LA SEINE Evolution de Qualite de Seine
LA SEINE Evolution de Qualite de Seine
LA SEINE Evolution de Qualite de Seine
de la Seine
en lien avec les progrès
de l’assainissement
de 1970 à 2015
Ouvrage collectif
Coordinateurs
Vincent Rocher et Sam Azimi
Avec le soutien
d’ARCEAU – Association Recherche
Collectivités dans le domaine de l’EAU
www.arceau-idf.fr
Périodiques :
L’eau, L’industrie, les Nuisances (mensuel)
Le Guide de l’Eau, collectif
ISBN : 979-10-91089-31-9
Copyright Éditions Johanet 2017, Paris
Il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage (Loi du 11 mars 1957)
sans l’autorisation de l’éditeur ou du centre Français d’exploitation du droit de copie.
Depuis 1970, les équipes du SIAAP assurent chaque jour la dépollution des
eaux usées domestiques, industrielles et pluviales de l’agglomération pari-
sienne.
Opérant sur un territoire qui compte parmi les plus denses d’Europe avec 9
millions d’habitants, notre syndicat est en charge de l’épuration quotidienne de
2,5 millions de m3 d’eaux usées au sein de nos 6 usines.
Aujourd’hui, notre métier, ses objectifs et ses contraintes ont considérablement
évolué. Il s’agit pour notre service public, de nous adapter à ces évolutions afin
d’être en capacité de répondre aux nouvelles attentes des Franciliens tout en
continuant à leur apporter le meilleur service au meilleur coût.
La prise de conscience, au sein des opinions publiques, de l’urgence environ-
nementale bouleverse de manière inédite la vision que nous devons avoir des
métiers de l’assainissement. Cette nouvelle conscience sur l’importance des
enjeux environnementaux a radicalement transformé le regard que nous por-
tons tous sur l’eau et son devenir.
Bien commun de l’Humanité, l’eau est aujourd’hui reconnue comme rare et
fragile : sa protection et sa préservation doivent désormais être considérées
comme des priorités absolues dans la perspective de garantir pour les généra-
tions futures un accès durable à cette ressource vitale.
La croissance urbaine de ces dernières années a transformé le visage des villes
et a eu un impact majeur sur le milieu naturel, tant sur les eaux de surface que
sur les eaux souterraines. Cette croissance crée un impératif nouveau de protec-
tion de la ressource qui devra nécessairement être partagé à l’échelle mondiale.
Fragilisé par l’augmentation de la population, l’imperméabilisation des sols et
la multiplication des pollutions émergentes, le milieu naturel doit à tout prix
faire l’objet d’une attention renforcée au sein du grand cycle de l’eau.
En présentant l’évolution des techniques d’assainissement et leur impact sur
la qualité de l’eau de la Seine depuis 1970, cet ouvrage collectif raconte les
grandes étapes du déploiement industriel de l’épuration en Ile-de-France. Il
met également en lumière les profondes mutations du processus épuratoire et
son adaptation permanente à une ambition toujours plus forte pour le SIAAP :
réduire son empreinte carbone, protéger le milieu naturel et ainsi « reconquérir
la Seine, la Marne et leurs affluents ». Au cœur de ces défis, les femmes et les
hommes du SIAAP œuvrent chaque jour.
Bélaide BEDREDDINE
Président du SIAAP
Jacques OLIVIER
Directeur Général du SIAAP
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11
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16
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19
20
21
(a) (d)
(b)
(c)
Photo 2. Essais d’épuration biologique par (a) lit de séchage (Mont-Mesly, 1906),
(b) lit biologique (Fond de Vaux, 1909), (c) filtres biologiques (Colombes, 1916),
(d) boues activées (Colombes, 1921)
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1- Aqueduc d’Achères mis en eau en 1895 ; 2- Emissaire Sèvres-Achères mis en eau en 1954 ;
3- Emissaire Saint Denis-Achères mis en eau en 1966 ; 4- Emissaire Clichy-Argenteuil mis en
eau en 1972.
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26
27
1966
déploiement industriel
1972
Grandes étapes du
1978
Achères Valenton Seine Aval (nitrification 2007)
Elimination de l’azote
Elimination du phosphore
Traitement accéléré des eaux de temps de pluie
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car, si elle met toujours en œuvre des boues activées, celles-ci fonc-
tionnent à très faible charge, permettant ainsi le traitement des diffé-
rentes formes de l’azote. C’est également dans ce contexte que paraît
la Directive européenne sur les Eaux Résiduaires Urbaines
(DERU) en mai 1991 dont l’esprit est d’unifier le niveau minimum de
performances épuratoires à l'échelle européenne et notamment de
diminuer les rejets d’azote et de phosphore dans les milieux aqua-
tiques en lien avec la maîtrise de l’eutrophisation des eaux intérieures
et marines.
31
32
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34
35
1 200 100
(a)
Volumes annuels (x 10 m )
1 000
3
75
6
(%)
déversée (%)
800
Part déversée
600 50
400
Part
25
200
0 0
1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015
Part épurée
Part (%)
épurée (%)
Figure 3. Evolution des volumes d’eau (a) collectés dans les réseaux et déversés
sans traitement et (b) admis et traités sur les stations d’épuration ou les champs
d’épandage (1955 à 2015)
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DBO5 : Demande Biochimique en Oxygène. Quantité d’oxygène nécessaire pour oxyder les matières or-
ganiques biodégradables par voie biologique. Paramètre qui permet d’évaluer la fraction biodégradable
de la charge polluante carbonée des eaux usées.
Figure 4. Evolution des flux de matière organique [DBO5] (a) collectés dans les
réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations d’épuration (1955 à
2015)
37
40
75
25
10
0 0
1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015
Flux admis dans réseaux Flux rejeté (hors épandage) Part traitée
Flux annuels (x 103 tonnes)
NK : azote Kjeldahl. Quantité totale d’azote contenue dans la matière organique et sous forme
ammoniacale.
Figure 5. Evolution des flux d’azote [azote Kjeldahl] (a) collectés dans les
réseaux et déversés et (b) admis et rejetés par les stations d’épuration (1955
à 2015)
38
4 50
2 25
0 0
1955 1965 1975 1985 1995 2005 2015
Flux admis dans réseaux Flux rejetés (hors épandage) Part traitée
Flux annuels (x 10 tonnes)
Figure 6. Evolution des flux de phosphore total [Pt] (a) collectés dans les réseaux
et déversés et (b) admis et rejetés par les stations d’épuration (1955 à 2015)
39
40
Entre 1980 et 1990, les volumes d’eaux usées générés sur la zone
de collecte du SIAAP et introduits annuellement dans les réseaux
d’assainissement ne font qu’augmenter, pour atteindre en 1990 près
de 1 milliard de mètres cubes (Figure 3a – Courbe marron).
Durant ces 10 années, les flux en carbone admis sur les stations
d’épuration augmentent fortement et passent de 150 000 à 200 000
tonnes de matière organique biodégradable par an, exprimée en DBO5
(Figure 4a – Courbe marron). L’accroissement du flux de carbone col-
lecté dans les réseaux d’assainissement est absorbé par l’augmentation
globale des capacités de traitement, notamment avec la construction
de l’usine de Valenton en 1987. L’effet positif de la construction de
l’usine de Valenton sur les volumes d’eau et flux de polluants admis
est d’ailleurs nettement visible sur l’ensemble des figures (Figures 3
et 4) sur lesquelles on observe une augmentation brutale des volumes
d’eau et des flux de DBO5 traités après 1987.
De manière plus générale, on note que durant cette décennie l’aug-
mentation de la capacité de traitement a été plus rapide que l’augmen-
tation des volumes collectés dans les réseaux (Figure 3 – Comparaison
des courbes marron et bleue). Ainsi, la part des eaux collectées qui
subit un traitement atteint 90% en 1990 (Figure 3b – Ligne pointillée)
alors qu’elle était de l’ordre de 80% en 1980. Face à l’augmentation
du flux de carbone collecté dans les réseaux d’assainissement, l’aug-
mentation des capacités de traitement a permis de stabiliser les flux
de DBO5 rejetés dans la Seine. En 1990, le flux de matière organique
biodégradable rejeté en Seine reste inférieur à 50 000 t/an de DBO5 et
cela malgré la nette augmentation du flux introduit dans les réseaux
d’assainissement (Figure 4a – Courbe orange).
Enfin, durant cette période 1980-1990, le processus de décentra-
lisation du traitement a été initié avec la construction de la station
de Valenton qui amorce également la mise en œuvre du traitement
de l’azote. On quitte l’ère du « tout à Achères », même si en 1990 la
grande majorité des eaux est encore traitée sur cette usine (Figures 4b,
5b et 6b – Courbes vertes claires et vertes foncées). On note également
que, durant cette décennie, le déclin de l’épandage amorcé en 1970-
1980 se poursuit (Figure 3b – Courbe verte).
41
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Estimations faites à partir des analyses réalisées dans les eaux brutes de Seine Aval et en cal-
culant le nombre d'équivalent-habitants sur la base des concentrations en matière organique
(DCO ou DBO5). Méthode de calcul détaillée dans le corps de texte.
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44
45
160 1 200
(mm/an)
Clichy+La Briche
Volumes déversés (x 106 m3/an)
(mm/an)
800
Pluviométrieannuelle
80
Pluviométrie
400
40
0 0
Figure 8. Evolution des volumes d’eau déversés par les principaux déversoirs
d’orage du SIAAP (Clichy, La Briche et La Frette) de 1996 à 2015
46
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Les baisses entre 1997 et 2014 ont été respectivement de 73% pour la
DBO5, 94% pour l’ammonium et 91% pour les ortho-phosphates. On note
également la baisse des flux sur la Seine et la Marne en amont de l’agglo-
mération ainsi que sur l’Oise, traduisant les effets des efforts consentis en
amont de ces cours d’eau. La figure d, qui présente le cas de l’azote global
et des nitrates, permet d’illustrer l’effet de mise en conformité vis-à-vis de
la DERU des usines du SIAAP. Entre 1997 et 2014, les flux de la somme
des différentes formes de l’azote ont été réduits de 64%. De 1997 à 2010,
on voit l’effet de la mise en œuvre de la nitrification et de la dénitrification
partielle. En 1997, 88 t/j d’azote sont rejetées dont 90% de l’azote rejeté
sous forme réduite, toxique pour le milieu, et 7,8 t l’ont été sous la forme de
nitrates. En 2010, le traitement des formes réduites de l’azote est généralisé
et la dénitrification est déjà largement déployée : le flux total d’azote rejeté
baisse de 32% et celui de ses formes réduites baisse de 82%. En 2014, les
installations sont conformes à la DERU, le flux d’azote total rejeté a baissé
de 47% supplémentaires. Il est intéressant de souligner que dans le même
temps, les flux d’azote en provenance de l’amont du bassin de la Seine aug-
mentent. La cause de cette augmentation n’est certainement pas à recher-
cher du côté des collectivités qui, comme le SIAAP, se sont conformées à la
DERU avec l’obligation d’atteindre un rendement annuel d’élimination de
l’azote d’au moins 70%.
48
49
50
2,85 3,05
1,12
0,90
Epuration parlelesol
Epuration par sol Traitement
Traitement CC etetPP Traitement
Traitement C, N,
N,PP
(Epandage, 1897 - 1901) (Achères, 2004 – 2005)
(Achères, 2004 – 2005)
(SIAAP, 2011 – 2015)
(SIAAP, 2011 – 2015)
(Epandage, 1897 – 1901)
51
52
Figure 10. Evolution des flux [(a) en NPP/an et (b) en unité logarithmique] de
bactéries indicatrices de contamination fécale (cas d’Escherichia coli) collectés
dans les réseaux à l’échelle de l’agglomération parisienne et rejetés de 1955 à
2015
53
54
55
56
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Oxygène dissous
8 6 4 3
(mg O2/l)
58
59
30
DBO5
25
1971-1972
mg DBO5/l
20
1985-1986
15
10
5 2012-2013
0
10
NH4+
1985-1986
8
mg NH4+/l
1971-1972
4
2
2012-2013
5 PO43-
1985-1986
4
mg PO43-/l
1971-1972
1
2012-2013
60
61
62
63
Stockage Vaporisateur
Seine
oxygène Régulateur
liquide
Tube
d’alimentation
Dispositif d’insufflation
Nanterre
Colombes
Asnières
Ile Saint Denis
Paris
Rueil
Suresnes
Issy-les-Moulineaux
Îlot de survie
Station de mesure
Stations d’épuration SIAAP
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Les sites propices pour implanter les îlots de survie se situent logiquement
en aval des déversoirs d’orage et en amont des barrages de navigation, là
où autrefois les plus sévères déficits en oxygène dissous étaient constatés.
Ainsi cinq sites ont été équipés entre la sortie de Paris et Bougival : Issy-
les-Moulineaux, l’aval de l’Ile St Denis, Colombes, Nanterre et Rueil Mal-
maison. Il s’agit là de mettre en œuvre une solution curative en attendant le
déploiement du traitement des rejets urbains de temps de pluie (RUTP) sur
les usines d’épuration.
Mis en service en 1996, ces îlots de survie ont beaucoup fonctionné durant
les premières années. Ils ont permis d’atténuer les sévères déficits en oxy-
gène dissous à l’aval des déversoirs d’orage de Clichy et la Briche et d’y
maintenir en permanence des conditions compatibles avec la survie pisci-
cole. Depuis quelques années, le niveau moyen d’oxygénation de la Seine
s’étant nettement amélioré, leur fréquence de fonctionnement a diminué
mais ils sont maintenus en attendant l’achèvement du programme d’assai-
nissement.
600
Îlot d'Issy les Moulineaux
De l’amont
Îlot de Saint Denis
vers Îlot de Colombes
400
Durée (heures)
Îlot de Nanterre
l’aval
Îlot de Rueil Malmaison
200
65
1 E+05
Concentration en Escherichia coli
(a)
(NPP/100 ml)
(NPP/100 ml)
1 E+04
1 E+03
1 E+02
1 E+04
(b)
Concentration en entérocoques
en entérocoques
(NPP/100 ml)
ml)
1 E+03
intestinaux
intestinaux
(NPP/100
Concentration
1 E+02
1 E+01
Figure 13. Evolution des concentrations médianes en (a) Escherichia coli et (b)
entérocoques intestinaux dans la Seine en agglomération parisienne en 1999-
2001, 2004-2005 et 2011-2015
66
67
68
35 66000
000
30
25
44000
000
20
Individus
Espèces
15
22000
000
10
5
0 0
1990 1995 2000 2005 2010 2015
100
80
Distribution (%)
60
40
20
0
1990 1995 2000 2005 2010 2015
Limnophiles omnivores Limnophiles carnassières
Rhéophiles omnivores Rhéophiles carnassières
Figure 15. Distribution de la présence des individus selon leur habitat (limno-
phile/rhéophile) et alimentation (omnivore/carnivore)
69
70
71
72
Approche
intégrée
Système assainissement Réseau de collecte des eaux usées
Entrée
Amont Aval
73
74
76