Cep Niger 2006 FR
Cep Niger 2006 FR
Cep Niger 2006 FR
COMMISSION EUROPEENNE
Lot 6: Environnement
Avril 2006
Consortium
AGRIFOR Consult
Parc Crealys – 14 rue L. Genonceaux – 5032 Isnes – Belgique
Tél. + 32 – 81 – 71 51 00 / 10 / 20 – Fax + 32 – 81 – 40 02 55
Email : [email protected]
ARCA Consulting (Italie) – CIRAD (France) – DARUDEC (Danemark)
DFS (Allemagne) - IAC (Pays-Bas) – IFREMER (France) - JVL (Belgique)
Les points de vue exprimés dans ce document sont ceux du consultant et ne reflètent pas nécessairement
ceux de l’Union Européenne ou du Gouvernement du Niger
SOMMAIRE
1. RESUME IX
1.1 Etat de l'environnement ix
1.2 Politique environnementale, cadre législatif et institutionnel xii
1.3 Coopération de l'Union européenne et des autres bailleurs en matière d'environnement xiv
1.4 Conclusions et recommandations xiv
2. ETAT DE L'ENVIRONNEMENT 1
2.1. Ressources en eau: état, usages et gestion 1
2.2. La vallée du fleuve Niger 3
2.3. Sols, couvert végétal, et gestion agro-sylvo-pastorale des terres 5
2.4. Ressources halieutiques, pêche et aquaculture 9
2.5. Ressources et exploitations minières 10
2.6. Aménagement du territoire: grandes infrastructures et grands aménagements 13
2.7. Bois et autres énergies 16
2.8. Ecosystèmes fragiles, aires et espèces protégées, espèces introduites, chasse et éco-tourisme 19
2.9. Habitat, assainissement, pollutions, santé et vulnérabilité en milieu rural 23
2.10. Croissance urbaine, assainissement, déchets, pollutions, santé et vulnérabilité dans les grandes
agglomérations 25
5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 50
5.1. Conclusions: profil environnemental 50
5.2. Recommandations: priorités 52
6. ANNEXES TECHNIQUES 54
7. ANNEXES ADMINISTRATIVES 67
RESULTATS 67
TABLEAUX et FIGURES
CARTES
SIGLES ET ABREVIATIONS
Les auteurs tiennent à remercier Monsieur Jeremy Lester, chef de Délégation de la CE, et ses
collaborateurs de la Délégation, ainsi que S.E. Monsieur Abdou Labo, Ministre d'Etat, Ministre de
l'Hydraulique, de l'Environnement et de la Lutte contre la Désertification, et ses collaborateurs, pour leur
disponibilité et les informations qu'ils ont bien voulu communiquer. De nombreuses autres institutions et
personnes ont apporté leur concours ou leur soutien à la réalisation de la mission; que tous trouvent ici
l'expression de nos sincères remerciements.
1. RESUME
Le Niger est un vaste pays du Sahel, enclavé et en grande partie désertique. C'est une région de contact,
entre désert du Ténéré et cimes de l'Aïr au Nord, espaces sahéliens au centre, savanes et forêts de la zone
soudanienne au Sud-Ouest. Le fleuve Niger - plus grand fleuve d'Afrique de l'Ouest - traverse le pays
uniquement dans sa partie sud-ouest, sur 550 km, tandis qu'aux confins sud-est s'étendent les rives du Lac
Tchad.
La population, estimée en 2001 à 12,1 millions d’habitants, est rurale à près de 80% et concentrée dans la
partie méridionale du pays, où la densité moyenne dépasse les 50 habitants au km2. La croissance
démographique est particulièrement forte: les enfants de moins de 15 ans représentent environ la moitié de
la population.
L’économie du Niger est avant tout rurale, peu diversifiée, et repose largement sur l’exploitation extensive et
minière des ressources naturelles. L'élevage est un domaine majeur, et représente le 2e poste d'exportations
du pays. Il s'agit pour une large part d'élevage extensif-transhumant. La production agricole est
essentiellement une production de subsistance (mil et sorgho) fortement dépendante du climat. Des
systèmes diversifiés comportant de l’agriculture irriguée ou de décrue s’observent dans la vallée du fleuve et
dans les principaux bas-fonds.
Soumis aux aléas climatiques et à divers fléaux comme les invasions de criquets, le pays connaît des
difficultés économiques et financières extrêmement importantes, et les besoins de sécurité alimentaire sont
criants. Environ 60% de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté.
Sur le plan énergétique, 90% de la consommation nationale est fournie par le bois, les besoins actuels
outrepassant très largement la production forestière nationale. Le minerai de charbon pourrait
prochainement apporter une alternative, et la prospection de gisements d'hydrocarbures est active. Grâce à
l'uranium, le secteur minier contribue d'une façon notable à l'économie nationale. On peut également citer un
secteur touristique en développement relatif.
Le Niger dispose de ressources en eau en quantité suffisante au niveau global, notamment grâce au fleuve
Niger en ce qui concerne les ressources renouvelables. Par contre l'accès à l'eau (hydraulique pastorale,
hydraulique agricole, eau potable en milieu rural et quartiers péri-urbains) et la qualité de l'eau posent des
problèmes complexes et non résolus. Des mécanismes de coordination et de gestion intégrée dédiés à la
résolution de ces problèmes sont a un stade de préparation très avancé: GIRE - UGE - CNEA - CREA.
La vallée du fleuve Niger constitue un complexe de ressources éminemment attractif, lieu de juxtaposition et
d'interférence de multiples activités, dans un équilibre actuellement très imparfait. Le fleuve est affecté par
d'important phénomènes d'ensablement, il est sujet à l'envahissement par la jacinthe d'eau, et reçoit de
multiples rejets polluants (agricoles, urbains et industriels). Le barrage de Kandadji en projet s'insère dans
une stratégie de restructuration de la distribution des activités.
Les sols et la couverture végétale se sont fortement dégradés dans une grande partie du pays pendant les
périodes de sécheresse. Les multiples efforts entrepris en matières de restauration des sols et de plantation
ne couvrent encore qu'une faible partie des besoins (ils sont notamment concentrés dans les régions de
Tillabéry et de Tahoua). Cependant, des techniques de restauration des sols - notamment sur la base de
l'infiltration des eaux - sont désormais bien au point dans quelques secteurs, et ont ouvert la voie vers le
rétablissement d'une situation viable. C'est dans le prolongement, l'extension et l'adaptation des approches
réussies que la situation pourra sans doute être le mieux maîtrisée dans l'avenir.
L’économie du Niger repose essentiellement sur l’agriculture et l’élevage, activités qui concernent 80% de la
population. Une variété de 24 systèmes de production distincts a été recensée dans le pays, image d'un
riche patrimoine des savoir-faire ruraux. En ce qui concerne l'agriculture, les tendances observées sont une
réduction de la fertilité des sols et une évolution vers la saturation de l'espace agricole utile, en relation avec
la forte croissance démographique. Dans le cadre du développement de l'économie agricole, l'intensification
de l'agriculture, l'irrigation, le soutien à la production, le renforcement des filières, sont autant de pistes qui
vont être poursuivies. Des impacts négatifs sur l'environnement sont attendus de la part de certains de ces
développements.
L'élevage, atout national clairement identifié, représente le 2e poste d'exportation du pays après l'uranium.
L'élevage est menacé dans certaines zones par la pression des cultures sur les couloirs de transhumance,
et ailleurs par la remontée du front des cultures. Il en résulte que, localement, les conflits entre éleveurs, et
entre agriculteurs et éleveurs sont nombreux.
Les espaces forestiers ont été soumis à des pressions agro-pastorales particulièrement fortes, et dans le
même temps ont fait l'objet d'une exploitation massive pour le bois énergie, notamment à destination des
villes. Par ailleurs, aliments de pénurie, miel, gomme arabique, et autres PFNL sont autant de ressources
naturelles exploitées - en général de façon traditionnelle - par les populations. Il existe désormais une nette
tendance à une meilleure gestion d'une partie des ressources forestières: aménagement concerté et
participatif de forêts naturelles en relation avec les marchés ruraux de bois, développement local des parcs
agro-forestiers, très nombreuses pépinières et plantations forestières. Le gommier a largement bénéficié de
cette dynamique de plantation.
Les fluctuations de pluviométrie représentent une lourde contrainte pour les éleveurs et les cultivateurs.
Dans bien des régions l'occurrence des années sèches est de une fois sur trois, et il s'y ajoute des invasions
acridiennes. En période de crise les populations rurales pauvres ont très peu d'alternatives, et pour les plus
pauvres l'aide directe constitue le dernier recours. Le Niger dispose de capacités nationales de prévision et
de gestion des crises alimentaires. La communauté internationale participe activement à l'aide en période de
crise. Des ONG jouent également un rôle central.
Pêche et aquaculture sont des secteurs productifs peu développés dans les dernières périodes. On pêche
dans le fleuve Niger, dans les nombreuses mares, et dans le Lac Tchad. Principal secteur des pêcheries
nigériennes jusqu'aux années '70, le lac Tchad s'est retiré jusqu'à une disparition totale hors des frontières
nationales; il a recommencé à s'étendre en 1998. Le poisson pêché dans cette région quitte le pays sous
forme fumée pour le Nigeria. La pêche amplifiée et l'empoissonnement des mares sont deux techniques très
pratiquées. Le poisson est sensible aux pollutions de l'eau.
Les ressources minières du pays sont importantes. L'uranium continue à peser lourd dans la balance des
échanges commerciaux (Niger: 3e producteur mondial). Quant au charbon, retenu comme énergie
domestique de substitution au bois, il a amorcé un développement qui devrait être majeur. Les activités
minières artisanales (or, étain, natron, sel) concernent une population importante; elles sont essentiellement
informelles, et constituent un secteur socialement sensible. Diverses campagnes de prospection ont eu lieu,
notamment pour le pétrole, et de nouvelles exploitations pourraient démarrer. En ce qui concerne l'uranium,
des défauts de sécurité ont été dénoncés par des médias; la transparence sur ces questions ne paraît pas
satisfaisante. D'une façon générale, la gestion des incidences environnementales du secteur minier est
difficile à mettre en place.
L'approche d'aménagement du territoire au niveau national est relativement peu explicite au Niger. Le
développement de grandes infrastructures et aménagements se résume à un nombre très limité
d'opérations, mais il est fondamental pour le pays. Le réseau des routes bitumées et des grandes pistes est
un domaine de coopération où la CE est leader; priorité a été donnée aux axes de liaison internationale. Les
projets routiers font d'ores et déjà l'objet d'études d'impacts systématiques, ce qui constitue une référence
pour d'autres secteurs.
Le projet de barrage de Kandadji a été conçu avec des objectifs multiples. C'est le premier et le seul grand
aménagement hydraulique de ce type au Niger; il constitue un dossier potentiellement lourd du point de vue
incidences environnementales. Une étude d'impact environnemental et social complète est en cours de
réalisation.
Le déficit national en bois-énergie est une contrainte majeur: la quantité prélevée annuellement est
vraisemblablement 3 fois supérieure à la production forestière. Des progrès ont été faits dans le cadre des
Marchés ruraux de bois par une amélioration locale de la gestion des espaces forestiers et de la
commercialisation du bois. Il y a eu aussi de très nombreuses plantations forestières et agro-forestières; et,
parallèlement, une recherche active d'énergies domestiques alternatives.
Le charbon a été retenu comme alternative faisable au bois-énergie; il devrait désormais se substituer au
bois dans une proportion croissante. Un produit adapté aux usages domestiques a été élaboré: il s'agit d'une
briquette obtenue par carbonisation en usine. A la différence du solaire, le charbon, comme le bois ou le
pétrole sont des produits dont la combustion est polluante pour l'atmosphère. En ville à Niamey, le gaz en
bouteille commence à remplacer une fraction du bois-énergie. Quant à l''énergie solaire, elle est utilisée
dans des situations diverses, mais elle n'a pas atteint un stade de développement très important. Au total
une ébauche de solution à la crise du bois-énergie est perceptible à travers ces éléments complémentaires.
Les Aires protégées du Niger sont le Parc du W et ses zones connexes - dont la zone de Kouré - les
immenses Réserves de l'Aïr-Ténéré, et divers sites Ramsar. Ces zones abritent les richesses du patrimoine
naturel national: girafes de Kouré, addax du Ténéré, lamantin du fleuve; le W est l'AP la plus riche en faune
de l'Afrique de l'Ouest. Le pays ne dispose pas encore d'un réseau formel d'AP, et des aires additionnelles
sont nécessaires; le classement du Massif de Termit est en projet. L'approche transfrontalière adoptée par
ECOPAS pour le Parc du W devrait continuer à constituer un volet important. Le retour de bénéfices vers les
populations locales, leur participation, et le développement d'un éco-tourisme paysager et animalier sont des
facteurs très positifs pour la conservation. Il reste des obstacles à franchir, notamment en ce qui concerne
l'équilibre à trouver avec la chasse.
En milieu rural, la moitié de la population a accès à un Point d'eau moderne, mais seuls 20% des habitants
disposent d'un assainissement. Ce secteur assainissement est regrettablement l'un des plus en retard dans
le développement socio-environnemental du pays. Les eaux usées et autres rejets non maîtrisés (pollutions
agricoles) contaminent le voisinage immédiat de l'habitat, l'aval de la zone, et les nappes. Cette situation a
des incidences importantes sur la santé des populations. Le couplage des actions d'AEP avec de
l'assainissement a été recommandé. Les actions d'éducation et de sensibilisation des populations à
l'hygiène sanitaire s'inscrivent dans cette même démarche.
L'urbanisation occupe une place importante au Niger, du fait de l'accroissement de l'exode rural cumulé à la
croissance démographique; il y a également d'importants déplacements saisonniers de population. Le
niveau d'assainissement individuel à Niamey est bien supérieur à celui du milieu rural, mais il n'y a pas de
réseau collectif d'assainissement pour les eaux domestiques usées, les eaux de pluie sont très mal
drainées, et les ordures ménagères ne sont gérées que partiellement. En outre dans les quartiers péri-
urbains informels, l'eau de boisson est polluée. Les populations urbaines souffrent de maladies hydriques,
mais la relation de cause à effet n'est pratiquement pas perçue.
Les établissements industriels (à Maradi et Niamey), les hôpitaux, les grands hôtels, présentent de lourdes
potentialités de pollution physico-chimiques ou bactériologiques. Quelques établissements gèrent
convenablement leurs effluents, mais ils constituent l'exception. A Niamey, il y a aussi une forte pollution de
l'air, due essentiellement au parc automobile.
Depuis quelques années diverses initiatives se sont développées dans le secteur des déchets solides. La
forte proportion de plastiques dispersées sur le domaine public a conduit à la mise au point d'un procédé
local de recyclage inventif. Les solutions passent aussi par une véritable éducation sanitaire de la
population.
Le Niger a souscrit à l'approche du développement durable dès 1995, et a été d'une certaine façon
précurseur avec l'Engagement de Maradi sur la lutte contre la désertification qui date de 1984. Le PNEDD,
qui tient lieu d'Agenda 21 pour le pays, et le PAN-LCD/GRN ont été produits en 1998, de même qu'une
Stratégie nationale et plan d'action en matière de diversité biologique. D'autres stratégies sectorielles liées à
la GRN et à l'environnement ont été élaborées. La liste est longue désormais, mais leur mise en œuvre reste
insuffisante, entravée par de nombreux facteurs, notamment les moyens trop faibles, le manque de textes
réglementaires, et la mauvaise coordination.
La Stratégie de développement rural (SDR), récemment élaborée, offre aujourd'hui une opportunité unique
pour encadrer et mener à bien la démarche de redressement de l'économie rurale. Elle s'articule autour de
trois axes: i) favoriser l’accès des ruraux aux opportunités économiques; ii) prévenir les risques, et gérer
durablement les ressources naturelles; iii) renforcer les capacités pour améliorer la gestion du secteur. La
SDR est totalement coordonnée à la Stratégie de réduction de la pauvreté, et vient par ailleurs d'intégrer un
Plan d'action environnemental (PAMT).
Ce plan d'action pour l'environnement et la LCD aborde les questions de la diversité biologique, du maintien
des forêts, et des urgences et crises environnementales, à côté de préoccupations générales de GRN et
LCD. Il propose une combinaison d'approches: institutionnelle, IEC, économique, professionnelle et
technologique. Le cadrage adopté maintient cependant plusieurs aspects sectoriels importants à l'écart des
priorités: environnement et cadre de vie urbain; environnement et santé; pressions des aménagements sur
l'environnement; développement des énergies alternatives au bois.
Jusqu'à une date récente la législation abordait l'environnement essentiellement dans son contexte de
développement rural: Principes directeurs pour une politique de développement rural (1992), Principes
d'orientation du Code rural (1993). L'institutionnalisation des EIE a été (en 1997) l'un des premiers aspects
sectoriels réglés en tant que tel. Un Code de l'environnement a été promulgué en 1998 (Loi-cadre), en
même temps qu'une loi sur la protection de la faune, et une loi sur l'eau. Une autre étape importante a été la
législation sur la commercialisation du bois (1992). En 2002, les lois sur la décentralisation ont annoncé le
transfert des responsabilités de GRN vers les communautés locales.
La décentralisation commence à se mettre en place, notamment au niveau communal qui bénéficie d'élus
depuis peu; les dispositifs de régularisation foncière (COFO) sont également en cours d'installation. Des
améliorations importantes de la gestion des ressources naturelles locales sont attendues sur ces bases,
mais jusqu'à présent les capacités communales sont restées très faibles.
Au total, la législation environnementale paraît tout à fait convenable, mais les textes d'application manquent
trop souvent. Les effectifs des Services sont par ailleurs très insuffisants, tant au niveau central que dans
l'intérieur du pays, de sorte que stratégies et réglementation bénéficient de bien peu de mise en œuvre.
Le pays a ratifié de nombreux AME, parmi lesquelles les trois conventions post-Rio: changements
climatiques, biodiversité, et lutte contre la désertification. La participation au NEPAD, qui constitue un
engagement au plus haut niveau, implique des objectifs environnementaux. Quant aux accords régionaux en
matière d'environnement, ils concernent le CILSS, l'Autorité du Bassin du Niger, la Commission du Bassin
du Lac Tchad, la Commission Mixte Nigéro-Nigeriane de Coopération, et l'Autorité de Développement de la
Région du Liptako Gourma. Dans le cadre de l'ABN, le fleuve Niger a fait l'objet de l'élaboration de la Vision
partagée 2025.
Dans la pratique la mise en œuvre de ces différents accords internationaux et régionaux se heurte à
plusieurs facteurs lourds: manque de moyens humains et de ressources financières, insuffisance notoire de
suivi et de données statistiques, insuffisance de textes d'application.
Les principaux Ministères et structures étatiques s'occupant de l'environnement au Niger sont: le Ministère
de l’Hydraulique, de l’Environnement et de la Lutte contre la Désertification (MHE/LCD) et le Conseil
National de l’Environnement pour un Développement Durable (CNEDD). C'est le CNEDD qui est
responsable de la définition des politiques, stratégies et plans d’action; leur mise en œuvre relève des
Ministères techniques et de la Société civile.
Le MHE/LCD comporte des directions de l'hydraulique, une Direction de l'environnement (DE, chargée
notamment des forêts et des pollutions), une Direction faune, pêche et pisciculture (DFPP, chargée
notamment des Aires protégées), et le Bureau chargé des études d'impact (BEEEI). Au niveau local, le
MHE/LCD est représentée par des directions régionales (DRH et DRE). De nombreuses autres structures
administratives ont des responsabilités complémentaires: MRA (élevage), MDA (agriculture), SPCR
(Commissions Foncières), Transports (météo), Urbanisme (assainissement).
S'y ajoutent de multiples autres formes institutionnelles: ONG internationales, ONG nationales, organismes
de recherche internationaux (AGRHYMET, IRD, ICRISAT, ACMAD), institutions nationales de recherche et
de formation (dont l'INRAN, et l'Université Abdou Moumouni), des opérateurs privés, des coopératives, des
organisations professionnelles, les médias, et bien entendu les très nombreux Projets, dont les Cellules de
coordination distribuées à travers le pays fonctionnent bien souvent comme de véritables Agences locales
pour la GRN et l'environnement.
Il y a un très grave déficit au niveau de l'acquisition des données de terrain, et des capacités de suivi. Le
problème généralisé de manque de données disponibles est fortement préjudiciable à toute tentative de
programmation ou de suivi. Les capacités de recherche disponibles à Niamey sont importantes, mais le
développement national ne profite pas pleinement de ces ressources. La multiplication de passerelles
locales et spécifiques entre recherche et développement est souhaitable.
La participativité environnementale est très faible au Niger, sans doute en relation avec le faible
développement de l'éducation dans ce domaine. Toutefois, proches des ressources et des contraintes du
milieu avec lesquelles ils vivent en prise directe, les populations sont en fait engagées au quotidien dans les
grandes problématiques environnementales.
Les femmes, bien qu'elles interviennent à tous les niveaux de la vie domestique et dans la plupart des
activités de production, occupent une place modeste dans le tissu institutionnel national. Le Niger vient tout
récemment de prendre des engagements pour que cette situation évolue.
Le Programme de coopération avec le Niger pour le 9ème FED comprenait deux domaines de
concentration: DR-SA, et infrastructures de transport et mines, ainsi qu'un appui macro-économique au
niveau de la lutte contre la pauvreté: appui budgétaire, éducation et santé, et encore diverses interventions
d'appui à la bonne gouvernance, à la décentralisation et à l'intégration régionale.
Le nombre de programmes ou projets ayant des objectifs directement environnementaux est resté réduit,
mais leur pertinence a été reconnue: ECOPAS, important programme régional pour la biodiversité, centré
sur le Parc du W, est considéré comme programme phare dans la sous-région; PMAEPS, projet eau et
assainissement utilisant l'énergie solaire, est pris comme modèle sectoriel national; SYRENE, tourné vers
l'artisanat, a réalisé un recyclage spectaculaire des plastiques à Niamey; PDRSM, a entrepris de clarifier les
problèmes de pollution dans le secteur de l'uranium.
Les projets routiers au Niger, comme tous ceux de la CE, ont fait l'objet d'une étude d'impact. En revanche,
pour tous les projets visant à une meilleure GRN, il a été considéré qu'une étude d'impact, n'était pas
nécessaire, ce qui paraît contestable au moins dans certains cas. Quant aux interventions de soutien du
type aide alimentaire et gestion des crises, elles présentent des spécificités qui compliquent encore la prise
en compte de l'environnement.
De très nombreux programmes et projets ayant des objectifs environnementaux ou de GRN-LCD ont reçu
des financements de partenaires autres que la CE, notamment des pays membres de l'UE. La gestion des
ressources hydriques, domaine particulièrement concerné, a fait l'objet d'une coordination par la coopération
suisse. Les pays de l'UE sont en train de développer un nouveau système, focalisé sur une meilleure
coordination entre coopération de la CE et coopération des pays de l'UE.
Une part prépondérante des ressources naturelles du Niger s'est fortement dégradée pendant les périodes
de sécheresse, et ces ressources subissent aujourd'hui encore de fortes pressions, conduisant à des
conditions extrêmement préoccupantes; la croissance démographique est élevée et les crises alimentaires
se succèdent. Toutefois, les multiples efforts entrepris ont ouvert la voie vers le rétablissement d'une
situation viable; une certaine réversibilité est possible. Diverses ressources peuvent encore voir leur
exploitation améliorée, à condition de respecter les conditions de durabilité.
Les chapitres de ce profil environnemental font clairement apparaître - et de façon récurrente – les liens
étroits qui unissent environnement et pauvreté, tant pour les populations rurales, que pour les populations
urbaines: la sécurité alimentaire, la santé, le droit à une vie saine, la résolution des conflits, l'accès à la
formation et à l'éducation.
Les secteurs de développement qui font courir le plus de risques à l'environnement sont le secteur minier,
industriel et artisanal, et la construction de grands aménagements (tel le barrage de Kandadji). On doit
s'attendre également à ce que le développement agricole continue à être la source de contraintes lourdes
sur les milieux naturels.
Les actions prioritaires à mener en matière d'environnement et les précautions essentielles à respecter sont
les suivantes:
1) La SDR est devenue cadre unique du développement rural. Il est recommandé d'accompagner cette
globalisation par une Evaluation environnementale stratégique (EES) appliquée au secteur Développement
rural dans son ensemble.
2) De lourdes responsabilités vont être confiées aux Communes alors que leurs capacités sont beaucoup
trop faibles. Une robuste composante environnement devra être développée dans le cadre de la mise à
niveau de ces capacités.
3) Les difficultés d'accès aux données constituent un important handicap. Il est nécessaire de réviser et re-
dynamiser l'ensemble des chaînes d'acquisition, de traitement et de gestion des données environnementales
de terrain, en s'appuyant sur le ROSELT et le système SIGNER existants.
4) Dans le domaine des énergies, un instrument de suivi intégré de type tableau de bord est nécessaire. Il
apportera une visibilité qui manque aujourd'hui, alors que le charbon démarre son essor, que le bois-énergie
débute un redressement, que le solaire progresse timidement.
5) La lutte contre les pollutions est indispensable, et doit être rapidement développée en privilégiant les
actions préventives. La cible principale reste la pollution des eaux. Elle offrira des bénéfices sociaux et
environnementaux considérables.
7) Les Aires protégées abritent les richesses du patrimoine naturel national. Leur mise en réseau apportera
beaucoup, grâce aux économies d'échelle et à l'intensification des échanges. L'appui au Parc du W par le
projet ECOPAS pourrait être exploité à ce niveau.
2. ETAT DE L'ENVIRONNEMENT
L'eau est ressource fondamentale, sans doute plus encore dans un pays sahélien qu'ailleurs. Les dernières
décennies ont été marquées en Afrique de l'Ouest par un important déficit pluviométrique (plus ou moins
estompé dans la dernière période) à l'origine d'une baisse significative des apports en eau de surface, avec
des effets sur le fleuve Niger et les autres cours d'eau comme Korama et Komadougou. Des rabattements
de nappe ont été constatés dans certaines zones. Aux contraintes induites par cette baisse des quantités
disponibles, s'est superposé un phénomène généralisé d'ensablement des points d'eau et des cours d'eau.
Dans ce contexte, il importe d'avoir une image précise de la situation dans ce domaine.
Les ressources en eau du pays sont constituées par: i) les eaux du fleuve Niger et de ses affluents; ii) les
eaux du bassin du Lac Tchad (incluant la Komadougou Yobé); iii) les nombreuses mares naturelles (au
moins un millier) et les retenues artificielles; iv) les nappes alluviales et les aquifères discontinus
(renouvelables); et v) les aquifères généralisés, qui constituent des réserves considérables, mais non
renouvelables. D'une façon générale, les ressources sont assez bien connues, au moins en ce qui concerne
les éléments principaux (dispositif de suivi des aquifères); c'est moins net pour les éléments secondaires
comme les mares (SDRE, 1999).
Les deux grands bassins hydrographiques du Niger sont celui du fleuve Niger et celui du Lac Tchad. Des
entités hydrographiques plus précises peuvent être distinguées, sur la base desquelles un découpage du
pays en sept Unités de gestion des eaux (UGE) a été opéré.
Fleuve – Liptako Gourma: fleuve Niger + affluents de rive droite: Gorouol, Dargol, Sirba, Goroubi,
Diamangou, Tapoa, Mékrou
Dallols - Ader-Doutchi-Maggia: rive gauche du fleuve Niger: Dallol Bosso, Dallol Maouri, Maggia
Goulbi – Tarka: Tarka, Goulbi Kaba, Goulbi Maradi
Korama – Damagaram - Mounio: bassin de la Korama
Manga: Komadougou Yobé et cuvette du lac Tchad
Koris de l'Aïr et Azaouagh: les 6 vallées de l'Aïr
Ténéré - Djado: bassin du Kawar
Le total des ressources renouvelables en eau du pays se chiffre à 32,5 km 3/an, dont l'essentiel (28,5 km
3/an) est apporté par le fleuve Niger. Sur ces volumes, seule une fraction d'environ 0,5 km 3 d'eau est
prélevée chaque année, dont 0,2 km 3/an au niveau du fleuve. La répartition schématique des prélèvements
est la suivante: 16% pour les utilisations domestiques; 82% pour l'agriculture et l'élevage; et 2% pour
l'industrie. Les documents de politique sectorielle s'accordent à considérer la Gestion intégrée des
ressources en eau (GIRE) comme une approche incontournable, mais sa mise en pratique n'est pas encore
développée.
L'eau de consommation domestique en milieu rural n'est pas limitée par la ressource globale, mais par
l'accès à cette ressource. Bien que la couverture des besoins par les points d'eau modernes (PEM) et les
mini AEP ait bénéficié de l'appui de nombreux projets, elle atteint aujourd'hui seulement 50% de la
population rurale (voir Tableau 2.8), et ce avec une forte variabilité, tant inter-régionale (région de Tahoua où
les forages sont très profonds: 38% ; région de Diffa: 68%) que intra-régionale (petits centres urbains
beaucoup mieux desservis). Nous touchons ici à l'un des plus importants indicateurs de pauvreté.
L'importante croissance démographique est évidemment un facteur contraignant. Les populations non
desservies sont amenées à utiliser les points d'eau traditionnels dont la qualité n'est pas toujours maîtrisée,
ce qui se traduit localement par de lourdes incidences sur la santé (pollutions bactériologique voire chimique
des nappes et des puits).
Dans les grands centres urbains, le taux d'accès à l'eau potable atteint 70%. La consommation d'eau
moyenne par habitant est par ailleurs plus élevée en milieu urbain qu'en milieu rural. La population desservie
par la SEEN a progressé notablement au long des années pour atteindre 2,4 millions de personnes en 2004.
Avec la croissance urbaine, il est à craindre que l'approvisionnement des plusieurs grandes agglomérations
soit menacé à une échéance relativement proche: i) les aquifères qui alimentent aujourd'hui Agadez et
Zinder pourraient ne plus suffire à la demande, et ii) des pénuries d'eau risquent de menacer Niamey et
Tillabéri en cas d'étiage sévère.
L'utilisation de l'eau à des fins pastorales est soumise à de fortes fluctuations en fonction des variations
annuelles du cheptel (liées elles-mêmes à la sécheresse), ainsi qu'à une forte variabilité géographique et
saisonnière. Ici encore, la ressource globale n'est pas un facteur limitant, et les réalisation de projets sont
nombreuses, mais le maillage des points d'eau reste faible. Et surtout l'adéquation entre disponibilité de
ressources fourragères et ouverture des accès à l'eau, indispensable à la bonne gestion pastorale, n'est pas
assez souvent respectée.
Pour une large part les conflits d’utilisation des ressources en eau sont liés à l’élevage: trop forte
concentration de troupeaux sur les points d’eau entraînant des tensions entre groupes d’éleveurs; ou encore
pression due à l'extension des jardins dans les vallées pastorales (notamment dans l’Aïr), et pouvant
conduire à une perte de l'accès à l'eau pour les éleveurs.
Autre grand consommateur d'eau: les cultures irriguées. Elles totalisaient un peu plus de 85.000 ha en 1997,
dont 13.350 ha en maîtrise totale de l'eau (concentrées dans le bassin du Niger et la région de Tahoua), et
le reste en cultures de contre-saison et de décrue (chiffre moyen). Les périmètres n'ont pas fait l'objet d'une
dynamique très positive dans les dernières années pour cause de contraintes économiques. Pourtant les
potentialités totales en terres irrigables sont estimées à 270.000 ha. Un grand programme de périmètres
irrigués est projeté dans la vallée du fleuve (Kandadji).
En dehors des aspects quantitatifs (prélèvements) la plupart des activités anthropiques ont également des
effets sur la qualité de l'eau. C'est le cas pour l'habitat, qu'il soit rural ou urbain (rejets d'assainissement),
pour l'industrie (rejets d'effluents liquides) ou les mines, mais aussi pour l'agriculture. Ces pollutions affectent
les eaux de surface et bien souvent aussi les nappes.
Les activités agricoles peuvent avoir des impacts négatifs importants sur l'eau: i) pollution par les fertilisants
et les pesticides; ii) altération de l'infiltration par la destruction du couvert végétal spontané; iii) augmentation
de l'évaporation facilitée par l'irrigation; iv) développement des conditions favorables aux maladies
hydriques; v) développement de plantes envahissantes.
Le fleuve, le Lac Tchad, et les eaux incluses dans les grandes zones de conservation du pays (W et Aïr-
Ténéré) bénéficient d'ores et déjà d'un statut de protection, de même que les Dallols, plusieurs mares, et des
oasis classés Ramsar. Des démarches ont été amorcées pour quelques autres sites (voir Annexe
technique).
A côté des Directions de l'hydraulique du MHE/LCD, un nombre considérable d'institutions est impliqué dans
la gestion des ressources en eau, et le besoin d'une coordination est manifeste. La Commission Nationale
pour l'Eau et l'Assainissement (CNEA), actuellement en instance de mise en place, pourrait à court terme
être en mesure d'effectuer cette coordination. L'échelle régionale (CREA + UGE) sera une autre étape
importante vers la GIRE, même si le rôle des UGE n'est pas encore explicité aujourd'hui.
Au niveau du suivi, l'outil spécifique SIGNER (base de donnée + SIG; rattaché au PNEDD) alimenté par les
Directions régionales de l'hydraulique (DRH) sur la base du réseau de stations hydrologiques, est
opérationnel au MHE/LCD, même s'il n'est pas encore pérennisé. Il y a par contre une grave insuffisance
nationale au niveau des capacités d'analyse de la qualité des eaux.
Le Niger est le plus grand fleuve d'Afrique de l'Ouest avec un cours total de 4130 km; le tronçon nigérien
s'étend sur 550 km en bordure sud-ouest du pays. Les eaux qui entrent au Niger proviennent
essentiellement du Mali (écoulement du fleuve) et du Burkina Faso (affluents en rive droite). Les
prélèvements sur le fleuve pour l'ensemble du tronçon nigérien (0,2 km 3/an) représentent 5% des ponctions
totales tous pays confondus. Un cadre international dédié à la gestion des eaux du fleuve Niger a été
instauré en 1980 (sur une base plus ancienne): l'Agence de Bassin du Niger (ABN).
Le volume total des apports annuels du fleuve est très variable d'une année à l'autre, avec une moyenne à
28,5 km 3/an pour les dernières années. Le régime présente deux crues annuelles: la «petite crue» en début
de saison des pluies (alimentée par les affluents de rive droite), et la «crue malienne» en début de saison
sèche (2000 m 3/s en janvier-février, alimentée par le bassin amont du fleuve).
En relation avec les graves épisodes de sécheresse des dernières décennies, les débits ont sensiblement
réduit: une diminution d'un tiers a été constatée entre 1974 et aujourd'hui, alors même que la pluviométrie
est redevenue sensiblement normale. Le débit d'étiage, toujours faible dans le fleuve Niger, est passé à zéro
en juin 1985 (quelques heures) au niveau de Niamey. A l'inverse, l'année 1998 a vu ré-apparaître le
débordement du fleuve Niger provoquant notamment des inondations à Niamey.
Avec la chute prolongée de débit du fleuve, la recharge des nappes alluviales s'est trouvée amoindrie, de
même que les capacités du fleuve à charrier les sédiments. De ce dernier effet, il est résulté une forte
augmentation de la sédimentation du fleuve.
Le Niger apporte annuellement près de 90% des ressources renouvelables en eau du pays, et 40% des
prélèvements effectués le sont dans ses eaux. Son bassin actif occupe 17% de la superficie du territoire
national. Alors que la plus grande partie des sols du pays est pauvre, on trouve dans la vallée du fleuve des
sols ferrugineux tropicaux et des sols hydromorphes argileux.
Au total, la vallée constitue un complexe de ressources éminemment attractif, lieu d'interférence de multiples
pressions et conflits d'intérêts ou d'usages. Les abords du fleuve abritent des activités qui se juxtaposent et
souvent se concurrencent: de vastes superficies de cultures de décrue (40.000 ha), mais aussi l'essentiel
des périmètres irrigués du pays (9.500 ha); des espaces pastoraux; des habitats ruraux et urbains
importants (Région de Tillabéry: 2 millions d'habitants + Niamey: 750.000). Environ 6000 m 3 sont prélevés
journellement dans le fleuve pour l'approvisionnement en eau potable des populations (le risque de pénurie
d'eau pour Niamey a été évoqué plus haut). Le fleuve est par ailleurs le plus important secteur du pays pour
ses ressources halieutiques (Lac Tchad excepté). Il supporte aussi un trafic de navigation fluviale, limité
mais localement important. C'est dire combien la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) est
nécessaire au niveau du fleuve.
La question de la qualité des eaux se pose pour le fleuve avec une forte acuité, et elle présente en outre un
caractère transfrontalier. Lorsqu'elles entrent au Niger les eaux du fleuve ne sont pas exemptes de pollutions
(voir activités dans la région de Gao). Une vaste quantité d'effluents est ensuite déversée dans le tronçon
nigérien notamment au niveau de Niamey (rejets urbains et pollutions industrielles) et dans la traversée des
espaces agricoles, de sorte que les eaux qui franchissent la frontière vers le Nigeria ont un taux de pollution
supérieur. En partie en relation avec ces pollutions, on constate la multiplication des maladies hydriques,
favorisées par ailleurs par les superficies d'eaux stagnantes.
Dans les cuvettes et les bras temporaires la tendance à l'ensablement est généralisée, et constitue une
autre menace majeure sur le fleuve, accentuée par les intenses activités pastorales qui sollicitent
notamment les berges. La lutte contre l'ensablement est une entreprise qui nécessite des efforts
considérables. Enfin la présence de végétation envahissante (jacinthe d'eau) induit encore un autre type de
contrainte, spécialement sensible au niveau des activités de pêche.
En termes d'écosystème, le fleuve est en relation avec toutes les composantes de son bassin: sols,
végétation, espèces animales, activités anthropiques. Les fonctions écologiques du fleuve et de ses abords
sont de la plus haute importance. Les habitats du fleuve hébergent une grande diversité d'espèces végétales
et animales – parmi lesquelles l'hippopotame et le lamantin – ainsi qu'une riche avifaune migratrice (oiseaux
du continent africain et de l'ouest paléarctique). Ces espèces sont soumises aux pressions des diverses
activités anthropiques. Un grand tronçon du fleuve est protégé dans les limites du Parc du W, et cette partie
comme le reste de la vallée a été inscrite sur la liste Ramsar des zones humides d'importance internationale.
L'ichtyofaune de la zone comprend près de 100 espèces. Les aménagements hydro-agricoles entrent en
concurrence avec la gestion des ressources halieutiques, car la reproduction de nombreux poissons est
largement dépendante des espaces latéraux disponibles (inondables) au moment des hautes eaux.
Il n'y a pas de grand ouvrage hydraulique existant entre le delta intérieur (au Mali) et Niamey, mais deux
projets de barrage sont à l'étude: Tahoussa au Mali, et Kandadji au Niger à moins de 200 km à l'amont de
Niamey. Le programme Kandadji vise essentiellement à réguler le débit d'étiage (face aux menaces sur
l'approvisionnement en eau de Niamey) et à augmenter la superficie des périmètres irrigués de 31.000 ha;
des aménagements hydro-électriques sont également envisagés. Le barrage de Kandadji et le
développement de l'irrigation ont été retenus comme programmes prioritaires pour le développement rural
du pays (SDR).
Le Haut Commissariat à l'Aménagement de la Vallée du Niger (HCAVN) est sans doute l'institution nationale
la plus active au niveau du fleuve. Toutefois, dans l'attente de choix clairs qui autorisent le fonctionnement
de base des UGE (Unités de gestion des eaux) – essentiellement l'Unité Fleuve / Liptako Gourma – le Niger
ne dispose pas d'un cadre institutionnel national de coordination véritablement adapté à l'échelle et aux
besoins spécifiques de la partie nigérienne du bassin du fleuve.
La plus grande partie des sols du Niger est pauvre, à texture sableuse ou argilo-sableuse. Les secteurs
désertiques du Nord et de l'Est ont essentiellement des sols minéraux bruts; les zones montagneuses et les
grands plateaux sont dominées par des lithosols. C'est seulement au Sud et à l'Ouest du pays qu'on trouve
des sols légèrement évolués, et des sols ferrugineux tropicaux. Les vallées fossiles, la vallée du fleuve Niger
et celle de la Komadougou, les principales cuvettes, et la zone du Lac Tchad, sont caractérisées par des
sols hydromorphes et des vertisols.
Dominé par des conditions climatiques sahéliennes ou arides, le pays présente des formations végétales
naturelles à faible ou très faible recouvrement pour la plupart. Une partie de la végétation a en outre été
notablement réduite du fait des pressions croissantes exercées au cours des épisodes répétés de
sécheresse des dernières décennies.
Massif de l'Aïr Végétation discontinue limitée aux koris et parties des plateaux
Plaines occidentales de l'Aïr Végétation steppique
Zone nord-sahélienne Formations à graminées annuelles; Bas-fonds à acacias
Zone du Lac Tchad Formations marécageuses (rive du Lac); Gommeraie dans le Manga
Zone sud-sahélienne Brousse tigrée sur les plateaux de l'Ouest; Doumeraie: vallées
fossiles et vallée de la Komadougou; Rôneraie vers Gaya
Zone nord-soudanienne Savane boisée et savane arbustive du Sud-Ouest
En zone sahélienne, la végétation arborescente est limitée aux bas-fonds et aux forêts galeries. Elle n'est
réellement développée que dans le Sud-Ouest, dans la zone des savanes nord-soudaniennes. A ces
formations spontanées s'ajoutent des formations anthropisées telles que les parcs agro-forestiers en zone
sud et divers reboisements (notamment gommeraies).
La forte dépendance directe de l'économie vis-à-vis des ressources naturelles est une caractéristique
structurelle commune aux Etats sahéliens. L’économie du Niger est avant tout rurale, peu diversifiée, et
repose essentiellement sur l’agriculture et l’élevage, activités qui concernent 80% de la population. Sur le
plan économique, les productions et activités agro-sylvo-pastorales contribueraient pour environ 40% à la
formation du PIB (SDR, 2003).
Une large partie des activités agricoles et pastorales se situe en zone sahélienne, avec une pluviosité de
200 à 600 mm/an. L’élevage est essentiellement de type transhumant. La zone agro-pastorale extensive
occupe la plus grande partie des terres à vocation agricole. Une variété de 24 systèmes de production
distincts (image d'un riche patrimoine des savoir-faire ruraux) a été recensée dans le pays, depuis le
système d'élevage extensif pur (grandes superficies sur les plateaux), jusqu'à des systèmes semi-intensifs
diversifiés de type agro-pastoral ou agro-sylvo-pastoral.
Les surfaces cultivables (potentiel agricole utile) sont réduites, estimées aujourd'hui à quelque 7,6 millions
d'hectares pour l'ensemble du territoire, soit 0,55 % de la superficie (MHE/LCD 2005). Le potentiel agricole
total se situe entre 15 et 18 millions d'hectares. Un pourcentage de l'ordre de 50% était normalement cultivé
chaque année.
La production agricole est fondamentalement une production de subsistance basée sur le mil (Niger 3e
producteur mondial de mil) et le sorgho, fortement dépendante du climat; elle n'a bénéficié jusqu'à présent
que très localement d’apports d’engrais chimiques. Selon les régions une large variété d'autres cultures est
pratiquée (niébé, souchet, riz, lentilles, maïs, patate douce, arachide, coton, canne à sucre, fruitiers, datte,
etc …), et il y a, notamment en maraîchage, des spécialisations régionales reconnues (oignon, poivron).
La tendance observée dans les dernières décennies a été une réduction des superficies de terres
effectivement cultivables, due essentiellement aux dégradations érosives des sols. S'y est superposé une
tendance à augmenter les surfaces mises en culture, ce besoin croissant en terres résultant de
l'accroissement de population (particulièrement dense dans le 1/4 sud du pays), mais aussi et surtout d'un
phénomène général de réduction de la fertilité, occasionné lui-même par la combinaison de la diminution
des restitutions organiques (exportation des résidus de cultures) avec la chute de pluviométrie et la
réduction des temps de jachère. En outre, puisque les sols cultivés sont de moins en moins fertiles, leur
exploitation accélère encore leur dégradation
A travers ce processus complexe, on s'est donc dirigé vers une saturation de l'espace agricole utile qui tend
actuellement à être emblavée en totalité. Des terres non mises en culture dans les dernières décennies ont
même commencé à être emblavées également. Mais l'augmentation des surfaces mises en culture ne
compense que partiellement la baisse de production, et à terme elle sera rattrapée.
L'élevage est un domaine majeur au Niger, et représente le 2 e poste d'exportations du pays (après
l'uranium). L'estimation du cheptel s'établit comme suit: 3,7 millions de bovins; 17 millions de petits
ruminants; 1,1 million de camélins; et 1 million d'asins et équins (MRA, 2004). Les pâturages permanents
couvrent environ 7% du territoire, chiffre qui tend à la baisse pour des raisons similaires aux terres agricoles
(dégradations érosives). L’élevage extensif - qui représente une richesse spécifique au Sahel - est menacé
d’un côté par la pression des cultures sur les couloirs de transhumance dans les zones à forte croissance
démographique, et d’un autre côté par la remontée du front des cultures dans des zones traditionnellement
vouées à l’élevage extensif pur. Il en résulte que les conflits entre éleveurs, et entre agriculteurs et éleveurs
sont nombreux.
Les sécheresses qui se sont succédées au cours des dernières décennies ont conduit à une réduction de la
biomasse fourragère et à des modifications dans la composition floristique des espaces pastoraux au
bénéfices d'espèces de moindre valeur fourragère. Il en a résulté des déficits annuels récurrents dans le
bilan fourrager entre 1995 et 2002.
Ces différents phénomènes (agricoles et pastoraux) ont concouru à une forte augmentation de la pression
anthropique sur les terres. On constate une évolution vers une utilisation non durable des ressources
naturelles et vers la désertification. Les bas-fonds subissent notamment une pression accrue alors qu'ils sont
dans le même temps fragilisés par les risques d'ensablement occasionnés par l'érosion hydrique et éolienne.
Lutter contre la désertification et mieux gérer les ressources naturelles sont parmi les enjeux majeurs de la
politique nationale depuis 1984 (Engagement de Maradi). Ces thèmes ont été déclinés en une multitude de
projets aux résultats inégaux: conservation et restauration des sols, reboisement, aménagements
hydrauliques, approche bassin versant, lutte contre l'ensablement, développement communautaire, etc. … et
plus récemment: décentralisation, et gouvernance locale des ressources naturelles. Jusqu'à présent, et
malgré des objectifs souvent optimistes, les activités des projets n'ont pu enrayer les processus de
dégradation que très localement. La SDR propose aujourd'hui une intégration de ces approches multiples
dans un contexte explicite de développement économique et de réduction de la pauvreté.
Tableau 2-5: Aperçu quantitatif de la dégradation des terres et des opérations de régénération
Source: Selon CNEDD 2004 (CCD 3e rapport national de mise en oeuvre) et MHE/LCD 2004-2005
(Consultation sectorielle sur l'environnement et LCD)
Dans le cadre du Code rural, l'Etat a entrepris depuis plusieurs années la mise en place des Commissions
foncières (COFO / SPCR) chargées de faire progresser la régularisation (sécurisation) du foncier rural face
aux multiples pressions. Toutefois le règlement des litiges reste en premier lieu du ressort des chefferies.
Les Communes, mises en place récemment, devraient également pouvoir jouer un rôle important
notamment par le biais des COFO communales.
Les opérations d'appui au développement réalisées en réaction à la tendance à la désertification ne sont pas
pour autant exemptes de contraintes environnementales. L'intensification agricole apporte notamment son
lot de problèmes, avec le pompage pour irrigation (sollicitation des nappes); la multiplication des intrants
(gestion délicate; risques de pollution), et la modernisation des installations (obstacles à la maintenance;
contraintes sociales).
Les espaces forestiers ou boisés (dont beaucoup de bas-fonds font partie) n'occuperaient plus aujourd'hui
qu'environ 5 millions d'hectares (FAO, 2005). Le PAN-LCD (2000) donne 16 millions d'hectares dont 11,6
millions de "terres marginales" et 4,4 millions de "terres forestières aménageables". Les forêts ont été
soumises à des pressions agro-pastorales particulièrement fortes: défrichement incontrôlé (pression
foncière), feux de brousse, prélèvement abusif de fourrage aérien, non-respect par des éleveurs des
espaces mis en défends. Dans le même temps, elles ont fait l'objet d'une exploitation massive pour le bois
énergie, notamment à destination des villes.
Depuis quelques années, des alternatives énergétiques au bois sont activement recherchées, ainsi que
d'autres approches réduisant la consommation de bois (ex.: promotion de la construction sans bois). On
note également une nette tendance à une meilleure gestion d'une partie des ressources forestières, avec
l'appui de multiples projets: aménagement concerté et participatif de forêts naturelles (marchés ruraux de
bois), ouverture de pare-feux, développement local de l'agro-foresterie (parcs agro-forestiers), nombreuses
pépinières et plantations forestières (au succès variable). Le gommier a largement bénéficié de cette
dynamique de plantation.
En raison des fluctuations de pluviométrie dans les zones climatiques du domaine sahélien, les exploitants –
qu'il s'agisse d'agriculture, d'élevage ou de produits forestiers - ne peuvent pas compter sur une régularité de
production d'une année sur l'autre. Dans bien des régions l'occurrence des années sèches est de une fois
sur trois. Les mécanismes de baisse de fertilité des terres ont été évoqués plus haut. S'y ajoutent des
invasions acridiennes (criquet pèlerin) irrégulières mais dévastatrices.
En période de crise (sécheresse; invasion acridienne; crise alimentaire) les populations rurales pauvres
disposent de très peu d'alternatives. Les pasteurs déplacent leurs troupeaux (ou vendent les bêtes). Les
agriculteurs, faute d'autre choix, ont tendance à réagir en augmentant encore la pression sur les terres. Des
ressources de substitutions (aliments de pénurie) sont prélevées dans le milieu naturel: feuilles, fruits,
parties souterraines. Les sécheresses récurrentes des dernières décennies, à l'origine de la fragilisation des
ressources, ont exercé des contraintes considérables sur ces populations pauvres pour lesquelles l'aide
directe a constitué le dernier recours.
Le Niger a entrepris le renforcement des capacités nationales de prévision et de gestion des crises
alimentaires (CCA, SAP/GC). La communauté internationale participe activement à la gestion des crises,
d'une part via des organismes scientifiques qui prennent en charge l'interprétation des indices et la prévision,
et d'autre part en intervenant en soutien d'urgence lorsqu'une crise survient (Dispositif Etat-Donateurs mis
en place en 2004-2005). Des ONG jouent également un rôle central, comme MSF avec les Centres de
Réhabilitation Nutritionnelle Intensive (CRENI). La prévention des invasions et la lutte anti-acridienne font
l'objet d'un dispositif national spécifique, coordonné avec l'appui de la FAO (ECLO) qui inclut un contrôle de
qualité et diverses mesures de protection de l'environnement (essais de pesticides non chimiques; gestion
des stocks; élimination des fûts)
Qu'il s'agisse de la prévention des crises ou du cas général, les systèmes d'acquisition des données à
l'échelle nationale ne sont pas suffisamment performants, et - en dehors des zones d'intervention de projets
- les connaissances sur l'état des ressources demandent à être renforcées, notamment au niveau des forêts
(pas d'inventaire forestier national) et des sols (faibles capacités d'analyse). Ce type d'information est
indispensable aux divers Services gestionnaires (MHE/LCD, MDA, MRA et autres).
Quant aux projets eux-mêmes, les approches participatives de type co-gestion des terroirs ont donné des
résultats encourageants dans le cas de bassins versants bien identifiés (Vallées de la Tarka et Ader-
Doutchi-Maggia / Projet Keita). Elles ne sont pas pour autant transposables directement à l'ensemble du
territoire national, d'autant que le système de vulgarisation national a besoin d'être revitalisé. L'ouverture
vers la gouvernance locale des ressources naturelles (SDR et PAMT) est une voie prometteuse, qui
demande des capacités renforcées, des normes et un suivi.
Les potentialités halieutiques du pays reposent sur un ensemble de points d'eau et cours d'eau dont la
superficie (hors Lac Tchad) est d'environ 70.000 ha: i) les 550 km de fleuve Niger et ses affluents (Mékrou et
Sirba pour les plus importants); ii) les mares naturelles (environ un millier, pour une superficie totale
d'environ 10.000 ha) et les retenues artificielles; iii) les 150 km de la Komadougou Yobé; et iv) la portion
nigérienne du Lac Tchad dont l'extension maximale (antérieure) était 3.300 km 2.
Ces différentes zones de pêche ont des caractéristiques distinctes, et en outre elles ont suivi des évolutions
différentes. Le Lac Tchad était le principal secteur des pêcheries nigériennes jusqu'aux années '70. Son
retrait au moment des épisodes de sécheresse les plus sévères est allé jusqu'à une disparition totale hors
des frontières nationales. Dans cette période, c'est le fleuve Niger qui est devenu la première zone de
production. A partir de 1998 le Lac Tchad a recommencé à s'étendre progressivement jusqu'à regagner les
frontières. En ce qui concerne les mares, elles sont encore nombreuses et quelques-unes sont de grande
taille (Lac de Madarounfa: 800 ha), mais le réseau était bien plus important avant les sécheresses.
On pêche beaucoup dans les mares et retenues, où la productivité est élevée. Une proportion importante de
ces points d'eau a fait l'objet d'empoissonnement (Tilapias), particulièrement dans la région de Zinder. Dans
cette forme d'aquaculture la production reste liée à l'eau naturelle (non maîtrisée) et donc très sensible aux
sécheresses.
D'une façon générale, les techniques de pêches sont multiples, et regroupent des pratiques traditionnelles et
des pratiques introduites. On note parmi les techniques remarquables: i) pisciculture traditionnelle en enclos
(région de Dosso); ii) cages flottantes dans le fleuve (projet à Tillaberi); iii) pêche amplifiée, c'est-à-dire ré-
empoissonnement de points d'eau temporaires à partir d'alevins de la même station; iv) rizi-pisciculture
(expérimentation).
Les ichtyofaunes des différentes zones sont assez bien connues: environ 100 espèces pour le fleuve; 120
pour le Lac Tchad; au moins 35 pour le lac de Madarounfa. Elles ont sensiblement régressé dans les
dernières périodes, au moins en ce qui concerne le Lac Tchad. Les espèces les plus capturées sont les
tilapias et les silures, ainsi que Heterotis niloticus, Synodontis schall, et le capitaine; mais il y a des variations
d'une zone à l'autre.
La production commerciale nationale en poisson frais pour l'année 2003 a dépassé 55.000 tonnes, dont
environ 75% provenant du Lac Tchad (tonnage débarqué au Niger). Pour mémoire la production enregistrée
en 1974 était de 16.000 t, et elle est descendue à 2.000/3.000 t entre 1983 et 1995. Toutefois, la pêche est
un secteur où l'informel a gardé une large place, et les chiffres disponibles doivent être interprétés avec
précaution. Une étude menée en 2002 situait le pourcentage de la production échappant au contrôle autour
de 70%. On notera que les procédures de contrôle statistique ont changé récemment.
La quasi-totalité du poisson pêché dans la région de Diffa quitte le pays sous forme fumée pour le Nigeria.
De la même façon, les pêches du fleuve sont en majeure partie commercialisées au-delà des frontières,
même si elles participent également à l'approvisionnement de Niamey. Le consommateur nigérien est réputé
être avant tout amateur de viande.
La pêche et l'aquaculture ont un rôle important à jouer dans la réduction de la pauvreté, à la fois parce que
les produits participent à la satisfaction des besoins nutritifs de base des populations, et parce que l'activité
procure des revenus à plusieurs dizaines de milliers de personnes (environ 10.000 pêcheurs + autres
acteurs de la filière).
Pêche et aquaculture exercent de multiples pressions sur l'environnement: i) les prélèvements de la pêche
perturbent l'équilibre des espèces concernées, et en l'absence de suivi la pression peut conduire à
l'effondrement des stocks (sur-pêche); ii) l'empoissonnement des mares - et même la simple pêche amplifiée
– affecte l'équilibre des milieux récepteurs; iii) la commercialisation du poisson sous forme fumée a des
effets destructeurs sur le couvert végétal (très forte demande en bois). Quelques projets ont d'ores et déjà
été consacrés à ces questions (séchage solaire; actions FEM/PAC au niveau de plusieurs mares), mais il
reste beaucoup à faire.
Autre question environnementale: la pollution des eaux affecte les biocénoses aquatiques et, à travers la
chair des poissons, des produits toxiques (comme des résidus de pesticides) peuvent être transmis aux
consommateurs. Autant d'aspects qui nécessitent des capacités de formation, d'encadrement et de suivi qui
ne sont pas réunies aujourd'hui à la DFPP.
Trois provinces minières ont été décrites au Niger: i) le vaste ensemble Aïr-Damagaran: or et métaux dans le
précambrien + or dans les molasses + étain dans les granites; ii) le Liptako: minéralisation multiples dans le
birimien + phosphate et cuivre dans le protozoïque + fer dans le continental terminal; iii) la bordure
occidentale de l'Aïr: uranium et charbon dans le paléozoïque et le mésozoïque. Le fer, le cuivre, et le sel ont
été exploités depuis des temps très anciens.
Les substances exploitées actuellement sont en nombre restreint: uranium, or, charbon, étain, phosphate
pour l'essentiel. S'y ajoutent le natron et le sel, et encore le calcaire et divers matériaux de construction
(gypse, sables et graviers, argiles).
Le secteur minier nigérien est caractérisé par la juxtaposition d'un sous-secteur industriel et d'un sous-
secteur artisanal. Au niveau industriel, l'exploitation d'uranium est déterminante; elle a constitué une richesse
déterminante pour le pays pendant quelques années, et représente aujourd'hui encore la plus importante
source de devise. Le Niger est 5e producteur mondial d'uranium (MME). Quant au charbon, il est porteur des
potentialités de substitution au bois-énergie. Les activités minières artisanales concernent une population
importante; elles sont presque toutes informelles et constituent un secteur socialement très sensible. En
outre, les revenus qui y sont générés suffisent bien souvent à peine aux travailleurs pour survivre.
Uranium
Deux sociétés industrielles exploitent des gisements d'uranium: à Arlit (SOMAÏR, site à ciel ouvert, en
production depuis 1971, dans un cadre bilatéral France-Niger), et à quelques kilomètres de là, à Akouta et
Akola (COMINAK, sites souterrains, en production depuis 1978, dans un cadre multilatéral). Les réserves
sont estimées à 210.000 t; la production actuelle est d'environ 3000 tU par an. Un maximum (4300 tU) a été
atteint en 1981, à la suite de quoi une crise a touché le secteur de l'uranium.
Les mines elles-mêmes et les deux usines associées constituent un environnement sensible (risques de
contamination) dans lequel la sécurité des personnes repose sur l'emploi de protections spécifiques et le
respect de procédures élaborées. Les résidus d'extraction et de traitement nécessitent des stockages
sécurisés (risques de pollution des sols, de dissémination par le vent, ou d'infiltration dans la nappe); en
outre – c'est une caractéristique des déchets radio-actifs – on ne sait pas aujourd'hui comment seront gérés
ces volumes sur le long terme.
Les villes minières (Arlit et Akokan) abritent quelque 80.000 personnes. La proximité des sites d'exploitation
les expose de diverses façons: poussières provenant des mines et des abords; dissémination d'équipements
contaminés; risques accrus de pollution des eaux superficielles et de la nappe. En outre, les techniques
utilisées pour l'extraction du minerai nécessitent le pompage industriel de la nappe fossile, et cette contrainte
risque de perturber considérablement l'approvisionnement en eau urbaine.
L'essentiel de l'uranium est exporté sous forme de "yellow cake", après une première concentration sur
place. Il quitte le Nord du Niger en fûts sécurisés acheminés par voie routière jusqu'aux installations
portuaires béninoises. Au total les aspects sensibles du point de vue environnemental sont donc nombreux.
Les sociétés minières - dont le référentiel technique repose sur l'expertise de la Cogema – ont répondu à
ces défis environnementaux par un Système de Management Environnemental (SME) formulé en 1999, et
une certification ISO 14001 acquise en 2002/2003. De nombreuses mesures de suivi sont effectuées dans
ce cadre: dosimètres fixes; analyse de l'air; prélèvements de sols; prélèvements d'eau; prélèvements de
végétaux des jardins.
Des craintes de dégradation de la situation sanitaire à Arlit sont remontées de la base via une ONG en 2002,
et une mission de la CRIIRAD - organisme français indépendant de recherche et d'information sur la
radioactivité – a été organisée en 2003. Les Services publics nigériens concernés par ces questions ne
disposaient pas jusqu'à présent des moyens de contrôle radiologique adaptés.
Or
A l'échelle de la sous-région l'orpaillage traditionnel est l'activité minière la plus répandue dans le bassin du
Niger, avec une concentration en rive droite au Burkina et au Niger. L'exploitation d'or dans le Liptako
nigérien a démarré comme une véritable ruée vers l'or en 1984. Le site le plus important est Koma Bangou
(Tera), avec une production maximale connue de 314 kg en 1996. Il y aurait au total 36 sites dans la région,
avec une population dépassant sans doute 40.000 personnes (au moins 25.000 à Koma Bangou). Il y a
notamment un afflux de travailleurs saisonniers, après les travaux champêtres. Les observateurs rapportent
des conditions de vie particulièrement difficiles: travail très pénible, travail des enfants, désordres sociaux et
accidents multiples (effondrement de puits et de galeries), conditions sanitaires très insuffisantes.
Une première exploitation industrielle s'est ouverte en 2004, également au Liptako, dans un cadre
international (SML / Samira Hill), avec un objectif de production annuelle de 4200 kg.
En sus de ces aspects sociaux, les mines d'or artisanales ont des impacts environnementaux importants: i)
les excavations constituent des foyers d'érosion active; ii) la pression de mise en exploitation est très forte,
et les réglementations de protection – là où elles existent – sont généralement mises à mal. Quant à
l'exploitation industrielle, les techniques les plus souvent employées pour le pré-traitement entraînent de
graves pollutions des eaux dans le bassin récepteur dès lors que le mercure est utilisé pour la concentration
du minerai.
L'orpaillage artisanal est connu pour être un secteur très informel et quasiment impossible à superviser pour
les pouvoirs publics. Seule la commercialisation est encadrée (ONAREM). L'Etat assure à Koma Bangou
comme à M'Banga cet encadrement minimum, ainsi qu'une veille sanitaire. La poursuite de la transition vers
une exploitation semi-industrielle sera sans doute de nature à faciliter une gestion "raisonnable" (faute d'être
durable) de ce minerai.
Charbon minéral
Le charbon minéral est exploité industriellement depuis 1978 par la SONICHAR dans le gisement de Anou
Araren (Tchirozérine). La production annuelle se situe autour de 160.000 t, avec un volume total estimé à 9
millions de tonnes. La justification initiale de la mise en exploitation était de fournir l'énergie électrique
nécessaire à la production d'uranium à Arlit. La centrale thermique installée (2x18 MW) a permis également
la fourniture d'électricité urbaine à Tchirozérine, Agadez et Arlit.
Aujourd'hui, après la crise de l'uranium d'une part (qui a limité les besoins industriels) et la prise de
conscience du besoin impératif de substituer des énergies alternatives au bois, l'utilisation généralisée du
charbon comme énergie domestique est envisagée; elle semble d'autant plus intéressante qu'elle garantirait
une certaine indépendance énergétique (voir § Energies). La diffusion de briquettes à usage domestique
obtenues par carbonisation en usine a été entreprise. Elle devrait s'étendre avec la construction de
nouvelles usines, puis l'entrée en exploitation – attendue - d'un second gisement, beaucoup plus important
que le premier (40 millions de t).
Les mines de charbon ne sont pas sans problèmes, notamment par la production de gros volumes d'eaux
usées. Les usines de carbonisation sont également polluantes, surtout par leurs rejets gazeux. Toutefois, les
principales contraintes environnementales liées au charbon se situent au niveau de son utilisation: il s'agit
d'une ressource fossile, non renouvelable, et la pollution atmosphérique est maximale avec cette forme
d'énergie.
L'étain est exploité dans différents sites du sud de l'Aïr à partir de la cassitérite. L'unique société exploitante
(SMDN) a produit jusqu'à 180 t/an de concentré; elle a cessé ses activités en 1992. Une coopérative a pris
la suite, sans succès. La situation s'apparente désormais à une activité artisanale informelle: production
d'une vingtaine de tonnes avec environ 1000 travailleurs en activité (incidences sur l'environnement non
maîtrisées).
Les gisements de phosphate de la région de Tahoua présentent un potentiel important pour l'agriculture,
dans la mesure où les sols sont carencés en phosphore pratiquement sur l'ensemble du pays. Combiné à
une fumure organique, l’apport de phosphate naturel broyé permettrait notamment d'éviter la pollution
azotée des nappes. Ils ont été exploités par l'UNCC jusqu'en 1984.
Du sel est produit dans diverses localités, essentiellement dans les régions de Dosso et d'Agadez:
i) Dallol Fogha (environs de Gaya); production artisanale d'environ 500 t/an avec 3000 travailleurs; extraction
par chauffage au feu de bois (quelques évaporateurs solaires ont commencé à apparaître).
ii) Salines de Teguidan-Tessoum (près d'Agadez); production artisanale (une exploitation semi-industrielle a
fonctionné auparavant); extraction par évaporation solaire.
iii) Dans le Kawar on compte plusieurs milliers de puits, dont 1200 aux salines de Bilma; c'est ici la principale
activité de la zone, occupant 90% de la main d'œuvre.
Plusieurs régions produisent du natron: Boboye (Dosso); Kouré et Mirriah (Zinder); cuvette de Maïné-Soroa
et zone du Lac Tchad (Diffa). C'est une activité localement importante; le natron du Boboye est notamment
exporté sur le Nigeria et le Bénin. Comme pour le sel de la même région l'exploitation consomme du bois de
feu pour la lixiviation. En outre ces zones sont attractives pour les pasteurs qui amènent leurs troupeaux
consommer les sels, entraînant une concentration de bétail.
L'unique cimenterie nigérienne (SNC) est située à Malbaza (Tahoua). Elle est approvisionnée en calcaire et
en gypse à partir de carrières voisines (Madaoua et Bouza). L'élaboration du ciment (comme tous les liants)
consomme beaucoup d'énergie; les principales émissions polluantes sont les poussières (pathogènes dans
certaines situations).
Des matériaux divers pour la construction sont extraits dans toutes les régions, notamment les sables, les
graviers et les argiles. Les carrières et autres sites d'emprunts créent des foyers d'érosion, particulièrement
actifs lorsqu'ils sont situés sur les berges des cours d'eau. Lorsqu'ils font partie d'un programme de grands
travaux routiers, les sites d'emprunt sont généralement pris en compte dans une étude d'impact intégrée au
projet.
De nouveaux développements de la prospection minière ont eu lieu ces dernières années grâce notamment
à un important programme d'appui de la CE: SYSMIN. Indépendamment de ce programme, les
hydrocarbures - ressources parmi les plus stratégiques - ont également fait l'objet de multiples prospections.
Malgré des explorations menées depuis 1992 et la découverte de nombreux indices (Djado, Aïr, Ténéré,
Agadem), aucun gisement exploitable à court terme n'a pu être identifié jusqu'à présent.
La gestion des incidences environnementales du secteur minier est difficile à mettre en place. D'un côté, le
sous-secteur industriel dispose de beaucoup de moyens et peut prendre en charge ces aspects. Mais le
contrôle externe n'est pas aisé; les Services publics (Direction des Mines au MME) ont des capacités
insuffisantes à ce niveau, et il n'existe pas de structures indépendantes à l'échelle nationale. Dans le sous-
secteur artisanal, les activités - en grande partie informelles – sont dispersées sur le territoire et guère facile
à superviser. Les concepts d'étude d'impact et de gestion environnementale paraissent encore bien
lointains. Au total, face à ce secteur pourtant particulièrement générateur d'impacts et en outre
consommateur de ressources non renouvelables, l'Etat se trouve relativement démuni.
Au Niger, on parle beaucoup d'aménagement local, mais l'approche d'aménagement du territoire au niveau
national est en revanche relativement peu explicite. La politique d'aménagement du territoire définit les
éléments déterminants dont la mise en place va permettre de structurer la distribution des activités
anthropiques dans l'espace, et les articuler.
Les opérations réalisées dans ce cadre - grandes infrastructures et aménagements - sont peu nombreuses,
mais elles sont fondamentales pour le développement du pays. Les grands travaux constituent également
une opportunité pour offrir des revenus à une abondante main d'œuvre, et une structure nationale a été
dédiée à cette fonction (NIGETIP).
Les grands travaux récents, en cours ou en projet au Niger sont les suivants: i) infrastructures de transport:
essentiellement le réseau routier, et secondairement les aéroports; ii) implantations industrielles: projet
d'installation minière nouvelle pour l'extraction et la transformation du charbon; iii)
grands aménagements hydrauliques: projet de barrage de Kandadji, premier grand chantier de ce type au
Niger.
Le territoire national est vaste (1.267.000 km 2), et dispose de 2 aéroports internationaux (Niamey et
Agadez). Le réseau routier, qui s'étend sur 13.800 km, reste limité du point de vue qualitatif, même s'il est
sensiblement suffisant en étendue. Les caractéristiques schématiques du réseau étaient les suivantes en
2003: i) 3700 km de route revêtues; ii) 5800 km de routes non revêtues; iii) 4300 km de pistes. En dehors de
Niamey et des grandes villes, le parc automobile nigérien est réduit. On estime qu'en milieu rural 1 à 2% de
la population dispose d'une voiture; le taux atteint 15% à Niamey.
Le réseau des routes bitumées et des grandes pistes est un domaine de coopération où la CE est leader.
Une large place est accordée aux axes de liaison régionale: les réhabilitations de la route nationale n°1
(Niamey-Dosso) et de la route Niamey-Torodi (vers le Burkina) viennent d'être réalisées récemment; un
vaste programme d'entretien périodique est en cours; et il y a quelques semaines a démarré le grand
chantier de la liaison avec le Mali: Ayorou-Gao. Une forte extension du réseau bitumé et du réseau de pistes
est prévue dans le cadre du Plan national des transports.
Dans le domaine urbain, d'autres partenaires ont permis l'amélioration de grandes artères à Niamey,
l'aménagement de marchés, et la réfection récente de l'aéroport. Quant au réseau des pistes rurales, il
bénéficie d'appuis divers, et en particulier de la contribution des nombreux projets, généralement à l'échelle
d'une commune ou d'un bassin versant.
Le soutien des bailleurs au niveau des infrastructures de transport se traduit entre autres par l'application
quasi-systématique d'une procédure de prise en compte de l'environnement (en respect des règles propres
à chacun des bailleurs). Il s'agit presque toujours d'une étude d'impact environnemental (EIE), ou
environnemental et social (EIES), parfois suivie par un plan de gestion de l'environnement (PGE).
Les impacts négatifs des travaux routiers sont en général limités dès lors qu'il s'agit de réhabilitation ou
d'entretien. Ils sont concentrés dans la traversée des zones habités, les lieux d'implantation des bases
techniques et campements, les traversées de cours d'eau ou de milieux naturels sensibles, et les zones
d'emprunts. Le niveau de qualité des études est généralement satisfaisant, mais il est fréquent que
l'application des mesures d'atténuation recommandées soit incomplète (voire omise).
Barrage de Kandadji
Tableau 2-6 : Grands ouvrages nationaux aménagés ou en projet sur le fleuve Niger
Ouvrages existants
Markala Mali Irrigation 70 000 ha
Kainji Nigeria Hydroélectricité 760 MW
Djebba Nigeria Hydroélectricité 500 MW
Lokoja Nigéria Hydroélectricité 1950 MW
Ouvrages projetés
Tahoussa Mali Buts multiples Navig° + 84 000 ha irrig° + 20 MW
Kandadji Niger Buts multiples Régulation débit d'étiage + AEP
+ 31.000 ha irrigation + 125 MW
La capacité utile du barrage atteindra 1,6 km3, et vise à fournir un débit de 120 m3/s pendant l'étiage (dont
70m3/s réservé pour le Nigeria). Les fonctions dévolues à cet aménagement sont les suivantes: i) soutien du
débit d'étiage; ii) soutien des besoins de la population (eau potable), de l'élevage et de l'industrie (Niamey);
iii) développement de l'irrigation; iv) production d'énergie électrique
Le pari est ambitieux, car des incompatibilités existent entre les diverses fonctions dévolues à
l'aménagement. Dans tous les cas un système de priorité des usages devra être soigneusement mis au
point, tant au niveau national pour lesdites fonctions, qu'à celui du partage international des ressources du
fleuve avec les pays situés à l'amont et à l'aval. Les engagements pris dans le cadre de l'ABN confèrent à
cette institution un rôle de cadre de concertation sur ces aspects; il est notamment attendu que les
développements nationaux soient harmonisés par une planification à l'échelle régionale.
Un projet de barrage représente un dossier potentiellement lourd du point de vue des incidences
environnementales. Outre les déplacements de populations, et autres désordres culturels et sociaux, il faut
s'attendre à des incidences sur les nappes, sur le faciès sédimentologique du fleuve (incidences différentes
en amont et en aval du barrage), sur la distribution des végétaux et des habitats pour la faune (oiseaux,
poissons), l'étendue des zones de frai du poisson, la disponibilité en terres agricoles de décrue et la diversité
des cultures. Le fleuve est un espace sensible du point de vue conservation: l'ensemble du moyen Niger est
classé Ramsar et abrite des espèces remarquables, et le Parc du W et la Réserve de biosphère sont à peine
à 100 km de Niamey.
La prise en compte de l'environnement dans les documents préalables du dossier Kandadji est restée peu
approfondie, mais une étude d'impact environnemental et social complète est désormais en cours
d'élaboration, en respect de la procédure du bailleur pour cette partie du projet (BAD).
Bois-énergie
Le risque de pénurie en bois de chauffe dans un avenir relativement proche a été diagnostiqué au Niger
depuis plus de 20 ans. Pourtant, faute de réelle alternative, le bois-énergie représente encore 94% de la
consommation énergétique domestique. Selon le PAFN (2003), et sur la base d'une consommation de
300kg/an et par personne, la quantité de bois prélevée annuellement atteindrait 3,3 millions de tonnes, et
serait donc près de 3 fois supérieure à la production forestière (estimée à 900.000 t).
Les espaces forestiers ou boisés (toutes catégories confondues) n'occuperaient plus aujourd'hui qu'environ
5 millions d'hectares (FAO, 2005). Toutefois ces chiffres ne sont pas confirmés car on ne dispose pas d'un
inventaire forestier national. Les forêts ont été soumises pendant de longues périodes à des pressions agro-
pastorales particulièrement fortes (défrichement; feux de brousse; prélèvement de fourrage aérien; ouverture
au pâturage), en même temps qu'elles faisaient l'objet d'une exploitation massive pour le bois-énergie. La
pression autour des grandes agglomérations a été évidemment considérable, et les effets sont facile à
constater (au moins 40km autour de Niamey).
Face aux pressions et en réponse à la menace d'une crise du bois-énergie, des progrès ont été faits dans
plusieurs directions: i) amélioration substantielle de la gestion des espaces forestiers et de la
commercialisation du bois (Stratégie énergie domestique / Marchés ruraux de bois); ii) très nombreuses
plantations forestières (y compris des ceintures vertes) et agro-forestières; iii) diffusion de foyers améliorés
(avec un succès limité); iv) promotion du charbon de bois (avec un succès également très limité); v)
recherche de substituts au bois de construction; et vi) recherche active d'énergies domestiques alternatives.
Les marchés ruraux de bois représentent sans doute l'évolution la plus remarquable. Là où ils ont été
implantés, ils ont permis de passer d'une coupe organisée uniquement sur des critères commerciaux et
régie par les seuls Services forestiers, à un système basé sur le contrôle direct d'espaces forestiers
productifs par des communautés villageoises (Structure locale de gestion - SLG), en coordination avec les
Services forestiers. La SLG obtient une partie des revenus et en contre-partie a la charge de réaliser un
aménagement forestier à même d'assurer la pérennité du capital ligneux. Le bois commercialisé est destiné
à une agglomération voisine pré-définie, dans le cadre d'un plan d'approvisionnement (Schéma directeur
d'approvisionnement de Niamey, Maradi et Zinder).
Les communautés rurales s'approvisionnent à partir de sources plus diversifiées, en particulier la production
des parcs agro-forestiers, là où ceux-ci le permettent. La part de la production de ces espaces agro-
forestiers dans la production nationale est mal connue, mais il est manifeste qu'ils assurent d'ores et déjà
une bonne partie de l'approvisionnement rural dans divers secteurs du Sud du pays. Il s'agit d'une réussite
substantielle qu'il convient de prolonger.
En ce qui concerne les besoins urbains, seule une fraction modeste a pu être couverte jusqu'à présent par
les marchés ruraux de bois. Il y avait 180 marchés dans le pays en 2003 (PAFN), avec une superficie
aménagée estimée à 370.000 ha. La FAO donne un total de 800.000 ha aménagés en 2005, et le MHE/LCD
estime cette superficie à 700.000 ha. Environ 30% des forêts gérées par l'Etat seraient d'ores et déjà été
transférées, et 10% du bois passerait par les circuits commerciaux formalisés (la part de l'informel restant
donc considérable).
Même s'ils représentent un progrès substantiel, et contribuent de façon très positive à la séquestration de
carbone, les marchés ruraux de bois laissent encore des problèmes sans solution, notamment parce que les
deux systèmes cohabitent actuellement (marchés et ancien système) et que les forêts restées dans l'ancien
système sont fortement maltraitées. L'extension des marchés est impérative. Pour qu'un bon équilibre puisse
être atteint rapidement il est également indispensable que des énergies domestiques de substitution soient
développées.
La politique de développement énergétique actuelle est concentrée sur le charbon comme énergie
domestique de substitution au bois (DERED au MME). Il s'agit d'une ressource effectivement disponible sur
le territoire national, déjà utilisée industriellement depuis plusieurs décennies pour alimenter une centrale
électrique située à Tchirozérine. Le gisement exploité (Anou Araren) est estimé à 9 millions de tonnes, avec
une production annuelle de 158.000 t. Plusieurs gisements nouveaux ont été localisés, dont une réserve
importante localisée à Salkadama (40 millions de t).
Le charbon présente le considérable avantage d'être une alternative faisable au bois-énergie, et dont la mise
en œuvre pourra être relativement rapide. Sans faire disparaître l'usage du bois, il pourrait s'y substituer
dans une proportion croissante sous réserve d'une commercialisation à un coût modéré. Les gisements de
charbon connus ont des potentialités étendues, même s'il est vrai que c'est une ressource fossile et qu'il
faudra à terme y substituer d'autres sources. A la différence du solaire ou de l'éolien, le charbon, comme le
bois ou le pétrole sont des produits dont la combustion est polluante pour l'atmosphère avec des effets
locaux (pollution de l'air en zone urbaine) et une contribution à l'effet global. En termes de bilan, l'usage du
charbon en substitution reste positif dans la mesure où il facilite la séquestration de carbone par les arbres
qui se trouvent préservés.
Electricité
Environ 6,8% de la population nationale était raccordée à l'électricité en 2004 (MME). Les coûts
apparaissent élevés par rapport au niveau de vie moyen de la population. L'électricité disponible à Niamey et
dans toute la partie sud du pays est importée du Nigeria par inter-connexion (85% de la consommation
nationale qui s'élève à 250 GWh par an). La société nationale NIGELEC (en instance de privatisation depuis
plusieurs années) et la SONICHAR produisent le complément. Plus de soixante centres urbains sont ainsi
électrifiés, soit par connexion sur le réseau, soit par des centrales thermiques autonomes (diesel). La
centrale thermique de Tchirozerine fonctionne au charbon et fournit l'électricité aux mines d'uranium et aux
villes du secteur (Tchirozerine, Agadez, Arlit). Il n'y a actuellement aucune production hydroélectrique
notable, mais à terme, il est prévu que le futur barrage de Kandadji soit équipé d'une centrale de 125 MW, et
assure une production électrique de 500 GWh/an.
Le milieu rural est encore très peu desservi. Les batteries y sont très utilisées (écoute des radios, petits
éclairages); quelques services bénéficient de chargeurs solaires. L'électrification rurale progresse,
notamment avec l'appui du programme du Président.
L'électricité provenant du Nigeria peut être considérée comme une énergie propre puisqu'elle est issue
presque exclusivement de centrales hydroélectriques; ce n'est pas le cas pour la fraction produite au Niger,
qui elle provient de la combustion du pétrole ou du charbon (pollution atmosphérique). Avec la progression
de l'électrification rurale, cette fraction devrait augmenter dans les années à venir. On notera que les
réseaux de transport de l'électricité présentent aussi leurs dangers (exposition aux champs électriques sous
les lignes).
Hydrocarbures
Tous les produits pétroliers nécessaires au parc automobile nigérien, aux centrales diesel, motorisations
diverses et autres usages, sont importés. Le secteur est placé sous l'autorité de la société nationale
SONIDEP (également en cours de privatisation depuis plusieurs années). Malgré des explorations multiples
et la découverte de nombreux indices, aucun gisement d'hydrocarbure exploitable à court terme n'a pu être
identifié jusqu'à présent sur le sol nigérien.
L'adaptation des motorisations vers une réduction de la pollution n'est pas une tendance sensible au Niger,
de sorte que les pollutions atmosphériques urbaines engendrées par la combustion des hydrocarbures
atteignent - par rapport au nombre de véhicules circulant - des niveaux assez élevés, particulièrement à
Niamey.
Le pétrole lampant est très utilisé pour l'éclairage, la lampe tempête faisant partie de l'équipement de base
de l'habitat rural. En revanche les essais de substitution du pétrole au bois-énergie par la vulgarisation de
réchauds à pétrole n'ont pas encore donné de résultats probants.
En ville à Niamey, le gaz en bouteille à commence à remplacer une fraction du bois-énergie. Plus de 1000 t
de gaz étaient consommées annuellement début des années 2000. Toutefois les progrès stagnent pour des
raisons de coût (consigne de la bouteille et recharge), et le développement du gaz n'est guère sensible dans
les autres agglomérations que Niamey. Pourtant le prix du bois à Niamey est élevé, et le gaz a été
subventionné pendant quelques temps (au niveau de 30% grâce à une taxe).
Autres énergies
L'énergie solaire est utilisée dans des situations diverses, mais elle n'a pas atteint un stade de
développement très important. Les principaux secteurs concernés sont: le pompage hydraulique pour
l'irrigation; l'électrification des services de base (20% des Centres de santé intégré ont des équipements
fonctionnant au solaire); l'alimentation des relais hertziens.
Suite aux travaux de l'universitaire Abou Moumouni, l'ONERSOL a été créé dès 1965. L'institution chargée
de la recherche et de l'expérimentation dans le secteur est désormais le CNES, qui a notamment travaillé
sur un chauffe-eau solaire et une cuisinière à concentration solaire. Les produits industriels disponibles ne
sont pas très nombreux (quelques-uns sont de production locale), et leurs coûts empêchent généralement
d'envisager autre chose que des usages collectifs ou mutualistes.
L'énergie éolienne est un domaine encore quasiment intact au Niger. Il y a quelques dizaines d'éoliennes
dans tout le pays (exhaure de l'eau), alors que la première installation date de 1956. Des études récentes
ont montré que des équipements en aérogénérateurs de moyenne puissance seraient bien adaptés aux
conditions climatiques du Nord.
La biomasse et le bio-gaz sont peu exploités, bien que la valorisation énergétique des déchets agricoles ait
été expérimentée depuis longtemps (notamment au début des années 1980 par l'INRAN) et que le savoir
faire existe. Ces sources peuvent constituer dans certaines situations des appoints énergétiques non
négligeables, même s'il on ne peut pas les considérer comme des alternatives majeures dans la crise du
bois-énergie. L'utilisation des résidus agricoles présente l'inconvénient d'entrer en concurrence avec la
fertilisation des cultures. D'autres végétaux comme les plantes envahissantes (jacinthe d'eau) pourraient être
utilisées pour approvisionner des unités de production de bio-gaz (les systèmes restent à mettre au point).
Au total les éléments qui composent le dossier énergétique national sont complexes, mais une ébauche de
solution à la crise du bois-énergie est perceptible à travers leur complémentarité. La Stratégie énergie
domestique ne supporte pas suffisamment cette dynamique, d'autant que sa formulation (non explicite) est
parfois interprétée comme une absence de stratégie. Le développement amorcé de la filière charbon
nécessiterait notamment une promotion accrue. Le soutien à la production électrique est en revanche
clairement exprimé à travers les priorités accordées au projet Kandadji. Notons également que l'évaluation
des besoins énergétiques (la demande) par catégorie d'activité ne semble pas suffisamment développée.
2.8. Ecosystèmes fragiles, aires et espèces protégées, espèces introduites, chasse et éco-tourisme
La végétation de la zone sahélienne a subi au cours des dernières décennies de considérables pressions du
fait des sécheresses répétées, et en particulier le nombre de points d'eau y a drastiquement diminué. Ces
phénomènes ont poussé une partie de la faune de vertébrés vers le Sud du pays. Dans ces secteurs, la
cohabitation de la faune sauvage avec l'homme s'est avérée plus difficile: forte densité des peuplements
humains et pression de chasse ont eu raison de diverses populations animales déjà fragilisées.
La faune du Niger, bien que très appauvrie aujourd'hui, comprend encore de nombreuses espèces d'un
intérêt écologique majeur, concentrées au niveau des massifs sahariens, des réseaux de mares et de points
d'eau, de la vallée du fleuve, et de l'ensemble d'Aires protégées du W du Niger en zone soudanienne. Les
inventaires de l'ensemble de la faune de vertébrés (SNPA/DB, 1998) recensent 168 espèces de
mammifères, 512 espèces d'oiseaux, environ 150 espèces d'amphibiens et reptiles, et une ichtyofaune de
112 espèces.
Le nombre d'Aires protégées au Niger est limité, même si la superficie totale protégée est relativement
importante puisqu'elle atteint 6,5% du territoire. Les Aires protégées bénéficiant d'un statut national explicite
sont au nombre de six: i) l'immense ensemble des Réserves de l'Aïr–Ténéré (enclave sahélienne d'altitude +
domaine saharien) qui comprend la Réserve Naturelle Nationale et le Sanctuaire des addax (2 aires
concentriques); ii) la Réserve de Gadabéji (petite zone de Sahel au centre d'un quadrilatère Tahoua /
Agadez / Maradi / Zinder); et iii) l'ensemble soudanien et soudano-sahélien du Parc du W et de ses zones
connexes (3 aires contiguës auxquelles s'ajoute la zone de Kouré) en continuité avec les parties béninoise
et burkinabé du Parc du W.
La distribution géographique des AP nigériennes - presque uniquement en deux grands blocs, distants de
800km - ne laisse aucun doute sur l'intérêt qu'il y aurait à ajouter une sélection d'autres sites pour obtenir
une représentativité des milieux plus fidèle à leur variété. Les sites considérés éligibles pour un classement
national sont les suivants: i) le Lac Tchad et ses abords (classé Ramsar); ii) diverses mares, dallols et points
d'eau dispersés dans la zone sahélienne (plusieurs mares sont classées Ramsar, et d'autres font l'objet d'un
appui FEM); et iii) quelques autres sites, remarquables par leurs formations végétales, leurs particularités
géomorphologiques ou topographiques (falaises), ou d'autres spécificités.
Le classement national des Réserves de l'Aïr-Ténéré (RNNAT et Sanctuaire) en 1988 a été précédé par une
longue période d'activités préparatoires par un projet d'appui UICN-WWF. Peu après que l'aire soit classée,
la région a été plusieurs années en ébullition du fait de mouvements rebelles dans le nord du pays. La
RNNAT fait désormais l'objet d'une gestion "ordinaire" par la DFPP (sur la base d'un personnel très réduit).
Le Sanctuaire des addax, créé pour assurer un refuge à cette antilope, n'a pas pu remplir ses objectifs:
l'espèce n'a pratiquement plus été observée dans les Réserves depuis le classement. L'autruche a
également disparu de la zone.
Les dimensions de la RNNAT sont considérables: 7,7 millions d'hectares. Le classement MAB qui (en 1991)
a suivi la création, a été étendu à une superficie encore plus grande (24 millions d'hectares). Il est question
aujourd'hui de préparer une immense Réserve transfrontalière qui associerait la Réserve MAB de l'Aïr-
Ténéré à des aires contiguës de même catégorie au Mali, en Lybie, et en Algérie.
Il est envisagé par ailleurs la ré-introduction de plusieurs espèces sensibles dans le périmètre de la RNNAT:
gazelle dama, autruche, et même addax et oryx. Ces actions nécessitent la création d'élevages, a priori à
proximité de la Réserve.
La zone du Massif de Termit fait actuellement l'objet d'un projet de classement (Termit Tin-Toumma). Elle
s'apparente quelque peu aux Réserves de l'Aïr-Ténéré, dont elle est distante de moins de 200km. L'addax
est encore présent à Termit où survit la dernière population sauvage. Ont également été recensés: le
guépard, la gazelle dama, le mouflon à manchettes …. L'intérêt de la zone est reconnu dans les milieux
spécialisés, et son classement est soutenu par diverses organisations internationales (IRD, UICN). Des
opérations de chasse inopportunes sont venues récemment perturber la préparation du dossier de
classement.
La Réserve de Gadabéji est une AP dégradée. Faute de gestion conservatoire et de soutien extérieur, elle a
perdu une grande partie de sa couverture végétale et vu sa faune s'amenuiser sous les fortes pressions
anthropiques qui ont régné dans les dernières décennies. La Réserve abrite encore des gazelles (dorcas et
front-roux) et des outardes, mais les autres antilopes ont disparu.
Le fleuve bénéficie d'un classement Ramsar dans tout son parcours à l'intérieur des frontières nationales.
On peut y voir la marque de l'intérêt de la communauté internationale pour cette vaste et riche zone humide,
qui abrite notamment le lamantin, espèce particulièrement sensible. Le classement international n'a pas
encore été traduit par des efforts de conservation nationaux ostensibles, quoiqu'une partie du fleuve se
trouve à l'intérieur du Parc du W et bénéficie de ce fait des moyens de sensibilisation et de surveillance du
Parc.
La potentialité de lourdes incidences du barrage de Kandadji sur l'équilibre de l'écosystème fluvial a été
évoquée plus haut: modification des nappes, de la sédimentation, des faciès végétaux et de la faune
associée, réduction des zones de frai du poisson, intensification des activités anthropiques. Il est attendu de
l'étude d'impact en cours que toutes les possibilités de réduction des impacts négatifs soient identifiées et
que leur mise en œuvre soit planifiée.
Les girafes de la zone de Kouré (Dallol Bosso Nord) constituent à bien des égards un cas exceptionnel.
D'abord par la nature des espèces concernées, puisque ces girafes sont les dernières de tout l'Ouest
africain (où elles étaient assez largement distribuées il y a 1/2 siècle). Le site est par ailleurs proche de
Niamey, ce qui le rend exploitable en tourisme de vision. Il est remarquable aussi par l'équilibre qui a pu
s'instaurer assez rapidement entre la population et les acteurs (externes) de la conservation - avec l'appui
initial d'un projet de dimensions modestes: le PURNKO, relayé aujourd'hui par ECOPAS - et sans conduire à
un classement contraignant.
La zone est seulement zone de transition dans la Réserve MAB du W: elle continue à être exploitée par les
populations locales, mais en respectant les girafes. L'aire occupée par les girafes est actuellement en
extension, ce qui pourrait entraîner de nouveaux problèmes. Indépendamment des girafes, le secteur est
également le plus productif en bois du pays, déterminant dans l'approvisionnement de Niamey. Cette
exploitation, juxtaposée au développement agricole en cours, fait également peser des menaces sur les
girafes de Kouré.
Le Parc du W du Niger est l'AP la plus riche en faune de l'Afrique de l'Ouest. C'est une Aire protégée
ancienne, classée en 1954, et qui a traversé des épisodes historiques. La partie nigérienne de ce grand
Parc qui s'étend sur 3 pays est restée relativement protégée pendant que les parties béninoise et burkinabé
avaient à souffrir de problèmes plus graves. Pendant une longue période, au Niger l'équipe du W a bénéficié
de la présence de volontaires du Peace corps.
Le parc a subi les menaces de l'implantation d'un barrage sur la Mékrou et de l'ouverture d'une mine de
phosphate. Les deux projets semblent abandonnés aujourd'hui. Dans les dernières années le Parc a reçu le
soutien du grand projet régional ECOPAS de la CE, en même temps que la partie nigérienne était classée
Réserve MAB avec les Réserves contiguës et la zone des girafes de Kouré. Le Parc transfrontalier dans son
ensemble a été classé MAB en 2002, et bénéficie aujourd'hui d'un soutien dans le cadre de l'Initiative
environnement du NEPAD.
La gestion dynamique de cette AP est sans doute actuellement le meilleur exemple national: i) une petite
équipe de la DFPP est en place, épaulée par des auxiliaires locaux; ii) un petit réseau de pistes et
d'observatoires est maintenu en état; iii) des scientifiques se succèdent dans l'année sur des sujets variés;
iv) un campement sommaire à l'intérieur du Parc, et un hôtel en périphérie sont fonctionnels; v) une
quinzaine de personnes ayant le statut de guide accompagnent à l'intérieur du Parc les visiteurs venus pour
la plupart de Niamey; vi) la population des villages périphériques est associée à la gestion de l'AP, et
bénéficie par ailleurs de divers emplois occasionnels.
En outre, des améliorations sont en cours, portant sur trois axes: renforcement des capacités (et des
performances) touristiques; formalisation d'un meilleur partage des revenus avec les populations riveraines
(Décret attendu); amplification de la gestion régionale de l'aire (poste de Conservateur régional).
Pour le Niger, en plus de l'intérêt intrinsèque de la bonne gestion de cette AP, la dynamique apportée par
ECOPAS représente une opportunité qui demande à être mise à profit: formation de gardes et de guides;
pratique des inventaires; élaboration et application d'un plan de gestion; mise au point de procédures de
participation des populations; accueil et sensibilisation du public. Tous ces savoir-faire sont (ou seront
prochainement) disponibles dans le cadre du Parc alors qu'ils font défaut sur le reste du territoire.
Les éléments constitutifs d'un éventuel réseau d'Aires protégées existent déjà au Niger, même si le réseau
lui-même n'est pas formalisé: les deux blocs d'aires classées, les sites Ramsar, les aires en projet de
classement, les sites d'intervention du FEM, et peut-être aussi certaines des Forêts classées. L'expérience a
montré pratiquement partout qu'une fois mis en place le réseau apporte beaucoup, grâce notamment aux
économies d'échelle et à l'intensification des échanges. Le Parc du W constitue actuellement l'élément le
plus dynamique, et il serait logique de progresser dans la création d'un réseau national en s'appuyant sur
cette AP.
Les Forêts classées constituent une catégorie particulière d'AP, avec des objectifs divergents orientés vers
la protection d'une ressource productive. Les FC du Niger se répartissent en 85 sites (classés entre 1935 et
1977), pour une superficie totale de plus de 600.000 ha. Les pressions ont été considérables sur beaucoup
de ces forêts, à tel point que le caractère forestier d'un bon nombre est aujourd'hui très estompé. Une
comparaison entre 1975 et 1999 (DSCF-PAFAGE, 2005) fait apparaître l'évolution dans l'occupation des
sols comme suit: i) les cultures pluviales sont passées de 7% à 18,7%; ii) les steppes herbeuses atteignent
26,6%; iii) les savanes ont réduit de 69% à 44%; iv) les brousses sont passées de 2,6% à 8,5%.
La reprise en main de ces espaces est désormais amorcée, notamment sous la pression économique des
marchés ruraux de bois. Des contrats sont passés avec les cultivateurs installés dans les limites d'une FC,
avec obligation de replanter des arbres en lignes intercalaires et quand c'est possible transfert des activités
agricoles sur une parcelle externe.
En ce qui concerne la conservation ex-situ, Niamey dispose d'un parc zoologique et d'un arboretum dont les
réhabilitations sont envisagées. Un jardin botanique est en création à Kouré. Un Centre national de
semences forestières (CNSF) a été créé en 1987, mais il souffre de sous-capacité étant donnés les besoins
considérables. Les élevages et ré-introductions envisagées pour la RNNAT feront appel à des animaux
récupérés dans des zoos.
A plusieurs reprises des espèces protégées au Niger (girafes, hippotrague) ont été capturées à destination
de zoos étrangers dans des conditions inappropriées qui ont conduit à la mort de plusieurs animaux (le
cadre légal de ces opérations a également été mis en cause). Ces événements ont provoqué de vives
réactions dans les médias.
Espèces envahissantes
Parmi les espèces envahissantes, une plante des milieux aquatiques se distingue en ayant atteint le stade
de fléau: la jacinthe d'eau, extrêmement abondante sur le fleuve Niger. L'espèce peut être éliminée
localement par des moyens mécaniques, mais sa dynamique de conquête ne s'en trouve pas affaiblie. Que
ce soit au Niger ou ailleurs en Afrique de l'Ouest (delta du Sénégal) diverses techniques d'utilisation de la
biomasse de jacinthe d'eau ont été expérimentées (avec des succès inégaux).
Dans les milieux terrestres, les deux espèces envahissantes les plus démonstratives sont un arbre de
reboisement et une plante des pâturages. L'arbre est le Prosopis juliflora, très planté en reforestation
pendant des décennies (ses multiples avantages sont désormais bien connus), il s'est avéré envahissant
lorsqu'on a voulu gérer les plantations; il est aujourd'hui interdit. Quant aux pâturages permanents, on
assiste un peu partout à la prolifération de Sida cordifolia, une malvacée non appétée par le bétail.
Chasse
Bien que faisant partie des pratiques ancestrales d'exploitation des ressources naturelles, la chasse et le
braconnage ont été au XXe siècle le vecteur d'extermination de la faune nigérienne. Les dernières
décennies ont notamment vu se superposer: i) la croissance de la population nationale; ii) les sécheresses
répétées poussant les animaux sauvages vers le Sud très peuplé; iii) l'accès aux armes modernes; et iv) une
longue période de tension armée dans le nord du pays.
La chasse villageoise (coutumière) est autorisée dans un cadre réglementaire. Avec l'appauvrissement de la
faune et l'évolution du concept d'AP, une chasse commerciale particulière s'est développée, basée sur la
vente de droits (élevés) à des chasseurs extérieurs. Des zones cynégétiques ont été définies, notamment en
périphérie des aires protégées dont elles doivent supporter la gestion en apportant des revenus aux
populations périphériques. Quelques dizaines de chasseurs "sportifs" ont ainsi fait rentrer une dizaine de
millions de F CFA pendant plusieurs années. Les produits de la chasse (celle des villageois comme celle
des sportifs qui ne conservent que les trophées) ont - aussi modestes soient-ils - continué à contribuer à la
subsistance des populations rurales.
La stratégie actuelle vis-à-vis de la chasse n'apparaît pas clairement définie. Depuis 2003 elle n'a plus été
ouverte, et il a été question de la fermer totalement. Mais des concessions ont également été accordées les
dernières années. Il est également envisagé de développer du game ranching dans la Réserve de Tamou
(proche du Parc du W).
Des opérations de chasse spectaculaires sur la grande faune sauvage pourtant menacée ont été rapportées
encore récemment dans le Nord et l'Est du pays (safaris de luxe sur les antilopes sahariennes et les
outardes). La plupart des observateurs s'accordent à considérer que ce genre d'écart devrait être totalement
exclu, à la fois directement pour la conservation des populations d'antilopes (il s'agit de populations
résiduelles) et sur le plan de la communication, pour la crédibilité des Services qui gèrent la faune et la
chasse (DFPP).
Eco-tourisme
Le tourisme de vision dans les Parcs nationaux africains – activité qui doit ses lettres de noblesse à des
pays comme le Kenya – s'est développé en même temps que la grande chasse perdait de son importance. Il
est vraisemblable que le tourisme de vision (ou sa version améliorée: l'éco-tourisme) soit d'ores et déjà
autant, si ce n'est plus rémunérateur pour le Niger que ne l'est la chasse commerciale: l'Aïr –Ténéré
(RNNAT + toute la région environnante) reçoit plus de 5000 visiteurs par saison; la zone de Kouré et ses
girafes en a reçu environ 5500 sur l'année 2005; le Parc du W en est encore à 2000/3000 entrées par
saison, et une forte progression est attendue.
Les touristes de l'Aïr-Ténéré viennent autant pour le patrimoine naturel que pour le patrimoine culturel:
paysages et l'espace saharien; mode de vie des populations locales; et sites archéologiques et
paléontologiques. Les limites de la RNNAT ne sont pas déterminantes pour ce tourisme. Les agences de
voyage sont concentrées sur Agadez (plus de 50 agences), et l'activité fait vivre une importante population
(guides, artisans et commerçants, hôtels et restaurants, loueurs de voitures, et autres services).
Les zones humides sont peu exploitées du point de vue touristique, bien qu'elles présentent un fort potentiel.
Quelques rares mares bénéficient de l'organisation d'un service touristique local. Près de Niamey, le fleuve
Niger est particulièrement attractif: les visiteurs viennent y chercher un paysage non urbanisé, la vision du
fleuve et de sa faune d'oiseaux. La simple préservation de quelques îlots (non cultivés) est déterminante
pour l'abondance de l'avifaune.
Dans le Parc du W et la zone de Kouré, les touristes viennent spécialement pour la faune (mammifères et
oiseaux), et aussi pour les paysages de savane, et l'atmosphère des campements en brousse. Des
découvertes archéologiques ont été faites dans le Parc, et leur mise en valeur touristique est attendue
(patrimoine culturel). Le développement de la zone devrait pour une large part bénéficier à Niamey (agences
de voyage et loueurs de voitures), mais les guides, la vente d'artisanat, les futurs éco-gardes seront des
activités des populations riveraines.
Avec 12,1 millions d'habitants (recensement de 2001), une croissance démographique estimée à 3,1% (elle
atteindrait même 3,3 %), et malgré une évolution positive de l'urbanisation, aujourd'hui encore près de 80%
de la population nigérienne est rurale: 7,7 millions de personnes vivent dans des implantations rurales de
moins de 2000 habitants, et 1,5 million dans des petites agglomérations de moins de 5000 habitants
(Hydroconseil 2004). C'est dire combien les conditions d'habitat, d'assainissement et de santé en milieu rural
sont déterminantes pour le pays.
Près des trois-quarts de la population nationale est concentrée dans le 1/4 méridional du pays. Les
conditions de vie en milieu rural sont extrêmement variables d'une région à l'autre, et même d'un secteur au
secteur voisin, mais d'une façon générale, les conditions qui caractérisent la pauvreté - voire l'extrême
pauvreté - sont trop souvent réunies: au minimum 60% de la population nigérienne vit actuellement au-
dessous du seuil de pauvreté, et 86% de ces pauvres sont des ruraux.
Les eaux usées et autres rejets non maîtrisés contaminent le voisinage immédiat de l'habitat, mais souvent
aussi l'aval de la zone, et même dans certains cas les nappes. Cette situation a des incidences importantes
sur la santé des populations: i) les maladies diarrhéiques viennent en 3 e position après le paludisme et les
affections broncho-pulmonaires; ii) le choléra n'est pas présent en permanence, mais il ré-apparaît de façon
récurrente; iii) la bilharziose est très présente (un programme spécial de santé est adressé à cette maladie).
Les rejets d'assainissement ne sont pas les seuls à polluer l'eau de consommation en milieu rural. Des cas
de pollution chimique par les nitrites et les nitrates ont été signalés dans les aquifères des régions de
Tahoua et de Maradi, et dans les aquifères discontinus de la vallée du fleuve Niger. Elles ont des causes
agro-pastorales, résultant soit de l'emploi excessif d'engrais azotés dans certaines cultures (maraîchage ou
périmètres irrigués), soit de concentrations de bétail près des points d'eau. Les pollutions d'origine agricoles
ont toutes les chances d'augmenter là où se développe de l'intensification agricole.
La ville d'Arlit est confrontée à des problèmes de pollution particuliers du fait que l'eau potable est prélevée
dans des aquifères situés dans les couches d'où l'on extrait le minerai d'uranium (voir Mines). Ailleurs,
quelques cas d'autres pollutions, dues selon toute vraisemblance à des causes naturelles, ont également été
signalés (fluor et soufre). Une partie des populations rurales est en outre exposée localement aux effets
d'activités artisanales nocives (tannerie, mécanique auto), d'autant plus difficile à encadrer que beaucoup de
ces activités se situent dans le secteur informel.
Les déchets solides des petites villes constituent un problème qui atteint localement des proportions
impressionnantes. Pourtant a priori la question devrait être bien plus facile à régler en milieu rural que dans
les grandes agglomérations (espace disponible et chaînes de recyclage développées). La mise en place de
services de collecte se heurte à de nombreuses difficultés, notamment le recouvrement des taxes et la
gestion des matériels, et il est clair également que la sensibilisation des populations est un facteur à ne pas
négliger.
Malgré les objectifs définis en 1999 dans le Schéma directeur (SDRE) et l'intervention de très nombreux
projets (notamment des ONG) dans le secteur eau et assainissement, la réponse des pouvoirs publics en
termes d'assainissement rural reste très insuffisante. La SRP souligne le déficit en assainissement; quant à
la SDR, si elle affiche des objectifs ambitieux en matière de réalisation de latrines (porter le taux d'accès à
50%), elle ne prend en compte les autres questions - eaux pluviales, eaux grise, déchets solides - que d'une
façon très marginale. Il a été demandé aux promoteurs de projets de traiter systématiquement aussi de
l'assainissement dès lors qu'ils intervenaient sur l'eau; dans le meilleur des cas les projets installent des
latrines, mais la prise en compte des eaux grises est tout à fait exceptionnelle.
Il manque aujourd'hui une politique et une dynamique nationale explicites dans ce secteur. En outre
l'encadrement institutionnel de l'assainissement rural est particulièrement complexe: il dépend du Ministère
de l'Urbanisme (MUH/DFP DU/SCA), du Ministère de la Santé (MSP/LCE), et des Communes. Beaucoup
d'espoir reposent sur ces dernières, mais on ne peut pas s'attendre à ce que les choses progressent
rapidement, à la fois faute de moyens et faute de perception du niveau de priorité.
Quant à la lutte contre les pollutions, un Service du MHE/LCD leur a été dédié, mais elles nécessitent des
capacités de suivi et d'intervention (sur base à la fois technique et réglementaire) qui ne sont pas réunies
actuellement.
En ce qui concerne la santé, les grandes agglomérations bénéficient d'équipements plus ou moins adéquats,
mais l'habitat rural dispersé en zones déshéritées est particulièrement difficile à couvrir par les Centres de
santé (548 CSI en 2003 sur l'ensemble du territoire) ou même les systèmes plus légers comme les Cases de
santé. De toutes façons, le secteur santé ne dispose pas des moyens suffisants pour gérer à titre curatif tous
les problèmes induits par les déficiences en matière d'assainissement et de lutte contre les pollutions; en
revanche il occupe une position privilégiée pour développer des actions de sensibilisation.
(*) Les taux officiels correspondant à l’AEP rurale sont respectivement de 51% pour 1990 et de 57 % pour
2004. Ce dernier taux a été réajusté à 50% en 2004 dans le cadre du Livre Bleu (SIE).
2.10. Croissance urbaine, assainissement, déchets, pollutions, santé et vulnérabilité dans les
grandes agglomérations
La Communauté urbaine de Niamey avoisine sans doute aujourd'hui 750.000 habitants (le million pourrait
être atteint avant 2010). Hors Niamey, les 5 autres grandes agglomérations du pays totalisent plus de
650.000 habitants; quant aux villes moyennes (de plus de 5.000 habitants), elles sont au nombre d'une
centaine pour un total probable de plus de 1,1 million de personnes (Hydroconseil, 2004). Ainsi décomptée,
la population urbaine du Niger atteint 20%. Le découpage administratif distingue 56 villes, dont 4
Communautés urbaines (Niamey, Maradi, Tahoua, et Zinder) et le reste en Communes urbaines.
Du fait d'un accroissement prévisible de l'exode rural cumulé à la croissance démographique (3,3%), les
estimations donnent dans 10 ans une population urbaine plus de 2,5 fois supérieure à la population actuelle.
Il faut également tenir compte des importants déplacements saisonniers de population vers les centres
urbains. Niamey n'est pas la seule agglomération en croissance; il semble même que l'accroissement des
autres grandes villes aient dépassé celui de la capitale dans la dernière période.
A côté d'un revenu minimum, de l'accès à l'eau potable et à une alimentation convenable, la disposition d'un
habitat salubre est parmi les plus importants indicateurs de pauvreté urbaine. De ce point de vue les
agglomérations du pays, et particulièrement Niamey, nécessitent encore de grandes améliorations.
L'eau potable est distribuée par la SEEN à une partie des populations urbaines, tandis qu'une autre partie
bénéficie de PEM; mais, à Niamey par exemple, il y a aussi des quartiers péri-urbains informels qui ne
disposent que de puits traditionnels. Ces puits sont particulièrement sensibles aux diverses pollutions qui
caractérisent les milieux urbains. A Niamey une étude a mis en évidence que les eaux de beaucoup de ces
puits sont polluées: nitrates, pollution bactériologique, et autres polluants (UNESCO, 2002).
Le niveau d'assainissement individuel en ville est bien supérieur à celui du milieu rural (ici 70% des habitants
disposent d'un assainissement amélioré), mais les conditions laissent toujours une large place à l'insalubrité:
i) pas de réseau collectif d'assainissement; ii) déchets des latrines évacués sans règles; iii) eaux de pluie
drainées par des fragments de réseau; iv) beaucoup de rejets industriels non traités; v) ordures ménagères
gérées seulement partiellement.
Niamey – c'est vrai aussi pour les autres agglomérations nigériennes - ne dispose pas d'un réseau
d'assainissement collectif pour les eaux usées. En outre, il semble que cette situation ne soit pas perçue
comme préoccupante, ni par l'essentiel de la population, ni par les autorités ou responsables politiques.
Pourtant les conséquences sanitaires sont lourdes, d'autant que dans cette situation, même avec des
latrines dans la majorité des foyers, les déchets issus de ces latrines sont le plus souvent évacués sans
règles (vers des espaces non construits, les bords du fleuve, ou même au fleuve). On trouve ici une grande
part de la responsabilité des maladies hydriques dont souffrent les populations urbaines (contamination
directe pour les enfants; pour les adultes contamination par les produits maraîchers, ou encore par les
produits de la pêche), mais – encore une fois – la relation de cause à effet n'est pratiquement pas perçue
par les personnes concernées.
Un schéma d'assainissement de la ville de Niamey a été ébauché par la coopération japonaise en 2001, en
même temps qu'une station d'épuration pilote était construite. Jusqu'à aujourd'hui ces éléments n'ont pas fait
l'objet de développements complémentaires.
Contrairement aux eaux grises, le drainage des eaux de pluie dispose à Niamey d'un réseau urbain. Mais ce
réseau est constitué de tronçons qui ne sont pas tous interconnectés, ne débouchent pas nécessairement
sur une zone de rejet, et de toutes façons ne sont que très partiellement entretenus. Le résultat de cette
situation intermédiaire s'avère plus malsain qu'une absence totale de drainage: les eaux stagnent -
entraînant notamment la prolifération du paludisme - et servent de réceptacle aux déchets polluants non
évacués par ailleurs.
Une série d'établissements urbains (grands et moyens) présentent de lourdes potentialités de pollution: les
établissements industriels (à Maradi et Niamey), et certains établissements de services comme les hôpitaux,
les grands hôtels, ou les centres de recherche. Ainsi à Niamey, plus de 430 établissements sont classés,
parmi lesquels 300 sont des ateliers et des garages. Les unités industrielles les plus importantes sont les
suivantes: 3 unités dans l'agro-alimentaire (dont 2 sont particulièrement polluantes: abattoir et brasserie); 3
unités dans la chimie (dont 1 polluante: SPCN); 2 unités dans l'énergie (peu polluantes); 2 unités dans le
textile (très polluantes: ENITEX et tannerie).
Il s'agit de pollutions soit physico-chimiques, soit bactériologiques. Les rejets contiennent en proportions
variables des matières organiques dissoutes et en suspension, et des métaux. Quelques établissements
gèrent convenablement leurs effluents (décanteur, station à boues activées, incinérateur), mais ils
constituent l'exception: Hôpital de Niamey et Société laitière (SOLANI) sont parmi ceux-là. D'autres
responsables d'établissement se sont d'ores et déjà préoccupé du traitement des eaux usées, mais une
partie importante du chemin reste à parcourir.
Les déchets solides urbains (ordures ménagères) constituent une autre préoccupation commune aux
agglomérations. A la différence des eaux usées, ils sont clairement perçus comme un obstacle à la salubrité
publique par les populations. A Niamey, les autorités locales se sont limité pendant longtemps à mettre à
disposition des espaces ouverts dits points de collecte, à partir desquels une évacuation hors de la ville était
organisée, parvenant à traiter ainsi environ 50% des volumes. Depuis quelques années, diverses initiatives
collectives ou privées (micro-entreprises) se sont développées dans le secteur, au niveau de la collecte
primaire. Une dynamique de coopération est en cours avec la Communauté urbaine de Niamey.
La destination de ces volumes de matières diverses semble avoir gardé un caractère partiellement informel:
une partie des ordures ménagères est recyclée comme amendement agricole (ce qui pose problème
notamment au niveau des plastiques), tandis qu'une autre partie serait utilisée pour des remblais,
spécialement au bord du fleuve, posant également un problème de dissémination des plastiques (PRI-U,
2001).
Cette forte proportion de plastiques dispersées sur le domaine public dans les déchets urbains a entraîné
une réaction qui s'est traduite techniquement par la mise au point d'un procédé local de recyclage
particulièrement inventif (confection de briquettes de pavement).
Enfin, et toujours à Niamey, la pollution de l'air n'est pas en reste (effet local + effet global). C'est le parc
automobile (vétusté du parc) qui détient l'essentiel de la responsabilité, même si les foyers de cuisson des
aliments dans une ville de 750.000 personnes contribuent pour leur part. La circulation automobile dans
certains secteurs gagnerait à être rendue rapidement plus fluide. Les industries introduisent aussi dans les
basses couches atmosphériques divers produits polluants ou nocifs.
La lutte contre les pollutions urbaine est sans doute plus aisée à aborder qu'en milieu rural, parce qu'elle est
plus visible et interpelle plus de personnes, mais aussi parce que des capacités de contrôle, de suivi et de
réaction sont plus facile à mobiliser. La participation active de certains industriels est également un atout.
Une Stratégie de gestion de l'environnement urbain a été préparée en 2001 (PRI-U). Elle identifie des axes
d'intervention à même d'enrayer les problèmes les plus lourds et les plus urgents, tels que la pollution des
nappes, la pollution industrielle, la gestion des déchets, la création de conditions minimales d'hygiène et de
sécurité dans les quartiers péri-urbains informels (l'un des objectifs de la SRP). Les solutions passent
notamment par une véritable éducation sanitaire de la population; elles nécessitent également des
investissements conséquents, et donc un engagement politique clair sur ces questions urbaines.
Le Niger a souscrit à l'approche du développement durable dès 1995, et a été d'une certaine façon
précurseur avec l'Engagement de Maradi sur la lutte contre la désertification qui date de 1984. Un Plan
national de l'environnement pour un développement durable (PNEDD, qui tient lieu d'Agenda 21 pour le
pays) et un Programme d'action national de lutte contre la désertification et de gestion des ressources
naturelles (PAN-LCD/GRN) ont été produits en 1998, de même qu'une Stratégie nationale et plan d'action en
matière de diversité biologique (SNPA/DB).
Le Schéma directeur de mise en valeur et de gestion des ressources en eau (SDRE, 1999) et la Stratégie
nationale de développement de l'irrigation et de la collecte des eaux de ruissellement (SNDI/CER, 2003) ont
apportés des éléments plus sectoriels, de même que la Stratégie énergie domestique (SED), la Stratégie
nationale et plan d'actions sur les énergies renouvelables (SN/ER, 2003), et la Stratégie nationale de gestion
de l'environnement urbain (2001).
La liste de ces plans et stratégies est longue désormais (voir Annexe technique), mais leur mise en œuvre
reste insuffisante, entravée par de nombreux facteurs parmi lesquels: i) les faibles moyens des services et
notamment des services déconcentrés; ii) une traduction insuffisante des politiques en textes
réglementaires; iii) la multiplicité de ces stratégies et plans, avec parfois des incohérences ou un manque de
pragmatisme; iv) l'absence de schéma national d'aménagement du territoire, qui fait défaut pour certains
volets; v) des phénomènes de concurrence entre institutions.
Depuis 2002, le document politique de référence nationale est la Stratégie de réduction de la pauvreté
(SRP). Cette stratégie a pour objectif, d’ici 2015, de réduire le pourcentage de la population qui vit en
dessous du seuil de la pauvreté de 66% à 52% par (i) la création d’un cadre macro-économique stable ; (ii)
le développement des secteurs productifs; (iii) l’amélioration de l’accès des démunis aux services sociaux et
de base; et (iv) la promotion de la bonne gouvernance et le renforcement des capacités. Il a par ailleurs été
considéré que le PAN-LCD/GRN était intégré à la SRP.
Trois secteurs prioritaires ont été retenus en tant que prolongement de la SRP: l'éducation, la santé, et le
développement rural, ce dernier secteur se voyant assigné le rôle de moteur de la croissance économique.
Pour chacun des secteurs, il est prévu de passer rapidement à l'approche- programme et d'utiliser dès 2007
un cadre de dépense à moyen terme (CDMT). L'environnement est présent dans le secteur santé, et surtout
dans le secteur développement rural.
En 2003 une Stratégie de développement rural (SDR) a été adoptée par Décret; elle est considérée
désormais comme cadre unique de référence en matière économique et sociale pour le développement
rural. Elle s'articule autour de trois axes: i) favoriser l’accès des ruraux aux opportunités économiques; ii)
prévenir les risques, et gérer durablement les ressources naturelles; iii) renforcer les capacités pour
améliorer la gestion du secteur. La SDR a été déclinée en programmes et en sous-programmes entre
lesquels - pour des raisons de pragmatisme - les projets existants sont dispatchés, en même temps que les
attributions respectives des Services sont prises en compte.
En novembre 2005 a été présentée la synthèse des travaux de la Consultation sectorielle sur
l'environnement et la lutte contre la désertification, laquelle se traduit par un Plan d'action à moyen terme
(PAMT), décliné en 14 sous-programmes, eux-mêmes rattachés aux programmes de la SDR. Les objectifs
retenus pour le PAMT Environnement et Lutte contre la Désertification sont les suivants:
Créer les conditions d'une gestion durable des ressources naturelles au niveau local
Poursuivre et intensifier les efforts d'information et de sensibilisation des populations
La place de l'environnement dans les priorités nationales apparaît ainsi clairement: l'environnement n'est pas
prioritaire en temps que tel, mais il vient au premier plan par le biais de la lutte contre la désertification et
plus généralement du développement rural, qui eux sont des secteurs leaders. A contrario différents aspects
sectoriels se trouvent de ce fait plus ou moins écartés des priorités:
i) environnement et cadre de vie urbain; ii) environnement, santé et pauvreté; iii) pressions des
aménagements sur l'environnement.
La cohérence entre politiques est plutôt satisfaisante lorsqu'on examine le contenu de la SRP et de la SDR,
et même celui du PAMT/E/LCD (quoique la coordination ait fait défaut pendant l'élaboration de ce dernier).
La situation est plus imparfaite pour les autres instruments. Plusieurs des plans et stratégies antérieurs
s'ordonnent autour du PNEDD, et (tel le PAN-LCD) manquent de l'actualisation qui caractérise la phase
SDR. Quant aux stratégies plus sectorielles (eaux, urbain, énergies), chacune a été conçue
indépendamment des autres, et elles n'ont pas bénéficié d'une mise en cohérence a posteriori, sans que
cela nuise notablement à leurs qualités.
Tableau 3-1: Adéquation des réponses apportées par les politiques, stratégies et plans d'action
pour l'environnement aux contraintes identifiées préalablement
Ressources en terres / Conservation des sols / Domaine très dynamique, même si une
Gestion agro-pastorale des terres planification et une stratégie précise ne sont pas
- Engagement de Maradi toujours sous-jacentes
- Principes directeurs de la politique de DR Très nombreuses actions en LCD-GRN (projets)
- Principes d'orientation du Code Rural Code Rural à la base des COFO, outil foncier
- PNEDD et PAN-LCD/GRN Forte incidences attendues de la décentralisation
- SN Dev. Irrigation /Coll. Eaux de Ruissellement
- SRP + SDR (grande partie des programmes)
Assainissement et santé en milieu rural SDRE: objectif 2000 pour le taux d’accès à
- Politique sectorielle de santé l’assainissement en milieu rural: 50 %
- Réunion sectorielle sur l'eau et l'assainissement Prise en charge par les Communes attendue; elles
n'en auront pas les moyens avant quelques temps
Questions-clé Mesures
Décentralisation pour une participativité Mise en place des collectivités locales devenue
accrue des populations obligation de l'Etat par la constitution du 09/08/99
Démarrage: 2001; élections communales: 2004
Collectivités territoriales en 3 niveaux: régions,
départements, communes
Les Maires - récemment élus - des communes devront
assumer certaines fonctions au nom de l’Etat
Processus en phase de démarrage (Portage politique;
fonctionnement du HCRAD; coordination des
administrations impliquées; financement des communes
… n'ont pas encore atteint un niveau satisfaisants)
Protection de la faune dans les AP Décret renforçant les revenus des populations dans la
valorisation des AP par le tourisme (en préparation)
Projet de classement de Termit (effet positif oblitéré par
des épisodes de chasse illégale) en préparation
Le cadre législatif et réglementaire en matière d'environnement au Niger comprend notamment pour les
dernières 15 années les principaux textes suivants:
Les Principes directeurs pour une politique de développement rural constituent une avancée importante, en
ce qu'elle font de la gestion des ressources naturelles et de la participation des populations des priorités de
la politique de développement rural.
Les POCR fixent le cadre juridique des activités agricoles, sylvicoles et pastorales dans la perspective de la
protection de l’environnement et de la promotion humaine. Ils assurent la sécurité des opérateurs ruraux, par
la reconnaissance de leurs droits. Les institutions chargées de la mise en application du Code Rural, les
COFO, seront implantées par la suite, puis verront leurs capacités renforcées.
La prédominance du cadre bassin hydrologique et hydrogéologique est reconnue dans la loi portant régime
de l'eau, afin de causer le minimum de perturbations au cycle hydrologique, à la quantité et à la qualité des
eaux. C'est essentiellement à ce niveau que les UGE trouvent leur origine.
Les responsabilités générales des régions sont : la protection de l’environnement et la conception des plans
de gestion des ressources naturelles dont les couloirs de passage. Les départements sont chargés de la
mise en œuvre et de la coordination des programmes de développement élaborés par la région. Les
communes sont chargées de tous les services publics qui, du fait de leur nature ou de leur importance, ne
relèvent pas de l’Etat, de la maintenance des puits, la protection de l’environnement et la promotion des
activités dans les domaines de l’agriculture, du pastoralisme, de la pêche, etc.
L'ensemble des textes constitue une base nationale tout à fait utilisable pour la protection de
l'environnement (même si elle reste améliorable). Toutefois, ces textes, lorsqu'il s'agit de lois ou
d'ordonnances, nécessiteraient pour leur mise en œuvre d'être tous prolongés par les décrets d'application
ad-hoc, ce qui, sauf exception, n'est pas le cas. Par ailleurs, il serait également nécessaire que les Services
– et notamment les Services déconcentrés - aient des moyens en personnel et en budget bien supérieurs à
ceux dont ils disposent. Il s'en suit que malgré l'existence d'un cadre législatif convenable, l'application des
textes sur le terrain reste très largement insuffisante.
Protection des ressources naturelles - Création des Réserves Aïr-Ténéré (Décrets en 1988)
- AP - Principes orientations du Code rural: un axe prioritaire
- PO Code Rural "Conservation des ressources naturelles"
- Mise en valeur des ressources rurales - Mise en valeur des ressources rurales: basé sur
- Chasse et protection de la faune l'exploitation rationnelle et durable; protection,
(UNFCCC) / 1992
Convention-cadre des Nations Unies sur la diversité biologique / 1992 1995 CNEDD
Convention sur la lutte contre la désertification dans les pays gravement 1996 CNEDD
touchés par la sécheresse et/ou par la désertification (CCD) / 1994
Convention de Rotterdam sur […] produits chimiques et pesticides en cours MDA/DPV
dangereux qui font l'objet d'un commerce international / 1998
Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants / 2001 en cours MDA/DPV
Source: DE/DLPN
La responsabilité des AME, qui comprend la supervision du respect de chaque Convention sur l'étendue du
territoire, et l'élaboration des rapports de pays, est au Niger dispatchée entre au moins 5 Services. Trois
d'entre eux interviennent directement sur les questions d'environnement; un 4e intervient dans un secteur de
production (agriculture).
Dans la pratique la mise en œuvre de ces différents accords internationaux se heurte à plusieurs facteurs
lourds: i) manque de moyens humains et de ressources financières; ii) insuffisance notoire de suivi et de
données statistiques; iii) insuffisances importantes de textes d'application nécessaires, notamment en ce qui
concerne la définition de normes nationales; iv) absence des instruments de mesure adaptés aux besoins
(pollutions et produits chimiques)
Autres accords
La participation au NEPAD constitue un engagement politique continental au plus haut niveau. Il concerne
notamment les points suivants:
- Prestations de service public: l'énergie, l'eau, la protection de l'environnement, des capacités régionales de
recherche
- Priorité à la consolidation des capacités pour améliorer l'efficacité et rationaliser les structures régionales
existantes
- Recommander des priorités et des stratégies de mise en œuvre de projets régionaux incluant: génération
d'énergie hydroélectrique, réseau de transport d'énergie électrique, gazoducs
- Mettre en œuvre des stratégies régionales de développement durable pour compenser les pertes de
ressources écologiques
- Investir dans les technologies de l'information
Les principaux accords régionaux en matière d'environnement concernent: i) le CILSS (1973); ii) les bassins
hydrographiques transfrontaliers: Autorité du Bassin du Niger (ABN, 1980), et Commission du Bassin du Lac
Tchad (CBLT, 1964) pour le Lac Tchad; et iii) la Commission Mixte Nigéro-Nigeriane de Coopération
(CMNNC), et l'Autorité de Développement de la Région du Liptako Gourma (ALG, 1970).
L'ABN bénéficie d'une longue expérience (forme ABN précédée par la CFN). Son instance suprême est la
conférence des chefs d'Etat, ce qui lui confère une assise politique au plus haut niveau. Le fleuve Niger a
bénéficié de l'élaboration d'un document cadre de politique régionale intitulé Vision partagée 2025. Au Niger,
l'approche GIRE est en cours d'application dans le cadre de l'ABN, le bassin du fleuve étant par ailleurs
concerné au premier chef par la mise en place des UGE. Le programme Kandadji, pièce centrale du
développement de la vallée dans sa partie nigérienne, en est actuellement à une phase intermédiaire où
l'intégration régionale reste à finaliser.
La CBLT a pour finalité l’approche coordonnée de l’utilisation équitable des eaux du bassin du Lac Tchad.
La CMNNC est une organisation de coopération multi-sectorielle. Un accord relatif au partage équitable de
la mise en valeur, de la conservation et de l’utilisation des ressources en eau communes a été signé en
1990. L'ALG a pour objectif principal d'exploiter en commun les ressources régionales. Cette dernière a
adopté en 1999 une Stratégie de développement pour la région, au sein de laquelle la protection de
l'environnement est explicitement définie parmi les objectifs spécifiques permettant de lutter contre la
pauvreté.
Distribué sur 3 pays, le Parc du W constitue un autre pôle important; il a bénéficié en 2002 du premier
classement Réserve MAB transfrontalière en Afrique. Il a été retenu par l'ABN comme pôle régional de
développement de l'éco-tourisme.
Les relations des populations avec leur environnement – et donc avec les ressources naturelles dont ils
bénéficient – sont en grande partie régentées par des règles sociales qui sont partie intégrante du
patrimoine culturel local. Dans un milieu contraignant où les ressources sont fragiles et partagées par
plusieurs groupes sociaux d’utilisateurs, l’homme a établi des règles d’accès aux ressources. Ces règles,
dont l‘organisation sociale traditionnelle se porte garante, régissent entre autre l’accès à la terre, le maintien
de la fertilité des sols, l’accès aux points d’eaux, les relations entre agriculteurs et éleveurs, etc. Cet aspect
culturel de la gestion de l’environnement n'est pas toujours suffisamment pris en compte. Sujet d'étude des
ethnologues et sociologues, il a tendance à disparaître des préoccupations quand un programme moderne
est conçu.
Sur les bases d'une législation promulguée en 2001 et 2002, le Niger a mené à bien les premières étapes
concrètes de la décentralisation, avec des élections communales qui ont eu lieu en 2004. La participation
des populations au contrôle du développement devrait selon toute vraisemblance se trouver facilitée par le
fonctionnement des Communes avec leur conseil élu. A court terme cette progression se heurte à de
nombreuses contraintes, essentiellement liées à la faiblesse des capacités et des moyens au niveau local;
des investissements importants seront nécessaires.
L'évolution récente de la gestion des ressources forestières dans le cadre de la Stratégie énergie
domestique a d'ores et déjà conduit à une prise en main des espaces boisés par les communautés de
bases, autour de l'organisation des marchés ruraux de bois (voir aussi la Loi régissant le régime forestier).
Dans ce cas très spécifique, il est manifeste qu'une bien meilleure gestion des espaces forestiers a résulté
de la décentralisation des pouvoirs. De même, il y a également participation des populations à la
planification et à la gestion des ressources dans le cas de l'Aire protégée Parc du W avec l'appui du projet
régional UE et le support d'une réglementation.
Les Comités villageois – dont la création est suscitée par la majorité des projets – offrent d'autres
procédures de participation, même si leur formalité se limite souvent au cadre du projet. Les femmes y ont
en général une place réservée. Les coopératives relèvent du secteur formel (législation de 1996) et sont très
développées (plus de 5000 dans le pays). Enfin de nombreuses ONG nationales et internationales tournées
vers l'environnement (rural ou urbain) sont présentes sur place et offrent des canaux supplémentaires de
participation à des membres de la société civile dans le cadre des multiples commissions et réunions.
Un Système de management environnemental (SME) a été adopté par quelques acteurs importants du
monde industriel, à l'instar des entreprises exploitant le minerai d'Uranium. La pression internationale dans
ce sens est assez forte, et l'on peut notamment s'attendre à une évolution sensible des sociétés opérant au
Niger et appartenant à des groupes européens.
Le MHE/LCD comporte:
- Trois Directions consacrées à l'hydraulique, et des Directions déconcentrées de l'hydraulique
- La Direction de la Faune, Pêche et Pisciculture (DFPP), la Direction de l’Environnement (DE), le Bureau
pour les Etudes et Evaluations d'Impacts (BEEEI), et la Brigade territoriale, future Direction de la protection
de la nature, qui appuie DE et DFPP; ainsi que des Directions déconcentrées avec des personnels de terrain
(DRE + DDE + Postes forestiers); la création d’une Direction Générale des Eaux et Forêts a été annoncée.
- La DE au niveau central comprend les Divisions: DSCF, DFN/GT, DRRR, DLPN/ACV; trois de ces divisions
sont liées à la forêt, rappel de la relation étroite de cette institution avec le corps de Eaux et Forêts; la
dernière est dédiée à la lutte contre les pollutions.
- La DFPP au niveau central comprend les Divisions: F&C, AP et apiculture, Pêche et aquaculture,
Vulgarisation et statistiques.
- Le BEEEI, indépendant des autres directions, fonctionne avec son réseau d'experts et ses points focaux
dans les Ministères.
Les agents forestiers (postes forestiers) constituent la base du tissu territorial sectoriel. En 1980 l'effectif
national était de 8 ingénieurs et 109 agents d'exécution; en 1990 il a atteint le total de 419 agents; et en
2003: 845 agents.
Les représentations locales, et à un moindre niveau les Services centraux, souffrent pour la plupart d’un
manque de ressources humaines et de moyens. L’évolution actuelle du pays, qui tend vers une
décentralisation intégrale va vraisemblablement affecter cet équilibre, mais pas nécessairement l'améliorer.
L'articulation des Services n'apporte pas toujours la souplesse nécessaire. L'attribution de certaines tâches
n'est pas définie clairement; il existe des recoupements et des chevauchements sur certains points:
- Les Directions de l'Hydraulique au MHE/LCD ont en charge la connaissance des ressources en eau et
l'approvisionnement des populations humaines et du bétail; l'hydraulique agricole dépend du MDA, et les
infrastructures d'hydraulique pastorale du MRA.
- La météorologie est traitée à la Direction Météo du Ministère des Transports (relation avec l'aviation civile)
- Le Dispositif de Prévention et de Gestion des crises alimentaires s'appuie sur la DPV au MDA
- La régulation des pesticides dépend du MDA
- Le tourisme dans les AP dépend du Ministère du Tourisme, mais les activités sont placées sous la
surveillance de la DFPP, avec éventuellement une co-gestion par les communautés locales
- L'assainissement dépend du Ministère de l'Urbanisme (DU/SCA), des Communautés urbaines et autres
Communes, mais aussi du Ministère de la Santé pour les normes, et du Ministère de l'Equipement pour les
travaux
- L'environnement urbain (qui comprend urbanisme + AEP + assainissement + déchets + espaces verts +
gestion décentralisée) est l'un des exemples les plus complexes
- Certains des projets, notamment ceux d'ONGs, introduisent parfois des volets non coordonnés avec les
Services de l'Etat
Les multiples projets (et l'appui des partenaires du développement en général) influent considérablement sur
le fonctionnement de tout le système institutionnel. Des distorsions de fonctionnement apparaissent au
niveau de différents Services: ainsi beaucoup de projets font des études d'impact, mais l'implication du
BEEEI n'est pas fréquente (seulement une dizaine d'EIE de projets en 2004); autre exemple, la gestion de la
crise alimentaire: les bailleurs qui sont intervenus n'ont pas misé pleinement sur les institutions nationales
dédiées. En outre, et dans le même ordre d'idée, les structures gouvernementales sont fréquemment en
compétition les unes avec les autres pour obtenir la tutelle d'un projet. Le financement de projets a tendance
à perturber la logique organisationnelle gouvernementale.
Les ONG internationales d'environnement ont actuellement une présence assez discrète au Niger en
comparaison d'autres pays. Parmi les plus actives: Africa 70, SOS Sahel International, et dans le domaine
urbain: AFVP, SNV, DED, OXFAM Québec, Care International.
Au niveau des ONG nationales d'environnement, le tissu est dense (concentré sur la capitale), mais le
vecteur institutionnel que constitue le statut d'ONG semble avoir été mis à profit par une multitude de
personnes désireuses d'offrir des prestations de services (notamment dans le cadre des projets, source
manifeste de revenus). Seules quelques ONG ont su montrer leurs capacités jusqu'à présent, comme
Karkara ou ABC Ecologie. L'évolution de l'ONG Karkara (intervenant au niveau des Marchés ruraux de bois
ou des comptoirs de feuille de doum), qui a bénéficié d'un soutien prolongé de l'organisation internationale
AFVP, constitue un exemple remarquable. Il existe aussi un réseau d'ONG spécialisées (REDD-Niger).
Les institutions de recherche en environnement présentes à Niamey sont nombreuses. Toutefois, en raison
notamment des objectifs spécifiques à chaque organisme, le développement national ne profite pas
pleinement de ces ressources.
Les principales institutions nationales de recherche et de formation sont: i) l'IRAN notamment compétent en
floristique, agro-foresterie, LCD, GRN, suivi d'écosystème; ii) l'Université Abdou Moumouni, lieu d'activités
nombreuses et variées (études, herbier et arboretum) avec ses facultés: Agronomie; Sciences, Lettres et
Sciences Humaines; Géographie; et Sciences Economiques et Juridiques; iv) l'IRSH; v) l'IPDR à Kollo; vi) le
Centre de Formation Forestière de Torodi.
Parmi les sociétés de services une place centrale est occupée par la SEEN qui distribue l'eau dans les
villes. Les organisations professionnelles et les coopératives (très nombreuses) constituent un univers
extrêmement diversifié. Quelques exemples: Association Nationale des Exploitants de Bois (ancien);
Association Nationale des Professionnels de la Gomme Arabique (ANGA); Association Nationale des
Tradipraticiens (ANT); Association des Aquaculteurs; Coopératives Apicoles; Association des Professionnels
en Etudes d'Impacts sur l'Environnement (ANPEI). Des entrepreneurs privés ont fait des interventions
remarquées, comme les plantations de gommier de Sorey, avec culture intercalaire d'arachide.
Les médias jouent un rôle actif dans la sensibilisation environnementale depuis quelques années,
spécialement les radios: publiques, privées (plus de 100 stations), rurales et communautaires (environ 80),
vecteur de sensibilisation à l'environnement très efficace dans le monde rural (on l'écoute dans les champs),
supporté par les efforts d'individus, de groupes, d'ONG ou de projets. Le milieu des Arts et spectacles
participe également à la sensibilisation et à l'information environnementale, notamment avec le Festival du
Film sur l'environnement, les diverses Journées Mondiales (de l'Environnement, de la LCD, des Zones
Humides), et encore la Fête de l'arbre (3 août), le Mois du gommier …
Il ne serait pas possible de clore ce tour d'horizon sans parler des Projets, qui interviennent à deux niveaux
très importants dans ce tissu institutionnel de l'environnement. D'un côté les Cellules de coordination de
projet et autres Unités locales distribuées à travers le pays fonctionnent bien souvent comme de véritables
Agences locales pour la GRN et l'environnement, distribuant les conseils et assurant le suivi. On rappellera
que les projets sont au coeur d'une très large proportion des activités locales du secteur environnement.
D'un autre côté, sous l’impulsion des projets, de multiples comités de gestion villageois se sont formés
localement. Ceux-ci participent effectivement à l'élaboration des règlements régissant l’accès aux
ressources naturelles dans les zones d’intervention des projets. Certains observateurs reprochent toutefois à
cette procédure de ne pas être endogène (les villageois ne créent le comité que pour que le projet se
développe) et de se superposer aux chefferies et autres structures institutionnelles pré-existantes. La
signification réelle de l'ouverture à la participation des femmes (voir ci-dessous) est mise en doute sur les
mêmes bases (LASDEL, 2005).
Le rôle des femmes dans la gestion de l'environnement est déterminant même s'il n'est pas toujours visible
pour un observateur extérieur. Elles interviennent dans les activités de production, et surtout à tous les
niveaux de la vie domestique, notamment au niveau de l'énergie (une énergie de substitution devra être
adoptée par les femmes pour réussir sa diffusion). Les femmes constituent également les cibles privilégiées
de sensibilisation pour la qualité de l'eau, l'hygiène et la santé.
La question des femmes est régulièrement soulevée par les appuis externes (projets) qui leur favorisent des
créneaux de participation et d'ouverture à l'économie monétaire. En revanche, elles n'occupaient jusqu'à
présent qu'une place modeste dans le tissu institutionnel national. Le Niger vient tout récemment de prendre
des engagements pour que cette situation évolue.
Il existe diverses catégories de droits et taxes dont la perception est en rapport avec l'environnement: les
droits sur l'eau; les taxes sur la coupe et la vente de bois; les droits de pêche; les droits de chasse; les taxes
sur la fréquentation des AP; et encore les droits d'exploitation minière. Dans la pratique, les revenus
correspondant ne contribuent que très modestement au fonctionnement du secteur, soit à cause de leur
modestie, soit par difficulté de perception, soit plus généralement parce que ces prélèvements s'insèrent
dans un contexte où l'informel domine les échanges.
Finalement c'est le financement direct des activités et les apports effectués par les projets qui constituent les
ressources principales du secteur environnement. On peut rappeler que 80% du budget national provient
des donateurs (2002).
Cette focalisation sur les projets pour obtenir un financement de l'environnement est en quelque sorte une
dérive. En 2003, avec l'approbation de la SDR comme cadre unique, et plus récemment à l'automne 2005
avec le ré-alignement du PAMT dans ce cadre de la SDR, une avancée majeure semble se dessiner, même
si par certains aspects la phase n'est encore que transitoire.
Le nombre d'Aires protégées au Niger est limité: i) Réserves de l'Aïr–Ténéré (2 aires concentriques); ii)
Réserve de Gadabéji; et iii) Parc du W et de ses zones connexes (3 aires contiguës) en continuité avec les
parties béninoise et burkinabé du Parc du W. Les AP du Niger n'ont pas de plan de gestion et
d'aménagement; la mise en réseau est envisagée, mais elle se fait attendre, de même que la création
d'autres aires (Termit en projet avancé); les inventaires ne sont pas faits.
Les dimensions de la RNNAT sont considérables: 7,7 millions d'hectares. Le classement MAB a été étendu
à une superficie encore plus grande (24 millions d'hectares). La RNNAT est gérée par la DFPP sur la base
d'un personnel et d'un budget réduits; il y a un seul poste fonctionnel. La région bénéficie d'un flux
touristique important qui ne semble pas suffisamment valorisé au niveau de l'AP.
Le Parc du W du Niger a reçu le soutien du grand projet régional ECOPAS de la CE; la partie nigérienne a
été classée Réserve MAB avec les Réserves contiguës (et la zone des girafes de Kouré), puis c'est le Parc
transfrontalier dans son ensemble qui a été classé MAB.
La gestion dynamique de cette AP est actuellement le meilleur exemple national: i) petite équipe de la DFPP
en place (3 cadres + une quinzaine d'agents), épaulée par des auxiliaires locaux; ii) petit réseau de pistes et
d'observatoires maintenu en état; iii) des scientifiques sont sur place, travaillant sur des sujets variés; iv)
campement à l'intérieur du Parc, et hôtel en périphérie sont fonctionnels; v) une quinzaine de guides
accompagnent les visiteurs.
Les instituts d'enseignement supérieur et de recherche (notamment l'Université) n'ont pas pour objectif de
gérer les problèmes environnementaux, mais de contribuer à élaborer des solutions ou de former les
capacités. Il manque une institution nationale chargée du suivi environnemental: une piste (Centre National
de Suivi de l'Environnement) a été proposée dans le PAMT.
Le rôle des projets est, sur cette question de suivi et d'indicateurs, particulièrement déterminant: le suivi des
projets est en général réalisé en interne et en externe. Les gestionnaires de l’information sur les ressources
naturelles et l'environnement existant au Niger sont les suivants: SIGNER; SIRN CGRN; SIG du CRA;
ICRISAT; DSCF / MHELCD. Le Système d'Informations Géographiques du Niger (SIGNER), se distingue en
étant un outil de planification, de gestion et d’aide à la décision aujourd’hui performant, et cité en exemple à
l’échelon international. Il a été développé sur l'eau, et permet l’analyse spatiale des données sur l’offre et la
demande, ainsi que l'intégration d'autres catégories de données, notamment dans les domaines socio-
économiques et environnementaux (l'existence de ce système n'a pas encore pu être pérennisée à ce jour).
Dans le cadre du PAFN a été instauré un dispositif DE-Université-DFPP de suivi environnemental des forêts
aménagées (structure et composition des peuplements, biomasse, biodiversité, faune et situation socio-
économique). Il existe aussi un programme de surveillance systématique des espèces fauniques menacées
(girafe + lamantin). AGRHYMET réalise un suivi agro-hydro-météo sur une base de 10 ans. Un Système
permanent d'Alerte Précoce et de Gestion des Catastrophes (SAP/GC) est en place; il fonctionne
essentiellement en mode curatif et non en préventif. Un Système National d'Information sur la Santé est
installé au MSP/LCE.
Les observatoires ROSELT constituent un dispositif de très haute performance, mais ils sont conçus pour
une échelle sous-régionale et ne seront pas directement productifs au Niger avant une assez longue
période. La thématique ROSELT au Niger repose sur les observatoires suivants:
- Falmey-Gaya: Biodiversité / Zones humides
- Tamou: Dynamique de la transhumance / Occupation des terres
- Torodi-Dantiandou-Tondikandia: Dynamique des systèmes de production / Hydrologie / Foresterie
- Tahou-Keita-Tillabery Nord: Impact des projets de restauration des terres
- Azawak: Foncier / Pastoralisme
- Aïr-Ténéré: Biodiversité/ Aires protégées
- Zinder: Dynamique des systèmes de production/ Foncier / Faune sauvage
- Diffa: Dynamique de l'ensablement
- Maradi: Dynamique d'intensification des systèmes agraires
De très nombreux indicateurs de suivi environnemental ont d'ores et déjà été proposés (ex.: indicateurs de
diversité biologique en cours d'élaboration au CNEDD) mais, en raison de l'extrême faiblesse de disponibilité
de données environnementales fiables, une grande partie est impossible (ou au moins très difficile) à mettre
en œuvre dans des délais normaux.
Les indicateurs environnementaux proposés par le PNUD en 2002 (voir Annexe technique) sont répartis en
trois catégories: GRN, biodiversité, et cadre de vie. Ils constituent une première ébauche intéressante,
même si, dans un premier temps, ils n'ont pas été associés aux critères d'acquisition qui leur confèreraient
une meilleure opérationnalité: niveau de disponibilité, périodicité à adopter, sources des informations de
base. En outre, une partie de ces indicateurs, notamment ceux listés dans la catégorie GRN, pourrait
vraisemblablement être convertis sous une forme plus pertinente.
L'approche "indicateurs" adoptée dans la SRP, et spécialement dans la révision de 2005, est beaucoup plus
directement opérationnelle (critères d'acquisition renseignés). Il ne s'agit pas d'indicateurs
environnementaux a priori, mais une partie d'entre eux est plus ou moins directement utilisables à cette fin.
Par exemples: i) le chiffre d'affaire généré par le tourisme va être lié à l'essor de l'éco-tourisme, lui-même
facteur favorable à la conservation; mais les proportions restent inconnues; ii) la croissance de la production
minière sous-entend une multiplication des risques de pollutions; mais les entreprises peuvent avoir
consenties dans le même des efforts de réduction des impacts.
L'intégration environnementale au niveau des indicateurs, ce n'est pas seulement adjoindre des indicateurs
sectoriels, mais aussi évaluer les indicateurs non environnementaux quant à leurs incidences
environnementales. Par exemple: le nombre de kilomètres de route construits n'est pas le meilleur indicateur
de développement d'une zone du point de vue environnemental, car il inclut des incidences négatives.
Infrastructures et mines La SRP prône un développement des transports routiers et des mines
sans référence explicite aux impacts environnementaux
L'aménagement du territoire, garant de certaines considérations
environnementales, n'est pas une approche nationale explicite
Le respect des espaces protégés a déjà conduit à des débats houleux
(projet minier en bordure du W)
Les installations classées sont placées sous l'autorité du MME
En ce qui concerne l'uranium, le MME n'a pas les équipements pour
contrôler les radiations; le Centre National de Radioprotection ne
contrôle pas les travailleurs ni l'environnement
Le code pétrolier enjoint les titulaires de permis de recherche et
d’exploitation à respecter l’environnement et le patrimoine naturel et
culturel dans le cadre de la réalisation de leurs activités
Une étude d'impact est demandée pour les aménagements routiers et
fluviaux, ainsi que pour les mines: exploration, ouverture de site,
exploitation, transport, fermeture de site (Ordonnance + 1 Décret)
Un point focal BEEEI au MME
Administration publique Dans l'Administration publique, le corps des Eaux et Forêts a gardé
et Décentralisation ses spécificités; les postes forestiers constituaient un maillage fin de
tout le territoire; les agents représentaient l'environnement
La Décentralisation a été lancée en visant une amélioration de la GRN
L'approche foncière est également très liée à la GRN
Aucune Evaluation environnementale stratégique (EES) n'a été réalisée jusqu'à présent pour un quelconque
secteur de développement au Niger, mais il a été recommandé lors de l'évaluation mi-parcours de 2004 de
faire des EES pour les secteurs eau et santé. Cette recommandation n'a pas été suivie d'effets jusqu'à
présent. Bien qu'il n'ait pas encore fait l'objet d'une information spécifique à l'échelle nationale, l'utilisation de
cet outil d'intégration environnementale est désormais pressentie dans de nombreux secteurs. Dans le cadre
du présent Profil environnemental, la perspective de recommandation d'une première EES appliquée au
secteur Développement rural a été présentée par la mission à différents interlocuteurs. A terme les Mines et
le secteur Energie pourraient également justifier une EES.
Le principe de partenariat entre la Commission européenne (CE) et le Niger, pays ACP, repose sur une
correspondance entre les objectifs de la coopération communautaire et l’agenda politique du pays. Les
secteurs d’intervention du partenariat de la CE avec le Niger sont définis dans le Document de Stratégie
Pays (DSP) et le Programme Indicatif National (PIN), documents élaborés dans le cadre d’un processus
participatif entre l’Administration, la Société civile nigérienne et la Commission européenne. L’objectif
principal de la coopération communautaire est la lutte contre la pauvreté, en contribuant à la réalisation des
objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).
Le PIN du Niger pour la période 2001-2007 (9ème FED) comprend deux domaines de concentration basés
sur des projets, et un appui macro-économique: i) développement rural durable et sécurité alimentaire; ii)
infrastructures (transport et mines), et iii) appui à la lutte contre la pauvreté (appui budgétaire, éducation et
santé). A ces trois secteurs, s’ajoutent diverses interventions d'appui à: la bonne gouvernance, la
décentralisation et l'intégration régionale. L'ensemble du PIN bénéficie d’une allocation de ressources
supérieure 400 millions €.
Les principaux programmes ou projets à objectifs directement environnementaux sont les suivants (voir liste
générale en Annexe technique):
i) ECOPAS: biodiversité et aires protégées autour du Parc du W; appréhendé dans un cadre transfrontalier,
avec des objectifs de valorisation touristique et de forte implication des populations riveraines; c'est le
programme phare au niveau de la conservation dans la sous-région (voir Ecosystèmes)
ii) PMAEPS: eau et assainissement ruraux, en utilisant l'énergie solaire; considéré comme modèle sectoriel
national en raison de la complémentarité eau / assainissement (voir Assainissement rural)
iii) SYRENE: tourné vers l'artisanat; a permis la mise au point d'une technologie particulièrement
spectaculaire de recyclage des plastiques à Niamey (voir Déchets urbains)
iv) PDRSM: programme de soutien au secteur minier, consacre un volet à l'eau et l'assainissement de Arlit
(ville minière de l'uranium; voir Mines)
Quant à l'intégration environnementale, que ce soit dans les domaines de concentration ou dans l'appui
macro-économique de la CE au Niger, elle est restée très inégale, avec un niveau global nettement
améliorable.
Les différents projets d'appui à l'agriculture, au pastoralisme, ou à la gestion des ressources en eau ont tous
des incidences environnementales a priori positives, dès lors qu'une meilleure gestion des ressources
naturelles fait partie du projet. Il ne s'agit toutefois pas à proprement parler d'intégration environnementale,
d'autant que les objectifs sont le plus souvent traduits par des activités essentiellement tournées vers
l'économie ou la socio-économie, marginalisant le 3e pilier du développement durable que constitue
l'environnement. En outre, certains des axes dominants comme l'intensification agricole, ou le
développement de l'irrigation sont porteurs de contraintes environnementales que les planificateurs
rechignent à prendre en compte pleinement au moment de la mise en place du projet.
Il est fréquent de considérer que ces projets visant à une meilleure GRN n'ont pas besoin d'une étude
d'impact sur l'environnement poussée (ou pas du tout besoin d'EIE), ce qui, en fait, est très contestable. La
mission propose à ce sujet d'appliquer aux projets pris dans leur ensemble un premier outil d'intégration
environnementale: l'évaluation environnementale stratégique (EES), dans une approche globale qui devra
être adressée au niveau de la SDR (voir recommandations). Cette étape devrait permettre d'appréhender
plus précisément ces aspects.
Du fait de la procédure CE, les projets routiers font systématiquement l'objet d'une étude d'impact.
L'existence de ces EIE est très positive, et elles constituent au Niger des études de référence. Dans un
certain nombre de cas, il serait probablement judicieux de consacrer un budget un peu supérieur à cette
intégration environnementale de façon à ce que les mesures de réduction d'impact présentées dans l'étude
puissent être véritablement réalisées et bénéficient d'un suivi. Une mention particulière peut être dédiée au
programme de traitement des points critiques des pistes de l'Aïr, dans lequel les effets positifs attendus sur
l'environnement (meilleure infiltration et meilleure circulation des eaux) font partie des objectifs explicites.
La démarche d'intégration environnementale fait appel à des outils différents dans le cas d'un appui macro-
économique, et ces outils restent à promouvoir, au Niger comme ailleurs. Parmi les leviers aisément
utilisables il y a les conditionnalités, au sein desquelles des critères pertinents en terme d'environnement
peuvent être introduits.
De nombreux programmes et projets ayant des objectifs environnementaux (ou bien dont on attend des
retombées positives dans le secteur) ont reçu des financements de partenaires autres que la CE,
notamment des pays membres de l'UE. Une liste des projets en cours ou récents - non-exhaustive - est
donnée en Annexe technique.
Les principaux secteurs directement concernés et les principaux partenaires autres que CE sont:
- la conservation in situ de la biodiversité (FEM, France, PNUD, UICN)
- la valorisation des ressources en eaux à travers l’hydraulique agricole (BM, France, BAD, BID)
- l'hydraulique pastorale (Suisse, France, BAD, BID)
- l'hydraulique villageoise (Suisse, France, Allemagne, Belgique, BM)
- la gestion intégrée des ressources en eau (PNUD, France, FEM)
- la restauration et la conservation des sols (Italie, Allemagne, FAO, BAD, BM, PNUD, FEM)
- la gestion des forêts et le bois-énergie (BAD, Danemark)
- la prévention et gestion des crises (FAO, FIDA, BAD, BID, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas, …)
- les institutions de l'environnement (Italie, France, Canada, PNUD)
- le suivi environnemental (France, Italie, BM).
La multiplicité des secteurs concernés cache de fortes inégalités, en nombre de projets, en volume de l'aide,
ou en importance des technologies mises en œuvre. Les domaines privilégiés changent au long des années;
la plantation d'arbres (en temps qu'activité explicite) a pratiquement disparu des listes de projets alors qu'elle
a été dominante il y a deux décennies. Parmi les secteurs peu appuyés actuellement on relève:
l'assainissement, les déchets urbains, la lutte contre les pollutions.
A ces projets s'ajoutent les multiples interventions liées à la bonne gouvernance, à la décentralisation et au
développement communautaire en général, particulièrement à même d'influer sur la gestion des ressources
naturelles. D'autres interventions importantes pour l'environnement sans interférer directement concernent
les aspects sociaux et l'aide alimentaire.
Le Dispositif national de prévention et gestion des crises alimentaires est un intervenant important dans la
réalisation d'opérations de CES/DRS, l'aménagement des parcours pastoraux, et celui des couloirs pare-
feux, à travers le financement d'activités à haute intensité de main d'œuvre (HIMO) dans le cadre de
programmes "Vivres contre travail" ou "Argent contre travail".
Un secteur particulièrement délicat du point de vue environnemental est sans nul doute la lutte anti-
acridienne (coordonnée avec l'appui de la FAO – ECLO) qui, malgré le caractère très occasionnel des
interventions et les progrès réalisés dans la mise au point et l'application des insecticides, reste une
Des coordinations entre bailleurs ont été initiées, dont la plus avancée jusqu'à présent était celle concernant
la gestion des ressources hydriques (chef de file: Coopération suisse). Elles sont restées jusqu'à aujourd'hui
en dessous de leurs potentialités au niveau d'une approche réellement prospective, ayant plutôt fonctionné
comme des bureaux de liaison. Les pays de l'UE sont actuellement en train de développer un nouveau
système, focalisé sur une meilleure coordination entre coopération de la CE et coopération des pays de l'UE.
On peut supposer que la gestion des ressources naturelles (si ce n'est l'environnement sensu stricto)
occupera au Niger une place privilégiée dans ce nouveau système.
L'évolution, en cours pour de nombreux bailleurs, de l'aide vers des budgets-programmes, de l'aide
sectorielle, et du support budgétaire (au détriment de l'approche projet) est de nature à faciliter la
coordination entre partenaires. Pour mémoire notons qu'à l'heure actuelle la France a adopté 3 secteurs de
concentrations (santé, éducation, hydraulique), l'Allemagne fonctionne en approche-programme LUCOP
(santé, éducation, hydraulique villageoise, micro-crédit), la Belgique se concentre particulièrement sur le
secteur santé.
La pérennisation de l'approche projet avait produit jusqu'à présent au Niger une politique par trop attentiste
qui en était arrivé à entraver les potentialités de progression. Support budgétaire et approches sectorielles
sont des modalités qui offriront plus d'opportunité à l'essor politique national. En revanche, il est
techniquement indispensable d'associer à ces approches des indicateurs performants, alors que l'analyse a
montré combien les capacités d'acquisition de données et de suivi étaient faibles dans le pays. Des efforts
importants sont donc indispensables à ce niveau.
Les effets à court terme de ce glissement des modalités d'aide sur les plus importants processus en cours,
notamment la décentralisation, actuellement initiée mais encore très fragile, restent difficilement prévisibles
aujourd'hui. Plusieurs des paramètres entrant en ligne de compte sont mal maîtrisés (calendrier,
renforcement des capacités, …). Dans ce contexte, il paraît important que la porte reste ouverte aux
partenaires qui souhaiteraient continuer à privilégier l'approche- projet, de même que l'approche de
coopération décentralisée (particulièrement adaptée au niveau local), ou les approches sud-sud.
5. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
Une part prépondérante des ressources naturelles du Niger s'est fortement dégradée dans les dernières
décennies, pendant les périodes de sécheresse récurrentes: sols, végétation, points d'eau, et faune. Ces
ressources dégradées subissent aujourd'hui encore de fortes pressions, conduisant, à bien des endroits du
pays, à des conditions extrêmement préoccupantes; la croissance démographique est élevée et les crises
alimentaires se succèdent. Dans ce contexte, il n'est pas surprenant que la gestion des ressources
naturelles et la lutte contre la désertification constituent les bases de l'approche environnementale au Niger.
Les dégradations ne sont pas partout aussi manifestes, elles n'affectent pas toutes les sous-catégories de
ressources pareillement, et surtout des réalisations ont montré qu'une certaine réversibilité était possible.
Les efforts entrepris, dans leur multiplicité, ont ouvert la voie vers le rétablissement d'une situation viable.
Par ailleurs, diverses ressources peuvent encore voir leur exploitation renforcée ou pour le moins leur
rentabilité améliorée, les conditions de durabilité restant un a priori incontournable.
L'économie rurale est peu monétarisée, et l'informel y domine (mines artisanales, exploitation du bois et
produits forestiers non ligneux, pêche, etc). La Stratégie de développement rural récemment élaborée offre
aujourd'hui une opportunité unique pour encadrer et mener à bien cette démarche de redressement de
l'économie rurale. Elle est totalement coordonnée à la Stratégie de réduction de la pauvreté, et vient par
ailleurs d'intégrer un Plan d'action environnemental.
Les questions d'environnement extérieures à la gestion des ressources naturelles sont beaucoup moins bien
prises en compte. Dans plusieurs secteurs importants, la situation est très mauvaise: l'assainissement rural,
les déchets urbains, et la lutte contre les pollutions.
Sur le plan institutionnel, le Niger dispose d'une législation environnementale tout à fait convenable, mais les
textes d'application manquent trop souvent (certains sont attendus depuis plusieurs années). Les effectifs
des Services sont par ailleurs très insuffisants, tant au niveau central que dans l'intérieur du pays, de sorte
que stratégies et réglementation bénéficient de bien peu de mise en œuvre. Il y a aussi un très grave déficit
au niveau de l'acquisition des données de terrain, et des capacités de suivi (les deux étant liés).
Les femmes, bien qu'elles interviennent à tous les niveaux de la vie domestique et dans la plupart des
activités de production, occupent une place modeste dans le tissu institutionnel national. Le Niger vient tout
récemment de prendre des engagements pour que cette situation évolue.
Quant aux secteurs de développement qui font courir des risques à l'environnement, force est de constater
que le secteur minier - tant industriel qu'artisanal - et la construction de grands aménagements - tel le
barrage de Kandadji - restent les plus préoccupants. On doit s'attendre également à ce que le
développement agricole soit aussi la source de contraintes lourdes sur les milieux naturels.
La SDR a pris désormais une importance considérable dans la programmation des activités qui seront
développées dans les années à venir dans le domaine rural, puisqu'elle a pour vocation d'en constituer le
cadre national unique. Elle réclame une intégration environnementale adaptée à cette globalité, d'autant que
le découpage actuel en programmes et sous-programmes réunissant des projets existants ne constitue
qu'une forme transitoire de la stratégie, et que son contenu sera amené à évoluer. Pour répondre à cette
situation, il est recommandé d'accompagner la SDR par une Evaluation environnementale stratégique (EES)
appliquée au secteur Développement rural dans son ensemble. L'EES est un outil beaucoup plus récent que
les études d'impact, conçu précisément pour ce niveau, et permettra de caler les incidences
environnementales sur le moyen terme.
> Principales contraintes attendues à la mise en œuvre: aucune expérience nationale de l'outil EES, ni au
niveau de l'élaboration, ni au niveau de l'exploitation politique.
Les données de terrain en environnement, à de rares exception près, ne sont actuellement ni collectées,
ni gérées efficacement et, en bout de ligne, ne sont pas disponibles au niveau central. Cet état de fait est
fortement préjudiciable à toute tentative de programmation ou de suivi, et rend très délicate l'utilisation de
nombreux indicateurs. C'est l'ensemble des chaînes qu'il est donc nécessaire de réviser et re-dynamiser. Le
modèle du projet ROSELT pourra être utilisé, mais avec une autre échelle de temps, une maille plus fine sur
le territoire, et une vocation de service public. Le système SIGNER constitue également une référence dans
le domaine.
> Principales contraintes attendues à la mise en œuvre: le système qui pourrait offrir le meilleur support
(SIGNER) n'est pas clairement pérennisé; la situation de départ est plutôt une situation de concurrence où
les responsables de chaque unité un tant soit peu opérationnelle souhaiteraient tous voir leur unité prendre
la suprématie.
Avec l'essor du charbon énergie domestique, les timides progrès du solaire et du gaz, le début de
redressement du bois-énergie, une ouverture possible vers l'éolien, le projet de centrale électrique à
Kandadji, l'intérêt d'un instrument de suivi intégré de type tableau de bord du domaine énergies apparaît
manifeste. Disposer d'un tel outil offrira une visibilité qui manque aujourd'hui, facilitant une meilleure
programmation à moyen terme (à condition d'intégrer la demande), et autorisant des évaluations
complémentaires comparatives, comme les niveaux de pollution locale et globale.
> Principales contraintes attendues à la mise en œuvre: l'institution chargée d'élaborer et de promouvoir ce
tableau de bord se trouvera en position de subir de fortes pressions, tant au niveau politique que de la part
des lobbies industriels et commerciaux.
Les pollutions constituent un domaine complexe aux multiples composantes: pollution des nappes,
pollution des eaux de boisson, pollution industrielle, pollution du fleuve, pollution par les pesticides, pollution
des aliments (poisson), pollutions minières, pollution de l'air …. La lutte contre les pollutions est
indispensable, et doit être entreprise le plus précocement possible, en privilégiant les actions préventives (à
l'amont du problème). Elle peut générer des revenus là où le principe pollueur-payeur pourra être appliqué,
et dans tous les cas offrira des bénéfices sociaux et environnementaux considérables. La lutte contre les
pollutions nécessitera le fonctionnement d'un réseau de surveillance (en fait plusieurs sous-réseaux), la
disposition de moyens de mesure et de capacités d'interprétation, et le support d'une réglementation
explicite pour pouvoir entreprendre des actions au niveau des sources. Elle peut aujourd'hui s'appuyer sur: i)
les capacités de quelques institutions de recherche; ii) l'adoption d'un SME par plusieurs grandes
entreprises; iii) les besoins de qualité de l'eau de la SEEN; et iv) une dynamique internationale manifeste.
> Principales contraintes attendues à la mise en œuvre: coûts élevés pour un bénéfice difficile à percevoir à
court terme; démarche pratiquement nouvelle au Niger, le suivi et la lutte contre les pollutions vont être
lourds à mettre en œuvre; il faut tabler sur du long terme avant de pouvoir imaginer des résultats tangibles.
Le diagnostic sectoriel a fait apparaître que l'absence de sensibilisation des populations à la relation
santé-assainissement constituait un verrou important aux progrès vers un meilleur assainissement de
l'habitat, tant rural qu'urbain. Or ce secteur assainissement est regrettablement l'un des plus en retard dans
le développement socio-environnemental du pays. Les blocages de ce type sont rarement simples à
résoudre; pour tenter de renverser cette tendance il conviendrait de mettre au point des outils de
sensibilisation spécifiques, avec le concours de ressources de plusieurs spécialités: environnement, santé,
médias, système éducatif, ainsi que des sociologues et autres spécialistes de la société civile.
> Principales contraintes attendues à la mise en œuvre: d'une part le facteur temps sera déterminant: de
longues années seront nécessaires avant d'arriver à des progrès mesurables; pour les populations les plus
pauvres l'évolution restera fragile car aucun coût supplémentaire n'est supportable.
Les Aires protégées abritent les richesses du patrimoine naturel national. Elles jouent un rôle économique
croissant via le tourisme, et commencent à trouver une intégration locale grâce à la participativité offerte aux
populations riveraines. Les éléments constitutifs d'un réseau d'Aires protégées existent déjà au Niger, même
si le réseau lui-même n'est pas formalisé: aires classées, sites Ramsar, aires en projet de classement, sites
d'intervention du FEM, et peut-être aussi certaines des Forêts classées. L'expérience a montré pratiquement
partout qu'une fois mis en place le réseau apporte beaucoup à la dynamique nationale de la conservation,
grâce notamment aux économies d'échelle et à l'intensification des échanges. Le Parc du W, appuyé par le
projet ECOPAS constitue actuellement l'élément le plus dynamique, et il est proposé de progresser dans la
création d'un réseau national en s'appuyant sur cette AP.
> Principales contraintes attendues à la mise en œuvre: les sites candidats à une entrée en réseau doivent à
la fois justifier de solides arguments de conservation, et présenter une bonne faisabilité en terme
d'intégration avec les populations locales.
Les contraintes rencontrées correspondent à des problèmes qui affectent également l'ensemble des activités
dans le domaine de l'environnement (dans d'autres domaines aussi sans doute). Il y a eu beaucoup de
difficultés à trouver des sources documentaires convenables: il a fallu faire appel à un nombre considérable
de sources disparates pour construire un fonds documentaire cohérent, et beaucoup de données sont
finalement restées inaccessibles (peut-être à cause de la part importante prise par l'informel). D'autre part, il
y a eu aussi des difficultés à organiser des interview avec les personnes ressource qui, du fait de leur petit
nombre, sont sollicitées par des activités multiples.
6. ANNEXES TECHNIQUES
Couvrant 1 267 000 km² de territoire, le Niger est un vaste pays du Sahel, enclavé et en grande partie
désertique. La saison des pluies dure trois à quatre mois (de juin à septembre), avec une forte variabilité
inter-annuelle.
La géologie générale du Niger est relativement simple. La majeure partie du territoire est occupée par deux
bassins sédimentaires phanérozoïques: le bassin des Iullemeden à l'ouest, et celui du Tchad à l'est. Les
formations précambriennes constituent le second ensemble caractéristique de la géologie du Niger. Elles
affleurent dans le massif de l'Aïr (pour 80.000 km2) au nord, dans le Liptako (pour 30.000 km2) au sud-
ouest, le Damagaram Mounio et le sud Maradi (pour 20.000 km2) au sud-est, et le Ténéré (pour 13.000
km2) au nord-est.
Les principales unités géomorphologiques sont le Niger méridional (altitude mini: 200 m), vaste plateau
entaillé à l’Ouest par les vallées du fleuve et de ses affluents, les zones désertiques du Ténéré dans la partie
Nord et Est du pays, le massif montagneux de l’Aïr qui culmine à 1944 m (Mt Greboun), et enfin les hauts
plateaux du Nord Est qui culminent à plus de 1000 m, entaillés de vallées fossiles.
Le réseau hydrographique ne comprend qu'un grand fleuve et ses affluents: le Niger, qui traverse le pays
dans sa partie sud-ouest sur 550 km. Situé à l'aval du delta intérieur, le tronçon nigérien du fleuve présente
un débit nettement plus faible que le cours situé en amont de ce delta intérieur. Il y a par ailleurs des mares
en grand nombre, et des goulbis dans les régions de l'Est et du Sud, et aussi une partie du Lac Tchad à
l'extrémité Sud-Est du pays.
La plus grande partie des sols est pauvre, à texture sableuse ou argilo-sableuse. Ils tendent vers des sols
minéraux bruts dans les secteurs désertiques du nord et de l'est. Au sud et à l'ouest du pays on trouve des
sols peu évolués, des sols ferrugineux tropicaux, ainsi que des sols hydromorphes argileux (vallée du fleuve
et principales cuvettes).
Les principales formations végétales ligneuses naturelles sont les suivantes: i) brousse tigrée à faible
densité de peuplement sur les plateaux de la zone sahélienne; ii) formations sahélo-soudaniennes localisées
dans certains secteurs de la zone sud; iii) forêts de bas-fond à peuplement plus ou moins dense: forêts-
galeries, rôneraies, doumeraies. S'y ajoutent des formations anthropisées telles que les parcs agro-forestiers
en zone sud et divers reboisements (notamment gommeraies).
La faune, bien qu'appauvrie dans les dernières décennies, comprend encore de nombreuses espèces
d'intérêt écologique majeur, concentrées au niveau des massifs sahariens, de la vallée du fleuve, des
réseaux de mares et de points d'eau, et de l'ensemble d'aires protégées situées au sud-ouest du pays.
La population, estimée en 2001 à 12,1 millions d’habitants, est rurale à près de 80% et essentiellement
concentrée dans la partie méridionale du pays, la plus arrosée, où la densité moyenne dépasse les 50
habitants au km2. Quant à la croissance démographique, les derniers chiffres disponibles font état de 3,3 %.
Malgré la paix retrouvée en 1995 après une rébellion armée dans le Nord Niger et le retour à la stabilité
politique et sociale en 1999 après plus d'une décennie de crise, le pays connaît toujours des difficultés
économiques et financières importantes. Le Niger fait partie des pays les moins avancés (PMA) et se trouve
classé dernier ou avant-dernier selon l’indice de développement humain du PNUD. Le PIB par habitant, de
l’ordre de 200 €, a baissé de plus de 40% au cours des 20 dernières années. Il y a 52% d'actifs,
essentiellement dans le secteur primaire (78%). La population salariée représente 2,5% de la population
totale, le secteur informel générant à lui seul 70% du PIB. Environ 60% de la population vit au dessous du
seuil de pauvreté. Les enfants de moins de 15 ans représentent environ la moitié de la population.
Le taux d’alphabétisation (20 % des adultes) est l’un des plus faible au monde. Il cache en outre une grande
disparité hommes-femmes, et une considérable disparité régionale, Niamey se distinguant avec 70%
d'alphabétisation chez les hommes. Bien qu’en progrès au cours des quelques dernières années, la
scolarisation primaire ne touche encore que 48 % des enfants en milieu rural. L’accès aux services de santé
est également très inégalement réparti sur le territoire, avec une forte disparité entre zones rurales et
urbaines. Le taux de mortalité infanto-juvénile est l’un des plus élevé au monde (27 %) et le pourcentage de
la population n’ayant pas accès à l’eau potable, bien qu’en réduction, se situe encore au dessus de 40%.
La réponse des pouvoirs publics en termes de santé reste très en dessous des besoins. Les grandes
agglomérations bénéficient d'équipements plus ou moins adéquats, mais l'habitat rural dispersé en zones
déshéritées est particulièrement difficile à couvrir par des postes de santé ou autres systèmes.
L’économie du Niger est avant tout rurale, peu diversifiée et repose largement sur l’exploitation extensive et
minière des ressources naturelles (le secteur primaire représente 50% du PIB). La plupart des activités
agricoles et pastorales se situent en zone sahélienne, où la pluviosité va de 200 à 600 mm/an. La zone
agro-pastorale extensive occupe la plus grande partie des terres à vocation agricole, et des systèmes
diversifiés comportant de l’agriculture irriguée ou de décrue s’observent dans la vallée du fleuve et dans les
principaux bas-fonds. La production agricole est avant tout une production de subsistance (mil et sorgho)
fortement dépendante du climat, qui ne bénéficie que marginalement d’apports d’engrais chimiques. Les
cultures irriguées sont très peu développées (1% environ de la surface cultivée et 20% seulement de la
superficie irrigable). L’élevage est quant à lui essentiellement de type transhumant et doit faire face à la
remontée du front des cultures vers le Nord et à la dégradation écologique d’une grande partie des
pâturages.
Sur le plan énergétique, 90% de la consommation nationale est fournie par le bois et les résidus de culture,
au point que les besoins actuels en bois énergie représenteraient près de trois fois le niveau de production
annuelle des forêts. Le secteur minier contribue d'une façon non négligeable à l'économie nationale. On peut
également citer un secteur touristique en développement relatif.
En ce qui concerne les infrastructures de communication, le pays dispose d'un réseau routier dense; en
revanche, le trafic aérien n'est que peu développé, et les transports ferroviaire et maritime sont inexistants.
6.3.1 Projets CE
SOS SAHEL INTERN. APPUI A LA REHABILITATION ET A LA MISE EN VALEUR AGRICOLE DE ONZE TERROIRS
(FRANCE) VILLAGEOIS DANS L’OUEST ET LE CENTRE – EST
AFRICA 70 (ITALIE) SECURISATION DES ZONES ENCLAVEES DU DEPARTEMENT DE MAGARIA
KARKARA (NIGER) DEVELOPPEMENT DE L’ELEVAGE - MAÏNE SOROA
AQUADEV (BELGIQUE) SECURITE ALIMENTAIRE NIGER X – GAFATI/MIRRIAH
ACCION CONTRA EL AMELIORATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE DES POPULATIONS DE
Les signes "[" et "]" indiquent respectivement des projets terminés récemment ou en instance de démarrage
2005 Consultation sectorielle environnement et la lutte contre la désertification et Plan d'action à moyen
terme (PAMT)
2004 Stratégie nationale de développement urbain (SDU)
2004 Objectifs du développement du millénaire pour l’eau potable et l’assainissement: Niger
2003 Document de politique nationale de la communication pour le développement au Niger
2003 Stratégie de développement rural (SDR)
2003 Stratégie nationale de développement de l'irrigation et de la collecte des eaux de
ruissellement (SNDI/CER)
2003 Stratégie nationale et plan d'actions en matière de changements et variabilité climatiques
(SNPA/CVC)
2003 Stratégie nationale et plan d'actions sur les énergies renouvelables (SN/ER)
2003* Stratégie énergie domestique (SED)
2002 Stratégie de Relance de la Production et de la Commercialisation de la Gomme Arabique
2002 Document cadre pour la relance du secteur de l'élevage au Niger
2002 Stratégie de réduction de la pauvreté (SRP)
2001 Stratégie nationale de gestion de l'environnement urbain du Niger
2001 Réunion sectorielle sur l'eau et l'assainissement
2000 Déclaration de politique générale du Gouvernement de la Ve République
2000 Stratégie opérationnelle de sécurité alimentaire (SOSA)
1999 Schéma directeur de mise en valeur et de gestion des ressources en eau (SDRE)
1999 Stratégie de croissance agricole durable
1998 Stratégie nationale et plan d'action en matière de diversité biologique (SNPA/DB)
1998 Programme d'action national de lutte contre la désertification et de gestion des ressources
naturelles (PAN-LCD/GRN)
1998 Plan national de l'environnement pour un développement durable (PNEDD)
1997 Programme national de lutte contre la pauvreté (PNC/LCP)
1997 Politique nationale de promotion du secteur privé
1997 Programme de relance économique
1997 Plan d'action pour la nutrition
1996 Document cadre de politique économique et sociale
1995 Politique sectorielle de santé
1994 Politique de promotion de la femme
1994 Programme complet de sécurité alimentaire
1993 Principes d'orientation du Code rural
1992 Principes directeurs d'une politique de développement rural
1985 Recommandations du débat national sur l'élevage
1985 Plan national de lutte contre la désertification (PNLCD)
1984 Engagement de Maradi sur la lutte contre la désertification
(*) SED: Bien que cette stratégie ne constitue pas un document officiel en soit, sa légitimité repose sur un
ensemble de textes législatifs et réglementaires.
6.5.6. Autres sites pré-identifiés non classés (extrait de M. le Berre, 1995, modifié)
Cobe defassa LR II X
Rédunca LR II X
Bubale LR I X
Damalisque LR I X
Gazelle dama En I X
Gazelle dorcas Vu II X
Gazelle leptocère En X
Gazelle à front roux Vu II X
Céphalophe flancs roux LR II X
Ourébi LR X
Aoudad (Mouflon à manchette) Vu I X
Buffle d'Afrique LR II X
Flamant nain * NT
Fuligule nyroca NT X
Vautour oricou Vu I X X
Busard pale NT X
Faucon crécerellette Vu X
Râle des genêts NT (X)
Grue couronnée NT I X
Outarde de Denham NT X
Outarde de Nubie NT X
Glaréole à ailes noires * DD
Bec-en-ciseaux NT X
Tortue sillonnée Vu
Afzelia Vu
Khaya senegalensis Vu
Les indicateurs environnementaux proposés par le PNUD (2002) pour le Niger sont donnés ci-après:
Disponibilité: (1) disponible (2) n’existe pas, mais peut être calculé ; (3) jamais calculé
Un atelier de restitution s'est tenu au Ministère MHE/LCD le 6 décembre 2005, pour commenter le produit
préliminaire de l'élaboration du Profil environnemental de Pays. Ont participé à cet atelier les personnes
suivantes:
A la suite des introductions, les participants ont été sollicités pour commenter une première synthèse
présentée sous forme d'aide-mémoire, où sont exposées les conclusions et recommandations préliminaires
de la mission.
La connaissance des ressources nationales en eau est peut-être insuffisante, mais elle se situe à un bon
niveau
La durabilité de l'élevage extensif n'est pas une règle générale; ce n'est pas un a priori admis par tous
La réalisation du barrage de Kandadji produira de multiples bénéfices à côté des incidences négatives
Le charbon n'est pas une ressource secondaire: l'exportation de produits charbonniers par le Niger est
en préparation
Les capacités environnementales nationales sont qualitativement bonnes, mais quantitativement
insuffisantes
7. ANNEXES ADMINISTRATIVES
Activités Résultats
Briefing à Bruxelles, en Au siège de la Commission Européenne: précisions et commentaires sur
préalable à la mission au le produit à élaborer et les spécificités pays auprès du responsable
Niger géographique Niger (AidCo C2), des responsables stratégiques (DG Dev
B4 Environnement et Développement Rural), et d'un responsable
Ressources naturelles (AidCo E6)
Novembre
Décembre Activités
2005
lundi 7 Briefing à Bruxelles: AidCo C2 et E6, et DG Dev B4
mardi 8 Briefing à Bruxelles: Help Desk Environnement
mercredi 9 Documentation (papier et numérique)
jeudi 10 Documentation (recherche web)
Dimanche 27 novembre: Keita : rencontre avec le Responsable du suivi/évaluation du projet PDR – ADM
(Développement Rural Ader – Doutchi – Maggia) et l'Assistant technique du projet; visite de réalisations :
seuil d’épandage à Keita, protection des versants, reboisements
Bouza : rencontre avec l’Unité de gestion du projet ASAPI (Appui à la Sécurité Alimentaire par la Petite
Irrigation) et l’ONG ABC Ecologie ; visite des réalisations : protection des versants
Madaoua : rencontre avec les Comités de gestions villageois du projet ASAPI
Maradi
Mardi 29 novembre: Zinder : rencontre avec le D.R. de l’Environnement ; rencontre avec l’unité de gestion
du projet ASAPI ; visite des réalisations du projet dans les zones de Mirriah : aménagements des bassins
versants à Rigal Coel; rencontre avec un élu de la Commune rurale de Gouna ; suite de la visite dans la
zone de Magaria : aménagement des mares, fixation des dunes à Ramin Koura
Mercredi 30 novembre: Retour Zinder - Niamey ; Visite de la doumeraie de Goulbinkaba ; visite d’un site de
culture irriguée traditionnelle dans la vallée de la Tarka ; visite du lac de Sabankalé (vallée de la Maggia)
Arrivée à Niamey
Tronçon Niamey – Ouallam: Observations portant sur la distribution et la typologie des villages; la
distribution et l'état des mares et surfaces d'eau libre; les grands types de relief et structures
géomorphologiques; la distribution et l'étendue des formations arborées; les opérations de restauration des
sols et de reboisement; le réseau de pistes et la fréquentation
Abords de Tilabéri: Développement et extension urbaine; érosion des berges sur les affluents du fleuve;
effets de l'ensablement; circulation sur les voies urbaines
Vallée du fleuve entre Tilabéri et Niamey: Structure anastomosée du lit du fleuve; niveau des eaux;
distribution des cultures irriguées en périmètres et en décrue sur les rives et les îles; distribution et densité
de l'habitat sur les rives et les îles; distribution des parcelles (en eau ou émergées) à dynamique naturelle;
peuplements d'acacias
Une copie des notes prises au cours des entretiens et visites est disponible sur demande
Partie # 1: Niamey
Sécurité alimentaire
Aymeric Roussel DCE Chargé des questions +227-73.27.73
d'Environnement, Section [email protected]
DR/SA t
Mme Olga Baus (+) DCE Chef de section, +227-73.27.73
Décentralisation / Bonne [email protected]
gouv / Secteurs sociaux
Lorenzo Martelli (+) DCE Chef de section, +227-73.27.73
Infrastructures / Mines [email protected]
Ousseini Salifou MHE/LCD Secrétaire Général +227-72.38.89
Souley Aboubacar MHE/LCD Conseiller Technique +227-72.38.89
Environnement
Yvan Kedaj MHE/LCD Conseiller Technique +227-72.39.84
Hydraulique [email protected]
Mahamou Lamine MHE/LCD Directeur de l'Environnement +227-73.33.29
Attaou [email protected]
Mamadou Mamane MHE/LCD Conseiller Direction Environt +227-73.33.29
[email protected]
Abdou Malam Issa MHE/LCD Directeur par intérim DFPP,
Chef de Division Faune et
Chasse
Bila Maïna (+) MHE/LCD Directeur BEEEI +227-72.41.69
Sani Mahazou (+) MHE/LCD Chef de Division, DE/ Lutte +227-73.33.29
contre Pollutions et [email protected]
Nuisances et Amél° Cadre de
Vie
Zabeirou Toudjani MHE/LCD Chef de Division, DE/ +227-98.25.21
(+) Statistiques et
Cartogr.Forest.
Boureima Idrissa MHE/LCD Chef de Division, DE / +227-49.47.83
Reboist et Restauration des
Terres
Ibro Adamou MHE/LCD Chef de Division, DE/ Forêts
Naturelles - Gestion des
Terroirs
Harouna Talatou MHE/LCD Chef de Division, DFPP/
Pêche et Aquaculture
Moussa Salaou MHE/LCD Chef de Division, DFPP/
Aires Protégées
Abdou Moumouni MHE/LCD Chef de Division, DRE /
Houssa Hydrogéologie
Abdourhamane MHE/LCD Chef de Division, DRE /
Daouda Hydrologie
Sanoussi Rabé MHE/LCD Chef de Division, DRE /
Qualité de l'Eau et Pollutions
Sadi Moussa MSP/LCE Directeur Hygiène Publique
[email protected]
Djibrilou Aboubi MRA Directeur de la Production
Animale et de la Promotion
des Filières
Mme Maïkorema SE/SDR Conseillère Technique +227-73.34.22
ABN, ACDI, [2000]. – Vision partagée du fleuve Niger. Rapport final de synthèse régionale
Best Consult, 2002. – Etude diagnostique du cadre juridique de la gestion des ressources naturelles du
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2) Evaluation du potentiel halieutique. 3) Actualisation de la contribution du secteur Forêt et Pêche à la
formation du PIB
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d'assainissement en milieu rural et de ses perspectives. Banque Africaine de Développement (BAD)
Après un début de carrière orienté vers la recherche (ornithologie) et la formation professionnelle (Parcs
nationaux), JCl Gallner a participé à la création et contribué pendant plusieurs années au fonctionnement de
la SECA (Société d'éco-aménagement). Expert indépendant depuis 1989, il est intervenu dans de
nombreuses études et projets internationaux en tant que consultant senior ou chef de mission.
Principaux domaines de compétence: évaluation de la biodiversité; conservation des espèces et des milieux;
planification et gestion des territoires et des ressources naturelles; études d'impact sur l’environnement et
autres outils d’aide à l’intégration environnementale; formation professionnelle.
(IDD) Initiatives pour le Développement Durable, mission internationale du CPIE Pays du Narbonnais
(CADE) Réseau de Consultants en Agriculture, Développement et Environnement, Montpellier, F.
Depuis 2002, Frédéric Brunner a investi dans la création d’une entreprise à vocation touristique sur le site
protégé du volcan de Fogo, au Cap-Vert. Son activité de promotion du tourisme solidaire s’intercale avec
des missions des missions d’expert en matière de gestion des ressources naturelles, notamment auprès de
l’ONG IDD (Initiatives pour le Développement Durable), dont il est un des membres fondateurs.