LA SEINE Evolution de Qualite de Seine

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Evolution de la qualité

de la Seine
en lien avec les progrès
de l’assainissement
de 1970 à 2015

Ouvrage collectif

Coordinateurs
Vincent Rocher et Sam Azimi
Avec le soutien
d’ARCEAU – Association Recherche
Collectivités dans le domaine de l’EAU

www.arceau-idf.fr

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CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

Le Lexique six Langues de l’Eau, collectif, 2001


Abécédaire de l’agronomie Champenoise, Jean-Louis-Pascal Ballif, 1997
Dynamique de l’eau et irrigation en Champagne, Jean-Louis-Pascal Ballif, 1998
Ruissellement et érosion en Champagne, Jean-Louis-Pascal Ballif, 1999
La nature juridique de l’eau, Arnaud Gaonac’h, 1999
La responsabilité pénale des élus locaux, Sophie Canadas-Blanc 1998
Planète Eau : repères pour demain, Jean-Luc Redaud, 2000
L’eau, ressource vitale, Jean-Louis-Pascal Ballif, 2001
Histoire illustrée de 5 000 ans d’hygiène publique, Maurice Paquier, 2001
L’industrie des carrières et le développement durable, collectif, 2002
Histoires d’eaux parisiennes, Maurice Paquier, 2004
Plages en Ville, baignades en Marne, Thomas Deschamps, 2004
L’eau en France : quelle stratégie pour demain ?, Jacques Oudin, 2004
La guerre de l’eau aura-t-elle lieu ?, Nguyen Tien-Duc, 2004
Les eaux pluviales, James Chéron, Alix Puzenat, 2004
L’eau potable et l’assainissement, Jean-Luc Martin-Lagardette, 2004
Environnement et politiques locales, un nouveau défi ? Régis Morvan, 2006
Les cours d’eau et le droit, Philippe Marc, 2006
Un nouveau rôle pour les agences de l’eau ?, Bernard Kaczmarek, 2006
Les agences de l’eau : quarante ans de politique de l’eau, Jean-Loic Nicolazo, Jean-Luc Redaud, 2007
L’eau dans son environnement rural, Jacques Bordet, 2007
L’eau… Une histoire peu ordinaire, Raoul Caruba, 2008
Le renouveau du droit public fluvial, Guy Arzul, 2008
La prise en charge des dettes d’eau des usagers démunis en France, Henri Smets, 2008
Le vade-mecum de l’eau, Jean-Luc Martin-Lagardette, 2009
De l’eau potable à un prix abordable, Henri Smets, 2009
Regard juridique sur la double nature de l’eau, Marie-Agnès Bordonneau, 2009
Les principes du droit et de l’administration des Eaux, Dante A. Caponera, 2010
L’accès à l’assainissement, un droit fondamental, Henri Smets, 2010
Le droit à l’eau : une urgence humanitaire, Bernard Drobenko, 2010
La mise en oeuvre du droit à l’eau : les solutions à Paris, Henri Smets, 2011
Le Conseil Mondial de l’Eau, René Coulomb, 2011
Théorie et pratique du droit de l’eau, Alan Saout, 2011
La tarification progressive de l’eau potable, Henri Smets, 2011
Dérèglement climatique et ressources en eau, Nguyen Tien-Duc, 2012
Le droit à l’eau potable et à l’assainissement en Europe, Henri Smets, 2012
Le droit à l’eau : une urgence humanitaire 2ème édition, Bernard Drobenko, 2012
La protection juridique des cours d’eau, Aude Farinetti, 2012
La part fixe dans la tarification de l’eau des ménages, Henri Smets 2012
Les nouveaux tarifs de l’eau potable, Henri Smets 2013
La recherche des fuites d’eau, Alex Gaspar, 2013
Le code de l’eau, 4ème édition, Bernard Drobenko, Jacques Sironneau, 2017
Les sources du droit à l’eau en droit international, Marie-Catherine Petersmann, 2013
Territoires, villes et campagnes face à l’étalement urbain et au changement climatique, collectif, 2013
L’eau, entre réglementation et marché, sous la coordination de Max Falque, 2014
Le filtre planté de roseaux, guide d’exploitation, 2014
La traversée de la pluie, Guy Bédiot, 2014
Introduction au droit de l’eau, Bernard Drobenko, 2014
L’accès à l’eau : un nouveau droit de l’Homme ? Franck Duhautoy, 2015
Le statut juridique de l’eau à l’épreuve des exigences environnementales, Julia Gudefin, 2015
Balade écologique au fil de la Seine, Bernard Vedry, 2015
La loi sur l’eau de 1964 : bilans et perspectives, Collectif, 2015
Le recouvrement des factures d’eau, Henri Smets, 2016
Qualité microbiologique des eaux en agglomération parisienne, Vincent Rocher, Sam Azimi, 2016
Histoires d’eau : le versant vert de l’eau française, André Paulus, 2016
La police de l’eau – Réglementer les usages des eaux : un défi permanent, Anthony Mergey et
Frantz Mynard, 2017

Périodiques :
L’eau, L’industrie, les Nuisances (mensuel)
Le Guide de l’Eau, collectif

ISBN : 979-10-91089-31-9
Copyright Éditions Johanet 2017, Paris
Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage (Loi du 11 mars 1957)
sans l’autorisation de l’éditeur ou du centre Français d’exploitation du droit de copie.

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Préface

Depuis 1970, les équipes du SIAAP assurent chaque jour la dépollution des
eaux usées domestiques, industrielles et pluviales de l’agglomération pari-
sienne.
Opérant sur un territoire qui compte parmi les plus denses d’Europe avec 9
millions d’habitants, notre syndicat est en charge de l’épuration quotidienne de
2,5 millions de m3 d’eaux usées au sein de nos 6 usines.
Aujourd’hui, notre métier, ses objectifs et ses contraintes ont considérablement
évolué. Il s’agit pour notre service public, de nous adapter à ces évolutions afin
d’être en capacité de répondre aux nouvelles attentes des Franciliens tout en
continuant à leur apporter le meilleur service au meilleur coût.
La prise de conscience, au sein des opinions publiques, de l’urgence environ-
nementale bouleverse de manière inédite la vision que nous devons avoir des
métiers de l’assainissement. Cette nouvelle conscience sur l’importance des
enjeux environnementaux a radicalement transformé le regard que nous por-
tons tous sur l’eau et son devenir.
Bien commun de l’Humanité, l’eau est aujourd’hui reconnue comme rare et
fragile : sa protection et sa préservation doivent désormais être considérées
comme des priorités absolues dans la perspective de garantir pour les généra-
tions futures un accès durable à cette ressource vitale.
La croissance urbaine de ces dernières années a transformé le visage des villes
et a eu un impact majeur sur le milieu naturel, tant sur les eaux de surface que
sur les eaux souterraines. Cette croissance crée un impératif nouveau de protec-
tion de la ressource qui devra nécessairement être partagé à l’échelle mondiale.
Fragilisé par l’augmentation de la population, l’imperméabilisation des sols et
la multiplication des pollutions émergentes, le milieu naturel doit à tout prix
faire l’objet d’une attention renforcée au sein du grand cycle de l’eau.
En présentant l’évolution des techniques d’assainissement et leur impact sur
la qualité de l’eau de la Seine depuis 1970, cet ouvrage collectif raconte les
grandes étapes du déploiement industriel de l’épuration en Ile-de-France. Il
met également en lumière les profondes mutations du processus épuratoire et
son adaptation permanente à une ambition toujours plus forte pour le SIAAP :
réduire son empreinte carbone, protéger le milieu naturel et ainsi « reconquérir
la Seine, la Marne et leurs affluents ». Au cœur de ces défis, les femmes et les
hommes du SIAAP œuvrent chaque jour.

Bélaide BEDREDDINE
Président du SIAAP
Jacques OLIVIER
Directeur Général du SIAAP

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Liste des auteurs
Vincent Rocher. SIAAP – Direction Innovation Environnement –
Service Expertise et Prospective.
Sam Azimi. SIAAP – Direction Innovation Environnement – Service
Etudes Générales et Patrimoine.
Catherine Paffoni. SIAAP – Ingénieur hydrologue.
Olivier Rousselot. SIAAP – Direction Innovation Environnement –
Direction.
Jean-Pierre Tabuchi. SIAAP – Direction de la Stratégie Territoriale.
Jean Bernier. SIAAP – Direction Innovation Environnement –
Service Expertise et Prospective.
Sabrina Guérin-Rechdaoui. SIAAP – Direction Innovation
Environnement – Service Expertise et Prospective.
Romain Mailler. SIAAP – Direction Innovation Environnement –
Service Expertise et Prospective.
Sébastien Pichon. SIAAP – Direction Innovation Environnement –
Service Etudes Générales et Patrimoine.
Alexandre Gonçalves. SIAAP – Seine Aval – Unité de Production
des Eaux et de l’Irrigation.
Clotilde Marcel. SIAAP – La Cité de l’Eau et de l’Assainissement.
Johnny Gasperi. Université Paris-Est Créteil – LEESU.
William Thomas. DRIEE – Service Police de l’Eau.

Remerciements aux équipes du PIREN-Seine pour leur


contribution à ce projet :
Jean-Marie Mouchel. Université Pierre et Marie Curie – UMR
METIS.
Laurence Lestel. Université Pierre et Marie Curie – UMR METIS.

Remerciements aux équipes du SIAAP pour leur contribution à


ce projet :
Véronique Brémont. SIAAP – Direction Innovation Environnement
– Service Etudes Générales et Patrimoine.
Erwan Garcia-Gonzalez. SIAAP – Direction Innovation
Environnement – Service Expertise et Prospective.

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Table des matières
Introduction générale....................................................................... 10
Les grandes étapes de l'assainissement........................................... 14
I. Du traitement agricole au traitement industriel (1875-1970) ...14
II. Montée en puissance du traitement industriel (1970-2015)...28
II.1. Les grandes étapes du déploiement industriel............................. 28
II.2. Quarante ans de diminution des flux rejetés............................... 35
II.2.1. Illustration de la montée en puissance du traitement indus-
triel [1970-1980]................................................................ 40
II.2.2. Illustration du tournant dans l’assainissement parisien
[1980-1990]....................................................................... 41
II.2.3. Illustration de l’évolution des traitements des nutriments
azotés et phosphorés et de la gestion efficace des eaux de
temps de pluie [1990-2015]............................................... 42
II.2.4. Corollaire de l’évolution du traitement des nutriments azo-
tés et phosphorés et de la meilleure gestion des eaux de
temps de pluie [1990-2015]............................................... 50
La reconquête de la Seine................................................................. 56
I. Evolution de la qualité physico-chimique de la Seine en
quarante ans.............................................................................. 57
I.1. De quelle qualité parlons-nous ?............................................. 57
I.2. Une qualité plus que médiocre en 1970.................................. 61
I.3. Amélioration de la qualité suite à la montée en puissance
de l’assainissement parisien (1970-1990).............................. 62
I.4. Une Seine reconquise suite à la généralisation des traitements
poussés (C/N/P) sur les stations (1990-2015) ......................... 63
II. Evolution de la qualité bactériologique (10-15 ans)......................66
III. Evolution de la biodiversité (25 ans).................................... 68
Conclusion générale.......................................................................... 72
Bibliographie..................................................................................... 76

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Liste des figures
Figure 1. Evolution des volumes d’eaux usées collectés dans les réseaux
et traités, via l’épandage agricole ou les traitements centralisés
en station d’épuration, de 1875 à 2015.................................. 15
Figure 2. Les grandes étapes de l’évolution de l’assainissement parisien :
(1970-1980) la montée en puissance des traitements centrali­
sés, (1980-1990) le tournant de l’assainissement parisien et
(1990-aujourd’hui) la généralisation des traitements de l’azote
et du phosphore et la prise en charge des rejets urbains de
temps de pluie......................................................................... 28
Figure 3. Evolution des volumes d’eau (a) collectés dans les réseaux et
déversés sans traitement et (b) admis et traités sur les stations
d’épuration ou les champs d’épandage (1955 à 2015)........... 36
Figure 4. Evolution des flux de matière organique [DBO5] (a) collectés
dans les réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les sta-
tions d’épuration (1955 à 2015)............................................. 37
Figure 5. Evolution des flux d’azote [azote Kjeldahl] (a) collectés dans
les réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations
d’épuration (1955 à 2015)...................................................... 38
Figure 6. Evolution des flux de phosphore total [Pt] (a) collectés dans
les réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations
d’épuration (1955 à 2015)...................................................... 39
Figure 7. E volution de la composition des eaux usées de 1990 à
2015 au travers de l’évolution de l’équivalent-habitant en (a)
azote et en (b) phosphore........................................................ 43
Figure 8. Evolution des volumes d’eau déversés par les principaux
déversoirs d’orage du SIAAP (Clichy, La Briche et La Frette)
de 1996 à 2015....................................................................... 46
Figure 9. Evolution des abattements moyens en bactéries indicatrices de
contamination fécale (BIF) pour trois filières de traitement des
eaux usées : 1- traitement par épandage (1897 – 1901, n=79),
2- traitement du carbone (cas de l’usine Seine Aval, 2004 –
2005, n=59) et 3- traitement complet du carbone, de l’azote et
du phosphore (2011 – 2015, n=305)...................................... 51
Figure 10. Evolution des flux [(a) en NPP/an et (b) en unité logarithmique]
de bactéries indicatrices de contamination fécale (cas d’Esche-
richia coli) collectés dans les réseaux à l’échelle de l’aggloméra-
tion parisienne et rejetés de 1955 à 2015................................ 53

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Figure 11. Evolution des concentrations en pollution carbonée (DBO5),
azotée (ammonium) et phosphorée (ortho-phosphates) dans
la Seine en zone centrale en 1971-1972, 1985-1986 et 2012-
2013...................................................................................... 60
Figure 12. Evolution des concentrations en oxygène dissous dans la
Seine en zone centrale en 1921, 1971-1972, 1985-1986 et
2012-2013............................................................................. 60
Figure 13. Evolution des concentrations médianes en (a) Escherichia coli
et (b) entérocoques intestinaux dans la Seine en aggloméra-
tion parisienne en 1999-2001, 2004-2005 et 2011-2015..... 66
Figure 14. Nombre d’espèces et d’individus recensés en Seine par année
de pêche et cumul sur la période de suivi (1990-2015)....... 69
Figure 15. Distribution de la présence des individus selon leur habitat
(limnophile/rhéophile) et alimentation (omnivore/carni-
vore).................................................................................... 69
Figure 16. Intégration du compartiment « rivière » dans le système de
gestion de l’assainissement francilien de demain................ 73

Liste des Tableaux


Tableau 1. Limites des classes de qualité DCE des paramètres physi-
co-chimiques généraux........................................................ 58

Liste des photos


Photo 1. Pétition des habitants « malheureux » de Bougival (1905)..... 18
Photo 2. Essais d’épuration biologique par (a) lit de séchage (Mont-
Mesly, 1906), (b) lit biologique (Fond de Vaux, 1909), (c) filtres
biologiques (Colombes, 1916), (d) boues activées (Colombes,
1921)........................................................................................ 22
Photo 3. Station Hygea Simplex (Colombes, 1937).............................. 22
Photo 4. Vue aérienne de la station d’épuration d’Achères en 1940 (1ère
tranche).................................................................................... 25

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Photo 5. Construction de l’émissaire Sèvres-Achères (1954) pour ali-
menter la station d’épuration d’Achères................................. 26
Photo 6. Vue d’ensemble de la station d’épuration d’Achères en 1967
(1ère et 2ème tranche)................................................................. 27
Photo 7. Vue aérienne de la station d’épuration d’Achères en 1978 (4
tranches : AI [1940], AII [1966], AIII [1972] et AIV [1978])... 30
Photo 8. Vue aérienne de la station d’épuration de Valenton (1987).... 31
Photo 9. Vue aérienne de l’unité de traitement de l’azote par biofiltra-
tion intégrée dans la file de traitement des eaux de la station
d’Achères (Seine Aval)........................................................... 33

Liste des cartes


Carte 1. Localisation des champs d’épandage alimentés par l’aqueduc
d’Achères (1908)...................................................................... 17
Carte 2. Localisation des champs d’épandage en 1926......................... 20
Carte 3. Réseau d’émissaires prévu au programme général d’assainisse-
ment de 1935............................................................................ 24
Carte 4. Localisation des réseaux d’assainissement endommagés suite
aux bombardements de la seconde guerre mondiale............... 26
Carte 5. Evolution de la qualité de la Seine appréciée sur le linéaire allant
de Méry-sur-Seine à Oissel...................................................... 59

Liste des encarts


Encart 1. Une recherche prolifique pour accompagner les évolutions de
l’assainissement parisien des 30 dernières années................. 34
Encart 2. Focus sur l’évolution des flux de carbone, azote et phosphore
apportés à la Seine par le SIAAP entre 1997 et 2014............ 48
Encart 3. Un SAMU pour les poissons.................................................. 64

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Table des matières

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Introduction générale
Au début du 19ème siècle, l’assainissement de la Ville de Paris est
rudimentaire. Les égouts étant très peu nombreux, ce sont principa-
lement les bras de la Seine qui assurent l’évacuation des eaux insa-
lubres. Cet assainissement balbutiant combiné à une forte croissance
démographique engendre une dégradation de la qualité sanitaire des
eaux. Les maladies hydriques se propagent alors au sein de Paris. Face
à cette situation, la Ville de Paris favorisera d’abord l’évacuation des
eaux sales vers la Seine avant de privilégier leur épandage sur les
terres agricoles ; cette solution préservant la qualité de la Seine tout en
apportant de la matière organique aux sols.
Au début du 20ème siècle, l’objectif du « tout-à-l’égout, rien au
fleuve, tout à la terre » est atteint pour la Ville de Paris. Cependant, la
solution apportée par l’épandage ne permet pas de faire face à l’aug-
mentation des volumes d’eaux usées générés par la ville et, durant la
première partie du 20ème siècle, la qualité de la Seine se détériore. Des
méthodes alternatives aux champs d’épandage sont recherchées. Les
traitements centralisés, utilisant les biomasses épuratrices d’ores et
déjà étudiées en Angleterre, se dessinent alors comme la solution à
mettre en œuvre à l’échelle parisienne. Dès 1940, la première installa-
tion permettant le traitement biologique des eaux sera mise en eau sur
le site d’Achères (Yvelines, 78). Mais c’est la construction, entre 1954
et 1972, de grands émissaires capables de transporter des volumes
importants d’eaux usées jusqu’à la station d’épuration d’Achères qui
marquera le passage vers l’ère du traitement centralisé. Cependant, en
1970, la situation n’est pas encore satisfaisante. Plus de la moitié des
eaux usées produites par l’agglomération parisienne est déversée sans
traitement dans la Seine. La qualité du fleuve est plus que médiocre,
notamment en aval de l’agglomération parisienne où le niveau d’oxy-
génation est extrêmement faible.
Plus de quarante années seront nécessaires, de 1970 à aujourd’hui,
pour changer radicalement le visage de l’assainissement francilien.
Cette mutation du système d’assainissement francilien va s’opérer en
trois grandes étapes. Entre 1970 et 1980 aura lieu une véritable montée
en puissance du traitement industriel, principalement avec l’aug-
mentation forte de la capacité de traitement de la station d’Achères. La
période 1980-1990 est, quant à elle, considérée comme une période
charnière dans l’assainissement parisien. Cette décennie permettra
de poursuivre l’augmentation de la capacité de traitement globale, par
la construction d’autres stations d’épuration, mais surtout de préparer,

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Introduction générale

par une recherche expérimentale active, la mutation des stations


d’épuration. Cette mutation qui s’opérera en plus de 25 ans, de 1990
à aujourd’hui, consistera à améliorer la qualité du traitement réalisé
sur les usines d’épuration, en passant d’un traitement unique de la pol-
lution carbonée à un traitement complet du carbone, de l’azote et du
phosphore, et en privilégiant le déploiement de traitement par culture
fixée (biofiltres) dans une recherche de compacité des installations.
Cette évolution de l’outil industriel a conduit à une réduction spec-
taculaire des flux de polluants introduits dans la Seine. Cette réduc-
tion des flux a permis la restauration de la qualité physico-chimique
de la Seine et l’amélioration de sa qualité microbiologique (Rocher
et Azimi, 2016). Aujourd’hui, le niveau d’oxygénation du fleuve est
élevé et les concentrations en nutriments azotés et phosphorés beau-
coup plus faibles. Le retour d’une importante diversité piscicole dans
la rivière constitue d’ailleurs le meilleur témoin de la restauration de
la qualité de la Seine ; 32 espèces différentes de poissons sont recen-
sées aujourd’hui dans la Seine francilienne contre 3 en 1970 (Azimi et
Rocher, 2016).
Cet ouvrage vise à mettre en lumière le lien entre les grandes
étapes de l’assainissement parisien et l’évolution de la qualité de
la Seine, fleuve récepteur de la plupart des eaux traitées en agglomé-
ration parisienne. Il s’agit de s’appuyer sur quelques indicateurs clés,
tels que les concentrations en oxygène dissous, en carbone organique,
en azote, en phosphore ou en bactéries indicatrices de contamination
fécale, pour montrer l’amélioration de la qualité de la Seine induite
par la mutation de l’assainissement conduite ces 40 dernières années.
Le premier chapitre, intitulé « Les grandes étapes de l’assainis-
sement », présente les étapes du déploiement industriel depuis le
début du 20ème siècle, en se focalisant particulièrement sur les qua-
rante dernières années durant lesquelles l’assainissement francilien a
opéré sa véritable mutation. Les vagues de travaux et d’aménagement
conduites depuis 1970 y sont décrites et traduites en termes de réduc-
tion des flux de pollution introduits dans la rivière. Le second chapitre,
intitulé « La reconquête de la Seine », discute de l’amélioration de la
qualité de la Seine entre 1970 et aujourd’hui. L’évolution de la qualité
est discutée en observant un long linéaire de Seine, allant de Méry-
sur-Seine, 210 km en amont de Paris, jusqu’à Oissel, situé 230 km
après la sortie de Paris.

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Introduction générale

13

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Les grandes étapes de l'assainissement

I. Du traitement agricole au traitement industriel


(1875-1970)

Au début du 19ème siècle, l’assainissement au sein de la Ville de


Paris n’est que très peu développé. Les égouts sont peu nombreux et
représentent un linéaire de moins de 50 kilomètres. C’est principale-
ment un bras de la Seine, aujourd’hui sous les Grands Boulevards, qui
assure l’évacuation des eaux insalubres. Durant la même période, un
phénomène d’exode s’amorce et Paris voit sa population augmenter
de 650 000 à près de 2 millions d’habitants, ce qui dégrade fortement
la qualité sanitaire de l’eau et génère un grand nombre d’épidémies.
La grande épidémie de choléra de 1832 et les 18 000 morts qui y ont
été recensés engendrent alors, pour la première fois depuis la période
romaine, une prise de conscience de la nécessité de maîtriser la qualité
des eaux. La Ville de Paris entreprend une grande opération d’alimen-
tation des logements en eau et favorise l’évacuation des déchets par un
courant d’eau coulant vers la Seine. Ce procédé améliore la qualité de
vie des habitations mais a un grand impact sur les volumes de déchets
et d’eaux usées envoyés vers la rivière. L’épandage des eaux brutes
apparait alors comme une solution au problème de la pollution gran-
dissante de la Seine, mais également comme une solution au déficit de
matières organiques dont souffrent les terres agricoles.
La figure 1 permet d’apprécier l’évolution des volumes d’eaux
usées collectés et traités en agglomération parisienne des années 1870
à 2015. Les volumes collectés par les réseaux d’assainissement sont
représentés par la courbe marron et les volumes traités par la courbe
bleue. La ligne rouge pointillée indique le pourcentage d’eau traitée
par rapport au débit total collecté. La courbe verte indique, quant à
elle, les volumes traités naturellement via l’épandage des eaux usées
sur les champs agricoles.

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Les grandes étapes de l'assainissement

Volumes annuels (x 106 m3)

Part épurée (%)


Figure 1. Evolution des volumes d’eaux usées collectés dans les réseaux
et traités, via l’épandage agricole ou les traitements centralisés en station
d’épuration, de 1875 à 2015

Apogée et insuffisance des champs d’épandage [1875-1930]. Au


début des années 1870, alors qu’il n’existe aucun mode de gestion
des eaux usées, les ingénieurs de la Ville de Paris, Adolphe Mille
et Alfred Durand-Claye, initient le processus visant à promouvoir
l’épandage des eaux usées sur les sols agricoles. Leur projet prévoit
alors d’épandre les eaux sur une surface irrigable de plus de 1 000
hectares, avec une dose d’épandage importante comprise entre 50 000
et 100 000 m3/ha/an. Ce projet se concrétisera sous l’impulsion de
la loi du 4 avril 1889. Ce texte autorise la construction de l’aque-
duc d’Achères, inauguré en 1895, qui transporte les effluents pari-
siens vers 800 ha de terrains domaniaux, situés dans la presqu’île de
Saint-Germain. Elle prévoit également les modalités de la pratique
des irrigations à l’eau usée, en fixant la dose d’épandage à 40 000
m3/ha/an. Cette loi consacre définitivement le principe de l’épandage
agricole mais s’écarte du projet initial qui prévoyait une utilisation
plus importante de l’irrigation (Rapport Robaglia présenté au Conseil
municipal de Paris, 1913). L’extension des surfaces d’épandage de
la Ville de Paris, nécessaire à l’exécution du projet initial d’Adolphe
Mille et d’Alfred Durand-Claye, sera autorisée suite à la promulgation
de nouvelles lois, et en particulier celle du 4 juillet 1894. Ce texte
consacre le principe du " tout-à-l’égout " et impose à la Ville de Paris
de mettre fin aux déversements en Seine par l'épandage de la totalité
de ses eaux d’égout ; un délai de 5 ans étant accordé à la Ville de Paris
pour la réalisation de ces travaux d’aménagements. Une commission

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Évolution de la qualité de la Seine

de surveillance des champs d’épandage est également mise en place


pour veiller à ce que les prescriptions de la loi relative à l’utilisation
agricole des eaux d’égouts de Paris et à l’assainissement de la Seine
soient respectées. Cette évolution des pratiques et du mode de ges-
tion des eaux usées suscitent néanmoins quelques craintes, notamment
au sein de la communauté des hygiénistes de l’ère pasteurienne qui
exprime son opposition à la pratique de l’épandage. Un suivi épidé-
miologique est d’ailleurs assuré dans les communes où se pratique
l’épandage.
Début 1900, et suite à ce long processus d’aménagement, l’objectif
du « tout-à-l’égout, rien au fleuve, tout à la terre » est atteint pour la
Ville de Paris. La quasi-totalité des eaux produites et collectées par
la Ville de Paris est traitée. Les eaux usées sont alors transportées
par l’aqueduc d’Achères et épandues sur près de 5 300 ha de champs
agricoles (Carte 1). Les volumes d’eaux usées rendus à la Seine sans
traitement sont minimes et l’infection de la Seine s’atténue. Mais, si
l’amélioration de la qualité de la rivière est indéniable, la Seine reste
très fragile et les évènements rapportés en 1900 témoignent de cette
fragilité. Alors que l’été de cette année est particulièrement chaud et
que le débit d’étiage est faible, de nouvelles plaintes des riverains
s’élèvent au sujet de nombreuses mortalités de poissons et d’une
contamination insoutenable de la Seine en aval de Paris. L’ingénieur
ordinaire Pigeaud du Service de la Navigation de la Seine et des Ponts
de Paris indiquera alors que la Ville de Paris est hors de cause mais
qu’il y a lieu de réclamer énergiquement son concours pour débarras-
ser le lit de la rivière des dépôts plus ou moins anciens qui sont une des
sources de l’infection. Les volumes d’eaux usées importants déversés
par le département de la Seine et les communes riveraines, estimés
à environ 200 000 m3/jour, seront également identifiés comme une
source de l’infection (Rapport de l’ingénieur ordinaire Pigeaud - Ser-
vice de la Navigation de la Seine et des Ponts de Paris, 21 septembre
1900). Cet épisode de mortalité piscicole de l’été 1900 sera suivi
d’autres épisodes. Durant l’été 1904, plusieurs pétitions de pêcheurs,
bateliers et restaurateurs seront même lancées pour empêcher le retour
des infections et des mortalités estivales de poissons consécutives au
« sans-gêne véritablement criminel de la Ville de Paris » (Délibéra-
tion du Conseil général du département de la Seine et Oise, 1904).
En 1905, ce sont les habitants de Bougival qui se plaindront auprès
du préfet d’être empoisonnés par les odeurs du fleuve (Photo 1). Ces
mauvaises odeurs étaient principalement dues à la papeterie de la
Seine, située à Nanterre, qui déversait des « liqueurs noires » chargées
en soufre.

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Les grandes étapes de l'assainissement

Carte 1. Localisation des champs d’épandage alimentés par l’aqueduc


d’Achères (1908)

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Évolution de la qualité de la Seine

Photo 1. Pétition des habitants « malheureux » de Bougival (1905)

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Les grandes étapes de l'assainissement

Jusqu’au milieu du 20ème siècle, la situation va encore se dégra-


der. Paris (intramuros) atteint son maximum démographique en 1930
avec près de 3 millions d’habitants (Mossé R., 1934). Cette augmenta-
tion de population générera logiquement l’augmentation des volumes
d’eaux distribués, situation qui va conduire à un accroissement des
volumes collectés (Figure 1, courbe marron).
Dans le même temps, la pression urbaine accrue combinée à des
difficultés d’exploitation des champs d’épandage, liées notamment
à des relations conflictuelles entre agriculteurs et concessionnaires,
va induire une diminution des volumes d’eaux traités par épandage
(Figure 1, courbe verte). Ainsi, bien que la surface des champs dispo-
nibles ait été augmentée depuis 1895, pour atteindre rapidement une
surface totale de 5 300 ha en 1926 (Carte 2), cette solution de trai-
tement ne suffit plus à gérer les eaux usées générées par la Ville de
Paris.
Dès lors, les déversements directs en Seine augmentent d’une
façon excessive. A titre d’illustration, de 1900 à 1950, le pourcentage
d’eau traitée passera de près de 90% à moins de 30% (Figure 1, ligne
rouge pointillée). Ce pourcentage est particulièrement faible durant la
grande guerre de 1914 car le charbon réservé en priorité à l’effort de
guerre est rationné et l’usine de Colombes, qui alimente les champs
d’épandage, ne refoule que l’été pour assurer la production agricole
de Paris (Diénert, La Technique sanitaire et municipale, 1920). Face à
cette situation, seule une nouvelle augmentation de la surface d’épan-
dage, une rationalisation des épandages ou la création d’un exutoire
régulateur peuvent apporter une réponse.

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Évolution de la qualité de la Seine

Carte 2. Localisation des champs d’épandage en 1926

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Les grandes étapes de l'assainissement

La recherche de méthodes alternatives aux champs d’épandage


[1900-1930]. Dès 1901, au jardin modèle d’Asnières, la Ville de Paris
a entrepris des essais de procédés industriels à l’aide de produits
chimiques susceptibles de remplacer les champs d’épandage. Ils se
poursuivront par des essais d’épuration biologique des eaux d’égout
sur sol artificiel (lits de séchage et lits bactériens) à Mont-Mesly à
Créteil et au Fond de Vaux à Pierrelaye (Photos 2a et 2b). Ces ins-
tallations, de faible capacité, constituent en quelque sorte un régula-
teur des irrigations en tant qu’équipements d’appoint. Toutefois les
coûts de traitement demeurent élevés et la résolution de problèmes
techniques, tels que le choix des matériaux support, le colmatage, et
l’évacuation des boues, incertaine. Ainsi, à la veille de la guerre, en
1913, la Ville de Paris considère l’épandage comme la seule méthode
d’épuration possible, la méthode des lits bactériens étant difficilement
applicable à grande échelle (Journal Officiel de la République Fran-
çaise, 15 juin 1902). En Angleterre, la nature des terrains se prête mal
à l’épandage avec ou sans utilisation agricole. Une nouvelle technique
d’épuration émerge alors vers 1915 : le traitement par boues activées,
décrit dans les travaux scientifiques d’Andern et Lockett (1914). Les
techniciens hygiénistes de la Ville de Paris génèrent alors une abon-
dante littérature scientifique sur le principe de ce procédé. Parmi eux,
l’ingénieur F. Diénert évoque des expérimentations menées durant la
1ère guerre mondiale à Colombes dans un article de la revue Technique
Sanitaire Municipale (1920) et dit « en construisant l’installation de
Colombes nous avons cherché à décanter les eaux d’égout. […] la
préoccupation était de rejeter ces eaux aussi décantées qu’on pou-
vait l’obtenir. Nous avons installé une soufflerie dans ce bassin. C’est
ainsi que nous avons été amenés à nous occuper des boues activées ».
Dès lors, de nombreux essais expérimentaux débuteront à Mont-
Mesly puis seront repris sur le site de Colombes qui dispose de la
force motrice nécessaire (Photos 2c et 2d). Le Centre Expérimental
de la Ville de Paris voit alors le jour. Créé sur les terrains attenant à
l’usine de Colombes, ce centre expérimental a pour but, à une échelle
intermédiaire entre le laboratoire et l’échelle définitive de réalisation,
d’expérimenter les procédés modernes de traitement des eaux usées
et d’effectuer des recherches sur la récupération des sous-produits
(Photo 3). Il est équipé d’un laboratoire et est organisé pour tester
rationnellement et simultanément divers procédés français et étrangers
à une échelle industrielle. A la suite de ces essais, la redoutable effica-
cité des boues activées laisse envisager la possibilité d’un traitement
centralisé sur une surface réduite.

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Évolution de la qualité de la Seine

(a) (d)

(b)

(c)

Photo 2. Essais d’épuration biologique par (a) lit de séchage (Mont-Mesly, 1906),
(b) lit biologique (Fond de Vaux, 1909), (c) filtres biologiques (Colombes, 1916),
(d) boues activées (Colombes, 1921)

Photo 3. Station Hygea Simplex (Colombes, 1937)

La boue activée ouvre la voie au traitement centralisé [1930-1970].


Les pouvoirs publics prennent rapidement conscience que l’état de la
Seine ne peut être amélioré en traitant uniquement les eaux de Paris.
Le programme d’assainissement doit être traité au niveau de l’ag-
glomération parisienne en intégrant les zones du département de la
Seine-et-Oise, techniquement tributaires du système général de

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Les grandes étapes de l'assainissement

collecte du département de la Seine. Afin de résoudre définitivement


le problème de l’assainissement, il fut proposé une solution d’en-
semble sous la forme d’un programme général d’assainissement
de la région parisienne. Approuvé en 1929 par le Conseil Général
et déclaré d’utilité publique en décembre 1935, ce programme doit
répondre aux besoins des quarante années à venir. Il définit ainsi les
zones assainies en mode unitaire et séparatif et prévoit l’achemine-
ment de toutes les eaux d’égout de son territoire ainsi que celles du
département voisin de Seine-et-Oise (convention entre les dépar-
tements de la Seine et de la Seine-et-Oise approuvée en 1933) vers
une station d’épuration biologique artificielle, en principe unique.
C’est le “tout vers l’aval”, qui prévaudra jusqu’à la fin des années
60. Implantée dans le parc agricole d’Achères, cette usine utilisera
les procédés d’épuration mis au point au Centre Expérimental de
Colombes, à savoir des boues activées pour le traitement de l’eau et
une digestion anaérobie pour le traitement des boues. Le programme
prévoit de construire l’usine par tranches successives, initialement
12 tranches de 200 000 m3/j chacune sont prévues. Son alimentation
gravitaire sera assurée grâce à l’aqueduc d’Achères (1895) et à un
faisceau de 3 grands émissaires de 3,5 à 4 m de diamètre : l’émissaire
Sèvres-Achères, l’émissaire Saint-Denis-Achères et l’émissaire Cli-
chy-Argenteuil. Ce réseau d’émissaires prévu au programme général
d’assainissement de 1935 est illustré par la Carte 3. Les performances
d’épuration seront conformes aux instructions du Conseil Supérieur
d’Hygiène Publique de France du 1 er mars 1933 (Recueil des textes
officiels concernant la protection de la santé publique, tome VIII,
1931-1933). L’objectif prioritaire étant de supprimer l’asphyxie des
fleuves, il est admis que l’abattement de la seule pollution carbonée
par des boues activées à forte charge est suffisant pour obtenir une
bonne épuration, sans exiger la nitrification qui pourtant, au début du
siècle, était considérée par les hygiénistes comme l’indicateur d’une
bonne qualité d’épuration. La solution du traitement par épandage est
conservée mais sert dorénavant d’appoint au traitement centralisé,
jusqu’à la réalisation complète du programme. Il s’agit d’un tournant
important dans la politique d’assainissement, l’épuration biologique
artificielle prend le pas sur l’épandage.

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Évolution de la qualité de la Seine

1- Aqueduc d’Achères mis en eau en 1895 ; 2- Emissaire Sèvres-Achères mis en eau en 1954 ;
3- Emissaire Saint Denis-Achères mis en eau en 1966 ; 4- Emissaire Clichy-Argenteuil mis en
eau en 1972.

Carte 3. Réseau d’émissaires prévu au programme général d’assainissement


de 1935

Le programme général d’assainissement de la région parisienne se


concrétise par la construction de la 1ère tranche de l’usine d’Achères
à la veille de 1940 (Achères I), alors que les champs d’épandage
n’assurent le traitement que de 30 à 40% des eaux usées parisiennes
(Photo 4). Elle est alimentée provisoirement par l’aqueduc d’Achères
desservant les champs d’épandage en attendant la construction des
grands émissaires. La seconde guerre mondiale entraine un long retard
dans la construction des tranches suivantes prévues par le programme
général d’assainissement. Une ordonnance allemande de mai 1942
prescrit en effet la fermeture immédiate de tous les chantiers publics
en France : les travaux sont suspendus. Et, à la fin de la guerre, il
faut remettre en état les réseaux qui ont subi de graves dégâts. Entre
1942 et 1944, les bombardements aériens ont endommagé lourdement

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Les grandes étapes de l'assainissement

certains réseaux d’assainissement, comme en témoigne la carte des


points d’impact des bombardements éditée à la fin de la seconde
guerre mondiale (Carte 4). Compte tenu de l’ampleur des dégâts, force
est d’étaler les investissements. Il faudra d’ailleurs attendre la mise
en service du premier émissaire en 1954, le Sèvres-Achères (Photo
5), pour qu’Achères I atteigne sa capacité nominale. Puis, en 1966, la
mise en eau de la deuxième tranche d’Achères (Achères II - Photo 6)
alimentée par l’émissaire Saint Denis-Achères permet d’augmenter
significativement la capacité de traitement de 320 000 m3/j, soit une
capacité totale de 580 000 m3/j. Ces efforts de construction permettent
d’atteindre en 1970 un taux de traitement de 40% des volumes collec-
tés dans les réseaux (Figure 1, ligne rouge pointillée).
En 1968, le nouveau schéma général d’assainissement de la
région parisienne marque une rupture dans le principe du « tout vers
l’aval ». En lien avec le schéma directeur d’aménagement et d’urba-
nisme de la région Ile-de-France de 1965, ce schéma directeur d’assai-
nissement instaure une répartition des moyens épuratoires en amont et
en aval de l’agglomération. La mutation de l’assainissement francilien
s’amorce !

Photo 4. Vue aérienne de la station d’épuration d’Achères en 1940 (1ère tranche)

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Évolution de la qualité de la Seine

Carte 4. Localisation des réseaux d’assainissement endommagés suite aux bom-


bardements de la seconde guerre mondiale

Photo 5. Construction de l’émissaire Sèvres-Achères (1954) pour alimenter la


station d’épuration d’Achères

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Les grandes étapes de l'assainissement

Photo 6. Vue d’ensemble de la station d’épuration d’Achères en 1967


(1ère et 2ème tranche)

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Évolution de la qualité de la Seine

II. Montée en puissance du traitement industriel


(1970-2015)

II.1. Les grandes étapes du déploiement industriel

La mutation de l’assainissement francilien opérée de 1970 à


aujourd’hui peut être découpée en trois grandes étapes : (1) la mon-
tée en puissance des traitements centralisés sur plusieurs sites qui a
conduit à une augmentation significative de la capacité de traitement
de la pollution organique, (2) le tournant de l’assainissement, période
charnière durant laquelle le traitement de l’azote est engagé et (3) le
déploiement des traitements de l’azote et du phosphore et la prise en
charge des rejets urbains de temps de pluie (Figure 2).

1966
déploiement industriel

1972
Grandes étapes du

1978
Achères Valenton Seine Aval (nitrification 2007)

Montée en puissance des Tournant assainissement Déploiement des traitements


traitements centralisés parisien de l’azote et du phosphore
(1970-1980) (1980-1990) (1990-2015)

Achères II - III - IV Valenton I Seine Centre (SEC) - Colombes, 1998


1966, 1972, 1978 1987 Seine Aval (SAV) - Achères, 2000, 2007, 2012
Réalisations
industrielles

Noisy-Le-Grand Seine Amont (SAM) - Valenton, 2006


1976
Seine Grésillons (SEG) - Triel-Sur-Seine, 2007, 2014
Marne Aval (MAV) - Noisy-Le-Grand, 2009
Seine Morée (SEM) - Blanc-Mesnil, 2014
Traitement de la pollution carbonée
Pollutions
éliminées

Traitement de la pollution azotée


Traitement de la pollution phosphorée
Phases de
recherche

Elimination de l’azote
Elimination du phosphore
Traitement accéléré des eaux de temps de pluie

Figure 2. Les grandes étapes de l’évolution de l’assainissement parisien : (1970-


1980) la montée en puissance des traitements centralisés, (1980-1990) le tour-
nant de l’assainissement parisien et (1990-aujourd’hui) la généralisation des
traitements de l’azote et du phosphore et la prise en charge des rejets urbains
de temps de pluie

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Les grandes étapes de l'assainissement

Augmentation de la capacité de traitement [1970-1980]. Mal-


gré les mises en service d’Achères I et II, les capacités épuratoires
sont loin de couvrir les besoins, à peine 30 à 40% des eaux usées sont
traitées. En effet, la pression démographique étant très forte en Ile-
de-France, les volumes d’eaux usées générés ne cessent de croître
(Figure 1, courbe marron). Il est urgent d’accélérer les travaux. Ainsi,
conformément au nouveau schéma général d’assainissement de la
région parisienne adopté en 1968, la montée en puissance de la station
d’Achères est accompagnée d’une nouvelle répartition des moyens
d’épuration avec la création de nouveaux sites épuratoires. Ainsi, dès
1974 est initiée la création d’une nouvelle station d’épuration à l’est
de Paris : Noisy-Le-Grand (Marne Aval). C’est également dans ce
contexte qu’intervient en 1970 la création du Syndicat Interdépar-
temental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne
(SIAAP), issu de la réorganisation administrative de la région pari-
sienne et de l’éclatement en 6 départements de la Seine et de la Seine-
et-Oise.
Durant ces 10 ans, notamment avec le concours de l’Agence finan-
cière du bassin Seine - Normandie, le rythme s’accélère. La capa-
cité de traitement de l’usine d’Achères passe de 580 000 à 2 100 000
m3/j avec la construction de deux nouvelles tranches en 1972 et 1978
(Achères III et IV - Photo 7) et la station de Noisy-Le-Grand, d’une
capacité de traitement de 28 000 m3/j, est mise en service en 1976.
Ces constructions permettent d’atteindre un taux de traitement de plus
de 70% des eaux collectées (Figure 1, ligne rouge pointillée), cela
malgré l’augmentation forte des volumes d’eaux générés par le déve-
loppement de l’agglomération parisienne (Figure 1, courbe marron).
Durant cette décennie, les champs d’épandage continuent cependant
à jouer un rôle important avec des volumes traités pouvant atteindre
400 000 m3/j en attendant la construction d’une cinquième tranche
de 600 000 m3/j à Achères, destinée à porter sa capacité finale à
2 700 000 m3/j.

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Évolution de la qualité de la Seine

Bleu : Achères I et II ; Vert : Achères III ; Jaune : Achères IV.

Photo 7. Vue aérienne de la station d’épuration d’Achères en 1978


(4 tranches : AI [1940], AII [1966], AIII [1972] et AIV [1978])

Un tournant dans l’assainissement parisien [1980-1990]. Durant


cette période, on assiste à la poursuite de l’augmentation de la capacité
de traitement avec la mise en service en 1987 de la première tranche
de la station de Valenton d’une capacité de traitement de 150 000 m3/j
(Photo 8). Mais surtout, cette décennie constitue une période charnière
dans l’évolution de l’assainissement parisien, à l’instar de ce qui se
passe ailleurs en France. Le traitement des eaux usées n’est plus seu-
lement regardé à travers le prisme de l’élimination de la pollution car-
bonée, de nouvelles priorités apparaissent. La communauté technique
prend notamment conscience de la nécessité de traiter l’azote sous sa
forme réduite dans un premier temps, puis sous sa forme oxydée, ainsi
que le phosphore. En effet, ces deux éléments ont été identifiés comme
responsables de l’eutrophisation des milieux aquatiques dans de nom-
breux travaux scientifiques publiés durant cette période (phosphore
dans les eaux douces et azote en milieu marin). Il est intéressant de
noter l’évolution de la perception de la nitrification, par la commu-
nauté technique, depuis le début du 20ème siècle. En 1900, l’intérêt de
la nitrification était perçu sous l’angle sanitaire, elle l’est désormais
sous l’angle environnemental. La construction de l’usine de Valenton
constitue l’illustration de ce tournant dans l’assainissement parisien

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Les grandes étapes de l'assainissement

car, si elle met toujours en œuvre des boues activées, celles-ci fonc-
tionnent à très faible charge, permettant ainsi le traitement des diffé-
rentes formes de l’azote. C’est également dans ce contexte que paraît
la Directive européenne sur les Eaux Résiduaires Urbaines
(DERU) en mai 1991 dont l’esprit est d’unifier le niveau minimum de
performances épuratoires à l'échelle européenne et notamment de
diminuer les rejets d’azote et de phosphore dans les milieux aqua-
tiques en lien avec la maîtrise de l’eutrophisation des eaux intérieures
et marines.

Photo 8. Vue aérienne de la station d’épuration de Valenton (1987)

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Évolution de la qualité de la Seine

Vers un traitement des nutriments azotés et phosphorés et une


gestion efficace des eaux de temps de pluie [1990-2015]. En 1989, les
nuisances olfactives causées par le site d’Achères ont conduit Michel
Rocard, alors Premier ministre et maire de Conflans-Sainte-Honorine,
à bloquer l’extension de l’usine et la construction de la cinquième
tranche qui devait augmenter la capacité de traitement à 2 700 000
m3/j. Un nouveau Schéma Directeur d’Assainissement de l’agglo-
mération parisienne, prévoyant notamment le maintien de l’usine
d’Achères à 2 100 000 de m3/jour, la prise en compte des eaux excé-
dentaires de temps de pluie et la mise en œuvre d’un traitement partiel
de l’azote ammoniacal, est adopté en 1992. Cependant, l’enquête
publique liée à la construction de l’unité de traitement des eaux plu-
viales ravive des contestations locales. Une alternative doit également
être trouvée pour compenser la perte des 600 000 m3/j de capacité
supplémentaire. Le Ministère de l’Environnement confie alors en 1994
à l’Agence de l’Eau Seine-Normandie une nouvelle étude de l’assai-
nissement sur la zone de collecte du SIAAP, dite “zone centrale de la
Région Ile-de-France”. Divers scénarios seront envisagés et une ana-
lyse multicritères (performance environnementale, flexibilité, implan-
tation, nuisances, coûts d’exploitation et d’investissement, etc.)
permettra de sélectionner l’un d’entre eux : le Scénario C. Ce scéna-
rio dégage de nouvelles priorités. D’une part, il s’agit de réduire le
débit traité sur la station d’épuration d’Achères de 2,1 à 1,5 millions
de m3/jour avec une étape intermédiaire à 1,7 millions de m3/j (c’est à
cette occasion que la station d’épuration d’Achères a été rebaptisée
Seine Aval) et de compenser cette réduction par la création de stations
d’épuration dites de déconcentration. Ainsi, les usines de Colombes
(Seine Centre, 240 000 m3/j), de Noisy-Le-Grand (Marne Aval, 75 000
m3/j), de Triel-Sur-Seine (Seine Grésillons, 100 000 m3/j puis 300 000
m3/j) et du Blanc-Mesnil (Seine Morée, 40 000 m3/j) sont construites
et mises en service entre 1998 et 2014. En parallèle, une extension de
la capacité de traitement de la station de Valenton à 600 000 m3/j (bap-
tisée Seine Amont) est réalisée en 2006. D’autre part, ce scénario fixe
comme priorité l’amélioration de la qualité des eaux traitées tant sur le
plan du carbone que de l’azote et du phosphore. Ainsi, des étapes de
traitement biologique de l’azote (nitrification et dénitrification) sont
intégrées dans l’ensemble des stations de déconcentration conformé-
ment à la DERU. En outre, ce schéma directeur conduira à des modifi-
cations majeures de la file de traitement des eaux de la station Seine
Aval avec la mise en place d’une unité de traitement biologique de
l’azote par biofiltration (nitrification totale et dénitrification partielle
en 2007, passage en dénitrification totale en 2013 - Photo 9). Enfin, le
scénario C fixe comme prioritaire la gestion des Rejets Urbains de
Temps de Pluie (RUTP), notamment par le stockage et le traitement
des eaux excédentaires de temps de pluie. Cette prise en compte

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Les grandes étapes de l'assainissement

nécessitera la réalisation de maillages entre les grands émissaires et la


mise en place d’une gestion dynamique des flux de manière à tirer le
meilleur parti des capacités de traitement en jouant sur les volumes de
stockage disponibles.

Photo 9. Vue aérienne de l’unité de traitement de l’azote par biofiltration inté-


grée dans la file de traitement des eaux de la station d’Achères (Seine Aval)

L’adoption du scénario C marque un changement philosophique


important. La logique d’une politique d’assainissement à vocation
essentiellement sanitaire, qui consistait à mettre en œuvre les moyens
épuratoires suffisants pour traiter toutes les eaux usées produites par
les habitants de l’agglomération parisienne, s’achève. Elle intègre
maintenant la nécessité d’améliorer la qualité des eaux épurées pour
atteindre les concentrations acceptables par la Seine et répondre aux
évolutions réglementaires, notamment à la Directive Cadre sur l’Eau
(DCE, 2000/60/CE), et aux attentes environnementales vis-à-vis
notamment de l’azote et du phosphore, tout en préservant les rive-
rains de toutes nuisances. Un grand chantier s’ouvre aux ingénieurs
du SIAAP.

33

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Évolution de la qualité de la Seine

Une recherche prolifique pour accompagner les évolutions de


l’assainissement parisien des 30 dernières années
Au cours du 20ème siècle, l’évolution des techniques d’assainissement s’est
faite au rythme de la progression de la connaissance scientifique. Ce lien
étroit entre développement industriel et progrès scientifique a été rapide-
ment perçu puisque, dès 1930, M. Henri Sellier, Conseiller Général de la
Seine, affirmait « Avant-hier l’épandage, hier les lits bactériens, aujourd’hui
les boues activées ont successivement représenté le dernier mot du progrès.
De quoi sera fait demain ? Personne ne peut prévoir les formules qu’impo-
seront dans quelques années la science … ou la mode. » (Bulletin Munici-
pal Officiel de la Ville de Paris du 10 juillet 1930). Au cours de la période
charnière 1980-1990, qui verra l’émergence des nouvelles filières de trai-
tement des eaux capables d’éliminer l’azote et le phosphore, ce lien entre
progrès scientifiques et développement industriel est particulièrement fort.
Les grandes orientations industrielles prises à cette époque s’appuieront en
grande partie sur une recherche expérimentale foisonnante.
C’est dans ce contexte, qu’en 1980, le Centre Expérimental de Colombes
devient le Centre de Recherche Interdépartemental pour le Traitement des Eaux
Résiduaires (CRITER) et, fidèle à l’esprit qui animait ses anciens, expérimente
la nitrification et la dénitrification sur des pilotes de taille semi-industrielle.
L’objectif est de maîtriser les processus de nitrification, d’optimiser les tech-
nologies et de jeter les bases du dimensionnement des futures stations d’épura-
tion. A côté des boues activées toujours performantes, une nouvelle génération
de procédés par cultures fixées, dérivée à la fois des techniques utilisées en eau
potable et des anciens lits bactériens, apparaît : les biofiltres. Cette technologie
est longuement testée d’abord sur le site de Colombes, puis à l’échelle indus-
trielle sur le site d’Achères. Au terme de plus de 10 années d’études poussées,
les biofiltres s’avèrent particulièrement compacts et compétitifs et sont prêts à
être déployés d’abord à Colombes, puis à Achères en complément des bassins
de boues activées existants, cela en vue d’assurer la nitrification et la dénitrifi-
cation des eaux usées.
Durant cette même période, les rejets urbains de temps de pluie (RUTP)
défrayent régulièrement la chronique en provoquant d’importantes mortalités
piscicoles lors de gros orages d’été. Pour trouver des solutions techniques à
cette problématique environnementale, des procédés de traitement des RUTP
sont étudiés au CRITER dès 1993. Il s’agit notamment de tester des systèmes
de décantation améliorée par l’intégration de lamelles et par l’ajout de réactifs
chimiques (chlorure ferrique et polymère). Le choix de cette technique s’est
avérée particulièrement judicieux car, moyennant une intégration bien pensée
dans la chaine du traitement de l’eau, elle permet de traiter non seulement les
RUTP au moment des épisodes pluvieux mais peut être aussi utilisée par temps
sec pour traiter le phosphore en ajustant les doses de réactifs.

34

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Les grandes étapes de l'assainissement

II.2. Quarante ans de diminution des flux rejetés

Le traitement industriel des eaux usées a débuté dans les années


1950-1970 avec la construction des émissaires Sèvres-Achères
(1954) et Saint-Denis-Achères (1966) qui ont permis de transporter
des volumes importants d’eaux usées jusqu’à la station d’épuration
d’Achères. Mais, en 1970, la situation n’est pas encore satisfaisante
puisque seuls 40% des volumes d’eaux usées sont traités ; le reste
étant déversé dans la Seine sans traitement. Ainsi, ce n’est qu’entre
1970 et 1980 qu’on assiste à une véritable montée en puissance du
traitement industriel principalement avec l’augmentation forte de
la capacité de traitement de la station d’Achères (Achères III [1972],
Achères IV [1978]). La période 1980-1990 peut, quant à elle, être
considérée comme une période charnière dans l’assainissement
parisien. Cette décennie permettra de poursuivre l’augmentation de la
capacité de traitement globale, par la construction de la station d’épu-
ration de Valenton, mais surtout de préparer, par une recherche expéri-
mentale active, la mutation des stations d’épuration. Cette mutation
qui s’opérera en plus de 25 ans, de 1990 à aujourd’hui, consistera à
améliorer la qualité du traitement réalisé sur les usines d’épuration, en
passant d’un traitement unique de la pollution carbonée à un traitement
complet du carbone, de l’azote et du phosphore. Au sein de la partie
précédente, l’évolution du traitement industriel de ces 45 dernières
années, de 1970 à 2015, a été décrite sous l’angle des constructions
et des aménagements. Il s’agit maintenant de considérer cette évo-
lution sous l’angle des performances épuratoires et plus précisément
en regardant l’évolution des flux de pollutions rejetés. Ainsi, pour
chacune des trois périodes (Montée en puissance de l’assainissement
[1970-1980] / Tournant de l’assainissement [1980-1990] / Evolution
des traitements de nutriments azotés et phosphorés et amélioration de
la gestion des rejets urbains de temps de pluie [1990-2015]), une ana-
lyse des flux de pollution rejetés en Seine est réalisée afin d’apprécier
la diminution de la pression exercée par l’assainissement sur la
Seine.

35

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Évolution de la qualité de la Seine

Afin d’apprécier cette diminution de la pression exercée par l’as-


sainissement sur la Seine, sont présentées successivement :
-- L’évolution des volumes d’eau (a) collectés dans les réseaux et
déversés sans traitement et (b) admis et traités sur les stations
d’épuration ou les champs d’épandage (1955 à 2015) – Figure 3.
-- L’évolution des flux de matière organique [DBO5] (a) collectés
dans les réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations
d’épuration (1955 à 2015) – Figure 4.
-- L’évolution des flux d’azote [azote Kjeldahl - NK] (a) collectés
dans les réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations
d’épuration (1955 à 2015) – Figure 5.
-- L’évolution des flux de phosphore total [Pt] (a) collectés dans
les réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations
d’épuration (1955 à 2015) – Figure 6.

1 200 100
(a)
Volumes annuels (x 10 m )

1 000
3

75
6

(%)
déversée (%)
800

Part déversée
600 50

400

Part
25
200

0 0
1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015

Collectés dans les réseaux Déversés sans traitement Part déversée


Volumes annuels (x 10 m )
3
6

Part épurée
Part (%)
épurée (%)

Collectés dans les réseaux Epurés par épandage


Totaux épurés (épandage + stations) Part épurée

Figure 3. Evolution des volumes d’eau (a) collectés dans les réseaux et déversés
sans traitement et (b) admis et traités sur les stations d’épuration ou les champs
d’épandage (1955 à 2015)

36

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Les grandes étapes de l'assainissement

Demande Biochimique en Oxygène à 5 jours (DBO5)


Demande Biochimique en Oxygène à 5 jours (DBO5)
Flux annuels (x 103 tonnes)

Part traitée (%)


Part traitée (%)
Flux admis dans réseaux Flux rejetés (hors épandage) Part traitée
Flux annuels (x 103 tonnes)

Part épurée (%)


Part dépurée (%)
Flux admis sur STEP Flux admis sur SAV
Flux rejetés après traitement Part épurée (STEP)

DBO5 : Demande Biochimique en Oxygène. Quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières or-
ganiques biodégradables par voie biologique. Paramètre qui permet d’évaluer la fraction biodégradable
de la charge polluante carbonée des eaux usées.

Figure 4. Evolution des flux de matière organique [DBO5] (a) collectés dans les
réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations d’épuration (1955 à
2015)

37

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Évolution de la qualité de la Seine

Azote Kjeldahl (NK)


Azote Kjeldahl (NK)
50 100
(a)
Flux annuels (x 103 tonnes)

40
75

Part traitée (%)


Part traitée (%)
30
50
20

25
10

0 0
1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015

Flux admis dans réseaux Flux rejeté (hors épandage) Part traitée
Flux annuels (x 103 tonnes)

Part épurée (%)


Part épurée (%)

Flux admis sur STEP Flux admis sur SAV


Flux rejetés après traitement Part épurée (STEP)

NK : azote Kjeldahl. Quantité totale d’azote contenue dans la matière organique et sous forme
ammoniacale.

Figure 5. Evolution des flux d’azote [azote Kjeldahl] (a) collectés dans les
réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations d’épuration (1955
à 2015)

38

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Les grandes étapes de l'assainissement

Phosphore total (Pt)


Phosphore total (Pt)
8 100
(a)
Flux annuels (x 10 tonnes)

Part traitée (%)


6 75

Part traitée (%)


3

4 50

2 25

0 0
1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015

Flux admis dans réseaux Flux rejetés (hors épandage) Part traitée
Flux annuels (x 10 tonnes)

Part épurée (%)


Part dépurée (%)
3

Flux admis sur STEP Flux admis sur SAV


Flux rejetés après traitement Part épurée (STEP)

Figure 6. Evolution des flux de phosphore total [Pt] (a) collectés dans les réseaux
et déversés et (b) admis et rejetés par les stations d’épuration (1955 à 2015)

39

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Évolution de la qualité de la Seine

II.2.1. Illustration de la montée en puissance du traitement


industriel [1970-1980]

Entre 1970 et 1980, la montée en puissance du traitement indus-


triel, principalement liée à la forte augmentation de la capacité de
traitement de la station d’Achères (Achères III [1972], Achères IV
[1978]), conduit à un accroissement significatif des volumes d’eau
traités. La part des eaux collectées passe de 40 à 80% et en 1980,
seules 10% des eaux collectées sont déversées sans traitement (Figure
3a – Ligne pointillée).
Durant cette décennie, les flux de carbone admis dans les réseaux
augmentent fortement et passent de 50 000 à 150 000 tonnes de
matière organique biodégradable par an, exprimées en DBO5 (Figure
4a – Courbe marron). Dans ce contexte d’augmentation du flux de
carbone produit et collecté dans les réseaux d’assainissement, ce sont
les bonnes performances des stations d’épuration vis-à-vis du carbone
(rendement d’élimination supérieur à 80%, Figure 4b – Ligne poin-
tillée), qui permettent de réduire le flux de DBO5 rejeté à la rivière.
Globalement, le flux de DBO5 rejeté dans la rivière passe de 75 000 à
environ 25 000 tonnes par an (Figure 4a – Courbe orange).
Cette amélioration nette observée dans le cas de la pollution car-
bonée n’est pas transposable aux nutriments azotés et phosphorés. Les
procédés épuratoires mis en œuvre durant cette période ne permettent
qu’un abattement très limité des concentrations en azote et phosphore.
Et, bien que le manque de données disponibles sur cette période ne
permette pas de calculer les flux en nutriments rejetés par les stations,
on peut raisonnablement admettre que l’évolution des flux rejetés
suit approximativement celle des flux admis. Cet exercice permet de
mettre en exergue l’augmentation considérable des flux de nutriments
apportés à la rivière durant cette décennie. Dans le cas de l’azote, le
flux introduit dans la Seine passera de 5 000 t/an en 1970 à près de
30 000 t/an en 1980 (Figure 5b – Courbes vertes).
Enfin, on note que, durant cette période 1970-1980, le seul point
de traitement centralisé est la station d’épuration d’Achères, nous
sommes dans l’ère du « tout à Achères » (Figures 4b, 5b et 6b –
Courbes vertes claires et vertes foncées). L’épandage demeure une
solution de soutien mais amorce son déclin (Figure 3b – Courbe verte).

40

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Les grandes étapes de l'assainissement

II.2.2. Illustration du tournant dans l’assainissement parisien


[1980-1990]

Entre 1980 et 1990, les volumes d’eaux usées générés sur la zone
de collecte du SIAAP et introduits annuellement dans les réseaux
d’assainissement ne font qu’augmenter, pour atteindre en 1990 près
de 1 milliard de mètres cubes (Figure 3a – Courbe marron).
Durant ces 10 années, les flux en carbone admis sur les stations
d’épuration augmentent fortement et passent de 150 000 à 200 000
tonnes de matière organique biodégradable par an, exprimée en DBO5
(Figure 4a – Courbe marron). L’accroissement du flux de carbone col-
lecté dans les réseaux d’assainissement est absorbé par l’augmentation
globale des capacités de traitement, notamment avec la construction
de l’usine de Valenton en 1987. L’effet positif de la construction de
l’usine de Valenton sur les volumes d’eau et flux de polluants admis
est d’ailleurs nettement visible sur l’ensemble des figures (Figures 3
et 4) sur lesquelles on observe une augmentation brutale des volumes
d’eau et des flux de DBO5 traités après 1987.
De manière plus générale, on note que durant cette décennie l’aug-
mentation de la capacité de traitement a été plus rapide que l’augmen-
tation des volumes collectés dans les réseaux (Figure 3 – Comparaison
des courbes marron et bleue). Ainsi, la part des eaux collectées qui
subit un traitement atteint 90% en 1990 (Figure 3b – Ligne pointillée)
alors qu’elle était de l’ordre de 80% en 1980. Face à l’augmentation
du flux de carbone collecté dans les réseaux d’assainissement, l’aug-
mentation des capacités de traitement a permis de stabiliser les flux
de DBO5 rejetés dans la Seine. En 1990, le flux de matière organique
biodégradable rejeté en Seine reste inférieur à 50 000 t/an de DBO5 et
cela malgré la nette augmentation du flux introduit dans les réseaux
d’assainissement (Figure 4a – Courbe orange).
Enfin, durant cette période 1980-1990, le processus de décentra-
lisation du traitement a été initié avec la construction de la station
de Valenton qui amorce également la mise en œuvre du traitement
de l’azote. On quitte l’ère du « tout à Achères », même si en 1990 la
grande majorité des eaux est encore traitée sur cette usine (Figures 4b,
5b et 6b – Courbes vertes claires et vertes foncées). On note également
que, durant cette décennie, le déclin de l’épandage amorcé en 1970-
1980 se poursuit (Figure 3b – Courbe verte).

41

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Évolution de la qualité de la Seine

II.2.3. Illustration de l’évolution des traitements des


nutriments azotés et phosphorés et de la gestion
efficace des eaux de temps de pluie [1990-2015]

II.2.3.1. Evolution des débits et flux admis


Entre 1990 et 2015, les volumes d’eaux usées générés sur la zone de
collecte du SIAAP tendent à se stabiliser. La figure 3a (Courbe marron)
montre même qu’à partir des années 2000, ces volumes tendent à diminuer,
passant de plus de 1 milliard de mètres cubes introduits annuellement dans
les réseaux d’assainissement en 2000 à moins de 900 millions en 2015.
Cette diminution résulte d’une baisse des consommations en eau potable
mais également d’une amélioration de l’étanchéité des réseaux d’assai-
nissement, suite aux efforts consentis ces 20 dernières années pour limiter
l’introduction des eaux claires parasites.
Cette tendance à la stabilisation, voire à la diminution des débits, a éga-
lement été accompagnée par une légère baisse des flux en carbone admis
dans les stations d’épuration. En un peu plus de 20 ans, les flux en car-
bone admis sur les stations d’épuration sont passés de 200 000 à environ
160 000 tonnes de matière organique biodégradable par an, exprimées en
DBO5 (Figure 4a – Courbe marron). La réduction des apports de matière
organique par le secteur industriel explique probablement une partie de
cette diminution. L’augmentation des temps de séjour des eaux usées dans
les réseaux d’assainissement, où la consommation biologique de la DBO5
s’amorce, pourrait également contribuer à cette diminution. Les flux de
phosphore admis sur les stations d’épuration ont également chuté. Ce flux,
exprimé en phosphore total (Pt), passe de 8 000 t/an en 1995 à moins de
5 000 t/an en 2015 (Figure 6a – Courbe marron). La situation est différente
pour les nutriments azotés. Malgré la légère diminution des volumes d’eau
collectés dans les réseaux, les flux d’azote admis sur les stations d’épuration
ont sensiblement crû. Le flux d’azote réduit admis sur les usines, exprimé
en azote Kjeldahl (NK), passe de 35 000 t/an en 1990 à plus de 40 000 t/an
en 2015 (Figure 5a – Courbe marron).
L’évolution des flux admis sur les usines témoigne donc d’une modifi-
cation de la qualité des eaux usées générées par la zone de collecte du
SIAAP. Aujourd’hui, les eaux usées collectées dans les réseaux comportent
plus d’azote et moins de phosphore qu’en 1990. Pour apprécier l’évolution
de la composition des eaux usées, il est intéressant de calculer pour chaque
année les valeurs des équivalent-habitants N et Pt (Figure 7a et 7b). Le prin-
cipe consiste tout d’abord à déterminer, pour chaque année, le nombre

42

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Les grandes étapes de l'assainissement

d’équivalent-habitants ayant contribué à la pollution émise dans le réseau


d’assainissement (Flux de carbone admis sur les usines ÷ Quantité de
carbone supposée émise par un équivalent-habitant [138 g de DCO1 et 60
g de DBO5 chaque jour]), puis à diviser le flux d’azote ou de phosphore
par ce nombre d’équivalent-habitants. Cet exercice permet d’apprécier et
de quantifier la modification de composition des eaux usées qui s’est
opérée ces 20 dernières années. En 1990, un équivalent-habitant
« valait » 10-12 g de N et 2,5 g de Pt contre 15 g de N et 1,8 g de Pt
aujourd’hui (Base de données : eaux brutes de Seine Aval). L’augmenta-
tion de l’équivalent-habitant en azote sur cette période pourrait être
imputée à l’amélioration de la collecte des effluents qui a permis de récu-
pérer une part d’azote non récupérée jusqu’alors. La diminution de
l’équivalent-habitant en phosphore est, quant à elle, le fruit d’une poli-
tique de contrôle et de réduction des émissions de phosphore, notamment
par la réduction de l’utilisation de ce composé dans les produits lessi-
viels.
Quantité d’azote (en g) émise par
un équivalent-habitant
Quantité de phosphore (en g) émise
par un équivalent-habitant

Estimations faites à partir des analyses réalisées dans les eaux brutes de Seine Aval et en cal-
culant le nombre d'équivalent-habitants sur la base des concentrations en matière organique
(DCO ou DBO5). Méthode de calcul détaillée dans le corps de texte.

Figure 7. Evolution de la composition des eaux usées de 1990 à 2015 au travers


de l’évolution de l’équivalent-habitant en (a) azote et en (b) phosphore

1. La Demande Chimique en Oxygène est la consommation en dioxygène par oxydation chimique


forte. Elle permet d’évaluer la charge polluante des eaux usées en matière organique. Elle est
exprimée en mg 02/l.

43

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Évolution de la qualité de la Seine

II.2.3.2. Evolution des capacités de traitement

La capacité de traitement globale du système d’assainissement va


encore s’accroître au cours de cette période 1990-2015, et en particu-
lier à partir des années 2000 avec la construction d’une unité de traite-
ment des eaux pluviales sur la station Seine Aval. La construction de
cette unité de traitement par décantation physico-chimique lamellaire
lestée, capable de traiter ponctuellement plus de 30 m 3/s, augmente
sensiblement la capacité de traitement globale du système d’assainis-
sement parisien et marque une véritable rupture dans la gestion des
eaux de temps de pluie, tout en améliorant la qualité du traitement
de temps sec. A partir de sa mise en eau en 2001, les volumes d’eaux
déversés sans traitement vont chuter brusquement pour ne représenter
que 2 à 3% des eaux collectées (Figure 3a – Ligne pointillée).
Outre l’impact positif de la construction de l’unité de traitement
des eaux pluviales de Seine Aval, la vague de construction de stations
d’épuration initiée dans les années 2000 (Figure 2) va conduire à une
augmentation de la capacité de traitement des pollutions carbonées,
azotées et phosphorées. Durant ces 15 ans, le flux de pollution carbo-
née traité sur les usines augmente sensiblement. Le rendement global
d’élimination de la DBO5 de l’ordre de 70% en 1990, atteint plus de
95% en 2015 (Figures 4a et b – Lignes pointillées). L’évolution est
encore plus spectaculaire dans le cas de la pollution azotée puisque,
suite à la mise en service de l’unité de nitrification de la station d’épu-
ration de Seine Aval en 2007, le rendement d’élimination de l’azote
Kjeldahl passe brutalement de 30 à 80%, pour se stabiliser en 2015 à
plus de 90% (Figures 5a et b – Lignes pointillées). L’accroissement
des performances est également sensible pour le phosphore. En 1995,
le rendement d’élimination du phosphore sur les usines est seulement
de 40%. Cet abattement est la conséquence de l’élimination du phos-
phore particulaire lors de la décantation des particules et de l’assimi-
lation biologique des orthophosphates qui s’opère dans les bassins à
boues activées. Par la suite, la généralisation de la déphosphatation
chimique sur les usines (décantation physico-chimique lestée de Seine
Aval en 2001, notamment) et l’intensification de la déphosphatation
biologique (extension de la station de Seine Amont) permettent d’aug-
menter sensiblement le taux d’abattement qui dépasse aujourd’hui les
80% (Figures 6a et b – Lignes pointillées).

44

CA_Seine_25082017.indd 44 25/08/2017 10:39:18


Les grandes étapes de l'assainissement

Outre l’augmentation de la capacité de traitement, cette période


1990-2015 se traduit par une accélération du processus de décentrali-
sation. Si au début des années 1990 l’essentiel des eaux usées est traité
sur la station d’épuration Seine Aval, la situation est beaucoup plus
équilibrée en 2015. En effet, 30 à 40% du flux de carbone, d’azote et
de phosphore est aujourd’hui traité sur les autres usines (Figures 4b,
5b et 6b – Comparaison des deux courbes vertes). Le processus de
déconcentration de Seine Aval est aujourd’hui terminé. La dernière
phase de mise à niveau des performances de traitement de Seine Aval
s’achèvera avec la mise en service du traitement biologique des eaux
en 2017. Ainsi, 20 ans après, à marche forcée, les objectifs initiés par
le Scénario C de 1997 sont en voie d’achèvement.

II.2.3.3. Meilleure gestion des eaux par temps de pluie

La diminution des flux de polluants introduits dans le milieu natu-


rel ne résulte pas uniquement de l’augmentation globale de la capacité
de traitement de temps sec des stations d’épuration. Cette diminution
est également liée à la prise en compte des événements pluvieux par
les usines d’épuration et par une meilleure gestion des flux à l’échelle
du réseau d’assainissement.
Les stations d’épuration construites durant cette période sont
conçues pour s’adapter aux conditions de temps de pluie. Ces stations
disposent en effet de configurations dédiées au temps de pluie qui per-
mettent d’augmenter significativement la capacité de traitement, d’un
facteur 2 à 3. La station d’épuration de Seine Centre, mise en service
en 1998 sur le site de l’ancien Centre Expérimental de Colombes, a
été la première station d’épuration du SIAAP déployant des équipe-
ments spécifiques au traitement des rejets urbains de temps de pluie
(RUTP). Puis, en 2001, Seine Aval est dotée d’une unité de clariflo-
culation capable de traiter près de 30 m3/s lors des évènements plu-
vieux. Dans les années suivantes, et au rythme de leur modernisation,
d’autres stations d’épuration du SIAAP, Seine Amont et Marne Aval,
sont équipées pour traiter leur quote-part d’eaux pluviales. Les efforts
consentis pour améliorer la gestion des flux d’effluents lors des évè-
nements pluvieux participent également à la limitation des rejets de
polluants dans la rivière. Ainsi, dès 1990, des travaux d’aménagement
du réseau d’assainissement sont entrepris. Neufs bassins de stockage et six
tunnels réservoirs d’eaux pluviales, d’une capacité globale de 930 000 m3,
sont implantés en des points stratégiques, généralement en amont des
réseaux, pour limiter les déversements locaux. Après le passage d’un

45

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Évolution de la qualité de la Seine

événement pluvieux, les eaux stockées sont progressivement resti-


tuées au réseau pour être traitées en station. Enfin, un outil informa-
tique, le système MAGES, Modèle d’Aide à la Gestion des Effluents
du SIAAP, est également développé pour réguler 24h/24h le réseau
d’assainissement, désormais maillé, en coordination avec l’ensemble
des acteurs départementaux de l’assainissement. Outil de simulation,
il est capable d’élaborer en quelques minutes les scénarios les mieux
adaptés en situation de temps de pluie et d'orienter au mieux les flux
vers les stations d’épuration à un débit compatible avec leur capacité
de traitement.
Outre la réduction voire la suppression des déversements en amont
du bassin versant, le résultat le plus probant de ces actions est la baisse
spectaculaire des rejets urbains de temps de pluie en aval de la région
parisienne. Lors des évènements pluvieux, la majeure partie des
effluents parisiens est acheminée en aval de Paris pour y être traitée.
Lorsque les volumes acheminés dépassent la capacité de traitement
des ouvrages, les eaux excédentaires sont rendues au milieu naturel, la
plupart du temps après avoir subi une étape de dégrillage / dessablage
/ déshuilage. Les principaux points de déversements du SIAAP sont
les déversoirs d’orage de Clichy (Hauts-de-Seine) et de La Briche
(Seine-Saint-Denis) et le site de La Frette (Val d'Oise, alimentation de
la station Seine Aval). La figure 8, qui présente l’évolution des
volumes déversés au cours de ces 20 dernières années, témoigne des
progrès réalisés dans la gestion des eaux pluviales.

160 1 200
(mm/an)

Clichy+La Briche
Volumes déversés (x 106 m3/an)

(mm/an)

Clichy+La Briche+La Frette+By-pass SAV


120
Pluviométrie (parc Mont-Souris)
annuelle

800
Pluviométrieannuelle

80
Pluviométrie

400
40

0 0

Figure 8. Evolution des volumes d’eau déversés par les principaux déversoirs
d’orage du SIAAP (Clichy, La Briche et La Frette) de 1996 à 2015

46

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Les grandes étapes de l'assainissement

Les volumes déversés par les principaux déversoirs du SIAAP


ont fortement diminué à partir des années 2000, que ce soit par les
déversoirs du réseau d’assainissement (Clichy et La Briche) ou par le
déversoir de l’usine Seine Aval (La Frette). Pour le site de La Frette
la diminution est notamment liée à l’utilisation de l’unité de clariflo-
culation construite en 2001. Sur le réseau, la diminution est liée à une
augmentation des capacités de traitement des eaux excédentaires de
temps de pluie associée à une meilleure gestion des flux d’effluents.
Avant les années 2000, les volumes déversés annuellement au niveau
de ces trois sites de déversements fluctuaient globalement entre 45 et
140 millions de m3 ; l’intensité des déversements étant étroitement liée
aux conditions météorologiques (Figure 8). Depuis près de 15 ans, ces
déversements ont drastiquement diminué puisqu’ils fluctuent autour
de 15 millions de m3/an. Si les pics de déversements constatés sur la
période 2000 à 2002 peuvent être imputés à de fortes précipitations, la
baisse des années suivantes est fort probablement liée à l’extension de
l’usine Seine Amont et à la mise en route de l’usine Seine Grésillons.
En effet, le débit de base alimentant Seine Aval étant ainsi réduit, la
capacité de stockage supplémentaire des émissaires a pu être utilisée
dans la gestion des flux de temps de pluie. Aujourd’hui, le volume
global des eaux de temps de pluie impactant le système d’assainisse-
ment est de l’ordre de 10% et les RUTP représentent moins de 2% du
volume total transitant dans les réseaux à l’échelle annuelle.

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Évolution de la qualité de la Seine

Focus sur l’évolution des flux de carbone, azote et phosphore


apportés à la Seine par le SIAAP entre 1997 et 2014

Afin de mesurer le chemin parcouru au cours de cette période de 1990 à


2015 consacrée au plein essor du traitement de l’azote et du phosphore, il
est intéressant de comparer les bilans de flux pour différents polluants à
différentes périodes charnières. Année 1997. Cette année d’approbation
du Scénario C, constitue une référence initiale au regard des grandes évo-
lutions qui impacteront le système d’assainissement de l’agglomération
parisienne. En 1997, Seine Aval est encore dans sa configuration histo-
rique et Seine Centre n’est pas encore en service. Année 2010. Cette année
constitue une étape intermédiaire dans le déploiement de l’amélioration
du traitement et de la déconcentration de Seine Aval. En 2010, l’unité de
clarifloculation de Seine Aval ainsi que l’unité de traitement des pollutions
azotées ont été mises en service. Il en est de même pour l’extension de Seine
Amont ainsi que la première tranche de Seine Grésillons. Le débit moyen
de temps sec traité à Seine Aval a ainsi été réduit de 2,1 à 1,7 millions
de m 3 /j et le traitement des formes réduites de l’azote et du phosphore est
généralisé. Année 2014. Cette année est représentative de la fin du cycle de
déconcentration de Seine Aval et de la mise en conformité des installations
du SIAAP au regard de la DERU.

Les baisses entre 1997 et 2014 ont été respectivement de 73% pour la
DBO5, 94% pour l’ammonium et 91% pour les ortho-phosphates. On note
également la baisse des flux sur la Seine et la Marne en amont de l’agglo-
mération ainsi que sur l’Oise, traduisant les effets des efforts consentis en
amont de ces cours d’eau. La figure d, qui présente le cas de l’azote global
et des nitrates, permet d’illustrer l’effet de mise en conformité vis-à-vis de
la DERU des usines du SIAAP. Entre 1997 et 2014, les flux de la somme
des différentes formes de l’azote ont été réduits de 64%. De 1997 à 2010,
on voit l’effet de la mise en œuvre de la nitrification et de la dénitrification
partielle. En 1997, 88 t/j d’azote sont rejetées dont 90% de l’azote rejeté
sous forme réduite, toxique pour le milieu, et 7,8 t l’ont été sous la forme de
nitrates. En 2010, le traitement des formes réduites de l’azote est généralisé
et la dénitrification est déjà largement déployée : le flux total d’azote rejeté
baisse de 32% et celui de ses formes réduites baisse de 82%. En 2014, les
installations sont conformes à la DERU, le flux d’azote total rejeté a baissé
de 47% supplémentaires. Il est intéressant de souligner que dans le même
temps, les flux d’azote en provenance de l’amont du bassin de la Seine aug-
mentent. La cause de cette augmentation n’est certainement pas à recher-
cher du côté des collectivités qui, comme le SIAAP, se sont conformées à la
DERU avec l’obligation d’atteindre un rendement annuel d’élimination de
l’azote d’au moins 70%.

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Les grandes étapes de l'assainissement

(a) Cas de la pollution carbonée (Flux médians DBO5, en t O2/j)

(b) Cas de l’ammonium (Flux médians NH4+, en t NH4+/j)

(c) Cas de la pollution phosphorée (Flux médians PO43-, en t PO43-/j)

(d) Cas de l’azote global (flux moyens de la somme des formes de


l’azote) et des nitrates (N-NO3-, en t/j)

Evolution des flux de pollution rejetés par les usines du SIAAP


entre 1997 et 2014 (exprimés en t/j)

49

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Évolution de la qualité de la Seine

II.2.4. Corollaire de l’évolution du traitement des nutriments


azotés et phosphorés et de la meilleure gestion des
eaux de temps de pluie [1990-2015]

II.2.4.1. Quelle efficacité des stations d’épuration vis-à-vis des


germes bactériens ?

Si les filières de traitement conventionnelles ne sont pas conçues


pour éliminer la contamination bactérienne, elles permettent néan-
moins d’abattre une part significative des germes présents dans les
eaux brutes. Cet abattement est lié à l’élimination des germes attachés
aux particules, lors de l’étape de décantation, mais également à l’éli-
mination des bactéries libres lors du passage des eaux dans les bassins
biologiques. Le niveau de performance des filières conventionnelles
vis-à-vis des micro-organismes dépend du type de procédé employé
mais surtout du niveau de traitement atteint. En particulier, l’étape de
nitrification joue un rôle déterminant dans l’élimination des germes.
Une station d’épuration traitant complètement l’azote par boues acti-
vées (fonctionnement en faible charge ou aération prolongée) sera 10
à 100 fois plus performante dans l’élimination de la contamination
bactérienne qu’une station traitant uniquement la pollution carbonée
(fonctionnement en forte charge). Le cas de la station d’épuration de
Seine Aval illustre parfaitement le lien existant entre traitement de
l’azote et abattement bactérien. Avant la mise en eau de l’unité de
nitrification, l’usine Seine Aval permettait un abattement des bactéries
fécales (Bactéries Indicatrices de contamination Fécale [BIF] : Esche-
richia coli et entérocoques intestinaux) de l’ordre de 1 unité logarith-
mique, c’est-à-dire un facteur de réduction de 10 entre l’entrée et la
sortie de l’usine. L’intégration de l’unité de nitrification a permis de
faire passer l’abattement à presque 3 unités logarithmiques, c’est-à-
dire un facteur de réduction avoisinant les 1 000 entre l’entrée et la
sortie de l’usine (Figure 9).

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Les grandes étapes de l'assainissement

Abattement logarithmique (log10)


Abattement logarithmique Escherichia coli

4,33 Entérocoques intestinaux


4,25
(log10)

2,85 3,05

1,12
0,90

Epuration parlelesol
Epuration par sol Traitement
Traitement CC etetPP Traitement
Traitement C, N,
N,PP
(Epandage, 1897 - 1901) (Achères, 2004 – 2005)
(Achères, 2004 – 2005)
(SIAAP, 2011 – 2015)
(SIAAP, 2011 – 2015)
(Epandage, 1897 – 1901)

Figure 9. Evolution des abattements moyens en bactéries indicatrices de conta-


mination fécale (BIF) pour trois filières de traitement des eaux usées : 1- traite-
ment par épandage (1897 – 1901, n=79), 2- traitement du carbone (cas de l’usine
Seine Aval, 2004 – 2005, n=59) et 3- traitement complet du carbone, de l’azote et
du phosphore (2011 – 2015, n=305)

Par ailleurs, il est amusant de constater que les rendements d’abat-


tement obtenus dans les filières de traitement des stations d’épuration
modernes sont plus faibles que ceux qui étaient obtenus lorsque les
eaux étaient simplement épandues sur les sols agricoles. Comme évo-
qué dans le premier chapitre de ce document (Chapitre 1 – Grandes
étapes de l’assainissement), l’application du principe du « tout
à l’égout, rien à la Seine » a conduit à épandre de grands volumes
d’eaux brutes sur les parcelles agricoles. Déjà à cette époque, des ana-
lyses de la qualité bactériologique des eaux d’égout épandues (flore
totale) et des eaux des drains, récupérées après percolation à travers
le sol, étaient régulièrement réalisées. Ainsi, les données collectées
entre 1897 et 1901 (n=79), permettent de montrer que les rendements
d’élimination des BIF sont supérieurs à 4 unités logarithmiques, soit
99,99%. Les concentrations en bactéries sont réduites d’un facteur
10 000 entre l’eau d’égout et l’eau collectée dans les drains d’épan-
dage. Les processus de filtration, les processus biologiques opérant
dans le sol (minéralisation de la matière organique, nitrification, trai-
tement du phosphore, prédation, etc.) et les quantités maitrisées d’eau
épandues par unité de surface de sol permettent donc une hygiénisa-
tion très efficace de l’eau, supérieure à celle de nos procédés modernes
et intensifs.

51

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Évolution de la qualité de la Seine

II.2.4.2. Evolution des flux de germes rejetés au cours des


grandes étapes du déploiement industriel

De 1900 à 1930, l’augmentation conséquente des volumes collectés


et la diminution conjointe des procédés de traitement par épandage
(Figure 1 – Courbes marron et verte) ont induit un apport massif et
croissant de bactéries dans le milieu récepteur. Dès 1929, la mise
en place du programme général d’assainissement de la région pari-
sienne induit un changement de philosophie : « le tout vers l’aval ».
Le développement de la technologie industrielle de traitement des
eaux par boues activées va crescendo et l’épandage devient l’appoint.
Mais à l’échelle de l’agglomération parisienne, le volume total traité
n’excède pas les 40% en 1970, et les traitements mis en œuvre ne se
limitent qu’à l’élimination de la pollution carbonée par boues activées
forte charge à Achères. Cette technologie, et les conditions de sa mise
en œuvre à l’époque, ne permettent qu’un abattement relativement
modéré (1 unité logarithmique, soit 90%) des BIF (Figure 9, Achères
2004-2005). C’est pourquoi, durant cette période, une augmentation
des flux de BIF est constatée dans le réseau, mais également au rejet
vers la Seine. A titre d’illustration, la figure 10 présente l’évolution
des flux d’Escherichia coli collectés dans les réseaux de l’aggloméra-
tion parisienne et rejetés dans la Seine de 1955 à 2015 (a) en NPP par
an et (b) en unité logarithmique.

52

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Les grandes étapes de l'assainissement

Rendement d’élimination (%)


Flux d'Escherichia coli
(NPP/an)

Rendement d’élimination (%)


Flux d'Escherichia coli
(Unité logarithmique)

Figure 10. Evolution des flux [(a) en NPP/an et (b) en unité logarithmique] de
bactéries indicatrices de contamination fécale (cas d’Escherichia coli) collectés
dans les réseaux à l’échelle de l’agglomération parisienne et rejetés de 1955 à
2015

De 1955 à 1972, les importants déversements d’eau brute et l’effi-


cacité limitée du traitement de la pollution carbonée induisent le rejet
de flux bactériens conséquents. Le rendement global d’élimination des
BIF oscille entre 30 à 40% (Figures 10a et 10b – Lignes pointillées)
et la part des BIF rejetée par les STEP par rapport au flux total rejeté
reste faible (inférieure à 10%). Le déploiement des traitements indus-
triels va induire une diminution forte des flux bactériens introduits
dans la rivière. Entre 1970 et 1980, la montée en puissance du traite-
ment industriel, avec notamment la mise en service d’Achères III en
1972, permet de réaliser un saut dans le rendement d’élimination des
BIF de 38 à 65% à l’échelle de l’agglomération parisienne (Figures
10a et 10b). Jusqu’en 1980, le rendement continue à augmenter pour
atteindre 80%, et ce malgré l’augmentation constante des flux admis
dans le réseau. Cependant, le flux bactérien rejeté par les STEP ne fait
que s’accroître pour devenir prépondérant en 1980 par rapport au flux

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Évolution de la qualité de la Seine

provenant de l’eau non traitée. De 1980 à 1990, période charnière de


l’assainissement parisien, le rendement d’élimination des BIF est rela-
tivement constant. La mise en service de l’usine de Valenton en 1987,
réalisant un traitement complet (C/N/P), ne permet qu’un gain relatif
de 3 points de rendement à l’échelle de l’agglomération parisienne
compte tenu d’un débit traité relativement modéré (300 000 m3/j).
La période la plus marquante de l’évolution de la qualité bactériolo-
gique des eaux issues de l’assainissement est à la période 1990-2015,
période de la mise en œuvre de filières intégrant des traitements com-
plets (C/N/P). Durant cette même période, la mise en œuvre d’outils
performants de gestion des flux, permettant notamment de diminuer
significativement les déversements d’eau non traitée, a également
contribué à la forte diminution des flux bactériens rejetés. Ce double
impact positif de la mise en œuvre de traitements complets et de la
gestion optimisée des flux est parfaitement visible entre 2002 et 2003,
où une forte diminution des volumes déversés permet un saut de ren-
dement de 82 à 87%. Après 2007, soit après la mise en route de l’unité
de traitement de l’azote par biofiltration sur la station Seine Aval,
plus de 99% des bactéries présentes dans les réseaux sont éliminées
(Figure 10).

54

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Les grandes étapes de l'assainissement

55

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La reconquête de la Seine
La directive cadre européenne sur l’eau (DCE, 2000/60/CE) fixe, aux
différents états membres, l’objectif d’atteindre le « bon état » ou « bon
potentiel » des masses d'eau et préconise à cette fin une évaluation
de la qualité des cours d’eau selon plusieurs axes : qualité chimique,
qualité physico-chimique, suivi d’indices biologiques, suivi piscicole
et hydro-morphologique. L’atteinte du bon état suppose que divers
leviers soient activés pour in fine limiter les flux de polluants et nutri-
ments introduits dans les masses d’eau. Et, si l’assainissement ne
constitue pas le seul vecteur introductif de pollution dans la rivière, il
n’en demeure pas moins que le traitement performant des eaux usées
reste une des conditions préalables et indispensables à la restauration
de la qualité physico-chimique des cours d’eau ; cela dans un objec-
tif de préservation des principaux usages communautaires des eaux
de surface (baignade et activités nautiques, protection de la vie aqua-
tique et approvisionnement à des fins de production d’eau potable). Ce
constat est particulièrement vrai dans le cas de la Seine, soumise à la
forte pression anthropique de l’agglomération parisienne.
Ce chapitre vise à mettre en lumière le lien entre les grandes
étapes de l’assainissement parisien et l’évolution de la qualité de
la Seine, fleuve récepteur de la plupart des eaux traitées en agglomé-
ration parisienne. Il s’agit de s’appuyer sur quelques indicateurs clés,
tels que les concentrations en oxygène dissous, en carbone organique,
en azote, en phosphore ou en bactéries fécales, pour montrer l’amélio-
ration de la qualité de la Seine induite par la mutation de l’assainis-
sement conduite ces 40 dernières années. Il convient de souligner que
l’amélioration de la qualité en amont de l’agglomération parisienne
sur la Seine, la Marne et l’Oise a également participé à cette amélio-
ration globale.

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La reconquête de la Seine

I. Evolution de la qualité physico-chimique de la


Seine en quarante ans

I.1. De quelle qualité parlons-nous ?

Focus sur les paramètres « épuration ». La qualité physico-


chimique d’une eau est caractérisée par les diverses substances qu’elle
contient, leur quantité et leur effet sur les écosystèmes aquatiques et
la santé humaine. C’est la concentration de ces différents éléments
qui détermine la qualité d’une eau. La présente analyse de l’évolution
de la qualité des eaux de la Seine au cours des 40 dernières années ne
porte que sur les principaux paramètres en lien direct avec les niveaux
de rejets réglementés des stations d’épuration. Il s’agit, en premier
lieu, de la matière organique résiduelle rejetée et responsable de la
désoxygénation des eaux. Elle est exprimée par la demande biochi-
mique en oxygène qu’elle induit dans le milieu aquatique pour son
oxydation (DBO5). Sont également retenus les sels nutritifs ou nutri-
ments tels que l’ammonium (NH4+), toxique pour les poissons les plus
polluo-sensibles et également responsable de la désoxygénation, et les
ortho‑phosphates (PO43-) qui induisent des proliférations de végétaux
ou d’algues dans le milieu (eutrophisation). A ces paramètres, il faut
ajouter l’oxygène dissous (O2), paramètre fondamental de la bonne
qualité des eaux, la plupart des organismes aquatiques ne pouvant
vivre normalement dans des eaux désoxygénées. La qualité physico-
chimique des eaux de Seine vis-à-vis de ces paramètres est évaluée
dans le référentiel de la DCE, précisé par l’arrêté du 25 janvier 2010
qui définit cinq classes de qualité figurées par un code couleur allant du
bleu (très bonne qualité) au rouge (mauvaise qualité), l’objectif étant
d’atteindre la qualité bonne, codifiée par la couleur verte (Tableau
1). Pour chaque paramètre, la qualité de l’eau est considérée comme
bonne lorsque 90% des valeurs sont inférieures à un seuil correspon-
dant à la norme de qualité environnementale (NQE) signalée par le
code couleur vert sur les graphiques qui seront présentés ci-après.

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Évolution de la qualité de la Seine

Tableau 1. Limites des classes de qualité DCE des paramètres physico-chimiques


généraux

Limites des classes d’état


Paramètres Très Très
Bon Moyen Médiocre
Bon Mauvais

DBO5 (mg O2/l) 3 6 10 25

NH4+ (mg NH4+/l) 0,1 0,5 2 5

PO43- (mg PO43-/l) 0,1 0,5 1 2

Oxygène dissous
8 6 4 3
(mg O2/l)

Une large échelle spatiale. La Seine constitue un continuum


aquatique où siègent de nombreux processus de transformation de la
matière. Ainsi, la qualité des eaux doit être appréhendée sur de longues
distances car l’effet de certains polluants tels que la matière organique
et même l’ammonium ne se fait sentir qu’après plusieurs dizaines,
voire centaines, de kilomètres à l’aval. Aussi, il est nécessaire de ne
pas limiter l’analyse à l’aval immédiat de l’agglomération parisienne
mais d’adopter une approche intégratrice consistant à décrire l’évolu-
tion de la qualité des eaux de Seine de l’amont du bassin à son aval.
L’ampleur de l’impact des rejets avait été appréhendée dès 1874 par
Félix Boudet qui effectuait des profils longitudinaux d’oxygène dis-
sous, la distance couverte allant de Corbeil à Rouen ! Dans le cadre de
ce travail, l’évolution de la qualité de la Seine sera appréciée en s’inté-
ressant à un long linéaire allant de Méry-Sur-Seine, 210 km en amont
de Paris, à Oissel, situé 230 km après la sortie de Paris.

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La reconquête de la Seine

Focus sur trois chroniques au cœur des grandes étapes de l’as-


sainissement. Les données de qualité exploitées sont issues du Réseau
National des Données sur l’Eau (RNDE) qui présente des chroniques
particulièrement riches remontant au début des années 1970 (Figures
11 et 12). Elles permettent d’évaluer la qualité des eaux de Seine pour
la DBO5, le NH4+, le PO43- et l’O2 sur la base de données collectées
lors de deux années consécutives (calcul du centile 90 pour le couple
d'années), chacun des couples ainsi constitués étant choisi de façon
à illustrer les trois grandes étapes de l’assainissement parisien : (1)
le premier couple (1971-1972) caractérise l’état initial avant la mon-
tée en puissance de l’assainissement parisien, (2) le deuxième couple
(1985-1986) permet d’apprécier l’impact positif de l’augmentation de
la capacité de traitement suite à la montée en puissance du traitement
industriel et (3) le dernier couple (2012-2013) permet d’apprécier
l’impact positif du déploiement des traitements de l'azote et du phos-
phore, et de l’amélioration de la gestion des évènements pluvieux.

Carte 5. Evolution de la qualité de la Seine appréciée sur le linéaire allant de


Méry-sur-Seine à Oissel

59

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Évolution de la qualité de la Seine

30
DBO5
25

1971-1972
mg DBO5/l

20

1985-1986
15

10

5 2012-2013

0
10
NH4+
1985-1986
8
mg NH4+/l

1971-1972
4

2
2012-2013

5 PO43-
1985-1986

4
mg PO43-/l

1971-1972

1
2012-2013

Figure 11. Evolution des concentrations en pollution carbonée (DBO5), azotée


(ammonium) et phosphorée (ortho-phosphates) dans la Seine en zone centrale
en 1971-1972, 1985-1986 et 2012-2013
mg O2 / l

Figure 12. Evolution des concentrations en oxygène dissous dans la Seine en


zone centrale en 1921, 1971-1972, 1985-1986 et 2012-2013

60

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La reconquête de la Seine

I.2. Une qualité plus que médiocre en 1970

En dépit des mises en service des deux premières tranches de la


station Seine Aval en 1940 et 1966, alors appelée usine d’Achères,
les volumes d’eaux usées rejetés sans traitement n’ont cessé de croître
jusqu’au début des années 1970 du fait de l’augmentation de la popu-
lation. A titre d’illustration nous citerons le chiffre de 700 000 m 3
d’eau brute rejetée quotidiennement sans traitement à Clichy. Dans
ces conditions, le rendement du système d’assainissement est limité
pour la DBO5, entraînant des concentrations de matière organique
croissantes durant toute la traversée de l’agglomération parisienne
pour culminer à l’aval. A Poissy, ville située 15 km après le rejet de
la station d’épuration d’Achères, les eaux sont de mauvaise qualité
avec des DBO5 proches de 30 mg O2/l. A titre indicatif, cette valeur est
proche du maximum autorisé pour une station d’épuration rejetant ses
eaux traitées dans un fleuve et, actuellement, les rejets des stations les
plus performantes délivrent des eaux à moins de 10 mg O2/l en DBO5.
La question de la pollution en azote et phosphore n’étant pas encore
appréhendée à cette époque, la qualité de la Seine vis-à-vis de l’am-
monium et des ortho-phosphates est également dégradée. Les faibles
performances du système d’assainissement induisent une désoxygé-
nation quasi-totale de la Seine jusqu’à l’aval du bassin. Certains n’hé-
sitent pas à qualifier la Seine de « presque biologiquement morte », le
milieu aquatique souffrant d’une désoxygénation chronique du fait de
l’intensité des rejets permanents. Bien qu’amplifiés par l’essor de la
démographie, ces problèmes de désoxygénation ne datent pas de cette
période. En effet, les mesures d’oxygène effectuées en Seine, tant par
Boudet dès 1874 (Assainissement de la Seine, épuration et utilisation
des eaux d’égouts : avant-projet d’un canal d’irrigation à l’aide des
eaux d’égouts de Paris entre Clichy et la partie Nord-ouest de la forêt
de St Germain. Tome 2, 1876) que par les Services Techniques d’Hy-
giène de la Ville de Paris au début des années 1900, montrent que
de tels phénomènes étaient déjà observés à leur époque. La baisse de
l’oxygène dissous était limitée sur une section comprise entre Paris
intramuros et Poissy comme le montre la courbe en pointillés blancs
de la figure 11, tracée à partir des données extraites des Annales des
Services Techniques d’Hygiène de la Ville de Paris de 1921.

61

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Évolution de la qualité de la Seine

I.3. Amélioration de la qualité suite à la montée en puissance


de l’assainissement parisien (1970 à 1990)

A partir de 1970, on assiste à une augmentation considérable de la capacité


de traitement, principalement induite par la construction, sur la station d’épu-
ration d’Achères, d’une troisième tranche avec une capacité de 900 000 m3/
jour (1972), suivie d’une quatrième tranche d’une capacité de 600 000 m3/
jour (1978). Ces constructions permettent d’inverser la tendance après plu-
sieurs dizaines d’années d’augmentation des flux de polluants rejetés dans le
milieu naturel. A partir de 1985, le rendement du système d’assainissement
atteint 70% pour la DBO5 (Figure 4 – Ligne pointillée), permettant une nette
amélioration de la qualité de l’eau à l’aval de l’agglomération parisienne.
Ainsi, à Poissy, les concentrations en DBO5 sont deux fois plus faibles en
1985-1986 (15 mg O2/l) qu’elles ne l’étaient en 1971-1972 (30 mg O2/l)
(Figure 11 – Cas de la DBO5). Cette amélioration significative de la qualité de
la Seine vis-à-vis de la pollution carbonée n’est pas transposable à l’azote et
au phosphore. Pour ces nutriments, la situation se détériore du fait de l’ampli-
fication de la pression démographique mais aussi en raison du transfert crois-
sant des charges polluantes vers Achères rendu possible par l’augmentation
de sa capacité et par une meilleure qualité de la collecte. L’absence de trai-
tement spécifique de ces polluants conduit alors à une concentration de leurs
flux en aval de cette station. Ainsi, en 1985-1986, des concentrations élevées,
de 7 et 4 mg/L respectivement pour l’ammonium et les ortho-phosphates sont
fréquemment mesurées en aval de l’agglomération parisienne (Figure 11 –
Cas de l’ammonium et des ortho-phosphates).
Malgré la diminution significative des concentrations en matière orga-
nique dans le fleuve, la situation reste encore trop dégradée pour maintenir un
bon niveau d’oxygénation dans la rivière. Ainsi, si le niveau d’oxygénation
mesuré à Poissy en 1985-1986 est bien supérieur à celui des années 1971-
1972, il reste encore inférieur à 4 mg O2/l lors des périodes estivales (Figure
12 – Courbe verte). Le milieu reste donc extrêmement fragile et sensible aux
rejets urbains excédentaires par temps de pluie (RUTP) qui peuvent provo-
quer ponctuellement des chocs de désoxygénation profonde, responsables de
nombreuses mortalités piscicoles. La ré-oxygénation à l’aval de l’agglomé-
ration parisienne, à partir de Conflans-Sainte-Honorine, est liée à la présence
des barrages, et notamment ceux situés à Andrésy, Méricourt et Poses. Ces
barrages, signalés par des triangles bleus sur la figure 12, ré-oxygènent forte-
ment l’eau de la Seine et permettent de compenser la consommation d’oxy-
gène liée à la nitrification biologique qui s’opère naturellement dans la rivière
suite au rejet important d’ammonium par les stations d’épuration.

62

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La reconquête de la Seine

I.4. Une Seine reconquise suite à la généralisation des


traitements poussés (C/N/P) sur les stations
(1990-2015)

En 1991, la Directive européenne sur les Eaux Résiduaires Urbaines


(DERU), relayée par la directive cadre sur l’eau (DCE), impulsera un
second souffle à l’assainissement. Mais, devant l’ampleur des ambi-
tions, il sera nécessaire d’étaler les investissements sur près de 25
ans ; investissements qui permettront de parachever le traitement de
la matière organique mais surtout, de traiter l’azote et le phosphore.
En 2013, suite aux vagues d’investissements successives (Figure
2 – Chronologie des grandes étapes de l’évolution de l’assainissement
parisien), 98% du volume d’eau généré dans le système d’assainis-
sement subit un traitement en station d’épuration, dont le rendement
d’élimination atteint 95% pour la DBO5 (Figure 4 – Ligne pointillée).
La qualité de l’eau de rivière vis-à-vis de la matière organique devient
excellente ; les concentrations en DBO5 ne dépassent pas 5 mg O2/l
sur tout l’aval du bassin (Figure 11 – Cas de la DBO5). La générali-
sation sur toutes les stations d’épuration du SIAAP du traitement de
l’ammonium et du phosphore a également permis de réduire de façon
considérable le rejet de ces nutriments dans la rivière (Figures 5 et 6).
En 25 ans, les concentrations en aval de l’agglomération parisienne
ont diminué significativement. Pour l’ammonium, les concentrations
les plus fortes observées sont passées de 7 à 1,5 mg NH4+/l (Figure 11
– Cas de l’ammonium). Des progrès encore plus spectaculaires sont
obtenus pour les ortho-phosphates avec des concentrations qui ont été
divisées par près d’un facteur 10, passant de 4 à moins de 0,5 mg
PO43- /l.
Logiquement, la diminution des concentrations en DBO5 a fait
disparaitre les déficits chroniques en oxygène dissous dont souffrait
tout l’aval du bassin jusqu’à Poses. Aujourd’hui les concentrations en
oxygène dissous ne descendent quasiment jamais en dessous de 7 mg
O2/l. La qualité y est désormais bonne, rendant à l’eau une vie perdue
depuis plus d’un siècle.

63

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Évolution de la qualité de la Seine

Un SAMU pour les poissons


Jusqu’aux années 1990, la pollution chronique du milieu naturel par les
eaux usées urbaines avait masqué celle engendrée par les rejets urbains de
temps de pluie qui allait se révéler à la faveur de conditions météorolo-
giques et hydrologiques défavorables. Au printemps 1991, alors que la
Seine subissait un tarissement de ses débits du fait d’une sécheresse pré-
coce, plusieurs violents orages s’abattaient sur la région parisienne. La
conjonction d’un faible débit d’étiage, d’une température élevée de l’eau et
de fréquents et importants déversements a provoqué de graves déficits en
oxygène dissous sur plusieurs dizaines de kilomètres. Ce phénomène a
engendré une dévalaison des poissons jusqu’en amont des barrages de
navigation. Là s’étaient réfugiées des centaines de tonnes de poissons
pipant l’air en surface par manque d’oxygène dissous dans l’eau. De la vue
de ces poissons agonisant est né le concept d’îlots de survie, inspiré à l’ori-
gine du modèle londonien. L’idée était d’identifier, avec l’appui des fédéra-
tions de pêche et de logiciels de simulation, les zones de déficit chronique
en oxygène dissous afin d’y insuffler de l’oxygène et ainsi maintenir les
poissons en vie en créant des zones " refuge ". Un îlot de survie est constitué
d’un réservoir d’oxygène pur, relié à un diffuseur implanté dans le lit du
fleuve. Il est mis en marche dès que l’une des sondes qui mesurent en
continu le taux d’oxygène de l’eau à proximité dépasse le seuil critique de
2 mg O2 /l en-deçà duquel la vie piscicole est en danger. Localement, un îlot
de survie peut faire remonter la concentration en oxygène dissous de
3 mg O2 /l. Avec le courant d’eau, la zone oxygénée s’étend sur plusieurs
kilomètres créant ainsi une zone de refuge pour les poissons.

Stockage Vaporisateur
Seine
oxygène Régulateur
liquide
Tube
d’alimentation

Dispositif d’insufflation
Nanterre
Colombes
Asnières
Ile Saint Denis

Paris
Rueil
Suresnes

Issy-les-Moulineaux
Îlot de survie
Station de mesure
Stations d’épuration SIAAP

Principe de fonctionnement d’un îlot de survie et localisation le long de la Seine


aujourd’hui

64

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La reconquête de la Seine

Les sites propices pour implanter les îlots de survie se situent logiquement
en aval des déversoirs d’orage et en amont des barrages de navigation, là
où autrefois les plus sévères déficits en oxygène dissous étaient constatés.
Ainsi cinq sites ont été équipés entre la sortie de Paris et Bougival : Issy-
les-Moulineaux, l’aval de l’Ile St Denis, Colombes, Nanterre et Rueil Mal-
maison. Il s’agit là de mettre en œuvre une solution curative en attendant le
déploiement du traitement des rejets urbains de temps de pluie (RUTP) sur
les usines d’épuration.
Mis en service en 1996, ces îlots de survie ont beaucoup fonctionné durant
les premières années. Ils ont permis d’atténuer les sévères déficits en oxy-
gène dissous à l’aval des déversoirs d’orage de Clichy et la Briche et d’y
maintenir en permanence des conditions compatibles avec la survie pisci-
cole. Depuis quelques années, le niveau moyen d’oxygénation de la Seine
s’étant nettement amélioré, leur fréquence de fonctionnement a diminué
mais ils sont maintenus en attendant l’achèvement du programme d’assai-
nissement.

600
Îlot d'Issy les Moulineaux
De l’amont
Îlot de Saint Denis
vers Îlot de Colombes
400
Durée (heures)

Îlot de Nanterre
l’aval
Îlot de Rueil Malmaison

200

Historique du temps de fonctionnement des îlots de survie

65

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Évolution de la qualité de la Seine

II. Evolution de la qualité bactériologique (10-15 ans)


Le déploiement du traitement industriel des eaux usées, mené entre 1970
et aujourd’hui pour améliorer la qualité physico-chimique des eaux de surface
(O2 dissous, carbone, azote et phosphore) a également eu un impact très posi-
tif sur la qualité bactériologique de la Seine. En particulier, les 15 dernières
années (2000-2015), durant lesquelles des efforts ont été consentis pour géné-
raliser le traitement de l’azote et du phosphore sur les usines et limiter les
rejets urbains de temps de pluie, ont permis de réduire significativement les
flux de germes introduits dans le milieu naturel (Chapitre I – Paragraphe
II.2.4). Cette réduction notable des flux introduits dans la rivière a conduit à
une amélioration significative de sa qualité bactériologique. Cette évolution
positive peut-être appréciée sur la figure 13 qui présente l’évolution des
concentrations médianes en (a) Escherichia coli et (b) entérocoques intesti-
naux (NPP/100 ml) d’amont en aval de l’agglomération parisienne pour trois
périodes : 1999 - 2001, 2004 - 2005 et 2011 - 2015.
Concentration en Escherichia coli

1 E+05
Concentration en Escherichia coli

(a)
(NPP/100 ml)
(NPP/100 ml)

1 E+04

1 E+03

1 E+02

1 E+04
(b)
Concentration en entérocoques

en entérocoques

(NPP/100 ml)
ml)

1 E+03
intestinaux
intestinaux
(NPP/100
Concentration

1 E+02

1 E+01

1999 - 2001 2004 - 2005 2011 - 2015

Figure 13. Evolution des concentrations médianes en (a) Escherichia coli et (b)
entérocoques intestinaux dans la Seine en agglomération parisienne en 1999-
2001, 2004-2005 et 2011-2015

66

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La reconquête de la Seine

Cette amélioration est visible dès le site de Choisy situé en amont


de la zone de rejet des effluents du SIAAP. Sur ce site, les concen-
trations en Escherichia coli et en entérocoques intestinaux étaient 2
fois plus importantes en 1999-2001 (Courbe bleue) qu’en 2011-2015
(Courbe noire). Cette amélioration résulte vraisemblablement de la
mise en œuvre de filières de traitement poussé dans les stations d'épu-
ration situées en amont du bassin versant SIAAP et d’une meilleure
maitrise des déversements d’eau non traitée.
Lors de la traversée de Paris, les concentrations en germes tendent
globalement à diminuer puisque les apports liés à la traversée de Paris
sont relativement modérés (absence de station d’épuration, peu de
rejets non maîtrisés) et ne compensent pas la décroissance naturelle
des bactéries fécales dans la rivière. A partir de Suresnes, les niveaux
de contamination augmentent régulièrement jusqu’à Bougival, et
notamment entre Suresnes et Chatou où se situent les principaux
déversoirs d’orage de l’agglomération parisienne. A Sartrouville, site
situé en amont de la station d’épuration Seine Aval, les concentra-
tions médianes en Escherichia coli ont plus que doublé par rapport à
Suresnes pour atteindre 2.104, 5.103 et 2.103 NPP/100 ml d’eau res-
pectivement pour 1999-2001, 2004-2005 et 2011-2015. Les concen-
trations en entérocoques intestinaux ont également doublé et sont
proches de 1,8.103, 6,5.102 et 4,1.102 NPP/100 ml pour les mêmes
périodes.
L’influence du rejet de la station d’épuration Seine Aval sur la
qualité bactériologique de l’eau de Seine, qui peut être appréciée en
considérant les concentrations mesurées sur les sites de Conflans-
Sainte-Honorine et de Poissy, est visible pour les trois périodes
étudiées. Néanmoins, on note que la situation s’est sensiblement amé-
liorée ces 10 dernières années. Avant 2007, le traitement biologique
partiel des eaux usées sur la station Seine Aval, limité à une élimina-
tion de la pollution carbonée sans étape de nitrification, conduisait à
rejeter des flux importants de germes bactériens (Chapitre II – Para-
graphe II-2.4). La mise en eau de l’unité de traitement de l’azote de la
station Seine Aval en 2007, combinée à une diminution des débits trai-
tés sur cette station d’épuration, a permis de limiter significativement
les flux de germes introduits dans la rivière (Chapitre II – Paragraphe
II-2.4 – Figure 10) et, par conséquent, d’améliorer la qualité bactério-
logique de la Seine. A titre d’illustration, en 1999-2001, les concen-
trations en BIF mesurées à Poissy étaient de 9.104 Escherichia coli et
5,5.103 entérocoques intestinaux par 100 ml d’eau. En 2011-2015, ces
concentrations sont 25 et 8 fois moins élevées et atteignent respecti-
vement 3,5.103 Escherichia coli et 6,3.102 entérocoques intestinaux

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Évolution de la qualité de la Seine

par 100 ml d’eau. La différence notable entre 1999-2001 et 2004-2005


matérialise aussi une meilleure maitrise des déversements d’eau par-
tiellement ou non traitée sur ce site.

III. Evolution de la biodiversité (25 ans)

Longtemps fondée uniquement sur l’analyse de la composition


physico-chimique de l’eau, l’évaluation de la qualité des cours d’eau
intègre désormais des composantes biologiques des écosystèmes
aquatiques : algues, macrophytes, macro-invertébrés benthiques et
poissons. Les poissons constituent de véritables intégrateurs de la
qualité des eaux et, plus largement, du fonctionnement des milieux
aquatiques en raison de leur position au sommet de la chaîne alimen-
taire, de leur sensibilité à la qualité de l’eau et à l’intégrité de l’habitat
physique.
A la fin des années 1960, la transformation des milieux et un assai-
nissement défaillant conduisent à un quasi-anéantissement de la faune
piscicole dès Paris. Il faut attendre la montée en puissance de l’assai-
nissement parisien, initié en 1970 et ciblé jusqu’en 1990 sur le trai-
tement de la pollution carbonée, pour assister à une restauration du
milieu suffisante en termes d’oxygénation et en observer la recoloni-
sation. Dès 1990, le SIAAP s’assure du concours du Conseil Supérieur
de la Pêche (dont les attributions furent intégrées par la suite au sein
de l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques - ONEMA)
pour suivre l’évolution annuelle du peuplement piscicole dans l’ag-
glomération parisienne (Figure 14). Depuis le début de ce suivi, le
nombre d’espèces recensées annuellement dans l’agglomération pari-
sienne a progressé de 12 au début des années 1990 pour se stabiliser
au-dessus de 20 à l’heure actuelle (et jusqu’à 24 espèces différentes
pêchées en 2015). Depuis 1990, 32 espèces cumulées ont été recen-
sées dans la Seine au niveau de l’agglomération parisienne alors qu’il
n’en avait été recensées que 14 en 1990. Le nombre total d’individus
estimé, quant à lui, varie fortement en fonction des années. Ce chiffre
est dépendant des conditions du milieu durant l’année et des condi-
tions météorologiques et hydrologiques survenues lors des périodes
de reproduction.

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La reconquête de la Seine

35 66000
000
30
25
44000
000
20

Individus
Espèces

15
22000
000
10
5
0 0
1990 1995 2000 2005 2010 2015

Nb espèces Nb cumulé espèces Nb individus

Figure 14. Nombre d’espèces et d’individus recensés en Seine par année de


pêche et cumul sur la période de suivi (1990-2015)

Afin de caractériser plus finement l’évolution de la composition


des peuplements, les espèces peuvent être regroupées selon leur habi-
tat préférentiel et leur position dans la chaine alimentaire (Figure 15).
Ainsi, on distingue les espèces limnophiles, représentatives des parties
calmes des cours d’eau telles que la Seine à l’approche de l’agglomé-
ration parisienne, et les espèces rhéophiles plutôt inféodées aux eaux
courantes, et donc plus typiques de l’amont des cours d’eaux caracté-
risé par de plus fortes pentes favorisant l’oxygénation. Ces espèces
peuvent être omnivores ou carnassières, les secondes exerçant une
pression de prédation sur les premières.

100

80
Distribution (%)

60

40

20

0
1990 1995 2000 2005 2010 2015
Limnophiles omnivores Limnophiles carnassières
Rhéophiles omnivores Rhéophiles carnassières

Figure 15. Distribution de la présence des individus selon leur habitat (limno-
phile/rhéophile) et alimentation (omnivore/carnivore)

69

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Évolution de la qualité de la Seine

Logiquement, les espèces limnophiles sont fortement représen-


tées en Seine. Quelle que soit l’année considérée, de 80% à 90% des
individus recensés appartiennent à cette catégorie. Cependant, depuis
1990, on observe une diminution de la proportion des espèces omni-
vores (ablette, chevesne, gardon, rotengle, etc.) au profit des espèces
carnassières (anguille, perche, etc.). Au début des années 1990, les
espèces omnivores, peu exigeantes vis-à-vis de la qualité de l’eau et
de l’alimentation, représentaient 90% des individus recensés (Figure
15 – Barre grise). Au fil des années, les espèces limnophiles carnas-
sières, plus sensibles à la qualité du milieu, réapparaissent. A ce jour,
les espèces limnophiles carnassières représentent de 10 à 40% des
individus recensés (Figure 15 – Barre verte). Les espèces rhéophiles
et omnivores (goujon, hotu, ide mélanote, vandoise) sont logique-
ment peu présentes. Jusqu’en 2007-2008, ces espèces représentaient
même moins de 10% des individus capturés. Ces dernières années, on
observe une augmentation de la part de ces espèces qui atteint 20%
des individus recensés (Figure 15 – Barres bleue et noire).
Ainsi, l’amélioration de la collecte et du traitement des eaux usées
a permis le retour de nombreuses espèces de poissons dont le nombre
et la diversité témoignent de la qualité des eaux de Seine dans ces sec-
teurs qui, au début des années 60, étaient parfois considérés comme
totalement désoxygénés et biologiquement morts.

70

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La reconquête de la Seine

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Conclusion générale
En un peu moins d’un demi-siècle, le visage de l’assainissement
francilien a radicalement changé. Cette mutation de l’assainissement,
opérée de 1970 à aujourd’hui, a conduit à une réduction spectaculaire
des flux de polluants introduits dans la Seine. Cette diminution des flux
rejetés a permis de restaurer la qualité physico-chimique de la Seine en
agglomération parisienne et d’en améliorer fortement la qualité micro-
biologique. Aujourd’hui, le niveau d’oxygénation du fleuve est élevé
et les concentrations en nutriments (azote et phosphore) inférieures
aux seuils du bon état pour la plupart des masses d’eau franciliennes.
Seuls les paramètres « ammonium » et « nitrite » dépassent encore les
limites du bon état dans les masses d’eau situées à l’aval immédiat de
la station d’épuration Seine Aval (Achères). Les travaux de moderni-
sation du système d’assainissement francilien actuellement en cours
devraient permettre à moyen terme d’atteindre les objectifs de la DCE
pour l’ensemble des paramètres. Il s’agit notamment du renforcement
du traitement biologique de l’usine Seine Aval (Achères, projet files
biologiques, 2022) et de la construction d’un bassin de rétention des
eaux de temps de pluie sur le site de Clichy.
Outre ces constructions supplémentaires, la promotion de l’in-
novation dans les pratiques de traitement des eaux permettra de
poursuivre la diminution des flux de pollution rejetés dans le fleuve.
Ces dernières décennies ont été marquées par une évolution forte des
pratiques dans la gestion des flux dans les réseaux d’assainissement.
La mise en place d’une gestion en temps réel, basée sur des outils
métrologiques et mathématiques performants (MAGES, Modèle
d’Aide à la Gestion des Effluents du SIAAP), a permis de réduire de
manière significative les déversements d’eau partiellement traitée lors
des évènements pluvieux. Cet outil informatique de simulation régule
24h/24h le réseau d’assainissement de l’agglomération parisienne et
assure une gestion optimisée de l’ensemble du transport des effluents
du SIAAP vers les six usines de traitement.
Il s’agit aujourd’hui de poursuivre dans cette voie de l’innovation
avec le développement d’outils intelligents d’aide à l’exploitation.
D’une gestion de flux hydrauliques, nous passerons demain à une
gestion intégrée du système réseau d’assainissement-STEP-rivière.
Le principe de ce système intégré, schématisé par la figure 16, est

72

CA_Seine_25082017.indd 72 25/08/2017 10:39:39


Conclusion générale

Approche
intégrée
Système assainissement Réseau de collecte des eaux usées

Entrée

Maîtrise STEP STEP


Métrologie adaptée
Mesure en continu qualité
Modèles aide décision
Rejet
Prédiction MAGES - Qualité

Amont Aval

Mesure en continu C/N/P Simulation en temps réel


Evaluation temps réel qualité milieu
+ Anticiper consignes / Evaluer scénarios

Figure 16. Intégration du compartiment « rivière » dans le système de gestion de


l’assainissement francilien de demain

d’adapter la qualité du rejet du système d’assainissement à l’état de la


rivière et ainsi de s’assurer de l’atteinte les objectifs réglementaires
(bon état physico-chimique des masses d’eau superficielle - DCE).
Pour la rivière, il s’agira d’évaluer en temps réel la qualité des
eaux de surface et d’être capable d’estimer l’impact des choix d’ex-
ploitation sur la qualité du fleuve. Cela passe par une densification
de l’instrumentation du réseau de suivi de la qualité de la rivière en
agglomération parisienne (réseau MeSeine) et une évolution des outils
de simulation de la qualité du fleuve. Pour le réseau d’assainissement,
il s’agira d’évaluer en temps réel la qualité des eaux usées transitant
dans les réseaux et ainsi d’être capable de prédire l’évolution des flux
de pollution apportés aux usines. Cela suppose une densification de
l’instrumentation en réseau d’assainissement (intégration de capteurs
de turbidité et conductivité, notamment) et une évolution du modèle
MAGES qui devra être capable de simuler les transferts de matière,
et non plus seulement les volumes d’eau. Enfin, l’exploitation des
stations d’épuration va également fortement évoluer puisqu’au sein
du système intégré réseau d’assainissement-STEP-rivière, la station
occupe une position centrale. Ainsi, demain il sera demandé aux
STEP d’être capables d’adapter leurs performances en fonction des
contraintes imposées par le réseau d’assainissement (flux, charges
appliquées en pollution) et des objectifs de traitement définis selon
l’état de la rivière. Ce défi à venir place les questions relatives à la
métrologie, au contrôle et à la commande des procédés d’épuration

73

CA_Seine_25082017.indd 73 25/08/2017 10:39:40


Évolution de la qualité de la Seine

au cœur des problématiques industrielles. Dans ce contexte, un pro-


gramme de recherche visant à construire les outils métrologiques
(mesure en continu et méthode de caractérisation des matrices) et
mathématiques (traitement des signaux, modélisation des procédés de
traitement, contrôle-commande) nécessaires pour accroître la maitrise
des systèmes de traitement a d’ailleurs été initié en 2014 (programme
Modélisation, Contrôle et Optimisation des Procédés d’Epuration des
Eaux, MOCOPEE, www.mocopee.com). Ce type d'initiative vise à
dynamiser l'innovation technique et scientifique dans le domaine du
transport et du traitement des eaux usées. Catalyser et promouvoir
l'innovation est une des clés qui permettra de poursuivre ce processus
d'amélioration de la qualité de nos rivières et de notre environnement.

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Bibliographie
Annales des Services Techniques d’Hygiène de la Ville de Paris (1921).
Archives iconographiques : SIAAP-LCDEA.
Assainissement de la Seine, épuration et utilisation des eaux d’égouts : Avant-
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Azimi S. et Rocher V. (2016). Influence of the water quality improvement on
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Science of the Total Environment 542.
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Diénert F. (1920). L’épuration des eaux par les boues activées. La technique sani-
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Gérardin A. Altération de la Seine en 1874-1875. Annales d’Hygiène Publique
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Journal Officiel de la République Française (1902). Rapport de la commission
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Journal Officiel de la République française (1906). Rapport de la commission de
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Livrets de l’assainissement. SIAAP-LCDEA.
Notes à l’appui du compte des services techniques de l’assainissement de la Ville
de Paris 1990 -1987.
Rapport sur la situation et les besoins du service municipal d’assainissement
de la Seine et sur le renouvellement de la location des terrains du domaine des
Fonceaux et du parc agricole d’Achères (1913). Conseil Municipal de Paris.
Rapport de l’ingénieur ordinaire Pigeaud (1900). Service la Navigation de la
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Rocher V, Azimi S et al. (2016). Qualité microbiologique des eaux en agglomé-
ration parisienne. Des eaux usées aux eaux de Seine. Editions Johanet.
Recueil des textes officiels concernant la protection de la santé publique, tome
VIII (1931-1933).

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