CM Tectonique 1

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Dr CHABOU Moulley Charaf LMD -Sciences de la Terre et de l’Univers-

Université Ferhat Abbas, Sétif 1


Licence Géosciences - 1ère année – Semestre 2-
Institut d'Architecture et des Sciences de la Terre
Module Géologie 2.
Département des Sciences de la Terre

I. Structure interne de la Terre

I.1. Introduction

La Terre est constituée d’une série de couches concentriques de propriétés chimiques et/ou
physiques différentes. La structure interne de la Terre a été mise en évidence en grande partie
grâce à l’étude de la propagation des ondes sismiques émises pendant les grands
tremblements de terre. Les autres informations concernant la structure et la composition interne
de la terre proviennent de :

 l’échantillonnage direct de la croûte terrestre ;


 l’étude des morceaux de roches du manteau supérieur remontés par certains volcans ;
 l’étude des météorites ;
 et les travaux expérimentaux de laboratoire (étude du comportement des minéraux du
manteau à haute pression–haute température grâce à l’utilisation de la cellule à enclumes
de diamant).

I.2. Les couches de compositions chimiques différentes (Figure 1)

Selon la composition chimique, on distingue trois parties principales : la croûte, d’épaisseur


allant de 10 à 70 kilomètres, puis le manteau, qui s’étend de la base de la croûte jusqu’à une
profondeur de 2900 kilomètres et enfin le noyau.

 La croûte : la composition chimique de la croûte est connue par l’observation directe des
roches (le plus grand forage jamais réalisé, celui de la presqu’île de Kola en Russie, atteint
12 kilomètres de profondeur) et par l’étude des ondes émises par les séismes proches ou

1
par les séismes provoqués. La croûte est divisée en deux parties : la croûte continentale et
la croûte océanique.

o La croûte continentale s’étend de 30 à 70 km (l’épaisseur maximale est atteinte


sous les régions montagneuses) et possède près de la surface la composition
moyenne des granites.

o La croûte océanique est épaisse de 8 à 10 km et constitue le plancher des


océans. Sa composition est basaltique.

La base de la croûte est caractérisée par un brusque changement de densité (2,9 à 3,3 g/cm3).
Un géologue croate, Andrija Mohorovicic a découvert en 1909 l’existence d’une discontinuité
dans la propagation des ondes sismiques. On appelle discontinuité de Mohorovicic ou Moho,
la discontinuité sismique qui marque la limite entre la croûte et le manteau. Le Moho est situé à
environ 35 km (jusqu’à 70 km sous les grandes chaînes de montagnes) sous les continents, et à
environ 10 km sous les océans.
 Le manteau : sous le Moho s’étend le manteau qui occupe 83 % du volume de la Terre
et représente 67 % de sa masse. Il s’étend en profondeur jusqu’à environ
2900 km. La composition moyenne du manteau est celle d’une roche nommée péridotite
(roche ultrabasique riche en silicates de magnésium et de fer) composée d’olivine, de
pyroxène et de grenat. La composition chimique moyenne du manteau ne change
pratiquement pas, mais la minéralogie du manteau varie en fonction de la profondeur
(voir le paragraphe sur les couches de propriétés physiques différentes).

Une ultime discontinuité située à 2900 km de profondeur, sépare le manteau inférieur du


noyau. Elle se traduit par une augmentation de densité de 5,5 g/cm3 à 10 g/cm3 : c’est la
discontinuité de Gutenberg, découverte en 1913.

 Le noyau : constitue la partie centrale de la Terre. Il est divisé en deux couches : le noyau
externe (la brusque interruption de propagation des ondes S à la limite entre le manteau et
le noyau indique que le noyau externe est liquide) et le noyau interne ou graine (solide),
séparé par une discontinuité (discontinuité de Lehmann) à 5150 km de profondeur. A la
limite entre ces deux couches, la densité passe de 12,3 g/cm3 à environ 13,3 g/cm3, et
atteint 13,6 g/cm3 au centre de la Terre, soit à 6371 km. Le noyau serait formé de fer et

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d’un peu de nickel. Cette hypothèse s’appuie sur la composition chimique d’une classe de
météorites (les météorites de fer) considérées comme les restes des noyaux de petites
planètes (astéroïdes) différenciées.

I.3. Les couches de propriétés physiques différentes (Figures 1 et 2)

Des discontinuités sismiques ont été mises en évidences dans le manteau de la Terre et sont
dues principalement aux changements des propriétés physiques. Il est important de rappeler qu’il
n'existe pas de changements majeurs de composition chimique dans le manteau. On distingue
ainsi : la lithosphère, l’asthénosphère et la mésosphère. Cette division de la structure interne du
globe est à la base de la théorie de la tectonique des plaques.

 La lithosphère : est caractérisée par sa rigidité et son élasticité. La vitesse des ondes
sismiques est élevée. Son épaisseur est de 100 km en moyenne (70 km sous les océans et
130 km sous les continents). La lithosphère est composée de la croûte terrestre
(océanique et continentale) et d’une partie du manteau supérieur (manteau
lithosphérique).

 L’asthénosphère (J. Barrell, 1914, du grec asthenos, sans résistance): est située sous la
lithosphère et se compose de roches qui ont une rigidité faible. Les roches de
l'asthénosphère sont relativement malléables et peuvent être facilement déformées. Les
températures dans cette région sont proches du point de début de fusion partielle de la
péridotite. L’asthénosphère est divisée en deux parties :

o L’asthénosphère supérieure, qui s’étend entre 120 km et 250 km, appelée LVZ
(low velocity zone : zone à faible vitesse de propagation des ondes sismiques. La
vitesse de propagation des ondes sismiques diminue dans cette région). C’est la
couche où la péridotite subit une fusion très faible, ce qui lui permet de se
déformer facilement. Dans cette zone à faible vitesse de propagation entre 100 à
250 km, il n'existe pas de diminution en densité ou en composition. Cette zone est
de même composition que le reste du manteau, mais elle est moins rigide, moins
élastique et plus ductile que le manteau environnant.
o L’asthénosphère inférieure, qui s’étend de 250 km à 670 km de profondeur. Les
roches redeviennent relativement rigides (malgré la température élevée, à cause

3
des fortes pressions qui compriment les roches). Une discontinuité sismique a été
mise en évidence dans cette couche à 410 km de profondeur. Elle est due à un
changement de la structure de l’olivine (qui est l’un des principaux minéraux de la
péridotite). Lorsqu'on comprime les cristaux d'olivine en laboratoire à une
pression correspondant à 400 km de profondeur, les atomes se réarrangent en
formant un polymorphe plus dense. Dans le cas de l'olivine, le réarrangement
d'atomes ressemble à la structure que l'on trouve dans la famille de minéraux
appelée spinelle. La densité d'olivine augmente de 10%. On appelle
discontinuité sismique à 410 km, l'augmentation des vitesses des ondes
sismiques due à la transition polymorphique olivine-phase « spinelle » (ne pas
confondre avec le minéral spinelle, non silicaté). Une autre discontinuité
correspondant à un changement de phases a été mise en évidence vers 520 km de
profondeur. Les différentes phases de l'olivine à haute pression qui correspondent
à ces discontinuités sont : l'olivine β (appelée : wadsleyite) à 410 km de
profondeur, et l'olivine γ (appelée : ringwoodite) à 520 km de profondeur.

 La manteau inférieur ou mésosphère (du grec meso, moyen ou milieu): qui s’étend de
670 km à 2900 km de profondeur. Cette couche est caractérisée par une nouvelle
discontinuité sismique à une profondeur de 670 km. La densité du manteau augmente de
10%. Cette discontinuité serait due aux conditions de température et de pression à cette
profondeur qui conduisent à une nouvelle transformation minéralogique, les minéraux de
l’asthénosphère inférieure seraient remplacés par un assemblage de minéraux de type
perovskite silicatée et d’oxyde de magnésium (magnésiowüstite). Le minéral de
structure perovskite qui constitue le manteau inférieur à récemment été décrit et observé
dans une météorite : il a reçu le nom de bridgmanite. Etant donné que la bridgmanite est
la phase minérale majoritaire du manteau inférieur qui, lui-même, représente environ 55%
du volume de la Terre la bridgmanite, occupe plus de 40% du volume de la Terre et
constitue donc le minéral le plus abondant sur Terre. La discontinuité de 670 km
correspond aussi à la profondeur maximale des foyers des tremblements de terre.

Notons que les 300 derniers kilomètres du manteau inférieur forment une zone fortement
hétérogène sur les plans thermique et chimique. On pense que la base du manteau est le siège
d’importantes réactions chimiques entre les silicates du manteau et le fer liquide du noyau. Cette

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couche a reçu le nom de couche D’’. De récentes découvertes indiquent que cette couche
correspond à une transformation de phase de la bridgmanite, phase appelée : post-bridgmanite.

 Enfin, le noyau est divisé en deux couches selon les propriétés physiques : un noyau
externe liquide et un noyau interne ou graine (solide) séparé par une discontinuité
(discontinuité de Lehmann) à 5150 km de profondeur.

Remarques :

 La température augmente avec la profondeur et atteint 1200°C à la base de la lithosphère,


4500°C à la limite entre le manteau et le noyau et dépasse probablement 6600°C au centre
de la Terre.

 La Terre est essentiellement solide. La seule zone liquide à l’intérieur de la Terre est le
noyau externe (entre 2900 et 5100 km de profondeur). La LVZ dans le manteau supérieur
est une zone où existe un début de fusion très faible, mais n’est pas liquide. Enfin, il
existe près de la surface, au dessous des volcans actifs, des chambres magmatiques où
existent des magmas liquides. L’état solide à l’intérieur de la Terre malgré des
températures élevées est dû aux fortes pressions qui y règnent et qui empêchent la fusion
des roches.

 Le noyau externe liquide est responsable du champ magnétique externe de la Terre. Les
courants de convection qui agitent le fer liquide produisent un effet dynamo qui engendre
le champ magnétique.

 Dans l’asthénosphère, les courants de convection sont responsables du mouvement des


plaques tectoniques (lithosphère).

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Figure 1. Structure interne de la Terre selon la composition chimique (à gauche) et les
propriétés physiques des couches (à droite)
(D’après Hefferan et O’Brien, 2010, Earth Materials)

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Figure 2. Détails de la structure interne de la Terre selon les propriétés physiques. A gauche :
variation des vitesses des ondes sismiques transversales (S).

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Module Géologie 2.
Département des Sciences de la Terre

II. La tectonique des plaques

II.1. Introduction

La théorie de la tectonique des plaques, développée à la fin des années 1960, a eu des
incidences énormes sur toutes les Sciences de la Terre : c’est une théorie scientifique planétaire
unificatrice qui nous fournis un cadre unique dans lequel s’intègrent toutes les observations
géologiques (déformation des roches, sismicité, volcanisme, métamorphisme…). Cette théorie est
basée sur la notion de plaques tectoniques.

Selon cette théorie, la lithosphère est découpée en un certain nombre de plaques (six grandes
plaques et de nombreuses microplaques) rigides qui bougent les unes par rapport aux autres en
glissant sur l'asthénosphère. Ce mouvement définis trois types de frontière entre les plaques :
 Les frontières divergentes : là où les plaques s'éloignent l'une de l'autre et où de la
matière fondue, montant de l’asthénosphère, est ajoutée sur les bords de chacune des
deux plaques. C’est ce qui se produit au niveau des dorsales océaniques au milieu des
océans actuels.
 Les frontières convergentes : là où l’une des deux plaques s’enfonce sous l’autre,
comme on l’observe au niveau des zones de subduction. Un autre type de frontière
convergente est celui où deux plaques entrent en collision, là où se forme la plupart
des chaînes de montagnes intracontinentales.
 Les frontières transformantes : là où deux plaques glissent latéralement l'une contre
l'autre, le long de failles; dans ce cas il n’y a ni destruction, ni création de matière.

 Actuellement, il existe à la surface du globe 14 plaques tectoniques, chacune de ces


plaques peut comporter à la fois de la lithosphère océanique et de la lithosphère

1
continentale. Trois plaques seulement sont entièrement océanique : la plaque Pacifique,
Nazca et Cocos (figure 1).

 Le mouvement des plaques s’effectue en réponse à la libération de la chaleur interne de la


terre. En se dissipant, cette chaleur met en mouvement ses couches internes et externes.
Cette chaleur provient de deux sources :
o la première source est héritée de l’époque de sa formation par accrétion il y’a 4,55
milliards d’années ;
o la deuxième source provient de la désintégration des éléments radioactifs (U, Th,
K..).

 La chaleur se propage par différents mécanismes de conduction et de convection. Dans


les couches solides, elle est transmise par conduction, alors que dans les masses liquides
se développent des courants de convection. Ces courants seraient, dans la zone externe
du noyau, responsables du champ magnétique terrestre, et dans le manteau, responsables
des processus liés à la tectonique des plaques. Le mouvement des plaques tectoniques
est assuré par les grandes cellules de convection dans le manteau, qui sont le
résultat du flux de chaleur qui va du centre vers l'extérieur de la terre.

II.2. Les frontières divergentes (figure 2)

 C’est la région des dorsales océaniques, lignes suivant lesquelles deux plaques s’écartent
l’une de l’autre, et qui sont continuellement comblés par l’arrivée de magmas basaltiques
neufs, venu de l’asthénosphère. L’axe de la dorsale est souligné par une vallée profonde
dans laquelle se mettent en place les magmas qui jaillissent du manteau.

 Ce magma crée une nouvelle croûte océanique et s’intègre au système des deux plaques :
c’est l’expansion du plancher océanique.

 L’âge de la croûte océanique augmente donc d’une manière symétrique en s’éloignant de


la dorsale. Ce processus d’expansion, bien que lent, n’est pas négligeable, et l’ouverture ou
la progression est en moyenne de 2 cm par an (10 cm/an au maximum dans la dorsale du
Pacifique Est).

2
Figure 1 : Les principales plaques lithosphériques et leurs frontières

3
 Il se crée donc continuellement de la nouvelle lithosphère océanique au niveau des
frontières divergentes, c'est-à-dire aux dorsales médio-océaniques.

 Au cours de son écartement de la dorsale, la plaque océanique nouvellement créée, se


refroidit, s’épaissit, devient plus dense et se recouvre de sédiments.

 Le stade initial de l’ouverture océanique se produit sur un continent : quand la croûte


continentale s’amincit, on a formation d’un rift (exemple : le Rift Est-Africain). Avec le
temps, le rift devient une dorsale océanique.

Croûte continentale
océanique
Dorsale

Croûte océanique

Lithosphère Lithosphère

Asthénosphère
Magma

Figure 2 : Schéma d’une frontière divergente

II.3. Les frontières convergentes

 Etant donné que la surface terrestre a toujours été constante, le fait que de nouvelles
plaques se créent continuellement aux frontières divergentes implique qu'il faudra détruire
de la lithosphère ailleurs. Cette destruction se fait aux frontières convergentes qui, comme
le nom l'indique, marquent le contact entre deux plaques lithosphériques qui convergent
l'une vers l'autre.

7
 La destruction de plaque se fait par l'enfoncement dans l'asthénosphère d'une plaque sous
l'autre plaque, et par la digestion de la portion de plaque enfoncée dans l'asthénosphère.
Ainsi, le volume de la Terre ne change pas.

 On appelle subduction (de sub, et du latin ducere, tirer) le processus par lequel la
lithosphère descend dans l'asthénosphère. Les marges le long desquelles les plaques sont
subductées sont appelées zones de subduction. Elles sont marquées par des fosses
profondes dans le fond océanique.

 Les limites de convergence de plaques peuvent être de trois types :

o Convergence croûte océanique – croûte océanique (figure 3) : dans ce cas, la


plaque océanique ancienne plonge sous l’autre plaque plus jeune, moins épaisse et
moins dense. Il y’a dans ce cas formation d’un arc volcanique insulaire
océanique sur la bordure de la plaque non subductée. A l’arrière de certains de ces
arcs s’ouvre un bassin arrière arc dans lequel se crée une nouvelle croûte
océanique. (Exemple : la fosse des Philippines, des Mariannes, la fosse du Japon).

Croûte océanique
Croûte océanique

Croûte
continentale
Lithosphère
Lithosphère

Asthénosphère Asthénosphère

Figure 3 : Schéma de la subduction d’une plaque océanique


sous une plaque océanique

8
o Convergence croûte océanique – croûte continentale (figure 4) : dans ce cas la
plaque océanique plus dense s'enfonce sous la plaque continentale. Il se formera une
chaîne de volcans sur les continents (arc volcanique continental) et donc une
cordillère montagneuse. Le cas le plus typique est la fosse Pérou-Chili : enfoncement
de la plaque Pacifique sous le continent Sud-Américain et formation de la cordillère
des Andes sur le continent.

Croûte océanique

Croûte continentale

Lithosphère
Lithosphère

Asthénosphère
Asthénosphère

Figure 4 : Schéma de la subduction d’une plaque océanique


sous une plaque continentale

o Convergence croûte continentale – croûte continentale (figure 5) : deux plaques


entrent en collision lorsque la subduction de la partie océanique d'une plaque ramène
aussi une partie continentale. Dans ce cas, la croûte continentale ne peut pas
s’enfoncer dans l’asthénosphère à cause de la trop faible densité de la lithosphère
continentale par rapport à celle de l'asthénosphère. Le mécanisme se coince et il
y’aura collision entre les deux croûtes continentales avec soulèvement, plissement et
chevauchement de l’épaisse couverture sédimentaire et formation d’une chaîne de
montagnes. C'est la soudure entre deux plaques continentales pour n'en former
qu'une seule. L’exemple le plus célèbre est la collision de l'Inde avec le continent
asiatique et la formation de l’Himalaya.

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Croûte continentale
Croûte continentale

Lithosphère
Lithosphère

Asthénosphère Asthénosphère

Figure 5 : Schéma de la collision continent-continent

II.4. Les frontières transformantes

 Les frontières transformantes correspondent aux régions où deux plaques coulissent l’une
par rapport à l’autre. Les plaques glissant latéralement l'une par l'autre.

 Ces marges de glissements produisent de grandes fractures qui affectent toute l'épaisseur
de la lithosphère; on utilise plus souvent le terme de failles transformantes.

 Elles se trouvent le plus souvent dans la lithosphère océanique, et se forment lors du


décalage entre une même dorsale océanique du fait de différences de vitesses d’expansion
(Figure 6).

 Parfois ces failles font le relais entre des limites divergentes et convergentes (ces failles
transforment le mouvement entre divergence et convergence, de là leur nom de failles
transformantes).

 La faille transformante la plus connue est celle de San Andreas en Californie.

10
Faille transformante

Zone de fracture
Zone de fracture

Dorsales
océaniques

Figure 6 : Schéma d’une faille transformante


reliant deux dorsales océaniques.

II.5. Les points chauds

Une certaine activité magmatique est connue à l’intérieure des plaques tectoniques sans
relation avec les frontières et donc le mouvement des plaques. Les magmas sont dans ce cas issus
de sources ponctuelles enracinées dans le manteau inférieur appelées : points chauds. Le
magmatisme de point chaud est responsable de la formation des volcans intraplaques,
particulièrement des volcans intraplaques océaniques, comme ceux qu'on retrouve nombreux
dans le Pacifique. Le déplacement des plaques au dessous de ces points chauds fixes conduits à la
formation d’alignement d’îles volcaniques éteints (ou guyots, du nom du Géographe A. Guyot)
(figure 7) dont l’âge augmente à mesure qu’on s’éloigne du volcan actif situé au dessus du point
chaud (figure 8). Exemple : la chaîne Empereur-Hawaï.

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Volcans éteints Sous-marins Volcans éteints Volcan actif
(Guyots) érodés
Niveau de
la mer

Lithosphère océanique

Remontée du magma
Point chaud

Figure 7 : Point chaud et alignement de volcans éteints dû au mouvement de la


lithosphère océanique souligné par une flèche.

Figure 8 : Evolution des points chauds du Pacifique entre le Crétacé et l’époque actuelle
(d’après B. Mehier, Magmatisme et tectonique des plaques, Ellipses. 1995).

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III. Les tremblements de Terre

III.1. Les Tremblements de Terre : définitions et terminologie

On appelle tremblement de terre ou séisme toute secousse (vibration de la surface de la


Terre) ou série de secousses plus ou moins violentes du sol.

Les séismes sont provoqués par la libération d’une grande quantité d’énergie accumulée
depuis des dizaines ou des centaines d’années ans une région donnée. Cette énergie libérée se
propage sous forme d’ondes sismiques qui provoque des vibrations à la surface de la terre. En
général, l’énergie est libérée lors de la fracturation des roches en profondeur.

 On appelle foyer ou hypocentre le lieu ou se produit le premier choc en profondeur


(C’est le lieu de la rupture des roches en profondeurs) (figure 1).
 On appelle épicentre, le point de la surface situé à la verticale du foyer (figure 1). A
l’épicentre, la force d’un tremblement de terre est maximale, et à mesure qu’on s’éloigne
elle diminue.
 L'intensité d'un séisme est définie en un lieu par rapport aux effets produits par ce
séisme (effets et conséquences du séisme en un lieu donné).
 Les lignes d’égale force (intensité) d’un tremblement de terre s’appellent isoséistes (figure
1).
 L’instrument utilisé pour enregistrer les séismes s’appelle : le sismographe.
 La science qui étudie les séismes est la sismologie.

1
Figure 1 : foyer, épicentre et lignes isoséistes.

III.2. Classification des tremblements de Terre

La classification des tremblements de terre se base sur un nombre de critères. Les plus
importants sont : (1) la profondeur du foyer ; (2) l’origine du séisme et (3) l’intensité et la
magnitude des tremblements de terre.

 Selon la profondeur du foyer, on distingue :

o Les séismes superficiels : la profondeur du foyer est inférieure à 60 km.


o Les séismes intermédiaires : le foyer est situé entre 60 et 300 km de
profondeur.
o Les séismes profonds : la profondeur du foyer dépasse 300 km.

 Selon l’origine du séisme, on distingue les séismes d’origine tectonique et ceux


d’origine non-tectonique.

o Les séismes d’origine tectonique sont directement liés aux mouvements


de l’écorce terrestre le long de failles. C’est les plus importants (95 % des

2
séismes enregistrés), les plus destructeurs et peuvent affecter de grandes
superficie.
o Les séismes d’origine non-tectonique peuvent être provoqués par des
éruptions volcaniques, l’effondrement de cavités souterraines naturelles ou
par de gros glissements de terrain. Ces séismes sont en général de faible
intensité et concernent des superficies limitées.

 Une autre classification se base sur l’intensité ou la magnitude d’un séisme. Nous avons
déjà indiqué que l’intensité d’un séisme est liée aux effets et conséquences du séisme en
un lieu donné. La magnitude d’un séisme est différente de l’intensité et exprime la
quantité totale d’énergie libérée lors d’un tremblement de terre.

o Il existe plusieurs échelles d’intensité : la plus utilisée est l’échelle M.S.K


(Medvedev-Sponheuer-Karnik) précisant l’ancienne échelle de Mercalli. Elle
compte 12 degrés (tableau 1), le degré 1 correspond à une secousse mesurée
uniquement par les instruments, et les dégâts matériels ne sont importants qu’à
partir de 8.
o L’échelle des magnitudes utilisée dans le monde est celle de Richter. Elle compte
9 degrés (tableau 2).

3
Magnitude
Degrés Dégâts observés
équivalente

I Secousse non perceptible. La secousse est détectée et enregistrée < 3,4


seulement par les sismographes.

II Secousse à peine perceptible ; quelques individus au repos 3,5-4,2


ressentent le séisme.

III Secousse faible ressentie de façon partielle. La vibration ressemble 3,5-4,2


à celle provoquée par le passage d'un camion léger.

IV Secousse largement ressentie. La vibration est comparable à celle 4,3-4,8


due au passage d'un gros camion.

V Réveil des dormeurs. Le séisme est ressenti en plein air. 4,9-5,4

Frayeur. Le séisme est ressenti par la plupart des personnes aussi 5,5 -6,1
VI bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des habitations. Les meubles sont
déplacés.

VII Dommages aux constructions. Quelques lézardes apparaissent dans 5,5 -6,1
les édifices.

VIII Destruction de bâtiments. Les cheminées des maisons tombent. 6,2-6,9

IX Dommages généralisés aux constructions. Les maisons s'écroulent. 6,2-6,9


Les canalisations souterraines sont cassées.

X Destruction générale des bâtiments. Destruction des ponts et des 7,0 -7,3
digues. Les rails de chemin de fer sont tordus.

XI Catastrophes. Les constructions les plus solides sont détruites. 7,4-7,9


Grands éboulements.

XII Changement du paysage et bouleversements importants de la >8


topographie. Les villes sont rasées.

Tableau 1 : Echelle M.S.K.

4
Magnitude Description de l’intensité du séisme

2,5 Non ressenti, mais enregistré par les sismographes


4,5 Provoque de faibles dommages
6 Destructif dans les régions peuplées
7 Grand séisme, provoque de sérieux dommages
8 Séisme majeur qui provoque la destruction totale des
habitations

Tableau 2 : Echelle de Richter

III.3. Enregistrement des tremblements de Terre

Un sismographe est un appareil que l'on emploie pour enregistrer les chocs et vibrations
créés par les tremblements de terre. Un sismographe doit être attaché à la surface de vibration de
la Terre et vibre en même temps que cette surface.

Pour mesurer le mouvement vertical, les sismographes emploient une masse lourde
supportée par un ressort. Le ressort est attaché au support qui est lui-même connecté à la terre.
Lorsque la terre vibre, le ressort se comprime et se décomprime, mais la masse reste presque
stationnaire. Pour mesurer le mouvement horizontal, la masse lourde est suspendue comme un
pendule - il y a un appareil pour mesurer les mouvements est-ouest et un autre pour mesurer les
mouvements nord-sud. Les sismographes modernes sont capables de détecter des vibrations
aussi petites que 10-8 centimètre.

La courbe dessinée par le sismographe s’appelle : sismogramme (figure 7).

5
Figure 2 : schéma simplifié d’un sismographe

III.4. Les ondes sismiques

On distingue deux types d'ondes, les ondes de volume qui traversent la Terre et les ondes
de surface qui se propagent à sa surface.
 Les ondes P ou ondes primaires appelées aussi ondes de compression ou ondes
longitudinales sont des ondes de compression-dilatation qui déplacent les particules
parallèlement à leur direction de propagation. Ce sont les plus rapides (6 km.s-1 près de la
surface) et sont enregistrées en premier sur un sismogramme (Figure 7). Elles se
transmettent dans les milieux solides et liquides.

Figure 3 : Ondes sismiques de type P

6
 Les ondes S ou ondes secondaires appelées aussi ondes de cisaillement ou ondes
transversales déplacent les particules perpendiculairement à leur direction de propagation.
Ces ondes ne se propagent pas dans les milieux liquides, et sont arrêtées par le noyau de
la Terre. Leur vitesse est plus lente que celle des ondes P, elles apparaissent en second sur
les sismogrammes.

Figure 4 : Ondes sismiques de type S

 Les ondes de surface se déplacent soit perpendiculairement à la direction de propagation


des ondes dans le plan horizontal (les ondes S se déplacent dans le plan vertical) (ondes
de Love) soit par mouvement circulaire parallèlement à la direction de propagation
(ondes de Rayleigh). Ces ondes se déplacent plus lentement que les ondes P et S et
suivent la surface terrestre et non pas l'intérieur de la Terre. Les ondes de surface sont
donc les dernières ondes à être détectées par un sismographe (figure 7).

Figure 5 : Ondes de surface (de Love)

7
Figure 6 : Ondes de surface (de Rayleigh)

Figure 7 : Différents temps de propagation des ondes sismiques P, S et de surface


montrés par un sismogramme. Les ondes P sont les premières ondes sismiques qui arrivent au
sismographe, puis les ondes S et enfin les ondes de surface. L'intervalle de temps ou le retard
entre les arrivées des ondes P et S est fonction de la distance traversée par les ondes
.
III.5. Distribution mondiale des tremblements de Terre

Les tremblements de terre se produisent dans les régions actives du point de vue
géologique (zones de subduction), les zones des dorsales océaniques et les régions de formation
de chaînes de Montagnes. Ils se localisent dans les zones de limite des plaques tectoniques. Les
zones où se produisent fréquemment des séismes sont dites ceintures sismiques. On connaît trois
principales ceintures sismiques à la surface de la Terre (figure 8) :

8
 La ceinture Circum pacifique : c’est la zone qui entoure l’océan pacifique. C’est la plus
importante zone sismique à la surface de la Terre et libère plus de 80 % de l’énergie
sismique de notre planète. Cette chaîne couvre le Chili, le Pérou, l’Amérique Central, la
région des Caraïbes, le Mexique, Kamtchatka, le Japon, les Philippines, L’Indonésie, la
Nouvelle Zélande…. Cette zone coïncide avec les zones de subduction et les foyers des
séismes peuvent être profonds.

 La ceinture Alpo-himalayenne : elle comprend la bande plissée allant des Açores à la


Birmanie en passant par l’Espagne, le Maroc, l’Algérie, l’Italie, la Turquie, l’Iran, le Nord
de Inde et l’Himalaya. La majorité des séismes de cette ceinture sont superficiels.

 La zone des dorsales océaniques : des séismes sont localisés le long des dorsales
océaniques. Ils sont en général imperceptibles étant donné qu’ils se produisent au milieu
des océans.

Figure 8 : Carte de la distribution mondiale des tremblements de Terre

9
III.6. Tremblements de Terre en Algérie

Le plus puissant tremblement de terre de l’histoire enregistré en Algérie est celui qui se
produisit à El Asnam (Chlef) le 10 octobre 1980. Sa magnitude a atteint 7,3 sur l’échelle de
Richter et a fait 2600 victimes. Les tremblements de terre les plus importants (magnitude
supérieure à 6) en Algérie des 100 dernières années sont donnés dans le tableau 3.

Ville / Zone Date Magnitude Victimes

Sour el Ghozlane 24/06/1910 M=6,6 ------


Nord d’El
25/09/1922 M=6,1 2 morts
Asnam (Chlef)
El Asnam
09/09/1954 M=6,7 1243 morts
(Chlef)
El Asnam
10/10/1980 M=7,3 2600 morts
(Chlef)
Zemmouri
21/05/2003 M=6,9 2300 morts
(Boumerdès)

Tableau 3 : les séismes les plus importants (M>6) en Algérie depuis un siècle.

III.7. Les grands tremblements de Terre dans le monde

Le plus puissant tremblement de terre de l’histoire enregistré est celui qui se produisit au
Chili le 22 mai 1960. Sa magnitude a atteint 9,5 sur l’échelle de Richter. Il a fait 3000 victimes. Les
tremblements de terre les plus meurtriers dans le monde ces dix dernières années sont donnés
dans le tableau 4.

10
Ville / Zone Pays Date Magnitude Victimes

Bhuj Inde 26/01/2001 M=7,7 20 085 morts


Bam Iran 26/12/2003 M=6,6 26 200 morts
Sumatra Indonésie 26/12/2004 M=9,3 232 000 morts
Muzaffarabad Pakistan 08/10/2005 M=7,6 79 410 morts
Province du
Chine 12/05/2008 M=7,9 87 149 morts
Sichuan
Port-au-Prince Haïti 12/01/2010 M=7,2 230 000 morts
Côte du Japon 11/03/2011 M=9,3 15776 morts et
Pacifique 4225 disparus
Katmandou Népal 25/04/2015 M=7,8 8100 morts

Tableau 4 : les séismes les plus meurtriers dans le monde ces dix dernières années.

11
Dr CHABOU Moulley Charaf LMD -Sciences de la Terre et de l’Univers-
Université Ferhat Abbas, Sétif 1
Licence Géosciences - 1ère année – Semestre 2-
Institut d'Architecture et des Sciences de la Terre
Module Géologie 2.
Département des Sciences de la Terre

IV. Les Volcans

IV.1. Introduction

Le volcanisme est un important processus géologique sur Terre. Les volcans et leurs
manifestations sont, avec les tremblements de terre, l’expression en surface de la dynamique
interne de la Terre. Ils résultent du transfert de matière et d’énergie entre l’intérieur de la Terre et
l’atmosphère. Il existe à la surface de la Terre plus de 1500 volcans actifs ayant connus une
activité éruptive depuis 10000 ans. Les matériaux émis par les volcans créent une diversité de
roches et de reliefs volcaniques en fonction de la nature du magma émis (voir les différents types
de magmas dans le cours sur les roches magmatiques). Plusieurs îles, à l’exemple des îles Hawaii,
l’Islande et la majeure partie des îles du Sud-Ouest Pacifique se sont formées suite à des éruptions
volcaniques.

Le volcan le plus élevé sur Terre est le Nevado Ojos del Salado situé au à la frontière
entre le Chili et l’Argentine dans les Andes (région de l’Atacama) (6893 m d’altitude). Sa dernière
éruption remonte à plus de 1300 ans, mais de faibles explosions et émissions de gaz ont été
observées en 1993. Le plus volumineux volcan connu sur Terre est le Mauna Loa, l’un des
principaux volcans des îles Hawaii. Son altitude atteint 4170 m, mais son élévation totale est de
9000 m par rapport au fond océanique. Il est donc plus haut que l’Everest. Son diamètre atteint
250 km à sa base. Sa dernière éruption remonte à mars 1984 où il a émis plus de 100 millions de
mètres cubes de lave en 20 jours.
Dans le Système solaire, le volcan le plus élevé est Olympus Mons, sur la planète Mars :
sa hauteur atteint 22,5 km au dessus des plaines environnantes, et son diamètre atteint 648 km.

1
IV.2. Les produits des éruptions volcaniques

IV.2.1. Les coulées de lave

Lorsque le magma s’écoule à la surface de la Terre, il est appelé : Lave. Selon le type de
magma (qui dépend de la température, viscosité et teneur en gaz), on distingue plusieurs types de
coulées de lave :

 Les coulées de type pahoehoe à surface lisse : les coulées de lave basaltique de
faible viscosité et donc très fluide présentent en général des surfaces lisses,
mamelonnées (laves en tripes) ou torsadées (laves cordées) appelées pahoehoe
(mot hawaieen qui veut dire lisse et doux). Les coulées de type pahoehoe sont en
général de faible épaisseur et à cause de leur faible viscosité, peuvent s’écouler sur
de grande distance à partir du centre d’émission. La température de la lave de ce
type de coulée est de 1200°C.

 Les coulées de type aa à surface irrégulière : les coulées de lave de plus forte
viscosité s’écoulent plus lentement et leur surface se solidifie au cours de
l’écoulement. La croûte solide se brise car la lave située sous cette croûte continue
à s’écouler, formant une coulée appelée aa (mot hawaïen qui veut dire rocailleux) à
surface déchiquetée, rugueuse, rocailleuse, chaotique et tranchante. En se
refroidissant, ces coulées forment des étendues difficiles à parcourir à pied (le mot
aa est parfois mis en relation avec les cris de douleur que poussaient les
Polynésiens marchant pieds nus sur ces coulées rugueuses et tranchantes). La
température de la lave de ce type de coulée est de 1000°C.
 Les pillow lavas (laves en oreillers ou en coussins) : lorsque la lave est émise sous
l’eau, le refroidissement très rapide de la lave a pour effet de débiter la coulée en
boules qui s’accumulent sur place en formant un amoncellement de boules en
forme de coussins empilées les unes sur les autres. Les pillow lavas sont très
abondantes dans la croûte océanique où elles se forment au niveau des dorsales
océaniques.
 Tunnel de lave (ou tube de lave) : lorsque la lave se solidifie en surface, elle
peut continuer à s’écouler à l’intérieur. La carapace solide l’isole de l’extérieur et

2
empêche son refroidissement et sa solidification. A la fin de l’éruption, il subsiste
une grotte souterraine ou tunnel de lave.
 Colonnades ou orgues volcaniques : lorsque d’épaisses coulées basaltiques ou
andésitiques refroidissent, elles se contractent (diminution de volume). Cette
contraction se manifeste par le débit en colonne ou prismation de ces coulées. Les
sections de ces colonnes sont fréquemment hexagonales et très régulières. La
prismation s’effectue perpendiculairement aux surfaces de refroidissement. Ainsi,
une coulée horizontale présentera des colonnes verticales, perpendiculaires au sol.
 Coulée de lave en blocs : les coulées de lavas andésitiques et rhyolitiques
(intermédiaires et acides) de forte viscosité se refroidissent rapidement et
s’écoulent très lentement. La coulée ressemble à un amas de blocs solidifiés en
déplacement lent qui ne se déplace pas très loin du centre d’émission.
 Dôme de lave ou dôme volcanique : un dôme se forme lorsqu’une lave
andésitique ou rhyolitique très visqueuse et pauvre en gaz arrive en surface (on
parle d’extrusion magmatique). Dans ce cas, la viscosité élevée de la lave empêche
celle-ci de s’écouler. La lave s’accumule sur place au dessus du centre d’émission
et construit un dôme de dimensions remarquables. Des blocs de laves solides se
détachent de la partie supérieure et des flancs du dôme et s’accumulent sous
forme de brèches à la base. La surface supérieure du dôme est très rugueuse avec
la présence de nombreuses épines (figure 9).

IV.2.2. Les matériaux pyroclastiques

Les magmas riches en gaz et de forte viscosité vont provoquer des éruptions explosives à
la surface. L’explosion due au gaz va briser le magma en fragments. Ces fragments liquides vont
se solidifier lorsqu’ils sont projetés en l’air et formeront avec les matériaux solides projetés par les
volcans les fragments pyroclastiques (du grec puros, feu, et klastos, brisé, « débris de feu »). On
appelle Téphras les dépôts des fragments pyroclastiques. Les tephras sont classées suivant la
taille des grains de leurs éléments constitutifs, classification proposée par R. Fisher en 1961
(tableau 1).
Les roches formées par accumulation et cimentation des téphras sont appelées : roches
pyroclastiques.

3
Diamètres Dépôts non consolidés Dépôts consolidés
(mm) (Téphra) (Roches pyroclastiques)

> 64 Bombes volcaniques ou blocs Agglomérat ou brèches


volcaniques

2-64 Lapillis (du latin lapillis, petite Tuf de lapilli (du grec
pierre) tophos, sorte de pierre
friable)

<2 Cendres volcaniques Tuf cendreux ou cinérites


(du latin cineris, cendre)

Tableau 1 : Classification des fragments et roches pyroclastiques

 Les blocs sont des fragments angulaires qui sont déjà solidifiés avant leur projection hors
du volcan.
 Les bombes volcaniques sont des lambeaux de laves solidifiées dans l’air après projection
et prennent ainsi une forme aérodynamique. (en fuseau, en croûte de pain, en bouse de
vache, rubanée, en fuseau…).
 Les bombes et lapillis vésiculeux ou fibreux, riches en bulles de gaz forment des roches
volcaniques vitreuses, très poreuses et de faible densité (elles peuvent flotter sur l’eau)
appelées ponces (du latin, pumex). Elles se forment à partir de fragments de magma
visqueux.

IV.3. Les éruptions volcaniques

En général, les magmas produits à l’intérieur de la Terre ont tendance à remonter à la


surface car la densité du magma est inférieure à la densité du milieu solide environnant (environ
10 % moins dense).

4
D’autre part, le magma contient du gaz dissous. A une certaine profondeur, la pression est
telle que le gaz dissous se sépare du magma et forme des bulles. Ces bulles ont tendance à
s’étendre lorsque la pression diminue.

 Si la partie liquide du magma à une faible viscosité, le gaz peut s’étendre facilement, et à
la surface une éruption non explosive se produit, sous forme de coulée de lave (nom
donné au magma qui s’épanche en surface. La lave se distingue du magma par l’absence
des gaz qui, avec la diminution de la pression, se séparent du magma et s’échappent dans
l’atmosphère).
 Si la partie liquide du magma à une forte viscosité, le gaz rencontre une forte résistance
de la part du liquide et ne peut s’étendre facilement. Arrivée à la surface, une éruption
explosive se produit.

Donc, en fonction de la quantité de gaz dissous dans un magma et de sa viscosité, on


distingue des éruptions : explosives et non explosives.

VI.3.1. Les éruptions non explosives

Les éruptions non explosives sont caractéristiques des magmas de faible viscosité, et à
faible teneur en gaz dissous. Ce sont les magmas basaltiques.
Des coulées de laves sont produites par ces éruptions et se déplacent progressivement
loin de leur cheminée éruptive à travers des pentes. Parfois, les laves s’écoulent à partir de
longues fissures (éruption fissurale).
Les coulées de laves sous-marines forment : les laves en coussins (Pillow-Lava) : il
s’agit de boules de 0,6 à 2 m sur 0,3 à 1 m qui s’empilent les unes sur les autres.
Parfois, des éruptions non explosives se produisent lorsque la viscosité du magma est
élevée mais sa teneur en gaz est très faible. Dans ce cas, la lave s’empile sur la cheminée et forme
un dôme volcanique (figure 9).

VI.3.2. Les éruptions explosives

Les éruptions explosives sont caractéristiques des magmas de viscosité élevée et à teneur
importante en gaz dissous. Ce sont les magmas andésitiques et rhyolitiques.

5
 Le nuage de gaz et de téphra qui s’élève au dessus du volcan à la suite d’une explosion
vulcanienne extrêmement puissante forme une nuée éruptive appelée aussi colonne
éruptive qui peut monter très haut dans la stratosphère (jusqu’à 45 km, figure 1). Les
téphras peuvent être déplacés par les vents puis déposés loin du volcan formant une
couche de téphra ou de cendre. Cette colonne éruptive est parfois appelée : colonne
Plinienne (qui fait référence à l’activité explosive du Vésuve en 79 qui coûta la vie à Pline
l’Ancien et fut décrite par son neveu Pline le jeune. Cette éruption volcanique a fait plus
de 20000 morts et détruisit la ville de Pompéi). La colonne éruptive du volcan Pinatubo
aux Philipinnes a atteint 40 km de hauteur le 15 juin 1991.

Nuage de cendre

Nuée éruptive

Dépôt de Tephra

Figure 1 : Coupe schématique d’un volcan montrant une nuée éruptive

 Si la colonne d’éruption s’effondre au dessus du volcan du fait de sa densité élevée, une


coulée pyroclastique se produit, dans laquelle gaz et pyroclastites s’écoulent sur les
flancs du volcan à très grande vitesse (Figure 2). C’est les éruptions volcaniques les plus
dangereuses. Ces coulées sont parfois appelées : nuées retombantes.

6
Coulée pyroclastique Coulée pyroclastique

Figure 2 : Schéma montrant des nuées retombantes sur les flancs d’un volcan

Si les dépôts formés par les coulées pyroclastiques sont essentiellement formés de ponces,
ces ponces peuvent se souder à chaud et former des roches magmatiques appelées : ignimbrites
(de ignis, feu, et imber, pluie).

Si l’éruption explosive est dirigée latéralement on parle d’un blast (souffle) latéral (figure
3). Si l’explosion se produit au pied d’un dôme ou d’une aiguille de lave obstruant la cheminée
volcanique, on parle d’une nuée descendante ou nuée ardente (figure 4). Les blasts latéraux et
nuées ardentes résultent le plus souvent de la mise à nu soudaine d’un corps magmatique sous
pression suite à un glissement de terrain ou à l’effondrement d’un dôme de lave.

Le 8 mai 1902, l’éruption volcanique de la Montagne Pelée en Martinique a provoquée


une nuée ardente qui détruisit la ville de Saint Pierre et tua 28000 personnes. La nuée ardente
déferla sur la ville à une vitesse de 500 km/h.

Le 18 mai 1980, l’effondrement de tout un flanc du Mont Saint Helens dans l’Etat de
Washington (USA) a mis a nu une intrusion magmatique qui par décompression, provoqua une
gigantesque explosion dirigée latéralement (blast latéral).

7
Figure 3 : Schéma montrant blast latéral sur le flanc d’un volcan

Nuée descendante

Figure 4 : Schéma montrant une nuée descendante sur le flanc d’un volcan

IV.4. Les différents types de volcans (édifices volcaniques)

En fonction du mécanisme des éruptions qui dépend de la température, viscosité et


composition chimique du magma, on distingue quatre morphologies de volcans :

 Volcan-bouclier : appelé aussi type Hawaïen.


 Volcan mixte ou strato-volcan : appelé aussi type Strombolien.

8
 Cône de cendres : type Vulcanien.
 Dôme volcanique : type Péléen.

Chaque morphologie de volcan est associée à un type d’éruption ou de volcanisme


caractérisé par la prédominance de laves, de gaz ou de produits solides (Tableau 2) et
(Figure 5).

Morphologie du Type Volcanisme Produits volcaniques


Volcan (Type d’éruption)

Volcan-bouclier Hawaïen Effusif Laves

Volcan mixte Strombolien Mixte Pas de prédominance


(strato-volcan)

Cône de cendres Vulcanien Explosif Gaz

Dôme volcanique Péléen Extrusif Solides

Tableau 2 : Caractéristiques des principaux édifices volcaniques

9
Gaz

Solide Liquide

Figure 5 : Classification des types d’éruptions volcaniques selon Geze (1964)

IV.4.1. Les volcans-boucliers (Type Hawaïen) (Figure 6)

 Les volcans-boucliers sont formés par des écoulements successifs de laves (de nature
basaltique) très fluides s’étalant sur de grandes distances et édifiant des cônes à faibles
pentes (5° à 10°) dont la forme rappelle celle d’un bouclier posé sur le sol.
 Les laves forment des couches successives peu épaisses (1-10 m). Le diamètre à la base
des volcans-boucliers peut atteindre 400 km.
 Les éruptions de ce type sont précédées de la montée du magma et de son accumulation
dans les chambres magmatiques.
 Les laves sont de nature basaltique à faible viscosité et à faible teneur en gaz.
 La vitesse d’écoulement des laves peut atteindre 40 à 60 km/h au maximum.
 Très peu de produits pyroclastiques sont trouvés dans les volcans boucliers.
 Exemples de volcans-boucliers : les volcans Mauna Loa et Kilauea des îles Hawaii.
 Sur les 1500 volcans actifs connus sur Terre, 164 sont des volcans boucliers.

10
Coulées de lave basaltique
(1-10 m pour
chaque coulée) Pente < 5-10°

Chambre magmatique

Figure 6 : Coupe schématique d’un volcan-bouclier

Remarque : les plateaux basaltiques ou Trapps

 Certaines éruptions volcaniques non explosives s’effectuent à partir de longues fissures :


c’est le volcanisme fissural. Une importante quantité de lave de nature basaltique
s’épanche en suivant des fissures. Ces laves peuvent couvrir d’immenses surfaces.
 Les trapps du Deccan en Inde ont recouvert une surface de plus d’un million de km 2 sur
plus de 3000 m d’épaisseur. Ce volcanisme a eu lieu il y’a 65 millions d’années.
 Un exemple de volcanisme fissural récent est le volcan Laki en Islande : la lave de
composition basaltique s’est épanchée en suivant une fissure de 32 km de longueur et a
recouvert une surface de 588 km2. Le volume de lave mise en place a été de 12 km3.

IV.4.2. Les volcans mixtes ou stratovolcans (Type Strombolien) (Figure 7)

 Les stratovolcans sont caractérisés par une alternance de coulées de laves (basalte,
andésite) avec des couches pyroclastiques (blocs, lapillis et cendres). Il y’a alternance de
phases effusives et de phases explosives. Les couches pyroclastiques peuvent former plus
de 50 % du volume des stratovolcans.
 Les pentes (10 à 35°) et les altitudes des stratovolcans sont relativement importantes.
 Les laves et les couches pyroclastiques ont généralement une composition andésitique à
rhyolitique.
 Etant donné la viscosité plus élevée des magmas issus des stratovolcans, ils sont plus
explosifs que les volcans-boucliers.

11
 Les stratovolcans possèdent un cratère à leur sommet, formé par des éruptions
explosives. Ces cratères sont parfois remplis par des coulées de lave ou dômes de lave,
parfois par une calotte glaciaire et plus rarement par un lac d’eau.
 Les périodes de repos de ces volcans peuvent durer des centaines voir des milliers
d’années, ce qui rend ces volcans particulièrement dangereux, les populations ont
tendance à s’implanter autour du volcan étant donné qu’on ne lui connaît pas d’activité
historique.
 Des petits cônes peuvent apparaître sur les flancs du cône principal et sont alimentés par
la même cheminée. Ces petits cônes sont appelés cônes adventifs (Figure 7).
 Exemples de stratovolcans : le Stromboli, une des îles Eoliennes dans la Mer
Tyrrhénienne (1000 m de hauteur + 1500 m sous la mer). L’Etna en Sicile est le plus
grand stratovolcan d’Europe en activité (3350 m d’altitude).
 Sur les 1500 volcans actifs connus sur Terre, 699 sont des stratovolcans.

Succession de coulées Cratère


de laves et de matériaux
pyroclastiques
Cône adventif

Tephra

Figure 7 : Coupe schématique d’un stratovolcan

IV.4.3. Les cônes de scories ou de cendres (Type Vulcanien) (Figure 8)

 Les éruptions de ces volcans sont essentiellement explosives et s’accompagnent de


projections de magmas acides visqueux saturés de gaz. Les laves sont fragmentées par les
explosions.
 Le cône est principalement constitué par des pyroclastites (bombes, lapilli et cendres),
d’où le nom donné à ce type de volcans.
12
 Le volume des cônes n’est pas important. L’altitude est généralement faible et ne dépasse
guère 500 m. La pente est raide, de l’ordre de 30° en moyenne.
 Ces cônes sont formés par des couches successives de pyroclastites qui différent par la
taille de leurs fragments en fonction de l’intensité des explosions.
 Les cratères au sommet des cônes ne sont visibles que chez les volcans jeunes. Ils sont
généralement érodés chez les anciens volcans.
 Si le volcan émet de la lave, elle s’écoule généralement à partir des fissures latérales et
descend en suivant les versants du cône.
 Des cônes de cendres se forment souvent sur les flancs des stratovolcans ou près de leur
sommet (cônes adventifs).
 Les cônes de cendres se mettent en place en groupe, et l’on peut observer des dizaines
voir des centaines de cônes en une seule région.
 Exemples de cônes de cendres : le Vulcano (île Lipari, Italie). Le volcan El Parícutin au
Mexique est apparu en 1943 dans une ferme et son activité a duré 9 ans.

Cratère

Couches de pyroclastites dues aux


intensités différentes des explosions

Figure 8 : Coupe schématique d’un cône de cendres

IV.4.4. Les dômes volcaniques ou cumulo-volcan (Type Péléen) (Figure 9)

 Les dômes volcaniques sont formés par l’extrusion de magmas visqueux acides ou
intermédiaires (trachytes, rhyolites, phonolites) très pauvres en gaz. A cause de la forte
viscosité, la lave ne s’écoule pas mais s’empile et se solidifie au dessus de la cheminée

13
volcanique. La vitesse de la lave est de l’ordre de 0,5 à 2 mètres par jour. Les projections
sont peu importantes. Ces extrusions présentent la forme de dômes ou de pitons débités
en prismes.

Dépôts de Sommets aigus


Téphra
Brèches

Figure 9 : Coupe schématique d’un dôme volcanique

Remarque

La classification des volcans selon les quatre types (hawaien, strombolien, vulcanien,
péléen) établie par Mercalli en 1907 n’est plus utilisée car elle est difficilement applicable. Un
même volcan peut être d’un type ou d’un autre, car le caractère de l’éruption d’un même volcan
peut changer avec le temps. Ceci se produit lorsque change la composition chimique des magmas
qui alimentent le volcan.

Exemple : le Vésuve (Italie) présente des éruptions tantôt stromboliennes, tantôt


vulcaniennes. L’éruption du volcan de la Montagne Pelée (Martinique) en 1902 a d’abord été
explosive (type Vulcanien) puis extrusive (type Péléen).

14
IV.4.5. Cratères et Caldeiras

Le sommet des volcans est


généralement occupé par une dépression
circulaire ou elliptique de faible dimension
(diamètre < 1 km) appelée : cratère (du grec
krater, vase) formée par les explosions
volcaniques.

Les caldeiras (mot portugais


signifiant chaudron) sont de grandes
dépressions volcaniques circulaires ou
elliptiques dont le diamètre dépasse 2 km.
Elles sont produites par effondrement du
cône volcanique en réponse au vide laissé par
les éruptions volcaniques dans les chambres
magmatiques sous jacentes (figure 10). Les
caldeiras sont souvent occupées par des lacs.

Figure 10 : Etapes de formation d’une caldeira


La plus grande caldeira du monde se
trouve en Indonésie (île de Sumatra). Il s’agit
de la caldeira du lac Toba de forme
elliptique, qui mesure 80 x 30 km.

IV.5. Distribution des volcans – Volcanisme et tectonique des plaques

La répartition du volcanisme sur Terre est très voisine de celle de la sismicité. Elle est en
relation avec la tectonique des plaques et plus précisément avec les frontières de plaques
tectoniques. Les volcans se répartissent dans trois principaux domaines ou zones :

15
 Le long des frontières divergentes, au niveau des dorsales océaniques ou dans les
zones d’extension continentale, au niveau des rifts.
 Dans les zones de subduction.
 Dans les zones appelées « points chauds », localisées à l’intérieur des plaques
tectoniques, donc sans relation avec les frontières de plaques.

IV.5.1. Les volcans des frontières divergentes

Un volcanisme actif se produit tout le long des 70000 km de dorsales médio-océaniques


qui parcourent la surface de la Terre sous les océans. Les dorsales océaniques sont
probablement les plus grands producteurs de magmas sur la terre. Paradoxalement, une grande
partie de ce volcanisme passe inaperçu car, à l’exception des îles océaniques, il se met en place
sous les océans. L’un des rares endroits sur Terre où une dorsale océanique est visible à l’air libre
au dessus du niveau de la mer est l’Islande, située sur la dorsale médio-atlantique (figure 11).

Figure 11 : L’Islande dans l’Atlantique Nord, où la Dorsale médio-atlantique est


visible au dessus du niveau de la mer.
Un volcanisme actif se produit également sur les continents qui subissent un processus de
rifting qui aboutira à la formation d’un nouvel océan. L’exemple classique sur Terre est la zone du
Rift de l’Afrique de l’Est, où plusieurs volcans actifs sont connus (région des grands lacs,
Ethiopie, Djibouti) (figure 12).

16
Figure 12 : Volcans de la vallée du grand rift de l’Afrique de l’Est

IV.5.2. Les volcans des zones de subduction

Plus de 80% des volcans sur Terre sont groupés dans les zones côtières qui bordent les
côtes de l’Océan Pacifique, formant la ceinture de feu du Pacifique (figure 13). Tous ces volcans
sont liés à des zones de subduction, et sont de type explosif avec des magmas visqueux. Ce sont
les volcans les plus dangereux sur Terre.

17
Figure 13 : Répartition des volcans dans la ceinture de feu
du Pacifique.

 Les volcans des îles


Aléoutiennes (ouest de
l’Alaska), de la péninsule du Croûte Croûte océanique
océanique
Kamtchatka, des îles Kouriles
Croûte
et du Japon, des Philippines, continentale
Lithosphère
des îles Mariannes, de la Lithosphère

Nouvelle Zélande et de
Asthénosphère Asthénosphère
l’Indonésie sont liés à une
subduction croûte océanique-
Figure 14 : subduction croûte océanique-croûte
croûte océanique, et
océanique et arcs volcaniques insulaires.
apparaissent en surface formant
les arcs volcaniques insulaires
(figure 14).

18
 Les Volcans des zones côtières Croûte océanique
de l’Ouest de l’Amérique du Sud,
Amérique Central et Mexique, du
Nord-Ouest des Etats-Unis, de Croûte continentale
l’Ouest du Canada et de l’Est de Lithosphère
Lithosphère
l’Alaska sont liés à une
Asthénosphère Asthénosphère
subduction lithosphère
océanique-lithosphère Figure 15 : subduction croûte océanique-croûte
continentale, et forment en continentale et arcs volcaniques continentaux.
surface les arcs volcaniques
continentaux (figure 15).

IV.5.3. Les volcans des points chauds

Une certaine activité magmatique est connue à l’intérieure des plaques tectoniques sans
relation avec les frontières et donc le mouvement des plaques. Les magmas sont dans ce cas issus
de sources ponctuelles enracinées dans le manteau inférieur appelées : points chauds. Le
magmatisme de point chaud est responsable de la formation des volcans intraplaques,
particulièrement des volcans intraplaques océaniques, comme ceux qu'on retrouve nombreux
dans le Pacifique. Le déplacement des plaques au dessous de ces points chauds fixes conduits à la
formation d’alignement d’îles volcaniques éteints (ou guyots, du nom du Géographe A. Guyot)
(figure 16) dont l’âge augmente à mesure qu’on s’éloigne du volcan actif situé au dessus du point
chaud (figure 17). Exemple : la chaîne Empereur-Hawaï.

19
Volcans éteints Sous-marins Volcans éteints Volcan actif
(Guyots) érodés
Niveau de
la mer

Lithosphère océanique

Remontée du magma
Point chaud

Figure 16 : Point chaud et alignement de volcans éteints dû au mouvement de la


lithosphère océanique souligné par une flèche.

Figure 17 : Evolution des points chauds du Pacifique entre le Crétacé et l’époque


actuelle.

20
Dr CHABOU Moulley Charaf LMD -Sciences de la Terre et de l’Univers-
Université Ferhat Abbas, Sétif 1
Licence Géosciences - 1ère année – Semestre 2-
Institut d'Architecture et des Sciences de la Terre
Module Géologie 2.
Département des Sciences de la Terre

V. La stratigraphie et l’échelle des temps géologiques

V.1. Définitions

La stratigraphie (du latin stratum, « couche », et du grec graphein, « écrire ») est la science
qui étudie la succession, dans l’espace et dans le temps, des couches de terrains ou strates et des
événements qu’elles ont enregistrés. Elle permet d’établir une chronologie stratigraphique relative
et a pour objectif de retracer l’histoire de la Terre.
On appelle strate une couche de terrain homogène possédant une individualité nette. Son
épaisseur peut varier de quelques centimètres à plusieurs dizaines de mètres. Les strates sont
séparées par des joints de stratification horizontaux. La strate est l’unité de base de la
stratigraphie.
La stratification désigne la disposition de dépôts successifs et horizontaux de sédiments
en couches ou strates.

Strates
Joints de stratification

Figure 1 : Schéma représentant des strates séparées par des joints de stratification horizontaux.

1
V.2. Les principes de la stratigraphie

Les fondements de la stratigraphie et l’établissement de la datation ou chronologie relative


se basent sur de principes simples, appelés principes de la stratigraphie.

V.2.1. Le principe de l’uniformitarisme

Le principe de l’uniformitarisme a été évoqué pour la première fois par James Hutton
(1726-1796), qui en étudiant des roches en Ecosse avait conclut que les mêmes processus
géologiques qui opèrent actuellement sur Terre sont ceux qui existaient dans le passé. Ce principe
est souvent résumé par la phrase célèbre : « le présent est la clé du passé ». Dans sa version
moderne, ce principe stipule que les lois de la nature n’ont pas varié au cours du temps, les lois
physiques et chimiques actuelles étaient valides dans le passé de la Terre.

V.2.2. Le principe de la superposition (Nicolas Sténon, 1669)

Dans une succession de couches ou strates déposées à l’horizontale les unes sur les autres
et non déformées ou renversées par la tectonique, la couche la plus ancienne est à la base et la
plus jeune au sommet.

Figure 2 : Schéma du principe de


superposition. La couche a est la plus
ancienne, la couche e la plus jeune.

2
V.2.3. Le principe d’horizontalité primaire

Les couches sédimentaires se sont déposées horizontalement, parallèlement à la surface


de la Terre. Une couche sédimentaire actuelle inclinée ou plissée a été déformée postérieurement
à son dépôt.

V.2.4. Le principe de continuité

Une même couche a le même âge sur toute son étendue. Par exemple, les strates
horizontales exposées de part et d’autre d’une vallée fluviatile formaient des couches continues et
ont ensuite été érodées par la rivière (figure 3).

Figure 3 : Schéma illustrant le


principe de continuité. Les strates
sont corrélées de part et d’autre de
la vallée fluviatile

V.2.5. Le principe de recoupement

Les couches ou strates sont plus anciennes que les failles, dykes et roches qui les
recoupent.

3
Dans l’exemple de la figure 4, le dyke
basaltique recoupe les couches de calcaire,
grès et argile. Sa mise en place est donc plus
jeune que le dépôt des trois couches. Le
dyke rhyolitique recoupe les couches de
calcaire et de grès mais ne recoupe pas la
couche d’argile. Il est donc plus jeune que la
couche de calcaire et de grès. La couche
d’argile est plus jeune que le dyke
Figure 4 : Premier schéma illustrant
rhyolitique.
le principe de recoupement
(cas de dykes).

Dans l’exemple de la figure 5, la


faille recoupe la couche de calcaire
et d’argile, mais ne recoupe pas le
basalte. La faille est donc plus
jeune que les couches de calcaire et
d’argile, mais plus ancienne que le
basalte.

Figure 5 : second schéma illustrant le principe


de recoupement (cas d’une faille)

V.2.6. Le principe de l’inclusion

Un fragment de roche trouvé à l’intérieur d’une autre roche s’appelle inclusion. Si le


fragment de roche est trouvé à l’intérieur d’une roche magmatique, on l’appelle xénolite. Dans
les deux cas, les fragments de roche inclus dans une couche sont plus anciens que la couche.

Dans l’exemple de la figure 6, la coulée de basalte a arraché des fragments de grès en


remontant à la surface. Elle est donc plus jeune que la couche de grès. De la même manière, la

4
coulée de rhyolite contient en son sein des inclusions de basalte. Elle est donc plus jeune que la
coulée de basalte.

Figure 6 : schéma illustrant le principe de l’inclusion.

Le principe de l’inclusion peut être utilisé pour reconnaître si une couche de roche
magmatique interstratifiée est un sill ou une coulée. Dans l’exemple de la figure 7, la couche
basaltique contient des inclusions de grès sus-jacents et de rhyolite sous-jacente. Elle est donc
plus jeune que la coulée de rhyolite et la couche de grès. C’est donc un sill, qui s’est mis en place
entre la coulée de rhyolite et la couche de grès.

Figure 7 : schéma illustrant la détermination du mode de gisement d’une couche de roches


magmatiques en utilisant le principe d’inclusion.

5
V.2.7. Le principe d’identité paléontologique

Ce principe stipule qu’un ensemble de strates de même contenu paléontologique (mêmes


fossiles) est de même âge.

Pour l’application de ce principe, on défini la notion de « fossiles stratigraphiques » qui


doivent avoir un certain nombre de caractères :
 Evolution rapide de l’espèce dans le temps (l’espèce doit avoir une courte période de vie
sur Terre).
 Vaste répartition géographique.
 Grand nombre d’individus et grand potentiel de fossilisation.

V.2.8. Le principe de la succession des faunes

Ce principe stipule que les organismes fossiles se succèdent dans le temps dans un ordre
défini et reconnaissable et que l'âge relatif des strates peut donc être
déterminé à partir de leur contenu en fossiles.

V.3. Les discordances (prises ici dans le sens anglo-saxon « unconformity »)

V.3.1. Définitions

Une discordance est une surface d’érosion ou de non-dépôt séparant deux ensembles de
strates. Elle représente l’intervalle de temps pendant lequel aucun sédiment n’a été conservé. Cet
intervalle de temps est appelé hiatus ou lacune.

V.3.2. Différents types de discordances

a. Disconformité

Une disconformité est une discordance où les couches supérieures et inférieures sont
parallèles et séparées par une surface irrégulière d'érosion. Après le dépôt, l’érosion enlève des
couches, puis la sédimentation reprend sur la surface d’érosion (fig. 8).

6
Figure 7 : Séquence d'événements conduisant à la formation d'une disconformité.

b. Non-conformité

Discordance où les couches supérieures (sédimentaires ou roches/sédiments volcaniques)


recouvrent des roches métamorphiques ou magmatiques. On parle de non-conformité lorsque les
couches supérieures se sont déposées sur une surface d’érosion au dessus de roches magmatiques
ou métamorphiques (figure 8).

Figure 8 : Séquence d'événements conduisant à la formation d'une non-conformité.

7
c. Discordance angulaire

Une discordance angulaire se produit lorsqu'il y a interruption de la sédimentation, suivie


d'une déformation (basculement ou plissement) et d'une érosion partielle (figure 9). La
discordance s’observe entre les couches les plus anciennes déformées (basculées ou plissées) et
celles plus récentes, horizontales. Une discordance angulaire existe donc entre deux couches
superposées dont les pendages sont différents de part et d'autre de la surface de discordance.

Figure 9 : Séquence d'événements conduisant à la formation d'une discordance angulaire.

d. Paraconformité

Discordance où les couches supérieures et inférieures sont parallèles et séparées par une
surface plane ne présentant aucune apparence d'érosion. Très difficile à reconnaître, la
discordance doit être établie par la différence d'âge des strates (figure 10).

Une bioturbation dans les couches situées juste au dessous de la surface de discordance peut
être un indicateur d’une paraconformité (figure 11).

8
Figure 10 : Schéma montrant un exemple d’une paraconformité

Figure 10 : Schéma d’une paraconformité avec une bioturbation affectant les couches situées
juste au dessous de la surface de discordance.

9
V.4. La datation absolue et méthodes radiochronologiques

Les méthodes stratigraphiques vues précédemment permettent de donner un âge relatif


aux roches. Pour donner un âge absolu, on utilise les méthodes radiochronologiques.

Les méthodes radiochronologiques sont basées sur la désintégration des éléments


radioactifs. Soit un isotope radioactif Père (P) qui se désintègre en élément radiogénique fils (F).
La quantité d’atomes de l’élément père (P) en un temps (t) est donné par l'équation exponentielle:

P = P0 e-λ.t

P0 est la quantité de l'élément père au temps t = 0. λ est un coefficient de proportionnalité


(λ > 0) appelé : constante de désintégration radioactive qui s’exprime en a-1 (inverse du temps).

On définit également la période d’un élément radioactif (T) ou demi-vie comme étant le
laps de temps pendant lequel se désintègre la moitié de l’isotope radioactif.

Ln2 0,693
T= =
 

La période est exprimée en unité de temps, en milliers, en millions ou en milliards d’années.


Elle permet d’évaluer d’une manière simple la vitesse avec laquelle tel ou tel isotope radioactif se
désintègre.

Si on démarre avec 1 gramme de l'isotope parent, il ne restera que 0,5 gr après une période
d'1 demi-vie, 0,25 gr après une période de 2 demi-vie, et 0,125 gr après 3 demi-vie ... (figure 11).

Plusieurs méthodes radiochronologiques sont utilisées en géologie. Pour dater des matériaux
jeunes, on utilise la méthode du Carbone-14 qui possède une période ou demi-vie très courte (à
l'échelle des temps géologiques) : 5370 ans. Cette méthode est cependant limitée : elle ne peut pas
être utilisée pour des roches ou matériaux dont l'âge est supérieur à 70000 ans, car au bout de
cette période, pratiquement toute la quantité de l'élément père se sera transformée en élément fils.
Par ailleurs, elle n'est applicable que pour des matériaux et roches contenant de la matière
organiques. Pour dater des roches anciennes, on utilise des méthodes où la demi-vie de l'isotope

10
père est grande. Cependant, ces méthodes ne peuvent être utilisées pour des matériaux très
jeunes, car la quantité de l'élément fils accumulée durant une courte période sera négligeable et
non mesurable avec les instruments. Par exemple, la méthode Rubidium 87 - Strontium 87 a une
demi-vie de 47 Ga : elle ne peut pas être utilisée pour des roches dont l'âge est inférieure à 10
millions d'années.

Les principales méthodes radiochronologiques utilisées en géologie et leurs caractéristiques


sont données dans le tableau 1.

Figure 11 : Diagramme montrant la décroissance de l'isotope radioactif père et la croissance


de l'isotope radiogénique fils.

11
Isotopes Demi-vie ou Intervalle de temps Type de
Parent Fils période du daté par la méthode matériel daté
parent (en
années)
238 206
U Pb 4,5 Ga 10 Ma - 4,6 Ga Roches
40
K 40
Ar / 40Ca 1,3 Ga 50000 ans - 4,6 Ga magmatiques et
87
Rb 87
Sr 47 Ga 10 Ma - 4,6 Ga minéraux
14 14
C N 5730 ans 100 ans - 70000 ans Matière
organique

Tableau 1 : principales méthodes radiochronologiques utilisées en géologie.

V.5. L’échelle des temps géologiques

Au cours des deux derniers siècles, les géologues ont réussi à réaliser des corrélations
stratigraphiques de roches qui se sont accumulées tout au long des temps géologiques à travers le
monde. Les résultats de ces études ont permis d'établir la colonne de l'échelle des temps
géologiques (figure 12). Les géologues divisent les temps géologiques en unités. Tout comme
une année est divisée en mois, les mois en semaine, et les semaines en jours, les unités des temps
géologiques sont divisées en petits intervalles.

La plus grande unité des temps géologique est l'éon, qui est divisé en ères. Les ères sont
subdivisées, à leur tour, en périodes, qui sont subdivisées en époques. La colonne de l'échelle
des temps géologiques est basée sur des âges relatives. Lorsque les méthodes de datation
géochronologiques ont été mises au point, les âges absolus ont été ajoutés à l'échelle des temps
géologiques.

Les éons sont divisés en 4 parties (du plus ancien au plus récent) :

 L'Hadéen : très peu de roches de cette période existent à la surface de la Terre.


 L'Archéen (Anciennes roches).
 Le Protérozoïque (Proteros : premier, zoique : vie - ce qui veut dire début de la vie)

12
Les trois divisions précédentes sont souvent regroupées sous le terme de : Précambrien (car elles
précédent la période du Cambrien où les formes de vie se sont diversifiées et les fossiles ont été
bien conservés dans les roches).

 Le Phanérozoïque (qui veut dire vie apparente).

Notons que le phanérozoïque, qui représente les dernières 538 millions d'années de l'histoire de la
Terre contient la plupart des subdivisions de l'échelle des temps géologiques. Le Précambrien, qui
représente plus de 4 milliards d'années de l'histoire de la Terre, 8 fois plus long que le
Phanérozoïque, ne présente pratiquement aucune subdivision. Ceci est du au fait que les
subdivisions des temps géologiques sont basées principalement sur les fossiles trouvées dans les
roches. Ces derniers sont très rares dans les roches du Précambrien, et ne permettent pas de
réaliser des subdivisions en son sein.

La subdivision des éons en ères ne concerne, sur l'échelle des temps géologiques, que le
Phanérozoïque. On distingue, de la plus ancienne et à la plus récente :

 Le Paléozoïque (qui veut dire: vie ancienne).


 Le Mésozoïque (qui veut dire la vie moyenne, cette ère est aussi appelée l'âge des
dinosaures)
 Le Cénozoïque (qui veut dire la vie récente, appelée aussi l'âge des mammifères).

Le Paléozoïque comprend les périodes suivantes:

 Le Cambrien.
 L'Ordovicien (qui a vu l'apparition des premiers organismes vertébrés : les poissons)
 Le Silurien (qui a vu l'apparition des premières plantes sur la terre ferme)
 Le Dévonien (apparition des premiers amphibiens)
 Le Carbonifère (apparition des premiers reptiles).
 Le Permien.

Le Mésozoïque comprend les périodes suivantes:

 Le Trias (apparition des premiers dinosaures)


 Le Jurassique.
 Le Crétacé (apparition des premiers mammifères. Cette période se termine par la
disparition des Dinosaures).

13
Le Cénozoïque comprend les périodes suivantes:

 Le Tertiaire.
 Le Quaternaire.

Les subdivisions des périodes sont appelées : époques. Sur la colonne de la figure 12, seules les
époques du Cénozoïque ont été indiquées (figure 12).

La période est l'unité de temps la plus utilisée par les géologues. Le nom des périodes fait souvent
référence à la localité ou la région où les roches de cette période ont été décrites pour la première
fois (exemple, le Jurassique qui fait référence au Jura, région de France). Elle peuvent faire
référence aussi à une roche abondante de cette période (exemple, le Crétacé qui fait référence à la
craie qui est abondante durant cette période, le mot Creta veut dire craie en latin).

Notons enfin que l'échelle des temps géologiques est régulièrement révisée et mise à jour.

V.6. L'âge de la Terre

Les plus anciennes roches sur Terre ont été datées à 4 milliards d'années (le gneiss d'Acasta,
situés dans les Territoires du Nord-Ouest au Canada, est daté à 4,03 milliards d’années).

Des grains minéraux de zircons trouvés en Australie sont encore plus anciens. Ils proviennent de
la formation de Jack Hills et ont été daté à 4,404 milliards d’années. Il s’agit du plus ancien
matériel daté sur Terre. Mais il s’agit là de minéraux et non pas de roches : les roches mères qui
contenaient ces zircons ont été probablement détruites.

Il est peu probable de trouver sur Terre des roches plus vieilles que 4 milliards d'années. Pour
remonter à l'âge de la Terre, on utilise les météorites, qui sont les matériaux de base à partir
desquels se sont formées les planètes du Système solaire. La majorité des météorites qui tombent
sur Terre proviennent de la ceinture des astéroïdes, située entre les planètes Mars et Jupiter. L'âge
le plus ancien obtenu sur des minéraux de météorites est de 4,566 milliards d'années. Cet âge
est considéré comme celui de la formation du Système solaire et de la Terre.

14
Figure 12 : L'échelle des temps géologique
15
Pr CHABOU Moulley Charaf LMD -Sciences de la Terre et de l’Univers-
Université Ferhat Abbas, Sétif 1
1ère année – Filière : Géologie - Semestre 2-
Institut d'Architecture et des Sciences de la Terre
Module Géologie 2.
Département des Sciences de la Terre

VI. La Tectonique : déformation des matériaux de


l’écorce terrestre

VI.1. Généralités : contraintes et déformations

V1.1.1. Définitions

On appelle contrainte une force appliquée sur une surface. Elle s'exprime en Pa (N/m2).
Lorsqu'ils sont soumis à des contraintes, les matériaux se déforment.

Si les forces appliquées sont égales dans toutes les directions de l'espace, on parle de contrainte
isotrope ou pression hydrostatique. On parle aussi de pression de confinement. Si les
contraintes ne sont pas égales selon les directions de l'espace, on parle de contraintes
différentielles ou anisotropes. Il existe trois types de contraintes différentielles (fig. 1) :

• contrainte en tension, qui tend à étirer la roche.


• contrainte en compression, qui à tendance à comprimer la roche.
• contrainte de cisaillement, avec glissement et translation d'une masse rocheuse sur une
autre.

1
Contraintes Contrainte en tension Contrainte en compression
isotrope

Contrainte en cisaillement

Figure 1 : différents types de contraintes

On appelle déformation tout changement de la taille, la forme ou le volume d'un


matériau ou d'une roche.

V1.1.2. Types de déformation

Lorsqu'une roche est soumise à des contraintes de plus en plus élevées, elle passe par trois
domaines de déformation (fig. 2) caractérisés chacun par un comportement différent de la roche :

• Déformation élastique : où la roche reprend sa forme initiale lorsque la contrainte


cesse. La déformation est réversible.
• Déformation plastique : où la roche conserve la forme acquise quand la contrainte
cesse. La déformation est irréversible.
• Rupture : la roche se casse. La déformation est irréversible.

2
Figure 2 : relation contrainte-déformation.

Les matériaux ou roches sont divisés en deux classes selon l'amplitude des deux premiers
domaines (fig. 3) :

• Les roches ou matériaux à comportement fragile, montrent un domaine de déformation


élastique limité ou étendu et un domaine de déformation plastique très limité avant la
rupture.

• Les roches ou matériaux à comportement ductile, montrent un domaine de


déformation élastique limité et un domaine de déformation plastique étendu avant la
rupture. Ces roches subissent de grandes modifications de forme sans se rompre.

3
Contrainte

Déformation Déformation
Roches à Comportement fragile Roches à comportement ductile

Figure 3 : deux classes de roches selon leur aptitude à résister à la déformation

Plusieurs facteurs déterminent si une roche réagira à une contrainte par une déformation
élastique ou plastique :

• La composition des matériaux ou roches : certains minéraux, comme le quartz, les


feldspaths ou l'olivine, sont très fragiles. D'autres, comme les minéraux argileux, les
micas, et la calcite sont plus ductiles. Ainsi, la composition minéralogique de la roche est
un facteur important qui détermine le comportement de déformation de la roche. Un
autre facteur est la présence ou l'absence d'eau. L'eau aura tendance à affaiblir les liaisons
chimiques et forme de minces films autour des grains de minéraux le long desquels des
glissements peuvent avoir lieu. Ainsi, une roche humide aura tendance à se comporter de
manière ductile, tandis que les roches sèches ont tendance à se comporter de manière
fragile.

• La température : le domaine de la ductilité des roches augmente avec la température.


Plus la température n’est élevée, plus la roche aura tendance à se comporter de manière
ductile. A basse température, les matériaux ont un comportement fragile.

• La pression de confinement : à haute pression de confinement, les matériaux sont


moins susceptibles de se fracturer parce que la pression environnante a tendance à
empêcher la formation de fractures. A faible contrainte de confinement, les matériaux

4
auront un comportement fragile et auront tendances à se fracturer plus tôt. Les hautes
pressions de confinement favorisent donc le comportement plastique. Au cours de
l'enfouissement, la température et la pression augmentent. Ces deux facteurs favorisent
une déformation plastique, et ainsi, les roches profondément enfouies ont une plus
grande tendance à se plier et à se débiter que les roches peu profondes.

• La vitesse de déformation : les contraintes appliquées sur de longues périodes


favorisent le comportement plastique. Les domaines d'élasticité et de plasticité diminuent
lorsque la vitesse de déformation augmente, la roche devient plus fragile et casse plus
facilement. Au cours des phénomènes géologiques où les vitesses de déformation sont
lentes, les déformations ductiles sont prédominantes.

V1.1.3. Comportement de la lithosphère

Près de la surface de la Terre, les roches ont un comportement fragile. En considérant


que le quartz et les feldspaths sont représentatifs de la croûte, que l'olivine est représentative du
manteau, le comportement général de la lithosphère est le suivant (fig. 4) : près de la surface de la
Terre, le comportement des roches est cassant et leur résistance augmente avec la profondeur (les
roches suivent la loi de Beyrlee). A environ 15 km de profondeur, on atteint un point appelé
zone de transition fragile-ductile. Au dessous de cette profondeur, la résistance des roches
diminue car les fractures auront tendance à se refermer à cause de la pression de confinement.
Combiné à une augmentation de la température, le comportement des roches devient ductile (loi
de fluage). A la base de la croûte (MOHO), il y a changement de la nature des roches. On passe à
une péridotite riche en olivine. Comme l'olivine présente une résistance plus forte que les
minéraux qui composent les roches de la croûte, la partie supérieure du manteau présente à
nouveau un comportement fragile et cassant. Au fur et à mesure qu'on descend en profondeur,
et avec l'augmentation de la température, on atteint à nouveau un point de transition fragile-
ductile. Ce point se situe à environ 40 km de profondeur. Au dessous de ce point, les roches se
comportent de manière de plus en plus ductile. A la base de la lithosphère, on atteint un état de
très faible résistance du manteau : c'est la zone de découplage lithosphère-asthénosphère.

5
Figure 4 : profil typique de résistance de la lithosphère continentale (éléments de géologie, C.
Pomerol et al., Dunod, 2011).
V1.1.4. Preuves de déformations anciennes des roches

Les preuves de déformations anciennes ayant affectés les roches terrestres sont faciles à
mettre en évidence. Dans le cours 5 "stratigraphie", on a énoncé "le principe d’horizontalité
primaire" qui stipule que les couches sédimentaires se sont déposées horizontalement,
parallèlement à la surface de la Terre. Une couche sédimentaire actuelle inclinée ou plissée a été
déformée postérieurement à son dépôt.

Pour étudier les déformations des couches, on défini les deux termes suivants qui sont en
relation avec la géométrie des couches : la direction et le pendage (fig. 5).

• La direction d'une couche est une ligne située sur le plan de cette couche et
perpendiculaire à son plongement. Elle est déterminée par l'angle que fait avec le nord cette
ligne.

6
• Le pendage d'une couche est l'angle entre le plan horizontal et la ligne de plus grande
pente. Il se mesure dans un sens perpendiculaire à la direction.

Plan horizontal
Symbole de la direction et
du pendage
Direction 30°

Angle de
pendage

Figure 5 : Eléments d'une couche

Pour représenter la direction et le pendage sur une carte géologique, on utilise un symbole
qui comporte une ligne orientée parallèlement à la direction et qui représente la direction de la
couche. Un trait court placé au centre de la ligne de direction et orienté du coté du plongement
de la couche inclinée représente la direction du pendage (fig. 5). L'angle de pendage est inscrit à
coté du symbole de la direction et du pendage. Pour une couche redressée à la verticale (angle de
pendage de 90°), le trait court est aussi dessiné au milieu de la ligne de direction et la recoupe.
Pour les couches horizontales, on utilise un cercle avec une croix à l'intérieur (fig. 6).

7
Symbole de la direction et du Symbole de la direction et du
pendage d'une couche verticale. pendage d'une couche horizontale.

Plan horizontal
Plan horizontal

Figure 6 : Symboles utilisés pour représenter la direction et le pendage de couches


verticales et horizontales.

VI.2. Déformation cassante : les joints et failles

Les roches à comportement fragile ont tendance à se fracturer et se casser lorsqu'ils sont soumis à
des contraintes importantes. Deux grands types de fractures peuvent se former et qui sont
caractéristique de la déformation cassante : les joints et les failles.

VI.2.1. Les joints

Les joints sont des fractures dans la roche sans déplacement ou glissement le long de la
fracture. Ils se forment en réponse à des contraintes de tension (extensive) appliquées à des
roches de comportement fragile. De telles contraintes peuvent être induites par le refroidissement
de la roche (le volume de la roche diminue à mesure que la température baisse) ou par diminution
de pression lorsqu'une roche se débarrasse du poids sus-jacent par érosion. Lorsque les joints
sont perpendiculaires aux couches sédimentaires on parle de diaclases (fig. 7). Les discontinuités
qui séparent deux strates son appelées : joints de stratification (fig.7).

Les joints fournissent des voies pour la circulation des eaux et donc sont les endroits où
l'altération chimique des roches débute. Le taux d'altération ou d'érosion est généralement plus
élevé le long des joints et peut conduire à une érosion différentielle de la roche.

8
Si de nouveaux minéraux précipitent dans l'eau qui circule dans les joints, il se formera
une veine. Beaucoup de veines observées dans les roches sont pour la plupart remplies de quartz
ou de calcite, mais peuvent aussi contenir des minéraux rares comme l'or et l'argent.

En géologie de l'ingénieur, les joints sont des structures importantes à tenir en compte
étant donné qu'ils constituent des zones de faiblesse de la roche. Leur présence peut causer des
dommages importants et dangereux dans les barrages et les routes (ou autoroutes). Pour les
barrages, l'eau pourrait s'écouler à travers les joints conduisant à une rupture du barrage. Pour les
routes et autoroutes, les joints peuvent séparer des blocs de roches causant des chutes de pierres
ou des glissements de terrain.

Figure 7 : différents types de joints.

VI.2.2. Les failles

VI.2.2.a. Définition

Une faille est une cassure de terrain avec déplacement relatif des parties séparées.
Lorsque le déplacement est faible, il est facile de le mesurer. Mais souvent, ce déplacement est
tellement important qu'il est difficile de connaître son ampleur.

9
VI.2.2.b. Géométrie d'une faille

Les deux parties séparées par la faille sont appelées compartiments. La surface
engendrée par la faille est le plan de faille P (fig. 8). La surface du plan de faille est souvent polie
par le mouvement et constitue un miroir de faille, marqué par des stries de friction qui
indiquent la direction et le sens du glissement. Le bloc situé au-dessus du plan de faille est appelé
: le toit et celui qui est situé au-dessous est appelé le mur (fig. 8). Le déplacement relatif des deux
blocs est appelé rejet (AB sur la figure 8).

Mur
Toit

Figure 8 : Bloc-diagramme d'une faille montrant ses différents rejets.

Le rejet (AB) est considéré comme la somme vectorielle de trois composantes


orthogonales (fig. 8) :
• un rejet de pente (AD) mesuré suivant la plus grande pente de P, qui peut-être
décomposé en :
1- un rejet vertical (AE) qui donne la différence d'altitude entre les deux blocs.
2- un rejet horizontal transversal (ED) qui donne selon les cas, la valeur de
l'allongement ou du raccourcissement.
• 3- un rejet parallèle à la direction ou longitudinal (AC) appelé aussi décrochement.

VI.2.2.c. Les différents types de failles

Selon l'orientation du rejet (déplacement relatif des blocs), on distingue trois grandes
classes de failles :

10
1. Faille conforme : le rejet de la faille est dans le même sens que le pendage des
couches, suivant la ligne de pente. Les failles conformes sont subdivisées en deux types :

• Les failles normales, dans lesquelles le toit glisse vers le bas par rapport au mur (fig. 9).
Les failles normales résultent de contraintes horizontales en tension.

Figure 9 : Faille normale

Les contraintes de tension lorsqu'elles sont appliquées à la croûte terrestre peuvent


engendrer une série de failles normales, où deux failles normales adjacentes ont des directions de
pendages opposées. Dans ce cas, les blocs affaissés sont appelés "grabens" ou "fossé
d'effondrement" et les blocs surélevés sont appelés "horsts" (fig. 10). La structuration en
horsts et grabens est souvent observée dans les zones de rifts.

11
Figure 10 : horsts et grabens

• Les failles inverses, dans lesquelles le toit glisse vers le haut par rapport au mur (fig. 11).
Les failles inverses résultent de contraintes horizontales en compression. Lorsqu'elles sont
très faiblement inclinées (faille inverse à pendage faible inférieure à 15°), les failles
inverses sont appelées : failles de chevauchement (fig. 12). Le déplacement horizontal
est dans ce cas très important et ceci se matérialise sur le terrain par des couches
anciennes qui recouvrent des couches plus jeunes. Lorsque le déplacement horizontal est
très important (plurikilométrique), on parle de nappes de charriage.

Figure 11 : Faille inverse

12
Figure 12 : Faille de chevauchement

2. Faille décrochante : le rejet de la faille est dans ce cas horizontal et parallèle à la


direction de la faille. Il y a glissement horizontal des blocs. La faille est verticale. Les failles
décrochantes sont dues à des contraintes de cisaillement. Selon le sens du déplacement, les failles
décrochantes sont divisées en deux : si pour un observateur placé sur l'un des blocs, l'autre se
déplace vers la droite, le décrochement est dit : dextre (fig. 13). Si pour un observateur placé sur
l'un des blocs, l'autre se déplace vers la gauche, le décrochement est dit : sénestre (fig. 13).

Figure 13 : Failles décrochantes dextre (à droite) et sénestre (à gauche)

13
3. Faille à rejet oblique : le rejet de la faille est incliné obliquement sur le plan de faille
(fig. 8). Ce type de faille est donc une combinaison d'un mouvement conforme et décrochant.

VI.3. Déformation souple : les plis

VI.3.1. Définition

Lorsque les couches de roches se déforment d'une manière ductile, ceci se traduit par des
ondulations appelées : plis. Les plis résultent de contraintes en compression ou de cisaillement
qui agissent durant un laps de temps important. Le plis peuvent être de toutes dimensions : du
microplis de quelques cm au plis kilométrique.

VI.3.2. Géométrie d'un pli

Les principaux éléments qui permettent de décrire une structure plissée sont les suivantes
(fig. 14) :
• On appelle charnière d'un pli sa région de courbure maximale.
• Les parties situées entre les charnières forment les flancs du pli.
• La ligne passant par les points de la charnière défini l'axe du pli.
• Le plan imaginaire qui comprend l'axe du pli et qui divise le pli en deux parties
symétriques est appelé : plan axial.

14
Figure 14 : les principaux éléments d'un pli

VI.3.3. Différents types de plis

VI.3.3.a. Pli monoclinal ou flexure : type de pli le plus simple, avec un seul flanc. Dans
un monoclinal, les couches sont inclinées dans le même sens.

15
Figure 15 : monoclinal

VI.3.3.b. Anticlinal : Pli où les éléments situés à l'intérieur de la courbure étaient, avant
la déformation, les plus bas.

Figure 16 : anticlinal

16
VI.3.3.c. Synclinal : Pli où les éléments situés à l'intérieur de la courbure étaient, avant la
déformation, les plus hauts.

Figure 17 : synclinal

Les anticlinaux et synclinaux se forment souvent en même temps au sein de la même


structure de telle sorte que, le flanc d'un synclinal est en même temps celui de l'anticlinal adjacent
(fig. 18).

17
Figure 18 : Association d'un anticlinal et d'un synclinal

VI.3.3.d. Pli plongeant : Si l'axe du pli n'est pas horizontal (incliné), le pli est dit
plongeant. L'angle entre l'axe du pli et une ligne horizontale est appelé plongement du pli ou
axial (fig. 19 et 20).

18
Figure 19 : Eléments d'un pli plongeant

Figure 20 : Pli plongeant

19
VI.3.3.e. Dômes et bassins (plis en cuvette) : les structures anticlinales de forme
circulaires ou elliptiques sont appelées dômes. Les dômes ressemblent à des bols renversés. La
stratification sédimentaire plonge dans toutes les directions à partir du centre du dôme (fig. 21).
Les structures synclinales de formes similaires, ressemblant à des bols, sont appelées bassins (ou
plis en cuvettes) (fig. 21). La stratification sédimentaire plonge dans ce cas vers le centre du bassin
(fig. 21). Les dômes et bassins peuvent être de petites dimensions, quelques kilomètres de
diamètre ou moins. Cependant, il existe des structures en dômes et bassins de grandes
dimensions, et sont causées par des bombements (dômes) ou affaissements (bassins) de la croûte
continentale.

Figure 21 : structure d'un dôme (en haut) et d'un bassin (en bas)

20
VI.3.3.f. Plis ouvert, serré et isoclinal : Si l'angle entre les deux flancs d'un pli est
important (supérieur à 45°), le pli est dit ouvert (fig. 22). Si l'angle entre les flancs d'un pli est
petit (inférieur à 45°), le pli est dit serré (fig. 23). Si les flancs du pli sont parallèles, il est dit :
isoclinal (fig. 24).

Figure 22 : pli ouvert.

Figure 23 : pli serré.

21
Figure 24 : pli isoclinal
VI.3.3.g. Plis symétriques et dissymétriques : selon le degré de symétrie et la pente
des flancs, on distingue les plis symétriques dont les flancs sont symétriques par rapport au plan
axial. Les flancs ont dans ce cas la même longueur (fig. 25). Un pli symétrique se forme lorsque
les contraintes en compression sont appliquées au même niveau (même altitude). Si les flancs ne
sont pas symétriques, avec un flanc long et un flanc court, le pli est dit dissymétrique (fig. 25).

Figure 25 : plis symétrique et dissymétrique

VI.3.3.h. Plis droit, déjeté, déversé et couché : selon la position du plan axial du pli,
on distingue :
• un pli droit, lorsque le plan axial est vertical. Les deux flancs du pli ont le même pendage,
mais de sens opposé (fig. 26).

22
• un pli déjeté, lorsque le plan axial est incliné, et les pendages des flancs sont en sens
opposés (fig. 26).
• un pli déversé, lorsque le plan axial est très incliné, et le pendage des flancs, tous trois
dans le même sens. L'inclinaison du plan axial ne dépasse pas 90° (fig. 27).
• un pli couché, lorsque le plan axial est presque horizontal (fig. 27).

Figure 26 : plis droit et déjeté.

Figure 27 : plis déversé et couché.

VI.3.3.i. Pli en chevrons : plis à charnière anguleuse (pas de courbure) et à flancs plats
formant des zigzags (fig. 28).

23
Figure 28 : pli en chevrons.

VI.4. Chevauchement et nappes de charriage

VI.4.1. Définition

On appelle chevauchement la superposition verticale de deux ensembles de terrains


dont la succession n'est pas normale. Dans le cas des roches sédimentaires, on observera une
série supérieure formée de roches plus anciennes que la série inférieure. On a vu que les
chevauchements résultent de failles inverses très faiblement inclinées (faille inverse à pendage
faible inférieure à 15°), les failles inverses sont appelées dans ce cas : failles de chevauchement
(fig. 12).

Lorsque le déplacement horizontal relatif des deux massifs rocheux de part et d'autre du
plan de rupture devient important (plurikilométrique), on parle de nappes de charriage.

VI.4.2. Eléments d'une nappe de charriage

Une nappe de charriage est donc un ensemble de terrains qui a été déplacé, appelé
allochtone, épais de centaines parfois de milliers de mètres, qui repose, selon un contact
anormal appelé aussi plan de charriage, sur un autre ensemble appelé autochtone, dont il était
très éloigné à l'origine. La zone de départ des nappes de charriage est appelée racine de la nappe.
Les parties antérieures de la nappe qui sont les plus avancées forment le front de la nappe.

24
L'amplitude du recouvrement est appelé flèche. L'érosion peut dégager la partie frontale de la
nappe en laissant subsister des lambeaux isolés de la nappe appelé : klippes. L'érosion peut
également dégager une partie de la nappe de charriage en ouvrant des boutonnières qui font
apparaître l'autochtone. Ces boutonnières sont appelés : fenêtres. Dans une fenêtre, l'autochtone
est complètement entouré par l'allochtone. Sur une carte géologique, les contacts anormaux sont
représentés par des triangles qui sont par convention, tournés vers le compartiment chevauchant
(l'allochtone). Fenêtres et klippes peuvent donc être facilement différenciées sur une carte
géologique (fig. 29).

Figure 29 : différents éléments d'une nappe de charriage.

VI.4.3. Différents types de nappes de charriage

En fonction du matériel qui constitue la nappe, on distingue trois grands types de nappes
:
• Les nappes de couverture : formées de roches sédimentaires désolidarisées de leur
substratum.

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• Les nappes de socle : formées de roches métamorphiques ou magmatiques. Elles
peuvent recouvrir d'autres unités du socle ou bien des formations sédimentaires.

• Les nappes ophiolitiques : formées de lithosphère océanique (croûte et manteau) et


roches sédimentaires associées. Leur présence dans une chaîne de Montagne matérialise la
suture d'un ancien domaine océanique.

VI.5. La formation des chaînes de Montagnes

L'un des plus spectaculaire résultat de la déformation des matériaux de l'écorce terrestre
est la formation des chaînes de Montagnes. On appelle orogenèse l'ensemble des processus qui
conduisent à l'édification d'une chaîne de Montagnes.

La formation des chaînes de Montagnes est directement liée à la tectonique des plaques :
les grandes chaînes de Montagnes se forment dans zones de limites de convergence des plaques,
dans un contexte de raccourcissement en compression.

Les chaînes de Montagnes se présentent en général sous forme de ceintures linéaires et


allongées. Les jeunes chaînes de Montagnes présentent un relief important, tandis que les
anciennes chaînes sont en général profondément érodées et ne montrent aucun relief.

Il existe 4 types de chaînes de Montagnes :

VI.5.1. Les chaînes de subduction

Lors d'une convergence croûte océanique – croûte continentale (fig. 30), la plaque
océanique plus dense s'enfonce sous la plaque continentale. Il se formera une chaîne de volcans
sur les continents (arc volcanique continental) et une compression de la croûte continentale
aura lieu, conduisant à la formation d'une cordillère montagneuse. Le cas le plus typique est la
fosse Pérou-Chili : enfoncement de la plaque Pacifique sous le continent Sud-Américain et
formation de la cordillère des Andes sur le continent, qui s'étend sur plus de 7500 km du Nord au
Sud (la plus longue chaîne de Montagne du monde) (fig. 31).

26
Croûte océanique

Croûte continentale

Lithosphère
Lithosphère

Asthénosphère
Asthénosphère

Figure 30 : Schéma de la subduction d’une plaque océanique


sous une plaque continentale

Figure 31 : Cordillère des Andes (Amérique du Sud).

VI.5.2. Les chaînes d'obduction

Lorsque la croûte océanique chevauche un continent, on parle d'obduction, qui est le


contraire de subduction. Cela se produit lorsqu'un continent est entraîné dans une zone de

27
subduction intra-océanique : ce continent ne peut, en raison de sa légèreté, s'enfoncer dans le
manteau. Il y aura blocage de la subduction et charriage du matériel océanique (qu'on appelle
ophiolite) sur le continent, qui subit une importante déformation (fig. 32). Les nappes de
charriage peuvent s'étaler sur plusieurs centaines de kilomètres de long, et l'épaisseur de la couche
de matériel océanique charrié (ophiolites, sédiments marins) peut atteindre vingt à trente
kilomètres d'épaisseur. L'exemple le plus connu est celui de la chaîne de l'Oman, le plus vaste
massif ophiolitique au monde (plus de 500 km de long et 50 à 100 km de large) (fig 33).

Croûte océanique

Croûte continentale

Figure 32 : Schéma d'une obduction.

Figure 33 : La chaîne d'obduction (ophiolites) d'Oman.

28
VI.5.3. Les chaînes de collision

Lors d'une convergence croûte continentale – croûte continentale (fig. 34), deux
plaques entrent en collision lorsque la subduction de la partie océanique d'une plaque ramène
aussi une partie continentale. Dans ce cas, la croûte continentale ne peut pas s’enfoncer dans
l’asthénosphère à cause de la trop faible densité de la lithosphère continentale par rapport à celle
de l'asthénosphère. Le mécanisme se coince et il y’aura collision entre les deux croûtes
continentales avec soulèvement, plissement et chevauchement de l’épaisse couverture
sédimentaire et formation d’une chaîne de montagnes. C'est la soudure entre deux plaques
continentales pour n'en former qu'une seule. L’exemple le plus célèbre est la collision de l'Inde
avec le continent asiatique et la formation de l’Himalaya (fig. 35).

Croûte continentale
Croûte continentale

Lithosphère
Lithosphère

Asthénosphère Asthénosphère

Figure 34 : Schéma de la collision continent-continent et formation d'une chaîne de Montagnes

29
Himalaya

Inde

Figure 35 : Déplacement de la plaque indienne vers le Nord et collision avec la plaque


eurasienne (à gauche), et formation de la chaîne de l'Himalaya (à droite)

VI.5.4. Les chaînes intracontinentales

Certaines chaînes de Montagnes se forment à l'intérieur d'une plaque tectonique (à la


surface d'une lithosphère continentale). En général, elles se mettent en place à partir d'anciennes
zones fragiles (rifts avortés, failles transformantes, accidents du socle ...), en réponse à des
contraintes de compression. Exemple : les chaînes atlasiques d'Afrique du Nord (Anti-Atlas et
Haut-Atlas au Maroc, Atlas saharien et Aurès en Algérie).

30
VI.6. Unités structurales des continents

Les continents sont divisés en deux types d'unités structurales :

VI.6.1. Les cratons

Les cratons sont les portions stables de la croûte continentales qui n'ont pas subi de
déformations depuis des centaines de millions d'années (et souvent depuis plus d'1 milliard
d'années). Ils forment les noyaux des continents et représentent les racines profondes des
anciennes chaînes de Montagnes. On distingue deux régions cratoniques :

a. Les boucliers : composés de roches métamorphiques et magmatiques d'âge


Précambrien qui sont en affleurement.

b. Les plateformes : dans lesquelles les boucliers sont recouverts d'une couverture
sédimentaire phanérozoïque.

VI.6.2. Les orogènes

Les orogènes sont les zones instables de la croûte continentale qui subissent actuellement
des déformations importantes conduisant à l'édification de chaînes de Montagnes. Ils affleurent à
la périphérie des zones cratoniques.

La figure 36 montre la distribution des zones cratoniques (boucliers et plateformes) et des


orogènes dans le monde.

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Orogènes
Boucliers
Plateformes

Figure 36 : carte de la distribution des zones cratoniques (boucliers et plateformes) et des


orogènes dans le monde.

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