Etude - Irruption Du Peuple Et CSQ

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Etude — L’ « irruption du peuple » dans la Révolution — Pourquoi et comment une partie du peuple français

s’empare-t-il des armes pour poursuivre la Révolution ? Quelles en sont les conséquences ?

1 — Portrait d’un jeune révolutionnaire : Camille Desmoulins (1760-1794)

Né en Picardie, il est le ls d’un magistrat et fait ses études au sein du prestigieux lycée
Louis le Grand à Paris. Il y fait la connaissance d’un autre élève destiné à devenir
célèbre : Maximilien de Robespierre.
Il devient avocat en 1785. En mai 1789, à l’âge de 29 ans, il est enthousiasmé par
l’ouverture des Etats généraux à Versailles. Sa carrière politique débute en juillet 1789.
Apprenant le renvoi du ministre Necker, il harangue la foule et lance l’idée de prendre
la Bastille. Dans un contexte d’agitation, il est rejoint par des milliers de personnes.
En novembre 1789, il lance son propre journal révolutionnaire, très diffusé, qui lui
assure notoriété et une aisance nancière. Tout au long de la révolution, il se
rapproche de gures radicales comme Danton et Robespierre.

2 — En juin-juillet 1789, alors qu’un bras de fer s’est engagé entre le roi et l’Assemblée nationale, Louis XVI fait
stationner des troupes à côté de Paris. Les Parisiens, dans un contexte économique tendu ( ambée des prix du
pain et risque de famine), craignent que le roi tente de renverser la Révolution.

« Citoyens, dis-je alors, vous savez que la nation avait demandé que Necker (1) lui fût
conservé, qu’on lui élevât un monument : et on l’a chassé ! Peut-on vous braver plus
insolemment ? Après ce coup, ils vont tout oser, et pour cette nuit, ils méditent, ils
disposent peut-être un Saint-Barthélemy (2) pour les patriotes (3). » J’étouffais d’une
multitude d’idées qui m’assiégeaient, je parlais sans ordre. « Aux armes ! Ai-je dit, aux
armes ! » […] « C’est moi, qui appelle mes frères à la liberté. » Et, en levant un pistolet :
« Du moins ils ne me prendront pas en vie, et je saurai mourir glorieusement, il ne peut
plus m’arriver qu’un malheur, c’est celui de voir la France devenir esclave (4). » […] La
fureur s’allume. Alors, il n’y a plus qu’un cri dans Paris : « Aux armes ! »
[…] Les plus hardis se portent aux Invalides (5) […]
A peine a-t-on des armes, qu’on va à la Bastille (6). La Bastille prise, un garde poursuit
M. de Launay (7), le prend par les cheveux et le fait prisonnier. […] On l’achève et un
boucher lui coupe la tête, on la porte au bout d’une pique […] Un autre ne put se
défendre, le peuple l’arracha de son siège et l’entraîna hors de la salle ; […] un jeune
homme lui appuie son pistolet et lui brûle la cervelle, on crie : « Bravo ! » On lui coupe
la tête qu’on met sur une pique, et j’ai vu de même sur une pique son cœur, qu’on a
promené dans tout Paris. L’après-midi, on pendit le reste de la garnison pris les armes
à la main […] On cria grâce pour quelques-uns. »
Source : Lettre de Camille Desmoulins à son père, 16 juillet 1789.
(1) Ministre très apprécié dans l’opinion publique (notamment pour avoir obtenu la réunion des Etats généraux et le doublement du
nombre des députés du Tiers état), mais il est renvoyé par Louis XVI le 11 juillet.
(2) Référence au massacre des protestants par les catholiques, en 1572, durant les guerres de religion en France.
(3) Dans ce contexte, partisan de la Révolution face aux aristocrates partisans de l’Ancien régime.
(4) Référence à une rumeur d’un complot circulant à Paris selon lequel les nobles et le clergé prépareraient le renversement de l’Assemblée
nationale et la réduction en esclavage de la population.
(5) Réserve d’armes pour les troupes royales. Les Parisiens y récupèrent plus de 30 000 fusils et une vingtaine de canons.
(6) Symbole du pouvoir royal, la Bastille était une prison qui abritait une réserve importante de poudre.
(7) Le marquis de Launay, gouverneur de la Bastille.

1. Identi ez les éléments expliquant que le contexte est très tendu à Paris et que la colère gronde : ____________
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2. Que les émeutiers parisiens récupèrent-ils aux Invalides ? Puis à la Bastille ? _______________________________
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3. Montrez que la violence populaire est d’abord défensive puis punitive : ___________________________________
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3 — En juillet-août 1789, après les évènements à Paris, les petites villes et bourgs des provinces sont touchés à
leur tour par un élan de panique : c’est la « Grande peur » des campagnes. On craint de prétendus brigands
payés par les nobles pour piller les récoltes et se venger. Des paysans se soulèvent alors et attaquent les
châteaux a n d’y piller du blé et d’y détruire les archives pour ainsi effacer les droits et taxes des seigneurs.
Ces violences poussent les députés à se réunir, dans la nuit du 4 au 5 août, pour apaiser la colère du peuple.

M. Le Vicomte de Noailles (député de la noblesse) : M. Le Duc d’Aiguillon (député de la noblesse) :


« Pour parvenir à cette tranquillité si nécessaire, je « Dans ce siècle des Lumières, […] il me semble,
propose qu’il soit dit […] que les représentants de la messieurs, qu’il faudrait, avant d’établir cette constitution si
Nation ont décidé que l’impôt sera payé par tous les désirée que la Nation attend, il faudrait, dis-je, prouver à
individus du royaume, dans la proportion de leurs tous les citoyens que notre intention, notre voeu est d’aller
revenus ; que toutes les charges publiques seront à au-devant de leurs désirs, d’établir […] cette égalité des
l’avenir supportées également par tous […] » droits qui doit exister entre tous les hommes. »

Extraits de discours de la nuit du 4 au 5 août 1789 (l’abolition des privilèges). Source : www.assemblee-nationale.fr

4 — Le 26 août 1789, les députés adoptent la « Déclaration des droits de l’homme et du citoyen », qui compte
17 articles. En voici le préambule [l’introduction] et quelques articles [Art.] :
« Les représentants du peuple français, constitués en Assemblée nationale […] ont résolu d'exposer, dans une
déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme. […] L'Assemblée nationale
reconnaît et déclare […] les droits suivants de l'homme et du citoyen :

• Art. 1 - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne
peuvent être fondées que sur l'utilité commune. […]
• Art. 3 - Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation. […]
• Art. 6 - La loi est l'expression de la volonté générale. […] Elle doit être la même pour tous. […]
• Art. 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur
manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. […]
• Art. 11 - La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux
de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de
l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. […] »

5 — Les journées des 5 et 6 octobre 1789, un tournant dans la Révolution.

Le 5 [au matin], 7 à 8000 femmes se mettent en route pour Versailles dans l'intention d'aller
« chercher du pain ». Des chômeurs se joignent au cortège. Disposant de troupes sûres, le
roi aurait pu faire arrêter l’émeute, mais il laisse la foule envahir l'Assemblée et bivouaquer
devant le château. Le 6 au matin, des gardes du corps sont assassinés et les émeutiers
pénètrent jusque dans les appartements royaux. Pour apaiser la fureur des manifestants,
Louis XVI accepte de signer l’abolition des privilèges du 4 août et la Déclaration du 26 août
et de quitter Versailles pour aller s’installer à au palais des Tuileries (à côté du Louvre), à Paris
avec sa famille. Désormais, le roi est « prisonnier » de la capitale, et c'est le peuple de Paris
qui dirige la Révolution.
Source : d’après Jean Tulard (historien), www.universalis.fr

4. A partir des documents, expliquez cette phrase de l’historien Thomas Snégaroff :


« La nuit _______________________________________________________________
du 4 août marque la n d’un monde.
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Et la naissance d’un autre. »
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