21 Jean MASIALA

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DE LA MISE EN ETAT DES AFFAIRES REPRESSIVES A

L’INSTANCE PENALE : ANALYSE DE QUELQUES


PARTICULARITES PROCEDURALES DU DROIT PENAL
DES AFFAIRES

Jean MASIALA MUANDA VIY.


Professeur associé

INTRODUCTION

L
orsqu’une infraction au dispositif pénal a été commise, son auteur
doit être identifié, jugé et sanctionné conformément à la loi. L’un
des objectifs de la procédure pénale est justement de déterminer
les règles et les formes à respecter pour la recherche, la constatation et la
poursuite des infractions, l’établissement des preuves, des décisions judiciaires
et leur exécution. La principale action qui naît de l’infraction est l’action pénale,
à laquelle peut venir se greffer une action civile.
Si l’action civile exprime le droit dont dispose celui qui a été lésé par une
infraction d’obtenir réparation du préjudice subi et constitue ainsi une action
protectrice d’intérêts privés, l’action publique vise, quant à elle, la répression
des atteintes à l’ordre public par l’application, aux auteurs desdites atteintes,
des sanctions ou autres mesures prévues par la loi pénale. Son principal objet
est donc la protection de l’intérêt général.
Bien que la saisine du juge en constitue le temps fort ou le moment
culminant, l’exercice de l’action publique commence déjà avec la « mise en
état » des affaires répressives lors de la phase préjuridictionnelle1.
Dans le cadre du présent texte, nous tentons de procéder à une mise en
perspective de la procédure pénale applicable en droit pénal des affaires et la
procédure pénale de droit commun pour dégager les spécificités de celle-là par
rapport à celle-ci. Car il paraît évident que, eu égard à la délicatesse que
comporte l’application des sanctions pénales aux affaires2, les règles de

1
LUZOLO BAMBI LESSA, Emmanuel J., Manuel de procédure pénale, Kinshasa, Presses universitaires du Congo,
2011, pp. 161-162. L’expression « mise en état » employée ici en matière pénale a été empruntée, par le Professeur
Luzolo Bambi Lessa, à la procédure civile où elle désigne la phase d’instruction de l’affaire par les parties opposées
avant toute plaidoirie devant le juge. Il explique que si l’expression est employée en procédure pénale, c’est pour
désigner le niveau de responsabilité du ministère public dans la conduite d’une affaire répressive. Il appartient en effet
au ministère public de mettre une affaire en état de recevoir jugement du tribunal, en y élaguant tout déchet qui
retarderait la procédure ou qui en affecterait l’évolution (p. 161, note 241).
2
L’application des sanctions aux affaires est, il faut le souligner, d’une grande délicatesse. Une application intempestive
de sanctions pourrait, en effet, perturber indûment le climat des affaires et se révéler dangereuse pour la survie de
l’entreprise et pour le développement économique et social.
432 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

procédure appliquées en droit pénal des affaires comportent quelques


spécificités que l’on peut déceler aux niveaux de la constatation de l’infraction
(I), de la compétence juridictionnelle (II) et de l’instance pénale (III).

I. LA CONSTATATION DE L’INFRACTION
Avant que l’action publique ne soit effectivement mise en mouvement
devant le juge, un travail de fond est fait en amont pour rassembler les éléments
de preuve qui permettront de soutenir l’accusation et d’obtenir la
condamnation du coupable. C’est cette phase préalable, qu’est la constatation
de l’infraction, qui pourrait déboucher, le cas échéant, sur la saisine du tribunal
répressif.
En principe, la constatation des infractions relève des magistrats du
parquet et des officiers de police judiciaire. On remarquera cependant que les
infractions qui se commettent dans la vie des affaires sont souvent très difficiles
à appréhender et à prouver, et ne peuvent l’être, dans la plupart des cas,
qu’avec des lunettes spéciales que ne possèdent que certaines catégories de
personnes. Ceci peut être illustré par le cas de la fraude fiscale qui n’est pas
aisée à détecter pour plusieurs raisons liées notamment à la difficulté de saisir
avec précision les contours de la notion même de fraude fiscale et les
nombreuses facettes qu’elle peut revêtir, au caractère dissimulé de cette
infraction qui requiert un regard d’initié, à la complexité des montages
financiers et à la tournure internationale pouvant marquer les agissements
frauduleux dans la mesure où la fraude se développe parfois sur les territoires
de plusieurs Etats3.
Etant donné cette complexité qui caractérise les infractions en droit pénal
des affaires, leur constatation est parfois confiée à des agents spéciaux, dotés
de la compétence et de la technicité nécessaires pour les détecter et comprendre
les montages financiers auxquels recourent leurs auteurs. Pour accroître leur
spécialisation et leur efficacité, ces agents n’ont de pouvoir que dans leur
domaine d’intervention, dans un secteur d’activités économiques qu’ils sont
appelés à réguler, et sont revêtus de la qualité d’officiers de police judiciaire à
compétence restreinte. Ils disposent généralement, dans le cadre de leurs
prérogatives, du droit de visite (A), du droit de saisie (B) et du droit de
communication (C). Ils ont même parfois le pouvoir de prononcer des
sanctions (D), ou encore le devoir de dénoncer les délits dont ils ont
connaissance (E).

3
CABON, Sarah-Marie, « Le particularisme du déclenchement des poursuites pénales : le maintien du ‟ verrou de
Bercy ” », in Droit fiscal, n° 46, 23 novembre 2014, p. 1.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 433

A. Le droit de visite
Le droit de visite est l’un des outils les plus puissants dont disposent
certaines administrations pour repérer et combattre les crimes en matière
économique et financière en cas de présomption d’agissements infractionnels.
Il s’agit d’une procédure d’investigation instituant un mode particulier et
exorbitant du droit commun de recherche de preuves qui permet à l’agent
compétent d’effectuer des visites en tous lieux, même privés, où les éléments
de preuve sont susceptibles d’être trouvés.
Ainsi, par exemple, il résulte de la combinaison des articles 25 et 26 du
décret-loi du 20 mars 1961 sur les prix que les agents des affaires économiques
commissionnés par le ministre ayant l’économie nationale dans ses attributions
ou, sur sa délégation, par les autorités administratives territoriales, sont
spécialement chargés de rechercher et de constater les infractions au décret-loi
précité et à ses mesures d’exécution, et que, dans l’exercice de leur mission, ils
peuvent « pénétrer, entre 9 heures et 21 heures, dans les dépôts, entrepôts
privés, fabriques, usines, magasins, débits et, en général, en tous lieux où des
produits sont détenus à des fins industrielles, commerciales ou spéculatives,
exposés ou mis en vente ; si les lieux sont ouverts au public, ils peuvent y
pénétrer même en dehors des heures fixées ci-dessus ».
B. Le droit de saisie
Les agents compétents ont le pouvoir de saisir tout ce qui a un lien avec
une infraction commise. Il peut s’agir de tout bien ayant servi à la perpétration
de l’infraction ou du produit de cette infraction. De même, la visite domiciliaire
peut déboucher sur la saisie de tout ce qui peut être utile à la manifestation
d’un comportement infractionnel.
Pour preuve, l’article 129 de la loi n° 011/2002 du 29 août 2002 portant
code forestier prévoit que les inspecteurs forestiers, fonctionnaires, agents
assermentés et officiers de police judiciaire peuvent procéder à la saisie et à la
mise sous séquestre des instruments, véhicules et objets ayant servi à
commettre une infraction forestière ou qui en sont le produit.
L’article 356 de l'ordonnance-loi n° 10/002 du 20 août 2010 portant code
des douanes donne compétence aux agents des douanes revêtus au moins du
grade d’attaché de bureau de première classe, de constater les infractions à la
législation douanière. Il enjoint, par ailleurs, aux officiers de police judiciaire à
compétence générale qui constatent des infractions douanières, de les signaler
immédiatement à la douane. Et l’article 358 confère aux agents habilités à
constater les infractions douanières, le droit de saisir tous objets passibles de
confiscation, de retenir tous documents relatifs aux objets saisis et de procéder
à la retenue préventive des moyens de transport et des marchandises litigieuses
434 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

non passibles de confiscation pour garantir le paiement des droits et taxes dus
ainsi que des amendes encourues.
C. Le droit de communication
Le droit de communication est le droit reconnu à certaines
administrations d’obtenir des renseignements et documents détenus par des
tiers et susceptibles de fournir un éclairage sur la situation d’une personne
soupçonnée de comportement criminel. Généralement, l’obligation de secret
professionnel, qui lie les titulaires de certaines professions, est inopérante face
à une administration faisant usage du droit de communication lui reconnu par
la loi. La communication doit se faire sans délai, et tout retard dans la
transmission des pièces, documents ou renseignements demandés peut donner
lieu à des astreintes. Cette procédure peut également être utilisée entre
administrations ou encore dans le cadre d’une coopération judiciaire
internationale prescrite par une convention internationale.
On peut citer, comme exemple, l’article 46 de la loi n° 004/2003 du 13
mars 2003 portant réforme des procédures fiscales, aux termes duquel les
agents de l’Administration des impôts ont le droit général d’obtenir, des
personnes physiques ou morales, publiques ou privées communication de
toutes pièces ou documents nécessaires à l’établissement des impôts et autres
droits dus par les redevables.
Selon l’article 12 de l’ordonnance-loi n° 67-272 du 23 juin 1967 relative
aux pouvoirs réglementaires de la Banque nationale du Congo en matière de
réglementation du change, « les fonctionnaires de la Banque nationale et des
services de la douane sont chargés de constater les infractions à la
réglementation du change. Ils sont revêtus de la qualité d’officiers de la police
judiciaire et leur compétence s’étend sur tout le territoire de la République
démocratique du Congo […]. Les fonctionnaires de la Banque nationale qui ont
ouvert une enquête peuvent exiger la communication de tous renseignements
verbaux et écrits relatifs aux préventions qui donnent lieu aux recherches qu’ils
effectuent. Ils peuvent exiger, notamment, sans déplacement, la production de
toutes écritures et documents comptables susceptibles de permettre la
vérification de ces préventions ».
D. Le pouvoir de sanctionner
Il arrive parfois qu’en plus de leur compétence en matière d’enquête, les
agents chargés spécialement de la constatation des infractions en matière
économique et financière se voient aussi attribuer une compétence répressive
qui leur permet de prononcer des sanctions et qui leur donne ainsi un pouvoir
quasi-judiciaire.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 435

On peut trouver une illustration de ce pouvoir dans l’arrêté


départemental DENI/CAB/06/013/87 du 26 mai 1987 portant création et
fonctionnement de la Commission de la concurrence. Son article 2 indique que
« la Commission de la concurrence est composée des agents et des
fonctionnaires du département désignés et, le cas échéant, relevés de leurs
fonctions par le commissaire d’État à l’Économie nationale et à l’Industrie » ;
tandis que son article 4 définit la compétence de ladite commission en ces
termes : « la Commission de la concurrence a pour mission de veiller au respect
par les opérateurs économiques des règles de la libre concurrence. D’une
manière particulière, la Commission de la concurrence est chargée de
rechercher, d’examiner et, le cas échéant, de sanctionner les restrictions à la
concurrence […] ».
E. L’obligation de dénonciation
Certains agents peuvent avoir l’obligation d’informer immédiatement
l’autorité judiciaire de tout délit dont ils auront eu connaissance dans le cadre
de leur mission de contrôle et de vérification. Le fait pour eux de ne pas
dénoncer tout fait susceptible de constituer une infraction dans le chef des
personnes sur lesquelles ils exercent leur pouvoir de contrôle et dont ils ont
connaissance, les expose à des sanctions pénales et/ou disciplinaires.
Une belle illustration est fournie par le cas des commissaires aux
comptes, experts chargés de contrôler la comptabilité de la société et de vérifier
que celle-ci fonctionne conformément à la loi, et que les dirigeants sociaux ne
se livrent pas à des actes d’aliénation du patrimoine social. L’article 716 de
l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement
d’intérêt économique dispose que le commissaire aux comptes signale, à la plus
prochaine assemblée générale, les irrégularités et les inexactitudes relevées par
lui au cours de l’accomplissement de sa mission. En outre, il révèle au ministère
public les faits délictueux dont il a eu connaissance dans l’exercice de sa
mission, sans que sa responsabilité puisse être engagée par cette révélation. Et
selon l’article 899 du même Acte, « encourt une sanction pénale, tout
commissaire aux comptes qui, soit en son nom personnel, soit à titre d’associé
d’une société de commissaires aux comptes, a sciemment donné ou confirmé
des informations mensongères sur la situation de la société ou qui n’a pas
révélé au ministère public les faits délictueux dont il a eu connaissance ».
436 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

II. LA COMPETENCE JURIDICTIONNELLE


Les activités d’affaires sont caractérisées par un esprit particulier, des
habitudes, des exigences propres qui justifient la soumission de tous ceux qui
les exercent à un statut particulier. Le droit commercial a justement été conçu
pour répondre à cet impératif. Il se présente comme un droit d’exception
s’appliquant aux opérations commerciales et adapté aux nécessités créées par
le commerce lui-même4.
C’est ce particularisme qui a justifié, dans certains pays, la création des
tribunaux de commerce, juridictions spécialisées devant connaître de toutes les
affaires commerciales. En effet, « la difficulté que peut présenter, pour un
magistrat éloigné de la vie des affaires, l’interprétation des conventions
commerciales ou l’analyse d’institutions de la pratique commerciale explique
que, tout au moins en première instance, le règlement des litiges commerciaux
soit confié à des juges commerçants »5.
En fait, bien qu’elles ne manquent pas de susciter régulièrement des
controverses, les juridictions spécialement instituées en vue de juger les litiges
nés dans le cadre des activités d’affaires existent depuis fort longtemps. Jean
Bernard Blaise rapporte qu’en France, les tribunaux de commerce ont été créés
officiellement à Paris par un édit royal de 1563, mais que leur existence était
plus ancienne dans certaines villes (notamment Lyon en 1419 et Toulouse en
1549)6.
La législation congolaise a, pendant longtemps, ignoré ce genre de
juridictions spéciales en raison de son attachement au principe de l’unité de
juridiction. En vertu de ce principe, les litiges d’ordre commercial étaient portés
devant les tribunaux civils.
Mais, depuis la promulgation de la loi portant création, organisation et
fonctionnement des tribunaux de commerce7, la République démocratique du
Congo dispose de juridictions commerciales, même si celles-ci ne sont pas
encore opérationnelles sur l’ensemble du territoire national. Ces juridictions,
qui se particularisent notamment par leur composition (A) et leur compétence
(B), comportent un intérêt certain pour la vie économique et sociale du pays
(C).

4
CASTELAIN, L., Eléments de droit commercial, Bruxelles, A. De Boeck, 1964, p. 5.
5
DUPOUY, C., Précis de droit commercial, t. 1, Paris, 1976, pp. 18-19.
6
BLAISE, Jean-Bernard, Droit des affaires, 5ème éd., Paris, L.G.D.J., 2009, p. 157.
7
Loi n° 002/2001 du 3 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de commerce, in
J.O.R.D.C., n° 14, 15 juillet 2001, p. 4.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 437

A. La composition du tribunal de commerce


Le tribunal de commerce comprend un président, des juges permanents
et des juges consulaires.
Le président du tribunal est un magistrat de carrière appartenant au
corps judiciaire désigné et, le cas échéant, relevé de ses fonctions par le ministre
de la justice. Les juges permanents sont aussi des magistrats de carrière, tandis
que les juges consulaires sont élus, pour une durée de deux ans pour le premier
mandat et quatre ans pour les mandats suivants, par un collège électoral, à la
majorité relative des voix. Un arrêté du ministre de la justice entérine cette
élection.
Il sied de noter que la présence, dans la composition du siège, de juges
consulaires (juges élus par les commerçants parmi leurs pairs) avait constitué
une innovation dans l’ordre judiciaire congolais ; car c’était la première fois que
des organes professionnels venaient interférer dans l’administration de la
justice pour la défense des intérêts de leur corporation.
Le principe de l’élection des juges consulaires est très important pour les
juridictions commerciales où l’on a besoin de juges, non seulement rôdés dans
les usages du commerce, mais aussi investis de la confiance des justiciables
dont la préoccupation principale est la recherche d’une solution acceptée par
tous.
Mais contrairement à ce qui se passe dans certains pays, en France par
exemple, où les juridictions commerciales sont composées exclusivement de
juges élus, le législateur congolais a opté pour le système d’échevinage ou de
mixité, déjà en vigueur notamment en Belgique, en Allemagne, en Norvège, ….
Ce système consiste à associer des magistrats professionnels et des juges élus
dans une même juridiction afin d’assurer la qualité des jugements rendus,
puisque se trouveront réunies la connaissance des règles de fond et de
procédure par les magistrats de carrière, et la perception, pour chaque affaire,
de sa dimension économique grâce à la présence de personnes pétries
d’expérience commerciale (juges consulaires). De cette manière, la rectitude
juridique est assurée par la présence des magistrats de carrière, et la technicité
par la présence des assesseurs commerçants8.
B. La compétence des tribunaux de commerce
Les règles de compétence régissent la répartition des matières litigieuses
entre les différentes juridictions. Pour savoir si, à l’égard d’un procès
déterminé, tel tribunal est compétent, c’est-à-dire a reçu de la loi l’aptitude à
instruire et à juger ce procès, on se place généralement à deux points de vue9 :

8
PERROT, Roger, Institutions judiciaires, 2è éd., Paris, Ed. Montchrestien, 1986, p. 136.
9
VINCENT, Jean et GUINCHARD, Serge, Procédure civile, 25è éd., Paris, Dalloz, 1999, p. 247.
438 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

- au point de vue de la compétence d’attribution. Celle-ci se rapporte à la


nature des affaires et traduit notamment la volonté du législateur de réserver
la connaissance de certaines catégories d’affaires à des juridictions spécialisées.
Les règles de compétence d’attribution indiquent la nature et le degré de la
juridiction à saisir ;
- au point de vue de la compétence territoriale, en vertu de laquelle les
affaires de même nature sont réparties entre tribunaux de même attribution,
soit en raison du domicile des parties, soit pour toute autre raison.
Seule nous intéresse ici la compétence d’attribution des tribunaux de
commerce, et principalement en matière de droit pénal. A ce sujet, il ressort de
la loi que ces tribunaux sont compétents pour connaître des infractions à la
législation économique et commerciale, quel que soit le taux de la peine ou la
hauteur de la demande10.
C. Intérêt des tribunaux de commerce pour la République Démocratique
du Congo
La question qui se pose ici est celle de savoir s’il était opportun de créer
des tribunaux de commerce en République Démocratique du Congo. Ne fallait-
il pas continuer à confier le jugement des affaires commerciales aux tribunaux
de grande instance ?
A la suite de J. Van Damme, A. Marquet et beaucoup d’autres, le
Professeur Lukombe Nghenda s’était déjà posé la même question11.
Ce que nous aimerions d’abord noter, c’est que plusieurs vertus sont
généralement attribuées aux tribunaux de commerce et ont justifié la création
de ces derniers sous d’autres cieux. On soutient, entre autres :
a) que les tribunaux de commerce sont préférables quand il est question
de traiter des matières commerciales, étant donné qu’ils disposent d’une
procédure plus simple, moins formaliste, plus rapide, et donc plus adaptée aux
exigences particulières du monde des affaires où la célérité dans le traitement
de toutes les questions est une règle d’or ;
b) qu’ils sont les plus à même de rendre des jugements satisfaisants en
matière commerciale, eu égard à la présence en leur sein de juges consulaires
possédant une expérience commerciale avérée, des connaissances techniques
que ne possèdent pas les magistrats de carrière, et la maîtrise des coutumes et
usages propres au commerce. Ainsi, la justice commerciale présente des
qualités de technicité parce qu’elle associe des juges commerçants, rompus à la

10
Art. 17 de la loi n° 002/2001 du 3 juillet 2001 portant création, organisation et fonctionnement des tribunaux de
commerce.
11
LUKOMBE NGHENDA, Droit Congolais des sociétés, t. 1, Kinshasa, P.U.C., 1999, pp. 19-20.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 439

vie des affaires, et qui connaissent mieux les usages du commerce que les
magistrats de carrière12.
Il est vrai que le juge commerçant ne peut maîtriser toutes les industries
ou activités commerciales qui sont très variées, et qui continuent d’ailleurs à se
diversifier. Mais le commerce a un esprit et des coutumes que tout commerçant
sérieux maîtrise, quelle que soit l’activité exercée, et qui peuvent le guider pour
trancher de manière juste les litiges qui lui sont soumis.
Le fait aussi que la compétence de ces tribunaux soit limitée à une
catégorie précise de matières leur accorde plus de crédibilité et constitue un
atout supplémentaire pour la protection des affaires commerciales, dans la
mesure où même les magistrats de carrière qui y œuvrent se spécialisent dans
un domaine précis au lieu d’être de simples « généralistes » comme c’est le cas
dans d’autres juridictions.
c) qu’au lieu de faire une application plate des principes du droit civil,
lesquels s’accommodent parfois mal avec les exigences de la vie pratique, les
juges commerçants privilégient des solutions négociées entre litigants,
conformément à la mentalité et aux habitudes propres aux commerçants. En
effet, la justice commerciale est essentiellement conciliatrice, car l’esprit et le
sens pratique des juges commerçants les incitent souvent à conseiller aux
parties une conciliation ou une transaction, et même parfois à la susciter13 .
Toutes ces raisons ont certainement milité aussi pour la création des
tribunaux de commerce en République Démocratique du Congo. Mais, au-delà
de ces avantages, les tribunaux de commerce en République Démocratique du
Congo sont également et fondamentalement une réponse à la demande
insistante des opérateurs économiques qui n’étaient pas satisfaits de la manière
dont les litiges commerciaux étaient tranchés devant les juridictions ordinaires.
Aux fléaux communs que sont la lenteur et le formalisme excessifs qui
caractérisent généralement ces juridictions dans le déroulement des procès,
s’ajoute la partialité trop criante des juges au détriment des investisseurs et des
sociétés commerciales. Comme avait pu le constater Kabeya Tshikuku, le
pourcentage de procès perdus par les entreprises était impressionnant avant la
création des tribunaux de commerce ; les frais de justice ainsi que les
dommages-intérêts mis à leur charge étaient, dans les meilleurs des cas, les
maxima prévus par la loi et, dans les pires des cas, un multiple de l’avoir social.
De même, toutes les fois que deux entreprises recouraient aux tribunaux
pour les départager, la possibilité était grande qu’une sentence inique soit
prononcée contre celle qui présentait les assurances d’une surface financière
plus large14.

12
PERROT, Roger, op. cit., p. 134.
13
Idem.
14
KABEYA TSHIKUKU, Jugements iniques contre l’entreprise. Intervention au séminaire sur la sécurité juridique,
judiciaire et la protection des investissements, tenu à Kinshasa du 1er au 2 juin 2000.
440 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

Ces maux qui caractérisent le système judiciaire congolais mettaient en


péril les équilibres financiers des entreprises, diminuaient leur rentabilité,
décourageaient les nouveaux investisseurs et annihilaient le caractère incitatif
du code des investissements15. La Fédération des Entreprises du Congo (FEC),
saisie à ce sujet par plusieurs opérateurs économiques, avait estimé qu’il était
temps qu’une justice spécialisée soit instituée pour juger les affaires
commerciales et avait alors mené une action serrée auprès des pouvoirs publics
pour obtenir l’organisation de cette justice.
Ainsi, contrairement à ce que d’aucuns ont pu soutenir, ce sont les réalités
juridiques congolaises elles-mêmes qui ont nécessité la création des tribunaux
de commerce au Congo. Elle a été jugée importante pour tenter de mettre fin à
la fuite des capitaux et au pourrissement progressif de la situation économique
et sociale. L’assainissement du climat des affaires et le rétablissement de la
confiance des opérateurs économiques passe par un sentiment de sécurité
judiciaire que l’existence des tribunaux de commerce peut contribuer à créer.
Certains ont fait remarquer que les tribunaux de commerce n’offrent pas
toujours de garanties suffisantes d’objectivité, car les justiciables de ces
juridictions sont jugés par des commerçants de la même profession qu’eux, et
qui donc peuvent être soit des amis, soit des concurrents. La part de l’émotivité
peut, dans ce cas, être importante et influencer le jugement rendu.
A cette objection, nous répondons que les systèmes de collégialité et
d’échevinage sont justement des espèces de garde-fous contre de telles dérives
émotionnelles. En outre, le justiciable non satisfait de l’issue d’un procès auquel
il est partie devant le tribunal de commerce a toujours la possibilité d’interjeter
appel contre ce jugement devant la Cour d’Appel, où le litige ne sera plus
examiné par des juges commerçants. De même, il dispose de la récusation
comme autre voie pour manifester son mécontentement et faire changer la
composition du siège.

III. L’INSTANCE PENALE


Il s’agit ici de tout ce qui tourne autour de l’action publique, définie, on
l’a vu, comme l’action d’intérêt général née d’un fait qualifié d’infraction et qui
a pour objet la poursuite, devant les autorités compétentes, spécialement les
cours et tribunaux, dans les formes prescrites par la loi, de la personne
prévenue ou accusée de ladite infraction, aux fins d’examiner la culpabilité de
cette personne et de lui appliquer, si elle est coupable, les sanctions ou mesures

15
KALONGO MBIKAYI, La problématique des jugements iniques. Intervention au séminaire sur la sécurité juridique,
judiciaire et la protection des investissements, tenu à Kinshasa du 1 er au 2 juin 2000.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 441

prévues par les lois pénales16. Destiné à rétablir l’ordre public qui a été troublé
et non à réparer un préjudice personnel subi par un individu, cette action est
normalement engagée au nom de la société qui seule a le droit de punir.
En dépit du fait que le droit pénal des affaires obéit, de manière générale,
aux règles communes de procédure pénale du point de vue de l’instance
pénale, il existe néanmoins en la matière quelques spécificités dans la mise en
mouvement de l’action publique (A), son exercice (B) et son extinction (C).
A. La mise en mouvement de l’action publique
L’examen des spécificités liées au déclenchement de l’action publique
(2°) nécessite d’ouvrir d’abord une parenthèse pour relever préalablement
celles relatives aux sujets de l’action publique (1°).
1°) Les sujets de l’action publique
L’action publique fait intervenir principalement deux sujets : le sujet actif
(a) et le sujet passif (b).
a) Le sujet actif
Le sujet actif est celui qui est habilité à engager les poursuites judiciaires
ou à mettre en mouvement l’action publique. Il s’agit essentiellement du
ministère public, même si la loi reconnaît également à la victime de l’infraction
le droit de mettre en mouvement cette action par la voie de la citation directe.
L’article 54 du code de procédure pénale dispose, en effet, que la juridiction de
jugement est saisie par la citation donnée au prévenu, et éventuellement à la
personne civilement responsable, à la requête de l’officier du ministère public
ou de la partie lésée. Toutefois, lorsqu’il y a lieu de poursuivre une personne
jouissant d’un privilège de juridiction, cette citation ne sera donnée qu’à la
requête d’un officier du ministère public.
Le ministère public est en fait le dépositaire de la plénitude de l’exercice
de l’action publique qu’il exerce au nom de la société17. La spécificité à ce
niveau est qu’en droit pénal des affaires, ce pouvoir du ministère public est
confié dans certains cas à d’autres agents relevant d’organismes dont les
normes ont été violées par l’infraction perpétrée. Il s’agit alors d’une
compétence d’exception, dérogatoire au droit commun, qui doit découler
d’une disposition spéciale de la loi et qui ne vaut que pour des infractions
déterminées. L’agent investi de cette compétence se substitue au ministère
public pour déclencher l’action publique au nom de la société. Il ne faut
cependant pas confondre cette situation avec l’hypothèse où le ministère

16
FRANCHIMONT, Michel, JACOBS, Ann, et MASSET, Adrien, Manuel de procédure pénale, 4è éd., Bruxelles,
Larcier, 2012, p. 42.
17
KUTY, F., « Le devoir du ministère public de proposer une solution de justice : l’expression de son honneur et l’assise
de sa légitimité », Obs. sous cass., 13 décembre 2012, J.L.M.B., 2013, pp. 1456-1470.
442 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

public, tout en gardant son pouvoir de déclencher l’action publique, voit ce


pouvoir être subordonné à une autorisation, un avis ou une plainte préalable
d’un organisme déterminé.
Prenons comme exemple l’article 103 de la loi portant réforme des
procédures fiscales selon lequel les poursuites contre les auteurs d’infractions
fiscales qui procèdent manifestement d’une infraction frauduleuse et qui sont
énumérées à l’article 10218, sont exercées par le procureur de la République à la
requête de l’agent de l’administration des impôts revêtu de la qualité d’officier
de police judiciaire à compétence restreinte, du Directeur général ou du
Directeur compétent, selon le cas. On voit par cette formulation qu’une fois que
l’action publique a été mise en mouvement, elle va être exercée par le procureur
de la République. Le ministère public n’est donc pas écarté du procès répressif.
b) Le sujet passif
Le sujet passif est celui contre qui l’action publique est dirigée, c’est-à-
dire toute personne qui est auteur, coauteur ou complice supposé d’une
infraction.
Le droit pénal des affaires comprend aussi à ce propos des particularités.
En effet, dans un souci de moralisation de la vie économique, le droit pénal des
affaires fait peser une responsabilité particulière sur les dirigeants
d’entreprises19 qui peuvent répondre pénalement même des actes
matériellement posés par d’autres, leurs préposés (b1). Certaines législations
admettent également la responsabilité pénale des personnes morales (b2).
b1) La responsabilité pénale du dirigeant d’entreprise, du fait d’autrui
En droit pénal commun, on le sait, le principe selon lequel la
responsabilité pénale est individuelle est sacro-saint : nul n’est responsable que
de son propre fait. Ce principe exclut la possibilité de poursuites judiciaires
contre une personne pour fait d’autrui. Une personne étrangère à l’infraction
commise ne peut être que civilement responsable du préjudice causé par le fait
infractionnel du tiers dont il répond. Mais en droit pénal des affaires, le
dirigeant d’entreprise peut répondre pénalement des actes de ses préposés et
devenir ainsi le sujet passif d’une action publique qui a son origine dans un fait
d’autrui. En droit français par exemple, l’article 25 de la loi du 15 juillet 1975
sur l’élimination des déchets impute les infractions en matière d’élimination
de déchets « à tous ceux qui, chargés à titre quelconque de la direction, de la
gestion ou de l’administration de toute entreprise ou établissement ont laissé

18
Il s’agit des infractions suivantes : omission volontaire de déclaration, dissimulation volontaire des sommes sujettes
à l’impôt, passation délibérée des écritures fictives ou inexactes dans les livres comptables, incitation du public à
refuser ou retarder le paiement de l’impôt, émission de fausses factures, opposition à l’action de l’administration des
impôts, agression ou outrage envers un agent de l’administration des impôts.
19
BLAISE, Jean-Bernard, op. cit., pp. 224-225.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 443

méconnaître par toute personne relevant de leur contrôle les dispositions »


légales.
Le fondement de cette responsabilité réside principalement dans l’idée
d’une faute personnelle du dirigeant qui n’a pas veillé personnellement au
respect de la réglementation violée au sein de l’entreprise. Il appartient, en
effet, au dirigeant d’entreprise d’exercer un contrôle permanent et rigoureux
sur le respect, par ses subordonnés, de la réglementation relative à l’activité
exploitée par l’entreprise. Il réside également dans le constat de la mauvaise
organisation de l’entreprise qu’il dirige20, ou encore dans une imprudence ou
une négligence de sa part.
Mais cette responsabilité n’est pas automatique ; sa mise en œuvre est
subordonnée à deux conditions majeures. Tout d’abord, le préposé doit avoir
commis une faute qui soit une infraction pénale21. Il faut ensuite que le
dirigeant concerné ait lui-même commis une faute qui devra être soit une
violation manifestement délibérée d’une obligation particulière de prudence
ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, soit une faute caractérisée et
qui exposait autrui à un risque d’une particulière gravité qu’il ne pouvait
ignorer.
En outre, le dirigeant d’entreprise peut s’exonérer de la responsabilité
pénale soit par la preuve de l’absence de faute personnelle, soit par le recours
au mécanisme de la délégation de pouvoirs. Ce mécanisme lui permet de
s’exonérer de sa responsabilité pénale s'il rapporte la preuve qu'il a délégué ses
pouvoirs à une personne pourvue de la compétence, de l'autorité et des moyens
nécessaires. La responsabilité pénale sera, dans ce cas, reportée sur le préposé
délégataire.
b2) La responsabilité pénale des personnes morales
Bien qu’elle continue dans une certaine mesure à être « un lieu de
dissension »22 quant à son opportunité, la responsabilité pénale des personnes
morales est désormais admise par un bon nombre de pays, notamment la
quasi-totalité des pays européens23. Par conséquent, les personnes morales

20
Crim., 26 juin 2001, in RIAS, Nicolas, La responsabilité pénale du fait personnel, Fiche pédagogique virtuelle,
Faculté de droit virtuelle, Université Lyon 3, Fiche à jour au 15 novembre 2011, p. 11. « […] Attendu qu'après avoir
caractérisé les éléments matériels des infractions, les juges d'appel énoncent, pour les imputer au prévenu, qu'en sa
qualité de directeur du magasin, il a commis une faute personnelle en ne s'assurant pas de la présence d'un responsable
habilité à suppléer les titulaires dans l'exécution de leurs obligations de contrôle ni des mesures prises pour éviter
d'offrir à la vente des produits non conformes ; Attendu qu'en l'état de ces motifs procédant de son appréciation
souveraine des faits et circonstances de la cause, la cour d'appel a justifié sa décision ».
21
PRADEL, Jean, La pénalisation du droit des affaires, Fondation pour le droit continental, Colloque Le Caire, octobre
2009, p. 4.
22
SANDY, Basile, « La responsabilité pénale de la personne morale », in Travail Sécurité, Juillet-août 2009, p. 46.
23
L’Europe affiche, en effet, presqu’unanimement une volonté de tenir les personnes morales responsables pénalement
de leurs actes, à l’exception de l’Allemagne et de l’Italie qui privilégient les poursuites et les sanctions administratives
et financières (Voir MARQUETTY, Hippolyte, « Réflexions autour de la responsabilité pénale des personnes
444 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

peuvent, comme les personnes physiques, être des sujets passifs et répondre
pénalement des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants. Le droit pénal des affaires est un domaine de prédilection d’une
telle responsabilité, avec les sociétés commerciales dotées de la personnalité
juridique.
Pour qu’une infraction soit retenue à l’encontre d’une personne morale,
elle doit avoir été commise non seulement par une personne disposant des
qualités alternatives d’organe ou de représentant de la personne morale, mais
aussi pour le compte de celle-ci. Cependant, la responsabilité des personnes
morales n’exclut pas celle des personnes physiques auteurs des faits. En
d’autres termes, l’imputation de l’infraction à la personne morale n’a pas pour
effet de décharger automatiquement les personnes physiques auteurs des faits
répréhensibles ; le cumul de responsabilités est donc possible24. En effet, la
reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes morales ne doit pas
induire une déresponsabilisation totale des personnes physiques et constituer
ainsi une échappatoire systématique pour les organes ou les représentants de
la personne morale quelle que soit la gravité de leurs actes et les impératifs de
la prévention25.
Nous ferons observer que le droit congolais ne dispose pas d’un texte
général qui prévoit la responsabilité pénale des personnes morales. Ainsi, en
République démocratique du Congo, c’est la personne physique par laquelle la
personne morale a agi qui répond pénalement de l’infraction commise. « Le
juge recherche celui qui, concrètement, réellement, a agi sous le couvert de la
personne morale »26. Et comme le souligne, pour le déplorer, Nyabirungu
mwene Songa, le principe de l’irresponsabilité pénale des personnes morales
est tellement ancré dans les esprits et la pratique qu’il n’existe, dans la doctrine
congolaise, pratiquement aucun débat sur l’éventualité de la responsabilité

morales », in Option Finances, n° 1240, Lundi 14 octobre 2013, p. 30 ; WESTER-OUISSE, Véronique,


« Responsabilité pénale des personnes morales et dérives anthropomorphiques », in Revue pénitentiaire et de droit
pénal, n° 1, 2009 ). A titre d’exemples, la Belgique a introduit la responsabilité pénale des personnes morales par la
loi du 4 mai 1999 instaurant la responsabilité pénale des personnes morales. La France l’a fait avec la réforme du
code pénal de 1994 qui a introduit l’article 121-2 relative à la responsabilité pénale des personnes morales, mais
surtout avec la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, dite
Loi Perben II, qui a généralisé la responsabilité pénale des personnes morales à toutes les infractions. Au Luxembourg,
il s’agit de la loi du 3 mars 2010 : 1. introduisant la responsabilité pénale des personnes morales dans le Code pénal
et dans le Code d’instruction criminelle ; 2. modifiant le Code pénal, le Code d’instruction criminelle et certaines
autres dispositions législatives.
24
Ainsi, Pierre Kopp écrit : « La responsabilité des personnes morales ne se substitue pas à la responsabilité pénale des
individus, elle s’y ajoute. Nous sommes donc en présence d’un dispositif de responsabilité à trois niveaux
(individuelle, dirigeants, personne morale) qui tente de dissuader les individus regroupés au sein de l’entreprise
d’utiliser cette dernière pour se livrer à des crimes et à des délits » (KOPP, P., Analyse économique de la délinquance
financière, Septembre 2011, p. 10).
25
COEURET, Alain, Gouvernement des entreprises et responsabilité pénale, p. 128.
26
NYABIRUNGU mwene SONGA, Traité de droit pénal général congolais, 2ème édition, Kinshasa, Editions
universitaires africaines, 2007, p. 250.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 445

pénale des personnes morales27. Toutefois, il existe des cas isolés où cette
responsabilité est évoquée. Si dans certains textes particuliers le législateur se
limite à déclarer les personnes morales civilement responsables des amendes
prononcées contre leurs organes et préposés sans les rendre elles-mêmes
pénalement responsables et sans les sanctionner directement28, il y a aussi des
textes qui prévoient des sanctions pénales directement applicables aux
personnes morales.
A titre d’exemple, l’article 36 de la loi n° 04/016 du 19 juillet 2004 portant
lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
dispose : « les personnes morales autres que l’Etat, pour le compte ou au
bénéfice desquelles une infraction subséquente a été commise par l’un de leurs
organes ou représentants, seront punies d’une amende d’un taux égal au
quintuple des amendes spécifiées pour les personnes physiques, sans préjudice
de la condamnation de ces dernières comme co-auteurs ou complices de
l’infraction. Les personnes morales peuvent, en outre, être condamnées : 1°. à
l’interdiction à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, d’exercer
directement ou indirectement certaines activités professionnelles ; 2°. à la
fermeture définitive ou pour une durée de cinq ans au maximum, de leurs
établissements ayant servi à commettre l’infraction ; 3°. à la dissolution
lorsqu’elles ont été créées pour commettre les faits incriminés ; 4°. au paiement
des frais de publication de la décision par la presse écrite ou par tout autre
moyen de communication audiovisuelle ».
On peut aussi citer les dispositions de l’article 11 de l’ordonnance-loi n°
67-272 du 23 juin 1967 relative aux pouvoirs réglementaires de la Banque
nationale du Congo en matière de réglementation du change, aux termes
duquel « l’infraction à la réglementation du change est réputée existante dans
le chef de toutes les personnes physiques et morales intervenant directement
ou indirectement dans le fait qui la caractérise ».
Il nous faut également signaler qu’en dépit de tous les avantages que
comporte l’organisation de la responsabilité pénale des personnes morales29 et
du fait que la tendance actuelle, dans beaucoup de pays, est à la reconnaissance
et la réglementation de cette responsabilité, le législateur de l’Ohada n’a pas
admis cette solution. A ce sujet, nous joignons notre voix à celles de ceux qui

27
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., pp. 252-253.
28
Tel est le cas de l’article 329 de la loi n° 015/2002 du 16 octobre 2002 portant code du travail, selon lequel les
employeurs sont civilement responsables du paiement des amendes prononcées à charge de leurs préposés en vertu
du titre XV consacré aux pénalités. Il en est également ainsi de l’article 81 de la loi n° 003-2002 du 2 février 2002
relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit qui dispose : « Les établissements de crédit sont
civilement responsables des condamnations à l’amende prononcées en vertu des dispositions des articles 80 et 85
contre toute personne qui participe, directement ou indirectement, à leur administration, gestion ou contrôle ».
29
Voir MASIALA MUANDA VI Y., Jean, « La détermination de l’auteur de l’infraction en droit pénal des affaires »,
in Droit et progrès, Vol. 1, n° 01/2018, janvier -juin 2018, pp. 90-91.
446 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

estiment que, quelle que soit la pertinence des arguments qui pourraient avoir
déterminé son choix, l’Ohada devrait abandonner ce régime qui, non
seulement procure aux commerçants personnes morales « une sorte
d’immunité dans la mise en œuvre de leurs objectifs »30, mais aussi entretient
une discrimination entre les commerçants personnes morales et les
commerçants personnes physiques. Parmi ces multiples voix, on peut citer
celles de Rabani Adamou31, Athanase Foko32 et Roger Sockeng33. De leur côté,
Pougoué Paul-Gérard, Anoukaha François, et Nguebou Toukam Josette
déplorent, pour deux raisons essentielles, le fait que le législateur de l’Ohada
n’ait pas réglementé la responsabilité pénale des personnes morales à l’instar
de certaines législations modernes. La première raison est que cette
responsabilité de la personne morale, si elle avait été retenue, « aurait pu
responsabiliser davantage les personnes qui répondent d’elle »34. La seconde
raison est qu’une telle responsabilité aurait permis « de sanctionner le vrai
auteur de l’infraction, dans le cas où les dirigeants sociaux n’auront commis
l’infraction que pour le compte de la personne morale »35.
2°) Le déclenchement de l’action publique
On l’a vu, le déclenchement de l’action publique est principalement
l’œuvre du ministère public. En droit commun, le déclenchement des
poursuites par le ministère public n’est pas subordonné à une plainte, une
autorisation ou un avis préalable. Il existe néanmoins des cas exceptionnels où
les poursuites ne peuvent être valablement engagées que si la victime a déposé
préalablement une plainte. Dans ces cas, les poursuites ne seront pas
valablement engagées sans une telle plainte ou si celle-ci est retirée avant que
l’action publique n’ait été mise en mouvement. Il en est ainsi lorsqu’il s’agit
d’engager des poursuites pour les infractions d’adultère36, de grivèlerie37, de

30
FOKO, Athanase, « Analyse critique de quelques aspects du droit pénal Ohada », in Penant, 859, p. 210.
31
ADAMOU, Rabani, « Plaidoyer pour une responsabilité pénale des personnes morales en droit Ohada », in Revue de
l’ERSUMA, n° 2, mars 2013, pp. 43-60.
32
FOKO, Athanase, op. cit., p. 209. Ce dernier écrit, notamment : « […] il est urgent de prendre déjà des dispositions
idoines afin qu’une éventuelle réforme du droit Ohada offre l’occasion de consacrer l’option contraire, c’est-à-dire la
reconnaissance de la responsabilité pénale de ces structures commerciales ».
33
SOCKENG, M. Roger, La délinquance économique et financière, Module de formation de juristes Béninois en droit
Ohada les 27 et 28 mars 2008, ERSUMA, 2008, p. 9.
34
POUGOUE, Paul-Gérard, et alii, Le droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique Ohada,
Yaoundé, Presses universitaires d’Afrique, 1998, p. 5
35
Idem, p. 121.
36
Art. 468 de la loi n° 87-010 du 1er août 1987 portant code de la famille, telle que modifiée et complétée par la loi n°
16/008 du 15 juillet 2016.
37
Art. 102 bis du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 447

contrefaçon38, de concurrence déloyale39, de harcèlement sexuel40, ou en cas de


poursuite contre une personne qui, hors du territoire de la République
démocratique du Congo, s’est rendue coupable d’une infraction pour laquelle
la loi congolaise prévoit une peine de servitude pénale de plus de deux mois41.
En droit pénal des affaires, nombreux sont les cas où les poursuites par
le ministère public sont subordonnées à une autorisation, un avis ou une
plainte préalable d’un organisme précis dont le domaine d’intervention a été
affecté par l’infraction donnant lieu à ces poursuites. Ces conditions préalables,
qui constituent des filtres aux poursuites judiciaires, sont autant des techniques
instituées pour dégager au maximum les juridictions répressives en réduisant
les affaires portées devant elles, décharger les parquets pour leur permettre de
concentrer leur action sur d’autres crimes. Mais surtout il est question, dans ce
domaine, d’éviter une pression judiciaire trop grande sur les opérateurs
économiques qui risquerait de causer inutilement du tort au dynamisme de la
vie des affaires. Pour préserver ce dynamisme, la criminalité d’affaires ne
devrait faire intervenir le juge que si le comportement qu’il s’agit de réprimer
constitue une faute grave et est réprouvé par le monde des affaires42.
Autrement, les sanctions administratives peuvent suffire à réprimer les
comportements incriminés. Une autre justification de ces conditions préalables
réside dans la technicité des matières visées et le haut degré d’expertise qu’elles
requièrent.
Il est vrai que ces filtres ne mettent pas l’action publique en mouvement,
mais ils affectent tout de même le pouvoir du ministère public, ici subordonné
entièrement au pouvoir d’appréciation des organismes habilités à accorder les
autorisations, à émettre les avis ou à déposer les plaintes préalables. Ce sont,
en fait, ces organismes qui sont, dans ce cas, les véritables juges de
l’opportunité des poursuites43.
Constituent des exemples parfaits de ces filtres, l’article 15 de
l’ordonnance-loi n° 67-272 du 23 juin 1967 relative aux pouvoirs réglementaires
de la Banque nationale du Congo en matière de réglementation du change : « la
poursuite des infractions à la réglementation du change est exercée à la
demande de la Banque nationale », et l’article 103 de la loi n° 004/2003 du 13
mars 2003 portant réforme des procédures fiscales : « les poursuites [relatives
aux infractions fiscales] sont exercées par le Procureur de la République à la

38
Art. 102 de l’ordonnance-loi n° 86-033 du 5 avril 1986 portant protection des droits d’auteurs et des droits voisins.
39
Art. 4 de l’ordonnance-loi n° 41-33 du 24 février 1950 relative à la répression de la concurrence déloyale.
40
Art. 174d du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20
juillet 2006.
41
Art. 3 du décret du 30 janvier 1940 portant code pénal, tel que modifié et complété par la loi n° 06/018 du 20 juillet
2006.
42
FAYE, Amadou, Introduction au droit pénal des affaires, FSJP - Licence III - Affaires, Mbengue, 2010/2011, p. 1.
43
CABON, Sarah-Marie, op. cit., p. 2.
448 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

requête de l’agent de l’administration des impôts revêtu de la qualité d’officier


de police judiciaire à compétence restreinte, du Directeur général ou du
Directeur compétent, selon le cas ».
En droit français, il se dégage des articles L. 228 et suivants du Livre des
procédures fiscales, que la poursuite de la fraude fiscale par le ministère public
est soumise à une plainte de l'administration fiscale, déposée après avis
conforme de la Commission des infractions fiscales. Il existe donc deux filtres
au déclenchement et à l’exercice des poursuites judiciaires par le ministère
public en ce qui concerne le délit de fraude fiscale : à l’exigence d’une plainte
préalable de l’administration fiscale, s’ajoute, en amont, la nécessité d’un
contrôle effectué par la Commission des infractions fiscales (CIF). C'est ce
qu’on appelle le « verrou de Bercy »44.
Signalons toutefois que certains griefs sont faits à ce système de « tri
sélectif » des faits pouvant faire l’objet de poursuites judiciaires45.
L’une des critiques adressées à ce système est l’atteinte au principe
d’égalité des citoyens devant la loi. Les organismes concernés ont en effet un
pouvoir discrétionnaire quant au choix des dossiers à porter devant le parquet,
et ce pouvoir peut ouvrir la voie à une dose de subjectivité. En plus, la priorité
est souvent donnée aux sanctions de nature administrative qui se traduisent
par des majorations ou des amendes, modérées selon des critères flous et
susceptibles d’enfreindre le principe d’égalité.
Une autre critique porte sur l’entorse au principe de séparation des
pouvoirs dans la mesure où, avec ce système, le pouvoir de déclencher des
poursuites judiciaires, qui revient à l’autorité judiciaire, se trouve en réalité
entre les mains de l’administration. Le risque est grand de voir les autorités
politico-administratives interférer systématiquement dans le processus pour
empêcher les poursuites lorsque leurs intérêts ou ceux de leurs proches sont en
jeu.
Hormis les conditions préalables dont on vient de parler, le
déclenchement des poursuites judiciaires peut se heurter à un autre obstacle :
il s’agit de la transaction sur l’action publique qui peut aboutir à la paralysie
totale de telles poursuites. La transaction est une technique d’extinction de
l’action publique au moyen du paiement d’une certaine somme d’argent au
profit du Trésor public et en respectant certaines conditions légales. Le régime
de la transaction prévue dans beaucoup de matières relevant du droit des
affaires diffère de celui du droit commun.

44
CABON, Sarah-Marie, op. cit., pp. 1-2.
45
Ibidem, p. 4.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 449

En droit commun, il résulte de l’article 9 du décret du 6 août 1959 portant


code de procédure pénale que l’officier de police judiciaire ne peut transiger
avec le délinquant pour une infraction de sa compétence que s’il estime qu’à
raison des circonstances la juridiction de jugement se bornerait à prononcer
une amende et éventuellement la confiscation. En d’autres termes, il n’a pas la
compétence de transiger pour les infractions pouvant entraîner une peine autre
qu’une amende ou la confiscation. En plus, il doit immédiatement porter l’offre
de transaction faite au délinquant à la connaissance du ministère public. La
transaction éteint l’action publique, à moins que l’officier du ministère public
ne décide de la poursuivre. Ce qui revient à dire que même si la transaction a
eu lieu, le ministère public peut encore déclencher et exercer l’action publique.
Le caractère dérogatoire du droit pénal des affaires est confirmé
notamment par l’article 16 de l’ordonnance-loi n° 67-272 du 23 juin 1967
relative aux pouvoirs réglementaires de la Banque nationale du Congo en
matière de réglementation du change qui dispose ce qui suit : « hormis le cas
des infractions accompagnées de corruption, de concussion de fonctionnaires
ou de détournement de fonds publics, la Banque nationale est habilitée à
transiger avec le délinquant et à fixer elle-même les conditions de la
transaction, aussi longtemps que la juridiction compétente en premier ressort
n’aura pas été saisie par le ministère public […]. La transaction éteint l’action
publique, même en ce qui concerne les peines d’emprisonnement ». On voit
que cette transaction est possible même pour des infractions pouvant entraîner
une peine autre qu’une amende ou la confiscation, et qu’une fois qu’elle est
acquise, le ministère public ne peut plus déclencher et exercer l’action
publique.
B. L’exercice de l’action publique
Une distinction doit être faite entre le déclenchement de l’action
publique, qui est la mise en mouvement ou l’engagement des poursuites
judiciaires, et l’exercice de cette action. Il convient de s’attarder quelque peu
sur l’organe de l’exercice de l’action publique (1°), tout en prévenant que
l’exercice de l’action publique peut être empêché par un certain nombre
d’obstacles (2°).
1°) L’organe de l’exercice de l’action publique
Alors que le déclenchement de l’action publique peut être le fait du
ministère public ou de la victime, l’exercice de l’action publique est et reste le
monopole du ministère public, même dans l’hypothèse où les poursuites ont
été déclenchées par la victime. Chargé de la recherche et de la poursuite des
infractions, le ministère public est seul habilité à exercer l’action publique ; le
pouvoir de la victime en cette matière se limite à la mettre en mouvement. Une
fois que l’action publique est mise en mouvement, le ministère public est obligé
450 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

de l’exercer immédiatement et de la poursuivre jusqu’à son extinction. A cet


effet, il adresse ses réquisitions au juge en vue de l’application de la loi ; il
exerce, seul, les voies de recours sur l’action publique, et est seul habilité à saisir
les juridictions supérieures de l’action publique.
2°) Les obstacles à l’exercice de l’action publique
Plusieurs obstacles peuvent empêcher l’exercice de l’action publique soit
de manière momentanée, soit de façon définitive. On peut citer notamment les
immunités, la question préjudicielle, le décès du prévenu (personnalisation des
peines), le retrait de la plainte si celle-ci était une condition préalable à la mise
en mouvement de l’action publique, l’amnistie, l’autorité de la chose jugée,
l’abrogation de la loi pénale, la transaction de l’action publique et la
prescription de l’action publique. Deux types d’obstacles méritent une
attention particulière en droit pénal des affaires : la transaction de l’action
publique (a) et la prescription (b).
a) La transaction de l’action publique
La transaction peut porter sur l’action civile ou sur l’action publique, et
se donne comme un mécanisme qui permet d’éteindre l’action. Alors qu’une
personne lésée a le plein droit de transiger sur la réparation civile qu’elle peut
exiger de la part du responsable de son dommage, la transaction sur l’action
publique est, quant à elle, interdite en principe. La règle de l’indisponibilité de
l’action publique n’admet pas que le ministère public puisse transiger sur cette
action. D’ailleurs, une telle transaction comporte l’inconvénient majeur de
laisser au public l’impression que ceux qui ont un matelas financier consistant
peuvent échapper à toute condamnation moyennant le paiement d’une somme
d’argent considérée comme le prix de la tranquillité.
Mais malgré cet inconvénient, il existe des cas exceptionnels où la
transaction de l’action publique est admise dans le but, notamment, de pallier
l’encombrement et la surcharge des tribunaux. L’idée qui soutient cette
dérogation, et qui est inscrite en France dans l’arrêté du 14 fructidor an X, est
que « s’il importe à l’intérêt public de réprimer sévèrement les fraudeurs, il est
aussi de l’équité de ne pas appliquer rigoureusement les peines de la fraude à
ceux auxquels on ne peut reprocher qu’une erreur ou l’ignorance des
règlements ». En partant de cette idée, les pouvoirs publics ont, depuis
longtemps, trouvé plus convenable de terminer par des transactions de
nombreux procès que d’en fatiguer les tribunaux et d’en épuiser les lenteurs46.
Le mécanisme de la transaction apparaît ainsi comme une solution plus simple,
plus rapide et, à certains égards, plus efficace que le procès pénal en raison de
l’augmentation considérable des affaires, du développement de la vie

46
HELIE, Faustin, Traité de l’instruction criminelle, 2è éd., T. 2, Paris, 1866, n° 1098.
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 451

économique et des activités industrielles47. Applicable hors instance en justice,


la transaction peut aussi l’être dans une procédure pénale déjà engagée,
pourvu qu’elle intervienne avant qu’il ne soit définitivement statué par un
jugement ou un arrêt coulé en force de chose jugée. Dans ce cas, elle éteint
l’action publique et fait obstacle à de nouvelles poursuites pour les mêmes faits.
En République démocratique du Congo, et dans le cadre du droit pénal
des affaires, cette possibilité de transiger en pleine instance est reconnue à
certaines administrations. Ainsi, l’article 368 de l’Ordonnance-loi n° 10/002 du
20 août 2010 portant Code des douanes, dispose que lorsque le tribunal
compétent a été régulièrement saisi, la transaction, c’est-à-dire la convention
par laquelle la douane, agissant dans la limite de sa compétence, renonce à
poursuivre l’infraction douanière pour autant que la ou les personnes
impliquées se conforment à des conditions bien déterminées, ne peut intervenir
qu’avec l’accord du président dudit tribunal. Le même article précise
cependant qu’après jugement définitif, les condamnations prononcées par le
tribunal compétent ne peuvent faire l’objet d’aucune transaction. Ce qui revient
à dire que l’administration douanière peut transiger avec l’auteur d’une
infraction douanière dans les conditions prévues par la loi et les règlements
tant qu’un jugement définitif n’est pas encore intervenu. Ce pouvoir est aussi
reconnu à l’administration des accises en vertu de l’article 94 de l’ordonnance-
loi n° 007/2012 du 21 septembre 2012 portant code des accises.
b) La prescription de l’action publique
Nguyen C.T. présente la prescription comme une « institution juridique
de portée générale, consistant en ce que l’exécution de l’obligation ne peut plus
être exigée par la personne qui en avait le droit, après l’écoulement d’un certain
laps de temps dont la loi fixe la durée et le point de départ, et par le seul fait de
l’écoulement du temps fixé »48. Pour Barraud et Mellet, c’est « un délai imposé
par la loi et dont le terme a un effet péremptoire pour la naissance ou
l’extinction d’un droit, comme aussi d’une obligation »49.
Dans le système pénal, il faut faire la distinction entre la prescription de
l’action publique et la prescription de la peine. La première est un mode
d’extinction de l’action publique après l’écoulement d’un certain délai fixé par
la loi. On considère que les poursuites ne sont plus opportunes lorsqu’un délai
trop long s’est écoulé après les faits. Seuls quelques crimes, jugés trop odieux,
sont déclarés imprescriptibles. La seconde éteint le droit d’exécuter une peine
après le délai fixé par la loi50. Selon l’article 30 du code pénal congolais, ce délai

47
FRANCHIMONT, Michel, JACOBS, Ann, et MASSET, Adrien, op. cit., p. 95.
48
NGUYEN, C.T. et alii, Lexique de droit des affaires zaïrois, Kinshasa, Faculté de Droit, 1972, p. 202.
49
BARRAUD, A. et MELLET, L., Leçons de droit commercial, Lausanne, Librairie Payot, 1976, p. 33.
50
Les articles 27 à 33 du code pénal congolais traitent de la prescription des peines.
452 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

court de la date du jugement rendu en dernier ressort ou à compter du jour où


le jugement rendu en première instance ne pourra plus être attaqué par la voie
de l’appel.
La prescription de l’action publique a comme effet d’écarter la
responsabilité pénale et d’éteindre le droit de poursuivre l’auteur du fait
infractionnel qui peut alors se soustraire à l’action de la justice en raison du
délai trop long entre la commission de l’infraction et l’engagement des
poursuites.
Dans la mesure où elle s’attache aux faits et non aux individus, la
prescription de l’action publique s’applique indépendamment des personnes
en cause. C’est là le caractère réel de la prescription. En outre, elle constitue une
exception péremptoire et d’ordre public. Dans ce sens, non seulement elle peut
être relevée en tout état de cause, mais aussi le juge doit la relever d’office
même si aucune partie ne l’a soulevée, et son bénéficiaire n’a pas le droit d’y
renoncer.
La prescription a également un caractère général en ce qu’une fois
acquise, elle joue à l’égard de tous ceux qui ont participé à l’infraction (auteurs
ou coauteurs), et qu’elle concerne aussi bien les faits principaux que les faits
connexes. Enfin, elle a un caractère définitif : elle éteint définitivement l’action.
La prescription commence à courir en principe à partir du moment où
l’acte délictueux a été commis. Le code pénal congolais reprend ce principe en
son article 25 : « les délais de la prescription commenceront à courir du jour où
l’infraction a été commise ». L’alinéa 2 de l’article 26 complète cette disposition
en précisant que « le jour où l’infraction a été commise est compris dans le délai
de la prescription ». Mais ce principe est loin d’être absolu ; il est assorti de
quelques exceptions, particulièrement en droit pénal des affaires où beaucoup
d’infractions ont un caractère clandestin, occulte ou dissimulé. En raison de ce
caractère, la jurisprudence a tendance à reporter le point de départ de l’action
publique, pour de telles infractions, au jour où l’infraction est apparue et a pu
être constatée dans des conditions permettant l’exercice de cette action51, ou
encore au jour où n’existe plus aucun obstacle insurmontable à l’exercice des
poursuites52. Ce point de vue est conforme au principe général qui veut qu’on
ne prescrit pas contre celui qui ne peut agir53. On ne saurait, en effet, reprocher

51
MATSOPOULOU, Haritini, « Prescription. Propositions de réforme et délinquance d’affaires », in La semaine
juridique - Edition générale, n° 43, 19 octobre 2015, p. 1952.
52
Ainsi, la Chambre criminelle française a affirmé, dans un arrêt du 16 décembre 2014, que, « si le délit de prise illégale
d’intérêts se prescrit à compter du jour où la participation a pris fin, le délai de prescription de l’action publique ne
commence à courir, en cas de dissimulation destinée à empêcher la connaissance de l’infraction, qu’à partir du jour
où celle-ci est apparue et a pu être constatée dans des conditions permettant l’exercice des poursuites » (Crim. 16 déc.
2014, FS-P+B, n° 14-82.939, obs. FUCINI, Sébastien, Dalloz Actualité, 26 janvier 2015).
53
DANET, Jean, Report de la prescription de l’action publique pour dissimulation d’assassinats, www.dalloz-
actualite.fr/.../ report-de-prescription-de-l-action-publique-pour-dissimulation-d-assassinats
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 453

aux organes compétents de ne pas avoir poursuivi des infractions dont ils n’ont
pas pu avoir connaissance ou dont la poursuite était impossible à cause d’un
obstacle insurmontable. Haritini Matsopoulou suggère d’entendre par
infraction occulte, « l’infraction qui, en raison de ses composantes, ne peut être
connue ni de l’autorité judiciaire, ni de la victime, selon les éléments dont celle-
ci dispose »54.
Quelle est la position du droit congolais à ce sujet ? La doctrine que nous
avons consultée demeure presque muette sur cette question, à l’exception du
professeur Luzolo Bambi qui martèle que « la loi congolaise fait courir la
prescription du jour où l’infraction a été commise et non du jour où elle est
constatée ou connue légalement »55. La conséquence logique de cette thèse
serait qu’aucune exception ne pourrait être faite, même pour les infractions
occultes qui ne seraient constatées que bien après le jour de leur commission.
Nous pensons qu’une telle solution ferait la part belle aux délinquants qui
s’ingénieraient à dissimuler soigneusement leurs infractions pour en empêcher
la connaissance et se garantir une impunité certaine même au cas où celles-ci
seraient connues après le délai de prescription calculé à partir du jour de leur
commission. Si l’idée sous-jacente à l’institution de la prescription de l’action
publique est d’inciter à vite agir contre les auteurs d’infractions, il est juste
qu’une telle exigence ne puisse s’appliquer de manière rigoureuse qu’à partir
du moment où les victimes desdites infractions ou l’organe de poursuite ont
pu en avoir connaissance et ont pu les constater dans des conditions permettant
l’exercice des poursuites. Le législateur congolais devrait, de lege ferenda,
consacrer cette dérogation par une disposition expresse. Ainsi, l’article 25 du
code pénal pourrait être reformulé de la manière suivante : « Les délais de la
prescription commenceront à courir du jour où l’infraction a été commise ou,
si l’infraction a été dissimulée pour en empêcher la connaissance, du jour où
elle est apparue et a pu être constatée dans des conditions permettant l’exercice
des poursuites ».
Dans le cas des infractions continues, c’est-à-dire celles qui ne se
commettent pas en une seule fois mais dont l’activité délictueuse se prolonge,
la prescription ne court que du jour où prend fin l’activité délictueuse56. Le code
pénal suisse dispose, par exemple, en son article 71, que la prescription court :
a. du jour où l’auteur a exercé son activité coupable ; b. du jour où le dernier
acte a été commis, si cette activité s’est exercée à plusieurs reprises ; c. du jour
où leurs agissements coupables ont cessé, s’ils ont une certaine durée.
Abondant dans le même sens, la Cour suprême de justice luxembourgeoise a
décidé, dans une espèce, que « la prescription court, pour les infractions

54
MATSOPOULOU, Haritini, op. cit., p. 1952.
55
LUZOLO BAMBI LESSA, Emmanuel J., op.cit., p. 185.
56
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., p. 414 ; LUZOLO BAMBI LESSA, Emmanuel J., op.cit., p. 185.
454 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

instantanées, à partir du jour où le fait incriminé par la loi a été commis, tandis
que, pour les infractions continues, elle ne commence à courir que du jour où
l’état de continuité a pris fin »57. Quant à la Cour de cassation française, elle a
eu à trancher que « la prescription du délit de concussion résultant
d’opérations indivisibles ne commence à courir qu’à compter de la dernière des
perceptions ou exonérations indûment accordées »58.
S’agissant de la durée de la prescription, l’article 24 du code pénal
congolais renseigne que « l’action publique résultant d’une infraction sera
prescrite : 1° après un an révolu, si l’infraction n’est punie que d’une peine
d’amende, ou si le maximum de la servitude pénale applicable ne dépasse pas
une année ; 2° après trois ans révolus, si le maximum de la servitude pénale
applicable ne dépasse pas cinq années; 3° après dix ans révolus, si l’infraction
peut entraîner plus de cinq années de servitude pénale ou la peine de mort ».
Notons que le cours de la prescription peut être perturbé, notamment par
des actes interruptifs de prescription. Selon l’article 26 du code pénal congolais
qui traite de cette question, « la prescription sera interrompue par des actes
d’instruction ou de poursuite faits dans les délais de un, ou trois, ou dix ans, à
compter du jour où l’infraction a été commise. Le jour où l’infraction a été
commise est compris dans le délai de la prescription ».

57
Cour suprême de justice. Luxembourg, 17 janvier 1957, Pas. Lux., 1957-1959, p. 105.
58
Cass. crim. 31 janvier 2007 (Bull. crim. n° 24, p. 79).
ANNALES DE LA FACULTE DE DROIT 455

CONCLUSION

Le droit pénal des affaires n’est certes pas une discipline totalement
autonome, complètement déconnectée du droit pénal commun. Il entretient de
fortes accointances avec ce « fonds commun ». Il faut cependant reconnaître
que compte tenu de la délicatesse du domaine qu’il réglemente, le droit pénal
des affaires obéit à certains principes particuliers, dérogatoires au droit pénal
commun, tant en ce qui concerne les règles de fond que les règles de procédure.
C’est ce qui en fait un droit spécial et qui lui confère une relative autonomie.
Sur le plan précisément de la procédure, le particularisme qui caractérise
le droit pénal des affaires opère, comme nous l’avons fait voir, dès la phase de
la mise en état des affaires répressives, c’est-à-dire dès la phase de l’instruction
préjuridictionnelle. La constatation des infractions est marquée par certaines
spécificités qui trouvent leur fondement dans la complexité de la criminalité
d’affaires. Lorsque la mise en état de l’affaire est achevée, il se pose la question
de la juridiction susceptible de connaître de cette affaire. Ce qui constitue un
autre lieu d’expression du particularisme du droit pénal des affaires. Une fois
que la juridiction compétente a été identifiée, la mise en mouvement et
l’exercice proprement dit de l’action publique sont, eux aussi, enserrés dans un
faisceau de dispositions qui, d’une certaine manière, transgressent certains
principes de la procédure pénale de droit commun. En effet, les règles relatives
à la détermination des sujets actif et passif de l’action publique, au
déclenchement et à l’exercice de cette action ne correspondent pas toujours à
celles du droit commun. L’étude s’est employée à recenser ces dispositions
dérogatoires, à pénétrer leur fondement et à s’interroger sur leur opportunité.
Nous ne saurons clore cette réflexion sans regretter, une fois encore,
l’option prise par le législateur de l’Ohada de ne pas retenir la responsabilité
pénale des personnes morales. Nous pensons qu’il aurait intérêt à revenir sur
ce choix malheureux et à s’inscrire « dans le droit contemporain, dont la
tendance dominante est d’incriminer certains comportements spécifiques aux
groupements et de les sanctionner en conséquence »59. Le droit congolais qui
n’a pas non plus une position claire à ce sujet devrait s’engager résolument sur
cette même voie en se dotant d’un texte général consacrant la responsabilité
pénale des personnes morales.

59
NYABIRUNGU mwene SONGA, op. cit., p. 254.
456 De la mise en état des affaires répressives à l’instance pénale : analyse de quelques
particularités procédurales du droit pénal des affaires

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