Chapitre I
Chapitre I
Chapitre I
Recherches
Bibliographiques sur Les
Bétonsn Autoplaçants
I.1 Introduction
Les bétons autoplacants sont des bétons spéciaux, très fluides, qui se mettent en place et se serrent sous le
seul effet de la gravité, donc sans apport de vibration interne ou externe, même dans des coffrages très
ferraillés. Ces bétons ne sont évidemment qualifiés d’autoplaçants que si le matériau durci final présente des
propriétés homogènes (pas de ségrégation) et présente de très bonne performance à court et à long terme.
L’idée de ce matériau innovant a été lancée la première fois au Japon dans les années 1980, afin d’améliorer la
rentabilité de la construction, d’assurer constamment une mise en place correcte avec un béton de qualité et de
diminuer les nuisances sonores [[Okamura et Ouchi 99].
Ce chapitre est consacré à la présentation des propriétés des BAP à létat frais (fluidité, ouvrabilité,
homogénéité) et les différents essais empiriques et rhéologiques qui caractérisent les BAP. Il expose
l’historique de leur développement ainsi que leur définition,
I.2 Historique
L’idée d’un béton fluide ou béton autoplaçant (BAP) est apparue en 1980 par des chercheurs de l’Université
de Tokyo. Les chercheurs K. OZAWA ET K. MAEKAWA de Université de Kochi (Tokyo) ont développé
le premier prototype de BAP pendant l’été de 1988. Ces résultats ont été présentés par K. OZAWA pour la
première fois au 2ème Congrès de l’Asie de l’Est et Pacifique sur le Génie Civil et la Construction, tenu en
Janvier 1989 à Chiangmai (Thaïlande) . Trois années plus tard, en Mai 1992, au 4ème Congrès International
CANMET & ACI à Istanbul, lintervention du K. Ozawa a accéléré la diffusion mondiale du concept de cette
nouvelle génération de béton [2].
L’historique du BAP se résume par l’élaboration du premier prototype de BAP au Japon,
puis par le développement de la première génération caractérisée par sa forte teneur en liant
de l’ordre de 500 à 600 kg/m3, et enfin par, le développement de la deuxième génération de
BAP au Canada caractérisée par une faible teneur en liant et un remplacement élevé du ciment
par des ajouts minéraux. [3]. Cette découverte en matière de technologie du béton suscita un énorme intérêt
au niveau mondial. A la fin des années quatre-vingt-dix on vit apparaître les premières applications en
Europe. A partir des années deux mille on s’intéressa presque partout dans le monde à ce nouveau matériau.
(4).
Dans les dernières années, le BAP a été développé un peu partout dans le monde, et les données disponibles
à leur sujet commencent par conséquent à affurer dans la littérature.
En France les premières expérimentations remontent à 1995. Après une phase de recherche
développement menée dans le cadre du Projet National, les BAP s’affirment aujourd’hui comme une
technique porteuse.
En Europe, ont formé un grand consortium en 1996 pour s’embarquer à un projet de développement du
BAP et leur application. Et dans les dernières années, un certain nombre de ponts, de tunnels ont été
construits.
Aux USA, le BAP à gagner un très grand intérêt surtout de la part des industries du béton préfabriqué, ils
ont commencés à l’appliquer dans les projets commerciaux, puis l’application a été étendue vers les ponts.
Donc, les bétons auto-plaçant (BAP) marquent une nouvelle étape de progrès dans l’histoire du matériau
béton.(4)
I.3. DEFINITION
De nombreux termes définissent ce béton : béton autonivelant, béton autocompactant (Self Compacting
Concrete en Anglais) ou béton hyper fluide. Cependant, l’appellation la plus utilisée aujourd’hui dans le
domaine de la construction est béton autoplaçant, terme utilisé dans ce mémoire et comme abréviation BAP.
Un béton autoplaçant est un béton très fluide, homogène et stable, mis en oeuvre sans vibration (la
compaction des BAP s’effectuent par le seul effet gravitaire) et conférant à la structure une qualité au moins
équivalente à celle correspondant aux bétons classiques mis en oeuvre par vibration.
- Le pont Akashi Kaikyo (photo01), le plus long pont suspendu au monde (3910 m) où 390 000 de
béton autoplaçant ont été versés dans les coffrages des fondations et des piliers très congestionnés
sans vibration (1).
Figure I.2: Le pont Akashi Kaikyo(1)
De manière plus approfondie, les recherches consacrées aux BAP nous permettent de souligner
Les granulats, le ciment et l'eau forment les éléments de base de tous types de béton. Ils sont qualifiés ainsi
puisqu’ils sont historiquement les seuls constituants des bétons de nos ancêtres et parce qu'ils ont toujours
les plus grosses proportions relatives dans le mélange de BAP.
Fig. I.5 Composition des BAP [9].
a) Les granulats :
Les granulats pour les BAP doivent tenir compte des considérations pratiques suivantes [10] :
- les granulats roulés présentent un plus petit volume de vide inter granulaire, ce qui nécessite une plus
faible quantité de pâte de ciment pour le remplir. La flottabilité des granulats concassés dans la pâte
de ciment est cependant meilleure, en raison de leur plus grande surface spécifique.
- - Afin d'assurer une bonne stabilité du BAP (éviter toute ségrégation), il est recommandé de choisir
un sable spécialement optimisé, au besoin recomposé à partir de plusieurs fractions.
- - Pour empêcher tout risque de blocage du BAP par les barres d'armature lors du coulage, on limite
en général le diamètre maximal des granulats à 16 mm (fig.3.a). L'expérience a néanmoins montré
qu'il est également possible d'utiliser des granulats de diamètre maximal différent.
- - Le mélange pour béton (granularité) est caractérisé par une teneur élevée en sable et en éléments
fins.
- - Le choix d'une granularité continue appropriée est très important, étant donné la forte incidence du
volume des vides sur la quantité nécessaire de pâte de ciment.
- - Le volume des gros granulats dans le béton et l’un des facteurs les plus importants à prendre en
considération. En effet plus la teneur en gros granulats augmente plus la capacité de remplissage
diminue (fig I.5).
Figure I.6 : (a) Formation d’arches pouvant bloquer l’écoulement du béton [11]
(b) Variation de la capacité de remplissage en fonction de la teneur en gros granulats, pour différents rapport
sable sur pâte
b) Le ciment :
En principe, tous les types normalisés de ciment conviennent pour la fabrication de BAP. Cependant,
l’utilisation du ciment portland (contenant seulement le clinker) nous donne toute latitude pour varier et
contrôler les quantités introduites des additions minérales. Les analyses chimiques et minéralogiques du
ciment sont d'une grande importance, mais elles sont souvent transparentes à l'utilisateur puisque celles-ci
sont effectuées à la cimenterie et sont des critères d'assurance qualité.
b) Additions minerals
Les exigences particulières de fluidité du BAP imposent un dosage en pâte très élevé, raison pour laquelle ce
béton comprend en général des additions minérales. La plupart du temps, il s'agit de cendre volante siliceuse
ou de fines inertes de quartz ou de calcaire…Une matière pouzzolanique présente un comportement plus
visqueux à l'état frais, ainsi qu'une compacité et une résistance à la compression à 28 jours plus élevées, par
contre une matière inerte augmente la maniabilité et fait abaisser les frottements inergranulairs et chaleur
d’hydratation.
Nous présentons ci-dessous les différentes additions minérales éventuelles qu’on peut incorporer dans les
compositions des BAP :
c) L’eau de gâchage :
Pour convenir à la confection de BAP, l’eau de gâchage ne doit contenir ni composés risquant d’attaquer
chimiquement le ciment, les granulats ou les armatures, ni particules en suspension dont la quantité pourrait
modifier ses qualités originelles. À cet effet, une analyse chimique de l'eau non potable peut être nécessaire
pour détecter toute teneur trop élevée en ces impuretés.
Ce sont des produits chimiques organiques ou inorganiques qui, incorporés dans les bétons à des dosés
précises du poids de ciment et selon leur plage d’utilisation indiquée par le fournisseur. Leur introduction
dans le mélange engendre des phénomènes physico-chimiques très complexes et ils ont pour but d’améliorer
les propriétés des bétons à l’état frais ou à l’état durci.
e.1) Super-plastifiants :
La fluidité des bétons autoplaçants est obtenue an ajoutant des super-plastifiants. Ces fluidifiants sont
identiques à ceux employés pour les autres type de béton, à savoir des polymères de type poly carboxylate,
polyacrylate/polyacrylate ester acrylique. Ce sont des réducteurs d’eau à haute efficacité, et se présentent
généralement sous forme de liquide. Ils sont composés de longues molécules organiques de masse élevée.
Les plus couramment utilisés sont les sels de sodium ou de calcium du polynaphtalène sulfoné, et les sels de
sodium de la polymélamine sulfonée. Les copolymères acrylate-ester ou polyacrylates ont récemment été
introduits sur le marché.
Le mode d’action des superplastifiants est extrêmement complexe. Il peut être expliqué comme suit:
Lorsqu'ils sont en contact avec un milieu aussi polaire que l'eau, les grains de ciment, qui présentent un
grand nombre de charges opposées (positives et négatives) sur leur surface, tendent à s'agglomérer sous
forme d'amas (floculation). Par conséquent, cette floculation piège un certain volume d'eau entre les grains
de ciment (eau captive) qui n'est plus disponible pour assurer une bonne maniabilité au béton.
Figure I.7: (a) : Pâte de ciment non adjuvante ; (b) : Pâte de ciment additionnée d’un
superplastifiant
Figure I.10 : Influence de la quantité de superplastifiant sur l’étalement et la viscosité d’un béton [12]
La formulation des BAP plus pointue que celles des bétons traditionnels, nécessite la mise en place de
procédures de fabrication et de contrôles adaptées. La plupart des malaxeurs peuvent fabriquer des BAP; le
temps de malaxage est toutefois légèrement plus long que pour un béton classique. Il faut que le mélange,
riche en éléments fins et en adjuvants, soit le plus homogène possible. Certaines formules peuvent nécessiter
des séquences de malaxage spécifiques (ordre d’introduction des constituants dans le malaxeur,
temporisation, temps de malaxage adaptés…) L’un des points les plus importants de la fabrication est le
contrôle strict de la teneur en eau du mélange en tenant compte de façon permanente de celle des granulats.
Un contrôle renforcé des constituants doit être mis en place tout au long de la fabrication afin de maintenir la
régularité de l’ensemble des performances. L’hyperfluidité du béton conduit, à prendre des dispositions
spécifiques pour éviter des déversements et à adapter l’ouvrabilité au temps de transport et de mise en
oeuvre.
I-8-2 Transport des BAP :
En raison de sa fluidité élevée, le béton autoplaçants doit être transporté en camion malaxeur. Comme dans
le cas d’un béton vibré, la fluidité du béton peut se modifier durant le transport, la manière et l’ampleur de
cette modification sont fonction de plusieurs paramètres :
Le type d’adjuvant, la durée de transport, le dosage en eau et la température.
Dans une certaine mesure il est possible de corriger ces modifications pour vérifier les exigences
d’ouvrabilité souhaitées au moment du déchargement sur chantier.
Dans le cas de rajouts d’adjuvant dans le camion, il est recommandé de respecter impérativement le temps
de malaxage minimal recommandé pour assurer la dispersion de l’adjuvant et sa répartition homogène dans
l’ensemble du chargement de béton. En revanche tout ajout d’eau est à proscrire. [14]
I .8.1.1.Méthode Japonaise :
La formulation des BAP par l'approche développée à l'Université de Tokyo par Okamura, Ozawa et al [17],
(documents pour la plupart en japonais, ceux-ci sont rapportés par [18]). se fait de manière sécuritaire, en
privilégiant le volume de pâte au détriment des granulats. Les bétons obtenus sont sous dosés en granulats et
par conséquent loin d'un optimum économique. Le surcoût engendré sur le matériau est compensé, au Japon,
par les économies sur la main d'oeuvre. Les principes de formulation et leur application sont les suivants
A défaut d'indication, nous avons choisi de la mesurer en suivant la procédure du LCPC. La compacité
est pour chaque gravillon d'environ 0,57. Dans le cas de la formule de granulométrie 0/10 mm, le volume du
gravillon est donc posé à 285 l/m3. Dans le cas de la formule de granulométrie 0/14 mm, nous choisissons
de répartir ce volume pour moitié en 6/10 et en 10/14.
Dosage du sable :
Le volume du sable est posé forfaitairement à 40 % du volume de mortier du béton. La fluidité du béton
est garantie par la réduction des frictions granulaires.
Dosage du liant :
La méthode ne précise pas comment doser le liant. Néanmoins la quantité de ciment peut être fixée, par
exemple, en respectant la donnée des normes (soit ici une masse minimale de ciment de 350 kg/m3). Les
rapports massiques eau sur ciment et filler sur ciment peuvent également être choisis sur des critères de
résistance.
I.8.1.2.Méthode Suédoise:
proposée par [ 19]: La méthode suédoise est basée sur l‘étude effectuée par [20]. En fait, ils ont repris
l‘approche d‘évaluation du risque de blocage et l‘ont intégrée dans le processus de formulation. Le rapport
G/S final est celui qui donne le même volume de pâte pour avoir les propriétés recherchées.
Les fines, l‘eau et le superplastifiant sont ajustés par la suite pour obtenir une viscosité suffisante, un
faible seuil de cisaillement et la résistance à la compression visée. Cette méthode propose une meilleure
optimisation du squelette granulaire mais le critère de blocage n‘est pas général pour tout type de granulat.
I.8.1.3.Méthode Française :
Méthode française (LCPC) : proposée par [21]:
Au LCPC, un modèle mathématique a été développé à partir d‘un modèle de suspension solide ( RENE
LCPC). Ce modèle est basé sur les interactions granulaires entre les différents constituants du mélange. Il
permet de prévoir la compacité d‘un mélange granulaire avec une précision inférieure à 1% à partir des
constituants ci-après :
• la compacité propre
• la densité apparente La procédure à adopter pour déterminer les proportions des divers constituants est la
suivante :
• la proportion de liant est fixée a priori (70% de ciment, 30% d‘addition par exemple)
• le dosage, à saturation, du superplastifiant est déterminé. Selon l‘expérience du LCPC, ce dosage pourrait
conférer au béton une viscosité élevée, la moitié de ce dosage serait plus pertinente.
• les calculs sont effectués avec le logiciel en tenant compte du confinement (Effet de paroi).
La viscosité est fixée de manière arbitraire à 5.104 La teneur en eau est réduite en conséquence et la
proportion liant/filler est maintenue constante. Les proportions granulats/ phase liante sont optimisées.
Une formulation de béton autoplaçant est donc proposée basée sur les prévisions du modèle. La teneur en
eau est ajustée pour obtenir la résistance ciblée. Le dosage en superplastifiant est ajusté également afin
d‘obtenir la valeur d‘étalement et le seuil de cisaillement souhaités et par conséquent les propriétés requises
pour le béton autoplaçant sont atteintes.
I.8.1.4.Autres Méthodes
D‘autres méthodes de formulation, que nous ne développerons pas dans cette étude bibliographique, ont
été publiées tels que la méthode reposant sur la théorie de «l‘excès de pâte » : proposée par [Oh et al, 1999] ;
la méthode d‘évaluation simple utilisée par [Ouchi et al, 1999] [22] ( étudie l‘interaction entre les granulats
et les particules fines du mortier frais) etc…
Des recommandations de caractérisation ont été préconisées par l'Association Française de Génie Civil
(AFGC) D'abord provisoires, ces recommandations sont devenues in situ les essais de référence pour
valider une formulation de BAP.
La valeur cible d’étalement doit être définie en fonction des caractéristiques de la formulation et des
conditions et méthodes de mise en oeuvre. Cet essai caractérise la mobilité du BAP en milieu non confiné.
La norme NF EN 206-9 prévoit une répartition des BAP en trois classes :
Pour que le béton autoplaçant soit accepté, le taux de remplissage de la boite en L (rapport
des hauteurs H/Lmax) doit être supérieur à 0,8. Des temps d’écoulement peuvent aussi être
mesurés pour apprécier la viscosité du béton [21].
L’essai d’étalement est généralement relié au seuil d’écoulement du matériau et l’essai V funnel est relié à la
viscosité, bien que le seuil d’écoulement soit également mobilisé aux parois du dispositif. Le résultat d’un
essai empirique seul n’est, cependant, pas suffisant pour décrire convenablement le comportement du béton
Les temps d’écoulement au V-funnel dépendent également du type d’application, mais ne sont regroupés
que selon 2 classes
Cet essai consiste à faire écouler le béton au travers de barres d’armatures afin de pouvoir évaluer sa
tendance au phénomène de blocage. Le béton s’écoule à partir du cône disposé au centre d’un anneau
métallique (Figure I.12). On caractérise donc la tendance à la ségrégation et l’enrobage d’armatures. De
plus, la repartition des granulates doit êtrehomogène.
a) Avantages techniques :
• Facilité et rapidité la mise en œuvre du béton.
• Réalisation d’éléments de forme complexe.
• Bétonnage en milieux fortement ferraillés.
b)Avantages économiques :
• Réduction du cout de main d’œuvre et du temps de bétonnage.
• Absence de systèmes de vibration réduisant ainsi les couts et les nuisances sonores dans et
Au voisinage du chantier.
c) Avantages écologiques :
• Valorisation des déchets de construction (récupération de ces déchets au niveau des chantiers,
industries, carrières, stations de concassage).
• Diminution de la quantité de CO2 émise par l’industrie cimentaire (due à la réduction de la quantité de
ciment nécessaire au BAP).
I.11.CONCLUSION
Cette synthèse bibliographique a été menée afin de se familiariser avec les bétons autoplaçants, et l’objectif
étant de les définir, ainsi que citer leurs multiples propriétés, les caractériser à l’état frais et durci,, et
résumer les principales méthodes de leur formulation.
finalement, il met en relief les innovations et les avantages apportés par les BAP.
Le chapitre suivant est consacré à une enquête sur le béton autoplacant légers et les granulats légers.
Chapitre II :
Le bétons auto-plaçant
de granulats légers
Références
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