DPS 2021
DPS 2021
DPS 2021
AVERTISSEMENT :
Ce cours est toujours en relecture et connaîtra
certainement des modifications
1
INTRODUCTION GENERALE
L’évolution du droit pénal ou droit criminel 1 a été marquée par plusieurs étapes
dont les plus importantes sont les suivantes2 :
1°) la période de la répression vindicative privée : elle est marquée par une
réaction vindicative spontanée de l’homme face à l’offense. Les sociétés primitives
fonctionnaient sur une base vindicative qui évoluait souvent à des guerres entre tribus
ou entre groupes ethniques. C’est le plus fort qui déterminait la nature de l’offense, la
sanction et la procédure de son administration.
On peut retenir que le Droit Pénal Spécial, la branche la plus ancienne du droit
pénal en même temps qu’il donne la liste des infractions, prévoit et analyse de manière
détaillée, leurs éléments constitutifs et dans une certaine mesure, les particularités de la
répression. C’est donc la matière qui présente le catalogue ou la nomenclature des
incriminations. La difficulté et l’originalité de la matière tiennent au fait que le nombre
des incriminations est immense et quasiment impossible à chiffrer avec exactitude.
Chaque année, les lois et les règlements ne cessent de changer, sécrétant ainsi de
nouvelles incriminations et anéantissant en même temps un certain nombre d’entre
elles.1 Beaucoup d’exemples peuvent être trouvés dans notre législation 2. D’autres
infractions par contre sans être expressément abrogées, tombent en désuétude et
peuvent être totalement oubliées des praticiens3.
« Nul n’est censé ignorer la loi » dit-on. Où la retrouver pour s’en approprier
reste un défi auquel sont confrontés acteurs judiciaires et citoyens anonymes. En
matière pénale, la loi de référence est le code pénal. Toutefois, un nombre important
d’incriminations se trouvent dans des lois particulières. Cette multiplicité de textes qui
entraîne une inflation d’infractions pose un véritable problème pour les praticiens. Au-
delà des difficultés liées à leur disponibilité, posent les problèmes de leur cohérence et
1
MERLE Roger, VITU André, Traité de droit criminel, droit pénal spécial, Editions Cujas, Paris, 1982 , p. 9
2
Un Décret du 19 novembre 1947 rendu applicable dans les colonies françaises a érigé en infraction, les
pratiques de sorcellerie, de magie et de charlatanisme. Le Code pénal de 1996 n’a pas estimé nécessaire de
garder cette infraction pour diverses raisons. Celui de 2018, sans retenir l’infraction de sorcellerie comme
pratique, incrimine cependant l’accusation de sorcellerie et sa complicité.
3
C’est finalement en 2014 que le Président français Nicolas SARKOZY a demandé au Parlement d’abroger les
dispositions interdisant le port féminin du pantalon. En effet, une des dispositions de la loi du 26 brumaire AN
VIII disait ceci : « toute femme désirant s’habiller en homme doit se présenter à la Préfecture de police pour en
obtenir l’autorisation ». Les réformes de 1892 et de 1909 qui ont assoupli cette disposition n’autorisaient les
femmes à porter le pantalon que pour pousser le guidon d’une bicyclette ou pour tenir les rênes d’un cheval.
3
de leur maîtrise. En France, le Guide des infractions1, recueil édité et mis à jour
annuellement est conçu comme un aide-mémoire à l’attention des acteurs judiciaires
(OPJ, magistrats, avocats, étudiants, juristes…). Ce document de référence recense les
infractions tout en les définissant clairement et en déclinant leurs éléments constitutifs.
Le mérite de ce recueil qui est devenu un livre de chevet des praticiens est qu’il reste
accessible et met en exergue les nouvelles incriminations. Le Code pénal de 2018 a
fait un grand effort en regroupant une bonne partie de la multitude des lois qui
existaient en matière pénale.
Les différentes branches du droit pénal sont en réalité liées à tel point qu’il est illusoire
de penser s’enfermer hermétiquement dans une approche solitaire. Le droit pénal
spécial fixe le cadre dans lequel s’exercera la répression d’un fait contraire à l’ordre
public, en déterminant le texte précis en vertu duquel s’appliquera cette répression. En
effet, la Constitution et le code pénal rappellent ce principe à travers les dispositions
suivantes :
- article 3 de la Constitution « Nul ne peut être privé de sa liberté s'il n'est poursuivi
pour des faits prévus et punis par la loi.
Nul ne peut être arrêté, gardé, déporté ou exilé qu'en vertu de la loi. » ;
- article 111-1 du Code pénal, « nulle infraction ne peut être punie et nulle peine
prononcée si elles ne sont légalement prévues ».
- le juge pénal, qui doit appliquer la loi à des faits précis, dispose d’une marge de
manœuvre étroite. Il ne peut déclarer un prévenu coupable d’une infraction et le
condamner de ce chef, que dans la mesure où ce comportement constitue une
contravention, un délit ou un crime prévu par la loi (loi au sens stricte et le
règlement) ;
- le juge pénal ne peut prononcer une peine différente de celle prévue par la loi
avec toutefois une certaine possibilité de l’adapter à la situation du condamné. Si la loi
l’autorise à prononcer une peine en deçà du minimum légal, il lui est cependant
interdit de sanctionner au-delà du maximum prévu par la loi. Le juge a la possibilité
d’assortir la peine du sursis dans la situation d’un délinquant primaire. L’évolution
récente fait ressortir que le L’actuel Code pénal a institué les peines mixes. La peine
1
Confère, CROCQ Jean-Christophe, le guide des infractions, Dalloz, 4ème édition, Paris, 2002
2
MERLE Roger, VITU André, op. cit. p. 17 ;
4
mixte consiste à prononcer une peine d’emprisonnement ou d’amende dont une partie
est ferme et l’autre assortie de sursis.
Le fait réprimé par la loi pénale peut consister dans l’accomplissement d’un acte
prohibé ou dans l’omission d’un devoir imposé. Il existe donc des ‘’délits’’ d’action et
des ‘’délits’’ d’inaction ou d’omission.
Exemples :
Le système pénal burkinabè était dans un passé récent marqué par une législation
vieillotte, disparate et non en phase avec nos réalités sociales et politiques. Le Code
pénal de 19961 a remplacé celui de 1810 rendu applicable dans les colonies 2 avec
toutefois quelques réadaptations.
Le Code pénal actuel3 marque un tournant décisif dans l’histoire du système pénal
de notre pays de par les importantes innovations apportées quant à la forme qu’au
fond. Il compte en tout 893 articles répartis dans 08 livres éclatés en 23 titres qui sont
subdivisés en 97 chapitres.
Dans la forme, la particularité de ce Code pénal réside en sa nouvelle
numérotation. C’est une numérotation analytique qui présente deux grands avantages
par rapport à la numérotation classique et chronologique. D’une part, elle permet une
meilleure maîtrise du document par l’insertion d’une numérotation qui va du Livre à
l’article. D’autre part, elle facilite le travail de codification par l’insertion de nouvelles
lois sans modifier la structure du plan d’ensemble. Les nouveaux articles s’intègrent
facilement sans changer la numérotation des anciens articles. De façon concrète, le
Code pénal se présente de la manière suivante : avant le tiret séparatif, le premier
chiffre à gauche correspond au numéro du Livre tandis que le deuxième chiffre
correspond au numéro du Titre à l’intérieur du Livre et le troisième chiffre correspond
au numéro du Chapitre à l’intérieur du Titre. En guise d’exemple, le vol est une
infraction prévue à l’article 611-1 du Code pénal. Cela signifie que l’infraction de vol
relève du Livre 6 (consacré aux crimes et délits contre les biens) en son Titre 1 (relatif
aux vols, extorsions, grand banditisme, escroquerie, abus de confiance, usure, recel,
contrefaçon), consacrée au Chapitre 1 de ce Titre (qui porte sur les vols et extorsions).
Dans ce chapitre I, c’est l’article 1 qui définit l’infraction de vol. L’autre innovation du
Code en la forme porte sur le plan. Une partie du Code est consacrée au droit pénal
général, tandis qu’une autre traite du droit pénal spécial avec des incriminations
1
Loi n° 043-96/ADP du 13 novembre 1996 portant code pénal, modifiée par la loi n° 06-2004/AN du 6 avril
2004
2
Par Décret du 06 mai 1877
3
Loi n° n° 025-2018/AN du 31 mai 2018 portant Code pénal au Burkina, promulguée par Décret n°
2018-0503/PRES du 22 juin 2018, et publiée au J.O.BF. Spécial n° 07 du 26 juin 2018.
5
nouvelles portant sur la cybercriminalité et les Actes uniformes de l’OHADA. La
dernière partie du Code est réservée aux dispositions diverses et finales.
Au fond, le Code pénal comporte quatre importantes innovations qui sont :
1. L’abolition de la peine de mort, avec la peine maximale qui est
l’emprisonnement à vie ;
2. La révision à la hausse du quantum des peines d’emprisonnement et d’amende
en matière de crimes et de délits à l’effet de l’adapter à l’évolution de la société,
à l’élévation du niveau de vie de la population et à la hausse du flux monétaire
national et international. Ainsi, la peine d’emprisonnement maximale fixée à 5
ans pour le délit dans l’ancien code est désormais de 10 ans. D’un montant de
50.000 francs comme maximum de la peine, l’amende est dorénavant portée à
un maximum de 200.000 francs.
3. La codification à droit constant des lois spéciales (telles que la traite des
personnes, la répression du grand banditisme, ou du terrorisme ;
4. La codification de nouvelles infractions, telles que les crimes contre l’humanité,
les infractions prévues dans les actes uniformes de l’OHADA, ou encore les
dispositions spéciales de protection des victimes et des témoins.
Le droit pénal spécial que nous allons développer tire principalement ses bases
juridiques dans ce Code pénal. La diversité et la multitude des infractions nous ont
amenés à faire une option consistant tout d’abord à étudier les infractions commises
contre les particuliers (Première Partie), ensuite les comportements qui heurtent les
prescriptions relatives à la protection de la chose publique (Deuxième partie). La
spécificité et l’importance de certaines infractions pour les acteurs judiciaires, nous ont
conduits à les regrouper dans une dernière rubrique (Troisième Partie).
Dans nos sociétés, attenter à la personne humaine est l’acte le plus grave.
Aucune forme de réparation ne saurait compenser entièrement le préjudice subi des
suites de cette atteinte. De la perte en vie humaine aux voies de fait, injures en passant
par les blessures graves, les atteintes à l’intégrité physique varient selon plusieurs
critères tels que le moyen utilisé pour commettre l’infraction, la nature, la forme et le
degré du préjudice, la personne de la victime et de l’auteur…
1
GARRAUD R., cité par PRADEL Jean et DANTI-JUAN Michel, Droit pénal spécial, 6 ème édition, Cujas, Paris,
2014, p. 31
7
A- L’élément matériel
Ici, la victime doit être une personne humaine qui était en vie et non un animal.
Un fœtus n’est pas une personne humaine, bien qu’il ait des droits ; en effet, un
principe ne dit-il pas que « dès que l’enfant est conçu, il est tenu pour être né ».
L’identification de la victime n’est pas nécessaire, il doit s’agir d’une personne
humaine1. Dans nos contrées où plusieurs personnes circulent sans documents
d’identité, il peut arriver des difficultés d’identification d’une victime. Il appartient
alors aux enquêteurs de prendre toutes les dispositions utiles pour procéder à
l’identification quelle que soit l’étape de la procédure.
En droit, la mort est l’état de la personne dont le système cérébral peut être
considéré par les artériographies et par les électroencéphalogrammes convergents,
comme irrémédiablement détruits. La personne qui débranche les appareils d’une
personne maintenue artificiellement en vie ne peut être poursuivie s’il est
médicalement prouvé que les deux encéphalogrammes sont plats, en d’autres termes,
c’est la mort du cerveau.
1
Crim, 15 mai 1946. BC, n° 120 ; Gaz. Pal, 1946.I.237
8
L’acte matériel s’apprécie en acte positif posé qui est de nature à entraîner la
mort de la victime. Il est important de faire la différence entre l’acte matériel et la
simple volonté avouée de donner la mort sans pour autant passer à l’acte.
L’acte matériel est posé quel que soit le moyen utilisé : coup de main, de pied,
armes blanches, à feu, objet… Bref tout moyen matériel de nature à donner la mort. Il
est important que l’enquêteur accorde beaucoup d’attention dans l’appréciation de
l’objet et de la technique utilisés pour donner la mort. De nos jours, de nouvelles
méthodes peuvent être utilisées dans l’objectif de laisser moins de traces possibles,
telle qu’une décharge électrique à distance. Également, l’usage en connaissance de
cause d’un objet réfléchissant qui déroute la victime en un lieu où elle perd la vie (du
haut d’un échafaudage par exemple). La police technique et scientifique et la médecine
légale seront d’un grand secours à l’enquêteur pour une meilleure appréciation de la
situation. Il n’y a pas meurtre si voyant un cambrioleur armé d’un fusil, la victime par
surprise et dans la panique meurt d’une crise cardiaque ou de la rupture d’une artère. 1
Il appartient au juge de décider souverainement en s’appuyant sur les rapports
d’expertise.
L’acte d’homicide peut être un acte unique ou séquencé commis dans le temps
ou à des lieux différents. Il ne peut pas être réalisé par de simples sortilèges ou
maléfiques. Un acte positif est toujours exigé pour qu’il y ait homicide. Aussi, le lien
de causalité doit être clairement établi ; c'est-à-dire que la relation de cause à effet
entre l’acte et le décès doit être certaine.
Quid de la pluralité d‘auteurs ? Chaque acteur est censé avoir à lui seul causé la
mort en cas d’impossibilité d’identifier de manière précise, l’auteur qui a donné les
coups. On déduit alors que chaque coup a contribué à donner la mort. La mort peut
survenir longtemps après l’administration des coups. De par le passé (ancien droit), on
estimait qu’une mort qui survient plus de quarante jours après les faits n’était plus
imputable à l’auteur de l’acte2.
B - L’intention coupable
1
François GOYET, Droit pénal spécial 8 ème édition par marcel Rousselet, Pierre Arpaillange et Jacques patin,
Sirey, Paris, 1972, p. 14
2
Jean PRADEL et Michel DANTI-JUAN, op. cit. p. 33
3
Pierre ABELARD : œuvres choisies. Ethique, Chapitre V, AUBIER, p 15
9
L’animus necandi ou l’intention mortifère doit exister en ce sens que l’agent
doit avoir eu l’intention de donner la mort. Le mobile, à savoir ce qui a motivé son
action est en principe inopérant. Il est important de faire la différence entre le mobile
d’un crime qui est le motif qui a poussé l’agent à poser l’acte (appréciation subjective)
et l’intention coupable qui est la volonté de tuer.
Mais le seul usage de l’objet si la victime n’est pas atteinte, est insuffisant à
prouver l’intention criminelle ; l’usage d’un gourdin, qui peut être employé pour faire
mal et non nécessairement pour tuer, ne permettra pas à lui seul de prouver l’intention
homicide. Il conviendra de rechercher les indices dans la motivation de l’acte, les
paroles ou tous autres éléments relatifs aux faits.
Toutefois, le suicide qui est le meurtre commis par l’auteur sur sa personne n’est pas
punissable. C’est ainsi que la tentative de suicide non plus n’est pas punissable. La
personne qui a été sauvée d’une pendaison ne peut être poursuivie pour avoir tenté de
se donner la mort. Au contraire, un psychologue ou un psychiatre pourrait l’aider à se
stabiliser car sa situation est celle d’une personne en détresse qu’il faut assister et
aider. Par contre, l’article 512-28 du Code pénal punit d’une peine de un à cinq ans et
d’une amende de 250.000 à 1.000.000 de francs, le fait de provoquer ou d’aider au
suicide une personne quel que soit le moyen utilisé.
10
Sous l’ancien régime (18ème siècle ), la personne qui se suicide ou qui a tenté de se
suicider devait être traduite en jugement et condamnée à la peine de mort. L’intention
mortifère de la personne est traduite officiellement et légalement en résultat. Le corps
du suicidé sera traité comme celui d’un condamné à mort. Quant à celui qui a raté son
coup, la peine de mort prononcée par la juridiction sera exécutée. Leurs biens seront
confisqués au bénéfice de la communauté et la sentence affichée à la potence de la
ville. La Cour organisera une cérémonie particulièrement dégradante avec leur
cadavre ; le suicide étant un outrage à Dieu ainsi qu’à la justice royale1.
Qu’en est-il de celui qui commet un homicide par erreur ?
L’erreur portant sur l’identité de la victime est punissable car il s’agit d’un cas
d’homicide. Toutefois, le fait de s’être trompé de moyen et occasionné la mort ne
saurait constituer un cas d’homicide à moins que d’autres indices corroborent
l’homicide. C’est le cas de la personne qui pensait que l’arme utilisée n’était pas
chargée alors qu’elle a occasionné la mort.
Paragraphe 2 : La répression de l’homicide volontaire
Aux termes de l’article 512-16 du Code pénal, le crime de meurtre est puni de
l’emprisonnement de onze à trente ans.
1
Jean-Bernard Lang, La justice criminelle sous l’Ancien Régime dans la généralité de Metz : 1744-
1780, Thèse Université de Nancy 2, Paris, Novembre 2005, pages 356 et suivant
11
6°) Le meurtre commis dans un but d’anthropophagie
Il y’a préméditation si pour commettre un vol dans une maison habitée, l’auteur
des faits prend le soin de s’armer d’un fusil pour éliminer l’éventuel témoin qui le
surprendrait. Peu importe que l’agent se soit proposé de tuer une personne déterminée
ou toute autre personne qu’il rencontrerait. Peu importe même qu’il ait tué une
personne autre que celle qu’il croyait ou voulait atteindre. En effet, l’erreur sur la
personne est sans influence sur la préméditation.
Le fait qu’un meurtre ait été précédé ou accompagné de viol, de tortures ou d’actes de
barbarie est considéré par l’article 512-17 du code pénal comme une circonstance
aggravante. Il n’est pas nécessaire que les actes de barbarie, les tortures aient eu pour
but de donner la mort. Aux actes de barbaries et à la torture, le nouveau Code pénal a
ajouté le viol, prenant en compte certaines réalités sociales qui existent de nos jours.
Le viol longtemps banalisé au regard du tabou qui l’entoure est de plus en plus
12
considéré comme une arme de guerre d’où la nécessité de le sanctionner sévèrement.
La loi punit sévèrement l’agent qui choisit de violer, mutiler, torturer sa victime avant
ou pendant le meurtre, démontrant ainsi, sa perversité, son insensibilité et le non
respect des valeurs humaines et sociales.
- Le délit corrélatif
Il s’agit ici du meurtre commis pour faciliter, préparer ou exécuter un délit ou pour
favoriser la fuite ou d’assurer l’impunité des auteurs ou complices de ce délit. Le
concours du meurtre avec un délit constitue une cause d’aggravation du meurtre, si
celui-ci a eu pour objet soit de préparer, faciliter ou exécuter le délit, soit de favoriser
la fuite ou d’assurer l’impunité du coupable. C’est alors une forme d’assassinat et puni
de l’emprisonnement à vie. Il ne suffit pas, comme dans le cas précédent, qu’il y ait eu
simultanéité entre les deux (2) infractions. Il faut de plus, que le meurtre soit en
corrélation avec le délit et ait eu pour objet d’en favoriser l’exécution ou d’en assurer
l’impunité. Mais il importe peu que le meurtre et le délit aient été ou non commis par
un même auteur. Il suffit que le meurtre ait eu pour but de préparer le délit, tel est le
cas du malfaiteur qui, surpris au moment où il se dispose à commettre un vol, tue le
témoin. La corrélation doit être retenue si l’infraction que le meurtre a eu pour but de
préparer est non un simple délit, mais un crime non concomitant.
Peu importe la nature du délit corrélatif : un vol, un délit de chasse etc. Il peut s’agir
d’un vol couvert par l’impunité des articles 616-1, 2, 3, du Code pénal.
13
- le meurtre commis dans un but d’anthropophagie, de culte, de pratiques
occultes ou de commerce est également aggravé et sanctionné de l’emprisonnement à
vie au même titre que l’assassinat. En Afrique, certaines pratiques occultes avec usage
d’organes humains ou de la chair humaine sont régulièrement révélées au quotidien.
En reconduisant l’alinéa 2 de l’article 324 de l’ancien Code pénal, le législateur a
voulu sanctionner plus sévèrement à travers l’article 512-15 du Code pénal actuel,
l’immoralité, la cruauté qui entourent de tels comportements à but mystique ou
financier.
La question de savoir si l’enfant était encore nouveau-né lors de sa mort est une
question de fait laissée à l’appréciation des juges. Pour qu’il y ait infanticide, il faut
que l’enfant soit né vivant et non mort-né. Il s’agira d’un avortement si l’enfant a été
tué avant son expulsion. C’est le médecin légiste qui recherchera si l’enfant a respiré
pour dire que l’enfant était né vivant. Toute manifestation de vie est suffisante, car il
n’est pas nécessaire que l’enfant soit né viable.
1
Cette infraction spécifique d’infanticide a connu plusieurs fortunes en France : crime en 1810, délit en 1943,
crime à nouveau en 1954 et abrogation pure et simple avec la loi du 27 janvier 1993. Cette abrogation a
entraîné également la disparation de l’excuse atténuante accordée à la mère qui encourt la même peine
comme tout autre coupable.
14
mort. Il faut un élément intentionnel qui se déduit des circonstances, telles que le
comportement de l’auteur avant, pendant ou après la délivrance, les propos tenus…
Le parricide est le meurtre d’un ascendant qui peut être le père ou la mère
biologique, adoptif ou de tout autre ascendant légitime ou biologique sans limitation
de degré. Ainsi sont également concernés, les grands parents et arrière-grands parents
biologiques ou légitimes. Il s’agit là d’une infraction sui generis c'est-à-dire, distincte
du meurtre et non une circonstance aggravante dont le lien de parenté forme un
élément constitutif.
Les éléments constitutifs du parricide sont les mêmes que le meurtre excepté
l’élément psychologique qui est caractérisé par la volonté de tuer une personne que
l’auteur sait être l’un de ses ascendants. Plusieurs hypothèses peuvent alors se
présenter :
- tuer une personne dont on ignorait qu’il est son père est un meurtre ou un
assassinat (selon les cas) et non un parricide. On note l’absence de l’élément
particulier qui est la volonté manifeste de l’auteur d’attenter la vie de son
ascendant1 ;
- tuer par erreur son père alors que l’on visait une autre personne ne pourrait être
qualifié de parricide. L’élément psychologique consistant à vouloir attenter à la vie
de son ascendant fait défaut également ;
- quant est-il de l’agent qui tue un tiers par erreur alors qu’il recherchait la mort
de son ascendant ? On retiendrait dans ce cas contre lui deux infractions qui sont le
meurtre pour la mort du tiers et une tentative de parricide 2. Cette double qualification
sur la base des mêmes faits excepté le lien de parenté a fait l’objet de vives critiques.
C’est cette complexité du parricide qui a amené le législateur français à le supprimer
en tant qu’infraction spécifique. En effet, le lien de filiation constitue une circonstance
aggravante du meurtre et non une infraction spécifique en France.
1
Roger MERLE et André VITU, op. cit. p. 1387
2
Roger MERLE et André VITU, op. cit. p. 1387, note bas de page qui renvoie à Garçon, aussi, Dé Albert
MILLOGO, op cit. p. 217, 218
16
C. Les causes de justification et d’excuses
L’article 132-4 du Code pénal qui prévoit les causes de non imputabilité précise
qu’il n’y a ni crime, ni délit lorsque le prévenu était en état de démence au moment de
l’action ou lorsqu’il a été contraint par une force à laquelle il n’a pu résister.
la démence est un état constaté et attesté par l’expert que doit requérir l’enquêteur ou
le magistrat. Elle consiste en diverses formes d’aliénation mentale se traduisant surtout
par des troubles ou des maladies de l’intelligence qui suppriment la capacité de
discernement. L’état apparent de démence ne dispense pas d’une expertise qui est la
seule preuve attestant scientifiquement de la situation.
3
Roger MERLE et André VITU, op. cit. p. 1388 ;
1
Article 335-2 du Code pénal
17
morale ou physique, la contrainte se caractérise par l’abolition de la liberté sous
l’influence d’un événement imprévisible et irrésistible. Celle-ci doit se manifester au
temps de l’action pour être prise en considération et justifier l’irresponsabilité.
Reste punissable, la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un
trouble psychique ou neuropsychique qui a altéré son discernement ou entravé le
contrôle de ses actes. Toutefois, le juge tiendra compte de cette circonstance au
moment de la détermination de la peine et de son régime (article 132-5 du Code
pénal).
Le fait justificatif se définit comme étant « une circonstance qui enlève son
caractère illégal à un acte volontaire contraire à l’ordre social et qui, sans cette
circonstance, devrait constituer une infraction ».
Les homicides, les blessures et les coups cessent d’être punissables, lorsqu’ils
sont accomplis pour un certain nombre de motifs jugés légitimes.
Ainsi, selon l’article 132-1 du Code pénal, il n’y a ni crime, ni délit lorsque
l’homicide, les blessures et les coups étaient ordonnés par la Loi ou commandés par
l’autorité légitime.
Aux termes de l’article 132-2 du Code pénal, sont commandés par la nécessité
de la légitime défense, les actes commis pour repousser, de nuit, l'entrée par escalade,
effraction, violence ou ruse dans une maison, un appartement habité ou leurs
dépendances ou dans tout autre lieu habité. Les actes commis également pour se
défendre contre les auteurs de vols ou de pillages exécutés avec violence bénéficient
du même régime.
18
Important : Il appartient à l’enquêteur d’être très vigilant dans le cas de suicide
car certains crimes sont maquillés en suicide.
Paragraphe 1. L’empoisonnement
Ne dit dit-on pas que « l’héritier c’est un homme qui vous prend le pouls
chaque fois qu’il vous serre la main ? ». L’histoire de l’empoisonnement en Europe est
liée aux questions d’héritage. C’est ainsi qu’à une certaine époque, l’arsenic était
qualifié de « poudre à succession »1. Dans nos sociétés africaines, “la sanction des
ancêtres’’ consistait le plus souvent à l’administration d’un produit mortifère au fautif.
Une telle solution permettait de sauver l’honneur du défunt et renforçait la crainte des
interdits. L’empoisonnement est l’une des infractions qui fait le plus peur au regard de
son caractère sournois. Il est commis la plupart du temps par des familiers, des proches
et sa preuve est très difficile à rapporter.
par l’effet de substances qui peuvent donner la mort plus ou moins promptement ;
1
Crim., 8 juin 1993, B.C., n° 203 ; Dr. Pénal, 1993Comm. 211, obs. M. Véron
19
est accompli sournoisement, alors que la victime est sans méfiance et ne sent pas le
danger arriver. Ne dit-on pas que les toxiques constituent l’arme des faibles ?
Il s’agit d’une substance qui peut donner la mort, quelle que soit sa nature à
savoir, végétale, animale ou minérale, médicale.
Il s’agit, en général, de ce qu’il est convenu d’appeler des poisons, mais aussi
de toute substance mortelle, un virus, une matière radioactive etc. Même, si chaque
dose n’est pas mortelle, l’usage répété de la substance peut devenir mortel. En effet, il
existe des substances dont l’unique dose ne peut donner la mort ; c’est suite à une série
d’administrations qui provoquent pendant un certain temps, la mort 1. L’effet mortifère
de certaines substances se manifeste longtemps après l’administration. Dans pareille
situation, il est difficile de réunir les preuves et retrouver la personne qui en est la base.
Qu’en est-il de l’agent qui utilise une substance non mortifère sans le savoir ou
qui s’est trompé dans le choix ou la préparation du produit ? La loi ne fait-elle pas état
de « substances qui peuvent donner la mort » ? Dans pareilles situations, l’agent
pourra être poursuivi pour tentative d’empoisonnement. L’accent est mis ici sur
l’intention coupable dès lors qu’il n’y a aucun doute à ce niveau.
1
PRADEL Jean et DANTI-JUAN Michel, Droit pénal spécial, 6ème édition, Cujas, Paris, 2014, p. 45
2
Trib. Corr. Mulhouse, 6 février 1992, D., 1992. 301, note critique A. Prothais
20
2. L’acte matériel : l’emploi ou l’administration ou l’attentat
3. L’intention coupable
Le résultat importe peu car l’attentat suffit sans qu’il soit nécessaire que la vie
ait été supprimée. L’infraction est consommée même si la victime ne décède pas ou si
l’antidote administré par l’auteur a sauvé la victime. Attenter à la vie n’exige pas la
mort de la victime ni même une maladie dont elle resterait atteinte. C’est la conscience
d’administrer un produit dont le caractère mortel est connu de l’agent.
Il y’a tentative d’empoisonnement si le poison n’a pas été absorbé par suite de
circonstances indépendantes de la volonté de l’auteur. Ainsi, le poison aura été
mélangé aux aliments de celui dont on désire la mort ; un breuvage aura été substitué
au médicament que doit prendre la victime ou même le flacon contenant la substance
toxique aura été remis à un tiers chargé de l’administration à la personne choisie
comme victime ; mais la victime se sera abstenue d’absorber le poison par méfiance ou
à la suite d’un avertissement reçu d’un tiers. Si l’intention manquait, les faits
constitueraient simplement un homicide involontaire (par imprudence).
1
Roger MERLE, André VITU, Traité de droit criminel, Droit pénal spécial, Cujas, 1982, p. 1392
2
Roger MERLE, André VITU, op. cit. p. 1390
21
B. La répression
4. L’intention coupable : L’agent doit avoir agi avec intention de nuire à la santé et non
avec une intention mortifère. L’agent sera poursuivi pour blessures involontaires s’il
croyait la substance inoffensive. C’est le cas de certains guérisseurs traditionnels qui
font absorber, inhaler ou purger à leurs patients, certaines décoctions soumises à
fermentation pendant un certain temps et qui se révèlent nuisibles à la santé par la
suite. Si la mort survient bien que la substance ne soit pas mortelle, il n’y aura pas
empoisonnement mais administration de substance nuisible.
22
B. La répression
Ainsi, il est prévu une peine d’emprisonnement de deux (02) à trois (3) ans et
une amende de 250 000 F à 3.000 000 F pour quiconque cause à autrui une maladie ou
une incapacité de travail personnel en lui administrant de quelque manière que ce soit,
sciemment mais sans intention de donner la mort, des substances nuisibles à la santé.
Lorsque la mort s’en est suivie sans intention mortifère, la peine est un
emprisonnement de onze (11) à vingt un (21) ans et d’une amende de 10.000.000 F à
20.000.000 Frs (article 512-33, alinéa 4 du Code pénal).
Cela suppose dans un premier temps que la personne soit séropositive. Cet état
doit avoir été attesté par des examens médicaux.
° être séropositif ;
24
° connaître son état de séropositif ;
Qu’en est-il du cas du violeur infecté à l’occasion d’un viol ? Nul ne pouvant se
prévaloir de sa propre turpitude, l’auteur du viol ne peut que s’en prendre à lui-même.
Il a commis un délit grave et la victime (séropositive) sera traitée comme toute victime
et ne saurait être poursuivie. L’intention coupable fait défaut.
25
° un acte de transmission du VIH ou de tentative de
transmission par quelque moyen que ce soit. Cette situation
dépasse le cadre du partenaire sexuel et concerne toute personne.
Elle suppose un acte positif quel que soit le résultat final. En effet,
il est bien précisé que la tentative est punissable. L’infraction est
caractérisée peu importe la forme ou la nature du moyen utilisé.
Sont naturellement concernées, les voies standard de
contamination que sont la voie sexuelle, la transfusion sanguine,
les blessures provoquées expressément, les infiltrations du sang
contaminé...
26
de l’amende est porté à 10 000 000 de francs. Les éléments suivants doivent être mis
en exergue :
Il s’agit ici d’actes divers positifs qui s’apprécient en coups, blessures, autres
violences et voies de fait entraînent plus ou moins un contact entre l’agresseur et la
victime. Le contact physique peut être direct ou indirect au moyen d’un objet, d’un
tiers ou d’un animal. Les coups de poing, de pieds, les bousculades, les gifles données
sont manifestement des cas de violence directe. De manière indirecte, lancer un chien
sur la victime ou pousser quelqu’un sachant qu’il causera dans son mouvement un
choc sur la victime constituent des cas de coups. Aussi, le fait de lancer un objet sur
une victime indéterminée ou dans une foule sachant qu’il heurtera manifestement une
personne s’apprécie en violence. La non identification de la victime n’est pas
déterminante.
28
Sans être nécessairement physique, le lien de causalité peut être un
comportement qui impressionne fortement la victime de nature à lui causer un choc
émotif, un trouble psychologique ou dépressif1. Constitue des cas de violences, le fait
de menacer la victime avec une arme, de tirer au-dessus de sa tête, de crier fortement
sur elle ou de débarquer à son domicile à la tête d’un groupe menaçant. Dans le même
sens, des paroles proférées ou des actes posés à distance ont été qualifiés de violence.
La jurisprudence a qualifié de violences les cas de persécutions téléphoniques, l’envoi
de lettres anonymes ou de colis comportant des symboles tels qu’un crâne humain ou
un cercueil.2 Aussi, a été qualifié de violences et voies de fait et condamné comme tel,
le fait :
pour une personne en voiture, de glisser la main sous la jupe d’une passagère qui
effrayée, se jette hors du véhicule et se blesse4 ;
B. La victime
la victime doit être une personne humaine en ce sens qu’une incrimination spéciale
est prévue pour les mauvais traitements ou actes de cruauté sur les animaux ;
la victime doit être vivante auquel cas on aboutira à une qualification plus grave
telle que, meurtre ou un délit impossible (coups portés sur une personne déjà
morte) ;
la victime doit être différente de l’auteur des coups car nul ne peut être poursuivi
pour s’être personnellement administré des coups.
C. L’intention coupable
L’élément intentionnel joue un rôle très important ici en ce sens qu’il permet
de distinguer les violences volontaires de celles résultant d’une négligence, d’une
inattention ou d’un manquement à une prescription. L’intention s’apprécie au simple
1
VERON Michel, Droit pénal spécial, 6ème édition, Armand Colin, Paris, 1998, p. 34
2
Crim. 17 juill. 1984, Bull. n° 259 ; Crim. 13 juin 1991, Bull. n° 253 ; cités par VERON Michel, op. cit. p. 35
3
Trib. Corr. Saint-Dié, 7 juin 1945, Gaz. Pal, 1945.I.218, rapporté par PRADEL Jean et DANTI-JUAN Michel,
op. ct. P.57
4
29
fait de vouloir poser l’acte ; le résultat peut avoir dépassé le but recherché par l’agent.
Peu importe le mobile qui l’a guidé ; il suffit qu’il ait agi sans droit et en connaissance
de cause (même s’il s’agit d’une plaisanterie). L’erreur sur la victime est inopérante
dès lors que l’acte dommageable a été volontairement commis.
D. Le lien de causalité
Ainsi, projeter une personne à terre, laquelle entraîne dans sa chute une autre
personne ne doit pas constituer l’infraction à l’égard de cette dernière.
E. Le consentement de la victime
Le consentement de la victime aux blessures qui lui sont faites n’exonère pas
l’auteur de sa responsabilité. De ce fait, l’accord de la victime pour subir les coups ou
les blessures ne fait pas disparaître l’infraction. Cependant, le domaine médical est
particulier en ce sens que le praticien qui agit selon les règles de sa profession dans un
but curatif ne commet pas l’infraction.
F. La sanction des coups et blessures volontaires simples
Les coups et blessures, violences et voies de fait simples peuvent être des contraventions, des
délits et ce, au regard de la gravité du préjudice qui découlera de l’expertise.
Constitue une contravention de quatrième (4 ème) classe et sanctionné d’une amende de
quinze mille (15.000) à cinquante mille (50.000) francs, le fait de causer des blessures ou des
coups ou toutes autres violences ou voies de fait sur une personne dont il n’est pas résulté une
maladie ou une incapacité totale de travail personnel excédant sept jours, à la condition qu’il
n’y ait pas eu préméditation, guet-apens ou port d’armes (article 8 du Décret n°
97-84/PRES/PM/MJ du 28 février 1997 portant définition et sanction des
contraventions).
Le fait de causer des blessures ou des coups ou toutes autres violences ou voies de fait sur une
personne dont il n’est pas résulté une maladie ou une incapacité totale de travail personnel
excédant sept jours, dans des circonstances de préméditation, guet-apens ou de faits
publiquement commis est puni d’une peine d’emprisonnement de deux mois à un an et d’une
amende de 250.000 à 600.000 francs (article 512-19 du Code pénal).
Les coups, les blessures, les violences ou les voies de faits ayant entraîné une maladie
ou une incapacité de travail personnel supérieure à sept (7) jours et inférieure à vingt-
un (21) jours sont punis de deux (2) mois à trois (3) ans et d’une amende de deux cent
cinquante mille (250.000) à deux millions (2.000.000) francs (article 512-18 du Code
30
pénal). En circonstances de préméditation et de guet-apens, le maximum de la peine
d’emprisonnement est prononcé.
La peine de deux (2) à sept (7) ans d’emprisonnement et de l’amende de
1.000.000 F à 5.000.000 F est appliquée si la maladie ou l’incapacité de travail
personnel causée par l’infraction a duré vingt-un (21) jours ou plus.
Paragraphe 2. Les coups et blessures accompagnés de circonstances aggravantes
1. L’auteur est puni de deux (2) à dix (10) ans d’emprisonnement et d’une amende de
250.000 à 3.000.000 de francs si les violences ont eu pour conséquence :
► des mutilations ;
2. Les coups volontairement administrés peuvent donner la mort sans intention mortifère
de la part de l’agent. Il s’agit alors de l’infraction de coups mortels. C’est-à-dire, qu’il
y’a intention manifeste d’administrer le coup ; coup qui a entraîné la mort de la
victime sans intention mortifère. Il doit y avoir une relation de cause à effet entre les
violences et le décès de la victime. La mort, quel que soit le moment auquel elle
survient (immédiatement ou plus tard), doit du moins être la conséquence directe de la
31
blessure. Le lien de causalité entre le coup et la mort doit être certain et direct. C’est à
bon droit que la Cour de cassation française n’a pas retenu les coups mortels dans la
situation d’une victime de coups qui a succombé par défaillance de l’appareil de
réanimation1. Le coupable de coups mortels est puni d’un emprisonnement de 7 ans à
10 ans et d’une amende de 300.000 à 5.000.000 francs.
32
certains agents publics, la loi a prévu des peines beaucoup plus sévères. Sont
concernés, les magistrats, assesseurs, toute personne siégeant dans une formation
juridictionnelle, tout agent de service public dans l’exercice ou à l’occasion de
l’exercice des fonctions. La qualité de la victime doit être connue et motiver
l’action de l’auteur.
Les menaces que la loi réprime sont celles dont l’objectif est de déstabiliser
psychologiquement la victime pour l’amener à agir ou à s’abstenir d’agir. Ce sont des
actes de violence morale qui troublent la victime et portent atteinte à sa liberté. Le délit
de menace est toujours intentionnel et peut viser la personne physique ou les biens.
Ainsi, la loi incrimine les menaces avec ordre de remplir une condition sous peine de
porter atteinte à la personne physique ou aux biens ainsi que les menaces de mort.
L’élément matériel qui est la menace de commettre un crime ou un délit doit pouvoir
être prouvé et le moyen utilisé importe peu. La menace doit viser une personne
déterminée ou du moins, déterminable et de nature à l’impressionner.
1°) menace sous condition d’une atteinte aux personnes constituant une infraction que
la loi réprime d’une peine criminelle (article 521-1 du Code pénal).
33
Cette infraction est utilisée efficacement par le parquet pour poursuivre les cas de
menaces de ‘’tinsé’’ ou fétiches ou les invocations de certains pouvoirs surnaturels sur
les victimes. Dès lors qu’il est vérifié que le moyen utilisé produit un choc chez la
victime, la menace est prise en compte et sanctionnée en conséquence. Exemples : si tu
exploites le terrain, j’invoque le ‘’tinsé’’ ou tels fétiches sur toi et ta descendance. Si tu
refuses de te marier à X, je te laisse avec tel fétiche. S’il est avéré que le fétiche dont il
est question est craint dans la localité et provoque chez la victime la crainte et la peur,
cela suffit pour justifier le trouble causé chez elle.
La sanction ici est une peine d’emprisonnement deux à cinq ans et d’une
amende de 2.000.000 F à 5.000.000 F.
2°) menace sous condition d’une atteinte aux personnes constituant une infraction que
la loi réprime d’une peine délictuelle (article 521-2 du Code pénal).
3°) menace sous condition d’une atteinte aux biens constituant une infraction que la
loi réprime d’une peine criminelle (article 521-3 du Code pénal)
Sont visés ici les biens de la victime. L’infraction que l’auteur menace de commettre
sur les biens de la victime doit être un crime et non un délit. Exemple : J’incendie ta
maison si tu me dénonces ou si tu ne quittes pas le village. La destruction d’une
habitation au moyen d’incendie est un crime. Ce délit est puni de six mois à cinq ans
de prison et d’une amende de 250.000 F à 1.000.000 de francs.
4°) menace de mort par écrit (anonyme ou signé), image, symbole ou emblème
(article 521-4 du Code pénal) ou toute forme d’expression de la mort
La loi retient les menaces de mort proférées contre une personne quelle que soit la
raison invoquée. Elle énumère les moyens utilisés et indique également toute forme
d’expression de la mort. C’est ainsi que l’envoi à une personne d’un bout de papier où
figure un cercueil ou un crâne ou encore des rayons de foudre sans aucun commentaire
constituent des menaces de mort. Ces symboles sont suffisamment parlants et ne
souffrent d’aucune interprétation. L’enquêteur ne doit pas ignorer ces menaces et il
doit les traiter en conséquence. La loi punit à titre de dissuasion d’une peine de deux à
cinq ans de prison et d’une amende de 600.000 F à 1.500.000 F.
6°) La même peine est prévue lorsque la menace est faite à un témoin, à une
victime, ou à toute autre personne aux fins de ne pas porter plainte, de ne pas dénoncer
des faits ou à ne pas faire de déposition ou soit en raison de la dénonciation, de la
plainte ou de la déposition.
L’objectif visé par le législateur à travers ces deux derniers points est de sanctionner
l’entrave à l’œuvre de la justice et d’encourager les acteurs et toute personne à y
contribuer.
35
Selon le Lexique des termes juridiques, l’avortement s’entend comme « le
fait de procurer l’interruption de la grossesse d’autrui, avec ou sans son
consentement ». Il s’agit de l’expulsion prématurée volontairement provoquée, du
produit de la conception. Il est à noter que la question de l'avortement est
transdisciplinaire, du moment qu’elle relève à la fois du droit, de la morale, de la
religion, de la philosophie, de la sociologie, de la politique et, bien entendu, de la
médecine.
1
Puni de la réclusion criminelle par le code pénal de 1810, l’avortement a été correctionnalisé par une loi de
1923. Un Décret-loi du 29 juillet 1939 a créé un fait justificatif en faisant disparaître la répression lorsque la
continuation de la grossesse est de nature à mettre en péril la vie de la mère.
2
Trib. Corr. Bobigny, 22 novembre 1972, Gaz. Pal, 1972.II.890
3
Cons. const., 27 juin 2001 n° 2001-446 DC, la liberté de la femme d’avorter devient, semble-t-il une exigence à
valeur constitutionnelle, fondée sur l’article 2 D.DH.C. Pour la Cour de cassation française, « l’action des
associations dont l’objet statutaire comporte la défense des droits des femmes inclue nécessairement la
défense des droits des femmes à accéder à la contraception et à l’avortement ». crim 27 novembre 1996, BCN,
431, arrêt n° 1
4
L’aide à l’interruption illégale de la grossesse est punie par l’article L. 2222-4, du Code de santé publique
français de 3 ans d’emprisonnement et de 45.000 € d’amende
36
traumatisantes à vie. Pareilles circonstances sont de nature à accroître les risques
d’infanticide, exposant également les victimes à la mort, à la stérilité et à la
stigmatisation. Dans le meilleur des cas, les services de santé parviennent à récupérer
les victimes qui malgré tout ne sont pas promptes à collaborer. Se développe
également un commerce véreux, immoral et qui enrichit intermédiaires, tradipraticiens
malhonnêtes et professionnels de la santé en quête de gain facile.
Les manœuvres abortives sont punissables même si elles sont exercées sur
une femme « supposée enceinte ». Il faut toutefois du moins que l’avorteur ait cru la
femme enceinte (dans le cas contraire, il pourrait s’agir de violences volontaires).
Celui qui exerce des manœuvres sur une femme enceinte ou supposée, est
auteur principal du délit d’avortement, que la femme soit consentante ou pas. Il
encourt les peines d’emprisonnement de un (1) à cinq (5) ans et une amende de
1.000.000 F à 3.000.000 F.
B. Les complices
Aux termes de l’article 131-4 du Code pénal, les complices sont ceux qui
sans avoir pris activement part à l’avortement, ont provoqué l’action ou donné
sciemment des instruments pour la commettre, ou procuré les moyens qui ont servi à la
perpétrer, ou encore en connaissance de cause, aidé ou facilité les auteurs de
l’infraction dans les faits qui l’ont préparé. Conformément à l’article 131-5 du Code
pénal, les complices sont punis dans les mêmes conditions que les auteurs principaux.
38
Paragraphe 3 : L’interruption volontaire de la grossesse (IVG)
Il est exigé une condition de détresse qui doit être établie par le ministère public
et ce, après une enquête. Le viol et l’inceste étant punis par la loi, le législateur a voulu
protéger la mère et surtout, l’avenir d’un enfant qui va naître dans ces conditions
sociales et psychologiques.
L’avortement étant puni par la loi, il est tout à fait logique que le législateur
incrimine le fait d’inciter par quelque moyen que ce soit, une personne à commettre
cette infraction. Ainsi, l’article 513-15 punit de deux mois à deux ans et d’une amende
de un million (1.000.000) à deux millions (2.000.000) de francs, toute personne qui
incite à l’avortement par tout moyen de diffusion ou de publicité.
Les juridictions prononcent dans tous les cas, la confiscation des objets,
substances, instruments, remèdes saisis. Ils peuvent en outre prononcer à l’égard du
condamné, l’interdiction d’exercer la profession à l’occasion de laquelle, le délit a été
commis. Est puni d’un emprisonnement de six mois à deux ans et d’une amende de un
million (1 000 000) à cinq millions (5 000 000) de francs (article 513-17 du Code
pénal), quiconque contrevient à l’interdiction ci-dessus prononcée.
1
Loi n° 23/94/ADP du 19 mai 1994 portant Code de Santé publique
40
Paragraphe 5 : la non dénonciation de faits d’avortement et les obstacles à la
dénonciation de faits d’avortement (article 513-18 et 513-19 du Code pénal)
Est puni d’une peine d’emprisonnement de deux ans à cinq ans et d’une
amende de 2.000.000 de francs à 5.000.000 de francs, celui qui par des menaces de
représailles, fait obstacle à une dénonciation de la part des personnes concernées ci-
dessus. L’intention de faire échec à la dénonciation doit être manifeste à travers les
menaces de représailles qui peuvent revêtir plusieurs formes. Sont particulièrement
visés ici, les proches parents ou amis de la femme, les auteurs de l’avortement et toute
personne intéressée par la clandestinité de l’acte. En même temps que le législateur
réprime l’acte de menaces, on note avec intérêt la forte mesure de protection légale de
la personne qui a connaissance d’un cas d’avortement à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions. Cette protection devrait stimuler les cas de dénonciations.
41
est également pris en compte l’aspect psychique de la meurtrissure infligée à une
personne et résultant d’une atteinte à sa dignité d’homme.
1. 1. L’acte matériel
1
Cf Tribunal de Grenoble, 4 juin 1990 – Dalloz 1990 – p. 154
42
C’est l’absence de consentement qui constitue en fait la contrainte. C’est
ainsi qu’un consentement donné par crainte ou sous l’effet de la violence ne fait pas
disparaître l’infraction si, à l’origine, il n’y avait pas consentement.
2. L’intention coupable
B. La répression
lorsqu'il est commis par un ascendant ou par toute autre personne ayant sur la
victime une autorité de droit ou de fait ;
lorsqu'il est commis par une personne qui abuse de l'autorité que lui confèrent ses
fonctions ;
lorsqu'il est commis par plusieurs personnes agissant en qualité d'auteurs ou de
complices ;
lorsqu'il est commis avec usage ou menace d'une arme ;
lorsque la victime a été mise en contact avec l'auteur des faits grâce à l'utilisation,
pour la diffusion de messages à destination d'un public non déterminé, d'un réseau
de communication électronique ;
43
lorsqu'il est commis en concours avec un ou plusieurs autres viols commis sur
d'autres victimes ;
lorsqu'il a entraîné une mutilation ou une infirmité permanente ;
lorsqu’il est commis sur un mineur âgé de treize à quinze ans au plus ;
lorsqu'il est commis sur une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son
âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un
état de grossesse, est apparente ou connue de l'auteur ;
lorsqu'il est commis par une personne agissant en état d'ivresse manifeste ou sous
l'emprise manifeste de produits stupéfiants.
Le viol est puni d’un emprisonnement de onze (11) à trente (30) ans et d’une
amende de 3.000.000 à 10.000.000 de francs lorsqu’il est commis sur une personne
mineure de treize (13) ans de l’un ou de l’autre sexe.
Au regard de l’actualité dans le milieu scolaire qui est marquée par les
grossesses précoces et la responsabilité de certains encadreurs dans de tels faits, le
législateur a prévu une incrimination spéciale. En effet, l’article 533-14 du Code pénal
punit de 5 à 10 ans et d’une amende de 900.000 à 5.000.000 francs, le personnel de
l’enseignement ou de tout système éducatif qui a une relation sexuelle avec un élève,
un apprenti ou un stagiaire mineur de l’un ou de l’autre sexe.
S’il en est résulté une grossesse, la peine est de 7 ans à 10 ans et d’une amende
d 3.000.000 à 6.000.000 de francs. La peine complémentaire d’interdiction d’exercer
la profession d’enseignant ou de membre du système éducatif pour une période qui ne
peut excéder 5 ans pourra être prononcée.
44
deux (2) peines seulement. Le législateur n’a gardé que la peine d’amende tout en
relevant son quantum.
En France, l’infidélité conjugale n’est plus une infraction depuis la loi n° 75-
617 du 11 juillet 1975. Les partisans de la dépénalisation de l’adultère ont eu raison
des conservateurs qui invoquaient un certain nombre de raisons pour justifier son
maintien.
Le délit d’inceste est puni d’un emprisonnement de (1) à cinq (5) ans et
d’une amende de 1.000.000 à 5.000.000 de francs.
L’article 533-2 du Code pénal définit l’attentat à la pudeur comme étant tout
acte de nature sexuelle, contraire aux bonnes mœurs, exercé directement et
intentionnellement sur un mineur ou sur un adulte avec ou sans violence, contrainte ou
surprise.
Le Lexique des termes juridiques définit les bonnes mœurs comme des « règles
imposées par la morale sociale à une époque donnée et dont la violation,
éventuellement constitutive d’infractions pénales, est susceptible de provoquer
l’annulation d’une convention »2. Les bonnes mœurs qui constituent la référence pour
cette infraction est de nature changeante et il revient par conséquent au juge d’y mettre
un contenu.
Il doit s’agir d’un acte de nature sexuelle, impudique exercé sur une
personne ou tout acte contraire aux bonnes mœurs exercé sur une personne de l’un ou
l’autre sexe. Il faut qu’il y ait une atteinte corporelle : attouchement ou geste
impudique, par exemple relever la jupe. Il est important de faire ressortir le caractère
immoral et choquant de l’acte. Pour les victimes majeures, la preuve de la violence, de
la contrainte ou de la surprise doit être apportée. Il n’y a pas d’attentat à la pudeur si
les actes (quel que soit leur caractère impudique) sont exercés sur un adulte
consentant.
1
M. VERON, droit pénal spécial, op.cit., p. 182
2
Lexique des termes juridiques, 25ème édition, 2017-2018, Dalloz, 2017, p.
46
ou choquant de l’acte qu’il accomplit ou la conscience d’attenter à la personne d’un
mineur. Le consentement de la victime mineure importe peu. Mais l’attouchement
effectué par un professionnel selon les règles de son art, exclut l’infraction.
Victime majeure :
Victime Mineure :
Si l’auteur est un ascendant du mineur de treize (13) ans ou s’il est de ceux
qui ont autorité que lui confère sa fonction ou s’il a agi en réunion, la peine est un
emprisonnement de sept (7) à dix (10) ans et d’une amende de 1.000.000 à 3.000.000
de francs.
La peine est de trois (3) ans à dix (10) ans d’emprisonnement et d’une
amende de 500.000 à 1.000.000 de francs si la victime est mineure de moins de 13 ans
de l’un ou l’autre sexe.
Si l’auteur est un ascendant du mineur de moins de treize (13) ans ou s’il est
de ceux qui ont autorité que lui confère sa fonction ou s’il a agi en réunion, la peine est
un emprisonnement de onze (11) ans à vingt (21) ans et d’une amende de 1.000.000 à
3.000.000 de francs.
Si la victime est un mineur âgé de treize (13) à quinze (15) ans de l’un ou de
l’autre sexe, la peine est de deux (2) ans à dix (10) ans d’emprisonnement et d’une
amende de 500.000 à 1.000.000 de francs.
Si l’auteur des actes commis sur un mineur de plus de quinze (15) ans et de
moins de (18) ans est son ascendant ou s’il est de ceux qui ont autorité que lui confère
sa fonction ou s’il a agi en réunion, la peine est un emprisonnement de onze (11) ans à
trente (30) ans et d’une amende de 3.000.000 à 10.000.000 de francs.
48
1. L’acte scandaleux
2. La publicité de l’acte
Pour qu’il soit scandaleux, l’acte doit pouvoir être vu ; c’est le cas des actes
commis dans la rue, les bois, les jardins, espaces publics. Il s’agit d’une publicité dite
absolue ou permanente dans un lieu où le public peut avoir accès à tout moment. Ces
lieux sont les lieux publics par nature. Il en est ainsi des restaurants, cafés, cinés,
musés, églises etc… Il est donc nécessaire de constater que l’acte a été commis à un
moment où le public était admis à pénétrer dans le lieu. Il en est de même des lieux
privés où le public n’est admis que par moment. Ex : un véhicule de transport en
commun.
S’il s’agit d’un véhicule privé, il convient de rechercher si des tiers peuvent
voir l’acte normalement sans qu’il soit nécessaire de s’aider d’un subterfuge pour
regarder ce qui se passe dans le lieu privé. Il n’y a pas d’infraction s’il est établi que
les témoins ont recherché le spectacle en fournissant des efforts pour en avoir accès.
3. L’intention coupable
A. La prostitution
50
racolage d’autrui en vue de l’inciter à des relations sexuelles en échange d’une
rémunération ou d’une promesse de rémunération. Cette infraction suppose un certain
nombre de conditions qui sont :
L’acte matériel qui favorise la débauche du mineur doit être établi et ce, de
manière habituelle. Il s’agit de n’importe quel acte ou conduite tendant à soumettre le
mineur à la débauche, à favoriser cette débauche. L’objectif visé est la satisfaction de
la passion d’autrui.
51
L’incitation du mineur à la débauche ou la corruption de mineur est punie
d’une peine d’emprisonnement de 2 ans à 5 ans et d’une amende de 1.500.000 à
5.000.000 francs. La tentative est punissable.
Le proxénète
sous une forme quelconque, partage les produits de la prostitution ou reçoit des
subsides de prostitution. Exemple : du mari dépendant de l’argent de sa femme qui se
livre à la prostitution ;
sciemment vit en concubinage avec une prostituée. « Vivre avec », c’est partager la vie
intime de la prostituée et non pas seulement cohabiter. Ainsi, les enfants de la
prostituée ne vivent pas avec ;
fait office d’intermédiaire entre les prostituées et ceux qui les exploitent ;
52
d’emprisonnement de 3 ans à 10 ans et d’une amende de 1.000.000 à 6.000.000 de
francs.
Est concernée, la personne qui met des locaux pour permettre la prostitution
d’autrui. Il peut s’agir :
Qu’en est-il de la tenancière d’un bar qui de temps en temps a des rapports
sexuels avec des clients dans son établissement ? La tenancière d’un bar qui a des
rapports sexuels avec des clients dans son établissement, n’est pas concernée puisque
c’est elle qui se prostitue.
Il s’agit ici de l’utilisation d’un lieu non ouvert au public à des fins de
prostitution d’autrui. Ainsi sont concernés, le fait :
3. Le proxénétisme aggravé
Le proxénétisme est dit aggravé lorsqu’il est commis dans des circonstances
relatives à la situation de la victime, au lien de parenté avec celle-ci, aux moyens
employés, à la réunion, à la situation d’extranéité… Ainsi l’article 533-24 du Code
pénal punit de 5 à 10 ans et d’une amende de 1.000.000 à 10.000.000 de francs, le
proxénétisme commis :
à l'égard d'une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une
maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de
grossesse, est apparente ou connue de son auteur ;
à l'égard d'une personne qui a été incitée à se livrer à la prostitution soit hors du
territoire du Burkina Faso, soit à son arrivée sur le territoire burkinabè ;
par une personne appelée à participer, de par ses fonctions, à la lutte contre la
prostitution, à la protection de la santé ou au maintien de l'ordre public ;
L’extrême gravité retenue par la loi est le proxénétisme commis dans les
circonstances ci-dessus citées et en bande organisée. La sanction qui découle de
l’article 533-25 du Code pénal est une peine d’emprisonnement de 11 ans à 30 ans
et d’une amende de 3.000.000 de francs à 10.000.000 de francs. Aussi, est
gravement sanctionné de la peine de l’emprisonnement à vie, le proxénétisme
commis en ayant recours à la torture et aux actes de barbarie.
Paragraphe I : la diffamation
1. La publicité
1
Une série de 6 lois votées en 2015 relatives à la presse écrite, à la presse en ligne et à la radiodiffusion sonore
et télévisuelle règlementent et punissent les actes portant atteinte à l’honorabilité dans le domaine de la
presse.
55
Les lieux publics sont outre les lieux publics par nature, ceux qui sont
affectés à l’usage de tous et accessibles à chacun à tout moment. Exemple : les rues,
les bus... Sont des lieux publics par destination, les cafés, les églises, les salles
d’audience, les bureaux qui sont ouverts au public à certains moments déterminés. Un
lieu privé peut devenir occasionnellement public par le fait de la présence d’un certain
nombre de personnes. Exemple : de la boulangerie ou le super marcher où n’importe
qui peut entrer.
S’il s’agit de paroles, il faut qu’elles soient prononcées sur un ton assez
élevé, audible pour être entendues des tiers.
Une allégation est une assertion ou une affirmation produite sur la foi
d’autrui, sur la rumeur publique, sur des hypothèses ou une reprise d’écrit ou de
propos d’autrui.
56
littéraires ou scientifiques ou prenant part aux luttes politiques, s’offrent eux-mêmes à
l’appréciation du public.
La loi protège essentiellement les valeurs morales plutôt que les valeurs
intellectuelles et professionnelles. Il appartient au juge de vérifier compte tenu des
circonstances intrinsèques si le propos, l’écrit, la caricature ou le dessein publié est
attentatoire à l’honneur ou à la considération de telle ou telle personne.
La diffamation peut être aussi bien dirigée contre une personne morale que
contre une personne physique, mais il n’est pas nécessaire que le corps ou la personne
soit nommé(e) expressément ; il suffit qu’on puisse le reconnaître à travers ce qui a été
publié. Ce corps ou cette personne doit être personnellement atteint. C’est ainsi que
lorsqu’une collectivité non visée par la loi et non dotée de la personnalité morale est
concernée, on retient que chacun des membres de cette collectivité a pu être
directement atteint. Dans pareil cas, chacun d’eux a le droit de porter plainte.
5. L’intention de nuire
57
En matière de presse, la preuve de la vérité du fait diffamatoire efface
l’infraction. C’est ainsi que le journaliste sera renvoyé des fins des poursuites s’il
prouve la véracité des faits publiés dans son journal sur une personne. Toutefois, il
n’en sera pas le cas lorsque l'imputation concerne la vie privée de la personne ou
qu’elle se réfère à un fait constituant une infraction amnistiée ou prescrite, ou qui a
donné lieu à une condamnation effacée par la réhabilitation ou la révision. Ne dit-on
pas que toute vérité n’est pas bonne à dire ? Dans le cas d’interférence entre la vie
privée et les fonctions exercées, la jurisprudence admet que l’exceptio veritatis puisse
être invoquée.1
2- L’immunité
L’immunité enlève au fait concerné, son caractère répréhensible et aucune
poursuite pour diffamation ne peut être accueillie. Ainsi, sont couverts par
l’immunité :
les débats parlementaires ;
les débats judiciaires ;
les prononcés ou les écrits produits devant les juridictions ;
le compte rendu fidèle et de bonne foi de ces débats et discours à l’exception des
procès en diffamation ;
la publication des décisions judiciaires y compris celles rendues en matière de
diffamation ;
le rapport officiel fait de bonne foi par une personne régulièrement désignée pour
procéder à une enquête et dans le cadre de cette enquête ;
l’imputation faite de bonne foi par un supérieur ou son subordonné ;
le renseignement donné de bonne foi sur une personne ou un tiers qui a un intérêt
personnel ou officiel à le connaître ou qui a le pouvoir de remédier à une injustice
alléguée ;
la critique d’une œuvre, d’un spectacle, d’une opinion quelconque manifestée
publiquement à condition que ladite critique ne traduise pas une atteinte
personnelle.
C– Les personnes et les corps protégés contre la diffamation
Les corps et les personnes protégés contre la diffamation sont énumérés par les
articles 524-4 du Code pénal, 115 et suivants de la loi n° 057-2015/CNT du 04
septembre 2015 portant régime juridique de la presse écrite au Burkina Faso.
1
Crim. 18 novembre 1986, B.C., n° 345
58
L’article énumère les cours et tribunaux, les forces armées, les corps
constitués et les administrations publiques. La diffamation doit atteindre ces diverses
personnes collectives dans la fonction que la loi leur attribue.
La loi protège des personnes ayant une certaine qualité ou disposant d’une
partie de l’autorité publique. Ce sont : les membres des organes de la direction
politique ou du gouvernement, les membres de l’instance nationale de la magistrature,
les citoyens chargés d’un service ou d’un mandat public temporaire ou permanent, les
juges, les jurés et les témoins en raison de leur déposition.
Les particuliers ne sont pas seulement les personnes physiques mais aussi les
collectivités lorsqu’elles ont la personnalité morale (les syndicats, les associations…).
E- la répression
La diffamation dirigée contre la mémoire d’un mort est sanctionnée selon les cas ci-
dessus cités si l’auteur des faits a eu l’intention de porter atteinte à l’honneur ou à la
considération des héritiers, époux ou légataires universels vivants.
60
La diffamation envers un groupe de personnes en raison de leur race ou de leur
religion est punie d’un emprisonnement de un (1) mois à un (1) ans et une amende de
10.000 F à 2.000.000 F.
Constitue une injure aux termes de l’article 524-2 du Code pénal, « toute
expression outrageante, terme de mépris ou invective qui ne renferme
l’imputation d’aucun fait ».
1. La publicité
La notion d’injure peut varier dans le temps et dans l’espace. Ainsi, il peut y
avoir injure ou non selon l’appartenance à une certaine philosophie ou doctrine, selon
l’endroit ou même le milieu social. Exemple : traiter quelqu’un de fasciste, boche,
communiste, capitaliste…
Les articles 3 et 4 du Décret n° 97-84/PRES/PM/MJ du 28 février 1997 portant définition et sanction des
contraventions sanctionnent la contravention d’injure non publique d’une amende de 1.000 à 5.000 francs.
61
3. Désignation de la personne visée
L’injure doit avoir été adressée par écrit, dessin ou discours, cris, imprimés
directement à une personne ou à un corps protégé par la loi. Même le parent de la
personne injuriée peut s’estimer injurié lui-même. Exemple : bâtard, fils de pute…
4. L’intention coupable
L’auteur de l’injure doit avoir agi avec l’intention coupable. Cette intention
est présumée. La présomption de mauvaise foi ne disparaît qu’en présence de faits
justificatifs, ainsi, l’injure n’est pas punie si elle a été provoquée.
C – La répression
L’injure commise envers les particuliers et la mémoire d’un mort est punie
d’un d’une peine d’emprisonnement de 2 mois à 6 mois et d’une amende de 250.000 F
à 1.000.000 F (article 524-6 du Code Pénal).
62
Paragraphe 4 : la dénonciation calomnieuse (articles 524-3, 524-7 et 524-8 du Code
pénal)
La loi pénale oblige le citoyen ayant eu connaissance de faits repréhensibles, de
les dénoncer auprès des autorités compétentes. En revanche, elle punit celui qui
sciemment se livre à des dénonciations calomnieuses, mensongères.
Aux termes de l’article 524-3 du Code pénal, « est calomnieuse la
dénonciation intentionnellement mensongère d’un fait faux de nature à exposer
celui qui en est l’objet à une sanction de l’autorité administrative ou de son
employeur ou à des poursuites judiciaires ».
A- La dénonciation
Relativement à sa forme, la dénonciation peut être écrite ou verbale et
dirigée au moyen d’une lettre, une plainte adressée à l’administration ou aux autorités
judiciaires (police, gendarmerie, procureur, juge d’instruction) contre une personne
identifiable directement ou de par l’allusion faite.
Quant à son contenu, la dénonciation doit comporter l’énoncé d’un fait
contre une personne déterminée ou déterminable et qui est de nature à entraîner des
sanctions ou des poursuites. La dénonciation constitue en réalité, une véritable
accusation. Toutefois, il n’est pas nécessaire que des sanctions soient prononcées pour
que l’infraction soit constituée.
La dénonciation doit être adressée à l’un de ces destinataires que sont :
les autorités judiciaires ;
les officiers de police administrative et judiciaire ;
aux autorités ayant le pouvoir d’y donner suite ou de saisir l’autorité compétente ;
aux supérieurs hiérarchiques ;
Aux employeurs du dénoncé
Il s’agit d’autorités ayant le pouvoir de donner suite à la dénonciation. C’est
l’arrivée de la dénonciation à son destinataire qui marque le point du départ du délai de
prescription.
B- L’élément intentionnel : la calomnie
L’auteur des faits doit avoir connaissance de la fausseté des faits dénoncés.
C’est au moment de la dénonciation des faits que l’on apprécie cette connaissance de
leur fausseté. La mauvaise foi de l’auteur doit être prouvée en ce qu’il dénonce des
faits matériellement faux ou juridiquement erronés de par la qualification.
C- La répression
L’article 511-1 du Code pénal définit la traite des personnes comme le fait de
recruter, transporter, héberger ou d’accueillir des personnes, par le recours à la menace
ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude,
tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou
l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une
personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation. Pour la victime mineure,
la traite est constituée même si aucun des moyens ci-dessus décrits n’est utilisé.
Les éléments constitutifs de cette infraction s’articulent autour des actes, des
moyens employés et de la finalité ou objectif poursuivi.
le recrutement ;
le transport ;
le transfert ;
l’accueil ;
et l’hébergement.
de la menace ;
l’exploitation sexuelle ;
l’esclavage ;
les servitudes ;
72
organes génitaux d’une femme ou une fille, ou d’appliquer un objet ou une substance
sur les seins d’une femme ou d’une fille en vue de lui infliger des brûlures, des lésions
ou des souffrances. Ces faits sont punis d’une peine d’emprisonnement de deux ans à
cinq ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) à un million (1 000 000) de
francs CFA.
- De l’esclavage sexuel : L’article 513-4 du Code pénal définit
l’esclavage sexuel comme le fait de conduire par la contrainte une fille ou une femme à
se soumettre ou à s’adonner à diverses pratiques sexuelles. Il se différencie du viol en ce
sens qu’ici il n’est pas exigé un acte de pénétration sexuel. Il est concerné, le fait de
contraindre une personne à1 s’adonner ou à se soumettre à des pratiques sexuelles. Le
délit d’esclavage sexuel est puni d’une peine d’emprisonnement de deux ans à cinq ans
et d’une amende de 1 000 000 à deux millions (2 000 000) de francs CFA.
- du mariage forcé : le mariage forcé est toujours une réalité dans certains
milieux et le législateur a opté de le sanctionner pour décourager cette pratique qui
relève d’une certaine époque. Le mariage s’entend comme celui célébré devant l’officier
de l’état civil, selon les coutumes et le mariage religieux. C’est ainsi que l’article 531-4
du Code pénal punit d’une peine d’emprisonnement de six mois à deux ans, celui qui
contraint une personne au mariage. Un jugement de référence a retenu que pour que
l’infraction de mariage forcé soit constituée, il faut établir, non seulement qu'il y a eu
une contrainte exercée par une personne sur une autre, mais aussi que cette
contrainte visait au mariage (Jugement du tribunal de grande instance de Kaya du 25
janvier 2001, Revue Burkinabè de Droit n° 42, 2ème semestre 2002, p. 147).
La peine est un emprisonnement de un à trois ans si la victime est mineure. Le
maximum de la peine est encouru si la victime est âgée de moins de treize ans. La
personne qui contracte ou favorise un mariage dans de telles conditions est considéré
comme complice.
- des violences morales et psychologiques envers une fille ou une femme :
L’article 513-5 du Code pénal définit les violences morales et psychologiques envers
une fille ou une femme comme tout propos ou attitude, accompagné ou non
d’agression physique, dont l’objectif est de porter atteinte à l’amour propre de la
femme ou de la fille, de la dénigrer et la réduisant à un état d’impuissance ou de
soumission. Les actes et paroles ci-dessous listés sont constitutifs de violence morale
et psychologique envers une femme ou une fille :
les gestes, paroles, écrits, par lesquels on signifie une intention indécente ou
malveillante ou une volonté manifeste de causer des dommages matériels, de blesser
ou de tuer la femme ou la fille ;
l’atteinte aux droits de la santé sexuelle et de la santé de la reproduction de la
femme ou de la jeune fille, la limitation de la jouissance de ces droits, au moyen de la
contrainte, du chantage, de la corruption ou de la manipulation, notamment
l’interdiction d’utiliser des méthodes contraceptives ;
la répudiation ou les mauvais traitements infligés à une femme qui accouche
d’un enfant de sexe non désiré par son époux ;
1
73
les mauvais traitements infligés aux femmes stériles ;
l’interdiction sans motifs tirés de l’intérêt ou de la stabilité du ménage, de
rendre visite à ses parents ou de recevoir leurs visites ;
l’interdiction sans raison fondée d’exercer une profession, de pratiquer une
activité génératrice de revenus, une activité associative et politique ;
le traitement inégalitaire des épouses dans le cadre d’un mariage polygamique.
Les violences morales et psychologiques constituent un délit simple punissable
uniquement d’une peine d’amende de deux cent cinquante mille (250 000) à six cent
mille (600 000) francs CFA.
Accusation d’une femme ou d’une fille de sorcellerie : L’article 513-6 du Code
pénal punit d’une peine d’emprisonnement de un an à cinq ans et d’une amende de six
cent mille (600 000) à un million cinq cent mille (1 500 000) francs CFA la personne
qui chasse, renvoie, rejette ou inflige des mauvais traitements à une fille ou à une
femme accusée ou soupçonnée de sorcellerie.
- L’exclusion sociale d’une fille enceinte ou qui s’oppose au mariage forcé :
Au regard de la persistance de cette pratique et de ses conséquences néfastes, le
législateur l’a érigé en infraction spécifique. L’article 532-12 du Code pénal punit
d’une peine d’emprisonnement de deux mois à six mois et d’une amende de trois cent
mille (300 000) à un million cinq cent mille (1 500 000) francs CFA, toute personne
coupable d’exclusion du milieu familial à l’égard d’une fille enceinte ou qui refuse un
mariage forcé.
- Des mutilations génitales féminines : Le législateur a reconduit cette
infraction tout en prenant le soin de sanctionner les personnes qui l’encouragent par
leurs discours et actes. C’est ainsi que l’article 513-7 du Code pénal punit d’une peine
d’emprisonnement de un à dix ans et d’une amende de cinq cent mille (500 000) à trois
millions (3 000 000) de francs CFA, toute personne qui porte ou tente de porter
atteinte à l’intégrité de l’organe génital féminin par ablation, par excision, par
infibulation, par insensibilisation ou par tout autre moyen. En cas de décès de la
victime, la peine est un emprisonnement de onze ans à vingt et un ans et une amende
de un million (1 000 000) à cinq millions (5 000 000) de francs CFA. Les peines sont
portées au maximum si l’auteur est du corps médical ou paramédical. A titre de peine
complémentaire, la juridiction saisie peut en outre prononcer contre l’auteur,
l’interdiction d’exercer sa profession pour une durée qui ne peut excéder cinq ans.
- L’apologie aux mutilations génitales féminines : Le législateur a innové en
sanctionnant la personne qui encourage les mutilations génitales féminines de par ses
actes, discours, écrits… Ainsi, l’article 513-9 du Code pénal punit d’une peine
d’emprisonnement de un an à cinq ans et d’une amende de deux cent cinquante mille
(250 000) à un million (1 000 000) de francs CFA, toute personne qui, à travers son
discours, propos ou écrit publics, encourage les mutilations génitales féminines.
74
certains lieux sans être accompagnés. Aussi, à partir d’une certaine heure de la nuit, ils
ne doivent pas circuler. Il est également interdit de leur servir de la boisson alcoolisée
dans les établissements de vente de boisson. Les articles 532-22 à 532-24 du Code
pénal prévoient et punies toutes les personnes qui d’une manière ou d’une autre
transgressent ces interdictions. A titre de peine complémentaire, il peut être ordonné la
fermeture de l’établissement.
La personne âgée fait l’objet d’une protection spéciale par le législateur. Cette
protection vise à la sécuriser contre certaines pratiques sociales néfastes et contre
l’ingratitude de certains de leurs proches. Sa vulnérabilité qui se rapproche de celle du
mineur explique cette protection dont le but ultime est de renforcer la cohésion sociale
pour un monde plus juste. C’est dans cette dynamique que le législateur a adopté la loi
n° 024-2016/AN du 17 octobre 2016 portant protection et promotion des droits des
personnes âgées. D’autres dispositions du Code pénal sont venues renforcées ce cadre
protecteur.
Le détournement de prestations et aides sociales au préjudice de la personne
âgée : Relativement à la personne de la personne âgée, l’article 2 de la loi sus dessus
visée la définit comme toute personne âgée de 60 ans et plus. Compte tenu de sa
particulière vulnérabilité, la personne âgée peut bénéficier de prestations sociales
provenant de l’Etat ou d’autres structures œuvrant dans le domaine du social. C’est
également en général à partir de cet âge que les débiteurs des cotisations sociales et
autres prestations sociales telles les assurances, les pensions sont reversées à la
personne âgée. Les problèmes de mobilité amènent quelque fois la personne âgée à
solliciter l’aide et l’assistance de personnes valides pour certaines tâches. C’est pour
décourager les personnes malveillantes qui n’hésitent pas à s’approprier des biens des
personnes âgées que le législateur a prévu cette infraction. Ainsi, l’article Article 532-
8 du Code pénal punit d’une peine d’emprisonnement de un an à cinq ans et d’une
amende de cinq cent mille (500 000) à un million cinq cent mille (1 500 000) francs
CFA, la personne qui bénéficie de façon frauduleuse, des prestations et aides sociales
destinées à une personne âgée.
L’abandon ou l’exclusion de la personne âgée : Au-delà de la solidarité qui peut
être manifestée au profit de la personne âgée, la loi exige que la personne âgée ne soit
abandonnée ni moralement, ni matériellement. Cette prescription est encore plus ferme
en ce qui concerne les descendants des personnes âgées. L’article 532-10 du Code
pénal punit d’une peine d’emprisonnement de un an à trois ans et d’une amende de
trois cent mille (300 000) à un million cinq cent mille (1 500 000) francs CFA,
quiconque commet un abandon ou exclusion du milieu familial à l’égard d’une
personne âgée. Si l’auteur est un descendant naturel ou légitime de la personne âgée, la
peine est l’emprisonnement de trois ans à cinq ans et d’une amende de un million (1
000 000) à cinq millions (5 000 000) de francs CFA.
Paragraphe 4 : les atteintes à la famille
75
Aux termes de l’article 231 du Code des personnes et de la famille, la famille
fondée sur le mariage est la cellule de base de la société. Dans le but d’assurer une
meilleure protection de la famille en prenant en compte l’ensemble des réalités
sociales, le Code pénal à travers l’article 531-1 reconnait toutes les formes d’union en
définissant le mariage comme toute forme d’union entre un homme et une femme,
célébrée par un officier d’état civil ou célébrée selon les règles coutumières ou
religieuses (mariage civil, mariage coutumier, mariage religieux). Cela constitue une
grande innovation dont le but final est la prise en compte d’une certaine réalité sociale
longtemps ignorée.
Les violences familiales sont des comportements jugés négatifs exercés dans le
cadre d’une relation entre conjoints, concubins, ascendants ou descendants qui
s’expriment par des agressions physiques, psychologiques, sexuelles, économiques et
spirituelles. En incriminant ces comportements anti-sociaux qui sont souvent le
quotidien de certaines familles, le législateur a voulu assurer une protection aux
personnes vulnérables ce qui contribue à renforcer la stabilité des familles. C’est ainsi
que l’article 531-8 du Code pénal appréhende les violences familiales comme pouvant
être :
- les coups et blessures volontaires ;
- les viols ;
- les privations d’aliments ou de soins ;
- les confiscations de pièces d’état civil servant à l’identification de la personne ;
- les atteintes aux droits de propriété ;
- les violations graves des dispositions relatives aux droits de la famille ;
- les atteintes à la liberté de travail et de croyance.
77
Paragraphe I : l’homicide involontaire
Ce sont ces éléments qui constituent également le délit civil prévu à l’article
1382 du Code Civil selon lequel tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer.
A : La faute
Les fautes selon l’énumération de l’article 522-1 du Code pénal peuvent être
classées en trois catégories :
78
faute qui n’aura pas été appréciée s’il n’avait pas existé. De nombreuses fautes ne sont
pas incriminées dès lors qu’il n’existe pas de préjudice. De nos jours, on note que la
plupart des cas d’homicides et blessures involontaires proviennent de l’utilisation de la
machine plus précisément, des engins motorisés
Quel que soit la gravité de la faute, l’auteur n’a jamais eu l’intention de nuire
à autrui, même s’il devait avoir conscience de parvenir à ce résultat.
B : Le préjudice
C : Le lien de causalité
La faute doit être la cause directe ou indirecte du préjudice subi. Qu’en est-il
lorsque le préjudice résulte de la commission de plusieurs fautes ou lorsqu’il n’a été
possible que par un concours d’interventions ou d’omission.
D : L’intention coupable
E : La répression
1
Recueil D. Sirey, 1982, Conclusion de Jean CANANES et des notes de François Sabas, p.25-39, conclusions 50-
93 pour les notes.
80
La sanction dépendra des circonstances de la commission de la faute et de la
gravité du préjudice subi :
81
Paragraphe II : Les blessures involontaires (articles 522-2 et 522-3 du Code
pénal)
A- Les circonstances
B- La répression
1
Crim., 6 novembre 1985, B.C., n° 347
82
La peine est de 3 mois à 2 ans d’emprisonnement et d’une amende 250.000 à
2.000.000 de francs si l’incapacité totale de travail (ITT) est supérieure à trois mois.
En circonstance d’ITT supérieure à trois mois, la peine est portée de 6 mois à 3 ans
d’emprisonnement et l’amende de 300.000 à 3.000.000 de francs, si les faits ont été
commis avec l’une des circonstances suivantes :
l’état d’ivresse ;
il résulte d’une analyse sanguine ou d’une vérification qu’il avait fait usage de
substances ou de plantes classées comme stupéfiants.
IMPORTANT :
En cas d’atteinte à la personne physique, l’OPJ doit toujours établir une
réquisition à personne qualifiée (notamment un agent de santé ; le traitement
des procédures d’homicide, de CBV et de blessures involontaires nécessite la
production d’un document médical (certificat médical…) ;
En cas de coups et blessure réciproques, recevoir les deux plaintes et les traiter
en conséquence ;
83
Toujours se rappeler que le retrait de la plainte n’a aucun effet sur les
infractions de CBV et de blessures involontaires
1
Crim., 18 janvier 1951, 4 mai 1951, 17 décembre 1959, 27 novembre 1996, J.C.P., 1950.II.5827 ; D., 1950.695
84
fait qu’il s’agit d’une personne en péril. La personne concernée doit apporter
personnellement l’assistance ou la provoquer tout simplement.
Le péril ou le danger qui n’est pas défini par la loi doit être réel, constant et
nécessiter un secours. Peu importe la cause du péril, il doit être réel. Les faits
constitutifs du danger ou du péril peuvent émaner de tiers ou de la victime elle-même
85
(cas du suicide), ou de tout autre évènement. Il peut provenir de n’importe quelle
cause et doit menacer une personne vivante. La notion de personne vivante a été
étendue par la jurisprudence, à l’enfant à naître qui a trouvé la mort par défaut de
césarienne. En effet, un médecin a été condamné pour non-assistance à personne en
danger pour avoir tardé à intervenir alors que la sage-femme l’a informé de la
nécessité d’une césarienne urgente1. La doctrine s’est interrogée sur le traitement à
réserver à un mari qui s’oppose à la pratique d’une césarienne sur sa défunte épouse
porteuse d’un enfant dont les chances de vie sont sérieuses. Une certaine opinion s’est
montrée favorable à ce que des poursuites pour non-assistance soient engagées contre
le médecin et le mari2.
B – L’acte d’abstention
C’est l’abstention qui fait le délit en ce sens que l’action aurait pu empêcher
l’infraction ou la survenue du péril. L’acte doit être volontaire, mais il n’est pas
nécessaire qu’il y ait eu intention de nuire bien que souvent, l’abstention résulte de
cette intention. L’acte est caractérisé par le côté négatif de ce qu’il fallait faire pour
éviter le crime ou l’atteinte corporelle ou pour arrêter le péril. S’il s’agit de prévenir un
crime ou un délit, il faut une action personnelle. S’il s’agit d’un péril, l’action peut être
personnelle ou provoquée, c'est-à-dire, provoquer des secours. Pour que l’abstention
soit volontaire, encore faut-il que l’auteur ait eu conscience de la nécessité
d’intervenir. L’auteur doit être au courant du péril et la Cour de cassation française
soutient qu’il faut qu’il « ait eu personnellement connaissance du caractère
d’imminente gravité du péril auquel se trouvait exposée la personne… et qu’il ait
pu mettre en doute la nécessité d’intervenir immédiatement en vue de la
conjurer »3. La connaissance du péril s’apprécie in concreto, c’est-à-dire, en tenant
compte de la personnalité de l’auteur et des circonstances de fait. Le médecin ne
1
Crim, 2 avril 1992, B.C., n° 140, cité par PRADEL Jean et DANTI-JUAN Michel, op. cit. p. 152
2
Jean LARGUIER, RSC, 1953. 154, cité par PRADEL Jean et DANTI-JUAN Michel, op. cit. p. 152
3
Crim, 3 nov. 1954, B.C., n° 311 ;
86
saurait être retenu dans les liens de la prévention dans la situation où le patient refuse
manifestement le traitement prescrit.
Paragraphe 2 – La répression
Pour la non comparution simple du témoin, il faut tout d’abord avoir la qualité
de témoin (par l’acte du juge ou du procureur qui vous convoque) et ensuite n’avoir
pas comparu devant le juge à la date indiquée.
Pour le refus de prêter serment, il s’agit du témoin qui a comparu devant le juge
et qui refuse de prêter le serment requis. C’est le refus d’avoir la qualité de témoin
assermenté qui est sanctionné. Le témoin non assermenté ne peut être poursuivi pour
faux témoignage.
Bien que s’étant présenté devant le juge, le témoin refuse de déposer. La loi
reconnait au délinquant le droit de fuir en refusant purement et simplement de parler ;
ce qui n’est pas le cas pour le témoin qui requis, doit déposer. Aucun mobile ne saurait
être invoqué pour justifier le refus de déposer du témoin.
88
TITRE II : LES INFRACTIONS CONTRE LES BIENS
Les infractions contre les biens constituent, avec celles contre les personnes, les
infractions socialement les plus importantes, parce que les plus fréquentes et celles
auxquelles les victimes sont plus sensibles, en ce qu’elles portent directement atteinte
à leur droit de propriété. Aussi, comprend-on, que les sociétés, dès qu’elles furent
suffisamment organisées et que le mien et le tien ont pu être distingués sans
équivoque, aient assuré la répression de ces agissements.
L’évolution du Code Pénal tourne autour des deux (2) idées suivantes :
- D’autre part, on constate un certain affinement dans les procédés utilisés par les
délinquants. Selon la formule de M. VOUIN « les atteintes matérielles » ou atteintes
grossières aux biens sous forme de pillage, incendies ou destructions, sont en
régression au profit « des atteintes juridiques » plus subtiles. Il est devenu habituel de
souligner l’augmentation considérable de la délinquance surtout en matière financière,
la délinquance « en col blanc » : escroquerie, abus de confiance, abus de biens
sociaux… en face de laquelle l’arsenal répressif burkinabè apparaît souvent dépassé et
mal adapté (ex : les cas d’utilisation abusive des distributeurs automatiques de billets).
Les infractions contre les biens sont nombreuses. Dans ce cours, il sera seulement
question des atteintes à la propriété d’autrui, de la remise de fonds par chantage, des
destructions, dégradations et dommages.
Le vol est l’une des infractions les plus courantes. Mais paradoxalement, le
milieu d’affaires connaît très peu cette infraction. Son étude en droit pénal des affaires
est toutefois indispensable car elle permet de bien comprendre certaines infractions
liées au monde des affaires.
Aux termes de l’article 611-1 du Code pénal « est coupable de vol, quiconque
soustrait frauduleusement une chose appartenant à autrui ». Le vol peut donc se
définir comme la soustraction frauduleuse de la chose d’autrui. Cette définition, en
apparence simple, cache beaucoup de subtilités qui seront révélées par l’examen en
détails des éléments constitutifs du vol. Une fois que ces éléments sont réunis, des
peines seront appliquées à l’auteur de l’infraction. Enfin, il n’est pas sans intérêt
d’étudier certaines infractions proches du vol.
A. L’ÉLÉMENT MATÉRIEL
Au sens matériel, voler signifie soustraire une chose appartenant à autrui.
1. La soustraction
Il en est ainsi, tout d’abord, lorsque le propriétaire n’a voulu transférer qu’une
simple détention et non la possession de la chose, celui qui en use comme possesseur
peut être poursuivi de vol. Par exemple, si un commerçant remet à un client un
cyclomoteur pour un essai de quelques minutes, il y a vol lorsque le client s’enfuit
avec le cyclomoteur. Autre exemple, dans les magasins libre service, les clients
peuvent détenir la chose jusqu’à l’encaissement du prix à la caisse. Commet un vol
90
celui qui détient la chose et dépasse la caisse sans payer le prix. De même, si un
portefeuille a été remis à quelqu’un pour qu’il enlève une pièce de 200 F. Il y’aura vol
si la personne soutire une pièce de 500 F en lieu et place.
Il en est ainsi, ensuite, lorsque la remise n’a pas été libre et consciente. C’est le cas
si la chose a été remise sous la menace d’une arme ou sous la contrainte. C’est
également le cas lorsque le possesseur ou le propriétaire qui remet est en état de
démence ou est un incapable (mineur et majeurs placés sous tutelle ou curatelle) et se
trouve dans l’impossibilité de transférer la possession.
Mais, y a-t-il soustraction en cas de remise par erreur ? Si l’erreur résulte du fait du
propriétaire, il n’y a pas soustraction : le commerçant devait donner 1000 F CFA
comme monnaie se trompe et donne 2000 F CFA. Le client qui reçoit, même en
connaissance de cause, cette somme ne peut être poursuivi de vol. Il y a, par contre,
soustraction si l’erreur a été provoquée par celui qui reçoit. En réalité, il s’agit plutôt
de l’infraction de l’escroquerie. Mais si celle-ci ne peut être retenue, les juges font
appel à la notion de vol pour punir le délinquant.
La chose susceptible d’être soustraite est une chose mobilière appartenant à autrui.
Il doit s’agir d’un bien meuble, c’est-à-dire une chose susceptible d’être déplacée,
ou transformée en meuble (par exemple les matériaux d’une maison détruite ou
endommagée). Il ne peut y avoir de vol portant sur un immeuble. En outre, la chose
doit être matérielle. Ainsi, les biens meubles incorporels ou droits ne peuvent faire
l’objet de vol. On peut cependant commettre le vol sur un titre de créance. De même,
l’eau et l’électricité, dont on peut estimer la quantité au moyen d’un compteur, peuvent
faire l’objet de vol.
La chose soustraite doit appartenir à autrui pour que l’infraction de vol soit
constituée. Il résulte de ce principe plusieurs conséquences.
D’abord, il ne saurait y avoir de vol commis par le propriétaire sur ses propres
biens ; la dissipation de biens saisis entre les mains de son propriétaire est punie par
une autre infraction à savoir le délit de détournement de biens saisis.
Ensuite, Il n’y a pas vol en cas d’appropriation d’une chose dont on est
propriétaire, dès lors qu’elle n’appartient à personne. C’est le cas des choses
abandonnées et des choses communes.
91
En revanche, il y a vol lorsque, en cas de copropriété, on soustrait tout ou partie de
la chose qui appartient aux autres copropriétaires.
B. L’ÉLÉMENT MORAL
Aux termes de l’article 611-1, la mention du terme « frauduleusement » traduit
que le vol est une infraction intentionnelle. L’intention est donc une condition
nécessaire et suffisante.
L’intention est suffisante en ce sens où le mobile importe peu ; il suffit qu’au moment
de la soustraction l’intention soit présente. Que le voleur se livre après à un repentir
actif n’efface pas l’existence de l’infraction. Ainsi, le fait de prendre un véhicule sans
le consentement de son propriétaire constitue un vol ou un usage frauduleux, même si
le véhicule est ramené intact, avec un mot aimable sur le pare-brise.
L’échelle des peines dépend des circonstances d’aggravation et c’est ainsi que
nous avons le vol simple ou correctionnel et le vol aggravé.
˗ est commis par une personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une
mission de service public, dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions
ou de sa mission ;
92
˗ est commis par une personne qui prend indûment la qualité d'une personne
dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public ;
˗ est commis dans un lieu utilisé ou destiné à l'entrepôt de fonds, valeurs, marchandises
ou matériels ;
˗ est commis dans un véhicule affecté au transport public de voyageurs ou dans un lieu
destiné à l'accès à un moyen de transport public de voyageurs ;
˗ est commis par une personne dissimulant volontairement en tout ou partie son visage
afin de ne pas être identifiée ;
˗ est commis dans les établissements d'enseignement ou d'éducation ainsi que, lors des
entrées ou sorties des élèves ou dans un temps très voisin de celles-ci, aux abords de
ces établissements ;
˗ est précédé, accompagné ou suivi de violence sur autrui ayant entraîné une incapacité
totale de travail pendant huit jours au plus ;
˗ est commis avec port illégal d'uniforme ou usurpation d'une fonction d'autorité ;
-est commis au cours d'un incendie ou après une explosion, un effondrement, une
inondation, une catastrophe, une révolte, une émeute ou tout autre trouble ;
˗ a porté sur un objet qui assurait la sécurité d'un moyen de transport quelconque
public ou privé.
Commis dans les circonstances ci-dessus citées, le vol correctionnel aggravé est
puni d’une peine d’emprisonnement de cinq ans à dix ans, et d'une amende de un
million (1 000 000) à trois millions (3 000 000) de francs CFA.
Le vol correctionnel aggravé est également puni d’une peine d’emprisonnement
de cinq ans à sept ans et d’une amende de deux cent cinquante mille (250 000) à deux
93
millions (2 000 000) de francs CFA lorsqu'il est commis par un majeur avec l'aide d'un
ou plusieurs mineurs âgés de treize à moins de dix-huit ans, agissant comme auteurs
ou complices.
Les peines sont portées de cinq ans à dix ans d'emprisonnement et d'une amende
de un million (1 000 000) à trois millions (3 000 000) de francs CFA lorsque le majeur
est aidé d'un ou plusieurs mineurs âgés de moins de treize ans. Le mineur est incarné
de manière exceptionnelle et la procédure pénale le concernant prévoit un mécanisme
spécial pour encadrer l’action engagée contre lui. L’objectif visé par cette sanction qui
peut être prise à l’encontre du majeur est de décourager les majeurs qui s’entourent de
mineurs pour les amener de manière inconsciente à commettre des vols, hypothéquant
ainsi leur avenir.
Le vol commis en certains lieux et portant sur certains objets bien que
constituant un délit reste gravement sanctionné. Ainsi, est puni d'une peine
d’emprisonnement de trois ans à dix ans et d'une amende de un million (1 000 000) à
trois millions (3 000 000) de francs CFA, la personne qui vole dans les champs des
animaux, bêtes de charge ou de trait, gros et menu bétail ou des instruments agricoles.
Les mêmes peines sont applicables au vol de bois dans les coupes, de pierres dans les
carrières, ainsi qu'au vol de poissons en étang, vivier ou réservoir.
Ainsi, aux termes de l’article 611-8 du Code pénal, est puni d’un
emprisonnement de onze à trente ans, tout individu coupable de vol avec au
moins trois des circonstances suivantes :
˗ si le vol a été commis avec violences ou menaces de violences ou port illégal
d'uniforme ou usurpation d'une fonction d'autorité ;
˗ si le vol a été commis de nuit ;
˗ si le vol a été commis en réunion par deux ou plusieurs personnes ;
˗ si le vol a été commis à l'aide d'escalade, d'effraction extérieure ou intérieure,
d'ouverture souterraine ou de fausses clés dans une maison, un appartement, une
chambre ou un logement habité ou servant à l'habitation ou à leurs dépendances ;
- si l'auteur du vol s'est assuré la disposition d'un véhicule motorisé en vue de
faciliter son entreprise ou de favoriser sa fuite ;
˗ si l'auteur est un domestique même lorsqu'il a commis le vol envers des personnes
qu'il ne servait pas, mais qui se trouvaient soit dans la maison de son employeur,
soit dans celle où il l'accompagnait ;
˗ si l'auteur est un employé ou apprenti dans la maison, l'atelier ou le magasin de
son employeur ou s'il est un individu travaillant dans l'habitation où il a volé.
94
Quant à l’article 611-9 du Code pénal, il punit d’une peine d’emprisonnement de
vingt à trente ans et d'une amende de cinq millions (5 000 000) à dix millions (10
000 000) de francs CFA, la personne qui commet un vol sur les chemins publics ou
dans les véhicules servant au transport des voyageurs, des correspondances ou des
bagages ou dans l'enceinte des gares, aéroports, quais de débarquement ou
d'embarquement lorsque le vol a été commis dans les circonstances visées à l'article
précédent.
S’il est résulté pour la victime des blessures la peine est l’emprisonnement à
vie.
L’article 611-14 du Code pénal puni d’une peine d’emprisonnement de onze ans à
vingt et ans et d’une amende de un million cinq cent mille (1 500 000) à cinq
millions (5 000 000) de francs CFA, le vol commis dans les cas suivants :
˗ lorsqu'il est facilité par l'état d'une personne dont la particulière
vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique
ou psychique, est apparente ou connue de son auteur ;
- lorsqu'il est facilité par l'état d'une personne dont la particulière
vulnérabilité, due à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur.
L’article 611-13 du Code pénal punit d’une peine d’emprisonnement de onze ans
à vingt et un ans et d’une amende de un million cinq cent mille (1 500 000) à cinq
millions (5 000 000) de francs CFA lorsque le vol porte sur :
- un objet mobilier classé ou inscrit en application des dispositions de la loi
relative à la protection du patrimoine culturel au Burkina Faso, ou un document
d'archives privées classé en application des dispositions de la même loi ;
- une découverte archéologique faite au cours de fouilles ou fortuitement ;
- un bien culturel qui relève du domaine public mobilier ou qui est exposé,
conservé ou déposé, même de façon temporaire, soit dans un musée du Burkina
Faso, une bibliothèque, une médiathèque ou un service d'archives, soit dans un
lieu dépendant d'une personne publique ou d'une personne privée assurant une
mission d'intérêt général, soit dans un édifice affecté au culte.
La peine d’emprisonnement est de vingt et un ans à trente ans et l’amende de
cinq millions (5 000 000) à dix millions (10 000 000) de francs CFA lorsque
l'infraction prévue dans ces circonstances a été commise à l’aide d’une arme apparente
ou cachée ou que l’auteur détenait une arme dans un véhicule motorisé utilisé pour se
rendre au lieu de l’infraction ou pour assurer sa fuite.
Les peines d'amende mentionnées au présent article peuvent être élevées jusqu'à
la moitié de la valeur du bien volé.
Paragraphe 3 : Le grand banditisme
Au regard de la persistance du grand banditisme et l’inadaptation de la loi
pénale de droit commun aux réalités du terrain, le législateur a adopté spécialement la
loi n°17-2009/AN du 05 mai 2009 portant répression du grand banditisme. Cette loi
95
institue tout un mécanisme spécifique procédurale en matière répressive contre les
actes de grand banditisme. Le Code pénal qui a abrogé les dispositions répressives de
cette loi consacre ses article 612-1 à 612-6 au grand banditisme. Cette loi a été
entièrement abrogée par le nouveau Code de procédure pénale.
L’article 612-1 du Code pénal définit le grand banditisme comme les vols
caractérisés par l'usage d'armes quelconques, de toutes formes de violences sur les
personnes ou de tous autres procédés mécaniques ou chimiques. C’est ainsi que
l’article suivant donne cette liste non exhaustive d’actes de grand banditisme :
- le vol, lorsqu'il a été commis sur les chemins publics ou dans les véhicules
particuliers ou servant de transport de voyageurs, de correspondances ou de
bagages, dans les circonstances prévues à l'article 612-1 ci-dessus ;
- le vol, lorsqu'il a été précédé, accompagné ou suivi d'autre crime ;
- le vol commis avec usage d'arme ;
- le vol commis avec port d'arme apparente ou cachée ;
- le vol commis avec violence ou accompagné de tout acte de barbarie ou de
torture ;
- le vol commis en faisant usage de procédés mécaniques ou chimiques.
Relativement à la répression, la personne reconnue coupable de grand
banditisme est punie d’une peine d’emprisonnement de onze ans à l'emprisonnement à
vie et d'une amende de cinq millions (5 000 000) à cinquante millions (50 000 000) de
francs CFA.
Il convient de préciser que les dispositions relatives au grand banditisme ne sont
pas applicables en cas d'atteinte à la vie.
De manière exceptionnelle, le pôle judiciaire spécialisé dans la répression des
infractions économiques et financières et de la criminalité organisée est compétent en
matière de grand banditisme. De ce fait, les procédures d’enquête, de poursuite,
d’instruction et de jugement sont celles applicables devant cette juridiction.
Paragraphe 4 : Les infractions spécifiques
Dérivées du vol dans une certaine mesure avec cependant des spécificités, ces
infractions sont multiples. L’on n’examinera que la filouterie, l’extorsion et le
chantage qui sont des infractions liées au monde des affaires ou faisant recours à la
contrainte.
- à se faire servir des boissons ou des aliments dans un restaurant et en consomme tout
ou partie ;
- à prendre en location une voiture de place ou prend place dans un véhicule de transport
public ;
Quel que soit le bien sur lequel elle porte, la filouterie est punie d’une peine
d’emprisonnement de deux mois à six mois et d’une amende de 250 000 à 600.000
francs.
L’ancien code pénal à travers les articles 470 à 472 ne punissait la filouterie que
dans la mesure où la personne se savait dans l’impossibilité de payer le prix. Face à la
difficulté de l’accusation de prouver cette impossibilité de payer le prix, la nouvelle loi
a étendu l’incrimination à la personne « déterminée à ne pas payer ».
Très important :
1
Cass. 25 avril 1896, S. 96.1. 535, D. 98. 1. 92
98
SECTION 2 : L’ESCROQUERIE (articles 613-1 et 613-2 du Code pénal)
Elle peut résulter, soit de l'emploi d'un faux nom ou d'une fausse qualité,
de l’abus d’une qualité vraie, soit de l'emploi de manœuvres frauduleuses.
1. L'emploi d'un faux nom, d'une fausse qualité ou l’usage abusif d’une qualité vraie
99
L'escroquerie peut porter aussi bien sur l'utilisation d'une fausse qualité. II suffit
qu'il y ait entre cet usage et la remise de la chose, une relation de cause à effet. L'usage
de la fausse qualité peut donc consister à prendre le faux titre de mandataire ou de
préposé d'un tiers, ou à se parer du faux titre de fonctionnaire public, d'ecclésiastique,
d'avocat, de chômeur, etc., pour inspirer une confiance. Peu importe que l'auteur ait
antérieurement possédé la qualité dont il fait état, dès l'instant où il ne la possède plus.
Mais l'affirmation fallacieuse d'un droit ne constitue pas la fausse qualité. Bien
qu’étant réelle et vraie, si l’auteur fait état de sa qualité de manière abusive, il tombe
sous le coup de la loi.
2. L'emploi de manœuvres frauduleuses
L’ancienne version de l’escroquerie de l’article 477 est plus restrictive sur la notion de
chose à remettre.
1. Les choses susceptibles d’être remises
Il s’agit des fonds, des valeurs, des données informatiques ou un bien
quelconque, ou le fait de fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation
ou décharge. Il peut donc s’agir d’un bien quelconque à l’exception des immeubles.
101
Cependant, le prix de l’immeuble ou les titres de propriété de l’immeuble peuvent faire
l’objet d’escroquerie. Le meuble s’entend donc de toute chose mobilière susceptible
d’appropriation individuelle, que sa valeur soit grande ou petite, matérielle ou morale.
Il peut s’agir enfin des obligations, dispositions, billets, promesses, quittances ou
décharges, c'est-à-dire, tout acte dont peut résulter un lien de droit à l’aide duquel il
peut être porté préjudice à la totalité ou partie de la fortune d'autrui. Peu importe la
valeur de la chose. Un souvenir ou une lettre d'amour qui n'a qu'une valeur
sentimentale, peut faire l'objet d'une escroquerie, puisqu'il y a appauvrissement. Une
escroquerie peut aussi porter sur un jugement. Ainsi, en se prétendant faussement
victime d'un accident et en utilisant des manœuvres frauduleuses pour accréditer cette
déclaration et obtenir du juge des dommages intérêts est une escroquerie au jugement.
Les données informatiques et la fourniture de service sont deux nouveaux éléments
ajoutés par le législateur. C’est ainsi que le fait de voyager gratuitement en employant
des moyens frauduleux s’apprécie en fourniture de service et est punissable pour
escroquerie.
2. La remise proprement dite de la chose
Dissiper, C'est faire disparaître l'objet, soit par une opération matérielle de
destruction, soit par une opération purement juridique, une aliénation par exemple. Le
fait de détruire, de disposer à titre onéreux ou gratuit de la chose qui n'avait été remise
qu'à titre précaire, par convention va mettre le détenteur dans l'impossibilité de la
restituer et de respecter sa parole. L'impossibilité de restituer s'induit des faits.
Toutefois, ce principe n'est pas valable pour ce qui concerne les choses fongibles,
puisqu'il est de leur nature de pouvoir être restituées en équivalent. La dissipation peut
résulter, soit de la destruction matérielle du bien, de sa détérioration, de son abandon
105
ou de la consommation de la chose, soit d’un acte juridique d’aliénation, de
disposition, de vente, de donation ou de mise en gage du bien. Il en est ainsi de
l’utilisation de la chose à des fins personnelles dont on retire profit ou même sans
profit, par exemple l’abandon sur la voie publique d'un véhicule prêté. Dans tous les
cas le délit résulte de ce que l'auteur se comporte en maître de la chose et s'attribue vis-
à-vis d'elle, un pouvoir juridique qui ne lui appartient pas.
2. Le détournement de la chose
Détourner, c'est affecter la chose confiée à une destination autre que celle
convenue lors de la remise. Par exemple, le locataire d'une automobile qui, au lieu de
la restituer au bailleur à la date convenue l'a abandonnée sur la voie publique, il réalise
le détournement de cette voiture et commet dès lors le délit d'abus de confiance. Le
bien remis existe toujours et pourrait donc être restitué. Il convient alors d'établir le
refus de restitution et la première démarche paraît être de mettre le détenteur en
demeure de restituer.
De ce fait, trois situations peuvent être rencontrées :
Le détenteur refuse de restituer, manifestant ainsi sa volonté de s’approprier le
bien mais ne peut justifier d’aucun droit lui permettant d’exercer une telle rétention. Le
détenteur excipe d’un droit de rétention ou de compensation pour refuser la restitution,
mais ce droit n’est pas juridiquement admissible. Par exemple, un agent immobilier, en
droit de détenir des fonds, ne peut, en cas de non réalisation de l’opération, refuser de
restituer ces fonds. Le détenteur ne restitue pas sur le champ, la jurisprudence estime
que le simple retard à restituer ne constitue pas un détournement. Mais comment
distinguer celui qui, par négligence, tarde à restituer la chose de celui qui, après avoir
commis le délit, et revenu à de meilleurs sentiments, restitue le bien à la victime. C’est
évidemment dans l’étude de l’intention coupable qu’il faudra trouver la solution, car
elle seule peut permettre de donner une coloration pénale ou non à l’inexécution du
contrat. La mise en demeure, bien qu’utile, n’est donc pas déterminante. C’est
pourquoi il a été jugé qu’elle n’est pas nécessaire et la preuve du détournement peut
résulter de tous moyens. Ainsi, l’abus de confiance reste suffisamment caractérisé dès
lors qu’un mandataire omet volontairement de révéler qu’il détient des fonds destinés à
son mandant afin de ne pas les représenter, sans qu’il soit, de surcroît, nécessaire de
constater l’impossibilité de restituer les sommes ainsi détournées.
Admettons maintenant que le détenteur qui n’a pas dissipé le bien et qui ne
refuse pas de restituer en ait fait un usage non conforme à ce qui était prévu, y a-t-il
détournement ? Par exemple vous prêtez un véhicule à un ami pour qu’il effectue un
trajet de 100 kilomètres, il en effectue 500 km. Il a abusé de votre confiance mais a-t-il
commis un abus de confiance ?
Il convient de faire une différence entre l’usage abusif de la chose et sa
jouissance prolongée ou le dépassement des limites d’un droit accordé, ce qui est le
cas de l’exemple donné, et l’exercice d’un droit non prévu et dont on s’investit par
abus, tel le cas du préposé qui utilise à des fins personnelles un véhicule qui lui a été
106
confié pour les besoins professionnels. Dans ce dernier cas, l’utilisateur se conduit
comme un propriétaire de la chose et il y a détournement. Alors que, dans le premier
cas il n’y a pas abus de confiance. De même, le fait pour un utilisateur de carte de
crédit de se faire délivrer des billets de banque par un appareil distributeur, alors que
son compte n’est pas provisionné, ne constitue pas un usage abusif. Par contre, si mis
en demeure de restituer la carte, le titulaire continue à l’utiliser, il y a usage abusif et
délit d’abus de confiance.
B. La notion de préjudice
L'article 613-3 du Code pénal est formel, il faut un préjudice. Mais ce
préjudice peut n'être qu'éventuel, c'est-à-dire lorsqu'il peut être réparé soit à la suite
d'un repentir, soit en exécution d'une décision de justice. Le préjudice doit être subi par
le propriétaire, le possesseur ou le détenteur. Mais, qu'en est-il de celui qui achète un
bien à crédit et qui le dissipe avant d'en avoir payé le prix. Dans ce cas, ne commet-il
pas un abus de confiance ? La réponse est négative car le vendeur non payé n'aura
aucun recours sur le bien qui n’est plus sa propriété, mais il a accepté d'avance cette
éventualité. La confiance n'existe pas au niveau du bien mais de l'obligation de payer
le prix.
C. Les choses susceptibles de faire l’objet d’un abus de confiance
107
soit satisfaite. Cette nouvelle rédaction entraîne un élargissement du domaine de
l'infraction, car la liste limitative des contrats qui conditionnait l'existence de
l'infraction a disparu.
Relativement au cadre contractuel, sont uniquement concernés, les contrats
emportant remise précaire de la chose. De ce fait, les contrats qui n’entraînent pas
l’obligation de restituer la chose telle que prise sont exclusifs de l’abus de confiance.
A titre d’exemple, il ne peut y avoir d’abus de confiance en matière de contrat de prêt
de consommation. En effet, le prêteur a transféré son droit de propriété faisant de
l’emprunteur, un propriétaire qui peut disposer à sa guise. Ce dernier est tenu
néanmoins de rendre des choses équivalentes.
Il existe une importante distinction si la relation contractuelle est basée sur le
dépôt. Le dépôt s’entend comme un contrat réel par lequel une personne appelée le
déposant remet une chose mobilière à une autre personne, le dépositaire qui s'engage à
garder la chose durant un certain temps et de la restituer en nature (article 1915 du
Code civil). Le dépositaire acquiert, par l'effet du contrat, la détention de la chose et sa
maîtrise matérielle de manière temporaire sans aucun droit sur elle. Tenu à la
restitution, le dépositaire commet un abus de confiance s’il détourne la chose remise à
titre précaire de sa finalité qui n'était que d'être gardée.
Cependant, il convient de distinguer deux types de dépôt : le dépôt régulier et
le dépôt irrégulier. Cette distinction a une incidence majeure sur la commission de
l'infraction d’abus de confiance. Le dépôt est régulier lorsqu'il porte sur des choses qui
doivent être restituées en nature, c'est-à-dire que le dépositaire ne peut pas restituer un
équivalent. Le dépôt régulier concerne donc les corps certains, mais également des
choses fongibles dont le déposant a confié exclusivement la garde au dépositaire avec
la volonté de récupérer ces choses en nature : par exemple, des pièces, des bijoux.
Le dépôt est irrégulier lorsqu'il est prévu que le dépositaire peut restituer, à la
place de la chose déposée, une chose semblable. L'exemple le plus courant est celui
des sommes d'argent déposées sur un compte bancaire, chez un trésorier ou auprès de
toute autre personne. Cette personne doit restituer à la première demande, un montant
identique mais pas l'argent lui-même qui lui avait été remis. Peu importe les coupures
de billets de banque, l’essentiel est que le montant déposé soit entièrement libéré. De
même, le dépositaire est tenu de restituer un sac de 100 kg de maïs et non
nécessairement le même sac, les mêmes grains. Le dépôt irrégulier porte donc sur des
choses fongibles (choses interchangeables) et est subordonné à la condition que les
parties acceptent la restitution par équivalent. Dans le dépôt irrégulier, il y’a transfert
de propriété et le dépositaire acquiert la propriété des choses reçues. Par conséquent, il
peut en user et en disposer le temps du dépôt, et le déposant devient titulaire d'un droit
de créance à l'encontre du dépositaire. De ce fait, le dépositaire ne commet un abus de
confiance que dans la mesure où il ne peut pas restituer un équivalent à la demande du
108
déposant.
En revanche, si le dépôt est régulier, l'infraction est consommée par le
détournement de la chose remise à titre précaire, caractérisé par une impossibilité de
restitution en nature à la fin.
Il convient de noter que le prêt de somme d’argent et la vente à crédit ne
peuvent pas faire l’objet d’abus de confiance. Le créancier d’une somme d’argent est
uniquement tenu civilement au paiement de cette somme. La vente à crédit opère un
transfert de propriété de la chose et non sa remise précaire. En effet, aux termes de
l’article 1583 du Code civil, la vente est parfaite entre les parties et la propriété acquise
à l’acheteur dès lors qu’on est convenu de la chose et du prix. Le paiement du prix de
la chose n’est pas une condition de validité du contrat de vente.
Qu’en est-il de la personne qui emporte la chose sans payer que le commerçant
lui a confiée un instant pour appréciation ? La jurisprudence retenait le vol vu
qu’aucun des 6 contrats préalablement listés par l’article 487 de l’ancien Code pénal
ne peut être retenu. Présentement, une certaine doctrine estime qu’avec ce nouvel
article 613-3 du Code pénal qui ne limite plus les contrats, on pourra retenir l’abus de
confiance et ce sur la base d’un ‘’contrat de détention précaire’’1.
E. L'intention coupable
L'article 613-3 du Code pénal n'indique pas que la dissipation ou le
détournement doit être accompli « sciemment » ou « volontairement.» Mais, le délit
n'existe que si l'auteur a eu conscience de la précarité de sa détention, de son
obligation de restituer ou de l'affectation déterminée du bien, ou du préjudice éventuel
dont son détournement pouvait être la cause. Il suffit que cette intention existe lors du
détournement. Elle s'induit des circonstances des faits constituant le détournement ou
la dissipation. La loi établit donc, à partir des éléments de faits, une véritable
présomption de fraude, opérant ainsi un renversement de la charge de la preuve au
détriment du prévenu qui ne pourra guère la renverser que par la preuve d'un cas de
force majeure l'ayant empêché de restituer. La mauvaise foi se déduit généralement
des circonstances ayant entouré l'opération incriminée, et c'est au prévenu qu'il
appartient d'établir le fait justificatif.
Par contre, il a été jugé qu'il n'y avait pas intention coupable pour le dirigeant
d'une société qui tarde à verser les cotisations sociales ouvrières précomptées, en
raison des difficultés financières de l'entreprise. De même, la simple négligence n'est
pas suffisante pour caractériser l'infraction. Cependant, un remboursement volontaire
intervenu après détournement consommé, même avant toute mise en demeure ne
constitue qu'un repentir qui n'assure pas l'impunité de l'auteur du détournement
constitutif du délit d'abus de confiance
Paragraphe 2 : La répression de l'abus de confiance
1
PRADEL Jean et DANTI-JUAN Michel, op.cit. p. 575
109
L’abus de confiance est puni d'une peine d’emprisonnement de un an à cinq ans
et d'une amende de cinq cent mille (500 000) à trois millions (3 000 000) de francs
CFA.
Certaines circonstances si elles sont réunies sont de nature à aggraver les peines
du délit d’abus de confiance. Ainsi, l’abus de confiance est puni d’une peine
d'emprisonnement de cinq ans à dix ans et d’une amende de trois millions (3 000 000)
à dix millions (10 000 000) de francs CFA lorsqu’il est commis :
˗ par un officier public ministériel, un mandataire judiciaire, un séquestre, un agent
d'affaires, un mandataire commercial ou quiconque faisant profession de gérer les
affaires d'autrui, dans l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de ses fonctions ou de sa
profession ;
˗ par une personne qui fait appel au public afin d'obtenir la remise de fonds ou de
valeurs soit pour son propre compte, soit comme dirigeant (directeur, administrateur,
gérant notamment) ou préposé de droit ou de fait d'une entreprise industrielle ou
commerciale ;
˗ par toute autre personne qui, de manière habituelle, se livre ou prête son concours,
même à titre accessoire, à des opérations portant sur les biens des tiers pour le compte
desquels elle recouvre des fonds ou des valeurs ;
˗ par une personne utilisant un moyen de communication électronique ;
˗ au préjudice d'une association qui fait appel au public en vue de la collecte de fonds à
des fins d'entraide humanitaire ou sociale ;
˗ au préjudice d'une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une
maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de
grossesse, apparente ou connue de son auteur.
La prescription court à compter du jour où l'abus de confiance a pu être
constaté et non du jour du détournement, bien qu'il s'agisse d'un délit instantané.
La tentative d’abus de confiance n'est pas punissable, car elle n'est pas
prévue par la loi. La complicité, en revanche, est répréhensible suivant les règles du
droit commun.
Paragraphe 3 : Les infractions spécifiques voisines de l’abus de confiance
Très important :
110
Mots clé pour l’abus de confiance : précarité de la remise, détournement,
dissipation :
A. L'abus de blanc-seing
Aux termes de l'article 613-7 du Code pénal, est coupable d'abus de blanc-
seing quiconque, abusant d'un blanc-seing qui lui aura été remis, aura frauduleusement écrit
au-dessus une obligation ou une décharge ou tout autre acte pouvant compromettre la
personne ou la fortune du signataire. Sans cette incrimination complémentaire, certains
agissements délictueux ne constituant pas à proprement parler un abus de confiance
échapperaient à la répression pénale.
1. Les éléments constitutifs
Le délit d'abus de blanc-seing que le Code pénal classe parmi les abus de
confiance, consiste à abuser de la confiance d'une personne dans l'emploi ou l'usage
d'une chose volontairement remise par cette dernière. Il suppose la remise volontaire
d'un acte incomplet mais sur lequel sera frauduleusement écrite une obligation ou
décharge ou tout acte pouvant compromettre la personne ou la fortune du signataire.
111
a. Les conditions préalables
a.2. Le préjudice
L'article 613-7 du Code pénal précise que l'infraction doit avoir une
portée juridique de nature à compromettre la personne ou la fortune du, signataire.
L'inscription frauduleuse portant obligation ou décharge doit donc être de nature à
causer un préjudice à la victime. Ce préjudice peut être d'ordre moral, patrimonial,
actuel ou purement éventuel. Ainsi, l'infraction ne saurait être constituée si le préjudice
est impossible.
b. L'intention coupable
112
a. Les peines applicables
L'abus de blanc-seing est puni par l’article 613-7 du Code pénal d'une
peine d’emprisonnement de un an à cinq ans et d'une amende de trois cent mille (300
000) à un million cinq cent mille (1 500 000) francs CFA. L'usage du document
entaché d'abus de blanc-seing peut être poursuivi même si l'usager n'est pas l'auteur de
l'abus, dès l'instant où il en a eu connaissance.
b. Le régime de la tentative et de la prescription
113
C'est surtout en cas de gage sans dépossession que le débiteur, resté propriétaire,
risque de détruire ou de détourner la chose donnée en gage. Et ce sera au moment de la
demande par le créancier gagiste de la représentation de la chose mise en gage
qu'apparaîtra son détournement ou sa destruction.
b. L'intention coupable
115
correctionnel ne peut, en aucun cas, statuer sur la demande en paiement de la créance
ayant conduit à la saisie.
Le recel de choses, aux termes de l'article 614-1 du Code pénal est le fait de
dissimuler, de détenir ou de transmettre une chose ou des données informatiques, ou
de faire office d’intermédiaire afin de les transmettre, en sachant que cette chose ou
ces données informatiques proviennent d’un crime ou d’un délit ou de bénéficier en
connaissance de cause par tout moyen du produit d’un crime ou d’un délit.
En tout état de cause, le recel est à la fois un délit distinct mais aussi un délit de
conséquence. Ainsi, en tant que délit distinct, le recel comporte un élément matériel et
1
Francis DOMININGUEZ, le recel, délit autonome et imprescriptible ! Édition du Guerrier, Paris, 2003, p. 18
2
Francis DOMININGUEZ, op.cit. p. 21
116
un élément intentionnel, mais il n'est pas nécessaire que le receleur ait tiré un profit
personnel de l'infraction d'où proviennent les choses recelées.
D'une part, cette idée permet de sanctionner, pour recel, des trésoriers de partis
politiques qui utilisent à des fins strictement politiques et sans avantages personnels,
des fonds d'origine délictueuse ou des hommes politiques qui ne tirent qu'un bénéfice
moral des agissements incriminés. D'autre part, la loi fait reposer la preuve de la
connaissance par le prévenu de l'origine délictueuse des choses, des fonds ou des biens
recelés, sur des éléments de fait tirés des circonstances de l'infraction, créant ainsi une
présomption quasi irréfragable de l'intention coupable. Et bien qu'il soit un délit
distinct, le recel demeure un « délit de conséquence ». II suppose donc que l'auteur
détienne ou profite du produit d'un crime ou d'un délit dont la qualification importe
peu. La jurisprudence donne donc au recel une portée très large. Pour que l'infraction
de recel soit constituée, quatre éléments constitutifs doivent être réunis, à savoir, une
infraction préalable, un bien objet du recel, un acte matériel de détention de ce bien et
enfin une intention criminelle.
A. La condition préalable ou l’infraction principale
B. La chose recelée
Pour que l'intention criminelle soit caractérisée, il suffit que le receleur ait reçu
ou conservé, à un titre quelconque, la chose en connaissant son origine délictueuse.
Mais il n'est pas nécessaire d'établir qu'il connaissait la qualification exacte du crime
ou du délit ayant permis l'obtention des choses recelées. De même, il y a recel
punissable dans le cas où le receleur ne connaît pas l'identité de l'auteur de l'infraction
d'origine, ainsi que dans le cas où celui-ci serait demeuré inconnu. En principe, c'est
lors de la réception de la chose que le receleur aura connaissance des faits précis de la
première infraction. Il suffit qu'il sache qu'elle a été obtenue frauduleusement. En effet,
en matière de recel, les juges du fond doivent constater l'origine frauduleuse de la
chose recelée et la connaissance qu'avait le prévenu de cette origine délictueuse.
Qu'en est-il alors, lorsque l'auteur n'apprend qu'ultérieurement l'origine
délictueuse de la chose ? S'il conserve la chose postérieurement à la connaissance
acquise de l'origine douteuse, il devient receleur. Mais, lorsqu'une personne acquiert
un bien mobilier de bonne foi et apprend ultérieurement qu'il est d'origine délictueuse,
devient-elle un receleur si elle le conserve ? Le principe ci-dessus énoncé se heurte
alors au contenu de l'article 2279 du Code civil qui dispose qu’« en fait de meubles,
possession vaut titre ». Etant donc propriétaire, elle est en droit de conserver la chose.
Sur ce point, les juridictions répressives étaient opposées aux juridictions civiles. C'est
par un arrêt du 24 novembre 1977 que la chambre criminelle de la Cour de cassation
française a consacré un revirement de jurisprudence qui évite le conflit entre le droit
pénal et le droit civil. Ainsi, ne peut être déclaré coupable de recel celui qui a acquis
un bien mobilier régulièrement, même s'il apprend ultérieurement son origine
délictueuse. II en est ainsi lorsqu'un créancier a été remboursé avec de l'argent volé. La
mauvaise foi est appréciée souverainement par le juge.
118
Paragraphe 2 : La répression du recel
Toutefois, l'amende peut être élevée au-delà de trois millions (3 000 000) de
francs CFA sans dépasser la moitié de la valeur des objets recelés, le tout sans
préjudice des plus fortes peines s'il y a lieu en cas de complicité de crime.
B. Les sanctions du recel aggravé
Aux termes de l’article 614-3 du Code pénal, dans le cas où une peine
criminelle est applicable au fait qui a procuré les choses recelées, le receleur est puni
de la peine attachée par la loi au crime et aux circonstances du crime dont il aura eu
connaissance au temps du recel. C’est ainsi qu’une personne qui aura recelé des biens
provenant d’un vol qualifié sera punissable de la peine criminelle
C. La prescription
Certains recels, soumis à des régimes spéciaux sont également prévus par le
Code pénal. Ils sont relatifs à des matières spécifiques et ne portent pas uniquement
sur des biens. Nous notons les cas de recel suivants :
- Recel de cadavre prévu et puni par l'article 356-3 du Code pénal ;
- Recel de biens successoraux, article 614-2 du Code pénal ;
- Recel de malfaiteurs, article 362-4 du Code pénal (délit). Dans l’ancien code
pénal (1996) cette infraction constituait une forme de la complicité de sorte qu’il n’y
avait pas de recel de malfaiteurs en tant qu’infraction ;
- Recel de mineur, article 532-13 du Code pénal ;
- Recel de produits obtenus du détournement, de la corruption, du
blanchissement, de l’enrichissement illicite et des infractions assimilées, article 334-2
du Code pénal ;
119
- Recel de documents publics, article 622-6 du Code pénal ;
- Recel d'objets détournés après saisie ou mise en gage ;
- Recel des biens du débiteur en état de cessation des paiements, article 812-33 et
34 du Code pénal ;
- Recel en matière de chasse ou achat de gibier en temps prohibé.
On peut noter, par ailleurs, que la loi française n° 83-466 du 10 juin 1983
portant modification de certaines dispositions du Code pénal, a introduit un alinéa 1 er à
l'article 460 du Code pénal français pour réprimer les parents qui tolèrent que leurs
enfants mineurs, vivant avec eux, se livrent habituellement à des crimes ou délits
contre les biens d'autrui et qui ne peuvent justifier de ressources correspondant à leur
train de vie.
Attention :
L’article 616-1 du Code pénal crée une immunité et non un fait justificatif ou
une excuse absolutoire entraînant exemption de la peine. Les soustractions spécifiées
120
par ce texte ne sont pas incriminables et ne donnent lieu à aucune poursuite pénale.
Mais la loi laisse expressément subsister la possibilité pour la victime de demander des
réparations civiles devant les juridictions civiles.
1./ En premier lieu, l’immunité s’applique aux faits délictueux commis entre les époux
pendant le mariage ; l’article 616-1 l’étend même au cas où, l’époux survivant,
soustrait un objet dépendant de la succession du conjoint décédé ; l’immunité cesse,
lorsqu’il est intervenu un jugement de divorce ; mais elle survit à la séparation de
corps. Le vol doit avoir eu lieu pendant le mariage (antérieur au mariage, il resterait
punissable).
2./ En deuxième lieu, sont à l’abri de toute sanction pénale, les faits délictueux commis
entre ascendants et descendants.
3./ En troisième lieu, l’immunité s’étend aux faits délictueux commis entre alliés et
collatéraux jusqu’au 4ème degré (article 516 alinéa 1er) inclusivement pendant la durée
du mariage, à condition que la personne lésée porte plainte.
La Loi vise le vol, et toutes les infractions qui, étant de la même nature que le
vol, ont pour objet direct une atteinte à la propriété c’est-à-dire l’abus de confiance,
l’escroquerie, le recel…
Encore faut-il que ces délits aient été commis au seul préjudice des personnes
visées par la Loi. L’immunité ne saurait couvrir, une soustraction, qui porterait
préjudice à un tiers. Ainsi, reste punissable, le vol commis par un fils sur des biens
appartenant à son père, biens faisant l’objet d’une saisie effectuée par un tiers. Aussi,
l’immunité ne couvrirait pas le fils qui aurait volé dans la maison de son père, une
chose appartenant à un tiers ou même à un préposé du père.
Aux termes de l’article 616-1 du Code pénal, les soustractions commises par les
ascendants au préjudice de leurs descendants et celles commises entre époux sont
totalement couvertes par l’immunité. Elles ne peuvent donner lieu qu’à des
réparations civiles conformément aux dispositions de l’article 1382 Code civil.
B- L’immunité conditionnée
Mais l’extorsion de fonds peut intervenir de façon non violente mais tout aussi
pernicieuse par chantage.
Le chantage est retenu contre celui qui, à l’aide de la menace, écrite ou verbale,
de révélation ou d’imputation diffamatoire, aura extorqué ou tenté d’extorquer, soit la
122
remise de fonds ou valeurs, soit la remise de données informatiques, soit la signature
ou remise des écrits visés à l’article 611-28 du Code pénal.
Le but poursuivi par l’auteur est d’obtenir la remise de fonds ou de valeurs, une
signature, la reconnaissance d’une obligation ou la renonciation à un droit. Peu
importe le mobile, c’est au juge qu’il appartient d’apprécier la mauvaise foi. Le
législateur de 2018 a inclut à cette liste des biens qui peuvent faire l’objet de chantage,
les données informatiques.
SECTION II : LA REPRESSION
Il ne s’agit plus d’une atteinte au droit de propriété, mais d’une atteinte au bien
lui-même.
123
volontaire, l’incendie involontaire, l’usage d’explosifs, la destruction de maison
d’habitation, de titres, d’objets mobiliers, d’arbres…
L’inculpé doit avoir mis le feu à une des choses spécifiées par la Loi ; cette chose
devait être la propriété d’autrui ; l’intention criminelle est nécessaire.
Ainsi sont punissables, le copropriétaire, l’usufruitier qui ont mis le feu à une
chose sur laquelle ils n’avaient qu’un droit restreint.
124
faire de déposition ou à faire une déposition mensongère, soit en raison de la
dénonciation, de la plainte ou de la déposition.
Si la destruction ou la détérioration du bien mobilier ou immobilier a entraîné la
mort d’une personne, la peine est l’emprisonnement à vie.
B- la destruction ou la détérioration d’un lieu habité par l'effet d'une substance
explosive ou incendiaire, de nature à créer un danger pour la sécurité des
personnes et ayant entraîné la mort d'une personne (article 622-3 du Code pénal)
L’article 622-3 du Code Pénal cite les maisons d’habitation, les wagons et
voitures abritant ou contenant des personnes. Sont concernés, les wagons contenant
des personnes ou faisant partie simplement d’un convoi. Peu importe la nature ou la
valeur, l’importance des constructions. L’acte doit être de nature à mettre en danger la
vie d’autrui et causé la mort d’une personne. Même si cette mort est involontaire, la loi
sanctionne la volonté d’incendier un lieu servant d’habitant avec la probabilité qu’un
soit occupé. La peine est l’emprisonnement à vie.
La simple menace d’incendier une habitation ou toute autre propriété est punie
d’une peine d’emprisonnement de deux ans à dix ans et d’une amende de un million (1
000 000) à trois millions (3 000 000) de francs CFA.
C- Incendie de forêt, brousse, bois, taillis ou récoltes sur pied ou coupées -article
622-4 du Code pénal)
Il s’agit des forêt, bois, taillis ou récoltes sur pied ou coupées. Par « forêt » ou
« bois », on entend un terrain d’arbres ayant une certaine importance, plantés ou
poussés naturellement et non un simple groupe d’arbres.
L’incendie volontaire des forêt, bois, taillis ou récoltes sur pied ou coupées est
punie d’une peine d’emprisonnement de un an à dix ans et d'une amende de un million
(1 000 000) à trois millions (3 000 000) de francs CFA.
D- La destruction au moyen d’incendie de régistres, minutes, actes
originaux de l'autorité publique, des titres, billets, lettres de change,
effets de commerce ou de banque contenant ou opérant obligations,
dispositions ou décharge (article 622-6 du CPP)
Dans le cas où par le fait de l’incendie, l’accusé a voulu faire périr une
personne, il peut être retenu pour assassinat, en même temps que pour l’incendie : il y
aura concours d’infractions.
L’incendie de forêt, bois, taillis ou récoltes sur pied ou coupées, est puni d’un
emprisonnement de un 1 à 10 ans et d’une amende de 1.000.000 à 3.000.000 de francs.
126
dégradation, la destruction par l’effet de substances incendiaires. Ainsi, est punie
d’une peine d’emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de trois cent mille (300
000) à trois millions (3 000 000) francs, toute personne qui détruit, dégrade ou
détériore involontairement les bois, forêts, landes, maquis, plantations, champs ou
reboisements par l’effet d’une explosion, d’un incendie ou de tout autre moyen
provoqués par manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la
loi ou le règlement.
Il est nécessaire de prouver que la destruction a été causée par un engin explosif
et que cela a été fait de manière volontaire. La preuve de l’intention coupable doit être
rapportée. Cependant, il n’y a pas lieu à rechercher le mobile qui a guidé l’inculpé.
Il s’agit des biens élevés par l’autorité publique à savoir les monuments, les
statues, les tableaux et autres objets destinés à l’utilité ou à la décoration publique :
pylône de ligne électrique, meubles ou immeubles classés, objets d’art quelconques
placés dans des musées, etc.
D’une part est sanctionné, celui qui fabrique le faux qui peut porter sur des écritures
publiques ou authentiques, des écritures de commerce ou de banque, des écritures
privées ;
D’autre part est sanctionné, celui qui utilise le faux, il s’agit d’une infraction distincte
car le faussaire n’est pas toujours l’utilisateur.
Depuis une ordonnance du 23 décembre 1958, les faux commis dans les
écritures privées de commerce ou de banque ont été correctionnalisés ; seuls sont
maintenus comme crimes les faux en écriture publique ou authentique.
Les articles 278, 280 et 285 du Code Pénal répriment les faux en écritures
publiques ou authentiques et les faux en écritures privées de commerce ou de banque ;
les actes politiques émanant des pouvoirs législatifs ou exécutifs tels que les lois,
décrets, ordonnances et traités internationaux ;
128
les actes judiciaires dressés par les magistrats ou leurs auxiliaires tels que les
jugements, les arrêts, les procès-verbaux d’enquête de gendarmerie ou de police, les
rapports d’experts désignés en justice, les procès-verbaux d’adjudication… etc.
les actes extrajudiciaires établis par les officiers publiques tels que les actes notariés,
les actes d’huissiers, de commissaires priseurs, d’agent de change, etc.
des écritures comptables qui constituent les livres de commerce susceptibles de faire
preuve entre commerçants et les bilans ;
des écritures sociales constituées par les écrits émis par les commerçants, et relatifs à
leur commerce et qui bénéficient de la présomption de commercialité : exemple : les
correspondances, les titres des sociétés commerciales, les procès-verbaux de
délibération d’une assemblée des porteurs de parts ou du conseil d’administration, les
feuilles de présence d’une assemblée, les pourcentages des commissaires aux
comptes ;
des divers écrits relatifs au commerce tels que le registre du brocanteur, les bulletins
de salaire, les factures, les bons de livraison.
Les écritures privées sont toutes celles qui ne sont pas publiques, ni
authentiques, ni commerciales, ainsi on peut citer les reçus et les quittances de
règlement amiable, entre non commerçants, les attestations, les constats amiables, les
testaments olographes, les calques de plan les contrats etc…
D – La teneur de l’écrit
L’altération de la vérité doit être réalisée dans un document source d’un droit
ou d’une obligation et porter sur les mentions substantielles de l’acte. Ainsi le
129
document doit constituer un titre pour être source d’obligation ou avoir une valeur
probatoire. Un écrit peut devenir un titre selon l’usage que l’on en fait. La forme prise
par l’acte importe peu. Ainsi, il peut s’agir d’un document sur lequel est portée une
écriture manuscrite, imprimée ou dactylographiée. Cependant, le document doit avoir
une existence certaine.
Pour que l’écrit falsifié soit punissable, trois éléments doivent être réunis, à
savoir l’altération de la vérité, causant un préjudice et un élément intentionnel.
A – L’altération de la vérité
Elle peut se réaliser soit par commission, soit par omission, mais il est
nécessaire que le fait énoncé dans le document soit inexact.
1. L’altération matérielle
Le faux est dit matériel lorsqu’il s’effectue par une altération physique d’un
écrit laissant des traces et pouvant être décelée par expertise.
Elle peut consister pour une personne, soit à signer un acte non qui ne lui
appartient pas ou de celui d’une personne imaginaire, soit à imiter la signature d’une
autre personne.
2. L’altération intellectuelle
B – Le préjudice
Le préjudice est matériel quand le faux porte atteinte à la société. Ainsi tout
acte authentique faux porte atteinte à la foi publique attachée à cet acte.
C – L’intention frauduleuse
Aux termes des articles 278 à 282 du Code pénal, le faux en écriture
publique ou authentique est un crime puni de :
le peine d’emprisonnement de cinq (5) à dix (10) ans si l’infraction a été commise par
des particuliers.
131
Paragraphe 2 : Le faux en écriture privée de commerce ou de banque
L’article 281 du Code Pénal prévoit une peine d’emprisonnement de trois (3)
mois à trois (3) ans et une amende de 75.000 F à 900.000 F pour celui qui se fait
délivrer indûment des documents authentiques ou publics, soit en faisant de fausses
déclarations, soit en prenant un faux nom ou une fausse qualité, soit en fournissant de
faux renseignements, certificat ou attestation.
L’usage de faux est une infraction distincte du faux, car le faussaire n’est pas
toujours l’utilisateur du faux. Prévu et réprimé par l’article 283 du Code pénal, l’usage
de faux sera souvent plus facile à poursuivre, l’identité de l’usager étant plus facile à
connaître que celle du faussaire.
L’usage de faux suppose un acte d’usage portant sur une pièce fausse et
causant un préjudice. Ainsi, pour être punissable, l’usage de faux doit remplir quatre
conditions :
il faut qu’il y ait un acte d’usage, consistant à mettre en circulation, une pièce
falsifiée ;
celui qui utilise le document faux doit au moment de l’usage, être de mauvaise foi,
c’est-à-dire qu’il doit avoir connaissance de la falsification de la pièce par lui utilisée ;
le délit d’usage de faux peut être poursuivi alors que le faux est prescrit, car la
prescription ne court pour l’usage qu’à compter du dernier usage.
132
SECTION II : LES SANCTIONS PENALES
L’usage de faux est puni d’un emprisonnement de deux (2) à cinq (5) ans. La
juridiction saisie peut en outre prononcer, contre les auteurs du fait, l’interdiction des
droits civiques ou professionnels et l’interdiction de séjour qui ne peut excéder cinq
(5) ans.
Cette série d’infractions contre la paix publique est constituée par l’ensemble
des délits dirigés contre l’administration de la justice. Il s’agit essentiellement du faux
témoignage, de la subornation de témoin, du faux serment, de la dénonciation
calomnieuse ;
Prévu et puni par les articles 288 et 292 du Code pénal, le faux témoignage
est une déposition contraire à la vérité commise dans une déclaration irrévocable, faite
par un témoin devant la justice, sous la foi du serment, dans le but d’égarer les
magistrats.
133
La déposition inexacte sciemment faite, même sous la foi du serment, devant
un magistrat instructeur ou un officier de police judiciaire ne peut pas donner lieu à
des poursuites ou à des condamnations pour faux témoignage. Mais il en est autrement
si la déposition a été faite au cours d’une enquête civile, car les résultats de cette
enquête, sont, en effet, destinés à servir de base au jugement définitif.
Il n’est pas non plus nécessaire que le faux témoignage ait été commis à
l’audience, car la peine est applicable aux faux témoignages commis soit au cours
d’une enquête civile, soit devant le magistrat chargé par le tribunal correctionnel ou
par la Cour d’Appel d’un complément d’information.
B- La déclaration mensongère
Ainsi, jusqu’à la clôture des débats lorsque les faits sont criminels ou
jusqu’au prononcé du jugement, le témoin garde la possibilité de se soustraire à la
poursuite en rétractant son faux témoignage.
C- Le préjudice
D- L’intention coupable
Aux termes de l’article 342 du code de procédure pénale, si, d’après les
débats, la déposition d’un témoin paraît fausse, le président, soit d’office, soit à la
requête du Ministère Public ou d’une des parties, peut ordonner spécialement à ce
témoin d’être présent aux débats jusqu’à la clôture, et en outre, de demeurer dans la
salle d’audience jusqu’au prononcé de l’arrêt de la chambre criminelle. En cas
d’infraction à cet ordre, le président fait mettre le témoin en état d’arrestation
provisoire.
135
Après lecture de l’arrêt de la chambre criminelle ou dans le cas de renvoi à
une autre session, le président ordonne que le témoin soit, par la force publique,
conduit sans délai devant le procureur du Faso qui requiert l’ouverture d’une
information pour faux témoignage.
Il est dressé séance tenante par le tribunal, après lecture du jugement sur le
fond, un procès-verbal des faits ou des dires d’où peut résulter le faux témoignage. Ce
procès-verbal et une expédition des notes d’audience sont transmis sans délai au
procureur.
a) En matière criminelle
136
en matière criminelle, soit contre l’accusé, soit en sa faveur sera puni
d’emprisonnement de cinq (5) à dix (10) ans. Si néanmoins l’accusé a été condamné à
l’emprisonnement à vie, le faux témoin qui a déposé contre lui subira une peine
d’emprisonnement de dix (10) à vingt (20) ans.
b) En matière correctionnelle
c) En matière de police
Aux termes de l’article 291 alinéa 1 du code pénal, quiconque sera coupable
de faux témoignage en matière de police, soit contre le prévenu, soit en sa faveur sera
puni d’un emprisonnement de trois (3) à six (6) mois et d’une amende de 75.000 à
150.000 Francs.
137
De même en matière correctionnelle ou civile, le faux témoin subira le
maximum de la peine.
Enfin, en matière de police, le faux témoin qui aura reçu de l’argent, une
récompense ou des promesses, sera puni du maximum de la peine.
Dans ces trois cas, les coupables pourront en outre être privés des droits
mentionnés à l’article 37 du code pénal et tout ce que le témoin a reçu doit être
confisqué.
a) Le domaine de l’infraction
138
Il y a aussi subornation si le suborneur a simplement recherché une
attestation fausse ou inexacte, ou une déclaration à l’appui d’une demande en révision.
b) Le but de la subornation
Pour être punissable, la subornation doit avoir pour but d’obtenir une
déposition, une déclaration ou une attestation mensongère. Elle doit tendre à
provoquer l’apport et l’expression ou une déposition faite sous la foi du serment.
Ainsi doit être reconnue coupable de subornation toute personne qui soit au
cours d’une procédure et en tout état de cause, soit en toute matière, en vue d’une
demande ou d’une défense en justice, aura usé de promesses, offres ou présents, de
pressions, menaces, voies de fait, manœuvres ou artifices pour déterminer autrui à
faire ou délivrer une déposition, une déclaration ou une attestation mensongère, que
cette subornation ait ou non produit son effet. Il n’est donc pas nécessaire que le
témoin ait pu déposer.
Enfin il est à noter qu’aucun fait justificatif ni immunité ne peut être tiré
du principe de la liberté de la défense par la personne qui a usé de la subornation de
témoin, pour se soustraire à une poursuite pénale dont il fait l’objet, même si la
personne subornée est un coïnculpé. Les avocats qui se prêtent à une telle manœuvre
sont considérés comme des coauteurs.
139
L’article 365 du code pénal réserve cependant la possibilité d’appliquer au
coupable des peines plus fortes prévues par les articles 289, 290 et 292 du code pénal
s’il est complice d’un faux témoignage qualifié crime ou délit. En d’autres termes,
c’est la complicité de faux témoignage et non la subornation de témoin, que la
jurisprudence retient quand le faux témoignage provoqué par la subornation a été
consommé.
Ainsi, il s’en suit que le juge saisi de la poursuite pour subornation devra
surseoir à statuer lorsque l’examen des faits de subornation de témoin serait, en raison
de leur indivisibilité avec eux qui font l’objet de la procédure pénale au cours de
laquelle la subornation a été commise, de nature à compromettre les droits de la
défense et la liberté des témoignages produits devant la juridiction de jugement
appelées à connaître de ladite procédure.
Quand au serment prêté, il peut s’agir soit d’un « serment décisoire » c’est-à-
dire un serment déféré par une partie en cause, soit un « serment supplétoire » déféré
d’office par le juge pour fortifier sa conviction.
B- La répression
L’article 369 du code pénal punit quiconque aura, par quelque moyen que ce
soit, fait une dénonciation calomnieuse contre un ou plusieurs individus, aux officiers
de justice ou de police administrative ou judiciaire, ou à toute autorité ayant le pouvoir
d’en donner suite ou de saisir l’autorité compétente, ou encore aux supérieurs
hiérarchiques ou aux employeurs de la personne dénoncée.
A- La dénonciation
d’un fonctionnaire qui, chargé d’une enquête administrative, insère des dénonciations
dans son rapport ;
d’une personne qui se constitue partie civile lorsque l’action publique est déjà
engagée.
B- Le destinataire de la dénonciation
141
La loi sanctionne que les dénonciations soient faites à certaines autorités et
peu importe que l’autorité saisie soit de nationalité étrangère. Ainsi l’article 369 du
code pénal vise expressément, outre les officiers de justice et de police judiciaire ou
administrative, toute autorité ayant le pouvoir de donner suite à la dénonciation ou
d’en saisir l’autorité compétente, les supérieurs hiérarchiques ou enfin les employeurs
de la personne dénoncée.
La dénonciation peut être faite par quelque moyen que ce soit, même
verbalement, émanant de n’importe qui, particulier ou fonctionnaire, personne se
disant victime ou disant avoir été témoin ou informée de manière quelconque.
Si elle est faite par écrit, il n’est pas nécessaire que l’écrit soit rédigé ou
signé par son auteur. L’écrit peut être une citation directe, une pétition, une lettre
anonyme ou une lettre signée publique ou clandestine, un article de journal ou un
document établi par un mandataire légal ne jouant qu’un rôle purement matériel.
142
Peu importe la nature de la sanction. Il peut s’agir indifféremment d’une
sanction pénale, administrative ou disciplinaire. Peu importe aussi que l’éventualité de
la sanction soit écartée par la prescription des faits dénoncés ou par l’immunité de
l’article 370 du code pénal.
La fausseté peut aussi résulter de la dénaturation d’un fait exact, soit par
exagération de sa portée, soit par omission sciemment faite de certains détails, soit par
adjonction de précisions imaginaires, en vue de donner au fait exact une apparence
répréhensible.
F- L’intention coupable
A- L’action publique
143
élément essentiel du délit. Cette fausseté doit être constatée par la juridiction ou
l’autorité compétente. Il n’en est autrement que si le fait ne peut plus être poursuivi,
par exemple, comme étant amnistié ou prescrit ou encore si le prétendu auteur est
décédé, ou également au cas où le prévenu reconnaît avoir porté une fausse accusation.
s’il s’agit d’une infraction à la loi pénale, la fausseté du fait doit résulter d’un arrêt ou
d’un jugement d’acquittement ou de relaxe ou d’une décision de non-lieu accordée par
une juridiction d’instruction ou enfin d’un classement sans suite opéré par le Ministère
Public.
S’il s’agit d’une faute administrative, la fausseté du fait reproché résulte de la décision
de l’autorité compétente mais sous réserve d’un contrôle juridictionnel.
S’il s’agit enfin d’une faute reprochée à un employé d’une entreprise privée, la
fausseté du fait résulte de la décision de l’employeur.
C- L’action civile
L’action portée devant la juridiction civile : la personne lésée par la dénonciation peut
se borner à demander des dommages-intérêts en s’adressant à la juridiction civile.
Les articles 90, 371, 472 et 516 du code de procédure pénale permettent à un
prévenu ou accusé qui a été relaxé ou acquitté de demander à la juridiction répressive
des dommages intérêts contre la partie civile qui a mis l’action publique en
mouvement et pour abus de constitution de partie civile.
144
Ainsi une demande reconventionnelle en dommages intérêts peut être faite
par la victime de la dénonciation devant la juridiction répressive qui vient de lui
accorder l’acquittement ou la relaxe.
De même une demande civile peut être faite devant le tribunal correctionnel
par le bénéficiaire d’une ordonnance de non-lieu, rendue au terme d’une information
ouverte contre une personne dénommée sur plainte avec constitution de partie civile.
Cette action, réservée aux victimes personnes physiques, doit être introduite dans les
trois mois du jour où l’ordonnance de non-lieu est devenue définitive. Elle doit être
portée par voie de citation directe devant le tribunal correctionnel où l’affaire a été
instruite. Les débats ont lieu en chambre du conseil, et le jugement est rendu en
audience publique.
Cette action est de nature mixte, car même portée devant le tribunal
correctionnel, elle ne saurait conduire qu’à une décision civile que le Ministère Public
ne peut attaquer. Mais elle ne peut non plus donner lieu à son tour en cas de débouté, à
une demande reconventionnelle basée sur l’article 64 du code de procédure civile qui
est étranger aux juridictions pénales.
145
CHAPITRE I : LES DETOURNEMENTS OU LES DISSIPATIONS COMMIS
PAR LES FONCTIONNAIRES PUBLICS, OU LES PARTICULIERS : LE
DETOURNEMENT DE BIENS PUBLICS
La loi pénale frappe de peines sévères les fonctionnaires qui ont détourné les
fonds ou les titres qui leur ont été confiées : il s’agit de l’ancien crime de « péculat ».
Cette même loi pénale frappe de peines sévères, toute autre personne ayant contribué
d’une manière quelconque à des soustractions de deniers publics.
Aux termes de l’article 154 du Code Pénal, « toute personne qui détourne ou
dissipe à des fins personnelles des derniers publics, effets actifs en tenant lieu, titres de
paiement, valeurs mobilières, actes contenant ou opérant obligations ou décharge,
matériels ou objets mobiliers appartenant, destinés ou confiés à l’État, aux collectivités
ou établissements publics, aux organismes ou sociétés bénéficiant d’une participation
de l’État ou une collectivité publique soumise à la tutelle financière de l’État, qu’elle
détient en raison de ses fonctions, est coupable de détournement de biens publics ».
A – Le détournement ou la dissipation
146
sommes d’argent ou des effets ou objet représentant des sommes d’argent ou ayant une
valeur estimable en argent. Les choses détournées ou dissipées doivent être des
derniers publics, des effets actifs en tenant lieu, des pièces de paiement, des titres de
bourses ou enfin des actes et effets mobiliers, expression vague dans laquelle doivent
rentrer tous objets susceptibles d’estimation et compris les denrées ou marchandises
dont la garde ou la manutention est confiée à des comptables.
C – La qualité de l’auteur
L’infraction est un délit de fonction. L’auteur doit avoir détourné des valeurs
qu’il détenait en vertu de ses fonctions.
E – L’intention coupable
Dans les cas prévus aux alinéas 3 et 4 de l’article 154, la juridiction saisie
pourra prononcer l’interdiction d’exercer des droits civiques pour une durée qui ne
peut excéder cinq (5) ans.
CHAPITRE II : LA CONCUSSION
Selon l’article 155 du code pénal, la concussion est le fait pour tout
fonctionnaires, tout officier, tout militaire, tout percepteur de droits, taxes,
contributions, deniers, revenus publics ou communaux, leurs commis ou préposés de
percevoir ou d’exiger des taxes ou deniers qu’ils savent ne pas être du ou excéder ce
qui est dû.
Paragraphe 1 : Le coupable
La loi s’applique à tous les fonctionnaires même s’ils n’ont pas d’attributions
financières.
Peu importe son mobile même désintéressé. Peu importe que la somme ait
été exigée par perception illicite, par excès de zèle et sans l’intention de se
l’approprier.
149
Paragraphe 1 : La notion de trafic d'influence
Le but du trafic d'influence est défini par l'article 157 du Code pénal
comme étant le fait de faire obtenir ou tenter de faire obtenir des décorations,
médailles, distinctions ou des récompenses, des places, fonctions ou emplois ou des
faveurs quelconques accordées par l'autorité publique, des marchés, entreprises ou
autres bénéfices résultant de traités conclus avec l'autorité publique ou avec
l'administration placée sous le contrôle de la puissance publique ou, de façon générale,
une décision favorable d'une telle autorité ou administration et abuse ainsi d'une
influence réelle ou supposée . En d'autres termes, le trafic d'influence, prévu et puni
par l'article 157 du Code pénal est le délit du tiers qui, moyennant rétribution reçue
d'un autre, intervient dans l'intérêt de celui-ci auprès du dépositaire de l'autorité
publique pour en obtenir la faveur en vue de laquelle lui-même aura été payé.
Paragraphe 3 : Les pénalités
L’article 161 qui prévoit et punit cette infraction est destinée à réprimer les
actes par lesquels les fonctionnaires publics au mépris de leur qualité lieraient trop
étroitement leurs intérêts personnels à ceux des entreprises privées que leurs fonctions
les chargent de surveiller ou contrôler.
Ainsi, la loi vise tout fonctionnaire, tout officier public, tout militaire ou
assimilé qui, soit directement soit indirectement, prend ou reçoit quelque intérêt que ce
150
soit dans les actes, adjudications, ou régies dont il a ou avait au temps de l’acte en tout
ou en partie, l’administration, le contrôle ou la surveillance, l’ordonnancement, la
liquidation ou le paiement. Peu importe le caractère temporaire de la fonction ou que
l’auteur du délit agisse directement ou par personne interposée.
L’affaire dans laquelle toute participation est interdite, s’entend aussi bien
d’un acte, d’une opération juridique comme la vente ou une adjudication d’une
entreprise ou société. Cette adjudication doit être soumise lors de l’acte à
l’administration ou à la surveillance de l’agent ou que celui-ci soit chargé d’en
ordonner le paiement ou d’en faire la liquidation.
Il s’agit d’un délit continu ou successif pour lequel la prescription ne court que du jour
où cesse la participation interdite.
Paragraphe 2 : La répression
L’article 165 du Code Pénal protège contre les abus des représentants de
l’autorité le domicile des citoyens, dont l’inviolabilité est une partie des garanties de la
liberté.
En outre, la loi permet aux officiers de police de pénétrer dans les lieux
publics, (cafés, auberges, boutiques, etc.) tant qu’en fait ils sont ouverts au public.
Mais cette faculté n’est accordée que pour constater les infractions qui peuvent s’y
commettre, et sauf, le cas de crime flagrant, l’officier ne pourrait ni effectuer une
perquisition, ni opérer une saisie.
152
Les officiers de police peuvent effectuer des visites domiciliaires pour
découvrir les preuves d’un délit. Ils opèrent ces visites, soit de leur propre autorité,
lorsqu’il y a crime flagrant, soit au cas de délit commis dans l’intérieur d’une maison,
lorsque le chef de la maison les requiert de le constater. En dehors de ces hypothèses,
le juge d’instruction peut seul effectuer une perquisition ou donner commission
rogatoire à un juge ou un officier de police judiciaire qui a ainsi les droits du magistrat
instructeur.
Toutefois, une perquisition peut être opérée sans ordre du juge d’instruction,
par un officier de police judiciaire ou même par la gendarmerie, si l’intéressé y
consent librement.
La loi ne précise pas ce qu’il faut entendre par « motifs légitime » et laisse ce
point à l’appréciation des juges. Ce peut être l’ordre de la loi ou la nécessité de se
défendre. Le motif légitime est plus large que la légitime défense ; ainsi l’agent,
prenant lui-même, l’offensive pour exécuter un ordre de justice, peut user de violences
s’il rencontre une résistance, sans toutefois que la violence soit hors de proportion avec
l’importance de l’ordre. Il semble que la provocation doit être considérée comme un
motif légitime.
Le déni de justice est le fait pour un juge de refuser de juger, sous prétexte du silence,
de l'obscurité ou de l'insuffisance de la loi, ou le fait de refuser de répondre aux
requêtes ou négligent de juger les affaires en état d’être jugées 1. Le juge a prêté
serment pour rendre la justice. Ne dit-on pas que le juge rend la justice (au peuple)
parce qu’elle ne lui appartient pas ?
1
Article 4 du code civil de 1804, article 352 code de procédure civile
153
Cette infraction suppose une condition préalable à savoir que le juge soit requis de
rendre la justice et qu’il persévère dans son refus après l’avertissement ou l’injonction
à lui faite par ses supérieurs. Le classement sans suite d’une procédure ne peut être
qualifié de déni de justice en ce sens que c’est la loi qui prévoit une telle orientation1.
La loi punit le déni de justice d’une amende de 50.000 F à 300.000 F ; une
interdiction d’exercer les fonctions juridictionnelles d’une durée maximale de cinq (5)
ans peut en outre être prononcée.
SECTION IV : LE REFUS OU LA NEGLIGENCE DE CONSTATER ET DE
METTRE FIN 0 UNE DETENTION ILLEGALE OU ARBITRAIRE (article 146 du
Code pénal)
une détention illégale ou arbitraire en tout lieu c’est-à-dire une détention ordonnée
soit par une autorité non compétente, soit dans des conditions non appropriées
telles que le motif, le lieu de détention… Le lieu de cette privation de liberté
importe peu ;
1
Michel VERON, op.cit. p. 311
154
La réquisition permet à une autorité, de faire agir les forces de l’ordre pour
prévenir ou faire cesser des troubles ou pour exécuter une mission rentrant dans le
cadre de ses attributions. Ainsi, le législateur condamne le commandant de forces de
sécurité intérieure légalement saisi d’une réquisition de l’autorité civile qui refuse ses
services ou s’abstient de faire agir les forces sous ses ordres. La loi réprime le défaut
de réponse à une réquisition dans des conditions bien précises :
une réquisition à accomplir une mission rentrant dans le cadre des attributions des
forces concernées ;
un refus du service ou une abstention non légitimement motivé de faire agir les
forces sous ses ordres.
L’article 168 du Code Pénal punit d’un emprisonnement de six (6) mois à
cinq (5) ans et d’une amende de 300.000 F à 1.500.000 F tout agent du gouvernement
ou de l’administration des postes qui a supprimé ou ouvert une lettre confiée à la poste.
Le coupable peut être en outre interdit de tout emploi public pour une durée
qui ne peut excéder cinq (5) ans.
L’ouverture suppose un pli clos et cacheté. Il n’y aura donc pas délit si
l’agent avait pris connaissance du contenu d’un paquet d’imprimés circulant sous pli
non cacheté. De même, s’il avait révélé la correspondance écrite sur une carte postale.
1
Crime. 24 juin 1992, Dr. Pénal 1993, comm. 10 ; Bull. n° 255
155
Toutefois, si la simple ouverture de plis non clos n’est pas visée par le texte, il en est
autrement de leur suppression. La loi s’applique à la suppression de prospectus ou
circulaires sous bandes de cartes postales et même de télégrammes.
SECTION I : LA TRAHISON
Tout Burkinabé, qui prend du service dans une armée ennemie contre l’Etat
Burkinabé, est coupable des faits de trahison aux termes de l’article 88 alinéa 1 du
Code Pénal.
L’article 88 alinéa 2 du Code Pénal, vise tout Burkinabé qui entretient des
intelligences avec une puissance étrangère en vue de l’engager à entreprendre des
hostilités contre le Burkina Faso, ou lui en fournit les moyens, soit en facilitant la
pénétration des forces étrangères sur le territoire, soit en ébranlant la fidélité des
armées de terre ou de l’air, soit de toute autre manière.
A la différence du cas visé à l’article 88 alinéa 1 er, le crime peut être commis
en temps de paix et il est d’ailleurs caractérisé même si les intelligences n’ont pas
abouti au résultat recherché.
156
La deuxième infraction prévue par l’article 88 alinéa 2, réprime le fait de
fournir à une puissance étrangère des moyens d’entreprendre des hostilités contre le
Burkina.
157
ou qui s’assurera par quelque moyen que ce soit la possession d’un secret de cette
nature en vue de le livrer à une puissance étrangère ou à ses agents.
Aux termes de l’article 101 du Code Pénal, sont réputés secrets de la défense
nationale, dans le cas de l’article 76 alinéa 1er.
2) Les objets matériels, écrits, dessins, plans, cartes, levés, photographies ou autres
reproductions et tous autres documents qui doivent également être tenus secrets à
l’égard de toute autre personne comme pouvant conduire à la découverte de
renseignements appartenant à l’une des catégories ci-dessus citées.
3) Les informations militaires de toute autre nature non rendues publiques par le
Gouvernement et dont la publication ou la reproduction aura été interdite par une loi
ou un Décret rendu en conseil des Ministres.
4) Les renseignements relatifs, soit aux mesures prises pour découvrir et arrêter les
auteurs et les complices de crimes ou délits contre la sûreté extérieure de l’Etat, soit à
la marche des poursuites et de l’instruction, soit aux débats devant la juridiction de
jugement.
158
Paragraphe 8 : La participation à une entreprise de démoralisation
Aux termes de l’article 89, est coupable de trahison, tout Burkinabé qui aura
participé sciemment à une entreprise de démoralisation de l’Armée (ou de la Nation),
ayant pour objet de nuire à la défense nationale. Ce texte a pour but d’atteindre des
propagandes nuisibles à la défense de la patrie.
Même non suivie d’effets, est un crime, aux termes de l’article 92 du Code
Pénal et punie comme la trahison elle-même. Il n’est pas nécessaire qu’elle soit
accompagnée de dons, promesses ou menaces, et peut donc résulter de simples
conseils, mais il faut qu’elle soit intentionnelle. La loi punit comme la provocation,
l’offre même non acceptée de commettre l’un des crimes constitutifs de la trahison.
SECTION II : L’ESPIONNAGE
159
Le Code Pénal réprime les crimes et délits suivants contre la sûreté intérieure
de l’Etat.
Les articles 109 et 112 du Code Pénal punissent l’attentat ou le complot dont
le but est, soit de détruire ou de changer le gouvernement, soit d’inciter les citoyens ou
habitants à s’armer contre l’autorité ou à s’armer les uns contre les autres.
Cette résolution doit avoir pour but de commettre un attentat et tendant par
conséquent à détruire ou changer le gouvernement ou à inciter à s’armer contre
l’autorité.
L’article 110 du code pénal punit de un (1) à cinq (5) ans et d’une amende de
300.000 à 1.500.000 Francs ou de l’une de ces deux (2) peines seulement, quiconque
fait une proposition non agréée de former un complot pour commettre l’un des crimes
prévus à l’article 109 du code pénal.
S’il y a eu simple proposition non agréé de former un complot celui qui a fait
une telle proposition est puni d’un emprisonnement d’un (1) an à cinq (5) ans et d’une
amende de 300.000 F à 1.500.000 F ou de l’une de ces deux (2) peines seulement.
160
Dans tous les cas de crimes ou délits contre la sûreté intérieure de l’Etat,
établis par le Code pénal, l’excuse absolutoire des articles 76 à 78 du Code Pénal, joue
comme pour les crimes ou délits contre la sûreté extérieure. L’exemption de peine est
établie en faveur de celui qui, avant toute exécution ou tentative d’un crime ou délit,
en donne, le premier, connaissance aux autorités administratives ou judiciaires. Elle
n’est que facultative si la dénonciation intervient après la consommation ou la tentative
du crime ou délit, mais avant l’ouverture des poursuites. Elle est également facultative
en faveur du coupable qui, après l’ouverture des poursuites, procure l’arrestation des
auteurs ou complices de la même infraction ou d’autres infractions de même nature ou
de même gravité.
161