que ∂u/∂x est de l’ordre U∞ /L et ∂v/∂y de l’ordre V0 /δ, V0 étant une

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11.2 Équations de la couche limite – théorie de Prandtl (1904) 129

échelle caractéristique pour v. Pour satisfaire l’équation de la conservation de la masse il


faut que ces deux termes soient du même ordre de grandeur. Alors, on en déduit :
∂u ∂v
+ =0
∂x ∂y
U∞ V0
L δ 
δU∞
d’où V0 = O . (11.5)
L
Avec cette estimation prise en compte, examinons maintenant les ordres de grandeurs des
différents termes de l’équation de la quantité de mouvement :
∂u ∂u ∂u 1 ∂p ∂2u ∂2u
selon x : +u +v =− +ν 2 +ν 2
∂t ∂x ∂y ρ ∂x ∂x ∂y
2 2 2
U∞ U∞ δU∞ U∞ 1 ρU∞ νU∞ νU∞
d’ordre
L L L δ ρ L L2 δ2
 2
1 1 L
soit ∝ 1 1 1 1 (11.6a)
Re Re δ

∂v ∂v ∂v 1 ∂p ∂2v ∂2v
selon y : +u +v =− +ν 2 +ν 2
∂t ∂x ∂y ρ ∂y ∂x ∂y
2 2 2
δU∞ δU∞ δU∞ δU∞ 1 ρU∞ νδU∞ νδU∞
d’ordre 2 2 3
L L L Lδ ρ δ L Lδ 2
   
δ δ δ L 1 δ 1 L
soit ∝ (11.6b)
L L L δ Re L Re δ
Avant d’appliquer le principe de la moindre dégénérescence nous nous trouvons devant deux
possibilités :
• δ est O(L) ce qui conduit pour Re grand à négliger les deux termes où interviennent
la viscosité.
• δ est petit par rapport à L ce qui permet de garder le terme en ν∂ 2 u/∂y2 dans
(11.6a) où intervient la viscosité. Pour cela on doit avoir :
1  L 2
= O(1)
Re δ

d’où δ ∼ Re−1/2 L. (11.7)


Avec ce choix pour δ les équations (11.6a) et (11.6b) se réduisent à :
∂u ∂u ∂u 1 ∂p ∂2u
+u +v = − + ν 2, (11.8a)
∂t ∂x ∂y ρ ∂x ∂y
∂p
= 0 (11.8b)
∂y

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Couches limites

à l’ordre dominant en Re. On appelle ce système d’équations les équation de Prandtl pour
la couche limite.
En conclusion, les effet visqueux sont importants dans une couche fine d’épaisseur
O(Re−1/2 ) où la pression est invariable en y et d’ordre Re−1/2 . Dans cette couche les
équations réduites de Navier–Stokes sont connues sous la dénomination équations de la
couche limite ou équations de Prandtl.
Pour le problème bidimensionnel sur une plaque plane ces équations s’écrivent
∂u ∂v
+ = 0 (11.9)
∂x ∂y
∂u ∂u ∂u 1 ∂p ∂2u
+u +v = − +ν 2 (11.10)
∂t ∂x ∂y ρ ∂x ∂y
∂p
= 0 (11.11)
∂y
auxquelles on adjoint les conditions aux limites
y =0 : u = v = 0; y = ∞ : u = Ue (x, t). (11.12)
En ce qui concerne la pression, elle est déterminée à partir de l’écoulement à l’extérieur de
la couche limite −→
v = (Ue (x, t), 0) :
∂Ue ∂Ue 1 ∂p
+ Ue =− , (11.13)
∂t ∂x ρ ∂x


supposé irrotationnel, ∇ ∧ −

v = 0 . De plus, à cela il faut ajouter :
(1) à l’instant t = 0, la description de l’écoulement dans la couche limite ∀x, y; et
(2) à une section donnée, disons x = x0 , un profil de vitesse bien défini.

11.3. Développement de la couche limite


Considérons une couche limite laminaire en écoulement permanent. Selon la théorie de
Prandtl, la pression à l’intérieur de la couche limite est constante (par rapport à y) pour
tout x, et le gradient de pression y est imposé par l’écoulement extérieur, c’est-à-dire le
profile de vitesse u s’adapte selon la variation de la vitesse extérieure, Ue . On constant alors
en examinant l’équation de la couche limite (11.8a) que la courbure du profile de vitesse à
la paroi, avec u(x, y = 0) = v(x, y = 0) = 0, ne dépend que du gradient de pression :
 2 
1 ∂p ∂ u
0=− +ν ,
ρ ∂x ∂y 2 y=0
qui, compte tenu de (11.13), conduit à :
 2 
∂ u 1 dUe
2
= − Ue (11.14)
∂y y=0 ν dx
car Ue et p ne dépendent que de x.
Notez que cette condition donne d’information sur la courbure du profile de vitesse en
y = 0, ∂ 2 u/∂y 2 |y=0 , mais non pas sur la tangente du profile, ∂u/∂y|y=0 . Cela implique

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11.3 Développement de la couche limite 131

dp dp
dp >0 >0
=0 dx dx
dx
dp < 0 ∂u ∂u
dx ∂u |y=0 = 0 |y=0 < 0
0 |y=0 > 0 ∂y ∂y
dp < ∂ u | y =0 > 0 ∂y
dx 0 ∂y
0
>
u
∂ | y=
∂y

Ue y
S
x

Figure 11.2. Évolution de la couche limite sur un corps solide, x est


l’abscisse curviligne, S le point de décollement ou de séparation.

que pour la même courbure on peut avoir, mathématiquement parlant, deux tangentes
différentes, soit deux pentes différentes.
Un gradient de pression négative, dp/dx < 0, implique une augmentation de vitesse Ue ,
dUe /dx > 0, soit une accélération dans le sens de l’écoulement. En revanche, un gradient
positive conduit à la décélération de l’écoulement. C’est pourquoi le gradient de pression
dans le premier cas est dit favorable et dans le deuxième défavorable.
Un gradient de pression défavorable peut donc provoquer un décollement : la vitesse
près de la paroi est affaiblie progressivement dans le sens de l’écoulement, de plus en plus de
l’énergie cinétique est dissipée pour vaincre les forces de frottement et l’accroissement dans la
pression ; un courant de retour près de la paroi peut éventuellement se produire conduisant
ainsi au décollement des lignes de courant de la paroi, voir la figure 11.2. C’est à partir du
point S, où (∂u/∂y)y=0 = 0, que ce phénomène se produit; on appelle S point de décollement
ou point de séparation. Le décollement de la couche limite est accompagné d’une formation
de tourbillons ( voir figure 11.3) et peut avoir de graves conséquences sur la stabilité de
l’écoulement et la transition au régime turbulent, et par conséquent sur l’augmentation de
la traı̂née et la perte de charge.

11.3.1. Couche limite sur une plaque plane – solution de Blasius. Cherchons
maintenant la solution quand la vitesse de l’écoulement extérieur est constante et parallèle

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Couches limites

Figure 11.3. Visualisation des couches limites se développant sur des ob-
stacles différents ; dans la première image la couche limite est attachée (n’est
pas décollée) ; S point de séparation.

à −

x suffisamment loin de la palque. Nous nous limitons à l’écoulement laminaire incom-
pressible, bidimensionnel et stationnaire, avec :


v = U∞ −

x, p∞ = Cte à l’infini,
d’où (Ue , Ve , pe ) = (U∞ , 0, Cte). (11.15)

Alors, la solution du problème extérieur (11.13), auquel on adjoint la condition (11.15), est
de manière évidente :
Ue = U∞ , Ve = 0, pe = Cte. (11.16)
Compte tenu de ces résultats l’équation de la couche limite se réduit à :
∂u ∂v
+ = 0 (11.17a)
∂x ∂y
∂u ∂u ∂2u
u +v = ν 2 (11.17b)
∂x ∂y ∂y
auxquelles on adjoint les conditions aux limites
u(x, y = 0) = v(x, y = 0) = 0, (11.18a)
u(x, y = ∞) = U∞ . (11.18b)

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11.3 Développement de la couche limite 133

Pour résoudre ce problème commençons par intégrer l’équation de conservation de la


masse par rapport à y. On trouve :
Z y

udy + v(x, y) − v(x, y = 0) = 0 (11.19)
∂x 0
ce qui montre qu’il existe une fonction ψ(x, y) définie par
Z y
ψ(x, y) = udy (11.20)
0

qui satisfait l’équation de la conservation de la masse :


∂ψ ∂ψ
u= , v=− tel que ψ(x, y = 0) = 0. (11.21)
∂y ∂x
Cherchons donc une solution sous la forme :
p p
ψ(x, y) = νxU∞ f (η) avec y = η νx/U∞ .

Alors
 1/2
∂ ∂η ∂ ∂ U∞ ∂ ∂η η
= , = avec =− ,
∂x ∂x ∂η ∂y νx ∂η ∂x 2x
ce qui conduit, avec les relations (11.21), à :

∂ψ
u = = U∞ f ′ (η), 


∂y 
 1/2 (11.22)
∂ψ 1 νU∞ 

v = − = (ηf ′ (η) − f (η)) . 

∂x 2 x

En portant ces expressions dans l’équation (11.17b) nous obtenons :


2
 1/2  1/2  
U∞ 1 νU∞ U∞ U∞
− ηf ′f ′′ + ′
(ηf − f ) ′′
U∞ f = ν U∞ f ′′′ .
2x 2 x νx νx
D’où on obtient une équation unique pour f

f ′′′ + 2f f ′′ = 0 Solution de Blasius (11.23a)

dite équation de Blasius. Les conditions aux limites (11.18a) et (11.18b) deviennent :

η = 0 : f = 0, f ′ = 0; η = ∞ : f ′ = 1. (11.23b)

L’équation (11.23a) soumise à des conditions aux limites (11.23b) admet une solution unique
que l’on doit nécessairement calculer numériquement. On trouve f ′′ (0) = 0.332.

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Couches limites

Figure 11.4. Figure 11.2 dans Physical Fluid Dynamics, par D.J. Tritton,
Oxford Science Publications, 1988

11.3.2. Frottement à la paroi. La force de traı̂née −



x Fx (pour une largeur b) à la
quelle une face de la plaque est soumise est donnée par
Z ℓ
Fx = b τp dx′ (11.24)
x′ =0
où τp est la contrainte de cisaillement à la paroi :
 1/2
∂u U∞ 2
τp = µ = µU∞ f ′′ (η = 0) = ρU∞ Re−1/2
x f ′′ (η = 0) (11.25)
∂y y=0 νx
avec Rex = (xU∞ )/ν désignant le nombre local de Reynolds basé sur la longueur x de la
plaque.
Il est préférable d’exprimer la traı̂née à l’aide d’un coefficient de frottement Cf que l’on
définit par
τp τp
Cf = 1 2 = 1 2 = 0.664 Re−1/2 x (11.26)
2
ρUe 2
ρU∞
Revenons au calcul de la traı̂née par unité de largeur sur une face de la plaque. On trouve :
Z x′ =ℓ
2
Fx = b ρU∞ Re−1/2
x f ′′ (η = 0)dx′
x′ =0

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11.4 L’épaisseur de la couche limite 135

2 −1/2
= 0.664 bℓρU∞ Reℓ (11.27)

où bℓ = A est la superficie de la plaque.


Un coefficient de traı̂née est défini comme
Fx
Cx = 1 2 A
(11.28)
2
ρU∞

qui, pour la solution de Blasius, vaut


−1/2
Cx = 1.328 Reℓ . (11.29)

11.4. L’épaisseur de la couche limite


Dans les sections précédentes nous avons évité de définir, avec précision, l’épaisseur de
la couche limite. On a vu également que cette notion caractérise la couche limite, et est
étroitement liée à une limite asymptotique. C’est bien pour cela qu’on la trouve formuler de
plusieurs manières différentes destinées à mettre en valeur l’influence physique du frottement
à la paroi.
Une définition naturelle de l’épaisseur pourrait être tirée de l’évolution asymptotique de
la composante tangentielle de vitesse dans la couche limite u, quand u atteint la vitesse
de l’écoulement externe Ue , à savoir la valeur de y pour laquelle Ue − u ∼ εUe . Une telle
définition dépend alors de ε et par conséquent elle s’échappe à la “précision” ! Souvent
l’épaisseur de la couche limite est définie par la valeur de y pour laquelle u/Ue = 0, 99. Pour
l’écoulement le long d’une plaque plane cette définition se traduit par

δ = δ0,99 ≃ 5xRe−1/2
x . (11.30)

11.4.1. Paramètres caractéristiques de la couche limites. Le caractère asympto-


tique de l’épaisseur de la couche limite nous permet aussi d’introduire des définitions basées
sur les notions de conservation de la masse, quantité de mouvement et d’énergie. Dans
cet optique, on introduit respectivement les définitions de l’épaisseur de déplacement δ1 ,
l’épaisseur de la quantité de mouvement δ2 , et l’épaisseur en énergie δ3 .

11.4.1.1. Épaisseur de déplacement. La première décrit le déplacement δ1 des lignes de


courant de l’écoulement non–visqueux (potentiel) extérieurement à la couche limite. Pour
fixer les idées, considérons les débits volumiques en fluide parfait Qp et en fluide visqueux
Qv comptés de la plaque y = 0 à la cote y = h lorsque celle–ci tend vers l’infini :
Z h→ ∞
Qp = Ue dy
0
Z h→ ∞
et Qv = u dy
0

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Couches limites

y y
Ue Ue

u(y)

A A’ δ1
u u
1111111111111
0000000000000 0000000000000
1111111111111
0000000000000
1111111111111
Les aires A et A′ sont égales :1111111111111
0000000000000
Z ∞

A=A = (Ue − u)dy
0

Figure 11.5. Définition de l’épaisseur de déplacement δ1

L’épaisseur de déplacement permet alors de décrire le déficit de débit Qp − Qv comme si


l’écoulement près de la paroi était en fluide parfait :

Z h→∞ Z h→∞
Ue δ1 = Ue dy − udy
0 0
Z h→∞  
u
d’où δ1 = 1− dy. (11.31)
0 Ue

Alors, δ1 représente le déplacement que devrait subir chaque point de la paroi pour qu’un
écoulement fictif à vitesse constant Ue s’effectuant entre y = δ1 et l’infini, voir la figure 11.5.
11.4.1.2. Épaisseur de la quantité de mouvement, épaisseur d’énergie. De la même manière
on définit l’épaisseur de la quantité de mouvement δ2 :

Z h→∞ Z h→∞
Ue2 δ2 = Ue udy − u2 dy
0 0
Z h→∞  
u u
d’où δ2 = 1− dy, (11.32)
0 Ue Ue

Z h→∞ Z h→∞
et l’épaisseur en énergie δ3 : Ue2 (Ue δ3 ) = Ue2 udy − u3dy
0 0
Z h→∞  
u u2
d’où δ3 = 1− 2 dy. (11.33)
0 Ue Ue

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11.5 Solutions approchées 137

11.4.1.3. Relations utiles. Ces définitions nous permet de tirer les relations suivantes :
Z δ Z ∞ Z ∞
u dy = u dy − u dy
0 0 δ
Z ∞ Z ∞ Z 0
= u dy − Ue dy − Ue dy
0 0 δ
= Ue (δ − δ1 ) (11.34)
Z δ
u2 dy = Ue2 (δ − δ1 − δ2 ) (11.35)
0
Z δ
u3 dy = Ue3 (δ − δ1 − δ3 ) (11.36)
0

11.5. Solutions approchées


La variation avec x des paramètres τp , δ1 , δ2 et δ3 peuvent en général être calculés à
partir de u(x, y), bien entendu si elle est déjà connue. Or le calcul de champs de vitesse,
en elle–même, présente beaucoups des difficultés pour la majorité d’application industrielles
ce qui a motivé la recherche pour des solutions approchées de champs de vitesse pour les
écoulements en couches limites. L’une de ces méthodes, souvent employée car facile à mettre
en œuver, consiste de trouver une solution approchée pour u satisfaisant à des conditions
aux limites à la paroi et aux limites extérieures de la couche limite définies par δ(x). Pour
cela on procède à partire des équations de Prandtl
∂u ∂v
+ =0 (11.9bis)
∂x ∂y
∂u ∂u ∂u dUe ∂2u
+u +v = Ue +ν 2 (11.10bis)
∂t ∂x ∂y dx ∂y
avec les conditions aux limites

y =0 : u = v = 0; y = ∞ : u = Ue (x, t). (11.12bis)


À ces conditions aux limites, on peut déduire d’autres pour la fonction u en appliquant leurs
dérivées par rapport à y :

∂2u 1 dUe 
à la paroi y = 0, u = 0, 2
= − Ue 


∂y ν dx 




3 4 2
∂ u ∂ u 1 ∂u ∂ u
= 0, = , etc · · ·
∂y 3 ∂y 4 ν ∂y ∂x∂y 


n


∂u ∂ u 

aux limites extérieures y → ∞, u → Ue , → 0, · · · , n
→ 0 

∂y ∂y
(11.37)
La solution u, étant affine, est supposée alors de la forme
y
u(x, y) = Ue (x)f (η) avec η = (11.38)
δ(x)

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Couches limites

où δ(x) est l’épaisseur de la couche limite. Il est raisonnable de supposer que les conditions
aux limites imposées quand y → ∞ sont satisfaites en y = δ(x). Ainsi, la fonction f (η) doit
satisfaire les conditions suivantes :

′′ δ 2 dUe 
en y = 0, η = 0 f (0) = 0, f (0) = − 

ν dx 


  
3 ′
δ ′ d Ue f (0)
f ′′′ (0) = 0 f ′′′′ (0) = f (0) , etc · · · 
ν dx δ 




′ ′′ ′′′ 
en y = δ, η = 1 f (1) = 1, f (1) = f (1) = f (1) = · · · = 0
(11.39)
D’après Pohlhausen (1921), on peut supposer que la vitesse u est donnée par un polynôme
de quatrième ordre :
u
= f (η) = c1 η + c2 η 2 + c3 η 3 + c4 η 4 (11.40)
Ue
Notez que cette forme satisfait identiquement la condition u(x, y = 0) = 0. Les coefficients
ci sont déterminés en appliquant les conditions aux limites suivantes :
2

δ dUe 
en η = 0; f ′′ (0) = − = −Λ 
ν dx (11.41)


en η = 1; f (1) = = 1, f ′ (1) = f ′′ (1) = 0
On trouve :  
1
u = Ue 2η − 2η + η + Λη(1 − η)3
3 4
(11.42)
6
Considérons à titre d’exemple des solutions approchées pour l’écoulement sur une plaque
plane lorsque le gradient de pression vaut nul, en l’occurrence le problème de Blasius. Les
résultats sont montrés dans la tableau ci–dessous et sont comparés avec ceux obtenus à
partir de la solution de Blasius.
Comme montré au tableau 11.1 la méthode de solutions approchées conduit aux résultats
satisfaisants pour le cas d’écoulement sur une plaque plane à incidence nul, c’est-à-dire à
gradient de pression nul. Les solutions approchées sont utilisées en calculant δ1 et δ2 , et
par la suite τp en utilisant l’équation intégrale de von Kármán développée dans la section
suivante.

11.6. Équation intégrale de von Kármán


En pratique, l’ingénieur fait recours aux méthodes approchées qui puissent fournir des
résultats satisfaisant. Or, les épaisseurs qu’on vient de définir en section §11.4 nous per-
mettent d’écrire un bilan de la quantité de mouvement sur l’épaisseur de la couche limite,
et par la suite établir une relation utile et bien partique qui permet de calculer la force de
frottement :
dδ2 τp 1 dUe 1 δ2 dUe
= − (2δ 2 + δ1 ) = C f − (H + 2) (11.43)
dx ρUe2 Ue dx 2 Ue dx

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11.6 Équation intégrale de von Kármán 139

Table 11.1. Résultats de calcul pour la couche limite sur une plaque
plane à gradient de pression nul basés sur la théorie de solutions ap-
prochées. Référence : Schlichting, Boundary–Layer Theory, McGraw–Hill
Book, NewYork (1966)
τp
Répartition δ1 × × Cx × H =
r µU
r ∞ r
U∞ νx U∞ ℓ δ1
de vitesse α1 α2 β1
νx U∞ ν δ2
u
= f (η)
U∞

1 1
1 f (η) = η 1 1.732 0.289 1.155 3.00
6 2
3 1 39 3 3
2 f (η) = η − η 3 1.740 0.323 1.292 2.70
2 2 280 8 2
37 3
3 f (η) = 2η − 2η 3 + η 4 2 1.752 0.343 1.372 2.55
315 10
4−π π−2 π
4 f (η) = sin( 12 πη) 1.741 0.327 1.310 2.66
2π π 2
5 exacte — — — 1.721
0.332 1.328 2.59
Z 1 Z 1
Glossaire : δ2 = α1 δ, α1 = f (1 − f )dη, δ1 = α2 δ, α2 = (1 − f )dη, β1 = f ′ (0),
0 0
 1/2  1/2
U∞ ℓ U∞
Cx = 2δ2 .
ν νx

où H = δ1 /δ2 est connue sous la dénomination paramètre de forme. Cette relation fournit
une équation différentielle pour l’épaisseur de la couche limite pourvu qu’une forme con-
venable pour le profil de vitesse soit admise. On appelle (11.43) équation intégrale de von
Kármán.
À cette fin on utilise en général soit les équations de Prandtl ou l’intégrale générale sur
un volume de contrôle. Commençant par la deuxième méthode.

11.6.1. Équation intégrale de von Kármán à partir des équation intégrales


de mouvement. Considérons l’écoulement incompressible permanent, bidimensionnel, en
couche limite laminaire le long d’une surface dont le rayon de courbure est très grand devant
l’épaisseur de la couche limite δ comme montrer dans la figure 11.6. On peut montrer dans

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Couches limites

ce cas qu’un tel écoulement est bien représenté par les équation de Prandtl :
∂u ∂v
+ = 0
∂x ∂y
∂u ∂u ∂u 1 ∂p ∂2u
+u +v = − +ν 2
∂t ∂x ∂y ρ ∂x ∂y
∂p
= 0
∂y
avec
1
u(x, y = 0) = v(x, y = 0) = 0; u(x, y = δ) = Ue (x, t), p + ρUe2 = Cte
2
Soit ABCD un volume élémentaire de contrôle de largeur unité comme montré dans la

y
Ue
le C
rô B u
o nt
dec
e
um D
l
vo A
x
dx

Figure 11.6. Couche limite développant sur une surface quelconque : x est
l’abscisse curviligne mesuré le long de la surface y = 0, et y est la distance
normale.

figure 11.6. Le bilan de débit massique traversant les frontières de cet élément implique :
Z δ
débit massique entrant à travers AB : ṁ = ρu dy
0
= ρUe (δ − δ1 ) (11.44)
∂ ṁ
débit massique sortant à travers CD : ṁCD = ṁ + dx (11.45)
∂x
∂ ṁ
débit massique entrant à travers BC : ṁBC = dx (11.46)
∂x

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11.6 Équation intégrale de von Kármán 141

De la même façon, on a pour le bilan de la quantité de mouvement :


Z δ
quantité entrant à travers AB : M = ρu2 dy
0
= ρUe2 (δ − δ1 − δ2 ) (11.47)
∂M
quantité sortant à travers CD : MCD = M + dx (11.48)
∂x
∂ ṁ
quantité entrant à travers BC : MBC = Ue dx (11.49)
∂x
Alors, le théorème de la quantité de mouvement donne
    
∂M ∂ ṁ ∂p ∂δ
−M + M + dx − Ue dx = pδ − p + dx δ+ dx +
∂x ∂x ∂x ∂x
∂δ
+p dx − τp dx
∂x
soit :
∂M ∂ ṁ ∂p
− Ue = −δ − τp
∂x ∂x ∂x
En substituant pour ṁ et M calculés respectivement en (11.44) et (11.47), et puis en tenant
compte de
∂p ∂Ue
= −ρ Ue ,
∂x ∂x
il vient :
∂Ue ∂ ∂Ue ∂
2Ue (δ − δ1 − δ2 ) + Ue2 (δ − δ1 − δ2 ) − Ue (δ − δ1 ) − Ue2 (δ − δ1 )
∂x ∂x ∂x ∂x
∂Ue 1
= δUe − τp
∂x ρ
D’où on obtient finalement l’équation intégrale de von Kármán :
dδ2 τp dUe
Ue2 = − Ue (2δ2 + δ1 ) (11.50)
dx ρ dx

11.6.2. Équation intégrale de von Kármán à partir des équations de la couche


limite. Rappelons d’abord les équations de Prandtl en utilisant les grandeurs avec dimen-
sions mais avec les étoiles supprimées.
∂u ∂v
+ = 0, (11.51a)
∂x ∂y
∂u ∂u 1 ∂p ∂2u
u +v = − + ν 2, (11.51b)
∂x ∂y ρ ∂x ∂y
∂p
= 0, (11.51c)
∂y

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Couches limites

avec u = v = 0 en y = 0, (11.52a)
et u → Ue lorsque y → ∞. (11.52b)
Pour obtenir l’équation intégrale de von Kármán, nous commençons par intégrer l’équation
(11.51b) par rapport à y sur l’épaisseur de la couche limite :
Z ∞  Z ∞ 2
∂u ∂u 1 ∂p ∂ u
u +v + dy = ν 2 dy
0 ∂x ∂y ρ ∂x ∂y
Z ∞ 2
  0 ∞
1 ∂u ∂uv ∂v 1 ∂p ∂u
+ −u + dy = ν
0 2 ∂x ∂y ∂y ρ ∂x ∂y 0
 

Z    
∞  1 ∂u2 ∂uv
 ∂v ∂u ∂u 1 ∂p 
 1
 + − u + +u +  dy = − τp . (11.53)
0  2 ∂x ∂y ∂y ∂x ∂x ρ ∂x  ρ
 | {z } 
égale à zéro
compte tenu de (11.51a)

Compte tenu de (11.51c) on a :


∂p dpe
= ,
∂x dx
et par suite :
dUe 1 dpe
Ue =− (l’équation de Bernoulli)
dx ρ dx
Finalement, l’équation (11.53) devient :
Z ∞ 2   
∂u ∂uv ∂v ∂u dUe 1
+ − Ue + − Ue dy = − τp ,
0 ∂x ∂y ∂y ∂x dx ρ
Z ∞ 
∂ 2
 ∂ dUe 1
u − uUe + (v (u − Ue )) + (u − Ue ) dy = − τp ,
0 ∂x ∂y dx ρ
dUe2 δ2 dUe 1
d’où − [v (u − Ue )]∞
0 + Ue δ1 = τp
dx dx ρ
dUe2 δ2 dUe 1
soit + Ue δ1 = τp .
dx dx ρ
En développant le premier terme et en divisant par Ue2 , on trouve la forme standard de
l’équation de von Kármán :
dδ2 τp 1 dUe 1 δ2 dUe
= − (2δ2 + δ1 ) = C f − (H + 2) (11.54)
dx ρUe2 Ue dx 2 Ue dx
où H = δ1 /δ2 est connue sous la dénomination paramètre de forme. Cette relation four-
nit une équation différentielle pour l’épaisseur de la couche limite pourvu qu’une forme
convenable pour le profil de vitesse soit admise.

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11.6 Équation intégrale de von Kármán 143

Exercice 3.1 Dans certains problèmes l’ingénieur mécanicien des fluides préfère utiliser les
méthodes d’approximation dans le calcul de la force de traı̂née et le champs de vitesse. Une
méthode qui s’est montrée forte utile est basée sur la méthode de calcul intégral présentée dans
§11.6. Dans cette méthode l’écoulement est supposé incompressible et la composante tangentielle
de vitesse à l’extérieur de la couche limite U (x) est donnée à priori. On note δ(x) l’épaisseur de
la couche limite (u(y = δ)/Ue = 1) et admet que u satisfait un profil de vitesse sous la forme d’un
polynôme
u
= f (η) = aη + bη 2 + cη 3 + d η 4 (E3.1.1)
Ue
où η = y/δ, a, b, c et d sont des constantes à déterminer.
(1) Écrire les conditions aux limites sur la plaque y = 0 et en y = δ.
(2) En posant
δ2 ∂Ue
Λ=
ν ∂x
déterminer les constantes a, b, c et d en fonction de Λ.
(3) Dessiner les profils de vitesse pour Λ = 30, 12, 0, −6 et −30 .
(4) Calculer la contrainte pariétale τp , les épaisseurs de déplacement, et de la quantité de
mouvement.
(5) On pose
dUe δ2
K=Z avec Z = 2 (E3.1.2)
dx ν
où K est un paramètre de forme. Montrer que Λ et K sont liés par
 2
37 1 1 2
K= − Λ− Λ Λ. (E3.1.3)
315 945 9072
(6) Calculer H = δ1 /δ2 et en déduire que l’on peut écrire H ≡ H(K). De la même manière
montrer que
τp δ2
= f1 (K). (E3.1.4)
µUe
Expliciter f1 .
(7) En déduire qu’il existe une relation de la forme
dZ F (K)
= (E3.1.5)
dx Ue
et donner l’expression décrivant F (K) en fonction de Λ.
(8) On suppose que le calcul du champs de vitesse commence au point d’arrêt amont, c’est–
à–dire en x = 0 où Ue = 0 avec dUe /dx fini et différent du nul. Déterminer la valeur de
Λ en ce point et dessiner le profile de vitesse correspondant.
(9) À quelle valeur de Λ aurait–on un profile du décollement ? Dessiner ce profile sur le
même graphique que les autres et commenter vos résultats.

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CHAPITRE 12

Introduction à la turbulence

12.1. Préambule
À l’encontre des écoulements laminaires exposés aux chapitres précédents, les écoulements
réels se caractérisent souvent, par ce qu’on appelle turbulence, une des grandes questions
physiques et mathématiques posées depuis long temps, et reste posée au vignt-unième siecle,
et peut-être aux siecles à venir. Le sujet de la turbulence est très interdisciplinaire et ne
touche pas seulement à la mécanique des fluides mais aussi à la physique, à la météorologie
et à l’astrophysique. Les écoulements turbulents font partie de l’expérience quotidienne : le
jet d’eau du robinet, les volutes de la fumée d’une cigarette, les siallges d’un bateau (si la
vitesse est suffisante), les écoulements autour d’une automobile et même la circulation du
sang à l’intérieur des vaisseaux sanguins.
Si comme nous avons déjà constaté, l’écoulement laminaire dans une conduite devient
instable quand le nombre de Reynolds atteint un seuil critique, annonçant ainsi un état
de transition vers un régime turbulent, le développement de l’écoulement en couche limite
(sur une plaque ”semi-infinie”) d’une zone d’écoulement laminaire à une zone d’écoulement
turbulente passe par une région intermédiaire de transition comme montré sur la figure
12.2. Dans la zone laminaire, l’écoulement est permanent et correspond à l’état qu’on vient
de présenter au chapitre précédent. L’écoulement devient instable dans la partie initiale
de la zone de transition où le mouvement reste laminaire mais oscillatoire. Par la suite
l’écoulement devient de plus en plus aléatoire, complexe et caractérisé par des structures
tourbillonaires avant finalement aboutir à un état d’une turbulence complètement établie
sauf au voisinage immédiat de la paroi où une sous–couche laminaire subsiste.
L’évolution d’un régime laminaire à un régime turbulent est, bien entendu, relié au
nombre de Reynolds. Bien que dans le premier exemple cité cidessus, le nombre de Reynolds
est basé sur le diamètre D de conduite, et donc ne varie en apparence qu’avec la vitesse
moyenne U : le débit volumique divisé par la section droite (ReD = UD/ν), il est basé
dans le deuxième exemple sur la distance le long de la plaque mesurée du bord d’attaque x,
(Rex = xU/ν) où U est la vitesse de courant libre. Le paramètre caractérisant l’écoulement
dans les deux cas est le nombre de Reynolds. Rappelons que celui-ci représente en effet le
rapport entre la force d’inertie, ρ(~v · ∇)~v (terme non-linéaire), et la force de viscosité µ∇2~v
(terme linéaire) :
|ρ(~v · ∇)~v | ρU 2 L−1 UL
2
≈ −2
= = Re,
µ∇ ~v µUL ν
où L et U sont respectivement une longueur et une vitesse caractéristiques de l’écoulement.
Le nombre de Reynolds représente aussi un rapport entre deux longueurs : une longueur
d’advection L et une longueur de difusion visqueuse ν/U. À faible nombre de Reynolds la

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Introduction à la turbulence

longueur de diffusions traversée par une particule est plus grande que celle traversée par la
même particule par advection. Voilà pourquoi les termes non-linéaires dans les équations de
Navier–Stokes sont très petites devant les termes visqueuses. Par contre, à grand nombre
de Reynolds les termes non-linéaire deviennt dominant et jouent un rôle prédominant dans
l’instabilté de l’écoulement, sa transition au turbulent et finalement dans l’évoultion de cette
dernière.
Pour fixer les idées, nous donnons à titre d’exemple le nombre de Reynolds pour trois
catigories d’écoulements où le fluide est l’air, dont la viscosité cimématique est environ
1.0 × 10−5 m2 /s :

(1) Écoulement autour d’une autombile de longueur L = 4 m et à vitesse U = 90 km/h :


Re = 107 .
(2) Écoulement metéorologique à vitesse U = 36 km/h sur une échelle de 1000 km :
Re = 1012 .
(3) Vole d’un papillon de longueur 2 cm à vitesse U = 0.5 m/s :
Re = 103 .
(4) Un poisson de longueur 10 cm à vitesse U = 1 m/s dans l’eau, avec ν = 10−6 m2 /s :
Re = 105 .
(5) Écoulement d’eau dans une conduite de section circulaire, du diamètre 2 cm à
U = 10 cm/s :
Re = 2000.

Dans l’expérience de Reynolds à faible nombre de Reynolds, toute particule fluide (et
par conséquent du colorant) reste en mouvement uniforme caractérisé par une trajectoire
rectiligne : l’écoulement est alors régulier et les particules se déplacent dans les couches ou
lames voisines. À un nombre de Reynolds plus grand, un tel état d’écoulement cesse d’exister
et un fort processus de brassage (mélange), provoqué par un mouvement subsidiaire super-
posé perpendiculairement à l’écoulement principale (dont la direction est parallèle à l’axe de
conduite), s’installe entre toutes les particules de l’écoulement. L’écoulement se caractérise
alors par des fluctuations : lors de ce brassage (mélange) dans la direction transversale, le
mouvement subsidiaire en tout point fixe conduit aux échanges de quantité de mouvement
(et par conséquent d’énergie) dans une direction orthogonale à l’écoulement principale tan-
dis que chaque particule tend à retenir en grande partie la quantité de mouvement qui lui est
associée dans la direction de l’écoulement. Voilà pourquoi dans un écoulement turbulent la
répartition de vitesse en toute section de conduite devient largement uniforme tandis qu’en
écoulement laminaire elle est parabolique, voir figure 12.1.
En effet, compte de l’adhérence du fluide à la paroi la turbulence y disparait. Mais en
s’éloignant de la paroi les mouvements d’agitation macroscopique peuvent se développer
de plus en plus librement, de sort que la diffusion turbulente l’emporte sur la diffusion
moléculaire (visqueuse) et par la suite la turbulence intensifie le brassage (“l’homogénéisation”
spatiale)) des propriétés. D’où une repartion de vitesse plus uniforme dans un régime tur-
bulent par rapport au régime laminaire.
Les résultats que Reynolds (1883) obtint pour la première fois ont été, depuis lors,
confirmé expérimentalement par plusieurs auteurs. On trouve que la valeur de Recrit est

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12.1 Préambule 147

111111111111111111 11111111111111111
000000000000000000 00000000000000000
000000000000000000 11111111111111111
111111111111111111 00000000000000000

11111111111111111
00000000000000000 11111111111111111
00000000000000000
00000000000000000
11111111111111111 00000000000000000
11111111111111111
(a) (b)
Figure 12.1. La répartition de vitesse dans une conduite circulaire ; (a)
laminaire ; (b) turbulent.

caractérise par une limite inférieure, Recrit ≈ 2000, au dessous de laquelle l’écoulement reste
laminaire et cela même en présence de très fortes fluctuations.

y région région de écoulement


laminaire transition turbulent

Rex > 3 × 106


5 × 105 < Rex < 3 × 106

Rex < 5 × 105

δ x

sous–couche laminaire

Figure 12.2. Développement de la couche limite sur une plaque plane.

La transition d’un écoulement laminaire à un écoulement turbulent est fortement accélérée


par la présence des perturbations et la rugosité de surface sur laquelle le fluide s’écoule.

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Introduction à la turbulence

12.2. Quelques caractéristiques d’écoulements turbulents1


Dans un écoulement turbulent, l’état d’un fluide en tout point x et à tout instant
t, la vitesse u(x, t) présente un caractère tourbounnaire où la taille, la localisation et
l’orientation des tourbillons changent constamment. C’est pourquoi un régime turbulent est
intrinsèquement un phénomène aléatoire. Les écoulements turbulents se naissent lorsque la
force motrice (ou la source d’énergie cinétique) qui met le fluide en mouvement est relative-
ment intense devant les forces de viscosité que le fluide oppose pour se déplacer. La force
motrice peut prender plusieurs formes :
• gradients de pression
• impulsion initiale pour les jets
• une force d’Archimède (de flottabilité) due à une différence de température dans le
champ de pesanteur.
Un écoulement turbulent conduit à :
• la réduction d’inhomogénéités cinématiques, thermiques, massiques au sein de l’écoulement,
tout en augmentant les transferts paritaux. Cela est traduit ce qu’on appelle dif-
fusion turbulente ;
• l’augmentation de la traı̂née de frottement visqueux, diminution possible de la
traı̂née de forme (lié à la pression), en retardant d’éventuels décollements ;
• favoriser le mélange d’une phase dispersée, mais pouvant également provoquer la
coalescence de gouttelettes dans des écoulements diphasiques.
Les écoulements turbulents sont caractérisé par différentes échelles de longueur :
• Échelle de mouvement d’ensemble, L, correspondant à l’évolution “moyenne”
ou “global” de l’écoulement,
• Échelle de mouvement d’agitation turbulente, ℓ, miroitant des tourbillons
réellement présents dans l’écoulement,
• Échelle de mouvement d’agitation moléculaire, lm , reflettant seuls les effets
macroscopiques dans une approche de type milieu continu.
La réduction d’inhomogénéitése dans l’écoulement a pour source le phénomene de diffusion
qui, en turbulence, se traduit par la diffusion turbulente ou diffusion par mouvement
continu associée au transport d’une propriété quelconque par les écarts de vitesse entre
la valeur locale instantanée et une certaine valeur moyenne ou d’ensemble.
En s’inspirant de coefficients de diffusivité (L2 T −1 ), qui sont des propriétés physiques
du fluide (indépendantes du mouvement), on définit des “diffusivité turbulentes” qui sont a
priori des fonctions de l’écoulement.
Cela conduit à définir :
• une échelle de vitesse u′ ,
• une échelle de longueur ℓ
suite auxquelles on déduit l’ordre de grandeur d’une diffusivité par diffusion turbulente νT :
νT ∼ u′ × ℓ
1Source des textes cités/adaptés :
Chassaing, P. , Turbulence en mécanique des fluides, CÉPADUÈS–ÉDITIONS

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12.2 Quelques caractéristiques d’écoulements turbulents2 149

Ainsi, le rapport à la diffusivité ν du fluide :


νT u′ × ℓ
∼ = ReT ,
ν ν
qui est un nombre de Reynolds de turbulence compris entrée :
102 < ReT < 107
suivant la configuration d’écoulement turbulent.
Pour mettre en relief l’effet relatif de la diffusion turbulent par rapport à la diffu-
sion moléculaire, on considère la couche limite sur une plaque plane semi-infinie. Bien
que l’épaisseur de la couche limite laminaire δ(x) de Blasius est donnée par l’évolution
parabolique :
δ(x) ≈ 5xRe−1/2
x = 5(ν/U∞ )1/2 x1/2 , (Rex = U∞ x/ν),
l’évolution de l’épaisseur de la couche limite en régime turbulent suit une lois d’épaississement
en x4/5 :
δ(x) = 0, 37xRe−1/5
x = 0, 37(ν/U∞ )1/5 x4/5 .
Quant à l’effet de mélange, on note (toujours d’après Chassaing) que :
1
y

Advection
Diffusion
ν << ν T
y/δ

Turbulente 0.5
(νT) ire

t
ina

len
Lam

bu
r
Tu
Diffusion
moléculaire ν >> ν T 0
(ν) 0 0.5 1
u/U∞

Figure 12.3. Localisation préférentielle des diffusions par agitation


moléculaire et turbulente, et profile des vitesse associées aux rgimes laminaire
et turbulent. D’après Chassaing
• “la diffusion turbulente agit comme un “activateur” de la diffusion moléculaire, à la
quelle elle ne peut se substituer, mais dont elle inensifie considérablement les effets
en accroissant la “surface effective” d’échange où siègent les gradients locaux.“
• ”l’intensfication du mélange par la turbulence peut être mesurée par sa répercussion
sur le profil des vitesses d’un écoulement en conduite, que l’on sait re parabolique
avec la distance à l’axe dans le cas laminaire‘. En régime turbulent, et s’agissant
de ce même profil pour la vitesse moyenne (Ū, au sens temporel par exemple), la
distribution est plus plate au centre de l’écoulement (y = R), puisque :
Ū (y)/Ū(R) = (y/R)1/n
où n est compris entre 6 et 10 selon la valeur du nombre de Reyonolds globale de
l’écoulement.“

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Introduction à la turbulence

12.3. Mouvement moyen et fluctuations en écoulement incompressible


Pour décrire le mouvement turbulent il est commode de décomposer le mouvement en un
mouvement moyen en un mouvement de fluctuation, ou mouvement tourbillonnaire (eddy
motion en anglais). La moyenne est comptée sur un intervalle assez long et désigné, pour
la composante u de vitesse, par exemple, par ū ; la vitesse de fluctuation est notée par u′ .
De cette manière on pose

u = u + u ′ , v = v + v ′ , w = w + w ′ , p = p + p′ (12.1)

Dans le cas d’un écoulement turbulent compressible, il est aussi nécessaire de poser

ρ = ρ + ρ′ , T = T + T ′ (12.2)

La moyenne en temps est calculée en un point fixe dans l’espace et donnée, par exemple,
par
Z t0 +t1
1
u= u dt (12.3)
t1 t0

où l’intervalle t1 est assez long de sort que

u′ = v ′ = w ′ = p′ = ρ′ = T ′ = 0 (12.4)

Avant établir les équations pour la couche limite turbulente il est utile de rappeler les règles
à suivre pour le calcul des grandeurs moyennées :

f = f; f + g = f + g,
f · g = f · g, (12.5)
Z Z
∂f ∂f
= , f ds = fds
∂s ∂s

où s représente l’une des variables x, y, z ou t.


Appliquons ces formules aux grandeurs de flux, par exemple, vi · vj où vi = u, v ou w :

vi · vj = (v i + vi′ )(vj + vj′ ) = v i v j + v i vj′ + vi′ v j + vi′ vj′

qui, d’après (12.5) conduit à

vi · vj = v i v j + vi′ vj′

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12.4 Tenseur de Reynolds 151

12.4. Equations de mouvement et le tenseur de contraintes de Reynolds


Pour déterminer les équations régissant le mouvement moyen nous reprenons d’abord
les équations de Navier–Stokes incompressibles en système de coordonnées cartésiennes :
∂u ∂v ∂w
+ + = 0, (12.6)
∂x ∂y ∂z
 
∂u ∂u ∂u ∂u ∂p
ρ +u +v +w = − + µ∇2 u, (12.7)
∂t ∂x ∂y ∂z ∂x
 
∂v ∂v ∂v ∂v ∂p
ρ +u +v +w = − + µ∇2 v, (12.8)
∂t ∂x ∂y ∂z ∂y
 
∂w ∂w ∂w ∂w ∂p
ρ +u +v +w = − + µ∇2 w. (12.9)
∂t ∂x ∂y ∂z ∂z
Ensuite, nous multiplions l’équation de continuité (12.6) par ρu et puis ajoutons le résultat
à l’équation (12.7), ainsi on obtient :
 
∂u ∂(u2 ) ∂(v u) ∂(w u) ∂p
ρ + + + =− + µ∇2 u, (12.10)
∂t ∂x ∂y ∂y ∂x
De la même manière il vient
 
∂v ∂(u v) ∂(v 2 ) ∂(w v) ∂p
ρ + + + = − + µ∇2 v, (12.11)
∂t ∂x ∂y ∂y ∂y
 
∂w ∂(u w) ∂(v w) ∂(w 2 ) ∂p
ρ + + + = − + µ∇2 w. (12.12)
∂t ∂x ∂y ∂y ∂z
Maintenant remplaçons u, v et p respectivement par u + u′ , v + v ′ et p + p′ et par la suite
prenons la moyenne en temps des équations ainsi trouvées. Sans perte de généralité, nous
donnos ci-dessous les équations de Navier–Stokes pour des écoulement turbulents en régime
permanent :
∂u ∂v ∂w
+ + = 0, (12.13)
∂x ∂y ∂y
  !
∂u ∂u ∂u ∂p ∂u ′2 ∂u ′v′ ∂w ′ u′
ρ u +v +w = − + µ∇2 u − ρ + + (12.14a)
∂x ∂y ∂z ∂x ∂x ∂y ∂z
  !
∂v ∂v ∂v ∂p ∂u ′v′ ∂v ′2 ∂w ′v′
ρ u +v +w = − + µ∇2 v − ρ + + (12.14b)
∂x ∂y ∂z ∂y ∂x ∂y ∂z
  !
∂w ∂w ∂w ∂p ∂u ′ w′ ∂v ′ w′ ∂w ′2
ρ u +v +w = − + µ∇2 w − ρ + + (12.14c)
∂x ∂y ∂z ∂z ∂x ∂y ∂z
Notez que les termes quadratiques en composantes de vitesse turbulente ont été portés
aux deuxièmes membres respectifs. À ce stade un examen précis de ces termes et une
comparaison avec le tenseur de contraintes s’impose. Il nous permet de se rendre comptes

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Introduction à la turbulence

assez vite qu’ils représentent des composantes de tenseur de contraintes dû à la vitesse
turbulente :
 ′ ′ ′
  ′ ′ ′
  
σxx σxy σxz σx τxy τxz ρ u′2 ρ u′v ′ ρ u′ w ′
′ ′ ′  ′
 σxy σyy σyz =  τxy σy′ τyz
′ 
= −  ρ u′ v ′ ρ v ′2 ρ v ′ w ′  (12.15)
′ ′ ′ ′ ′ ′
σxz σyz σzz τxz τyz σz ρ u′ w ′ ρ v ′ w ′ ρ w ′2
Les composantes de ce tenseur représentent en effet les contraintes apparentes produites par
le mouvement turbulent comme il serait démontré dans les section suivantes.
12.4.1. Contraintes apparentes de mouvement turbulent (d’après Schlicht-
ing). Soit dS une surface élémentaire dans un courant turbulent dont la vitesse est (u, v, w).
La normale à dS est comptée parallèle à x, et les directions des y et z sont parallèles dans
plan de dS. La masse passant par dS dans un intervalle du temps dt est donnée par dS ρu dt
et par conséquent le flux de quantité de mouvement dans les directions x, y et z sont re-
spectivement dJx = dS ρu2 dt, dJy = dS ρuv dt et dJz = dS ρuw dt. La masse volumique
étant constante, on peut calculer la moyenne en temps du flux de la quantité de mouvement
par unité du temps :
dJx = dS ρ(u2 ) = dS ρ(u + u′ )2 = dS ρ(u2 + u′2 )
dJy = dS ρ(uv) = dS ρ(u + u′ )(v + v ′ ) = dS ρ(u v + u′v ′ )
dJz = dS ρ(uw) = dS ρ(u + u′ )(w + w ′ ) = dS ρ(u w + u′ w ′ )
Ces grandeurs désignent en effet le taux de variation de la quantité de mouvement dont la

+v ′ +v ′
−w ′
−u′ +u′ −v ′
y
dS +w ′
−v ′
x
z x
(a) (b)

Figure 12.4. (a) Transport de la quantité de mouvement dû aux fluctua-


tions (a) à travers une surface élémentaire, dS ; (b) dans un écoulement de
cisaillement avec ∂u/∂y > 0.

dimension est d’une forces agissant sur la surface élémentaire dS. Ainsi, en divisant par dS
on obtient les dimensions de force par unité de surface, soit les dimensions de contraintes.
Or, puisque le flux de quantité de mouvement par unité de temps traversant une surface
est toujours équivalent à une force égale et opposée, exercée sur la surface par le milieu

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12.4 Tenseur de Reynolds 153

environnant, il vient que la surface dS est soumise aux contraintes −ρ(u2 + u′2 ) dans la
direction x, −ρ(u v + u′ v ′ ) dans la direction y, et −ρ(u w + u′ w ′) dans la direction z. Le
premier de ces trois termes s’agit alors d’une contrainte normale tandis les derniers deux
sont des contraintes de cisaillement. Il vient alors que la superposition des fluctuations sur
le mouvement moyenné donne lieu à trois contraintes supplémentaires :
σx′ = −ρ u′2 ; σy′ = −ρ u′ v ′ ; σz′ = −ρ u′ v ′ (12.16)
agissant sur dS. On appelle ces termes Contraintes ou tensions ”apparentes” ou ”virtuelles”
de Reynolds (produites par l’écoulement turbulent), à ajouter aux contraintes visqueuses
produites par l’écoulement permanent comme on l’a précédemment vu. Des résultats cor-
respondants s’appliquent aussi aux surfaces élémentaires normales aux directions y et z.
Ensemble, ces contraintes constituent le tenseur de contraintes de Reynolds de l’écoulement
turbulent, donné par l’équation (12.15).
Poursuivons. Supposons maintenant que le mouvement moyenné est , par exemple,
donné par u ≡ u(y), v = 0 et w = 0 avec du/dy > 0, voir figure 12.4b. Bien que les
moyennes u′ et v′ sont nulles, le produit u′ v ′ est par contre différent de nul. Voici pourquoi :
compte tenu de mouvement turbulent, toute particule se déplaçant dans la direction positive
~y (v ′ > 0) arrive à la couche y d’une région où une vitesse moyenne u plus petite règne. Or
puisque toute particule tend, globalement, à préserver sa vitesse de départ u, il se produit
que la composante u′ soit négative en arrivant à la couche y. En revanche, pour toute
particule se déplaçant dans la direction opposée, −~y (v ′ < 0), il se produit que u′ soit
positive en y. Il vient alors que la moyenne en temps u′ v ′ n’est pas seulement différente

de nulle mais elle est aussi négative. Ainsi, la contrainte de cisaillement τxy = −ρu′ v ′ est
positive et du même signe que la contrainte correspondante due à la cisaillement laminaire
τl = µdu/dy. Ce fait est aussi exprimé en affirmant qu’il existe une correlation entre les
fluctuations longitudinale et transversale de la vitesse en un point donné.
C’est pourquoi on réécrit les équations (12.14a,b,c) sous la forme :
   ′ ′ 
∂u ∂u ∂u ∂p 2 ∂σx ∂τxy ′
∂τxz
ρ u +v +w =− + µ∇ u + + + (12.17a)
∂x ∂y ∂z ∂x ∂x ∂y ∂z
   ′ ′ 
∂v ∂v ∂v ∂p 2
∂τxy ∂σy′ ∂τyz
ρ u +v +w = − + µ∇ v + + + (12.17b)
∂x ∂y ∂z ∂y ∂x ∂y ∂z
   ′ ′ 
∂w ∂w ∂w ∂p 2 ∂τxz ∂τyz ∂σz′
ρ u +v +w = − + µ∇ w + + + (12.17c)
∂x ∂y ∂z ∂z ∂x ∂y ∂z
Le système d’équations (12.17) montre que chacune des composantes de la vitesse moyenne
d’un écoulement turbulent satisfait, en effet, la même équation que celle satisfaite par un
écoulement laminaire, sauf que les contraintes laminaires sont maintenant augmentés par
les contraintes additionnelles données par le tenseur de contraintes (12.15). On appelle ces
contraintes additionnelles contraintes apparentes, ou virtuelle de l’écoulement turbulent ou
contraintes (ou tensions) de Reynolds. Il vient alors qu’on dit, par analogie aux termes
visqueux habituels, que ces contraintes sont provoquées par ce qu’on appelle viscosité tour-
billonnaire ou eddy viscosity, et on réécrit les éléments de tenseur de contraintes sous la

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Introduction à la turbulence

forme : 
∂u
σxx = σx = −p + 2µ − ρu′2 , 

 ∂x  (12.18)
∂u ∂v
σxy = τxy = µ + − ρu′ v ′ , · · · 

∂y ∂x
◮ Remarque 12.1 : Les contraintes apparentes sont, en général, de loin plus grandes que les
composantes visqueuses et, par conséquent, on peut à un bon dégrée d’approximation négliger ces
dernières dans plusieurs cas d’écoulements turbulents. ◭
Conditions aux limites. Les conditions de non-glissement et de non-pénétration aux
surfaces imperméables s’appliquent toujours aux parois :
vn (xn = 0) = vt (xt = 0) = vn′ (xn = 0) = vt′ (xt = 0) = 0. (12.19)
Les indices n et t désignent respectivement les directions normale et parallèle à la paroi. Il
vient alors que toutes les composantes du tenseur de contraintes turbulentes disparaissent
aux parois et sont, par conséquent, très petites à leurs voisinages immédiats. Les seules con-
traintes qui y restent activent sont les contraintes (laminaires) visqueuses dont les valeurs
y deviennent très grandes devant celles des contraintes apparentes. Voilà pourquoi il vient
que dans un écoulement turbulent il existe une couches très mince sous-jacente à la paroi
et dans laquelle l’écoulement est, par essence, laminaire. On appelle une telle couche sous–
couche laminaire dans laquelle les vitesses sont tellement petites que les forces visqueuses y
deviennent dominantes par rapport aux forces d’inertie. La sous–couche laminaire s’adjoint
à une couche de transition où la vitesse de fluctuation devient assez grande pour donner
lieu aux contraintes turbulentes comparables dans leurs ordres de grandeurs aux contraintes
visqueuses. En s’éloignant encore des parois, aux distances encore plus grandes, les con-
traintes turbulentes deviennent largement plus grandes que les contraintes visqueuse. C’est
précisemment à cette couche que l’écoulement turbulent devient complètement établi.
L’épaisseur de la sous–couche laminaire est tellement petite qu’il est impossible, ou très
difficile, d’observer expérimentalement. Pourtant, le rôle joué par cette couche est décisif
car elle est le siège du phénomène qui détermine le cisaillement, et par conséquent la force
de traı̂née à la paroi.
Bref, en notations indicielles, l’intrépetation du champ moyen et de flucuation peut être
illustré de la manière suivante :
∂ ūi
= 0, (12.20a)
∂xi
Dūi ∂ p̄ ∂ 2 u¯j ∂
ρ = − + ρf¯i + µ − (ρui uj ) (12.20b)
Dt
| {z } ∂x i |{z} ∂x i ∂x j ∂x j
| {z } Force moyenne | {z } | {z }
Force moyenne Force moyenne de volume Force moyenne Tesnions
d’inertie de pression de viscosité de Reynolds

◮ Remarque 12.2 : Ensemble, les équations (12.15) et (12.17) ne sont pas suffisantes pour une
évaluation rationnelle de l’écoulement moyen tant que la relation entre les composantes moyennes
et turbulentes reste inconnus. Une telle relation ne peut, à ce jour, être obtenue que d’une façon
empirique et constitue le contenu essentiel de tous les hypothèses concernant la turbulence à dis-
cuter dans ce qui suit. ◭

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12.5 Hypothèses théoriques 155

12.5. Hypothèses pour les écoulements turbulents


Aujourd’hui, nous comprenons mieux certains aspects du mécanisme de turbulence mais
nous somme toujours très loin d’une compréhension complète. C’est pourquoi des tentatives
innombrables ont été fait pour établir des bases théoriques pour décrire les écoulements
turbulents à partir des hypothèses semi-empiriques. Par exemple, Boussinesq (1870) suggère
une expression pour le coefficient de frottement ou de mélange (viscosité tourbillonnaire ou
eddy viscosity), νT , pour la contrainte de Reynolds d’écoulement turbulent :
du
τt = −ρu′ v ′ = νT (12.21)
dy
par anologie à la contarinte visqueuse, τl , régnant dans les écoulements laminaires :
∂u
τl = µ , (12.22)
∂y
où µ est le coefficient de la viscosité dynamique. Malheureusement cette hypothèse possède
un grand désavantage intrinsèque car le coefficient νT ne constitue pas une propriété du
fluide comme µ, mais dépend de la vitesse moyenne u. Alors que les forces visqueuses
dans un écoulement turbulent sont approximativement proportionnelles au carrée de vitesse
moyenne, elles sont dans le cas d’écoulement laminaire linéairement proportionnelles à la
vitesse.
Il est commode d’utiliser la viscosité apparente (tourbillonnaire) cinématique ε = νT /ρ
par analogie à la viscosité cinématique µ/ρ, et on écrit alors
du
τl = ρ ν
dy
du
et τt = ρ ε . (12.23)
dy
De cette manière on peut écrire l’équation de couche limite turbulente sous la forme :
 
∂u ∂u 1 ∂p ∂ ∂u
u +v = − + (ν + ε) (12.24a)
∂x ∂x ρ ∂x ∂y ∂y
∂u ∂v
+ = 0. (12.24b)
∂x ∂y
Les conditions aux limites sont u(y = 0) = v(y = 0) = 0 et u(y → ∞) → Ue .

12.5.1. Longueur de mélange de Prandtl. Il est évident que si la dépendance de


νT sur la vitesse reste inconnue, les hypothèses (12.21) et (12.23) seraient inutilisables. Il
est donc nécéssaire de trouver une relation empirique entre le coefficient νT et la vitesse
moyenne. À cette fin Prandtl (1925) fit une avancée considérable que nous preséntons pour
le cas d’écoulement parallèle où la vitesse varie d’une ligne de courant à une une autre.
Considèrons un cas où l’écoulement principale est compté parallèlement à x tels que :
u = u(y); v = w = 0.

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Introduction à la turbulence

Un tel écoulement peut être obtenu dans un canal rectangulaire. Dans ce cas la seule
non-zéro composante de la contrainte de cisaillement turbulente est
′ du
τxy = τl = −ρu′ v ′ = νT . (12.25)
dy

u(y)
u(y1 + l)

u(y1 ) l

u(y1 − l) l

y1

x
111111111111111111111111111
000000000000000000000000000
Figure 12.5. Explication de la notion de longueur de mélange.

Selon Prandtl, lorsqu’un fluide dans un écoulement turbulent passe le long de paroi, des
particules fluide se réunissent pour former des agglomérations qui se déplacent en tant que
parcelles en traversant une distance donnée, que ce soit dans la direction longitudinale ou
transversale, tout en gardant la quantité de mouvement dans la direction des x. Supposons
maintenant qu’une telle parcelle traverse une distance l, par exemple, de la lame (y1 − l)
à la vitesse u(y1 − l) dans la direction y positive (v ′ > 0), voir figure 12.5. On appelle la
distance l longueur de mélange de Prandtl. Comme la parcelle fluide retient la quantité de
mouvement qui lui est associée, la vitesse à la nouvelle lame y1 est plus petite que la vitesse
qui y règne. Il vient alors que les différences dans les vitesses est
   
du 2 du
∆u1 = u(y1 ) − u(y1 − l) = u(y1 ) − u(y1 ) − l + O(l ) + · · · ≈ l .
dy dy 1
De la même manière une parcelle fluide qui arrive en y1 de la lame (y1 + l) possède une
vitesse plus grande que celle en y1 , la différence est alors
 
du 2 du
∆u2 = u(y1 + l) − u(y1 ) = u(y1 ) + l + O(l ) + · · · − u(y1 ) ≈ l .
dy dy 1
Dans ce cas v ′ < 0. La différence de vitesse ainsi produite par le mouvement peut être
vue comme la composante de vitesse de turbulence en y1 . Il vient qu’on peut calculer la

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12.5 Hypothèses théoriques 157

moyenne temporelle de la valeur absolue de cette fluctuation :


 
1 du
u′ = (|∆u1 | + |∆u2 |) = l . (12.26)
2 dy 1
Compte tenu de cette équation on peut avancer l’interprétation physique suivante pour la
longueur de mélange l. La longueur de mélange est la distance dans la direction traversale
qu’une parcelle des particules fluide doivent parcourir à la vitesse moyenne originale pour
que la différence entre cette vitesse et la vitesse à la nouvelle lame soit égale à la fluctuation
moyenne de l’écoulement turbulente. Pourtant, que lors de son déplacement dans la direction
transversale, la parcelle du fluide retienne complètement sa vitesse de la lame d’origine ou
elle s’adapte partiellement à la vitesse de la lame traversée tout en continuant son parcours
dans la même direction, reste à vraie dire une question entièrement ouverte. Le concept
de longueur de mélange de Prandtl est en fait analogue, jusqu’à certain dégrée, à la notion
de parcours moyen utilisé dans la théorie cinétique des gaz, la différence étant que cette
dernière est associée au mouvement microscopique des molécules, tandis que la première
traite le mouvement macroscopique d’une agglomération de particules fluide.
On pourrait aussi imaginer que la vitesse transversale de fluctuation prend naissance de
la manière suivante : Considérons deux parcelles du fluide se rencontrant dans une lame à
distance y1 , la plus lente provenant de (y1 −l) avant la plus rapide de (y1 +l). Dans ce cas une
collision aura lieu à la vitesse 2u′ entre ces deux parcelles et elles s’éloignent obliquement.
Cela est en effet équivalent à l’existence d’une composante transversale de vitesse dans les
deux directions par rapport à la couche en y1 . Si les deux parcelles apparaissent dans l’ordre
inverse, elles auront été séparé à une vitesse égale à 2u′ avec l’espace entre elles ainsi laissé
vide serait rempli par le fluide environnât, donnant lieu aussi à une composante transversale
de vitesse dans les deux directions en y1 . Cet argument implique la composante transversale
v ′ est du même ordre de grandeur que u′ et pn pose
du
v ′ = constante × u′ = constante × l . (12.27)
dy
A fin de trouver une expression pour la contrainte de cisaillement à partir de l’équation
(12.25) un examen plus approfondi de la valeur moyenne u′ v ′ est nécessaire. Il en suit
de la présentation précédente que les parcelles qui arrivent à la couche y1 avec une valeur
positive de v ′ donne lieu ”plus probablement” à u′ négative de sort que leur produit u′ v ′
est négatif. Les parcelles à une valeur négative de v ′ (provenant d’en haut selon la figure
12.5) sont ”plus probablement” associée à u′ positive et le produit u′ v ′ est négatif une fois
encore. Le terme qualitatif ”plus probablement” dans le contexte plus haut exprime le fait
que l’apparence des particules pour lesquelles u′ est d’un signe apposé à celui ci-dessus n’est
pas exclu mais est, néanmoins, beaucoups moins fréquent. Ainsi que la moyenne temporelle
u′ v ′ est différente de nulle, et négative. On suppose alors que

u′ v ′ = −c u′ · v ′ , (12.28)

où 0 < c < 1 (c 6= 0).


◮ Remarque 12.3 : Rien n’est en fait connu sur le facteur numérique c dans l’équation (12.28),

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Introduction à la turbulence

mais il parait qu’il soit, en essence, idéntique au facteur de correlation défini par
u′ v ′
ψ=p p
u′2 v ′2
et dont la valeur s’étend jusqu’à ψ = −0.45. ◭
Il vient qu’on obtient ’en combinant les équations (12.26) et (12.28) :
 2
′ ′ 2 du
u v = −constante × l .
dy
Par ailleurs on note que la constante dans cette équation est différente de celle dans
l’équation (12.27), car la première contient implicitement le facteur c de l’équation (12.28).
La constante peut être inclu dans la longueur de mélange, qui est encore inconnue, et on
peut écrire
 2
′ ′ 2 du
u v = −l .
dy
Par conséauent, la contrainte de cisaillement donnée dans l’équation (12.25) peut s’écrire
comme
 2
2 du
τt = ρ l .
dy
En tenant compte que le signe de τt doit changer avec celui de du/dy, il vient qu’il est plus
correct d’écrire
du du
τt = ρ l2 . (12.29)
dy dy
Voilà donc l’hypothèse de longueur de mélange de Prandtl.
En comparant l’équation (12.29) avec l’hypothèse de Boussinesq dans l’équation (12.21),
on trouve l’expression suivante pour la viscosité tourbillonnaire (ou apparente) :
du
νT = ρ l2 (12.30a)
dy
et pour la viscosité cinématique tourbillonnaire (ou apparente) de l’équation (12.23) :
du
ε = l2 . (12.30b)
dy
Il est à noter que la logueur de mélange l est une notion locale.
◮ Remarque 12.4 : Notons que l’équation de Prandtl, (12.30), pour la contrainte de cisaille-
ment dans un écoulement turbulent, est en fait insatisfaisante car elle implique que la viscosité
cinématique apparente, ε dans (12.30b), s’annul aux points où du/dy = 0, c’est-à-dire aux points où
la vitesse est maximale. Mais un tel résultat est certainement en contradiction avec non seulement
l’anyalyse physique, compte tenu du fait que la mélange provoquée par la turbulence ne s’annul
point là où la vitesse est maximale, mais également en contradiction avec les résultats obtenus
expérimentalement. ◭

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12.5 Hypothèses théoriques 159

12.5.2. Hypothèse de similitude do Von Kármán. Alors que Prandtl proposa


une analyse phénoménologique, Von Kármán suivit en revanche une démarche basée sur
l’analyse dimensionnelle et similitude pour l’écoulement turbulent. Von Kármán fit une
tentative pour établir un règle de similitude pour les fluctuations turbulentes à tous points
du champs de vitesse, c’est-à-dire qu’elles diffèrent d’un point à l’autre seulement par des
échelles de temps et de longueur. Les unités du temps et de longueur peuvent alors être
remplacées par des unité fondamentales de temps et de vitesse. À cette fin la longueur de
mélange l peut être choisie comme une longueur caractéristique pour la fluctuation, tandis
qu’une vitesse caractéristique de turbulence peut formée en se basant sur la contrainte de
cisaillement turbulente :
s
q
|τt |
v∗ = = u′ v ′ (12.31)
ρ
La vitesse v∗ est appelée vitesse de frottement et représente une mesure de l’intensité de
turbulence tourbillonnaire et du transfert de quantité de mouvement provoqués par ces
fluctuations.
Par conséquent Von Kármán arriva à la relation suivante
du/dy
l=χ (12.32)
d2 u/dy 2
où χ est une constante sans dimensions. Ensuite Von Kármán obtint, en se basant sur le
principe de similitude, l’expression suivante pour la contrainte de cisaillement turbulent :
du du
τt = ρl2 (12.33)
dy dy
qui est idéntique à la formule déduite par Prandtl selon la théorie de longueur de mélange,
à savoir l’équation (12.29). Il en suit alors qu’en combinant (12.32) avec (12.33) que la
contrainte de cisaillement turbulent s’écrit sous la forme :
 4
du
dy
τt = ρχ2  2 2 . (12.34)
du
dy 2

12.5.3. Distribution universelle de vitesse de Kármán–Prandtl. Nous somme


maintenant en mesure à développer une expression pour la distribution de vitesse. Pour cela
on considère un courant d’écoulement turbulent le long d’une plaque plane dont la vitesse
est u(y), y désignant la distance mesurée de la paroi. Supposons en suivant Prandtl qu’aux
voisinage de la paroi la longueur de mélange est proportionnelle à la distance y :
l = χ y, (12.35)
où χ est une constante adimensionnelle à déterminer expérimentalement. Cet hypothèse
est en effet raisonnable car la contrainte de cisaillement turbulent s’annule à la paroi car

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Introduction à la turbulence

simplement les fluctuations y disparaissent. Il vient alors, toujours selon Prandtl, que la
contrainte de cisaillement turbulent prend la forme :
 2
2 2 du
τt = ρχ y (12.36)
dy
Ensuite, Prandtl supposa que la contrainte de cisaillement demeure constante, c’est-à-dire
τ = τy=0 = τ0 ce qui permet de réécrire l’expression pour la vitesse de frottement sous la
forme : r
τ0
u∗ = , (12.37)
ρ
et par conséquent
 2
2 2 2 du
u∗ = χ y . (12.38)
dy
D’où :
du u∗
= . (12.39)
dy χy
En intégrant cette équation, il vient :
u∗
u= ln y + C (12.40)
χ
La constante d’intégration est à déterminée grace aux conditions à la paroi où elle sert à
raccorder la distribution de vitesse turbulente à celle dans la sous–couche laminaire. Ainsi,
on détermine C en appliquant la condition que u = 0 à une certaine distance y0 mesurée de
la paroi. D’où on pose :
ν
y0 = β , (12.41)
u∗
où β désigne une constante adimensionnelle. En rapportant β dans (12.40), on obtint :
u 1 h yu∗ i
= ln − ln β) (12.42)
u∗ κ ν
où (yu∗/ν) est un nombre de Reynolds et β = u∗ τy=0 /ν est une constante sans dimension
exprimant l’ordre de grandeur de la sous-couche laminaire, voir figure 12.2. κ est une
constante adimensionnelle à déduire des résultats expérimentaux.
On appelle la loi (12.42) loi logarithemique (universelle) de vitesse, trouvée séparément
par Von Kármán et Prandtl. Pourquoi universelle ? Car cette relation est indépendante de
nombre Reynolds caractérisant l’écoulement.
La loi de vitesse (12.42) fut dérivée pour décrire la distribution de vitesse dans une
conduite de section rectangulaire mais elle s’est avérée aussi valable pour une conduite
cylindrique.
La constante κ est ”indépendante” de la nature de paroi (rugueuse ou non–rugueuse) et
universelle. On appelle κ constante universelle de Von Kármaán, κ ≈ 0.4.
Notons qu’à l’encontre de κ, la valeur de β dépend de la nature de surface et est en fait
associée à la rugosité.
◮ Remarque 12.5 :

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12.5 Hypothèses théoriques 161

• La loi universelle de la répartition de vitesse, équation (12.40), n’est pas valable dans
la sous–couche laminaire où la contrainte de cisaillement turbulent devient trop petite
devant la contrainte de cisaillement laminaire.
• L’hypothèse de contrainte de cisaillement turbulent constant, équation (12.37), valable
seulement dans la sous–couche laminaire, implique une répartition linéaire de vitesse :
du
ρu2∗ = τ0 ∼
= τxy = µ . (12.43a)
dy
D’où
u u∗ y
= . (12.43b)
u∗ ν
• L’épaisseur de la sous–couche laminaire est donnée par
δ∼= 5(ν/u∗ ) (12.44)
et par conséquent 0 < u∗ y/ν < 5. ◭
Il est commode de poser
u
u+ = , (12.45a)
u∗
yu∗
y+ = (12.45b)
ν
et réécrire l’équation (12.42) sous la forme
u+ = A ln y + + B (12.46a)
où
1 1
A= = 2.5; B = − ln β (12.46b)
κ κ
En dérivant la loi (12.42) seules les tensions (contraintes) de Reynolds ont été prises en
compte; (12.42) peut donc être vue comme une approximation asymptotique uniquement
valable pour un grand nombre de Reynolds.
Quand le de Reynolds est plus petit, l’influence du frottement laminaire s’étend à
l’extérieur de la sous–couche laminaire, et l’expérience montre qu’il existe une loi de puis-
sance pour la distribution de vitesse :
1/n
u+ (y + ) = Cy + . (12.47a)
où l’exposant n est approximativement égale à 1/7, mais varie dans certain mesure avec le
nombre de Reynolds.
La loi logarithmique de répartition de vitesse est également valable loin de la paroi. Si
u = u = Umax = U∞ en y = δ, on obtient alors pour la constante de l’intégration C (voir
(12.40)) :
U∞ 1
= ln δ + C
u∗ χ
et par conséquent on peut exprimer la répartition de vitesse en fonction de la différence de
vitesse :  
U∞ − u 1 δ
= ln . (12.48)
u∗ χ y

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Introduction à la turbulence

12.5.4. Force du frottement à la paroi. Pour calculer la force de frottement sur


une plaque plane à zéro incidence (∂p/∂x = 0) on utilise souvent la loi de puissance en
supposant que la distribution de vitesse satisfait la relation
u  y 1/7
= (12.49)
U∞ δ
où U∞ est la vitesse de courant libre et δ(x) désigne l’épaisseur de la couche limite exprimée
en fonction de la distance x de bord d’attaque. Cette hypothèse implique en fait que les
profiles de vitesse le long de la plaque obéissent à une lois de similitude.
L’équation exprimant la contrainte de cisaillement à la paroi en fonction de δ est la
même que celle pour l’écoulement dans une conduite circulaire :
 1/4
τ0 ν
2
= 0.0225 (12.50)
ρU∞ U∞ δ
où τ0 = τy=0 est la valeur de contrainte à la paroi. À partir des définitions de l’épaisseur de
déplacement (11.31) et l’épaisseur de la quantité de mouvement (11.32) on peut calculer δ1
et δ2 :
δ 7
δ1 = ; δ2 = δ (12.51)
8 72
En rapportant ces résultats dans (11.43), et puis en utilisant (12.50), on obtient l’équation
différentielle  1/4
7 dδ τ0 ν
= 2
= 0.0225 (12.52)
72 dx ρU∞ U∞ δ
dont l’intégration, avec la valeur initiale δ(x = 0) = 0, conduit à
 −1/5
U∞ x
δ(x) = 0.37x (12.53)
ν
et par conséquent
 −1/5
U∞ x
δ2 = 0.036x (12.54)
ν
Alors que l’épaisseur de la couche limite laminaire s’accroı̂t avec x1/2 , on remarque que
l’épaisseur de la couche limite turbulent varie avec x4/5 .
Pour une plaque de longueur l et largeur b, la force de frottement est donnée par
Z x Z δ(x)
′ ′ 2
D(x) = b τ (x )dx = bρ u(U∞ − u)dy = bρU∞ δ2 (12.55a)
0 0
compte tenu de (11.32) et (11.43). Il vient
 −1/5
U∞ l
D(l) = 0.036l (12.55b)
ν
Avec ce résultat on définit un coefficient de frottement Cf et un coefficient de traı̂née Cx :
τ0 dδ2 D δ(l)
Cf = 1 2
=2 , ou Cx = 1 2 bl
=2 . (12.56)
2
ρU∞ dx 2
ρU∞ l

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12.5 Hypothèses théoriques 163

On peut écrire à partir de (12.54),


 −1/5  −1/5
U∞ x U∞ l
Cf = 0.0576 , et Cx = 0.072 (12.57)
ν ν
La dernière formule fournit un bon accord avec les résultats expérimentaux pour des plaques
dont la couche limite turbulentes est comptée à partir du bord d’attaque, si la constante
numérique 0.072 est remplacée par 0.074. Ainsi :
−1/5
Cx = 0.074Rel ; 5 × 105 < Rel < 107 . (12.58)

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CHAPITRE 13

Écoulements compressibles

13.1. Introduction
On dit qu’un écoulement est compressible dès que la vitesse caractéristique y devient
de l’ordre de (ou supérieure à) la vitesse du son dans le milieu fluide. Deux phénomènes
caractérisent alors l’écoulement des écoulements incompressibles : le premier prend la forme
d’une discontinuité (un saut ou un changement brutale) dans les propriétés de l’écoulement
appelé onde de choc; le deuxième relève de l’étranglement de l’écoulement qui se manifeste
quand les conditions en aval, au-delà d’une valeur (ou valeurs) critique(s), n’ont aucune
effet sur les conditions en amont.
Des écoulements compressibles sont rencontrés dans des nombreaux processus naturels
et technologiques. Quant au fluide, il peut être l’air, la vapeur, de gaz naturel, l’azote,
l’hélium ou d’autre fluide.

13.2. L’équation d’énergie et le premier et deuxième principe de la


thermodynamique
L’équation de la conservation d’énergie (D.13) s’écrit sous la forrme :
 
De D 1 1 1
+p = − ∇(λ∇T ) + Φ (13.1)
Dt Dt ρ ρ ρ
où e désigne l’énergie massique interne, λ la conductivité thermique de fluide, T la température
thermodynamique et Φ la dissipation thermique due à la viscostité.
Le premier principe de la thermodynamique est donné par
 
1
de = dq − pdϑ = de − pd
ρ
où ϑ désigne le volume massique. En fonction de l’entropie, cette équation s’écrit sous la
forme :  
1
T ds = de + pd (13.2)
ρ
En notant que pour un fluide en mouvement la forme differentielle
d(.)
dt
représente la derivée particulaire
D(.)
Dt

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Écoulements compressibles

l’équation (13.2) s’écrit alors sous la forme


Ds 1 1
T = − ∇(λ∇T ) + Φ (13.3)
Dt ρ ρ
Il vient alors qu’un processus adiabatique n’implique pas seulement l’absence d’échange
thermique mais aussi l’absence de dissipation visqueueses, soit Φ = 0 qui est bien le cas
pour tout fluide parfait. D’où :
Ds
T = 0. (13.4)
Dt
Par ailleurs, on peut aussi exprimer l’équation de l’énergie en foction de l’enthalpie. Cela
fait en notant que
De Dϑ De Dϑ Dp Dp Dh Dp
+p = +p +ϑ −ϑ = −ϑ
Dt Dt Dt Dt Dt Dt Dt Dt
ce qui conduit à écrire :
Dh Dp 1 1
=ϑ − ∇(λ∇T ) + Φ (13.5)
Dt Dt ρ ρ
On utilisera cette équation pour décrire les relations de saut de part et d’autre d’une onde
de choc.

13.3. Ondes sonors : propagation des petites perturbations de pression


Il est commode de commencer l’étude d’écoulements compressibles par l’étude des prop-
agations d’ondes de pression à faible amplitude permettant à négliger le terme non linéaire
(−

v · ∇)−→v dans l’équation d’Euler. On considère alors un fluide au repos perturbé par des
changements infinitésimales (.)′ dans les grandeurs physiques. Cela nous ramène à poser :
p = p + p′ , ρ = ρ + ρ′ , −
0 0
→v =− →
v′ (13.6)
où les valeurs (.)0 sont des valeurs de l’équilibre au repos tel que ρ′ ≪ ρ0 et p′ ≪ p0 . En
rapportant ces variables dans l’équation de continuité
∂ρ
+ ∇ · (ρ−→v)=0
∂t
on tire au premier ordre d’approximation
∂ρ′
+ ρ0 ∇ · −

v =0 (13.7a)
∂t
où nous avons écrit −
→v′=− →v pour alléger la notation. L’équation d’Euler
 −
∂→

v −
→ −

ρ + ( v · ∇) v = −∇p
∂t
se réduit alors à :
∂−
→v 1
= − ∇p′ . (où − →v′=− →v) (13.7b)
∂t ρ0
Avec (13.7a) et (13.7b) on dispose de deux équations en trois inconnus, à savoir ρ′ , p′ et

→v . Il nous faut donc une troisième pour fermer le modèle ce qui nous renvoi aux relations
thermodynamiques. Or, en notant que pour un fluide parfait une onde sonore représente

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13.3 ondes sonors 167

un processus adiabatique (donc isentropique) on se rende compte que ρ′ et p′ peuvent être


reliés en faisant usage de la notion de compressibilité isentropique
 
1 ∂ρ0
κs = .
ρ0 ∂p0 s
aux conditions (.)0 de propagation de l’onde.
◮ Remarque 13.1 : Pour un gaz parfait l’on obtient :
 
′ ′ 1 ∂ρ0 1 cv
ρ = κs ρ0 p , κs = = = (13.8)
ρ0 ∂p0 s γp0 cp p0
car le processus est isentropique1. ◭
Il est opportune maintenant d’introduire le potentiel de vittes ϕ (− →v = ∇ϕ) et déduire
par conséquence de l’équation (13.7b) que
∂ϕ
p′ = −ρ0 . (13.9)
∂t
En combinant (13.7a), (13.8) et (13.9) on trouve une équation pour ϕ :
 
∂2ϕ 2 2 2 1 ∂p0
− a0 ∇ ϕ = 0, a0 = = . (13.10a)
∂t2 ρ0 κs ∂ρ0 s
On aurait pu, par ailleurs, éliminer −

v et ρ′ pour aboutir à une équation en p′ uniquement
(ou éliminer ρ et p pour aboutir à une équation en −
′ ′ →v ), soit
∂ 2 p′
− a20 ∇2 p′ = 0, (13.10b)
∂t2
ou soit
∂2−
→v
− a20 ∇2 −

v = 0, (13.10c)
∂t2
Ces trois équations ont la même forme appelée équation d’ondes où la constante a0 désigne
la célérité de propagation d’ondes sonores ou en abrégé célérité du son.
13.3.1. Ondes planes. Si l’ondes se propage dans une seule direction, par exemple la
direction des x, les équations (13.10) se réduisent alors à :
∂2ϕ 2
2∂ ϕ
− a 0 = 0, (13.11a)
∂t2 ∂x2
∂ 2 p′ 2∂ p
2 ′
− a0 = 0, (13.11b)
∂t2 ∂x2
∂2u 2
2∂ u
− a 0 = 0. (13.11c)
∂t2 ∂x2
1En utilisant le développement de Taylors :
 
∂ρ0
(ρ(p0 + p′ ))s = ρ0 + p′ + · · · = ρ0 + ρ′
∂p0 s
 
∂ρ0
on tire ρ′ = p′ au premier ordre d’approximation.
∂p0 s

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Écoulements compressibles

◮ Remarque 13.2 : Le front d’une telle onde prend localement la forme d’un plan normale à la
direction de propagation. Le front d’une onde engendrée par une source ponctuelle est sphérique.

La solution générale de (13.11) se présente sous la forme :

ϕ(x, t) = f (x − a0 t) + g(x + a0 t)

qui représente une onde progressive plane. Les autres grandeurs (ρ′ , p′ , u) ont, eux aussi,
des solutions ayant la même forme que cette relation. Pour fixer les idées, supposons que
g = 0. Il vient alors que la valeur de toute grandeur (ρ′ , p′ ou u) portée par une telle onde
reste constante à une valeur η = x − a0 t = constante quelque soit x et t pour une c donnée.
Cela signifie que l’onde se propage dans le sens des x positifs car t est toujours positif. En
revanche, une onde ayant la forme g(x + a0t) représente une onde se propageant dans le sens
négatif des x.
En posant ϕ = f (x − a0 t) pour le potentiel de vitesse l’on obtient :

∂ϕ
u= = f ′ (x − a0 t)
∂x

et l’équation (13.9) conduit alors à :

∂ϕ
p′ = −ρ0 = ρ0 a0 f ′ (x − a0 t).
∂t

D’où

p′ = ρ0 a0 u (13.12)

Cette relation montre que les oscillations de vitesse ont le même signe que celles de pression.
En combinant (13.12) avec (13.8) on obtient une relation entre la vitesse et les oscillation
en masse volumique :

a0 ρ′
u= . (13.13)
ρ0

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13.3 ondes sonors 169

sens de déplacement en masse


u u u u u u u u

compression, p > p0
compression, p > p0

compression, p > p0

compression, p > p0

compression, p > p0
détente, p < p0

détente, p < p0

détente, p < p0
détente, p < p0

sens de propagation

Figure 13.1. Zones de compression et détente, déplacement en masse, di-


rection de vitesse d’oscillations et le sens de propagation d’onde sonore

Figure 13.2. Visulisation d’une onde sonore, photo prise de livre : David
C. Knight & Franklin Watts, The First Book of Sound : A Basic Guide to
the Science of acoustics, Inc. New York (1960), p. 80.

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Écoulements compressibles

Nous avons vu en Thermodynamique que les chaleur spécifiques peuvent être exprimées
sous la forme2
     
∂s ∂s ∂s
cv = T =T , cp = T compte tenu de v = 1/ρ
∂T v ∂T ρ ∂T p
A partire de ces deux relations on peut démontrer la relation de Reech
κT
γ=
κs
où κT est la compressibilité isotherme. Ainsi on peut écrire pour la célérité :
 1/2
γ
a0 = . (13.14a)
ρ0 κT
Pour un gaz parfait, l’on obtient alors :
 1/2
p0
a0 = γ , (13.14b)
ρ0
ce qui nous permet d’évaluer la célérité en fonction des conditions locales de température
et de pression.

13.3.2. Énergie et propagation d’ondes sonores. L’équation de la conservation


d’énergie est donnée par :

De
ρ = −p∇ · −→
v − ∇(λ∇T ) + Φ (13.15)
Dt
où Φ représente la dissipation thermique produite par les forces visqueuses, λ la conductivité
thermique du fluide, T la température et e l’énergie interne par unité de masse. Comme on
s’intéresse aux ondes sonores, on pose :
e = e0 + e′ , T = T0 + T ′
tels que e′ ≪ e0 et T ′ ≪ T0 , et l’on considère le cas d’un fluide parfait ce qui nous permet
de négliger la dissipation thermique le transfert thermique par conduction. Notons que
cette dernière s’annule à tout cas dans un processus isentropique qui est en effet le cas
d’ondes sonores. En portant ces relation de l’équation d’énergie, l’on obtient au premier
ordre d’approximation
De′
ρ0 = −(p0 + p′ )∇ · − →v ′ = −(p0 + p′ )∇ · −→
v (13.16)
Dt
où le terme en p′ a été retenu car l’énergie cinétique est représentée par un terme quadratique
en v ′ . Ici, nous avons posé − →
v′ =− →v comme indiqué précédemment, voir équations (13.7a)
et (13.7b). La première équation fournit
1 Dρ′
∇·−

v =−
ρ0 Dt
2Voir polycopié de cours de Thermodynamique, chapitre 4, eqs (4.14) et (4.15)

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13.3 ondes sonors 171

qui, combinée avec (13.8), conduit à :



Dp
∇·−→v = −κs
Dt
et par conséquence l’équation (13.16) devient :
De′ ′ Dp

ρ0 = κs (p0 + p ) (13.17)
Dt Dt
Étant donné que le développent en cours se fait dans le cadre des approximations linéaires,
on admet que :
D ∂
= ,
Dt ∂t
et l’équation (13.17) s’intègre en :

1 2
ρ0 e′ = κs p0 p′ + κs p′ (13.18a)
2
où la constante de l’intégration a été déterminée de l’état (.)0 . Noter que le premier terme
reflet le travail des forces de pression produit par la propagation de son. Quant au terme
quadratique en p′ , il désigne ce que l’on appelle l’énergie acoustique potentielle et prend la
forme de travail dû uniquement aux oscilations en pression et masse volumique.

13.3.3. Onde sonore d’une source mobile. On considère maintenant une source
sonore S en mouvement, à une vitesse constante U, dans un fluide au repos s’étendant à
l’infini. Il existe trois cas à distinguer selon le rapport entre la vitesse de source et la vitesse
de son.
U <a U =a U >a

at at 2α U
U U
at
S S S

Ut Ut Ut

U < a : vu que la distance parcourue par la source Ut dans ce cas est inférieure à celle
parcourue par le front d’onde at, les fronts d’ondes sonores émises par la source au
cours de temps deviennent emboı̂tés.
U > a : la distance parcourue par la source Ut est supérieure à celle parcourue par le front
d’onde at. Les ondes émises par la source au cours de son mouvement dans ce cas
forme une enveloppe conique dont le demi angle au sommet est égale à
at a 1
sin α = = = . (13.19)
Ut U M
On appelle le nombre M = U/a le nombre de Mach et α l’angle de Mach.

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Écoulements compressibles

U = a : ce cas représente la limite intermédiaire entre les deux cas précédents lorsque les
fronts de tous les ondes émises par la source au cours de son mouvement s’emboı̂tent
à un seul point donné par la position de source sonore en mouvement.

On appelle respectivement ces trois régimes : régime subsonique, régime supersonique et


régime transsonique; ce dernier corresponde à la formation d’ondes de choc, provoquée par
l’emboı̂tement d’ondes de surpression en un seul correspondant au point source. Quand la
vitesse de source augment de U < a à U > a, une onde de choc se forme à l’instant où
U = a, on dit alors la source franchit le mur du son des que U dépasse a; un bel exemple
est fourni à la figure 13.3.3.

Figure 13.3. Franchissement du mur de son

13.4. Onde de choc en 1D : l’exemple d’un piston en mouvement


dans cette section on considère l’onde de choc produite par le mouvement rapide d’un
piston (par exemple suite à la phase d’ignition d’un moteur à quatre temps). Posons up pour
la vitesse de piston et c (up > c, pourquoi ?) pour celle du choc et désignons par l’indice 1
toute variable en aval de l’onde et par 2 sa valeur en amont de l’onde. On constate que la
vitesse de toute particule fluide se trouvant entre le piston et l’onde est égale à la vitesse du
piston tandis qu’en amont de l’onde la vitesse est celle de fluide non perturbé, donc égale à
nulle. La repartition de vitesse est ainsi discontinue comme illustrée sur la figure.

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13.4 Onde de choc en 1D : l’exemple d’un piston en mouvement 173

up > c
u

111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000 x
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
10
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
up 10 c
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
up 10
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
1010
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111 u=0
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
ρ2 , p2 0
1
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
ρ1 , p1
10
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
Figure 13.4. Onde de choc prouduite unidimensionnelle.

Analysons maintenant l’écoulement dans un repère lié à l’onde en ajoutant une vitesse
égale à −c au fluide. Pour appliquer les principes de la conservation de masse et de quantité
de mouvement on considère un volume de contrôle entourant l’onde de choc, comme illustré
dans la figure suivante :
u1 = c
u

u2 = up − c
x
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
u2 = up − c 1010
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111c
10
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
0
1
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
ρ2 , p2 10 ρ1 , p1
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
10
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111
000000000000000000000000000000000000000
111111111111111111111111111111111111111 u1 = c

Figure 13.5. Onde de choc prouduite unidimensionnelle.

On obtient alors :
ρ1 cS = ρ2 (up − c)S (13.20a)
et :
− ρ1 c2 S + ρ2 (up − c)2 S = (p1 − p2 )S (13.20b)
où S est la section de piston. En combinant ces deux équations l’on obtient :
ρ21 c2 ρ1 ρ1
JpK = p2 − p1 = ρ1 c2 − = (ρ2 − ρ1 ) c2 = JρKc2 (13.20c)
ρ2 ρ2 ρ2
où J.K désigne le saut dans la valeur de variable à travers l’onde de choc. Ainsi, la vitesse
de choc est donnée par
 1/2
ρ2 JpK
c= (13.20d)
ρ1 JρK

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Écoulements compressibles

D’après cette équation, on note que la vitesse de propagation d’une onde de choc dépend
des conditions de pression et de densité en aval et en amont de choc. Notons aussi que
quand p2 → p1 , ρ2 → ρ1 , et par la suite cette formule tend vers la forme suivante :
 1/2  1/2
∼ ∆p ∼ ∂p
c= = = a, vitesse de son (13.20e)
∆ρ ∂ρ

13.5. Onde de choc


Nous allons maintenant mettre en évidence les conditions de saut et leur dépendance
de conditions thermodynamiques de l’écoulement. Pour cela on considère un écoulement
unidimensionnel en régime permanent d’un fluide parfait à comportement de gaz parfait,
c’est-à-dir d’un fluide idéal (µ = λ = 0). Les variables ne dépendent alors que d’une
dimensions (x). Comme dans la section précédent, on utilisera les indice 1 et 2 pour désigner
respectivelent les conditions en amont (avant) et en aval (après) de l’onde de choc. De plus,
nous supposons que les chaleurs spécifiques de gaz parfait restent constantes à travers le
choc. Ainsi, les équations de la conservation de masse, de quantité de mouvement et de
l’énergie (13.5) se réduisent à :
dρu
= 0, (13.21a)
dx
du dp
ρu = − , (13.21b)
dx dx
dT dp
ρcp = (13.21c)
dx dx
où on a utilisé dh = cp dT pour un gaz parfait.
À ces équations, on doit adjoindre l’équation d’état :
p = RρT (13.21d)
où R est la constante du gaz en J/(kg K).
Alors, l’équation de continuité contuité (13.21a) donne :
ρ1 u1 = ρ2 u2 (13.22a)
Si on utilise, (13.21a), l’équation (13.21b) se modifie en :
dρu du dp
u + ρu =−
dx dx dx
soit :
d  dp
ρu2 + =0
dx dx
qui s’intègre en :
ρ1 u21 + p1 = ρ2 u22 + p2 (13.22b)
1 2
Quant à l’équation (13.21c), en remplaçant dp/dx par −d( 2 u )/dx, l’on obtient après
intégration :
1 1
cp T1 + u21 = cp T2 + u22 (13.22c)
2 2

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13.5 Onde de choc 175

Comparer ce dernier résultat avec l’équation de consrevation d’énergie démontrée en ther-


modynamique pour un système fermé en écoulement stationnaire.
Pour un gaz parfait, on note que la vitesse de son est donnée par :
 
2 ∂p ∂ p
a = = (Cte. × ργ ) = γ = γRT = γ(cp − cv )T = (γ − 1)cp T
∂ρ s ∂ρ ρ
ce qui permet de réécrire l’équation (13.22c) sous la forme :
a21 1 a22 1
+ u21 = + u22 (13.23)
γ−1 2 γ−1 2
Si l’on introduit le nombre de Mach, défini par :
vitesse de l’écoulement u
M= = (13.24)
vitesse de son dans le milieu fluide a
dans (13.23), on obtient alors pour un écoulement à nombre de Mach unité M = 1, c’est-à-
dire u = uc = ac , la relation suivante :
a21 1 a22 1 γ + 1 a2c
+ u21 = + u22 = (13.25)
γ−1 2 γ −1 2 γ−1 2
13.5.1. L’équation de Rankine-Hugoniot. La célèbre équation de Rankine-Hugoniot
exprimant la différence de l’enthalpie de part et d’aure du choc peut être obtenue à partir
de (13.22a), (13.22b) et (13.21c) exprimée en fonction de l’enthalpie. Pour un écoulement
unidimensionnel en régime permanent l’on obtient de l’équation d’énergie :
 
dh dp d 1 2
ρ = =ρ − u (13.26)
dx dx dx 2
Ainsi, à l’aide de (13.22a) et (13.22b), cet équation peut se réécrire après intégration sous
la forme :
1 2  1
h2 − h1 = u1 − u22 = (u1 + u2 ) (u1 − u2 )
2 2
1 p2 − p1
= (u1 + u2 ) , en utilisant (13.22a) puis (13.22b)
2 ρ1 u1
 
1 1 1
= + (p2 − p1 ), en utilisant (13.22a). (13.27)
2 ρ1 ρ2
On appelle (13.27) l’équation de Rankine-Hugoniot.
13.5.1.1. Relation de saut entre la pression et densité de par et d’autre du choc. Pour
un gaz parfait on a :
γ p
h = cp T =
γ −1ρ
Alors, en reportant cet équation dans (13.27) on tire la relation suivante donnant p2 /p1 en
fonction ρ2 /ρ1 :
  −1
p2 ρ1 2γ γ + 1 ρ1
= 1+ − 1− (13.28)
p1 ρ2 γ − 1 γ − 1 ρ2

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Écoulements compressibles

La courbe établie sur cette relation est souvent dénommée adiabate dynamique du gaz pour
la distinguer de courbe isentrope basée sur
 γ
p2 ρ2
= .
p1 ρ1
Ces deux courbes sont représentées sur la figure 13.6.
Notons qu’une singularité s’obtient quand
ρ2 γ+1
= .
ρ1 γ−1

10
 γ
p2 ρ2
=
8 p1 ρ1

6 Équation (13.28)
p2 /p1

0
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
γ−1
ρ1 /ρ2
γ+1

Figure 13.6. Illustration de courbe de Rankine-Hugoniot d’un gaz parfait


à γ = 1.4

13.5.1.2. Relation de Prandtl du choc u1 u2 = a2c . À partir des équations de la conserva-


tion de masse (13.22a) et de quantité de mouvement (13.22b), l’on obtient :
p2 − p1 = ρ1 u1 (u1 − u2) (13.29a)
ρ2 − ρ1 = ρ1 (u1 /u2 − 1) (13.29b)
D’où :
p2 − p1
= u1 u2 (13.30)
ρ2 − ρ1

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13.6 Écoulement unidimensionnel isentropique 177

Compte tenu de l’équation d’état d’un gaz parfait, l’équation d’énergie (13.22c) peut s’écrire
sous la forme :
γ p1 1 2 γ p2 1 2 γ + 1 a2c
+ u1 = + u = (13.31)
γ − 1 ρ1 2 γ − 1 ρ2 2 2 γ − 1 2
Or, la différence de vitesse (d’après (13.22a) et (13.22b)) s’exprime par :

p2 − p1 p2 p1
u1 − u2 = = − (13.32)
ρ1 u1 ρ2 u2 ρ1 u1
En utilisant (13.31), on peut trouver des expressions pour le premier et deuxième termes
du deuxième membre de (13.32) :
p1 γ + 1 a2c γ−1 p2 γ + 1 a2c γ−1
= − u1 , = − u2
ρ1 u1 2γ u1 2γ ρ2 u2 2γ u2 2γ
Ainsi, l’équation (13.29a) se transforme en :
 
γ+1 2 1 1 γ−1
u1 − u2 = ac − + (u1 − u2 ) (13.33)
2γ u2 u1 2γ
D’où, l’on obtient :  
γ + 1 a2c γ −1
(u1 − u2 ) −1+ =0
2γ u1 u2 2γ
dont les solutions sont u1 = u2 , (une solution triviale) et :
p2 − p1
u1 u2 = a2c = , La relation de Prandtl du choc (13.34)
ρ2 − ρ1

13.6. Écoulement unidimensionnel isentropique


Ici nous nous intéressons aux écoulements idéaux (écoulements en fluide parfait) uni-
dimensionnel d’un gaz parfait en régime permanent dans une conduite de section A(x).
Notre intérêt sera particulièrement porté sur les relations exprimant l’évolution des vari-
ables physiques en fonction de nombre de Mach le long de la conduite. Mais pourquoi
étudi-t-on un écoulement aux conditions idéales ? Un telle étude s’avère importante pour
deux raisons :
(1) elle fournit d’informations sur l’évolution de l’écoulement et mettre en évidence des
paramètres importants,
(2) elle permet d’introduire ultérieurement des facteurs pouvant tenir compte des déviations
de l’état idéal.
13.6.1. L’état de stagnation du modèle de gaz parfait. Par l’état de stagnation
on entend dire un état théorique dans lequel l’écoulement est ramener dans un processus
isentropique à un état d’équilibre à vitesse nulle sans faire intervenir aucune force extérieure
telle que la force de gravité. On notera un tel état par l’indice zéro “0”.
L’équation d’énergie peut s’écrire alors sous la forme :
1
h + u2 = h0 (13.35a)
2

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Écoulements compressibles

qui, pour un gaz parfait, prend la forme :

1
cp T + u2 = cp T0 (13.35b)
2

où nous admis que les chaleur spécifiques restent constante. Or compte tenu de la relation
thermodynamique R = cp − cv = cp (γ − 1)/γ pour un gaz parfait, et la célérité du son locale
a2 = γp/ρ = γRT , l’équation (13.35b) peut s’écrire, après division par cp T , sous la forme :

γ − 1 u2 T0
1+ 2
= (13.35c)
2 a T

Alors, en introduisant le nombre de Mach M = u/a dans cette équation l’on obtient :

T0 γ−1 2
=1+ M (13.36)
T 2

Ainsi, on déduit que pour un gaz parfait en écoulement isentropique (unidimensionnel et en


régime permanent) les relations suivantes :
 γ/(γ−1)  γ/(γ−1)
p0 T0 γ−1 2
= = 1+ M , (13.37)
p T 2
 1/(γ−1)  1/(γ−1)
ρ0 T0 γ−1 2
= = 1+ M (13.38)
ρ T 2

Quant au rapport des vitesses acoustiques, on obtient :


 1/2  1/2
a0 T0 γ−1 2
= = 1+ M (13.39)
a T 2

Introduisant maintenant le cas M = Mc = 1 désigné par l’indice c. Les rapports des


valeurs correspondant à M = 1 aux valeurs de stagnation ne dépendent que des rapports
des chaleurs suivantes :

Tc a2 2
= 2c = , (13.40)
T0 a0 γ+1
 γ/(1+γ)
pc 2
= , (13.41)
p0 γ+1
 1/(1+γ)
ρc 2
= (13.42)
ρ0 γ+1

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13.6 Écoulement unidimensionnel isentropique 179

1
T /T0
p/p0
ρ/ρ0
0.8

0.6

0.4

0.2

0
0 2 4 6 8 10
Nombre de Mach, M

Figure 13.7. Évolution des proprietés physiques par rapport aux conditions
de stagnation avec le nombre de Mach ; un gaz parfait à γ = 1.4

13.6.2. Relations à faible nombre de Mach. À faible nombre de Mach, par ex-
emple M ≤ 0.1, on peut utiliser le développement de Taylor pour trouver de bonnes ap-
proximations mettant en évidence l’effet de compressibilité sur l’écoulement. Ainsi, il suffit
d’appliquer le développement polynôme :
n(n − 1) 2 n(n − 1)(n − 2) 3
(1 + x)n = 1 + nx + x + x +···
2! 3!
aux expressions précédentes pour p0 /p et ρ0 /ρ. On trouve :
p0 γ γ γ(2 − γ) 6
= 1 + M2 + M4 + M +··· (13.43)
p 2 8 48

ρ0 1 (2 − γ) 4 (2 − γ)(3 − 2γ) 6
= 1 + M2 + M + M +··· (13.44)
ρ 2 8 48
D’où on obtient les expressions normalisées suivantes :
p0 − p γ 2 γ 4 γ(2 − γ) 6
= M + M + M +··· (13.45)
p 2 8 48

ρ0 − ρ 1 2 (2 − γ) 4 (2 − γ)(3 − 2γ) 6
= M + M + M +··· (13.46)
ρ 2 8 48

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Écoulements compressibles

Quant à la chute de pression (p0 − p) normalisée par l’énergie cinétique ρu2 /2), elle peut
être déterminée comme suite :
p0 − p p0 − p
1 2
= 1
2
ρu 2
ρM 2 a2
p0 − p
= 1
2
ρM 2 (γp/ρ)
p0 − p 2
=
p γM 2
Ainsi, en multipliant l’expression (13.45) par (2/γM 2 ) on obtient l’expression recherchée
pour la chute de pression :
p0 − p 1 2 (2 − γ) 2
1 = 1 + M + M +··· (13.47)
2
ρu2 |4 24
{z }
correction de compressibilité

On récupère alors l’équation de Bernoulli pour un écoulement incompressible quand M → 0.


13.6.3. Tuyère de Laval.
Il s’agit d’une conduite convergente-
divergente d’axe rectiligne à sec-
tion A(x) variable comme schématisé
ci-contre sur la figure 13.8. Le dA
fait que dans un écoulement adi- =0
dx
abatique (échange thermique nul
avec l’extérieure) implique que la
dA
T T + dT dA
température de stagnation T0 sera <0 p p + dp >0
constante. cela conduit alors à dx ρ ρ + dρ dx
une pression de constante stagna- u u + du
tion. Alors, si l’on connaı̂t le nombre
de Mach ou la température, on peut
d’après les équations (13.40), (13.41)
et (13.44) déterminer l’évolution
Figure 13.8. Tuyère de Laval avec un
d’autres grandeurs physiques. Les
volume de contôle.
seules grandeurs à relier sont alors la
section de conduite et le nombre de
Mach.
Pour déterminer la relation entre l’évolution de nombre de Mach avec la section de
conduite, on considère les équations de la conservation de masse Compte tenu du caractère
isentropique, la célérité du son dans les conditions locales de l’écoulement est donnée par :
dp = a2 dρ (13.48a)
L’équation de conservation de masse, de quantité de mouvement, d’énergie ainsi que l’équation
d’état. La première,
ρuA = constante = ρc uc Ac ,

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13.6 Écoulement unidimensionnel isentropique 181

écrite sous forme différentielle se transforme en :


dρ du dA
+ + = 0. (13.48b)
ρ u A
En combinant l’équation d’énergie :
dh + udu = 0
et la relation thermodynamique :
dp
T ds = dh −
ρ
on déduit la relation suivante pour un processus isentropique :
dp
+ udu = 0 (13.48c)
ρ
De plus, en dérivant l’équation d’état d’un gaz parfait, p = RρT , et puis en divisant par
RρT , on obtient le résultats différentiel suivant :
dp dρ dT
= + (13.48d)
p ρ T
Alors, il vient qu’en remplaçant du/u obtenue de (13.48b) dans (13.48c) :
du
z u
}|
 {
dp dA dρ
− u2 + =0 (13.49)
ρ A ρ
Or, étant donnée que le processus adiabatique pour un gaz parfait est un processus poly-
trope, p = p(ρ), il vient que
dρ 1
dρ = dp = 2 dp
dp a
et l’équation (13.49) se transformera alors en :
 
u2 dp dA
1− 2 = u2 (13.50a)
a ρ A
ou en fonction de nombre de Mach :
dp ρu2 1 dA
= 2
(13.50b)
dx A 1 − M dx
De plus, si l’on tient compte de (13.48c), on peut aussi écrire :
A du 1 dA
= 2 (13.50c)
u dx M − 1 dx
qui exprime l’accélération de l’écoulement le long de Tuyère. Quant à l’évolution de la
densité, l’on obtient
dρ ρM 2 1 dA ρM 2 du
= = − (13.51)
dx A 1 − M 2 dx u dx

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Écoulements compressibles

Comment la température évolue-t-elle avec le nombre de Mach ? La réponse à cette question


peut être déduite en se rendant compte que les conditions de stagnation sont constantes.
Cela implique
dT0
= 0.
dx
Ainsi, on obtient en dérivant (13.36) par rapport à x :
1 dT (γ − 1)M dM
=− 1 (13.52)
T dx 1 + 2 (γ − 1)M 2 dx

13.6.3.1. Variations de grandeurs physiques avec le nombre de Mach. Examinons main-


tenant les implications physiques de l’équation (13.50b) tout en notant d’abord que les
termes (ρu2 /A) et(ρM 2 /A) sont toujours positifs. On distingue alors les cas suivants :

• Cas subsonique : M < 1



dp
 dx < 0,


dA
< 0 =⇒
dx
 du >


0
dx

dp
 dx > 0,


dA
> 0 =⇒
dx
 du <


0
dx

• Cas supersonique : M > 1



dp


 < 0,
dA dx
> 0 =⇒
dx
 du > 0


dx

dp


 > 0,
dA dx
< 0 =⇒
dx
 du < 0


dx
• Cas sonique : M = 1; dans ce cas il est nécessaire que dA/dx = 0, ce qui
interviendra au col de Tuyère.
◮ Remarque 13.3 : Bien que le cas M = 1 implique nécessairement que dA/dx = 0, celui de
dA/dx = 0 n’implique nullement que M = 1. ◭

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13.6 Écoulement unidimensionnel isentropique 183

13.6.4. Relation entre la section A et le nombre de Mach M. Pour la relation


entre la section A le nombre de Mach M, il suffit de retourner à l’équation (13.48d) et en
substituer pour dp, dρ et dT respectivement à partir de (13.50b), (13.51) et (13.52). On
obtient :
1 ρM 1 dA (γ − 1)M dM ρu2 1 1 dA
2
− 1 2
= 2
,
ρ A (1 − M ) dx 1 + 2 (γ − 1)M dx p A (1 − M ) dx

 M2

z}|{
 M2 ρu2 γ 1  dA (γ − 1)M dM

 A(1 − M 2 ) − 2
 = 1 2
γp A (1 − M ) dx
 1 + 2 (γ − 1)M dx

D’où :
1 dA M2 − 1 dM
= 1
 (13.53)
A dx M 1 + 2 (γ − 1)M dx
2

13.6.4.1. Interprétation de l’équation (13.53). Pour interpréter l’implication physique


de (13.53), notons d’abord que A et [M (1 + (γ − 1)M 2 /2)] prendre toujours des valeur
positives. Il vient alors que (M 2 − 1) jeu un rôle déterminant pour l’évolution de nombre
de Mach avec la section A. On distingue alors les cas suivants :
(1) Cas subsonique : M < 1
 
 dp




 < 0,

 dA dM dx


 < 0 =⇒ > 0,
dx dx
 du > 0

 



M <1:  dx (13.54a)
 dp

 

 dx > 0,


 dA dM

 > 0 =⇒ < 0,
 dx dx
 du < 0

 


dx
(2) Cas supersonique : M > 1
 
dp





 > 0,

 dA dM dx

 < 0 =⇒ < 0,
 dx dx
 du < 0

 



M >1: dx (13.54b)

 dp
 dx < 0,

 



 dA dM

 > 0 =⇒ > 0,
 dx dx
 du > 0

 


dx
(3) Cas sonique : M = 1 ce cas ce qui implique nécessairement que quand M = 1,
dA/dx = 0. Cela veut dire que, pour un écoulement interne, l’écoulement doit

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Écoulements compressibles

passer par un dispositif convergent-divergent pour atteindre une vitesse superson-


ique.
Ces résultats sont illustrés sur la figure 13.6.4.1.

Tuyère de Laval
p0

ρ0 dA
=0
dx
T0

p/p0 (a) ps /p0


Subsonique M < 1 ps /p0 = 1
1
1′
Valeurs
2 décroissanttes
2′ de ps

Supersonique M > 1 3

0 xc x
M (b)
3 Valeurs
décroissanttes
de ps
M =1
2′
2
1′
0 xc x
Figure 13.9. Variations de la pression statique, (a), et de nombre de Mach,
(b), dans une tuyère convergente–convergente. p0 désigne la pression de stag-
nation (supposée constante) régnant à l’entrée de tuyère, ps la pression sta-
tique à la sortie de tuyère.

◮ Remarque 13.4 : La condition dA/dx = 0 n’implique nullement que M = 1 compte tenu du


cas dM/dx = 0. Dans la partie subsonique, un rétrécissement de la section fait (mathématiquement

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13.7 Résumé de relations d’écoulements isentropiques : Théorèmes de Hugoniot 185

parlant) accélérer l’écoulement et conduit à l’accroissement de nombre de Mach. Par contre, une
augmentation de la section conduit à une baisse de vitesse et de nombre de Mach. ◭

13.7. Résumé de relations d’écoulements isentropiques : Théorèmes de


Hugoniot
Les résultats obtenus exprimant l’évolution de propriétés physiques dans un écoulement
isentropique le long de la Tuyère de Laval constituent ce qu’on appelle les théorèmes de
Hugoniot. Ils sont données sous forme de de variations logarithmes du/u, dp/p, dρ/ρ,dT /T
et dM/M :
du 1 dA
Vitesse : = 2 (13.55a)
u M −1 A
dp γM 2 dA
Pression : =− 2 (13.55b)
p M −1 A
dρ M 2 dA
Densité : = − (13.55c)
ρ M2 − 1 A
dT (1 − γ)M 2 dA
Température : = (13.55d)
T M2 − 1 A
dM 1 + 21 (γ − 1)M 2 dA
Nombre de Mach : = (13.55e)
M M2 − 1 A

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ANNEXE A

Formules et Identités Vecorielles

∇ · (a~b) = ~b · ∇a + a∇ · ~b (A.1)
∇ ∧ (a~b) = (∇a) ∧ ~b + a∇ ∧ ~b (A.2)
∇ · (~a ∧ ~b) = ~b · (∇ ∧ ~a) − ~a · (∇ ∧ ~b) (A.3)
∇ ∧ (~a ∧ ~b) = (~b · ∇)~a + ~a(∇ · ~b) − ~b(∇ · ~v ) − (~v · ∇)~b (A.4)
∇(~a · ~b) = (~a · ∇)~b + (~b · ∇)~a + ~a ∧ (∇ ∧ ~b) + ~b ∧ (∇ ∧ ~a) (A.5)
(~a · ∇)~a = (∇ ~ 1 ~a2 )
~ ∧ ~a) ∧ ~a + ∇( (A.6)
2
∇ · (∇ ∧ ~a) = 0 (A.7)
∇ ∧ (∇a) = 0 (A.8)
∇ ∧ (∇ ∧ ~a) = ∇(∇ · ~a) − ∇2~a (A.9)
∇ ∧ (~a · ∇~a) = (∇ ∧ ~a) (∇ · ~a) + ~a · ∇ (∇ ∧ ~a) − (∇ ∧ ~a) · ∇~a (A.10)
Soit S une surface délimitant un volume V , C une courbe délimitant une surface S, ~n le
vecteur unitaire normal extérieur à un élément dS de S et ~r = (x, y, z)t . Alors
Z Z
a ~ndS = ∇a dV (A.11)
S V
Z Z
~n · ~a dS = (∇ · ~a)dV (A.12)
ZS ZV
~n ∧ ~a dS = (∇ ∧ ~a)dV (A.13)
SZ V Z
~n ∧ (∇a)dS = ad~r (A.14)
Z S ZC

~n · (∇ ∧ ~a)dS = ~a · d~r (A.15)


S C

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ANNEXE B

Théorème de transport de Reynolds

Soit un volume materiel D(t) délimité par la surface ∂D(t) ; D(t) pouvant se déplacer
et se déformer. À l’instant t0 , on fait confondre D(t) avec un volume de contrôle V délimité
lui même par la surface S ; à l’instant t0 + δt, D(t) se confonde avec un autre volume de
contrôle V ′ délimié par S ′ . Soit v(~r, t) la vitesse de fluide en un point (~r, t) appartenant à
la surface ∂D(t), voir figure 2.1.

~n
III D(t0 + δt), V ′

D(t0 ), V II
~n

D(t0 + δt) − D(t) (−



v · ~n) δt

I
~n

Figure 2.1. Lors de son déplacement le volume materiel D(t) occupe à


l’instant t0 l’espace désigné par (I + II) et l’espace désigné par II + III
à l’instant t0 + δt.

Soit l’intégrale
Z
F (t) = f (~r, t) dV
D(t)

où f (~r, t) est une propriété physisque quelconque associée au fluide et variant en espace et
en temps. Alors, il vient

dF F (t0 + δt) − F (t0 )


= lim
dt δt→0 δt
(FII + FIII )(t0 + δt) − FV (t0 )
= lim
δt→0 δt

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Théorème de transport de Reynolds

(FII + FIII + FI )(t0 + δt) − FI (t0 + δt) − FV (t0 )


= lim
δt→0  δt 
(FI + FII )(t0 + δt) − FV (t0 ) FIII (t0 + δt) − FI (t0 + δt)
= lim +
δt→0 δt δt
 
FV (t0 + δt) − FV (t0 ) FIII (t0 + δt) − FI (t0 + δt)
= lim +
δt→0 δt δt
∂F FIII (t0 + δt) − FI (t0 + δt)
= + lim
∂t δt→0 δt
car le volume de contrôle V est fixe dans l’espace.
Lors de son mouvement, la surface ∂D(t) balaye soit un volume nouvellement occupé
ou soit un volume évacué par le fluide. Le terme [FIII (t0 + δt) − FI (t0 + δt)]/δt représente
précisement le changement induit par le mouvement de ∂D(t) :
FIII (t0 + δt) = changement en F dû au volume nouvellement occupé
FI (t0 + δt) = changement en F dû au volume évacué
Une surface élémentaire, dS, en mouvement à la vitesse − → v balaye un volume (− →
v · ~n) δt dS
lors de son mouvement dans un intervalle δt. Alors, il vient
Z
f (~r, t)(~v · ~n) δt dS
FIII (t0 + δt) − FI (t0 + δt) S
lim = lim
δt→0 δt δt→0 δt
et par conséquent
Z Z
dF ∂
= f (~r, t) dV + f (~r, t) (~v · ~n)dS
dt ∂t V S
Z Z
∂f (~r, t)
= dV + f (~r, t) (~v · ~n) dS
V ∂t S
| {z } | {z }
variation locale flux de f (~
r ,t) à travers la surface S
Z Z
∂f (~r, t) (B.1)
= dV + ∇ · (f (~r, t) ~v) dV
∂t
ZV ZV
∂f (~r, t)
= dV + [(~v · ∇)f (~r, t) + f (~r, t) ∇ · ~v ] dV
V ∂t V
Z  
Df (~r, t)
= + f (~r, t)∇ · ~v dV
V Dt
On appelle cette équation l’équation de transport de Reynolds.

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ANNEXE C

Tenseur de contraintes, équations de mouvement (∇ · ~v = 0)

Nous écrivons dans ce qui suit les équation de la conservation de la masse et Navier–
Stokes dans les coordonnées cartésiennes, cylindriques et sphériques.

3.1. Coordonnées cartésiennes (x, y, z) avec (u, v, w)


Tenseur de contraintes

 
∂u ∂u ∂v
σxx = −p + 2µ σxy = µ +
∂x ∂y ∂x
 
∂v ∂w ∂u
σyy = −p + 2µ σzx = µ + (C.1)
∂y ∂x ∂z
 
∂w ∂v ∂w
σzz = −p + 2µ σyz = µ +
∂z ∂z ∂y

Équations de Navier–Stokes

 
∂u ∂u ∂u ∂u 1 ∂p ∂2u ∂2u ∂2u
+u +v +w = fx − +ν + + , (C.2a)
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂x ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
 
∂v ∂v ∂v ∂v 1 ∂p ∂2v ∂2v ∂2v
+u +v +w = fy − +ν + + , (C.2b)
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂y ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
 
∂w ∂w ∂w ∂w 1 ∂p ∂2w ∂2w ∂2w
+u +v +w = fz − +ν + + 2 . (C.2c)
∂t ∂x ∂y ∂z ρ ∂z ∂x2 ∂y 2 ∂z

Équation de la conservation de la masse

∂u ∂v ∂w
+ + = 0, (C.3)
∂x ∂y ∂z

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Tenseur de contraintes, continuité et Navier–Stokes pour un fluide incompresible

M
r
θ
y
O

3.2. Coordonées cylindriques (r, θ, x) avec (vr , vθ , vx )


Tensur des contraintes

 
∂vr 1 ∂vr ∂vθ vθ
σrr = −p + 2µ σrθ = µ + −
∂r r ∂θ ∂r r
 
∂vx ∂vx ∂vr
σxx = −p + 2µ σxr = µ + (C.4)
∂x ∂r ∂x
   
1 ∂vr vr ∂vθ 1 ∂vx
σθθ = −p + 2µ + σθx = µ +
r ∂θ r ∂x r ∂θ

Équation de la conervation de masse

1 ∂(rvr ) 1 ∂vθ ∂vx


+ + =0 (C.5)
r ∂r r ∂θ ∂x

Équation de Navier–Stokes

∂vr ∂vr vθ ∂vr vθ2 ∂vr


+ vr + − + vx
∂t ∂r r ∂θ r ∂x2 
1 ∂p ∂ vr 1 ∂vr vr 1 ∂ 2 vr 2 ∂vθ ∂ 2 vr
= fr − +ν + − 2+ 2 2 − 2 + , (C.6a)
ρ ∂r ∂r 2 r ∂r r r ∂θ r ∂θ ∂x2

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3.3 Tenseur de contraintes 193

∂vθ ∂vθ vθ ∂vθ vr vθ ∂vθ


+ vr + + + vx
∂t ∂r r ∂θ r  2∂x 
1 ∂p ∂ vθ 1 ∂vθ vθ 1 ∂ 2 vθ 2 ∂vr ∂ 2 vθ
= fθ − +ν + − 2+ 2 2 + 2 + , (C.6b)
ρr ∂θ ∂r 2 r ∂r r r ∂θ r ∂θ ∂x2

∂vx ∂vx vθ ∂vx ∂vx


+ vr + + vx
∂t ∂r r ∂θ ∂x  
1 ∂p ∂ 2 vx 1 ∂vx 1 ∂ 2 vx ∂ 2 vx
= fz − +ν + + + . (C.6c)
ρ ∂x ∂r 2 r ∂r r 2 ∂θ2 ∂x2

3.3. Coordonées sphériques (r, ϕ, θ) avec (vr , vϕ , vθ )

M
ϕ
r
O z
θ
y

Tenseur de contraintes

 
∂vr 1 ∂vr ∂vϕ vϕ
σrr = −p + 2µ σrϕ = µ + −
∂r r ∂ϕ ∂r r
 
1 ∂vθ 1 ∂vϕ
σθθ = −p + 2µ σϕθ = µ
r sin ϕ ∂θ r sin ϕ ∂θ
  (C.7)
vr vϕ ctg ϕ 1 ∂vθ vθ ctg ϕ
+ + + −
r r r ∂ϕ r
   
1 ∂vϕ vr ∂vθ 1 ∂vr vθ
σϕϕ = −p + 2µ + σθr = µ + −
r ∂ϕ r ∂r r sin ϕ ∂θ r

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Tenseur de contraintes, continuité et Navier–Stokes pour un fluide incompresible

Équation de la conservation de la masse

1 ∂ (r 2 vr ) 1 ∂ (sin ϕvϕ ) 1 ∂vθ


2
+ + = 0, (C.8)
r ∂r r sin ϕ ∂ϕ r sin ϕ ∂θ

Équation de Navier–Stokes

∂vr ∂vr vϕ ∂vr vθ ∂vr vϕ2 + vθ2 1 ∂p


+ vr + + − = fr −
∂t ∂r r ∂ϕ r sin ϕ ∂θ r ρ ∂r
 2 2
1 ∂ (rvr ) 1 ∂ vr 1 ∂ 2 vr ctgϕ ∂vr
+ν + + + 2
r ∂r 2 r 2 ∂ϕ2 r 2 sin2 ϕ ∂θ2 r ∂ϕ

2 ∂vϕ 2 ∂vθ 2vr 2ctgϕ
− 2 − 2 2 − 2 − vϕ , (C.9a)
r ∂ϕ r sin ϕ ∂θ r r2

∂vϕ ∂vϕ vϕ ∂vϕ vθ ∂vϕ vr vϕ vθ2 ctgϕ 1 ∂p


+ vr + + + − = fϕ −
∂t ∂r r ∂ϕ r sin ϕ ∂θ r r ρr ∂ϕ
 2 2 2
1 ∂ (rvϕ ) 1 ∂ vϕ 1 ∂ vϕ ctgϕ ∂vϕ
+ν 2
+ 2 2
+ 2 2 + 2
r ∂r r ∂ϕ r sin ϕ ∂θ2 r ∂ϕ

2ctgϕ ∂vθ 2 ∂vr vϕ
− 2 + 2 − 2 2 , (C.9b)
r sin ϕ ∂θ r ∂ϕ r sin ϕ

∂vθ ∂vθ vϕ ∂vθ vθ ∂vθ vr vθ vϕ vθ ctgϕ 1 ∂p


+ vr + + + + = fθ −
∂t ∂r r ∂ϕ r sin ϕ ∂θ r r ρr sin ϕ ∂θ
 2 2 2
1 ∂ (rvθ ) 1 ∂ vθ 1 ∂ vθ ctgϕ ∂vθ
+ν 2
+ 2 2
+ 2 2 + 2
r ∂r r ∂ϕ r sin ϕ ∂θ2 r ∂ϕ

2 ∂vr 2ctgϕ ∂vϕ vθ
+ 2 + 2 2 − 2 2 . (C.9c)
r sin ϕ ∂θ r sin ϕ ∂θ r sin ϕ

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ANNEXE D

Équation de la conservation d’énergie

Soit D(t) un volume materiel de fluide (homogène et isotrope) en mouvement délimité


par une surface de contrôle ∂D(t); le volume D(t) se confonde à l’instant t avec un volume
de contrôle V fixe délimité par une surface de contrôle S. L’énergie totale E contenue dans
D(t) à l’instant t est alors :
 
Z Z  
 1 
ED(t) = ρE dV = ρ e + v2  dV (D.1)
D(t) V


|{z} 2
|{z}


énergie
interne massique énergie
cinétique

Il vient, d’après le théorème de transport de Reynolds– voir annexe B- que le taux temporel
de variation de E s’écrit sous la forme :
Z Z  
dE d D(ρE ) −

= ρE dV = + ρE ∇ · v dV (D.2)
dt dt D(t) V Dt
Selon le premier principe de la Thermodynamique, la variation temporelle de l’énergie E
est donnée par :
dE dQ dW
= + (D.3a)
dt dt
|{z} dt
|{z}
chaleur reçue travail reçu
par unité de temps par unité de temps

Pour la chaleur Q̇ reçue par unité de temps, on a d’après la loi de Fourier :


Z Z
Q̇ = −

(−λ∇T ) · n dS = − ∇ · (λ∇T )dV (D.3b)
S V
où λ est la conductivité thermique de fluide. En l’absence de tout travail mécanique, la
puissance de travail effectué par le milieu extérieur au D(t) ( à l’instant t) sur le fluide
(contenu en D(t) à l’instant t), est constitué de la puissance de travail fait par les forces
surfaciques :
Z Z Z

→ −


→ −
→ −
→ −


→ −
→ −

Ẇs = v · ( σ · n )dS = n · ( σ · v )dS = ∇ · (−

v ·−→σ )dV (D.3c)
S S V


et de celui de force volumique f :
Z

→ →
Ẇv = ρf ·−
v dV (D.3d)
V


où −

σ est le tenseur de contraintes.

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Équation de la conservation d’énergie

Il vient alors qu’en combinant équations (D.2) et (D.3) l’on obtient :

Z   Z 
D(ρE ) −
→ −
→ −
→ →
+ ρE ∇ · v dV = −∇ · (λ∇T ) + ∇ · (−

v ·−

σ)+ρf ·−
v dV, (D.4)
V Dt V

valable quelque soit V . D’où on tire l’équation aux dérivée partielles suivante pour la
conservation d’énergie :

D(ρE ) −
→ −
→ →
+ ρE ∇ · −

v = −∇ · (λ∇T ) + ∇ · (−

v ·−

σ)+ρf ·−
v (D.5)
Dt
On peut simplifier encore cette équation en faisant usage de l’équation de Navier–Stokes
exprimée sous la forme :
 −
∂→
  
v 1 2 −
→ −
→ −
→ −

ρ +∇ v − v × ω = −∇p + ρ f + ∇ · −

→ −
→ →
τ = ρf +∇·− →
σ (D.6)
∂t 2

et l’équation de continuité écrite sous la forme :


+ ρ∇ · −

v =0 (D.7)
Dt

→ −

→ −
− →
où −

τ =pI +− →σ est le tenseur de contraintes visqueuses.
Ensuite, on projette l’équation (D.6) sur −

v (sur une ligne de courant) :
 
D 1 2 −
→ → −

ρ v = −− →v · ∇p + ρ−
→v · f +− v ·∇·− →τ (D.8a)
Dt 2

et multiplie (D.7) par E :



E + E ρ∇ · −

v = 0, (D.8b)
Dt
afin d’en soustraire les résultats de (D.5) pour arriver à :

De −
→ −

ρ = − p∇ · −
→ v ·−
v − ∇ · (λ∇T ) + ∇ · (−
→ →
τ )−−v ·∇·−
→ →
τ (D.9)
Dt
|{z} | {z } | {z } | {z }
2 3 4
1

où
1 : variation de l’énergie interne d’une particule en mouvement par unité de temps,
2 : puissance de travail de pression,
3 : puissance thermique échangée par conduction,
4 : puissance de dissipation visqueuse.

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197

Il est d’usage de poser



→ −
→ −

Φ = ∇ · (− →v ·−
→τ )−− →
v ·∇·− → τ =− →
σ : ∇(−
→v)
 
∂u ∂v ∂w
   ∂x ∂x ∂x 
p + σxx σxy σxz 
 ∂u ∂v ∂w 

=  σyx p + σyy σyz  :
 

σzx σzy p + σzz  ∂y ∂y ∂y 
 
∂u ∂v ∂w
∂z ∂z ∂z
en coordonnées cartesiennes. On trouve :
∂u ∂v ∂w
Φ = (p + σxx ) + (p + σyy ) + (p + σzz )
∂x ∂y ∂z
     
∂v ∂u ∂w ∂v ∂u ∂w
+ σxy + + σyz + + σzx + (D.10)
∂x ∂y ∂y ∂z ∂z ∂x
Il est utile de noter que :
De De p Dρ
ρ + p∇ · −→
v =ρ −
Dt Dt ρ Dt
  
De D 1
=ρ +p
Dt Dt ρ
 
De Dϑ
=ρ +p (D.11)
Dt Dt
où ϑ est le volume massique du fluide. Il vient alors que (D.9) se réécrit alors sous la forme :
 
De Dϑ
ρ +p = −∇(λ∇T ) + Φ (D.12)
Dt Dt
où   
De D 1
ρ +p = −∇(λ∇T ) + Φ (D.13)
Dt Dt ρ
qui traduit l’application du premier principe de la thermodynamique.

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