21 Jean MASIALA
21 Jean MASIALA
21 Jean MASIALA
INTRODUCTION
L
orsqu’une infraction au dispositif pénal a été commise, son auteur
doit être identifié, jugé et sanctionné conformément à la loi. L’un
des objectifs de la procédure pénale est justement de déterminer
les règles et les formes à respecter pour la recherche, la constatation et la
poursuite des infractions, l’établissement des preuves, des décisions judiciaires
et leur exécution. La principale action qui naît de l’infraction est l’action pénale,
à laquelle peut venir se greffer une action civile.
Si l’action civile exprime le droit dont dispose celui qui a été lésé par une
infraction d’obtenir réparation du préjudice subi et constitue ainsi une action
protectrice d’intérêts privés, l’action publique vise, quant à elle, la répression
des atteintes à l’ordre public par l’application, aux auteurs desdites atteintes,
des sanctions ou autres mesures prévues par la loi pénale. Son principal objet
est donc la protection de l’intérêt général.
Bien que la saisine du juge en constitue le temps fort ou le moment
culminant, l’exercice de l’action publique commence déjà avec la « mise en
état » des affaires répressives lors de la phase préjuridictionnelle1.
Dans le cadre du présent texte, nous tentons de procéder à une mise en
perspective de la procédure pénale applicable en droit pénal des affaires et la
procédure pénale de droit commun pour dégager les spécificités de celle-là par
rapport à celle-ci. Car il paraît évident que, eu égard à la délicatesse que
comporte l’application des sanctions pénales aux affaires2, les règles de
1
LUZOLO BAMBI LESSA, Emmanuel J., Manuel de procédure pénale, Kinshasa, Presses universitaires du Congo,
2011, pp. 161-162. L’expression « mise en état » employée ici en matière pénale a été empruntée, par le Professeur
Luzolo Bambi Lessa, à la procédure civile où elle désigne la phase d’instruction de l’affaire par les parties opposées
avant toute plaidoirie devant le juge. Il explique que si l’expression est employée en procédure pénale, c’est pour
désigner le niveau de responsabilité du ministère public dans la conduite d’une affaire répressive. Il appartient en effet
au ministère public de mettre une affaire en état de recevoir jugement du tribunal, en y élaguant tout déchet qui
retarderait la procédure ou qui en affecterait l’évolution (p. 161, note 241).
2
L’application des sanctions aux affaires est, il faut le souligner, d’une grande délicatesse. Une application intempestive
de sanctions pourrait, en effet, perturber indûment le climat des affaires et se révéler dangereuse pour la survie de
l’entreprise et pour le développement économique et social.
432 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
I. LA CONSTATATION DE L’INFRACTION
Avant que l’action publique ne soit effectivement mise en mouvement
devant le juge, un travail de fond est fait en amont pour rassembler les éléments
de preuve qui permettront de soutenir l’accusation et d’obtenir la
condamnation du coupable. C’est cette phase préalable, qu’est la constatation
de l’infraction, qui pourrait déboucher, le cas échéant, sur la saisine du tribunal
répressif.
En principe, la constatation des infractions relève des magistrats du
parquet et des officiers de police judiciaire. On remarquera cependant que les
infractions qui se commettent dans la vie des affaires sont souvent très difficiles
à appréhender et à prouver, et ne peuvent l’être, dans la plupart des cas,
qu’avec des lunettes spéciales que ne possèdent que certaines catégories de
personnes. Ceci peut être illustré par le cas de la fraude fiscale qui n’est pas
aisée à détecter pour plusieurs raisons liées notamment à la difficulté de saisir
avec précision les contours de la notion même de fraude fiscale et les
nombreuses facettes qu’elle peut revêtir, au caractère dissimulé de cette
infraction qui requiert un regard d’initié, à la complexité des montages
financiers et à la tournure internationale pouvant marquer les agissements
frauduleux dans la mesure où la fraude se développe parfois sur les territoires
de plusieurs Etats3.
Etant donné cette complexité qui caractérise les infractions en droit pénal
des affaires, leur constatation est parfois confiée à des agents spéciaux, dotés
de la compétence et de la technicité nécessaires pour les détecter et comprendre
les montages financiers auxquels recourent leurs auteurs. Pour accroître leur
spécialisation et leur efficacité, ces agents n’ont de pouvoir que dans leur
domaine d’intervention, dans un secteur d’activités économiques qu’ils sont
appelés à réguler, et sont revêtus de la qualité d’officiers de police judiciaire à
compétence restreinte. Ils disposent généralement, dans le cadre de leurs
prérogatives, du droit de visite (A), du droit de saisie (B) et du droit de
communication (C). Ils ont même parfois le pouvoir de prononcer des
sanctions (D), ou encore le devoir de dénoncer les délits dont ils ont
connaissance (E).
3
CABON, Sarah-Marie, « Le particularisme du déclenchement des poursuites pénales : le maintien du ‟ verrou de
Bercy ” », in Droit fiscal, n° 46, 23 novembre 2014, p. 1.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 433
A. Le droit de visite
Le droit de visite est l’un des outils les plus puissants dont disposent
certaines administrations pour repérer et combattre les crimes en matière
économique et financière en cas de présomption d’agissements infractionnels.
Il s’agit d’une procédure d’investigation instituant un mode particulier et
exorbitant du droit commun de recherche de preuves qui permet à l’agent
compétent d’effectuer des visites en tous lieux, même privés, où les éléments
de preuve sont susceptibles d’être trouvés.
Ainsi, par exemple, il résulte de la combinaison des articles 25 et 26 du
décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix que les agents des affaires économiques
commissionnés par le ministre ayant l’économie nationale dans ses attributions
ou, sur sa délégation, par les autorités administratives territoriales, sont
spécialement chargés de rechercher et de constater les infractions au décret-loi
précité et à ses mesures d’exécution, et que, dans l’exercice de leur mission, ils
peuvent « pénétrer, entre 9 heures et 21 heures, dans les dépôts, entrepôts
privés, fabriques, usines, magasins, débits et, en général, en tous lieux où des
produits sont détenus à des fins industrielles, commerciales ou spéculatives,
exposés ou mis en vente ; si les lieux sont ouverts au public, ils peuvent y
pénétrer même en dehors des heures fixées ci-dessus ».
B. Le droit de saisie
Les agents compétents ont le pouvoir de saisir tout ce qui a un lien avec
une infraction commise. Il peut s’agir de tout bien ayant servi à la perpétration
de l’infraction ou du produit de cette infraction. De même, la visite domiciliaire
peut déboucher sur la saisie de tout ce qui peut être utile à la manifestation
d’un comportement infractionnel.
Pour preuve, l’article 129 de la loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant
code forestier prévoit que les inspecteurs forestiers, fonctionnaires, agents
assermentés et officiers de police judiciaire peuvent procéder à la saisie et à la
mise sous séquestre des instruments, véhicules et objets ayant servi à
commettre une infraction forestière ou qui en sont le produit.
L’article 356 de l'ordonnance-loi n° 10/002 du 20 août 2010 portant code
des douanes donne compétence aux agents des douanes revêtus au moins du
grade d’attaché de bureau de première classe, de constater les infractions à la
législation douanière. Il enjoint, par ailleurs, aux officiers de police judiciaire à
compétence générale qui constatent des infractions douanières, de les signaler
immédiatement à la douane. Et l’article 358 confère aux agents habilités à
constater les infractions douanières, le droit de saisir tous objets passibles de
confiscation, de retenir tous documents relatifs aux objets saisis et de procéder
à la retenue préventive des moyens de transport et des marchandises litigieuses
434 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
non passibles de confiscation pour garantir le paiement des droits et taxes dus
ainsi que des amendes encourues.
C. Le droit de communication
Le droit de communication est le droit reconnu à certaines
administrations d’obtenir des renseignements et documents détenus par des
tiers et susceptibles de fournir un éclairage sur la situation d’une personne
soupçonnée de comportement criminel. Généralement, l’obligation de secret
professionnel, qui lie les titulaires de certaines professions, est inopérante face
à une administration faisant usage du droit de communication lui reconnu par
la loi. La communication doit se faire sans délai, et tout retard dans la
transmission des pièces, documents ou renseignements demandés peut donner
lieu à des astreintes. Cette procédure peut également être utilisée entre
administrations ou encore dans le cadre d’une coopération judiciaire
internationale prescrite par une convention internationale.
On peut citer, comme exemple, l’article 46 de la loi n° 004/2003 du 13
mars 2003 portant réforme des procédures fiscales, aux termes duquel les
agents de l’Administration des impôts ont le droit général d’obtenir, des
personnes physiques ou morales, publiques ou privées communication de
toutes pièces ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et autres
droits dus par les redevables.
Selon l’article 12 de l’ordonnance-loi n° 67-272 du 23 juin 1967 relative
aux pouvoirs réglementaires de la Banque nationale du Congo en matière de
réglementation du change, « les fonctionnaires de la Banque nationale et des
services de la douane sont chargés de constater les infractions à la
réglementation du change. Ils sont revêtus de la qualité d’officiers de la police
judiciaire et leur compétence s’étend sur tout le territoire de la République
démocratique du Congo […]. Les fonctionnaires de la Banque nationale qui ont
ouvert une enquête peuvent exiger la communication de tous renseignements
verbaux et écrits relatifs aux préventions qui donnent lieu aux recherches qu’ils
effectuent. Ils peuvent exiger, notamment, sans déplacement, la production de
toutes écritures et documents comptables susceptibles de permettre la
vérification de ces préventions ».
D. Le pouvoir de sanctionner
Il arrive parfois qu’en plus de leur compétence en matière d’enquête, les
agents chargés spécialement de la constatation des infractions en matière
économique et financière se voient aussi attribuer une compétence répressive
qui leur permet de prononcer des sanctions et qui leur donne ainsi un pouvoir
quasi-judiciaire.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 435
4
CASTELAIN, L., Eléments de droit commercial, Bruxelles, A. De Boeck, 1964, p. 5.
5
DUPOUY, C., Précis de droit commercial, t. 1, Paris, 1976, pp. 18-19.
6
BLAISE, Jean-Bernard, Droit des affaires, 5ème éd., Paris, L.G.D.J., 2009, p. 157.
7
Loi n° 002/2001 du 3 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce, in
J.O.R.D.C., n° 14, 15 juillet 2001, p. 4.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 437
8
PERROT, Roger, Institutions judiciaires, 2è éd., Paris, Ed. Montchrestien, 1986, p. 136.
9
VINCENT, Jean et GUINCHARD, Serge, Procédure civile, 25è éd., Paris, Dalloz, 1999, p. 247.
438 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
10
Art. 17 de la loi n° 002/2001 du 3 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce.
11
LUKOMBE NGHENDA, Droit Congolais des sociétés, t. 1, Kinshasa, P.U.C., 1999, pp. 19-20.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 439
vie des affaires, et qui connaissent mieux les usages du commerce que les
magistrats de carrière12.
Il est vrai que le juge commerçant ne peut maîtriser toutes les industries
ou activités commerciales qui sont très variées, et qui continuent d’ailleurs à se
diversifier. Mais le commerce a un esprit et des coutumes que tout commerçant
sérieux maîtrise, quelle que soit l’activité exercée, et qui peuvent le guider pour
trancher de manière juste les litiges qui lui sont soumis.
Le fait aussi que la compétence de ces tribunaux soit limitée à une
catégorie précise de matières leur accorde plus de crédibilité et constitue un
atout supplémentaire pour la protection des affaires commerciales, dans la
mesure où même les magistrats de carrière qui y œuvrent se spécialisent dans
un domaine précis au lieu d’être de simples « généralistes » comme c’est le cas
dans d’autres juridictions.
c) qu’au lieu de faire une application plate des principes du droit civil,
lesquels s’accommodent parfois mal avec les exigences de la vie pratique, les
juges commerçants privilégient des solutions négociées entre litigants,
conformément à la mentalité et aux habitudes propres aux commerçants. En
effet, la justice commerciale est essentiellement conciliatrice, car l’esprit et le
sens pratique des juges commerçants les incitent souvent à conseiller aux
parties une conciliation ou une transaction, et même parfois à la susciter13 .
Toutes ces raisons ont certainement milité aussi pour la création des
tribunaux de commerce en République Démocratique du Congo. Mais, au-delà
de ces avantages, les tribunaux de commerce en République Démocratique du
Congo sont également et fondamentalement une réponse à la demande
insistante des opérateurs économiques qui n’étaient pas satisfaits de la manière
dont les litiges commerciaux étaient tranchés devant les juridictions ordinaires.
Aux fléaux communs que sont la lenteur et le formalisme excessifs qui
caractérisent généralement ces juridictions dans le déroulement des procès,
s’ajoute la partialité trop criante des juges au détriment des investisseurs et des
sociétés commerciales. Comme avait pu le constater Kabeya Tshikuku, le
pourcentage de procès perdus par les entreprises était impressionnant avant la
création des tribunaux de commerce ; les frais de justice ainsi que les
dommages-intérêts mis à leur charge étaient, dans les meilleurs des cas, les
maxima prévus par la loi et, dans les pires des cas, un multiple de l’avoir social.
De même, toutes les fois que deux entreprises recouraient aux tribunaux
pour les départager, la possibilité était grande qu’une sentence inique soit
prononcée contre celle qui présentait les assurances d’une surface financière
plus large14.
12
PERROT, Roger, op. cit., p. 134.
13
Idem.
14
KABEYA TSHIKUKU, Jugements iniques contre l’entreprise. Intervention au séminaire sur la sécurité juridique,
judiciaire et la protection des investissements, tenu à Kinshasa du 1er au 2 juin 2000.
440 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
15
KALONGO MBIKAYI, La problématique des jugements iniques. Intervention au séminaire sur la sécurité juridique,
judiciaire et la protection des investissements, tenu à Kinshasa du 1 er au 2 juin 2000.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 441
prévues par les lois pénales16. Destiné à rétablir l’ordre public qui a été troublé
et non à réparer un préjudice personnel subi par un individu, cette action est
normalement engagée au nom de la société qui seule a le droit de punir.
En dépit du fait que le droit pénal des affaires obéit, de manière générale,
aux règles communes de procédure pénale du point de vue de l’instance
pénale, il existe néanmoins en la matière quelques spécificités dans la mise en
mouvement de l’action publique (A), son exercice (B) et son extinction (C).
A. La mise en mouvement de l’action publique
L’examen des spécificités liées au déclenchement de l’action publique
(2°) nécessite d’ouvrir d’abord une parenthèse pour relever préalablement
celles relatives aux sujets de l’action publique (1°).
1°) Les sujets de l’action publique
L’action publique fait intervenir principalement deux sujets : le sujet actif
(a) et le sujet passif (b).
a) Le sujet actif
Le sujet actif est celui qui est habilité à engager les poursuites judiciaires
ou à mettre en mouvement l’action publique. Il s’agit essentiellement du
ministère public, même si la loi reconnaît également à la victime de l’infraction
le droit de mettre en mouvement cette action par la voie de la citation directe.
L’article 54 du code de procédure pénale dispose, en effet, que la juridiction de
jugement est saisie par la citation donnée au prévenu, et éventuellement à la
personne civilement responsable, à la requête de l’officier du ministère public
ou de la partie lésée. Toutefois, lorsqu’il y a lieu de poursuivre une personne
jouissant d’un privilège de juridiction, cette citation ne sera donnée qu’à la
requête d’un officier du ministère public.
Le ministère public est en fait le dépositaire de la plénitude de l’exercice
de l’action publique qu’il exerce au nom de la société17. La spécificité à ce
niveau est qu’en droit pénal des affaires, ce pouvoir du ministère public est
confié dans certains cas à d’autres agents relevant d’organismes dont les
normes ont été violées par l’infraction perpétrée. Il s’agit alors d’une
compétence d’exception, dérogatoire au droit commun, qui doit découler
d’une disposition spéciale de la loi et qui ne vaut que pour des infractions
déterminées. L’agent investi de cette compétence se substitue au ministère
public pour déclencher l’action publique au nom de la société. Il ne faut
cependant pas confondre cette situation avec l’hypothèse où le ministère
16
FRANCHIMONT, Michel, JACOBS, Ann, et MASSET, Adrien, Manuel de procédure pénale, 4è éd., Bruxelles,
Larcier, 2012, p. 42.
17
KUTY, F., « Le devoir du ministère public de proposer une solution de justice : l’expression de son honneur et l’assise
de sa légitimité », Obs. sous cass., 13 décembre 2012, J.L.M.B., 2013, pp. 1456-1470.
442 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
18
Il s’agit des infractions suivantes : omission volontaire de déclaration, dissimulation volontaire des sommes sujettes
à l’impôt, passation délibérée des écritures fictives ou inexactes dans les livres comptables, incitation du public à
refuser ou retarder le paiement de l’impôt, émission de fausses factures, opposition à l’action de l’administration des
impôts, agression ou outrage envers un agent de l’administration des impôts.
19
BLAISE, Jean-Bernard, op. cit., pp. 224-225.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 443
20
Crim., 26 juin 2001, in RIAS, Nicolas, La responsabilité pénale du fait personnel, Fiche pédagogique virtuelle,
Faculté de droit virtuelle, Université Lyon 3, Fiche à jour au 15 novembre 2011, p. 11. « […] Attendu qu'après avoir
caractérisé les éléments matériels des infractions, les juges d'appel énoncent, pour les imputer au prévenu, qu'en sa
qualité de directeur du magasin, il a commis une faute personnelle en ne s'assurant pas de la présence d'un responsable
habilité à suppléer les titulaires dans l'exécution de leurs obligations de contrôle ni des mesures prises pour éviter
d'offrir à la vente des produits non conformes ; Attendu qu'en l'état de ces motifs procédant de son appréciation
souveraine des faits et circonstances de la cause, la cour d'appel a justifié sa décision ».
21
PRADEL, Jean, La pénalisation du droit des affaires, Fondation pour le droit continental, Colloque Le Caire, octobre
2009, p. 4.
22
SANDY, Basile, « La responsabilité pénale de la personne morale », in Travail Sécurité, Juillet-août 2009, p. 46.
23
L’Europe affiche, en effet, presqu’unanimement une volonté de tenir les personnes morales responsables pénalement
de leurs actes, à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie qui privilégient les poursuites et les sanctions administratives
et financières (Voir MARQUETTY, Hippolyte, « Réflexions autour de la responsabilité pénale des personnes
444 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
peuvent, comme les personnes physiques, être des sujets passifs et répondre
pénalement des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants. Le droit pénal des affaires est un domaine de prédilection d’une
telle responsabilité, avec les sociétés commerciales dotées de la personnalité
juridique.
Pour qu’une infraction soit retenue à l’encontre d’une personne morale,
elle doit avoir été commise non seulement par une personne disposant des
qualités alternatives d’organe ou de représentant de la personne morale, mais
aussi pour le compte de celle-ci. Cependant, la responsabilité des personnes
morales n’exclut pas celle des personnes physiques auteurs des faits. En
d’autres termes, l’imputation de l’infraction à la personne morale n’a pas pour
effet de décharger automatiquement les personnes physiques auteurs des faits
répréhensibles ; le cumul de responsabilités est donc possible24. En effet, la
reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes morales ne doit pas
induire une déresponsabilisation totale des personnes physiques et constituer
ainsi une échappatoire systématique pour les organes ou les représentants de
la personne morale quelle que soit la gravité de leurs actes et les impératifs de
la prévention25.
Nous ferons observer que le droit congolais ne dispose pas d’un texte
général qui prévoit la responsabilité pénale des personnes morales. Ainsi, en
République démocratique du Congo, c’est la personne physique par laquelle la
personne morale a agi qui répond pénalement de l’infraction commise. « Le
juge recherche celui qui, concrètement, réellement, a agi sous le couvert de la
personne morale »26. Et comme le souligne, pour le déplorer, Nyabirungu
mwene Songa, le principe de l’irresponsabilité pénale des personnes morales
est tellement ancré dans les esprits et la pratique qu’il n’existe, dans la doctrine
congolaise, pratiquement aucun débat sur l’éventualité de la responsabilité
pénale des personnes morales27. Toutefois, il existe des cas isolés où cette
responsabilité est évoquée. Si dans certains textes particuliers le législateur se
limite à déclarer les personnes morales civilement responsables des amendes
prononcées contre leurs organes et préposés sans les rendre elles-mêmes
pénalement responsables et sans les sanctionner directement28, il y a aussi des
textes qui prévoient des sanctions pénales directement applicables aux
personnes morales.
A titre d’exemple, l’article 36 de la loi n° 04/016 du 19 juillet 2004 portant
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
dispose : « les personnes morales autres que l’Etat, pour le compte ou au
bénéfice desquelles une infraction subséquente a été commise par l’un de leurs
organes ou représentants, seront punies d’une amende d’un taux égal au
quintuple des amendes spécifiées pour les personnes physiques, sans préjudice
de la condamnation de ces dernières comme co-auteurs ou complices de
l’infraction. Les personnes morales peuvent, en outre, être condamnées : 1°. à
l’interdiction à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, d’exercer
directement ou indirectement certaines activités professionnelles ; 2°. à la
fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans au maximum, de leurs
établissements ayant servi à commettre l’infraction ; 3°. à la dissolution
lorsqu’elles ont été créées pour commettre les faits incriminés ; 4°. au paiement
des frais de publication de la décision par la presse écrite ou par tout autre
moyen de communication audiovisuelle ».
On peut aussi citer les dispositions de l’article 11 de l’ordonnance-loi n°
67-272 du 23 juin 1967 relative aux pouvoirs réglementaires de la Banque
nationale du Congo en matière de réglementation du change, aux termes
duquel « l’infraction à la réglementation du change est réputée existante dans
le chef de toutes les personnes physiques et morales intervenant directement
ou indirectement dans le fait qui la caractérise ».
Il nous faut également signaler qu’en dépit de tous les avantages que
comporte l’organisation de la responsabilité pénale des personnes morales29 et
du fait que la tendance actuelle, dans beaucoup de pays, est à la reconnaissance
et la réglementation de cette responsabilité, le législateur de l’Ohada n’a pas
admis cette solution. A ce sujet, nous joignons notre voix à celles de ceux qui
27
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., pp. 252-253.
28
Tel est le cas de l’article 329 de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail, selon lequel les
employeurs sont civilement responsables du paiement des amendes prononcées à charge de leurs préposés en vertu
du titre XV consacré aux pénalités. Il en est également ainsi de l’article 81 de la loi n° 003-2002 du 2 février 2002
relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit qui dispose : « Les établissements de crédit sont
civilement responsables des condamnations à l’amende prononcées en vertu des dispositions des articles 80 et 85
contre toute personne qui participe, directement ou indirectement, à leur administration, gestion ou contrôle ».
29
Voir MASIALA MUANDA VI Y., Jean, « La détermination de l’auteur de l’infraction en droit pénal des affaires »,
in Droit et progrès, Vol. 1, n° 01/2018, janvier -juin 2018, pp. 90-91.
446 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
estiment que, quelle que soit la pertinence des arguments qui pourraient avoir
déterminé son choix, l’Ohada devrait abandonner ce régime qui, non
seulement procure aux commerçants personnes morales « une sorte
d’immunité dans la mise en œuvre de leurs objectifs »30, mais aussi entretient
une discrimination entre les commerçants personnes morales et les
commerçants personnes physiques. Parmi ces multiples voix, on peut citer
celles de Rabani Adamou31, Athanase Foko32 et Roger Sockeng33. De leur côté,
Pougoué Paul-Gérard, Anoukaha François, et Nguebou Toukam Josette
déplorent, pour deux raisons essentielles, le fait que le législateur de l’Ohada
n’ait pas réglementé la responsabilité pénale des personnes morales à l’instar
de certaines législations modernes. La première raison est que cette
responsabilité de la personne morale, si elle avait été retenue, « aurait pu
responsabiliser davantage les personnes qui répondent d’elle »34. La seconde
raison est qu’une telle responsabilité aurait permis « de sanctionner le vrai
auteur de l’infraction, dans le cas où les dirigeants sociaux n’auront commis
l’infraction que pour le compte de la personne morale »35.
2°) Le déclenchement de l’action publique
On l’a vu, le déclenchement de l’action publique est principalement
l’œuvre du ministère public. En droit commun, le déclenchement des
poursuites par le ministère public n’est pas subordonné à une plainte, une
autorisation ou un avis préalable. Il existe néanmoins des cas exceptionnels où
les poursuites ne peuvent être valablement engagées que si la victime a déposé
préalablement une plainte. Dans ces cas, les poursuites ne seront pas
valablement engagées sans une telle plainte ou si celle-ci est retirée avant que
l’action publique n’ait été mise en mouvement. Il en est ainsi lorsqu’il s’agit
d’engager des poursuites pour les infractions d’adultère36, de grivèlerie37, de
30
FOKO, Athanase, « Analyse critique de quelques aspects du droit pénal Ohada », in Penant, 859, p. 210.
31
ADAMOU, Rabani, « Plaidoyer pour une responsabilité pénale des personnes morales en droit Ohada », in Revue de
l’ERSUMA, n° 2, mars 2013, pp. 43-60.
32
FOKO, Athanase, op. cit., p. 209. Ce dernier écrit, notamment : « […] il est urgent de prendre déjà des dispositions
idoines afin qu’une éventuelle réforme du droit Ohada offre l’occasion de consacrer l’option contraire, c’est-à-dire la
reconnaissance de la responsabilité pénale de ces structures commerciales ».
33
SOCKENG, M. Roger, La délinquance économique et financière, Module de formation de juristes Béninois en droit
Ohada les 27 et 28 mars 2008, ERSUMA, 2008, p. 9.
34
POUGOUE, Paul-Gérard, et alii, Le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique Ohada,
Yaoundé, Presses universitaires d’Afrique, 1998, p. 5
35
Idem, p. 121.
36
Art. 468 de la loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant code de la famille, telle que modifiée et complétée par la loi n°
16/008 du 15 juillet 2016.
37
Art. 102 bis du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 447
38
Art. 102 de l’ordonnance-loi n° 86-033 du 5 avril 1986 portant protection des droits d’auteurs et des droits voisins.
39
Art. 4 de l’ordonnance-loi n° 41-33 du 24 février 1950 relative à la répression de la concurrence déloyale.
40
Art. 174d du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006.
41
Art. 3 du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet
2006.
42
FAYE, Amadou, Introduction au droit pénal des affaires, FSJP - Licence III - Affaires, Mbengue, 2010/2011, p. 1.
43
CABON, Sarah-Marie, op. cit., p. 2.
448 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
44
CABON, Sarah-Marie, op. cit., pp. 1-2.
45
Ibidem, p. 4.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 449
46
HELIE, Faustin, Traité de l’instruction criminelle, 2è éd., T. 2, Paris, 1866, n° 1098.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 451
47
FRANCHIMONT, Michel, JACOBS, Ann, et MASSET, Adrien, op. cit., p. 95.
48
NGUYEN, C.T. et alii, Lexique de droit des affaires zaïrois, Kinshasa, Faculté de Droit, 1972, p. 202.
49
BARRAUD, A. et MELLET, L., Leçons de droit commercial, Lausanne, Librairie Payot, 1976, p. 33.
50
Les articles 27 à 33 du code pénal congolais traitent de la prescription des peines.
452 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
51
MATSOPOULOU, Haritini, « Prescription. Propositions de réforme et délinquance d’affaires », in La semaine
juridique - Edition générale, n° 43, 19 octobre 2015, p. 1952.
52
Ainsi, la Chambre criminelle française a affirmé, dans un arrêt du 16 décembre 2014, que, « si le délit de prise illégale
d’intérêts se prescrit à compter du jour où la participation a pris fin, le délai de prescription de l’action publique ne
commence à courir, en cas de dissimulation destinée à empêcher la connaissance de l’infraction, qu’à partir du jour
où celle-ci est apparue et a pu être constatée dans des conditions permettant l’exercice des poursuites » (Crim. 16 déc.
2014, FS-P+B, n° 14-82.939, obs. FUCINI, Sébastien, Dalloz Actualité, 26 janvier 2015).
53
DANET, Jean, Report de la prescription de l’action publique pour dissimulation d’assassinats, www.dalloz-
actualite.fr/.../ report-de-prescription-de-l-action-publique-pour-dissimulation-d-assassinats
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 453
aux organes compétents de ne pas avoir poursuivi des infractions dont ils n’ont
pas pu avoir connaissance ou dont la poursuite était impossible à cause d’un
obstacle insurmontable. Haritini Matsopoulou suggère d’entendre par
infraction occulte, « l’infraction qui, en raison de ses composantes, ne peut être
connue ni de l’autorité judiciaire, ni de la victime, selon les éléments dont celle-
ci dispose »54.
Quelle est la position du droit congolais à ce sujet ? La doctrine que nous
avons consultée demeure presque muette sur cette question, à l’exception du
professeur Luzolo Bambi qui martèle que « la loi congolaise fait courir la
prescription du jour où l’infraction a été commise et non du jour où elle est
constatée ou connue légalement »55. La conséquence logique de cette thèse
serait qu’aucune exception ne pourrait être faite, même pour les infractions
occultes qui ne seraient constatées que bien après le jour de leur commission.
Nous pensons qu’une telle solution ferait la part belle aux délinquants qui
s’ingénieraient à dissimuler soigneusement leurs infractions pour en empêcher
la connaissance et se garantir une impunité certaine même au cas où celles-ci
seraient connues après le délai de prescription calculé à partir du jour de leur
commission. Si l’idée sous-jacente à l’institution de la prescription de l’action
publique est d’inciter à vite agir contre les auteurs d’infractions, il est juste
qu’une telle exigence ne puisse s’appliquer de manière rigoureuse qu’à partir
du moment où les victimes desdites infractions ou l’organe de poursuite ont
pu en avoir connaissance et ont pu les constater dans des conditions permettant
l’exercice des poursuites. Le législateur congolais devrait, de lege ferenda,
consacrer cette dérogation par une disposition expresse. Ainsi, l’article 25 du
code pénal pourrait être reformulé de la manière suivante : « Les délais de la
prescription commenceront à courir du jour où l’infraction a été commise ou,
si l’infraction a été dissimulée pour en empêcher la connaissance, du jour où
elle est apparue et a pu être constatée dans des conditions permettant l’exercice
des poursuites ».
Dans le cas des infractions continues, c’est-à-dire celles qui ne se
commettent pas en une seule fois mais dont l’activité délictueuse se prolonge,
la prescription ne court que du jour où prend fin l’activité délictueuse56. Le code
pénal suisse dispose, par exemple, en son article 71, que la prescription court :
a. du jour où l’auteur a exercé son activité coupable ; b. du jour où le dernier
acte a été commis, si cette activité s’est exercée à plusieurs reprises ; c. du jour
où leurs agissements coupables ont cessé, s’ils ont une certaine durée.
Abondant dans le même sens, la Cour suprême de justice luxembourgeoise a
décidé, dans une espèce, que « la prescription court, pour les infractions
54
MATSOPOULOU, Haritini, op. cit., p. 1952.
55
LUZOLO BAMBI LESSA, Emmanuel J., op.cit., p. 185.
56
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., p. 414 ; LUZOLO BAMBI LESSA, Emmanuel J., op.cit., p. 185.
454 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires
instantanées, à partir du jour où le fait incriminé par la loi a été commis, tandis
que, pour les infractions continues, elle ne commence à courir que du jour où
l’état de continuité a pris fin »57. Quant à la Cour de cassation française, elle a
eu à trancher que « la prescription du délit de concussion résultant
d’opérations indivisibles ne commence à courir qu’à compter de la dernière des
perceptions ou exonérations indûment accordées »58.
S’agissant de la durée de la prescription, l’article 24 du code pénal
congolais renseigne que « l’action publique résultant d’une infraction sera
prescrite : 1° après un an révolu, si l’infraction n’est punie que d’une peine
d’amende, ou si le maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas
une année ; 2° après trois ans révolus, si le maximum de la servitude pénale
applicable ne dépasse pas cinq années; 3° après dix ans révolus, si l’infraction
peut entraîner plus de cinq années de servitude pénale ou la peine de mort ».
Notons que le cours de la prescription peut être perturbé, notamment par
des actes interruptifs de prescription. Selon l’article 26 du code pénal congolais
qui traite de cette question, « la prescription sera interrompue par des actes
d’instruction ou de poursuite faits dans les délais de un, ou trois, ou dix ans, à
compter du jour où l’infraction a été commise. Le jour où l’infraction a été
commise est compris dans le délai de la prescription ».
57
Cour suprême de justice. Luxembourg, 17 janvier 1957, Pas. Lux., 1957-1959, p. 105.
58
Cass. crim. 31 janvier 2007 (Bull. crim. n° 24, p. 79).
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 455
CONCLUSION
Le droit pénal des affaires n’est certes pas une discipline totalement
autonome, complètement déconnectée du droit pénal commun. Il entretient de
fortes accointances avec ce « fonds commun ». Il faut cependant reconnaître
que compte tenu de la délicatesse du domaine qu’il réglemente, le droit pénal
des affaires obéit à certains principes particuliers, dérogatoires au droit pénal
commun, tant en ce qui concerne les règles de fond que les règles de procédure.
C’est ce qui en fait un droit spécial et qui lui confère une relative autonomie.
Sur le plan précisément de la procédure, le particularisme qui caractérise
le droit pénal des affaires opère, comme nous l’avons fait voir, dès la phase de
la mise en état des affaires répressives, c’est-à-dire dès la phase de l’instruction
préjuridictionnelle. La constatation des infractions est marquée par certaines
spécificités qui trouvent leur fondement dans la complexité de la criminalité
d’affaires. Lorsque la mise en état de l’affaire est achevée, il se pose la question
de la juridiction susceptible de connaître de cette affaire. Ce qui constitue un
autre lieu d’expression du particularisme du droit pénal des affaires. Une fois
que la juridiction compétente a été identifiée, la mise en mouvement et
l’exercice proprement dit de l’action publique sont, eux aussi, enserrés dans un
faisceau de dispositions qui, d’une certaine manière, transgressent certains
principes de la procédure pénale de droit commun. En effet, les règles relatives
à la détermination des sujets actif et passif de l’action publique, au
déclenchement et à l’exercice de cette action ne correspondent pas toujours à
celles du droit commun. L’étude s’est employée à recenser ces dispositions
dérogatoires, à pénétrer leur fondement et à s’interroger sur leur opportunité.
Nous ne saurons clore cette réflexion sans regretter, une fois encore,
l’option prise par le législateur de l’Ohada de ne pas retenir la responsabilité
pénale des personnes morales. Nous pensons qu’il aurait intérêt à revenir sur
ce choix malheureux et à s’inscrire « dans le droit contemporain, dont la
tendance dominante est d’incriminer certains comportements spécifiques aux
groupements et de les sanctionner en conséquence »59. Le droit congolais qui
n’a pas non plus une position claire à ce sujet devrait s’engager résolument sur
cette même voie en se dotant d’un texte général consacrant la responsabilité
pénale des personnes morales.
59
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., p. 254.
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particularités procédurales du droit pénal des affaires
BIBLIOGRAPHIE