Narcisse
Narcisse
Narcisse
Synopsis
Les PJ sont invités à un vernissage et à une “snuff party” organisée par le Prince.
Tout le gratin branché de la Camarilla parisienne, mêlé à une sélection triée sur le volet
d’artistes, de critiques et d’intellectuels mortels, se retrouve donc au cours de la soirée.
Le Prince reste toutefois absent. Vers minuit, les PJ sont contactés discrètement par
des familiers du Prince (Stanko et Asgard). Le Prince serait atteint d’une crise de démence,
dont personne ne connait l’origine. Les familiers de Villon demandent aux PJ d’enquêter sur
le début de soirée du Prince pour tenter de découvrir ce qui a pu motiver l’accès de folie de
Villon.
L’enquête des PJ les mènera à découvrir les liens étroits que Villon eut, au XVIII° et
XIX° siècles, avec Alistair Mac Ferton, un gentilhomme écossais beau comme un jeune dieu,
étreint sous la Régence par Garance, le rejeton de Villon. Mac Ferton fut surnommé
“Narcisse” par Villon en raison de sa grande beauté, et devint son favori. En 1871,
Narcisse fut accusé d’avoir participé indirectement à l’assassinat de Beatrix, le Prince
Toreador de l’Hégémonie, en 1793. Villon, fou de rage, fit appréhender son favori, s’isola
avec lui dans ses appartements privés où eut lieu une scène terrible. Au bout de quelques
heures, Villon ressortit, livide et maculé de sang ; sa cour retrouva ses appartements
souillés de larges traces sanglantes et découvrit les cendres d’un cadavre déchiqueté dans
les lambeaux du costume de Narcisse. Depuis lors, rares sont les vampires de la Cour qui
ont eu le mauvais goût de rappeler cette triste histoire...
L’enquête des PJ leur fera découvrir qu’un personnage mystérieux a contacté le Prince
et semble l’avoir convaincu de l’innocence de Narcisse. Un siècle après le meurtre de son
favori, le remords a submergé le Prince, qui paraît devenu fou de douleur. Une folie qui fait
trembler la cour entière, car si le Prince a perdu la raison, c’est la porte ouverte à l’anarchie
dans toute l’Hégémonie. Les Tremere, interdits de Thaumaturgie par le Prince, s’agitent en
coulisse, les dignitaires Ventrues et sympathisants praxistes conspirent déjà pour déposer
Villon, et les Anarques risquent fort de profiter de la vacance du pouvoir pour provoquer le
chaos. L’enquête des PJ devient donc une course contre la montre - et prendra un tour des
plus étranges quand nos apprentis détectives approcheront du mystérieux personnage qui
a provoqué le trouble du Prince...
Les origines du trouble du Prince sont anciennes. Voici donc l’histoire de Narcisse,
que les PJ devraient peu à peu découvrir au cours de leur enquête.
2. Un marivaudage Régence
En 1715, Louis XIV disparaît. Son arrière-petit-fils, Louis XV, dit le Bien-aimé, lui
succède, mais n’a que cinq ans à l’époque. Le pouvoir est donc assuré jusqu’à sa majorité
par un régent, Philippe d’Orléans, neveu de Louis XIV.
La Régence est une période de frivolité extraordinaire, énormément goûtée par
François Villon. Celui-ci affiche un libertinage raffiné, collectionne les conquêtes mortelles et
immortelles avec un mélange de grâce et de cynisme inimitable. Garance souffre des
infidélités de son amant, surtout lorsqu’il la fait participer à ses rencontres galantes, et finit
par perdre l’illusion de rester la première dans son cœur...
En 1718, un jeune gentilhomme écossais, Alistair Mac Ferton, arrive à Paris, où il est
engagé comme secrétaire par John Law. Law est le contrôleur général des finances de
France, le fondateur de la Compagnie Française des Indes, et vient de lancer une banque
d’escompte et de dépôt qui enflamme les spéculateurs parisiens... C’est dire si la place
occupée par le jeune Mac Ferton est importante. Elle lui permet de fréquenter le Paris des
Salons, des soupers fins et des opéras champêtres... Une société où Alistair Mac Ferton
séduit, car si son statut de gentilhomme semble douteux, son élégance, son charme et sa
culture sont indiscutables.
A force de briller dans des assemblées hantées par les vampires, Mac Ferton se fit
inévitablement remarquer par un immortel. Et cet immortel, ce fut Garance. Garance, lassée
par les infidélités de Villon, qui se laissa séduire par le charme et la fraîcheur de Mac
Ferton. Elle entreprit le siège du jeune homme, qui succomba comme on se noie au
5. La Commune
Le vrai bouleversement proviendra de la guerre de 1870 : le Second Empire effondré
ranime les ardeurs révolutionnaires des Anarques, qui suscitent la Commune. Craignant
officiellement aussi bien les insurgés parisiens, les rigueurs du siège et les battues sauvages
des Brujah déchaînés, Villon et une partie de sa cour s’exilent à Meaux... En fait, Villon se
sert de Narcisse, resté à Paris et bien infiltré dans les milieux communards, pour orienter
les assauts Anarques contre les Praxistes. Le Révérend, resté lui aussi à Paris, s’en rend
compte, échappant de justesse à une embuscade Anarque.
Une fois la capitale nettoyée d’une bonne partie du parti Praxiste, Villon reprend les
choses en main, conclut une alliance avec les Ventrues et mène une purge très violente
contre les Anarques. Fin 1871, Paris est sur les genoux, mais Villon a consolidé son
pouvoir, ayant saigné à blanc aussi bien l’opposition Praxiste que le mouvement Anarque.
Toute l’hégémonie Toreador tremble devant le Prince, sorti renforcé de l’épreuve. Une
situation qui laisse amers nombre de ses opposants et de ses alliés de dernière heure...
6. La machination du Révérend
Le Révérend, pour sauver sa non-vie, a bien sûr rallié le camp de Villon lorsque le
Prince a persécuté les Anarques. Il a deviné toute la duplicité du Prince, mais il est lui
même trop habile - et trop prudent - pour le dénoncer. Cependant, il ne peut admettre que
Villon remporte une victoire si éclatante. Il veut porter un coup au Prince pour venger les
Praxistes détruits et restaurer l’esprit combatif des survivants Ventrues.
Il décide de s’attaquer au point faible de Villon : Narcisse, son favori. Narcisse, le
contact qui permet à Villon de contrôler le parti Anarque, l’arme que le Prince a utilisé
contre ses adversaires politiques...
En 1871, peu de temps après le retour de Villon à Paris, le Révérend exige de
Quincampoix le remboursement de sa dette de sang, pendante depuis la terreur. Il contraint
le Nosferatu à s’introduire dans la maison possédée par Narcisse au bout de l’impasse du
Tertre (18°arr.), et à y dérober quelques lettres rédigées par le Toreador dans les dernières
années révolutionnaires. Le Révérend sait en effet que Villon et ses familiers récupèrent
régulièrement leur courrier (en le faisant voler, en le rachetant ou tout simplement en le
L’action
1. Le vernissage
Les PJ sont donc invités au vernissage de la galerie Catel-Réaux. Voici quelques
semaines déjà que la rumeur courait dans les coteries parisiennes que le Prince s’était
entiché d’un nouveau courant underground, qu’il comptait dévoiler au public dans une
exposition. Dix jours avant le vernissage, chacun aura reçu un carton d’invitation envoyé
par la baronne Vauquier, stipulant que la manifestation s’ouvrira à 21h30 ; l’étiquette
parisienne veut qu’une invitation envoyée par cette grande dame signifie que le Prince sera
présent et qu’il sera de bon ton de s’y rendre. En clair, pour rester en grâce, il est
indispensable d’y paraître... Les PJ pourront apprendre au cours de la semaine par les
rumeurs qui courent les coteries que le Prince se rendra à la galerie vers 23h, et qu’il faudra
donc arriver auparavant pour l’accueillir avec tout le cérémonial dû à son rang.
Quelle que soit l’heure à laquelle les PJ arrivent, ils trouveront la galerie bondée,
bruissante d’une animation branchée et élégante. Un buffet laisse à la disposition des
invités petits fours et champagne à volonté. L’un des deux serveurs porte un pin’s en forme
de rose ; il s’agit d’une goule chargée de servir discrètement aux Caïnites des verres de
Le Révérend fera une entrée remarquée car menant avec lui une cohorte
d’admirateurs et de parasites. Le Révérend lui-même joue la modestie avec un art
consommé, mais on devine le masque derrière lequel l’Ancien dissimule son orgueil et son
ambition. Il fera le tour de la galerie en s’arrêtant devant chaque œuvre. En tant que
Ventrue, il est peu sensible aux nouvelles formes d’art, mais il est aussi trop habile pour
exprimer clairement sa désapprobation ; il pourra donc faire quelques remarques pleines
d’un esprit très Versailles, où il sera difficile de démêler le compliment de l’ironie. (“En art,
je croyais avoir tout vu, mais ceci démontre le contraire” ; “Le titre de ce tableau est en
Anglais, n’est-ce pas ? Voici une audace qui plaira sans doute au Prince...” ; “Une vanité -
comment dit-on, déjà ?- technologique ! Superbe ! Il n’y manque que la palette du peintre.”
Etc. Si vous prêtez la voix au Révérend, soyez jésuite : le double-sens doit être subtil, la
parole toujours aimable et l’insulte toujours au troisième degré - tant pis pour d’éventuels
joueurs sans subtilité.) Bien sûr, les compagnons du Révérend se récrient à chacun de ses
traits d’esprit...
Les Ventrues sont encore bruissants du succès remporté par le Révérend en
Occitanie, et Cosimo, le Régent Tremere, viendra en personne féliciter le Révérend. Les deux
Anciens rivaliseront de courtoisie et d’amabilité, mais échangeront en fait une passe
d’armes à fleurets mouchetés (Cosimo veut tester jusqu’à quel point le Révérend estime
avoir assis son influence sur la Cour parisienne, le Révérend veut estimer dans quelle
mesure le Régent Tremere est impressionné par sa montée en puissance). N’oubliez pas que
la scène étant publique, en présence de mortels non avertis, tous ces échanges sont allusifs
(Si les PJ ont l’idée saugrenue de filer les Anarques, ils ont intérêt à se montrer
discrets, sans quoi les Brujahs se retourneront contre eux sur le périphérique, occasionnant
un carambolage monstre et provoquant une bagarre hyperviolente sur la chaussée. S’ils sont
discrets, les quatre Brujah les mènent vers un grand entrepôt désaffecté au nord de la gare
de l’est où s’achève une braillée Anarque... Un lieu éminemment dangereux pour les autres
clans, qui devraient mettre la puce à l’oreille aux PJ quant aux troubles qui se préparent. Au
milieu des Brujah, peut-être pourront-ils apercevoir Petraskov en train de chauffer un
groupe de casseurs.)
2. Dérapage
Vers minuit et quart, deux Volkswagen noires se garent devant la Galerie Catel-
Réaux ; en sortent Stanko, tout en cuir noir, et plusieurs jeunes Korrigans. Stanko va droit
vers les PJ et leur annonce qu’ils doivent monter en voiture avec lui. Plusieurs Korrigans
sont abordés par des Ancillas ou des Anciens présents, et semblent livrer des
informations...
En voiture, Stanko refuse de livrer quoi que ce soit. Il passe un coup de téléphone à
Asgard ; les PJ pourront saisir que plusieurs groupes Anarques semblent en déplacement
dans le Quartier Latin, aux Halles et à la Défense. Stanko ordonne alors au chauffeur de
foncer. Les PJ arrivent devant le Louvre, où ils sont rapidement introduits. Alors qu’ils
pénètrent dans le palais, ils aperçoivent dans l’ombre plusieurs groupes de gorilles en
costumes trois pièces, munis d’oreillettes, de lunettes infra-rouge et de pistolets-
mitrailleurs. Dans le grand hall du Louvre, le fauteuil Louis XV qui sert ordinairement de
trône à Villon est bien installé sous la Victoire de Samothrace, mais il est vide. Seul Asgard
est présent, qui passe coup de fil sur coup de fil. Si les PJ prêtent attention, ils pourront
saisir quelques mots : “Je veux savoir où se trouve Gorias8 , s’il a eu l’occasion de contacter
les Anarques parisiens. Je veux aussi un rapport sur les activités de Ferdinand9 et sur le
mouvement de ses agents.”
En approchant, les PJ pourront remarquer qu’une des pommettes d’Asgard est
fracassée et que trois doigts de sa main gauche sont broyés. Il s’agit manifestement de
blessures aggravées. Asgard et Stanko vont alors demander aux PJ de jurer de garder pour
eux ce qu’ils vont leur révéler, sous peine de mort : puis ils leur annonceront que le Prince
8 Gorias est un Brujah étreint au XIV° siècle, appartenant à la faction Idéaliste de son clan. C’est l’un
des primogènes de Marseille, et on le soupçonne de diriger plusieurs cellules Anarques en France.
(Voir le Supplément France)
9 Ferdinand est le dirigeant Anarque du Fief d’Aquitaine-Occitanie, où il fit des ravages au cours de la
Terreur. Il est le responsable démasqué par le Révérend du meurtre d’Edmond Forges.
Narcisse transi, © Usher, La Cour d’Obéron 10
est subitement devenu fou.
Asgard racontera l’épisode du Sacré Cœur, et affirmera que ni lui ni Stanko ne
savent ce que Villon a fait au début de la soirée. Les deux Anciens affirment qu’ils
s’efforcent de maintenir l’ordre pendant la folie de Villon, mais qu’ils désirent aussi
apprendre ce qui a provoqué les troubles du Prince, pour essayer de l’en guérir. Asgard
précise que malheureusement les Anarques semblent au courant de quelque chose car ils
bougent beaucoup. Asgard et Stanko devant se focaliser sur le maintien de l’ordre, ils
exigent que les PJ mènent l’enquête à leur place.
Ils refusent tous deux que les PJ voient le Prince : ils prétendent l’avoir mis en lieu
sûr, et prétextent qu’il est beaucoup trop dangereux pour que de jeunes Caïnites tentent de
l’approcher. Les blessures aggravées d’Asgard devraient convaincre les PJ. En revanche, les
deux vampires accepteront de décrire la folie du Prince : Asgard prétendra l’avoir trouvé
en état de Frénésie au Sacré Cœur, mais il assurera que les troubles psychologiques sont
toujours aussi graves après la crise. Selon ses dires, Villon tournerait en rond comme une
bête en pleurant des larmes de sang, se serait à moitié défiguré avec ses ongles et passerait
par des phases alternées de rage et de désespoir. Il ne s’exprimerait plus qu’en Moyen
Français (le Français parlé au XV° siècle, langue maternelle du Prince), tenant des propos
dépourvus de cohérence, et semblerait complètement désappointé par tous les accessoires
technologiques (Télévision, téléphone, interrupteurs...), fuyant en particulier la lumière
électrique qu’il prend pour celle du soleil. (Il s’agit bien sûr d’une accumulation de
mensonges, échafaudés par Villon lui-même...)
Ils acceptent également de mener les PJ au refuge dans lequel le Prince a passé sa
dernière journée. Il s’agit d’un loft souterrain creusé sous le Musée d’Orsay, garni d’un accès
secret au musée lui-même.
3. Le refuge du Prince
C’est Stanko qui accompagne les PJ au refuge d’Orsay. On y accède par une porte de
service ménagée dans les vestiaires du musée situés juste sous l’entrée principale. Cette
porte donne sur une série de couloirs de service en béton, où courent les installations
électriques de l’édifice. L’accès au refuge proprement dit est une porte métallique blindée,
maquillée en trappe d’accès aux lignes à haute tension. Elle donne en fait sur un ascenseur
à double grille, style début de siècle, dont l’intérieur est capitonné de tapisseries à motifs
floraux de style Belle époque. L’éclairage tamisé est fourni par deux petits halogènes
dissimulés sous forme de lampes à gaz Arts décos. L’ascenseur s’enfonce profondément
dans le sous-sol parisien, et les PJ pourront discerner par les doubles grilles une succession
de strates archéologiques, puis géologiques superposées, dont la décrépitude minérale
tranche avec le luxe de l’ascenseur.
Lorsque l’ascenseur s’arrête enfin, il débouche dans la nef d’une jolie chapelle
gothique - que Villon a fait démonter puis reconstruire 50m sous le niveau du sol... Des
projecteurs disposés derrière les vitraux du XV° siècle transforment l’endroit en une féérie
de couleurs. Les murs sont couverts presque jusqu’à la naissance des voûtes de tableaux et
d’esquisses de grands peintres, appartenant à diverses époques et divers courants
artistiques - Grands maîtres flamands, quattrocinto italien, Manièrisme français, Baroque,
académisme, impressionnisme, pré-raphaélites, cubisme, etc... Les allées sont occupées par
cinq sarcophages somptueux, d’origine romaine, sans doute arrachés au sous-sol de
l’antique Lutèce. Ils sont garnis de coussins brodés, d’étoffes précieuses et de soieries. Au
centre de la nef se trouve le Transi d’or massif sculpté par Rodin et représentant Narcisse.
Il s’agit d’une statue de taille humaine représentant Narcisse nu, en train de s’admirer dans
un petit miroir à main. La partie gauche montre un corps magnifique, éclatant de jeunesse
et de beauté ; la partie droite montre les membres décharnés d’un cadavre, découvrant le
crâne et le squelette sous une peau effilochée. Les PJ pourront remarquer que le squelette est
composé de vrais ossements, en partie carbonisés par l’or coulé autour d’eux. Si les PJ
interrogent Stanko sur cette statue, celui-ci leur dira qu’il s’agit d’une œuvre de Rodin,
intitulée “Narcisse transi”, et prétendra ne pas en savoir plus.
Dans le chœur, une cathèdre majestueuse est posée à la place de l’hôtel. Le siège est
en vieux chêne décoré de plaques d’ivoire sculpté représentant de ravissants petits
personnages Renaissance, livrés à des scènes galantes dans des décors stylisés d’intérieurs
4. La Baronne Vauquier
Ils peuvent avoir l’idée de se rendre chez la baronne Vauquier, dans l’espoir où celle-
ci en connaîtrait plus sur les projets du Prince pour la soirée. L’adresse de la baronne peut
être livrée par Stanko : il s’agit d’un immense appartement au 92, boulevard Montaigne, qui
n’est autre qu’un bordel luxueux pour pédophiles... En fait, lorsque les PJ débarquent,
l’appartement est complètement vide : ne restent dans les vastes salons de l’appartement
que quelques tringles au-dessus des fenêtres et les traces des cadres sur les murs. (Sur le
conseil de Villon, la baronne Vauquier a déménagé avec armes et bagages en prévision des
troubles à venir). Si les PJ parviennent à se renseigner auprès des voisins (ce qui demandera
pas mal d’habileté dans un immeuble de la haute société parisienne, au beau milieu de la
nuit...), ils apprendront que trois camions de déménagement ont emporté tous les meubles
de Madame Vauquier au cours de l’après-midi. Personne ne saura la nouvelle adresse de la
baronne.
Le concierge se souvient du nom de l’entreprise de déménagement (si les PJ pensent à
l’interroger à ce sujet) : il s’agit de “Cassins frères”, dont le siège se trouve à Noisy-le-Sec.
L’entreprise étant fermée au cours de la nuit, il faudra beaucoup d’habileté aux PJ pour
contacter les responsables (écumer l’annuaire et passer une trentaine de coups de fils pour
localiser le domicile privé des Cassins déménageurs). Ceux-ci, réveillés au cœur de la nuit,
se montreront plutôt malpolis au téléphone, et il faudra aller les voir personnellement et
s’introduire illégalement chez eux pour leur extorquer des informations : tout ce qu’ils
pourront alors livrer, c’est que les meubles de la baronne Vauquier ont été déposés dans un
garde-meubles à Pantin. L’adresse personnelle laissée par la baronne est toujours le 92,
boulevard Montaigne.
5. Contacter Garance
Connaissant la position ambiguë de Garance auprès du Prince, les PJ peuvent avoir
7. Le Sacré Cœur
Les PJ peuvent également se rendre au Sacré Cœur - très proche de l’impasse du
Tertre. L’accès à la basilique est interdit par un cordon de police ; plusieurs voitures et
estafettes de police sont garées devant le parvis, les gyrophares bleus donnant un aspect
sinistre à la scène. Des journalistes sont également présents, et tentent vainement de
parlementer avec les forces de l’ordre pour entrer dans l’édifice. Deux équipes télé tournent
sur les extérieurs. vu de dehors, une porte massive de la basilique a bel et bien été arrachée
de ses gonds, plusieurs vitraux sont pulvérisés, et quelques bancs fracassés encombrent le
parvis et les bas-côtés. A l’intérieur, quelques statues ont été mutilées et la plupart des
bancs et des chaises on été fracassés contre les murs.
Autour des journalistes et des forces de police, une petite foule de curieux s’est
rassemblée. Un peu à l’écart, rue Azaïs, un vieux van cabossé est arrêté, toutes portes
ouvertes. Installés sur les sièges avant et sur le trottoir se trouvent Natacha, un punk
Anarque et quatre goules crades, manifestement défoncées, qui s’amusent à lancer des
canettes vides sur la chaussée et ricanent du spectacle. Si les PJ vont les voir, les deux
Anarques et leurs goules les insultent grossièrement, mais sans trop élever le ton - la
présence des policiers et des journalistes devrait pousser tout le monde à éviter des éclats
trop voyants. Le punk ricane simplement que les Brujah n’ont plus rien à faire, maintenant
que ce sont les Toreador qui font de la casse... Les Anarques refuseront d’en dire plus et,
par dérision, feront même mine d’appeler les policiers si les PJ s’incrustent.
Rez-de-chaussée
1.Vestibule:Une grande pièce qui traverse la demeure de part en part, et ouvre sur le
jardin par une porte fenêtre face à la porte d’entrée. Un bel escalier de pierre courbe, à la
main courante de fer forgé, monte à l’étage. Sous cet escalier mangé de toiles d’araignées,
une porte donne sur un escalier étroit qui descend dans la cave à vins. Deux portes aux
boiseries rongées donnent à gauche sur la cuisine et la salle à manger ; une porte donne à
droite sur le salon.
Une jolie commode Louis XVI à plateau de marbre, malheureusement piquée par les
vers, se trouve dans le vestibule. Elle porte un beau vase en biscuit de Sèvres, emmailloté de
toiles d’araignées, où s’étiolent les tiges noircies d’un antique bouquet. Fouiller les tiroirs
permet de retrouver d’antiques jeux de cartes, de ravissantes montres à gousset
définitivement arrêtées, un éventail qui se déchire si on le touche, plusieurs paires de gant
de bal jaunis par le temps...
Des tableaux ornent les murs ; si les PJ les nettoient des toiles d’araignée et de la
poussière, ils tomberont sur une galerie de portraits d’acteurs de la commedia dell’arte, que
des amateurs éclairés pourront attribuer à Watteau12 .
Depuis la porte d’entrée, des traces de pas récents ont dispersé la poussière et
arraché des toiles d’araignée en direction du salon, de la salle à manger et des escaliers.
2. Cuisine : Une pièce tout en longueur, qui donne par deux fenêtres aux volets délabrés
sur la cour et par une porte de service sur le côté de la maison. Non loin de la porte de
service, une vieille trappe scellée par la poussière et les toiles d’araignée donne sur un
escalier étroit donnant sur le cellier. Au-dessus de la trappe, un escalier de service assez
raide - et très vermoulu - monte et donne au bout du couloir du premier étage.
Un grand âtre contient des cendres agglomérées en traînées noirâtres par l’eau de
pluie et deux grandes crémaillères rouillées. Au-dessus de la cheminée est suspendue toute
une batterie de marmites, de poëles et de casseroles de cuivre corrodé, grouillantes
d’araignées. Sur la table de bois rustique, garnie de trois chaises branlantes aux sièges de
paille crevés, tout un couvert d’argenterie est méthodiquement rangé sous une épaisse
12 Antoine Watteau, 1684-1721. Peintre français s’écartant de l’académisme du XVII° siècle pour
s’inspirerde la peinture de Rubens et des Vénitiens. Coloriste délicat, dessinateur exceptionnel, il
renouvelle la peinture française en imposant un style fait de poèsie et de nostalgie. Une partie
importante de son œuvre est consacrée aux scènes de comédie.
Narcisse transi, © Usher, La Cour d’Obéron 16
couche de poussière, ainsi qu’un vieux chiffon à demi décomposé - comme si un domestique
avait abandonné là son travail d’astiquage.
Sous une fenêtre, un grand évier de pierre garni d’une immense pompe à eau -
engorgée de rouille et de toiles d’araignée - est encore encombré de vaisselle et de
casseroles, soudées par une saleté vieille d’un siècle. Dans un coin, un jeu de balais de crin
et de plumeaux pourrissent sous des toiles d’araignée poussièreuses. Un vaisselier contient
un grand couvert en porcelaine fine, garnie de petits personnages régence, aux couleurs
fanées par la poussière.
Une série de clochette corrodées sont suspendues au-dessus de la porte (elles
servaient à “sonner” la domesticité).
3. Salle à manger: Une grande pièce donnant sur le jardin par une porte fenêtre. Des
ronces se sont glissées entre les lattes disjointes des volets et les carreaux cassés, et se sont
lovées autour des montants de la porte fenêtre. L’eau de pluie s’est également infiltrée par
la même voie, et rend le plancher sournoisement élastique du côté du jardin. Des taches
malsaines de moisissure se sont développées sur les murs et sur les lambeaux fanés des
rideaux.
Un tapis qui fut fastueux, maintenant rongé de vermine, couvre le plancher vétuste.
Une vaste table et douze chaises Second Empire garnissent les lieux. Le rembourrage des
sièges s’est affaissé. Sous une épaisse couche de toiles d’araignées, le couvert est mis : une
nappe en dentelle s’effiloche, des couverts de porcelaine et de cristal prennent la poussière,
un sédiment noirâtre stagne au fond de belles carafes à vin.
Trois tableaux ornent les murs. Nettoyés des toiles d’araignée et de la poussière, ils
révèlent deux natures mortes très académiques encadrant une Vanité du XVII° siècle, d’une
austérité toute janséniste. Une grâcieuse cheminée de marbre est dominée par une jolie
horloge Empire, définitivement rouillée et encrassée, et par un vieux miroir piqué au cadre
doré.
4. Salon : Une pièce très vaste, qui donne par deux fenêtres sur la cour, et par une
porte-fenêtre sur le jardin. Sous la poussière et les toiles d’araignée dorment un joli clavecin
peint de scènes champêtres (et éc aillées) très XVIII° siècle (Côté cour) et un beau piano
à queue (côté jardin). Les touches en ivoire des deux instruments ont jauni, sont muettes ou
donnent des sons sinistres, effroyablement désaccordés. Sur le lutrin du piano se trouvent
quelques feuillets fragiles, où une partition à demi effacée par le temps a été manuscrite. Il
s’agit d’un air romantique et funèbre ; au terme de de la partition se trouvent ces quelques
mots : “A mon ami Lord Kenningmore, esthète averti parmi les mélomanes, ces quelques
mesures de ma Grande Messe des Morts. H. Berlioz”
Dans l’espace entre les deux instruments se trouvent une petite table de jeu garnie de
chaises branlantes ainsi que des fauteuils à oreillettes et des poufs Second Empire, aux
rembourrages affaissés ou crevés. Des gravures jaunies montrant des paysages de ruines
baroques, typiques du XVIII° siècle, ornent les murs. Au-dessus d’une cheminée en marbre
aussi charmante que celle de la salle à manger est accroché un grand tableau. Peint dans
une facture très néoclassique, il représente Coriolan, un tribun romain au regard halluciné,
devant lequel deux femmes agenouillées (sa femme et sa mère) tendent des bras implorants.
La toile est signée Louis David 13 .
Premier étage
5.Couloir:Il longe la façade sur toute la longueur, et est faiblement éclairé par des
fenêtres délabrées donnant sur la cour. L’escalier de pierre du vestibule donne au centre du
couloir. A droite, le couloir mène à la bibliothèque et au bureau. A gauche, il mène au
boudoir et à la chambre. Au fond à gauche, il donne sur l’escalier de service qui descend à
la cuisine et sur celui qui monte sous les combles, dans les chambres des domestiques.
Les traces de pas se dirigent vers la droite, en direction de la bibliothèque et du
bureau.
(Au second, les quatre chambres des domestiques ne contiennent pas grand chose
d’intéressant : des lits aux matelas crevés, des brocs et des cuvettes à l’émail écaillé, des
13 Louis David, 1748-1825. Membre de la Convention, et peintre de Napoléon Ier sous l’Empire.
Chef de file de l’école néoclassique.
Narcisse transi, © Usher, La Cour d’Obéron 17
vêtements modestes rongés de vermine, des affaires de toilette pourrissantes...)
6. Boudoir : Une petite pièce borgne, garnie de tapis de Perse mangés de mites, d’un
guéridon Empire piqué et de trois bergères aux rembourages affaissés. Des gravures
libertines du XVIII° siècle sont accrochées aux boiseries pourrissantes qui garnissent les
murs. Une porte donne directement accès à la chambre.
Des personnages fouineurs, sur un jet de perception difficile, pourront retrouver une
très vieille lettre sans doute tombée sous un coussin d’une bergère. Le papier en est fragile
et casse aux pliures. Une écriture passée, aux déliés emplis d’un charme désuet, y a tracé
les lignes suivantes :
“Mon ami, (Puis-je encore vous appeler ainsi ? Ou craignez-vous aussi que cette
appellation indispose votre protecteur ?)
Suis-je en train d’expier les infidélités faites jadis à mon vieux mari ? Je n’entends
parler que de vous, mais je ne vous vois plus, sinon en compagnie de ce personnage qui
m’est désormais doublement odieux. Avez-vous la mémoire si courte ? Vous doublez
l’offense de vos silences par la détresse dans laquelle votre absence - votre mépris, peut-
être - me plonge, et me pousse à vous écrire ces folies.
On rit déjà de moi. Soit. Mais tôt ou tard, on rira aussi de vous. Du moins est-ce ce
que je vous souhaite, car dans la position qui est la vôtre, tous les périls sont à craindre.
Adieu. Je tâcherai de bien vous haïr.”
La lettre est signée “Armande”. Il s’agit d’un courrier que Garance avait envoyé à
Narcisse, dans un moment de désespoir.
7. Chambre : Une pièce d’angle, avec une fenêtre donnant sur le côté et une donnant sur
le jardin. Une porte donne sur le couloir, une sur le boudoir et une sur le cabinet de toilette.
Un joli lit à baldaquin occupe le centre de la pièce, rendu sinistre à force de décrépitude,
voilages en lambeaux et literie infestée de vermine, le tout drapé dans de grandes toiles
d’araignées. Le reste de la pièce paraît un peu vide, comme si elle n’avait jamais été
vraiment utilisée.
10.Bureau:Une pièce d’angle de dimensions plus réduites, dotée d’une porte donnant
sur le couloir, l’autre sur la bibliothèque, d’une fenêtre donnant sur le côté de la maison,
l’autre donnant sur le jardin.
Un angle est occupé par un chevalet où moisit une toile inachevée ; elle semble offrir
une vision nocturne du Paris du XIX° siècle bombardé (il s’agit d’un tableau évoquant les
rigueurs de la Commune). Un joli secrétaire Louis XV occupe l’autre partie de la pièce. Des
plumes à hampe d’or ciselé ou d’ivoire y attendent toujours dans leurs encriers desséchés.
Les tiroirs révèleront une clef de fer compliquée (la clef de l’armurerie et deu refuge de
Narcisse) ainsi qu’une correspondance abondante. Les papiers sont rangés en liasses
nouées à l’aide de rubans défraichis, sauf en ce qui concerne ceux des années 1790-1793, en
grand désordre (trace du passage de Quincampoix au siècle dernier).
Eplucher le courrier prendra du temps, mais pourra se révéler instructif. Les PJ
pourront découvrir :
B. Une importante série de billets laconiques, rassemblés en une seule liasse, rédigés
sur les papiers les plus divers. Trois éléments devraient frapper les PJ : a) l’écriture est
toujours la même, et des personnages attentifs remarqueront qu’il s’agit de la même écriture
que celle du billet épinglé sur le tableau de Delacroix b) Jamais d’adresse ni de signature c)
les billets semblent avoir été rédigés sur une très longue période, depuis le XVIII° siècle
jusqu’à la deuxième moitié du XIX° (Les PJ pourront le deviner car certains messages ont été
écrits à la va-vite sur des fragments de page de gazettes ou de journaux). Les textes sont
du style :
“Je vous attendrai demain soir dans le salon de Madame de Scay”
ou
“Les comédiens du Théâtre Royal donnent ce soir un divertissement de Crébillon.
Rejoignez-moi dans la loge de la marquise d’Aumale.”
ou encore
“M. Alfred de Musset fera lundi au Cénacle une lecture d’On ne badine pas avec
l’amour. Soyez-y. La pièce est, paraît-il, remplie d’enseignements.”
Etc...
(Ces billets sont tous de la main de Villon)
Des joueurs très méticuleux pourront découvrir entre les chenêts rouillés de la
cheminée, ensevelis sous les toiles d’araignées, les cendres d’une autre liasse de papiers.
Seuls quelques fragments n’ont pas brûlé, mais leur examen pourrait être instructif. Les
passages lisibles peuvent être très courts (“...e gouvernement Thiers...” ; “... feu nourri des
troupes de Versailles...”) ou plus longs, et plus évocateurs (“... soupçons confirmés.
Certaines sections sont noyautées par des Anarques de la mouvance de Gorias. Cette
faction est trop dangereuse pour que je tente de l’infiltrer ; elle serait responsable de
l’exécution de Monseigneur Darboy, l’archevêq...”, ou “... laissé courir des rumeurs sur le
refuge de Bourbon, comme prévu. Le stratagème a fonctionné la nuit dernière ; la victime a
été massacrée par des Brujah incontrôlés...”, ou “... Le Révérend est à Paris ; les Anarques
le cherchent, sans succès jusqu’à présent. Je n’ai pas réussi non plus à le débusquer. Je crois
qu’il commence à se méfier de moi...” ou encore “...ville est exsangue. Elle ne tardera plus à
tomber. Il serait opportun d’abandonner le soutien aux Brujah et de rassembler les forces
contre-révolutionnaires. Demain, la victoire est complète. Après-demain, la situation nous
échappe...”).
Tous ces passages concernent l’action de Narcisse pendant la Commune, menée au
service du double-jeu de Villon. Narcisse, qui savait ces papiers explosifs, les a détruits
peu de temps avant d’être lui-même piégé par le Révérend.
Sous-sol
11.Cellier:Une cave voûtée en pierres de taille. Un escalier mène à la cuisine, une porte
étroite donne sur la cave à vin. Des étagères croulantes supportent encore des alignements
de conserves artisanales du siècle précédent. Les pots de verre ne contiennent plus que des
résidus où s’accrochent des moisissures maladives. Les carcasses noires et desséchées de
deux faisans sont encore suspendues au plafond.
12. Cave à vin : Une cave voûtée en pierres de taille. Un escalier mène au vestibule, une
porte étroite donne sur le Cellier, une autre sur la cave à charbon. Des centaines de
9. Les cambrioleurs
Quand les PJ auront visité la maison, ou lorsqu’ils feront mine de la quitter, faites
intervenir le Beau Bob et Max la Came, les deux cambrioleurs recrutés sur ordre du
Révérend pour faire disparaître tout papier compromettant au 15 de l’impasse du Tertre.
Le Beau Bob et Max la Came sont deux petits artisans de la cambriole, qui
travaillent en général pour les antiquaires véreux et les collectionneurs dénués de scrupules.
Ils ignorent tout de la Famille et de l’histoire dans laquelle ils viennent de se fourrer. Un de
leurs employeurs occasionnels est Monsieur Jean, une des goules de Camille Pons. Monsieur
Jean vient de leur téléphoner et leur a promis 30.000 F s’ils lui rapportaient avant la fin de
la nuit l’ensemble des papiers qu’ils trouveraient dans le bureau du 15, impasse du Tertre.
Il leur a assuré que le coup était sans danger, et il leur a demandé de lui livrer le plus vite
possible leur butin, dans un cimetière de voitures appartenant à “Raymond Poinceau
Ferrailleur”, à Meudon. Monsieur Jean ayant toujours été réglo avec eux, les deux complices
ont accepté le coup.
Le Beau Bob et Max la Came seront un peu surpris par la maison qu’ils visitent, et
franchement stupéfaits par les trésors qu’elle recèle. Ils se jureront d’y repasser se servir
lorsqu’ils auront rempli leur contrat. Si les PJ ne les en empêchent pas, ils devraient
rapidement trouver le bureau et faire main basse sur les papiers.
Deux options pour les PJ : A. Laisser faire les cambrioleurs puis les filer
discrètement. Auquel cas les deux voleurs les mèneront tout droit au rendez-vous de
Meudon, chez “Raymond Poinceau Ferrailleur”.
B. Les intercepter. Au moindre signe de danger, les
deux gaillards tentent de prendre la fuite. Si les PJ parviennent à les capturer, une touche
d’intimidation suffira à les faire parler, et ils déballeront le peu qu’ils savent de l’affaire,
ainsi que le rendez-vous à Meudon. Ils ignorent comment contacter Monsieur Jean, ce qui
fait que les PJ seront forcés d’aller au rendez-vous s’ils veulent savoir de qui il s’agit.
Aux PJ de se hâter de regagner leurs refuges, avant les premiers rayons du jour.
15. Epilogue
Le lendemain soir, Villon rendra publiques les preuves de la félonie du Révérend,
affirmera qu’il s’en était toujours douté et rétablira Narcisse à la Cour. Sans attendre le
jugement de Villon, le Révérend a pris la fuite. Pourtant, Villon se montre étrangement
magnanime : il agonit de sarcasmes le Ventrue, affirme qu’il ne désire plus le voir rôder
dans son sillage, mais ne réclame aucune poursuite contre lui. Il a consacré sa disgrâce, et
ne désire pas aller plus loin, craignant de dresser définitivement contre lui la coterie
parisienne des Ventrues. Au bout de quelques mois, le Révérend rentrera sans doute à Paris
et sollicitera son pardon au cours d’une audience assez humiliante. Dès lors, les PJ
compteront un ennemi puissant à la Cour...
A la Cour, précisément, les Ventrues continueront à proclamer l’innocence du
Révérend et feront courir le bruit que c’est Villon qui a monté de toutes pièces l’histoire du
faux pour couvrir son favori et masquer sa propre implication dans le meurtre de Beatrix.
Narcisse séjournera quelques mois à Paris, mais Villon et lui se sont éloignés en un
siècle, et passé l’émotion des retrouvailles, les deux vampires vont se lasser l’un de l’autre.
Narcisse trouve l’affection et la jalousie du Prince étouffantes, Villon trouve son favori
singulièrement vaniteux et absent. En finale, Narcisse retournera à Edimbourg, mais il lui
arrivera encore de faire des séjours à Paris, maintenant avec Villon les liens que l’on a avec
une vieille maîtresse...
Si vos PJ se montrent un peu arrogants, ou un peu trop sûrs d’eux, le Prince se livrera
avec eux à un petit jeu cruel. Il les convoquera un soir, en présence de ses familiers toujours
prêts à dépecer (au figuré, peut-être au sens propre aussi...) des caïnites tombés en
disgrâce, et il leur demandera brutalement qui leur a donné l’autorisation de prendre de
nouvelles goules. Lorsque les PJ lui répondront que c’est lui, il entrera dans une colère noire
et assurera du contraire en traitant les PJ de crétins. Si les PJ le croient amnésique ou
dérangé, il les menacera de bannissement pour crime de lèse-majesté, et ajoutera qu’il se
souvient parfaitement de ce qu’il leur a dit : il les a autorisés à créer “une ou deux
goules”(sous-entendu, pour le groupe), non le nombre de goules créées par les PJ
(vraisemblablement une à deux par vampire). Il fera mine de croire que les PJ l’avaient
parfaitement compris, et qu’ils ont détourné sciemment son propos - ce qui l’amènera à les
accuser de trahison.
Sourires carnassiers de ses favorites.
Quand les PJ se seront bien empêtrés dans leurs protestations, leurs explications et
leurs excuses, le Prince éclatera de rire et, plein d’ironie, leur accordera “son pardon”...
Mais il engagera les PJ à toujours lui témoigner la même loyauté sans faille que par le passé,
car il aura fait la démonstration que même les meilleurs serviteurs peuvent toujours offenser
leur maître.
I. La côterie du Révérend
2. Camille Pons
Clan : Ventrue
Génération : Neuvième
Nature : Traditionaliste
Attitude : Architecte
Attributs : Force 3 Dextérité 3 Vigueur 4
Charisme 3 Manipulation 4 Apparence 3
Perception 3 Intelligence 3 Astuce 4
Capacités : Bagarre 3, Commandement 3, Intimidation 2, Sports 2, Subterfuge 3,
Vigilance 2, Diplomatie 2
Armes à feu 3, Conduite 3, Etiquette 2, Furtivité 2, Mêlée 2, Survie 2, Chasse 3,
Débats 2
Bureaucratie 4, Droit 4, Finances 4, Linguistique 1 (Français, Anglais), Politique
3, Anthropologie 2, Comptabilité 4
Disciplines : Domination 3 (Ordre, Hypnotisme, Esprit distrait)
Présence 3 (Révérence, Regard terrifiant, Transe)
Force d’âme 3
Célérité 2
Puissance 2
Vertus : Conscience 4
Maîtrise de soi 4
Courage 3
6. Fiacre
Clan : Nosferatu
Génération : Onzième
Nature : Brute
Attitude : Grincheux
Attributs : Force 4 Dextérité 3 Vigueur 5
Charisme 1 Manipulation 2 Apparence 0
Perception 3 Intelligence 2 Astuce 4
Capacités : Bagarre 3, Connaissance de la rue 4, Esquive 2, Intimidation 3, Sports 2,
Vigilance 2
Animaux 3, Furtivité 3, Mêlée 3, Conduite 2, Equitation 3, Conduite d’attelage
4, Dressage 3, Sécurité 2, Survie 3
Investigation 3, Secrets de la Ville 2
Disciplines : Dissimulation 3 (Cape d’Ombre, Disparition, Mille Visages)
Animalisme 2 (Chant de la Bête, Appel Sauvage)
Puissance 4
Métamorphose 2 (Lueur des yeux rouges, Griffes du Loup)
Vertus : Conscience 3
Maîtrise de soi 4
Courage 3
Humanité : 6
Volonté : 6
Réserve de sang : 12
Fiacre est un colosse de près de deux mètres, à la carrure impressionnante et à la démarche
pataude. Il est chauve, son crâne est déformé par une petite crête osseuse, son nez est cassé, ses
paupières tombantes suppurent et des touffes de poil jaunâtre sortent de ses oreilles de chauve-
souris. Il se déplace avec une démarche chaloupée de grand singe.
Il porte des godillots éculés, un pantalon informe, un vieux chandail troué et un gros caban
de marine au col rabattu. Faisant confiance à sa force et à sa discrétion surnaturelles, il ne porte
généralement pas d’arme.
Fiacre, de son vrai nom Auguste Licot, est né en 1875 dans un modeste couple de
domestiques. N’ayant pas fait d’études, presque analphabète, il oscilla au cours de sa
jeunesse très près de la délinquance. Devenu finalement cocher de fiacre vers 1900 (d’où
7. Chaton
Clan : Nosferatu
Génération : Douzième
Nature : Déviant
Attitude : Rebelle
Attributs : Force 2 Dextérité 5 Vigueur 4
Charisme 1 Manipulation 2 Apparence 0
Perception 3 Intelligence 2 Astuce 3
Capacités : Bagarre 2, Connaissance de la rue 3, Empathie 2, Esquive 3, Intimidation
1, Sports 2, Vigilance 2
Animaux 4, Armes à feu 3, Furtivité 3, Mêlée 2, Réparations 4, Sécurité 2, Survie
4
Investigation 3, Zoologie 2
Disciplines : Dissimulation 3 (Cape d’Ombre, Disparition, Mille Visages)
Animalisme 4 (Chant de la Bête, Appel Sauvage, Doux murmures,
Fusion des esprits)
Puissance 2
Vertus : Conscience 2
Maîtrise de soi 3
Courage 5
Humanité : 4
Volonté : 6
Réserve de sang : 11
Chaton est un être frêle et grêle, aux membres squelettiques et blafards. Il a la démarche
voûtée d’une grande araignée prudente et chétive, la tête osseuse disroportionnée par rapport à son
corps souffreteux. Ses lèvres charnues sont déformées par des crocs jaunes, ses yeux cernés de noir au
fond de leurs orbites semblent couverts par une taie blanchâtre, et la furonculose a transformé la
partie droite de son visage en un cauchemar de cloques, de verrues et de cratères mal cicatrisés. Il
porteune vieille salopette de bleu de travail trop large, un marcel troué qui dévoile sa poitrine
squelettique et une vieille veste elimée et tachée. En cas d’accrochage, il utilise un fusil (plutôt
dépassé) de sniper : un vieux M-21 (Difficulté 7, Dégâts 8, Cadence de tir 2, Chargeur 20).
Chaton, de son vrai nom Louis Magny, est né à Paris en 1895 dans une famille
ouvrière particulièrement pauvre. Tyrannisé par un père alcoolique, il vécut une enfance
martyre. En 1914, il venait de quitter l’enfer du galetas familial et de trouver un emploi de
cheminot où il se sentait bien lorsque la guerre éclata. Il fut incorporé, monta au front,
connut des moments particulièrement durs aux Eparges. Il survécut tant bien que mal au
milieu de cet enfer jusqu’en novembre 1916, où il fut gravement gazé. Il lui fallut un an
d’hôpital pour retrouver un semblant d’autonomie, mais il restait gravement infirme. De
retour à la vie civile, il fut incapable de retrouver un travail, et sa maigre pension d’invalide
de guerre fut bientôt engloutie dans des canons de rouge. Devenu clochard, il était rongé de
haine contre le monde entier, et méditait une vengeance terrible.
Sa vengeance fut bizarre, cruelle et dérisoire : il se mit en devoir de retrouver les
familles de tous les officiers, morts ou survivants, qui lui avaient commandé sur le front.
Lorsqu’il les localisait, il tuait systématiquement tous les animaux familiers de la famille ou
des enfants, avec une délectation sadique. Tout lui était bon, avec une nette préférence
pour le poison ou la strangulation. Il éprouvait un plaisir particulier à tuer des chats - d’où
le sobriquet que les Nosferatus lui donnèrent plus tard. Ce fut sa misère physique et
morale, mais aussi la rigueur de la méthode qu’il utilisait pour retrouver ses anciens
supérieurs, qui attirèrent les Nosferatus. Un soir de décembre 1928, alors qu’il allait mourir
9. Natacha et Ludmila
Clan : Brujah
Génération : Neuvième
Nature : Déviante
Attitude : Brute
Attributs : Force 3 Dextérité 3 Vigueur 3
Charisme 3 Manipulation 2 Apparence 5
Perception 2 Intelligence 1 Astuce 2
Capacités : Bagarre 2, Connaissance de la rue 3, Esquive 1, Intimidation 3, Sports 3,
Subterfuge 1
Armes à feu 2, Mêlée 1, Pilotage (moto) 3, Réparations 1, Survie 3
Linguistique 1 (Russe, mauvais Français)
Disciplines : Célérité 2
Puissance 1
Présence 2 (Révérence, Regard terrifiant)
Vertus : Conscience 2
Maîtrise de soi 2
Courage 5
Humanité : 5
Volonté : 6
Réserve de sang : 14 (2/tour)
Ludmila et Natacha sont deux superbes slaves d’une petite vingtaine d’années. Ludmila est
blonde platine avec des yeux gris acier, Natacha rousse avec un regard émeraude. Toutes deux sont
de vraies bombes sexuelles : lèvres pulpeuses et rouge-sang, des seins comme des obus et des jambes
interminables. Elles sont vêtues de bodys très échancrés, de mini-jupes et de bombers de cuir, de bas
résilles troués et de talons aiguilles ; elles portent des colliers et des bracelets de cuir clouté. Elles sont
maquillées avec un mauvais goût ostentatoire. Elles cultivent la grossièreté et la provocation, tour
à tour brûlantes, insultantes ou hyperviolentes. Elles parlent russe et quelques mots de mauvais
français. Quelle que soit la langue qu’elles utilisent, elles ne sortent que des obscénités.
En cas d’accrochage, elles utilisent des PM “Skorpion” (Difficulté 7, Dégâts 3, Cadence de
tir 15, Chargeur 20, Veste), avec un chargeur de rechange fixé au sparadrap au premier.
Ludmila et Natacha sont nées en URSS et sont devenues adolescentes dans le chaos
de la Russie moderne. Face à un avenir bouché en Russie, les deux jeunes filles se sont
tournées vers l’occident. Ayant répondu à une annonce qui proposait un travail d’hôtesse
en France, elles sont tombées entre les mains de proxénètes sans scrupules qui les ont jetées
sur les trottoirs de Pigalle. Elles ont mené une existence misérable de prostituées expatriées
jusqu’au soir où elles sont tombées sur un mystérieux client - en l’occurence, Petraskov, en
chasse. Celui-ci, séduit par leur origine russe et par leur rage contre le système qui les avait
détruites, en a fait ses infantes.
Ludmila et Natacha sont encore des nouveaux nés, enivrées par leur nouvelle
puissance. Ce sont de vraies anarques, destructrices et indomptables, qui se sacrifieraient
pour Petraskov. Celui-ci les considère comme ses jouets...
Ludmila et Natacha tombent presque automatiquement en frénésie au cours d’un
combat. Elles compensent leur faiblesse relative par une utilisation massive de points de
sang.
10. Wolker
Clan : Brujah
Génération : Onzième
Nature : Fanatique
Attitude : Rebelle
Attributs : Force 4 Dextérité 3 Vigueur 4
Charisme 4 Manipulation 2 Apparence 0
12. Dahomé
Clan : Tremere
Génération : Neuvième
Nature : Déviant
Attitude : Architecte
Attributs : Force 3 Dextérité 3 Vigueur 3
Charisme 4 Manipulation 3 Apparence 3
Perception 2 Intelligence 4 Astuce 4
Capacités : Bagarre 2, Connaissance de la rue 2, Empathie 3, Intimidation 2,