TD2 Iae L1 Eg-2

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Université de Bretagne Occidentale

Faculté de droit, d'Économie-Gestion et d'AES

Licence 1 d'Économie-Gestion

Introduction à l'analyse Économique

TD n° 2. La boîte à outil de l'économiste

 Format du TD : Exercices calculatoires, analyses de textes.


 Durée (à titre indicatif ) : 2 heures.

Exercice 1. Calculs sur variables macroéconomiques

Table 1  Indicateurs macroéconomiques français

2018 2019 2020 2021 2022 2023


IPC base 2015 103,09 104,2325 104,729167 106,449167 112,008333 117,4725
Ination % 1,8 1,1 0,5 1,6 5,2 4,9
PIB en valeur° 2364,815 2440,229 2316,9 2499,549 2638,285 2805,671
Consommation* 1239,15054 1262,75448 1266,82 1297,45155 1293,57078 1320,87708
Décit public° -53,5 -72,7 -207,1 -125,8 -153,9
Décit en % du PIB 6,60%
Milliards d'euro 2020*
Milliards d'euro°
Données INSEE

1. Calculer le décit public 1 français en pourcentage du PIB.


2. Remplir la case manquante dans la ligne du tableau "Décit public".
3. D'après le texte A, pouvez-vous expliquer pourquoi parle-t-on de "taxe inationniste" ?
Qu'est ce que cela implique concernant le décit public ?
4. Calculer le taux de croissance de la consommation des ménages pour chaque année. Cal-
culer les coecients de variation à partir de la relation entre coecient de variation et le
taux de croissance. Interpréter les chires obtenus pour l'année 2021.
1. Note : C'est l'accumulation des décits publics qui constitue la dette publique.

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5. Calculer le taux de croissance sur l'ensemble de la période à partir des coecients de
variation. Indiquer quelle est la variation absolue du taux de croissance sur la période et
sa variation relative.
6. Calculer le PIB en volume, en e2020. Pour déater le PIB, se servir de l'indice des prix
à la consommation (IPC).
7. Calculer le taux d'ination moyen sur la période.
8. En vous appuyant sur le texte B, expliquer pourquoi on retrouve deux valeurs pour la
hausse des prix à la consommation en 2013 : 7.1% et 4.9%.
9. Comment s'explique l'ination selon le texte C.

Exercice 2. Calcul de taux d'intérêt réel

Table 2  Taux d'intérêt moyen annuel de l'Etat français en %

2018 2019 2020 2021 2022 2023


0,78 0,13 -0,15 0,01 1,70 3,00
Note : les taux à long terme sont les taux se référant au rendement des obligations d'État.
Lecture : en 2023, le taux d'intérêt moyen des obligations d'État émises
par la France à échéance de 10 ans est de 3,00 %.

 Précision méthodologique : Pour mesurer le taux d'intérêt réel il faut déater le taux
d'intérêt nominal. Servez-vous des données du problème précédent.

1. Calculer le taux d'intérêt réel des bonds du trésor français.


2. Interpréter les valeurs obtenues en termes d'évolution du pouvoir d'achat d'un créan-
cier.

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Annexes

A Pascal Riché., "Chronique : Pourquoi le chire du décit public est fon-


damentalement faux", Nouvel Obs, mars 2024
Il ne tient pas compte de la  taxe inationniste , qui allège la dette publique au détriment
du pouvoir d'achat des épargnants. Celle-ci n'apparait ni dans la comptabilité nationale, ni dans
les règles budgétaires européennes
Alerte ! Le décit public de la France pour l'année 2023, aura été beaucoup plus important
que prévu : 5,5 % du PIB, alors qu'on tablait sur 4,9 %. La diérence n'est pas mince : 0,6
point de PIB, cela représente environ 18 milliards d'euros. Ce dérapage a mis beaucoup monde
en émoi, surtout dans le quartier de Bercy. De nouvelles coupes budgétaires se préparent pour
éviter les foudres des agences de notation.
Sait-on pourtant que ce chire du décit public, toujours fétichisé, est faussé ? Pour une raison
mystérieuse, un facteur important n'est pas pris en compte par les statisticiens de l'Insee ou de
Bruxelles : la taxe inationniste. Une taxe invisible qui rapporte beaucoup d'argent à l'Etat,
mais qui n'apparaît pas dans la comptabilité publique. De quoi s'agit-il ?
Pour comprendre, il faut raisonner en termes  réels . Par exemple, si une somme passe
de 100 à 105, mais que l'ination est de 5 %, sa valeur  réelle  stagne. Il en est de même
pour la dette publique. Si l'Etat vous doit 100 euros, mais que l'ination est de 5 %, la valeur
 réelle  de votre créance baissera d'autant. Pour l'Etat, votre débiteur, l'ination conduit
symétriquement à un allègement réel de ses créances, et donc de ses remboursements. On peut
donc bien parler d'une taxe sur les détenteurs d'obligations.  L'ination est une taxation sans
législation , résumait Milton Friedman, qui n'a pas dit que des bêtises.

 Tous les économistes le savent 

Il y a deux ans, le regretté Daniel Cohen, président de l'Ecole d'économie de Paris et chro-
niqueur à  l'Obs , disait, au micro de France-Culture : "  Nous sommes arrivés à un point
où les calculs qui sont proposés sont fondamentalement faux, ne donnent pas la vérité de ce qui
est l'augmentation de nos décits. Tous les économistes de la planète le savent. Il n'y a que le
Parlement et les autorités à Bruxelles qui l'ignorent, c'est une tragédie.  "
Tous les économistes le savent peut-être (Daniel était d'un tempérament conant), mais rares
pourtant sont ceux qui évoquent cette taxe inationniste. C'est le cas cependant du polytechnicien
François Geerolf, économiste à l'OFCE. Dans une série de tweets, il explique que non seulement
cette taxe invisible  n'est pas prise en compte en comptabilité nationale comme revenu pour
l'Etat , mais qu' elle n'est pas prise en compte non plus comme diminution du revenu pour les
ménages détenant des obligations .

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B P.−A. Beretti, J. Cuvilliez., "La consommation des ménages ralentit net-
tement dans un contexte d'ination élevée", Insee Première n° 2002,
Juillet 2024
En 2023, la dépense de consommation nale des ménages ralentit nettement en volume, après
avoir connu un rebond en sortie de la crise sanitaire. Elle contribue pour +0,4 point à la crois-
sance du produit intérieur brut (PIB, +0,9 %). L'année 2023 est marquée par un contexte de forte
ination (+7,1 % en moyenne annuelle), particulièrement pour les produits alimentaires (+12,2
%) : les dépenses en ces produits diminuent de 3,1 % en volume. En revanche, la consommation
en services progresse, mais plus faiblement qu'en 2022, notamment pour des activités aectées
par la crise sanitaire qui étaient encore dans une phase de rattrapage (hébergement et restaura-
tion ; loisirs, sport et culture). Cette forte ination est liée au contexte géopolitique (guerre en
Ukraine, augmentation des prix de l'énergie) [. . .]. La hausse des prix à la consommation est
également marquée par celle des services d'intermédiation nancière indirectement mesurés (Si-
m), convention comptable qui mesure l'écart entre le taux de référence (qui correspond au taux
interbancaire) et le taux apparent (eectivement appliqué aux ménages par les banques). Hors
Sim, le prix de la consommation des ménages augmente de 4,9 %.

Les Sim correspondent aux marges d'intérêt des banques sur les dépôts et les crédits à la
consommation des ménages. C'est un revenu nancier théorique des ménages utilisé directement
pour consommer ce service. Le prix des Sim est lié à l'écart entre le taux de référence (qui
correspond au taux interbancaire) et le taux apparent (eectivement appliqué aux ménages par
les banques). L'envolée est principalement expliquée par la hausse à un niveau inédit du taux de
référence, conséquence de la politique monétaire en réponse à l'ination persistante. En 2023, il
atteint 3,9 %, alors qu'il était inférieur à 1 % depuis 2016.[. . .]

C E. Berr, S. Billot et J. Marie., "La capacité des grands groupes à impo-


ser une hausse des prix pour maintenir leur taux de marge explique la
persistance de l'ination ", Le Monde, septembre 2024
Les trois économistes Eric Berr, Sylvain Billot et Jonathan Marie démontrent, dans une
tribune au "Monde" que l'économie française a connu une désination en trompe-l'oeil et qu'il
n'y aura pas, par conséquent, de retour au "monde d'avant".
Un récit s'installe : avec une ination passant sous la barre des 2 %, la parenthèse inationniste
déclenchée après la levée des connements provoqués par la crise sanitaire se refermerait. Et cela
grâce à l'action clairvoyante des banques centrales qui aurait permis un "atterrissage en douceur"
en élevant leurs taux d'intérêt directeurs.
Outre le fait qu'il s'agirait d'une longue parenthèse (trois ans environ), l'indicateur ociel de
l'ination subie par les ménages (l'évolution de l'indice des prix à la consommation harmonisé
(IPCH), utilisé au niveau européen) est toujours au-dessus de 2 %.
En revanche, c'est l'indice des prix à la consommation (IPC) utilisé en France, qui sous-
estime l'ination depuis trois ans, qui a augmenté de 1,8 % (en glissement annuel) au mois
d'août. Rappelons que l'IPCH est un indicateur plus pertinent puisque, contrairement à l'IPC,

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il inclut tous les produits payés par les ménages et exclut ce qui est pris en charge par les
administrations publiques.

Une raison structurelle plus que des éléments déclencheurs

L'ination récente ne s'explique pas par une "surchaue" de l'économie, tirée par une de-
mande excessive, qu'il aurait fallu "refroidir" par une hausse des taux d'intérêt. Elle a été pro-
voquée par un choc d'ore négatif (hausse des prix de l'énergie, perturbations des chaînes d'ap-
provisionnement liées au Covid). Elle a perduré en raison de problèmes structurels bien plus
profonds que ces éléments déclencheurs.
Les économies capitalistes dysfonctionnent de plus en plus. Cela se manifeste par un nouveau
ralentissement des gains de productivité, et même par une baisse de la productivité du travail
dans certains pays comme la France. Cette baisse aurait dû faire plonger le taux de marge (la
part des prots dans la valeur ajoutée) des entreprises.
Dans un tel contexte, c'est la capacité des entreprises, en particulier des plus grands groupes,
à imposer une hausse des prix pour maintenir leur taux de marge qui explique cette persistance de
l'ination. Dans certains secteurs, comme l'énergie, le ranage, l'agroalimentaire ou le transport
maritime, le taux de marge s'est envolé : on peut alors parler de véritables "proteurs de crise"
qui nourrissent l'ination par leurs prots exorbitants.

Protection des revenus du capital au détriment de ceux du travail

Quelques chires l'illustrent pour l'industrie agroalimentaire. Depuis 2017, la productivité


horaire a chuté de 11 %, les salaires réels ont baissé de 6% et les prots ont augmenté de 18 %.
Résultat : les prix ont progressé de 30% et la consommation alimentaire a chuté de 9 % en volume.
Ce qui est en jeu ici, c'est bien la répartition des revenus de l'économie entre la rémunération du
capital et celle du travail.

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