Example Situation Finale
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Example Situation Finale
Les dobermans
Situation initiale Raoul avait une passion : la musique. Depuis son plus jeune âge, il achetait des instruments
pour presque rien, les retapait et apprenait à en jouer au grand désespoir de ses voisins.
C’est pourquoi Raoul avait décidé de quitter la ville et de s’installer à la campagne, dans une
vieille maison au creux d’un joli vallon où il pouvait jouer du cor anglais à minuit ou du
tambour à l’heure où même les coqs n’avaient pas encore l’idée d’ouvrir l’œil.
Élément déclencheur Ce bonheur parfait a duré jusqu’au jour où son travail l’a amené à s’absenter chaque
mardi soir. La première fois, lorsqu’il est rentré le mercredi matin, il n’a rien remarqué de
particulier. Pourtant, lorsqu’il a voulu jouer un petit air de sa trompette favorite, il ne l’a
plus trouvée. Disparue, envolée… Volée ! Quelqu’un avait pénétré dans la maison et lui
avait dérobé un de ses précieux instruments.
Péripéties Sa première réaction a été d’aller porter plainte auprès de la police. Mais on lui a ri au
nez. On n’allait quand même pas lancer une enquête pour un vieil instrument acheté
quelques sous. D’ailleurs, comment prendre au sérieux un voleur assez fou pour ne
chaparder qu’une trompette ?
Raoul a pris la décision de barrer les portes et les fenêtres. Pourtant, le mercredi suivant,
un tambour a disparu à son tour. Puis une harpe celtique, puis un tuba, puis une corne-
muse… Plus Raoul renforçait la sécurité en posant des barrières, des volets, des alarmes
électroniques… plus l’étrange cambrioleur emportait d’instruments.
Découragé, le pauvre musicien a fini par se résoudre à acheter à bon prix deux chiens
solides et féroces : des dobermans, dressés pour garder les maisons isolées. L’effet a été
immédiat : plus de vol la nuit du mardi au mercredi.
Quelques semaines plus tard, Raoul a appris qu’il devrait s’absenter pour un voyage de
plusieurs jours et il a demandé à son voisin de s’occuper des chiens pendant son absence,
en leur glissant la nourriture par une petite trappe aménagée dans la porte de la cuisine.
THÉORIE ET STRATÉGIES
De retour après une semaine d’absence, Raoul est allé directement demander des
nouvelles à son voisin. Celui-ci lui a répondu d’un air embarrassé que depuis trois jours
les chiens n’avaient plus touché à la nourriture et ne donnaient aucun signe de vie.
Intrigués et assez inquiets, Raoul et son voisin se sont équipés d’un vieux fusil de chasse
et ont pénétré dans la maison par la porte de la cuisine. La nourriture d’au moins trois jours
était intacte. Dans la salle de séjour, les deux dobermans, assis au pied d’un meuble, sem-
blaient statufiés… tandis que, sur le meuble, un homme encore jeune, à demi mort de froid,
de faim et surtout de peur, semblait prêt à rendre le dernier souffle dans un pipeau.
Surpris par les deux molosses alors qu’il tentait à nouveau de pénétrer dans la maison,
Dénouement le voleur mélomane n’avait eu d’autre recours que de grimper en haut de l’armoire. Pour
calmer les deux chiens en furie qui sautaient de plus en plus haut pour tenter de lui arra-
cher un bras ou une jambe, il s’est mis à sortir quelques sons d’un pipeau, son seul butin
ce jour-là. Comme par miracle, les deux chiens s’étaient calmés aussitôt. Chaque fois qu’il
Situation finale avait voulu s’arrêter de jouer, les crocs étaient réapparus… de sorte que l’homme avait
dû continuer de souffler dans l’instrument durant trois jours et trois nuits… (564 mots)
© Marc LABERGE, Ma chasse-galerie, Montréal, Planète rebelle, 2000, p. 57-60, texte modifié.